Conférence de presse du 9 mars 1983

[(Seize heures trente-huit minutes)]

[M. Lévesque:] Pour ceux que cela intéresse, je vais commencer par vous confirmer, ce qui explique sa présence, la nomination d’un adjoint parlementaire – ce serait le quinzième en ce moment à Québec – qui est M. Jean-Pierre Charbonneau, député de Verchères et qui sera attaché à l’Exécutif, c’est-à-dire à mon coin, pour participer spécifiquement à la mise en oeuvre et à la coordination du plan d’action pour les jeunes qui a été annoncé aujourd’hui.
Pour ceux qui se posent des questions, si vous permettez – parcequ’ on voit toujours des commentaires mais on ne voit pas beaucoup de commentaires comparatifs quand il s’agit de nominations comme celle là – cela peut vous intéresser de savoir qu’en ce moment, avec une limite qu’on ne doit pas dépasser à la nouvelle loi de l’Assemblée nationale de 20 adjoints parlementaires, nous en avons 15 avec la nomination de M. Charbonneau ici à Québec. Il y en a 18 sans aucune limite de nomination en Ontario en ce moment et c’est 26 ou 28 sans aucune limite sur le nombre des nominations à Ottawa. Peut-être que cela pourrait servir à équilibrer des fois certaines opinions.
Cela étant dit, dans le dossier qu’on vous remet, il y a – si je retrouvais ma petite feuille… en tout cas si je ne la retrouve pas ce n’est pas trop grave parceque l’essentiel c’est ceci: Je ne veux pas rajouter les commentaires de déclaration à la déclaration que je viens de faire, vous l’avez. Sur le plan économique, pour dissiper un peu les illusions que – c’est normal – essaie d’entretenir l’Opposition, sur le plan économique, dis je, qui est spécifiquement de la création d’emplois et autant que possible des emplois durables, comme vous le savez, on offre une réunion de trois jours du Conseil des ministres dont une bonne partie va porter sur un programme d’action économique globale. Je répète simplement ce que j’ai dit dans la déclaration: La jeunesse, extraordinairement diversifiée comme elle l’est, fait partie de toute la société. C’est l’état de santé de la collectivité qui, finalement, donne la réponse à des questions spécifiquement économiques. S’il y a du développement, les jeunes en profitent aussi, Dieu le sait et si le développement est difficile, c’est là qu’il faut, pour eux comme pour d’autres, pendant les périodes difficiles, trouver une moyen de suppléer autant que faire se peut, autant que les ressources le permettent.
Alors, comme programme de relance économique, autant que possible, on va terminer le travail qui est en marche depuis des mois et on va vous donner les nouvelles qu’on aura à la fin de la semaine, c’est-à-dire dimanche probablement en sortant du Conseil des ministres spécial.
On a tenu à sortir de ce bloc auquel il est relié quand même, le plan d’action pour les jeunes pour une raison très simple c’est qu’il y avait une diversité, une complexité qui demande quand même de ne pas être noyée dans tout le reste. D’autant plus que tout le monde parle beaucoup des jeunes en ce moment et de leurs difficultés.
Cela m’amène, sans entrer dans le détail, à vous expliquer ceci. Le graphique qui est là, je pense qu’il rejoint bien le problème et, en même temps, il simplifie toute la diversité. Vous avez un graphique sur les fiches qu’on vous a remises sur chacun des éléments du programme. Ce graphique est dans la première page de la présentation ou la problématique, comme on dit, qui est très simple à suivre et qui nous permet de voir à quel point on est devant des situations complexes quand on parle des jeunes. Des jeunes ne marchent pas dans la rue en modèle unique. Ils sont aussi compliqués que toute la société. Il y a des riches, des pauvres, des faibles, des forts, des handicapés, des agressifs; Il y a les milieux dans lesquels on demeure, etc., et tout cela. Il y a ceux qui sont aux études, ceux qui n’y sont plus et ceux qui sont entre deux. Tout cela est extrêmement complexe. Il faut vraiment rêver en couleur ou alors tout simplement être « déconnecté » de la réalité pour ne pas voir à quel point cette diversité est difficile à rejoindre de façon concrète, et utile, autant que possible.
Alors, que dit le graphique? Il dit que des jeunes – je pense que tout le monde sait cela – à partir de la pré-maternelle jusqu’à l’âge X, sont en formation. C’est normalement ce qui arrive aux jeunes. Je pense que la loi dit jusqu’à 16 ans, normalement. Il y en a qui décrochent avant. Ils sont en formation et, éventuellement, à l’autre bout du graphique, ils vont en emploi. Il y a des suppléments de formation et des suppléments du côté emploi qui sont nécessaires, en particulier en temps de crise, et par rapport à certains phénomènes dangereux du point de vue formation: les décrocheurs, les « dropout », etc.
L’effort qu’on veut faire est de suppléer au maximum à la déficience de formation par le bloc que vous voyez en pointillé qui s’ajouterait du côté formation. Vous trouvez des volets de ce côté là, c’est dans le plan d’action, forcément, avec les plans de création, même d’emploi temporaire, de suppléer autant que possible à la pénurie immédiate que crée la crise. On l’a déjà fait depuis une couple d’années, mais là on veut faire un effort additionnel. C’est le deuxième pointillé qui est là-bas.
Entre les deux, vous avez un C, ce qui correspond assez bien à ce qu’on appelle les jeunes volontaires, pour l’instant, en transition entre la formation, dans quelque état qu’elle soit, et l’emploi éventuel. Il y a des jeunes, ou bien parceque les programmes qui les concerneraient sont épuisés, ou qui arrivent trop tard pour l’année, ou alors des jeunes qui n’ont vraiment pas le goût ni de poursuivre des études plus longtemps – et cela, il faut vivre dans le monde pour le savoir – ni d’aller tout de suite à des emplois: métro, boulot, dodo, tout un groupe chez lequel – cela a été dit par des organismes de jeunes que, entre autres, Jean-Pierre Charbonneau a suivis autant que quiconque depuis un bon bout de temps – on discerne de plus cette espèce de besoin d’une sorte de bénévolat non pas réglementé avec de la technocratie et non pas stipendié comme si c’était un véritable emploi, mais avec des allocations, entre autres, et un certain minimum d’encadrement qui leur permette de se rendre utiles, de se valoriser en se rendant utiles dans leur milieu. C’est à cela qu’il faut répondre, à cette catégorie qui est entre deux, à l’initiative des jeunes volontaires, pour employer ce terme.
Forcément – hélas, c’est ce qu’on voit à une époque comme celle ci dans toutes les sociétés, chez nous comme ailleurs – il y a des flèches qui mènent vers le bas, les services sociaux et, forcément, chez ces jeunes, qu’ils soient en formation, qu’ils soient en emploi, qu’ils soient entre les deux, il y a aussi de graves problèmes sociaux. On parle, par exemple, d’une certaine recrudescence du suicide, pour prendre le problème extrême. Il y a de graves problèmes sociaux. Peut-être que les statistiques s’améliorent aussi, parcequ’ on sait qu’il y a toujours eu une certaine pudeur par rapport à ce phénomène. Mais il y a des efforts à faire et il faut les accentuer, c’est un des volets qui peut toucher tous ceux et toutes celles qui sont n’importe où dans ce graphique.
Cela étant dit, je vous explique simplement – vous n’avez peut-être pas eu beaucoup de temps pour la regarder – que, après cette problématique d’une page – il y en a beaucoup, on a essayé de réduire cela – vous avez sur chacun des volets et avec les contenus qui, spécifiquement, s’adressent aux jeunes, toutes les informations dont on dispose en ce moment. Je répète de nouveau qu’il y a des choses là-dedans qui vont devoir être rendues opérationnelles à l’intérieur d’un échéancier que je répète, parceque c’est important que les gens aient les dates, pour que tout le monde ne se précipite pas prématurément. On dit à l’Éducation qu’on est prêt à mettre en oeuvre immédiatement – cela suit une série d’enquêtes et il y a des formules qui ont été mises au point – cette campagne plus intensive de prévention, autant que possible, du décrochage, des « drop out ». Cela serait immédiatement, le plus vite possible.
Deuxièmement, au 15 avril, il y aurait des modules jeunesse. C’est un terme comme un autre. Cela veut dire qu’une personne – un minimum d’une personne – et probablement une personne de soutien, peut-être plus selon les besoins, le plus vite possible, au plus tard le 15 avril, seraient en place spécifiquement pour répondre aux jeunes, pour les accueillir, pour les préparer aussi à comprendre ce qui est toujours un peu une salade de programmes. Dans chacun des 110 centres qu’on appelait centre de main-d’oeuvre du Québec, maintenant centres TravailQuébec, pour anticiper sur une de vos questions probables – il y en a un certain nombre, c’est normal, dans les grandes agglomérations métropolitaines, entre autres à Montréal – on s’est fait dire assez souvent – puis c’était vrai – que dans le contexte énorme d’une métropole comme Montréal les programmes d’emploi spéciaux, les programmes pour les jeunes, ne rejoignaient pas une proportion relativement convenable des clientèles possibles par rapport aux autres régions.
Or, les centres de Travail-Québec sont à Montréal et constituent en soi un bassin qui devrait, avec ces modules nouveaux, permettre aux jeunes – pourvu qu’ils aient l’information le plus vite possible – à Montréal comme ailleurs, ceux qui sont intéressés, les groupes qui sont intéressés, de rejoindre à la fois des informateurs puis éventuellement les programmes qui sont mis en marche. On voudrait qu’il y ait un accent spécial qui soit mis aussi – pour ne pas les oublier, c’est normal – du côté des jeunes des communautés ethniques qui pourraient – parcequ’ ils sont surtout concentrés à Montréal – vouloir eux aussi profiter de ces programmes là.
Donc, le 15 avril c’est module jeunesse dans les centres de Travail-Québec qui devrait être en place, premier juin date d’inscription pour les projets et puis malheureusement premier septembre seulement, parcequ’ il y a pas mal d’ajustements à faire avec les entreprises, les commissions scolaires, etc., pour faire un bon départ, pour le programme qui est sous-tendu par un bon de formation, le programme de formation en entreprise.
Alors, si vous avez des questions.
Pour ce qui est de ce que M. Charbonneau me rappelle parcequ’ on a des échéanciers, que peut-être – on ne se coulera pas dans le ciment – on pourrait même commencer pour entre autre les jeunes volontaires dont on parle, dans leur milieu, à pouvoir accepter des projets à compter du premier juin. En tout cas, si c’est possible tant mieux.
Allez y, je vais être obligé de remplacer votre maître de cérémonie.

