[(Seize heures quarante minutes)]
[M. DELISLE: Nous allons procéder selon l’ordre habituel. Il y a une déclaration de M. Chevrette et de M. Lévesque et ensuite, on va prendre les questions en français et en anglais.
M. CHEVRETTE: Mesdames et messieurs de la presse, je voudrais tout d’abord vous dire un peu comment s’est déroulée notre grande réunion à midi ou la très grande majorité des parlementaires étaient présents sauf quelques uns dû à la maladie ou encore à des délégations à l’extérieur. Après un exposé relativement
nous avait suggéré. Dans un premier temps, il y avait la nomination d’un président d’assemblée et c’est à ce moment là que je fus désigné par les représentants comme président d’assemblée. Par la suite, il y a eu la nomination d’un secrétaire d’assemblée et ce fut le député de Beauce-Nord, M. Adrien Ouellette, qui fut nommé secrétaire de ladite assemblée.
Nous avons, conformément au troisième article de l’ordre du jour, accepté les règlements de notre formation pour le oui dont M. Lévesque vous donnera le nom tantôt.
Il y a eu des discussions et questions sur les règlements et adoption desdits règlements. Par la suite, ce fut le dernier point à l’ordre du jour, la nomination du président national. Il n’y aura sans doute pas de surprise à vous apprendre qu’à l’unanimité et le seul suggéré élu par acclamation fut M. Lévesque à qui je laisse la parole, bien sûr, pour vous parler à la fois du règlement et du contenu de la conférence de presse.]
[M. LEVESQUE:] Merci beaucoup. J’avais réfléchi longuement et j’ai.
hésité un peu mais,de toute façon, quand tu es « pogné ». On va vous passer le règlement. On a conçu ce comité national – la loi appelle cela un comité national – de la façon suivante: Un référendum sur une question comme celle qui va se poser dans quelques semaines, qui touche, par implication, toute la collectivité. C’est vraiment quelque chose qui est l’affaire de tous les citoyens. Ce que la loi appelle simplement comité national évidemment il fallait lui donner un nom, le baptiser, comme comme disait M. Chevrette – il y avait surtout la définition qu’on voulait lui donner, la définition de sa taille, de la façon dont on voit le fonctionnement. Nous avons cru qu’il fallait que ce soit ouvert à tous les Québécois et à toutes les Québécoises qui voudront bien en faire partie, autrement dit, qu’on puisse adhérer à ce comité national que prévoit la loi librement, partout avec un minimum de chinoiseries et à une seule condition fondamentale, être Québécois, d’avoir droit de vote donc au référendum et bien sûr, l’intention de voter oui.
Alors le nom est très simple parcequ’on ne peut pas réinventer toutes sortes de choses mais on a essayé de mettre l’image de ce qu’on veut dire dans le nom lui même. On appelle cela le Regroupement national pour le oui, parceque cela
par centaines, sinon par milliers qui sont en train, justement, de se regrouper dans ce sens par-dessus les barrières partisanes, par-dessus aussi ou à travers les compartiments, souvent assez peu communicants; que multiplie la société avec ses complications ou des régions, des milieux et des niveaux de vie, des métiers, des professions sont portés assez facilement à s’isoler les uns des autres.
Il nous semble nous que le référendum, en tout cas, c’est notre opinion, cela doit plutôt
être quelque chose qui agit comme une occasion de rapprochement, au moins temporaire, cela peut même avoir un peu des suites. Ce n’est jamais mauvais pour la santé. Autrement dit, que cela puisse servir, un peu,de trait d’union entre les Québécois où qu’ils se trouvent et qui seront évidemment dans notre cas pour le oui. Alors, ce regroupement, je résume, national pour le oui, tous les citoyens du Québec qui le veulent pourromt y adhérer et en faire partie. C’est un peu dans la même idée qu’on ait décidé de donner à ce regroupement national un conseil qu’on va tâcher, dès le début, de rendre aussi largement représentatif de tout l’évantail québécois possible.
