[Charest=20030429]
Madame le Lieutenant-gouverneur,
Très honorable Martial Asselin, ancien lieutenant-gouverneur du Québec,
Monseigneur Marc Ouellet, Primat de l’Église canadienne,
Monsieur le Juge en chef Michel Robert,
Mesdames, Messieurs les consuls généraux,
Messieurs les maires,
Chers collègues du Conseil des ministres,
Chers collègues députés de l’Assemblée nationale,
Chers amis,
Mesdames, Messieurs,
C’est avec beaucoup d’émotion que je m’adresse à vous aujourd’hui. Vous me
permettrez d’abord de saluer ma famille immédiate, mes alliés de toujours,
mes alliés essentiels : mon épouse Michèle, mes enfants Amélie, Antoine et
Alexandra; mon père, mes sœurs, mon frère et ma belle-famille.
Je veux aussi souligner la présence parmi nous de personnalités
importantes de la famille politique québécoise : Mme Corrine Lesage, Mme
Andrée Bourassa, Mme Denise Lévesque, M. Claude Ryan, Mme Suzanne Marcil
et l’ex-premier ministre du Québec, M. Daniel Johnson.
Merci d’être là et d’avoir été là au cours des dernières années.
Je suis très fier de vous présenter le Conseil des ministres du premier
gouvernement québécois élu au XXIe siècle.
Notre cabinet est réduit du tiers par rapport à celui du gouvernement
précédent. Il compte 18 ministres en titre et 6 ministres délégués.
Huit de ces ministres sont des femmes, dont la première femme ministre de
l’Agriculture. Elles font presque le tiers de notre cabinet, soit la plus
forte représentation de notre histoire.
C’est un cabinet plus modeste que le précédent par sa taille, mais il est
riche en talents et grand par ses ambitions.
Notre gouvernement a été élu pour changer des choses. Notre Conseil des
ministres a été formé pour piloter ces changements.
Le 14 avril dernier, nous avons reçu des Québécois le mandat de mettre le
gouvernement du Québec au service de ses citoyens. Nous allons le faire à
travers toutes les missions essentielles de l’État, dont la santé, qui est
la première de nos priorités.
Ce mandat de changement trouve son origine dans le projet que nous avons
présenté à la population du Québec, le 12 septembre 2002.
Ce document et son cadre financier présentaient notre vision d’un Québec
renouvelé. C’est sur ces bases que nous avons été élus.
Nous avions un projet. Nous avons maintenant une mission.
En se donnant leur premier gouvernement élu du XXIe siècle, les Québécois
ont tourné la page sur un modèle d’État.
Au cours de ce mandat, nous allons revoir de fond en comble l’organisation
de l’État québécois. Ce sera la première réingénierie du gouvernement du
Québec depuis la Révolution tranquille.
We are about to build the new Quebec, a society in which strong and
confident Quebecers embrace the challenges of the 21st century.
In the new Quebec, care must be provided with compassion and without
delay. Our children must be given the opportunity to succeed, and parents
must be given more time to spend with them.
Taxpayers must receive more value for their tax dollar. Our
entrepreneurial spirit must flourish. Our regions must grow in strength
and influence.
Je veux que nous proclamions notre différence en sachant qu’elle est
forte.
C’est notre mission.
Chers collègues du Conseil des ministres, vous avez reçu un mandat. Vous
êtes maintenant prêts à changer les choses.
Les changements que nous proposons sont nécessaires. Ils commanderont des
choix, parfois difficiles, qui consolideront l’avenir du Québec.
La révision des programmes s’effectuera dans chacun de vos ministères.
J’attends de vous une collaboration pleine et entière à cet exercice.
Nous agirons avec détermination.
Monsieur le Ministre de la Santé et des Services sociaux :
C’est un gouvernement libéral qui a fait naître notre système de santé.
Vous allez le réorganiser afin que les efforts de tout un chacun, des
médecins aux employés de soutien, soient entièrement tournés vers les
services aux malades et aux personnes dans le besoin. Vous allez rebâtir.
Les services devront être dispensés 24 heures par jour, 7 jours par
semaine, dans toutes les régions.
Votre principal ennemi sera l’attente.
Dans ce Québec, il y a des milliers d’enfants dont l’intégration scolaire
est compromise parce qu’ils n’ont pas accès à des services de
réadaptation. Je veux que vous vous en occupiez.
Vous serez appuyé par la ministre déléguée à la Santé et à la Condition
des aînés.
Monsieur le Ministre de l’Éducation :
Le Québec doit relever le défi de la mondialisation. Pour ce faire, il
doit relever le défi de la connaissance et de la compétence. La réussite
du Québec dépend de la réussite du plus grand nombre dans nos écoles,
cégeps et universités. Vous combattrez le décrochage scolaire, vous
aiderez nos jeunes à décrocher leurs rêves.
Madame la Présidente du Conseil du trésor :
Vous serez l’architecte du renouvellement de l’État québécois. Vous
piloterez la révision de tous les ministères et organismes publics ainsi
que des programmes qu’ils administrent. Vous superviserez la création d’un
véritable gouvernement en ligne.
Monsieur le Ministre des Finances :
Nous sommes les plus taxés du continent. Vous allez nous débarrasser de ce
titre. Vous allez ramener la transparence dans la gestion des finances
publiques. Je veux que les Québécois sachent ce que nous faisons de chaque
dollar que nous percevons.
Et, quant à vous, Monsieur le Ministre du Revenu, je veux que votre
ministère devienne un modèle d’efficacité. Vous faciliterez et
simplifierez la vie des contribuables et des entreprises.
Monsieur le Ministre du Développement économique et régional :
Vous allez redéfinir le rôle de l’État dans notre économie. Vous allez
miser sur l’entrepreneurship, et non sur l’interventionnisme de l’État.
Vous allez inaugurer une nouvelle ère de partenariat avec les régions.
Vous serez appuyé par la ministre déléguée aux Régions et au Tourisme.
Monsieur le Ministre de l’Environnement :
L’économie québécoise est parmi celles qui dépendent le plus du patrimoine
naturel. Le développement durable doit devenir une réalité de tous les
jours. Vous nous doterez d’un véritable Plan vert.
Monsieur le Ministre de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la
Famille :
Vous combattrez la pauvreté, vous mettrez tout en œuvre pour que chaque
citoyen puisse participer pleinement au marché du travail et à la société
québécoise. Vous allez faciliter la transition vers le marché du travail,
valoriser l’effort et faciliter la conciliation travail-famille.
Monsieur le Ministre du Travail :
Vous passerez en revue les lois du travail afin que la législation
corresponde à la réalité du marché du travail, autant celle des employés
que celle des employeurs.
Monsieur le Ministre des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs :
Vous devrez assurer le développement énergétique du Québec. Vous
affirmerez notre volonté de prioriser l’hydroélectricité, tout en
développant des formes d’énergie propre et renouvelable.
Vous redonnerez confiance aux Québécois dans la gestion des forêts. Vous
serez appuyé par le ministre délégué aux Forêts, à la Faune et aux Parcs.
Madame la Ministre de l’Agriculture, des pêcheries et de l’Alimentation :
Le Québec est reconnu mondialement pour la qualité de son agriculture et
de ses produits. Vous épaulerez les producteurs agricoles afin qu’ils
relèvent les défis de la concurrence internationale, de la cohabitation
avec les autres utilisateurs de la terre et de la sauvegarde de
l’environnement.
Vous ferez écho à la préoccupation des citoyens quant à la sécurité
alimentaire.
Monsieur le Ministre des Transports :
Une économie moderne nécessite des infrastructures de transport modernes.
Vous trouverez des solutions nouvelles, comme les partenariats
public-privés, pour répondre aux besoins en matière de transport des
personnes et des marchandises.
Vous favoriserez l’intégration de nos différents systèmes de transport, y
inclus le transport en commun.
Monsieur le Ministre des Affaires municipales :
Je veux plus d’autonomie pour le monde municipal. Nous allons travailler
en partenariat avec les élus municipaux.
Nous allons respecter le droit des citoyens de participer aux décisions
sur l’avenir de leur communauté.
Nous allons appliquer le principe de la fiscalité d’agglomération pour que
chaque citoyen soit appelé à payer sa juste part.
Nous souhaitons la réussite des nouvelles villes et nous avons obtenu le
mandat de favoriser cette réussite en permettant à la démocratie de
s’exprimer.
Monsieur le Ministre de la Justice :
La justice, lorsqu’elle est rendue inaccessible, devient injustice. Vous
créerez une justice plus accessible.
Vous réformerez en priorité les tribunaux administratifs.
Monsieur le Ministre de la Sécurité publique :
La sécurité des citoyens et la lutte contre la criminalité sont des enjeux
constants.
Vous ferez des représentations auprès du gouvernement fédéral afin de
renverser le fardeau de la preuve en matière de produits de la
criminalité. Cela, pour aider les policiers à mieux lutter contre le crime
organisé.
Vous viendrez en aide aux victimes innocentes des bandes criminelles.
Vous redonnerez confiance au citoyen dans notre système correctionnel.
Madame la Ministre des Relations avec les citoyens et de l’Immigration :
L’égalité des droits est pour nous une valeur fondamentale. Vous en serez
la gardienne. Vous ferez respecter les droits des Québécois.
Vous ferez avancer la cause d’une femme, vous accueillerez un nouveau
Québécois, vous protégerez une personne sans défense. Chaque fois que vous
lèverez un obstacle à l’exercice des droits d’un citoyen, vous ferez
progresser le Québec.
Madame la Ministre de la Culture et des Communications :
Notre culture est notre manière d’être. Elle imprègne notre façon de
grandir et de prospérer. Vous aiderez les artistes à nous alimenter de
cette énergie vitale.
Vous veillerez à l’épanouissement de notre langue commune, qui est
l’instrument de notre liberté.
Madame la Vice-première ministre et ministre des Relations internationales
:
Le Québec exerce sa diplomatie sur la scène internationale, notamment au
sein de la Francophonie.
Les sociétés comme le Québec, qui n’ont pas l’avantage du nombre, ont un
devoir d’audace.
Notre économie et notre culture dépendent de notre habileté à nous faire
connaître sur tous les continents. Vous serez de toutes les batailles pour
défendre la diversité culturelle.
Deux autres parlementaires, parmi les plus estimés de l’Assemblée
nationale, participeront aussi aux réunions du Conseil des ministres.
M. Yvon Vallières, député de Richmond, doyen de la députation libérale
sera le whip du gouvernement. Et M. Norman MacMillan, député de Papineau,
siégera à titre de président du caucus.
Dans ce cabinet ministériel, des responsabilités particulières relèveront
directement du Conseil exécutif, et donc, du premier ministre.
D’abord, je serai le ministre responsable de tous les dossiers relatifs à
la jeunesse. J’en fais une priorité personnelle.
D’autre part, le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes et aux Affaires autochtones me secondera dans ce que nous
pourrions appeler notre diplomatie intérieure.
Cette diplomatie repose sur l’évidence.
Le Québec existe pleinement. Il est maître de son destin. Nous avons la
responsabilité de notre différence, de l’affirmer, de la promouvoir. Et je
l’assumerai pleinement.
We will reclaim Quebec’s identity as a leader in the Canadian federation.
We will also develop a respectful relationship with Aboriginal peoples.
We are all Quebecers, and we will build our future together.
D’autre part, le ministre délégué à la Réforme des institutions
démocratiques et leader du gouvernement me secondera dans la remise à jour
de nos règles et processus démocratiques, depuis l’Assemblée nationale
jusqu’aux mécanismes de consultation populaire.
Je veux que chaque citoyen se sente muni du pouvoir de changer les choses
et se sente encouragé à exercer son droit d’être entendu.
Chers collègues du Conseil des ministres,
Vous avez tous reçu vos mandats. Vous commencez maintenant.
En tant que membres de ce Conseil, j’attends de vous :
que vous agissiez dans le respect du mandat que nous avons reçu de la
population du Québec;
que vous gériez les budgets dont vous serez responsables dans le respect
du cadre financier qui sera adopté;
que votre gestion ait pour objectif premier d’améliorer les services à
la population; et
que vous associiez vos collègues députés à l’élaboration des politiques
relatives à la gestion de votre ministère.
J’attends aussi de vous que vous agissiez avec une intégrité
irréprochable, dans le plus grand respect de nos principes démocratiques.
Les Québécois nous ont élus pour que nous changions les choses. Nous le
ferons. Et ils nous jugeront sur nos résultats.
Notre travail commence.
En terminant, j’aimerais adresser quelques mots à tous les Québécois.
Aujourd’hui, notre démocratie vit un moment important.
Nous avons formé un nouveau gouvernement. Ce gouvernement, c’est le
gouvernement de tous les Québécois.
Notre députation est représentative de l’ensemble des régions et de
l’ensemble de la société québécoise. Notre conseil des ministres rassemble
des femmes et des hommes qui feront preuve de leadership.
Ce gouvernement de tous les Québécois se distinguera par sa détermination
à réaliser ses engagements. Nous avons présenté notre plan pour le Québec
six mois avant les élections. Nous savons très clairement où nous allons.
Ces changements donneront jour à un grand renouveau du Québec. Dans ce
Québec renouvelé, nous soignerons mieux et plus rapidement. Nos jeunes
réussiront mieux à l’école et leurs parents auront plus de temps à leur
accorder. Nous paierons moins d’impôt. Notre État sera plus efficace. Nos
régions seront plus dynamiques.
Vous avez fait de nous les instruments des changements que vous souhaitez.
Je vous invite à participer et à nous accompagner dans cette volonté de
changement pour bâtir le Québec que vous voulez.
[Charest=20030507]
Distingués conférenciers et invités,
Mesdames, Messieurs,
Je préciserai d’entrée de jeu, à l’intention de nos visiteurs de
l’étranger, que j’ai été élu premier ministre du Québec le 14 avril
dernier et assermenté à ce titre, il y a une semaine.
Il me faIt donc plaisir d’honorer cette jeune tradition voulant que le
premier ministre du Québec participe à la Conférence de Montréal.
Je suis accompagné par la vice-première ministre du Québec et ministre des
Relations internationales, madame Monique Gagnon-Tremblay.
Je tiens à féliciter monsieur Gil Rémillard, président et fondateur de la
Conférence de Montréal, ainsi que les organisateurs. Vous avez su
regrouper à nouveau, pour une 9e année, des conférenciers de très grande
renommée.
La Conférence de Montréal est devenue un forum économique et politique de
haut rang dans la communauté des Amériques.
The issues discussed here this year are particularly meaningful for us in
Quebec since we have just recently elected a new government.
Our government, received a clear mandate for change. When the people of
Québec brought the Liberal Party of Quebec to power, they turned the page
on a model of government.
Our mandate is to place Québec on a new path, with the tools and the means
to take up the challenges of the 21st century.
Nous allons donc innover. Nous allons innover, comme le dit le thème de la
Conférence de Montréal 2003, « dans un monde incertain ». Nous allons
changer nos façons de faire afin de faire mieux. Afin de mieux servir les
citoyens du Québec. Afin de mieux gérer l’argent des Québécois. Afin de
mieux affirmer notre différence.
Cet esprit d’innovation imprègnera toutes nos actions et notamment notre
façon de nous inscrire dans les relations Amériques-Europe.
Depuis le début des années 60, le Québec a déployé des efforts
remarquables pour assurer la modernisation et l’avancement de ses
structures économiques, sociales et culturelles.
Le Québec, seule société à majorité francophone du continent, affiche des
réussites remarquables. Nous sommes des chefs de file dans des domaines de
grand avenir comme les biotechnologies, la recherche pharmaceutique ou
l’aérospatiale.
Nous avons un système d’enseignement public, qui permet à tous les
Québécois qui le veulent d’effectuer des études supérieures.
Nous avons un système public de santé. C’est pour nous, non seulement un
rempart contre l’injustice de la maladie, mais c’est aussi un avantage
économique concurrentiel. Nous faisons de la santé notre première
priorité.
Nous sommes riches en ressources naturelles et grands du talent de tous
nos citoyens.
Nous avons tous les atouts pour accroître notre position en tant que force
économique et culturelle en Amérique.
Pour ce faire, nous allons remettre à jour le fonctionnement de l’État
québécois.
Le jour de mon entrée en fonction, j’ai rappelé que nous allions procéder
à la première réingénierie de l’État québécois depuis 40 ans. Cette
révision est nécessaire.
L’État québécois a joué un rôle fondamental dans l’émergence de notre
société parmi les plus modernes du monde.
Aujourd’hui, l’État doit se repositionner. Parce que le monde a changé et
parce que les Québécois ont changé. Les Québécois sont des entrepreneurs
de talent. Notre expertise et nos artistes rayonnent sur tous les
continents.
The success of the government of to-morrow will not be measured by the
number or the size of crown corporations, but rather by the successes of
our citizens.
Québec will succeed because its people will succeed. And the government I
lead will serve as a means for achieving that success.
We will re-focus the state’s activity on its core missions, in order to
improve services to the public.
Nous allons réviser l’ensemble des programmes gouvernementaux. Nous allons
revoir la mission de chacune des sociétés d’État.
Nous allons décentraliser l’État québécois en déléguant des pouvoirs et
des responsabilités vers les citoyens des régions du Québec. Nous allons
favoriser l’autonomie régionale. Nous allons simplifier les choses et
rediriger des ressources humaines et financières vers les services directs
à la population.
Nous allons aussi créer un gouvernement en ligne afin d’offrir tous les
services applicables par Internet. C’est plus efficace et c’est moins
coûteux.
Nous avons envoyé un signal clair de notre détermination à moderniser
l’État québécois dès la formation du conseil des ministres. Nous avons
réduit du tiers la taille du conseil des ministres et nous avons regroupé
des ministères.
La révision du rôle et du fonctionnement de l’État nous permettra de
réduire le fardeau fiscal de tous les Québécois tout en réinvestissant en
santé et en éducation. Nous allons aussi faire en sorte que le génie de
nos entrepreneurs puisse s’exprimer plus librement.
Nous allons augmenter le rendement de notre économie en améliorant notre
habileté à faire face à la concurrence.
Le Québec est une des économies les plus dépendantes de l’exportation; 60
% de notre PIB dépend des marchés extérieurs du Québec. Notre capacité de
prospérer et de grandir est donc directement liée à notre capacité de
gagner la comparaison des prix et de la qualité.
Nous devons réorganiser notre État pour que les Québécois puissent mieux
prendre leur place dans la société mondialisée et pour que le Québec
puisse mieux grandir.
Cette réorganisation de l’État québécois nous permettra aussi de mieux
affirmer notre différence. Le Québec a la responsabilité de sa différence.
Il doit la protéger et la promouvoir. C’est dans cet esprit que nous
aborderons les relations Amériques-Europe.
Le Québec, tant par son passé que par son avenir, est un pont entre
l’Europe et les Amériques. Notre économie est pleinement intégrée à
l’économie nord-américaine, tandis que notre culture et notre langue
commune rappellent nos origines européennes.
En nous, se réconcilient deux grandes civilisations, deux grandes
traditions démocratiques.
Trade with the United States accounts for 85% of all Québec’s
international exports, while, each year, tens of thousands of American
tourists come to visit us.
Québec is a neighbour and a partner of the United States, a relationship
that has been growing steadily stronger since the signing of the free
trade agreements. In 2002, the value of Québec’s exports to the United
States amounted to $57.3 billion, or about $157 million a day.
My government will do everything in its power to see that our partnership
with the United States flourishes, and especially our partnership with the
states along our border.
It is because of the importance of these ties that I will be leaving for
New York City this very day, to meet with New York Governor George E.
Pataki.
Le Québec entretient des relations économiques vitales avec les
États-Unis, mais il est aussi un citoyen actif au sein de la communauté
des Amériques.
Le Québec est directement concerné par les négociations en vue de la
constitution de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA).
L’intensification des liens avec le reste des Amériques, représente des
occasions d’affaires, mais aussi des occasions de partager des
préoccupations communes.
C’est ainsi que nous nous présentons comme un défenseur acharné de la
diversité culturelle. Le Québec sera de toutes les batailles afin de
conserver son droit de promouvoir sa culture.
Nous ne céderons jamais sur notre détermination à exclure la culture de
tous les accords de libéralisation commerciale.
Le gouvernement que je dirige militera par ailleurs afin que les accords
de libéralisation commerciale intègrent pleinement les notions de la
protection des droits de l’homme, de la protection des droits des
travailleurs et de la sauvegarde de l’environnement.
La mondialisation, pour qu’elle soit synonyme de progrès, doit intégrer
ces enjeux universels.
C’est une conviction profonde de notre gouvernement et nous la ferons
valoir dans tous nos échanges avec nos partenaires des Amériques.
Comme il en est avec certains États américains, le Québec a établi des
rapports étroits et diversifiés avec plusieurs pays d’Europe.
Avec la France, le Québec a tissé, au cours des 40 dernières années, des
relations directes et privilégiées. Elles embrassent tous les domaines
d’activité de notre société.
Le Québec entretient également des relations bilatérales avec le
Royaume-Uni, son principal partenaire économique en Europe, mais également
avec la Belgique, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, qui est le 2e marché
d’exportation pour le Québec en Europe.
En Europe, comme aux États-Unis, le Québec compte sur le réseau des
délégations générales du Québec qui sont des vitrines de notre
savoir-faire en matière d’économie, de commerce et de culture.
Notre gouvernement affirmera la présence du Québec sur la scène
internationale.
Les sociétés comme le Québec, qui n’ont pas l’avantage du nombre, ont un
devoir d’audace.
Nous assumerons ce devoir. C’est la responsabilité de notre différence.
Nous continuerons à créer des liens et des alliances économiques et
culturelles, principalement sur les deux continents qui nous constituent
en tant que société : celui d’où nous venons et celui où nous vivons.
My government has received a mandate to give the people of Québec a more
focused government.
This policy will enable us to make better use of our strengths and
generate more wealth.
Today’s world is full of uncertainty, perhaps more so than ten years ago.
But I am convinced that a government cannot go wrong when it puts the
interests of the people at the heart of its decisions.
C’est l’essence de notre projet pour le Québec. Je veux que chaque
Québécois puisse pleinement s’accomplir, qu’il soit entrepreneur ou
artiste. Je veux que chaque Québécois ait accès aux services dont il a
besoin pour aller au bout de ses rêves. Je veux que chaque Québécois se
sente porteur de notre différence et responsable de l’affirmer.
C’est cette unité et cette volonté qui feront la solidité du Québec. S’il
est vrai que le monde dans lequel nous vivons est incertain, il est
néanmoins des certitudes sur lesquelles nous pouvons tabler : le talent de
nos citoyens, notre désir de vivre ensemble, la conscience de notre
différence.
En saisissant la pleine mesure de ce que nous sommes, en affirmant les
valeurs qui nous sont chères, nous renforcerons nos liens avec nos amis
américains et nos amis européens.
Le Québec, en suivant simplement sa voie, pourrait s’avérer être une «
charnière » entre les deux continents.
L’événement qui nous réunit nous en fournit d’ailleurs une illustration.
Sur ce plateau québécois me succéderont deux conférenciers de renom : M.
Jean-Marie Colombani, président du directoire et directeur de publication
chez Le Monde, et M. Bill Powell, senior writer au magazine Fortune qui
discuteront précisément des relations Amériques-Europe.
Je vous souhaite à tous une agréable fin de conférence.
Merci.
[Charest=20030514B]
Sehr geehrter Minister-Präsident!
Monsieur le Ministre-Président,
Je suis très heureux de vous accueillir de nouveau au Québec.
Je salue tout spécialement M. Dieter Hertrampf, consul général de la
République fédérale d’Allemagne à Montréal, et M. Michael Hinterdobler,
directeur de la Représentation de l’État de Bavière au Québec.
Je salue également tous les membres de votre délégation dont : M. Hans
Spitzner, ministre délégué à l’Économie, aux Transports et à la
Technologie, et M. Walter Schön, secrétaire général du gouvernement de
Bavière.
Je souhaite aussi la bienvenue au Québec à la vingtaine de gens d’affaires
qui vous accompagnent.
Soyez tous les bienvenus au Québec!
Monsieur le Ministre-Président,
Lors de votre dernière visite, je vous disais qu’advenant mon élection à
titre de premier ministre du Québec, je veillerais à nourrir cette
relation privilégiée qui unit le Québec et la Bavière depuis une quinzaine
d’années.
Vous savez maintenant que le gouvernement que je dirige s’y emploiera.
Nous avons convenu aujourd’hui :
de renouveler le mandat du Groupe de travail Québec-Bavière, qui
supervise l’épanouissement de cette relation;
d’identifier comme secteurs prioritaires de cette coopération notamment
l’économie, l’administration publique, la science et la technologie,
l’éducation et la culture;
d’accroître les échanges universitaires entre la Bavière et le Québec en
encourageant la mobilité des étudiants et la double diplomation.
Dans l’esprit de cette riche collaboration, nous annonçons conjointement
aujourd’hui que la ville de Québec accueillera, en 2004, la deuxième
Conférence des chefs de gouvernement des régions partenaires. Outre la
Bavière, nous recevrons le Cap Occidental, province d’Afrique du Sud, le
Shandong, province de la Chine, la Haute-Autriche et la Californie.
Ce regroupement créé à votre initiative en janvier 2002, Monsieur le
Ministre-Président, propose une nouvelle forme de diplomatie à l’échelle
des régions.
Dans un contexte de mondialisation, ce regroupement réunit des sociétés
diversifiées, réparties sur quatre continents et regroupant plus de 154
millions de personnes; des sociétés qui ont en commun une volonté et une
réelle capacité d’agir sur la scène internationale.
Dans la foulée de la première conférence qui fut axée sur le développement
durable, nous croyons que le thème de la prochaine Conférence pourrait
porter sur la jeunesse et l’éducation. Nous reconnaissons que la
consolidation du Groupe des régions partenaires doit être une étape
prioritaire. Cette consolidation passe assurément par la réalisation, à
court terme, de projets de coopération concrets. Aussi le Québec
s’engage-t-il à y investir les efforts nécessaires. Nous venons d’ailleurs
de proposer officiellement aux régions partenaires la création d’un groupe
d’experts sur les négociations multilatérales.
Nous prévoyons également, prochainement, lancer un groupe de travail sur
la culture et les communications. Cela dit, nous souhaitons aussi que la
porte demeure ouverte à l’idée de l’élargissement du Groupe des régions
partenaires, afin d’assurer sa pérennité et le développement de sa
vocation multilatérale.
Votre visite, chers amis bavarois, coïncide par ailleurs avec la Semaine
de la Bavière au Québec, qui permettra à un nombre encore plus grand de
Québécois de découvrir la Bavière et les liens qui unissent les Bavarois
aux Québécois.
La Bavière est, pour notre gouvernement, un partenaire prioritaire du
Québec.
C’est d’ailleurs notre formation politique qui a donné l’impulsion à ces
rapports bilatéraux, par la signature, en 1989, d’un premier accord de
coopération Québec-Bavière.
La coopération entre le Québec et la Bavière compte aujourd’hui parmi les
belles réussites de la politique internationale du Québec. Ce n’est pas
par hasard. Nos sociétés ont de nombreuses affinités.
Le Québec et la Bavière ont en commun une soif d’autonomie et
d’affirmation culturelle, économique et sociale. Nos deux États sont des
carrefours économiques et culturels. Le Québec est un pont entre
l’Amérique et l’Europe, tandis que la Bavière se présente comme une plaque
tournante entre l’Europe continentale et les marchés méditerranéens.
Économiquement et socialement, le Québec et la Bavière ont suivi des
parcours comportant beaucoup de similitudes. Nos économies se sont
modernisées sans tourner le dos à nos secteurs traditionnels. Les
Québécois, comme les Bavarois, sont fiers de leur différence et fiers de
partager leur richesse culturelle, tout en s’ouvrant au monde.
Il était dans l’ordre des choses que la Bavière et le Québec finissent par
se rencontrer, par commercer et par coopérer.
L’Allemagne est devenue, en 2002, le deuxième marché d’exportation pour le
Québec en Europe, en croissance annuelle de plus de 10 %. C’est en grande
partie grâce à nos liens avec nos partenaires bavarois. Les entreprises
québécoises sont responsables de près de 45 % des ventes de produits
canadiens en Allemagne. Alcan, Bombardier, CAE Électronique sont au nombre
des entreprises québécoises installées en Bavière.
Soixante-dix-neuf sociétés allemandes sont installées au Québec, dont les
bavaroises Siemens, Boehme-Filatex, Landes GMB, Osram GMBH et Ratiopharm.
Sous la direction du Groupe de travail sur la coopération Québec-Bavière,
plus de 250 projets ont ainsi vu le jour dans des secteurs aussi
diversifiés que la culture et la diversité culturelle, l’environnement et
le développement durable, l’éducation, la science et la technologie, et,
bien sûr, l’économie.
Le Québec et la Bavière entretiennent une relation d’amitié qui nous est
précieuse. La qualité de cette relation ainsi que les projets qui en
découlent nous ont conduis à ouvrir des représentations officielles de
part et d’autre.
Le gouvernement du Québec a ouvert, en février 1997, un bureau du Québec à
Munich, grâce au soutien de votre gouvernement et grâce à votre engagement
personnel. Votre gouvernement, pour sa part, a ouvert, deux ans plus tard,
une représentation officielle à Montréal, conjointement avec la Bayerische
Landesbank. Puis, en août 2001, vous avez désigné le premier représentant
officiel de la Bavière au Québec, M. Michael Hinterdobler. Le Québec
devenait ainsi la destination du premier représentant officiel de la
Bavière à l’extérieur de l’Europe.
C’est une marque d’affection et d’intérêt dont nous vous sommes
reconnaissants.
Le Québec est l’un des États fédérés les plus actifs au monde sur la scène
internationale. L’action québécoise s’inscrit dans un courant mondial. De
plus en plus d’États fédérés prennent en main la promotion de leurs
compétences et de leurs atouts. Les relations entre le Québec et la
Bavière sont à l’avant-garde de cette tendance.
Monsieur le Ministre-Président, une volonté commune de réussite et
d’excellence nous a rapprochés. Je vous propose maintenant que nous
fassions plus et mieux.
Les enjeux culturels sont de première importance pour le Québec et ont été
l’objet d’attention de tous les gouvernements québécois au cours des
quarante dernières années. Le gouvernement que je dirige est, lui aussi,
convaincu de la nécessité d’assurer notre épanouissement culturel, dans le
cadre d’un véritable dialogue entre les cultures.
La responsabilité de notre différence identitaire nous impose de tout
mettre en œuvre pour garantir le droit des États et des gouvernements de
soutenir la culture par leurs politiques.
Voilà pourquoi nous appuyons le projet d’adoption d’une Convention
internationale sur la diversité culturelle.
Nous avons proposé à la Bavière de travailler avec nous à la promotion de
cette Convention auprès de nations tierces, notamment au sein de
l’Assemblée des régions d’Europe. Nous souhaitons ainsi encourager le plus
grand nombre d’États centraux possible à soutenir ce projet de Convention
internationale sur la diversité culturelle à la prochaine conférence
générale de l’UNESCO, en octobre prochain.
Dans ce contexte d’intégration croissante du Québec à l’espace des
Amériques, dans ce contexte d’intégration croissante de la Bavière à une
Europe élargie, nous pouvons être l’un pour l’autre un tremplin pour
faciliter l’accès de nos entreprises respectives à ces grands marchés.
Nous permettrons par le fait même aux forces de nos sociétés de mieux
répondre aux défis que ces processus d’intégration continentale leur
posent.
Herzlichen wilkommen in Québec.
Je souhaite à tous un agréable séjour au Québec.
[Charest=20030514b]
Monsieur le Ministre-Président,
Distingués invités,
Chers amis,
Le Québec et la Bavière entretiennent aujourd’hui une relation de
coopération et d’amitié qui rejoint presque tous les secteurs d’activité
de nos sociétés respectives.
La qualité de la relation établie entre la Bavière et le Québec, depuis
bientôt quinze ans, est exceptionnelle. Cette relation a été fondée par
nos prédécesseurs Robert Bourassa et Max Streibl, en 1989. Depuis, elle a
été maintenue, développée et renforcée par vous-même et les premiers
ministres du Québec qui se sont succédé.
Je m’engage à mon tour à participer à l’épanouissement de cette
coopération.
Monsieur le Ministre-Président,
Par votre action politique, vous vous êtes avéré un ami du Québec, non
seulement en Bavière, mais aussi au niveau fédéral allemand, sur le plan
européen et sur la scène internationale.
Vous avez ouvert des portes au Québec. Vous avez choisi le Québec. Par
amitié, vous avez amené le Québec à la table de concertation de
l’Assemblée des régions d’Europe. Cela permet au Québec d’observer en
témoin privilégié l’évolution du continent européen.
Vous avez associé le Québec à la Conférence des chefs de gouvernement des
régions partenaires. Cette initiative rejoint des régions parmi les plus
technologiquement avancées d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et d’Europe. Elle
permet, entre autres, d’intensifier le dialogue et d’accroître la
coopération dans une perspective de développement durable et de diversité
culturelle.
En établissant à Montréal la première représentation officielle du
gouvernement bavarois à l’extérieur de l’Europe, vous avez repoussé les
limites de la pratique fédérale allemande et affirmé haut et fort votre
grande affection pour le Québec.
Cette relation, dont nos deux sociétés récoltent les fruits, est pour
beaucoup le fait de votre action personnelle.
Nos sociétés ont beaucoup en commun, et vous avez été l’artisan de cette
découverte mutuelle. Le Québec et la Bavière partagent la fierté de leur
différence et s’engagent avec confiance dans l’ouverture sur le monde en
militant pour la diversité culturelle.
Je m’engage avec fierté aujourd’hui à prolonger ce partenariat fructueux
entre la Bavière et le Québec. C’est un plaisir de vous revoir, Monsieur
le Ministre-Président, et de partager avec vous cette vision d’un
fédéralisme décentralisé, respectueux des compétences et des
particularités de chacun de ses membres.
Le Québec et la Bavière partagent beaucoup, nous partageons maintenant
aussi des convictions.
Vous êtes un ami du Québec, et le Québec vous en est reconnaissant.
Sehr geehrter Minister-Präsident!
Dr Edmund Stoiber,
Au nom du gouvernement du Québec et du peuple du Québec, j’ai l’immense
plaisir de vous nommer officier de l’Ordre national du Québec en
reconnaissance de votre contribution à l’évolution de notre société.
[Charest=20030522]
Monsieur Raffarin, premier ministre de la République française,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur Raymond Chrétien, ambassadeur du Canada en France,
Monsieur Philippe Guelluy, ambassadeur de la République française au
Canada,
Madame et Messieurs les représentants du corps consulaire,
Mesdames et Messieurs les organisateurs de France et du Québec de
Futurallia 2003,
Distingués invités,
Pour la première fois en tant que premier ministre du Québec, j’ai la
grande joie d’accueillir les participants à cette huitième édition du
forum Futurallia.
Mon plaisir est d’autant plus grand que nous sommes en compagnie de l’un
des pères de cette formidable initiative de maillage d’entreprises.
Futurallia est unique. Il ne s’agit pas d’une foire commerciale
traditionnelle, mais d’un forum d’entrepreneurs, constitué dans une
perspective de croissance des affaires et de conclusion d’alliances
stratégiques.
Je rappellerai à notre auditoire, Monsieur le Premier Ministre, que
Futurallia est né en 1989, en Poitou-Charentes, à l’instigation de la
Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne. À cette époque, vous
étiez président du Conseil régional de Poitou-Charentes.
Entre le Québec et la région de Poitou-Charentes, il existe d’ailleurs une
vive relation d’amitié et de coopération.
La région que je représente à l’Assemblée nationale du Québec, l’Estrie,
était présente aux premières heures de cette amitié. En 1997, la Chambre
de commerce et d’industrie de la Vienne ouvrait un bureau de
représentation à Sherbrooke, en partenariat avec Estrie International
2007.
Et c’est à Sherbrooke, en juin 2000, qu’avait lieu la première édition de
Futurallia à l’extérieur du territoire français.
Dix-huit mois plus tard, 112 entreprises québécoises participaient à la
septième édition de Futurallia, à Poitiers. Il s’agissait de la plus
importante mission d’affaires québécoise jamais réalisée en France.
Monsieur le Premier Ministre, la coopération France-Québec aura fait de
Futurallia un grand rendez-vous de l’entrepreneurship international. Et
nous pouvons, vous et moi, nous réjouir que les régions que nous
représentons aient été au cœur de cette relation et le soient toujours.
Notre rencontre n’est pas fortuite, Monsieur Raffarin. Nous avions trop en
commun pour que nos chemins ne se croisent pas.
Vous êtes un habitué de l’Estrie. Nos régions sont des amies de longue
date. Nos chemins ne pouvaient que converger.
Mais, de surcroît, nous nous retrouvons, vous, premier ministre depuis
peu, et moi, premier ministre depuis moins longtemps que vous, à partager
des valeurs politiques profondes.
Vous êtes un régionaliste. Je le suis aussi. Vous êtes un Européen
convaincu. Je crois moi aussi à l’adhésion à un grand ensemble. La
décentralisation de l’État et la révision du rôle de l’État sont aussi des
thèmes qui nous réunissent.
Soyez assuré, cher ami, de mon enthousiasme à m’engager avec vous dans la
poursuite et l’épanouissement de la relation bilatérale franco-québécoise.
Vous serez toujours le bienvenu.
Aujourd’hui, plus d’une centaine d’entreprises du Poitou-Charentes sont
présentes à Futurallia 2003, tandis que 230 entreprises du Québec s’y sont
inscrites.
La participation enthousiaste et sans cesse croissante des entreprises
québécoises à toutes les éditions de Futurallia démontre l’évolution des
entrepreneurs québécois. Ils sont de plus en plus tournés vers les marchés
internationaux.
Le carrefour mondial des PME qu’est devenu Futurallia accueille, cette
année à Québec, près de 800 entreprises d’Europe, des Amériques et d’Asie.
Grâce à Futurallia, des centaines de PME du Québec ont pu nouer des liens
solides avec des entreprises d’Europe et d’ailleurs, négocier des
transferts technologiques, conclure des partenariats à l’exportation,
signer des alliances stratégiques et pénétrer de nouveaux marchés.
Futurallia émane d’une vision qui n’est pas étrangère à notre approche
économique. Le gouvernement que je dirige misera plus que jamais sur
l’entrepreneurship pour assurer le développement économique du Québec.
L’interventionnisme d’État, s’il nous a jadis permis de faire des progrès,
doit aujourd’hui être redéfini pour laisser toute la place possible aux
entrepreneurs.
Notre volonté est que leur génie s’exprime sans entraves.
Cette approche, qui repose sur l’initiative individuelle et le talent de
nos gens, nous guidera par ailleurs vers un nouveau partenariat avec les
régions du Québec.
Nous voulons que les régions soient plus autonomes, que les citoyens des
régions prennent l’avenir de leur collectivité en main.
Aux citoyens des régions, nous disons ceci : Développez votre coin de
pays, vous le connaissez mieux que personne, et comptez sur le
gouvernement pour qu’il assume ses responsabilités en région, qu’il
s’agisse de santé ou d’éducation.
Le gouvernement, de la manière que je le conçois, ne doit pas chercher à
dicter le développement des régions, mais à créer un contexte qui valorise
l’attachement des citoyens à la terre de leurs ancêtres et de leurs
enfants.
L’époque où les PME n’imaginaient leur salut que dans le seul marché
intérieur est révolue.
Aujourd’hui, sur tous les continents, les PME rivalisent pour la conquête
de nouveaux marchés.
Les PME québécoises sont de plus en plus nombreuses dans la course. Elles
doivent accroître leur présence sur les marchés extérieurs et accélérer
leur progression.
C’est dans cet esprit que le gouvernement du Québec et ses partenaires
politiques et économiques ont appuyé la candidature de Québec pour
l’organisation de Futurallia 2003, réalisée avec brio par PÔLE
Québec—Chaudière-Appalache.
Bienvenue à tous au Québec, bienvenue à tous à Futurallia 2003!
[Charest=20030523]
[Remise de l’ordre nationale du Québec à Jean-Pierre Raffarin]
Monsieur le premier Ministre, Distingués invités, Chers amis, Rendre hommage à un ami français du Québec, c’est comme rendre hommage à un ami de la famille. Rendre hommage à un ami français du Québec, mais de surcroît poitevin, c’est le faire littéralement pour quelqu’un… de la famille! Car c’est de la région du Poitou-Charentes que viennent une grande partie des ancêtres des Québécois d’aujourd’hui. Vous qui avez souvent pris contact avec le Québec, vous avez sans doute remarqué la consonance parfois très poitevine de certains de nos noms de famille. Vous avez écrit : L’Atlantique est une force qui fait l’Union. C’est notamment de cette France atlantique, de cette Europe atlantique, qu’est né le cœur du Québec d’aujourd’hui. Jean-Pierre Raffarin, Vous voyez le jour en 1948, à Poitiers. Vous recevez de vos parents la volonté et la détermination face à l’adversité. Vous venez d’une famille proche de la terre, dans la production laitière et la vigne. Famille politique aussi, puisque votre père fut secrétaire d’État de Pierre Mendès-France. Vous êtes encore et toujours très attaché à votre région et à vos origines. On vous dit également amateur de musique baroque et des Francofolies de La Rochelle, où se produisent de nombreux artistes québécois. Étudiant, vous dévorez les écrits de Charles de Gaulle, de Valéry Giscard D’Estaing, qui deviendra pour vous un mentor politique. Vous lisez aussi Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur de l’hebdomadaire L’Express, auteur du Défi Américain. Vous êtes diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris. Vous êtes aussi maître de conférences à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, de 1979 à 1988. Vous devenez conseiller municipal de Poitiers en 1977, à 29 ans, et le resterez jusqu’en 1995. Parallèlement, vous devenez conseiller technique au cabinet de Lionel Stoleru, ministre du Travail, de 1976 à 1981. Puis, de 1981 à 1988, vous faites un passage à l’entreprise privée, alors que vous êtes directeur général de Bernard Krief Communication. Vous êtes conseiller régional, puis président de la région du Poitou-Charentes de 1988 à 2002. Élu député européen en 1989, vous forgez la notion « d’Arc Atlantique ». Vous êtes aussi élu sénateur de la Vienne en 1995, puis en 1997. Un parcours qui démontre votre attachement aux régions. Vous êtes un ingénieur en énergie humaine, dites-vous, en ajoutant : la région est mon laboratoire. Car, durant vos mandats, vous vous concentrez sur ce que vous avez de plus cher : le développement de votre région . Vous êtes en harmonie avec le devenir de l’Europe, au sein de laquelle l’accroissement des pouvoirs régionaux et supranationaux vont de pair. Européen convaincu, vous n’en êtes pas moins un défenseur de l’identité régionale et de celle dont vous êtes pénétré, celle du terroir charentais. Cette vision de l’appartenance à son coin de pays et de l’adhésion à un grand ensemble nous place d’ailleurs sur la même longueur d’ondes. Votre contribution à la région du Poitou-Charentes fut remarquable. Votre gestion visionnaire a fait de cette région l’une des plus dynamiques, notamment sur le plan international. Vous êtes nommé ministre des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce et de l’Artisanat, dans le gouvernement d’Alain Juppé, de 1995 à 1997. Un poste qui vous va comme un gant et où vous mènerez des batailles décisives. Ministre, vous œuvrez à la reconnaissance de la boulangerie comme artisanat et instaurez la Fête du pain. Le président de la République, Jacques Chirac, vous appelle au poste de premier ministre, le 6 mai 2002. Vous êtes l’homme que personne n’attendait… Vous aussi! Raymond Barre, grand ami du Québec, vous donne ce conseil intemporel et universel : Durez et endurez ! Votre épouse, Anne-Marie Raffarin, à vos côtés depuis vos débuts en politique, vous aide à prendre du recul face aux événements, comme vous le dites vous-même. Vous êtes aussi un humaniste, prenant non seulement appui sur vos multiples rencontres avec des intellectuels, des professeurs de médecine, des philosophes ou des hommes d’entreprise, mais aussi sur des convictions fondées sur votre expérience du terrain; vous croyez au réenchantement de la vie politique. Vous y avez consacré de nombreux livres. Quelques pièces choisies : La vie en Jaune, sur un ton humoristique, à la suite d’un voyage en Chine. L’avenir a ses racines, en 1986; puis un livre au titre provoquant : Nous sommes tous des régionaux, en 1988, et, plus récemment, Pour une nouvelle gouvernance. Vos idéaux démocratiques sont élevés. Vous croyez profondément dans le pouvoir et dans l’intelligence du citoyen. Jean-Pierre Raffarin, Au cours de votre carrière, vous avez démontré un vif intérêt pour le Québec. Le Conseil régional de Poitou-Charentes fut l’un des premiers conseils régionaux à signer un plan d’action avec le Québec. À l’époque où vous en étiez président, cette région entretenait des relations avec le Québec et le Viêtnam, les deux priorités internationales que vous vous étiez données en arrivant en poste. Vous êtes venu au Québec chaque année depuis 1998, refaisant le trajet de cet autre illustre charentais, Samuel de Champlain, qui, il y a exactement quatre siècles cette année, en 1603, prenait possession de cette contrée au nom du roi de France. C’est en 1998 également que remonte votre premier contact avec Sherbrooke, ville chère à mon cœur, où sera installé un bureau de votre région. Cette coopération a mené à des avancées significatives, notamment en matière de développement économique, de nouvelles technologies, de projets pour la jeunesse et, bien sûr, de culture et de patrimoine. Participant en octobre 2001, à Québec, aux ateliers La France et sa coopération décentralisée avec le Québec, vous déclariez : Je crois que ce qui nous frappe dans les échanges que nous avons avec nos amis québécois, c’est que nous cherchons ensemble une réponse à la mondialisation. (…) Nous qui avons confiance dans la personne humaine, avec ses droits de l’Homme qui sont une grande idée qui nous a réunis, qui a traversé l’Atlantique, et tout ce que nous pouvons avoir de valeurs fondamentales, au fond, c’est peut-être cela notre type de réponses. Car vous entrevoyez une France porteuse d’un nouvel humanisme. Un des piliers de cet humanisme est la mondialisation maîtrisée. Car le libéralisme, ce n’est pas la jungle, dites-vous. Le Québec, comme la France, croit que la mondialisation doit être observée, comprise et balisée. La diversité culturelle, les droits sociaux tels l’éducation, les soins de santé, les questions relatives au travail et, bien sûr, le respect de l’environnement sont autant de balises à celle-ci. Le 9 octobre 2002, d’ailleurs, vous déclariez que grâce [au Québec], un important travail a été mené sur la diversité culturelle, qui est à l’origine de la proposition du président de la République d’adopter une convention internationale sur cette diversité culturelle. L’un de vos tout premiers slogans électoraux était Du cœur à l’ouvrage. Pour la France, pour le Québec, vous l’aurez brillamment incarné. Jean Pierre Raffarin, Au nom du gouvernement du Québec et du peuple du Québec, j’ai l’immense plaisir de vous nommer officier de l’Ordre national du Québec en reconnaissance de votre contribution à l’évolution de notre société.
[Charest=20030523a]
Monsieur le Premier Ministre,
Distingués invités,
Chers amis,
Je suis très heureux de retrouver M. Raffarin, un habitué de Sherbooke, et
de le recevoir à titre de premier ministre du Québec dans notre capitale.
Je me référerai à vos mots, cher ami, en disant que, pour moi aussi, « si
la route fut droite, la pente aura été… raide ! »
Soyez assuré que c’est avec fierté et enthousiasme que mon gouvernement
s’inscrira dans la poursuite et l’épanouissement de la coopération
bilatérale France-Québec.
Si le Québec est aujourd’hui parmi les États fédérés qui ont une forte
personnalité internationale, c’est en bonne partie grâce à la France. La
France s’est tenue aux côtés du Québec aux premiers balbutiements de notre
ouverture sur le monde.
La riche relation France-Québec s’est maintenue par-delà les ans et les
changements de gouvernement qui sont survenus de part et d’autre de
l’Atlantique depuis 40 ans.
C’est sous Jean Lesage et Charles de Gaulle qu’a été inaugurée la
Délégation générale du Québec à Paris, en 1961. Cette délégation et le
Consulat général de France à Québec, plus que centenaire, ont établi la
pérennité de nos relations bilatérales.
C’est sous Daniel Jonhson et de Charles de Gaulle, toujours, qu’a été
réalisée la « percée » de Libreville, en 1968.
C’est sous René Lévesque et Raymond Barre qu’a été établie la pratique des
visites alternées des premiers ministres français et québécois, en 1977.
C’est cette pratique qui nous vaut l’honneur de votre présence
aujourd’hui.
C’est à Robert Bourassa que reviendra l’honneur d’accueillir François
Mitterrand et Jacques Chirac, en 1987, pour le Sommet de la Francophonie
de Québec.
Enfin, c’est sous Lucien Bouchard, puis Bernard Landry, avec Lionel Jospin
pour la France, qu’a été créé le groupe franco-québécois sur la diversité
culturelle.
Une telle constance est remarquable, et nous nous en inspirerons.
La relation franco-québécoise a 40 ans. « La vieillesse de la jeunesse »,
disait Victor Hugo. C’est non seulement l’occasion de faire le point sur
ce qui a été fait, mais c’est aussi le temps de regarder devant soi, pour
aller plus loin.
En 40 ans, nous avons mis sur pied une coopération soutenue dans
l’ensemble des secteurs de l’activité humaine. Plus de 60 ententes
bilatérales ont été conclues. Des dizaines et des dizaines de visites
ministérielles et de rencontres au plus haut niveau ont eu lieu.
Pensons à la Commission permanente de la coopération, à l’OFQJ et aux 100
000 jeunes à qui il a permis de vivre des expériences inoubliables.
Pensons aux 130 jumelages de villes…
Et parlons affaires aussi. Plus de la moitié des sociétés françaises
implantées au Canada ont choisi le Québec. Et pas seulement les grands
centres! L’aluminerie Péchiney, l’un des investissements français à
l’étranger les plus importants, est à Bécancour.
Le « Carrefour mondial des PME », Futurallia 2003, tenu à Québec, auquel
nous avons assisté, Monsieur le Premier Ministre, a été un franc succès.
Des quelque 750 entreprises présentes, au moins 200 entreprises françaises
et québécoises ont entamé des démarches de partenariat à cette occasion.
Tout cela tisse des liens d’affaires durables, multiplicateurs. Tout cela
crée de la richesse. Tout cela créé des emplois.
La relation France-Québec est un foisonnement d’initiatives et de projets.
Je crois, Monsieur le Premier Ministre, que l’arrivée presque simultanée
de nos deux gouvernements nous fournit l’occasion de donner une nouvelle
impulsion à cette coopération.
Mon vœu le plus cher est que nous scellions une nouvelle alliance
franco-québécoise.
Cette nouvelle alliance, je l’entrevois sous les perspectives économique,
scientifique et technique. Je la vois aussi intégrer une dimension plus
régionale.
Quant au volet culturel, j’entends que la France et le Québec s’associent
et mènent une lutte commune pour la diversité culturelle.
La France et le Québec sont tous deux riches de leurs régions. Richesse
dans la diversité des géographies, des cultures, des langues. Nous pouvons
davantage puiser à même cette richesse pour élargir les horizons de notre
coopération.
Déjà, le dynamisme des collectivités territoriales françaises, au Québec,
est tout à fait remarquable. Le Poitou-Charentes, notamment grâce à votre
impulsion, Monsieur le Premier Ministre, est particulièrement actif au
Québec.
Grâce aux programmes de bourses de la région Rhône-Alpes, des centaines
d’étudiants français viennent dans nos universités, et souvent en région.
Soulignons également que la région de l’Aquitaine a signé un accord de
coopération avec l’Institut national de l’optique.
Permettez-moi, Monsieur le Premier Ministre, de citer intégralement la
liste de vos cinq commandements de la coopération à visage régional, que
vous avez faite le 9 octobre 2001. Elle est savoureuse et révèle la
ferveur de votre amitié pour le Québec :
1. L’accord entre les deux premiers ministres tu respecteras.
2. Dans la modernité du Québec, tu investiras.
3. De nos régions les talents, tu valoriseras.
4. Je me souviens, cette devise, dans ton cœur, tu imprimeras.
5. Ainsi tu serviras deux peuples qui sont nés pour s’aimer.
J’endosse ces propos.
Nous engagerons les efforts nécessaires au développement de relations plus
étroites entre les régions québécoises et les collectivités territoriales
françaises.
Une bonne occasion pour ce faire sera sans doute les célébrations du 400e
anniversaire du passage de Samuel de Champlain à Baie-Sainte-Catherine,
cette année même.
Sur le plan culturel, la promotion de la diversité culturelle et
linguistique, dans un contexte de mondialisation débridée, est un
impératif.
Le Québec, depuis la signature du premier accord de libre-échange avec les
États-Unis, en 1988, est l’un des plus ardents défenseurs de cette cause,
qui est pour nous, Québécois, vitale.
Je tiens d’ailleurs à saluer votre action et votre insistance, Monsieur le
Premier Ministre, en faveur de la défense et de la promotion de la langue
française. Et cela, non seulement sur le plan national, mais aussi sur la
scène internationale, notamment au sein des institutions européennes.
La protection de la diversité culturelle et linguistique est l’une des
toutes premières balises d’une mondialisation maîtrisée.
La diversité culturelle, comme l’a affirmé le président de la République,
Jacques Chirac, à Johannesburg, en 2002, doit être considérée comme le
quatrième pilier du développement durable, aux côtés de l’économie, de
l’environnement et de la préoccupation sociale.
Depuis la rencontre alternée des premiers ministres de décembre 1998, le
Québec et la France se sont engagés dans une action commune visant à
promouvoir l’ébauche d’un instrument, au sein d’organismes internationaux,
afin de garantir aux États et aux gouvernements le droit de définir leurs
politiques culturelles et de déployer les moyens et les ressources qui en
découlent.
Je me félicite du fait que l’UNESCO ait récemment reconnu l’importance de
l’enjeu de la diversité culturelle et recommandé, le 11 avril dernier, de
poursuivre l’action visant à l’élaboration d’un nouvel instrument
international pour la préserver.
Mesdames, Messieurs,
Notre action commune des prochaines années prolongera, dans une
coopération resserrée, notre action des quarante dernières.
Les régions en seront partie prenante.
Et, à une autre échelle, notre relation prendra une tangente continentale.
La France sera de plus en plus imbriquée dans l’ensemble géopolitique
européen. Notre relation privilégiée avec la France nous aidera à établir
des relations avec les différents partenaires de la nouvelle Europe.
L’intégration du continent américain, pour sa part, suit sa logique
propre. Avec ce marché en voie d’intégration croissante, la France, avec
la collaboration du Québec, pourra rejoindre l’Amérique entière.
Nous célébrons 40 ans de collaboration, de coopération et d’amitié
France-Québec. Monsieur le Premier Ministre, nous convenons aujourd’hui de
donner une nouvelle impulsion à la relation franco-québécoise
Je dirais, d’une certaine façon, que nous allons la mettre à notre main,
puisque c’est à nous, en partie du moins, qu’échoit l’honneur de la
prolonger.
Nous allons faire un pas pour mieux adapter cette relation aux réalités de
ce siècle nouveau, pour saisir ensemble les occasions que ce siècle recèle
et pour faire face ensemble aux défis de ce siècle. Ouvrons grande la
porte aux régions de nos deux contrées et serrons les rangs dans la
défense et la promotion de la diversité culturelle.
Le relation bilatérale France-Québec a 40 ans. Ce sont les noces de rubis
de l’’un des plus précieux joyaux de notre diplomatie.
[Charest=20030523]
Monsieur le Premier Ministre,
Distingués invités,
Chers amis,
Rendre hommage à un ami français du Québec, c’est comme rendre hommage à
un ami de la famille. Rendre hommage à un ami français du Québec, mais de
surcroît poitevin, c’est le faire littéralement pour quelqu’un… de la
famille!
Car c’est de la région du Poitou-Charentes que viennent une grande partie
des ancêtres des Québécois d’aujourd’hui. Vous qui avez souvent pris
contact avec le Québec, vous avez sans doute remarqué la consonance
parfois très poitevine de certains de nos noms de famille.
Vous avez écrit : L’Atlantique est une force qui fait l’Union. C’est
notamment de cette France atlantique, de cette Europe atlantique, qu’est
né le cœur du Québec d’aujourd’hui.
Jean-Pierre RAFFARIN,
Vous voyez le jour en 1948, à Poitiers. Vous recevez de vos parents la
volonté et la détermination face à l’adversité. Vous venez d’une famille
proche de la terre, dans la production laitière et la vigne. Famille
politique aussi, puisque votre père fut secrétaire d’État de Pierre
MENDÈS-FRANCE. Vous êtes encore et toujours très attaché à votre région et
à vos origines. On vous dit également amateur de musique baroque et des
Francofolies de La Rochelle, où se produisent de nombreux artistes
québécois.
Étudiant, vous dévorez les écrits de Charles DE GAULLE, de Valéry GISCARD
D’ESTAING, qui deviendra pour vous un mentor politique. Vous lisez aussi
Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER, fondateur de l’hebdomadaire L’Express,
auteur du Défi Américain . Vous êtes diplômé de l’École supérieure de
commerce de Paris. Vous êtes aussi maître de conférences à l’Institut
d’études politiques (IEP) de Paris, de 1979 à 1988.
Vous devenez conseiller municipal de Poitiers en 1977, à 29 ans, et le
resterez jusqu’en 1995. Parallèlement, vous devenez conseiller technique
au cabinet de Lionel STOLERU, ministre du Travail, de 1976 à 1981. Puis,
de 1981 à 1988, vous faites un passage à l’entreprise privée, alors que
vous êtes directeur général de Bernard Krief Communication.
Vous êtes conseiller régional, puis président de la région du
Poitou-Charentes de 1988 à 2002. Élu député européen en 1989, vous forgez
la notion « d’Arc Atlantique ». Vous êtes aussi élu sénateur de la Vienne
en 1995, puis en 1997.
Un parcours qui démontre votre attachement aux régions. Vous êtes un
ingénieur en énergie humaine, dites-vous, en ajoutant : la région est mon
laboratoire. Car, durant vos mandats, vous vous concentrez sur ce que vous
avez de plus cher : le développement de votre région .
Vous êtes en harmonie avec le devenir de l’Europe, au sein de laquelle
l’accroissement des pouvoirs régionaux et supranationaux vont de pair.
Européen convaincu, vous n’en êtes pas moins un défenseur de l’identité
régionale et de celle dont vous êtes pénétré, celle du terroir charentais.
Cette vision de l’appartenance à son coin de pays et de l’adhésion à un
grand ensemble nous place d’ailleurs sur la même longueur d’ondes.
Votre contribution à la région du Poitou-Charentes fut remarquable. Votre
gestion visionnaire a fait de cette région l’une des plus dynamiques,
notamment sur le plan international.
Vous êtes nommé ministre des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce
et de l’Artisanat, dans le gouvernement d’Alain JUPPÉ, de 1995 à 1997. Un
poste qui vous va comme un gant et où vous mènerez des batailles
décisives. Ministre, vous œuvrez à la reconnaissance de la boulangerie
comme artisanat et instaurez la Fête du pain.
Le président de la République, Jacques CHIRAC, vous appelle au poste de
premier ministre, le 6 mai 2002. Vous êtes l’homme que personne
n’attendait… Vous aussi!
Raymond BARRE, grand ami du Québec, vous donne ce conseil intemporel et
universel : Durez et endurez !
Votre épouse, Anne-Marie RAFFARIN, à vos côtés depuis vos débuts en
politique, vous aide à prendre du recul face aux événements, comme vous le
dites vous-même.
Vous êtes aussi un humaniste, prenant non seulement appui sur vos
multiples rencontres avec des intellectuels, des professeurs de médecine,
des philosophes ou des hommes d’entreprise, mais aussi sur des convictions
fondées sur votre expérience du terrain; vous croyez au réenchantement de
la vie politique. Vous y avez consacré de nombreux livres.
Quelques pièces choisies : La vie en Jaune, sur un ton humoristique, à la
suite d’un voyage en Chine. L’avenir a ses racines, en 1986; puis un livre
au titre provoquant : Nous sommes tous des régionaux, en 1988, et, plus
récemment, Pour une nouvelle gouvernance.
Vos idéaux démocratiques sont élevés. Vous croyez profondément dans le
pouvoir et dans l’intelligence du citoyen.
Jean-Pierre RAFFARIN,
Au cours de votre carrière, vous avez démontré un vif intérêt pour le
Québec.
Le Conseil régional de Poitou-Charentes fut l’un des premiers conseils
régionaux à signer un plan d’action avec le Québec. À l’époque où vous en
étiez président, cette région entretenait des relations avec le Québec et
le Viêtnam, les deux priorités internationales que vous vous étiez données
en arrivant en poste.
Vous êtes venu au Québec chaque année depuis 1998, refaisant le trajet de
cet autre illustre charentais, Samuel de Champlain, qui, il y a exactement
quatre siècles cette année, en 1603, prenait possession de cette contrée
au nom du roi de France.
C’est en 1998 également que remonte votre premier contact avec Sherbrooke,
ville chère à mon cœur, où sera installé un bureau de votre région.
Cette coopération a mené à des avancées significatives, notamment en
matière de développement économique, de nouvelles technologies, de projets
pour la jeunesse et, bien sûr, de culture et de patrimoine.
Participant en octobre 2001, à Québec, aux ateliers La France et sa
coopération décentralisée avec le Québec, vous déclariez : Je crois que ce
qui nous frappe dans les échanges que nous avons avec nos amis québécois,
c’est que nous cherchons ensemble une réponse à la mondialisation. (…)
Nous qui avons confiance dans la personne humaine, avec ses droits de
l’Homme qui sont une grande idée qui nous a réunis, qui a traversé
l’Atlantique, et tout ce que nous pouvons avoir de valeurs fondamentales,
au fond, c’est peut-être cela notre type de réponses.
Car vous entrevoyez une France porteuse d’un nouvel humanisme. Un des
piliers de cet humanisme est la mondialisation maîtrisée. Car le
libéralisme, ce n’est pas la jungle, dites-vous.
Le Québec, comme la France, croit que la mondialisation doit être
observée, comprise et balisée. La diversité culturelle, les droits sociaux
tels l’éducation, les soins de santé, les questions relatives au travail
et, bien sûr, le respect de l’environnement sont autant de balises à
celle-ci.
Le 9 octobre 2002, d’ailleurs, vous déclariez que grâce [au Québec], un
important travail a été mené sur la diversité culturelle, qui est à
l’origine de la proposition du président de la République d’adopter une
convention internationale sur cette diversité culturelle.
L’un de vos tout premiers slogans électoraux était Du cœur à l’ouvrage.
Pour la France, pour le Québec, vous l’aurez brillamment incarné.
Jean Pierre RAFFARIN,
Au nom du gouvernement du Québec et du peuple du Québec, j’ai l’immense
plaisir de vous nommer officier de l’Ordre national du Québec en
reconnaissance de votre contribution à l’évolution de notre société.
[Charest=20030523c]
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire de Québec,
Mesdames et Messieurs les Consuls généraux de la République française,
Mesdames et Messieurs les Députés et Sénateurs,
Distingués invités,
C’est un grand plaisir pour moi de participer à Futurallia Québec 2003. Je
voudrais d’abord féliciter l’organisateur de l’événement, PÔLE
Québec—Chaudière-Appalaches, pour avoir réussi avec brio la tenue de ce
forum international de maillage d’entreprises dans la capitale nationale.
Je dois dire que mon plaisir de me trouver parmi vous est d’autant plus
vif que je suis accompagné pour la circonstance — ou devrais-je plutôt
dire que c’est moi qui l’accompagne — de l’un des inspirateurs de cet
événement. Je veux parler, bien sûr, du premier ministre Jean-Pierre
Raffarin, qui est présentement en visite officielle au Québec.
D’ailleurs, je soupçonne que le moment de cette visite n’est pas tout à
fait le fruit du hasard, car à titre de président du Conseil régional de
Poitou-Charentes, M. Raffarin a été parmi les quelques visionnaires qui, à
la fin des années 80, ont eu cette idée audacieuse et généreuse d’un forum
regroupant des dirigeants de PME issues des régions.
Cette idée était fondée sur trois réalités incontournables de l’économie
d’aujourd’hui. La première, c’est que la grande majorité des emplois sont
créés par des PME. La deuxième, c’est que, dans toutes les parties du
monde, les régions recèlent un potentiel extraordinaire de création et de
dynamisme qui ne demande qu’à éclore. La troisième, c’est l’importance du
maillage des entreprises et des alliances stratégiques pour réussir sur
les marchés internationaux.
Et j’en ajouterais une quatrième, qui est d’une importance capitale dans
une économie mondialisée. Je parle du rôle de tête de pont que peuvent
jouer certains pays et territoires. Par exemple, le Québec représente une
porte d’entrée de choix pour les entreprises européennes ou asiatiques qui
souhaitent s’implanter sur les grands marchés nord-américains.
Comme vous le savez, grâce à l’Accord de libre-échange nord-américain,
auquel sont partie le Canada, les États-Unis et le Mexique, une entreprise
qui s’installe au Québec se donne accès à un marché de 400 millions de
consommateurs.
Et très bientôt, lorsque sera créée la Zone de libre-échange des
Amériques, cette même entreprise pourra vendre ses produits, libres de
douane, de la terre de Baffin à la Terre de Feu.
On se rend compte plus que jamais, aujourd’hui, que Futurallia avait visé
juste. Nous en sommes en effet à la huitième présentation de cet
événement, qui se tient pour la deuxième fois au Québec, et qui regroupe
aujourd’hui plus de 1 200 participants. D’ailleurs, je ne suis pas peu
fier de souligner que c’est dans ma ville natale, à Sherbrooke, que
Futurallia a tenu sa première réunion hors de France, il y a trois ans.
Je crois aussi que, même s’il réunit aujourd’hui des chefs d’entreprises
de plusieurs régions du monde, le succès de Futurallia s’inscrit
clairement dans le prolongement des rapports privilégiés qu’entretiennent
la France et le Québec.
Depuis plus de 40 ans, nos deux sociétés ont tissé des liens solides,
dynamiques et orientés vers le progrès. La force de ces liens n’a jamais
faibli, comme en témoignent notamment les missions annuelles des premiers
ministres français et québécois menées alternativement en France et au
Québec, ainsi que de nombreuses missions ministérielles.
Nos relations, d’abord institutionnelles, se sont rapidement élargies pour
se tourner vers une foule de secteurs d’activité : l’éducation, la
culture, la recherche scientifique et technique, l’environnement et, bien
sûr, le développement économique. Si bien qu’aujourd’hui la France figure
au quatrième rang de nos clients internationaux et au sixième rang de nos
fournisseurs, ce qui témoigne des progrès réalisés au cours des dernières
années.
La nature privilégiée de nos échanges est aussi illustrée par le nombre
d’entreprises françaises et québécoises qui ont pignon sur rue et
investissent de plus en plus, de part et d’autre de l’Atlantique. Plus de
250 filiales d’entreprises françaises, comptant plus de 16 000 employés,
font des affaires au Québec. Et, à l’inverse, près de 125 sociétés
québécoises employant près de 13 000 personnes sont installées en France.
Parmi elles, il y a bien sûr des Axcan Pharma, des Québecor et des
Cascades. Mais on compte aussi des entreprises de taille beaucoup plus
modeste, comme celles qui sont représentées ici, qui ont su saisir les
occasions de se tailler une place de choix sur certains marchés.
Plusieurs de ces PME ont d’ailleurs profité d’ententes franco-québécoises
de coopération industrielle, telles que le programme UbiFrance-Québec.
D’autres se sont développées dans le sillage des rencontres technologiques
France-Québec. D’autres encore ont participé à des missions économiques
sectorielles menées aussi bien en France qu’au Québec.
Cela m’amène à vous parler, pendant quelques instants, de la vision du
gouvernement que je dirige en matière de développement économique.
Le 14 avril dernier, les Québécois nous ont donné un mandat clair de
changement. Ils ont tourné la page sur un modèle d’État axé sur le
dirigisme et l’interventionnisme en affaires économiques.
L’État québécois a certes joué un rôle fondamental dans l’émergence de
notre société comme l’une des plus modernes du monde. En particulier, il a
présidé à la mise sur pied d’un système d’enseignement public qui permet à
tous les Québécois qui le souhaitent d’accéder aux études supérieures. Il
a créé un système public de santé qui est non seulement un rempart contre
l’injustice, mais qui représente aussi un avantage économique
concurrentiel.
L’État québécois continuera de jouer un rôle de premier plan, en
particulier à titre de représentant de la seule majorité francophone du
continent nord-américain. Mais, aujourd’hui, il doit se repositionner, se
décentraliser et se mettre réellement au service de ses citoyens, de leur
réussite et de leur prospérité.
Cela est particulièrement vrai en matière de développement économique.
Nous sommes convaincus que les Québécois disposent de tous les atouts
nécessaires pour raffermir leur position en tant que force économique et
culturelle, aussi bien dans les Amériques qu’ailleurs dans le monde.
Dans cette perspective, nous allons faire en sorte que le génie de nos
entrepreneurs puisse s’exprimer plus librement, que nos entreprises soient
plus concurrentielles et qu’elles puissent générer davantage de richesse.
En bref, nous allons miser sur le goût d’entreprendre.
Nous allons recentrer l’activité de l’État sur ses missions essentielles
et rediriger les ressources humaines et financières vers les services
directs à la population. Nous allons notamment réduire le poids d’un État
qui est devenu trop lourd et dont l’organisation est devenue tentaculaire.
Nous allons aussi réduire le fardeau fiscal des Québécois, de façon qu’il
ne décourage plus l’initiative individuelle et qu’il contribue à rendre
notre économie plus concurrentielle et plus propice aux investissements et
à la création d’emplois.
Nous allons alléger considérablement les structures administratives et
simplifier la réglementation en matière de développement économique, afin
de stimuler l’entrepreneurship.
Nous allons également simplifier les multiples programmes d’aide, mesures
de soutien et services aux entreprises, et ne conserver que ceux qui sont
réellement efficaces.
Nous allons aussi investir dans la formation de personnel qualifié afin de
faire face efficacement aux besoins de main-d’œuvre des entreprises. En
particulier, nous allons adopter des mesures permettant de valoriser la
formation professionnelle et technique.
Enfin, nous allons faire confiance aux régions. Nous allons les aider à se
prendre en main en fonction de leurs ressources, de leurs priorités et de
leur propre vision du développement. À cet égard, je pense que les
centaines d’entreprises représentées ici, dans le cadre de Futurallia,
témoignent de la capacité des régions de prendre leurs propres décisions,
de se développer et de créer de la richesse sans être à la remorque des
métropoles.
En matière de développement économique, comme dans bien d’autres secteurs,
le moteur des décisions doit être avant tout local et régional. Il faut
faire confiance aux personnes et aux communautés. Il faut faire confiance
à leur attachement à leur coin de pays.
Il ne s’agit pas de laisser les gens à eux-mêmes. Il s’agit de leur donner
les pouvoirs de décision, les responsabilités, les ressources et les
outils nécessaires pour effectuer, gérer et assumer leurs choix.
C’est un partenariat responsable, qui repose sur un partage de
responsabilités : des citoyens qui ont les ressources pour pleinement
participer à la prospérité du Québec et un gouvernement qui assume
pleinement ses responsabilités dans les domaines qui relèvent de sa
compétence, comme la santé et l’éducation.
La décentralisation sera au cœur de nos préoccupations et de notre action.
Les élus locaux, les organismes locaux et régionaux seront donc des
acteurs clés, des partenaires de premier plan de mon gouvernement dans nos
initiatives de développement économique.
