Conférence de presse du 12 janvier 1978

[(Quatorze heures dix minutes)]

[M. PICARD: Alors, on va procéder comme à l’accoutumée. M. Lévesque doit sûrement – à qui,j’en profite, au nom de tout le monde, pour souhaiter une bonne année – avoir une…]

[M. LEVESQUE:] Je vais en avoir besoin.

[M. PICARD: …déclaration préliminaire à faire. Je rappellerais que, comme
à l’accoutumée, les questions seront posées d’abord en français et ensuite en anglais. De même que les entrevues après se feront d’abord en langue française et ensuite en langue anglaise. M. Lévesque.]

[M LEVESQUE:] Très rapidement, je voudrais d’abord – il y a trois ou quatre choses – vous donner un sommaire de choses qui ont été faites ou décidées au conseil des ministres hier. Je dois vous dire qu’il n’y en a pas eu entre Noël et le Jour de l’An, tel que prévu, et comme il y avait pas mal d’absences, il y a eu une sorte de miniconseil avec un quorum élargi la semaine dernière. Mais on a vraiment repris les activités normales, si vous voulez, avec le conseil d’hier où il y a eu cinq nominations. Je crois qu’elles valent la peine d’être soulignées.
D’abord, du côté des Affaires intergouvernementales internationales dans le
cas présent M. André Patry,qui a déjà été sous-ministre, qui a aussi été professeur a l’Université Laval, qui est un homme qui a une carrière déjà pas mal diversifiée, sera, à compter du premier février, délégué général du Québec à Bruxelles. Vous savez que
M. Deschamps, qui a été là quelques années, depuis le début de la délégation à Bruxelles, est maintenant délégué général à Paris. Et pendant ce qu’on peut appeler l’intérim de quelques mois, qui va donc se terminer le premier février, M. Jean Chapdelaine, qui est maintenant, si on peut dire, en année de pré-retraite, qui est un conseiller extrêmement précieux, tout de même, conseiller en matière internationale au ministère, a accepté, avant les Fêtes, d’être chargé d’affaires, c’est-à-dire intérimaire à Bruxelles. Alors,
il sera remplacé, à titre permanent, par M. Patry.
Maintenant, M. Yves Michaud devient – je pense que c’est le secret de polichinelle
ce qui est comme une nomination parallèle, si vous voulez, ou latérale, chargé
des affaires internationales et surtout du dossier franco-québécois au cabinet de votre serviteur. Cela découle – je vais vous lire l’arrêté en conseil qui fait la nomination – de choses qui sont des retombées du voyage que j’ai eu le plaisir de faire en France
l’automne dernier. Voici l’essentiel: Attendu que les premiers ministres du Québec
et de la France ont convenus de donner mandat à un de leurs collaborateurs de suivre
de près le dossier des relations franco-québécoises, une entente qui avait été faite avec le gouvernement français.
Attendu que les relations internationales du Québec prennent de plus en plus d’ampleur
et qu’il est nécessaire à cet égard de maintenir une liaison organique entre le cabinet du premier ministre et le ministère des Affaires intergouvernementales, etc. Donc, chargé essentiellement du dossier franco-québécois et aussi d’un éclairage international sur certaines des choses qui affectent le gouvernement au niveau de mon cabinet, M. Michaud sera l’homologue, si vous voulez, du conseiller que M. Barre s’est donné dans le même sens en France. En France, c’est un M. Paye, qui était déjà conseiller diplomatique du premier ministre, comme on dit là-bas, et ici, donc, M. Michaud, qui continue évidemment de rester actif du côté de l’ensemble des dossiers qu’il avait déjà comme commissaire, si on veut, aux affaires internationales.
A la Commission des valeurs mobilières, il y a trois nominations qui sont importantes parceque le secteur est important, bien sûr. Vous les trouvez dans le communiqué qui vous a été remis à ce point de vue, à ce propos. C’est M. Roland Côté, il s’agit d’une nominationn qui confirme, pour cinq ans, une nomination qu’on avait faite à titre plus provisoire l’an dernier. M Roland Côté, de Montréal, est donc nommé de nouveau, et pour cinq ans, vice-président de la Commission des valeurs mobilières, tandis que M. Jacques Saint-Pierre, de l’université Laval, et M. Hyman Harris, de Montréal, sont nommés pour un nouveau mandat à la même Commission des valeurs mobilières. Vous avez cela dans le communiqué..
Une autre chose. Hier, la Loi 45 a été mise en vigueur par arrêté en conseil, pour l’essentiel de la loi, à compter du premier février prochain et, pour certaines choses qui demandent des adaptations techniques ou administratives, à compter du premier avril, donc en deux tranches. Le premier février pour l’essentiel ou la plus grande partie de la loi et le premier avril pour les choses qui exigent des mises au point ou des préparatifs.
Le Conseil des ministres a aussi approuvé une entente qui s’appellera la Convention du Nord-Est québécois. Vous savez, il y a déjà eu la Convention du Nord avec les indiens Cris et les Inuit; maintenant, il s’agit d’une convention qui s’appellera la Convention du Nord-Est québécois avec, cette fois, les membres de la nation Nascapi qui sont un groupe d’environ 400 Indiens d’origine, autrement dit de définition très précise, qui ont leur langue, le nascapi, et qui demeurent aux environs de Schefferville.
C’est une entente complémentaire à celle qui a été signée il y a déjà un bon bout de temps avec les indiens Cris et les Esquimaux, et qui a été mise en vigueur à la fin de l’année 1977. Le ministre des Richesses naturelles et M. Morin, le ministre des Affaires intergouvernementales, ont été autorisés, hier, à signer cela a pris deux ans de négociations, mais c’est signé – cette convention du Nord-Est québécois au nom du gouvernement du Québec.
Je voudrais souligner une chose rapidement; c’est que c’est une étape et on le croit , une étape équitable – dans ce domaine des relations avec les populations autochtones, au Québec, mais c’est évidemment une étape, ce n’est pas la fin, loin de là, même qu’il y a une sorte de nouveau commencement qu’il va falloir préparer parceque je pense que je n’apprends rien à personne en disant qu’il y a un éveil – surtout dans les nouvelles générations – sans précédent dans l’esprit des populations autochtones, au Québec comme ailleurs, et que les nouvelles générations ne sont pas des gens qui vont se laisser marcher sur la tête comme, hélas, il est déjà arrivé, dans le passé, à leurs ancêtres. Alors, cela va impliquer, de plus en plus, du dialogue permanent, des négociations probablement très suivies, du [« give and take »], comme on dit en anglais. À ce propos, je dois vous dire qu’on est en train de mettre sur pied, pour remplacer l’ancienne Direction générale du Nouveau-Québec, parceque le problème des Amérindiens et de la coexistance des Amérindiens avec nous n’est pas seulement dans l’Ungava, il va falloir en tenir compte, il est aux environs de Montréal, il est sur le Richelieu, il est à l’Ancienne-Lorette, il est sur la Côte-Nord, on est en train de mettre sur pied, dans cette perspective d’avenir, de bon dialogue et de meilleures négociations, un organisme qui sera chargé d’entretenir ces relations et qui sera un organisme plus polyvalent on l’espère,et permanent, bien sûr, que la Direction générale du Nouveau-Québec. Très bientôt, on espère arriver avec la mise en marche de ce nouvel organisme . Je trouve cela peu nostalgique parceque c’est moi qui avait, dans le temps de M. Lesage, mis sur pied la première Direction générale du Nouveau-Québec, mais, aujourd’hui, cela a débordé vraiment le Nouveau-Québec et il s’agit quand même d’avoir ce qu’il faut pour accueillir et entretenir de bonnes relations et, le plus possible, des relations d’égal à égal avec nos concitoyens Indiens, Esquimaux, partout au Québec.
Finalement, je ne sais pas si vous l’avez déjà appris,c’est une chose qui est un premier démarrage d’un projet dont on a beaucoup parlé dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Hier, on a autorisé REXFOR à amorcer, avec des représentants du milieu – c’est-à-dire surtout l’UPA et les milieux coopératifs qui ont déjà travaillé sur ce sujet, donc, à
amorcer une étude de rentabilité, une étude d’implantation aussi d’une nouvelle
usine de pâtes et papiers dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie dont la localisation probable serait quelque part dans la Matapédia. Si vous avez déjà passé par Val-Brillant aux environs du lac Matapédia, vous avez dû entendre parler de ce projet. On est rendu au
point où les milieux intéressés actifs étaient suffisamment, avaient une cohérence de vue, une perspective suffisante pour qu’on puisse amorcer ces études qu’on espère décisives,et la contribution de REXFOR a été autorisée jusqu’à concurrence de $ 500000, d’un demi-million, pour effectuer cette étude de rentabilité.
Maintenant, si vous me permettez, je pense que cela va peut-être éliminer ou, en tout cas, donner un éclairage pour vos questions, sinon en éliminer quelques unes, je vais parler brièvement, si vous voulez, de deux sujets qui sont quand même dans l’actualité. Premièrement, la question de GM et Bombardier et de la fameuse commande, dont on a beaucoup parlé avant les fêtes et depuis des 200 autobus qui sont requis par les cinq grandes commissions de transport du Québec. Je pense que je n’ai pas besoin de vous dire qu’on reçoit encore, ici à Québec, et ça et dans divers coins de la province, des demandes d’éclaircissement, des demandes d’information, d’explications. Je dois vous rappeler, je pense qu’il n’y a personne qui l’a oublié, qu’il est arrivé à plusieurs reprises en Chambre, avant la fin de la session à l’Assemblée nationale, qu’on a eu des questions et que chaque fois on a fourni toutes les réponses qui étaient disponibles à ce moment.
On a même déposé, c’est donc à la disposition de tout le monde, aussi en Chambre les études et les rapports techniques – écoutez, quand je dis techniques, je sais que c’était hautement technique , enfin, c’était tout là – toutes les études, tous les rapports qui avaient servi à préparer la décision. Une décision qui demeure, à notre avis, aussi inévitable qu’indiscutable, c’est-à-dire l’attribution du contrat à General Motors pour ces autobus. Maintenant, en date du 21 décembre,et cela a paru entre autres dans le Devoir du 23 décembre au moment même où je recevais la lettre, donc, en date du 21 décembre, M. Laurent Beaudoin, le président de Bombardier MLW, m’a envoyé une ettre qu’on peut appeler une lettre courtoise alors quant aussi aux revendications à ce point de vue.
En même temps, il l’a fait parvenir aux journaux. Evidemment, cela a pris un certain temps pour mettre au point et c’est toujours un peu charnu, il y a beaucoup de détails, on a essayé de les réduire au minimum, cela a pris un certain temps avec les fêtes, pour préparer la réponse à laquelle M. Beaudoin et les gens de Bombardier avaient droit.
Je ne vous affligerai pas d’autres papiers. Si vous en avez besoin ou si vous en manifestez le désir, on pourra vous faire parvenir les copies. Il y a eu une lettre, effectivement, de M, Thomas Galt adressée à votre serviteur le 20 avril 1977, à propos du bill 1, à ce
moment là.
La réponse lui a été transmise très élaborée, le premier juin. C’est moi qui l’ai signée. Cela insistait, dans cette réponse, sur le statut spécial qui était réservé aux sièges sociaux qui ont des opérations extérieures. Cela demandait à M. Galt et à ses collègues d’en tenir compte et de vouloir bien examiner l’évolution du projet de loi. Il y a eu une deuxième lettre de M. Galt le 16 août. Cette fois là, il s’agissait de la loi 101. C’était devenu la loi 101. Encore là, évidemment, on manifestait de nouvelles inquiétudes, on réitérait très rapidement les arguments du mémoire que la Sun Life avait envoyé.
Cette lettre a reçu réponse le 14 septembre, cette fois signée par le secrétaire exécutif de mon cabinet, parcequ’il n’y avait rien de nouveau qui demandait de longues réflexions. Mais la réponse assurait M. Galt que sa lettre, non seulement avait été lue et bien notée, mais qu’on en tiendrait compte autant que possible. Si je dis autant que possible, c’est que le mémoire de la Sun Life était quand même quelque peu agressif à mon humble avis. Le mémoire que la Sun Lite avait envoyé a la commission chargée d’étudier la loi 101, avait comme demande essentielle et je cite: [« La Sun Life du Canada estime qu’elle représente une entreprise dcnt les opérations au siège social devraient être en permanence, exemptées de l’application du projet de loi 101 « ]