Mercredi, ce sera probablement à la fin de la journée à Montréal, on présentera publiquement une première tranche, si vous voulez, une première formation de ce conseil auquel d’autres éléments, bien sûr, s’ajouteront en cours de route et peut-être jusqu’à la fin de la campagne référendaire. Comme le prévoient les règlements que vous avez aujourd’hui devant vous, les membres de ce conseil qui sera mis en marche mercredi, dans deux jours, seront chargés de nous aider à prendre certaines décisions, entre autres, par exemple, sur un comité exécutif qui sera un comité de campagne, un comité d’organisation et aussi tout le long du chemin, on espère bien que les membres du conseil en particulier pourront nous enrichir de leurs avis beaucoup aussi de leur présence articulée un peut partout au Québec.
J’arrive au troisième élément qu’on peut appeler national, c’est-à-dire, le comité exécutif, mais cela est un comité très restreint quant à nous qui sera responsable exactement comme dans toute campagne d’envergure nationale de l’organisation d’ensemble de la répartition budgétaire, des contrôles qui sont nécessaires, les vérifications, enfin, cela comprendra entre autres l’agent officiel, comme on fait, c’est un comité technique au jour le jour pour la marche de la campagne. Maintenant, cela se répercute, ce qui est normal, au niveau que la loi 92 appelle le niveau local, les instances locales, c’est-à-dire, au niveau de chaque comté et cela est prévu par la loi. Il y aura une instance. Je répète le jargon, le vocabulaire de la loi, locale qui sera un comité de campagne à l’échelle de chaque comté et de la même façon qu’il y en a un au niveau national. Il y aura un président qui ne fera pas nécessairement partie de cette instance, qui sera un président du comité du oui parceque dans chaque comté, regroupement ou comité, on espère bien qu’il y aura le même genre, comment dirais je, de jonction de tous les gens que cela intéresse et qui sont d’accord avec nous de la même façon qu’on le prévoit au niveau national. En gros, c’est cela. Comme je dois vous dire que cela avait quand même été étudié comme conception et comme articulation essentielle, il y a quelque temps, quand on avait eu la rencontre des parlementaires ici à Québec, il y avait des ajustements qui ont dû être faits après, mais l’essentiel était déjà connu alors cela n’a pas demandé beaucoup de discussion au début de l’après-midi.
[M. DELISLE: On va y aller pour la période des questions. On demanderait à ceux qui ont des questions à poser de se rendre à un des cinq micros qui sont déjà en place.]
[M. LEVESQUE (Taillon):] Vous êtes équipés aujourd’hui.
[M. DELISLE: Oui. M. Girard, du journal de Montréal.
M. GIRARD- M. Lévesque, j’ai vu M. Biron qui a participé à la réunion d’aujourd’hui. Est-ce qu’il serait possible d’avoir une idée du rôle que vous entendez faire jouer à M. Biron au cours de la campagne référendaire? La deuxième question que j’ai à vous poser est la suivante: Est-ce qu’il y a des groupes qui ont déjà manifesté leur intention de devenir des groupes affiliés à votre comité national?]
[M. LEVESQUE (Taillon):] Pour ce qui est de M. Biron qui fait partie intégrante, si vous voulez, du groupe parlementaire, qui reste toujours là jusqu’à la fin de la campagne parceque les règlements qu’on a adoptés aujourd’hui, s’ils devaient être amendés et cela est très précis dans les explications que le directeur général des élections lui a données.
S’il devait être amendé, en cours de route, pour des raisons de commodité ou, je ne sais pas, d’ajouts ou de corrections, il faudrait que ce soit de nouveau ce comité provisoire des parlementaires, comprenant M. Biron, qui en prenne la responsabilité parce c’est vraiment ce que la loi prévoit.
Pour le reste, M. Biron va évidemment faire – j’espère bien, au maximum, comme
tout le monde – campagne pour le oui. Il va sûrement jouer un rôle clé dans son comté et il se peut même que, d’ici quelques jours, il joue un rôle à un autre niveau aussi; cela, on verra. Vous êtes convoqués, en tout cas, vos collègues de Montréal sont convoqués pour mercredi, pour une deuxième étape,qui est celle justement de l’élargissement de la première étape du conseil du regroupement.
Alors, s’il
[M. GIRARD: /devait y avoir un poste de vice-président au conseil du regroupement
pour le oui, c’est mercredi prochain que ce sera annoncé, même un poste ou plusieurs.]