[M. Morin: D’après ce qu’on peut voir, il y a beaucoup d’enrichissement au niveau d’anciens programmes qui existaient comme PECEC, Chantier-Québec, le bon d’emploi.

[M. Lévesque :] Vous avez ça à 3 b, 3 c, 3 d, 3 e, je pense. Les programmes existants se greffent à ce que j’ai appelé des ressources renforcées quand on pense qu’elles ont fait leurs preuves.
[M. Morin: Ce qui est vraiment nouveau, me semble t il, c’est l’action des jeunes volontaires. Vous ne trouvez pas, M. Lévesque, que ça a l’air bien large comme présentation? Ce sont des espèces de programmes qui ont l’air des programmes fourre-tout. Est-ce qu’il n’y aurait pas valu mieux avoir – je ne sais pas – des objectifs bien précis à donner aux jeunes et à remplir par les jeunes de façon qu’ils soient peut-être plus fiers de ce qu’ils peuvent entreprendre? Par exemple, je pense à la ressource forestière. Il y a quantité de travaux dans les forêts qui pourraient être envisagés. On dit que l’état de la forêt québécoise est lamentable par rapport à d’autres forêts à travers le monde. N’y aurait il pas eu avantage à avoir des objectifs plus serrés à donner, à proposer aux jeunes de manière qu’ils soient un peu plus fiers de ce qu’ils vont faire?]