Notre objectif est simple : nous voulons affranchir les entreprises du
Québec des contraintes fiscales et des entraves administratives, afin
qu’elles puissent atteindre leur plein potentiel de développement. Nous
voulons que les Québécois prennent la place qui leur revient dans la
société mondialisée. Nous voulons que le succès du Québec se mesure non
pas au nombre de ses sociétés d’État, mais plutôt à la réussite de ses
citoyens et de ses entreprises.
Les entrepreneurs du Québec sont pleins de ressources. Ils sont audacieux,
dynamiques et persévérants. Ils sont devenus des chefs de file mondiaux
dans des secteurs de pointe tels que les biotechnologies, la recherche
pharmaceutique, l’aérospatiale et les technologies de l’information.
Les entreprises québécoises ont beaucoup à apporter à leurs partenaires
d’ici et d’ailleurs : une expertise de choix dans des secteurs de haute
technologie; une main-d’œuvre de qualité, bien formée, bilingue et même
souvent trilingue; une connaissance intime des marchés nord-américains. Je
suis persuadé que, depuis trois jours, les entrepreneurs présents ici ont
eu largement l’occasion de se rendre compte de leur valeur exceptionnelle.
Et je suis persuadé aussi qu’au cours des prochaines années, leurs succès
et leur contribution à celui de leurs partenaires seront encore plus
marquants.
La coopération économique France-Québec constitue l’une des clés du succès
des PME à l’étranger, et l’expérience française de la décentralisation
peut constituer pour le Québec une source d’inspiration.
En ce sens, un événement à caractère international comme Futurallia
contribue à faire du Québec un pôle de développement économique de premier
plan.
Je vous remercie.
[Charest=20030524]
Monsieur le Premier Ministre,
Distingués invités,
Chers amis,
Ainsi se termine une autre visite alternée des premiers ministres français
et québécois : autour d’une bonne table…
Si notre coopération est riche et féconde, c’est parce qu’elle émane du
cœur de nos sociétés. « Deux peuples nés pour s’aimer », comme vous le
disiez si bien.
Si ces premiers contacts sont annonciateurs de l’humeur de notre
coopération future, les prochaines années seront fertiles et chaleureuses
pour la relation franco-québécoise.
Je me réjouis que les premiers ministres nouvellement élus que nous sommes
aient pu fixer des priorités à cette relation, que nous prolongerons
ainsi, vous et moi, à notre manière.
Au cours des derniers jours, nous avons entrevu le potentiel d’une
nouvelle alliance franco-québécoise.
Le relevé des décisions que nous avons signées hier à l’Assemblée
nationale du Québec est éloquent. Il axe notre relation sur nos priorités
respectives : le développement économique et régional, la promotion de la
diversité culturelle et la promotion du français.
Plus précisément, nous sommes convenus d’une coopération économique plus
étroite, notamment dans le cadre de Futurallia.
Nous croyons qu’il s’agit là d’un moyen original pour développer le
maillage entre nos PME et, par-delà, nos échanges économiques.
La récolte de cette année, tant en matière d’emplois créés que de contrats
signés, laisse présager d’importantes retombées. Une vingtaine de projets,
totalisant des investissements d’environ 65 millions de dollars et créant
ou consolidant près de 1 000 emplois au Québec et en France, ont été
annoncés.
Je me réjouis en outre de notre volonté de faire en sorte que la
coopération franco-québécoise, sur le plan économique, prenne également
racine en région.
Nous accentuerons cette tendance pour que Français et Québécois, où qu’ils
vivent sur nos territoires, puissent profiter des retombées positives de
notre coopération.
Nous allons également poursuivre notre action commune quant à l’émergence
et à la mise en œuvre des outils liés à la modernisation de l’État, tout
en nous engageant résolument dans le développement durable, en particulier
au sein de la Francophonie.
Nous avons profité de votre visite, Monsieur le Premier Ministre, pour
donner, si je puis dire, une cure de jeunesse à l’Office franco-québécois
pour la jeunesse, au moment où il fête ses 35 ans…
L’OFQJ franchira les prochaines années avec un souffle retrouvé, pour le
plus grand bonheur de milliers de jeunes Français et de jeunes Québécois.
Enfin, je ne saurais passer sous silence la nécessité de poursuivre nos
efforts communs pour relever les grands défis auxquels nos sociétés sont
confrontées.
Je pense en particulier à la diversité culturelle et à notre volonté de
voir naître un instrument international garantissant aux États et aux
gouvernements le droit de définir leurs politiques culturelles et de
mettre sur pied les moyens qui y concourent.
Nous allons poursuivre notre engagement commun – j’oserais dire exemplaire
– en faveur de la défense et de la promotion du français et de la
diversité linguistique à l’échelle internationale.
Il nous incombe en partie de veiller à ce que le français reste une langue
vivante dans le concert des nations et, qu’à l’heure de l’Internet, il
soit encore une langue du savoir et de la science.
Monsieur le Premier Ministre,
J’ai eu le bonheur, au cours de ces derniers jours, de vous côtoyer. J’ai
appris à vous connaître et à apprécier votre attachement au Québec. Un
sentiment qui me va droit au cœur, d’autant plus que je sais que votre
affection pour le Québec trouve sa source dans ma région natale.
Au plaisir de vous retrouver en France dès l’année prochaine!
En terminant, je propose de lever nos verres à la solidarité
franco-québécoise, à la douce France qui nous reçoit ce midi, à vous,
Monsieur le Premier Ministre Raffarin, et au président de la République
française, Monsieur Jacques Chirac, à qui nous vous demandons de relayer
toute notre amitié.
Bon retour au pays!
[Charest=20030604]
Monsieur le Président,
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Député de Rivière-du-Loup,
Mesdames, Messieurs les membres de cette Assemblée,
C’est au terme d’une saison bien particulière que nous nous retrouvons ici
aujourd’hui. Cette saison, je l’appellerai le printemps des contrastes.
Pendant que les Québécois vivaient des moments d’intense démocratie, les
images qu’ils recevaient étaient celles de la guerre en Irak. Les
circonstances exceptionnelles qui ont prévalu lors de notre élection
auront permis aux Québécois de mesurer l’inestimable valeur de notre
démocratie et de notre paix.
Au cours de ce conflit, les Québécois sont descendus dans la rue par
centaines de milliers, et plus d’une fois, pour déclarer leur attachement
à la paix. Et le 14 avril, ils ont affirmé leur attachement à la
démocratie. Ce jour-là, les Québécois ont porté au pouvoir une nouvelle
équipe. Elle est compétente et riche en talents et en expérience. Nous
nous montrerons dignes de la confiance que les Québécois ont placée en
nous. Nous donnerons suite au désir de changement exprimé par les
Québécois.
Notre gouvernement est celui de tous les Québécois. C’est celui des femmes
autant que des hommes. C’est celui des enfants qui remplissent nos écoles
de joie et d’espoir, jusqu’aux aînés qui ont bâti cette société unique.
Nous serons à l’écoute des citoyens, ceux qui sont nés ici tout comme ceux
qui se sont joints à nous. Notre diversité est pour moi une source de
richesse.
Monsieur le Chef de l’opposition officielle, je suis content de vous
retrouver. Je sais que vous et votre équipe formerez une opposition
coriace. Les débats que nous aurons seront parfois enflammés. Ils seront
attisés par notre passion commune du Québec et de ses gens. Je vous
souhaite un séjour ressourçant dans l’opposition.
Je salue tous les députés de l’Assemblée nationale et souhaite la
bienvenue, en particulier, aux nouveaux élus.
Notre démocratie est l’une des plus vieilles du monde. Elle est aussi
parmi les plus vivantes et les plus vigoureuses. Cette 37e législature en
sera un nouveau chapitre
UNE ÉQUIPE, UNE TRADITION
Notre équipe est issue d’une formation politique dont les racines
remontent aux origines de notre démocratie. Cette formation est associée
de près à nos plus grandes réussites.
Au cours de notre histoire, les gouvernements du Parti libéral du Québec
ont réaffirmé, à chaque époque, les valeurs fondatrices de notre société :
justice sociale, liberté individuelle, identification au Québec,
attachement à la démocratie. Les gouvernements du Parti libéral du Québec
ont toujours été là pour placer le Québec sur la voie du progrès
économique et social et pour relever les défis de leur époque. Notre
gouvernement relèvera les défis qui se présentent à nous afin que le
Québec et ses citoyens poursuivent leur progression dans le siècle
nouveau.
DES RÉUSSITES, UN ÉTAT SOUS PRESSION
Monsieur le Président, le Québec est à l’heure des décisions. Nous sommes
arrivés au bout d’un modèle de fonctionnement. Ce modèle a été créé il y a
une quarantaine d’années par de grands Québécois. Il nous a permis d’aller
loin. Mais nous devons maintenant le revoir pour continuer à progresser.
Les Québécois en sont conscients. C’est pour cette raison qu’ils nous ont
élus.
Le Québec affiche des réussites remarquables. Le Québec est parvenu à
préserver sa culture et sa différence en confrontation directe avec la loi
du nombre et du temps. D’un point de vue historique, l’épanouissement du
Québec français témoigne de la fierté et de la bravoure de notre peuple.
Notre langue commune demeure le cœur de notre identité québécoise. Notre
gouvernement s’inscrira dans la continuité des gouvernements précédents
qui ont, avec une constance et une détermination remarquables, promu
l’usage et la qualité du français. Nous honorerons cette responsabilité
historique.
Le Québec figure parmi les États industrialisés les plus avancés. Nous
sommes des chefs de file dans des domaines aussi déterminants que les
biotechnologies, l’industrie pharmaceutique, l’énergie, l’aérospatiale et
plusieurs disciplines de recherche médicale. Notre économie est moderne :
elle repose à 70 % sur le secteur des services et donc sur notre
connaissance. Le Québec compte une des plus fortes concentrations
d’emplois de haute technologie d’Amérique du Nord. Nous avons de grandes
écoles dont la réputation déborde largement nos frontières. Nos ingénieurs
ont érigé des barrages sur les plus grands fleuves du monde; nos artistes
émeuvent des publics sur tous les continents. L’entrepreneurship québécois
a étendu son succès jusque dans le cyberespace.
Les réussites du Québec sont éclatantes. Nous pouvons être fiers d’être
Québécois. Ces réussites reflètent l’extraordinaire talent des Québécois.
Toutefois, la poursuite et l’épanouissement de ces réussites risquent
d’être compromis par un État qui n’est plus adapté à la réalité des années
2000.
L’État québécois est sous pression. Il ne parvient plus à soigner
efficacement. Nos écoles manquent de ressources pour accompagner les
élèves en difficulté. Nos infrastructures se détériorent, qu’il s’agisse
de nos routes ou de nos systèmes d’aqueduc, par exemple. Le Québec souffre
d’un sous-investissement dans des secteurs stratégiques.
Il faut aujourd’hui faire un constat : l’État québécois, qui a donné le
signal de notre émergence parmi les sociétés les plus modernes du monde, a
vieilli. Il se trouve aujourd’hui en décalage face aux citoyens. Il ne
parvient plus à répondre efficacement à leurs besoins. Et les Québécois en
font les frais tous les jours. Il fait de nous les citoyens les plus taxés
du continent. Il place notre niveau de vie au 52e rang sur 60 États et
provinces du nord du continent. Cet État mal adapté nous coûte 37 % plus
cher qu’en Ontario et 25 % plus cher que dans le reste du Canada.
Il s’en trouvera peut-être pour dire que c’est là le prix de notre
différence. Je refuse cette analyse. Notre différence n’est pas une taxe.
Je pense plutôt que c’est le prix payé par les Québécois pour des
gouvernements qui ont manqué à leur devoir, à leur devoir de réviser
périodiquement leurs façons de faire, comme tous les citoyens l’ont fait
dans leur travail, dans leur entreprise et dans leur foyer.
LA NÉCESSITÉ
Monsieur le Président, je pose aujourd’hui une question à tous les membres
de cette Assemblée : Pendant combien de temps l’État québécois peut-il
exiger davantage de sacrifices de ses citoyens que de lui-même? Pendant
combien de temps, l’État québécois peut-il continuer à tout taxer et à se
mêler de tout avec, pour résultat, de souvent faire les choses à moitié?
Le premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, avec qui j’ai eu
plusieurs entretiens lors de sa première visite officielle au Québec,
disait récemment : « La politique ne peut plus promettre des lendemains
qui chantent et repousser toujours la résolution des problèmes quotidiens.
» Je suis d’accord avec lui. Les Québécois aussi.
Si nous voulons soigner nos enfants et nos parents sans délai, nous devons
nous doter d’un État capable de s’y consacrer. Si nous voulons que nos
écoles soient mieux équipées, que les élèves en difficulté soient mieux
accompagnés, nous devons dégager des ressources pour le faire. Certaines
de ces ressources sont à Ottawa. Nous devrons les récupérer en obtenant le
règlement du déséquilibre fiscal. Mais cela ne nous dispense pas de
l’obligation de faire notre propre ménage.
Nous devons nous organiser pour répondre aux besoins des citoyens. Et nous
devons le faire en rejetant la solution facile qui consiste à toujours
puiser dans la poche des citoyens. Nous avons un plan pour y arriver.
Monsieur le Président, la nécessité de revoir le fonctionnement de notre
État ne tient pas seulement à la difficulté qu’éprouve le gouvernement à
répondre aux besoins des citoyens. Cette nécessité tient aussi au contexte
dans lequel nous vivons.
Le Québec ne peut plus prétendre être une bulle, comme à l’époque où notre
État a été conçu, l’époque où nos concurrents étaient dans le village d’à
côté.
Nous vivons dans un monde d’interdépendance et de concurrence
internationale. Les Québécois ont d’ailleurs été aux premières loges de ce
mouvement de libéralisation commerciale. Dès 1988, les Québécois ont
endossé avec enthousiasme le libre-échange avec les États-Unis, puis
l’Accord de libre-échange nord-américain, qui intégrait le Mexique à notre
marché commun. Ce n’est pas fini. Bientôt, ce sera la Zone de
libre-échange des Amériques qui réunira la terre de Baffin et la Terre de
Feu dans un seul marché.
Cette adhésion des Québécois à l’ouverture des marchés témoignait de leur
confiance en eux. Aujourd’hui, l’économie québécoise est pleinement
intégrée à l’Amérique du Nord. Notre produit intérieur brut dépend à 60 %
des exportations: 20 % vers le marché canadien, 35 % vers le marché
américain et 5 % vers les autres marchés. Tous les jours, les entreprises
québécoises, pour créer des emplois, doivent gagner la comparaison des
prix et de la qualité.
Le marché intérieur québécois n’est pas suffisamment important pour
nourrir notre croissance. C’est notre réalité démographique. Pour grandir,
il nous faut vendre aux autres. Nous devons donc être pleinement
concurrentiels. Ce n’est pas une question de choix, c’est une question de
survie.
Or, dans l’état actuel des choses, l’État québécois, par le poids qu’il
exerce sur notre économie, nuit à la position concurrentielle du Québec.
L’interventionnisme à tout crin est non seulement une stratégie de
développement économique ruineuse et inefficace, mais c’est une stratégie
de plus en plus contraire aux règles du jeu. L’avenir économique du
Québec, ce n’est pas l’interventionnisme, c’est l’entrepreneurship. Il
nous faut nous adapter.
La détérioration de la capacité de l’État québécois à bien servir les
citoyens et la préservation de la position économique concurrentielle du
Québec nous imposent une révision du fonctionnement de l’État. De
surcroît, la situation financière du Québec fait de cette révision une
urgence.
Monsieur le Président, le gouvernement qui nous a précédés s’est vanté
d’avoir présenté plusieurs budgets équilibrés. Six budgets équilibrés.
Toutefois, même si le Québec était prétendument en déficit zéro depuis
1998-1999, la dette du gouvernement a augmenté de plus de 11 milliards de
dollars depuis cinq ans.
La réalité est que le gouvernement du Parti Québécois a balayé, chaque
année, ses dépenses excessives sous le tapis de la dette. D’ailleurs, le
dernier budget de ce gouvernement, présenté tout juste avant les
élections, prévoyait la répétition de ce scénario.
L’avis que nous avons demandé à M. Guy Breton, ex-vérificateur général du
Québec, a révélé une impasse de 4,3 milliards de dollars. Nos
prédécesseurs ont dit qu’il n’y avait rien là d’anormal. Pour moi,
l’inconséquence, l’insouciance et le manque de transparence ne sont pas
normaux. La situation des finances publiques ne compromet pas notre plan.
Elle transforme sa nécessité en urgence. Je dis aujourd’hui à tous les
Québécois que notre gouvernement respectera sa parole et ses engagements.
Nous réaliserons notre plan pour le Québec.
DES PRINCIPES, DES TRAVAUX
Monsieur le Président, dans quelques jours, le ministre des Finances
présentera un budget équilibré. Il permettra de stabiliser la situation
des finances publiques. Il s’agit d’une condition préalable à tout le
reste.
Dans les mois qui vont suivre, nous allons faire ce qui ne s’est jamais
fait de façon sérieuse et structurée. Nous allons passer en revue
l’ensemble des ministères, sociétés d’État, organismes publics et
parapublics, ainsi que l’ensemble des programmes qu’ils administrent. Nous
allons remettre à jour le fonctionnement de notre État. Nous procéderons
avec méthode et rigueur selon des principes de gestion qui seront les
principes de notre administration.
Premièrement, nous allons recentrer l’État sur ses missions essentielles :
santé, savoir, prospérité, sécurité.
Deuxièmement, dans ces missions essentielles, notre premier souci sera la
qualité des services aux citoyens. Moins de structures, plus de services.
À mon sens, l’État des années 2000 doit se concevoir comme un instrument
au service de la réussite de ses citoyens. Ce n’est pas l’État qui signera
la réussite du Québec, ce sont les Québécois. Nous serons là pour chacun
d’eux dans un esprit de justice sociale. Nous allons favoriser leur
initiative individuelle et leur responsabilisation.
Troisième principe : transparence et efficacité. Les Québécois ont le
droit de savoir ce que fait leur gouvernement de chaque dollar qu’il
perçoit à même le fruit de leur travail. Les Québécois doivent en avoir
pour leur argent. Il faut chasser cette idée que l’État est forcément
inefficace. Parce que c’est faux. Il y a dans l’État québécois des
organisations qui sont des modèles d’efficacité. Nous le reconnaissons et
nous les reconnaîtrons.
Quatrième principe : décentralisation, partenariat et imputabilité. L’État
québécois ne peut pas tout faire seul. Il doit apprendre à faire confiance
et à déléguer. Nous ouvrirons l’État québécois aux partenariats, que ce
soit avec les municipalités, avec des organismes communautaires ou avec
des entreprises privées. Chaque partenaire sera imputable des
responsabilités qui lui sont confiées et des ressources afférentes devant
les élus de l’Assemblée nationale.
C’est sur la base de ces principes de gestion que nous inaugurerons six
grands travaux qui seront le cœur de la réingénierie de l’État québécois.
Ces travaux seront coordonnés par la présidente du Conseil du trésor, sous
mon autorité. Chacun de ces travaux sera piloté par un ministre qui
s’adjoindra la collaboration de collègues députés et, au besoin, de
ressources externes.
Nos six grands travaux sont les suivants :
Numéro 1 : révision des structures de l’État et des programmes
gouvernementaux, sous la supervision de la présidente du Conseil du
trésor.
Numéro 2 : revue des modes d’intervention du gouvernement dans l’économie,
sous la responsabilité du ministre du Développement économique et
régional, en collaboration avec le ministre de l’Emploi, de la Solidarité
sociale et de la Famille.
Numéro 3 : réorganisation des services de santé, sous la responsabilité du
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Numéro 4 : examen des perspectives de décentralisation et de
déconcentration, sous la responsabilité du ministre des Affaires
municipales, du Sport et du Loisir et de la ministre déléguée au
Développement régional et au Tourisme.
Numéro 5 : recentrage du réseau de l’éducation sur l’élève et l’étudiant,
sous la responsabilité du ministre de l’Éducation.
Numéro 6 : simplification et allègement du fardeau fiscal, sous la
responsabilité du ministre des Finances.
Monsieur le Président, il est important que les Québécois comprennent que
ce que nous entreprenons n’est pas exceptionnel. Ce qui est exceptionnel
au Québec, c’est que cela n’ait pas déjà été fait. Nous pourrons donc nous
inspirer des expériences de plusieurs autres gouvernements. Nous pourrons
nous comparer à plusieurs autres gouvernements. Le Québec doit soutenir la
comparaison. Il doit reconnaître ses forces autant que ses faiblesses pour
mieux capitaliser sur les unes et combattre les autres.
Il ne s’agit nullement ici d’être les tenants d’un courant de gauche ou
d’un courant de droite. Notre formation politique a toujours visé le
pragmatisme. Il s’agit de faire appel à l’innovation et au sens créateur
du Québec et de tous les Québécois. Je convie les Québécois à envisager
ces travaux avec enthousiasme. C’est un formidable projet que nous avons
élaboré avec les Québécois. Nous allons insuffler un vent d’air frais au
Québec. Nous allons ouvrir les fenêtres de notre grande maison. Nous
allons nous donner une société dans laquelle nous serons plus libres et
plus prospères. Le Québec sera plus stimulant pour chacun de nous.
Nous verrons des changements dans nos structures et dans nos façons de
faire. Il y aura, et c’est normal, une résistance toute naturelle au
changement. Comme il y a 40 ans, lorsque des Québécois se sont levés pour
faire la Révolution tranquille et nous faire accéder à la modernité. Les
Québécois de la Révolution tranquille étaient confiants et enthousiastes.
Nous le sommes encore plus aujourd’hui. Parce que nous savons qu’aucun
sommet ne nous est inaccessible.
Nous allons donner aux Québécois un État plus efficace, moins coûteux,
moins bureaucratisé. Un gouvernement d’aujourd’hui. Ce gouvernement sera
capable d’assumer pleinement les responsabilités qui sont les siennes et
de bien servir les citoyens du Québec, de bien les soigner, de bien les
éduquer. Nous allons dégager les ressources humaines et financières qui
nous sont nécessaires pour relever les défis nouveaux et pour solidifier
les assises de notre développement et de notre croissance. Nous allons
donner aux Québécois un gouvernement dont ils seront fiers.
LA SANTÉ, NOTRE PREMIÈRE PRIORITÉ
Monsieur le Président, la réorganisation de l’État sera en toile de fond
de notre plan pour le Québec. Nos priorités politiques sont connues. Nous
avons présenté notre plan pour le Québec le 12 septembre 2002, plus de six
mois avant les élections. Nous réaliserons ce plan.
La santé, est notre première priorité. Notre système public de santé est
non seulement un rempart contre l’injustice, c’est aussi un avantage
économique concurrentiel. Au cours des dernières années, ce joyau
québécois a vécu des crises perpétuelles. Il est vrai que les systèmes de
santé sont au carrefour de plusieurs des principaux changements qui
modifient nos sociétés. Le vieillissement de la population, les avancées
technologiques, la hausse du prix des médicaments… La pression est forte
sur tous les systèmes de santé du monde.
Grâce au dévouement de tout le personnel du réseau de la santé et des
services sociaux, y inclus les infirmières et les médecins, à qui je rends
hommage, la qualité des services est demeurée très élevée. Cependant,
l’accès aux services s’est détérioré sérieusement.
Monsieur le Président, nous avons dit maintes fois que nous remettrions
sur pied notre système de santé et de services sociaux. Je le redis
aujourd’hui. Si le gouvernement d’hier n’est pas parvenu à dominer les
pressions qui s’exercent sur le réseau, je vous ferai remarquer
respectueusement que c’est parce qu’il a voulu s’attaquer à des défis des
années 2000 avec des solutions des années 1960. Nous réussirons parce que
notre système public de santé sera administré par un État qui aura adapté
ses façons de faire aux défis d’aujourd’hui et aux priorités
d’aujourd’hui.
Nous allons nous attaquer avec énergie, et en débloquant les ressources
nécessaires, aux pénuries de médecins et de personnel infirmier. Dans cinq
ans, il y aura au moins 1 500 infirmières de plus dans le réseau et 750
médecins de plus en formation.
Dans l’intervalle, nous allons rebâtir le réseau de la santé et des
services sociaux. Nous allons décentraliser son administration afin que
les directeurs d’établissement, notamment, puissent pleinement exercer
leurs compétences et trouver des solutions adaptées à leur propre
situation. Notre réseau d’établissements universitaires de santé sera
consolidé et modernisé.
Vous savez tous que dans les grands hôpitaux du Québec, on compte des
dizaines d’unités d’accréditation syndicale. C’est un problème de
fonctionnement. Nous allons nous y attaquer. Nous allons revoir
l’organisation du travail. Notre système a besoin d’une injection de bon
sens et de pragmatisme. Nous allons l’administrer. Le réseau de la santé
et des services sociaux s’ouvrira aux partenariats, avec les cliniques
privées, par exemple. On y fera notamment des opérations mineures sans
frais pour les patients. Le réseau s’ouvrira aussi à la sous-traitance.
Je refuse de voir notre système de santé public comme une chapelle qui
proscrit toute relation avec le secteur privé, comme s’il s’agissait d’un
sacrilège. Les soins et services doivent être payés par l’État, mais
l’État peut conclure des ententes de services pour soigner plus vite ou
pour réduire ses frais de fonctionnement. Nous allons réunir les
établissements dans un véritable réseau de soins et de services en mettant
à profit les moyens technologiques d’aujourd’hui. Les Québécois sauront
quels sont les services disponibles et où ils peuvent obtenir un service
rapide. Nous abolirons les régies régionales de la santé et des services
sociaux. Ces organismes nés de la noble intention d’un gouvernement
libéral se sont avérés un détour plus qu’un raccourci. Nous les
remplacerons par des organisations beaucoup moins lourdes, essentiellement
vouées à la coordination des services.
Monsieur le Président, nous allons réduire les listes et les délais
d’attente : que ce soit à l’urgence, pour une chirurgie, pour des examens
diagnostics, pour des services de réadaptation, des services à domicile ou
pour une place d’hébergement. Nous allons répondre aux besoins de tous les
Québécois, dans toutes les régions du Québec. Nous nous engageons à des
résultats et nous nous engageons à la transparence. Je confirme la
création prochaine d’un poste de commissaire à la santé qui sera doté des
mêmes pouvoirs que le vérificateur général. Les Québécois sauront comment
nous les soignons.
Notre gouvernement réinvestira dans le réseau de la santé et des services
sociaux, comme nous nous y sommes engagés. Ces réinvestissements nous
permettront d’augmenter les effectifs, mais aussi de renouveler les
équipements et d’augmenter les services. Dans cinq ans, notre système de
santé sera en forme, et la population du Québec sera en meilleure santé,
grâce à un accroissement des efforts de prévention. Nous exigerons aussi
que le gouvernement fédéral assume sa part de responsabilité dans le
financement du système de santé. La Loi canadienne sur la santé n’a de
sens que si le gouvernement qui la prescrit s’assure que ses partenaires
ont les ressources suffisantes pour la respecter. Nous serons de toutes
les batailles sur cette question.
Je veux d’autre part confirmer, en cette occasion et devant vous tous, un
engagement personnel : nous trouverons, dès le prochain budget, les
ressources nécessaires pour mettre en place des services de stimulation
précoce destinés aux enfants autistes du Québec.
Finally our government will assure that the letter and the spirit of Bill
142, which guaranties access to health care and social services to the
English-speaking population in their language, are respected.
L’ÉDUCATION : POUR QUE LES JEUNES DÉCROCHENT LEURS RÊVES
Monsieur le Président, notre gouvernement fera aussi de l’éducation une
priorité de tous les jours. La connaissance est le germe de notre
croissance. Il faut la semer, la faire grandir et la faire fleurir pour
récolter chaque année les fruits du progrès et du développement. Nous
allons favoriser l’autonomie des différents partenaires au sein du monde
de l’éducation, autant chez les directions d’établissement que dans les
commissions scolaires. Nous allons donner plus de latitude aux enseignants
pour qu’ils expriment plus librement leur passion pour leur métier et pour
notre jeunesse.
J’ai dit que notre gouvernement serait au service des citoyens. Cela
inclut nos enfants et leurs parents. Nous allons investir dans
l’accompagnement et dans l’encadrement des élèves en difficulté. Nous
allons intervenir dès le primaire afin de prévenir le décrochage scolaire.
Nous allons augmenter d’une heure et demie la durée de la semaine de
classe au primaire, développer l’aide aux devoirs et introduire
l’enseignement de l’anglais dès la première année. Les Québécois sont
prêts pour cela. Il n’y a pas de contradiction, Monsieur le Président,
entre promouvoir la pleine maîtrise du français et favoriser
l’apprentissage d’une deuxième ou d’une troisième langue.
Nous allons ouvrir les écoles secondaires au mentorat. Nos adolescents ont
besoin d’encadrement, mais ils ont aussi besoin de modèles de réussite. Je
dis aujourd’hui aux Québécois qui ont du temps à donner, notamment aux
jeunes retraités, qu’il y a des jeunes dans nos écoles qui veulent se
faire parler d’une vie réussie. La réussite de nos enfants et la lutte au
décrochage scolaire ne sont pas seulement l’affaire du monde scolaire.
C’est l’affaire de tous les Québécois.
Nous investirons dans la formation professionnelle et technique, afin
d’augmenter les débouchés pour nos jeunes et d’aider nos entreprises à
faire face aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée.
Nous soutiendrons les cégeps et les universités, tout spécialement en
région.
Nous appuierons aussi les chercheurs universitaires. Nous mettrons en
place les conditions qui favoriseront le transfert des connaissances, dans
les grands centres comme dans les régions. Le haut savoir doit être mis à
contribution pour appuyer toutes les régions du Québec.
Nous aurons également dès cette année, avec tous les partenaires
concernés, un grand débat sur la qualité, l’accessibilité et le
financement de l’enseignement universitaire. C’est un enjeu stratégique de
première importance pour le Québec.
Dans cinq ans, le taux de décrochage scolaire aura diminué. Nos écoles
secondaires seront des milieux d’enseignement plus ouverts, où nos
adolescents auront accès à des modèles de réussite. Ils se sentiront mieux
appuyés. Nous aurons augmenté le nombre de diplômés des formations
professionnelle et technique. Et nos universités entreverront l’avenir
avec enthousiasme.
L’ÉCONOMIE : ÊTRE PLUS PROSPÈRES
Monsieur le Président, les Québécois ne veulent plus se faire dire encore
longtemps qu’ils sont les citoyens les plus taxés du continent. Je les ai
entendus. Cela achève.
Nos orientations économiques sont claires. Nous allons baisser les impôts
de tous les Québécois dès l’exercice financier 2004-2005, comme le stipule
notre cadre financier. En cinq ans, nous visons à réduire l’impôt des
particuliers d’une moyenne de 27 %. Dans la distribution des baisses
d’impôt, nous allons privilégier les familles avec enfants et la classe
moyenne.
Nous ne baisserons pas les impôts pour le seul plaisir que cela procure.
Nous les baisserons parce que c’est nécessaire. Notre fardeau fiscal est
un obstacle. C’est le meilleur incitatif pour que nos gens parmi les plus
brillants aillent gagner leur vie ailleurs. C’est aussi le meilleur
incitatif pour que les gens parmi les plus brillants d’ailleurs ne
viennent pas gagner leur vie ici. Dans le monde concurrentiel dans lequel
nous évoluons, la concurrence fiscale est aussi un enjeu.
De façon plus générale, notre action économique visera à laisser
s’exprimer le plus librement possible les forces vives de la croissance;
je pense à nos PME et à nos entrepreneurs. Pour les aider, nous allons
commencer par arrêter de leur nuire. Nous allons réduire les taxes qui
nuisent à l’investissement, comme la taxe sur le capital, que nous
abolirons graduellement au cours de ce mandat pour les PME.
Nous allons notamment amender la Loi sur la formation de la main-d’œuvre
afin d’éliminer un de ses effets pervers. Cette loi est ainsi faite
qu’elle amène les PME à assumer le coût de la formation dans les grandes
entreprises.
Nous allons également revoir l’ensemble des programmes d’aide, de crédits
d’impôt et de subventions de toutes sortes qui sont ruineux, qui
compliquent la vie des entreprises et qui ne participent pas à notre
croissance.
Quebec provides four times more business subsidies than Ontario — more
than all Canadian provinces put together. Yet we receive only 17.7% of
private investments – less than our share of the Canadian economy. We
believe that investors are not looking for government handouts. They want
a profitable and growth-oriented place to invest. Our job is to create an
environment in Quebec that encourages business.
C’est dans cette perspective que j’ai donné instruction au ministre du
Développement économique et régional de revoir les mandats de la SGF,
d’Investissement Québec, de la Financière du Québec et des sociétés
Innovatech. Nous voulons que leur action soit davantage ciblée sur le
soutien à la PME. Ces sociétés d’État devront par ailleurs procurer aux
Québécois un retour sur leur investissement. L’avenir économique du
Québec, ce n’est pas le dirigisme d’État, c’est l’entrepreneurship. Nous
le stimulerons.
En contrepartie de cet abandon de subventions et de crédits d’impôt, nous
allons mieux soutenir l’innovation et la recherche et développement. Nous
viserons notamment à augmenter le bassin d’ingénieurs, de techniciens et
de scientifiques, et à mieux soutenir la recherche fondamentale et
appliquée.
Nous allons aussi faciliter la vie quotidienne des entreprises. Nous
allons alléger et simplifier la réglementation. C’est un fouillis qui
empoisonne la vie des entrepreneurs et qui ne sert ni l’intérêt des
citoyens ni l’intérêt des entreprises. Nous allons nous donner un
mécanisme qui entraînera une révision obligatoire de toute nouvelle
réglementation après une période de cinq ans. De cette façon, nous allons
éviter de recréer le problème que nous voulons régler. Nous allons aussi
revoir les lois du travail afin qu’elles reflètent mieux la réalité des
employeurs et des travailleurs d’aujourd’hui. Nous allons notamment
réviser l’article 45 du Code du travail afin de faciliter le recours à la
sous-traitance.
Dans cinq ans, les Québécois ne seront plus les citoyens les plus taxés du
continent. Le Québec aura une croissance durable qui s’appuiera sur ses
forces réelles, et non sur un interventionnisme d’une autre époque. Notre
économie sera pleinement concurrentielle. Nous aurons également amélioré
la gouvernance des outils économiques dont nous disposons. Les résultats
de la Caisse de dépôt et placement du Québec constituent pour nous une
préoccupation très sérieuse. Nous allons évaluer la mission, le mandat et
la gouvernance de la Caisse, afin que nous ne revivions plus jamais les
pertes et les écarts que nous avons vécus au cours des dernières années.
L’État se repositionnera face à l’activité économique. Plutôt que de
chercher à se substituer aux entreprises, il investira dans les citoyens.
Parallèlement à des investissements accrus en formation professionnelle et
technique, nous allons consacrer des investissements sans précédent afin
d’accompagner ceux qui ont besoin d’aide pour intégrer le marché du
travail et sortir de la pauvreté. Nous allons attendre des efforts de ceux
qui sont en mesure d’en fournir et nous allons valoriser leurs efforts. Il
sera toujours plus payant de travailler que de ne pas travailler. Nous
allons revoir l’ensemble des programmes d’incitation au travail et de
soutien au revenu afin de véritablement ouvrir les portes d’une vie
meilleure aux travailleurs à faible revenu et aux prestataires de l’aide
sociale.
Le Québec a besoin de l’effort de tous ceux qui sont en mesure d’en
fournir. En quatre ans, le Québec devra pourvoir aux 640 000 postes
laissés vacants par des départs à la retraite ou créés par la croissance
de notre économie. C’est un des défis les plus importants auxquels nous
faisons face.
Nous voulons la participation du plus grand nombre possible. Nous avons
besoin des idées et des talents de tous les Québécois. Nous voulons
notamment une plus grande participation des personnes handicapées.
Vingt-cinq ans après la création de l’Office des personnes handicapées du
Québec, nous allons améliorer la loi qui assure le respect des droits de
ces personnes, conformément à notre engagement. Nous allons aussi réviser
les programmes destinés à ces personnes. Nous allons les seconder plus
activement dans la conquête de leur autonomie et dans leur pleine
contribution à notre devenir. Nous serons par ailleurs solidaires de nos
concitoyens inaptes au travail. Nous améliorerons leurs conditions de vie.
Notre gouvernement sera aussi un gouvernement de compassion.
LES RÉGIONS : VERS L’AUTONOMIE
Le Québec, ce sont aussi les régions. Elles sont au cœur de notre
identité; elles sont aussi au cœur de notre mission. Les citoyens des
régions du Québec seront parmi les premiers bénéficiaires de la
réingénierie de l’État québécois. La réorganisation de l’État fera entrer
le gouvernement du Québec dans l’époque des partenariats et de la
confiance réciproque. Nous ferons confiance aux citoyens des régions.
Nous allons conclure avec chacune des régions du Québec des ententes de
partenariat. En vertu de ces ententes, les régions assumeront des pouvoirs
et des responsabilités en fonction de leur volonté et de leur capacité de
les assumer. Ces responsabilités et les ressources afférentes seront
administrées par les élus des régions. Ils rendront compte à l’Assemblée
nationale de l’utilisation de l’argent public. Ils auront la marge de
manœuvre nécessaire pour travailler, en fonction de leurs priorités
propres, au développement de leur région. Nous ferons confiance aux
régions du Québec. Nous opterons pour le « sur mesure » plutôt que le mur
à mur. Nous croyons en l’autonomie régionale. Nous croyons que
l’attachement des gens des régions à leur coin de pays et leur désir de
voir leurs enfants grandir près d’eux sont des moteurs d’initiatives. Cet
esprit d’initiative rayonnera.
Dans cinq ans, les régions du Québec auront développé des créneaux
d’excellence, créateurs d’emplois et de richesse. Les citoyens des régions
seront fiers d’avoir su générer leur prospérité. Tout en confiant aux
régions du Québec le pouvoir de prendre en main leur avenir, nous leur
disons que nous assumerons nos responsabilités en région. Le gouvernement
développera des services de santé en région et soutiendra les maisons
d’enseignement, de l’école primaire à l’université.
Nous allons aussi favoriser l’occupation du territoire. Nous développerons
des incitatifs pour que les jeunes qui sont partis reviennent en région et
pour que les nouveaux arrivants découvrent les beautés de nos campagnes.
Nous allons contribuer au développement du tourisme en région. Nous allons
notamment faire que les grands événements de nos villes participent à la
promotion des attraits des régions.
Nous allons aussi brancher les régions. Avant la fin de ce mandat, des
connexions Internet à haute vitesse seront disponibles dans toutes les
régions du Québec. L’économie du savoir n’est pas incompatible avec
l’économie du terroir.
Nous investirons également dans les infrastructures de transport en
région. Une économie forte doit reposer sur des infrastructures de
transport adéquates. La croissance du Québec dépend de l’exportation. Le
Québec doit se donner les moyens de livrer la marchandise. Le secteur des
transports, en région comme partout ailleurs au Québec, a été victime de
l’incapacité de l’État à cibler ses actions. La réorganisation de l’État
nous aidera à dégager des ressources pour le développement des
infrastructures en général et des infrastructures de transport en
particulier.
Nous favoriserons l’interconnexion des modes de transport, ce qu’on
appelle l’intermodalité, afin d’optimiser nos infrastructures existantes.
Nous recourrons, lorsque ce sera souhaitable, aux partenariats
public-privé afin d’accélérer la réalisation de travaux. Le Québec aura
notamment une voie de contournement à sa métropole.
Les régions du Québec, c’est aussi la ruralité, nos champs, nos forêts et
nos cours d’eau. Notre gouvernement accompagnera les producteurs agricoles
dans l’adoption de pratiques respectueuses de l’environnement. Nous
favoriserons le développement d’une agriculture diversifiée. De concert
avec tout le secteur bioalimentaire, nous répondrons aux enjeux nouveaux
liés à la sécurité alimentaire.
Dans le domaine des pêches, notre gouvernement soutiendra les entreprises
et les individus confrontés au difficile problème de la diminution des
ressources. Nous veillerons à ce que la même chose ne se produise pas avec
l’industrie forestière. Nous instituerons une enquête scientifique
indépendante sur la gestion de la forêt publique. Cette enquête visera
tout autant à protéger notre patrimoine forestier qu’à assurer le maintien
de la productivité de cette ressource et des emplois qui y sont reliés. Le
gouvernement consacrera des efforts soutenus pour accompagner l’industrie
forestière et soutenir les travailleurs et les communautés concernés par
le contentieux sur le bois d’œuvre. Nous collaborerons avec le
gouvernement fédéral et nous ferons les représentations requises.
Dans les jours suivant mon élection, j’ai d’ailleurs eu l’occasion
d’aborder ce dossier directement avec le secrétaire d’État américain, M.
Collin Powell, lors de mon passage à New York. Par la suite, j’ai eu
l’occasion de recevoir l’ambassadeur américain à mon bureau de l’Assemblée
nationale pour une session de travail qui a porté en bonne partie sur ce
dossier. Nous sommes à la recherche d’une solution durable et permanente.
En matière d’énergie, nous allons accélérer la mise en œuvre de projets
hydroélectriques actuellement à l’étude. Nous agirons dans le plus grand
respect des communautés locales. Elles seront associées à la réalisation
des projets. L’hydroélectricité demeure plus que jamais une solution
d’avenir pour le Québec. Nous développerons notre potentiel énergétique,
mais nous remettrons aussi de l’avant les programmes d’efficacité
énergétique.
Nous agirons de façon responsable afin d’éviter que le Québec ne se
retrouve en déficit énergétique en 2006. Nous développerons aussi d’autres
formes d’énergie renouvelable. Nous poursuivrons, par ailleurs, les
démarches entreprises en vue de l’exploitation des ressources gazières du
golfe du Saint-Laurent.
Le Québec est l’une des économies modernes qui dépend le plus de son
patrimoine naturel pour assurer sa croissance. Nous allons le préserver.
Nous affirmerons l’engagement du Québec dans le développement durable,
avec l’adoption d’un véritable plan vert qui conciliera les impératifs de
croissance économique et ceux de la sauvegarde de notre patrimoine naturel
et environnemental.
LA FAMILLE : UNE CONCEPTION DU RÔLE DE L’ÉTAT
Monsieur le Président, dans notre programme politique, nous avons
clairement indiqué que la famille constituait une de nos priorités. Pour
nous, le soutien à la famille ne tient pas en quelques mesures, il tient
dans une façon de concevoir le rôle de l’État.
Les familles bénéficieront de notre action. Elles seront privilégiées dans
la distribution des réductions d’impôt. Leur vie sera facilitée par
l’amélioration des services de santé. L’accompagnement des élèves en
difficulté et l’introduction de l’aide aux devoirs dans les écoles du
Québec contribueront directement à faciliter leur quotidien.
Nous encouragerons l’adoption, par les entreprises, de toutes les mesures
susceptibles de favoriser la conciliation travail-famille. Je dis
aujourd’hui aux dirigeants d’entreprises que, dans un contexte de pénurie
de main-d’œuvre qualifiée, il est dans votre intérêt et dans celui de
votre organisation d’être à l’écoute de vos employés qui sont aussi des
parents.
Nous poursuivrons le développement des places en garderie. Par ailleurs,
le système, dans son état actuel, ne répond pas aux besoins. Il manque au
moins 33 000 places. Nous allons revoir les bases de financement. Nous
protégerons les garderies à cinq dollars par jour pour le plus de gens
possible, mais nous voulons d’abord que tous les parents aient une place
pour leurs enfants. Un gouvernement qui met en place un programme qu’il
sait ne pas être en mesure de financer ne répond pas aux besoins des
citoyens. Il nourrit le cynisme et la frustration. Nous répondrons aux
besoins des parents. Nous aurons une approche basée sur l’efficacité,
étant conscients que les besoins des parents sont variables et que l’offre
de service doit être variée.
Notre soutien à la famille consistera aussi à reconnaître la contribution
des aidants naturels : celles et ceux qui hébergent un parent âgé ou en
perte d’autonomie. Nous allons compenser leurs efforts et les remercier de
leur compassion.
Nous allons par ailleurs nous attaquer aux problèmes de logement dont les
familles sont les premières victimes. Je confirme aujourd’hui l’engagement
pris par notre formation politique : nous devancerons l’échéancier de
construction de 13 000 nouveaux logements sociaux. Tout sera complété en
2007.
On ne saurait par ailleurs parler d’aide à la famille sans parler d’aide
aux femmes qui en sont encore aujourd’hui les piliers. Nous ferons en
sorte que les conditions de vie des femmes s’améliorent. Nous aiderons les
femmes chefs de famille monoparentale à améliorer leurs revenus. Nous leur
accorderons une importance toute particulière dans notre plan
d’intégration du marché du travail. Elles font face à des responsabilités
énormes. Nous les aiderons.
Monsieur le Président, s’il est un fléau particulièrement odieux dans
notre société, c’est celui de la violence conjugale. Nous ferons tout pour
l’enrayer. Au cours de la campagne électorale, je me suis engagé à
répondre aux besoins exprimés par les maisons d’hébergement pour femmes
victimes de violence. Je confirme cet engagement. Nous allons protéger les
femmes et leurs enfants. Nous allons aussi consacrer des efforts afin de
briser le cercle vicieux de la violence. Nous allons miser sur la
prévention, le dépistage, la sensibilisation et la formation.
Dans l’esprit de notre soutien à la famille, je tiens par ailleurs à dire
aux jeunes Québécois que les dossiers jeunesse sont maintenant sur le
bureau du premier ministre. J’en fais une préoccupation personnelle. Les
jeunes ont conscience des enjeux et des considérations universelles, ce
qui est pour moi une inspiration. Nos jeunes croient dans la liberté, dans
l’environnement, dans la diversité culturelle. Ce sont des jeunes qui ont
obtenu que les négociations sur la mondialisation intègrent des enjeux
relatifs à la protection de l’environnement et à la protection des
travailleurs. Je suis très optimiste pour notre jeunesse.
Nous soutiendrons des projets d’éducation, d’accès au travail,
d’amélioration de la santé, et nous accroîtrons leur implication dans les
communautés. Nous avons besoin des idéaux de la jeunesse.
LA DÉMOCRATIE : AU-DELÀ DES PRINCIPES
Le respect des citoyens et de la démocratie est une autre préoccupation
qui transcende les grands dossiers et qui imprègnera l’ensemble de nos
décisions. La démocratie n’est pas une option de notre véhicule collectif.
Ce n’est pas un toit ouvrant dont on se sert lorsqu’il fait beau et que
l’on referme lorsqu’il pleut. Nous respecterons la démocratie beau temps,
mauvais temps.
Notre gouvernement a le mandat de réorganiser l’État et nous le ferons. Le
gouvernement qui nous a précédés n’avait pas le mandat de forcer des
fusions municipales qui ont touché plus de 75 % des citoyens du Québec.
Dans ce dossier précis, il a franchi la ligne au-delà de laquelle le juste
leadership devient autoritarisme. Je redis ici devant vous tous que je
souhaite la réussite des nouvelles villes, mais je redis aussi que les
citoyens qui désirent s’exprimer sur l’organisation de leur communauté
pourront le faire.
Le ministre des Affaires municipales présentera dans quelques jours un
projet de loi-cadre conforme à la position que nous défendons depuis
octobre 2000. Ce projet de loi affirmera par ailleurs le principe de la «
fiscalité d’agglomération ». Tous les citoyens du Québec paieront leur
juste part.
Notre gouvernement, avec son plan pour réorganiser l’État et décentraliser
les pouvoirs, sera un allié de tous les jours du monde municipal, de notre
capitale nationale et de notre métropole. Nous procéderons à une
actualisation du pacte fiscal entre le gouvernement et les municipalités.
Nous allons travailler à diversifier les sources de revenus des
municipalités et des MRC. Nous allons aussi leur donner les moyens pour
qu’elles puissent mieux contrôler leurs dépenses.
Notre attachement aux principes démocratiques nous amènera par ailleurs à
présenter, au printemps 2004, un projet global de réforme des institutions
démocratiques. Nous modifierons notamment le mode de scrutin afin que la
distribution des sièges dans cette Assemblée reflète plus fidèlement les
suffrages exprimés. Nous réviserons la Loi électorale afin de favoriser
l’exercice du droit de vote.
Nous voulons que chaque citoyen du Québec se sache investi du pouvoir de
changer les choses et se sente encouragé à exercer son droit d’être
entendu. Je veux que ce soit vrai lors des scrutins, mais je veux aussi
que ce soit vrai au quotidien. Et il y a des moyens pour cela.
Monsieur le Président, nous utiliserons les moyens technologiques
d’aujourd’hui en appui à la vitalité de notre démocratie. Un des projets
corollaires à la réingénierie de l’État est la création d’un gouvernement
en ligne qui rendra aux citoyens tous les services applicables par
Internet, plus efficacement et à meilleur coût. Ce gouvernement en ligne
permettra aussi de consulter les citoyens, autant sur les politiques
publiques que sur leur satisfaction à l’endroit des services rendus par
l’État.
Nous allons faire de notre démocratie, qui est l’une des plus vieilles du
monde, l’une des plus avant-gardistes du monde. Et je voudrais aussi,
Monsieur le Président, que l’État québécois, par ses effectifs, soit le
plus juste reflet possible de la diversité de notre société. Les Québécois
aiment se voir comme une société ouverte, accueillante et tolérante. Cette
image qu’ils se font d’eux-mêmes n’est pas surfaite. Nous sommes tout
cela.
Au cours des dix prochaines années, 44 % des employés de l’État prendront
leur retraite. Si ce contexte nous fournit une occasion historique de
réduire la taille de notre État en ne brusquant personne, il nous place
aussi dans la situation de devoir préparer une relève importante.
Les communautés culturelles, les Autochtones ainsi que les anglophones du
Québec doivent être représentés à tous les niveaux de l’État québécois.
Nous allons favoriser leur représentativité.
Notre gouvernement répondra par ailleurs favorablement à une demande des
représentants des communautés culturelles. Nous confierons à des
organismes communautaires, issus des différentes communautés culturelles,
l’accueil des nouveaux arrivants. Nos nouveaux concitoyens auront ainsi
pour guide, dans la découverte de notre société, des gens plus sensibles à
leur réalité.
C’est aussi dans un esprit de saine démocratie que nous nous engagerons
dans la réforme des tribunaux administratifs. Le sentiment de justice est
étroitement lié au concept de démocratie. Nous réformerons les tribunaux
administratifs de façon que les décisions soient rendues plus rapidement.
La justice doit être accessible. Si elle ne l’est pas, elle perd son nom.
LES INTÉRÊTS DU QUÉBEC : NOTRE DIPLOMATIE
Monsieur le Président, à chaque heure de chaque jour, dans tous les
dossiers que nous traiterons, dans toutes les discussions que nous aurons,
dans tous les lieux où nous serons, nous serons les représentants du
peuple du Québec. Nous défendrons les intérêts du Québec. Nous exigerons
le respect de nos compétences. Nous ferons la promotion de notre
autonomie.
L’affirmation du Québec passera par le soutien à notre culture. Notre
gouvernement s’inscrira dans la tradition des gouvernements libéraux. Ils
ont doté le Québec de ses principaux outils destinés au rayonnement de sa
culture, comme la SODEC ou la Loi sur le statut de l’artiste. Nous
aiderons notamment nos artistes à nous alimenter de l’énergie vitale de la
création. Nous leur permettrons de mieux vivre de leur art. Nous allons
proclamer notre culture en sachant qu’elle fait partie de nos forces, et
non nous limiter à la protéger comme si elle faisait partie de nos
faiblesses. Nous ferons de notre culture un tremplin capable de nous
propulser.
L’affirmation du Québec passera aussi par le plein exercice de notre
diplomatie. D’abord, notre diplomatie intérieure. Nous établirons, avec
les nations autochtones du Québec, des relations basées sur le respect
réciproque, la bonne entente et le désir de grandir ensemble. L’harmonie
entre les Québécois et les nations autochtones est essentielle au
développement du Québec, et plus spécifiquement du Nord du Québec.
Avec nos partenaires canadiens, le premier dossier à l’ordre du jour sera
la question du déséquilibre fiscal. Le déséquilibre fiscal est une réalité
reconnue par tous les partis de cette Assemblée et partagée par toutes les
provinces canadiennes.
Notre gouvernement redonnera au Québec son rôle de leader au sein de la
fédération canadienne. Nous proposerons d’établir à Québec un bureau de
négociations du déséquilibre fiscal. Nous proposerons aussi l’instauration
d’un conseil de la fédération : un lieu permanent d’échanges et de
concertation entre le Québec et ses partenaires. Nous offrons la
coopération à nos partenaires canadiens en sachant qu’elle demande
davantage d’efforts que la confrontation.
Notre gouvernement se rangera aussi aux côtés des communautés acadiennes
et francophones hors Québec que le gouvernement précédent a, pour ainsi
dire, ignorées. Le Québec a une responsabilité face à ces communautés.
Nous établirons un centre de la Francophonie dans les Amériques afin de
resserrer les liens entre les communautés francophones de ce continent.
Le Québec exercera aussi sa diplomatie internationale. C’est un
gouvernement libéral qui a donné au Québec son élan international. Nous
lui donnerons un nouvel élan. Parce que c’est dans notre intérêt.
Lors de la visite toute récente du premier ministre de la République
française, M. Jean-Pierre Raffarin, nous avons convenu que le Québec et la
France s’associeraient dans la lutte pour la diversité culturelle. Dans ce
dossier, le Québec, du seul fait de son épanouissement en Amérique du
Nord, peut jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale.
Autre avancée dans les relations bilatérales franco-québécoises, nous
avons convenu d’initier des missions commerciales conjointes dans des
marchés étrangers. Le Québec jouera également son rôle de charnière
culturelle et économique entre l’Europe et les États-Unis. Les États-Unis,
tout particulièrement les États de la Nouvelle-Angleterre, sont de loin le
principal partenaire commercial du Québec. Dès la semaine suivant notre
élection, j’ai tenu à me rendre à New York afin de réitérer l’amitié du
peuple du Québec pour le peuple des États-Unis et ouvrir des discussions
sur les dossiers qui nous préoccupent.
LE TEMPS ET SA NÉCESSITÉ
Monsieur le Président, nous convions aujourd’hui les Québécois à un grand
renouveau de notre société. Dans cinq ans, notre système de santé sera
redevenu l’un des meilleurs du monde, Nous aurons gagné des batailles
contre le décrochage scolaire. Nos jeunes, mieux appuyés, se sentiront
capables de décrocher leurs rêves.
Notre économie connaîtra une croissance durable. Elle reposera sur les
forces intrinsèques du Québec, et non plus sur des artifices coûteux.
Les Québécois seront plus prospères, plus libres. Les régions du Québec
connaîtront un dynamisme nouveau. Les citoyens des régions en auront été
les fiers instigateurs.
Dans cinq ans, le Québec sera plus solide. Il sera appuyé par un État
transparent, qui sera parvenu à concentrer ses ressources dans ses
missions essentielles pour répondre efficacement aux besoins des citoyens.
Cet État croira dans la primauté des libertés individuelles. Il croira que
la réussite du Québec ne réside pas dans ses structures, mais en chacun de
nous. C’est cette réussite individuelle qui permettra une meilleure
répartition de la richesse et une plus grande justice sociale. Au cœur de
cet État, se trouveront les employés de l’État. Ils auront été les maîtres
d’œuvre de son renouveau. Ils seront source de fierté pour leurs
concitoyens.
Notre équipe a la compétence, la détermination et la passion du Québec
pour mener son plan à terme. J’en appelle maintenant à l’engagement de
tous les citoyens du Québec. C’est avec eux et pour chacun d’eux que nous
allons renouveler le fonctionnement du Québec. C’est avec eux et pour
chacun d’eux que nous allons prendre les décisions nécessaires. Elles
seront tournées vers l’avenir plutôt qu’inspirées du passé.
Monsieur le Président, il y a 40 ans, un gouvernement issu de notre
formation politique a placé le Québec sur la voie de la modernité. Les
membres de ce gouvernement étaient réunis par un enthousiasme et une
conviction inébranlables. Ils avaient la certitude, jusqu’au plus profond
de leur âme, d’inaugurer quelque chose de grand, d’être choisis par le
temps et sa nécessité pour amener le Québec plus loin. Ce même sentiment
anime aujourd’hui mon équipe et moi-même.
J’invite aujourd’hui les députés de cette Assemblée à travailler ensemble
et à s’inscrire dans le sens de l’histoire du Québec.
[Charest=20030713]
Mesdames, Messieurs,
Chers athlètes du monde,
Ce fut une très grande fierté pour le Québec, la région de Sherbrooke et
les gens de ce pays d’accueillir, au cours des derniers jours, l’élite
jeunesse de l’athlétisme mondial. Nous nous souviendrons de vous.
Ce stade, auquel vous avez donné vie, témoignera à jamais de votre
passage. Pour tous les jeunes de chez nous qui l’animeront à leur tour au
cours des prochaines années, vous aurez été un exemple. Et c’est avec, en
mémoire, les applaudissements que vous avez fait jaillir qu’ils
s’élanceront, eux aussi, à la conquête de l’excellence et du dépassement.
Nous avons bâti un stade pour vous accueillir. Et vous l’avez meublé de
nos plus beaux souvenirs. Vous nous avez aussi baigné d’un idéal, celui
d’un monde de paix et de fraternité. Sherbrooke ne vous oubliera pas.
Pour nous tous, votre passage parmi nous restera gravé comme un moment
d’espoir, où le monde nous sera apparu sous son meilleur jour. Mais, pour
les 2 000 bénévoles qui ont été l’âme de ces championnats, les souvenirs
seront beaucoup plus intimes. Ils seront faits de sourires et de
conversations inédites entre des gens séparés par des océans ou des
montagnes, mais réunis par l’amour du sport.
C’est une communauté qui s’est mobilisée pour cet événement grandiose. À
tous ceux et celles qui ont rendu cet événement possible, je veux rendre
hommage. Vous avez signé un événement qui nous aura fait grandir. Vous
avez aussi semé dans le cœur et l’esprit de centaines de jeunes de tous
les continents des images et des sentiments qui transformeront leur vision
du monde.
Pour les 1 400 jeunes qui ont participé à ces championnats, Sherbrooke
sera toujours synonyme de joie. Qu’ils y aient connu la victoire ou la
défaite, ils y auront trouvé l’amitié et la découverte.
Je rends hommage à vous tous, à tous les athlètes, à tous leurs
accompagnateurs, à tous les organisateurs et au sport qui réunit les
peuples et les cultures.
Le Québec vous dit merci, Sherbrooke vous dit au revoir.
Nos pensées se tournent vers le Maroc et les gens de Marrakech, à qui nous
souhaitons une aussi grande joie que la nôtre.
Merci.
[Charest=20030625]
Votre Excellence,
Madame la Vice-Première Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Le Québec rend aujourd’hui hommage à un homme immense. Mon souhait le plus
cher est que cette plaque que nous dévoilons aujourd’hui contribue à
stimuler l’intérêt des Québécois pour la vie, l’œuvre et l’héritage de
Léopold Sédar Senghor.
Poète africain le plus connu hors d’Afrique, il a redonné à la culture
nègre sa noblesse et à l’Afrique noire, sa fierté. Linguiste et
académicien de haut rang, il est membre de l’Académie française.
Il a reçu un doctorat honoris causa de 37 universités de par le monde,
dont les universités Laval et de Montréal.
Farouche défenseur de la dignité africaine et ami de la France, il a
combattu pour la liberté aux côtés des résistants français.
Premier président du Sénégal libre, il a porté sur lui les espoirs de son
peuple et les aspirations d’un continent.
Monsieur le Secrétaire général, nous rendons hommage aujourd’hui à l’un
des piliers de la Francophonie internationale, à l’un de vos compatriotes,
à l’un de vos amis.
Vous avez aimé Léopold Sédar Senghor. Vous avez été son conseiller, son
ministre, son confident. Les mots que vous avez employés pour l’honorer
témoignent à la fois du respect que vous aviez pour lui et de l’ampleur de
sa contribution à l’avancement du Sénégal, de la Francophonie et de
l’Afrique.
Vous me permettrez de me référer à vos propos. Vous l’avez tantôt décrit
comme le « bâtisseur d’empire », le « traceur de chemin », « l’accoucheur
de destin » ou « le guide qui vous prenait par la main pour vous mener
là-haut sur la montagne ».
Sa vie se prête en effet à toutes les paraboles.
Originaire de la minorité Sérère, Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal,
sur la côte, à une centaine de kilomètres de Dakar.
Son combat pour la dignité de l’Afrique a débuté dès sa jeunesse.
Ce jeune Sénégalais, qui débarque à Paris en 1928, découvre ahuri les
publicités paternalistes du chocolatier Banania, dont les affiches
réduisent l’homme Noir à une grossière caricature coloniale. L’étudiant
Senghor se jure alors de déchirer les « rires Banania de tous les murs de
France ». Quelques années plus tard, il devenait le premier Africain reçu
à l’agrégation de grammaire.
Ami de la France et pilier de la Francophonie, Senghor était d’abord et
avant tout Sénégalais et Africain.
Il reste l’un des plus grands représentants de la poésie africaine de ce
siècle. Senghor pense en Sénégalais mais écrit en français. Par la langue,
c’est un poète de la Francophonie; par le rythme et les mots, il est le
chantre de l’Afrique et de la négritude. Il célèbre les mythes et les
figures légendaires de ce continent, de Chakka à la reine de Sabba, du
lion d’Éthiopie au fleuve Congo…
Par son œuvre littéraire, Senghor a fait entrer la culture de l’Afrique
dans la Civilisation de l’Universel. Elle incarne ce que nous appelons
aujourd’hui le dialogue des cultures.
À l’heure où le monde apparaît troublé, secoué de sursauts de violence et
d’intolérance, l’œuvre de Léopold Sédar Senghor, celle de l’écrivain tout
autant que celle de l’homme d’État, émerge comme une invitation à
l’ouverture, à la différence, au métissage des peuples.
Senghor luttait contre « ces somnambules qui ont renié leur identité
d’homme ». Il a fait appel, tout au long de sa vie, à l’irremplaçable
singularité de chaque peuple et de chacune des civilisations. Au choc
barbare des civilisations, Senghor oppose la Civilisation de l’Universel,
fruit d’un humanisme métissé.
Dans ses Mémoires, Charles de Gaulle décrivait ainsi l’illustre président
du Sénégal: « Ouvert à tous les arts et, d’abord, à celui de la politique,
aussi fier de sa négritude que de sa culture française et qui gouverne
avec constance le remuant Sénégal. »
Le militant de la « négritude » aura aussi été le porte-drapeau de la
Francophonie. « Il s’agit, écrira Senghor quelques années avant sa mort,
pour chaque continent, pour chaque peuple, de s’enraciner profondément
dans les valeurs de sa civilisation originaire pour s’ouvrir aux valeurs
fécondantes de la civilisation française, mais aussi des autres
civilisations, complémentaires, de la Francophonie. »
La Francophonie de Senghor, c’est-à-dire la nôtre, c’est donc un espace
pluriel et solidaire. C’est une mondialisation, portée par une culture à
la fois commune et multiple.
Monsieur le Secrétaire général, Léopold Sédar Senghor a contribué à forger
votre destin.
« Si je lui dois beaucoup c’est parce qu’il m’a tout donné », avez-vous
déclaré un jour.
Dès votre retour de l’École nationale de la France d’outre-mer, vous
croisez le chemin du président Senghor.
En 1963, vous devenez directeur de cabinet du président; en 1964 vous êtes
nommé secrétaire général de la présidence de la République du Sénégal et
ministre du Plan et de l’Industrie, de 1968 à 1970. En février 1970, vous
êtes désigné premier ministre par le président Senghor.
Pendant dix-sept ans, il vous aura préparé à occuper les plus hautes
fonctions de la République du Sénégal, que vous occuperez à partir du 1er
janvier 1981, à la suite de sa démission.
Léopold Sédar Senghor est décédé le 20 décembre 2001, dans sa maison de
Verson, en Normandie.
En rendant hommage à Léopold Sédar Senghor, c’est aussi à vous, son
compagnon d’armes, je dirais « son compagnon d’âme », que le Québec rend
hommage. C’est le Sénégal que nous saluons. C’est la négritude que nous
applaudissons. C’est la francophonie que nous célébrons.
Monsieur le Secrétaire général, le gouvernement du Québec, par le
dévoilement de cette plaque, honore la mémoire de Léopold Sédar Senghor et
invite les Québécois à découvrir le formidable héritage du « traceur de
chemin » du Sénégal.
[Charest=20030702]
Madame la Présidente,
J’ai le plaisir d’entamer avec vous l’étude des crédits budgétaires
2003-2004 qui ont été présentés à l’Assemblée nationale au lendemain du
dépôt du budget de notre gouvernement.
Au cours des prochains jours, quatre commissions siégeront simultanément.
Elles permettront aux élus qui en sont membres de débattre de ces crédits
pendant les 200 heures prévues à nos règlements.
C’est un exercice démocratique et parlementaire de grande importance
puisqu’il permet aux représentants du peuple du Québec d’examiner la façon
dont sont réparties les dépenses gouvernementales entre les ministères et
les programmes.
Il est particulier, c’est vrai, que cet exercice se tienne à cette période
de l’année. Cette situation est due au fait que les élections générales
ont eu lieu le 14 avril dernier. Le nouveau gouvernement a déposé son
budget le 12 juin et cela nous mène donc aujourd’hui à l’étude des
crédits.
Madame la Présidente, aujourd’hui, je répondrai avec plaisir à des
questions d’ordre général sur l’ensemble des crédits dévoilés par la
présidente du Conseil du trésor et, de façon plus spécifique, aux
questions relatives aux crédits du ministère du Conseil exécutif, dont je
suis le titulaire.
Ce débat sur les crédits devient donc en quelque sorte l’épilogue de la
dernière saison politique. Afin de mettre cette discussion en perspective,
je vous propose un bref retour sur les événements.
Le 14 avril dernier, les Québécois ont posé un geste d’avenir et d’espoir.
Ils ont clairement exprimé leur volonté de changer les choses au Québec.
Les Québécois ont voté avec enthousiasme pour un virage dont ils
saisissaient parfaitement la teneur, la nécessité et le potentiel.
Les Québécois ont décidé de changer les choses pour solidifier les assises
de notre croissance et pour que nous puissions relever tous ensemble les
défis de notre époque, comme le financement de notre système de santé.
Les membres de notre équipe et moi-même avons passé les cinq dernières
années à parcourir le Québec et à rencontrer les Québécois de tous les
milieux, dans toutes les régions. Nous avons partagé des constats avec les
Québécois. Vous tous ici connaissez ces constats.
L’État québécois a vieilli. Il ne parvient plus à répondre efficacement
aux besoins des citoyens. Notre système de santé a été perpétuellement en
crise sous l’administration précédente. Nos écoles sont mal outillées pour
lutter contre le décrochage scolaire. Nos universités ont de la difficulté
à recruter et à retenir des professeurs de haut niveau. Nos
infrastructures se détériorent.
Avant le 14 avril, le Québec était pris dans un cercle vicieux que l’on
peut exprimer ainsi : le gouvernement se préparait à taxer encore
davantage l’économie la plus taxée du continent pour aller chercher des
revenus accrus que notre économie était incapable de générer, précisément
parce qu’elle était trop taxée.
Le 14 avril, les Québécois ont décidé de se sortir de ce cercle vicieux et
d’envisager l’avenir sous un nouveau jour.
Ce jour-là, ils on confié à une nouvelle équipe la mission de recentrer
l’État sur ses missions essentielles afin de concentrer les ressources
humaines et financières dans les domaines qui relèvent véritablement de
l’État. Cet État, qui assume pleinement les responsabilités qui sont les
siennes, laissera à nos entreprises, à nos PME et à nos entrepreneurs la
latitude nécessaire pour générer la croissance et la richesse.
Les Québécois nous ont aussi confié la mission de mettre fin au gaspillage
des fonds publics et de revoir le fonctionnement de l’État québécois pour
qu’il soit mieux adapté à la réalité d’aujourd’hui, aux méthodes
d’aujourd’hui et aux besoins des citoyens d’aujourd’hui.
L’État québécois, tel que nous le connaissons, est directement issu de la
Révolution tranquille. Il a été conçu avant l’informatisation de notre
société, avant la mondialisation, avant le vieillissement de la
population, bref, à une autre époque.
Les Québécois ont adopté la vision d’avenir que nous leur avons proposée
parce qu’elle émane de ce qu’ils sont aujourd’hui. Cette vision, c’est
celle d’un Québec confiant et dynamisé où l’État n’essaie plus de
chaperonner les citoyens en leur disant ce qui est bon pour eux. Il leur
laisse toute la place en leur offrant les services dont ils ont besoin
pour que chacun d’eux puisse s’accomplir pleinement et faire sa part dans
l’accomplissement du Québec.
Nous voulons redonner le Québec aux citoyens du Québec. Nous voulons
mettre le gouvernement au service des enfants du Québec, qui sont notre
avenir, au service de leurs parents, qui sont notre présent, et au service
de nos aînés, qui sont notre expérience et qui ont bâti cette société
unique.
Le travail que nous avons accompli en quelques mois nous place résolument
sur la voie de ce Québec renouvelé et dynamisé jusque dans ses régions.
Je suis très fier de ce que nous avons accompli depuis le 14 avril et je
suis enthousiaste devant les années à venir.
Le 29 avril, j’ai présenté une nouvelle équipe gouvernementale; une équipe
de taille réduite, mais riche en talents et en expérience.
Le 4 juin, dans mon discours inaugural, j’ai présenté notre plan de
gouvernement. Il était directement tiré du projet de gouvernement que nous
avions présenté à la population du Québec, le 12 septembre 2002.
J’ai aussi fait état des principes qui allaient guider notre
administration :
Consacrer l’État à ses missions essentielles;
Améliorer la qualité des services aux citoyens;
Rendre l’administration gouvernementale transparente et efficace;
Décentraliser l’administration, notamment vers les régions.
J’ai aussi annoncé l’enclenchement de six grands travaux qui constitueront
le cœur de la réingénierie de l’État québécois :
Révision des structures de l’État et des programmes gouvernementaux;
Revue des modes d’intervention de l’État dans l’économie;
Réorganisation des services de santé;
Examen des perspectives de décentralisation et de déconcentration;
Recentrage du réseau de l’éducation sur l’élève et l’étudiant;
Simplification et allègement du fardeau fiscal.
Le 12 juin, huit jours après le discours inaugural, le ministre des
Finances a présenté un budget nécessaire. Ce budget permettait de passer
d’un déficit zéro artificiel à un déficit zéro réel. Ce budget a permis de
régler l’impasse de 4,3 milliards de dollars que recelait le budget Marois
du 11 mars 2003. Il a aussi permis de mettre fin à l’astuce péquiste, qui
consistait à pelleter sous le tapis de la dette l’excédent des dépenses
incontrôlées.
Ce budget a aussi et surtout illustré notre volonté de mettre en
application notre plan pour le Québec en affirmant nos priorités
politiques.
Dans le contexte que nous savons, un contexte de réparation et de
rétablissement des finances publiques, nous sommes parvenus à augmenter de
7,2 % le budget de la santé. Nous couvrons les coûts de système et nous
permettons un développement des services partout au Québec.
Nous avons annoncé des investissements récurrents de 240 millions de
dollars par année. Nous avons répondu à l’appel des parents d’enfants
autistes. Nous avons augmenté les ressources accordées aux maisons
d’hébergement pour femmes violentées.
Nous avons aussi accru la marge de manœuvre des décideurs régionaux dans
le réseau de la santé. Ils peuvent dorénavant conclure des partenariats
avec des cliniques privées pour que des interventions mineures y soient
faites sans frais pour les patients.