Il est évident qu’on ne pouvait pas, à moins de prendre littéralement des attitudes rampantes, à un moment où l’évolution du Québec le permettrait d’aucune façon, donner 100% de satisfaction au départ, à ces messieurs. Seulement, il faut tout de même voir, à part cet échange de correspondance qui a eu lieu et où M. Galt a reçu réponse, en autant que je suis concerné, à chacune de ses lettres.

Il faut, au-delà de cela, voir ce qui est le sommaire des faits concernant la loi 101 et la compagnie Sun Life. La dernière fois que la Sun Life et l’ancienne régie de la langue française se sont rencontrées, c’était au mois de novembre 1976, avant l’élection du Parti
québécois et avant la disparition de la loi 22 qui était alors en vigueur, donc en novembre 1976.
Depuis le 26 août, alors que la loi 101 a été adoptée, la Sun Life n’a jamais, pas une
fois, pris contact avec le nouvel Office de la langue française. Troisièmement, il n’est quand même pas sans importance de souligner qu’il s’agit d’un siège social et
que les règlements concernant les sièges sociaux n’ont pas pu encore être publiés et, quand ils seront adoptés, ces règlements ne seront en vigueur que deux mois après leur publication dans la Gazette officielle, ce qui veut dire qu’à supposer qu’elle se soit donné la peine d’attendre pour savoir ce qui arrivait, la Sun Life aurait eu tout le temps qu’il fallait pour faire des représentations au besoin et demander, il n’y a pas de garantie de les obtenir, mais demander le cas échéant, des amendements au règlement.
J’ajouterai ceci: il y a un article, 144 dans la loi, qui prévoit que l’application
des programmes de francisation dans les sièges sociaux peut faire l’objet d’ententes particulières qui peuvent exiger l’anglais quotidiennement et les opérations internes au Québec, tout ce domaine plein de zones grises peut faire l’objet d’ententes particulières avec l’office. La Sun Life aurait pu le demander, il n’en a pas été question, on n’a jamais eu de ses nouvelles là-dessus.
En plus, évidemment, il y a un article dans la loi qui prévoit qu’il y a une possibilité d’appel des décisions de l’office. Or, la Sun Life n’a pas pu faire appel, puisqu’elle n’a même pas attendu que les règlements soient publiés.
Maintenant, parmi les arguments qu’évoque dans son communiqué M. Galt, le président de la Sun Life, si vous permettez, je vais relever les deux principaux parcequ’ils sont intéressants: [« Nos titulaires de polices résident partout au Canada et dans de nombreux autres pays et l’anglais est la langue du plus grand nombre d’entre eux. Nous considérons qu’il est de notre strict devoir de fournir nos services en anglais à nos titulaires de police de langue anglaise. »] Si quelqu’un est capable de me trouver quoi que ce soit dans la loi 101 qui empêche , une compagnie comme la Sun Life ou n’importe quelle autre de fournir ses services en anglais à ses titulaires de police de langue anglaise, il a découvert un article et une intention qui n’a jamais été là dans la loi 101 en réalité.

Donc, cela n’est pas un argument et plus loin il y a celui ci. Nous ne pouvons plus croire qu’il nous sera possible de recruter ou de retenir à Montréal, ni d’y amener de l’extérieur du Québec un nombre suffisant de personnes de langue anglaise douées des qualités et de la compétence nécessaires pour les opérations de la compagnie.
Pour ce qui est de retenir à Montréal des gens qui y sont déjà installés, s’ils ont des enfants, puisqu’il s’agit souvent des écoles aussi, il n’y a pas de problème me semble t il; s’il s’agit de Québécois anglophones reconnus comme tels et qui ont des enfants qui ne sont pas dans le système, leurs frères y ont été, etc Je pense que la Sun Life n’a pas le droit non plus d’oublier qu’à ce point de vue il y a beaucoup d’ouvertures possibles sans compter le fait qu’on ne touche absolument pas aux CEGEP ni aux universités de notre minorité de langue anglaise pour les plus âgés. Alors, s’il s’agit de retenir des gens au Québec qui y sont déjà installés et qui sont de langue anglaise, l’impossibilité de les retenir, je ne la comprends pas.
Maintenant, d’attirer de l’extérieur du Québec un nombre suffisant de personnes de langue anglaise pour les opérations de la compagnie, j’admettrai que la formulation est quelque peu frappante. Des personnes de langue anglaise. À supposer que la compagnie Sun Lite ait besoin ou presque exclusivement de personnes de langue anglaise pour ses opérations, il ne faut quand même pas oublier qu’elles ont droit à trois ans deux fois pour leurs enfants – six ans, trois ans renouvelables , – s’il s’agit des écoles. Je vous renvoie à l’idée que j’ai évoquée que la loi permet, par ses règlements, des arrangements avec les sièges sociaux. Mais ce qui est frappant, c’est qu’on ne parle exclusivement que de personnes de langue anglaise; cela rejoint le fait qu’il y a – je ne sais pas – les quatre cinquièmes, après cent ans d’opération de la Sun Life au Québec, des membres actifs de son siège social qui sont unilingues anglophones. Les renseignements pris, la Sun Life ne s’est – sauf erreur – jamais intéressée à recruter des diplômés francophones et bilingues, la plupart du temps, de nos grandes écoles, ou de nos universités du Québec.
Il y a là quelque chose qui est, à notre humble avis, cet appel à la loi 101, un prétexte pur et simple ou alors quelque chose de plus sérieux; quelque chose qui confine à un refus hargneux – je ne dirai pas raciste, c’est un mot trop lourd – mais un refus hargneux d’accepter l’évolution normale du Québec, du même Québec qui les a quand même bien nourris depuis un siècle, à la Sun Life.
Donc, le vrai motif du conseil d’administration est un motif politique, à notre avis. Ces messieurs n’aiment pas, en tout cas n’acceptent pas la promotion du fait français au Québec, qui se poursuit, n’acceptent pas l’évolution qui s’accélère, évidemment, n’acceptent pas, en particulier, la prise de conscience chez nous de l’importance collective de l’épargne et de la façon dont l’épargne des citoyens est manipulée et investie. Autrement dit, l’importance qu’il y a a ce qu’elle ne soit pas siphonnée indûment hors du Québec et qu’elle, je parle de l’épargne de nos citoyens, de notre argent collectif qui va dans les assurances comme dans les autres institutions financières. C’est un argent dont le devoir strict des citoyens corporatifs qui respectent ceux qui les accueillent est d’investir cet argent aussi exactement que possible – personne ne demande des règles à la cent là où ils ont pris cet argent.
Là-dessus, je ne répéterai pas ce qui a déjà été dit, la Sun Life n’a pas un record très brillant, guère plus brillant que sur le plan linguistique. Alors, on est obligé de conclure que plutôt de se le faire dire et se faire demander poliment mais fermement de faire mieux, ces messieurs du conseil d’administration de la Sun Life ont préféré plier bagages. Nous ne pouvons pas les empêcher de le faire et le gouvernement ne se mettra certainement pas à genoux pour les empêcher de le faire. Mais je ferai remarquer, tout de même, que de tenir, pour procurations fournies par des assurés qui n’ont jamais été consultés et de tenir cette assemblée à Toronto, pour la première fois de l’histoire de l’entreprise, plutôt qu’à Montréal, non seulement ce n’est pas correct, mais c’est comme si on avait peur de poser un geste injustifiable, de la façon et à l’endroit qui serait la façon normale et l’endroit normal.