[M. Lévesque:] On est toujours un peu dans l’ambiguïté. Vous êtes quasiment plus dirigistes que nous autres. C’est-à-dire encadrer…

[M. Morin (Michel): Dans la mesure où c’est fait par le gouvernement.
discute autour des]

[M. Lévesque.] Bien oui. D’accord. Justement, pour éviter cet excès et, en même temps, éviter que cela se disperse un peu partout au petit bonheur la chance, voici: Premièrement, des fonds nouveaux. Vous trouvez des fonds nouveaux directement impliqués, pour ce qui est des jeunes et de leurs problèmes, dans l’ensemble de ces fiches. Vous n’avez qu’à le calculer, cela correspond – c’est ce qu’on a l’intention de faire – à 160000000 $ au total, dont une partie est forcément dans les programmes déjà existants et la moitié, c’est-à-dire environ 75000000 $ , 80000000 $ , ce qui est vraiment du nouvel argent pris à même la marge de manoeuvre qui reste au gouvernement à chaque année. Cela, c’est une chose.
Maintenant, pour les jeunes volontaires, voici ce qu’on prévoit: Des gens avaient évoqué que cela pourrait même être un fonds séparé, comme une espèce de fonds constitué, qui serait autonome. Aller jusque-là d’un seul coup, cela nous paraissait excessif. Ce qui est prévu, c’est qu’il y aurait un comité directeur au centre où les jeunes seraient représentés paritairement – il s’agirait de choisir les représentants – avec des représentants de l’administration qui sont responsables des fonds publics. Le relai en territoire, avec une sorte de secrétariat qui pourrait être fourni par les centres de Travail-Québec, donc, il y aurait 110 coins du Québec, éventuellement, où ce relai serait fait, là aussi, paritairement par des jeunes et des représentants du milieu tels que les municipalités, les organismes de jeunesse ou les organismes bénévoles – il y en a plusieurs – de façon que cela constitue en quelque sorte un jury pour les projets. Qu’il puisse aussi y avoir une sorte d’émulation parcequ’ il n’y a rien qui interdit que, ce qu’on pourrait appeler « les champions » dans chaque région, cela soit reconnu au bout de chaque campagne saisonnière. Cela nous paraît être assez souple pour l’instant et être suffisamment encadré pour que cela ne s’en aille pas comme de la poussière d’une part, et d’autre part, qu’on ne sente pas cette espèce d’embrigadement qui, en général, étouffe tout de suite l’initiative des jeunes.
Soit dit en passant, puisqu’il y a eu pas mal de consultation avec des groupes de jeunes, parmi les représentatifs qui existent au Québec, cela répond à un besoin et au genre d’organisation, en tout cas, qu’ils nous proposaient.

[M. Chabot: Est ce que cela répond mieux, M. Lévesque, qu’un programme de service civil volontaire?]

[M. Lévesque:] Au fond, c’est la même chose. On a voulu éviter le mot « service », parce
qu’il y a toutes sortes de connotations qui y Qu’est ce que vous voulez?

[M. Charbonneau: Je veux ajouter une chose. Dans toute la discussion publique qui a eu lieu autour du service civil volontaire, ou quel que soit le nom qu’on veut utiliser – on a utilisé plusieurs noms depuis un an ou un an et demi – cela a toujours été présenté comme un programme d’emplois où les gens étaient payés à salaire, au moins au salaire minimum et peut-être même plus, et au moins pour un an. Le problème, c’est qu’on n’a pas l’argent pour rejoindre autant de jeunes qu’il faudrait.
Donc, si, avec une enveloppe budgétaire restreinte, on vise à aider plus de jeunes, on s’est plutôt inspiré de la philosophie qui existe un peu partout dans le monde et plus particulièrement en ‘Europe, de la philosophie des chantiers de jeunes volontaires. Et ce qui est nouveau, c’est qu’ordinairement les chantiers de jeunes volontaires amènent des jeunes à s’impliquer à l’extérieur de leur milieu, à l’extérieur de leur patelin. Et là, on va consacrer la majeure partie de l’argent non pas en frais d’hébergement et de déplacement, mais en allocations pour soutenir le volontariat dans les milieux concernés, dans le milieu naturel des jeunes, dans leur quartier, dans leur village, dans leur communauté respective.]

[M. Lévesque:] Il s’agit vraiment de jeunes – et cela a été évoqué – qui ne tiennent pas à avoir un emploi encadré, parceque , évidemment, si on commence à payer des vrais salaires, il faut qu’ils soient quand même encadrés par rapport aux résultats. Pour cela, il y a des programmes d’emplois, y compris les programmes d’emplois temporaires, hélas! – des emplois temporaires, c’est mieux que rien – qui existent déjà. Et ceux qui y trouvent place et qui veulent y trouver place, tant mieux pour eux – plus il y en aura, mieux ce sera – à l’intérieur des enveloppes dont on dispose. Et là, il s’agit vraiment d’un programme de service bénévole – employez le mot « service » si vous voulez – relié au milieu auquel appartiennent les jeunes et avec des gens du milieu pour à la fois les encourager et faire quand même un choix parmi les projets qui sont proposés.

[M. Thivierge: M. Lévesque.]

[M. Lévesque:] Oui.

[M. Thivierge: Vous parlez de 55000 jeunes qui seraient touchés pour un budget de 150000000 $ . Est-ce qu’on a fait des projections pour les deux principales régions, Québec et Montréal, à savoir ce que cela pourrait donner comme budget et comme nombre d’emplois?]