Nous réinvestissons, mais nous sommes aussi en train d’assouplir le réseau
de la santé et des services sociaux, de rajeunir son fonctionnement. Nous
faisons confiance aux gens en place, à leurs compétences et à leur
dévouement.
À Montréal, par exemple, on a annoncé une augmentation du nombre
d’opérations et une réduction des listes d’attente, notamment en
ophtalmologie et en orthopédie.
Le système de santé québécois se porte déjà mieux.
Dans ce contexte de rétablissement des finances publiques, nous sommes
aussi parvenus à augmenter de 3,6 % le budget de l’éducation. En fait, si
on considère une réaffectation des budgets au sein du ministère de
l’Éducation, c’est 577 millions de dollars de plus qui seront consacrés
aux services éducatifs en 2003-2004.
Moi aussi, j’aurais voulu que ce soit plus, mais nous ne pouvons tout
faire en six semaines. Ce sera plus l’an prochain et ce sera encore plus
l’année suivante.
Nous avons montré que nous avions à cœur l’intérêt des citoyens. Tout en
protégeant les PME, nous avons réduit les subventions et crédits d’impôt
aux entreprises pour privilégier les services à la population, notamment
en ce qui a trait aux services de garde.
Nous avons annoncé la création, d’ici au printemps prochain, de 13 900
places : 6 500 en CPE, 4 400 en milieu familial et 3 000 dans des
garderies privées.
Nous avons pris le parti du citoyen et le parti des parents.
Rappelons-nous que le système en place laissait sur le carreau les parents
de 33 000 enfants. Ce n’était pas un système universel. Un système qui
refuse la flexibilité n’est pas non plus accessible. Un système par lequel
l’État impose SA solution aux parents n’est pas non plus un système
actuel.
Nous allons répondre aux besoins variés des parents par une offre de
services variée.
Le premier budget Séguin a aussi marqué un virage politique, je dirais un
virage de culture politique. Notre gouvernement ne sera pas de ceux qui
promettent des lendemains qui chantent en cachant des décisions qui nous
hantent.
Nous disons la vérité aux Québécois. Nous leur disons que nous allons
bâtir avec chacun d’eux et pour chacun d’eux un Québec plus solide, qui
saura composer avec les défis du siècle nouveau.
Nous leur disons que nous remettons sur pied les finances publiques et que
nous nous préparons à répondre à leurs priorités.
Et les Québécois sont avec nous.
Madame la Présidente, si je nourris une déception à la suite de la session
parlementaire éclair que nous avons vécue, c’est bien celle qui concerne
l’attitude de l’opposition officielle.
L’ex-ministre des Finances, Pauline Marois, projetait elle-même de faire
un ménage d’un milliard de dollars dans les subventions et les crédits
d’impôt aux entreprises.
L’ex-ministre Joseph Facal avait présenté un plan de réorganisation de
l’État qualifié de « lumineux » par le chef de l’opposition officielle,
qui a cependant préféré l’ignorer. Le député de Rousseau et le député de
Gouin étaient parmi les députés du Parti québécois qui reconnaissaient
aussi l’importance de redéployer l’État québécois.
En matière de réduction de l’aide aux entreprises, nous sommes allés moins
loin que le proposait l’ex-ministre des Finances. En ce qui a trait à
l’organisation de l’État, nous allons dans le sens des intentions de
l’ex-ministre Facal.
Quand l’opposition officielle crie à la déconstruction, elle place son
orgueil de gouvernement défait au-dessus des intérêts des citoyens et du
Québec.
L’opposition officielle sait très bien que, même avec les réductions
annoncées aux crédits d’impôt et aux subventions des entreprises, l’État
québécois demeure le plus généreux subventionneur au Canada.
J’en appelle aujourd’hui au sens des responsabilités de l’opposition
officielle en lui demandant de reconnaître la nécessité de l’action
entreprise par notre gouvernement.
J’en appelle aussi au sens commun des centrales syndicales. Je les invite
à se joindre à nous et à tous les Québécois pour bâtir ensemble le Québec
d’aujourd’hui, qui regarde en avant et non en arrière.
Ce ne sont pas les citoyens, les contribuables, les travailleurs, les
parents, qui sont mécontents de notre action. Cette « majorité silencieuse
», pour employer cette expression si chère au député de Rivière-du-Loup,
elle est avec nous.
Ceux qui expriment leur désaccord défendent précisément ce que les
Québécois ont rejeté le 14 avril : un État omnipotent, figé dans une autre
époque.
L’heure n’est pas à la défense des privilèges de quelques-uns, l’heure est
à la redéfinition d’un Québec pour tous les Québécois. L’heure n’est pas à
la division sur la base d’intérêts particuliers, elle est à l’unité du
renouveau.
Les Québécois nous ont donné le mandat de faire un grand pas en avant et
nous le ferons avec eux.
Notre action, depuis le 12 septembre 2002, depuis la présentation de notre
plan de gouvernement, aura été d’une remarquable cohérence.
Nous avons dit ce que nous ferions si nous étions élus pour assurer de
meilleurs services à la population. Et nous faisons ce que nous avons dit
que nous ferions.
C’est vrai pour la santé, c’est vrai pour la réorganisation de l’État,
c’est vrai pour la démocratie municipale.
Nous sommes le gouvernement des citoyens du Québec.
La formation de notre conseil des ministres a honoré notre engagement de
former un gouvernement plus modeste par sa taille.
Le discours inaugural a établi notre projet de gouvernement.
Le budget a paramétré notre action et solidifié les assises financières du
gouvernement.
Les crédits ont établi notre itinéraire des prochains mois. Ces crédits
confirment que notre gouvernement a repris le contrôle des dépenses
publiques en ramenant de 5,6 % à 3,8 % la croissance des dépenses globales
de programme.
Ces crédits témoignent aussi de l’effort consenti par tous les ministères
afin de freiner la croissance des dépenses gouvernementales tout en
préservant et en améliorant la qualité des services aux citoyens.
Les ministres responsables en répondront dans les jours à venir dans les
moindres détails, devant les différentes commissions appelées à siéger.
Pour ma part, je dirai aujourd’hui que, dans cet exercice, le ministère du
Conseil exécutif a tenu à donner l’exemple.
J’ai notamment demandé que des économies soient effectuées pour les
activités qui touchent directement le premier ministre. C’est ainsi que
les crédits affectés à ce poste ont été réduits de 4 % par rapport à
l’exercice 2002-2003. Pour l’ensemble du Ministère, les dépenses de
fonctionnement et de rémunération ont été comprimées de 5,3 millions.
Au total, toutefois, les crédits du ministère du Conseil exécutif
augmentent de façon notable. Cette augmentation s’explique par un
accroissement de 48,1 millions des sommes versées aux Cris par suite de la
Paix des braves, que notre formation politique a toujours soutenue.
Également, le ministère du Conseil exécutif accroît de 5,1 millions de
dollars l’investissement dans la réalisation du Plan d’action jeunesse.
L’harmonie avec les nations autochtones et le soutien à la jeunesse sont
des priorités de notre administration.
Je serai heureux d’en discuter avec vous.
En résumé, Madame la Présidente, je dirai ceci : notre gouvernement est
cohérent. Il agit selon des priorités connues et dans l’intérêt de tous
les citoyens.
En quelques mois, nous avons stabilisé les finances publiques, amélioré
les services de santé, augmenté les ressources en éducation, préservé le
développement des places en garderie et amorcé un travail de fond en vue
du redéploiement de l’État québécois.
Nous ne faisons pas dans la facilité. Nous faisons dans la nécessité. Nous
opérons un virage nécessaire pour conduire le Québec dans une nouvelle
voie de croissance et de développement.
Nous savons que les Québécois sont avec nous et qu’ils comprennent que
nous travaillons dans l’intérêt du plus grand nombre pour bâtir un Québec
plus fort, plus solide et plus prospère.
Les Québécois savent que, dès l’an prochain, ils commenceront à récolter
les fruits du renouvellement de leur État, dont ils sont l’âme et le cœur.
C’est pour eux, pour l’avenir de leurs enfants, pour le progrès de leur
carrière et pour la quiétude de leurs parents âgés que nous agissons avec
détermination et compassion.
Merci.
[Charest=20030814]
Monsieur le Président de l’Association canadienne des conseillers
juridiques d’entreprises,
Distingués invités,
Il me fait plaisir à mon tour de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue
à Montréal et au Québec. Vos délibérations tirent bientôt à leur fin. Je
souhaite ardemment qu’il s’en trouve parmi vous qui prolongeront leur
séjour dans notre métropole ou qui en feront leur point de départ à une
découverte des régions du Québec.
Le Québec est heureux de vous recevoir.
Au cours des derniers jours, vous avez cherché à mesurer l’ampleur et la
portée des changements qui surviennent et qui transforment la manière de
faire des affaires.
Your expertise is at the heart of a host of new issues that have arisen as
the result of the combined influence of technological progress and the
liberalization of international trade. For this very reason, you are an
audience of choice to discuss certain concerns that are very dear to me.
Moreover, this is the first time since we were elected that I have been
given the opportunity to address an audience representing all regions of
Canada.
Today, I intend to talk to you about governance and the mission of a
government. I will take a brief look at our plan for Québec. I will then
talk about Canada, how it functions, and possible changes for the future.
Votre réalité, comme celle de milliers de Canadiens, est aujourd’hui celle
de la concurrence. Et pour apprivoiser cette réalité, vous devez tendre
vers l’excellence. Quelque soit le domaine dans lequel on s’anime
aujourd’hui, il faut, pour survivre et grandir, être capable de supporter
la comparaison. C’est l’essence même de la concurrence et c’est le
fondement de l’excellence.
Si c’est une réalité que l’on conçoit aisément en entreprise, je vous
dirai qu’il en va de même pour les administrations publiques. Aucun État
d’Amérique du Nord, ne peut aujourd’hui prétendre constituer une bulle et
se considérer à l’abri des lois du marché ou des grandes tendances
économiques et sociales. Nos entreprises ont compris que nous faisions
partie d’un grand ensemble concurrentiel. Les administrations publiques,
les États, doivent aussi l’accepter et s’ajuster.
Les États ne sont pas à l’abri de la concurrence. Les États doivent aussi
relever le défi de la concurrence et de l’excellence.
Cette idée d’un État adapté à la réalité d’aujourd’hui est au cœur du
projet de renouveau que notre gouvernement propose aux Québécois.
Dans ce contexte où chaque nouvel accord de libéralisation commerciale
tend à moduler le pouvoir d’intervention des États sur leur économie, il
nous apparaît que le rôle de l’État, plus que jamais, est de se concentrer
sur le citoyen.
L’État doit se voir aujourd’hui comme un instrument au service de la
réussite des citoyens. Un État attentif, un État concurrentiel, devient
ainsi un État qui aide ses citoyens à réussir en leur offrant les services
nécessaires à leur plein accomplissement.
Dès la présentation de notre premier budget, 6 semaines après notre
élection, nous avons montré ce que cela signifiait. Nous avons augmenté de
7,3 % le budget accordé à la santé et de 3,6 % celui consacré à
l’éducation.
Nous voulons des Québécois en santé et des Québécois bien formés et
instruits. La santé et l’éducation sont pour nous les deux missions les
plus essentielles de l’État.
Nous avons financé ces réinvestissements en santé et en éducation en
grande partie par un meilleur contrôle des programmes de subventions et de
crédits d’impôt aux entreprises.
Il faut préciser ici que le Québec était totalement hors catégorie en
matière d’interventionnisme. Le Québec subventionnait 4 fois plus que
l’Ontario; plus que toutes les provinces canadiennes réunies. Cette
démesure était critiquée par les entreprises elles-mêmes. À nos yeux, cet
interventionnisme excessif était source d’iniquités et avait tendance à
compliquer la vie des entreprises. Nous avons mieux dosé l’aide
gouvernementale en privilégiant notamment le soutien à la recherche et au
développement.
Notre vision économique se résume ainsi : ce sont les entreprises qui
génèrent de la richesse. La meilleure façon pour un gouvernement de les
soutenir est de leur simplifier la vie et de leur assurer une main-d’œuvre
compétente et en santé.
Sous cet angle, le gouvernement, en se mettant au service des citoyens, au
service de leur santé et de leur instruction, participe de façon bien plus
constructive à la croissance des entreprises qu’en essayant de s’immiscer
dans leur gestion avec des programmes d’aide discriminatoires et souvent
compliqués.
Notre projet d’un État au service des Québécois prévoit aussi de revoir en
profondeur le fonctionnement de l’appareil gouvernemental. Au printemps,
j’ai annoncé la formation de 6 grands travaux qui seront consacrés à la
modernisation de l’État québécois.
Je vais simplement vous nommer ces 6 grands travaux et vous percevrez
l’ampleur de l’exercice que nous entreprenons :
Numéro1 : révision des structures de l’État et des programmes
gouvernementaux.
Numéro 2 : revue des modes d’intervention du gouvernement dans l’économie.
Numéro 3 : réorganisation des services de santé et des services sociaux.
Numéro 4 : décentralisation et déconcentration de l’État.
Numéro 5 : recentrage du réseau de l’éducation sur l’élève et l’étudiant.
Numéro 6 : simplification et allègement du fardeau fiscal.
Chacun de ces grands travaux est présidé par un membre du conseil des
ministres. Et j’assume la coordination.
Avec ces travaux, nous visons trois objectifs fondamentaux :
Premièrement : Faire en sorte que le Québec ait les ressources humaines et
financières pour assumer pleinement les missions essentielles de l’État,
qui sont principalement la santé et l’éducation et le soutien aux
personnes vulnérables;
Deuxièmement : Offrir des meilleurs services à meilleur coût. C’est-à-dire
un État plus efficace et moins coûteux; un État, par exemple, qui offrira
tous les services applicables par Internet;
Troisièmement : Nous voulons élever le niveau de vie des Québécois en
réduisant leur fardeau fiscal et en créant l’environnement le plus
favorable au Canada à l’investissement, à la croissance et à l’innovation.
Dans 5 ans, l’État québécois sera entièrement orienté vers les services
aux citoyens.
Il sera excellent dans la prestation de ses services.
Il sera efficace dans son fonctionnement.
Il sera concurrentiel au niveau de sa fiscalité.
Le système de santé sera plus efficace;
Nous formerons une main-d’œuvre parmi les plus compétentes du monde et
nous serons plus prospères.
It is only natural that our vision of the role of the government and our
vision of the future of Québec leads us to change the way the Canadian
federation works.
As you know, our government believes that it is in the interest of Québec
that we be part of the Canadian federation. Like most Quebecers, we
believe that this is to the mutual benefit of Québec and Canada.
In recent years, Québec, governed by the Parti Québécois, showed no
interest in making the federation works more effectively in the interest
of Québec.
This lack of interest coincided with the fact that the federal government
did not make its relations with its partners a priority. At the same time,
the partners of the federation, namely the provinces and territories found
themselves weakened vis-à-vis the federal government.
Indeed, we have been witnessing a growing dissatisfaction on the part of
the governments of the provinces and territories regarding
intergovernmental relations. From the Maritimes to the Rockies, premiers
have denounced federal encroachment on their fields of jurisdiction.
This trend runs counter to the very spirit of federalism, which is
intended to be cooperative and collective.
In addition to these irritants, which I would qualify as “political”,
there is the issue of the fiscal imbalance, which is a major financial
issue. By reason of this imbalance, the federal government has means that
surpass its needs, whereas the provinces have needs that surpass their
means. This imbalance is in itself an incentive for the federal government
to use its spending power in fields that are outside its jurisdiction.
There are important issues that need fixing.
On April 14th of this year, Quebecers, in electing our government, decided
that Québec would no longer be indifferent and would once again take on a
leadership role in the Canadian federation. Indeed, this active
participation is in the best interest of both Québec and Canada.
Our vision of Canadian federalism is known. It was made public in October
2001. It formed an integral part of the platform that we presented to
Quebecers. It can be summarized in three words: affirmation, autonomy and
leadership. These words reflect the idea of a Québec that is proud of its
differences and that wants to work with its partners to build a federation
that is more flexible and better adapted to today’s realities.
Un des éléments centraux de notre vision du fédéralisme canadien est la
création d’un Conseil de la fédération. Ce conseil vise à instituer un
forum d’échange permanent entre les gouvernements des provinces et des
territoires.
Le 10 juillet dernier, à Charlottetown, c’est avec une immense
satisfaction que j’ai vu tous les premiers ministres des provinces et des
territoires se rallier à cette idée. Le Conseil relèvera de la branche
exécutive des provinces et des territoires et sera piloté directement par
les premiers ministres. Il permettra de renforcer les relations entre
gouvernements. Il facilitera l’élaboration de stratégies et de positions
communes, cohérentes et concertées. Le Conseil permettra aussi aux
provinces de s’ouvrir sur leurs différences et sur leurs aspirations
propres.
Le fédéralisme n’est pas conformisme. Les provinces ne sont pas
enrégimentées dans la Fédération. Elles ont droit à leur propre vision.
Ainsi, le Conseil de la fédération n’occulte pas la différence du Québec.
Le Québec continuera de revendiquer farouchement une plus grande
autonomie. Il continuera de placer la promotion et la défense de sa langue
et de sa culture au sommet de ses priorités. Il continuera de s’affirmer
sur la scène internationale et de nourrir des relations bilatérales,
notamment avec la France. Mais au sein du Conseil, il pourra exprimer ses
besoins; il pourra partager son expérience; il pourra s’associer à
d’autres provinces qui ont d’autres revendications.
C’est avec cette idée du Conseil de la fédération en tête que j’ai employé
à quelques occasions l’expression « diplomatie intérieure » pour décrire
les relations intergouvernementales. C’est clairement de la diplomatie
dans ce qu’elle a de plus beau : c’est-à-dire cultiver des alliances et
entretenir des amitiés. Le Conseil de la fédération permettra cela. Les
provinces et les territoires seront plus solidaires et les relations
fédérales-provinciales s’en trouveront clarifiées et du même coup plus
productives.
Nous sommes possiblement à un tournant de l’histoire des relations
intergouvernementales canadiennes. Certes, il reste encore beaucoup de
travail à faire pour que le Conseil de la fédération progresse comme prévu
le 24 octobre prochain. Mais un pas important a déjà été franchi dans la
décision de le créer. Chose certaine, la volonté des premiers ministres
des provinces et des territoires d’améliorer leur coopération est réelle
et tangible.
À Charlottetown, en plus de donner leur aval à la création du Conseil de
la Fédération, les premiers ministres des provinces et des territoires ont
appuyé une autre proposition du Québec : ils ont accepté d’établir à
Québec le Secrétariat d’information et de coopération sur le déséquilibre
fiscal.
Le geste n’est pas anodin. Il vient d’abord rappeler au gouvernement
fédéral – qui nie toujours l’existence d’un déséquilibre fiscal au Canada
– que les provinces et territoires n’ont pas l’intention de renoncer et
qu’ils vont activement rechercher une solution à ce qu’ils considèrent
être un enjeu majeur dans les relations intergouvernementales canadiennes.
Mesdames, Messieurs,
Le 14 avril dernier, les Québécois ont décidé de placer le Québec sur une
nouvelle voie de développement. Ils ont accepté notre vision de changement
qui entraînera un renouvellement profond du fonctionnement du Québec.
Cette remise à jour de l’État québécois ne sera pas facile, mais elle
offre des perspectives emballantes. Elle nous permettra de mieux répondre
aux besoins des citoyens, de mieux les soigner, de mieux les former. Elle
permettra aussi d’améliorer le niveau de vie des Québécois. L’État du
Québec s’apprête à relever le défi du changement. Les Québécois n’en
attendent pas moins.
En élisant notre gouvernement sur cet appétit de renouveau, les Québécois
ont aussi réitéré leur attachement au Canada avec l’espoir que nous
pourrions être le catalyseur d’un renouveau de la Fédération. Le 14 avril
dernier, ce n’est pas seulement le Québec qui a commencé à changer, c’est
aussi le Canada.
[Charest=20031002]
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
C’est un plaisir et un honneur d’être parmi vous aujourd’hui.
En fait, pour être précis, je devrais dire que c’est un plaisir renouvelé,
puisque, quelques jours après l’élection de mon gouvernement, je me
retrouvais à New York. J’avais alors été invité par le Foreign Policy
Association à venir entendre le secrétaire d’État américain, M. Colin
Powell.
Je remercie le FPA, tout spécialement le président de son conseil, M.
Gonzales de Las Heras, et son président, M. Noel Lateef, pour l’intérêt et
l’amitié qu’ils manifestent envers le Québec. Sachez bien que ces
sentiments sont réciproques.
Je voudrais aussi souligner l’appui important du président sortant de la
Canadian Society of New York, M. Kenneth Paterson, pour l’organisation de
ce déjeuner et saluer son successeur, M. Peter Bethlenfalvy.
J’en suis à ma troisième visite aux États-Unis depuis mon assermentation
comme premier ministre du Québec, le 29 avril dernier. Ce n’est pas par
hasard. Mon gouvernement fait de la qualité des relations avec les
États-Unis une priorité de tous les jours. Dans ce continent globalisé, le
Québec est étroitement lié aux États-Unis. Réciproquement, plusieurs États
américains qui nous sont voisins, comme ceux de New York et de la
Nouvelle-Angleterre, sont aussi étroitement liés au Québec. Aujourd’hui,
je suis notamment venu vous parler de l’évolution de cette relation
d’affaires entre le Québec et les États-Unis qui tend vers une plus grande
coopération transfrontalière.
Je suis aussi venu vous parler de nos intérêts communs en matière
d’énergie et de développement durable, et je suis venu vous parler de
l’ambition de notre gouvernement de faire du Québec le meilleur endroit en
Amérique du Nord où vivre et investir.
Depuis la signature des accords de libre-échange, l’intensification du
trafic commercial dans l’axe nord-sud a beaucoup bénéficié à nos économies
respectives. Le produit intérieur brut du Québec dépend aujourd’hui à 60 %
de nos exportations. Or, presque 85 % de nos exportations internationales
de biens trouvent preneurs aux États-Unis pour un montant qui atteignait
36,5 milliards $ US en 2002. En fait, le Québec vend aujourd’hui deux fois
plus aux Américains qu’aux autres Canadiens.
Mais ce n’est pas à sens unique. Loin de là. Le Québec, qui compte un peu
plus de sept millions d’habitants, est un marché précieux pour les
produits américains. Nous sommes devenus votre quatrième marché
d’exportation, devant le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Corée du Sud et la
Chine.
Cette évolution du commerce entre le Québec et les États-Unis se révèle
aussi dans la croissance importante du commerce intra-firme à très grande
échelle que pratiquent, par exemple, les diverses unités de Bombardier,
IBM, General Electric ou Pratt & Whitney présentes à la fois au Québec et
aux États-Unis.
Vous comprendrez que les Québécois, qui étaient, de tous les Canadiens,
les plus ardents promoteurs du libre-échange, demeurent aujourd’hui
favorables à la libéralisation des échanges commerciaux.
C’est ainsi que notre gouvernement souscrit au projet de la Zone de
libre-échange des Amériques. De notre point de vue, les négociations en
cours représentent non seulement des occasions d’affaires, mais aussi des
occasions de partager, avec un plus grand nombre de peuples, nos valeurs
démocratiques.
Toutefois, pour les Québécois, pour notre gouvernement, cette question de
la libéralisation commerciale touche à d’autres dimensions que le
commerce.
Les Québécois forment une société unique. Nous sommes fiers de notre
langue et de notre culture, que nous avons su faire fleurir sur ce
continent en contradiction directe avec la loi du nombre et du temps. De
ce fait – je dirais, de cet exploit – découle une responsabilité, à la
fois morale et historique, qui nous amène à travailler activement à la
protection de la diversité culturelle.
Nous souhaitons ainsi que la culture soit exclue des accords de
libéralisation commerciale. Notre gouvernement, en accord avec plusieurs
autres gouvernements de tous les continents et incarnant de multiples
cultures, soutient l’adoption, sous l’égide de l’UNESCO, d’un traité
visant à préserver la diversité culturelle des peuples.
La décision d’aller dans cette voie sera prise dans quelques semaines à
l’UNESCO. Les États-Unis ont tout récemment renoué avec cet organisme.
C’est une bonne nouvelle. J’exprime devant vous le souhait que
l’administration américaine soit sensible à cette question de la diversité
culturelle.
Nous sommes également d’avis que les accords internationaux devraient
intégrer les notions de sauvegarde de l’environnement, de respect des
droits démocratiques et de la protection des droits de la personne.
Nous sommes libre-échangistes. La globalisation est une réalité, mais,
pour qu’elle soit synonyme de progrès, elle doit intégrer ces valeurs
universelles. C’est une conviction profonde de notre gouvernement.
Depuis mon élection, je me réjouis de l’évolution d’un aspect tout
particulier des relations entre le Québec et les États-Unis : celui des
relations bilatérales entre le Québec et les États américains de New York,
de la Nouvelle-Angleterre et du Midwest.
Il y a quelques semaines, je participais à ma première Conférence des
gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’est
du Canada. Cette conférence, de mon point de vue, a donné lieu à un
précédent important qui annonce une nouvelle ère de coopération.
Les onze gouverneurs et premiers ministres participants – des Américains
et des Canadiens qui travaillaient ensemble – ont alors adopté une
déclaration ferme en faveur du Clean Air ACT et du respect, par le
gouvernement fédéral américain, des normes environnementales.
Nous avons exprimé notre désaccord commun devant toute initiative
susceptible de contrevenir à ce traité historique, signé en 1990, par le
gouvernement canadien de Brian Mulroney et le gouvernement américain de
George Bush père. Cette sortie inédite était évidemment justifiée par le
fait que l’affaiblissement des normes entraînerait un accroissement de la
pollution chez les États et provinces qui bordent les Grands lacs et le
fleuve Saint-Laurent. Le problème soulevé est sérieux. Je souhaite
ardemment qu’on y trouve une solution qui aille dans le sens du
développement durable et responsable.
Mais, dans la manière, cette prise de position publique a constitué une
avancée importante en matière de coopération transfrontalière. Pour moi,
c’est l’émergence de ce que certains appellent la mondialisation des
régions. Voici des États fédérés, comme le Québec ou les États de la
Nouvelle-Angleterre, qui s’engagent d’une seule voix, de part et d’autre
de la frontière, dans une défense commune des intérêts de leurs citoyens.
Cette habileté nouvelle à défendre des causes communes reflète la maturité
de nos sociétés voisines et la force de l’amitié qui les unit. Nous savons
tous que les véritables amitiés ne sont pas celles qui taisent les
différends, mais au contraire celles qui permettent qu’on les exprime.
C’est d’ailleurs dans cet esprit de franchise que j’ai abordé la question
du contentieux sur le bois d’œuvre, lors des entretiens que j’ai eus avec
le secrétaire d’État, M.Colin Powell. J’ai exprimé le souci du Québec
devant l’étirement de ce litige et notre désir de trouver une solution à
long terme qui préserve les emplois de part et d’autre de la frontière.
Nous partageons l’objectif commun de régler une fois pour toutes ce vieux
différend.
Mon gouvernement est donc profondément engagé dans l’épanouissement des
relations du Québec avec les États-Unis et dans l’établissement de
relations bilatérales durables, franches et fructueuses avec les
différents États de cette grande fédération.Cela implique évidemment une
collaboration pleine et entière de notre gouvernement en matière de
sécurité. Pour nous, la sécurité n’est pas un obstacle au commerce, elle
est un préalable au commerce.
Au quotidien, le ministre de la Sécurité publique et ses collaborateurs
sont en contact étroit avec le New York Office of Public Security et les
Northeast Regional Homeland Security Directors. Le Québec collabore très
activement à la mise sur pied de la frontière intelligente. Mais la
question de la sécurité dépasse le seule gestion du 45e parallèle. Elle
rejoint les ports et les aéroports régionaux. Nous en sommes conscients.
Ai-je besoin de vous convaincre, par ailleurs, considérant les récents
événements, que la prospérité et la sécurité comportent une dimension
énergétique?
Le potentiel hydroélectrique québécois est immense. C’est un potentiel que
nous souhaitons exploiter. Et nous le ferons en respectant deux conditions
principales :
La pleine participation des communautés autochtones du nord du Québec;
Et le respect du processus d’évaluation environnementale.
Actuellement, les projets de construction de nouvelles centrales pour
l’horizon 2003-2011 s’élèvent déjà à plus de 7 milliards $ US. Pour ce
même horizon 2011, le Québec entend également développer d’autres sources
d’énergies renouvelables et non polluantes en misant notamment sur la
production éolienne. Ces projets nous permettront de majorer notre
capacité de production d’électricité au cours des huit prochaines années.
Le Québec a des ressources exceptionnelles, mais le Québec a aussi une
expertise exceptionnelle. Avec les tempêtes solaires de 1989 et la crise
du verglas en 1998, le Québec a grandement approfondi son savoir-faire en
matière de sécurité des réseaux de distribution et de transport d’énergie.
Il est clair pour nous que le Québec est appelé à jouer un rôle
stratégique à l’échelle continentale en matière de développement et
d’approvisionnement énergétique. C’est un rôle qui nous échoit dans une
perspective de prospérité partagée, de sécurité énergétique et de
développement durable.
Les secteurs de l’énergie et des ressources naturelles demeurent ainsi des
piliers du Québec. Mais cette seule vision tronquerait la réalité. Car en
40 ans, notre économie s’est transformée. Elle est aujourd’hui parmi les
plus modernes et repose à 70 % sur le secteur des services.
Montréal, par exemple, abrite 60 % de toutes les firmes d’ingénieurs au
Canada. Notre métropole se classe au quatrième rang en Amérique du Nord
pour le nombre d’emplois créés par habitant dans les secteurs de la haute
technologie, devant des villes comme Dallas ou Toronto. Notre capitale,
Québec, est à l’avant-garde mondiale dans les domaines de l’optique et de
la photonique.
C’est au Québec que se concentre 40 % de toute l’industrie canadienne des
télécommunications. Le Québec est aussi chef de file dans des domaines
aussi stratégiques que l’aérospatiale, la pharmaceutique ou les
biotechnologies. D’ailleurs, c’est avec une grande joie que j’ai accueilli
à Montréal, au début de la semaine, le gouverneur nouvellement élu du
Minnesota, M. Tim Pawlenty. Il est venu au Québec, accompagné de gens
d’affaires et de spécialistes en santé, afin de discuter de partenariats
avec des entreprises ou des instituts de recherche québécois dans le
domaine des biotechnologies – plus précisément de la génomique.
C’est le Québec d’aujourd’hui : fermement ancré dans son époque, engagé
dans les domaines de la recherche parmi les plus porteurs et ouvert aux
partenariats.
Les Québécois forment par ailleurs une main-d’œuvre réputée pour sa
compétence et ses qualifications. Ils sont largement bilingues et souvent
polyglottes.
Notre système public d’éducation est de haut niveau. Il comporte de
grandes écoles de renommée internationale, comme l’Université McGill ou
les Hautes études commerciales de Montréal, l’une des meilleures écoles de
gestion du monde.
Le Québec, c’est aussi un haut lieu de création et de culture. Nos
artistes rayonnent à travers le monde. Le Québec, qui a vu naître Céline
Dion et le Cirque du Soleil, est actuellement le plus gros vendeur de
billets de spectacles à Las Vegas. Je pourrais aussi vous parler de Cannes
où notre cinéma a connu des heures de gloire lors du dernier festival de
films.
Cette vitalité culturelle fait du Québec un lieu où il fait bon vivre. Et
le Québec est également un lieu où il fait bon investir.
Comme premier ministre du Québec, je crois que l’heure est venue de
reconsidérer la taille de notre État, de nous donner un État plus
efficace, recentré sur ses missions essentielles et mieux adapté aux
réalités de ce siècle nouveau.
Dans mon esprit, le Québec, sur le plan économique, est évidemment
nord-américain. Nous faisons donc en sorte que l’environnement économique
québécois, de la structure de l’investissement à la façon de transiger
avec le gouvernement, soit totalement ouvert sur le marché nord-américain.
Dès notre premier budget nous avons créé un contexte plus propice à
l’investissement, au rendement et à la croissance des entreprises.
Nous avons, par exemple, annoncé une réduction de la taxe sur le capital
des sociétés. À compter du 1er janvier prochain, 70 % des entreprises du
Québec seront exemptées de cette taxe.
Nous avons aussi redistribué nos incitatifs fiscaux afin qu’ils soient
plus efficaces. Nous entamerons, par ailleurs, dès le dépôt au printemps
de notre prochain budget, un programme de réduction de l’impôt des
particuliers. Ces mesures contribueront à une élévation du niveau de vie
des Québécois et stimuleront l’investissement privé.
Le Québec accueille d’importants fonds d’investissement privés et
plusieurs investisseurs institutionnels. Ils ont tous leur domaine
d’activité. Ils ont tous leur filon. La moitié de l’industrie canadienne
du capital de risque est au Québec. Il y a chez nous un foisonnement
d’investisseurs. Ils sont désireux de s’associer à des sociétés de capital
de risque nord-américaines. Nous avons besoin de grands investisseurs
privés, dont le risque est diversifié, afin de boucler des financements de
deuxième et troisième rondes.
Le gouvernement que je dirige veut dire clairement aux investisseurs à la
recherche d’un rendement attrayant que les règles du jeu qui prévalent au
Québec sont tout à fait les mêmes que celles qui prévalent partout
ailleurs en Amérique du Nord. Nous ne parlons peut-être pas toujours la
même langue; mais, lorsque nous parlons affaires, nous parlons le même
langage.
Nous voulons améliorer le rythme de croissance de l’économie québécoise
afin que l’État québécois ait davantage de ressources à consacrer à ses
missions essentielles. Pour nous, les deux missions les plus fondamentales
de l’État sont la santé et l’éducation.
Nous sommes profondément convaincus que notre système public de santé et
notre système public d’éducation constituent des avantages économiques
concurrentiels importants pour le Québec.
En investissant dans la santé et l’éducation, l’État québécois se trouve
aussi à intervenir en faveur de la croissance de son économie puisqu’il
rend disponible pour les entreprises une main-d’œuvre plus compétente et
en meilleure santé. C’est pourquoi notre premier budget a été marqué par
un accroissement du budget consacré à la santé et à l’éducation.
Nous établissons ces nouvelles priorités pour le Québec tout en affirmant
notre détermination à maintenir l’équilibre budgétaire.
L’accroissement de l’investissement public en santé et en éducation, la
création d’un contexte plus propice à l’investissement et la réduction de
l’impôt des particuliers signifient des changements importants dans le
fonctionnement du gouvernement du Québec. C’est un autre volet important
de notre mission : la modernisation de l’État québécois.
Au printemps, j’ai annoncé l’enclenchement de grands travaux qui feront de
l’État québécois une organisation plus efficace. Nous allons notamment
décentraliser l’administration de l’État en transférant des
responsabilités aux régions. Nous allons ouvrir l’État québécois à la
sous-traitance, encourager les partenariats public-privé et nous allons
créer un gouvernement en ligne afin de livrer le plus grand nombre
possible de services par Internet.
Nous sommes donc engagés dans des changements importants sur le plan du
fonctionnement du Québec. Ces changements souhaités par les Québécois nous
permettront de capitaliser sur nos forces, de cultiver nos alliances avec
nos voisins américains et d’affirmer les valeurs de notre société.
En élisant notre gouvernement, les Québécois ont par ailleurs renouvelé
leur attachement au Canada. Le gouvernement que je dirige est fédéraliste.
Nous croyons qu’il est dans l’intérêt du Québec, et de l’affirmation de
notre identité, de demeurer partie prenante à la fédération canadienne.
Toutefois, les exigences élevées de performance que nous plaçons en
nous-mêmes, en tant que gouvernement, nous les plaçons aussi dans le reste
du Canada. C’est d’ailleurs avec une très grande joie que j’ai vu les
premiers ministres des provinces et des territoires accepter la
proposition du Québec de créer un conseil de la fédération. Ce conseil,
qui verra le jour bientôt, sera un lieu d’échange et de coopération
permanent entre nos différents gouvernements.
Le soir de notre élection, le 14 avril, j’avais dit que ce n’était pas
seulement le Québec qui commençait à changer, mais aussi le Canada. Je le
redis devant vous.
Mesdames, Messieurs, mon gouvernement a reçu le mandat d’engager le Québec
sur une nouvelle voie de prospérité. C’est ce que nous faisons. Nous
créons un environnement économique pleinement ouvert aux affaires.
Le Québec est ouvert sur l’Amérique du Nord. Le Québec est ouvert sur le
monde.
Je vous remercie.
[Charest=20031013]
Madame,
Monsieur,
Il y a six mois aujourd’hui que mon gouvernement a été élu, et dans une
semaine, l’Assemblée nationale reprendra ses travaux. Le moment me semble
choisi pour faire le point avec vous sur le travail que nous avons
accompli et sur le travail important que nous accomplirons au cours des
prochains mois, en particulier sur cette question de la révision du rôle
de l’État.
Le Québec a fait un pas en avant depuis six mois.
Premièrement, nous avons repris en main les finances publiques. La
situation n’est pas facile, mais elle est maîtrisée. Deuxièmement, nous
avons affirmé nos priorités, qui sont celles des Québécois. Nous avons
augmenté le budget de la santé de 1,3 milliard de dollars, et nous avons
fait le plus important réinvestissement en éducation depuis 10 ans.
Troisièmement, nous avons amorcé le repositionnement de notre État, qui
s’ingérait beaucoup trop dans l’économie et dans la vie des entreprises.
Aujourd’hui, le Québec est en train de redresser sa situation financière;
les Québécois sont en voie d’être mieux soignés; l’éducation est redevenue
une grande priorité de l’État québécois, et il est moins compliqué
d’investir et de créer de l’emploi partout au Québec.
Avec notre premier budget, nous sommes allés aussi loin que le
permettaient les paramètres actuels de l’État dans l’affirmation de nos
priorités. Au cours des prochains mois, nous allons redéfinir ces
paramètres afin d’accroître et d’actualiser notre capacité de soigner,
d’éduquer et de prospérer. Nous allons redéployer notre État.
Cet État a été conçu il y a 40 ans : avant la mondialisation, avant
l’informatisation, avant le vieillissement de la population et surtout,
avant que les Québécois ne soient ce peuple conscient de ses forces et de
son habileté à atteindre les plus hauts sommets dans tous les domaines de
l’activité humaine. La remise à jour de l’État est une nécessité admise
par la classe politique depuis longtemps : « … nous sommes parfaitement
conscients des réactions que certaines de nos propositions risquent de
susciter chez plusieurs groupes d’intérêt. Il reste que, au terme de cet
examen, une évidence s’est imposée à nous, forte, indiscutable : cette
rationalisation est nécessaire, inéluctable … »1 Ces propos ne sont pas
tirés d’un document du Parti libéral du Québec, mais d’un rapport signé
dès 1997 par l’ex-ministre du Parti Québécois, Joseph Facal.
La modernisation de notre État n’est donc pas une question idéologique ou
partisane, mais une nécessité qui nous est dictée par notre époque et ses
enjeux. Il ne s’agit pas de nous détourner de notre mission sociale, mais
tout au contraire de nous assurer de pouvoir continuer à l’honorer. Il ne
s’agit pas non plus d’affaiblir l’État québécois, mais au contraire de lui
redonner tout son lustre, tout son prestige et toute sa pertinence. Car à
défaut de procéder à cette « rénovation » du Québec, nous tendrons vers un
point d’étouffement où nous paierons sans cesse plus cher pour des
services qui se détériorent… et le modèle québécois deviendra une relique.
Au printemps, j’ai annoncé l’enclenchement de six grands travaux qui sont
au cœur de la modernisation de l’État québécois. Une première étape
minutieuse a été franchie le 30 septembre. Nous avons complété
l’inventaire de chacun des organismes gouvernementaux, chacune de leurs
filiales, chacun des programmes qui en découlent. La pertinence de ces
organismes ou programmes sera débattue en fonction de cinq questions :
Ce programme (ou cet organisme) répond-il toujours à une mission de
l’État?
Atteint-il ses objectifs?
Pourrait-on l’offrir autrement et à moindre coût en préservant la
qualité des services aux citoyens?
Quelle est la meilleure instance pour en assumer la prestation?
A-t-on les moyens d’en assumer les coûts, ou faut-il en revoir la
portée?
Tout en débattant de ces questions, nous réviserons certaines lois pour
actualiser le fonctionnement du Québec. C’est ainsi que nous permettrons
le recours à la sous-traitance pour que nos hôpitaux ou nos villes, par
exemple, aient la possibilité de livrer des services de qualité avec
différents partenaires si cela peut se faire plus rapidement et à meilleur
coût.
Ce processus s’accomplira patiemment, mais avec détermination. Les
premiers rapports des comités pilotant les grands travaux seront complétés
en décembre. Ces rapports nous permettront d’élaborer un plan d’action qui
guidera le redéploiement de l’État québécois au cours des prochaines
années. Graduellement, l’État québécois deviendra plus efficace. Il sera
moins lourd. Il rendra de meilleurs services à meilleur coût. Il assumera
pleinement les responsabilités qui sont les siennes, comme la santé et
l’éducation. Il saura déléguer à d’autres, aux municipalités, aux
organismes communautaires ou aux entreprises privées, ce que d’autres
peuvent faire mieux ou à meilleur coût que lui. L’État québécois sera plus
que jamais une source de fierté pour nous tous.
Sans surprise, les groupes d’intérêt qui bénéficient du statu quo, et
devant qui le gouvernement précédent a reculé, font du bruit. Je leur
demande aujourd’hui de faire preuve d’ouverture et d’avoir la grandeur de
ne pas faire passer des intérêts corporatistes au-dessus des intérêts
historiques du Québec et de tous les Québécois.
Les femmes et les hommes qui se sont un jour levés pour faire naître un
État et ses institutions étaient des visionnaires. Ce n’est que se montrer
dignes de leur œuvre, ce n’est qu’assumer de façon responsable notre
devoir d’État, que d’adapter nos façons de faire aux réalités du Québec
d’aujourd’hui
Lorsque le monde change, l’immobilisme devient synonyme de recul. Moi,
tout comme vous, je veux que le Québec avance. Le seul Québec que je
conçois est un Québec qui est grand. Qui est capable de briller parmi les
meilleurs. Et qui est capable de réaliser les 7 millions d’ambitions qu’il
porte. C’est ce Québec que nous bâtissons ensemble.
[Charest=20031128]
Madame le Lieutenant-Gouverneur,
Monsieur le Cardinal,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Monsieur le Maire,
Distingués invités,
C’est pour moi un grand honneur et un grand privilège de vous accueillir
aujourd’hui pour poursuivre cette noble tradition, instituée par René
Lévesque en 1985. Aujourd’hui, par la remise des insignes de l’Ordre
national du Québec, le peuple du Québec, salue, félicite et remercie des
femmes et des hommes qui ont contribué de façon exceptionnelle au
rayonnement du Québec dans tous les domaines de l’activité humaine.
Aujourd’hui, les débats qui nous animent se suspendent. Aujourd’hui, nous
nous retrouvons tous ensemble, unis par l’essentiel : par notre fière
appartenance au Québec et par notre gratitude envers les femmes et les
hommes qui le composent.
Car en reconnaissant les accomplissements méritoires de certains parmi les
nôtres, nous nous trouvons aussi à saluer celles et ceux qui s’inscrivent
dans leur sillage.
La remise annuelle des insignes de l’Ordre national du Québec est ainsi un
moment où le Québec fait silence pour se laisser inspirer par la quête
d’idéal de certains de ses citoyens les plus éminents.
Trop souvent, c’est à l’imparfait et dans la tristesse du départ que le
Québec salue ses grands.
Or, cette cérémonie annuelle se déroule dans la joie de l’existence. Elle
permet aux femmes et aux hommes qui sont honorés d’augmenter leur
rayonnement et de là, de contribuer encore davantage, par émulation, à
semer ce germe de réussite qui bénéficie à l’ensemble du Québec.
Sur ce parterre se tiennent des femmes et des hommes dont les
accomplissements devraient être cités dans les écoles du Québec comme
autant de preuves que les rêves les plus ambitieux peuvent se réaliser.
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à vous dire que l’honneur que vous recevez aujourd’hui n’a d’égal
que celui que j’ai de vous décorer de l’Ordre national du Québec.
À votre façon, chacun de vous est un héros du Québec contemporain.
Puissiez-vous tous et pour longtemps encore être des modèles vivants de
réussite et d’accomplissement pour des milliers de Québécois.
Chevaliers
Dora Wasserman : Vous avez fondé et dirigé le Théâtre yiddish, compagnie
résidente du Centre des arts Saidye-Bronfman de Montréal et seule troupe
permanente de théâtre yiddish en Amérique du Nord. Vous avez transmis
votre amour pour ce théâtre à de nouvelles générations d’acteurs et de
spectateurs de tous âges. Durant près de quarante ans, Mme Wasserman, vous
avez choisi et mis en scène plus de soixante-dix pièces. Certaines sont
des œuvres classiques yiddish et d’autres sont tirées du répertoire
international et québécois; plusieurs sont des œuvres de création. La
publication en trois langues de l’ouvrage Théâtre yiddish à Montréal, de
l’historien Jean-Marc Larue, témoigne de votre contribution au théâtre
québécois.
Dora Wasserman, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Helen (Eleni) Stavridou : Vous avez fondé, avec quelques partenaires,
l’Institut de design Montréal qui a ouvert ses portes en 1993. Depuis,
vous exercez, à titre de directrice générale, un leadership dynamique,
éclairé et des plus fructueux. Vous avez fait de cet organisme un lieu de
renommée internationale qui joue un rôle clé dans l’émergence d’une
culture du design au Québec, encourage l’innovation, favorise le
rayonnement des designers québécois à l’étranger, et assure l’élaboration
et la promotion de produits couronnés par des prix internationaux. Grâce à
vous, Mme Stavridou, Montréal se joint au peloton de tête des grands
centres de design des pays industrialisés.
Helen (Eleni) Stavridou, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Alain Stanké : Journaliste, auteur, éditeur, sculpteur et bourlingueur,
voilà plus de cinquante ans que vous vous faites l’homme-orchestre du mot
et de l’image à travers le monde, que ce soit à la télévision, à la radio,
dans la presse écrite, entre les pages d’un livre ou dans une salle
d’exposition. M. Stanké, vous avez marqué le monde de l’information par
vos reportages et vos articles publiés au Québec et ailleurs dans le
monde. À titre de producteur, vous avez réalisé reportages, interviews et
documentaires sur une pléiade de personnalités internationales, et animé
de nombreuses émissions de variétés, entre autres, les fameuses Insolences
d’une caméra (1961). Auteur prolifique et éditeur chevronné, vous vous
félicitez d’avoir incité, à votre mesure, des milliers de lecteurs à
partager votre passion. Gestionnaire résolument original et grand
découvreur de talents, vous avez insufflé un nouvel esprit au domaine des
lettres québécoises. Éditeur de L’encyclopédie du Canada et de La mémoire
du Québec, vous êtes membre de l’Ordre du Canada depuis 1998.
Alain Standé, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Dr Rémi Quirion : Vous vous êtes distingué par vos recherches sur la
maladie d’Alzheimer, le vieillissement, la schizophrénie et les
neuropeptides. Vous êtes l’un des chercheurs en neurosciences les plus
cités du monde. Votre enthousiasme, votre leadership et votre empathie
font de vous, Dr Quirion, un professeur et un collègue estimé. Vous
enseignez à l’Université McGill depuis 1983 et êtes professeur titulaire
de psychiatrie. Vous êtes également directeur scientifique du Centre de
recherche de l’Hôpital Douglas, directeur fondateur du Réseau en santé
mentale du Québec, soutenu par le Fonds de recherche en santé du Québec,
et premier directeur scientifique de l’Institut des neurosciences, de la
santé mentale et des toxicomanies (INSMT) des Instituts de recherche en
santé du Canada (IRSC).
Dr Rémi Quirion, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Guy Provost : Grand comédien, vous avez marqué l’histoire du Québec au
théâtre, à la télévision et au cinéma. Passant d’un mode d’expression à un
autre avec la même ferveur, vous avez tenu des rôles inoubliables et avez
été un modèle pour plusieurs comédiens. M. Provost, vous avez d’abord
appris votre art en France, grâce à une bourse d’études octroyée par le
gouvernement du Québec en 1948. Par la suite, vous avez joué à la Comédie
de Saint-Étienne pendant deux ans, pour ensuite faire partie de la
prestigieuse équipe du Théâtre national populaire, dirigé par Jean Vilar,
en compagnie des Gérard Philipe, Philippe Noiret, Maria Casarès, et bien
d’autres. À votre retour, en 1955, vous avez animé La vie qui bat. Le
personnage d’Alexis dans Un homme et son péché fait immédiatement de vous
une vedette. Parmi vos interprétations magistrales, mentionnons le rôle du
médecin de quartier dans Les ordres, de Michel Brault.
Guy Provost, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Madeleine Plamondon : Cofondatrice du Service d’aide au consommateur
(SAC), vous avez profondément marqué le mouvement de défense des droits et
des intérêts des consommateurs du Québec. Vous avez traité avec passion
d’innombrables dossiers : lutte contre la pauvreté, respect des droits des
malades chroniques, émancipation des femmes, accès au système judiciaire.
Vous avez dirigé plusieurs études dans les secteurs bancaire, des
assurances et de la protection des renseignements personnels. Vous étiez,
jusqu’à récemment, administratrice indépendante du Centre du Réseau de
conciliation du secteur financier. Vous avez également siégé au conseil
d’administration de l’Association des courtiers et agents immobiliers du
Québec (ACAIQ) et du Bureau des services financiers du Québec, à titre de
représentante du public, nommée par le gouvernement du Québec. Et vous
avez été nommée au Sénat, le 9 septembre dernier.
Madeleine Plamondon, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Ghislain Picard : Vous vous êtes toujours appliqué à faire reconnaître les
droits des Premières Nations dans un esprit d’harmonie et de tolérance.
Après des études en arts et en communications, vous avez d’abord été
chargé des relations avec la presse par le Conseil des Atikamekw et des
Montagnais, puis vous êtes devenu membre fondateur et directeur général de
la Société de communication Atikamekw-Montagnais. Depuis votre entrée en
fonction, en 1992, comme chef régional, vous êtes porte-parole officiel de
l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. M. Picard,
vous êtes, pour le Québec, un interlocuteur privilégié, et les médias font
régulièrement votre éloge comme porte-parole et négociateur.
Ghislain Picard, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Laurin : Docteur de l’Université de Strasbourg, vous avez toujours
su communiquer votre amour et votre passion pour la langue française.
Linguiste, professeur, éditeur, chroniqueur à la radio et à la télévision,
conférencier et auteur de nombreux ouvrages, vous avez consacré votre vie
à la promotion et à l’amélioration du français. À votre façon, M. Laurin,
vous avez marqué le Québec par votre bonne humeur dans l’enseignement du
français. Vous avez passé soixante années de votre vie au Conservatoire
Lassalle où vous avez été successivement élève, professeur, directeur
général et membre du conseil d’administration. Et vous y êtes toujours.
Longtemps conseiller en communication orale auprès des journalistes et des
animateurs de la société Radio-Canada, chroniqueur à Télé-Métropole
pendant de nombreuses années, vous enseignez depuis trois ans la
communication orale dans la Chine de Taiwan, à l’Université Fu Jen de
Taipei. Ex-éditeur des Éditions de l’Homme, vous êtes aujourd’hui
éditeur-conseil à la même maison.
Jacques Laurin, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Guy Latraverse : On vous appelle, dans le milieu artistique, le père du
showbusiness québécois. Dans les années 1960, vous avez inventé un métier
qui n’existait pas encore au Québec : producteur de spectacles. Vous avez
créé des contacts avec le monde francophone de la scène, qui contribuent
encore au succès de nos artistes à l’étranger. Parallèlement, vous avez
produit près de mille heures d’émissions télévisées. Vous êtes à
l’origine, entre autres, des Francofolies de Montréal, du gala de
l’Association de l’industrie du disque et du spectacle (ADISQ), ainsi que
des galas du théâtre (La soirée des Masques), du cinéma (La soirée des
Jutra) et de l’humour (Les Olivier).
Guy Latraverse, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Père Paul-Émile Langevin : Spécialiste de l’Écriture sainte, vous avez
grandement contribué à la compréhension des évangiles à travers le monde.
Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels il faut mentionner
une exégèse de textes prépauliniens, Jésus Seigneur et l’eschatologie,
ainsi qu’une traduction commentée des quatre évangiles, largement
diffusée. Votre œuvre la plus importante est sans contredit votre
Bibliographie biblique multilingue, un ouvrage en trois volumes de plus de
4 000 pages. Vous avez enseigné pendant plus de quarante-cinq ans, plus
particulièrement à l’Université Laval, où vous avez été professeur de 1966
à 2000.
Père Paul-Émile Langevin, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Jean-Pierre Ferland : Vous êtes l’un des grands
auteurs-compositeurs-interprètes du Québec et de la Francophonie. Vos
chansons Feuille de gui, Je reviens chez nous, Une chance qu’on s’a, T’es
belle, Un peu plus loin et tant d’autres, figurent parmi nos classiques.
Vous êtes de votre temps, quand vous n’êtes pas celui qui, grâce à un
instinct exceptionnel, sert de référence à toute l’industrie de la chanson
et du disque. M. Ferland, vous avez composé plus de 450 chansons,
enregistré plus de trente disques et affirmé votre talent sur scène avec
autant de succès. On vous a aussi vu au cinéma et au petit écran,
notamment dans les séries L’été des bozos, Jeunesse oblige, L’autobus du
show-business et Du gramophone au laser.
Jean-Pierre Ferland, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Marcel Deslauriers : Pendant plus de cinquante ans, vous avez dirigé de
main de maître l’entreprise de peinture SICO que vous avez fondée en 1937,
en compagnie de votre associé, M. Roméo Fillion. Grâce à vous, les
Québécois ont fait leur marque dans un domaine industriel jusque-là dominé
par des multinationales, pour la plupart étrangères. M. Deslauriers, vous
avez été parmi les premiers chefs d’entreprise du Québec à offrir aux
employés un plan de participation aux profits et le droit de souscrire au
capital-actions. Vous avez ainsi réussi à conserver l’entreprise entre les
mains de ceux qui ont contribué à son édification. Sico inc. est
aujourd’hui le plus important manufacturier de peinture à capitaux
canadiens. Ses peintures et autres produits de protection et
d’embellissement font partie de ce patrimoine industriel québécois dont
nous pouvons être fiers.
Marcel Deslauriers, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Yvan Desgagnés : Vous vous êtes appliqué à faire survivre la tradition
maritime héritée de vos ancêtres, et vous avez contribué à doter le Québec
d’une marine marchande de rang international. Vous avez travaillé au
maintien de la navigation côtière québécoise, tout en assurant un avenir
aux armateurs québécois. Officier de carrière, vous êtes président
fondateur du Groupe Desgagnés. Vous vous êtes aussi engagé dans la
fondation de la Société Sonamar, qui fait le transport du sel des îles de
la Madeleine. Vous avez participé à la création de la Société de
développement économique du Saint-Laurent, qui a été très active dans
l’établissement de la Politique maritime du Québec.
Yvan Desgagnés, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Melvin Charney : Vous êtes à la fois artiste, architecte, auteur et
professeur. Vos réalisations, l’influence critique et théorique de vos
écrits et de votre enseignement, de même que votre contribution à la vie
culturelle du Québec vous ont valu une renommée internationale. Votre
œuvre, qui allie sculpture et architecture, s’inscrit parmi les courants
les plus persistants et les plus inspirants de l’art contemporain depuis
les années 1960. Vous vous êtes distingué par vos imposantes installations
dans les lieux publics urbains. Au nombre des fondateurs de l’École
d’architecture de l’Université de Montréal et de la Faculté d’aménagement,
vous avez créé et dirigé l’Unité d’architecture urbaine, de 1978 à 1992.
Melvin Charney, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Germain Brisson : Membre d’une famille de producteurs agricoles
d’avant-garde, vous avez apporté une contribution unique à l’agriculture
québécoise. Premier agronome francophone à s’orienter vers la recherche en
nutrition animale, vous êtes aussi l’un des premiers à avoir saisi la
complémentarité des recherches dans les domaines de l’alimentation animale
et de l’alimentation humaine. Aujourd’hui professeur émérite à
l’Université Laval, vous avez contribué à former la grande majorité des
experts québécois en nutrition. L’alimentation des animaux d’élevage tire
quotidiennement profit de vos travaux scientifiques, et les applications
de vos recherches contribuent encore à améliorer l’efficacité des
exploitations agricoles d’ici et d’ailleurs.
Germain Brisson, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Bernard Beugnot : Spécialisé dans l’étude des auteurs du XVIIe siècle
français, vous vous êtes rapidement imposé comme un maître au Québec et à
l’étranger. Vous avez non seulement travaillé tout au long de votre vie
sur le thème de la retraite, mais vos études sur Guez de Balzac et Boileau
font autorité. Vous avez parallèlement développé un goût marqué pour la
littérature du XXe siècle, vous attardant à l’œuvre d’Anouilh et de
Francis Ponge. Spécialiste de l’édition critique, vous avez dirigé celle
des œuvres de Ponge et d’Hubert Aquin. Vous êtes un pédagogue de talent
qui a marqué des générations d’étudiants. Vous êtes aujourd’hui professeur
émérite de l’Université de Montréal.
Bernard Beugnot, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Dr François A. Auger : Vous avez développé une expertise exceptionnelle en
génie tissulaire. Votre apport à la reconstruction cutanée et d’autres
tissus humains, plus particulièrement en ce qui concerne les vaisseaux
sanguins et la cornée, est de première importance pour la santé de la
population. En 1985, vous avez créé le Laboratoire d’organogénèse
expérimentale (LOEX), dont les travaux sont bien connus pour l’une de ses
plus grandes applications, la greffe de la peau cultivée, dont bénéficient
les grands brûlés du Québec. Le laboratoire a aujourd’hui diversifié ses
activités pour inclure des travaux dans les domaines vasculaire,
orthopédique, pulmonaire et oculaire.
Dr François A. Auger, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Officiers
Denise Ouellet-Grenier : À titre de première directrice de l’Ordre
national du Québec, de 1984 à 2001, et sous plusieurs gouvernements, vous
avez maintenu le cap et mené cette institution vers sa maturité, puisque
vous en avez largement élaboré les statuts et règlements et que vous lui
avez imprimé sa culture actuelle. Vous avez contribué par le fait même à
façonner l’histoire de l’Ordre. Vous avez rempli votre mandat avec
intelligence et enthousiasme, et vous avez toujours été d’une objectivité
et d’une neutralité exemplaires.
Denise Ouellet-Grenier, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Louise Otis : Vous avez d’abord pratiqué le droit pendant quinze ans, vous
spécialisant en droit du travail et en droit administratif. De 1981 à
1985, vous êtes membre du Conseil consultatif de la justice du Québec.
Vous devenez juge à la Cour supérieure du district de Québec, en 1990, et
accédez à la Cour d’appel du Québec, trois ans plus tard. Vous vous êtes
distinguée par la conception et l’implantation, à une Cour d’appel, de
l’un des premiers systèmes de conciliation judiciaire du monde. Le modèle
québécois est désormais source d’inspiration dans plusieurs pays. La mise
en œuvre de la conciliation judiciaire transformera la mission classique
de la justice et aura une influence déterminante sur le travail des juges
de tous les tribunaux, ainsi que sur la façon dont les citoyens conçoivent
la justice et son accessibilité. Par la conciliation judiciaire, la
distance entre l’appareil judiciaire et la société s’amenuise et celle-ci,
en étant mieux comprise, s’en trouve mieux servie.
Louise Otis, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Vincent Lemieux : Politologue, vous avez toujours été animé du souci de
donner à vos travaux une portée pratique, de manière à offrir une
contribution tangible au développement de la société québécoise. Vous
figurez parmi les chercheurs ayant le plus contribué à valoriser la
dimension scientifique de la science politique. Vous avez acquis une
réputation internationale. Vous avez pris part à plusieurs commissions
royales d’enquête et vous êtes souvent sollicité par les médias pour vos
analyses des questions brûlantes. Professeur émérite de l’Université
Laval, vous vous consacrez aujourd’hui à la recherche fondamentale,
reprenant l’examen des partis, des réseaux et des coalitions sous l’angle
des concepts de structure et d’organisation.
Vincent Lemieux, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Marie-Hélène Falcon : Vous vous êtes consacrée à la diffusion de la
création théâtrale contemporaine, à l’échelle nationale et internationale.
Cofondatrice du Festival de théâtre des Amériques, vous en êtes la
directrice générale et artistique depuis 1983. En 1996, vous inaugurez
Théâtres du Monde, présenté en alternance avec le festival. Grâce à ces
deux événements, le travail des grands metteurs en scène et des compagnies
marquantes de notre époque est présenté à Montréal. En 1997, vous créez
Nouvelles Scènes, qui favorise la circulation des œuvres de création au
Québec et permet aux jeunes compagnies et artistes québécois de se faire
entendre.
Marie-Hélène Falcon, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Dr Richard Cruess : Vous vous êtes distingué par vos recherches en
orthopédie et par votre contribution à l’enseignement et à la gestion de
la recherche en santé. Vous avez plus particulièrement étudié
l’ostéonécrose stéroïdienne et conçu un traitement fondé sur l’évolution
naturelle de cette maladie. Vous avez également étudié l’effet de
différentes hormones sur le système musculo-squelettique, notamment sur le
développement des récepteurs protéiniques d’hormones stéroïdiennes et
peptidiques à la période fœtale. Professeur à l’Université McGill, vous
avez créé le laboratoire de recherche orthopédique de l’hôpital Royal
Victoria et avez été doyen de la Faculté de médecine, de 1981 à 1995.
Depuis 1995, en collaboration avec votre femme, la docteure Sylvia Cruess,
vous écrivez et donnez des conférences sur le professionnalisme chez le
médecin.
Dr Richard Cruess, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Michel Brault : Avec plus de deux cents productions cinématographiques à
votre actif, vous êtes l’une des figures marquantes du cinéma québécois.
Tour à tour caméraman, directeur de la photographie, réalisateur et
producteur, vous avez fait œuvre de pionnier dans le domaine du
documentaire en participant à l’émergence du cinéma direct. Votre nom est
aussi associé à la création de plusieurs œuvres magistrales du cinéma de
fiction. En 1963, votre film Pour la suite du monde fut le premier film
canadien présenté en compétition au Festival de Cannes. En 1975, à ce même
Festival de Cannes, vous receviez le prix de la mise en scène pour votre
film Les ordres. Au-delà de votre contribution professionnelle, soulignons
vos qualités humaines, votre souci d’encourager la relève et votre
engagement indéfectible envers la société québécoise.
Michel Brault, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Yves Beauchemin : Conteur extraordinaire, votre psychologie est fine et
pleine d’humour. Le Petit Robert des noms propres vous décrit comme un
ardent défenseur du patrimoine francophone du Québec. Vous vous classez
parmi nos écrivains emblématiques. De vos romans les plus connus,
mentionnons L’enfirouapé, Le matou, Juliette Pomerleau et Les émois d’un
marchand de café, qui ont remporté de nombreux prix tant de la critique
que du grand public. Plusieurs de vos œuvres ont été traduites et adaptées
pour le cinéma et la télévision. Et vous êtes membre de l’Académie des
lettres du Québec depuis 1993.
Yves Beauchemin, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Grands officiers
Charles Taylor : Professeur émérite de philosophie à l’Université McGill,
vous êtes une figure de proue tant dans le monde des lettres que dans
celui de la philosophie. Bien que votre formation appartienne à la
tradition de la philosophie analytique d’Oxford, vous la transcendez et
l’appliquez à la philosophie existentielle et à la phénoménologie. Vos
efforts constants pour un rapprochement des cultures sont traduits
notamment dans votre ouvrage Rapprocher les solitudes (1992) qui résume
parfaitement votre œuvre. (Vous êtes un homme fort occupé, car depuis que
vous avez été sélectionné par le Conseil l’Ordre national du Québec, je
suis le troisième premier ministre qui tente de vous remettre cet
hommage!)
Charles Taylor, avec les compliments du peuple québécois, j’ai finalement
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre
national du Québec.
Ethel Stark : Violoniste et chef d’orchestre de grand talent, vous avez
contribué à enrichir notre héritage musical et à affirmer la présence du
Québec dans l’univers de la musique. Seule et sans aide, vous avez
accompli une chose unique : former un orchestre symphonique féminin de
réputation internationale, la Symphonie féminine de Montréal. Vous avez
également été fondatrice et directrice du New York Women’s Chamber
Orchestra, de la Symphonietta Ethel Stark et des Cordes de la Symphonie
féminine de Montréal. Vous avez travaillé avec plusieurs orchestres
montréalais et torontois, et vous avez été invitée à diriger de grands
orchestres au Québec et à l’étranger.
Ethel Stark, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du Québec.
Père Emmett Johns : Vous avez fondé Le Bon Dieu dans la rue, un organisme
œcuménique sans but lucratif qui vient en aide aux jeunes sans-abri ou en
fugue. En 1988, mieux connu sous le nom de Pops, vous achetez une roulotte
et vous vous mettez en route le soir pour donner aux jeunes sans-abri un
peu de nourriture et d’amitié. Grâce à vous, l’organisme se développe au
fil des ans. « Dans la rue » offre aujourd’hui un abri d’urgence, Le
Bunker, un centre de jour pour jeunes itinérants, Chez Pops, une clinique
médicale, une école et de nombreux services.
Père Emmett Johns, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre
national du Québec.
Robert Després : Vous vous êtes révélé un administrateur de premier plan
tant dans le domaine public que dans le secteur privé. Vous avez été
sous-ministre du Revenu du Québec, président fondateur et directeur
général de la Régie de l’assurance-maladie du Québec et président de
l’Université du Québec. Par la suite, vous avez occupé plusieurs postes
importants, notamment ceux de président et chef de la direction de Netcom
inc. et de Cablevision nationale, et de président du conseil
d’administration d’Énergie atomique du Canada ltée et de Produits
forestiers Alliance inc. Vous avez siégé au Comité d’étude sur les
institutions financières, ainsi qu’à la Commission royale d’enquête sur la
gestion financière et l’imputabilité.
Robert Després, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du
Québec.
Mgr Maurice Couture : Vous êtes un ecclésiastique éminent et respecté dans
tous les milieux. Successivement supérieur provincial et supérieur général
de votre communauté religieuse, évêque auxiliaire de Québec et évêque
diocésain de Baie-Comeau, vous avez occupé la fonction d’archevêque de
Québec et primat de l’Église canadienne, de 1990 à 2002. Depuis des
années, vous jouez un rôle important au sein de l’Assemblée des évêques du
Québec et de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Vous avez
apporté une contribution notable au domaine de l’éducation, et votre
engagement envers les démunis et en faveur des droits de la personne est
remarquable. Présent dans les milieux social, scolaire, économique,
culturel et auprès de la jeunesse, vous êtes un communicateur exceptionnel
et apprécié de tous.
Mgr Maurice Couture, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre
national du Québec.
Mesdames, Messieurs les Chevaliers, les Officiers et les Grands Officiers
de l’Ordre national du Québec, je vous félicite pour les accomplissements
qui vous valent ces décorations.
Je vous remercie de nous montrer chaque jour qu’aucun sommet n’est trop
haut pour qui sait allier l’audace de la remise en question à l’humilité
de travailler, et qui ose ne pas faire taire la voix de sa conscience ou
de ses convictions.
Vous êtes l’incarnation de ce Québec qui est capable de briller parmi les
meilleurs.
[Charest=20031031]
Merci Me Décary pour cette présentation élogieuse,
Comme vous l’avez dit, je suis moi aussi un avocat plaideur. Toutefois, si
je me suis détourné de la pratique du droit il y a déjà plusieurs années,
c’est que j’ai été ébranlé, en début de carrière, de constater que les
avocats n’avaient pas très bonne réputation. Voilà pourquoi je suis devenu
politicien!
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il me fait très plaisir d’être avec vous ce matin et de vous souhaiter la
bienvenue à Montréal. Vous êtes ici dans la 2e ville francophone du monde
en importance après Paris.
Vous êtes dans une métropole réputée pour la joie de vivre de ses
citoyens, la sécurité de ses rues et le dynamisme de son économie.
Je vous invite à vous attarder chez nous, à étirer votre séjour pour
découvrir le charme latin des quartiers de Montréal ou pour prendre la
route et vous laisser transporter par les flamboyants paysages de
l’automne québécois.
Vous êtes tous les bienvenus chez nous.
Vous me permettrez de féliciter le nouveau président de l’American College
of Trial Lawyers, M. David W. Scott, premier Canadien en 53 ans à être
nommé à la tête de votre très prestigieuse organisation, qui regroupe
probablement les meilleurs avocats plaideurs du monde.
M. Scott, à mon sens, votre accession à la tête de l’ACTL s’inscrit dans
cette évolution des relations canado-américaines qui tendent de plus en
plus vers une véritable coopération transfrontalière.
Après une douzaine d’années de libre-échange, l’axe nord-sud est en effet
devenu non seulement la plus large autoroute commerciale du monde, mais
aussi un riche canal de coopération et de discussion. Ce canal prolonge
l’amitié entre nos peuples dans de nombreux domaines de partenariats comme
l’environnement, la recherche scientifique et médicale et aussi des
questions d’ordre juridique dont la portée transcende les différences qui
existent entre nos systèmes de justice; pensons seulement aux questions de
propriété intellectuelle qui se posent avec une acuité toute nouvelle avec
la montée de l’Internet.
Vous êtes tous familiers avec la politique dans son sens le plus large ou
des volets plus particuliers des relations entre l’État et les citoyens.
Certains parmi vous se sont impliqués directement en politique ou se sont
engagés dans des causes impliquant l’État, qu’il ait été demandeur ou
défendeur.
La vaste question des relations entre l’État et les citoyens est en effet
un domaine d’action et de réflexion qui interpelle de façon continue tout
autant les politiciens que les juristes.
Aujourd’hui, je vais vous parler du Québec, sous l’angle plus particulier
des relations entre l’État et les citoyens. Il y a sur ce sujet un débat
politique passionnant qui a cours chez nous, parce que notre gouvernement
a entrepris de remettre à jour la relation entre l’État et les citoyens.
Afin que vous saisissiez bien l’importance du rôle que joue l’État dans la
vie des citoyens du Québec, vous me permettrez de parler un peu de culture
et d’identité.
De façon générale, vous conviendrez que les citoyens doivent se
reconnaître et se retrouver dans leur État, ses institutions et ses façons
de faire. L’État démocratique, quel qu’il soit, est un système qui reflète
les valeurs qui unissent les citoyens d’une société.
C’est vrai au Québec comme partout ailleurs au Canada ou aux États-Unis.
Mais ce qui est particulier au Québec, c’est que la relation État-citoyen
touche directement à la notion d’identité. Il y a une raison mathématique
à cela. Avec ses quelque 7 millions d’habitants, dont 5 millions de
francophones, le Québec français représente à peine 2 % du vaste ensemble
de 300 millions de personnes d’expression anglaise qui composent le Canada
et les États-Unis.
Cette fragilité numérique a amené les différents gouvernements qui se sont
succédés au fil des ans à se poser comme des protecteurs du désir ardent
des Québécois de vivre et de grandir en français et à leur manière en
terre d’Amérique.
Depuis les années 60, l’émergence du Québec parmi les sociétés modernes du
monde s’est donc accompagnée d’une action constante et résolue de l’État
québécois en faveur du renforcement de l’identité québécoise. Cette
identité comporte deux éléments principaux : la langue et la culture.