[M. LEVESQUE:] Oui, mais je vous conseillerais de ne pas trop compter sur des vice-présidences, première, deuxième, troisième, quatrième. Cela paraît être une chose qui peut être utile quant à des gens entre lesquels il faut essayer d’atténuer les divergences. Cela met du baume des fois sur les plaies, je suppose. Mais, dans notre cas, cela ne nous paraît pas nécessaire et ce serait plutôt oiseux parceque , en fait, je pourrais vous dire que je connais au moins une cinquantaine de personnes à qui on peut penser – je dis une cinquantaine juste pour ne pas éventer des mèches – qui pourraient être aussi bien vice-président que président, n’importe quand.
Alors, je pense qu’on va probablement éliminer ce problème des vice-présidences.
[M. DELISLE: M. Picard.
M. PICARD: J’ai deux questions, M. Lévesque. Vous avez insisté tout à l’heure… M. GIRARD: Pardon, j’avais une deuxième question qui avait été posée au premier ministre et à laquelle il n’a pas répondu.]
[M. LEVESQUE:] C’était quoi, excusez?
[UNE VOIX: Les groupes affiliés.]
[M. LEVESQUE:] Ah! les groupes affiliés. Écoutez, on ne peut pas vous dire quel va en être le nombre, ni l’ampleur, il va y en avoir sûrement. Il y en a un, je pense, qu’on peut prévoir déjà, qui préfère demeurer affilié, c’est le MéOUI, le Mouvement étudiant pour le oui, et il y en a sûrement d’autres.
[M. PICARD: M. Lévesque, j’ai deux questions. Vous avez insisté tantôt sur le fait que tous les Québécois qui voulaient être membres du regroupement national pourraient le faire sur une base individuelle ou par section, Je n’ai pas eu le temps de regarder vos règlements mais je me demande ce que cela donne, autrement dit, ce
que cela change concrètement, outre les $ 2 que les gens fourniront au moment de leur
adhésion. Je n’ai pas l’impression qu’il va y avoir une assemblée générale de tous les membres; autrement dit, ils n’auront pas de décision particulière à prendre, ces gens.]
[M. LEVESQUE:] C’est vrai, sauf que le 2 novembre, pas besoin de vous dire que quand vous regardez le chiffre, après la campagne de financement qu’on vient d’avoir, ce n’est pas absolument le financement essentiel, c’est à peu près ce que cela va coûter probablement pour une carte convenable.
Mais, il y a une chose qui me frappe, c’est que. je l’ai dit tout à l’heure, je ne réinventerai pas ce que j’ai dit, je vais essayer de le paraphraser – quand il s’agit de consulter tous les citoyens qui ont droit de vote, 18 ans et plus, et que nécessairement cela va se polariser, comme c’est normal dans un cas comme cela entre deux camps, il nous paraît absolument normal aussi non pas de fermer cela et de dire: On va commencer à éplucher les gens un par un mais dire: Tous ceux qui veulent participer au moins par le fait qu’ils adhèrent, pourquoi pas? Pourquoi ce serait fermé et comprimé comme cela? Je ne sais pas, en tout cas, cela nous a paru évident que c’était logique et que cela pouvait aussi être une façon stimulante de se serrer les coudes.
Cela rejoint cette idée de solidarité qu’on essaie de développer et qu’on essaie de pratiquer aussi, au moins pour cette période du référendum.
[M. PICARD: Le fait de tenir des réunions au niveau de et tout cela, ce n’est pas possible.]
[M. LEVESQUE:] Non, sauf que cela se décompose tout de même régionalement, en comté, et quand on parle de sections, il y a déjà des sections – en fait, on n’a rien inventé, les gens l’inventent déjà – par exemple, un certain nombre d’infirmières dans tel hôpital qui se sont mises ensemble parceque d’autres peuvent avoir un autre avis mais elles, ensemble, dans leur métier, dans leur milieu de travail, elles sont d’accord et elles sont déjà, si vous voulez, ce qu’on appelle une section.
La même chose est en train d’arriver – on l’a su ce matin – chez les travailleurs de l’amiante dans certains coins. Pourquoi pas? Pourquoi commencer à dire: On va éplucher cela pour savoir qui peut et qui ne peut pas?