[M. Lévesque:] Vous pourriez peut-être demander, en particulier au ministère de la Main-d’Oeuvre et de la Sécurité du revenu, s’il a ce genre d’éclairage plus détaillé. Ce qui a été fait avec beaucoup de soin, ce sont les projections que vous trouverez sur le nombre probable, le nombre estimé de jeunes qui seraient rejoints.
Les programmes d’emplois, que ce soit PECEC, que ce soit – il y a tout un alphabet – PRET, PECE, ils sont tous là. Il est prévu que pour ces programmes là, l’expérience est acquise et donc, on croit le savoir par rapport aux fonds à la fois réguliers et nouveaux qui sont consacrés pour les jeunes, cela rejoindrait 40000 jeunes. L’estimation est de 40000 et l’estimation préliminaire, pour ce qui est du groupe de jeunes volontaires – encore une fois, ce ne sont pas des programmes d’emplois permanents, ce sont des programmes d’activités utiles, on l’espère – serait entre 10000 et 15000. Alors, cela donnerait autour de 45000. Cela exclut – parcequ’ on aurait pu en mettre plus – ceux qui seraient touchés par les programmes du côté de l’éducation, de la formation d’école et aussi ceux ou celles qui seraient touchés par la formation en entreprise. parcequ’ il va falloir le laisser démarrer pour qu’on sache combien.
Je ne citerai pas l’autorité en question mais juste pour vous donner un exemple, quand M. Marois a annoncé le lancement, après les quelques mois de mise au point, du bon d’emploi en avril 1982, voici ce qu’on pouvait lire, par exemple: On promet ce bon d’emploi – je ne donne pas l’auteur parcequ’ il y en a eu plusieurs de ces commentaires, c’est normal – on promet pourtant le bon d’emploi depuis la dernière campagne électorale il y a un an, le discours inaugural de l’automne en faisait une priorité, aujourd’hui M. Marois en l’annonçant ne peut même pas prévoir combien de jeunes ce programme rejoindra. Un peu plus loin, on a avancé que seulement 3000 jeunes du secondaire, du collégial et de l’universitaire bénéficieraient du bon d’emploi à court terme alors que les vacances approchent, etc.
Finalement, c’est en avril 1982 que c’était lancé, après une préparation normale. Donc, en plein dans l’année 1982-1983 commençante, elle va finir dans quelques semaines… Or pendant cette première année, de ces 23000 jeunes que cela a rejoint il y a 11000 et plus qui ont eu les bons d’emploi, qui se sont montrés suffisamment intéressés pour les prendre, et il y en a au moins la moitié c’est-à-dire qu’il y a 23000 jeunes et il y en a au moins la moitié qui ont obtenu des emplois, 11000, 12000 et, parmi ceux-là, on nous garantit que la moitié ou même plus ont des emplois qui sont devenus permanents rapidement ou en cours de route.
Évidemment, ce n’est pas un chambardement cosmique mais, par rapport à des scepticismes – c’est toujours normal qu’il y en ait – cela a donné des bons résultats. C’est pour cela qu’on le prolonge et on l’amplifie.
C’est la même chose dans le cas du bon d’emploi mais de formation en entreprise. Combien y en aura t il? On prévoit 2500 comme optimum. Vous l’avez dans la fiche qui vous est fournie. Est ce qu’il y en aura autant? Est ce qu’il y en aura plus? Il faut tout de même voir comment, avec les entreprises, éventuellement, pour des compléments de formation avec les commissions scolaires, quels résultats cela donnera mais je sais une chose: Si vous vous donnez la peine de regarder ce qui s’est fait dans des pays assez évolués en Europe comme la France, comme l’Allemagne, comme d’autres coins, on a du retard à rattrapper. On a tellement pataugé depuis une quinzaine d’années, depuis les écoles techniques en passant par la commission Parent, par le chambardement des systèmes de formation, etc. que cela a été gravement négligé parcequ’ on était pris dans la plomberie et aussi – admettons le – les chinoiseries invraisemblables d’une série d’ajustements qui, parfois, étaient déconnectés de la réalité c’est-à-dire l’évolution de l’économie elle même et de l’industrie.
Il faut essayer au plus vite, et on est capable, de rattrapper ce retard et d’en faire une
formule permanente. C’est devenu une formule permanente dans plusieurs pays qui, justement, se félicitent de l’avoir fait.

[M. Fournier: M. Lévesque, quand on parle de l’implication des jeunes dans leur milieu, à Montréal, par exemple, cela peut se traduire de quelle façon?]

[M. Lévesque:] Tout ce que je peux vous dire dans l’immédiat c’est d’abord que, pour la première fois, il y aura à partir du 15 avril ces points de chute qu’on ne trouvait pas à Montréal – c’est trop grand Montréal – ces points de chute que seront institutionnellement, autrement dit c’est leur « job », les centres de Travail Québec. Il y en a cinq, six, sept dans la région métropolitaine, ce qui fait que les jeunes sauront – ils auront les adresses et on fera la publicité nécessaires – que c’est là qu’ils peuvent être accueillis, première chose.
Deuxième chose, il y a beaucoup de choses qu’on pourrait évoquer. On parlait aujourd’hui – cela n’a pas été couvert là-dedans – des jeunes et même des moins jeunes parcequ’ on trouve hélas des gens de 30 ans, 35 ans qui sont illettrés, c’est-à-dire… Dans la région métropolitaine, il y en a un bassin de quelques centaines de milliers. C’est difficile à croire mais c’est vrai.
Les institutions scolaires normales ne sont pas équipées pour recevoir ces gens là. Parfois même, cela les écrase le genre d’accueil ou de non accueil qu’ils trouvent dans la machine éducative. Cela ne se développe pas aussi vite que cela devrait, cela a été beaucoup confié à ce qu’on appelle dans le jargon, les OVEP, les organismes volontaires d’éducation populaire.
S’il y a quelque chose qui pourrait rejoindre des jeunes, équipés pour le faire, ces jeunes volontaires, par exemple, de faire des projets de ce côté là. Il y a à boire et à manger dans les projets possibles dans la région métropolitaine, comme ailleurs. Je pense que les jeunes sont souvent plus éveillés dans leur milieu à ces problèmes que le sont les savants observateurs que nous sommes forcément à l’occasion.