C’est ainsi que des lois ont été adoptées afin de consacrer l’usage du
français comme langue du travail, comme langue d’enseignement, notamment
pour les nouveaux arrivants, ou comme langue d’affichage.
L’État québécois s’est aussi engagé dans le développement, la promotion et
le soutien de sa culture et des artistes qui la font. Chaque année, le
Québec alloue environ 1 % de son budget pour soutenir ses auteurs, son
théâtre, son cinéma ou sa production télévisuelle.
Si le Québec n’avait pas fait cela au cours des 40 dernières années, notre
culture, notre âme, serait aujourd’hui noyée dans la marée des produits
culturels de langue anglaise.
Vous comprendrez ainsi pourquoi le Québec, tout comme le Canada
d’ailleurs, se range du côté des nombreux gouvernements qui militent en
faveur de l’exclusion de la culture des accords de libéralisation
commerciale. Pour nous, comme pour toutes les sociétés qui n’ont pas
l’avantage du nombre, il est vital de préserver le droit de soutenir notre
culture.
Car encore aujourd’hui, et malgré tous nos efforts, nos moyens paraissent
souvent dérisoires. À titre d’exemple, la totalité du budget annuel de
l’industrie cinématographique québécoise ne dépasse pas le budget d’une
seule production majeure hollywoodienne. Sans l’implication de l’État, le
cinéma québécois n’existerait tout simplement pas.
Or, notre cinéma, a tout récemment connu des heures de gloire
exceptionnelles remportant les plus grands honneurs à Cannes et à Toronto.
Notre cinéma est à l’image de notre culture qui est florissante.
Aujourd’hui, par exemple, à Las Vegas, ce sont des artistes québécois qui
sont les plus gros vendeurs de billets de spectacles avec Céline Dion et
le Cirque du Soleil.
Je tiens par ailleurs à préciser que l’engagement de l’État québécois en
faveur du français et de notre culture d’expression française ne s’est
jamais fait à l’encontre de notre population anglophone ou allophone. Les
Québécois d’expression anglaise ont leur propre réseau d’institutions qui
comporte de grandes écoles, comme l’Université McGill, et leur propres
hôpitaux.
Et d’ailleurs, les artistes anglophones ou allophones ont eux aussi accès
au même soutien de l’État québécois. Si notre langue commune est le
français, si notre culture est majoritairement d’expression française, le
voisinage de l’anglais et des autres cultures fait aussi partie de ce que
nous sommes en tant que Nord-Américains.
Le Québec est une société d’ouverture et de tolérance. Notre diversité
fait partie de notre richesse.
Et une des manifestations les plus originales de cette cohabitation est
notre système juridique. Le Québec combine littéralement, au quotidien,
deux traditions de droit. Notre droit criminel, de compétence fédérale,
est d’inspiration britannique, tandis que notre droit civil est d’origine
française et émane directement du Code Napoléon.
Cette présence active et nécessaire de l’État dans la dimension
identitaire de la vie québécoise sera farouchement maintenue par notre
gouvernement dans un esprit de continuité qui a rallié tous les
gouvernements du Québec depuis 40 ans, qu’ils aient été souverainistes ou
fédéralistes.
Mais l’engagement de l’État québécois dans la vie du Québec et des
citoyens va beaucoup plus loin.
L’État québécois, tout en agissant de façon à affirmer l’identité
québécoise, a investi de multiples domaines d’activité.
Nous avons édifié un système public de santé qui fait que tous sont égaux
devant la maladie et la souffrance. Ce système est le reflet de nos
valeurs de compassion et de justice sociale.
Nous avons aussi bâti un système public d’éducation, qui comporte de
grandes écoles, et qui permet à tous les Québécois qui le désirent
d’accéder à des études supérieures. Ce système fait écho à notre croyance
dans l’égalité des chances.
Nous nous sommes aussi donné des leviers étatiques de développement
économique, comme la Caisse de dépôt et Placement du Québec, qui est le
plus important investisseur institutionnel au Canada, ou Hydro-Québec, qui
approvisionne les Québécois, et des Américains à certains moments de
l’année, avec une énergie propre, fiable et renouvelable.
Les outils collectifs que le Québec s’est donné ont largement contribué
aux réussites du Québec.
Montréal, par exemple, se classe au 4e rang en Amérique du Nord pour le
nombre d’emplois par habitant dans les secteurs de haute technologie,
devant des villes comme Dallas ou Toronto. Soixante pour cent de toutes
les firmes d’ingénieurs au Canada se trouvent ici. Notre capitale, Québec,
est à l’avant-garde mondiale dans les domaines de l’optique et de la
photonique. Le Québec est aussi un chef de file dans des domaines aussi
stratégiques que les biotechnologies, l’aérospatiale ou la pharmacologie.
Le Québec est devenu une puissance exportatrice; 60 % de notre PIB dépend
aujourd’hui des exportations. Or, 85 % de nos exportations internationales
de biens trouvent preneurs aux États-Unis. Mais c’est loin d’être à sens
unique. Le Québec est devenu le 4e marché d’exportation en importance pour
l’économie américaine. Le libre-échange est profitable des deux côtés de
la frontière.
Derrière ces réussites du Québec se profilent presque 300 sociétés d’État
et organismes relevant de l’État québécois. Ils se sont ajoutés au cours
des 40 dernières pour constituer une architecture étatique qui apparaît
aujourd’hui… parfois trop complexe et parfois trop coûteuse.
À nos yeux, en ce début de siècle nouveau, la meilleure façon pour l’État
québécois de participer à notre essor économique n’est pas d’intervenir de
façon aussi soutenue dans la vie des entreprises, mais de se mettre au
service des citoyens qui les font grandir.
C’est dans cet esprit, qu’il y a 6 mois, les Québécois nous ont donné un
mandat de changement. Ce changement implique de redéployer notre État afin
qu’il corresponde aux besoins actuels des Québécois.
C’est ainsi que nous avons entrepris de faire l’examen de tous les
organismes qui relèvent de l’État afin de s’assurer de leur pertinence.
Nous voulons aussi que l’État québécois prenne résolument le virage du
gouvernement en ligne afin d’offrir de meilleur services à meilleur coût.
Parallèlement, nous avons entrepris de recentrer l’État sur ses missions
essentielles : santé, éducation, prospérité, sécurité, identité.
L’État, en tant que système démocratique, doit refléter les valeurs des
citoyens. Or, les Québécois sont unis derrière une conception de la
société qui repose sur la compassion, la justice sociale et l’égalité des
chances.
De ce retour aux sources de la réflexion sur le rôle de l’État et sur la
substance de la relation entre l’État et les citoyens, nous plaçons la
santé et l’éducation au sommet de nos priorités.
Et le premier budget que nous avons présenté a confirmé ces priorités.
Nous avons accru de 7,2 % le budget dévolu à la santé et de 3,6 % celui
dévolu à l’éducation.
Le tri que nous entamons dans l’ensemble des engagements de l’État nous
aidera par ailleurs à baisser les impôts des Québécois, à dynamiser notre
économie et à améliorer notre niveau de vie.
Dans le contexte québécois où l’État est très présent, où l’État est en
relation directe avec l’identité, et où les citoyens éprouvent un
attachement à l’État, cette remise à jour du fonctionnement et des
priorités du gouvernement soulève des questions.
Ces débats sont sains et témoignent de la vitalité de notre vie
démocratique et de notre désir ardent de vivre ensemble, à notre manière,
en étant aussi fiers de ce que nous sommes que de notre appartenance à
l’Amérique du Nord.
Mesdames, Messieurs,
En parcourant la dernière édition du bulletin de l’American College of
Trial Lawyers, je suis tombé sur ce passage : « The president-elect tries
to bring to the attendees speakers who leave the audience with a thought
provoking message. »
Aujourd’hui, j’ai voulu vous dépayser en vous ouvrant sur la réalité du
Québec où la relation entre l’État et les citoyens est unique en Amérique
du Nord.
Le Québec, fier de son identité, et enthousiaste devant son avenir, est
profondément engagé dans une relation de commerce et de coopération
politique et scientifique avec ses voisins et partenaires canadiens et
américains.
Je vous remercie
[Charest=20031103]
Monsieur le Ministre de la Santé et des Services sociaux,
Monsieur Mulroney,
Monsieur Johnson,
Chers partenaires du réseau de la santé et du milieu universitaire,
Mesdames, Messieurs,
Nous franchissons aujourd’hui une étape importante en faveur du
développement de la médecine universitaire à Montréal, et dans l’ensemble
du Québec.
Je vous annonce avec une grande joie que monsieur Brian Mulroney et
monsieur Daniel Johnson ont accepté de présider ensemble la Commission qui
analysera les projets que déposeront, d’ici quelques semaines, le Centre
hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) et le Centre universitaire de
santé McGill (le CUSM).
À ce titre, ils devront s’assurer de la faisabilité des projets soumis, de
leur conformité aux objectifs gouvernementaux, et de la bonne gestion de
leur réalisation.
Ils devront aussi s’assurer, conformément aux critères que nous avons
établis, que les deux projets recueillent dans la communauté une
contribution correspondant à 20 % du total des deux enveloppes prévues
d’un milliard de dollars.
Messieurs, je vous remercie, au nom de tous les Québécois, d’avoir accepté
cette mission.
Elle est déterminante pour l’évolution de la médecine universitaire
québécoise, pour l’épanouissement de notre science et de notre recherche,
et pour l’affirmation de Montréal et du Québec parmi les villes et les
sociétés du monde qui définissent les progrès de la médecine.
Généralement, quand on annonce des nominations, on prend quelques minutes
pour présenter le curriculum vitae des personnalités choisies.
Je pense que je peux aujourd’hui faire l’économie des biographies
habituelles.
Monsieur Couillard et moi avons choisi messieurs Mulroney et Johnson parce
qu’ils ont un souci élevé du bien commun, parce qu’ils ont œuvré aux plus
hauts niveaux de l’administration publique, parce qu’ils sont des
gestionnaires respectés autant dans le secteur privé que dans le secteur
public et parce qu’ils sont tous deux de grands Québécois et de grands
Montréalais.
Leur engagement dans le processus de réalisation des deux nouveaux centres
hospitaliser universitaires de Montréal est garant d’une analyse de la
plus grande rigueur possible.
D’autre part, leur nomination est aussi le reflet de l’importance que nous
accordons à ces projets et de la détermination de mon gouvernement à aller
de l’avant. On ne recrute pas deux anciens premier ministres, pour ensuite
reculer.
La médecine universitaire
Monsieur Couillard et moi avons souvent répété que nous accordions une
très grande importance à la médecine universitaire.
La médecine universitaire joue, dans les sociétés modernes, un puissant
rôle moteur. Le travail remarquable qui se réalise dans nos hôpitaux
universitaires et dans nos facultés de médecine doit se situer
quotidiennement à la fine pointe du développement de la médecine et de la
transmission du savoir.
Les activités de recherche, d’enseignement et d’évaluation des
technologies de la santé, autant d’éléments propres à la médecine
universitaire, ont favorisé une amélioration rapide des pratiques en
matière de soins de santé.
Tout cela profite chaque jour aux Québécois qui peuvent compter sur des
soins de santé spécialisés et ultra-spécialisés de la plus haute qualité.
Monsieur Couillard a déjà annoncé une mise en réseau plus explicite de la
médecine universitaire. L’un des effets des décisions qu’il a rendues
publiques, c’est que, dorénavant, les ressources des grands centres
hospitaliers universitaires et des facultés de médecine seront mises
davantage au service des régions du Québec.
C’est pourquoi j’ai dit tout à l’heure que l’annonce d’aujourd’hui était
importante non seulement pour Montréal, mais aussi pour l’ensemble du
Québec.
Les deux projets
Je vous rappelle que, à peine trois mois après notre arrivée au pouvoir,
le Conseil des ministres a donné le feu vert aux deux grands projets
pilotés par le CHUM et le Centre universitaire de santé McGill.
En juillet, monsieur Couillard et la présidente du Conseil du trésor ont
défini les nouvelles balises des deux projets, une clarification qui
s’imposait après des années de flottement et d’hésitation.
L’analyse placée sous la responsabilité de monsieur Mulroney et monsieur
Johnson permettra maintenant de garantir que les deux nouveaux hôpitaux
seront construits dans le respect de ces balises.
Messieurs Mulroney et Johnson sauront aussi tenir compte d’un autre aspect
des choses, qui avait été jusqu’ici négligé : un grand hôpital, c’est
avant tout un établissement de santé, cela va de soi, mais c’est aussi un
très grand meuble urbain.
C’est pourquoi la Commission étudiera non seulement le volet santé des
deux projets, mais accordera aussi beaucoup d’importance à leurs
répercussions sur la trame urbaine de Montréal et sur la gestion des
transports.
Monsieur Mulroney, Monsieur Johnson, merci de faire à nouveau profiter la
collectivité québécoise de votre expertise et de votre sagesse.
Monsieur le Ministre de la Santé et des Services sociaux, à vous
maintenant de nous donner un peu plus de précisions sur ces deux
projets…
Une question, une réponse
Vous nommez deux amis personnels à des postes stratégiques, est-ce qu’il
n’y a pas là un problème éthique?
Brian Mulroney et Daniel Johnson sont effectivement des amis personnels et
tout le monde le sait. Les choses sont donc claires. Si cela devait les
disqualifier d’une charge publique, le Québec se priverait de la
contribution de deux hommes d’une exceptionnelle valeur, reconnus et
respectés dans tous les milieux.
Je vois mal, d’autre part, qui pourrait critiquer le fait, après des
années d’hésitation, que les deux plus hauts responsables de la
réalisation du nouveau CHUM et du nouveau Centre universitaire de santé
McGill aient l’oreille attentive du premier ministre.
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[Charest=20031104]
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Chef de l’Opposition officielle,
Monsieur le Député de Rivière-du-Loup,
Monsieur le Président de la Commission de la capitale nationale (Pierre
Boulanger),
Chers amis,
La semaine dernière, l’Assemblée nationale, d’une voix unanime, a
réaffirmé que le Québec formait une nation.
Si nous avons aujourd’hui cette conscience que les Québécois sont
pleinement maîtres de leur destinée et de leurs choix, c’est parce que des
hommes comme Louis-Hippolyte Lafontaine se sont levés pour forger notre
histoire, notre mémoire et notre identité.
En 1830, Lafontaine avait 23 ans, lorsqu’il a été élu à la Chambre
d’assemblée. Ce parlement sans pouvoirs était l’ancêtre de notre Assemblée
nationale.
En 1834, il s’allie à Louis-Joseph Papineau et à son Parti patriote en
appuyant les 92 résolutions réclamant de Londres de véritables pouvoirs.
Le rejet de ces revendications en 1837 conduit à une révolte, puis à
l’emprisonnement de 26 patriotes. Lafontaine est dépêché à Londres pour
obtenir des concessions. Mais sa médiation échoue et lui-même est
emprisonné. La suite est connue : 12 patriotes sont pendus au
Pied-du-courant, dont le chevalier de Lorimier.
Pour Lafontaine, la voie de la révolte est sans issue et elle est surtout
source de trop de souffrances. Profondément épris de justice, fier de ses
origines et de sa langue, il décide de remplacer le bruit des armes par le
poids des mots.
Lafontaine obtiendra par la politique ce que le soulèvement n’a su
procurer aux siens. Il fait le pari québécois de réformer de l’intérieur
le Parlement colonial, alors basé à Kingston.
Le 13 septembre 1842, Lafontaine dira ceci : « Quand même la connaissance
de la langue anglaise me serait aussi familière que celle de la langue
française, je n’en ferais pas moins mon premier discours dans la langue de
mes compatriotes canadiens-français, ne fût-ce que pour protester
solennellement contre cette cruelle injustice de l’Acte d’Union qui tend à
proscrire la langue maternelle d’une moitié de la population du Canada. »
Si le Québec a su préserver par-delà les années et la loi du nombre sa
langue et sa culture, c’est en bonne partie grâce à Louis-Hippolyte
Lafontaine.
Lafontaine se fait élire à Toronto à la tête d’un groupe de députés
Canadiens français et avec l’appui du chef des réformistes du Haut-Canada,
Robert Baldwin.
Cette alliance avec Baldwin bloque les visées centralisatrices et
assimilatrices de l’Angleterre, elle rétablit le droit de cité du français
comme langue parlementaire, elle conduit à un train de réformes
démocratiques et elle mène au déménagement du parlement canadien à
Montréal.
En 1848, Lafontaine et Baldwin font vaciller la tutelle britannique. Le
gouverneur Elgin leur confie les rennes d’un véritable gouvernement
responsable, dans lequel peuvent se reconnaître les Canadiens français.
Louis-Hippolyte Lafontaine réalise ainsi par la voie diplomatique et
politique le premier objectif que poursuivaient les patriotes.
Un an plus tard, Lafontaine et Baldwin, qui sont en quelque sorte les deux
premier co-premiers ministres d’un Canada naissant, adoptent une loi pour
dédommager les familles des patriotes dont les propriétés avaient été
saccagées par les troupes britanniques.
Cette fois, ce sont les Anglais qui se révoltent. Le Parlement de Montréal
est incendié. Il sera plus tard établi à demeure à Ottawa.
Louis-Hippolyte Lafontaine a joué un rôle central dans la reconnaissance
politique des Canadiens français dont nous sommes les fiers descendants.
Il était de ces grands hommes de l’histoire qui ont su trouver, lorsque
tout semblait perdu, une façon de faire avancer la justice, leurs idéaux
et la cause des leurs.
Par sa détermination, sa capacité de tisser des alliances, Louis-Hippolyte
Lafontaine est un exemple pour nous tous.
Aujourd’hui, après une trop longue absence, il reprend sa place devant le
salon des élus du peuple québécois aux côtés de ses contemporains
Louis-Joseph Papineau et Honoré-Mercier.
[Charest=20031111]
Monsieur le Président,
Je demande le consentement de cette chambre pour présenter, conjointement
avec le chef de l’Opposition officielle, la motion suivante :
Que l’Assemblée nationale souligne le jour du Souvenir et rende hommage à
tous ceux parmi les nôtres qui ont servi en temps de guerre ou de paix
précaire au 20e siècle ou en ce début de 21e; qu’elle se souvienne que par
milliers, des hommes et des femmes de chez nous sont morts ou ont mis leur
vie en péril pour la liberté et la justice en servant dans l’armée, la
marine, l’aviation, la marine marchande ou dans les forces de maintien de
la paix; et qu’elle observe deux minutes de silence en hommage à la
mémoire des disparus et en signe de respect pour ceux qui sont revenus,
ceux qui sont actuellement en mission ou ceux qui se préparent à partir…
Monsieur le Président,
Comme chaque année, nous prenons le temps de nous arrêter et de rendre
hommage au courage, au sacrifice, des quelque 1,5 millions de Canadiens,
dont des dizaines de milliers de Québécois, qui ont servi en temps de
guerre et qui ont participé à des missions de maintien de la paix.
C’est un très grand privilège que celui d’être libre. Et si nous sommes
libres aujourd’hui, c’est parce que nos semblables ont combattu et péri
pour que leurs enfants et petits-enfants, dont nous sommes, puissent jouir
du privilège de la liberté.
Aujourd’hui, nous accomplissons donc notre devoir d’État en nous souvenant
des nôtres qui sont morts au combat et en nous recueillant avec les
familles des disparus et avec les anciens combattants qui étaient leurs
compagnons d’armes.
Ce jour du souvenir est aussi un jour où nous devons prendre conscience
que la paix et la liberté, si elles fleurissent chez nous comme dans un
printemps sans fin, n’en sont pas pour le moins fragiles.
Le 11 septembre 2001, nous avons tous été catastrophés de voir que le
terreur pouvait traverser l’océan et rugir à nos portes. Ce jour-là, nous
avons partagé l’angoisse et la frayeur qui sont encore le lot quotidien de
millions d’êtres humains à travers le monde.
Notre liberté, notre paix et notre sécurité ne doivent jamais être tenues
pour acquises, mais toujours nourries, promues et défendues.
C’est dans cet esprit que nous devons saluer la mémoire de ceux qui se
sont levés au péril de leur vie pour faire échec à la tyrannie.
Cette liberté que nous avons : liberté de mouvement, de parole et de
pensée; liberté d’expression; liberté de voter pour qui l’on veut; liberté
d’une justice juste; liberté de vivre comme on l’entend et d’éduquer ses
enfants comme on le conçoit…
Cette liberté, ce n’est pas un cadeau du hasard et de l’histoire. Cette
liberté, elle s’est gagnée dans le sang versé.
Nous ne devons jamais l’oublier. Nous avons un devoir de mémoire et de
reconnaissance.
Monsieur le Président,
Nous avons aujourd’hui, dans les tribunes, des Québécois qui sont des
exemples de courage.
Je tiens à les remercier et à leur exprimer la reconnaissance et le
respect du peuple québécois; qu’ils aient combattu dans l’une ou l’autre
des guerres où le Canada a été impliqué, qu’ils aient servi dans une
mission de l’ONU, ou qu’ils aient aidé les leurs lors de catastrophes
naturelles comme le déluge du Saguenay ou le grand verglas.
En ce jour du Souvenir, et devant les distingués invités qui sont dans les
tribunes aujourd’hui, je veux dire que mon gouvernement est fier de ceux
et celles qui se sont battus ou qui mettent leur vie au service des idéaux
qui nous rassemblent.
Plus le temps passe, plus la mémoire des événements recule. Avec les
années, nos anciens combattants vont paisiblement rejoindre ceux qu’ils
ont laissés sur les champs de bataille d’Europe, de Corée et de combien
d’autres contrées…
C’est d’ailleurs avec grand plaisir que je participerai après cette
motion, au lancement du livre Le Québec et la guerre de l’historien,
Jean-Marie Fallu, et édité par Les Publications du Québec.
Par son travail, il permettra à tous ceux et celles qui consulteront son
oeuvre de garder à la mémoire les efforts de ces gens ordinaires qui ont
contribué à changer le cours de l’histoire.
Monsieur le Président,
Il est clair que selon la génération à laquelle nous appartenons, nous
avons une appréciation différente du sacrifice, des événements passés et
des faits d’armes des nôtres.
Mais si nous avons un devoir de mémoire, nous avons aussi un devoir de
conscience.
Nous célébrons cette année le 50e anniversaire de la fin de la Guerre de
Corée. Il y avait des milliers de Québécois parmi les 20 000 Canadiens qui
y ont combattu. Nous célébrons aussi le 60e anniversaire du début de la
campagne d’Italie.
Encore là, des milliers de Québécois ont participé à cette campagne
historique.
L’histoire militaire fait partie de l’histoire de tous les peuples. On
peut ne pas aimer cette idée. Elle peut être contraire à notre conception
des choses. Mais on ne peut pas la nier. Cela fait partie de notre
condition humaine, pour reprendre le mot de Malraux.
Nous renouvelons aujourd’hui le serment que nous avons fait, comme État,
comme citoyens. Le serment de nous assurer que le sacrifice ne serait
jamais oublié.
C’est dans cet esprit nous avons déposé aujourd’hui, un projet de loi qui
vise à protéger et à entretenir les sépultures des anciens combattants.
En ce jour du Souvenir, nous nous souvenons de ceux qui ont péri et
combattu pour notre liberté. Mais en ce jour du Souvenir, nous saluons
aussi l’engagement de milliers de nos concitoyens qui vont au-devant du
danger pour que l’avenir du monde soit meilleur.
Ces hommes et ces femmes se nourrissent du souvenir pour s’investir et
bâtir un avenir meilleur comme l’ont fait les anciens combattants. Le jour
du Souvenir devient aussi un jour d’avenir.
Je dis aujourd’hui aux Québécois qu’ils doivent être fiers de ceux et
celles qui s’engagent dans les Forces armées canadiennes, car ils ne vont
pas à l’encontre du pacifisme des Québécois; ils en sont l’extension
active; ils en sont le bras.
Lorsque les Québécois manifestent par milliers en faveur de la paix; ils
doivent savoir et être fiers que des milliers des leurs risquent leur vie
pour protéger la paix.
Le Canada est un des très rares pays membre de l’ONU à avoir participé à
toutes les missions de maintien de la paix. Depuis 1956, des milliers de
Québécois participent à ces missions qui font taire les canons, qui
remplacent la destruction par l’espoir et la peur par la joie.
Tous les hommes et les femmes du Québec qui s’engagent dans les Forces
armées canadiennes méritent notre reconnaissance et notre admiration.
Dans le contexte international actuel, les missions de paix qui leur sont
confiées sont beaucoup plus délicates et beaucoup plus dangereuses que par
le passé.
C’est ainsi qu’on parle de moins en moins de maintien de la paix, mais
bien davantage d’imposition de la paix. C’est maintenant dans des zones
extrêmement instables que se déploient nos soldats.
La tournée des médias qu’a effectuée le général à la retraite Roméo
Dallaire au cours des derniers jours a permis aux Québécois de voir dans
quels périls pouvaient s’engager les nôtres et l’impuissance à laquelle
ils devaient parfois se résoudre.
Plusieurs reviennent au pays éprouvés, marqués, souvent blessés
psychologiquement. Nous en sommes conscients.
Hier, notre gouvernement a présidé à la signature d’une entente entre le
Centre hospitalier universitaire de Québec et le ministère des Anciens
combattants afin de créer un centre d’excellence pour les personnes
souffrant de trauma ou stress opérationnel dont le Syndrome de stress post
traumatique à la maison Paul Triquet.
Monsieur le Président,
Dans quelques mois, la Garnison de Valcartier se videra de presque la
moitié de son contingent.
En janvier, 1 900 membres du 5e Groupe-brigade mécanisé seront déployés à
Kaboul en Afghanistan. Ils agiront sous le commandement de Jocelyn
Lacroix, qui hier était lieutnant-colonel et qui, ce matin, a été hissé au
rang de brigadier-général.
Le brigadier-général Lacroix est dans les tribunes aujourd’hui. Je le
salue et le félicite.
Quelques semaines plus tard, en mars, 600 autres militaires seront
déployés en Bosnie-Herzégovine.
Il s’agit d’un des plus importants déploiements de soldats québécois
depuis l’existence de la base de Valcartier.
En tout, 2 500 hommes et femmes, souvent père ou mère de famille,
laisseront derrière eux leurs familles dans l’inquiétude pour aller
affirmer une des valeurs les plus profondes du peuple québécois : notre
attachement à la paix.
[Charest=20031127]
Monsieur le Ministre du Développement économique et régional,
Madame la Présidente du Conseil du Mouvement québécois de la qualité
(Gisèle Desrochers),
Madame et Monsieur les co-présidents du Conseil des Gouverneurs du
Mouvement québécois de la qualité
(Isabelle Courville et Jean-Pierre Gilardeau),
Monsieur le Président du jury des Grand Prix québécois de la qualité 2003
(Jean-Marie Gonthier),
Monsieur le Recteur de l’Université de Sherbrooke (Bruno-Marie Béchard),
Mesdames, Messieurs les nominés et les lauréats,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Il me fait très plaisir de participer pour la première fois à la remise
des Grands Prix québécois de la qualité.
Les entreprises ou les organisations publiques qui posent leur candidature
pour l’obtention de ces prix se mesurent à des exigences parmi les plus
élevées qui soient dans tous les aspects de leurs activités.
Le simple fait de voir sa candidature reçue aux Grands Prix québécois de
la qualité est déjà en soi une marque de distinction.
Je tiens à féliciter tout les candidats qui ont participé à cette 5e
édition.
Je félicite également le Mouvement québécois de la qualité et le ministère
du Développement économique et régional.
Ils ont le mérite d’avoir créé un prix qui s’harmonise par ses critères
aux références internationales, comme le Malcolm Balridge Quality Award
des États-Unis, ou le prix Deming du Japon.
Les lauréats des Grands Prix québécois de la qualité se voient donc
remettre un prix qui répond aux plus hautes définitions connues de
l’excellence en organisation.
Les Grands Prix québécois de la qualité relèvent la volonté du Québec et
de ses gestionnaires d’élite – qu’ils soient dans le secteur privé ou dans
le secteur public – de se comparer aux meilleurs.
Ces Grands Prix témoignent aussi refus du Québec de chercher dans sa
spécificité un prétexte à un abaissement des critères d’excellence.
Dans notre monde de concurrence, il n’y a pas de faux-fuyants possibles,
nous avons le devoir de briller parmi les meilleurs.
C’est donc l’excellence qui nous réunit aujourd’hui.
L’excellence dans son sens littéral.
L’excellence qui parfois fait peur à cause de tout ce qu’elle implique.
Cette excellence, elle est conquise dans l’effort, dans la remise en
question, dans le recommencement. Elle est arrachée à l’habitude et au
confort. Elle est le contraire de la satisfaction.
L’excellence que salue les Grands Prix québécois de la qualité est
l’exception.
Cette excellence, si elle se mesure, elle est une manière avant d’être un
résultat.
L’excellence est une culture.
Celles et ceux qui la vivent partagent la détermination face aux objectifs
à atteindre; ils partagent le courage devant l’ampleur de la tâche, ils
sont unis par la fierté d’être associés à un projet; et ils ont en commun
l’humilité, qui est à l’origine de la confiance que l’on a en soi et que
l’on peut placer dans les autres.
C’est cette excellence que nous célébrons. Elle fait les grandes équipes.
Elle fait les grandes organisations professionnelles. Elle fait les grands
gestionnaires.
Elle peut aussi faire les grands peuples.
C’est cette idée de l’excellence qui est derrière notre projet pour le
Québec.
Lorsque les Québécois nous ont élus, ils ont accepté de s’ouvrir à des
débats importants. Ils ont voulu s’interroger avec nous sur la manière
dont les choses se passent au Québec.
Ils ont fait le constat avec nous que nous pouvions faire mieux.
Nous pouvons être plus efficaces et plus prospères. Si nous organisons
différemment le Québec en nous assurant, par exemple, que l’État est là où
il doit être et en faisant en sorte qu’il confie à d’autres ce que
d’autres peuvent faire mieux ou à meilleur coût que l’État.
Nous pouvons aller plus loin, tous ensemble, si nous arrêtons de penser en
fonction de nos acquis et si nous nous mettons à penser en fonction de nos
défis.
Nous pouvons être meilleurs, comme État, si nous cessons de disperser nos
efforts et nos ressources pour les concentrer sur l’essentiel.
Nous pouvons être plus performants si nous acceptons de nous ouvrir à de
nouvelles méthodes de gestion et à l’Internet pour mieux servir les
Québécois.
Nous sommes en train de faire tout cela. Nous sommes en train de tendre
vers l’excellence.
Nous visons une plus grande efficacité. Nous agissons en fonction de nos
défis. Nous établissons des priorités claires. Nous nous inscrivons dans
une croissance durable et à long terme.
Ce sont là des idées qui vous sont familières.
En fait, il n’y a rien que notre gouvernement entreprend qui vous soit
totalement étranger, à vous qui avez suivi le long chemin qui mène à
l’excellence.
Je dirais aussi qu’il n’y a pas un obstacle que nous rencontrons qui ne
vous soit pas familier.
Le changement, qui fait partie de la marche vers l’excellence, implique
une résistance au changement. Cela ne vous est pas inconnu non plus.
Vous comprenez aussi que le changement et l’excellence s’inscrivent dans
un contexte.
C’est notamment celui de la concurrence qui fait qu’on achète votre
produit plutôt que celui d’un autre, ou qu’on s’établit au Québec plutôt
qu’ailleurs.
Ce contexte, pour notre gouvernement, c’est aussi celui du vieillissement
de la population, de la remise sur pied de notre système de santé, de la
pénurie de main-d’œuvre qualifiée, du trop faible niveau de vie des
Québécois…
Que les changements que nous entreprenons puissent être source
d’incertitude chez certains, ou de mécontentement parfois, je le
comprends.
Mais l’aveuglement volontaire qui consisterait à en nier la nécessité
serait bien plus périlleux
On ne peut pas renier son époque. On ne peut pas faire comme si on vivait
ailleurs.
En tant que gestionnaires, vous comme moi, nous avons le devoir d’être de
notre temps.
Le Québec que je conçois est un Québec qui tend vers l’excellence. C’est
un Québec qui se réclame pleinement du 21e siècle et qui a tourné la page
sur le 20e.
Ce n’est pas le Québec d’un modèle. C’est un Québec qui se remodèle pour
faire corps avec son époque pour en relever tous les défis et pour aller
chercher sa pleine part de bénéfices.
Vous êtes l’incarnation de ce Québec qui peut briller parmi les meilleurs.
Vous êtes la preuve de notre capacité à atteindre les plus hauts sommets.
Vous avez atteint l’excellence.
Je vous remercie de l’inspiration que vous êtes et je vous en félicite.
[Charest=20040120]
Distingués invites,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui.
Je tiens à remercier la Chambre de commerce Canada–Royaume-Uni, et tout
particulièrement sa présidente, Madame Rosalyn Rahme, d’offrir ce
déjeuner.
J’apprécie beaucoup votre chaleureuse hospitalité.
Permettez-moi de remercier aussi le nouveau délégué général du Québec à
Londres, mon cher ami Monsieur George MacLaren, et le haut-commissaire,
Monsieur Mel Cappe, qui ont participé avec enthousiasme à l’organisation
de cette activité.
Je souhaite d’abord vous remercier d’être venus en si grand nombre. Je
m’en réjouis d’autant plus que j’entreprends à Londres ma première visite
en Europe en qualité de premier ministre du Québec.
Il me fait particulièrement plaisir de me trouver dans la capitale
financière de l’Europe et dans la capitale du premier partenaire
commercial européen du Québec.
Le Royaume-Uni nous a montré la voie du commerce international. Il a été
et continue d’être une inspiration pour nous.
Le Royaume-Uni est en effet notre plus grand partenaire commercial, juste
après les États-Unis, ce qui n’est certainement pas une surprise pour
vous.
Beaucoup d’entre vous avez joué et continuez de jouer un rôle considérable
dans la réussite de nos relations commerciales.
Nous sommes depuis longtemps partenaires en matière de commerce et
d’investissement.
Des noms comme Rio Tinto, Rolls Royce et Standard Life viennent
immédiatement à l’esprit comme exemples de cette longue relation
d’affaires.
Mais le Québec et le Royaume-Uni sont partenaires sur un autre plan.
Nous partageons en effet la tradition du parlementarisme et des
institutions britanniques. Ce lien date du XVIIIe siècle et reste très
visible derrière les institutions politiques québécoises.
Le parlement du Québec s’est réuni pour la première fois en 1792; c’est
donc l’une des plus vieilles démocraties du monde.
Le Québec est un lieu unique. Nous sommes fiers de notre langue et de
notre culture.
Nous nous sommes épanouis dans ce qui était jadis l’Amérique du Nord
britannique. Nous prospérons maintenant dans ce que nous appelons de plus
en plus souvent les Amériques.
Nous prospérons en dépit de tout ce qui menace la survie de la langue
française et de notre culture.
De ce fait — je dirais de cet exploit — découle une responsabilité, à la
fois morale et historique : celle de travailler activement à la protection
de la diversité culturelle pour que survivent, justement, notre langue et
notre culture.
Comme Québécois, nous sommes fiers de notre langue et de notre culture que
nous avons su faire fleurir sur le continent nord-américain, défiant la
loi du nombre et du temps.
C’est pourquoi le gouvernement du Québec compte parmi les nombreux
promoteurs, de tous les continents et de nombreuses cultures, d’un accord
international sur la diversité culturelle sous les auspices de l’UNESCO.
Un tel accord garantirait aux États et aux gouvernements le droit
d’élaborer et d’appliquer des politiques de soutien de la culture sous
toutes ces formes.
La promotion de la diversité culturelle nous tient vraiment à cœur.
À cette mission, nous apportons – je le précise avec fierté – des
références impeccables sur le plan du libre-échange. Comme chacun sait et,
à plus forte raison, nos partenaires commerciaux, les Québécois figurent
parmi les plus ardents défenseurs du libre-échange au Canada, depuis
d’ailleurs quelque temps déjà.
Nous sommes très favorables à la libéralisation des échanges commerciaux
dans les Amériques, par-delà l’Atlantique et dans le monde entier.
Les Québécois défendent le libre-échange avec enthousiasme, peut-être par
vertu mais certainement par nécessité.
L’économie québécoise contemporaine est tout à fait intégrée à l’économie
nord-américaine et, de plus en plus, à l’économie mondiale.
Près de 60 % de notre PIB sont exportés, soit 20 % vers les autres
provinces canadiennes, 32 % vers le marché américain et 8 % ailleurs.
Le chiffre de nos exportations et notre présence substantielle sur les
marchés d’Amérique du Nord et du monde doivent beaucoup à la
diversification de notre économie.
Nous jouissons en effet d’une économie post-industrielle dans laquelle le
secteur des services, à 70 % du PIB, joue un rôle de premier plan; où le
secteur manufacturier représente 27 % et les ressources naturelles, 3 %.
Mais ces 3 % ne doivent pas induire en erreur : le Québec reste un
important producteur mondial de ressources naturelles, depuis l’aluminium
jusqu’au papier journal.
Nous bénéficions aussi d’une abondante source d’énergie propre, peu
coûteuse et renouvelable. Grâce à une nature généreuse, en effet, presque
toute notre électricité est de source hydraulique.
Surtout, l’économie québécoise est axée sur l’innovation et la haute
technologie.
Ainsi, par rapport au Canada dans son ensemble et malgré une population de
moins 25 % du total, le Québec représente :
38 % de toutes les activités en technologie de l’information,
44 % de toutes les exportations du domaine de la haute technologie,
50 % de l’industrie pharmaceutique,
55 % de la production aérospatiale,
60 % des cabinets d’ingénieurs professionnels.
La production aérospatiale illustre d’ailleurs fort bien l’évolution de
notre économie, en plus d’être un excellent exemple de partenariat entre
notre province et le Royaume-Uni.
Beaucoup d’entre vous fréquentez régulièrement le salon international de
Farnborough. Vous connaissez donc la position du Québec en aérospatiale.
En ce domaine, Montréal est l’un des trois plus grands centres mondiaux,
derrière Seattle et Toulouse.
Le secteur regroupe 260 entreprises, telles Bombardier, et emploie 40 000
travailleurs qualifiés. La production est exportée à 80 %.
Les industries qui reposent sur un savoir pointu ont accru la part du PIB
attribuable au secteur privé, le portant de 18 % en 1983 à 24 % en 2000.
Depuis 1990, le nombre d’entreprises qui effectuent de la
recherche-développement a plus que doublé.
Cette croissance a fait de Montréal l’un des principaux centres de haute
technologie de la nouvelle économie. Une étude menée récemment par
PricewaterhouseCoopers classe d’ailleurs Montréal au quatrième rang
d’Amérique du Nord pour ce qui est du nombre d’emplois par personne dans
les secteurs de la haute technologie.
Je le disais plus tôt : le Royaume-Uni est notre principal partenaire
commercial en Europe. Cette relation est à la fois bien établie et fort
diversifiée. Elle repose sur des échanges bilatéraux de 5,7 milliards de
dollars canadiens, soit deux fois le chiffre des échanges annuels entre le
Royaume-Uni et la Californie.
En effet, malgré une population cinq fois plus grande que celle du Québec,
la Californie commerce moins avec le Royaume-Uni que nous le faisons.
L’économie québécoise est très compétitive; notre situation fait de nous
une porte d’accès en Amérique du Nord.
Notre infrastructure est moderne et bien développée.
Une étude récente du groupe KPMG confirme que les coûts d’implantation et
d’exploitation des entreprises au Québec sont parmi les plus faibles de
tous les grands pays industrialisés.
Et selon l’étude que fait annuellement la société Mercer de la qualité de
vie dans plus de 200 villes, Montréal n’est jamais bien loin du premier
rang.
Le Québec a aussi la chance de pouvoir compter sur une main-d’œuvre très
compétente. Plus de la moitié de la population de la grande région de
Montréal est bilingue et 16 % des Québécois parlent une troisième langue.
Cette combinaison unique d’un leadership dans les secteurs de haute
technologie, d’une énergie fiable à des prix concurrentiels, de
l’intégration au marché nord-américain et d’une main-d’œuvre très
qualifiée explique le succès de l’économie québécoise.
Notre défi consiste maintenant à tirer le meilleur parti de ces
formidables avantages.
Mon gouvernement croit fermement à l’importance d’une administration
rentable et focalisée sur l’essentiel.
Je crois que nous pouvons faire plus en faisant mieux et différemment.
Il faut entre autres nous pencher sur le vieillissement de la population,
qui va forcément accroître la pression sur les services publics, et
notamment les services de santé.
Notre premier budget est plus propice à l’investissement et aux affaires.
Nous avons réduit l’impôt sur le capital et 70 % des entreprises du Québec
en sont maintenant exemptées. Nous offrons toujours les meilleurs
programmes d’Amérique du Nord sur le plan des encouragements fiscaux à la
recherche-développement.
Nous allons continuer de hausser le niveau de vie des Québécois et de
stimuler l’investissement du secteur privé.
Déjà, il y a au Québec d’importants fonds de placement et de grands
investisseurs.
La moitié des sociétés de capitaux à risque de tout le Canada sont
établies au Québec. Nous avons aussi une abondance d’investisseurs à
l’affût de partenariats avec des sociétés de capitaux à risques d’Amérique
du Nord et d’Europe.
Ce qu’il nous faut maintenant, ce sont de grands investisseurs du secteur
privé, aux intérêts diversifiés en matière de risque, pour le financement
de deuxième et de troisième rondes.
Notre message aux investisseurs à la recherche de rendements attrayants
est celui-ci : les règles du jeu sont les mêmes au Québec qu’ailleurs; les
mêmes qu’à New York et, certainement, à Londres.
En affaires, nous parlons la même langue.
Nous voulons augmenter encore notre taux de croissance économique pour que
le gouvernement puisse se concentrer davantage sur ses principales
missions : la santé et l’éducation.
Nous sommes en train de renouveler l’administration publique.
Nous décentralisons, nous encourageons les partenariats entre secteurs
public et privé et nous allons créer une administration en ligne. Bref,
autant de conditions essentielles à une prospérité plus grande encore.
Le Royaume-Uni est un chef de file de la mise en œuvre, de l’évaluation et
du renouvellement de l’administration, qu’il s’agisse d’entreprises ou de
gestion publique. Nous avons beaucoup à apprendre et à gagner de
l’expérience britannique.
Ces changements marquent le début d’une nouvelle ère de coopération entre
le Québec et ses partenaires de la fédération canadienne.
Nous croyons en effet que la fédération canadienne est un environnement
politique, économique et social propice à la prospérité québécoise.
En cette époque de mondialisation économique où la protection de
l’environnement et la sécurité gagnent en importance, nous avons tout
intérêt à bâtir des alliances.
Et tout comme nous souhaitons renouveler le Québec, nous tenons à être au
premier plan du renouvellement du Canada.
Le tout nouveau Conseil de la fédération, né de la nécessité d’intensifier
la coopération, ouvre la voie à une fédération canadienne plus efficace et
plus souple.
Au carrefour des traditions britannique et française, le Québec ne sera
jamais une province comme les autres. Notre histoire, notre langue, notre
culture, nos institutions et notre système juridique concourent à notre
particularité.
Le Québec vit une période de grands changements.
Des changements qui nous permettent de tirer parti de nos forces et de
réaffirmer les valeurs de notre société.
Des changements qui donnent un nouvel élan à la création de richesses, qui
vont consolider nos alliances avec le Royaume-Uni et améliorer nos
relations au-delà de l’Atlantique et partout sur la planète.
Je vous remercie.
[Charest=20040213]
Mesdames, Messieurs,
Au cours des derniers jours, les hommages à Claude Ryan sont venus de tous
les horizons de la société québécoise et canadienne. Tous ont salué avec
justesse sa rigueur intellectuelle. Claude Ryan savait tracer la ligne de
la raison dans les nuances les plus fines de nos débats.
De l’Action catholique, au journal Le Devoir, jusqu’à son engagement en
politique et même après, il aura été de ces grands Québécois qui ont forgé
notre conscience collective.
Car cette idée que nous avons d’être Québécois, ne tient pas qu’à notre
langue et à notre culture. C’est aussi une foule de choses, petites et
grandes, qui font ce que nous sommes. Et Claude Ryan en a exploré et
décrit tous les aspects.
Il est à mon sens l’un des principaux fondateurs de l’identité québécoise
contemporaine; non pas dans le sens de la revendication, mais dans le sens
d’un état de fait inaliénable : le Québec existe à sa manière.
Et ce Québec, Claude Ryan lui aura consacré sa vie avec passion, toujours
désireux de mieux le comprendre et de mieux le défendre. Il était de ceux
qui guidaient les Québécois vers leur destin. Sa volonté était d’exprimer
le plus justement possible les aspirations réelles des Québécoises et des
Québécois.
Claude Ryan aimait les Québécois tels qu’ils sont. Sa recherche était
celle de l’équilibre entre ceux qui parlent haut et ceux que l’on n’entend
pas. Il voulait la prospérité du Québec parce qu’elle permet la plus
grande compassion envers les personnes vulnérables. Il a combattu toute sa
vie en faveur des libertés individuelles, parce qu’elles lui
apparaissaient comme le plus court chemin vers la solidarité. À ses yeux,
seul l’homme libre de ses choix peut choisir l’autre.
C’était le sens de l’engagement de Claude Ryan : volontaire et absolu.
C’était un engagement qui découlait de sa foi profonde, mais aussi d’un
très grand respect envers ses concitoyens. Pour Claude Ryan, servir était
un devoir et ce devoir était un privilège. Il s’y sera consacré jusqu’à
son dernier souffle. Il avait la générosité des personnes humbles et
l’empathie de ceux qui croient en l’humanité.
Notre dernière rencontre remonte à janvier. J’avais alors passé un peu
plus d’une heure, seul avec lui, dans sa résidence. La maladie avait
ralenti ses gestes, mais son esprit et son verbe étaient toujours aussi
vifs et son humour, intact.
Il m’a parlé de sa maladie avec une sérénité empreinte d’une grande
dignité. Notre conversation était à la fois intime et intense. Sans jamais
le dire ouvertement, il m’a prodigué ses derniers conseils. Nous avons
discuté de ce dont nous parlions toujours: du Québec et du Parti libéral
du Québec qu’il a aimé et nourri pendant 25 ans. Il m’a parlé comme on
parle à quelqu’un à qui on laisse un précieux héritage.
Lorsqu’il m’a raccompagné à l’ascenseur, ses derniers mots ont été pour me
dire qu’il allait prier pour mon épouse, pour mes enfants et pour moi.
J’ai alors compris que je ne le reverrais probablement plus. Jusqu’à
l’ultime moment Claude Ryan aura pensé aux autres.
Je garderai de Claude Ryan le souvenir d’un homme heureux. Claude Ryan
n’est pas de ces disparus que l’on doit regretter. Ce serait lui manquer
d’égards. Son départ nous commande d’honorer sa mémoire et de continuer à
puiser à ses enseignements.
La maladie aura forcé ce travailleur infatigable au repos. Ses collègues
d’hier, ses amis et nous les députés de l’Assemblée Nationale du Québec,
devenons les dépositaires des valeurs qu’il a défendues.
Ces valeurs intemporelles ont un goût de liberté et de responsabilité
individuelle et collective. Elle sont la démocratie qui se fait à la fois
générosité et devoir. Ainsi qu’il l’écrivait récemment, et je cite :
«La liberté et l’épanouissement de l’individu demeurent la fin première de
l’action politique. Mais l’individu ne peut vivre qu’au sein d’une société
qui lui apporte beaucoup et qui, en retour, attend beaucoup de lui. »
Claude Ryan aura prêché par l’exemple. Claude Ryan ne s’est pas éteint. Il
est un phare qui brillera longtemps sur le Québec.
M. Ryan, le Québec vous dit Merci.
Reposez en paix.
[Charest=20040225]
Monsieur Marcel Proulx, directeur général de l’ÉNAP
Monsieur Louis Sabourin, fondateur du Groupe d’études, de recherches et de
formation internationale de l’ÉNAP – GERFI
Monsieur Luc Bernier, directeur de l’Enseignement et de la recherche
Monsieur Nelson Michaud, professeur et directeur associé du GERFI
Mesdames, Messieurs du corps consulaire,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Mes premiers mots en seront de félicitations.
Monsieur Proulx, Monsieur Sabourin, recevez les félicitations du
gouvernement du Québec pour les 20 ans du Groupe d’études, de recherches
et de formation internationales de l’ÉNAP.
Ces 20 ans d’enseignement, de formation et de recherche sur
l’administration publique internationale témoignent de l’excellence de
l’ÉNAP, mais aussi, de façon plus fondamentale, de l’engagement du Québec
en faveur de la démocratie dans le monde.
Car la probité, l’intégrité et la compétence des administrations publiques
comptent parmi les fondements de toute société démocratique.
Au cours des ans, l’ÉNAP a formé des centaines de gestionnaires et de
hauts fonctionnaires provenant des quatre coins du monde et actifs à tous
les niveaux : local, régional ou national.
La renommée internationale de l’ÉNAP est loin d’être surfaite. Elle a pour
assise la compétence et l’excellence de ses milliers d’étudiants d’hier
qui occupent aujourd’hui des postes clés dans l’administration publique
québécoise.
Je salue cette grande école qu’est l’ÉNAP, tous les étudiants, sa
direction, son personnel enseignant, ses professionnels et son personnel
de soutien.
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui afin de discuter de la
place de l’État québécois dans le monde d’aujourd’hui.
Les défis ne manquent pas, et parler de relations internationales et de
mondialisation est devenu un lieu commun. En tant qu’administrateurs
publics, que ce soit dans la fonction politique ou dans la fonction
administrative, il s’agit d’une réalité qui nous rattrape tous les jours.
Nous devons en tenir compte pour ce qu’elle est, certes. Mais nous devons
également porter attention aux effets grandissants qu’elle a sur les
politiques de nombreux ministères.
D’entrée de jeu, il ne fait aucun doute que le Québec a un rôle à jouer
sur la scène internationale, et qu’il a la liberté et le droit de conclure
des ententes dans ses champs de compétences avec des États, des régions et
des organisations internationales.
Par sa présence sur l’échiquier mondial, le Québec assume ses
responsabilités de façon active. Nous pouvons assurément parler, sans
hésitation, de diplomatie québécoise.
Il y a très longtemps que le Québec est actif sur la scène internationale.
Cette inclination vers l’Europe notamment, tient en partie à notre
spécificité. En tant que francophones représentant 2 % de la population de
l’Amérique du Nord, nous avons toujours senti le besoin de maintenir des
relations extérieures, avec la France notamment.
Les notions identitaires et commerciales ont donc été des moteurs de
l’engagement international du Québec. Et cette notion est toujours
présente. Mais d’autres enjeux ont rapidement émergé.
Pensons à l’immigration, à la promotion de notre savoir-faire, à la
prospection d’investissements, au tourisme et à l’émergence de nos
scientifiques, de nos artistes et de nos créateurs sur la scène mondiale.
Si bien, que dès les années 60, le Québec, en pleine Révolution
tranquille, a vu la nécessité de formaliser son action internationale, de
mettre en place un réseau de représentations à l’étranger, et de créer un
ministère consacré à sa diplomatie.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que les gouvernements qui se
sont succédé au Québec depuis ce temps ont agi, en matière internationale,
avec une remarquable constance.
Tant les gouvernements souverainistes que les gouvernements fédéralistes
ont trouvé normal et nécessaire de pousser toujours plus loin l’engagement
du Québec sur la scène internationale.
Cette unanimité de la classe politique québécoise autour de l’engagement
international du Québec trouve sa source dans ce qu’on a appelé la
doctrine Gérin-Lajoie, dont le principe demeure toujours aussi actuel
aujourd’hui que lorsqu’elle a été formulée pour la première fois en 1965
par Paul Gérin-Lajoie, alors ministre du gouvernement de Jean Lesage.
Pour bien comprendre la portée de cette doctrine, il faut savoir que,
contrairement à l’idée reçue, la compétence en matière de politique
étrangère n’est pas attribuée à l’un ou l’autre des ordres de gouvernement
dans les textes constitutionnels.
Je n’ai pas l’intention de m’étendre sur ce sujet, déjà bien documenté, si
ce n’est que pour préciser que nous croyons que lorsque le gouvernement du
Québec est le seul gouvernement compétent pour appliquer un engagement
international, il est normal qu’il soit celui qui prenne cet engagement.
En somme, il revient au Québec d’assumer, sur le plan international, le
prolongement de ses compétences internes.
Par ailleurs, les divers gouvernements ont toujours pris soin d’exercer
cette compétence dans le respect de la politique étrangère canadienne.
En d’autres mots, ce qui est de compétence québécoise chez nous, est de
compétence québécoise partout.
Pour faire valoir ses intérêts, le Québec compte aujourd’hui plus de 25
représentations à l’étranger. Le Québec est notamment présent à New York
depuis 60 ans, à Paris et à Londres depuis 40 ans, en Allemagne depuis 35
ans, à Tokyo et à Bruxelles depuis 30 ans et au Mexique depuis 20 ans.
Le réseau des délégations générales, des délégations et des bureaux du
Québec sont les vitrines de notre savoir-faire en matière d’économie, de
science, de commerce et de culture.
Ces représentations sont aussi les porte-voix du gouvernement du Québec à
l’étranger.
Elles assurent notre place dans un ensemble de forums internationaux et
donnent vie quotidiennement à une multitude de projets de coopération
politique, culturelle ou scientifique.
La volonté de notre gouvernement est de marquer un progrès dans
l’engagement international du Québec.
Nous voulons aller plus loin. La dernière politique québécoise d’affaires
internationales date de 1991. Vous conviendrez avec moi que le monde a
beaucoup changé depuis cette date.
Le contexte international actuel se caractérise notamment par des
mutations géopolitiques importantes et par l’évolution de la
mondialisation dans un contexte d’insécurité généralisé.
L’explosion des communications a poussé plus loin la mondialisation. En
fait, le processus s’est accéléré. Les citoyens de tous les pays savent
que certains problèmes ne pourront pas être réglés sur le plan local ou
national, ayant acquis une dimension universelle. C’est le cas de la
question de l’environnement et du développement durable.
D’ailleurs, en tant que ministre dans le gouvernement de Brian Mulroney,
j’ai pris part, parfois comme acteur et parfois comme témoin privilégié,
à plusieurs événements internationaux. À titre d’exemple, je présidais
la délégation canadienne au Sommet de la terre de Rio, qui a tracé la
voie au Protocole de Kyoto.
Il est clair que plusieurs enjeux tant d’ordre culturel, politique ou
économique sont soulevés par la mondialisation.
Loin de renoncer à nos identités particulières, nous assistons à deux
mouvements qui peuvent sembler contradictoires. D’une part la
mondialisation des économies et le besoin de cohérence des grands
ensembles et d’autre part, l’affirmation accrue, aux quatre coins du
globe, des spécificités culturelles et linguistiques.
Pour nous, il est clair que la mondialisation n’est pas synonyme
d’homogénéité. Sur la question de la diversité culturelle, par exemple,
nous avons clairement indiqué nos intentions. La ministre des Relations
internationales et la ministre de la Culture ont d’ailleurs fait un
excellent travail dans ce dossier. Pour nous, la culture n’est pas un
rempart contre qui que ce soit, mais bel et bien un tremplin vers le
monde entier.
Pour revenir au contexte et aux grands changements,
La politique étrangère américaine, qui influence celle du monde entier,
est dominée par les questions de sécurité et de lutte contre le
terrorisme.
La question irakienne a créé un malaise sur la scène internationale.
L’union européenne s’élargit, passant de 15 à 25 membres.
La Chine est devenue la plus grande puissance manufacturière de masse,
et d’autres économies émergentes comme l’Inde, l’Indonésie et le Brésil
réclament leur part des bénéfices de la mondialisation.
Les discussions entourant la création de la ZLÉA sont difficiles.
De façon générale, la mondialisation se poursuit. Il y a eu le 11
septembre et une montée du fondamentalisme religieux, mais aussi une
opposition populaire à la mondialisation dans plusieurs pays, et
l’émergence de questions de santé publique, comme le SRAS ou la grippe
aviaire.
L’élection présidentielle américaine est à suivre de très près. Le New
York Times du 17 février dernier rapportait les propos du candidat
démocrate John Kerry qui répondait à une femme qui prétendait avoir
perdu son emploi à cause de l’Alena. Je cite les propos attribués au
sénateur :
« Mr. Kerry replied that the problem was not NAFTA per se, but rather
the Bush administration failure to press compliance with non-binding
treaties that would raise labor and environmental standards overseas,
making American companies more competitive. He pledged a 120-day
review of every trade agreement, NAFTA included, if elected. »
Dans un discours prononcé le 9 septembre 2003 à l’occasion de la
signature d’une entente de libre-échange avec le Chili et le Singapour,
le président américain disait :
«Over the past decade, NAFTA and the Uruguay Round have raised the
standards of living of the average American family of four by up $
2000 a year. Free trade is important for the American citizen. The
continued advance of free trade is essential to this nation’s
prosperity. »
Bien que le président reconnaisse les bien-fondés du libre-échange, cela
n’a pas empêché l’administration américaine d’imposer des droits
compensateurs dans le dossier du bois d’œuvre. Quant au sénateur Kerry,
qu’il veuille réévaluer une entente de cette portée avec le nombre de
lobbys anti-libres-échangistes aux États-Unis n’annonce rien de très
rassurant.
Voici quelques éléments qui démontrent que le monde dans lequel nous
vivons est fort différent et probablement plus compliqué que celui des
années 90.
La politique québécoise en matière d’affaires internationales doit donc
être remise à jour. C’est un travail que j’ai confié à la ministre des
Relations internationales, Mme Monique Gagnon-Tremblay.
La nouvelle politique internationale du Québec devra considérer la
volatilité du contexte international, mais aussi refléter la réalité du
Québec qui, elle aussi, a beaucoup changé au cours de la dernière
décennie.
Notre économie, à la faveur du libre-échange, est pleinement intégrée à
l’Amérique du Nord. Le Québec, puissance exportatrice, écoule 60 % de ses
produits à l’extérieur; et 85 % de nos exportations internationales de
biens trouvent preneurs aux États-Unis.
Il va de soi que la nouvelle politique internationale du Québec accorde
une place prépondérante à la relation avec les États-Unis. Nous allons
diversifier nos efforts, rencontrer différents acteurs. J’ai rencontré
plusieurs gouverneurs d’États voisins du Québec ainsi que celui du
Colorado qui est également le président de l’Association des gouverneurs
républicains.
Je crois que c’est en multipliant les rencontres personnelles, en
établissant de meilleures relations, et en démontrant les intérêts communs
que nous avons avec eux, que nous pourrons mieux faire valoir nos
intérêts. Nous avons avec eux non seulement des alliés, mais de véritables
amis.
Notre relation avec la France évolue. Nous allons lui donner une nouvelle
impulsion. C’est ce que j’ai convenu avec le premier ministre Raffarin.
D’ailleurs, nous avons entrevu le potentiel de cette nouvelle relation
entre nos deux États. Si la question de la promotion de la diversité
culturelle est toujours présente, tout comme celle de la promotion de la
langue française, nous avons ajouté celle du développement économique et
régional.
À ce sujet, le premier ministre Raffarin et moi-même dirigerons une
mission commerciale au Mexique cet automne.
Nous continuerons, de toute évidence, à créer des alliances économiques et
culturelles, principalement sur les deux continents qui nous constituent
en tant que société : celui où nous vivons et celui d’où nous venons.
Mais je vais aller un peu plus loin avec vous en énonçant quelques
principes qui vont guider cette politique qui devrait être prête d’ici un
an. Ces principes vous seront familiers, puisqu’ils ont été énoncés dans
le rapport publié en octobre 2001 par le député de Chapleau, M. Benoît
Pelletier, maintenant ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
Le rayonnement du Québec à l’échelle internationale est un vecteur
important de la promotion de nos intérêts. De nombreux traités et accords
internationaux ont des répercussions marquantes sur des compétences
proprement québécoises. Il est donc essentiel que nous soyons parties
prenantes aux négociations. Que nous soyons là où les décisions se
prennent.
Nous devons être beaucoup plus impliqués dans l’élaboration des positions
adoptées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce par exemple.
Nous devons être en mesure de nous exprimer dans des forums
internationaux.
De façon générale, nous entendons pousser plus loin la doctrine
Gérin-Lajoie. Cette doctrine, je vous le rappelle, se résume comme ceci :
ce qui est de compétence québécoise chez nous, est de compétence
québécoise partout.
Ce que nous visons, c’est d’être à la table de négociations, avec le
gouvernement fédéral, si l’objet de la discussion touche les compétences
du Québec.
Je ne veux plus que le gouvernement canadien engage le Québec sans que le
Québec ait son mot à dire.
Sur le plan des valeurs, le Québec se présentera comme un promoteur de la
paix et du respect entre les peuples. Cette idée de respect implique
notamment que le Québec assumera sa responsabilité internationale à
l’égard de la diversité culturelle.
C’est un enjeu majeur. Le Québec milite aux côtés de la France et du
gouvernement canadien en faveur d’un traité, sous l’égide de l’UNESCO, qui
assurerait aux États le droit de soutenir leur culture. Sur cette
question, le Québec, qui a su maintenir sa langue et sa culture dans un
environnement démographiquement difficile, est un acteur de premier plan.
Nous nous poserons en défenseur de tous les peuples qui n’ont pas
l’avantage du nombre.
Nous serons en faveur d’une mondialisation respectueuse des droits. Nos
valeurs guideront nos interventions. Nous ferons la promotion de cette
idée fort simple sachant très bien que cela ne se fera pas du jour au
lendemain : si les marchés se mondialisent, les droits de l’homme et des
travailleurs devraient se mondialiser aussi.
Les discussions ont été amorcées avec le gouvernement fédéral afin de
conclure une entente sur la participation du Québec tant dans la
négociation d’ententes internationales que lors de la tenue des Forums
internationaux.
Nous maintiendrons notre engagement fier et responsable envers la
Francophonie internationale. D’ailleurs, notre gouvernement a entrepris
des démarches officielles en vue d’accueillir ici à Québec le Sommet de la
Francophonie de 2008, qui coïncidera avec le 400e anniversaire de la
fondation de Québec.
Et, je terminerai sur une question pratique : les représentations du
Québec à l’étranger vont-elles demeurer? Oui, elles vont demeurer. Ce
réseau est un atout extraordinaire pour le Québec. Nous comptons en
assurer l’adaptation continue aux besoins nouveaux de notre économie et de
notre société.
Mesdames, Messieurs,
Depuis 40 ans, chaque gouvernement québécois a poussé plus loin
l’engagement international du Québec. Et il est dans l’intention claire de
mon gouvernement de s’inscrire dans la voie du progrès de la diplomatie
québécoise.
Notre époque comporte son lot d’opportunités et de risques. Notre
prospérité et notre identité dépendent de notre habileté à construire des
alliances et à nous faire connaître sur tous les continents.
Le Québec est un acteur actif du monde d’aujourd’hui : une simple
statistique le démontre, 60 % de son produit intérieur brut est exporté.
À cet égard, l’un des grands défis auxquels la société québécoise devra
faire face au cours des prochaines années est celui, aux ramifications
multiples, posé par la mondialisation. Plusieurs secteurs de compétence
exclusive du Québec, jadis à l’abri des grands courants internationaux, ne
le sont plus.
Le gouvernement sera partout où l’intérêt du Québec le commandera. Nous
ferons entendre notre voix partout.
Le gouvernement que je dirige entend appuyer sans relâche cette stratégie.
Je vous remercie.
[Charest=20040527]
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui. J’avais hâte de
rencontrer les jeunes de la fonction publique québécoise.
Avant d’aller plus loin, je voudrais saluer Nicolas Mazellier qui
quitte la présidence du Forum des jeunes de la fonction publique
après 4 ans. Il a été le principal artisan de ces Prix
reconnaissance, qui en sont à leur deuxième édition. Sous la
direction de Nicolas, le Forum des jeunes de la fonction publique
est devenu un groupe respecté et crédible. Je souhaite bonne chance
à son successeur Jean-Stéphane Bernard.
Les jeunes de la fonction publique ont maintenant une voix
distinctive, une voix forte.
Et je vous encourage à vous faire entendre.
J’avais hâte de venir vous parler parce que c’est vous qui allez
incarner le renouveau de l’État québécois.
Quand on parle de gouvernement en ligne et de services par Internet;
on parle de votre monde. Vous êtes la première génération d’employés
de l’État qui a grandi avec une souris dans la main.
Quand on parle d’efficacité, quand on parle de concurrence
internationale, quand on parle de se comparer sur le plan de la
performance, c’est votre monde aussi. Vous sortiez à peine de
l’adolescence quand le libre-échange a été conclu.
Vous êtes la génération de la concurrence.
Le monde auquel doit évoluer l’État québécois, c’est le monde dans
lequel vous avez grandi.
Vous êtes déjà l’esprit de la modernisation de l’État.
Pourquoi s’engager dans cette modernisation? Pourquoi cette
aventure? Ça aurait été tellement plus simple de continuer comme
avant!
Trois portes, deux défis. C’est ça les raisons qui rendent
incontournable la modernisation de l’État.
On est placés devant trois portes qui sont autant de possibilités de
gérer le Québec.
La première, c’est la taxation. Derrière cette porte, il y a un mur.
On est déjà les plus taxés. On ne taxera pas davantage les citoyens
du Québec. La deuxième, c’est l’endettement. Cette porte-là, il faut
la fermer au plus vite. Parce qu’on est parmi les plus endettés du
continent. On est allé au bout des possibilités offertes par la
taxation et l’endettement.
Il reste la 3e porte. C’est la seule qu’on peut emprunter. C’est
celle qui nous amène à faire les choses différemment.
Et savez-vous ce que je vois quand je l’ouvre?
C’est vous que je vois!
Ce sont les jeunes de la fonction publique québécoise qui sont
derrière la seule porte que nous pouvons encore ouvrir pour faire
avancer le Québec.
Et c’est pas une idée que je me fais.
Pour 89,7 % d’entre vous, il est très important ou moyennement
important que les citoyens puissent transiger en ligne avec le
gouvernement pour des opérations de type changement d’adresse;
Pour 87,3 % d’entre vous, il est très important ou moyennement
important que les citoyens puissent faire des transactions
financières en ligne, comme payer leurs impôts;
Moi, j’interprète ça comme un appui massif au gouvernement en ligne.
Ces chiffres, proviennent de la consultation électronique à laquelle
plusieurs d’entre vous ont participé, entre le 12 janvier et le 6
février 2004, à l’initiative du Forum des jeunes de la fonction
publique.
Dans le même sondage on apprend ceci :
À 45,9 % vous êtes POUR le partenariat public-privé.
À 45,4 %, vous répondez OUI à la question suivante : Estimez-vous
que le partenariat public-privé peut être une solution à
l’inefficacité ou à l’inefficience de certains programmes ou de
certaines structures du gouvernement?
Moi, j’interprète ça comme une ouverture au partenariat
public-privé. Ce que vous nous dites, c’est : Allez-y , mais
prudemment.
On vous a entendus.
Je pense que si on reposait la même question aujourd’hui, l’appui au
partenariat public-privé serait encore plus élevé.
Parce que le concept est mieux compris maintenant.
On a compris avec le Plan de modernisation de l’État, présenté au
début du mois par la présidente du conseil du Trésor, qu’un
partenariat public-privé n’avait rien à voir avec une privatisation;
on a compris aussi que le PPP ce n’était pas une solution magique,
mais une façon, parmi d’autres, de mieux répondre aux besoins des
citoyens dans certains domaines.
On a avancé dans la compréhension des choses. Et d’ailleurs, si vous
prêtez l’oreille, vous n’entendrez plus parler de démolition. Tout
le monde comprend maintenant que c’est de construction et
d’adaptation au changement dont il s’agit.
Je veux aujourd’hui vous remercier, vous les jeunes de la fonction
publique, pour l’ouverture que vous démontrez face aux changements
qu’on est en train de mettre en place.
Vous êtes la nouvelle façon de faire. Vous êtes la troisième porte.
Je vous ai parlé tantôt de trois portes et de deux défis.
Les deux défis, vous les connaissez.
D’abord, c’est la reprise en main de nos finances publiques. Avec
nos deux premiers budgets, on a repris le contrôle des dépenses.
Aujourd’hui, le Québec vit selon ses moyens.
C’est loin d’être une mauvaise nouvelle. Parce que vivre selon ses
moyens, pour un État comme pour une famille, c’est le début de la
vraie prospérité.
Et regardez de quelle manière on a repris le contrôle des dépenses.
On ne l’a pas fait en coupant partout. On l’a fait en réinvestissant
2,2 milliards en santé et plus de 700 millions en éducation. On l’a
fait en recentrant l’État sur ses missions essentielles.
J’étais très content de voir que dans le sondage que j’ai cité
tantôt, à 62,4 % vous dites que le développement du gouvernement en
ligne doit venir en deuxième, derrière le réinvestissement en santé
et en éducation.
On s’entend là-dessus, c’est d’abord les missions essentielles.
Le deuxième défi vous concerne très directement. C’est celui des
changements démographiques.
Vers 2011, il y aura plus de retraités que de travailleurs au
Québec.
Alors il faut s’ajuster pour répondre aux besoins croissants en
santé, mais aussi pour mieux outiller notre jeunesse, qui en aura
lourd sur les épaules.
Ça veut dire réinvestir, mais aussi réorganiser, comme on le fait en
santé, et amorcer des débats importants, comme on le fait sur le
financement, l’accessibilité et la qualité de l’enseignement
universitaire.
C’est aussi pour répondre au défi démographique qu’on a placé la
famille au cœur de notre dernier budget. Parce qu’une des façons de
relever ce défi, c’est de faire du Québec le meilleur endroit
possible pour élever des enfants.
Dans la fonction publique, l’impact des changements démographiques
sera encore plus grand. D’ici 2014, 40 % des employés de la fonction
publique prendront leur retraite. Au niveau des cadres, ce sera
encore plus rapide, 60 % auront quitté dans 10 ans.
C’est dire à quel point vous êtes appelés à jouer un grand rôle.
C’est dans ce contexte de finances publiques et de démographie,
alors que la demande de services évolue, que nous avons présenté
notre plan de modernisation de l’État.
Ce plan comporte 4 volets principaux qui visent à faire de l’État
québécois une organisation des années 2000 branchée sur les besoins
des Québécois des années 2000 :
améliorer les façons de faire, avec le gouvernement en ligne, par
exemple ou les partenariats, lorsque c’est avantageux.
alléger les structures, en créant des regroupements d’organismes
quand c’est possible, en faisant disparaître des échelons
hiérarchiques, par exemple.
réévaluer les programmes, en éliminant les dédoublements ou en
laissant tomber ce qui n’est plus nécessaire.
miser sur les employés de l’État.
Ça, ça veut dire miser sur vous, sur chacun d’entre vous.
La condition sine qua none à la réussite de la modernisation de
l’État, c’est la pleine participation de la fonction publique.
Il va y avoir du mouvement, c’est certain. On va favoriser le
redéploiement du personnel là où sont les besoins. Et on va le faire
dans le respect des conventions collectives et de la sécurité
d’emploi. Je vous le garantis. Le gouvernement du Québec va demeurer
un employeur exemplaire.
Des programmes de développement et de formation sur mesure seront
mis sur pied et financés par le Fonds spécifique à la formation et
au développement. Aussi, le Centre québécois du leadership sera
créé, en collaboration avec l’ENAP, à l’intention des cadres de la
fonction publique.
On va assurer le renouvellement de la main-d’œuvre. Notre objectif,
c’est de remplacer un employé sur deux qui quitte pour la retraite
sur 10 ans.