[M. PICARD: Mon autre question,M. Lévesque, c’est sur le rôle de vos députés au cours de la campagne référendaire. Est ce que ce rôle est précisé? Est ce qu’on en sait un peu plus long maintenant? Est ce que ce sont eux, par exemple, qui vont présider les instances locales?]
[M. LEVESQUE:] Sauf peut-être une ou deux exceptions qui étaient encore dans l’incertitude, je pense que, normalement, conformément à une décision qui avait été
votée, qui n’est pas absolue, mais qui avait été votée comme un jeu très précis du
caucus des députés, les députés ne seront pas présidents. Par ailleurs, quand on parle de l’instance locale, c’est-à-dire le comité de campagne, il est assez normal que le député en fasse partie ex officio parceque l’organisation de travail – comment dirais je? – d’entraînement, cela appartient vraiment aux devoirs des députés.
[M. DELISLE: M. Harris de la Gazette.
M. HARRIS: Juste pour reprendre un peu la question de M. Picard, si j’ai bien compris, ce que le comité du non a dit ce matin, il dit: On va être une quarantaine de personnes. Les décisions vont être prises par cette quarantaine de personnes. S’il y en a d’autres qui veulent travailler pour nous, d’accord, mais vous autres, attendez vous…]
[M. LEVESQUE:] C’est une conception. Chacun a droit à la sienne.
[M. HARRIS Mais disons que vous avez 10000 adhérents à un moment donné,
c’est impossible de remplir
quelque chose.]
[M. LEVESQUE:] Parlez un peu plus fort.
M. HARRIS: Je comprends mal comment votre comité va fonctionner si toutes les personnes qui veulent être membres deviennent membres et ont la puissance de prendre une décision.`]
[M. LEVESQUE:] Il va y avoir un conseil, qui sera présenté mercredi. Ce
conseil, qui est un conseil, si vous voulez, d’une certaine campagne, à qui on va faire quand même rapport de ce qui se fait pendant la campagne en cours de route et qui est plus manoeuvrable que – le minimum, c’est 20 membres, cela va évidemment dépasser cela largement, mais quand même – l’ensemble, lui, se réunirait à quelques reprises, normalement. Il va le faire dès mercredi. C’est la première étape, en tout cas. Pour ce qui est du regroupement national, comme on l’a appelé, on a le droit de le définir comme on veut, ce comité national de la loi 92, il nous semble, pour les raisons que je viens de donner deux fois, que c’était normal de le laisser ouvert à tout le monde. Il y a partout des gens qui veulent adhérer et il y en a aussi qui veulent adhérer en groupes ou par sections, si vous voulez, dans des quartiers, par exemple, dans certaines villes, dans des institutions, dans des industries. Par exemple, l’autre jour, je suis allé à Kenworth en tournée, à Sainte-Thérèse, et il y avait déjà 250 des employés, des ouvriers de la Kenworth, à Sainte-Thérese, qui avaient signé leur adhésion pour participer au oui. Quand on voit cela, on dit: Pourquoi ce serait réservé à une sorte d’aristocratie? C’est tout! Le référendum, c’est l’affaire de tout le monde. Pourquoi tout le monde ne ferait il pas partie du camp du oui, s’ils le veulent,comme du camp du non? Enfin, cela, ce n’est pas de nos affaires.
[M. HARRIS: J’ai une deuxième question. Ce matin, le comité du non a eu une version officielle anglaise de leur nom. Je remarque que… Existe t il une version officielle de votre nom en anglais parceque ,ce matin, le comité du non a dit: Notre nom, c’est… Et puis, ils ont dit quelque chose en français et c’était écrit en anglais en même temps, pour avoir une sersion officielle.]
[M. LEVESQUE:] Vous pouvez être sûr qu’avant les brefs, cela va être traduit comme il faut, au moins le nom. Il n’y a pas de problème.
[M. HARRIS: Merci.]
[M. LEVESQUE:] C’est dur de traduire un groupement, par exemple. On a cherché un peu et en tout cas, on essaie de trouver la bonne formule.
[M. DELISLE: M. Cowan.
M. COWAN: Oui, tout simplement, sans vous demander la date du référendum et tout cela, quand prévoyez vous commencer à faire campagne de façon intense, vers quel moment? En avril?]