[M. Chabot: M. Lévesque, il y a un groupe de jeunes de moins de 30 ans qui sont drôlement mal pris actuellement, qui reçoivent justement les allocations d’assistance sociale de 140 $ et qui ne sont pas touchés par vos mesures. C’est une situation qui est criante pour eux, qu’arrivet il?]

[M. Lévesque:] J’espère que d’ici quelques semaines, ce qui est quand même assez rapproché. En particulier pour ceux de 25 à 30 ans, parcequ’ il y a un moment donné dans la vie qu’il faut se considérer comme des adultes à part entière. J’ai l’impression qu’autour de 25 ans, cela doit être vrai, parcequ’ il y a eu quelque chose d’artificiel. Vous savez pourquoi cela avait été mis jusqu’à 30 ans, cette portion congrue de l’aide sociale éventuelle. Ce qu’on me dit, c’est que c’était au moment où il y avait suffisamment d’emplois disponibles, et parfois des emplois qui attendaiept preneurs pour qu’il y ait une sorte d’incitation par l’austérité de l’aide sociale pour que des jeunes rendus à cet âge là aillent vraiment sur le marché du travail. Il y avait des jobs à remplir. Actuellement, on sait que jusqu’à nouvel ordre, il y a une pénurie d’emplois dans beaucoup de secteurs. Par conséquent, cela ne s’applique pas. C’est comme une espèce d’incitation qui est presque une insulte, parceque l’emploi n’est pas là. Il y a du travail qui a été fait là-dessus, qui est pas mai avancé. Les députés ont contribué intensément à ce travail. Cela a été mis dans la machine à saucisses de l’administration et on croit pouvoir d’ici quelques semaines avoir une décision, en particulier pour améliorer le sort des 25-30 ans qui sont pris comme cela.

[M. David: M. Lévesque, sauf erreur, je ne vois pas d’enveloppe attachée au programme de formation en industrie. Combien avez vous donné là-dessus et le bon qui serait attribué à chacun serait de quel ordre?]

[M. Lévesque:] C’est un peu comme on l’a dit. Prenez l’exemple du bon d’emploi. Il y a à peine un an, en avril 1982, on n’est même pas rendu en avril 1983, cela démarrait avec un budget de 9000000 $ au départ, si j’ai bonne mémoire. C’est une sorte de bar ouvert et c’est le meilleur des bars ouverts qu’on puisse avoir – excusez l’expression, mais c’est cela – parceque plus il y a de jeunes que cela intéresse et qui en profitent, mieux c’est, plus c’est rentable pour tout le monde. On a commencé avec 9000000 $ et d’addition en addition, à cause des besoins qui se révélaient, on a fini l’année avec 35000000 $ , je pense. Budget supplémentaire, revirement, etc., et là on prévoit comme point de départ pour 1983-1984, 45000000 $ . C’est un peu le même phénomène qu’on espère du côté de la formation en entreprise et du bon qui doit soutendre cela et qui est décrit de façon générale dans la fiche que vous avez. C’est qu’on espère pour l’instant, on le dit, possiblement 2500 au cours de l’année courante, parcequ’ on ne peut pas mettre l’entrée en vigueur de ce programme avant le mois de septembre, à cause de toutes sortes d’ajustements qu’il va falloir faire. Alors, on espère. Tant mieux! si cela dépasse cela, mais pour l’instant on ne peut pas le chiffrer.

[M. David: C’est sans limite, quoi! Tant qu’il y en aura le gouvernement…]

[M. Lévesque:] C’est cela. Tant qu’il y en aura qui, sérieusement, pourront en profiter et les entreprises qui seront intéressées à les aider à en profiter, Seigneur! il n’y a pas de limite. Littéralement, il n’y a pas de limite. Cela peut s’appliquer à d’autres volets et c’est un des points où forcément… On va le faire de toute façon tout seul, mais si le gouvernement fédéral veut donner un coup de main, veut entrer parceque cela correspond à certaines des choses qu’il a lui même évoquées, mais qui ne sont pas encore très précises, on ne demande pas mieux que de travailler conjointement avec eux. C’est vrai dans d’autres cas.

[M. Vallières: M. Lévesque, dans votre discours cet après-midi, vous prévoyez la création d’un Secrétariat à la jeunesse. Est ce que cela veut dire que vous mettez complètement la création d’un ministère de la Jeunesse?]

[M. Lévesque:] La réponse est oui.

[M. Vallières: Comment l’action du Secrétariat à la jeunesse se fera par rapport à
l’organisation du sommet prévu pour le mois d’août?]