Ça veut dire 16 000 embauches, une moyenne de 1 600 par année. C’est
beaucoup de monde. Ce seront des jeunes qui vont faire leur entrée,
en grande majorité. Et des personnes issues des minorités
culturelles aussi. Je veux que l’État québécois soit plus
représentatif de la diversité québécoise.
C’est donc un important renouvellement de la fonction publique qu’on
est en train d’amorcer.
On a un défi de recrutement à relever ensemble. Et là-dessus, je me
permets de vous interpeller directement. Vous avez un rôle à jouer
dans la promotion de la fonction publique.
Parlez-en de votre vie de fonctionnaire, encouragez les jeunes de
votre entourage à déposer leur candidature. Il y a des carrières
formidables à faire dans la fonction publique québécoise.
Déjà, les résultats 2003-2004 sont encourageants : dans l’ensemble
de la fonction publique, 35 % des personnes recrutées étaient des
jeunes de moins de 35 ans. Pour les seules catégories
professionnelle et technique 3 300 jeunes ont été recrutés, soit
54,4 % des embauches totales.
On est sur la bonne voie.
Chers amis jeunes fonctionnaires du Québec,
Il y a 40 ans, ce sont des jeunes fonctionnaires qui ont été les
artisans la Révolution tranquille. Avec courage, créativité et
détermination, ils ont fait naître un État moderne qui a joué un
rôle central dans l’évolution de notre société et dans l’affirmation
de nos valeurs comme la justice sociale, l’égalité des chances ou la
compassion.
Cet État qui est né avant l’informatisation, avant la
mondialisation, avant le vieillissement de la population doit
aujourd’hui renouveler ses bases et ses façons de faire.
C’est vrai ici, mais c’est aussi le cas dans une foule d’autres
pays. La France, où j’étais il y a quelques semaines, vit les mêmes
débats que le Québec, comme la Grande-Bretagne, comme l’Allemagne.
Ici comme ailleurs, ce renouvellement des États reposera sur la
génération montante des employés de la fonction publique.
Pour chacun d’entre vous, les prochaines années seront l’occasion de
grands accomplissements. Ce n’est pas seulement une carrière qui
s’offre à vous; c’est le privilège d’être aux premières loges de la
redéfinition, de la réinvention de l’État québécois.
Les femmes et les hommes qui ont fait la Révolution tranquille
n’étaient pas meilleurs que vous.
Par le hasard de l’histoire, ils se sont trouvés là, à cet endroit
et à ce moment, où le travail qu’ils avaient à accomplir prenait des
allures de mission.
Les jeunes fonctionnaires de l’époque auraient pu se réunir
exactement sous le même thème que celui qui vous réunit aujourd’hui
: « Travailler dans la fonction publique, c’est bien plus qu’un
emploi, c’est une mission, un engagement »
Ils étaient tout comme vous de jeunes femmes et de jeunes hommes
fiers de faire partie de la fonction publique québécoise et unis par
le sentiment de participer à quelque chose de grand pour le Québec.
Nous ne retournerons pas à l’époque de la Révolution Tranquille,
mais nous pouvons ensemble en retrouver l’esprit : l’audace, le sens
de l’innovation et l’appétit pour le changement et le progrès de
tous.
Cette audace, cette soif d’accomplissement, elle est toujours là,
présente dans la fonction publique québécoise. Elle est ici
aujourd’hui dans cette salle.
Ces Prix reconnaissance de la jeune fonction publique québécoise en
sont la preuve.
Je félicite tous les finalistes, je félicite tous les lauréats.
Et je vous dis que j’ai besoin de vous pour amener le Québec plus
loin. Je compte sur vous. Les Québécois comptent sur vous.
Merci.
[Charest=20040607]
Monsieur le Président de la Conférence,
Monsieur le Président de la Banque mondiale,
Distingués invités de la table d’honneur,
Mesdames et Messieurs du corps diplomatique,
Chers collègues de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec grand plaisir et dans la poursuite d’une heureuse tradition que
j’inaugure cette 10e édition de la Conférence de Montréal.
J’y retrouve à nouveau les représentants de nombreux pays et institutions
du monde, rassemblés pour discuter de questions de portée universelle.
Vous vous réunissez cette année sous le thème : « Défi de la concurrence :
les stratégies gagnantes ».
Voilà un thème qui reflète bien l’orientation fondamentale de la
Conférence de Montréal : c’est-à-dire explorer de grands enjeux de notre
époque dans la perspective de solutions harmonieuses qui concilieront les
intérêts des gouvernements, des entreprises, des travailleurs et de la
société civile.
J’avoue d’emblée mon attachement personnel à cette institution
prestigieuse qu’est devenue la Conférence de Montréal.
Vous me permettrez en tout premier lieu de rendre hommage à son président,
Me Gil Rémillard, ainsi qu’à son équipe d’organisation qui relèvent à
chaque édition, le défi de réunir des sommités de tous les horizons et de
tous les continents, qui acceptent de mettre en commun le fruit d’une
riche expertise.
Monsieur Rémillard, en ce 10e anniversaire de la Conférence de Montréal,
je salue votre détermination; je salue aussi votre vision du monde et du
rôle que le Québec peut y jouer.
Avec la Conférence de Montréal, vous donnez vie à cette idée que nous
avons en commun. Le Québec, par son histoire, par sa culture, par sa
géographie est une passerelle entre l’Amérique du Nord et l’Europe; c’est
une société riche de sa diversité qui se nourrit de toutes les influence
pour s’imaginer un avenir unique.
En cela, le Québec est un lieu idéal pour une conférence comme celle que
vous avez mis sur pied.
Quebec plays a remarkable and diverse role especially in North America but
also around the world. Few societies facing Quebec’s challenges with a
unique culture can boast of our successes.
We are a leader in several growth industries. Quebec is responsible for:
44% of Canadian high-tech exports,
50% of the Canadian pharmaceutical industry,
55% of aerospace production,
And 36% of Canadian film and television production.
Quebec is a creative, innovative and entrepreneurial society. We are also
a major force in the export market.
In 2002, 57% of Quebec’s GDP was exported – a value of 230 billion
Canadian dollars. Eighty-five percent of our exports go to the United
States.
Our successes are hard earned: we have carved out our place in a
competitive world without compromising the values that unite us as a
society.
Notre système public de santé, par exemple, témoigne de notre adhésion à
la justice sociale. Mais ce n’est pas seulement le fait d’une vision
sociale, c’est aussi le fait d’une vision économique.
En 1999, un banquier canadien, Charles Baillie, alors président de la
Banque TD, tenait ces propos qui sont toujours aussi actuels :
« Le fait d’abandonner notre système de soins de santé subventionné
exclusivement par l’État constituerait non seulement une erreur morale,
mais aussi une erreur économique, ayant de graves conséquences. (…) Il en
coûterait plus aux entreprises, petites et grandes, d’assumer les coûts
des prestations ce qui constituerait une augmentation de fait de la charge
fiscale. (…) En cette ère de mondialisation nous devons profiter de tout
avantage concurrentiel et comparatif dont nous disposons. Et les principes
fondamentaux de notre système de soins de santé constituent l’un de ces
avantages. »
Nous faisons du développement de ce système notre première priorité. Nous
y réinvestissons et nous le réorganisons. Nous le faisons pour maintenir
le Québec parmi les sociétés les plus humaines du monde.
Nous le faisons aussi afin de maintenir Montréal et le Québec parmi les
villes et les sociétés du monde qui sont aux premières loges de
l’avancement de la science médicale.
À cette fin, nous avons notamment mis sur la voie rapide de la réalisation
la construction de deux nouveaux hôpitaux universitaires ultramodernes qui
s’élèveront bientôt à Montréal. Et il y a quelques jours, j’ai inauguré à
Québec un tout nouveau centre Mère-Enfant qui hisse notre capitale parmi
les meilleurs centres nord-américains en médecine pédiatrique.
Si notre système public de santé fait écho à ce principe de justice
sociale dans lequel nous croyons fermement, notre système public
d’éducation quant à lui, témoigne de notre foi dans l’égalité des chances.
Chaque enfant qui naît au Québec, quel que soit le milieu dont il est issu
a accès à une éducation de qualité internationale et plus abordable que
partout ailleurs en Amérique du Nord au niveau universitaire.
Notre réseau d’enseignement supérieur se déploie sur l’ensemble du
territoire québécois, de Rimouski jusqu’à l’Abitibi. Il comprend notamment
48 collèges d’enseignement général et professionnel, 7 universités, quatre
francophones, comme l’Université de Montréal ou l’Université Laval, et
trois anglophones, dont l’Université MCGill.
Ce système comprend aussi de grandes écoles dont la réputation dépasse
largement nos frontières :
HEC Montréal, par exemple, compte parmi les meilleures écoles de gestion
du monde.
Notre École nationale d’administration publique a formé des centaines de
hauts fonctionnaires provenant des quatre coins du monde, propageant
ainsi les valeurs démocratiques véhiculées par une administration
publique compétente, rigoureuse et transparente.
Notre École polytechnique affirme par ailleurs la place de Montréal
comme le principal pôle canadien en ingénierie.
Le résultat de ce vaste réseau voué à la diffusion de la connaissance,
c’est que plus de 60 % des jeunes Québécois obtiennent un diplôme qui leur
ouvre les portes d’une carrière stimulante. Le résultat, c’est aussi la
renommée de la compétence de la main-d’œuvre québécoise.
Plus de 80 % des travailleurs ont un diplôme d’études secondaires et près
de 20 % ont un diplôme universitaire. Il se décerne au Québec plus de
grades universitaires par personne qu’ aux États-Unis, en France ou au
Japon.
Les stratégies gagnantes du Québec reposent donc sur la notion du capital
humain. Ce sont les femmes et les hommes d’ici qui font la réussite du
Québec.
Ensemble, nous nous apprêtons par ailleurs à relever des défis importants.
Le Québec, comme d’autres sociétés occidentales fait face à un
vieillissement de sa population. Cela aura notamment une incidence à la
hausse sur les coûts de santé.
Parallèlement, l’État québécois, qui s’est organisé il y a une quarantaine
d’années doit redéfinir son fonctionnement en puisant par exemple à la
source des nouvelles technologies pour mieux servir ses citoyens à
meilleur coût.
Cette remise à jour du fonctionnement de notre État contribuera à une
élévation du niveau de vie des Québécois et à l’émergence d’un contexte
économique encore plus propice à l’investissement et à la croissance.
Notre économie est déjà parmi les plus modernes du monde. Le secteur des
services, qui représente 70 % de notre PIB, joue un rôle de premier plan;
le secteur manufacturier est solide et touche tous les domaines de la
fabrication. Il représente 27 % du PIB et les ressources naturelles, 3 %.
Mais il ne faut pas s’y tromper : 3 % de l’économie globale c’est peu,
mais le Québec n’en est pas moins un important producteur mondial de
ressources naturelles, depuis l’aluminium jusqu’au papier journal.
Nous bénéficions aussi d’une abondante source d’énergie propre, peu
coûteuse et fiable. Grâce à une nature généreuse, presque toute notre
électricité est de source hydroélectrique.
Notre ambition, en tant que gouvernement, est de faire du Québec le
meilleur endroit en Amérique du Nord où voir grandir des enfants, vivre et
investir.
Quebec stepped confidently into the new century with all the determination
and assurance that distinguishes our society.
We take great pride in our language and culture, which continue to
flourish in North America. Our identity is among our greatest
achievements… and along with it comes a moral and historic responsibility
to protect the idea of cultural diversity.
We are now working ardently to exclude culture from commercial free trade
accords. The Quebec government has joined many others around the world to
champion an international agreement on cultural diversity, governed by
UNESCO.
A draft is currently being studied by UNESCO, and the United States has
expressed its support. I had the opportunity to welcome that good news
during a recent trip to New York, and I continue to hope that the American
administration will remain sensitive to the question of cultural
diversity.
We strongly believe that international agreements should safeguard the
environment, respect democratic rights and protect human rights.
When globalization includes these ideals, it is truly synonymous with
progress for all peoples. If economic markets expand globally, so should
the rules that govern them.
Les Québécois, tout au long de leur histoire, ont su protéger et affirmer
leur identité sans jamais tomber dans le travers du repli sur soi. Notre
fierté est synonyme d’ouverture.
Depuis la tenue de l’Exposition universelle de 1967 et des Jeux olympiques
de 1976, le Québec n’a cessé de développer sa personnalité internationale.
D’abord, sur son propre territoire, en concertation avec les villes,
surtout celles de Montréal et de Québec, et avec l’appui du gouvernement
fédéral, le Québec a encouragé l’implantation d’organisations
internationales grâce à des mesures fiscales concrètes, ainsi que la tenue
d’événements internationaux majeurs.
Avec le résultat qu’aujourd’hui, Montréal s’impose comme le troisième lieu
d’accueil par excellence en Amérique du Nord pour les organisations et les
conférences internationales.
Mon gouvernement travaille par ailleurs activement en vue d’accueillir à
Québec, en 2008, le Sommet de la Francophonie.
Nous souhaitons alors recevoir l’ensemble des pays francophones du monde
dans une sorte de reconnaissance de l’accomplissement québécois, celui de
l’épanouissement du fait français en Amérique, en cette année où nous
célébrerons le 400e anniversaire de la fondation de Québec par Samuel de
Champlain en 1608.
Tous les acteurs de la société québécoise ont compris que le Québec a un
rôle à jouer sur la scène internationale. Notre développement, notre
prospérité, notre identité en dépendent.
Sur le plan politique, notre action internationale s’explique comme ceci :
lorsque le gouvernement du Québec est le seul gouvernement compétent pour
appliquer un engagement international, c’est à lui qu’il doit revenir de
conclure cet engagement.
En somme, il revient au Québec d’assumer, sur le plan international, le
plein prolongement de ses compétences internes. Ce qui est de compétence
québécoise ici, est de compétence québécoise partout.
Cette manière de voir nous permet de conclure des ententes avec qui nous
le jugeons bon, qu’il s’agisse d’État ou de région, dans le plein respect
de la politique étrangère canadienne.
Depuis 40 ans, chaque gouvernement québécois a poussé plus loin
l’engagement international du Québec. Il est de l’intention claire de mon
gouvernement de poursuivre le développement de la diplomatie québécoise.
Voilà donc, très sommairement esquissées, quelques stratégies gagnantes
qui permettent au Québec de se développer et de prospérer en concertation
avec son partenaire canadien.
Mesdames et Messieurs, je vous souhaite du succès dans vos délibérations.
[Charest=20040623]
Madame le Lieutenant-Gouverneur,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Monsieur le Maire,
Distingués invités,
C’est pour moi un grand honneur et un grand privilège de vous accueillir
aujourd’hui pour poursuivre cette noble tradition de la remise des
insignes de l’Ordre national du Québec.
On peut véritablement parler de tradition puisqu’il y a aujourd’hui 20 ans
presque jour pour jour, soit le 20 juin 1984, était promulguée la Loi sur
l’Ordre national du Québec.
Depuis 505, femmes et hommes du Québec ont été décorés de l’un ou l’autre
des trois insignes de l’Ordre qui constituent les plus hautes distinctions
remises par l’État du Québec.
Cette cérémonie revêt un sens tout particulier.
Aujourd’hui, je me fais messager du peuple québécois qui salue, félicite
et remercie des femmes et des hommes qui ont contribué de façon
exceptionnelle au rayonnement du Québec dans tous les domaines de
l’activité humaine.
C’est le sens profond de la devise de l’Ordre national : « Honneur au
peuple du Québec ».
Et quel meilleur coup d’envoi aux célébrations de notre Fête nationale que
ce salut solennel à de grands citoyens du Québec.
Aujourd’hui, les débats qui nous animent se suspendent. Aujourd’hui, nous
nous retrouvons tous ensemble, unis par notre fière appartenance au Québec
et par notre gratitude envers les femmes et les hommes qui le composent.
Car en reconnaissant les accomplissements méritoires de certains parmi les
nôtres, nous nous trouvons aussi à saluer celles et ceux qui s’inscrivent
dans leur sillage.
La remise annuelle des insignes de l’Ordre national du Québec est ainsi un
moment où le Québec fait silence pour se laisser inspirer par la quête
d’idéal de certains de ses citoyens les plus éminents.
Sur ce parterre se tiennent des femmes et des hommes dont les
accomplissements devraient être cités dans les écoles du Québec comme
autant de preuves que les rêves les plus ambitieux peuvent se réaliser.
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à vous dire que l’honneur que vous recevez aujourd’hui n’a d’égal
que celui que j’ai de vous décorer de l’Ordre national du Québec.
À votre façon, chacun de vous est un héros du Québec contemporain.
Puissiez-vous tous et pour longtemps encore être des modèles vivants de
réussite et d’accomplissement pour des milliers de Québécois.
Chevaliers
Armand Vaillancourt : Surtout connu comme sculpteur, vous vous êtes aussi
révélé par le dessin, la gravure et la peinture. Vous êtes un artiste
profondément engagé. Vos œuvres sont des cris du cœur.
Vous êtes né à Black Lake. Vous avez étudié à l’École des beaux-arts de
Montréal. Vous avez tôt fait de transporter votre art dans la rue. Dès
votre première création, L’Arbre de la rue Durocher (1953-1955), vous
faites éclater les normes de la sculpture et des arts et accédez à la
légende. Vous êtes un pionnier de l’affirmation artistique québécoise.
Vous avez créé plus de 3 000 œuvres. Parmi vos pièces monumentales,
pensons, entre autres, au monument contre la guerre à Chicoutimi (1959), à
L’Humain, une sculpture commandée par l’École des arts et métiers
d’Asbestos (1963), à Justice !, une sculpture-fontaine contre l’apartheid
au Palais de justice de Québec (1980).
Vous avez reçu le prestigieux prix Paul-Émile Borduas, en 1993, et
plusieurs autres distinctions artistiques au Québec, au Canada et aux
États-Unis.
Armand Vaillancourt, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Raymond St-Cyr : Vous êtes un pilier de l’agriculture québécoise et du
modèle coopératif. Vous avez acquis la ferme paternelle et vous êtes
engagé dans plusieurs mouvements agricoles, para-agricoles et économiques.
Pendant plus de trente ans, vous avez contribué au développement de la
coopération, notamment au sein d’Agropur et de la Coopérative fédérée du
Québec.
Vous avez été vice-président (1985-1991) puis président (1990-1992)
d’Agropur et président de Natrel (1992). Vous vous êtes particulièrement
distingué par votre engagement dans le dossier de la relève agricole
coopérative.
Vous avez représenté Agropur aux États généraux du monde rural. Vous avez
été administrateur de plusieurs sociétés et coopératives. Vous êtes membre
du Temple de la renommée de l’agriculture depuis 1991.
Raymond St-Cyr, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Serge Savard : Pendant une vingtaine d’années, à titre de joueur et
ensuite de directeur-gérant du club de hockey Canadien, vous avez connu
une carrière remarquable dans le sport professionnel, participant à la
conquête de dix coupes Stanley.
Pour des milliers de Québécois, dont je suis, le numéro 18 du Canadien de
Montréal est associé à certains de nos plus beaux souvenirs de jeunesse.
Vous en imposiez, autant sur la glace qu’en dehors de la glace. Ce n’est
pas pour rien qu’on vous a surnommé Le Sénateur.
Né à Montréal, votre carrière sportive débute en 1961, alors que le
Canadien vous fait signer un premier contrat. Vous avez été sélectionné
sur plusieurs équipes d’étoiles de la Ligue nationale. Vous porterez
également le chandail d’Équipe Canada en 1972, lors de la série du siècle,
et lors de la première Coupe Canada, en 1976.
Vous avez fondé la Ligue collégiale AAA pour lutter contre la violence au
hockey et inciter les jeunes joueurs à poursuivre leurs études.
Aujourd’hui associé de la firme de gestion immobilière Thibault, Messier,
Savard et associés, vous favorisez, par votre engagement dans de
nombreuses activités bénévoles, l’épanouissement de la société québécoise
et canadienne.
Vous avez été nommé au Temple de la renommée de la Ligue nationale de
hockey, en 1986.
Serge Savard, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Ginette Reno : Par votre voix et votre générosité, vous avez gagné
l’admiration et l’affection d’un très vaste public au Québec, au Canada et
à travers le monde. Vous avez enregistré plus de 50 albums en français et
en anglais, tous d’or ou de platine, et écrit plusieurs chansons.
Vous avez aussi fait des incursions remarquées comme comédienne tant dans
les séries dramatiques de Janette Bertrand à Télé-Québec qu’au cinéma,
dans des films comme Léolo, Laura Cadieux et Mambo Italiano.
Née à Montréal, votre éternel rêve de devenir chanteuse se matérialise en
1960, lorsque vous remportez un concours amateur. Cinq ans plus tard, vous
triomphez à la Place des Arts puis à l’Olympia de Paris.
Depuis, vous êtes portée par l’amour du public que vous savez amener
toujours… un peu plus haut, un peu plus loin, mais toujours avec vous.
Ginette Reno, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Gil Rémillard : Juriste, professeur et administrateur, vous avez été
député du Parti libéral du Québec dans Jean-Talon et notamment ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, ministre des
Relations internationales, ministre de la Sécurité publique et ministre de
la Justice. Dans cette dernière fonction, vous avez piloté la réalisation
du nouveau Code civil du Québec. Vous êtes aujourd’hui professeur à
l’École nationale d’administration publique, avocat-conseil au cabinet
Fraser Milner Casgrain et vous présidez la Conférence de Montréal, l’un
des plus prestigieux forums économiques internationaux à se tenir au
Québec, dont la 10e édition s’est terminée il y a quelques jours.
Vous avez été professeur titulaire de droit public à l’Université Laval et
professeur invité dans plusieurs universités canadiennes et étrangères.
Vous avez agi en tant que conseiller constitutionnel auprès du ministre
fédéral de la Justice et du premier ministre du Canada et observateur
spécial à l’Organisation des Nations Unies. Vous êtes président et éditeur
de la revue économique Décision. Et vous êtes un conférencier recherché,
au Canada et à l’étranger.
Gil Rémillard, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Judes Poirier : Vous êtes professeur titulaire aux départements de
psychiatrie et de médecine de l’Université McGill et directeur du Centre
McGill d’études sur le vieillissement. Vous avez atteint une renommée
mondiale pour vos travaux visant à comprendre la maladie d’Alzheimer et la
maladie de Parkinson.
Né à Montréal, vous avez fait un doctorat sur la neurobiologie de la
maladie de Parkinson à l’Institut de recherche clinique de Montréal. Vous
vous êtes ensuite joint au Alzheimer Disease Research Consortium of South
California, où vous avez fait une première découverte importante sur la
régénérescence dans le cerveau en 1989.
Vous êtes au service de l’Université McGill et du Centre de recherche de
l’hôpital Douglas depuis 1989. En 1993, vous identifiez le facteur de
risque génétique le plus important jamais découvert pour la forme commune
de la maladie d’Alzheimer. Deux ans plus tard, vous mettez en évidence un
lien surprenant entre ce gène anormal et l’efficacité thérapeutique des
médicaments utilisés pour soigner les troubles de la mémoire. Par la
suite, vous mettez au point une nouvelle approche thérapeutique basée sur
le contrôle du transport du cholestérol cérébral.
Vous êtes un pionnier de cette nouvelle science appelée la
pharmacogénomique.
Judes Poirier, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Louise Lévesque : Professeure émérite de l’Université de Montréal, vous
avez initié la recherche et l’enseignement supérieur dans le domaine des
soins infirmiers dispensés aux personnes âgées et aux malades chroniques.
Vous avez contribué à la fondation et été la première titulaire de la
chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille,
qui met à contribution l’Université de Montréal et l’Institut
universitaire de gériatrie de Montréal.
Avec dévotion et sensibilité, vous vous êtes dédiée aux personnes
atteintes de problèmes cognitifs, et plus particulièrement de la maladie
d’Alzheimer. En plus de créer des équipes de recherche au Québec, vous
avez participé à des équipes aux États-Unis et en Europe. Retraitée depuis
1997, vous poursuivez néanmoins ses travaux, notamment au Liban, sous
l’égide de l‘Organisation mondiale de la santé.
Votre apport exceptionnel à la santé des personnes âgées et des aidants
naturels est reconnu partout au Canada et à l’étranger. Vous avez
notamment reçu l’Insigne du mérite, de l’Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec.
Louise Lévesque, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Phil Latulippe : Vous avez servi pendant 34 ans dans les Forces armées
canadiennes, où vous avez été maintes fois décoré avant de devenir
entraîneur et moniteur sportif. Vos exploits de marathonien n’ont pas
d’équivalent. Dévoué et généreux, vous avez couru pour le bénéfice de
nombreuses causes humanitaires. Au fil des ans, ce sont des millions de
dollars que vous avez recueillis et remis à la Fondation de l’Université
Laval et à la Fondation communautaire du Grand Québec.
Vous êtes un exemple de courage et de ténacité. Blessé aux jambes par des
éclats de grenades lors de la Seconde Guerre mondiale, vous êtes victime
d’un grave accident d’automobile en 1957 qui fait dire à vos médecins que
plus jamais vous ne marcherez.
Est-ce pour ne pas les faire mentir que vous avez choisi de courir? Vous
avez parcouru au pas de course plus de 210 000 km entre l’âge de 49 et de
76 ans.
Vous avez notamment reçu la Médaille du 125e anniversaire du Canada (1992)
; la Médaille du jubilé de Sa Majesté la reine Elizabeth II (1977),
l’Étoile 1939-1945, l’Étoile France-Allemagne et la Médaille de Normandie.
Vous êtes membre de l’Ordre du Canada depuis 1984.
Phil Latulipe, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Languirand : Vous êtes un communicateur à l’immense talent. À
cette époque de l’éphémère et du jetable, vous fascinez l’auditoire de Par
4 chemins depuis 33 ans.
Mais vous êtes aussi dramaturge, essayiste, journaliste, comédien de
théâtre et de cinéma, metteur en scène, professeur, conférencier,
concepteur-designer d’expositions et directeur d’entreprises culturelles.
Citoyen engagé, vous êtes notamment porte-parole pour le Québec du
Jour-de-la-Terre.
Vous êtes la preuve que les chemin de la connaissance sont accessibles à
qui veut les emprunter. Né à Montréal en 1931, vous êtes un autodidacte.
Vous disiez récemment, sur ce rire qui vous caractérise si bien, que vous
n’aviez pas les pré-requis pour assister aux cours que vous donnez à
l’Université McGill.
D’abord homme de théâtre, vous avez notamment été secrétaire général du
Théâtre du Nouveau Monde et de la Comédie canadienne. Votre œuvre écrite
comprend plusieurs ouvrages, dont dix pièces de théâtre, comme Faust et
les radicaux libres (2001).
Jacques Languirand, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Marie Laberge : D’abord comédienne, vous vous êtes tournée vers
l’enseignement de l’art dramatique, la mise en scène puis, pour notre plus
grand plaisir, l’écriture. Vous êtes l’auteure d’une vingtaine de pièces
de théâtre, jouées au Québec et à l’étranger, de huit romans et de deux
scénarios télé.
Votre trilogie, Le goût du bonheur, vendue à plus d’un demi-million
d’exemplaires, a été le plus grand succès de la littérature québécoise.
Elle a été publiée en France aux éditions Anne Carrière. Vos pièces de
théâtre ont été traduites en plusieurs langues et la pièce Oublier a été
produite par la Comédie Française. Vous avez également signé de nombreuses
mises en scène d’auteurs québécois et étrangers et co-réalisé un long
métrage.
En 2005, vous célébrerez trente ans de carrière. Outre Le goût du bonheur,
Annabelle, La Cérémonie des anges, Quelques adieux, Oublier, Éva et
Évelyne, C’était avant la guerre à l’anse à Gilles ont aussi été primés.
Marie Laberge, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Pierre-Jean Jeanniot : Né à Montpellier en France, vous arrivez au Canada
en 1947. Vous obtenez un baccalauréat en sciences physiques et
mathématiques de l’Université Sir George William et poursuivez des études
en administration des affaires à l’Université McGill et en statistiques
mathématiques à l’Université de New York.
Commence alors une éclatante carrière dans le domaine du transport aérien
au Canada. Concepteur d’instrumentation d’avionnerie et de navigation
maritime à la société Sperry Gyroscope of Canada, vous entrez ensuite au
service d’Air Canada où vous demeurerez pendant 35 ans. Vous êtes
notamment un des inventeurs des enregistreurs de vol, ce qu’on appelle la
« boîte noire ». En 1984, vous êtes nommé président-directeur général
d’Air Canada, poste que vous occuperez jusqu’en 1990. Un an plus tard vous
êtes élu à la tête de l’IATA, l’Association du transport aérien
international.
Vous avez été le chancelier de l’Université du Québec à Montréal et vous
avez soutenu nombre de causes humanitaires et culturelles. Vous êtes en
outre un mélomane.
Vous avez été sélectionné par le Conseil de l’Ordre national du Québec en
2002.
Pierre-Jean Jeanniot, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Stephen A. Jarislowsky : Votre vie est un roman. Vous êtes né à Berlin en
1925. Vous avez grandi aux Pays-Bas et en France avant d’émigrer aux
États-Unis à l’âge de 16 ans. Vous étudiez le japonais à l’Université de
Chicago et entrez dans les services américains de contre-espionnage au
Japon.
Après votre service militaire, vous retournez aux études et en sortez avec
en main un MBA de Harvard. À votre arrivée à Montréal vous travaillez pour
Alcan avant de fonder Jarislowsky, Fraser et compagnie à Montréal en 1955.
Vous présidez à la destinée de l’entreprise pendant plus de quarante-sept
ans. Vous êtes aujourd’hui président du conseil et chef de la direction de
cette société de gestion de fonds, qui est l’une des plus importantes au
Canada.
Vous avez été sélectionné par le Conseil de l’Ordre national du Québec en
2002.
Stephen A. Jarislowsky, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Samuel O. Freedman : Professeur émérite de l’Université McGill, vous êtes
un spécialiste de l’immunologie clinique. Vous avez acquis une réputation
internationale à titre de codécouvreur de l’antigène carcino-embryonnaire,
qui a permis la mise au point du premier test sérologique pour le
dépistage du cancer de l’intestin et a eu d’importantes répercussions sur
l’étude des tumeurs.
C’est en 1965, en compagnie du Dr Phil Gold, que vous faites la découverte
qui vous rend célèbre. Vous avez dirigé l’Institut de recherches médicales
Lady Davis de l’Hôpital général juif de Montréal pendant dix ans. Ce
centre réputé pour son dynamisme accueille une centaine de chercheurs
indépendants et sept unités de recherche dédiées notamment au SIDA, au
cancer et à la biologie moléculaire reliée au cancer. Chercheur,
enseignant et administrateur accompli, vous n’avez jamais pour autant
renoncé à votre rôle de médecin traitant.
Depuis 2000, vous êtes professeur émérite de l’Université McGill et
conseiller principal de l’Hôpital général juif.
Samuel O. Freedman, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Pierre Ferron : Professeur agrégé de clinique de l’Université Laval, vous
êtes président de la Fondation du Québec pour la recherche sur l’implant
cochléaire. Chirurgien renommé, vous avez procédé, en 2000, à la mise en
place d’un implant cochléaire chez un enfant de cinq mois, une première
mondiale. Depuis la création du Programme québécois pour l’implant
cochléaire en 1984, quelque 530 patients ont profité d’une intervention de
cette nature, dont plus de la moitié sont des enfants.
Depuis bientôt 35 ans, votre nom et votre réputation sont associés à la
renommée de deux institutions : l’Hôtel-Dieu de Québec du Centre
hospitalier universitaire de Québec (CHUQ). En 1983, avec votre épouse
Francine Carmichael, vous créez la Fondation du Québec pour la recherche
sur l’implant cochléaire qui permettra de mettre sur pied le Programme
québécois pour l’implant cochléaire qu’il dirige depuis.
En permettant à des enfants d’entendre, vous leur permettez d’acquérir
comme les autres les habiletés fondamentales du langage et leur ouvrez les
portes d’une vie normale. Peu de médecins peuvent à ce point changer la
vie d’un enfant. Votre renommée dépasse largement nos frontières.
Pierre Ferron, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jean G. Dumesnil : Éminent cardiologue, vous avez été un pionnier dans la
pratique des dilatations coronariennes au Canada. Vos recherches sur
l’échocardiographie-Doppler ont fait de vous un spécialiste de cette
technique d’investigation à l’échelle internationale. À titre de
professeur et de directeur du programme de formation en cardiologie de
l’Université Laval, vous avez contribué à établir un programme parmi les
plus réputés au pays. Communicateur et vulgarisateur, vous êtes aussi un
spécialiste de la nutrition.
Vous tenez votre doctorat en médecine de l’Université de Montréal, et
votre spécialisation en cardiologie vous a notamment été acquise à la
célèbre Clinique Mayo, aux États-Unis.
Depuis 1973, vous pratiquez la cardiologie à l’Institut universitaire de
cardiologie et de pneumologie à l’hôpital Laval de Québec et enseignez la
cardiologie à l’Université Laval. Vous avez publié près de 150 articles
dans des revues prestigieuses de médecine et de cardiologie et présenté
autant de communications dans des congrès nationaux et internationaux.
Vous êtes l’un des conférenciers les plus prisés au monde dans le domaine
de l’échocardiographie et des maladies valvulaires cardiaques. Vos travaux
désormais célèbres sont largement cités dans les ouvrages scientifiques.
Jean G. Dumesnil, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jean-Charles Chebat : Vous êtes reconnu internationalement pour vos études
sur la consommation, notamment sur la sémiotique publicitaire et la
psychologie de l’environnement. Vous êtes un des pionniers de l’Université
du Québec à Montréal (UQÀM), où vous avez été à l’origine de la création
du Centre de recherche en gestion. Vous dirigez maintenant la Chaire de
commerce Omer-DeSerres de l’École des hautes études commerciales (HEC).
Vous êtes né à Alger, en 1945. Vous avez obtenu une maîtrise en gestion de
l’Université Laval et un doctorat en sociologie de l’Université de
Montréal. Professeur à l’Université du Québec à Montréal, vous avez
conduit pendant dix ans la Chaire de marketing John-Labatt de l’École des
sciences de la gestion de l’UQÀM, qui fut la toute première et longtemps
la seule chaire de marketing au Canada. Vous avez fréquemment été invité
dans des universités étrangères, en France, en Pologne, au Japon, aux
États-Unis et en Israël.
Premier chercheur en marketing à être élu à la Société royale du Canada en
1996, vous avez été, entre autres, président de l’Académie des lettres et
sciences humaines et vice-président de la Société royale du Canada.
Jean-Charles Chebat, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du
Québec.
Officiers
Jean-Marie Toulouse : Professeur, chercheur et administrateur
universitaire, vos recherches en stratégies d’entreprises vous ont valu
une renommée internationale. Aujourd’hui directeur de HEC Montréal, vous
avez permis à cette institution de se hisser dans le cercle restreint des
meilleures écoles de gestion du monde.
Vous êtes de ces Beaucerons que rien n’arrête. Né à Beauceville, en 1942,
vous avez obtenu un doctorat en psychologie sociale de l’Université de
Montréal et été boursier de recherches post-doctorales à l’Université de
la Californie à Los Angeles.
Vous avez enseigné à l’Université Laval, à l’Université du Québec à
Montréal et à l’Université d’Ottawa avant de joindre HEC Montréal en 1973.
Vous en devenez le directeur en 1995.
Vous avez écrit plusieurs livres, publié plus de 80 articles dans des
journaux de premier plan, prononcé d’innombrables conférences devant des
auditoires de tous les horizons. Vous êtes notamment membre de la Société
royale du Canada depuis 1997.
Jean-Marie Toulouse, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Je demande maintenant à Madame Gundula Tavenas de se lever pour que nous
rendions hommage à titre posthume à son époux François Tavenas, décédé le
13 février 2004.
Ingénieur civil, François Tavenas a apporté une immense contribution à
l’enseignement, à la recherche et à la pratique de la géotechnique au
Canada. Il avait également une passion pour le progrès de l’enseignement
supérieur et pour la recherche dans les universités québécoises. Durant
son mandat de recteur de l’Université Laval, de 1997 à 2002, il a assuré,
entre autres, la présidence du Parc technologique du Québec métropolitain
et du Comité Québec-Capitale.
Né en France, formé en Europe, il a mené presque toute sa carrière
universitaire au Québec. Entré en 1968 à l’Université Laval comme
maître-assistant, il a été nommé doyen de la Faculté des sciences et de
génie en 1985. En 1989, il devenait vice-principal de l’Université McGill.
Il retourna par la suite à l’Université Laval en 1997, où il fut élu
recteur. Au jour de sa mort, Monsieur Tavenas occupait la fonction de
recteur de l’Université du Luxembourg.
Gungula Tavenas, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur,
à titre posthume et en hommage à votre époux François Tavenas, de vous
remettre l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jean-Marie Roy : Architecte prolifique, vous avez fait entrer
l’architecture québécoise dans ce que j’appellerais la modernité
consciente où le progrès se réconcilie avec la valorisation du patrimoine.
Grand collectionneur, votre engagement envers l’art et les artistes s’est
traduit par la constitution d’une impressionnante collection d’œuvres
patrimoniales et d’art du XXe siècle, dont vous avez su faire profiter les
musées du Québec.
Né à Saint-Léon-de-Standon, professeur à mi-temps à l’École d’architecture
de l’Université Laval, vous fondez en 1966, la firme Gauthier, Guité, Roy
où vous oeuvrez pendant plus de 20 ans.
Vous avez signé nombre d’édifices scolaires, culturels et religieux comme
le Campus de Cap-Rouge, le siège du Centre de recherche industrielle du
Québec, la porte Prescott des Forges du Saint-Maurice, le pavillon sportif
de l’Université Laval (PEPS). Vous avez accumulé les prix et l’École
d’architecture de l’Université Laval a tenu, en 2003, une exposition pour
vous rendre hommage.
Jean-Marie Roy, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Je demande maintenant à Madame Jacqueline Perreault de se lever pour que
nous rendions hommage à titre posthume à son frère Jean-Pierre Perreault,
décédé le 4 décembre 2002.
Jean Pierre Perreault fut l’un des chorégraphes les plus importants au
Canada. On dit de son univers qu’il était métaphorique et paradoxal.
C’est sa rencontre avec Jeanne Renaud qui l’a conduit à la danse, alors
que celle-ci s’apprête à fonder le Groupe de la Place Royale. En 1971, il
est devenu codirecteur artistique de la compagnie. Durant les dix années
suivantes, il a signé plus d’une vingtaine d’œuvres dont plusieurs sont
diffusées en tournée, tant en Europe qu’au Canada, aux États-Unis et au
Mexique.
En 1984, il joint le Département de danse de l’Université du Québec à
Montréal. En mars 2001, il inaugure l’Espace chorégraphique de la
Fondation Jean-Pierre Perreault. Ses créations ont révolutionné le langage
du corps. Des titres comme Nuit, La Vita ou Les années de pèlerinage ont
fait époque. Il disait de la danse qu’elle était un moyen de regarder le
monde à la fois d’un point de vue esthétique, moral et politique.
Jacqueline Perreault, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur, à titre posthume et en hommage à votre frère Jean-Pierre
Perreault, de vous remettre l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Margaret Lock : Professeure à l’Université McGill, vous êtes l’une des
trois plus célèbres spécialistes mondiales de l’anthropologie médicale
contemporaine. Vous avez changé la manière dont les chercheurs et
cliniciens du monde appréhendent toute la question de l’usure du corps et
de l’esprit à travers le vieillissement et la maladie.
Vous terminez actuellement une recherche de plusieurs années sur la
maladie d’Alzheimer sous l’angle de la génétique moléculaire. Elle sera le
couronnement d’une remarquable carrière universitaire.
Née en Angleterre en 1936, vous êtes bachelière en biochimie. Vous avez
séjourné au Japon où vous avez apprivoisé la culture et la langue avant
d’obtenir un doctorat en anthropologie et d’accomplir des études
posdoctorales en Californie. Vous joignez l’Université McGill en 1977 où
le programme que vous mettez sur pied est vite reconnu comme l’un des
meilleurs au monde.
La grande scientifique que vous êtes est d’abord une grande humaniste.
C’est votre passion pour l’humain, ses droits et sa dignité qui a été à
l’origine de votre quête scientifique. Vos écrits ont été publiés dans les
plus grandes revues scientifiques.
Margaret Lock, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jeanne Larocque Blackburn : Votre parcours est celui de la détermination
tranquille. Née à Saint-Elzéar de Bonaventure, en Gaspésie, c’est au
Saguenay lac Saint-Jean que vous allez prendre racine et embrasser la vie
publique.
D’abord enseignante, vous vous engagez dans le développement économique de
votre région. Députée du Parti québécois dans Chicoutimi de 1985 à 1998,
vous serez notamment ministre de la Sécurité du revenu et ministre
responsable de la Condition féminine.
Présidente de la Régie du cinéma, vous êtes la co-fondatrice et
présidente-directrice générale de l’organisme Cultures à partager, une
fondation de parlementaires qui favorise la coopération culturelle entre
les populations du Sud et le Québec.
Votre engagement en faveur de l’avancement des femmes, de la culture
d’expression française, de la démocratie et de la solidarité entre les
peuples vous ont valu d’être sacrée chevalier de l’Ordre de la Légion
d’honneur de France (2002) et chevalier de l’Ordre de la Pléiade (2000).
Jeanne Larocque Blackburn, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Jean-Paul L’Allier : Vous avez marqué la vie politique québécoise. Député
libéral et ministre, vous êtes devenu maire de Québec en 1989, votre
politique étant inspirée par la culture et l’environnement urbain. Si
c’est à ce titre que l’on vous connaît aujourd’hui, c’est au terme d’un
long et riche parcours que vous avez choisi cette ville que vous aimez
passionnément.
Vous êtes né à Hudson, en 1938. D’abord avocat en pratique privée, vous
avez aussi enseigné à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Vous
avez séjourné au Maroc où vous étiez maître de recherche au Centre
africain de formation et de recherches administratives pour le
développement. Vous avez mis sur pied l’Office franco-québécois pour la
jeunesse.
Député de Deux-Montagnes de 1970 à 1976, vous avez été ministre
responsable de la Jeunesse, du Loisir et des Sports, ministre de la
Fonction publique, ministre des Communications et ministre des Affaires
culturelles. Délégué général du Québec en Belgique de 1981 à 1984, vous
avez ensuite agi comme consul honoraire de Belgique à Québec de 1985 à
1988.
Vous êtes commandeur de l’Ordre de la Pléiade (2003) et officier de
l’Ordre national de la Légion d’honneur de France (1992). Votre engagement
envers l’embellissement de notre capitale nationale a notamment été
souligné par le prix Blanche Lemco Van Ginkel, de l’Ordre des urbanistes
du Québec (2003).
Jean-Paul L’Allier, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Serge Joyal : Vous n’aviez pas encore terminé vos études que le goût de la
politique vous hisse à la tête du mouvement étudiant, en 1962. Député à la
Chambre des communes de 1974 à 1984, vous avez été secrétaire
parlementaire du président du Conseil du trésor, ministre d’État, ministre
responsable du statut de la personne handicapée et secrétaire d’État du
Canada. Vous êtes sénateur depuis 1997.
Né à Montréal, vous avez fréquenté les grandes universités : maîtrise en
droit administratif à l’Université de Sheffield, scolarité de maîtrise de
philosophie en droit constitutionnel à la London School of Economics and
Political Science, diplôme d’études supérieures de la Faculté
Internationale de Droit Comparé de Strasbourg.
Généreux mécène, votre engagement envers la protection et la mise en
valeur du patrimoine artistique, historique et culturel du Québec est
exemplaire. Vous avez notamment travaillé à la restauration de plusieurs
ensembles patrimoniaux à Montréal et en région et rendu possibles, autant
par vos dons privés que vos conseils une multitude d’expositions dans les
différents musées du Québec. En outre, vous n’avez pas hésité à recourir
aux tribunaux pour défendre le principe de l’égalité linguistique partout
au Canada.
Officier de l’Ordre du Canada depuis 1996, vous êtes également officier de
l’Ordre de la Pléiade (2000) et chevalier de l’Ordre national de la Légion
d’honneur de France (1995).
Serge Joyal, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jean Gaulin : Vous êtes l’homme derrière l’essor exceptionnel d’Ultramar
en sol québécois. D’abord directeur de la raffinerie de Saint-Romuald,
vous avez gravi tous les échelons jusqu’à devenir président et chef de la
direction mondiale d’Ultramar PLC d’Angleterre.
Né à Montréal, en 1942, vous détenez un diplôme d’ingénieur chimiste de
l’École polytechnique de l’Université de Montréal. C’est sous votre
direction que la raffinerie Ultramar de Saint-Romuald a été construite en
1971 et que le Saint-Laurent a été dragué pour permettre l’accostage des
navires devant ses installations.
En 1985, vous devenez président d’Ultramar Canada. Trois ans plus tard,
vous transférez le siège social de la société de Toronto à Montréal. Un
coup d’éclat dont on me dit que vous êtes encore fier aujourd’hui. En
1989, vous accédez à la plus haute marche de ce géant international de la
pétrochimie et votre leadership s’étant de l’Australie au Canada.
La raffinerie Ultramar de Saint-Romuald porte désormais votre nom.
Jean Gaulin, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Richard Drouin : Spécialiste du droit commercial, du droit des affaires et
des relations de travail, vous avez notamment représenté le gouvernement
du Québec dans ses négociations avec le secteur public. De 1988 à 1995,
vous êtes président-directeur général d’Hydro-Québec. Vous présidez
également le Comité d’orientation sur la production et le transport
d’électricité, au sein de l’Union internationale des producteurs et
distributeurs d’énergie électrique (UNIPEDE). Vous êtes l’un des membres
fondateurs du E7, qui réunit maintenant les huit plus importantes
entreprises d’électricité au monde.
Vous êtes aujourd’hui président du conseil du North American Electric
Reliability Council (NERC), chargé de maintenir la fiabilité des réseaux
de transport d‘électricité en Amérique du Nord. Et vous présidez le
conseil d’administration de l’Université Laval.
En outre, vous avez été président du comité organisateur de Québec 84 et
de la Super Francofête, en 1974. Passionné de voile depuis plus de 30 ans,
vous avez vogué jusqu’au cercle polaire.
Richard Drouin, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur
de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
André Chagnon : Vous avez fondé votre entreprise
d’entrepreneur-électricien en 1957, à Montréal. Dix ans plus tard, vous
devenez président de Vidéotron, une compagnie régionale de
télédistribution. Elle deviendra la troisième plus importante au Canada,
absorbera Télé-Métropole et s’étendra aux Etats-Unis et jusqu’au
Royaume-Uni.
Vous êtes un pionnier de l’autoroute de l’information. Après 37 ans d’une
brillante carrière, vous avez choisi de consacrer votre temps et votre
énergie à la Fondation Lucie-et-André-Chagnon, qui œuvre, auprès des
familles, à la prévention de la pauvreté et de la maladie.
Je salue en vous le grand entrepreneur et le grand philanthrope.
Vous avez été sélectionné par le Conseil de l’Ordre national du Québec en
2003.
André Chagnon, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Francesco Bellini : Vous avez mis au service de la biopharmaceutique
québécoise vos multiples talents de chercheur, d’administrateur et d’homme
d’affaires.
Né en Italie, vous êtes arrivé au Canada à l’âge de 20 ans et vous avez
complété, en 1977, un doctorat en chimie organique à l’Université du
Nouveau-Brunswick. De 1968 à 1984, vous êtes chercheur dans la filiale
canadienne de Ayerst Laboratory. Ensuite, vous mettez sur pied la division
de biochimie de l’Institut Armand-Frappier de l’Université du Québec. Vous
la dirigerez jusqu’en 1986, année où vous co-fondez BioChem Pharma à qui
on doit notamment le 3TC, pour le traitement du VIH–SIDA, et le Zeffix,
contre l’hépatite B.
Vous êtes actuellement président du conseil et chef de la direction de
Neurochem, et vous présidez le conseil de Picchio Pharma une des parties
prenantes dans la récente relance de BioChem Pharma, sous le nom de
ViroChem Pharma.
Vous êtes détenteur de quelque 20 brevets et cobrevets.
Francesco Bellini, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du
Québec.
Jeanine Charbonneau Beaubien : Vous avez été de ces artistes qui ont pris
le relais pour que le grand bon en avant qu’a constitué la Révolution
tranquille s’accomplisse aussi dans le domaine des arts de la scène.
En 1957, vous ouvrez le théâtre de « La Poudrière », premier théâtre
multiculturel au Canada qui présentera plus de 200 productions durant ses
25 ans d’existence.
Vous avez travaillé à l’écriture, la traduction et l’adaptation de
nombreuses œuvres théâtrales et musicales pour la scène. Outre vos
réalisations artistiques, vous avez été cofondatrice de la Société
Alzheimer au Québec et au Canada; vous avez notamment été juge à la Cour
de la citoyenneté et membre du conseil d’administration de Téléfilm
Canada.
Parmi les honneurs qui vous ont échu, vous êtes la première femme
canadienne membre de la Royal Society of Arts de Londres (1960). Vous êtes
aussi membre de l’Ordre du Canada depuis 1974.
Jeanine Charbonneau Beaubien, avec les compliments du peuple québécois,
j’ai l’honneur de vous décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national
du Québec.
Grands Officiers
Marcel Trudel : Votre parcours est notre devise : je me souviens. Vous
vous êtes illustré principalement par vos travaux portant sur la
Nouvelle-France. Votre recherche a été celle de la vérité n’hésitant pas à
révéler autant les grandeurs que les faiblesses de nos héros nationaux.
Homme de rigueur, vous êtes de ceux qui ont fait évoluer notre histoire de
la légende vers la science.
Né à Saint-Narcisse de Champlain, vous êtes titulaire d’un doctorat ès
lettres (1945) de l’Université Laval. Vous avez également fait un stage de
deux ans à l’Université Harvard, à titre de « visiting professor ».
À votre retour, vous êtes engagé comme professeur d’histoire à
l’Université Laval et mandaté d’y organiser le nouvel Institut d’histoire
et de géographie.
Votre œuvre comprend plus de cinquante volumes et d’innombrables articles.
L’Ordre national du Québec vous avait conféré le titre de chevalier, en
1985. Vous avez aussi été nommé officier de l’Ordre du Canada, en 1971,
entre autres distinctions.
Marcel Trudel, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Grand officier de l’Ordre national du Québec.
Bernard J. Shapiro : Principal émérite de l’Université McGill et
maintenant Commissaire à l’éthique du Canada, vous avez mené une carrière
remarquable dans le domaine de l’éducation. À la fois penseur,
scientifique et philosophe, l’influence de vos recherches dans le domaine
des politiques et des pratiques pédagogiques est immense. Votre présence à
l’Université McGill, à titre de principal et de vice-chancelier, a
renforcé la réputation internationale de cet établissement et du Québec
comme centre de savoir et d’excellence.
Né à Montréal, en 1935, vous obtenez un doctorat en éducation de
l’Université Harvard après avoir entamé vos études universitaires à
McGill. Vous avez enseigné à Boston. Vous avez été doyen et vice-président
à l’Université de Western Ontario. Vous avez occupé d’importantes
fonctions dans le gouvernement ontarien avant de rallier l’Université
McGill en 1994.
Votre domaine est celui de la pensée, un monde qui ne connaît pas de
frontières. Pas moins de 12 universités vous ont accordé des doctorats
honorifiques.
Bernard J. Shapiro, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Grand officier de l’Ordre
national du Québec.
Claire L’Heureux-Dubé : Vous avez siégé à la Cour supérieure et à la Cour
d’appel du Québec, puis à la Cour suprême du Canada, où vous avez
travaillé à la promotion des valeurs fondamentales que sont l’égalité,
l’universalité et l’accessibilité à la justice. Vous êtes un pont entre la
justice et l’humanisme.
Vous accédez à la magistrature en 1973. Six ans plus tard, vous êtes la
première femme à être nommée juge à la Cour d’appel du Québec. En 1987,
vous devenez juge à la Cour suprême du Canada. Retraitée depuis 2002, vous
êtes aujourd’hui juge en résidence à l’Université Laval, votre alma mater.
Femme de conviction et de courage, vous avez exprimé plusieurs
dissidences, en particulier à la Cour suprême, qui ont entraîné des
réformes judiciaires et une évolution de notre société de droit.
Vous êtes une des grandes juristes du monde, citée dans plusieurs pays et
décorée dans plusieurs autres. Vous avez accumulé les honneurs sans jamais
vous détourner des plus démunis à qui vous avez toujours su faire don de
votre temps.
Claire L’Heureux-Dubé, avec les compliments du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne de Grand officier de l’Ordre
national du Québec.
Lise Bacon : Votre passion pour la vie politique vous aura fait pionnière.
Vous avez été la première femme élue présidente d’un parti politique au
Canada, s’agissant du Parti libéral du Québec dont vous avez guidé la
destinée de 1970 à 1973. Deuxième femme élue au Parlement du Québec, vous
avez été un compagnon d’armes de Robert Bourassa. Vous serez notamment la
première femme à assumer la fonction de vice-première ministre du Québec.
Amante des arts et de la culture, on vous doit notamment la Loi québécoise
sur le statut de l’artiste.
Vous avez été nommée au sénat canadien en 1994. Les honneurs qui vont ont
échu sont nombreux, mais vous connaissant, je sais que celui-ci occupera
une place toute particulière dans votre cœur.
Lise Bacon, avec les compliments du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de Grand officier de l’Ordre national du Québec.
Mesdames, Messieurs les Chevaliers, les Officiers et les Grands Officiers
de l’Ordre national du Québec, je vous félicite pour les accomplissements
qui vous valent ces décorations.
Je vous remercie de nous montrer chaque jour qu’aucun sommet n’est trop
haut pour qui sait allier l’audace de la remise en question à l’humilité
de travailler, et qui ose ne pas faire taire la voix de sa conscience ou
de ses convictions.
Au nom de tous les Québécois, je vous remercie.
À tous, une très heureuse Fête nationale.
[Charest=20040930]
Mesdames, messieurs les mairesses et maires du Québec,
Mesdames, messieurs les membres de la Fédération québécoise des
municipalités,
Bienvenue à votre congrès 2004,
Bienvenue à Québec,
Bienvenue dans un Québec qui est à l’aube d’un renouveau dans les
relations entre le gouvernement du Québec et les régions du Québec!
Je suis très heureux de vous annoncer que le gouvernement du Québec et les
présidents des Conférences régionales des élus ont convenu hier, au Salon
rouge de l’Assemblée nationale, les principes généraux qui vont ouvrir la
voie à un nouveau partage des responsabilités entre le gouvernement du
Québec et les régions du Québec.
Cette entente sera consignée dans un protocole qui sera soumis à
l’acceptation de chacun des 19 présidents de CRÉ lors du Forum national
des 12, 13 et 14 octobre prochain.
Vous vous réunissez cette année sous le thème « Le monde vit en région ».
Cela n’aura jamais été aussi vrai.
Nous sommes passés de la parole aux actes. La décentralisation n’est plus
qu’un mot à la mode, c’est une réalité en devenir.
L’époque où le gouvernement du Québec imposait des solutions à sens unique
est terminée. Le gouvernement du Québec sera dorénavant un accompagnateur
et un facilitateur du développement régional.
Et les citoyens des régions auront les outils et les ressources pour
mettre de l’avant leurs priorités et leur vision, de leur développement.
C’est à ce principe que nous avons tous souscrit hier. Et Michel Lagacé,
le président de la CRÉ du Bas Saint-Laurent a bien résumé l’état d’esprit
de ses collègues en disant : « On répond présents. La table est mise. Il y
a là une réponse aux besoins des citoyens et aux besoins des régions. »
Ce qui s’est passé hier est un événement majeur. Et je veux revenir avec
vous sur la genèse des événements.
Ce n’est pas toujours facile de comprendre, dans le bruit ambiant, comment
avancent les grandes politiques gouvernementales. Ce n’est pas par hasard
qu’un déblocage est survenu. Il y a un travail derrière ça, une démarche.
Très tôt dans notre mandat, nous avons affirmé notre volonté de donner
davantage de pouvoir aux citoyens des régions du Québec.
Ce n’était pas le fait d’une inspiration soudaine.
C’est la manifestation d’une conviction très profonde qui trouve sa source
dans les nombreuses tournées régionales qui ont été effectuées par
moi-même et mes collègues du temps où nous étions dans l’opposition.
Nous allons dans cette voie parce que j’ai l’intime conviction que le
développement des régions du Québec ne peut pas venir de l’extérieur. Le
développement des régions du Québec ne peut trouver sa source que dans le
coeur des femmes et des hommes qui habitent nos régions, qui y ont leurs
racines et qui veulent construire leur avenir.
Moi, je viens d’une région. Et je sais que quand on est en région, on ne
veut pas se faire dire quoi faire par Québec. On veut que Québec nous
donne les outils pour qu’on puisse faire nous-mêmes.
Être Québécois, être fier d’être Québécois, c’est se sentir responsable
des réussites du Québec. C’est de sentir, où qu’on soit au Québec, qu’on
peut faire une différence, qu’on peut mettre sa brique dans la
construction du Québec du 21e siècle.
C’est ça la vision.
Et c’est par ailleurs une tendance mondiale. C’est quoi l’impact de la
mondialisation sur notre vie économique? C’est l’éloignement des centres
de décision. C’est des décisions prises à Chicago qui ont un impact à
Rouyn-Noranda.
Alors la réponse naturelle à ça, c’est quoi? C’est de s’organiser entre
nous en rapprochant les centres de décision des citoyens pour refaire
l’équilibre; pour que chacune des régions puisse faire sa place.
C’est notre époque; une époque pleine de défis, mais pleine de formidables
occasions.
Décentraliser les pouvoirs, repartager les responsabilités, c’est donc à
la fois le fait d’une vision et d’une conviction. C’est aussi une réponse
à la réalité de notre époque.
Mais on ne peut pas faire ça n’importe comment. Il y a un principe en
démocratie : ceux qui administrent des responsabilités publiques, ceux qui
gèrent des fonds publics, doivent en répondre devant les citoyens.
Ça s’appelle l’imputabilité. Et qui est imputable? Ce sont les élus. Le
pré-requis à toute démarche de décentralisation était donc la mise en
place d’une gouvernance régionale imputable.
Ce sont les conférences régionales des élus. Dix-neuf CRÉ ont été mises en
place le 1er avril dernier.
Ces conférences sont formées majoritairement d’élus mais elles doivent
intégrer des représentants des milieux économiques et sociaux.
Dès leur formation, nous avons confié aux CRÉ un premier mandat. C’était
celui d’organiser les forums Place aux citoyens. Il s’agissait d’un
exercice démocratique par lequel l’État québécois associait les citoyens à
la définition de stratégies qui vont nous aider à relever deux grands
défis auxquels nous faisons face : la reprise en main des finances
publiques et les changements démographiques.
J’ouvre une parenthèse sur ces défis, parce que cela vous concerne
directement.
L’accroissement de la dette publique québécoise réduit d’année en année
notre marge de manœuvre et notre capacité d’investir. Notre dette, c’est
le troisième poste de dépenses du gouvernement du Québec après la santé et
l’éducation. C’est 7 milliards $ par année. À défaut de stopper la
croissance de notre endettement, nous nous dirigerons vers l’étouffement.
À l’égard des finances publiques, il y a un problème structurel à régler.
En 2002-2003, le Québec a dépensé 715 $ de plus par personne que les
autres provinces en services publics alors que la richesse par habitant
est ici inférieure de presque 5 000 $ à la moyenne canadienne.
Et c’est un écart qui s’accroît sans cesse parce que nos dépenses
augmentent plus rapidement qu’ailleurs au Canada.
D’autre part, la dénatalité et le vieillissement de la population
annoncent à la fois une croissance de la demande des services publics et
une diminution du nombre de travailleurs pour financer et dispenser ces
services.
En 40 ans, le nombre de naissances a diminué de moitié au Québec. Au début
des années 70, on comptait au Québec, 8 personnes en âge de travailler,
pour 1 personne de plus 65 ans. Aujourd’hui, c’est 5 pour 1; en 2030, ce
sera 2 pour 1.
D’ici 7-8 ans, nous allons atteindre un point de bascule : le nombre de
travailleurs va commencer à diminuer et le nombre de retraités va
commencer à augmenter en flèche.
Le choc démographique se fait déjà sentir dans nos écoles, où on
enregistre une diminution régulière du nombre d’enfants inscrits. Il se
fait aussi sentir dans nos régions où se manifestent les signes d’un
déclin démographique. Je sais que l’exode des jeunes est un des problèmes
les plus douloureux vécus dans nos régions.
Les forums Place aux citoyens ont été un grand succès. Pas moins de 2 500
Québécois y ont participé.
Et à la mi-octobre, on va se retrouver, le gouvernement du Québec, les
présidents des CRÉ et les leaders de la société civile pour convenir des
stratégies avec, pour base de discussion, les pistes de solutions avancées
par les citoyens des régions.
Lors de ce grand rendez-vous, qui s’appellera le Forum des générations, le
Québec va faire équipe pour faire mentir les chiffres.
Je ferme la parenthèse.
On a mis sur pied les CRÉ pour pouvoir décentraliser. C’est ça qu’on a
dit. Mais la première mission qu’on leur confie, c’est d’organiser des
consultations sur les finances publiques et les changements
démographiques.
Vous vous posez peut-être une question. C’est quoi le rapport?
Le rapport est direct.
Pour nous, il était évident dès le départ, que si on amenait les citoyens
à s’interroger sur ces deux grands défis, il en émergerait des pistes
solutions qui appelleraient à une plus grande autonomie des régions.
Parce que les Québécois veulent faire partie de la solution. Je le sais.
J’ai passé presque quatre ans à faire sans arrêt le tour des régions du
Québec.
Et dans les rapports des forums Place aux citoyens que nous ont fait les
présidents de CRÉ en début de journée hier, la grande convergence, c’était
plus de souplesse dans les initiatives gouvernementales; plus de place aux
initiatives locales. Le mot décentralisation est revenu souvent.
Et on se retrouve avec quoi aujourd’hui?
On se retrouve avec plusieurs solutions nouvelles pour relever les grands
défis auxquels nous faisons face. Et on se retrouve aussi avec des
citoyens des régions qui appellent de leurs vœux un nouveau partage des
responsabilités au Québec.
C’est ça la genèse des événements, c’est pour ça qu’un déblocage est
survenu hier.
Et qu’est-ce que nous avons convenu?
On s’est d’abord entendu sur les principes de la démarche dans laquelle
nous nous engageons. Cette démarche vise un nouveau partenariat entre le
gouvernement du Québec et les régions. Et quand je dis « les régions », je
veux dire toutes les régions, incluant la région de la Capitale nationale
et la région de Montréal.
Il y a cinq valeurs :
La confiance. La confiance mutuelle.
Le respect. Le respect des différences régionales. L’ère du mur-à-mur
était une négation des différences régionales. On entre dans l’ère du
sur mesure qui est une valorisation des différences régionales.
Le partenariat. On travaille ensemble. On fait équipe. Hier, Bernard
Généreux de la CRÉ du Saguenay-Lac-Saint-Jean a dit qu’il ne fallait pas
qu’on en vienne à déshabiller les régions.
Moi, je m’engage à assumer mes responsabilités en région, notamment en
matière de santé et d’éducation. Et je le ferai d’autant mieux que je
sais que vous serez à côté de moi pour assumer les vôtres.
Ça m’amène à la quatrième valeur : la responsabilisation. On est tous
responsables de la réussite du Québec. Être Québécois, c’est une fierté
et c’est une responsabilité. Et on est 7,5 millions à partager ça.
L’imputabilité et la subsidiarité. L’imputabilité, c’est le principe à
l’origine des CRÉ et la subsidiarité, c’est l’idée qu’un service aux
citoyens doit être géré le plus près possible du citoyen. C’est la
notion du bénéfice pour le citoyen.
Ce sont donc les principes qui nous guident. On s’est aussi entendu sur
les objectifs qu’on poursuivait. Pourquoi on fait ça? On fait ça :
Pour permettre aux régions de mieux se développer sur le plan social,
culturel et économique;
Pour améliorer la qualité des services aux citoyens;
Pour améliorer la prise de décisions en région.
On fait ça pour mieux réussir le Québec du 21e siècle.
Voyons comment ça va marcher.
D’abord, on dit qu’on va « décentraliser », c’est un terme général, parce
que les formes de partenariat peuvent varier.
Il pourra y avoir clairement des transferts aux régions et aux
municipalités de responsabilités avec les moyens financiers qui les
accompagnent. Ça, c’est la décentralisation au sens propre.
Et ce volet précis, sera exploré par la table Québec-municipalités. Ça
veut dire que ça vous concerne directement.
Nous nous laisserons guider par un principe fondamental en démocratie :
les responsabilités doivent être assumées par ceux qui sont en mesure de
donner le meilleur service aux citoyens.
Selon vos priorités, les responsabilités que vous voudrez assumer vont
varier.
C’est ça valoriser les différences régionales.
Outre la décentralisation à proprement parler, il y a aussi la
régionalisation qui consiste à déplacer en région la mise en œuvre d’un
service.
Il y a aussi l’adaptation des normes et des programmes aux spécificités
régionales. Un programme d’aide à l’entrepreneurship peut être différent
selon qu’on vit dans le Québec maritime ou dans le Québec forestier. La
régionalisation et l’adaptation, c’est la dimension souplesse de notre
nouvelle façon de faire.
Enfin, il y aura des initiatives de partenariat, des projets concrets où
on partagera la mise en œuvre de vos projets.
Les volets régionalisation, adaptation et partenariat seront discutés à la
table Québec-régions.
Pour superviser ce processus, j’ai formé un comité ministériel, qui relève
directement de moi et qui sera en contact très étroit avec les tables
Québec-municipalités et Québec-régions.
En terminant, je veux vous dire ceci.
Nous avons lancé un processus qui est irréversible. Il n’y a pas de retour
en arrière possible. Ça fait 30 ans qu’on parle de décentralisation au
Québec. Hier, nous avons décidé de passer de la parole aux actes.
Ce que nous entamons n’est pas facile. Je dirais même que c’est contre
nature pour un gouvernement de se délester de certaines responsabilités.
Mais si je m’engage dans cette voie avec vous et avec les conférences
régionales des élus, c’est parce que je suis profondément convaincu que
c’est dans l’intérêt supérieur du Québec et des Québécois.
Au cours des dernières semaines, j’ai souvent parlé de fédéralisme
asymétrique pour défendre le droit inaliénable du Québec de faire les
choses à sa manière.
Ma vision de l’avenir du Québec dans le Canada vaut également pour les
citoyens des régions du Québec.
Une vraie décentralisation signifie un vrai développement des régions et
une nouvelle ère de développement pour le Québec.
Merci.
[Charest=20041012]
Merci beaucoup monsieur Roy,
Mesdames, messieurs les député(e)s et ministres,
Je veux saluer aussi les représentants des autres partis à l’Assemblée
nationale du Québec, le chef de l’Opposition officielle et le chef de
l’ADQ.
Je veux saluer également les représentants des Conférences régionales des
élus qui sont avec nous aujourd’hui et je vais en parler un peu plus tard,
puisque nous avons déjà eu une rencontre précédant celle d’aujourd’hui, et
nous allons y faire référence pendant les prochains jours. Bien sûr je
veux saluer tous les représentants de la société civile et vous dire
bienvenue au Forum des générations.
Je vous remercie d’être avec nous et de participer à un événement qui
s’inscrit dans la volonté du Québec de se moderniser, de mieux anticiper,
de mieux comprendre et de mieux débattre de certains enjeux qui auront un
impact très important sur l’avenir de la société québécoise.
On a réuni autour de cette table des gens qui sont à la fois des milieux
urbain et rural, des jeunes, des aînés, des syndicats, des représentants
du patronat, du monde communautaire, du monde des affaires, des
autochtones mais aussi des communautés culturelles. Il y a autour de cette
table des hommes et des femmes qui représentent ensemble la somme de nos
ambitions, de nos espoirs et de nos rêves.
L’événement qui nous réunit aujourd’hui s’inscrit dans une démarche
entreprise il y a plusieurs mois. Et, dans cette déclaration d’ouverture,
je veux vous présenter aussi simplement, aussi directement que possible le
contexte de la démarche que nous avons proposée et qui a mené à la tenue
d’une vingtaine de forums régionaux.
D’abord, le gouvernement du Québec, depuis son élection du mois d’avril
2003, a rapidement réalisé que nous étions devant deux grands enjeux qui
ont un impact très important sur l’ensemble de nos décisions. Les deux
enjeux présents partout ce sont les finances publiques et le déclin
démographique. Ce ne sont pas les deux seuls enjeux. D’ailleurs, dans la
présentation que va vous faire dans quelques minutes Pierre Shedleur, qui
a coprésidé avec Line Beauchamp les forums régionaux, il sera question
d’un troisième enjeu, celui de la mondialisation et de l’émergence de
nouveaux marchés. Mais, on a rapidement réalisé qu’au Québec, peu importe
là où vous travaillez, peu importe le mandat que vous avez eu qu’il soit
public ou privé et surtout si vous habitez une région du Québec, il y a
deux grands enjeux qui ont un impact sur l’ensemble de nos décisions :
l’enjeu des finances publiques et l’enjeu du déclin démographique.
Dans le cas des finances publiques, pour résumer très rapidement, au
Québec depuis une trentaine d’années, notre situation est très très
serrée. Le moindre imprévu, tous les gouvernements toutes tendances
confondues vous le diront, le moindre imprévu peut très facilement changer
l’équilibre budgétaire du gouvernement du Québec.
C’est en soi une situation anormale et on a voulu pousser plus loin la
réflexion et le débat. Nous devons mieux comprendre pourquoi, d’années en
années, notre situation financière est celle-là. Et nous devons nous
interroger sur ce que nous devrons faire à l’avenir pour regagner les
marges de manœuvre que devrait normalement avoir l’État.
Le deuxième enjeu, c’est celui du déclin de la démographie. La démographie
essentiellement ce sont deux choses. C’est le phénomène de la dénatalité
auquel on ajoute le phénomène du vieillissement de la population. De temps
en temps en parlant de démographie, on a tendance à associer le phénomène
de changement démographique à des impacts négatifs alors que le déclin
démographique est un phénomène avec lequel nous devrons vivre et qui aura
des conséquences à la fois positives et négatives. Par exemple, les femmes
qui atteindront 65 ans dans quelques années seront déjà très différentes
de leur mère lorsque leur mère avait 65 ans. Elles auront vécu dans un
contexte qui est très différent. Sur le plan financier, elles seront
généralement plus indépendantes, elles seront en meilleure santé.
D’ailleurs, une des choses dont nous devons tenir compte dans l’évolution
du Québec sur le plan démographique c’est que la population du Québec vit
plus longtemps. Ça illustre en quelque sorte le succès de notre société,
de notre réseau de la santé et des services sociaux. Mais la démographie
dans un contexte où il y a moins de gens qui travaillent et plus de gens
qui arrivent à l’âge de la retraite ça présente des défis particuliers.
On a inclus dans le document des participants un certain nombre de
chiffres. Je ne présume pas que vous les connaissez tous, mais
rappelez-vous que dans les années 70, il y avait 8 personnes qui
travaillaient pour chaque personne à la retraite. Actuellement au Québec,
c’est 5 personnes qui travaillent pour chaque personne à la retraite. Dans
près de 25 ans d’ici, ce sera deux personnes qui travaillent pour chaque
personne à la retraite. Tout cela aura des conséquences entre autres sur
nos services sociaux, sur le réseau de la santé. Tout cela aura des
conséquences sur l’organisation de notre société. Est-ce qu’il est écrit à
l’avance que les gens doivent absolument prendre leur retraite à un âge
spécifique ? Est-ce qu’une personne qui arrive à l’âge de la retraite
cesse pour autant de contribuer à la société ? La réponse c’est non. Et
nous allons pouvoir justement discuter de tout ça dans les prochains
jours.