S’ils ont le courage de leurs prétextes et de leurs vrais motifs, je crois que les dirigeants de la Sun Life – je me permets de leur suggérer – devraient changer au moins cette décision et tenir leur assemblée, normalement, à Montréal, avec des procurations, autant que possible, reliées à la décision en cause, non pas des vieilles procurations et, aussi, avec le plus de présence physique possible des actionnaires que sont les assurés. Je crois que ce serait une suggestion qui mériterait d’être retenue, autrement, cela à l’air d’une certaine lâcheté, c’est le moins qu’on puisse dire. Maintenant, si la décision devait être maintenue, à la fin de janvier, on verra, nous, et dans le milieu québécois, dans plusieurs milieux qui peuvent être affectés, mais quant à nous, on verra ce qu’on peut faire, dans l’intérêt des assurés comme dans celui des employés qui seront concernés. Evidemment, dans ce domaine des institutions financieres, comme dans bien d’autres, si cette décision était maintenue, ce serait une belle occasion en tout cas – triste, mais belle – d’illustrer un cercle vicieux dont le Québec doit sortir le plus vite possible. Ce cercle vicieux qu’il faut briser est le suivant: Ou bien le Québec, collectivement, est passif, résigné à n’importe quel statu quo et alors des gens et des institutions sans vraies racines chez nous peuvent grandir et s’engraisser à nos dépens, en nous méprisant et en nous ignorant en même temps, comme certaines de ces institutions l’ont fait, ou bien, au contraire, on réagit, on veut raisonnablement changer des choses comme n’importe quelle population qui se respecte et, alors, on est inévitablement exposé au chantage et même à des tentatives de déstabilisation que le régime fédéral nous empêche, jusqu’à nouvel ordre de contrer de façon aussi claire et aussi nette que le ferait un peuple qui se respecte et qui serait maître chez lui. Cela est un cercle vicieux qu’aucune population moderne qui a une épine dorsale ne peut endurer.

[M. PICARD: On va passer aux questions. J’avais d’abord M. L’Archevêque, ensuite M. DeBlois, M. D’Amours, M. Liboiron.
M. L’Archevêque.
M. L’ARCHEVEQUE: J’avais deux sujets, en particulier, notamment la question de la Sun Life… J’aurais peut-être une sous-question là-dessus. Il apparaît à peu prés évident
d’illustrer un cercle vicieux dont le Québec doit, de toute
évidence, sortir le plus vite
jusqu’à nouvel ordre, de contrer
nette que le ferait un
chez lui. Cela est un cercle vicieux qu’aucune
que
si la Sun Life part, cela va être un argument dans la campagne du référendum.
Est ce que vous avez l’intention de vous en servir?]

[M. LEVESQUE:] Je n’ajouterai sur ce plan à ce que je viens de dire, mais enfin, je pense que c’est assez clair. C’est évident que si cette décision qui est une décision, jusqu’à nouvel ordre, arbitraire d’un conseil d’administration, était ratifiée de quelque façon que ce soit; procuration d’il y a deux ans, de l’année dernière ou plus récente, peu importe, dans un contexte comme celui de Toronto, il est évident que les implications politiques n’ont pas une imagination gigantesque pour les évoquer.

[M. PICARD: On va vider la Sun Life.]

[M. LEVESQUE:] Oui, vidons la Sun Life.

[M. PICARD: Ils vont vider eux mêmes.]

[M. LEVESQUE:] C’est lui qui l’a dit, pas moi.

[M. TRUDEAU: Etant donné que la confédération de la Sun Life comprend ce qu’il y a de la crime de l’establishment anglo-canadien
vous y voyez un début d’une plus grosse campagne d’une telle sorte vis-a-vis de votre gouvernement?]

[M. LEVESQUE:] À part le beau-père de M. Trudeau et votre homologue qui s’est étiré le cou, cela en a l’air publiquement, je ne connais pas plus que d’autres l’attitude qui a été prise, le vote qui a eu lieu à l’intérieur du conseil d’administration. Donc, je ne pourrais pas départager, lui dire que quelque establishment massif que ce soit soit orienté de ce côté parcequ’on ne connaît pas le départage des votes et la plupart des membres du conseil d’administration ont eu la décence normale de ne pas révéler les attitudes prises. Ce qu’on sait, c’est qu’ils l’ont prise la décision. Maintenant, c’est aux assurés de décider.

[M. PICARD: M. Liboiron, toujours sur la Sun Life.
M. LIBOIRON: Je dirais que dans l’ensemble vous avez quelque peu repris les arguments dont M. Parizeau nous avait fait part vendredi de la semaine dernière. Cependant, j’aimerais vous demander d’expliquer un peu plus largement la dernière phrase de votre exposé où vous nous avez dit que finalement on s’expose au chantage ou à la déstabilisation. Cela fait quand même la première fois que je vous entends parler de déstabilisation reliée à un dossier comme celui la.]

[M. LEVESQUE:] Non, je m’excuse. J’en ai déjà parlé. Vous vous souvenez peut-être
au lendemain des élections du mois de novembre dernier. Et, une certaine propagande assez insistante dans certains médias et certains milieux, si vous voulez, qui touchent facilement la propagande, alors, certaine propagande continuellement négative ne peut pas être autre chose, à moins qu’il s’agisse d’une bande d’inconscients, qu’une sorte d’intention de déstabilisation au point de vue économique. Je dirais même que je suis très heureux de voir M. Chrétien et d’autres porte-parole fédéraux.
Est ce à dire tout à coup que cela peut être non seulement contre-indiqué, mais
extrêmement glissant, cette décision essentiellement politique, je crois, de ces messieurs
de la Sun Life, parceque même M. Chrétien et quelques uns de ses collègues, dans certaines de leurs interventions du genre apocalyptique contre un gouvernement du Québec et contre le bon sens économique aussi à certains moments, ont contribué peut-être aussi à créer un climat dans lequel s’est produit un événement comme la prédécision, si vous voulez, de la Sun Life?

[M. PICARD: M. Mackey, sur la Sun Life.
M. MACKEY: J’aurais une question a savoir si vous avez eu des
sur le fait que M. Alistair Campbell, le président du conseil de la Sun Life et aussi du
directeur et membre/comité exécutif de l’Asbestos Corporation aurait quelque chose à avoir
dans…]

[M. LEVESQUE:] J’ai trop de respect pour ce monsieur pour croire qu’il a pu se
tromper de chapeau quand il a pris une décision à propos de la Sun Life.

[M. PICARD: M. Vermette et ensuite M. Block, sur la Sun Life. UNE VOIX: C’est en anglais.
M. PICARD: Ah! c’est en anglais, c’est après. C’est en français?
M. BLOCK: Oui. Est ce que la possibilité mentionnée par M. Parizeau que les employéss du gouvernement ou de la ‘fonction parapublique seront encouragés le rance avec la Sun Life est toujours à l’étude?]