[M. Lévesque:] Disons qu’on aurait presque pu mettre un [« sunset clause »] comme ils disent en anglais, c’est-à-dire que ce secrétariat tel qu’on le prévoit, on aurait pu prévoir sa fin et sa transformation. On aura toujours besoin d’action du côté de la jeunesse dans n’importe quelle société, dans n’importe quelle avenue.
Mais quelle forme cela prendra t il éventuellement? Je ne le sais pas. Je ne veux pas dire des choses méchantes, mais ce serait à tout le moins prématuré de parler d’un ministère [« full fledge »] de la jeunesse, etc. Ce n’est pas le moment de bureaucratiser et technocratiser ce secteur. Ce dont on a besoin – c’est cela qu’on va essayer de dessiner avec le Secrétariat à la jeunesse – c’est un instrument de coordination. Regardez la pléthore de programmes – parceque tous les compartiments gouvernementaux sont appelés à l’occasion à s’en occuper – dans lesquels, à un moment donné, si on ne fait pas attention, une chatte ne retrouve pas ses petits. Il va falloir une coordination, une sorte de lieu d’acceuil central et une sorte de table de concertation centrale. C’est pour cela qu’on dit qu’il va falloir que ce soit des jeunes, que ce soit une structure légère, que ce soit des jeunes accompagnés, forcément, de gens de l’administration qui regarderont cela, administreront cela, maintiendront aussi une sorte d’accompagnement autour de projets qui, en cours de route, sont là déjà, comme le sommet. On a déjà été obligé de mettre au point, d’ailleurs, un groupe, dont M. Charbonneau faisait partie, d’accompagnement pour être sûr que l’argent qui est venu de quelques sources, mais qui représente pas mal de fonds publics, soit bien employé, soit employé le plus rentablement possible en vue de ce sommet.
Il va déjà y avoir très bientôt certaines choses à préparer ou à accentuer en fonction d’une année internationale – celle de 1985 – qui a pour thème « l’année internationale de la jeunesse ». Le secrétariat en question, le plus léger possible – dont on commence à avoir une bonne idée de la structure, et je vous garantis que cela sera léger – devrait être mis au point le plus vite possible – je ne peux pas vous donner tous les détails – pour accompagner tout cela, coordonner l’effort qu’on veut faire, aplanir certaines difficultés qui existent souvent entre les ministères qui sont parfois en danger de se marcher sur les pieds, ce qui crée des blocages, et puis, garder des liaisons avec les organismes du milieu qui s’occupent des jeunes. On va commencer par les organismes de jeunes eux mêmes. Ils auront à boire et à manger, mais on veut que cela reste léger et qu’ils ne se prennent pas pour des administrateurs, qu’ils soient essentiellement des personnes ressources, si vous voulez.

[M. Vallières: Mais d’ici la tenue du sommet, il ne risque pas d’y avoir un peu dédoublement? Si vous parlez d’une structure de coordination et…]

[M. Lévesque:] On a déjà été obligé d’en mettre une. Cela sera absorbé, si vous voulez, ce qui a été mis en place pour le sommet, par le Secrétariat à la jeunesse, parcequ’ il a fallu demander à quelques personnes de quelques ministères qui ont mis de l’argent là dedans et à M. Charbonneau de faire le relais politique pour voir comment ces sommes sont dépensées, voir comment, par exemple, certains services qu’ils ont demandés pour ce sommet – des locaux, etc. – cela peut se négocier de la façon la plus rentable possible, qu’il n’y ait pas – comme c’est déjà arrivé dans certaines de ces initiatives flamboyantes – le danger de gaspiller indûment les fonds publics. C’est déjà en place.

[M. Charbonneau: Je voudrais dire seulement une petite chose. Cela me permettra peut-être de faire une mise au point, parcequ’ il y en a qui m’ont attribué la volonté de proposer depuis des mois et des mois un ministère. En fait, ce qu’on a proposé, ce que j’ai toujours proposé, c’est cela, une structure permanente. Si vous en doutez, je vous réfère au rapport de la commission parlementaire spéciale sur la protection de la jeunesse où, là encore, il était question de quelque chose de léger qui avait un mandat de coordination et non pas une structure bureaucratique qui irait gruger les programmes des uns et des autres et se constituerait un nouveau fief.
M. Lacombe: L’idée du bureau de formation, comme le bon d’emploi, c’est que les jeunes qui en profiteront soient payés un salaire normal dans l’industrie, ou si c’est plus ou moins l’idée d’apprentissage à salaire minimum?]

[M. Lévesque:] C’est en train d’être mis au point. Mais vous voyez dans la fiche qu’il y a une sorte de diversité de formules possibles. Il y a ceux qui sont déjà à l’emploi, dans un emploi, mais qui peuvent se bonifier et cela fait l’affaire de l’entreprise; il peut y avoir formation sur le tas et on absorberait, à même les budgets éventuels, ce que cela coûte d’additionnel à l’entreprise pour bonifier la compétence technique de ces effectifs. Il y a également ceux qui pourraient être des stagiaires. C’est-à-dire qu’ils feraient vraiment une formation en entreprise sans être employés par la compagnie et là, il est prévu qu’on rembourserait l’entreprise en question des frais qu’elle assumerait. Il y a évidemment le cas intermédiaire où il y a une part de formation – cela se fait un peu partout dans le monde, de plus en plus – générale, parceque cela n’était suffisant comme formation, en même temps qu’une part de travail ou d’entralnement en entreprise, du temps partagé, si vous voulez, pour ces jeunes.
Toutes ces formules sont nécessairement un peu complexes. Il va falloir que le bon d’emploi soit défini en fonction de ça. Donc, il va peut-être y avoir des catégories là dedans. Tout ça doit être mis au point d’ici le premier septembre. C’est parceque c’était assez complexe, donc on ne pouvait pas l’improviser. On ne pouvait pas mettre un budget dessus non plus, c’est vraiment une sorte de bar ouvert dont on espère qu’il aura le plus de clients possible.
S’il y a une volonté politique puis qu’il y a un besoin, il me semble qu’on devrait être capable de passer à travers les complications techniques. Écoutez , cela se fait ailleurs.

[M. L’Heureux: M. Lévesque, afin qu’on puisse apprécier la part relative de l’effort que
vous mettez pour les jeunes, est ce que vous pourriez nous dire qu’est ce que ça représente par rapport à l’ensemble global de votre programme d’action économique que vous comptez nous annoncer aujourd’hui?]

[M. Lévesque:] Je ne peux pas parcequ’ on ne le chiffera pas de façon définitive puis de toute façon il y a encore des morceaux à ajuster. C’est pour ça que parmi les trois jours qu’on va passer en retraite fermée en fin de semaine – au moins le plus clair d’une journée complète va être là-dessus – et c’est plutôt dimanche qu’on pourra …

[M. L’Heureux: Vous ne pouvez même pas me donner une réponse approximative?]