Mais l’important, ce que je retiens comme premier ministre du Québec dans
le débat que nous allons faire ensemble, c’est l’importance de comprendre
les changements. De les anticiper, de se préparer comme société pour que
nous puissions justement tirer notre épingle du jeu pour que nous
puissions tout mettre en œuvre pour que chaque citoyen du Québec puisse
participer pleinement dans la société québécoise.
Alors voilà un enjeu sur lequel il faut absolument se pencher, réfléchir,
anticiper et se préparer.
Sur le plan des finances publiques, le portrait est déjà assez complexe.
Au Québec, nous sommes la province canadienne la plus endettée. Nous
sommes les citoyens les plus taxés. On a fait le choix au Québec, de se
donner de généreux programmes sociaux.
Et d’ailleurs, c’est intéressant, dans les forums, ce que j’en retiens, ce
que j’ai vu, ce que j’ai entendu, c’est que les citoyens et citoyennes du
Québec ne disent pas d’arrêter de faire des programmes sociaux ou de
reculer sur ce qu’on a fait. Au contraire. Les Québécois et Québécoises
sont très fiers de ce qu’ils ont pu réaliser. Il y a là-dedans
l’incarnation de nos valeurs.
Notre réseau de la santé et des services sociaux exprime nos valeurs de
compassion et de justice sociale. Alors il faut regarder tout ça avec
beaucoup de fierté. On fait un peu le bilan de tout ce qu’on a pu réaliser
dans une très courte période de temps. On a raison d’être fier et en même
temps, c’est parce que cela évoque des valeurs auxquelles nous tenons
beaucoup, que nous devons mesurer l’impact sur les finances publiques et
ce que nous devons faire à l’avenir justement pour pouvoir préserver nos
programmes sociaux.
Alors, au Québec, parce qu’on s’est donné de généreux programmes sociaux,
cela nous coûte 700 $ de plus par personne par année et en même temps, les
salaires des citoyens québécois sont de 5 000 $ par année, plus bas
qu’ailleurs au Canada.
D’un côté, nous sommes trop endettés, de l’autre côté, nous sommes trop
taxés. Ça nous coûte plus cher et on gagne moins. Je n’ai pas besoin de
vous faire un long portrait pour vous dire qu’il y a là un enjeu très
important qui finit par se retrouver dans le budget d’un état qui d’année
en année est toujours étiré à l’ultime limite.
Comment allons-nous comme société, justement continuer à préserver nos
programmes sociaux si y a moins de gens qui paient, si dans une région en
particulier il y a moins de citoyens qui habitent cette région, qui
occupent le territoire, un enjeu extrêmement important pour l’avenir du
Québec. Alors vous voyez très rapidement pour quelles raisons ce Forum
devient pour nous, pour la société québécoise un lieu privilégié un moment
très important pour que nous puissions ensemble mieux comprendre surtout
mieux réfléchir et alimenter également notre capacité de trouver de
meilleures solutions.
Déjà on a avancé sur cette voie. Il y a quelques minutes je faisais
référence à une rencontre que j’ai eue avec les présidents des Conférences
régionales des élus il y a quelques jours. Le gouvernement s’est engagé
dans une démarche de décentralisation, de régionalisation, d’adaptation et
de partenariat avec les régions.
Je veux être très clair là-dessus, lorsque le gouvernement du Québec
souhaite décentraliser davantage, c’est de l’ensemble du territoire et des
autorités dont il est question. Basé sur cette volonté de décentraliser et
de rapprocher les services des citoyens, nous sommes déjà en négociation
avec les présidents des conférences régionales des élus pour que nous
puissions conclure un protocole qui va nous permettre d’enclencher cette
démarche. Nous reconnaissons la responsabilité des élus dans les régions
parce qu’une vraie décentralisation fait appel à de l’imputabilité. C’est
un principe très important. En administration publique, si vous avez le
mandat de gérer des programmes, de les livrer, vous devez en être
imputables, d’où ce choix que nous avons fait d’aller vers les élus.
Vous êtes invités à participer, vous avez accepter de participer à un
forum. Je tiens à vous préciser qu’un forum ce n’est pas un sommet.
L’objectif de ce que nous allons entreprendre pendant les prochains jours
n’est pas d’arriver à un consensus à tout prix. Ce n’est pas d’aller vers
le dénominateur commun le plus bas. L’objectif c’est que nous puissions
justement, dans certains cas, poursuivre une réflexion, dans d’autres cas,
élaborer des stratégies et lorsque nous sommes prêts, passer à l’action.
Alors je veux que vous vous sentiez très à l’aise pendant les trois
prochains jours. De vous exprimer. D’exprimer des points de vue
divergents. J’insiste là-dessus on n’est pas ici pour demander à tout le
monde de répéter la même chose. Ce n’est pas l’unanimité qui est
recherchée.
D’ailleurs, je vais vous faire une confidence. Une chose que je rappelle à
mon conseil des ministres de temps en temps, si les problèmes que l’on
vous soumettait étaient faciles, si les réponses étaient évidentes, il y a
longtemps que quelqu’un d’autre les aurait réglés à notre place.
C’est justement parce qu’il y a là deux enjeux qui font appel à beaucoup
de créativité, qui font appel à nos meilleures ressources, que nous allons
voulu réunir des Québécois et des Québécoises qui sont en mesure de
contribuer par leur intelligence, leur expérience et leur énergie à nous
aider à trouver les meilleures solutions.
Ce que nous savons, une fois qu’on a fait le tour des deux questions,
c’est que le statu quo n’est pas une option. Le statu quo dans le contexte
actuel du Québec n’est pas un choix. Nous devons bouger, nous devons
changer nos façons de faire et nous devons chercher à amener le plus grand
nombre de Québécois et de Québécoises à se saisir de ces enjeux, à mieux
les comprendre et à contribuer aux solutions.
Dans les forums que Line Beauchamp et Pierre Shedleur ont présidé, il
ressort deux éléments qui me paraissent très importants pour la suite. Il
y a deux grands filons. Partout où ils sont allés, les gens parlent d’une
plus grande souplesse. Cela paraît instinctif de faire appel à cette
souplesse pour que nous puissions reconnaître les besoins particuliers.
Pour qu’on se sorte du mur à mur et qu’on puisse reconnaître qu’il y a des
façons de faire différentes et que si on veut préserver un certain nombre
de choses, il faudra travailler ensemble et accepter de faire preuve de
souplesse de part et d’autre.
Deuxième filon, c’est le renforcement des communautés locales. Encore là,
instinctivement, la population sent que plus on rapproche les lieux de
décisions de ceux et celles qui paient et qui reçoivent les services, plus
les citoyens seront en mesure de tailler sur mesure les services qu’ils
reçoivent.
Je veux vous rassurer on ne va pas compenser en 2 jours et demi, 40 ans de
déclin de la natalité. Et on ne va pas non plus en 60 heures refaire
l’architecture de 50 milliards de dollars de dépenses de programmes. Il y
a une chose que nous allons faire ensemble, nous allons faire équipe pour
s’engager à réaliser des changements profonds tout en se rappelant que les
vrais changements, les changements qui arrivent à long terme, commandent
beaucoup de détermination. Cela commande une certaine patience et surtout
beaucoup de volonté. Finalement, cela commande que de part et d’autre nous
puissions faire un effort de lucidité pour anticiper et bien comprendre la
nature des enjeux.
Il est vrai que les enjeux qu’on vous soumet aujourd’hui sont des enjeux
qu’on retrouve partout en Occident, mais au Québec tout cela a une
connotation particulière. Rappelons-nous que nous avons survécu avec notre
langue et notre culture parce que nous avons toujours eu cette capacité
d’adaptation qui est propre aux Québécois. D’ailleurs ça explique pourquoi
on est ensemble aujourd’hui. Parce qu’on a toujours été capable au fil des
ans, sous des gouvernements différents, de trouver cette volonté commune
d’avancer vers de nouvelles solutions. Et c’est dans cet esprit-là que
nous avons voulu ce forum.
Une autre remarque que je voulais vous faire c’est une mise en garde, que
j’ai reçue à quelques reprises lorsqu’on présente les enjeux du déclin
démographique et celui des finances publiques parce qu’on a tendance à
présenter des chiffres qui peuvent paraître un peu déprimant. La mise en
garde a été la suivante : on me dit vous peignez tout en noir, vous
présentez un portrait qui est tellement noir que c’en est décourageant. Si
on prend la peine de vous présenter le portrait tel qu’il est, ce n’est
pas pour conclure que les choses vont rester comme elles sont.
Ce que nous faisons ici c’est exactement le contraire de la fatalité. En
tant que premier ministre, lorsqu’on me présente les chiffres, je ne dis
pas que ça va être comme ça pour toujours, au contraire j’ai l’intention
de changer le cours des événements et la même chose devrait être vraie
pour vous. Alors oui, si on vous présente des faits qui paraissent durs,
si vous voulez les remettre en question allez-y. Mais le vrai débat n’est
pas là. Les chiffres, on peut les interpréter différemment. Mais les
grands défis des finances publiques et du déclin démographique demeurent
entiers. Le vrai débat c’est comment peut-on changer le cours des choses.
Est-ce possible de le faire?
La bonne nouvelle c’est qu’il y en a qui l’ont fait avant nous. La preuve
c’est que nous vivons dans une société remarquable. L’histoire du Québec
c’est une histoire de réussite, c’est l’histoire d’un peuple qui a su
préserver sa langue, sa culture et qui a tiré son épingle du jeu sur le
plan économique. Cette réussite va continuer. Aujourd’hui nous sommes
conviés à une étape importante dans notre développement pour que nous
puissions à notre tour subir ce test des générations. Ce test doit être le
suivant : quand on prend une décision, on doit être capable de
s’interroger sur l’impact de notre décision sur les générations futures et
sur celles qui nous ont précédés, qui méritent elles aussi de recevoir les
services auxquels elles ont droit. Au Forum des générations, c’est un test
important pour nous.
Je tiens à vous remercier d’avoir accepté de participer à un moment
charnière dans la vie et l’histoire du Québec.
Merci.
Monsieur le Président,
J’invite aujourd’hui, tous les Québécois à se joindre à nous et à se
souvenir des héros québécois d’hier et à remercier les héros québécois
d’aujourd’hui.
[Charest=20041014]
Mesdames, Messieurs,
Nous avons eu au cours des derniers jours des discussions très riches et
très franches. Mes premiers mots seront pour vous remercier; d’abord de
votre participation active, mais aussi de votre discipline qui a permis à
tous de s’exprimer et de nourrir un débat, parfois passionné, mais
toujours respectueux.
Merci beaucoup.
À l’ouverture de ce Forum des générations, je vous disais que nous
n’étions pas ici à la recherche de l’unanimité. Nous avons bien vu au
cours de ces trois jours, que lorsqu’on aborde des questions aussi
fondamentales que l’assainissement des finances publiques et les impacts
des changements démographiques, on touche à quelque chose de très profond,
on touche à la conception que chacun de nous se fait du Québec et de la
vie en société.
Sur ces points, il ne saurait y avoir d’unanimité. Et je dirais, fort
heureusement. J’ai souvent dit que le Québec était riche de sa diversité.
Il est aussi riche de sa diversité d’opinions.
Au terme de ces trois jours, nos débats ne sont donc pas terminés. Mais
nous avons franchi un grand pas. Nous avons donné une direction à nos
débats.
Nous sommes entrés ici pour partager des informations. Nous sortons d’ici
pour trouver des solutions.
Entre nous, il y a davantage de points de convergence que de points de
divergence.
D’abord, nous avons convenu qu’il fallait bouger pour relever ces défis de
l’assainissement de nos finances publiques et de notre adaptation aux
changements démographiques.
Nous sortons d’ici en partageant l’idée que si nous ne faisons rien, ceux
qui sont derrière nous, nos enfants, vont se retrouver avec un héritage
très lourd à porter.
Nous sortons aussi de ce Forum des générations animés par un désir
renouvelé de préserver nos services publics et tout spécialement notre
réseau de la santé et notre réseau d’éducation.
Nous convenons aussi que les familles québécoises doivent être au cœur de
notre préoccupation. Une des façons de relever le défi démographique,
c’est de faire du Québec un meilleur endroit pour nos enfants. Cela nous
amène directement à la notion de conciliation travail-famille.
Il faut aussi reconnaître que les familles et la classe moyenne sont
l’objet d’une forte pression et que ces contribuables ont besoin d’un peu
d’air.
Enfin, nous convenons aussi qu’il faut tendre vers plus de souplesse;
qu’il faut donner plus de place à l’initiative locale; qu’il faut renoncer
au mur à mur et s’engager dans des formes nouvelles de collaboration.
Ce sont là des points de convergence qui sont majeurs et qui nous
fournissent une formidable base d’action.
Plusieurs pistes de solutions ont été lancées dans la foulée de ces défis.
Je vous en donne quelques-unes.
En ce qui concerne le défi des finances publiques, il a été proposé :
D’accentuer les efforts de prévention et de promotion de saines habitudes
de vie parce qu’une population en meilleure santé sollicite moins son
système de santé.
Plusieurs propositions sont allées dans le sens de l’amélioration du
développement économique et de la qualité de vie des Québécois.
Beaucoup d’appels, par exemple, à l’accélération du développement
énergétique du Québec et une ouverture largement partagée quant à
l’exportation d’énergie renouvelable. Je pense ici, par exemple, à la
sortie enflammée de Guy Chevrette ou au propos du maire
Gilles Vaillancourt qui disait qu’il fallait réhabiliter
l’hydroélectricité. J’y suis totalement favorable.
Plusieurs appels également au développement et à la modernisation des
infrastructures. Et sur ce point, des interventions, notamment du maire de
Montréal, à l’effet que l’endettement ne doit pas être un frein à des
projets structurants.
On a aussi beaucoup parlé de développement de la main-d’œuvre et de
soutien à l’entrepreneurship.
Jocelyn Carrier a insisté plusieurs fois sur l’importance du tourisme
comme voie de développement pour nos régions.
En ce qui concerne le défi démographique, plusieurs propositions ont aussi
été faites :
L’immigration vous est apparue comme l’avenue privilégiée pour répondre à
ce défi. Et vous avez associé cette notion d’une plus grande immigration à
la notion d’occupation du territoire. Et je pense ici à une intervention
de Jacques Proulx qui nous rappelait que pour que l’immigration se rende
en région, il fallait non seulement préparer les nouveaux arrivants à s’y
installer, mais préparer les gens des régions à accueillir de nouveaux
arrivants. C’est une intervention dont Michèle Courchesne a pris bonne
note.
La valorisation de la contribution des aînés à notre société a aussi été
promue par plusieurs. C’est à la fois un moyen de favoriser les ponts
entre les générations et de pallier certains manques de main-d’œuvre.
À travers nos discussions, une préoccupation a surgi avec une très grande
régularité : votre attachement à la notion de développement durable. Le
développement économique du Québec doit se faire dans le respect de notre
patrimoine. Je suis d’accord.
Globalement, vous avez reconnu l’importance des enjeux. Je pense à Jacques
Ménard qui disait que le tableau de bord du Québec est constellé de
lumières jaunes.
Et je retiens aussi votre optimisme et votre confiance dans l’avenir. Et
Robert Poirier nous a rappelé qu’on pouvait s’engager vers des changements
profonds dans la bonne humeur.
À l’issue de ce Forum des générations, j’ai annoncé une série d’actions à
court et moyen termes qui vont renforcer le Québec. Ces actions vont
permettre la préservation de nos systèmes public de santé et d’éducation
et assurer le développement prospère et équitable du Québec.
Ces actions reposent sur deux principes qui ont émergé de nos discussions
et qui guideront notre action.
Le premier, c’est celui du développement durable; du développement durable
du peuple québécois. De la même manière que dans le domaine
environnemental, nous devons soumettre nos décisions publiques à un
critère de base : est-ce que c’est dans l’intérêt de ceux qui nous
suivent? C’est ça, le test des générations.
Ce principe du développement durable de notre peuple, c’est aussi celui de
la responsabilisation de chacun de nous face à notre avenir collectif.
C’est aussi celui du juste effort de chacun de nous.
De ce premier principe en découle un deuxième, c’est l’émergence d’une
nouvelle solidarité. Et cette solidarité, ce n’est pas celle d’un groupe
face à un autre, ou des régions face aux villes; c’est celle de notre
multitude face à ses enjeux.
Mesdames, Messieurs,
Comme vous le voyez, nos délibérations ont été fructueuses.
Mais ce Forum aura aussi permis de confirmer l’engagement du Québec sur la
voie de la décentralisation.
Le gouvernement du Québec et les présidents des Conférences régionales des
élus ont signé aujourd’hui un protocole d’entente qui établit les
principes de la décentralisation des pouvoirs au Québec. Et je pense ici à
une intervention du maire de Québec qui disait qu’il était d’accord avec
la décentralisation pour autant qu’elle ne soit pas synonyme de délestage.
Le protocole que nous avons signé établit comme principe directeur qu’il
n’y aura pas de transfert de responsabilité sans transfert de ressources.
L’époque où le gouvernement du Québec imposait ses vues aux citoyens des
régions est terminée. Dorénavant, le gouvernement sera un accompagnateur
des régions dans la réalisation de leurs priorités. Ce protocole établit
les principes qui guideront la décentralisation des responsabilités avec
les ressources qui les accompagnent, la régionalisation de certains
services ou programmes, l’adaptation de programmes aux spécificités
régionales et des projets de partenariat Québec-régions.
Ce protocole conduira à un nouveau partage des pouvoirs, en fonction des
désirs et des aspirations de chacune des régions du Québec.
Mesdames, Messieurs,
Le Forum des générations aura été intense, mais il aura permis de
rapprocher le gouvernement du Québec et les représentants de la société
civile.
Nous sommes entrés ici pour partager des informations; nous sortons d’ici
pour chercher des solutions.
Nous sommes entrés ici pour partager un constat. Nous sortons d’ici
engagés vers des changements profonds qui vont assurer la réussite du
Québec.
Et nous sortons surtout d’ici en formant une équipe; une équipe déterminée
à poser les bons gestes pour assurer le développement durable du Québec
avec équité pour toutes ses générations.
Je vous remercie de votre participation.
À bientôt.
[Charest=20041108a]
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
C’est un très grand plaisir pour moi d’être ici parmi vous afin de
souligner le 40e anniversaire de l’ouverture du Centre des arts de la
Confédération.
Ce centre a été inauguré en 1964 afin de souligner le 100e anniversaire de
la Conférence des pères de la Confédération.
Lorsque j’ai reçu l’invitation du professeur Symons, afin de vous parler
du fédéralisme canadien, je ne savais pas que nous aurions eu, dans les
jours précédant cette rencontre, deux conférences des premiers ministres.
Le moment est donc bien choisi pour une discussion sur l’état du
fédéralisme canadien, ses espérances et ses défis.
On dit que l’histoire est un éternel recommencement. On s’en convainc
aisément lorsqu’on se réfère aux sources de nos débats, qui nous ramènent
à l’Acte de Québec de 1774.
L’élection de mon gouvernement, en avril 2003, a été accueillie par nombre
de Canadiens comme un défi lancé à ceux qui voulaient séparer le Québec du
Canada. Mais ce qui n’était peut-être pas aussi manifeste, c’est que
l’élection de mon gouvernement constitue également un défi pour ceux qui
tentent de maintenir le statu quo au sein de la fédération. L’élection de
mon gouvernement est en fait un défi pour ces deux groupes et pour tous
ceux qui ont choisi d’ignorer notre histoire commune.
Le Canada est un pays jeune, toujours en construction, toujours à l’état
de potentiel.
Nous allons continuer la construction du Canada à la condition de tenir
compte des fondations de l’édifice et en respectant ce qui touche les
fondements mêmes du Canada.
Dans la première partie de mon discours, j’aimerais que vous vous joigniez
à moi pour vous remémorer ce qui a permis la réussite du Canada.
Les Canadiens ont, très tôt dans leur histoire, pris une décision, fait un
choix qui, au fil du temps, a fini par définir l’essence même de ce que
nous sommes.
Nos ancêtres ont décidé, dès le départ, de fonder un pays sur le principe
même du droit de parler une autre langue, de prier différemment,
d’appliquer un système juridique autre qui s’inspire du Code civil
français, d’appartenir à une culture différente et de permettre à cette
culture de s’épanouir. L’Acte de Québec de 1774, adopté il y a plus de 200
ans, soit près d’un siècle avant la Confédération, est sur ce point le
document le plus fondamental de l’histoire du Canada. C’est l’assise sur
laquelle le partenariat canadien s’est construit à l’origine. L’esprit de
cette loi a défini ce pays dès sa création. Il constitue l’une des
décisions les plus éclairées qui aient jamais été prises au Canada.
Les Canadiens devraient réfléchir à ce choix qui s’est opéré très tôt dans
leur histoire. Nous devrions réfléchir à la manière dont il nous définit,
comment la culture et la langue françaises et la présence d’une province
francophone au sein de la fédération ont permis à l’ensemble des Canadiens
d’étendre leur influence et de jouer un plus grand rôle dans la communauté
internationale.
Dans le passé, d’aucuns dans ce pays ont prétendu que la reconnaissance
des deux langues officielles et identités culturelles était un obstacle à
l’élaboration d’un but commun pour ce pays, une vision commune s’inspirant
de valeurs partagées. À court terme, ils ont peut-être cru avoir raison.
Mais nous savons aujourd’hui à quel point ils étaient dans l’erreur. Il ne
leur a pas effleuré l’esprit que leurs enfants vivraient dans « le
meilleur des mondes » de la mondialisation.
Que leurs enfants seraient appelés, s’ils voulaient déployer pleinement
leur potentiel dans ce monde du XXIe siècle, à apprendre non pas une, mais
plusieurs autres langues, si possible.
Les Canadiens sont par nature sensibles à un monde où la diversité est la
norme. Les Canadiens, en raison de leur histoire, ne tiennent pas pour
acquis que les autres pensent à leur manière, que les autres voient les
choses différemment. Sur ce plan, le Canada est un pays qui s’est mieux
préparé que nul autre que je connaisse à faire face aux défis du XXIe
siècle. Ne pas reconnaître ce simple fait serait un grand appauvrissement.
Pour les Québécois en particulier, le Canada est une réussite précisément
à cause de la place que leur pays a réservée à notre langue, à notre
culture, à notre identité, non seulement pour survivre, mais aussi pour
s’épanouir et prospérer au point où nos artistes, nos universitaires, nos
entrepreneurs sont reconnus et célébrés dans le monde entier.
Si l’on se tourne vers l’avenir, plusieurs tendances importantes se sont
affirmées quant à la manière dont le fédéralisme évolue. Entre autres, la
tendance à la codécision et à la cogestion entre les paliers de
gouvernement fédéral et provincial est déjà un reflet de la maturité du
pays qu’est le Canada.
Pour que cela soit possible, il faut néanmoins que chaque palier de
gouvernement comprenne bien son rôle, là où son intervention peut être
utile et efficace et, en fin de compte, qu’il soit entièrement imputable
de ses décisions envers son peuple. En d’autres termes, le respect des
compétences de chaque gouvernement est une condition indispensable au
succès de ce pays.
Dans un discours que je prononçais en 1999, j’invitais les Canadiens et
leurs dirigeants à commencer à se préparer à un gouvernement libéral pour
le Québec, pour que nous puissions ensemble bâtir pour le Canada un
programme qui soit le reflet de notre histoire, de nos espoirs et de nos
aspirations pour l’avenir.
Le message que je leur transmettais était le suivant : Préparez-vous à
tenter, rapidement et de manière décisive, de résoudre les problèmes qui
perdurent depuis longtemps entre le Québec et les autres gouvernements au
Canada.
Pour ce faire, je veillerai à ce que le Canada respecte l’esprit du
fédéralisme. Je veillerai à ce que le Canada résiste à la tentation de la
centralisation.
J’aimerais maintenant revenir aux débats sur la Confédération. En 1865,
ainsi parlait George Brown, un des pères de la Confédération :
Nous devions opter pour une union fédérale ou abandonner les
négociations. Non seulement nos amis du Bas-Canada sont contre cette
idée, mais il en va de même pour la plupart des délégués des Provinces
maritimes. Un seul choix s’offrait à nous : l’union fédérale ou rien1.
Pour Brown, le seul Canada possible était un Canada fédéral. Pour un autre
père de la Confédération, sir John A. Macdonald, la conclusion était la
même. Il disait, le 6 février 1865 :
Maintenant, en ce qui concerne les avantages respectifs d’une union
législative ou fédérale, je n’ai jamais hésité à donner mon opinion
personnelle. J’ai maintes et maintes fois déclaré en Chambre que, si
possible, je croyais qu’une union législative était préférable.
J ’ai toujours soutenu que si nous pouvions nous entendre pour avoir un
gouvernement et un Parlement qui légiféreraient pour l’ensemble de ces
peuples, ce serait le meilleur, le plus économique, le plus vigoureux et
le plus fort système de gouvernement que nous puissions adopter.
Mais en réfléchissant au sujet de la conférence, et en discutant de
cette question comme nous l’avons fait, sans ambages et avec le désir
d’aboutir à une conclusion satisfaisante, nous avons constaté que ce
système était irréalisable. En premier lieu, il ne recueillerait pas
l’assentiment du peuple du Bas-Canada, parce que celui-ci avait
l’impression que dans leur position de minoritaire – parlant une autre
langue que la majorité dont il se démarquait également par sa
nationalité et sa religion –, en cas d’union des provinces, ses
institutions et ses lois risquaient d’être assaillies, et ses
associations ancestrales, dont il était si fier, étaient menacées.
Nous avons alors constaté que toute proposition qui comportait
l’absorption de l’individualité du Bas-Canada, si je puis employer cette
expression, ne serait pas favorablement accueillie par son peuple.
Nous avons également constaté que même si leur peuple parlait la même
langue et jouissait du même système législatif que le peuple du
Haut-Canada, système basé sur le droit coutumier d’Angleterre, les
diverses provinces maritimes n’étaient pas du tout disposées à perdre
leur individualité, à titre d’organisations politiques distinctes, comme
on l’avait constaté dans le cas du Bas-Canada.
Nous avons donc été contraints de conclure que nous devions soit
abandonner toute idée d’union, soit concevoir un système d’union dans
lequel chaque organisation provinciale serait dans une certaine mesure
protégée. De telle sorte que ceux qui, comme moi, étaient en faveur
d’une union législative, ont été contraints de modifier leur point de
vue et d’accepter le projet d’une union fédérale comme étant la seule
voie réalisable, même pour les provinces maritimes 2.
Quelques années après, en 1871, Wilfrid Laurier donnait au débat canadien
des airs familiers.
Pour que le système fédératif ne soit pas un vain mot, pour qu’il
produise les résultats qu’il est appelé à produire, il faut que les
législatures soient indépendantes, non pas seulement de droit, mais de
fait. Il faut surtout que la législature locale soit complètement à
l’abri de tout contrôle de la législature fédérale.
Si, de près ou de loin, la législature fédérale exerce le moindre
contrôle sur la législature locale, alors ce n’est plus en réalité
l’union fédérale que vous avez, mais l’union législative sous la forme
fédérale3.
Le débat sur le fonctionnement du Canada est à notre vie politique ce que
la Neuvième Symphonie de Beethoven est à la musique : un classique
indémodable.
Je le dis avec un sourire, parce que c’est le propre des fédérations. Ce
qui fait leur force, c’est que ce sont des systèmes dynamiques, toujours
en adaptation par rapport à leur époque.
Mais qu’est-ce donc qu’une fédération? Allons à la définition. Une
fédération, c’est une association de deux ordres de gouvernement qui sont
chacun souverains dans leurs champs de compétence. Et les champs de
compétence de ces deux ordres de gouvernement sont définis par la
Constitution.
Par ailleurs, ce partage des responsabilités étatiques n’est pas le fruit
du hasard. Il obéit à une logique qui peut être parfois la promotion de la
diversité, parfois l’introduction de poids et contrepoids pour améliorer
la qualité de la démocratie et, parfois, l’idée de la subsidiarité : quel
ordre de gouvernement est le mieux placé pour livrer tel ou tel service?
Une fédération n’est donc pas hiérarchisée par opposition à un État
unitaire comme la France, par exemple. Au Canada, le gouvernement fédéral
n’est pas le patron des provinces. Chacun dans ses domaines de compétences
les deux ordres de gouvernement rendent compte de leurs actions à leur
électorat.
J’ai des comptes à rendre aux Québécois dans les domaines qui relèvent des
compétences du Québec. Je n’ai pas de comptes à rendre au gouvernement
fédéral. Le gouvernement fédéral a des comptes à rendre aux Canadiens dans
les domaines de ses compétence. Il n’a pas de comptes à rendre au
gouvernement du Québec.
C’est cela une fédération. Une fédération, par essence, est donc un
système politique pluriel et asymétrique. Chaque gouvernement doit pouvoir
faire les choses comme il l’entend pour assumer ses responsabilités.
Faire partie d’un État fédéral, ce n’est pas être enrégimenté dans un
moule unique. C’est faire partie d’une communauté qui partage un
territoire et des valeurs communes dans le respect de la différence de
chacun de ses partenaires.
Je suis venu vous dire aujourd’hui qu’il est nécessaire que le Canada
renoue avec l’esprit du fédéralisme et se détourne de ses tentations
centralisatrices Je suis venu vous dire que l’avenir de la fédération
canadienne, c’est … le fédéralisme!
Disons-le autrement. Ce qui nuit à la fédération, ce n’est pas que le
Québec veuille faire les choses à sa manière. Ce qui nuit à la fédération,
c’est quand on veut que les provinces et les territoires soient tous
identiques.
Je vois cinq principes qui devraient habiter l’esprit fédéral au Canada.
Ces principes sont d’ailleurs porteurs de leçon non seulement pour la
gouverne au sein d’une fédération, mais également, plus globalement, pour
la gouverne en ce XXIe siècle.
Dans un premier temps, je vous énonce ces cinq principes :
Le respect,
La flexibilité,
La règle de droit,
L’équilibre,
La coopération.
Le premier principe qui doit être mis en avant pour raviver le fédéralisme
canadien est donc le respect.
Il n’y a pas de saine coopération sans un profond respect de chacun des
partenaires. Respect des compétences de chacun, respect des choix de
chacun, respect de l’intelligence de chacun.
Le gouvernement du Québec, comme celui des autres provinces, ne constitue
pas un sous-ordre de gouvernement. Et le gouvernement fédéral n’est pas à
lui seul le gardien suprême du bien commun. Dans une fédération, chaque
partenaire est gardien du bien commun dans ses domaines de compétence.
Sur cette question le jugement n’appartient pas au gouvernement fédéral,
il appartient aux citoyens.
Le deuxième principe du renouveau du fédéralisme, est la flexibilité.
L’uniformité est l’utopie du XXe siècle. La voie du XXIe siècle est la
flexibilité, le respect des différences et l’asymétrie.
C’est vrai dans le monde. C’est vrai au Canada. Si le Canada est né
fédéral, c’est précisément pour organiser l’asymétrie, la différence et le
respect des particularités des partenaires de cet immense pays.
D’ailleurs, chaque province qui s’est jointe au Canada a été traitée
différemment.
Le troisième principe, c’est le principe du droit.
Flexibilité ne veut pas dire absence de règles. Nous vivons dans une
société de droit et cela doit demeurer. Au Canada, nous devons concilier
nos pratiques avec le droit et le droit avec nos pratiques. Cela implique
la possibilité d’aller devant les tribunaux, lorsqu’il y a désaccord sur
les principes applicables.
C’est normal et légitime. Un débat juridique serein et sobre est parfois
préférable à une dispute politique stérile qui s’éternise. Une décision
d’un tribunal peut débloquer des dossiers, comme le renvoi sur les congés
parentaux.
Le gouvernement du Québec ne se privera de ce recours au besoin.
Un État de droit, c’est un État au sein duquel il est possible de demander
aux tribunaux de nous éclairer.
Par ailleurs, la nécessité de concilier le droit et la pratique peut aussi
impliquer celle de modifier nos règles, si elles ne correspondent plus à
ce qui est désiré.
Le quatrième principe : l’équilibre, l’équilibre fiscal et l’équilibre
politique.
Sur ce point, je vais élaborer davantage.
Il ne peut y avoir de fédération équilibrée à long terme si un ordre de
gouvernement se trouve dans une situation qui dénature le rapport entre
les deux paliers de gouvernement.
Au Canada, il y a un déséquilibre fiscal. Ce déséquilibre n’est pas une
invention, mais une réalité admise par tous les partenaires du Conseil de
la fédération. Par trois partis politiques fédéraux et par la majorité des
députés élus à la Chambre des communes.
Dans les années 1990, le rétablissement des finances fédérales a coïncidé
avec une détérioration des finances des provinces. Le gouvernement fédéral
a réglé son problème en coupant dans les transferts aux provinces.
Selon une étude du Conference Board réalisée à la demande du gouvernement
fédéral, les surplus fédéraux, pour la période comprise entre 2004-2005 et
2014-2015, soit une période de dix ans, totaliseront 166 milliards de
dollars.
Le gouvernement fédéral a des revenus supérieurs à ses besoins, alors que
les provinces et les territoires, dont plusieurs sont déjà en déficit, ont
des besoins supérieurs à leurs revenus. Il y a un déséquilibre entre les
revenus et les responsabilités de chacun.
Quand le gouvernement fédéral dit aux provinces : « Vous n’avez qu’à
augmenter vos impôts », il fait abstraction à la fois de la réalité et de
l’histoire de ce pays. La réalité, c’est que le contribuable est le même
pour les deux ordres de gouvernement et que sa capacité de payer n’est pas
sans fin. L’Histoire, c’est que, si le gouvernement fédéral s’est enrichi,
c’est en accaparant de façon unilatérale une plus grande part de l’impôt
des Québécois et des Canadiens.
Laissez-moi vous lire un extrait d’un article très récent de l’Institut de
recherche en politique publique. Ce texte a été publié en septembre 2004
par Thomas J. Courchesne :
Ottawa a surtout assaini ses finances en transférant son déficit aux
provinces. Les principales initiatives prises dans ce sens consistaient
dans les compressions massives de TCSPS que comprenait le budget 1995 de
Paul Martin.
Même si la plupart des analystes voyaient dans ces compressions des
coupures dans le transfert en matière de santé, elles ont eu précisément
l’effet contraire. Comme la santé figurait en tête des priorités de
toutes les provinces, on ne pouvait tout simplement pas y faire de
coupure.
[…] Ce qui s’est passé dans toutes les provinces, c’est que les fonds
étaient réaffectés d’à peu près partout pour maintenir, voire augmenter
les dépenses en soins de santé.
Le résultat, c’est que, pour bien des provinces, les soins de santé
représentent plus de 40 % des dépenses des programmes, et que ce chiffre
continue d’augmenter, alors que les dépenses dans la plupart des autres
secteurs sont à la baisse.
Ottawa y a vu la possibilité de contourner les provinces et de traiter
directement avec ces secteurs à court de ressources financières, qu’il
s’agisse des citoyens (bourses du Millénaire, chaires de recherche du
Canada, prestation fiscale canadienne pour enfants, etc.) ou des villes
(exemption de TPS et promesse d’un partage des recettes de la taxe de
vente fédérale)4.
Le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral est devenu, à la faveur du
déséquilibre fiscal, un pouvoir d’intrusion dans les champs de compétence
des provinces.
D’autre part, dans une fédération où la solidarité est une valeur
fondamentale, comme la nôtre, nous devons également veiller à maintenir un
équilibre fiscal entre les différentes régions du pays. Mais cela doit se
faire, évidemment, dans le respect des principes du fédéralisme.
Au Canada, il existe un moyen par excellence destiné à redistribuer la
richesse entre les partenaires afin que chacun soit en mesure d’offrir des
services de qualité et une fiscalité comparables, et ce, aux citoyens dans
toutes les régions du pays. Il s’agit de la péréquation.
La péréquation n’est pas un simple programme gouvernemental fédéral. C’est
un volet de la constitution. C’est une obligation constitutionnelle. Je
dois vous dire que nous avons encore du chemin à faire pour remplir
pleinement cette obligation qui participe à l’essence même de notre pays.
Il y a donc du travail à faire pour rétablir un équilibre fiscal et
financier au Canada, et par-delà, pour rétablir un équilibre politique.
Afin de pousser un peu plus la question des transferts, le Conseil de la
fédération annoncera sous peu la mise en place d’un panel sur le
déséquilibre fiscal. Le mandat de ce panel sera d’étudier et de présenter
des recommandations pour corriger le déséquilibre fiscal au Canada. Cela
inclura également l’examen de la péréquation, la formule de financement
des territoires et le transfert social canadien.
Je tiens également à souligner que la Chambre des communes, à la majorité
de ses députés, a approuvé la mise en place d’un comité spécial sur le
déséquilibre fiscal. Cette initiative heureuse est conforme au discours du
trône.
Le dernier principe, c’est la coopération.
Notre époque se caractérise par une très grande mobilité des biens et des
personnes. Elle se caractérise aussi par l’émergence de problèmes
suprarégionaux et souvent transnationaux comme l’environnement, la
sécurité ou certaines questions relatives à la santé publique.
Gouverner n’est plus une activité qui s’accomplit en vase clos, comme à
l’époque où le concurrent était de l’autre côté de la rue.
L’interdépendance est devenue une réalité incontournable. Gouverner
aujourd’hui, c’est coopérer. Et coopérer, dans un contexte fédéral, ça
veut dire travailler ensemble sur des enjeux communs en reconnaissant que
chacun peut aussi avoir des intérêts particuliers.
Au Québec, par exemple, nous insistons sur l’importance de la
participation des provinces, sur le plan international, aux négociations
de traités internationaux qui touchent nos compétences. D’autres provinces
partagent cette revendication aussi fondée que sensée. Personne ne devrait
contester le fait que le Canada est plus fort lorsque les provinces et les
territoires peuvent s’exprimer.
Rappelons-nous que, même si Ottawa aimerait signer à son gré tous les
traités, il ne peut les mettre en œuvre s’ils relèvent de la compétence
des provinces. La coopération s’impose. Par ailleurs, nous croyons que,
lorsque le gouvernement du Québec est le seul gouvernement compétent pour
appliquer un engagement international, il est normal qu’il soit celui qui
prenne cet engagement. En somme, il revient au Québec d’assumer, sur le
plan international, le prolongement de ses compétences internes : ce qui
est de compétence québécoise chez nous est de compétence québécoise
partout. Cela dit, les divers gouvernements ont toujours pris soin
d’exercer leurs compétences à cet égard dans le respect de la politique
étrangère canadienne. C’est ça la coopération!
La coopération, c’est aussi, par exemple, l’Accord sur le commerce
intérieur signé par toutes les provinces et le gouvernement fédéral. C’est
le travail qui se fait sur le plan de la réglementation du commerce des
valeurs mobilières. La coopération, peut également être les provinces qui
font front commun en santé.
C’est précisément cette idée de coopération respectueuse de chacun que
véhicule le Conseil de la fédération. Cette nouvelle institution de
concertation a vu le jour, ici, à Charlottetown, en décembre dernier.
D’ailleurs, l’une des premières choses que j’ai faites lorsque je suis
devenu premier ministre du Québec, ce fut de prendre contact avec mes
homologues. J’ai rencontré Pat Binns et nous avons échangé nos visions de
l’avenir du Canada. Les conseils de Pat et son analyse pénétrante ont
beaucoup contribué à poser les premiers jalons des décisions que nous
avons prises, ici, à Charlottetown, en juillet 2003.
Un des objectifs du Conseil est de promouvoir « les relations entre les
gouvernements fondées sur le respect de la Constitution et la
reconnaissance de la diversité dans la fédération ».
Dans le préambule de l’entente, on reconnaît l’importance « de l’existence
de différences entre les provinces et les territoires, de sorte que les
gouvernements puissent avoir des priorités et des choix différents dans
leurs politiques ».
Le Conseil de la fédération joue un rôle important dans la fédération
canadienne. Les provinces et les territoires ont créé une nouvelle
institution qui permet, pour la premiere fois depuis longtemps, de donner
une voix aux régions, aux provinces et aux territoires. Car il faut le
reconnaître, le Sénat ne joue plus vraiment son rôle.
Le Conseil pourra ainsi contribuer, de façon aussi importante que le
gouvernement fédéral, aux grandes orientations qui concernent le Canada
dans son ensemble. Non seulement sa contribution est légitime, mais elle
est surtout nécessaire.
Mes amis, ces cinq principes, respect, flexibilité, respect de la règle de
droit, équilibre et coopération, doivent être mis en œuvre afin de
dynamiser le fédéralisme dans son essence.
Réviser l’esprit du fédéralisme exige un modèle qui corresponde au
développement de chaque société au sein de la fédération.
L’intérêt des Québécois dans la fédération canadienne sous-entend que
cette fédération réussisse à respecter la différence du Québec.
Le Canada doit respecter l’esprit du fédéralisme pour le bien-être de ses
citoyens. Cet esprit de coopération et d’ouverture envers les différences
est ce dont nous avons besoin pour relever les défis avec succès.
J’accepte avec conviction et confiance le défi de défendre les intérêts
des Québécois.
Je crois au Québec et je crois au Canada.
[Charest=20041108b]
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
C’est un très grand plaisir d’être ici parmi vous afin de souligner le 40ième anniversaire de l’ouverture du Centre des Arts de la Confédération.
Ce Centre a été inauguré en 1964 afin de souligner le 100e anniversaire de la Conférence des Pères de la Confédération.
Lorsque j’ai reçu l’invitation du professeur Symons, afin de vous parler du fédéralisme canadien, je ne savais pas que nous aurions eu, dans les jours précédente cette rencontre, deux conférences des Premiers ministres.
Le moment est donc bien choisi pour une discussion sur l’état du fédéralisme canadien, ses espérances et ses défis.
On dit que l’histoire est un éternel recommencement. On s’en convainc aisément lorsqu’on se réfère aux sources de nos débats qui nous ramènent à l’Acte de Québec de 1774.
L’élection de mon gouvernement en avril 2003 a été accueillie par nombre de Canadiens comme un défi lancé à ceux qui voulaient séparer le Québec du Canada. Mais ce qui n’était peut-être pas aussi manifeste, c’est que l’élection de mon gouvernement constitue également un défi pour ceux qui tentent de maintenir le statu quo au sein de la fédération. L’élection de mon gouvernement est en fait un défi pour ces deux groupes et pour tous ceux qui ont choisi d’ignorer notre histoire commune.
Le Canada est un pays jeune, toujours en construction, toujours à l’état de potentiel.
Nous allons continuer la construction du Canada à la condition de tenir compte des fondations de l’édifice et en respectant ce qui touche les fondements mêmes du Canada .
Dans la première partie de ce discours, j’aimerais que vous vous joignez à moi pour vous remémorer ce qui a permis la réussite du Canada.
Les Canadiens ont, très tôt dans leur histoire, pris une décision, fait un choix qui, au fil du temps, a fini par définir l’essence même de ce que nous sommes.
Nos ancêtres ont décidé, dès le départ, de fonder un pays sur le principe même du droit de parler une autre langue, de prier différemment, d’appliquer un système juridique autre qui s’inspire du Code civil français, d’appartenir à une culture différente, et de permettre à cette culture de s’épanouir. L’Acte de Québec de 1774, adopté il y a plus de 200 ans, soit près d’un siècle avant la Confédération, est sur ce point le document le plus fondamental de l’histoire du Canada. C’est l’assise sur laquelle le partenariat canadien s’est construit à l’origine. L’esprit de cette loi a défini ce pays dès sa création. Il constitue l’une des décisions les plus éclairées qui aient jamais été prises au Canada.
Les Canadiens devraient réfléchir à ce choix qui a été opéré, très tôt dans leur histoire. Nous devrions réfléchir à la manière dont il nous définit, comment la culture et la langue françaises et la présence d’une province francophone au sein de la fédération ont permis à l’ensemble des Canadiens d’étendre leur influence et de jouer un plus grand rôle dans la communauté internationale.
Dans le passé, d’aucuns dans ce pays ont prétendu que la reconnaissance des deux langues officielles et identités culturelles était un obstacle à l’élaboration d’un but commun pour ce pays, une vision commune s’inspirant de valeurs partagées. À cours terme, ils ont peut-être cru avoir raison. Mais nous savons aujourd’hui à quel point ils étaient dans l’erreur. Il ne leur a pas effleuré l’esprit que leurs enfants vivraient dans « le meilleur des mondes » de la mondialisation.
Que leurs enfants seraient appelés, s’ils voulaient déployer pleinement leur potentiel dans ce monde du XXIe siècle, à apprendre non pas une mais plusieurs autres langues, si possible.
Les Canadiens sont par nature sensibles à un monde où la diversité est la norme. Les Canadiens, en raison de leur histoire, ne tiennent pas pour acquis que les autres pensent à leur manière, que les autres voient les choses différemment. Sur ce plan, le Canada est un pays qui s’est mieux préparé que nul autre que je connaisse à faire face aux défis du XXIe siècle. Ne pas reconnaître ce simple fait serait un grand appauvrissement.
Pour les Québécois en particulier, le Canada est une réussite, précisément à cause de la place que leur pays a réservé à notre langue, à notre culture, à notre identité, non seulement pour survivre, mais aussi pour s’épanouir et prospérer au point où nos artistes, nos universitaires, nos entrepreneurs sont reconnus et célébrés dans le monde entier.
Si l’on se tourne vers l’avenir, plusieurs tendances importantes se sont affirmées quant à la manière dont le fédéralisme évolue. Entre autres, la tendance à la codécision et à la cogestion entre les niveaux fédéral et provincial de gouvernement est déjà un reflet de la maturité du pays qu’est le Canada.
Pour que ceci soit possible, il faut néanmoins que chaque niveau de gouvernement comprenne bien son rôle, là où son intervention peut être utile et efficace et, en fin de compte, qu’il soit entièrement imputable de ses décisions envers son peuple. En d’autres termes, le respect des compétences de chaque gouvernement est une condition indispensable au succès de ce pays.
Dans un discours que je prononçais en 1999, j’invitais les Canadiens et leurs dirigeants à commencer à se préparer à un gouvernement libéral pour le Québec, pour que nous puissions ensemble bâtir pour le Canada un programme qui soit le reflet de notre histoire, de nos espoirs et de nos aspirations pour l’avenir.
Le message que je leur transmettais était le suivant : Préparez-vous à tenter rapidement et de manière décisive de résoudre des problèmes qui perdurent depuis longtemps entre le Québec et les autres gouvernements au Canada.
Pour ce faire, je veillerai à ce que le Canada respecte l’esprit du fédéralisme. Je veillerai à ce que le Canada résiste à la tentation de la centralisation.
J’aimerais maintenant revenir aux débats sur la Confédération. En 1865, ainsi parlait George Brown, un des pères de la Confédération :
« Nous devions opter pour une union fédérale ou abandonner les négociations. Non seulement nos amis du Bas-Canada sont contre cette idée, mais il en va de même pour la plupart des délégués des Provinces maritimes. Un seul choix s’offrait à nous : l’union fédérale ou rien1. »
Pour Brown, le seul Canada possible était un Canada fédéral. Pour un autre des pères de la Confédération, Sir John A Macdonald, la conclusion était la même, il disait le 6 février 1865 :
« Maintenant, en ce qui concerne les avantages respectifs d’une union législative ou fédérale, je n’ai jamais hésité à donner mon opinion personnelle. J’ai maintes et maintes fois déclaré en Chambre que, si possible, je croyais qu’une union législative était préférable. »
J’ai toujours soutenu que si nous pouvions nous entendre pour avoir un gouvernement et un Parlement qui légiférerait pour l’ensemble de ces peuples, ce serait le meilleur, le plus économique, le plus vigoureux et le plus fort système de gouvernement que nous puissions adopter.
Mais en réfléchissant au sujet de la conférence, et en discutant de cette question comme nous l’avons fait, sans ambages et avec le désir d’aboutir à une conclusion satisfaisante, nous avons constaté que ce système était irréalisable. En premier lieu, il ne recueillerait pas l’assentiment du peuple du Bas-Canada, parce que celui-ci avait l’impression que dans leur position de minoritaire – parlant une autre langue que la majorité dont il se démarquait également par sa nationalité et sa religion –, en cas d’union des provinces, ses institutions et ses lois risquaient d’être assaillies, et ses associations ancestrales, dont il était si fier, étaient menacées.
Nous avons alors constaté que toute proposition qui comportait l’absorption de l’individualité du Bas-Canada, si je puis employer cette expression, ne serait pas favorablement accueillie par son peuple.
Nous avons également constaté que même si leur peuple parlait la même langue et jouissait du même système législatif que le peuple du Haut-Canada, système basé sur le droit coutumier d’Angleterre, les diverses provinces maritimes n’étaient pas du tout disposées à perdre leur individualité, à titre d’organisations politiques distinctes, comme on l’avait constaté dans le cas du Bas-Canada.
Nous avons donc été contraints de conclure que nous devions soit abandonner toute idée d’union, soit concevoir un système d’union dans lequel chaque organisation provinciale serait dans une certaine mesure protégée. De telle sorte que ceux qui, comme moi, étaient en faveur d’une union législative, ont été contraints de modifier leur point de vue et d’accepter le projet d’une union fédérale comme étant la seule voie réalisable, même pour les provinces maritime2. »
Quelques années après, en 1871, Wilfrid Laurier donnait au débat canadien des airs familiers.
« Pour que le système fédératif ne soit pas un vain mot, pour qu’il produise les résultats qu’il est appelé à produire, il faut que les législatures soient indépendantes, non pas seulement de droit, mais de fait. Il faut surtout que la législature locale soit complètement à l’abri de tout contrôle de la législature fédérale.
Si, de près ou de loin, la législature fédérale exerce le moindre contrôle sur la législature locale, alors ce n’est plus en réalité l’union fédérale que vous avez, mais l’union législative sous la forme fédérale3. »
Le débat sur le fonctionnement du Canada est à notre vie politique ce que la 9e symphonie de Beethoven est à la musique : un classique indémodable.
Je le dis avec un sourire, parce que c’est le propre des fédérations. C’est ce qui fait sa force : c’est un système dynamique, toujours en adaptation avec son époque.
Mais qu’est-ce donc qu’une fédération? Allons à la définition. Une fédération, c’est une association de deux ordres de gouvernement qui sont chacun souverains dans leurs champs de compétence. Et les champs de compétences de ces deux ordres de gouvernement sont définis par la Constitution.
Par ailleurs, ce partage des responsabilités étatiques n’est pas le fruit du hasard; il obéit à une logique qui peut être parfois la promotion de la diversité, parfois l’introduction de poids et contrepoids pour améliorer la qualité de la démocratie et parfois l’idée de la subsidiarité : quel ordre de gouvernement est le mieux placé pour livrer tel ou tel service?
Une fédération n’est donc pas hiérarchisée par opposition à un État unitaire comme la France, par exemple. Au Canada, le gouvernement fédéral n’est pas le patron des provinces. Chacun dans leurs domaines de compétences, les deux ordres de gouvernement rendent compte de leurs actions à leurs électorats.
J’ai des comptes à rendre aux Québécois dans les domaines qui relèvent des compétences du Québec. Je n’ai pas de comptes à rendre au gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral a des comptes à rendre aux Canadiens dans les domaines de ses compétences Il n’a pas de comptes à rendre au gouvernement du Québec.
C’est ça une fédération. Une fédération, par essence, est donc un système politique pluriel et asymétrique. Chaque gouvernement doit pouvoir faire les choses comme il l’entend pour assumer ses responsabilités.
Faire partie d’un État fédéral, ce n’est pas être enrégimenté dans un moule unique. C’est faire partie d’une communauté qui partage un territoire et des valeurs communes dans le respect de la différence de chacun de ses partenaires.
Je suis venu vous dire aujourd’hui qu’il est nécessaire que le Canada renoue avec l’esprit du fédéralisme et se détourne de ses tentations centralisatrices Je suis venu vous dire que l’avenir de la fédération canadienne, c’est … le fédéralisme!.
Disons-le autrement. Ce qui nuit à la fédération, ce n’est pas que le Québec veuille faire les choses à sa manière. Ce qui nuit à la fédération c’est quand on veut que les provinces et les territoires soient tous identiques.
Je vois cinq principes qui devraient habiter l’esprit fédéral au Canada.
Ces principes sont d’ailleurs porteurs de leçon non pas seulement pour la gouverne au sein d’une fédération mais également, plus globalement, pour la gouverne au 21e siècle.
Dans un premier temps je vais vous énoncer les cinq principes :
Le respect
La flexibilité
La règle de droit
L’équilibre
La coopération
Le premier principe qui doit être mis de l’avant pour raviver le fédéralisme canadien est donc le respect.
Il n’y a pas de saine coopération sans un profond respect de chacun des partenaires. Respect des compétences de chacun, respect des choix de chacun, respect de l’intelligence de chacun.
Le gouvernement du Québec comme celui des autres provinces ne constituent pas un sous-ordre de gouvernement. Et le gouvernement fédéral n’est pas à lui seul le gardien suprême du bien commun. Dans une fédération, chaque partenaire est gardien du bien commun dans ses domaines de compétences.
Sur cette question le jugement n’appartient pas au gouvernement fédéral, il appartient aux citoyens.
Le 2ième principe du renouveau du fédéralisme, c’est la flexibilité.
L’uniformité est l’utopie du XXe siècle. La voie du 21e siècle, est la flexibilité, le respect des différences et l’asymétrie.
C’est vrai dans le monde. C’est vrai au Canada. Si le Canada est né fédéral, c’est précisément pour organiser l’asymétrie, la différence et le respect des particularités des partenaires de cet immense pays. D’ailleurs chaque province qui s’est joint au Canada a été traité différemment.
Le troisième principe, c’est le principe du droit.
Flexibilité ne veut pas dire absence de règles. Nous vivons dans une société de droit et cela doit demeurer. Au Canada, nous devons réconcilier nos pratiques avec le droit, et le droit avec nos pratiques. Cela implique la possibilité devant les tribunaux lorsqu’il y a un désaccord sur les principes applicables.
C’est normal et légitime. Un débat juridique serein et sobre est parfois préférable à une dispute politique stérile qui s’éternise. Une décision d’un tribunal peut débloquer des dossiers, comme le renvoi sur les congés parentaux.
Le gouvernement du Québec ne se privera de ce recours au besoin.
Un État de droit, c’est un État au sein duquel, il est possible de demander aux tribunaux de nous éclairer.
Par ailleurs, la nécessité de réconcilier le droit et la pratique peut aussi impliquer de modifier nos règles si elles ne correspondent plus à ce qui est désiré.
Le quatrième principe : l’équilibre, l’équilibre fiscal et l’équilibre politique.
Et sur ce point, je vais élaborer davantage.
Il ne peut pas y avoir de fédération équilibrée à long terme si un ordre de gouvernement se trouve dans une situation qui dénature le rapport entre des deux paliers de gouvernement,
Au Canada, il y a un déséquilibre fiscal. Ce déséquilibre n’est pas une invention, mais une réalité admise par tout les partenaires au sein du Conseil de la fédération. Par trois partis politiques fédéraux et par une majorité des députés élus à la Chambre des communes.
Dans les années 90, le rétablissement des finances fédérales a coïncidé avec une détérioration des finances des provinces. Le gouvernement fédéral a réglé son problème en coupant dans les transferts aux provinces.
Selon une étude du Conference Board réalisée à la demande du gouvernement fédéral, les surplus fédéraux, pour la période comprise entre 2004-2005 et 2014-2015, soit une période de dix ans, totaliseront 166 milliards de dollars.
Le gouvernement fédéral a des revenus supérieurs à ses besoins alors que les provinces et les territoires, dont plusieurs sont déjà en déficit, ont des besoins supérieurs à leurs revenus. Il y a un déséquilibre entre les revenus et les responsabilités de chacun.
Et quand le gouvernement fédéral dit aux provinces : « Vous n’avez qu’à augmenter vos impôts », il fait abstraction à la fois de la réalité et de l’Histoire de ce pays. La réalité c’est que le contribuable est le même pour les deux ordres de gouvernement et que sa capacité de payer n’est pas sans fin. L’Histoire c’est que si le gouvernement fédéral s’est enrichi, c’est en s’accaparant de façon unilatérale une plus grande part de l’impôt des Québécois et des Canadiens.
Laissez-moi vous lire un extrait d’un article très récent de l’Institut de recherche en politiques publiques. Ce texte a été publié en septembre 2004, par Thomas J. Courchesne :
« Ottawa a surtout assaini ses finances en transférant son déficit aux provinces. Les principales initiatives prises dans ce sens consistaient dans les compressions massives de TCSPS que comprenait le budget 1995 de Paul Martin.
Même si la plupart des analystes voyaient dans ces compressions des coupures dans le transfert en matière de santé, elles ont eu précisément l’effet contraire. Comme la santé figurait en tête des priorités de toutes les provinces, on ne pouvait tout simplement pas y faire de coupure.
(…) Ce qui s’est passé dans toutes les provinces, c’est que les fonds étaient réaffectés d’à peu près partout pour maintenir, voire augmenter les dépenses en soins de santé.
Le résultat, c’est que, pour bien des provinces, les soins de santé représentent plus de 40 % des dépenses des programmes, et que ce chiffre continue d’augmenter, alors que les dépenses dans la plupart des autres secteurs sont à la baisse.
Ottawa y a vu la possibilité de contourner les provinces et de traiter directement avec ces secteurs à court de ressources financières, qu’il s’agisse des citoyens (bourses du Millénaire, chaires de recherche du Canada, prestation fiscale canadienne pour enfants, etc.) ou des villes (exemption de TPS et promesse d’un partage des recettes de la taxe de vente fédérale)4. »
Le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral est devenu, à la faveur du déséquilibre fiscal, un pouvoir d’intrusion dans les champs de compétence des provinces.
D’autre part, dans une fédération où la solidarité est une valeur fondamentale, comme la notre, nous devons également veiller à maintenir un équilibre fiscal entre les différentes régions du pays. Mais cela doit se faire, évidemment dans le respect des principes du fédéralisme.
Au Canada, il existe un moyens par excellence destiné à redistribuer la richesse entre les partenaires afin que chacun soit en mesure d’offrir des services de qualité comparable à un niveau de fiscalité comparable aux citoyens dans toutes les régions du pays.
Il s’agit de la péréquation. La péréquation n’est pas un simple programme gouvernemental fédéral. C’est un volet de la constitution. C’est une obligation constitutionnelle. Et je dois vous dire que nous avons encore du chemin à faire pour remplir pleinement cette obligation qui participe à l’essence même de notre pays.
Il y a donc du travail à faire pour rétablir un équilibre fiscal et financier au Canada et par-delà, pour rétablir un équilibre politique
Afin de pousser un peu plus la question des transferts, le Conseil de la fédération annoncera sous peu la mise en place d’un panel sur le déséquilibre fiscal. Le mandat de ce panel est d’étudier et de présenter des recommandations pour corriger le déséquilibre fiscal au Canada. Cela inclut également l’examen de la péréquation, la formule de financement des territoires et le transfert social canadien.
Je tiens également à souligner que la Chambre des communes, à la majorité de ses députés, a approuvé la mise en place d’un comité spécial sur le déséquilibre fiscal. Cette initiative heureuse est conforme au discours du trone.
Le dernier principe, c’est la coopération.
Notre époque est caractérisée par une très grande mobilité des biens et des personnes. Elle est aussi caractérisée par l’émergence de problèmes suprarégionaux et souvent transnationaux comme l’environnement, la sécurité ou certaines questions relatives à la santé publique.
Gouverner n’est plus une activité qui s’accomplit en vase clos comme à l’époque où le concurrent était de l’autre côté de la rue. L’interdépendance est devenue une réalité incontournable. Gouverner aujourd’hui, c’est coopérer. Et coopérer, dans un contexte fédéral, ça veut dire travailler ensemble sur des enjeux communs en reconnaissant que chacun peut aussi avoir des intérêts particuliers.
Au Québec, par exemple, nous insistons sur l’importance de la participation des provinces au niveau international et dans les négociations de traités internationaux qui touchent nos compétences. D’autres provinces partagent cette revendication, aussi fondée que censée. Personne ne devrait contester le fait que le Canada est plus fort lorsque les provinces et les territoires peuvent s’exprimer.
Rappelons-nous que même si Ottawa aimerait signer à son gré tous les traités, il ne peut les mettre en œuvre s’ils relèvent de la compétence des provinces. La coopération s’impose. Par ailleurs, nous croyons que lorsque le gouvernement du Québec est le seul gouvernement compétent pour appliquer un engagement international, il est normal qu’il soit celui qui prenne cet engagement. En somme, il revient au Québec d’assumer, sur le plan international, le prolongement de ses compétences internes : ce qui est de compétence québécoise chez nous, est de compétence québécoise partout. Ceci dit, les divers gouvernements ont toujours pris soin d’exercer leurs compétences à cet égard dans le respect de la politique étrangère canadienne. C’est ça la coopération!
La coopération c’est aussi, par exemple, l’Accord sur le commerce intérieur signé par toutes les provinces et le gouvernement fédéral, c’est le travail qui se fait au niveau de la réglementation du commerce des valeurs mobilières. La coopération, ça peut également être les provinces qui font front commun en santé.
C’est précisément cette idée de coopération respectueuse de chacun que véhicule le Conseil de la fédération. Cette nouvelle institution de concertation a vu le jour ici, à Charlottetown, en décembre dernier.
D’ailleurs, l’une des premières choses que j’ai faites lorsque je suis devenu Premier ministre du Québec, ce fut de prendre contact avec mes homologues. J’ai rencontré Pat Binns et nous avons échangé notre vision de l’avenir du Canada. Les conseils de Pat et son analyse pénétrante ont beaucoup contribué à poser les premiers jalons des décisions que nous avons prises ici, à Charlottetown, en juillet 2003.
Un des objectifs du Conseil est de promouvoir “les relations entre les gouvernements fondées sur le respect de la Constitution et la reconnaissance de la diversité dans la federation.”
Dans le préambule de l’entente, on y retrouve la reconnaissance de l’importance « de l’existence de différences entre les provinces et les territoires, de sorte que les gouvernements puissent avoir des priorités et des choix différents dans leurs politiques. »
Le Conseil de la fédération joue un rôle important dans la fédération canadienne. Les provinces et les territoires ont créé une nouvelle institution qui permet, pour la premiere fois depuis longtemps de donner une voix aux regions, aux provinces et aux territoires.
Car il faut le reconnaître, le Sénat ne joue plus vraiment son rôle.
Le Conseil pourra ainsi contribuer, de façon aussi importante que le gouvernement fédéral, aux grandes orientations qui concernent le Canada dans son ensemble.
Non seulement sa contribution est légitime, mais elle est surtout nécessaire.
Mes amis,
Ces 5 principes, respect, flexibilité, respect de la règle de droit, équilibre, et coopération, doivent être mis en œuvre afin de dynamiser le fédéralisme dans son essence.
Réviser l’esprit du fédéralisme exige un modèle qui corresponde au développement de chaque société au sein de la fédération.
L’intérêt des Québécois dans la fédération canadienne sous-entend que cette fédération réussisse à respecter la différence du Québec.
Le Canada doit respecter l’esprit du fédéralisme pour le bien-être de ses citoyens. Cet esprit de coopération et d’ouverture envers les différences est ce dont nous avons besoin pour relever les défis avec succès.
J’accepte avec conviction et confiance le défi de défendre les intérets des Québécois.
Je crois au Québec et je crois au Canada.
[Charest=20050218]
Mesdames, Messieurs, Le gouvernement que je dirige a accompli beaucoup depuis près de 22 mois. Nous enregistrons des progrès dans tous les domaines de l’action gouvernementale et l’économie se porte bien. Nous regardons l’avenir avec confiance, tout en sachant que nous avons encore beaucoup de travail à faire et que d’autres décisions difficiles sont encore devant nous. C’est dans ce cadre que j’ai procédé au redéploiement de mon équipe ministérielle. Il en va d’un gouvernement comme de toute autre organisation. Pour atteindre les objectifs visés, il faut ajuster son équipe et imprimer un nouvel élan. Je souligne le travail acharné de tous les membres du Conseil des ministres qui depuis avril 2003 n’ont ménagé aucun effort pour faire avancer le Québec. Je leur en suis reconnaissant. Nous faisons tous partie de la même équipe. Nous sommes tous des députés. Nous sommes tous des élus. Nous sommes tous associés à la réalisation de notre mandat qui consiste à recentrer l’État sur ses missions essentielles et à refaire de notre État un outil de développement et de prospérité. J’exigerai de tous, discipline, cohérence et solidarité dans l’action. Depuis notre élection, nous avons travaillé pour la mise en place de changements profonds dans nos façons de faire. C’est une exigence incontournable pour mieux servir les citoyens et pour relever nos défis. Plusieurs aspects de ce remaniement ministériel sont d’ailleurs inspirés des changements nécessaires à la bonne marche de l’État et à la nécessité d’innover. Nous le savons, les changements économiques caractérisés par la concurrence et la montée des économies émergentes commandent une adaptation de nos manières de faire et un renforcement de notre capacité d’innover et d’inventer. Nous créons ainsi le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Ce ministère renouvelé sera appelé à jouer un rôle stratégique dans l’atteinte de la prospérité au Québec. Aujourd’hui, nous consacrons notre engagement dans le développement durable en élevant cette notion au rang de responsabilité ministérielle avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. La mission première de ce ministère sera de préserver pour l’avenir la richesse que les ressources du Québec nous ont procurée dans le passé. Nous ne devons pas hypothéquer pour le futur les bienfaits qu’il offrira à ceux qui nous suivent. Je suis fier de faire cette annonce au moment même ou entre en vigueur le Protocole de Kyoto. C’est un défi mondial que de réconcilier le développement économique et la création d’emplois avec la préservation de nos ressources et de notre environnement. Grâce à la création de ce ministère, le Québec sera aux avant-postes de l’innovation et du progrès humain. Sa mission essentielle consistera à promouvoir le développement durable sous tous ses aspects, à s’assurer que toutes les actions du gouvernement s’inscrivent dans ce mouvement et à encourager le développement des initiatives durables qu’elles émanent des autres ministères, des entreprises, des groupes ou des citoyens. En regroupant les Affaires municipales et le Développement régional au sein d’un même ministère, nous envoyons un message clair sur notre volonté de poursuivre la démarche de décentralisation entamée et qui a attendu trop longtemps. C’est une illustration de notre ambition de renouveler le partenariat entre les régions urbaines et les régions rurales. C’est le reflet de notre détermination à munir les citoyens des régions de tous les outils nécessaires à leur plein épanouissement. Les changements que j’annonce ont tous pour but de renforcer la cohérence de l’action gouvernementale. C’est ainsi par exemple que nous créons un ministère des Services gouvernementaux qui aura pour mission de piloter la poursuite de la modernisation de l’État en association avec le ministre délégué au développement du gouvernement en ligne. Ce ministère sera notamment responsable de la mise en œuvre de Services Québec et du Centre des services administratifs. La modernisation de l’État est un engagement fondamental de notre gouvernement. Toujours dans cette idée de renforcer la cohésion de l’action gouvernementale, nous réunissons dans un même ministère les responsabilités de l’Éducation et du Sport et des Loisirs. Ce regroupement répond à l’idée de l’école communautaire, un des grands consensus du Forum des générations. Il est cohérent avec le nouveau régime pédagogique qui accorde plus de temps à l’activité physique à l’école. Le Forum des générations avait par ailleurs révélé une volonté des Québécois de voir le gouvernement continuer à placer la famille au cœur de son action et promouvoir la participation des aînés à l’avancement du Québec. À cette fin, nous créons le ministère de la Famille, des aînés et de la condition féminine. Ce ministère sera celui du mieux-être des personnes. Pour améliorer le fonctionnement du gouvernement, nous profitons de ce remaniement pour mettre sur pied un comité des priorités dont j’assumerai la présidence. Ce comité établira la priorité des initiatives et des dossiers présentés au Conseil des ministres. Il aura également pour mandat d’inscrire ces initiatives dans la vision globale de l’action gouvernementale. Tous les ministres ont besoin de l’appui et de la confiance de leurs collègues députés. Nous renforcerons les mécanismes internes de consultation et d’information du Conseil des ministres et du caucus gouvernemental. Chacun de nos députés représente un pont tendu vers nos concitoyens et leur participation au processus de décision sera accrue. En santé, en éducation, aux finances, au trésor, à la justice, à la solidarité sociale et à la famille, tous au gouvernement doivent partager l’objectif de mieux servir les citoyens. Ils doivent tous mesurer cet objectif à l’aune de la capacité de payer des contribuables du Québec. C’est le fil conducteur de notre action. C’est le point de rencontre entre la réalité et la responsabilité. Les changements que nous proposons interpellent la société toute entière. C’est une tâche ardue et les réactions et les oppositions qu’elle provoque parfois sont peut-être le signe que la société québécoise a trop attendu pour faire ces changements. Le gouvernement du Québec est confronté à deux défis colossaux : restaurer une marge de manœuvre financière et affronter les changements démographiques. Nous l’avons affirmé clairement au début de notre mandat et nous en avons fait l’objet de 20 forums régionaux et du Forum des générations auquel ont participé les principaux leaders du Québec. Les conséquences de ces deux défis auront une influence majeure sur nos choix. Vous devrez, Mesdames, Messieurs les Ministres, incorporer les paramètres de ces défis dans chacune de vos décisions. Nous sommes les dépositaires de la volonté des citoyens du Québec de préserver les choix que nous avons fait par le passé : notre système de santé, notre système d’éducation, nos services de garde, nos programmes d’aide aux plus démunis. Nous exigeons déjà des contribuables un effort financier considérable non seulement pour maintenir ces services, mais aussi pour assurer leur qualité et rémunérer les hommes et les femmes qui ont pour mission de les livrer. S’ajoutent à cela des besoins croissants en infrastructures et en services de proximité comme la sécurité. Dans ce contexte, les choix difficiles ne sont pas tous derrière nous. Il faut persister dans l’explication claire des enjeux. Cela fait partie de votre mandat, à chacun de vous, députés et ministres. Vous êtes les porteurs du projet gouvernemental. Vous devez écouter et faire en sorte que nous puissions réussir tous ensemble. Vous êtes tous porteurs du projet du Québec. Je me ferai fort dans les mois qui viennent avec les ministres de mon cabinet, avec les députés de mon caucus, de parcourir le Québec dans toutes ses régions pour ouvrir encore plus largement le dialogue avec les citoyens. Nous prendrons tous les moyens nécessaires pour que nos choix répondent aux besoins de la population. L’avenir du Québec est prometteur, très prometteur. Car je sais que nous serons capables de relever les défis que nous pose le monde actuel. Au Québec, nous avons toujours su retrousser nos manches. Nous avons préservé notre langue et notre culture contre vents et marées. Nous nous sommes adaptés dans des circonstances parfois hostiles sans rien perdre de notre cohésion. Nous avons créé des entreprises qui essaiment partout dans le monde. Comme Premier ministre j’ai bien l’intention d’exiger de tous les membres de mon gouvernement qu’ils se consacrent entièrement à la mission de renouveler notre force économique. Nous ne ménagerons aucun effort pour favoriser la création de richesse, l’expression de l’innovation et la réussite des Québécois partout dans le monde. C’est la seule manière de conserver notre qualité de vie. Nous avons des convictions comme gouvernement et nous avons de grandes ambitions pour le Québec. Nous aurons dans la poursuite de notre mandat de l’audace pour affirmer ces convictions et de la détermination pour réaliser nos ambitions. J’invite donc le Conseil des ministres, le caucus et tous ceux qui travaillent au sein de notre équipe à relever avec ardeur les défis qui attendent le Québec.