[M. LEVESQUE:] J’ai vu l’histoire, aujourd’hui, cdans un journal, je pense que c’est dans la Gazette, d’un monsieur qui a 81 ans, je crois, qui, sans que ce soit onéreux au point de vue financier, a décidé d’annuler ses polices à la Sun Life. C’est individuel. Il y a une chose qu’il faut souligner, c’est que, pour des gens qui sont des individus et qui ont des polices d’assurance-vie, que ce soit à la Sun Life ou ailleurs, depuis 20 ans, 25 ans, 30 ans, ce n’est pas une chose à conseiller, c’est à eux de regarder les riscues qu’ils peuvent courir, parcequ’il est évident que quand tu es rendu à soixante ans, cela te coûte plus cher pour t’assurer normalement que quand tu l’as fait à 25 ans ou à 30 ans. Il n’est pas question de commencer à donner des conseils qui seraient des conseils vraiment de sacrifice à des citoyens individuels qui ont des polices. C’est à eux d’examiner cela, mais quand il s’agit d’assurance groupe, c’est autre chose, la, il faudrait examiner très soigneusement, pour autant que nous sommes concernés, et peut-être même conseiller à d’autres qui sont des groupes québécois d’examiner très sérieusement où se trouve l’intérêt collectif et leur intérêt de groupe, si cette décision était maintenue.

[M. PICARD: M. Corrivault, est ce que c’est sur la Sun Life?
indices quelconques
retirer leurs polices d’eissu
M. CORRIVAULT: Non, ce n’est pas sur la Sun Life.
M. PICARD: J’en aurais une sur la Sun Life, M. Lévesque, si vous permettez.[

[ M. LEVESQUE:[ Oui.

[M- PICARD: Je voudrais savoir ce que vous pensez des nombreuses interventions, depuis au moins une dizaine de jours, des politiciens fédéraux, du cabinet fédéral, certains de ces
nement d’ici cette assemblée générale des actionnaires pour tenter de garder la compagnie ici, au Québec?[

[M. LEVESQUE:[ Il y a d’abord de faire comprendre le plus possible, ce qu’on essaie de faire depuis quelques jours, aux assurés, parceque la décision appartient peu à ces messieurs du conseil d’administration, elle appartient aux mutualistes, si vous voulez, qui sont les assurés de la Sun Life, pour autant qu’ils pourront être présents ou qu’ils pourront peut-être renouveler les procurations dont on peut se servir abusivement, parfois. C’est la première chose, parceque la décision leur appartient.

La deuxième chose, c’est que forcément, à cause de tout ce remue-ménage que crée cette annonce, à cause des attitudes prises en heureux contraste avec certaines de leurs attitudes oratoires et propagandistes de ces derniers temps, l’attitude prise par certains porte-parole fédéraux, dont le ministre des Finances, pourrait peut-être aider à faire réfléchir aussi ces messieurs, de même que les assurés, le 27 janvier.

Enfin, s’il y a des contacts qui paraissent devoir s’établir et que la compagnie manifeste un intérêt à en avoir, à ce moment là, on est ouvert à en avoir. Mais comme je l’ai dit, le gouvernement ne se mettra pas à genoux ni devant la Sun Life ni devant aucun groupe qui se conduit de cette façon.

[M, PICARD: Si on prend pour hypothèse qu’ils s’en vont, compte tenu des choses qu’on a annoncées la semaine passée, presque des menaces du ministre Parizeau concernant le rapatriement ou l’obligation d’investir ici une somme équivalant aux primes perçues, est ce que votre
gouvernement pourrait aller jusqu’à un projet de loi ou un règlement spécial, au Conseil des ministres, pour obliger cette compagnie spécifique à investir ici ces sommes, advenant son départ?]

[M. LEVESQUE:] On est devant des clarifications ou des interprétations juridiques qui ont été données par la Cour suprême, à propos de cas qui se posaient en Colombie-Britannique, surtout autour de l’assurance-automobile, qui, à tout le moins, créent une possibilité d’action beaucoup plus précise que ce qu’on pouvait envisager avant. Je pense que cela a d’ailleurs été confirmé, au moins spontanément, par deux éminents juristes de la métropole qui ne sont pas précisément des indépendantistes, un de l’Ontario, M. Forsey, et l’autre de la métropole, M. Scott.
Donc, il y a une ouverture à de l’action.
Vous avez la loi de 1974, chapitre 70, dans ce secteur, qui dit ceci: « On peut déterminer, pour toute corporation agissant au Québec à titre d’assureur, comme condition d’émission
ou de renouvellement du permis visé à l’article, etc, la proportion raisonnable de son actif
qui doit être investie au Québec, eu égard à la valeur réelle de ses engagements envers ses assurés au Québec. »

Vous savez que, là-dessus, on peut discuter. J’ai vu dans la Gazette, ce matin, par exemple, qu’il y a un expert, je pense que M. Ian Anderson qui travaille, je suppose, avec une expertise quelconque qui dit: M. Parizeau a peut-être exagéré, ce n’est peut-être pas $ 400000000 ou $ 450000000, c’est peut-être plutôt $ 200000000 ou $ 250 millions, le trou, le manque à gagner. Écoutez, on pourra peut-être discuter et chinoiser là-dessus bien longtemps.

Ce que je sais, c’est qu’on a le pouvoir de déterminer, en vue de l’émission ou du renouvellement des permis de ces messieurs des assurances d’opérer dans ce secteur, de déterminer la proportion raisonnable de l’actif qui doit être investi au Québec, eu égard à la valeur des engagements pris au Québec. Je n’irai pas plus loin pour l’instant, la forme réelle, exacte que ça peut prendre, tout ça va être étudié d’ici la fin de janvier, parceque tant que la décision ne sera pas pris le 27 janvier, on n’est pas obligé de se jeter dans la piscine avant de savoir s’il y a de l’eau.
Une chose certaine, ça va être étudié au coton.

[M. PICARD. Une dernière question, M. L’Archevêque, sur a Sun Life.
M, L’ARCHEVEQUE: Sur la Sun Life, toujours, avant de venir aux autres sujets. La décision de tenir l’assemblée à Toronto plutôt qu’a Montréal, comme vient de le suggérer quelqu’un, est ce que ce ne serait pas relié à une crainte de grande violence qui aurait lieu à Montréal?]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, le simple fait de l’évoquer pourrait tout de suite donner ça comme prétexte additionnel, mais je pense que pour quiconque sait le façon extraordinairement même quand c’est très tendu, non seulement civilisée mais quasiment salonnarde dont se tiennent ces rencontrez et en plus, les moyens qu’ils ont d’assurer la sécurité font qu’on peut douter de ça.

[M. PICARD: Bon, on peut passer à d’autres sujets. M. DeBlois. M. BROSSEAU: Sur l’assurance…]

[M LEVESQUE:] Je pense que c’est un manque de courage significatif.
[M. PICARD: Sur la Sun Life.
M, BROSSEAU: C’est sur l’assurance. Je voudrais demander à M. Lévesque s’il pourrait commenter l’achat, par l’Office de la construction du Québec, d’assurance pour le montant de $ 20000000 par année. Cela a été confirmé hier par…
pas pour, vous savez, se jeter dans la pis]

[M.. LEVESQI.’E:] L’achat d’assurance.

[M. BROSSEAU: Oui, mais c’est par la Consolidation Life de
Toronto, est ce qu’il y a un]

[M. LEVESQUE:] Non, c’est la première nouvelle que j’en ai. Écoutez, tout ce
que je peux vous dire, c’est que – il y a quelques jours que cela a été annoncé, c’est très anncncé, si vous voulez, cette décision – cela nous amène à examiner scrupuleusement et avec plus de rigueur que jamais l’ensemble des engagements d’assurance du gouvernement, du parapublic, des entreprises publiques, etc. Je vais vous dire quelque chose de bien plus baroque que cela et qu’on m’a appris hier – je vous le dis sous toutes réserves, si vous ne le savez pas; M. Gignac de Sidbec est dans tous ses états et je le
comprends – c’est qu’ils avaient des polices d’assurance-groupe qui étaient à l’extérieur des entreprises québécoises et récemment, à l’automne, ils ont décidé de demander des soumissions à des entreprises strictement basées au Québec. Ces soumissions ont été gagnées par la Sun Life, siège social à Montréal, et les assurances dont il est question sont entrées en vigueur, paraît il, le premier janvier. Cela sera à être réexaminé, le cas échéant. Donc, cela partait du meilleur des naturels, d’un bon motif.

[M. PICARD: M. Deblois.
M. DEBLOIS:]

[M. LEVESQUE:] Je vous l’ai dit: Sous toutes réserves, parceque cela ne m’a pas été confirmé, mais c’est ce qu’on me disait hier.

[M PICARD: Mlle Gallichan.
MLLE GALLICHAN: M. le premier ministre, la firme Generil Motors, en plus de la fabrication des autobus, semble intéressée à installer ici une usine de pièces d’automobiles en aluminium Il semblerait qu’avec le gouvernement fédéral les négociations vont assez bien, mais on se pose des questions sur l’aide que le Québec entend apporter.]