[M. Lévesque:] Tout ce que je peux vous dire c’est que ça va représenter globalement – pour répondre à certains de nos interlocuteurs syndicaux – plus que la ponction qui leur a été infligée depuis quelques mois, pas mal plus.

[M. L’Heureux: Vous parlez de 521000 $ , vous parlez de la récupération.]

[M. Lévesque:] De ce qui en reste parceque c’est plutôt dans le bout de 400000 $ sauf erreur, avec les ajustements.

[M. L’Heureux: Un autre sujet brièvement, si vous me le permettez, sur la question des élections partielles. M. Lévesque, est ce que vous pouvez me dire si, compte tenu du contexte social, vous entendez utiliser l’essentiel du délai de six mois que vous accorde la loi pour convoquer des élections?]

[M. Lévesque:] C’est un sujet qu’on va avoir à reprendre très bientôt. C’est bien sûr, on est déjà dans une bonne partie de l’essentiel qui a été employée. Est ce qu’on irait à la dernière minute? Je ne le sais pas. De toute façon, ça fait partie de la loi maintenant; avant on pouvait attendre indéfiniment comme on peut le faire dans d’autres juridictions, alors nous on va suivre la loi.

[M. Marsolais: M. Lévesque, en ce qui concerne la conciliation, hier, le ministre Laurin disait qu’il souhaitait un règlement à l’intérieur des grands objectifs. Est ce que les porte-parole du gouvernement à la table des négociations ont la marge de manoeuvre voulue pour en arriver à un règlement?]

[M. Lévesque:] C’est ça qui reste à voir. Le chemin est étroit. On l’a toujours dit parceque c’est à l’intérieur du cadre financier tel qu’il a été ajusté au mois de janvier avant qu’il y ait grève illégale, après quatre ou cinq jours de rencontre assidue et ardue avec les dirigeants des trois grandes centrales du front commun. Il y a une chose, soit dit en passant, qui peut être intéressante. Ces nominations, parcequ’ évidemment on reprendra les anciennes le cas échéant, d’adjoints parlementaires – et ça c’était une demande assez générale des députés aussi bien que ne soit pas purement honorifique; ça n’aurait jamais dû l’être, ça l’est de moins en moins d’ailleurs. parcequ’ il y a des adjoints parlementaire qui l’ont prouvé dans l’action, ils s’occupaient de dossiers. Si vous voulez, vous pouvez les obtenir, c’est facile, au secrétariat de l’exécutif au secrétariat général.
Quatre ont été nommés récemment adjoints parlementaires. Au ministère de la Maind’Oeuvre et de la Sécurité du revenu, c’est M. Jean-Paul Bordeleau, député d »Abitibi-Est. Dans le cadre du mandat général que lui attribue la Loi sur l’Assemblée nationale, il va assister le ministre de la Main-d’Oeuvre et de la Sécurité du revenu dans l’exercice de ses fonctions, avec entre autres les mandats spécifiques suivants:
1) Élaboration des mesures nécessaires pour protéger les emplois dans les secteurs minier et forestier en collaboration avec les partenaires impliqués dans l’industrie;
2) Participation à l’élaboration d’une politique générale de l’emploi et à sa mise en oeuvre. Minier et forestier, pour un gars de l’Abitibi ça se comprend.
La même chose dans le cas qui nous frappe de M. Perron, qui est député de Duplessis. Il a dans sa circonscription tout l’ensemble de la moyenne et de la Basse-Côte-Nord, qui reçoit très rarement de la visite – j’y suis allé il y a un certain nombre de mois, il me le soulignait abondamment – de la visite politique, ministérielle. Il a toujours l’impression, pas toujours injustifiée. Qu’on ne s’occupe pas vraiment de façon consistante de leurs problèmes. Il y a une sorte de mission Basse-Côte-Nord qui a fait un travail. C’est le député David Payne qui avait dirigé cette mission. Il a fait un travail remarquablement fouillé sur les problèmes de ces gens isolés. Parmi les mandats de M. Perron, parcequ’ il est maintenant adjoint au ministre à l’Aménagement et du Développement régional, il y en a un qui touche directement son comté, son empire: celui de s’occuper directement, spécifiquement de pousser cette mission, littéralement ce travail de rapprochement concret des gens de la basse Côte-Nord. C’est maintenant la seule façon dont les adjoints parlementaires seront nommés. Il faut qu’ils soient sur une longueur d’onde commune avec le ministre et sur des mandats spécifiques.
Dans le cas de M. Charbonneau, je vais le calibrer avec beaucoup de soin avec lui parceque je ne voudrais pas qu’il remplace M. Jacques-Yvan Morin comme vice-premier ministre. Il s’agit essentiellemnt du secteur jeunesse dont on prétend s’occuper intensément. Il est d’accord.

[M. Gauthier: Pour remplacer M. Jacques-Yvan Morin?
Une voix: Il y a des étapismes…
M. Lesage: M. Lévesque, s’il y a des questions là-dessus en Chambre à M. Charbonneau, est ce que vous pourriez le laisser répondre?]