[Charest=20050221]
[Allocution du premier ministre du Québec devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain – 21 février 2005] Madame la Présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (Isabelle Hudon), Distingués invités de la table d’honneur, Chers collègues ministres et députés, Mesdames, Messieurs, J’aimerais saluer le maire de Montréal. Monsieur Tremblay, recevez les félicitations du gouvernement du Québec pour le sauvetage des Championnats du monde aquatique. C’est un grand événement sportif que Montréal accueillera l’été prochain. Dans ce projet, le gouvernement du Québec a tenu ses engagements financiers et a livré les infrastructures. Je lance aujourd’hui un appel à la communauté d’affaires. Je vous invite à prendre le relais et à appuyer fortement cet événement. J’ai par ailleurs eu l’occasion d’annoncer la semaine dernière avec M. Tremblay et le premier ministre Martin la tenue prochaine à Montréal d’un autre grand événement international. Il s’agit de la conférence des pays signataires du Protocole de Kyoto qui se tiendra à l’automne. Je me réjouis de la tenue de cette conférence majeure à Montréal parce que mon gouvernement, vous le savez, a amorcé le virage du développement durable. C’était un de nos engagements. C’est une conviction profonde chez moi et chez de plus en plus de Québécois. Le ministre du Développement durable, Thomas Mulcair, est aujourd’hui à Rimouski, étape de sa tournée québécoise de consultation sur notre plan. Ce plan vise à réconcilier développement économique et protection de notre patrimoine naturel. La conférence des pays partenaires de Kyoto sera certainement une occasion de signifier au monde l’adhésion du Québec et de sa métropole aux principes du développement durable. À cette occasion, pas moins de 6 000 personnes représentant 139 pays découvriront pendant 10 jours Montréal et le Québec. Vendredi dernier, j’ai procédé à un remaniement de mon cabinet. Nous sommes aujourd’hui plus résolus que jamais à livrer nos engagements et à placer le Québec sur une nouvelle voie de développement et de prospérité. Plusieurs membres de mon équipe ministérielle et de mon caucus sont dans la salle. Nos défis comme gouvernement sont à la hauteur de nos ambitions pour le Québec. Après un peu moins de deux ans, je suis fier de ce que nous avons fait. Nous agissons conformément à notre plan. Mais avant de vous parler de notre bilan, je prendrai quelques instants pour vous dire dans quel état nous avons trouvé le Québec. Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, nous nous sommes retrouvés avec un équilibre budgétaire de façade qui cachait un déficit réel de 4000000000 $. Avant l’élection, le gouvernement précédent a fait plus de 2000000000 $ d’annonces non provisionnées. Depuis deux ans, nous avons dû radier des investissements et supporter des dépassements de coûts de plusieurs milliards $. Pensez seulement au métro de Laval, à la Gaspésia, au projet informatique GIRES, à la SGF, etc. Nous payons aujourd’hui et nous paierons pendant plusieurs années pour des mauvaises décisions passées. [Since 1997 our debt increased by 40%. Today, that debt represents $15,000 for every Quebecer –newborns and seniors alike. Financing the debt is the government’s third largest expense, after health and education. That’s $8 billion per year that can’t be used to care for the sick or educate our youth or help the neediest.] Cette situation était intenable. Continuer comme ça, ça voulait dire se diriger contre un mur. Notre gouvernement a été élu pour moderniser le fonctionnement de l’État québécois. Et depuis notre élection, c’est ce que nous faisons. Prenons quelques exemples : Nous avons redéfini le mandat des sociétés d’État comme la SGF et Investissement Québec. Nous l’avons fait pour que l’argent investi par les Québécois rapportent aux Québécois. Nous avons révisé la gouvernance de la Caisse de dépôt et sa direction en a révisé les orientations. Ce n’est pas par hasard qu’elle figure à nouveau dans le peloton de tête des meilleurs gestionnaires de caisse de retraite au pays. Le mandat de la Caisse est aujourd’hui axé sur le rendement. Quand la Caisse a un bon rendement, ce sont les Québécois qui s’enrichissent. Nous avons remis le Québec sur la carte des grands réseaux internationaux de capital de risque en privatisant la Société Innovatech Montréal. Nous l’avons confiée à une des firmes les plus réputées mondialement Collar Capital qui s’est établie à Montréal. Nous avons réduit la taxe sur le capital pour 75 % des entreprises. Parce qu’on veut que les entreprises investissent davantage dans leur croissance et la création d’emplois. Nous avons simplifié les programmes gouvernementaux en réduisant de 160 à 3 le nombre de programmes d’aide aux entreprises. C’est plus facile pour les entreprises de s’y retrouver. Dans la même foulée, nous mettons sur pied Services Québec pour que les Québécois retrouvent leur chemin dans l’administration publique et aient plus facilement accès aux services de leur gouvernement. Nous revoyons le fonctionnement de l’État et nous le faisons dans le respect de nos principales priorités : À commencer par la santé. Nous y avons réinvesti 2200000000 $ et nous avons renversé la tendance. On voit des progrès. Nous avons réduit le nombre d’unités d’accréditation syndicale. Il y en avait 3 800, on en compte aujourd’hui quatre fois moins. Cette seule décision, sans réduction d’emploi, a permis de rediriger 46000000 $ de bureaucratie syndicale par année vers les soins directs aux patients. En éducation, nous avons réinvesti 709000000 $. Je veux que nos enfants réussissent mieux et qu’ils soient en meilleure santé. C’est pour ça que nous avons annoncé l’ajout d’une heure et demie d’enseignement au primaire, pour que nos enfants fassent plus de sport, et c’est pour ça que nous introduirons l’enseignement de l’anglais dès la première année en septembre 2006. Moderniser le fonctionnement de l’État, c’est aussi changer les relations entre le gouvernement du Québec et les régions. Nous avons amorcé la décentralisation des pouvoirs au Québec. On veut que les citoyens des régions aient les outils pour décider de leur avenir. Nous avons relancé le développement énergétique. On a relancé les grands chantiers de développement hydroélectrique et on a annoncé l’un des plus importants projets de parc éolien au monde. Nous avons freiné la croissance des dépenses, nous avons maintenu l’équilibre budgétaire et nous avons retourné 1000000000 $ aux familles et aux travailleurs à faible revenu. Nous avons aussi réinvesti dans l’aide aux personnes vulnérables avec un plan d’incitation au travail. Dans le Québec d’aujourd’hui, il sera toujours plus payant de travailler que de ne pas travailler. Parce que nous croyons dans l’effort de chacun et dans la dignité du travail. Ce sont des changements importants que nous avons entrepris. Tous ces changements, ce sont des engagements importants que nous avons honorés. Il faut continuer à moderniser le Québec. Nous avons encore beaucoup à faire. Et ces changements, sont-ils positifs pour le Québec? À en entendre certains, c’est comme si on était en train de reculer. Pourtant, on avance comme on n’a pas avancé depuis plusieurs années. Le taux de chômage au Québec est de 8,4 % alors qu’il était de 9,2 % en 2003. Le taux de chômage a reculé dans 10 régions sur 16. Il s’est créé plus de 60 00 emplois au Québec en 2004. 11 000 personnes ont quitté l’aide sociale. Il n’y a jamais eu autant de Québécois sur le marché du travail. Les investissements privés ont connu une croissance de 5,3 %. C’est six fois et demie la croissance observée en Ontario. Le Québec a récolté presque 19 % de tous les investissements privés effectués au Canada en 2004, c’est un sommet en 10 ans! Mais on peut encore faire mieux. Les exportations internationales ont augmenté de 6 %. C’était la première hausse depuis 2000. Et une étude récente du Conference Board dit ceci : [« Provincial family-oriented fiscal measures have left households with more net income in 2005. Together with decent employment gains, these will raise real disposable income by 3.2 % on average over the next two years. »] Tous ces progrès sont en partie le résultat de nos politiques. C’est la preuve qu’on peut faire mieux au Québec. Nous agissons conformément à nos engagements. Nous agissons conformément à notre plan. Nous faisons bouger les choses. Nous le faisons parce que c’est nécessaire. Nous le faisons parce que nous avons de l’ambition pour le Québec. Le Québec est à un carrefour historique. Nous n’avons pas le droit de fermer les yeux. Nous avons fait des choix par le passé. Nous avons choisi de vivre dans une société où les soins de santé sont gratuits. Ces soins gratuits, ils nous coûtent presque 20000000000 $ par année; plus de 50000000 $ par jour. C’est 42,7 % de notre budget et ça continue d’augmenter. Nous avons fait le choix de vivre dans une société où l’école est gratuite. Cette école gratuite, elle nous coûte 13000000000 $ par année. Ce sont nos choix de société. Mais ils ont un prix. Comme premier ministre, mon devoir, c’est de préserver ces grands services publics parce qu’ils correspondent à nos valeurs. Ils sont l’expression de notre différence. Mon devoir, c’est aussi de dire aux Québécois que ces choix que nous avons faits par le passé sont confrontés à des réalités incontournables. Je vous ai parlé de la situation des finances publiques. C’est un problème urgent. Nous devons nous redonner une marge de manœuvre. Mais nous faisons face à un autre défi incontournable. C’est le choc de 2013. À partir de cette année-là, il y aura de moins en moins de travailleurs pour financer les services publics. Il faut nous préparer. L’automne dernier, après une série de forums régionaux, nous avons réuni les principaux leaders du Québec lors du Forum des générations. Tous ont reconnu l’existence de ces grands défis. Et nous avons commencé à chercher ensemble des moyens de les relever. On ne peut plus faire comme avant; avant la mondialisation, avant le réveil de la Chine, avant les technologies de l’information, avant le vieillissement de la population. On ne peut faire qu’une chose : prendre ces défis à bras-le-corps. Personne ne le fera à notre place. Nous avons été élus avec la conviction que des changements profonds étaient nécessaires au Québec. Nous n’avons rien perdu de cette conviction. Le changement, c’est le contraire de l’inertie. Le changement, c’est l’envie de vivre et de grandir. Qui dans cette salle oserait dire que son organisation a atteint un tel stade de perfection que tout changement, que toute adaptation seraient superflus? Vous êtes en affaires, vous savez que le changement, que l’évolution est synonyme de croissance. Le changement est une manière de vivre. Il n’en va pas différemment des sociétés et des gouvernements. Le monde change, le Québec doit changer aussi. On ne vit plus à l’époque où le concurrent était de l’autre côté de la rue. Avez-vous idée du nombre d’États, de gouvernements, de pays qui veulent nous arracher Bombardier? Nous devons relever le défi de la concurrence dans tous les aspects de la vie économique. Il faut chasser cette croyance selon laquelle le développement économique fait obstacle à la mission sociale de l’État. Je dis aujourd’hui aux Québécois que plus nous serons prospères, plus nous saurons générer de la richesse et attirer des investissements, plus nous pourrons aider ceux qui en ont véritablement besoin. Alors nous allons continuer de combattre le statu quo et de nous investir avec les Québécois dans le développement du Québec. Si nous devions avoir une chanson pour devise, le titre en serait : « Libérez-nous du statu quo! » Oui, nous faisons face à des grands défis au Québec, mais j’ai une bonne nouvelle pour nous. Nous avons bien plus de talents que de défis; nous avons bien plus de ressources que de problèmes. Voilà le chemin parcouru. Parlons donc d’avenir maintenant, parce que cet avenir est prometteur. Je vous dis qu’en 2008, lorsque le monde se tournera vers nous pour célébrer le 400e anniversaire de Québec, son regard se posera sur une société renouvelée qui aura su réconcilier ambition et compassion. Nous allons faire du Québec une société inspirante de ce siècle nouveau. Nous avançons avec détermination et confiance. L’avenir, c’est des Québécois en meilleure santé. Nous allons continuer à investir, dans la prévention notamment, et à viser une organisation des services centrée sur les patients. Notre première cible demeure la réduction des délais d’attente. L’avenir, c’est des Québécois mieux formés. Nous allons continuer à investir en éducation, parce que la réussite du Québec commence par la réussite scolaire de nos enfants. Pour que nous puissions préserver notre système de santé et notre réseau d’éducation nous allons nous employer avec une énergie extraordinaire à générer davantage de richesse au Québec. Depuis le début de notre mandat, nous avons commencé à lever les obstacles qui entravaient le développement économique du Québec. Oui, le chômage a reculé, mais il est encore trop élevé. Nous allons continuer à alléger le fardeau fiscal des Québécois pour laisser aux citoyens le fruit de leurs efforts. Nous allons encourager les entreprises à relever le défi de la productivité en soutenant l’investissement stratégique. En contrepartie, je vous demande à vous, entrepreneurs du Québec, d’investir dans l’amélioration de votre productivité, dans votre modernisation. C’est votre responsabilité. De notre côté, nous allons investir en assumant nos responsabilités. Nous allons investir : 3,5 à 4000000000 $ par année pendant 15 ans dans l’hydroélectricité pendant que le secteur privé va investir 1000000000 $ dans l’énergie éolienne; ce sont des énergies propres. 300 000000 $ pour démarrer des entreprises en région avec les fonds d’investissement en région, les FIER. Plus de 1000000000 $ par année pendant trois ans dans le réseau routier, parce que c’est le support de nos exportations et de notre économie. Nous allons aussi adopter des mesures pour aider nos entreprises à faire face aux économies émergentes. On peut voir en Chine un milliard et demi de concurrents. On peut aussi voir en Chine un milliard et demi de clients. De mon côté, j’irai partout où je pourrai aller pour ouvrir de nouveaux marchés et promouvoir le savoir-faire Québécois. Qui aurait dit, il y a quelques années à peine, que nous mènerions une mission conjointe France-Québec au Mexique? Il y en a parmi vous qui étaient avec le premier ministre Raffarin et moi lors de cette visite. Et nous allons rééditer l’expérience. Nous allons miser également sur Montréal, sur son immense potentiel de savoir, sur son rayonnement international, sur son bouillonnement économique et culturel. Nous allons miser sur l’aérospatiale, sur l’industrie biopharmaceutique et surtout sur l’innovation. Le gouvernement du Québec est un partenaire incontournable de Montréal. Notre pacte fiscal avec Montréal prend fin en décembre prochain. Nous le renouvellerons de telle sorte que Montréal puisse disposer des ressources qui vont avec ses responsabilités de métropole. Et nous allons faire ensemble deux grands centres hospitaliers universitaires. C’est une bonne nouvelle pour Montréal. Le centre hospitalier universitaire de Montréal et le Centre universitaire de santé McGill vont consolider la place du Québec et de Montréal parmi les villes et les sociétés du monde qui définissent l’évolution de la médecine. Ce sont des milliers d’emplois dans l’économie du savoir. Le CHUM va se faire pour les patients, pour Montréal, pour le rayonnement de la science en français en Amérique du Nord. Nous allons prendre la meilleure décision. Ensuite, on va tous se rallier et s’engager ensemble dans la réalisation d’un CHUM à la hauteur de nos ambitions. Nous allons continuer à développer le Montréal technologique. Ubisoft vient d’annoncer 1 000 emplois à Montréal en s’appuyant sur une action concertée de plusieurs ministères du gouvernement. Dans cette industrie en pleine croissance des technologies du loisir, qui offre des bons emplois à des jeunes, Montréal a battu au fil d’arrivée Vancouver, Tampa Bay et Shanghai. Nous allons aussi désengorger Montréal. Nous sommes en train de faire ce que d’autres gouvernements ont promis mais n’ont pas réalisé : une voie de contournement de Montréal en Montérégie. L’autoroute 30. Cette voie de contournement va soulager Montréal et favoriser le développement de la Montérégie. Nous avons aussi l’intention de finir l’œuvre inachevée du réseau autoroutier métropolitain en prolongeant la 25. La réalisation de ce projet favoriserait le développement économique de l’Est de Montréal et de Laval. Ce projet sera prochainement soumis pour discussion au Bureau d’audiences publiques en environnement. Je crois dans sa nécessité économique, mais pour se réaliser, il devra aussi répondre à nos objectifs de développement durable. Et je suis très confiant d’en arriver également à une conclusion rapide avec la Ville de Montréal sur le projet de réfection de la rue Notre-Dame. [We are more than capable of meeting these challenges. But Ottawa also shares this responsibility. In two days, federal Finance Minister Ralph Goodale will table his budget. Quebec should be among the beneficiaries. Quebec’s future depends on an equitable federation. In the past two years, the Quebec Government has taken major steps forward in relations with our Canadian partners. We started the Council of the Federation, for example. And, for the first time, we reached an agreement on financing health care that recognizes the principle of asymmetric federalism.] Nous allons régler le litige sur les congés parentaux, sur les infrastructures et sur les garderies. Mais un fait demeure. Le déséquilibre fiscal n’est pas réglé. La preuve en est que le gouvernement fédéral continue de nager dans les surplus pendant que le Québec peine à boucler son budget. Depuis 1997, le gouvernement fédéral a systématiquement sous-estimé ses revenus et cumulé des surplus de 74100000000 $. Le gouvernement fédéral perçoit 300000000 $ par semaine de plus que ce qu’il ne dépense. Je l’ai dit à Charlottetown, je vous le dis aujourd’hui, je le répéterai à Toronto dans quelques semaines : le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral est devenu, à la faveur du déséquilibre fiscal, un pouvoir d’intrusion dans les champs de compétence des provinces. Tôt ou tard, le gouvernement fédéral devra reconnaître cette évidence, admise par tous, sauf par lui. Nous avons encore beaucoup de travail à faire. Les changements que nous avons amorcés ne sont pas des changements cosmétiques. Ce sont des changements en profondeur qui vont redéfinir le fonctionnement du Québec. Avec vous pour témoins, je dis aujourd’hui à mes ministres et députés ici présents qu’ils sont les conscrits d’une bataille rangée en faveur de la création d’emplois et de richesse. Tous, peu importe leur ministère, doivent être des facilitateurs du développement économique et de la création de richesse. Je leur dis qu’ils devront être plus présents dans les villes et les régions; ils devront être de toutes les tribunes; ils devront porter la détermination du gouvernement et rassembler les Québécois derrière nos enjeux. Nous n’avons pas fini de prendre des décisions difficiles. Et nous ne pourrons pas faire plaisir à tout le monde. Mais nous serons inébranlables dans nos convictions et dans notre détermination à repousser le statu quo pour faire avancer le Québec. Nous allons faire appel à tous les Québécois. Nous allons nous appuyer sur des solidarités nouvelles, entre les générations, entre les secteurs public et privé, entre le milieu communautaire et la communauté d’affaires. À ceux qui demandent toujours plus, nous allons demander toujours mieux. Puisons à la source de nos artistes, de nos créateurs. Ceux qui font chanter la France, ceux qui ont pris le contrôle de Las Vegas et ceux qui ont poussé le cinéma québécois à un sommet. Puisons à la source de nos entrepreneurs pour qui la concurrence n’est pas une menace mais un appel au dépassement. qui repoussent les frontières. Laissons-nous convaincre par eux que quand on est Québécois, il n’y a rien qu’on ne peut faire. Redécouvrons l’énergie de bâtir qui nous a permis de faire émerger un Québec moderne en quelques années. Gardons-le moderne. Et faisons ensemble un Québec du 21e siècle. Un Québec qui brillera parmi les meilleurs.
[Charest=20050303]
[Notes pour une allocution du premier ministre du Québec Center for European Policy Studies (CEPS)] Distingués invités, Je suis heureux de pouvoir partager avec vous mes réflexions à propos des perspectives d’avenir qui s’offrent aux relations entre le Canada et l’Union européenne et de vous exposer pourquoi et comment le Québec souhaite contribuer au développement de cette relation. Le renforcement des relations transatlantiques est devenu un enjeu pressant. La visite que vient d’effectuer à Bruxelles le président des États-Unis devrait contribuer, à cet égard, à donner une impulsion nouvelle aux relations transatlantiques qui ont fait l’objet de turbulences au cours des dernières années. Les Canadiens, et tout particulièrement les Québécois, suivent avec beaucoup d’intérêt la situation entre les États-Unis et l’Union européenne. Nous sommes en effet conscients du rôle stratégique que les États-Unis et l’Europe jouent conjointement sur la scène internationale afin d’assurer la paix dans le monde et de favoriser la prospérité économique. Nous ne pouvons ignorer les enjeux que cette évolution implique pour les Canadiens. Il y a 10 ans déjà, l’intégration du Canada à la stratégie transatlantique de l’Union européenne apparaissait comme un objectif incontournable du Nouvel agenda transatlantique. À mon avis, les événements des dernières années rendent aujourd’hui cet objectif encore plus pertinent. Si l’Union européenne travaille à renforcer ses liens avec les États-Unis et à développer de nouvelles alliances avec d’autres régions du monde, sa relation avec le Canada devrait également faire l’objet d’une attention. Dans l’optique du Québec, cinq facteurs militent en faveur de ce rapprochement. Premièrement, l’appui à une libéralisation ordonnée des échanges économiques internationaux. La mondialisation comporte de nombreux enjeux. Ces enjeux posent des défis énormes à nos sociétés. Surtout parce que nous cherchons une façon de concilier cette volonté d’ouverture sur le monde avec la protection de nos valeurs. Le Québec, sur un ensemble d’enjeux sociaux, culturels et environnementaux, souhaite travailler davantage avec les pays de l’Union européenne, afin d’établir une approche plus humaine, une approche plus développée de la mondialisation de nos économies. Le gouvernement du Québec a déployé beaucoup d’efforts, de concert avec le gouvernement fédéral, en faveur de l’implantation d’une convention sur la diversité culturelle au sein de l’UNESCO. Cela témoigne de notre engagement pour l’élaboration de solutions communes. Cela illustre bien la nature des concertations qui peuvent être envisagées dans l’avenir. Sur le plan économique, le Canada et l’Union Européenne se proposent de conclure un Accord de renforcement et de l’investissement (ARCI). Le Québec appuie ce projet. Cela pourrait constituer un accord de « nouvelle génération » qui vise moins les préférences tarifaires que les questions réglementaires et techniques qui constituent des freins à l’investissement et au commerce des biens et services. La portée de cet accord pourrait être inhabituelle. En plus de toucher à des questions de commerce et d’investissement, elle touche au développement durable, à la coopération scientifique et technique, et à la consultation de la société civile. Le gouvernement du Québec est non seulement favorable à l’accord, mais il souhaite être impliqué activement dans la négociation et dans la mise en œuvre de l’accord. Il faut le dire, au Canada, le commerce, l’investissement, la recherche, l’énergie, l’environnement, l’agriculture, le travail, la culture et l’éducation, pour ne nommer que ceux-là, font partie des responsabilités exclusives ou partagées des provinces et qu’aucun accord touchant les champs de compétence des provinces ne peut réussir si les provinces ne sont pas étroitement associées à sa mise en œuvre. Deuxièmement, la vigueur des échanges économiques bilatéraux Certains experts avaient craint la mise en place de l’Accord de libre-échange nord-américain et la construction européenne. Ils croyaient que cela pousserait les deux économies à se replier sur elles-mêmes. Un examen rapide des données du commerce international pourrait laisser croire à cette tendance. C’est-à-dire que les deux blocs régionaux ont surtout accru leur commerce au sein de leur propre espace géographique. Mais ces données cachent une réalité significative. Les entreprises des deux côtés de l’Atlantique tendent à vendre leurs biens et leurs services par le biais de leur filiales étrangères et non pas à les exporter directement. Par exemple, les ventes effectuées aux États-Unis par les filiales britanniques représentent cinq fois le montant total des exportations britanniques vers les Etats-Unis. Le Canada et le Québec s’inscrivent dans cette mouvance transatlantique puisque les flux d’investissements avec les pays européens ont plus que doublé au cours des cinq dernières années. L’investissement direct étranger (IDE) est devenu au fil des ans l’élément économique le plus vigoureux de la relation transatlantique. Depuis 1999, les investissements entre le Canada et l’Union européenne ont connu une croissance remarquable. Les investissements, en valeur absolue, ont plus que doublé, dépassant le taux de croissance des investissements américains au Canada. Au Québec, plus de 26 % des investissements étrangers provenaient des pays européens. Il n’y a aucun doute sur l’importance pour nos économies, de ces échanges économiques. Nous devons renforcer et consolider ces liens. Troisièmement, les liens étroits entre nos sociétés. Dans un tel contexte, la force des liens historiques et des affinités culturelles qui lient nos sociétés respectives est également très importante. C’est un avantage dont nous avons intérêt à tirer profit afin de favoriser le développement de nos sociétés. C’est notamment pour cela que, depuis plus de 40 ans, le Québec développe ses liens avec les pays d’Europe. Nous avons des bureaux et des délégations dans 7 pays. D’ailleurs nous sommes ici, en Belgique depuis 1972. Nous avons développé des liens de coopération, que ce soit avec la France avec laquelle nous avons une relation directe et privilégiée, ainsi qu’avec les entités fédérées de Belgique et de plusieurs régions d’Europe. Parmi les facteurs qui contribuent à renforcer les liens du Québec avec l’Europe, il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance et l’intensité des relations entre les individus. Ces 40 années d’activités ont permis de bâtir des relations, de tisser un incroyable réseau de personnes, d’abord autour des nombreux Québécois d’origine européenne mais aussi par la mobilité importante des jeunes et des chercheurs, des artistes et des entrepreneurs. Seulement à titre d’exemple, soulignons que les chercheurs québécois publient des ouvrages autant avec des chercheurs européens qu’américains. Un autre exemple, le Québec a signé avec 19 pays européens des ententes en matière de sécurité sociale qui favorisent notamment la mobilité de la main-d’œuvre. Le Québec manifeste un intérêt réel à l’égard de l’Europe, plus que n’importe quelle autre juridiction que je connaisse en Amérique du Nord. Quatrièmement, la pertinence de nos expertises respectives dans un ensemble de domaines. Ces nombreux échanges et liens de coopération mettent en relief l’intérêt que peuvent susciter nos expériences respectives dans un ensemble de domaines pour lesquels nos sociétés sont appelées à concevoir des solutions nouvelles et innovatrices; qu’il s’agissent par exemple de l’intégration des immigrants, de la modernisation des gouvernements, de la conciliation travail-famille, de la lutte au crime organisé, de la sécurité des personnes, de l’administration de la justice, de la formation de la main-d’œuvre ou de la traçabilité alimentaire. Au cours des trois dernières années, le Québec a accueilli plus d’une centaine de délégations en provenance d’Europe en quête d’expertise et de savoir-faire6. Plusieurs membres de mon gouvernement sont venus chercher ici de nouvelles approches, de nouvelles façons de faire. Cinquièmement, la promotion du multilatéralisme Plusieurs raisons militent en faveur d’un renforcement de la relation avec l’Europe. Tant au Québec qu’au Canada, nous partageons la même conviction. Les solutions durables aux problèmes auxquels est confrontée la communauté internationale peuvent mieux être résolus au sein des instances multilatérales. Tout comme les Européens, les Québécois se sentent de plus en plus interpellés par les enjeux internationaux qui appellent à des solutions concertées. Que ce soit la lutte au terrorisme, les changements climatiques, les enjeux liés à l’énergie ou à la santé publique, tous requièrent une plus grande coopération, une meilleure concertation et une volonté d’action commune. Le Québec a démontré qu’il pouvait travailler activement aux côtés du gouvernement canadien sur des grands enjeux internationaux. Au cours des dernières années, lors des grands débats sur des questions comme le libre-échange avec les États-Unis et l’ALÉNA, le Protocole de Kyoto, le Québec fut la seule des quatre grandes provinces canadiennes à soutenir la position canadienne à l’égard de tous ces dossiers. Le Québec, une force moteur de la relation Canada-Europe. Il y a quelques semaines, j’étais à New York. J’ai évoqué l’importance de poursuivre la réflexion canado-américano-mexicaine sur l’Accord de libre-échange nord-américain. Cet accord qui date maintenant de 10 ans a été signé dans un contexte qui a considérablement changé. Nos institutions, pour être dynamiques doivent s’adapter à la tendance internationale. Elles ont été instituées d’abord et avant tout pour le mieux-être, la prospérité et la sécurité des citoyens que nous devons servir. C’est encore cet objectif qui doit guider les gestes que nous posons aujourd’hui. À ce sens l’Union européenne est un exemple qui concourt à cet objectif dans une démarche exemplaire de démocratie et de transparence. Le Québec a l’intention de jouer un rôle de leader à cet égard, notamment avec nos voisins de la côte est américaine qui, comme nous, font partie de la zone atlantique. Dans la même optique, le Québec souhaite contribuer activement au renforcement des liens économiques et politiques avec l’Europe. Autant je suis persuadé qu’il faut approfondir notre relation avec les États-Unis, autant je suis convaincu qu’il nous faut renforcer nos rapports économiques et politiques avec l’Europe. Nous avons la responsabilité politique de consolider et de développer ces liens, nécessaires à notre croissance et à notre prospérité mutuelles. Nous avons des niveaux de développement comparables. Nous partageons les mêmes valeurs. Nos économies ont besoin de marchés développés pour prospérer. Nos chercheurs ont besoin de travailler au sein des meilleures équipes. Nos artistes et nos créateurs profitent des influences de chacun. Nous sommes en mesure de trouver, au contact les uns des autres, de meilleures solutions pour relever les défis auxquels nos sociétés sont confrontées. C’est pourquoi le Québec est en faveur du projet d’accord sur le commerce et l’investissement que le Canada veut conclure avec l’Union européenne. C’est pourquoi, le Québec veut être aux côtés du Canada, lorsque, avec l’Union européenne, il est question de commerce, d’investissement, de formation, de recherche, de culture ou de tout autre domaine où nous avons, comme gouvernement, des responsabilités constitutionnelles et générales. C’est pourquoi le Québec entend maintenir et développer, voire accroître ses réseaux et ses alliances avec les pays et des régions d’Europe. Lorsqu’on regarde les échanges commerciaux au Canada, les investissements, les partenariats scientifiques, la recherche et le développement, la mobilité étudiante, la diffusion culturelle ou même les échanges touristiques, on constate que lorsqu’il s’agit de l’Europe, c’est le Québec qui est presque le moteur de la relation. En fait ce n’est pas surprenant, puisque sur le plan géographique nous faisons partie de la région atlantique comme plusieurs pays européens. Cette réalité géographique définit notre présence au sein de l’ALÉNA, tout comme notre présence, depuis plus de 40 ans, dans des pays européens. Cela démontre que le Québec a déjà tourné son regard vers l’Europe. Merci. 1. Joseph P. Quinlan : Dérive ou rapprochement ? La prééminence de l’économie transatlantique, Fondation Robert Schuman, juin 2004. Source données de l’OCDE. Selon les données de Statistique Canada, entre 1999 et 2003, les investissements européens au Canada sont passés de 51600000 $ à 96700000 $ soit une croissance de 46 % alors que les investissements américains ont crû de 23 % passant de 176000000 $ à 228000000 $ pour la même période. Trois délégations générales : Paris, Londres, Bruxelles et trois bureaux : Munich, Barcelone et Rome ainsi qu’une antenne à Berlin et un bureau d’immigration à Vienne. En 2002, les chercheurs québécois ont effectué 6967 publications dans des revues scientifiques. De ce nombre 2698 ont été publiées avec des chercheurs étrangers. Près de 43 % ont été publiées avec des chercheurs américains et autant avec des chercheurs européens.
[Charest=20050304]
[Notes pour une allocution du premier ministre du Québec Conférence internationale sur le fédéralisme 4 mars 2005]
Madame la présidente, Distingués invités, Mesdames, messieurs, J’aimerais d’entrée de jeu remercier les organisateurs – et plus particulièrement la présidente de cette Conférence, Mme Annemie Neys-Uytterbroeck – pour cette invitation et pour ce privilège qu’ils m’ont accordé de m’exprimer à cette tribune. C’est aussi un plaisir pour moi d’être ici parmi vous pour souligner le 175e anniversaire de l’indépendance et les 25 ans de fédéralisme de la Belgique. Sans autre préambule, je souhaiterais aborder avec vous le thème du fédéralisme à l’heure de la mondialisation. Comment le fédéralisme peut nous aider à répondre aux défis de la mondialisation? Comment la mondialisation pose un formidable défi au fédéralisme, entre autres le rôle des entités fédérées sur la scène internationale. Mais d’abord, il faut se rappeler quels étaient les défis auxquels devait répondre le fédéralisme à ses débuts. Le fédéralisme pour relever les défis de la modernité Dans sa version moderne, le fédéralisme est apparu au tournant du 19e siècle : Les États-Unis en 1787, la Suisse en 1848 et le Canada en 1867. Le fédéralisme se voulait une alternative à l’État nation pour relever les défis de la modernité en proposant de combiner unité, diversité et décentralisation. Unité, parce que nous pouvons partager des valeurs et une vision communes. Parce qu’il y a des entreprises qui exigent que l’on s’unisse; que l’on mette nos efforts en commun; que l’on agisse de concert pour se développer, prospérer et vivre en sécurité. À l’instar d’autres pays, le développement d’un espace presque entièrement intouché, comme le Canada, avec ce que cela supposait en matière d’infrastructure pour les communications, le commerce, la sécurité, était certainement une entreprise difficile à assumer seul. Le fédéralisme permet la création de grands ensembles cohérents, structurés. La diversité, parce que personne ne souhaite abandonner son identité première. Parce qu’aucun peuple ne souhaite tomber sous la domination d’un autre. Parce que le désir de conserver une emprise réelle sur son environnement et son avenir est naturel. En 1867, l’union des colonies de l’Amérique du Nord britannique n’aurait pas été possible sans la protection de la diversité que permettait la formule fédérale, car les Québécois n’y auraient pas adhéré, comme l’avait compris John A. Macdonald, un des pères fondateurs de la fédération canadienne et son premier premier ministre, qui paradoxalement a toujours maintenu qu’il aurait, pour sa part, préféré que le Canada adopte le modèle de l’État unitaire. Le fédéralisme permet la cohabitation de plusieurs identités, de plusieurs légitimités. Il s’agit d’un mode de gouvernance adapté à la complexité. La décentralisation, parce que la centralisation n’est pas une solution à tout. Elle peut être inefficace et non démocratique. Parce que ceux qui sont les premiers concernés savent généralement ce qui est le mieux pour eux. Outre sa sociologie, on a souvent dit du Canada, un vaste territoire peu peuplé traversant un continent d’un océan à l’autre, que sa géographie commandait, elle aussi l’adoption du modèle fédéral. Le fédéralisme permet une gouvernance décentralisée, quand cela est préférable et plus efficace. En maintenant un ordre infra-étatique et autonome de gouvernement, il offre aussi un contrepoids politique aux gouvernements centraux qui enrichi la vie démocratique. En ce sens, comme nous l’ont enseigné les premiers penseurs du fédéralisme moderne, notamment les pères de la Constitution américaine, le fédéralisme est étroitement lié à la notion de liberté. L’égalité et le fédéralisme Le 20e siècle a mis le modèle fédéral à l’épreuve, notamment par la tentation de l’uniformité souvent confondue avec l’égalité. On peut être égal tout en étant différent. En fait, la vraie égalité inclut le droit à la différence. C’est en recherchant l’uniformité partout et en l’exigeant de tous que l’on brime le droit à l’égalité. La flexibilité participe à l’essence même du fédéralisme. Mais flexibilité ne veut pas dire absence de règles. Au contraire, l’exigence de règles qui s’imposent aux deux ordres de gouvernement est un des principes fondamentaux du fédéralisme. Mais les règles du fédéralisme doivent refléter le fait que celui-ci est d’abord et avant tout un système de gouvernement ancré dans la réalité, qui postule que les institutions que l’on décide de se donner doivent s’adapter à la sociologie des lieux, et non tenter de fondre celle-ci dans un moule unique. Ainsi, le fédéralisme implique des aménagements asymétriques. Au Canada, le Québec, étant le principal héritier de la présence française en Amérique, est la seule province majoritairement francophone. Sa culture, son droit privé, ses institutions le distinguent de ses voisines. Compte tenu de cette particularité, l’asymétrie est fondamentale pour le Québec. La Constitution canadienne renferme d’ailleurs plusieurs dispositions de nature asymétrique qui concernent spécifiquement le Québec, bien sûr, mais aussi d’autres provinces. Récemment, mon gouvernement a conclu, avec l’appui des autres provinces, une entente avec le gouvernement fédéral dans le domaine des services de santé. Cette entente est de nature asymétrique et tient compte de la spécificité du Québec. Elle lui assure la marge de manœuvre nécessaire dans ce domaine, et reconnaît expressément, et pour la première fois de notre histoire, l’asymétrie comme un trait positif du fédéralisme canadien. Je suis particulièrement fier de cette entente qui démontre tout ce que le fédéralisme peut offrir et représente pour moi, une voie porteuse d’avenir. J’ai cependant été quelque peu surpris de voir plusieurs de mes compatriotes canadiens réagir négativement à la suite de la signature de cette entente. Le plus curieux, c’est que ces critiques ne portaient pas tant sur le résultat de l’entente concernant les services de santé; pas plus qu’elles ne découlaient d’un désir, à l’extérieur du Québec, de profiter des mêmes modalités. Non, on en avait contre l’asymétrie en tant que telle, contre la possibilité que l’autre puisse être différent. La peur de la différence est un phénomène qui se retrouve encore un peu partout dans le monde. Plus que jamais, nous devons surmonter cette peur de la différence, non seulement par respect de l’autre, mais également pour notre propre enrichissement. Aujourd’hui, alors qu’à travers le monde, nous nous rapprochons, nous nous rassemblons, alors que nous commençons enfin à tirer toutes les conséquences de nos valeurs communes, de nos désirs communs face à l’avenir, de notre humanité commune, nous réalisons que, en même temps que la différence est quelque chose que nous devons respecter, voir et même valoriser, que cela constitue une richesse collective. La diversité des langues, des cultures, des modes de vie, tout comme celle de notre environnement, est une valeur que nous devons protéger. Il y a un autre élément essentiel au fonctionnement de la fédération canadienne. Il ne peut y avoir de fédération équilibrée si l’un des ordres de gouvernement se place dans une situation qui dénature le rapport avec l’autre. Aussi, pour être effectif, le partage des compétences doit-il aller de pair avec le contrôle des leviers financiers appropriés. Sur ce plan, je dois souligner que la fédération canadienne fait face à un défi majeur. Le gouvernement fédéral dispose de revenus supérieurs à ses besoins alors même que les provinces et les territoires ont des besoins supérieurs à leurs revenus. L’équation est simple : il y a déséquilibre entre les revenus et les responsabilités. Les revenus de chaque ordre de gouvernement devraient être d’un niveau qui leur permette d’exercer leurs compétences et d’offrir les réponses aux besoins que la population attend d’eux. Le déséquilibre fiscal, qui favorise le gouvernement central au détriment des provinces, est structurel. Il appelle impérativement des solutions. Le déséquilibre fiscal n’est pas sans impact substantiel sur la marge de manœuvre du gouvernement du Québec et, partant, sur sa capacité d’agir. Au même titre que le respect du partage des compétences, l’équilibre financier et fiscal est un principe essentiel d’une évolution harmonieuse de la fédération canadienne. La mondialisation et le fédéralisme Je vous ai parlé du 19e siècle et des défis de la modernité. En fait, je crois que les défis de la mondialisation ressemblent beaucoup à ceux de la modernité, mais à une autre échelle: Comment faciliter nos échanges et accroître notre prospérité? Comment résoudre les problèmes qui traversent nos frontières? Comment vivre en sécurité et en paix dans le monde? Comment faire tout cela efficacement sans perdre la qualité de notre vie démocratique, notre identité? Je pense que le fédéralisme peut être ici une source d’inspiration. En fait, les défis de la gouvernance fédérale ne sont pas bien différents des défis globaux de la gouvernance à l’ère de la mondialisation. Notre époque ne nous permet plus de gouverner en vase clos. C’est vrai dans une fédération et c’est vrai entre les États souverains. L’ironie de notre époque, c’est qu’alors que la mondialisation nous incite peut-être à nous tourner vers le fédéralisme au niveau supranational, ce même phénomène pose une difficulté majeure pour la pérennité du fédéralisme au sein des fédérations existantes. Cette difficulté procède du constat que de plus en plus de questions traitées sur le plan international, notamment dans la multitude de forums internationaux créés depuis la Deuxième Guerre mondiale, sont en fait des questions qui relèvent de la compétence des entités fédérées alors que celles-ci n’ont généralement pas ou peu accès à ces nouveaux lieux de délibération politique. Si le monopole de droit ou de fait des gouvernements centraux en matière de relations internationales pouvait se justifier autrefois et qu’il continue de se justifier quand on touche au noyau dur de la compétence fédérale, il est bien difficile de comprendre pourquoi les entités fédérées ne devraient pas avoir une place, un rôle, une voix, lorsque au sein de forums internationaux ou lors de négociations internationales, on traite de leurs domaines de compétence. Au Canada, la situation est d’autant plus paradoxale que le gouvernement fédéral n’a pas, même s’il signe un traité, le pouvoir de le mettre en œuvre s’il porte sur un domaine de compétence provinciale. Soucieux de préserver le principe fédéral, c’est ce qu’ont tranché les tribunaux dans les années 30 au moment où le Canada a acquis son indépendance face à la Grande-Bretagne. Mais, ils n’ont fourni que la moitié de la réponse. Comment en effet concilier ce qui, en fait, sont deux étapes d’une même opération : la conclusion et la mise en œuvre d’un traité? Dès les années 60, le Québec avait relevé l’incongruité de la situation actuelle à l’aube de la mondialisation. Pour le Québec, ce qui est de compétence québécoise chez-nous est de compétence québécoise partout! Si le Québec a été un précurseur au niveau mondial avec cette doctrine, aujourd’hui, le Canada, doit faire du rattrapage par rapport à d’autres fédérations, particulièrement de ce côté-ci de l’Atlantique. Il faut dire que les fédérations européennes, devant le développement de l’Union européenne, ont peut-être pu prendre plus rapidement qu’ailleurs la pleine mesure du problème et commencer à y remédier. Il faut également dire que le Canada s’est récemment mis au travail, grâce notamment à l’ouverture du premier ministre fédéral, Paul Martin. Des travaux entre les provinces et le gouvernement fédéral sur les principes-cadres devant guider la participation des provinces aux négociations et aux forums internationaux sont en cours. Par ailleurs, l’absence de règles claires n’a pas empêché en pratique le déploiement par certaines provinces, en particulier le Québec, d’une activité internationale constante, et ce, je tiens à le dire, dans le respect de la politique étrangère du Canada et des conventions du système international, qui demeurent foncièrement interétatiques. Depuis 40 ans, le Québec est actif sur la scène internationale. Il a conclu un grand nombre d’ententes internationales avec des États étrangers. Il dispose d’un important réseau de délégations et de bureaux dans le monde. Même si cela est difficile et peut soulever les passions, il nous faut aujourd’hui relever le défi que pose l’élaboration de règles équitables, fonctionnelles et prévisibles permettant la participation des entités fédérées sur la scène internationale. Mais, pour réussir, nous devons changer certaines mentalités. Il faut vaincre les résistances. Au Canada, lorsqu’il est question de la place des provinces dans les relations internationales, j’entends souvent certains de mes compatriotes dire que le Canada doit parler d’une seule voix sur la scène internationale. Je souhaite de tout cœur que mon pays soit fort. Je n’aime pas la cacophonie plus que les autres et oui, je conviens que cela implique dans certaines circonstances que le Canada parle d’une seule voix. Mais je n’arrive pas à voir pourquoi il faudrait que les provinces soient systématiquement absentes de la scène internationale et étrangère aux négociations qui s’y déroulent. Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la politique étrangère du Canada, au contraire. Dans la mesure où le concours des provinces est nécessaire à la mise en œuvre des traités signés par le Canada, en quoi la concertation avec ces dernières et la présence de représentants et d’experts provinciaux aux négociations rendraient-elles le Canada moins fort? Ce serait plutôt, en l’absence d’une telle concertation, le danger que le Canada ne puisse honorer les obligations qu’il aurait contractées qui, selon moi, pourrait être une faiblesse. Plusieurs voix ne peuvent-elles pas se renforcer mutuellement et valoir mieux qu’une seule? Je suis d’avis que oui. J’en veux pour preuve la coopération étroite entre le gouvernement du Québec et celui du Canada dans le cadre des travaux à l’UNESCO sur l’élaboration d’une convention sur la diversité culturelle. Plus fondamentalement, comment peut-on refuser aux gouvernements fédérés, démocratiquement élus, l’accès à la scène internationale alors que tant d’Organisations non gouvernementales (ONG) (syndicats, entreprises, etc.) ont déjà ce privilège? Je crois que le fédéralisme est promis à un bel avenir au 21e siècle pour peu qu’on ne perde pas de vue la philosophie qui l’anime en étant tenté par des solutions imposées d’en haut, des faux raccourcis ou l’utopie de l’uniformité. Le fédéralisme, c’est l’addition de voix, pas l’inverse! Le fédéralisme, comme la démocratie, est un processus qui, s’il peut parfois paraître laborieux, moins expéditif, moins uniforme, parce que plus participatif, génère en général de meilleurs résultats : des résultats avec lesquels les gens aiment mieux vivre parce qu’ils s’y reconnaissent davantage.
Discours du 24 mars 2005 – Allocution du premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, à l’occasion d’une annonce relative à la modernisation de la médecine universitaire à Montréal
Chers collègues du Conseil des ministres,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour faire le point sur la modernisation de
la médecine universitaire à Montréal.
Nous sommes ici réunis pour affirmer la place de Montréal et du Québec
parmi les villes et les sociétés qui définissent l’évolution de la
médecine à travers le monde.
Cette ambition, elle s’incarne dans trois projets de centres hospitaliers
universitaires:
le Centre hospitalier de l’Université de Montréal,
le Centre hospitalier universitaire mère-enfant de l’Hôpital
Sainte-Justine
et le Centre universitaire de santé McGill.
Ces projets sont globalement évalués à 2,6 milliards de dollars. Sur ce
montant, notre gouvernement contribuera à hauteur de 1,8 milliard de
dollars.
Cela signifie que les partenaires des universités et des hôpitaux
concernés, je pense principalement à leurs fondations respectives,
appuieront l’effort gouvernemental avec une contribution de 800 millions
$.
Ce n’est pas seulement mon gouvernement qui investit dans une meilleure
médecine aujourd’hui, c’est le Québec qui s’investit dans son essor.
Et ensemble, nous réaliserons le plus important investissement dans le
réseau de la santé depuis sa création, il y a 40 ans.
Ces initiatives vont constituer, au cours des prochaines années, parmi les
plus grands projets immobiliers du Québec.
Nous bâtissons. Nous grandissons. Et les retombées économiques de ces
grands projets bénéficieront à Montréal, mais aussi à de multiples
entreprises, à des travailleurs de tous les corps de métier, dans de
nombreuses régions.
Aujourd’hui, c’est le Québec qui grandit, mais aujourd’hui, c’est surtout
le Québec qui se prépare à mieux soigner, à mieux prendre soin de ses
enfants et de ses parents, à mieux enseigner, et à pousser plus loin la
recherche pour mieux repousser la maladie.
Au centre de cette annonce, se trouve une décision de mon gouvernement
relative à l’emplacement du nouveau CHUM.
Cette décision ne consiste pas à choisir une adresse, mais une vision.
C’est un lieu mais c’est avant tout un milieu ; le meilleur milieu pour
soigner ceux qui ont besoin de soins ; le milieu le plus sécuritaire ; le
milieu qui nous offre les meilleures garanties de doter notre métropole
d’un nouveau centre hospitalier universitaire francophone dans le respect
des budgets autorisés.
Nous choisissons d’enraciner dans le cœur du centre-ville de Montréal, le
centre hospitalier de l’Université de Montréal.
C’est au cœur du centre-ville que nous soignerons. C’est au cœur du
centre-ville que nous formerons les médecins de demain. Et c’est du cœur
du centre-ville de Montréal que rayonnera la science médicale en français
en Amérique du Nord.
C’est un choix pour les patients. C’est une vision de l’éducation et de la
science. C’est une vision de notre métropole.
L’annonce d’aujourd’hui marque l’aboutissement d’un travail d’analyse très
étoffé de la part du ministre de la Santé et des Services sociaux, de
l’ensemble du Conseil des ministres, ainsi que des députés membres de la
Commission parlementaire spéciale qui s’est tenue du 28 février au 3 mars
derniers.
Je remercie les membres de la commission, ainsi que les personnes et les
organisations qui ont contribué à cet exercice transparent et éclairant.
Cette démarche nous a permis de prendre la meilleure décision pour les
patients, pour Montréal, pour la science et pour le Québec.
Les travaux de la Commission parlementaire ont par ailleurs permis de
mettre en lumière l’intérêt du concept de technopole de la santé et du
savoir.
Je tiens à rendre hommage au recteur de l’Université de Montréal, monsieur
Robert Lacroix, pour avoir mis de l’avant et défendu avec beaucoup de
passion l’idée de technopole, dont nous reconnaissons l’intérêt et la
pertinence.
L’annonce d’aujourd’hui marque le coup d’envoi d’un projet moteur pour le
réseau de la santé et des services sociaux, pour la médecine
universitaire, pour Montréal et pour l’ensemble du Québec.
J’invite maintenant tous les acteurs concernés à canaliser rapidement leur
énergie vers la réalisation du seul CHUM possible : un grand CHUM à la
hauteur des aspirations et de l’ambition de Montréal et du Québec.
Je vous remercie.
[Charest=20050404]
[Allocution du 4 avril 2005 – 25e anniversaire de la revue Options politiques de l’Institut de recherche en politiques publiques ][Texte traduit de l’anglais au français]C’est avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation de Hugh Segal et L. Ian Macdonald de me joindre à vous ce soir pour souligner le 25e anniversaire de Options politiques. Durant ce quart de siècle, l’Institut a joué un rôle important en animant un riche débat qui s’imposait depuis longtemps sur l’évolution et les défis de notre vie démocratique. Plus l’histoire s’accélère, plus la nécessité d’un tel groupe de réflexion apparaît évidente. Je déplore que, trop souvent, de nouvelles idées soient trop vite rejetées du revers de la main. Il existe au Canada et au Québec des forces qui sont profondément hostiles au progrès et qui s’agrippent au statu quo comme à un radeau de sauvetage. Il faut avoir la volonté d’oser. D’oser changer les choses. Ceux qui refusent le changement, que ce soit en matière de fédéralisme ou dans tout autre domaine, avouent en fait ne pas croire en la possibilité d’un avenir meilleur. Pour ma part, je suis un optimiste. Je suis fier de ce que nous avons accompli, et ce que nous pouvons encore accomplir me remplit d’enthousiasme. Ce soir, qu’il me soit permis de vous livrer quelques réflexions sur le fédéralisme canadien et le Québec. Remontons six ans en arrière. Dans un discours que je prononçais en 1999, j’invitais les Canadiens et leurs dirigeants à se préparer à un gouvernement fédéraliste au Québec afin que, tous ensemble, nous puissions constituer un programme canadien qui soit le reflet de notre histoire, de nos espoirs et de nos aspirations pour l’avenir. Pourquoi ai-je choisi l’expression « programme canadien »? Parce que, d’après mon expérience, les Canadiens ont permis aux souverainistes de d’occuper un espace trop large au Canada, de définir nos priorités, contrairement à ceux d’entre nous qui croient dans le Canada, convaincus que ce pays mérite le temps, les efforts et le dévouement nécessaires pour que nous concevions notre propre programme, un programme de changement. Le message que je leur ai lancé se résume comme suit : préparez-vous à bouger rapidement et de manière décisive pour résoudre des problèmes de longue date. Mon gouvernement a été élu en avril 2003, il y a deux ans. Notre élection a été en général accueillie par les Canadiens comme un défi à ceux qui voudraient séparer le Québec du Canada. Ce qui n’était peut-être alors pas manifeste, c’est que l’élection de mon gouvernement posait aussi un défi à ceux qui tentent de préserver le statu quo au sein du Canada. L’élection de mon gouvernement est en fait un défi lancé à ces deux groupes, à tous ceux qui choisissent de renier ou de minimiser notre histoire commune. Comme nous le savons, le Canada est encore jeune et en pleine croissance. Nous avons devant nous un grand potentiel à réaliser, et le Canada poursuivra sa croissance tant que nous nous souviendrons des principes de base de sa fondation et que nous les respecterons. J’ai l’intime conviction que le fédéralisme est une façon moderne de gouverner. Pourquoi? Parce qu’il est porteur d’unité, de diversité et de décentralisation. L’unité, parce que nous partageons les mêmes valeurs et la même vision. Parce qu’il y a des causes et des enjeux qui exigent que nous options pour une action unie, que nous conjuguions nos efforts, que nous coopérions pour nous développer, prospérer et vivre en toute sécurité. La diversité, parce que personne ne veut renoncer à son identité. Parce qu’aucun groupe ne veut tomber sous la domination d’autrui. Parce que le désir de conserver une véritable mainmise sur son milieu et son avenir n’est que chose naturelle. Le fédéralisme permet la diversité, qui est une forme de gouvernance adaptée à la complexité de nos sociétés. La décentralisation, parce que le fédéralisme permet une gouvernance décentralisée, lorsque ce mode est préférable et plus efficace. Elle offre aussi un contrepoids aux gouvernements centraux, contribuant ainsi à l’enrichissement de la vie démocratique. En ce sens, la notion de fédéralisme est étroitement liée à la notion de liberté, comme les premiers architectes du fédéralisme moderne nous l’ont enseigné. Je crois fermement que le Canada doit renouer avec le véritable esprit du fédéralisme et renoncer à toute tentation centralisatrice. Je me suis engagé, à titre de Premier ministre du Québec, à exercer mon leadership, à travailler avec mes homologues, et à veiller à ce que le Québec continue de croître au sein du Canada. Le mot « fédéral » s’oppose au terme « unilatéral ». Le danger qui menace notre fédération n’est pas que le Québec ou une autre province veuille gouverner à sa guise, mais plutôt la perception selon laquelle toutes les provinces et tous les territoires soient pareils. Trop souvent en politique, ce que nous chérissons le plus est ce à quoi nous risquons de porter atteinte par inadvertance, en croyant que protéger quelque chose signifie le figer dans le temps, alors que cette protection exigerait plutôt un changement. Dans un monde en évolution, le statu quo est synonyme de retour en arrière. Toute relation comporte des désaccords, et il ne faut pas s’en effrayer. En fait, ce n’est que normal. La question ne consiste pas à savoir si, oui ou non, il y a des désaccords, mais de savoir si nous voulons les régler et comment. Au Canada, le fédéralisme devrait s’inspirer de cinq principes. Et ces cinq principes ne valent pas seulement pour un gouvernement fédératif, mais aussi pour les gouvernements du monde entier au XXIe siècle. Le premier principe qui entre en ligne de compte dans le renouvellement du fédéralisme canadien est le respect. Une saine coopération ne peut exister sans un profond respect partagé par tous les partenaires de la fédération : le respect des compétences de chacun, le respect des choix de chacun, le respect du savoir-faire et des aptitudes de chacun. Ici, le principe qui sous-tend le fédéralisme est la reconnaissance que le gouvernement du Québec et d’autres gouvernements provinciaux ne sont pas subordonnés au gouvernement du Canada. Le gouvernement fédéral n’est pas non plus le gardien suprême du bien commun. Dans une fédération, chaque partenaire assure la garde du bien commun dans son domaine de responsabilité. Ce n’est pas le gouvernement fédéral, mais plutôt nos citoyens qui jugent comment nous nous acquittons de notre tâche de gardiens du bien commun. Le deuxième principe qui intervient dans le renouvellement du fédéralisme est la souplesse. L’homogénéité a peut-être été l’utopie du XXe siècle. Pour sa part, le XXIe siècle s’inspirera de la souplesse, du respect des différences, et de l’asymétrie. Notre pays a été constitué selon un modèle fédéral dans le but précis d’instaurer un système asymétrique, qui laisserait place aux différences, et qui respecterait les traits distinctifs de chaque partenaire dans notre immense territoire géographique. Le XXe siècle met le modèle fédéral à l’épreuve, notamment à cause de la tentation de lutter pour l’uniformité, notion que les gens confondent souvent avec l’égalité. L’égalité n’exclut pas la différence. Une véritable égalité comporte, en réalité, le droit à la différence. En fait, c’est en luttant pour l’uniformité partout et en l’exigeant de chacun que l’on empiète sur le droit à l’égalité. Pas plus tard que jeudi dernier, la Cour suprême du Canada s’est prononcée en faveur de ce principe sur la question linguistique dans son arrêt Gosselin. Au paragraphe 15, la Cour a déclaré ce qui suit :« Dans le contexte de l’enseignement dans la langue de la minorité, l’égalité réelle, plutôt que l’égalité pour la forme seulement, peut exiger un traitement différent, comme l’a signalé notre Cour dans l’arrêt Arsenault-Cameron c. Île-du Prince-Édouard, [2000] 1 R. C. S. 3, 2000 CSC 1, au par. 31 : L’article 23 repose sur la prémisse que l’égalité réelle exige que les minorités de langue officielle soient traitées différemment, si nécessaire, suivant leur situation et leurs besoins particuliers, afin de leur assurer un niveau d’éducation équivalent à celui de la majorité de langue officielle. » La souplesse est de l’essence même du fédéralisme. Mais souplesse ne signifie pas pour autant absence de règles. Au contraire, le besoin de règles qui s’appliquent aux deux ordres de gouvernement est l’un des principes fondamentaux du fédéralisme. Mais les règles du fédéralisme doivent refléter la réalité suivante : le fédéralisme est avant tout un système de gouvernance ancré dans la réalité, qui postule que les institutions créées s’adaptent aux milieux dans lesquels elles évoluent, et ne cherchant pas à fondre les traits distinctifs des diverses régions dans un même moule. De toute évidence, le fédéralisme exige des dispositions asymétriques. Là encore, la Cour suprême s’est prononcée sur cet élément particulier du fédéralisme jeudi dernier. Dans l’arrêt Casimir, la Cour a déclaré au paragraphe 44 : « souligner que l’application de l’art. 23 doit tenir compte des disparités très réelles qui existent entre la situation de la communauté linguistique minoritaire du Québec et les communautés linguistiques minoritaires des territoires et des autres provinces ». Cette citation figure également au paragraphe 31 du jugement Gosselin rendu le même jour. L’entente que nous avons signée sur la santé en septembre dernier a immédiatement suscité un tollé. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces critiques ne visaient pas le résultat de l’entente sur les services de santé; en outre, elles n’émanaient pas d’un désir, en dehors du Québec, de bénéficier des mêmes conditions et avantages. Au contraire, ces critiques portaient sur l’asymétrie même, et la possibilité que l’autre partie, en l’occurrence le Québec, puisse être différente. Pour moi, le fédéralisme ne tient pas sa grandeur de la priorité d’une vision sur une autre, mais à sa capacité d’accueillir plusieurs raisons ou visions, à l’instar des nombreuses facettes d’un joyau. Tel est l’idéal canadien. En voici un autre exemple. L’hiver dernier, le Québec et le gouvernement fédéral ont conclu sur les congés parentaux une entente qui permettra au Québec d’avoir son propre programme. Ce système sera plus généreux que le programme fédéral. Par exemple, le système québécois reconnaîtra les travailleurs autonomes. Ce sera un programme très important pour les couples québécois qui veulent fonder une famille. Nous sommes très fiers de cet accomplissement. Cette entente est-elle une preuve que le fédéralisme canadien fonctionne bien?La situation est on ne peut moins claire. Je vous invite à réfléchir sur ce sujet à la lumière de la question suivante :Est-il normal que le Québec ait dû négocier pendant huit ans avant d’agir à son gré dans un domaine qui relève de sa compétence?Le fédéralisme canadien pourrait à coup sûr s’assouplir. Le respect de la règle de droit est le troisième principe. Souplesse ne veut pas dire absence de règles. Au Canada, nos gestes doivent s’adapter à la loi et, inversement, la loi à nos gestes. Lorsqu’il y a désaccord sur les principes, on peut porter le conflit qui en résulte devant les tribunaux pour qu’il se règle selon les priorités que nous avons inscrites dans la loi. Un débat juridique adulte vaut souvent mieux qu’un conflit politique interminable. Les décisions des tribunaux sont parfois la meilleure façon de faire avancer un dossier politique. Un État de droit peut faire appel aux tribunaux pour clarifier certains points. Le gouvernement du Québec n’a pas l’intention de se priver de ce recours. La conciliation du droit et de l’action sous-entend également la faculté de changer les règles lorsqu’elles ne reflètent plus les valeurs de notre société. Le quatrième principe est l’équilibre : équilibre fiscal et politique. C’est là un sujet qui mérite une plus grande attention, à cause des défis qui se posent à notre fédération aujourd’hui. L’équilibre à long terme ne peut exister dans une fédération si la position occupée par un niveau de gouvernement porte atteinte à la relation entre les deux niveaux de gouvernement. Au Canada, nous connaissons un déséquilibre fiscal. Il ne s’agit pas là d’une invention qui vise à gagner du terrain politique, mais bel et bien d’une réalité qu’ont reconnue le Conseil de la Fédération, trois partis politiques fédéraux, et une majorité de députés au Parlement fédéral. Dans les années 1990, l’établissement du budget fédéral coïncidait avec la réduction des budgets provinciaux. Le gouvernement fédéral a résolu ses problèmes en réduisant unilatéralement les transferts aux provinces. Selon une étude du Conference Board du Canada commandée par le gouvernement fédéral, les excédents fédéraux entre 2004-2005 et 2014-2015, soit sur une période de dix ans, atteindront 166000000000 $. Comment se fait-il que notre gouvernement fédéral a des ressources supérieures à ses besoins, tandis que les provinces ont des besoins qui dépassent leurs ressources? Le gouvernement fédéral perçoit des recettes supérieures à ses besoins, tandis que les provinces et territoires, dont plusieurs sont déjà en déficit, ont des recettes inférieures à leurs besoins. Depuis 1997, le gouvernement fédéral a systématiquement sous-estimé ses revenus et a accumulé 74,100000000 $ d’excédent. Chaque semaine, le gouvernement fédéral perçoit 300000000 $ de plus que ce qu’il dépense. Les recettes et responsabilités de chacun accusent un déséquilibre. En recourant à son pouvoir de dépenser pour envahir des champs de compétence provinciale, la logique fédérale vient fausser l’esprit du fédéralisme. Et ce n’est pas le seul exemple. Lorsque le gouvernement fédéral répond en disant : « Augmentez tout simplement vos impôts », il fait fi de la réalité et de l’histoire de ce pays. La réalité, c’est que les contribuables financent les deux niveaux de gouvernement, et leur capacité de payer est limitée. L’histoire, c’est que notre gouvernement fédéral a évolué en s’emparant unilatéralement d’une part plus grande de nos impôts. En outre, dans une fédération où la solidarité est une valeur fondamentale, comme au Canada, nous devons veiller à l’établissement d’un équilibre fiscal entre toutes les régions du pays, tout en respectant les principes du fédéralisme. Au Canada, nous avons une excellente façon de redistribuer la richesse entre les partenaires fédéraux de telle sorte que chaque gouvernement puisse garantir des services de qualité selon des taux d’imposition comparables pour l’ensemble de la population de toutes les régions du pays. La péréquation n’est pas seulement un programme du gouvernement fédéral. Elle fait partie de la Constitution. C’est une obligation constitutionnelle. Mais nous aurons fort à faire, toutefois, pour arriver à nous acquitter de cette obligation, tellement cruciale pour notre fédération. Sans aucun doute, beaucoup d’efforts seront nécessaires pour corriger le déséquilibre fiscal et financier du Canada, et le déséquilibre politique qui en découle. Je vais maintenant aborder la question des relations internationales, ce qui ne devrait surprendre personne. Au Québec, par exemple, nous insistons sur la nécessité pour la province de participer aux négociations de traités internationaux qui touchent notre compétence. D’autres provinces partagent ces préoccupations. Ce n’est que justice et bon sens. Personne ne devrait contester le fait que le Canada est plus fort lorsque tous ses membres ont le loisir de s’exprimer, et n’oublions pas que même si Ottawa est enclin signer tous les traités de son choix, il ne peut mettre en œuvre ceux qui relèvent de la compétence des provinces. Voici un domaine où j’ai été vraiment surpris par certains commentateurs, car le Québec et d’autres gouvernements provinciaux ont vraiment tenté de s’immiscer dans des négociations internationales. Permettez-moi de vous rappeler que, pendant plus de 40 ans, le Québec a joué un rôle actif au niveau international. Il a conclu un grand nombre d’accords internationaux avec des gouvernements étrangers. Le Québec est doté d’un réseau de délégations et de bureaux dans le monde entier. Au fil des ans, nous avons noué des liens fructueux et établi de précieuses coopérations. Nous avons une relation particulière avec la France, avec laquelle nous entretenons des rapports directs et privilégiés. Dans la pratique, l’absence de règles claires n’a pas empêché certaines provinces, notamment le Québec, de déployer une présence internationale constante, tout en respectant la politique étrangère du Canada. Malgré les vives réactions que peuvent susciter cette action, il nous incombe de relever le défi de concevoir des règles justes, fonctionnelles et prévisibles qui permettent la participation des entités fédérées dans les négociations internationales. Toutefois, pour réussir, il nous faudra changer certaines mentalités. Il nous faut vaincre certaines résistances. Au Canada, chaque fois qu’il est question de la place des provinces dans les relations internationales, j’entends souvent mes concitoyens dire que le Canada doit parler d’une seule voix au niveau international. Du fond de mon cœur, je veux que mon pays soit fort. Je ne suis pas très friand des discordances. Mais je ne peux concevoir de raison sérieuse qui justifie l’absence systématique des provinces sur la scène internationale, non plus que le refus de leur droit de participer aux négociations à ce niveau. Il ne s’agit pas ici de remettre en question la politique étrangère du Canada, bien au contraire. Dans la mesure où l’aide aux provinces est indispensable à la mise en œuvre des traités signés par le Canada, comment le dialogue avec les provinces et la présence des porte-parole et experts provinciaux à la table de négociations pourraient-ils affaiblir la position du Canada?C’est en l’absence d’un tel dialogue que le Canada risque véritablement de n’être pas en mesure de respecter les engagements qu’il a pris. Les voix qui se multiplient ne se renforcent-elles pas et n’ont-elles pas plus de poids qu’une seule? Pour ma part, je crois que oui. Le plus bel exemple en est l’étroite coopération du gouvernement du Québec et du gouvernement du Canada dans le cadre des travaux que mène l’UNESCO pour rédiger une entente sur la diversité culturelle. Un exemple plus personnel que j’aime citer est la pleine participation des provinces et territoires au Sommet de la Terre à Rio en 1992. C’est au leadership de Brian Mulroney sur la scène internationale, tout particulièrement en matière d’environnement, que le Canada doit ce succès à ce Sommet. J’ai eu le privilège de diriger la délégation canadienne. J’aime rappeler cette expérience aux gens ne serait-ce qu’aux fins de prouver que je pratique ce que je prêche, que ce soit en qualité de ministre fédéral ou de Premier ministre du Québec. Plus fondamentalement, comment peut-on refuser à des gouvernements fédérés et élus démocratiquement l’accès à la scène internationale alors que tant d’organisations non gouvernementales (ONG) (syndicats, entreprises, etc. ) jouissent déjà de ce privilège?Le fédéralisme, c’est la multiplication des voix, au lieu de leur réduction à une seule. Le fédéralisme, tout comme la démocratie, est un processus qui, même s’il paraît parfois laborieux, moins expéditif, moins uniforme, parce qu’il encourage une plus grande participation; le fédéralisme, dis-je, produit généralement de meilleurs résultats. Je dois signaler que le Canada s’est récemment penché sur cette question, grâce notamment au Premier ministre Paul Martin et à Pierre Pettigrew, son ministre des Affaires étrangères. Les provinces et le gouvernement fédéral sont en train d’élaborer des principes directeurs de nature à éclairer la participation des provinces aux négociations et instances internationales. Qu’il me soit permis maintenant de vous parler brièvement du Conseil de la Fédération. Ce Conseil est une nouvelle institution très prometteuse. Même s’il en est encore à ses balbutiements, il a progressé en matière de soins de santé et de commerce intérieur, par exemple. Nous nous sommes réunis plusieurs fois, et avons eu l’occasion de travailler ensemble, et nous nous proposons de continuer de le faire dans l’avenir. Pour la première fois depuis longtemps, les régions, les provinces et les territoires s’efforcent de fondre leur voix et leur volonté dans l’unité. Le Conseil de la Fédération me semble très prometteur, surtout depuis que le Sénat ne joue plus le rôle qu’on lui avait assigné. Je veux conclure en disant que le Canada doit respecter l’esprit du fédéralisme pour le bien de tous ses citoyens. Cet esprit de coopération, d’ouverture et d’acceptation des différences, c’est ce dont nous avons tous besoin pour relever les défis qui nous sont posés. En acceptant ce défi, je m’engage à défendre les intérêts des Québécois avec autant de conviction que de confiance. Et ce, pour une raison très simple. Je le ferai parce que j’ai confiance dans le Québec. Et je le ferai parce que j’ai confiance dans le Canada.