[M LEVESQUE:] Si vous lisez la lettre que je me permets d’envoyer à M. Beaudoin à propos du contrat des autobus, en haut de la page 5: Ayant donc maintenu à votre
intention – on parle à M. Beaudoin et à Bombardier – ces critères de teneurs par autobus, teneurs québécoises individuelles, nos fonctionnaires ont fait des calculs sur les autres retombées économiques. Le premier chiffrait les retombées certaines, le second évaluait les retombées incertaines. Pour diverses raisons, nous avons décidé de ne pas faire état des retombées incertaines, celles ci présentent en effet déjà des difficultés quand il s’agit de les évaluer. Par ailleurs, ces retombées incertaines deviennent souvent plus incertaines encore dès qu’on en parle.

C’est pour cela qu’on n’en a jamais parlé et j’en parlais le plus brièvement possible; c’est maintenant devenu un peu le secret de polichinelle que General Motcrs de toute façon, a l’intention, pour rejoindre les critères de poids qui sont reliés aux critères de , consommation d’essence, millage par gallon.
Pour rejoindre ces critères qui ont été établis aux Etats-Unis et qui exigent que, dans les années 1980, il y ait beaucoup plus de millage au gallon qui soit fourni par les voitures, ils ont décidé de passer, au moins partiellement ou progressivement là, je ne suis pas technicien, à des armatures de moteur plutôt en aluminium qu’en acier ou en fonte parcequ’on sauve beaucoup de poids, même si cela coûte plus cher. Ils sont obligés de respecter les critères qui ont été établis.
Pour ce qui est d’une certaine usine très importante, possiblement, qui pourrait êtrs établie de ce côté, il a été question et il est encore question, autant que je sache, de certains Etats américains comme l’Alabama et un ou deux autres, et du Québec. Pour ce qui est du Québec, tout ce que je sais c’est que le ministère fédéral et le gouvernement québécois, par la SDI et le ministère de l’Industrie et du Commerce , sont au courant, suivent le dossier de près, de même évidemment que l’Alcan puisqu’il s’agit d’aluminium, et que quand tout cela aboutira – on l’expliquera quand ce sera fait, que ce soit oui, non, peu importe.

[MLLE GALLICHAN: Le Conseil des ministres ne ‘,’est pas prononcé là-dessus, n’a pas donné de…]

[M. LEVESQUE:] Bien, le Conseil des ministres s’est prononcé la-dessus en ouvrant la possibilité, à la SDI, de donner son coup de main. Mais cela n’est pas déterminant, il y a toute une série de facteurs là-dedans. Quant à nous, c’est évident qu’on n’est pas pour refuser l’implantation, si jamais elle venait, d’une usine qui est, en fait, une usine de perspective d’avenir parcequ’il s’agit vraiment de quelque chose qui est relié non seulement à l’industrie automobile mais à toute la situation dans le domaine de l’énergie aussi loin qu’on peut voir en avant, c’est-à-dire de réduire la consommation et le gaspillage de produits pétroliers dans notre société, Alors..

[MLLE GALLICHAN: Avez vous permis a …]

[M, LEVESQUE: …] d’abord, on est pour, personne ne peut être contre. Seulement, à part le fait qu’on a un instrument qui s’appelle la SDI qui peut être appelé à donner son coup de main de ce côté, on verra.

[MLLE GALLICHAN: Mais vous ne lui avez pas autorisé tel ou tel montant d’assistance?]

[M. LEVESQUE:] On lui a autorisé jusqu’à tel montant mais je ne suis pas pour le donner, cela ne s’appelle pas négocier.

[M. PICARD: M. DeBlois.
M DEBLOIS: M. Lévesque, dans votre discours sur le projet de loi no 100 qui gelait le salaire des députés, vous avez fait un assez long discours dans lequel vous insistiez sur la
nécessité de freiner ce désir effréné, justement, d’en avoir toujours plus pour le moindre effort et, deuxièmement, vous avez dit qu’on ne travaillait pas assez collectivement. Comne on sait qu’il y a des négociations qui s’en viennent dans le secteur public au mois de juin, est ce qu’il ne s’agit pas là d’un certain avertissement servi à un certain establishment syndical de devoir modérer leurs ardeurs en 1978?]

[M LEVESQUE:] Non, il ne s’agissait pas d’un avertissement ou de quoi que ce soit qui pourrait avoir l’air d’un ultimatum, parcequ’on s’en va à des négociations, on ne s’en va pas à des diktats. Seulement, il y a une chose certaine, c’est que vous pouvez interpréter cela pour ceux qui veulent bien l’entendre comme Québécois, dans leur intérêt mais aussi dans l’intérêt de la collectivité, comme une évocation, en tout cas, d’un minimum de balises que le gouvernement devra se donner et qu’il devra maintenir.
Il reste que la société en fait les frais quand même. C’est tout cela qui était sous-entendu, non pas comme quelque ultimatum ou mise en demeure que ce soit, mais pour indiquer que le gouvernement cherche à se fixer, si vous voulez, des balises salariales qui seraient raisonnables et qu’on ne laissera pas s’effriter facilement. C’est bien normal. Je crois que c’est plus indiqué à la période que nous vivons en ce moment.

[M. PICARD: M. Corriveau.
M. CORRIVEAU: Quel genre de décision le Conseil des ministres a t il pris concer
nant le .cLpo t du stade?]

[M. LEVESQUE:] Aucune.

[M. CORRIVEAU: Ce n’est pas fait encore.]

[M. LEVESQUE:] M. Charron est allé en castatrophe en Europe pendant quelques jours au début de l’année pour essayer d’être bien sûr qu’il y avait la sécurité pour la maudite toile qui est en entreposage dans un petit port de France depuis je ne sais pas combien de temps et qui coûte les yeux de la tête seulement à entreposer pour être sûr qu’elle est encore en bon état, il va falloir la rapatrier. De toute façon, elle est payée. C’est tout ce qu’il y a eu de décidé jusqu’ici. On est poigné avec la toile et une décision à prendre.

[M. PICARD: M. Trudeau.
M. TRUDEAU: Depuis quelque temps, il a semblé que ce so’.t devenu la mode de parler de l’épée. M. Trudeau a fait de l’épée et du sort qu’il a fait au jour de l’An, mais plutôt que de rester sur les commentaires de M. Trudeau, j’aimerais vous poser une question sur la série d’articles de M. René Marcel Sauvé qui ont paru dans le Jour dans les deux derniers numéros, je crois, au sujet d’une éventuelle défense d’un Québec indépendant souverain associé. Est ce que je pourrais vous demander…]

[M. LEVESQUE:] J’espère que vous n’établissez pas un lien entre l’épée de M, Trudeau

[M. TRUDEAU: Non, du tout.]

[M. LEVESQUE:] … et les perspectives de M. Sauvé.

[M. ‘.RULEAU: Ce que j’aimerais vous demander là-dessus, c’est si cette éventuelle politique de la défense du Québec est partagée par vous ou par une partie du Conseil
des ministres et si vous avez fait part de cette aile conservatrice du parti qui a demandé a M.. Sauvé de faire…]

[M. LEVESQUE:] Qu’est ce que c’est que cette aile que monsieur veut avouer?

[M. TRUDEAU: Je me posais la question.]

[M. LEVESQUE:] J’ai vu cela dans une dépêche et tout le monde a copié cela évidemment. C’est la première fois que j’en entendais parler.

[M. TRUDEAU: C’était dans le Jour aussi.]

[M. LEVESQUE:] Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas des gens plus conservateurs que d’autres, mais [« the conservative wing »] ou, si vous voulez, plus progressiste que d’autres, cela arrive dans tous les groupements politiques. Mais, le [« conservative wing »], une espace de « right wing waffles », c’est la première fois que j’entends parler de cela. En tout cas.
L’histoire de ces textes est bien simple, c’est que ce sont des textes qui ont été fournis, spontanément. On a beaucoup de membres dans le Parti québécois qui, depuis des années, s’intéressent à des questions. M. Sauvé qui avait une carrière dans les forces armées s’intéressait à ce problème. C’est lui, spontanément, il y a déjà deux ans, peut-être deux ans et demi, qui a fourni ces deux textes qui ont été lus, comme beaucoup d’autres,
jamais entré dans aucune des réflexions du parti et cela n’a aucun rapport avec quelle que politique que ce soit actuellement en marche au gouvernement, ni de près, ni se loin.
Je voudrais profiter de l’occasion pour vous souligner que le Jour est un hebdomadaire indépendant, de tendance indépendantiste, exactement comme certains journaux sont indépendants de tendances libérales ou fédéralistes, n’est ce pas, qui ne prennent pas des ordres du gouvernement? La première nouvelle que j’ai eue véritablement de cela, c’est qu’a un moment donné, on m’a dit que vont paraître de vieux textes de M. Sauvé. Je ne pensais pas que cela prendrait tant d’ampleur. Cela n’a aucun apport avec quoi que ce soit actuel ni dans les intentions, ni dans les dossiers du gouvernement. L’épée de M. Trudeau, il faut être honnête, elle a été provoquée par une question insistante, hypothétique. Il a fait son possible, je crois, il aurait pu faire davantage. Mais, en tout cas, disons qu’il a essayé, pendant une minute ou deux, de faire son possible pour dire: je crois pas à cette éventualité. Le gouvernement du Québec, c’est un gouvernement démocratique, etc. Il a même rappelé que la Grande-Bretagne, quand il se fut agi de la libération de l’économie, ne s’était pas inscrite dans la constitution non plus, mais que c’était une évolution politique, ce que j’ai trouvé très honnête et très important de souligner.
Quand l’évolution politique n’est pas prévue dans les constitutions, ce n’est pas à l’évolution d’arrêter, c’est aux constitutions de changer. Quand il a malheureusement
accepté, excédé, si j’ai bien lu la transcription, de répondre à une question hypothétique par une hypothèse de travail, il est tombé dans son style, comment dirais je, son style de maréchal un peu trop facile et c’est malheureux. Ce qui est malheureux aussi, c’est qu’il a évoqué, d’un ton un peu glorieux, le précédent d’octobre 1970 qui franchement est un précédent non seulement déplaisant mais dangereux à évoquer. Si vous suivez ce qui se passe devant certaines commissions d’enquête, c’est peut-être mieux de ne pas trop s’appuyer sur le précédent d’octobre 1970, jusqu’à nouvel ordre.