[M. Lévesque:] Sur ce plan, on s’entendra. Mais, à l’occasion, si je n’y suis pas, oui, c’est sûr. De toute façon, on s’entendra. Il y a beaucoup de travail de représentation, que je ne pourrai pas faire, avec des organismes ici et là, au Québec, et forcément, cela va faire partie de son mandat. C’est sûr. Je dois souligner en passant que d’autres députés sont également en prise directe avec ces [« employment ticket », because half of those who have have such jobs have made them. They have had those jobs made permanent along the way. So, it is a modest job creation in a permanent sense.
In the perspective of any kind of, let us say, advanced society which we are supposed to be,’the idea of full-fledged efforts and insistent efforts, in the sense of as much as possible additional formation or additional training in enterprises, in industries, is something that practically all progressive societies are practising as a permanent formula. It is more than time that we catch up and that has a direct economic application. Because, you know, you do not improvise yourself as a technically competent person when you have not had that training. So, most of the jobs apart from these cases, are going to be essentially in the sense of « plus ou moins », but temporary jobs, as it has been the necessity, the requirement for many years. So what else is new?
And, « des jeunes volontaires » with a target of maybe 10000 or 15000 people, in their own « milieu », being involved and being motivated by it is also something which is, by definition, temporary. Permanent jobs, in the industrial sense, in the sense of development, as much as we can push ahead in that direction, that will come up during that special meeting we are having. We are going to try to battle out as a final perspective during the weekend. There is always a reminder you have to give yourselves, that young people are the part of society that have, I think, according to statistics, the biggest problems, especially in the sense of employment. That is true pratically in all societes. But it is also as complex as all of society. You have rich, you have poor young people; you have girls and you have boys; you have people sticking to school training or what have you, and people who are just dropping out. You have different localities or different contexts, some favourable, some unfavourable in which such young people grow. You cannot, you know, have any kind of magic recipe that will be a sort of cure for all that, especially during a difficult period.
But, eventually, as far as economic development is concerned, what will affect them as everybody else in the population, economicwise, is the overall state of health of the economy of Québec.
M. Daignault: On another subject, Sir, you are going to Ottawa next week on the question of Native peoples. I wanted to know if you had set your plan… M. Lévesque: If the conference is held.
M. Daignault: If the conference is held, yes. But if it is held and if you are there on Monday, will you be foreseeing staying over on the 14th and 15th on the question of economy. I think Mr. Trudeau has sent a telex.
M. Lévesque: Mr. Trudeau was mostly looking for a PR operation, that is quite obvious. I have no objections to the public relations campaigns of the Federal Liberals including the Prime
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Minister. So it has been a runaround over the last few days. I have had occasion to see how it was evolving during the telephone conference we had between provinces. At first, Mr. Trudeau said practically like a sort of convocation: You are going to come to dinner on the 16th and we are going to look at all that. You know, short term, medium term, what have you?
That was really laughing at people in their faces. So the reaction was: Look, if you want PR percentage, at least, be serious about it because we are interested in having at least some substantial discussion about economic situations and things like that.
So, the provinces counterproposed – and I went along – the 14th as just a meeting with hors d’oeuvres or what have you, I could not care less, but a meeting to set an agenda, not have it, parachuted on your heads by the know-it-ails over there, but have an agenda set out as a sort of joint entreprise setting an agenda and a date for something like at least a day of serious economic talks.
Now, we had another counterproposal by Mr. Trudeau, because the 14th was not agreeable since the Governor-General was receiving everyone and that was already set and since he happens to be Her Majesty’s representative, that is « sacro-saint ». So, he came with a counterproposal which says: The in-between evening – now we are practically on it – of Tuesday the 15th, would you guys come to dinner and we can initiate it and, if you are still hungry the next evening – I think that is more or less the jest of it – maybe we can have another dinner on the whole thing again on the 16th and maybe have Thursday morning to pursue. But it just so happens that the 15th, yes, there is a free dinner. I suppose there is no reason why we should not attend it. But the 16th is probably out for many of the premiers because they have former commitments. As far as the 17th is concerned, quite of few are out, including yours truly. We have to get back to our own job and improvising bits and pieces of economic loose talk.
M. Daignault: Do you think the provinces should instigate some sort of real formal meeting on the economy?
M. Lévesque: That is what they have been saying.
M. Daignault: I know, but is it worth it to sit down and tell Mr. Trudeau and the feds: Look, we…
M. Lévesque: My opinion is it is not worth it very much, but you know.
M. Fraser: Briefly, Sir, what is your short-term objective in terms of the Native Peoples’ Conference? What do you hope that Québec can achieve from that?
M. Lévesque: Nobody knows what is going to be achieved if anything, because to say the least, there is a lot of uncertainty about attendances, about how to go through it with the kind of of juridical no-man’s-land that that Canada Bill of theirs has left. There is article 35 and another one a bit further. You know, it is like a hot potato. They put it there and now, they
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have to do something about it because there was a delay that was forecast there. I do not know in what sort of disarray or in what shape or form that conference is going to be held.
What we are going to do is this, for instance, tomorrow afternoon, we are meeting with spokemen from the so-called group of the First Nations and also with our own representatives of Gluèbec Indians and Inuit people, so that we can arrange, at least pre-arrange the way we are going to go to Ottawa, agreeing on some things and, I suppose, not agreeing on others because we cannot agree on everything that is set forward. We have assessed that on Monday, before leaving for Ottawa, and we had a first discussion in Cabinet today and it is going to be a summarized during our special meeting on the weekend, so that we can try to make heads or tails out of the whole thing.
M. Fraser: …decisions made in Cabinet, today?
M. Lévesque: Some decisions, they have to be pushed to leave a little further. There is always a part of conferences like that where you have to play it by ear up to a point, because on top of 11 governments having opinions or not having them, having projects or not having them, or being against – you know, it happens regularly – there is going to be, for the first time, a full-fledged organized representation, I suppose, of Indian or Inuit Peoples from across the whole country. That introduces an element which obviously means that during two days, there is going to be at least an effort that will be necessary to try and figure out where we are at.
M. Richard: Sir, finally, your colleague Gérald Godin says that things should be changed in the image or the marketing of the Parti québécois and that when the French power does things right in Ottawa, it should be said as it is. Are you in agreement with this?
M. Lévesque: I think he is the one you should ask the question to because that was the result of a hastily written – which is not criticism – column in the paper…
M. Richard: Well, I have it on tape here.
M. Lévesque: It could be… Yes, if you have it, you know more than I do. M. Richard: I want your impression.
M. Lévesque: My impression is that all poets are normally overgenerous and that is what is probably what happened to Mr. Godin.
(Fin à 17 h 29)]

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