[M. LEVESQUE:] Ah! Sûrement:
[M. COWAN: Oui.]
[M. LEVESQUE:] Sûrement. Quelles que soient les autres contraintes, c’est évident que cela va être en avril. Je pense que tout le monde sent – et je l’ai déjà dit au moins X fois – et là, c’est de plus en plus vrai, on le sent de jour en jour, tout le monde sent que traîner, ce serait très mal vu. Autrement dit, il ne faut pas traîner exprès. Aussitôt qu’on sera – je répète encore cela pour la nième fois et n’essayez pas de m’en arracher plus – aussitôt qu’on aura la conviction que tout le monde est à peu près en place, on va annoncer au plus vite la date.
[M. DELISLE: M. Brillant,de Radio-Canada.
M. BRILLANT: M. Lévesque, pour le dévoilement de tous ces regroupements régionaux ou locaux pour le oui, entendez vous laisser cela, au fond, à chaque région, comme cela se présente ou si vous voulez procéder par blocs de régions?]
[M. LEVESQUE:] Non. Cela va être laissé, je pense, à l’intérieur de certaines règles, certaines sont là et d’autres sont évidentes dans la Loi de financement des partis et dans les règlements qui encadrent un référendum, mais ça va être laissé essentiellement à l’initiative des gens à l’intérieur des comtés essentiellement.
C’est ça qui est reconnu par la loi et ça peut également déborder au niveau regional, pourvu que ça observe, c’est évident, les règlements du financement qui sont très stricts et que personne ne fasse du [« financing »] de dépenses.
Il faudra que ça s’intègre dans un budget, le même budget réparti le mieux possible partout.
[M. BRIAND . Est ce qu’on fixe tout de même certaines balises pour dire il faudrait que cela se fasse d’ici une quinzaine de jours ou bien si ça pourra aller aussi tard que dans plusieurs semaines dans certains coins?]
[M. LEVESQUE:] Non, c’est comme on dit en anglais un [« non going process »]. Si les gens adhérent, ils vont adhérer, je suppose, jusqu’a la fin. Il n’y a pas d’exclusive ni de date fatidique.
[M. DELISLE: M. Giroux.
M. GIROUX: Au sujet du financement de votre groupement, M. Lévesque, je remarque qu’il y a la cotisation de $ 2.00, mais est ce que vous allez avoir besoin d’autres fonds d’ici l’émission des brefs, et o3 allez vous les prendre?]
[M. LEVESQUE:] D’autres fonds d’ici l’émission des brefs?
[M. GIROUX: Oui, enfin, vous avez des locaux à louer sur la rue Saint-Denis a Montréal.]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, je l’ai dit hier soir. C’est vrai qu’après tout vous n’étiez pas là, je m’excuse. Quand on a fini la campagne de financement hier, on ne l’a pas finie, mais on a annoncé le résultat des trois semaines, des 20 jours, parce que ça va finir d’ici le 15 à peu près, j’ai dit que… Pas besoin de vous dire qu’on était content des résultats et que quant à nous, c’est l’effort suprême. Il est évident qu’on ne demandera pas des espèces d’efforts possibles, c’était nécessaire.
C’était nécessaire aussi parceque ce qu’on avait de réserve, on essaie toujours d’avoir quelque chose toujours, enfin, depuis deux ou trois élections – comme $ 200000, $ 300000, jusqu’à des fois $ 400000, ce sont des années miracles jusqu’ici de réserve, au cas où des élections prématurées ou quoi que ce soit qui arriverait et auquel il faudrait faire face.
On n’a plus de réserve , à toutes fins utile; parcequ’on a mis ce que le parti avait de réserve au service de la fondation du oui qui a complété de son mieux par
du financement public et par des contributions et c’est cet argent la qui a été réparti
de façon à pouvoir nous conduire le mieux possible jusqu’aux brefs.
Alors, c’est ça qui finance, par exemple, les préparatifs qui se déroulent.
[M. DELISLE: M. Picard.
M. PICARD: M. Lévesque, je voudrais vous poser une question sur le nom que vous avez choisi, Regroupement national pour le oui. Je pense que c’est ça le
nom. Je ne voudrais pas faire de la psychanalyse à rabais, mais je remarque que…]
[M. LEVESQUE:] Vous pouvez toujours essayer.