[M. PICARD: M. Fortin.
M. FORTIN: M. Lévesque, j’aimerais revenir brièvement sur la question de l’implantation éventuelle d’une usine de la GM près de l’Alcan. Quand on parle de cette implantation…]
[M. LEVESQUE:] Quand on…?

[M. FORTIN: Quand on en parle, de l’implantation éventuelle, vous dites: Bien sûr, on
mebtaire sur l’énergie et souvent jusqu’à la parution de la première tranche du livre blanc sur l’énergie, le ministre délégué à l’énergie, M. Guy Joron, a souvent posé la question1 a savoir si on devait continuer à privilégier une industrie telle l’Alcan qui demande beauco.ip d’énergie, tout en créant très peu d’emplois. Je me demande s’il n’y a pas quelque chose d’un peu irréconciliable entre votre oui inconditionnel et …]

[M. LEVESQUE:] Non. C’est exactement sur la même lancée que le raisonnement de M. Joron et tous ceux qui sont préoccupés par le gaspillage d’énergie ou l’exportation brute d ‘énergie.
Ce que l’Alcan fait pour une bonne partie de sa production, actuellement, c’est de l’exportation de lingots, c’est-à-dire le plus proche possible de l’état brut. Si une usine comme celle dont on parle, éventuellement, s’établissait au Québec, cela serait de l’aluminium ouvré, il y aurait une valeur ajoutée, ce ne serait pas une exportation d’énergie quasiment brute, mais on aurait ajouté sérieusement une valeur de fabrication québécoise.

Au contraire, c’est exactement dans le sens d’une utilisation maximum des retombées des ressources en énergie du Québec. C’est sous forme de lingots bruts. C’est de l’énergie presque à l’état pur qui est exportée.

[M• PICARD: Il reste trois dernières questions en français à MM. L’Archevêque, Pelletier et Lamarche. D’abord, M. L’Archevêque.

M. L’ARCHEVEQUE: C’est le triumvirat.
Moi, j’en avais deux très brèves, si vous le permettez. La première; M. Clark a sollicité publiquement une rencontre avec vous. Est ce que les démarches sont entreprises? Deuxièmement, j’aimerais que vous entriez un peu plus dans le détail quant à l’entrée en vigueur de la loi 45.]

[M. LEVESQUE:] Pour la deuxième, je vais vous le dire tout de suite. Le premier février, l’essentiel, enfin la plus grande partie de la loi, entre en vigueur, le premier avril, un certain nombre d’articles qui exigeaient une préparation administrative ou des ajustements. Si vous voulez des détails plus concrets, je pense que si vous ne les avez pas eus, c’est Pierre-Marc Johnson ou les membres de son cabinet qui vont vous les donner tout de suite. Il n’y a pas de secret, l’arrêté en conseil est passé hier. Au contraire, il faut que ce soit su le mieux possible. Je n’ai pas le détail devant moi.

Pour ce qui est de M. Clark, il y a eu un petit peu de malentendus là-dessus, surtout reliés au fait que lorsqu’il est disponible, moi je ne le suis pas,et on a chacun des agenda qui sont assez chargés. Finalement, vendredi, le 27 janvier, il va venir faire un tour à Québec, à onze heures du matin. On va se rencontrer et on va voir ce que M. Clark a à dire, en tant que chef fédéral, à quelques mois des prochaines élections; sûrement d’autres sujets aussi., celui la étant secondaire.

[M. PICARD: M. Pelletier.
M. PELLETIER: M. le premier ministre, je voulais vous demander si l’essai de carrière politique de M. Ryan vous suggère un commentaire?]

[M. LEVESQUE:] C’est curieux, je me disais que ça devrait être la première question. Pour l’instant, je devrais vous faire remarquer qu’il y a deux candidats officiellement sur les rangs jusqu’ici; il n’est pas exclu qu’il y en ait d’autres. Donc, ce n’est pas encore ce qu’on pourraitc considérer comme un bataillon de candidats fermé, complété. Je vais attendre pour donner plus de commentaires le cas échéant. Je vais attendre, je pense que c’est normal, non pas seulement pour connaitre tout l’ensemble des candidats, mais pour connaître quelque chose de plus que les manifestes de candidature , c’est tout ce qu’on a eu jusqu’ici, de M. Garneau et de M. Ryan, c’est-à-dire des manifestes à court terme de candidats qui auront éventuellement à définir un les peu leur programme politique personnel, en tout cas,et les solutions qu’ils proposent. À ce moment là, le cas échéant, je pourrais être appelé, comme d’autres, à donner plus de commentaires.
Dans le cas spécifique de M. Ryan, je ne peux pas m’empêcher d’avoir des réactions d’ancien journaliste, j’en suis un moi aussi, et je dois vous dire que je comprends sa décision. parcequ’elle était devenue inévitable. Vous savez, après des mois d’hésitation à la Hamlet et la difficulté évidente depuis pas mal de mois de maintenir un minimum vital d’objectivité comme éditorialiste, j’ai l’impression qu’il a dû être soulagé par sa décision quand il l’a finalement prise. Il me semble que je peux être sûr que le Devoir a été soulagé, lui.
[
M. PICARD; M. Lamarche.
M. LAMARCHE: M. Lévesque, est ce que la lecture de l’horaire de la tournée ministérielle de janvier nous permet de conclure qu’il n’y aura pas de remaniement ministériel avant qu’elle
tériel avant que cette tournée soit terminée? Pouvez vous nous donner la date la plus précise que vous avez en tête pour ce remaniement.]

[M. LE’ESQUE:] S’il y a quelque chose sur le plan du remaniement ou des plans connexes, parceque ça peut toucher aussi les ministères, je peux vous dire que ce sera bientôt. En tout cas, la dernière limite que je me suis fixé pour dire oui, non ou merde, c’est fin de janvier ou début février, c’est-à-dire après la tournée ministérielle.
A propos de la tournée ministérielle, vous avez le premier échéancier, le premier calendrier qui n’est pas tout détaillé, pour la bonne et simple raison qu’il ne pouvait pas être détaillé tout de suite parceque les comtés ont leur propre desiderata là-dedans.

Je voudrais simplement souligner, comme on l’a fait l’autre fois – je pense qu’on a
tenu notre engagement – de nouveau qu’il s’agit d’une tournée ministérielle et non pas d’une tournée partisane en tant que telle. Les ministres qui vont voyager, selon le calendrier que vous avez, cela va être pour expliquer nos politiques à cause,
en particulier, de l’espèce d’avalanche presque incohérente de la fin de session qu’on a encore subie cette année; je suis le premier à le regretter, on va essayer de faire mieux l’an prochain. Il y a une foule de choses. Par exemple, le déclubage: tout l’ensemble des clubs privés qui vont disparaître et la nouvelle forme d’aménagement, d’exploitation de la faune, aussi bien du côté pêche que du côté chasse, des territoires jadis exclusifs, tout cela est littéralement passé – je ne blâme personne, c’était la veille des Fêtes, c’est arrivé comme cela – à cinq milles par-dessus la tête de la plupart des gens. Alors, il y a beaucoup de choses qui, bonnes, mauvaises, critiquables, peu importe, ont été réalisées, et au niveau gouvernemental, administratif, et au niveau législatif, qui sont très mal perçues au sens de « pas perçues clairement ». Je pense que c’est une des tâches normales de la tournée ministérielle, et aussi d’écouter, c’est-à-dire encore une fois d’enregistrer les réactions des gens vis-à-vis de la situation, de ce qu’ils pensent du gouvernement. Mais strictement au niveau du gouvernement et non pas au niveau du parti; de nouveau, cela est relié à Communication-Québec, instrument du gouvernement et non pas à des organisations partisanes.