[M. PICARD: Non, non, je n’essaierai pas parceque je me doute de la réponse. Je remarque qu’il n’y a pas de nom québécois dedans et qu’il y a plutôt une espèce d’appel à une idée de nation plutôt que l’appartenance au territoire du Québec. Est ce que vous pourriez m’expliquer un peu ce qu’il y a derrière ce choix là?]
[M. LEVESQUE:] C’est parceque quant à nous, je ne ferai pas de la psychanalyse
à rabais non plus, sauf erreur parceque j’ai mis la main dessus tout à l’heure, c’est normal, cela a été rendu public. Les libéraux, enfin le camp du non, veulent s’appeler : les Québécois pour le non. Enfin, quelque chose comme ça. Vous savez à quel point ils nous en veulent à l’occasion d’avoir… En tout cas, ce n’est pas ma faute à moi, vous vous en souviendrez peut-être, si le parti s’appelle le parti québécois. Cela paraissait indiqué à tous nos membres, il y a à peu près douze ans, je ne sais pas trop, 1968, douze ans, et à l’occasion j’ai eu et on a eu l’impression tous qu’ils se sentaient obligés et pas seulement ces derniers temps, dans d’autres partis, de réaffirmer: On est aussi Québécois qu’eux autres, pourquoi ont ils ce nom là comme si cela leur appartenait en propre?
Et après l’avoir vécu et pratiqué pendant douze ans, je ne sais pas, on a eu l’impression que ce n’était pas nécessaire de réaffirmer ça parceque peut-être cela aurait encore donné l’impression que… Et il y a des gens qui sont écorchés à propos de tout et à propos de rien. Je ne parle pas de Mme Solange Chaput-Rolland, mais enfin d’autres. Alors on s’est dit: Je pense que c’est assez connu comme ça et. Regroupement national pour le oui nous a semblé normal parcequ’on parle à l’échelle du Québec et c’est une échelle nationale quant à nous.
[M. DELISLE: M. Marin, une dernière question en français avant de passer à l’anglais.
M. MORIN (Gilles): Celle ci est hypothétique, M. Levvesque. C’est vraiment une question hypothétique et ce n’est pas un piege. C’est un peu les rumeurs que l’on entend, en particulier l’hypothèse que vos adversaires font, advenant une victoire du oui au référendum, et comme vous disiez tout à l’heure, cela ne sert à rien de trainer, est ce que vous considérez envisageable une élection générale immédiatement après, c’est-a-dire avant même les vacances d’été?]
[M. LEVESQUE:] Absolument pas, non. Pour toutes sortes de raisons. Je pourrais
en énumérer à n’en plus finir. Il y a nécessairement ou la Chambre va sièger assez longtemps pour faire son travail sur les crédits, etc., ou bien, si le référendum vient d’une façon qui ne permet pas de finir les crédits, il va falloir qu’elle finisse son travail, pas seulement les crédits, mais un certain bagage de lois nécessaires avant de partir, ce qui veut dire que d’une manière ou d’une autre, ou bien on va assez loin avant d’ajourner la Chambre et d’entrer en campagne officielle, ou bien on reviendra pour finir notre travail et je pense que c’est le devoir d’Etat de l’Assemblée nationale. On ne peut pas laisser cela traîner. Il y en a peut-être qui peuvent se permettre cela à Ottawa, mais nous ça ne nous paraît pas indiqué. Deuxièmement, on aurait l’air vraiment d’essayer de prendre les gens en jarnac et troisièmement, ce serait l’épuisement général pour tout le monde. Ce n’est pas
un cadeau une campagne, quelle qu’elle soit, de 35 jours et plus et si tu en ajoutes une autre quasiment sur la lancée, cela veut dire non seulement qu’on veut éclairer l’ensemble des citoyens, mais on veut également quasiment tuer le monde qui y participe. Cela n’a pas de sens.
[M. DELISLE: Maintenant, les questions en anglais, est ce qu’il y a un volontaire? M. Saint-Laurent.
M. SAINT-LAURENT: Mr Levesque, my question is not specifically on this topic you will
but because of deadlines /understand, There have been two more pipe bombings
in Montreal…
M. LEVESQUE: Two what?
M. SAINT-LAURENT: Pipe bombings, the Pro-Canada sings. *I wonder if you
have any reaction to that, one in Longueuil and one in Forbes Square this afternoon. M. LEVESQUE: You mean at this…
M. SAINT-LAURENT: That is right two more today.
M. LEVESQUE: No; it is provocation, obviously. Where the hell does it come from?
I do not know. I said it yesterday, I have not got any kind of… If the police know
do not know, I do not/either. I have not got the faintest… I am going’to glimmer
about where it comes from. It could be rather a bad taste, but practical jokers or as
people who think of themselves / practical jokers. It could be people from, you
know, « agents provocateurs » and God knows well known who are against us and who want to use that, you know, to give us that kind of coloring, or it could be someone who is a bit too much for the yes. I do not know.
M. SAINT-LAURENT: What do you think you can do about it?
M. LEVESQUE.- I have not got the faintest idea. It could also be, that has
Canada production, has problems,to say the least, with its employees. So it could come from there too, but I have not got any reason, any legitimate reason to try to pinpoint anything. I do not know. I can just repeat that it is not exactly kosher as far as a referendum discussion to start shooting down things or growing them up. You can dislike them and I will tell you I cordially dislike what is behind the Pro–Canada productions. I think, in some cases, they are deviously offensive for any Quebecer with any dignity, but between that and blowing •i up,there is a hell of gap.
M. DELISLE. M. Inwood.
M. INW00D: Mr Levesque, the fact that you will be participating next Wednesday in this sort of unveiling of the…
M. LEVESQUE: The council and a few other things that we are trying to get ready..
M. INWOOD: That is next Wednesday,doesthat mean that… This Wednesday. M. LEVESQUE. « Two days from.now, yes.
M. INWOOD: I see.- I’was wondering about your vacation plans, that is why… M. LEVESQUE: I am getting out right afterwards, for one solid week. M. DELISLE: S’il n’y a pas d’autre question. Un instant. M. Wildgust.
been evoked, after all Mediacom, I think, which is the agency in charge
of Pro
ground rules
M. WILDGUST: Mr Lévesque, I wonder if you can tell us if you set down any/
for who can be a member of the Yes Committee? Is it going to be very open? At
are a
the Regr_qupement pour le oui, /there basic ground rules or/credo that people would
to,
have to subscribe /other than what is written in the question?
M. LEVESQUE: No. I think that the regulations make it clear that the basis for the whole thing is yes to a question which is now known and has been voted by the National Assembly. :Apart from that, in a general way,since we want it as open
as possible, anyone can share in, participate in a sense of this kind of solidarity
we they are
we have been pushing as best we can, I think it is indicated, as long as/voters and they
agree with the perspective of a « yes »-answer.
M. WILDGUST: Do you have a fair number of special interest groups in view? there is
Already, you have mentioned nurses, I suppose/the anglophone group CASA, are
there other groups that cyou know of?
M. LEVESQUE: There are groups being formed pratically every day, all over Quebec. So, we see no reason to start saying that we are going to pick and choose, and decide, you know, with a sort of jury, who, can be there and who cannot be there. As far as citizens are concerned, to us, is it open(. to everyone who agrees basically with the yes camp, that is all.
There is a difference with the affiliated groups, but you•:will see in the
regulations. They have to make a sort of request specifying–a..few things, because,
otherwise, anyone could be affiliated and that could be a bit dangerous. M. DELISLE: Oui, :Mme Johnson.
MME JOHNSON: Mr Lévesque, your approach in allowing many people to join the Yes Committee is very different from the approach that the liberals, the No Committee have taken. Can you explain why you feel it is important to allow a much broader section of the community to subscribe or adhere to your committee?
M. LEVESQUE: As far as we are concerned, when we looked it over, I am trying to blow it down,what D said a while ago, to essentials. When we looked it over,
we were already assisting, seeing all over Quebec, in various institutions, in
and
plants, in towns, in parts of Montreal !among students, groups getting together
and
spontaneously/deciding to join. So why not adopt everyone and not become a sort
of choosy camp.
MME JOHNSON: Did you feel that is was important to give people a feeling that they belong rather than having the committee directed by perhaps what they
view as the members of a political party? Do you think that this is going to make
your organization, I do not know, more democratic, more broad-based?