[Ni. PICARD: Une dernière courte question en français, M. D’Amours.
M. D’AMOURS: C’est tout simplement une question de détail vous pouvez répondre oui ou non – au sujet des sommets économiques qui sont censés se produire dans le courant de l’année. Il y en a un sur les mines qui est cédulé pour Chibougamau; est ce qu’il y a une date d’arrêtée là-dessus pour cela?]

[M. LEVESQUE:] Je ne sais pas. Je sais qu’il y a l’agro-alimentaire, les pêcheries qui sont sérieusement considérées et puis les mines. C’est dans cette nouvelle…

[M. D’AMOURS: Celle des mines est cédulée pour Chibougamau au début de février, mais c’est quand exactement?]

[M. LEVESQUE:] Je n’ai pas les dates exactes. Ne les avez vous pas, Claude ou Robert? Il suffit de donner un coup de téléphone chez Bérubé et vous allez le savoir. Vous savez, c’est la nouvelle formule du sommet sectoriel qui semble être – on peut avoir des grands sommets comme à la Malbaie, éventuellement, de nouveau – plus
concret quand on frappe un secteur complet avec les gens aussi bien du côté
de l’employeur que les employés qui travaillent dans le même secteur et qu’on essaie de voir ensemble ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses. C’est dans cette perspective là, mais la date je ne l’ai pas ici.

[M. PICARD: En anglais, maintenant, M. Vermette.
M. VERMETTE: Je voudrais aborder brièvement, si possible, M. Lévesque, en anglais –
pour fins sonores – la question de la Sun Life encore une fois. There has been a lot of
We really have not had any concrete examples up until now. This is the first time that a company has decided to move its social headquarters to Toronto. I think the general agreertent with Sun Life is that it is a regrettable move. You have a number of members of Parliament in Toronto, for example, who have publicly stated that the move is regrettable; the business community in Québec has stated that the move was regrettable. Now, whatever the reasons, they invoke bill 101 or the fact that it is tied with the PQ’s ovcr311 phi:osophy is beside the point.
The question that I want to ask you is: Would you have not preferred,perhaps,a court battle with Sun Life over bill 101 and its application rather than have a company say: O.K. we are sick and tired and we are packing our bags.
M. LEVESQUE: No, not only would we have preferred something that could have, gone as
prefer any company, Sun Life or others, that pretends to have something to say against bill 101 to, at least, make the gestures/ someone who is really interested.

You know, in November 1976, before we were even in office, was the last time that people having to do with the langue française organization -you know, he régie there, the Commission –

saw people from Sun Life and ever since August 1977, there has not been one single contact from Sun Life to the new office of the French language, which is supposed eventually, and it is not even out yet – to publish the regulations that have to do with head offices and exchanges of correspondence with Mr Galt. And there were exchanges:

two letters and two answers, that I had.
thdt
It was emphasized that when regulations came out and/they never are implemented except

after a two months delay after publication in the Official Gazette. ‘Well, during that time, as the law foresees itself, the bill 101, there could be discussions and arrangements because they are forecasting the law. So, when you are told by people who have not even been interested enough to worry about the details or the implementation that bill 101 is the main reason, as in the communiqué addressed by Mr Galt, the very least we can say is:
talk since the Parti québécois came to power of businesses
leaving the province of Québec.
far as a court battle, you know, if need be, but we would have preferred
and we would still
31
I hope it is just a pretext because, otherwise, it would mean a rather devious way of negating an absolutely normal change in Québec, which is more interested than before in the way savings are invested and in the way insured people – there are millions and millions of dollars that are collected in Québec for insurance and other
Québec? I think the real reason is political and is based on something which started even
are in
during the Bourassa’s government and you /interested /an adult society, about what the hell happens to the savings of the people that are collected. I am not talking about companies profits, I am talking about the savings of our people that are collected by such institutions. And the fact that they are going to Toronto, for the first time in their hundred year and more history, with pretext is, to say the least, a sad lack of courage, especially
if they would be using, as was said, procurations,proxies that are a year old or more, in other words, that were sent way before this special convening was announced, is also something which smacks of lack of courage. The government, as 1 said, will not bend kneess to Sun Life or anybody else in order to keep them here, but I think the minimum decency and respect they should have for their shareholders, who, after all, are the insured people, should have, at least-dictated that they do it normally in Montréal, with as much physical presence, of the interested parties, as possible and with proxies that would be tied, as much as possible, to the case in point.

M. VERMETTE: One possibility would have been a court battle. You would have preferred to have seen a court battle? Another possibility would be…

M. LEVESQUE: Up to and including court battles. Strictly according to the perspective in which we presented Bill 101 and the third reading speech that I made, which was that or
if by Sun Life /other enterprises or citizens, this Bill, now enacted, is given the normal chance of proving itself, including proving its bad points as well as its good points, up to and including courts and the commission about the rights of people, etc., that was the
way
normal way and the healthy!to deal with it and we were open to amending it or to its evolution as a legislation, like any normal legislation. But the kind of rather unconscionable pretext Bill 1C1 is being used at by the higher-ups at Sun Life board is something I do

t
dot admire, to say the least.

M. VERMETTE: Do you fear a snowball effect, Sir?
financial purposes – the way that money is used and is it reasonably
in the interest of
32
M. LEVESQUE: I do not think there should be a snowball effect because this is
a
strictly or if there is, of any kind, it would be in that same vein of/political manoeuvre
the
tied very closely to blackmail in /perspective. Because, you know the drift is towards
has its head office officially in Halifax. But if you want to check where the operations are mostly centered, where, you know, the action rises, I think you have to go somewhere around Bay Street in Toronto. So, a lot of people, in various enterprises, from the West, from the East and from Quebec, for 30 years or so have been drifting – operations investments desks, investments decisions, things like that -towards Toronto. But at least keeping something, no more then shells as official, you know, their shingle is there so has not to be offensive.

In this case, with a two or three year time lag which is already forecast, this is strictly based on pretext and I think political decision, which is not one of the best I !.eve seen managers of big business take.

M. VERMETTE: Would you care to comment on a statement by John Bulloch the and
president of the small/independant businesses in Canada, to the effect that Montreal

is becoming, and I quote, an economic sewer in direct relation to the overall philosophy of the government.

M. LEVESQUE: I read that. It is too bad this guy Bulloch, whoever he is, that he does not choose his similies a little more carefully. You know what a sewer is supposed to evacuate, do you not?

M. PICARD: M. Grenier.
obviously
M. GRENIER: Sir, you/have already discussed this yesterday in your Cabinet meeting.

Have you come up with anything besides this great moral indignation, is there anything else you can do?
Toronto,
not just from Quebec and the Maritimes.
For instance, the Bank of Nova Scotia
M. LEVESQUE: You know, up to a point, based on some sort of clarification in the
pith and substance of a judgment by the Supreme Court having to do with insurance -especially +in the automobile field in BC, not so long ago,, plus some spontaneous reactions that have ,)come from well known jurists like Mr Forsey and Mr Scott in the days following
the
immediately/Sun Life decision, and a study which is being made already very well initiated –
through Mr Parizeau and the services and Mrs Payette’s department that have to do with insurance corporations and people like that I think all I can say for the moment is that

after January 27th, if the decision made by Sun Life holds, there are at least a few concrete avenues of action opened to the Quebec Government and to Quebec citizens individually or as groups.
We will not try to spell them out technically for the moment, because it is a very highly involved question. The only thing I would like to say right now is that if we are,
to be maintained – it is, you know, a rather sensational one – it is going to, at least, of,
illustrate a vicious circle which Québec has to break out/ the collectivity, the community
in Québec. But either we remain rampant and
enterprises without real roots here to feed themselves even on our own people’s money and do what they like with it and even sometimes act contemptuous towards the population that is feeding them or we break out of that, but reasonably, by evolution we change the system, because in the present system, the present federal set-up, with the kind of legislation we have, not forgetting, you know the avenues we are exploring, we know, up to a point, we are hampered and that has to stop, because, otherwise, you have no solution but to be exposed to blackmail all the time or to sort of distabilizing intentions or just go back to being rampant which, except for the few really colonial people that are left in the world, is nothing that can be acceptable for the future.

M, GRENIER: I will continue a moment, for just a second. These people, it seems to me, simply do not like you in the sense that your government or your policies are wild and more an indignation there. They simply do not like you, so they are moving. Is it as simple as that?

M. LEVESQUE: Yes, it could be that simple, except that when you say they do not like you, you are not talking about me personally.