The only thing
M. LEVESQUE: …/which we are going to direct, in most cases, is what we call
campagin committeesthat are very restricted and require people who have experience at
in campaigns,I think everybody agrees on that, whether at riding level or/national
level, you need, well, the law says, for instance « un agent officiel », you know, riding. a financial agent, which is responsible in the same… the other level, in every/
You need someone, for instance, who is a « conseiller juridique », a legal advisor, because there are intricacies in a referendum law, just like an election law. Both are dovetailed in the referendum.
So, you need a sort of technical group which will be, from day to day, not
just organizing, but also watching funds, and everything else,so that we have a
good campaign and also a campaign that is legal all along the way. Apart from that,
there will not be, I can tell it right now, a majority of our people on the council, we for instance, that is for sure,and’throughout Quebec, / are not going to ask if you
are a member of the Parti québécois or a member of what have you. You are a
are
Quebecer, you agree with the question, you want to say yes, you/already organizing
yourself spontaneously all over Quebec, if you want to join, join’in. It is every
body’s business.
does
MME JOHNSON: If someone/join,, pays the $ 2 and so on, what, in effect, is
hip participation, what rights does he have, what control does he have?
M. LEVESQUE: At riding level, because, obviously, I do not how many thousands of people are going to join, but at riding level, specially, this
is going to be,let us say,broken down into much more manageable groups and there, at riding level, there are going to hava an influence all along the way, because they are, going to share in the campaign in the neighbourhood that they know and in which, every day of their life, they participate. I’think it is there it is going to show the most. At national level, it is something that, to us, is
a sort of way of emphasizing again what we think is essential, as much solidarity as possible, at least from our point of view.
M. DELISLE: M. Harris.
M. HARRIS: Have you got a specific goal or a number in mind for the number of people you would like to see signed up on the Yes Committee, a figure?
M. LEVESQUE: Well, the ideal since, I think, a majority of voters would be something like 2000000 and some, would be 2000000 and some members, but I do not think we will get there.
M. WILDGUST: Mr Lévesque, on that same…
M. LEVESQUE: As many as possible, let us say, but it is up to people.
We are not going to start recruiting, we just have a few weeks. So, it is up to people who are interested, once it is made public, to decide and especially
to join in the sense ok also participating more intensely or more closely in their riding and neighbourhood levels.
M. WILDGUST: Mr Lévesque, on that same subject, have you considered that once you reach 1000000, let us say at $ 2 a piece, you are going to go over the spending limits in the law.
M. LEVESQUE: Once you deduct the cost of the operation – there is always some cost…
M. WILDGUST: …
M. LEVESQUE: … to the $ 2, because $ 1 would have been a bit ridiculous and $ 2, I think,: today, nowadays, the first serious figure you can use for any kind of card carrying something.
M. WILDGUST: But you really would not be able to go over
for financing.
M. LEVESQUE: Before we had our rather miraculous financing campaign, since
we had no reserves left, I remember even people from the Gazette, very charitably worring about our financial status a few Weeks back – I do not know if you remember –
were you at that, before you had
about $ 500000,
gone through the ceiling set by the Referendum law,
wondering how we could keep on going with so little money in the bank. Well, now, we have at least enough to go through a whole year, even if there should be both a referendum and an election, which could happen. We have enough for essentials, because we have to keep a party going, we have to reconstitute a minimum reserve for elections, in case they come and we have to contribute to the referendum campaign, because the public fund contribution is going to be $ 0.25 a voter, which means about half, so a $ 2000000 and some budget. So we are going to contribute to that and maybe, but we are in no panic for obvious reasons, since yesterday, what is left of the $ 2 card can help, I
do not know, at least some. But it is not something that we require financially.
So, if it is added to any kind of reserve so much the better for whatever is left.
M. WILDGUST: You do not feel you are restricting yourself by setting an effective 500000 members a limit then on the…
M. LEVESQUE: We are not fixing any limit, neither target, nor limit. The more, I hope, the happier after the vote.
M. DELISLE: S’il n’y a pas d’autres questions, merci.]
[M. LEVESQUE:] Cela va? Merci beaucoup.
[(Fin à 17 h 20)]
[QLévsq19800401cp]