M. GRENIER: The government.

M. LEVESQUE: You are not even talking about the government; you are talking about the fact that they do not like the way French Québec has changed. What we embody as a government is certainly a change in Québec. I can look back to Mr Duplessis, through Lesage, through Daniel Johnson, through M. Bourassa’s years and now us, and there is a continuity there of change towards maturity and towards at least, be damn sure we will not tolerate something Which is contemptuous to our community or something which is purely »exploitative » – is that the word? – to a community of modern people.
up to a point, hampered in some actions
we would like to take and if that decision happens
resigned to any kind of status quo which allows
That is something, some circles do not like, and will not accept, up to the point of
this kind of gesture. It does bring some sort of indignation, because it is such a confirmation of something I have been saying for some many years. That kind of linkmanship is something which is both, able to make you indignant, feel indignant, and also something which is agreable
said, and repeated, that whenever Quebecers make up their minds, democratically in the referendum, if the solution is the one we proposed – such blackmailing outfits, as semiforeign or unattached operations, like Sun Life or others, if they want to maintain operations in Quebec to
and I think they are very lucrative, those operations – will have /adapt and have head offices
or centers of operations in Quebec, otherwise, that is the kind of business that other people can pick up, and very quickly. And people better tied to our society, if need be.

M, MASCOVITZ: Taking that reasoning a step further. It has been suggested that becat.se, as you say, Sun Life could not accept the evolution in Quebec, that perhaps the Quebec government would be happy to be rid of a company like that?

M. LEVESQUE: No, because short term, it is something which is, I think, first of all, immediately, a loss, economically, short term, and especially, can be hurtful to the people involved. After all, there are a few hundred people, who are exposed to, not just uncertainty you know, what a popular word that is, when it is addressed to us, not just to uncertainty and to a lot of nervousness but also, eventually, to lose their jo’i. That is one thing which, short term, certainly, is not anything you can rejoice about.

And the second thing is that since our perspective is that, in the future, if we eventually get to the solution we want – the future, they should be good « rapports », good relationships, with the rest of Canada, the kind of ploy the Sun Life higher ups have devised is not the most promising find of the century.
M. PICARD. M. Inwood.

M. INWOOD: Mr. Lévesque, I would like to, if I may…
M. LEVESQUE: Do you mind if I excuse myself after that one, because,..
M. INWOOD; O.K. I was going to hit you with two. I would like your comments, if you
would, on Mr. Ryan’s candidacy. But there is also something else that was not brought up !’by the French language media, your announcement that REXFOR has been authorized to spend $ 500,000 on a viability, feasibility study for a papermill in the Gaspé or Matapédia region.
M.. LEVESQUE: Well, it is in Gaspé but around the Matap6dia district, 1 think.
in a sense, That, I think is a portent of the future.
Do not forget the Parti québécois
M. INWOOD: 0. K. Does the Matapédia region or anywhere in Quebec, for that matter, need a pulp and paper mill at this particular time, the pulp and paper industry is pretty sick, is it not?
M. LEVESQUE: Yes, and or the other hand, no. You see, the more modern, the more up-todate an operation is and a new one would be certainly be up-to-date – the better chance it has of maximizing its results. In other words, being more productive, of using more of what
be studied and one of the aspects of the feasibility study is the possible impact – it has to be regionally studied – on Matane, on the North Shore, the regional impact on other suppliers, let us say, of the market, and also the perspective of the markets for the next few years. And that is part of the feasibility study, which is going to be decisive, because it has been talked about for at least two or three years, this project, in the Matapédia.
And, in a few months from now, we hopefully, will get the answer. But I am pretty con`ident, you know, it is not a question of a huge, super plant. I think the trend is in
that direction, it is something that would be medium size, a rather modest size and as directly related as possible to the regional ressources that it can exploit. The market question still remains to be evaluated.
Plus also what is going to be done, eventually, you know as a fall out of the studies made and the commissions held on that, about the modernizing of the general, the whole aspect of the pulp and paper industry, because it needs it in a general way. But now, will the Matapédia project be inscribed rationally in that prospective? That is what remains to be seen, that is one of the major aspects of the study to be done.
M. INWOOD: That is what I meant. Could it be, o.k. small, but nevertheless a modern up-to-date pulp and paper facility in Matapédia?
M. LEVESQUE: Well, we are sure not going to have expect an old one!
M. INWOOD: Could it not prosper at the expense of another operation elsewhere in the province, another Wayagamack, another..
M. LEVESQUE: That is one of the questions which has to be put in the forefront of that study.
used to be more or less neglected in the
secondary aspects of wood. Things like that will
I can give you a few factors like Anticosti’s underexploited resources, you know, from way back since Consolidated made a sort of private club and also the fact that there is refor-cstation much more actively in that district, and the kind of perspective we can count on, tied to market possibilities, but all of that has to be evaluated.

M. INWOOD: And Mr. Ryan?

M. LEVESQUE: I will. not go into detailed comment on that. There are two candidates in the running up to now,Mr. Garneau and Mr. Ryan. As far as I know from rumours we have to wait for a while to know if that is the full complement or ii others are going to join them; that could change things. And you have to wail to comment for

more than candidates manifestos because they are most on a personal basis,
r:.
Specifically/ Mr. Ryan, as a fv1o’ newsm.r, myself, the only thing I want

to say is simply this: I think he must be very good about having made his decision because after kan.leting for a few months, to be or not to be, and also having

lost more or less inevitably a lot of his even minimum objectivity as a commentator in his paper, I think he must feel better now that he has made up his mind and I know for sure that Le Devoir should feel better too.

M. PICARD. Deux courtes questions, je m’excuse…

M. INWOOL: How can you criticize Mr. Ryan’s objectivity when he counselled his readers on the eve of the election to vote for you?

M. LEVESQUE: That was an »accident de parcours »,as we say in French.

M. PICARD: M. Lévesque, si vous me le permettez, j’avais deux courtes questions

encore déjà qui attendent depuis longtemps, M. D’Amours et monsieur en arrière.

M. D’AMOURS: M. Lévesque, I will be brief, eventually one other question
Sun Life move; you know what they are. Do you feel that these are honest reactions, gut reactions or do you feel that these may be arguments for some »capital politique vis-â-via Ju referendum »?
M. LEVESQUE: There are some of that, you know there are some of both. After all, )there is a federal election coming up in the next few months probably and especially Quebec based members know damn well which side the butter is on their bread. So,that is certainly a motivation. Apart from that, I think there is a sort of gut reactions in
let us say, put them publicly… Take Mr. Chrétien and a few others of his colleagues;
they have been, in mary ways, the most aggressive, the most sometimes « cartoonlike » propagandists against, not just the government in Québec, but Québec itself, being more or less gone overboard.
except this one,maybe.
You have talked about federal government reactions to the
this sense that, you
know, in some cases turning their guts in other way than they used tc
If there is a sort of reaction right now, because this is a shock, and he feels that maybe we have gone too far because we sure went very far, well, so much the better.

M. VAIRO: Mr Lévesque, I think you have answered the question –
– pertaining to one of Jacques’ questions: How far would you be able to go – back to the Sun Life question – or would you be willing to go to satisfy these gentlemen? Would it be a waste of time, would you be considering inviting Mr Gait rather than just explaining to him, as you said?

M. LEVESQUE: No.

M. VAIRO: Not necessarily apply the rigidity of the law that the… the decici-n nr,w,
M. LEVESQUE: No,/except for the normal manoeuvres, is not up to Mr Galt, or to any of the higher ups that made the decision, it is up to the insurance people to proxy or by physical presence, on January 27th. So, I think there is no reason now to call for any kind of meeting, as far as I am concerned. If they want to meet us, they know where they can find us. We are studying both the possibilities of – what I said before – maybe their having – but that has to be said in public – the decency and, I think, the minimum courage
of not organizing this rather artificial meeting in Toronto, for the first time in the history the
of the company, with proxies that, I have read, can be as old as/last general meeting and have not been renewed on a basis of this special meeting which is, I think, something a bit uncon.;cionable and going to Toronto in order to, lets say, not face the music. That, I think, should be changed in their own interest and for their own self-respect.

As far as the decision being maintained eventually, at the end of January -which cannot be excluded -we are studying very carefully, both in the public sector and through groups that we have contacted in Québec, what the reaction can be on all planes, not just
the
legal but also/reaction of customers.

M. VAIRO: You mentioned helping the policy holder and the unemployed, eventually. Also, the unemployed affected as a result of the spin-off effect, there would be a fairly large number, I would imagine.

M. LEVESQUE: I think you are exaggerating. The spin-off effect, except for people fr rm
tied directly to Sun Life accounts, is going to be/our first glimpses of it maybe in some
i
‘English speaking outfits in Montreal a little more. But all told, rather, I think, m3dea.t
because a lot of trading and other operations, in many financial quarters in a drift that has been going on for twenty years or so have been transferred, a long time ago, towards Toronto: if you look at whether it is Montréal stock exchange, as opposed to the Toronto
stock exchange, if you look at the fact that a guy can be in Montréal, but tied to the Toronto stock exchange, and to Toronto operations now there has been not just a drift bu:
something systematically centring things more and more in Toronto. So, it is more the shock in effect which, I think, is basically social and political, epecially/the spin off jobs, the real effect economically.

M. PICARD: Merci, M. Lévesque.
(Fin A 15 h 41)]

[QLévsq19780112cp]

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