[Charest=20050428]
[Allocution du 28 avril 2005 – Ouverture des Assises annelles 2005 de l’UMQ]
Monsieur le Président de l’Union des municipalités du Québec, Madame la Ministre des Affaires municipales et des Régions, Mesdames, Messieurs les élus municipaux, Chers amis, Je suis très heureux de vous voir aujourd’hui. D’autant plus que nous avons travaillé fort au cours des dernières semaines avec le gouvernement fédéral, pour tenter de conclure une entente sur le transfert aux municipalités du Québec, de sommes significatives provenant des différents fonds fédéraux sur les infrastructures. Au moment ou je vous parle, les négociations vont bon train et nous sommes confiants de conclure une entente au cours des prochains jours. Quant à la question du partage de la taxe sur l’essence au profit des municipalités, les négociations avancent bien. Nous poursuivons nos efforts pour en arriver à une entente rapidement. Nous aurons alors de bonnes nouvelles à vous annoncer, de bonnes nouvelles pour vos municipalités et vos régions. Le premier message que je vous adresse ce matin, c’est notre volonté renouvelée de faire équipe avec les municipalités pour développer le Québec. Mon gouvernement et vos municipalités sont les deux marches d’un même escalier qui mène vers les Québécois. Deux niveaux de gouvernement, mais un même objectif : servir les Québécois et faire progresser le Québec. Nous sommes partenaires dans cette mission démocratique. Permettez-moi de prendre le temps de vous dire ce qu’on a fait, concrètement, pour améliorer le sort des régions et des municipalités. Notre bilan est éloquent et le dernier budget en est la représentation exemplaire. Le budget déposé la semaine dernière par le ministre Audet, c’est celui de notre mi-mandat. Alors on va commencer par répondre à une question : comment va le Québec deux ans presque jour pour jour après notre élection? Le Québec va bien. En 2004, l’économie du Québec a progressé de 1,9 %. C’est le même rythme de croissance qu’en 2003. Mais pour bien mesurer cette croissance, et l’accomplissement qu’elle représente, il faut se rappeler qu’elle s’est faite alors que le dollar canadien augmentait de 20 %. En 2004, 60 800 nouveaux emplois ont été créés et le taux de chômage a baissé à 8,2 %, en mars dernier, alors qu’il était à 9,1% en mars 2003. C’est 100 000 emplois depuis notre élection. Le chômage a baissé dans la majorité des régions du Québec. Et le plus beau, c’est que ce sont les jeunes qui en profitent le plus. Le taux d’emploi chez les jeunes Québécois est aujourd’hui plus élevé que le taux d’emploi chez les jeunes Ontariens. Les investissements privés des entreprises ont progressé de 13,7 %. Cela signifie que 19 % de tous les investissements privés réalisés au Canada en 2004, ont été effectués au Québec. C’est un record vieux de 12 ans. Il est vrai cependant que l’économie québécoise a souffert de la forte appréciation du dollar canadien. Il y a eu dans certaines régions des fermetures douloureuses. Mais les perspectives demeurent encourageantes. Après 4 ans de repli, les exportations québécoises ont retrouvé le chemin de la croissance en 2004. Ça veut dire que nos entreprises sont de plus en plus nombreuses à relever le défi de la concurrence internationale et à investir dans leur modernisation. L’activité économique devrait s’accélérer dès cette année pour atteindre un taux de croissance de 2,4 % en 2005 et de 2,6 % en 2006. Sur le plan économique, nous avons donc connu une performance très honorable dans un contexte pas toujours facile. Vous en êtes tous témoins, parce que c’est chez vous que ça se passe. C’est dans ce contexte que nous avons présenté notre troisième budget. Ce budget va dans le sens de nos priorités qui sont celles des Québécois. Avec ce budget, notre gouvernement favorise la prospérité partout au Québec et il honore sa mission sociale dans toutes les régions. D’abord, nous continuons à investir en santé. Nous ajoutons 826000000 dans les services directs aux patients. Depuis notre arrivée, nous avons augmenté le budget de la santé de 3000000000 $. Mais on ne fait pas qu’investir en santé. Nous modernisons le système. On a réuni les établissements en réseau, pour être plus efficace. On a réorganisé le travail. On a simplifié la gestion en réduisant le nombre d’unités d’accréditation syndicale. Ces changements ont demandé beaucoup d’efforts et de détermination. Ils n’ont pas fait l’affaire de tout le monde, mais on commence à en voir les résultats. Souvenez-vous, il y a trois ans. Pendant les bulletins de nouvelles, il y avait un bandeau au bas de l’écran, qui affichait le taux d’occupation des salles d’urgence. On n’en voit plus de ça. Ça ne veut pas dire que tout est réglé, loin de là, mais on a renversé la tendance. À cet investissement dans les services s’ajoutent 2600000000 $ sur trois ans dans les immobilisations, pour rénover nos hôpitaux et nos CHSLD. Ce sont des investissements qui vont profiter à toutes les régions du Québec. Avec ce budget, nous venons en aide à ceux qui en ont vraiment besoin. Nous honorons un engagement qui me tenait beaucoup à cœur. Nous rétablissons la gratuité des médicaments pour les personnes âgées les plus démunies. Ce sera la gratuité complète dès juillet. Nous augmentons par ailleurs de 50 % le soutien aux personnes handicapées et aux aidants naturels. C’est un geste important qui reconnaît le rôle social et le geste généreux posé par ceux qui prennent soin d’un proche vulnérable. C’est 80000 personnes qui vont bénéficier d’une aide de 128000000 $. Ça fait une grosse différence pour ceux qui vont en bénéficier. Nous réinvestissons aussi en éducation. Nous augmentons de 321000000 $ le budget de l’éducation. En trois ans, c’est plus de 1000000000 que nous avons ajouté dans nos écoles et nos universités. Nous avons fait plus en 3 ans que le gouvernement précédent en 9 ans! Ces nouveaux investissements vont permettre, entre autres, de doubler les ressources consacrées à l’aide aux devoirs et d’augmenter la durée de la semaine de classe, pour que nos enfants fassent plus de sport et pour qu’ils apprennent l’anglais dès la première année. Actuellement, une équipe de travail issue du Forum des générations, se penche sur les moyens à prendre pour développer le concept d’école communautaire. Ce regroupement de services publics dans les établissements scolaires, favorisera le développement et l’épanouissement de nos jeunes dans leur milieu, à la ville comme en région. Le troisième budget de notre gouvernement continue de placer la famille au cœur de notre action. Car une des meilleures façons de répondre au défi démographique, de lutter contre le déclin démographique des régions, c’est de faire du Québec le meilleur endroit pour voir naître et grandir des enfants. En ajout aux mesures annoncées dans le budget précédent, comme le soutien aux enfants, nous confirmons que le régime québécois de congés parentaux, entrera en vigueur le 1er janvier 2006. Le Québec sera le seul maître d’œuvre de ce régime. C’est notre gouvernement qui a remporté cette victoire au nom des familles du Québec. Ça traînait depuis 8 ans! Avec ce budget, nous affirmons notre détermination de réduire le fardeau fiscal des Québécois. Le budget de l’an dernier retournait 1000000000$ aux familles et aux travailleurs à faible revenu. Cette année, nous faisons un pas, pour soulager la classe moyenne qui verra ses impôts réduits de 372000000 $ sur une pleine année. Cette réduction d’impôt, c’est principalement une nouvelle déduction fiscale de 500 $ pour tous ceux qui travaillent, les 3100000 de salariés et les 162 000 travailleurs autonomes du Québec. À cela s’ajoute l’indexation de l’impôt des particuliers qui laissera 250000000 $ dans les poches des contribuables. Ça veut dire que les gains des contribuables, depuis notre arrivée, atteindront 1400000000 $ en 2006. Nous avons fait la moitié du chemin vers l’objectif de ramener le fardeau fiscal des Québécois au niveau de la moyenne canadienne. L’écart du fardeau fiscal des Québécois par rapport à la moyenne canadienne était de 2200000000 $ au lendemain de notre élection. Il sera ramené à 1200000000 $ en 2006. Ce budget affirme avec force notre détermination à bâtir un Québec plus prospère, plus favorable aux affaires et à la croissance des entreprises dans toutes les régions. On va régler quelque chose ensemble aujourd’hui. Ce n’est pas vrai que le développement économique nuit au développement social. C’est précisément le contraire. Plus nous serons prospères, plus nous pourrons aider ceux qui en ont besoin et investir dans les services publics. Pour encourager la prospérité économique, le gouvernement engage une réforme de la fiscalité des entreprises. Nous réduisons de plus de 50 % la taxe sur le capital qui est un frein à l’investissement. Afin de favoriser la modernisation des entreprises et l’investissement stratégique, nous introduisons un crédit de taxe sur le capital de 5 % pour tout nouvel investissement en machinerie et en équipement. Cette mesure est déjà en vigueur. Et c’est un message clair aux entreprises : Modernisez-vous et vous ne paierez plus de taxe sur le capital!À l’intention précise des PME, qui sont le fer de lance de notre croissance, nous avons annoncé : Une réduction permanente du taux d’imposition à 8,5 % à compter du 1er janvier 2006; Nous créons un nouveau régime Actions-croissance PME. Il s’agit d’un nouvel incitatif destiné aux investisseurs particuliers. Investissement Québec ajoutera également un volet Relève PME à ses programmes existants pour favoriser la relève dans les entreprises familiales du Québec Notre gouvernement augmente par ailleurs le taux du crédit d’impôt remboursable à la R&D et ajoute 15000000 de $ au programme pour aider les entreprises à devenir plus performantes et à percer les marchés étrangers. Toutes ces mesures n’ont qu’un seul objectif : favoriser les investissements dans vos régions, favoriser la création d’emploi dans vos villes. Le Québec sera fort de ses régions, si elles sont prospères. Et justement, notre budget c’est un budget pour la prospérité des régions du Québec. Nous consacrons 240000000 $ sur trois ans à nos régions. Ce montant servira principalement à mettre en œuvre le rapport Coulombe. Nous avons pris la décision courageuse et nécessaire de freiner l’exploitation forestière au nom de la préservation de notre patrimoine collectif et pour le plus grand bénéfice des générations futures. Nous allons aider les communautés et les travailleurs touchés en favorisant la diversification des économies locales et régionales pour ainsi assurer la prospérité durable des régions. Nous mettons 75000000 $ pour améliorer la gestion des forêts et on consacrera 10000000 pour aider les travailleurs des régions forestières qui seront affectés par la réduction des droits de coupe. Nous créons un fonds de 30000000 $ spécialement destiné à favoriser la diversification économique des villes monoindustrielles. Nous augmentons de 78000000 $ la mise de fonds gouvernementale dans les fonds régionaux d’investissement. Nous investissons dans le développement des produits du terroir, dans la promotion touristique et dans les parcs nationaux. Ce budget prévoit par ailleurs des investissements sans précédent dans nos infrastructures, partout au Québec. Il y a une véritable corvée à faire au Québec en matière de remise à niveau et développement de nos infrastructures et on va la faire. Ce sont 4900000000 $ que nous allons consacrer autant dans le maintien et l’entretien des actifs existants que dans le développement de nouvelles infrastructures. D’ici 2007-2008, nous investirons en moyenne 1300000000 $ par année dans le réseau routier relevant du gouvernement du Québec. C’est un investissement majeur dans un réseau qui en a grandement besoin. Ça veut dire quoi 1,300000000 par année pendant 3 ans dans le réseau routier? C’est la route 185 dans le Bas-Saint-Laurent; C’est la route 175 entre Québec et ville Saguenay; C’est l’autoroute 73 et la route 173 en Beauce; C’est l’autoroute 55 entre le Centre-du-Québec et l’Estrie; C’est l’autoroute 25 entre Montréal et Laval; C’est l’autoroute 50 en Outaouais; C’est l’autoroute 35 vers la frontière du Vermont; C’est l’autoroute 30 en Montérégie; C’est la 20 dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Ces développements routiers vont contribuer à dynamiser les économies de vos régions. Investir dans les infrastructures, c’est investir dans le développement à long terme du Québec et de ses municipalités. Et on a un nouvel outil pour le faire ensemble. C’est la SOFIL, la Société de financement des infrastructures locales. Cette société est financée par la nouvelle taxe sur les véhicules à forte cylindrée et par une partie de la taxe fédérale sur l’essence. On va refaire ensemble la colonne vertébrale de notre économie. On va se redonner des routes en bon état; on va traiter nos eaux usées comme il faut et on va investir dans les transports publics. C’est un budget responsable et rigoureux qui tient compte de nos moyens et qui porte notre vision du Québec. Avec ce budget :Nous renforçons notre capacité de nous imposer dans un contexte économique concurrentiel. Nous consolidons nos positions de force en santé et éducation. Nous venons en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Nous poursuivons la réduction du fardeau fiscal des Québécois. Nous stimulons l’investissement et la création de richesse qui sont les leviers de notre mission sociale; Nous engageons une corvée pour renouveler nos infrastructures; Nous reconnaissons les municipalités comme les principaux partenaires du gouvernement dans le développement du Québec. Depuis notre élection, nous avons bâti un partenariat fertile et respectueux avec les municipalités. Nous allons continuer dans cette voie. Ensemble, nous avons entrepris une démarche historique vers la décentralisation et la régionalisation des responsabilités. On le fait parce que c’est la voie de l’avenir. Vous vous réunissez cette année sous le thème La municipalité, maître d’œuvre de son développement et de son avenir. Nous sommes sur la même longueur d’ondes. C’est ça l’esprit de la décentralisation. On va avancer ensemble et on va faire les choses comme il faut. Par étapes, sans rien brusquer. D’abord, on s’est donné une gouvernance régionale imputable en créant les Conférences régionales des élus. Ensuite, nous avons signé des protocoles d’entente sur la décentralisation et sur la régionalisation lors du Forum des générations l’automne dernier. Maintenant, on identifie des pistes de décentralisation, à la table Québec municipalités, et des pistes de régionalisation à la table Québec-régions. Les propositions qu’on examine ensemble proviennent des municipalités, des CRÉ et des MRC. On avance. On avance résolument, rigoureusement et respectueusement. Et aujourd’hui, je veux réitérer un engagement devant vous. La décentralisation, ce n’est pas un autre mot pour délestage de responsabilités ou pour pelletage dans la cour des municipalités. Chaque transfert ou délégation de pouvoirs sera associé à un transfert ou à une délégation des ressources. La décentralisation, c’est pour mieux répondre aux besoins des Québécois, c’est pour rapprocher la livraison des services le plus près possible des citoyens. C’est pour donner plus d’emprise aux communautés locales sur leur développement. C’est aussi pour assurer une plus grande transparence et une plus grande imputabilité dans les prises de décision et dans la gestion des fonds publics. Mais, prenez-en ma parole, ce n’est surtout pas pour alourdir le fardeau des municipalités. Au cours des prochains mois, nous allons aussi renouveler le pacte fiscal avec les municipalités. Les négociations ont d’ailleurs débuté en février avec une première rencontre de la Table de négociation regroupant l’UMQ, la FQM, la Ville de Montréal, le ministère des Finances et le ministère des Affaires municipales. Une autre rencontre s’est tenue à la fin mars. Une troisième aura lieu la semaine prochaine. Vous avez des demandes importantes et nous allons essayer d’y répondre sans compromettre l’équilibre budgétaire. Depuis deux ans, notre gouvernement a entrepris un nombre important de changements. Ces changements sont en train de renforcer le Québec. Nous avons renversé la tendance en santé. Nous avons lancé une corvée sans précédent de développement de nos infrastructures. Nous avons relancé le développement énergétique. Nous avons engagé le Québec sur la voie du développement durable. Nous avons renforcé l’économie du Québec. Et nous avons bâti un partenariat moteur avec le monde municipal. À mi-mandat, on voit déjà se dessiner le Québec de demain. Un Québec plus prospère qui a les ressources pour honorer sa mission sociale et qui se développe avec la participation de chacune de ses régions. Un Québec que nous allons réaliser ensemble!
[Charest=20050816]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de l’annonce d’un programme
Salutations,
Le choix du site aujourd’hui n’est pas fortuit. Vous devinez qu’on se trouve à
un endroit symbolique puisque l’édifice où nous sommes aujourd’hui était
autrefois, il n’y a pas très longtemps, une usine dans le secteur du textile où
on fabriquait des bas, où il y avait plusieurs centaines d’emplois et où
travaillaient également des femmes. Elle a depuis été transformée à la faveur de
transformations que nous avons vécues dans notre économie.
Or, le projet d’aujourd’hui vise justement à rejoindre les femmes qui sont sans
emploi, parce que le secteur aura justement fait en sorte, suite à ces
transformations, qu’il y ait des pertes d’emploi ou pour qui l’emploi est menacé
et qui ont besoin justement de rester dans le marché du travail, de s’adapter,
de regagner les compétences nécessaires pour pouvoir réintégrer le marché du
travail. Mais attention, réintégrer le marché du travail, pas nécessairement
dans le même domaine et pas nécessairement dans un emploi non plus qui est à
faible revenu, mais dans un secteur d’activités où elles pourront gagner un
salaire convenable, un salaire dont elles auront besoin justement pour arriver à
l’âge de la retraite.
Alors, le projet que vous avez présenté madame Carle, à mes yeux à moi et aux
yeux de Michelle Courchesne et du ministère, est un projet clairvoyant et un
projet qui nous permettait justement de projeter vers l’avenir et de tenter de
répondre aux besoins de ces femmes.
On le fait en se rappelant que l’emploi pour nous et pour la société québécoise
comme pour les autres, c’est pas juste une occupation pour que l’on puisse
gagner un revenu. C’est aussi une participation directe dans la société
québécoise. D’où cet effort que nous devons à chacun de nos citoyens de créer
les conditions nécessaires à ce que chaque personne puisse participer.
Dorénavant, la formation est un élément clé pour qu’une personne puisse
participer directement au marché du travail.
Ce projet est né et rendu possible suite à la mise sur pied d’un programme entre
le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec qui a commencé en 2000, et
qui avait déjà eu des parents. Ce n’est pas un programme qui est né d’une idée
spontanée en 2000, il y avait déjà eu des programmes d’aide aux travailleurs
âgés, mais un programme plus particulier est né en 2000 et a été renouvelé pour
un an.
Et le gouvernement du Québec est en négociation actuellement avec le
gouvernement fédéral pour que nous puissions poursuivre ce type de programmes,
l’élargir, y consacrer davantage de ressources. Cette volonté de le faire est
née du Forum des générations qui a eu lieu au mois d’octobre 2004. Vous vous
rappellerez, après les consultations qui ont eu lieu dans les régions du Québec,
il y a eu ce forum de quatre jours dans la région de Québec. Il en est ressorti
une volonté très claire de pouvoir rendre permanent ce type de programmes, d’y
investir davantage, de rejoindre un plus grand nombre de personnes.
Je suis très heureux aujourd’hui de l’annonce. C’est une annonce qui symbolise
en quelque sorte le succès du programme, les besoins qui sont là et surtout la
volonté du gouvernement du Québec de tendre la main puis de travailler avec les
partenaires, comme vous au Centre d’intégration au marché de l’emploi, pour que
l’on puisse donner le plus de chance de réussite aux femmes qui sont placées
dans une situation où elles ont perdu leur emploi ou sont menacées de perdre
leur emploi.
Alors, merci beaucoup et félicitations.
[Charest=20050818]
[Allocution du premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, à l’occasion de l’inauguration de la centrale de Toulnustouc]
Monsieur Pierre Corbeil,
Monsieur Thierry Vandal,
Monsieur Marjolain Dufour, qui est député à l’Assemblée nationale et qui
représente le comté dans lequel nous sommes, le comté de René Lévesque,
Monsieur Asselin, député à la Chambre des Communes, qui représente le comté de
Manicouagan,
Madame Lise Pelletier, préfet de Caniapiscau;
Monsieur Julien Boudreau, préfet de Mingani,
Monsieur Ivo Di Piazza, maire de Baie-Comeau,
Monsieur Michel Lévesque, maire de Franklin,
Madame Ginette Côté, présidente de la commission scolaire;
Je veux également souligner la présence de René Cimon, qui a été le signataire
original de l’entente au nom de la communauté de Betsiamites avec Hydro-Québec
au moment du lancement de ce projet en 2001.
Soit dit en passant, ce projet avait été lancé effectivement sous le
gouvernement précédent. Je pense qu’on avait invité monsieur Bouchard à être
avec nous aujourd’hui, malheureusement il ne pouvait pas y être, mais je ne veux
pas manquer l’occasion aujourd’hui de souligner le fait que c’est monsieur
Bouchard et son gouvernement qui ont autorisé le projet.
C’est important de le dire, ne serait-ce que pour une raison, pour rappeler que
dans cette grande aventure dans laquelle on s’est lancés, nous, au Québec, de
développer notre économie, notre territoire et l’énergie hydroélectrique. Il y a
une continuité dans nos gouvernements. Il y a une volonté commune. On n’a pas
toujours été d’accord sur tous les enjeux mais il y a un fil commun qui définit
en quelque sorte le peuple québécois et l’énergie hydroélectrique : ces projets
en sont le symbole.
Je suis ici aujourd’hui pour souligner la réalisation d’un très grand nombre
d’hommes et de femmes qui ont construit ce barrage, qui perpétuent une tradition
québécoise dont nous sommes extrêmement fiers, celle d’être les leaders mondiaux
dans le développement hydroélectrique et dans le développement de l’énergie. Et
mes premiers mots sont pour les travailleurs et les travailleuses qui ont
fièrement été à la hauteur de cette tradition québécoise, et de vous dire un
très grand merci du fond du cœur et de vous dire à quel point nous sommes fiers
de votre réalisation.
Évidemment, mes remerciements s’appliquent aux concepteurs, aux ingénieurs, à
ceux et celles qui ont travaillé à tous les jours pour rendre ce projet
possible. Je veux remercier, en particulier, le directeur du chantier, Laurent
Busque, qui est avec nous aujourd’hui et lui dire félicitations pour votre
réalisation.
Alors aujourd’hui, bien c’est l’occasion de faire le baptême de cette centrale
qui va nous donner plus de 500 mégawatts d’électricité. Pierre Corbeil, il y a
quelques minutes, vous disait à quel point ça arrive à un moment important
compte tenu des besoins énergétiques.
Il faudra souligner dans l’histoire de cette centrale que son inauguration, son
baptême en quelque sorte, arrive aussi à un moment important dans les
changements que nous vivons sur le plan énergétique mondial. La construction de
cette centrale s’inscrit dans les changements très intenses que nous vivons.
Mais y a pas que le contexte mondial qui nous préoccupe et qui retient notre
attention, il y a ce contexte dont parlait Georges-Henri Gagné du développement
du Québec. Et de notre volonté à nous Québécois et Québécoises de créer de la
richesse comme le disait le Chef Picard. De le faire en tenant compte d’abord de
nos besoins à nous en sécurité énergétique et de le faire en tenant compte des
besoins des régions.
Nous savons à quel point le Québec s’est construit à partir de ses régions et à
quel point on a pu s’enrichir grâce aux très grandes richesses de nos régions,
la première de ces richesses étant les hommes et les femmes qui habitent les
régions du Québec, et sur la Côte-Nord en particulier, où il n’y a , il faut le
dire, que 25 000 personnes. 25 000 personnes sur 7,5 millions d’habitants, c’est
peut-être pas beaucoup, mais 25 000 personnes qui enrichissent la vie, les
standards de vie de 7,5 millions d’habitants, ça c’est une grande réalisation.
Le gouvernement du Québec a envers vous une obligation celle de vous permettre
de vous développer, d’occuper le territoire et de continuer à prospérer.
Nous avons également pour l’avenir une obligation envers les générations futures
de développer des sources d’énergie qui sont renouvelables et on en est très
fiers. Aujourd’hui, c’est une autre occasion pour nous de dire au Québec, on
présente un des meilleurs bilan environnemental en Amérique du Nord. On est,
c’est vrai, le quatrième producteur d’hydroélectricité au monde mais ne
serait-ce, si ce n’était pas de la contribution québécoise, le Canada serait un
des pays, probablement le pays qui produirait le plus de gaz à effet de serre
per capita au monde.
Pourquoi ce n’est pas le cas, c’est parce que le Québec par son développement,
son choix en développement en hydroélectricité nous permet d’avoir accès à de
l’énergie propre, de l’énergie renouvelable, de l’énergie qui va justement nous
permettre non seulement de parler de développement durable mais de le vivre et
d’en donner un exemple.
Comme premier ministre du Québec, j’en suis extrêmement fier, parce qu’à chaque
occasion où je me trouve à l’extérieur du Québec, quand je parle du Québec, de
nos réalisations, de ce que l’on a à offrir, de notre ouverture sur le monde,
l’énergie est toujours la première chose dont je parle.
C’est donc aujourd’hui une célébration de l’ensemble de ces réalisations. Mais
la cérémonie d’aujourd’hui, elle est symbolique aussi, parce que l’on a sur la
même tribune aujourd’hui Georges-Henri Gagné qui représente en quelque sorte la
région, Thierry Vandal qui représente Hydro-Québec qui est une de nos grandes
institutions, Pierre Corbeil qui est le ministre des Ressources naturelles et de
la Faune, et le Chef Picard qui représente la communauté de Betsiamites.
Monsieur le Chef Picard vous a parlé des traditions de ses ancêtres et cela m’a
rappelé, monsieur le Chef, que la première fois que je suis venu ici dans la
région, c’est quand j’avais autour de dix ans, que je venais pour la première
fois pour une excursion de pêche avec mes parents, que je venais ici parce que
mon grand-père était venu ici dans les années 50 faire du défrichement et du
travail, pour préparer les barrages de la Manic.
Moi aussi, mes ancêtres ont fréquenté la région. J’ai amené aujourd’hui avec moi
ma plus jeune des filles parce que je veux faire le pont entre le passage de mon
grand-père puis la génération qui va suivre en qui, envers qui nous avons des
obligations.
Monsieur le Chef Picard, vos ancêtres et mes ancêtres ne sont pas en
contradiction. Ils ne sont pas opposés dans leur histoire. Ils voulaient la même
chose, le développement de la Côte-Nord. Ils voulaient, comme vous l’avez dit,
la création de la richesse.
Aujoud’hui, nous inaugurons un projet qui va être symbolique de ce que l’on est
capable de faire quand on a la volonté commune de faire du développement.
Toulnustouc, c’est un exemple de collaboration et de travail entre la communauté
de Betsiamites et l’ensemble des Québécois, c’est un exemple de retombées
économiques régionales pour toute la population de la Côte-Nord parce que c’est
un exemple de projet où les retombées économiques régionales ont été tangibles.
Pour les travailleurs qui ont travaillé sur le chantier mais aussi pour ceux qui
ont eu des contrats, que ça été vrai aussi pour les travailleurs de Betsiamites,
le projet qu’on inaugure aujourd’hui, faut que ce soit un projet fort pour
l’avenir, qui nous dit et qui nous rappellera constamment qu’on est capable de
trouver des réponses. On est capable de trouver des solutions.
Je veux que le projet d’aujourd’hui nous rappelle que tous les Québécois veulent
la même chose. On veut se développer, on veut le faire en respectant le
développement durable, on va y arriver. Croyez-moi, on va y arriver.
Si les premières réponses nous viennent pas facilement, ceux et celles qui ont
des responsabilités, des postes de leadership, eux, ont le devoir de trouver des
réponses et je veux que vous croyez en ma détermination aujourd’hui comme
premier ministre du Québec d’y arriver.
Mesdames et Messieurs, merci beaucoup d’être ici aujourd’hui. Tout le Québec
aujourd’hui est fier de vous.
[Charest=20051018]
[Discours du 18 octobre 2005 – Intervention du premier ministre à l’Assemblée nationale, à l’occasion d’une motion soulignant l’adoption par l’UNESCO du projet de Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles]
Merci, M. le Président. Alors, j’ai donc sollicité l’assentiment de cette
Assemblée pour souligner l’étape importante qui vient d’être franchie pour la
diversité des expressions culturelles. M. le Président, aujourd’hui, nous devons
tous nous réjouir que le projet de Convention sur la protection et la promotion
de la diversité des expressions culturelles a été adopté à l’UNESCO, hier, le 17
octobre dernier, à Paris, dans le cadre de la 33e Conférence générale de
l’UNESCO, qui prendra fin dans quelques jours.
Le projet de convention doit encore être approuvé par les membres de l’UNESCO,
qui se réuniront, cette fois en plénière, vendredi prochain, mais déjà nous
pouvons nous réjouir que 151 États aient exprimé un appui clair au projet de
convention, alors que seulement deux États ont voté contre. C’est en effet, M.
le Président, une victoire très importante, et nous devons l’attribuer en grande
partie aux efforts déployés par le gouvernement du Québec.
Le Québec a été l’un des premiers gouvernements à s’investir dans ce projet de
convention.
Rappelons que la position du Québec en matière de diversité culturelle remonte à
la fin des années quatre-vingt alors que le gouvernement du premier ministre
Robert Bourassa a insisté pour que nos industries culturelles soient exclues de
l’Accord de libre-échange conclu entre le Canada et les États-Unis. Cette prise
de position ferme sera réitérée en 1993, lors de la négociation et de la
signature de l’Accord de libre-échange nord-américain qui cette fois incluait
notre voisin du Mexique.
M. le Président, je me rappelle très bien le débat sur le libre-échange qui a
fait rage partout au Canada, au Québec, pendant les années quatre-vingt et
l’élection fédérale de 1988. Mais je veux vous rappeler, M. le Président, que,
sur cette question-là, dès ce moment-là, le gouvernement de Robert Bourassa, et
c’était le gouvernement de Brian Mulroney, ont fait front commun, et je me
rappelle très bien que les deux gouvernements avaient dit au gouvernement
américain que c’est non négociable. Si les secteurs de la culture ne sont pas
exclus, il n’y aura aucun accord de libre-échange entre nos pays. C’est le
fondement, c’est le fondement de la position que nous défendons aujourd’hui et
qui s’est exprimée hier, à l’UNESCO.
En 1999, parce qu’il y a eu de la continuité, M. le Président, là-dedans, le
Québec se prononçait formellement en faveur de la création d’un instrument
juridique contraignant pour la protection et la promotion de la diversité
culturelle. Je vous souligne, M. le Président, qu’il y a des mots qui sont
pleins de signification. Lorsqu’on parle d’instrument juridique, c’est parce
qu’on voulait faire contrepoids aux accords de libre-échange, qu’ils soient
bilatéraux ou multilatéraux. Et, lorsqu’on utilise le mot «contraignant», c’est
à dessein, parce que nous voulions rendre très clair que, si on devait opposer
un accord de libre-échange à l’autre, qu’ultimement on devait trancher en faveur
de la protection de la diversité culturelle.
C’est en septembre 2003, sous notre gouvernement, que, par décision du Conseil
des ministres, nous rendions officielle une position en faveur de la diversité
des expressions culturelles. Nous l’avions écrit dans notre programme électoral,
soit dit en passant, M. le Président, c’est toujours pertinent d’en parler, à la
période des questions on a eu l’occasion de le dire: Nous avions pris, nous, un
engagement, dans un document que nous avions rendu public pendant la campagne
électorale, intitulé De rempart à tremplin, nous avions pris l’engagement ferme
de défendre cette question sur toutes les tribunes.
Donc, depuis deux ans, mes collègues, la ministre de la Culture et des
Communications, qui est à Paris actuellement et qui est à l’UNESCO et qui défend
cette position québécoise, la ministre des Relations internationales, à qui je
veux rendre hommage aujourd’hui, parce qu’elle a travaillé sans relâche, depuis
les deux dernières années, à défendre cette question de la diversité
culturelle…
Je veux inclure, M. le Président, le ministre du Développement économique
également, qui a joint sa voix à celle de tous ses collègues, parce qu’on
s’attend à ce que la ministre de la Culture et des Communications défende
évidemment la culture, mais c’est encore plus important de s’assurer que le
ministre du Développement économique, incluant le ministre des Finances, ajoute
sa voix à celles de tous ses collègues pour que nous puissions présenter d’une
seule voix la position québécoise.
Nous avons donc défendu cet enjeu sur de nombreuses tribunes internationales,
que ce soit à Madrid, lors de la rencontre des ministres de la Culture des trois
espaces linguistiques, en juin dernier, ou à Shanghai, en octobre 2004, alors
que la ministre des Relations internationales nous représentait à la Rencontre
du Réseau International sur la politique culturelle, ou au Mexique, toujours en
2004, dans le cadre de la rencontre de l’Organisation des États américains.
À plusieurs reprises, M. le Président, je me suis moi-même porté à la défense de
la diversité des expressions culturelles auprès de gens d’affaires américains, à
New York. On en avait fait un point d’honneur lors de ma première intervention
devant un auditoire du secteur économique, à New York, pour rappeler à
l’auditoire américain que c’était pour nous une question de principe, que
c’était incontournable, que, si on devait parler d’échanges commerciaux entre le
Québec et les États-Unis, nous devions également parler de la protection de
notre culture.
Je l’ai fait également, M. le Président, lors de missions à Londres, à Davos, à
Berlin, au Mexique, lors de la mission économique France-Mexique-Québec, et je
l’ai fait auprès du président Fox, président du Mexique, au Sommet de la
Francophonie, en novembre dernier, où, pour la première fois dans l’histoire des
sommets, la culture a été traitée au même niveau que les plus grandes questions
de politique internationale, M. le Président. Et j’étais très fier, à ce
moment-là, en compagnie encore une fois de ma collègue des Relations
internationales, de me faire le porte-parole de plusieurs pays pour que nous
puissions les mobiliser sur cette question de la convention et les mobiliser,
entre autres, pour le vote qui a eu lieu hier. Essentiellement, le message,
c’était non seulement un message de fond, c’était non seulement un message
pour… un appel à la solidarité des pays pour défendre la culture, mais
également un appel de mobilisation pour que chaque pays membre de l’Organisation
internationale de la Francophonie puisse faire entendre sa voix.
Depuis plus de deux ans, M. le Président, le gouvernement du Québec a défendu la
diversité culturelle sur toutes les tribunes, et, aujourd’hui, nous pouvons nous
dire que nous avons gagné notre premier pari. Notre position est claire: nous
croyons que le commerce international est bénéfique, et c’est là où le Québec a
à plaider une situation qui, à mes yeux à moi, est unique et probablement
exemplaire. Rappelons-nous, M. le Président, que, de toutes les économies au
monde, nous avons, au Québec, une des économies les plus ouvertes. C’est presque
60 % de notre produit intérieur brut qui dépend de tout ce qu’on vend à
l’extérieur, dans le reste du Canada, aux États-Unis, ailleurs dans le monde, M.
le Président. Alors, à sa face même, ça peut paraître paradoxal, les gens nous
disent: Oui, mais, vous, vous bénéficiez beaucoup du libre-échange. Pourquoi
vous voudriez imposer des barrières, des contraintes?
Eh bien, justement, notre histoire à nous, Québécois, Québécoises, est
probablement le plaidoyer le plus éloquent en faveur d’un instrument, une
convention pour la protection de la diversité culturelle. Nous croyons que le
processus actuel de mondialisation pourrait mettre en péril la capacité des
États et des gouvernements de prendre des mesures de soutien à la culture. Et,
là-dessus, on en profite, basés sur notre expérience à nous, encore une fois,
Québécois et Québécoises, pour dire au monde entier que la mondialisation doit
se faire à certaines conditions.
Et je vous prédis, M. le Président, que cette Convention sur la diversité
culturelle va également inspirer d’autres personnes à agir sur d’autres
questions, sur les questions des droits des travailleurs, par exemple, sur les
questions d’environnement, sur les questions de développement durable. Si on
peut le faire pour la diversité culturelle, pourquoi on ne le ferait pas
également pour protéger notre patrimoine naturel? Peut-être attendons-nous
encore une fois le leadership du Québec pour avancer sur ces questions. Mais,
dans notre cas à nous, il a toujours été très clair que notre histoire, notre
expérience nous amenait à défendre avec beaucoup, beaucoup de fermeté cette
volonté de protéger notre culture.
La culture, ce n’est pas un produit comme les autres. Nous sommes, pour ainsi
dire, la preuve vivante du fait que la culture recèle l’identité des peuples,
leur unicité et leur vision du monde. Nous, Québécoises et Québécois, nous avons
conservé le caractère unique et original de notre culture en nous donnant les
moyens d’en assurer l’expression et le développement. Et ce qui est vrai pour
nous l’est pour toutes les cultures du monde, tant celles des nations prospères
que celles des pays en développement. Pour garantir ce droit des États de
soutenir leurs créateurs et leurs industries culturelles, l’omission de la
culture des grands accords commerciaux s’est rapidement montrée insuffisante
parce qu’on agissait… Il faut le voir sur le plan à la fois du fond mais sur
le plan juridique, on se trouvait à agir par omission, on n’en parlait pas dans
les accords commerciaux. Or, ce n’était pas, à nos yeux à nous, suffisant. Il
nous fallait une véritable stratégie gagnante, une stratégie à long terme, une
voie plus efficace, mais surtout une solution durable.
C’est ainsi qu’est née l’idée d’un instrument juridique international sur la
diversité culturelle. Cette idée est née au Québec, et c’est le Québec qui,
rapidement rejoint par la France, par le Canada aussi, parce que, et je tiens à
le souligner aujourd’hui, sur cette question de la diversité culturelle, le
gouvernement fédéral canadien et le gouvernement du Québec ont toujours
travaillé en étroite collaboration. Eh bien, étant rejoints à la fois par la
France et d’autres pays, nous avons fait avec succès la promotion sur toutes les
tribunes internationales, tant à l’UNESCO qu’à l’Union européenne, qu’à
l’Organisation internationale de la Francophonie et le Réseau international sur
la politique culturelle, de cette question de la diversité culturelle.
Le Québec s’est également imposé dans ce débat grâce au travail acharné et aux
efforts soutenus de plusieurs Québécois, que nous devons remercier aujourd’hui.
M. le Président, j’aimerais souligner et féliciter l’excellent travail de la
Coalition pour la diversité culturelle, et particulièrement son coprésident, M.
Pierre Curzi, et le vice-président exécutif, M. Robert Pilon. Grâce à eux et à
toute leur équipe, on compte aujourd’hui plus de 30 coalitions réunissant les
milieux artistiques et culturels dans autant de pays. La coalition a su créer un
partenariat remarquable entre les gouvernements, les institutions multilatérales
et la société civile. Sans aucun doute, l’apport de la société civile dans ce
combat a été primordial et le demeurera aussi pour les étapes à venir.
Je tiens également à adresser mes plus chaleureuses salutations à M. Ivan
Bernier, ce juriste de grande réputation qui a accompli un travail colossal afin
de dégager les avenues juridiques permettant la mise en oeuvre d’une convention
sur la diversité culturelle, entre autres dans une étude publiée en 1998, en
collaboration avec la France.
Nous pouvons à juste titre, M. le Président, nous réjouir aujourd’hui, car c’est
un grand pas que nous avons franchi. Il a fallu débattre, échanger, convaincre,
faire preuve aussi d’une très grande persévérance ― et là-dessus les Québécois,
on le sait, se définissent comme étant des hommes et des femmes d’une très, très
grande persévérance, incluant de temps en temps leur gouvernement ― et ça a été
pour nous donc un combat de tous les instants pour en arriver à un consensus sur
le texte de la convention.
En terminant, je tiens à vous dire, vous rappeler, M. le Président, que le
combat n’est pas terminé; viendra maintenant le processus de ratification. Pour
que la convention soit mise en oeuvre, au moins 30 États devront la ratifier.
Nous ne pouvons donc pas baisser les bras. Le Québec maintiendra son rôle de
leader dans la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles en étant le premier État à approuver le projet de convention. C’est
ce que je souhaite, et j’interpellerai tous les députés de l’Assemblée nationale
pour que nous puissions poser ce geste le plus rapidement possible. Le processus
sera mis en branle dans les prochains jours, et nous pouvons nous attendre à une
adoption dans les semaines à venir.
Les gouvernements engagés dans la défense de la diversité des expressions
culturelles doivent demeurer mobilisés et poursuivre leur sensibilisation afin
que cette convention voie le jour et se révèle efficace aussi. Parce que ce
n’est pas tout que de faire une convention, encore faut-il qu’elle soit
ratifiée, encore faut-il qu’elle soit mise en oeuvre, encore faut-il éviter
qu’elle soit ensuite contredite par d’autres actions, dans d’autres forums, pour
ne pas les nommer, comme l’OMC, M. le Président. Alors, nous devrons être
extrêmement vigilants sur cette question.
Nous serons là avec nos alliés du Canada, de la France, les pays de la
Francophonie, de l’Union européenne, l’Amérique du Sud, avec la société civile,
la coalition, mais surtout et finalement, M. le Président, avec nos artistes,
avec nos créateurs, pour qui nous avons voulu donner un environnement qui va
permettre l’épanouissement de notre peuple, de notre culture et de notre langue,
M. le Président. Et, si on a fait tant d’efforts, si on a voulu y mettre tant
d’énergie, c’était aujourd’hui pour leur rendre hommage, leur dire merci, leur
dire que «nous croyons en vous» et que nous voulons continuer à être inspirés
par les hommes et les femmes qui définissent ce que nous sommes. Merci, M. le
Président.
[Charest=20051020]
[Discours du 20 octobre 2005 à l’occasion d’une rencontre d’organismes communautaires issus des communautés culturelles]
Je veux saluer les membres de votre conseil d’administration,
Je suis ici aujourd’hui en grande partie suite à l’invitation que nous a faite
Line Beauchamp.
Pour vous situer un petit peu, c’est un peu comme si on présente quelqu’un qu’on
aime beaucoup à quelqu’un d’autre. Dans la vie, il nous arrive de rencontrer des
gens pour qui on a beaucoup d’amour et d’admiration, et pour qui on a beaucoup
de respect. Et quand on trouve ces gens-là, bien on a le goût de partager la
joie de les avoir rencontrés avec d’autres personnes. Et c’est un peu dans cet
esprit-là que Line nous amène chez-vous ce matin, pour présenter des gens avec
qui elle a eu l’occasion de travailler, et qu’elle admire profondément.
Nous faisons une consultation pour la Stratégie d’action-jeunesse qui nous amène
dans toutes les régions du Québec. La semaine dernière, nous étions à
Victoriaville ensemble, nous avons été à Trois-Rivières, sur la Côte-Nord, en
Gaspésie. Roch, lui, aura fait le tour de tout le Québec à lui seul.
Et partout où on va, on rencontre des jeunes pour les écouter et pour être avec
eux, pour constater leur réalité. Pas chercher à leur dire ce que nous on veut.
Ce qu’on veut, c’est écouter, voir, comprendre, apprécier ce qui se fait.
Dans les communautés culturelles et dans Montréal-Nord, la réalité n’est pas la
même que sur la Côte-Nord. C’est ni bon, ni mauvais. Il s’agit plutôt de se
rappeler que les jeunes, c’est pas un groupe homogène. Les jeunes ne sont pas
pareils les uns les autres. C’est normal, c’est souhaitable.
Notre devoir à nous, c’est pouvoir le comprendre, le voir. Savoir qu’ici, par
exemple dans Montréal-Nord, il y a des enjeux qui sont présents, qu’on ne voit
pas ailleurs. Il y a toute la question de la diversité. Les accents, par
exemple. Une société riche, c’est une société qui a plusieurs accents. La langue
française est la langue du Québec mais elle ne se parle pas de la même façon à
chaque endroit. Et on vit dans une société qui est plurielle au sens noble du
terme. C’est-à-dire des gens de toutes les origines. Et cela, ça enrichit
beaucoup le Québec. Ça enrichit ce que nous sommes, mais ça vient aussi avec des
problèmes qui sont particuliers à certains groupes. L’intégration, ça ne se fait
pas du jour au lendemain, ça n’arrive pas automatiquement. Il faut que l’on
puisse favoriser l’intégration. Qu’on puisse la permettre.
Alors, en ce sens-là, c’est très important ce que vous faites ici à l’Escale.
C’est très très important. Je suis beaucoup touché par tout ce j’ai entendu et
que j’ai vu ici aujourd’hui, parce que je sens qu’il y a quelque chose de très
vrai ici. Il y a quelque chose de réel.
Et, il y a une chose que je retiens. C’est que c’est très important de se
parler. Que ce soit la sexualité, que ce soit la consommation de drogue, de la
consommation d’alcool, ou que ce soit autre chose, c’est important de pouvoir
dire les choses et de se parler. Ça, c’est la première condition pour que l’on
puisse grandir ensemble, que l’on puisse s’épanouir.
La deuxième condition, c’est d’avoir des gens autour de nous qui sont aussi des
modèles qui nous inspirent. C’est d’avoir des gens autour de nous avec qui on
peut partager ces choses-là, et qui peuvent nous guider dans les choix que l’on
faits. Parce que l’on a des choix à faire puis après ça, nous sommes
responsables de nos choix . Dans la vie, on revient toujours à la responsabilité
qu’on a pour nos choix. Ce qui m’encourage, c’est de vous voir aussi bien
entourés.
Je pense, entre autres, aux policiers de la Ville de Montréal qui sont très
présents ici et je sais que vous supportez tout ce qui se fait ici comme police
communautaire. Je pense à ce que vous faites au niveau de la musique, parce que
c’est un autre langage ça. On dit que même l’humour est un langage, c’est une
façon de parler, c’est une façon de dire les choses. Puis, il faut juste être
capable d’écouter. Juste capable d’écouter, dieu sait que c’est déjà beaucoup.
On voit là un rôle très important des groupes communautaires.
Je veux vous remercier de l’accueil très chaleureux que vous me faites. Je veux
dire aux organismes qui travaillent autour de vous, dans votre orbite, qui
décorent vos murs et qui occupent vos vies, qu’ils jouent un rôle très
important.
Il y a aussi les carrefours jeunesse-emploi. Je veux en parler ici, parce que
j’en ai parlé partout au Québec, ils sont très importants pour l’avenir. Je
crois que les carrefours peuvent jouer un rôle important.
En terminant, je veux vous remercier de la chaleur de votre accueil et vous dire
que je n’oublierai pas cette rencontre. Ça va être, de toute la consultation,
une des rencontres que l’on va parler le plus.
Bravo, félicitations.
Merci.
[Charest=20051024]
[Annonce d’une contribution financière pour l’amélioration des infrastructures de Rivière-du-Loup]
Madame, Messieurs,
Représentants des médias,
Merci à Jean D’Amours pour son accueil ici, dans la Ville de Rivière-du-Loup. Je
veux aussi réitérer mes félicitations pour son élection par acclamation, à
l’unanimité.
Et vous reconnaissez évidemment Claude Béchard qui m’accompagne aujourd’hui, qui
est également ministre du Développement économique, de l’Innovation et de
l’Exportation. Également ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et de la
Côte-Nord.
Je veux aujourd’hui confirmer une nouvelle qu’on a rendu publique ce midi à la
Chambre de commerce, c’est-à-dire un investissement de presque 6 millions de
dollars pour l’usine d’épuration des eaux de Rivière-du-Loup. Investissement
auquel le gouvernement du Québec va contribuer à la heuteur de presque 3
millions de dollars.
Nous le faisons dans le cadre de notre Programme d’infrastructures
Québec-Municipalités, qui est un programme qui fait presque 600 millions de
dollars et qui est en droite ligne avec le principe de développement durable. Ce
programme met l’accent sur les questions qui relèvent de l’eau, que ce soit les
eaux potables, les eaux usées, enfin tout ce qui touche les infrastructures qui
touchent à la consommation et à l’utilisation de l’eau au Québec.
C’est un programme qui est fait en partenariat avec les municipalités. Ce
programme reflète aussi la volonté du gouvernement de faire un rattrapage dans
le développement de nos infrastructures. Nous avons pris un retard
malheureusement au Québec. Cette année, nous dépenserons presque 5 milliards de
dollars en dépenses d’infrastructures. C’est un record, c’est 4,9 milliards pour
être très précis. Seulement au niveau des infrastructures routières, c’est 1,3
milliard de dollars cette année seulement.
Ça, c’est le maximum de ce que l’on peut dépenser compte tenu de la capacité de
l’industrie de construire des infrastructures routières. Alors, c’est vous dire
à quel point on voit là-dedans un élément très important pour assurer la
compétitivité du Québec. On le fait dans le domaine de l’éducation, dans le
domaine de la santé également, et on le fait parce qu’on veut donner aux
Québécois et Québécoises des projets structurants qui vont permettre du
développement économique et de la création de richesse.
Alors, voilà l’annonce que nous voulions partager avec vous.
Merci.
[Charest=20051024]
[Allocution du 24 octobre 2005 – Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup]
Monsieur le Ministre du Développement économique
Monsieur le Président de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Il me fait très plaisir de me retrouver aujourd’hui dans votre région. Vous
vivez dans l’un des plus beaux coins du Québec. Chaque passage chez vous est
pour moi une joie.
Le Bas-Saint-Laurent est une région emblématique du Québec. Ici, le Québec
forestier rejoint le Québec maritime; la ruralité cohabite avec l’urbanité;
l’économie traditionnelle côtoie la nouvelle économie.
Ici, on trouve à la fois un condensé des défis du Québec et la preuve de notre
capacité à les relever.
Dans le Bas Saint-Laurent, vous vivez dans un même souffle les changements
démographiques, la pression de la concurrence internationale, les besoins en
main-d’œuvre qualifiée, l’élan de la diversification économique et la nécessité
d’évoluer vers le développement durable.
C’est tout le Québec qui se révèle ici dans ses forces comme dans ses défis.
C’est de nos défis dont je suis venu vous parler aujourd’hui et de la manière
dont nous agissons pour les relever.
Comme vous le savez, je suis allé en Chine il y a quelques semaines à la tête
d’une délégation de 150 Québécois. Ce que j’y ai vu m’a renversé. Voyager en
Chine, c’est voyager dans le temps. C’est passer d’une société aux traditions
millénaires aux faubourgs de Shanghai qui est une ville du futur.
L’éveil de la Chine est certainement le plus grand bouleversement économique
depuis l’informatisation qui a révolutionné les méthodes de gestion et de
production. L’éveil de la Chine est en train de bouleverser les mouvements des
biens et des marchandises sur la planète.
Pour toutes les économies occidentales, c’est un défi. Nous pouvons y voir une
menace, mais nous pouvons aussi y voir des occasions de croissance.
Et c’est vrai jusqu’ici, à Rivière-du-Loup.
J’aimerais saluer le président de Premier Tech, M. Bernard Bélanger. Voici une
entreprise établie en région depuis 80 ans, qui a développé une expertise
mondialement reconnue, notamment dans le domaine des technologies
environnementales.
Premier Tech, qui est déjà active en Asie, annoncera aujourd’hui l’obtention
d’un important contrat avec la ville de Shanghai.
La mondialisation, c’est aussi l’affaire des régions. Vous avez votre place dans
la nouvelle économie mondiale.
Je veux saluer un autre entrepreneur de le région. En fait, c’est un Beauceron;
un Beauceron qui a choisi le Bas Saint-Laurent. M. Guy Bonneville, qui a repris,
il y a quelques années, les fenêtres Alphonse Lepage de Rivière-du-Loup. C’est
aujourd’hui une entreprise de 250 employés qui fabrique des portes et fenêtres
en bois haut de gamme. L’entreprise a bénéficié de l’appui d’Investissement
Québec cette année pour augmenter ses exportations aux Etats-Unis et créer plus
d’emplois à Rivière-du-Loup.
On a beaucoup parlé ces derniers jours de 2e et 3e transformation du bois. En
voici un bel exemple.
Le Québec fait face aujourd’hui à une convergence de défis sans précédent dans
notre histoire.
J’ai évoqué la Chine, qui fait pression sur notre économie. Mais parallèlement,
nous faisons face à des changements démographiques qui sont en train de
transformer notre société.
En 2011, le nombre de travailleurs commencera à décliner au Québec. En 2013, le
nombre de personnes de plus de 65 ans dépassera le nombre de personnes de moins
de 18 ans. En bout de ligne, ce que ça veut dire, c’est moins de personnes pour
financer nos services publics avec leurs impôts et plus de personnes qui auront
besoin de services publics.
Par ailleurs, nous sommes à la fois les plus endettés et les plus taxés du
continent. Les portes de l’endettement et de la taxation sont donc fermées.
La semaine dernière, l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, secondé par une
douzaine de leaders québécois, publiait un texte intitulé Pour un Québec lucide.
Ce texte reprend avec force ces défis auxquels nous faisons face.
Laissez-moi vous en citer un extrait :
« Ce ralentissement démographique se produit au pire moment qui soit, à une
époque où les pays occidentaux sont appelés à faire face à une concurrence
inédite venant des pays asiatiques, tout particulièrement les géants chinois
et indien. (…) Loin d’être abstraites et lointaines, les conséquences du
déclin démographique commencent à se faire sentir; on n’a qu’à penser à
l’augmentation rapide des dépenses de santé, que nos gouvernements n’arrivent
pas à juguler et qui est en partie attribuable au vieillissement de la
population. On sait aussi que l’économie québécoise croît moins rapidement que
celle des provinces et états voisins; or, la faiblesse de notre démographie
est l’une des causes de cet essoufflement. »
La seule façon de s’en sortir, c’est de renouveler nos façons de faire et de
nous mettre au travail.
La principale difficulté, c’est la résistance au changement ; l’attachement à
nos habitudes. Le manifeste Pour un Québec lucide témoigne de cette résistance
au changement. Et je cite : « Le monde a changé et il faut nous adapter aux
nouvelles réalités. Refuser de le faire, ce serait comme s’entêter à taper ses
lettres à la dactylo sous prétexte que c’est avec celle-ci qu’on a appris à
écrire.(…) Cette espèce de refus global du changement fait mal au Québec parce
qu’il risque de le transformer en république du statu quo, en fossile du 20e
siècle. »
Depuis notre élection, l’action de notre gouvernement a été entièrement orientée
vers la prise en main de nos défis et j’estime que les principales critiques
auxquelles nous avons fait face sont liées à cette résistance naturelle au
changement.
Depuis que nous sommes élus, nous avons investi plus de 3 milliards de dollars
en santé. Nous nous préparons de cette façon à soigner plus de Québécois. Mais
nous ne faisons pas qu’investir davantage ; nous avons aussi réorganisé le
système de santé. Nous avons réuni les établissements en réseau pour être plus
efficace et nous avons fusionné les unités d’accréditation syndicale pour
assouplir la gestion du système.
En moins de trois ans, nous avons rajouté un milliard de dollar au budget de
l’éducation. Ceux qui sont sur les bancs d’école, sont moins nombreux que la
génération de leurs parents ; ils devront donc être meilleurs que nous, mieux
formés et mieux éduqués.
Nous avons aussi placé la famille au cœur de notre action, en soutenant toutes
les familles avec enfants, en développant le réseau des garderies et en
concluant une entente avec le gouvernement fédéral sur les congés parentaux.
C’est aussi une réponse au défi démographique, faire du Québec un meilleur
endroit pour voir naître et grandir des enfants.
Nous avançons dans la maîtrise de nos défis. Nous agissons de manière
responsable, avec conviction et rigueur.
Mais la principale solution à nos défis, le passage obligé, c’est la création de
richesse.
Si nous voulons préserver nos services publics ; si nous voulons nous donner une
marge de manœuvre financière et alléger le poids de notre dette, il faut générer
davantage de richesse au Québec.
Il faut nous donner une économie plus performante qui permettra d’augmenter le
niveau de vie des Québécois.
C’est exactement l’esprit de la nouvelle stratégie de développement économique
présentée il y a 10 jours par Claude Béchard.
Cette stratégie de développement économique présente un changement important,
une évolution philosophique.
Le rôle du gouvernement des années 2000, ce n’est pas de se substituer aux
entrepreneurs et aux investisseurs privés. Agir de la sorte, ça donne des
désastres comme la Gaspésia. Il ne faut plus que ça arrive. Le gouvernement n’a
pas le droit de jouer avec les espoirs des citoyens et avec les millions des
contribuables.
Le rôle du gouvernement, c’est de préparer le terrain. Ça veut dire :
une politique fiscale qui favorise l’investissement;
des programmes ciblés d’aide à l’innovation, à l’amélioration de la
productivité et à l’exportation;
favoriser la présence d’une main-d’œuvre qualifiée;
faire en sorte qu’il y ait des infrastructures de qualité.
Le rôle du gouvernement, c’est de créer le meilleur contexte possible pour que
l’entrepreneur puisse réussir et pour que l’investisseur puisse investir. C’est
de labourer la terre, mais ce sont les Québécois qui doivent semer les grains de
leur réussite et travailler pour récolter leur succès.
Le virage philosophique de cette stratégie de développement économique c’est de
poser comme principe premier que la réussite du Québec, c’est l’affaire de tous
les Québécois.
Nous sommes tous des agents de développement et de progrès économique et social.
Nous sommes tous une partie de la solution à nos défis. Nous sommes tous une
partie de la force québécoise.
Notre ambition, c’est de faire du Québec le meilleur endroit en Amérique du Nord
pour créer une entreprise ou investir dans la croissance d’une entreprise.
C’est notre responsabilité comme gouvernement. Mais ce sont les Québécois qui
vont faire la réussite du Québec.
Notre responsabilité, comme gouvernement, c’est aussi la préservation de nos
ressources.
Notre gouvernement a eu le courage de réduire l’exploitation forestière. À
l’échelle du Québec, nous avons réduit de 20 % la possibilité ligneuse.
Il n’y a personne qui veut voir se répéter avec notre forêt ce qui est arrivé
avec notre morue. Ce qui est nécessaire n’est jamais facile. Mais une société
qui grandit, c’est une société qui prend ses responsabilités. C’est ce que nous
faisons ensemble.
Votre région va bénéficier de mesures que nous avons annoncées la semaine
dernière pour atténuer les impacts de cette décision nécessaire. C’est 18,2
millions $ d’argent neuf pour la région.
Avec cet argent, nous allons intervenir sur quatre tableaux différents :
Nous allons aider les entreprises qui coupent du bois à mieux le couper, à
mieux protéger la forêt;
Nous allons aider les travailleurs affectés par cette décision à développer
d’autres compétences pour qu’ils puissent réorienter leur carrière et occuper
des emplois disponibles ici dans la région. Une aide sera spécialement
destinée aux travailleurs plus âgés.
Nous allons investir davantage dans la réalisation de projets de 2e et 3e
transformation du bois.
Et nous allons favoriser la diversification économique déjà bien amorcée au
Bas-Saint-Laurent.
Ces mesures d’atténuation ont été élaborées avec les régions. Une partie
importante des budgets alloués sera d’ailleurs gérée en région, en fonction de
vos priorités, de vos projets d’avenir.
À l’échelle du Québec, c’est un demi milliard $ que nous allons consacrer au
cours des trois prochaines années dans cette offensive sans précédent de
préservation de notre patrimoine forestier.
C’est un effort que nous vous demandons; c’est un effort que nous faisons avec
vous pour que les générations qui nous suivent puissent elles aussi profiter de
notre forêt.
C’est l’esprit même du développement durable.
Il se passe de belles choses dans le Bas-Saint-Laurent.
Je salue votre dynamisme et votre confiance dans l’avenir. Vous avez des projets
et vous avez l’énergie de les réaliser.
Le gouvernement est avec vous, dans vos projets de développement autant que dans
vos épreuves. Je pense par exemple aux mises à pied annoncées à l’usine Uniboard
de Sayabec, à la fin septembre. La municipalité de Sayabec va bénéficier d’une
aide gouvernementale spéciale accordée aux localités monoindustrielles. C’est un
dossier qui est suivi de très près par Claude Béchard et sa collègue Nathalie
Normandeau.
Vous avez fait le débat sur le projet de terminal gazier à Cacouna et vous avez
décidé démocratiquement d’aller de l’avant. Nous sommes solidaires de votre
décision.
Vous pouvez compter sur l’appui de notre gouvernement. C’est dans votre région,
par exemple, que se trouve l’un des plus importants chantiers routiers au
Québec. C’est le réaménagement de la 185.
Notre gouvernement a entrepris des changements importants, qui sont nécessaires
et qui vont dans le sens du développement à long terme du Québec.
Nous avons cette vision d’un gouvernement responsable qui fait équipe avec des
citoyens responsables pour que nous puissions tous grandir ensemble et relever
nos défis.
Merci.
[Charest=20051027]
[déjeuner-gala de remise des Grands Prix québécois de la qualité 2005]
Monsieur Rock Dubé, coprésident du Conseil des gouverneurs,
Madame Gisèle Desrochers, présidente du conseil d’administration du Mouvement
québécois de la qualité,
Monsieur Bruno-Marie Béchard, président du jury des Grands Prix québécois de la
qualité,
Cher collègue, Claude Béchard, ministre du Développement économique, de
l’Innovation et de l’Exportation,
Membres du Conseil des gouverneurs,
Distingués invités,
Il me fait très plaisir d’être avec vous aujourd’hui pour participer à cet
événement très prestigieux qu’est la remise annuelle des Grands prix québécois
de la qualité.
Et je voudrais, d’entrée de jeu, saluer tout le travail qui est accompli par le
Mouvement québécois de la qualité.
Votre organisation, Madame Desrochers, joue un rôle important dans la diffusion
et la promotion de valeurs d’excellence au sein des entreprises québécoises.
Et je voudrais rappeler aux gens ici présents, la collaboration qui s’est
établie entre notre gouvernement et le Mouvement québécois de la qualité dans la
cadre du Défi entrepreneuriat jeunesse, que nous avons lancé à l’hiver 2004 pour
promouvoir les valeurs entrepreneuriales chez les jeunes.
Au Québec, nous n’aurons jamais l’avantage du nombre. Le seul avantage à notre
portée est l’excellence. Et vous en êtes d’ardents promoteurs.
Je vous remercie de ce que vous faites.
Nous avons besoin de mouvements comme le vôtre, parce que les valeurs que vous
prônez sont celles qui nous aideront à relever les défis auxquels nous faisons
face.
On ne peut pas dissocier l’action de notre gouvernement de ces défis.
En 2011, le nombre de travailleurs va commencer à diminuer au Québec. En 2013,
le nombre de personnes de plus de 65 ans va dépasser le nombre de personnes de
moins de 18 ans. Ça veut dire moins de travailleurs qui vont financer avec leurs
impôts une demande accrue en services publics. C’est le défi démographique.
Parallèlement, nous sommes tout à la fois les plus endettés et les plus taxés du
continent. Ce sont donc deux portes, l’endettement et la taxation, qui nous sont
fermées. C’est le défi des finances publiques.
Et pendant que nous faisons face à ces défis, nos entreprises, elles, sont
confrontées à la concurrence nouvelle de la Chine et des autres économies
émergentes comme l’Inde et le Brésil.
Rarement, dans l’histoire du Québec, nous avons été confrontés à une telle
convergence de défis.
Pour traverser cette zone de turbulence, il faut changer nos façons de faire et
c’est ce que fait notre gouvernement.
Et celui qui change les choses s’expose à la résistance au changement. C’est
vrai en entreprise, c’est vrai aussi au gouvernement.
La semaine dernière, l’ex-premier ministre Lucien Bouchard flanqué d’une
douzaine de leaders du Québec publiait le manifeste Pour un Québec lucide.
Ce manifeste faisait les même constants que notre gouvernement quant aux défis
et il notait que le principal obstacle à notre avancement était justement la
résistance au changement :
« Le monde a changé et il faut nous adapter aux nouvelles réalités. Refuser de
le faire, ce serait comme s’entêter à taper ses lettres à la dactylo sous
prétexte que c’est avec celle-ci qu’on a appris à écrire.(…) Cette espèce de
refus global du changement fait mal au Québec parce qu’il risque de le
transformer en république du statu quo, en fossile du 20e siècle. »
Notre gouvernement a entrepris de redéployer les forces du Québec, pour relever
nos défis.
Nous avons réinvesti 3 milliards $ en santé et nous avons réorganisé le réseau
de la santé pour nous préparer à mieux soigner les Québécois.
Nous avons réinvesti plus d’un milliard $ en éducation pour que ceux qui nous
suivent, qui sont moins nombreux que la génération de leurs parents, puissent
continuer à faire prospérer le Québec quand nous, nous serons vieux.
Nous avons mis en place des mesures d’aide à la famille pour qu’il soit plus
facile au Québec de voir naître et grandir des enfants.
Nous avançons dans le sens de la maîtrise de nos défis. Et c’est aussi l’esprit
de la nouvelle stratégie de développement économique qui a été récemment
présentée par Claude Béchard.
L’objectif fondamental, c’est de créer plus de richesse au Québec, pour que nous
puissions préserver des services publics de qualité, et c’est aussi que nos
entreprises puissent mieux faire face à la concurrence internationale.
Cette nouvelle stratégie de développement économique redéfinit le rôle du
gouvernement en matière de développement économique. Le rôle du gouvernement,
c’est de préparer le terrain.
Ça veut dire :
une politique fiscale qui favorise l’investissement;
des programmes ciblés d’aide à l’innovation, à l’amélioration de la
productivité et à l’exportation;
favoriser la présence d’une main-d’œuvre qualifiée;
faire en sorte qu’il y ait des infrastructures de qualité.
Le rôle du gouvernement, c’est de créer le meilleur contexte possible pour que
l’entrepreneur puisse réussir et pour que l’investisseur puisse investir.
Le virage philosophique de cette stratégie de développement économique c’est de
poser comme principe premier que la réussite du Québec, c’est l’affaire de tous
les Québécois.
C’est l’idée qui est portée par le Mouvement québécois de la qualité et qui est
consacrée par les prix que nous décernons aujourd’hui.
Si chacun de nous, dans son entreprise vise l’excellence, c’est le Québec en
entier qui atteindra les plus hauts sommets.
Nous sommes tous une partie de la solution.
Les organisations qui seront honorées aujourd’hui ont atteint les plus hauts
niveaux de performance et de compétitivité dans une économie mondiale.
Elles deviendront des exemples et des inspirations.
Elles sont la preuve de la capacité du Québec à briller parmi les meilleurs.
Je vous encourage tous à continuer de promouvoir l’amélioration et l’innovation
dans vos organisations et auprès de vos partenaires d’affaires, et à faire
valoir les forces et les avantages du Québec.
Le meilleur est devant nous; le meilleur est ici, dans cette salle.
Merci.
[Charest=20051013]
[Séminaire de Chine]
Les pays émergents, plus particulièrement l’Inde : Un défi pour le Québec
Madame la Haute commissaire du Canada à New Delhi,
Dear members of the economic delegation of the Confederation of Indian Industry,
Mesdames, Messieurs,
Je veux, d’entrée de jeu, féliciter les Manufacturiers et exportateurs du
Québec, ainsi que leurs partenaires, d’avoir organisé ce séminaire sur les
relations d’affaires entre le Québec et l’Inde. Je vous remercie aussi pour
cette invitation qui me permet ce matin de venir vous parler des enjeux et défis
qui nous attendent dans le cours de ces relations.
Le fait que nous soyons aussi nombreux ici aujourd’hui est révélateur d’une
nouvelle donne incontournable dans l’environnement des entreprises : il faut
s’intéresser à l’Inde et il faut se positionner en Inde.
L’Inde est la 10e puissance économique mondiale, elle regroupe 17 % de la
population de la planète. Elle réunit les conditions pour poursuivre sa lancée
comme pôle majeur du développement économique mondial au cours des prochaines
années. Cette réalité, vous l’avez certainement comprise.
Il est clair que le Québec ne peut rester les bras croisés devant les
formidables changements que provoque l’émergence de l’Inde sur l’échiquier
mondial, comme celle aussi de la Chine. Des projections indiquent qu’au cours
des 20 prochaines années, la Chine passera du 7e au 2e rang mondial en terme de
PIB, alors que l’Inde se hissera au 3e rang des grandes puissances, devant le
Japon.
The emergence of these countries leads to the arrival of large groups, Indian
and Chinese, who represent for us business partners in the world. This is
particularly important for India. I am thinking for instance of the Tata Group,
one of India’s largest conglomerate, which has been in Quebec since a few years.
And I would like to welcome its representatives who are with us today.
Parallèlement, en Inde comme en Chine, une classe moyenne de consommateurs se
développe à grande vitesse. Elle est à hauteur d’un demi milliard de personnes
si on combine les données des deux pays. Dans une édition récente, Business Week
nous apprenait que la Chine constitue déjà le 3e marché mondial de l’automobile
et compte le plus grand nombre d’abonnés au téléphone cellulaire. La
consommation en Inde suit maintenant la même trajectoire ascendante que celle
qu’a connue la Chine depuis le début de la décennie.
Il m’apparaît essentiel que le Québec se prépare, dès maintenant, face à ce
nouveau contexte mondial, et mon gouvernement est disposé à travailler en ce
sens avec vous. Le phénomène des marchés émergents a d’ailleurs fortement
conditionné notre nouvelle stratégie de développement économique, rendue
publique plus tôt ce mois-ci par notre ministre Claude Béchard.
Notre stratégie, je vous le rappelle, a pour grand objectif de favoriser la
prospérité et la création de richesse pour les Québécois, et l’un des moyens
pour y arriver est d’améliorer notre performance sur les marchés situés à
l’extérieur du Canada et des États-Unis. Il ne s’agit évidemment pas d’être
présent partout. La taille de notre économie et de nos entreprises nous amène à
effectuer des choix stratégiques. Parmi les pays les plus prometteurs, au-delà
du marché naturel que constitue pour nous l’Amérique du Nord, se trouvent la
Chine et l’Inde.
Dans le cas de la Chine, on peut affirmer que nous avons bien progressé, tant
vous comme entreprises que nous comme gouvernement, et ce bien souvent ensemble.
L’éveil du Québec à la Chine s’est fait dès le début de la libéralisation
économique de l’Empire du Milieu, il y a 25 ans.
J’ai pu constater moi-même, en dirigeant le mois dernier une mission de quelque
155 entreprises et institutions québécoises à travers la Chine, que le Québec
est sur la bonne voie quant au développement de ses affaires dans ce pays.
But, what is going on with India? First, we must recognize that India’s
emergence as an economic power was rather theoretical just a decade ago. At
least, the extent of the phenomenon, as we know it today, was not integrated to
our vision of the world. Actually, India’s economic openness started only at the
beginning of the nineties. Without the ambitious reforms and significant
investments concentrated in specific areas, such as information technologies,
the economic take off of India that we observe now would not have taken place.
Mais, aujourd’hui, les entreprises québécoises doivent absolument prendre en
considération l’Inde, dans leur stratégie de développement, si elles veulent
demeurer compétitives et profiter des opportunités de marché. C’est vrai pour ce
qui est de la pénétration de ce marché dont le tiers de la population a moins de
14 ans.
C’est aussi vrai pour la compétitivité de nos entreprises à l’international,
l’Inde offrant dorénavant des avantages qu’on ne peut plus ignorer, ne serait-ce
qu’en matière de services informatiques et de design industriel.
C’est enfin vrai pour les partenariats qu’il est désormais souhaitable de faire
avec les entreprises indiennes qui visent le marché nord-américain. Je suis
assuré que tout cela sera discuté au cours de votre séminaire d’aujourd’hui.
Comme chef de gouvernement, mon rôle est de voir au juste positionnement du
Québec à l’égard de ce grand pays. Un positionnement qui doit être développé de
façon globale, c’est-à-dire en touchant les diverses facettes des relations avec
ce pays et ses habitants, et dans une perspective de long terme.
Dans le domaine qui nous intéresse aujourd’hui au premier chef, soit celui des
échanges économiques, on est d’abord forcé de constater, comme l’on fait déjà
avant moi d’autres collègues premiers ministres canadiens et le ministre fédéral
du Commerce international Jim Peterson, que le Québec et le Canada dans son
ensemble ne sont pas suffisamment présents sur cet important marché en
émergence.
En fait, à l’heure où l’Inde est en train de connaître une ouverture sans
précédent sur le monde, le Canada ne fait pas partie de ses 20 premiers
partenaires commerciaux. Les échanges du Québec avec l’Inde sont de l’ordre de
600 millions de dollars par année, soit environ 25 % de l’ensemble du commerce
canado-indien. Si on tient compte de la taille du marché indien, il est clair
qu’il subsiste encore une large place pour le développement de nos exportations.
Des perspectives prometteuses donc, en particulier dans des domaines où nos
entreprises excellent, notamment les télécommunications, les travaux
d’ingénierie, les logiciel et le multimédia, les transports et l’aérospatial.
Prenons par exemple SNC Lavalin, présente en Inde depuis près de 30 ans et qui a
su mener à terme d’importants projets hydro-électriques dans le nord de l’Inde.
Ou encore CGI, qui assure sa forte croissance à l’international en tirant
avantage du génie informatique indien. Prenons encore un de nos fleurons dans le
secteur du multimédia, Toon Boon, dont le succès est largement tributaire de ses
réalisations sur le marché indien.
Finally, Québec’s business community takes shape more and more to obtain a
better position towards the Indian market. Examples of this, among others, are
the organization of this seminar (the first of such an importance to take place
in Quebec), the recent creation of the India-Québec Business Council and the
development of relations with the Confederation of Indian Industries. A business
delegation of this Confederation is present today and I would like all of us to
welcome its members.
Dear guests, we especially appreciate your presence here in this festival of
lights period; may this Diwali bring you the utmost in peace and prosperity.
Mais il faut faire davantage pour stimuler les relations du Québec avec l’Inde,
les relations des Québécois avec le Indiens, car notre positionnement à long
terme exige que nous allions au-delà des échanges strictement économiques.
D’abord la présence d’étudiants indiens dans nos universités. Les liens que
développent les étudiants étrangers avec leur pays et leur université d’accueil
sont généralement très forts et le resteront toute leur vie. Ils seront souvent
un levier pour le développement de collaborations entre universités, surtout
pour les cycles supérieurs d’étude et de recherche.
Dans le cas particulier de l’Inde, l’intérêt est d’autant plus grand que ce pays
produit chaque année des centaines de milliers de gradués qualifiés, dont 350
000 ingénieurs! Or, en 2004, seulement 8% des étudiants indiens au Canada
étaient inscrits dans une université québécoise. Il est probable que le facteur
linguistique joue un rôle non négligeable dans cette situation, mais il est
sûrement possible de faire mieux. Il est d’autant plus important de se
positionner à ce chapitre que les effectifs d’étudiants indiens au Canada
connaissent actuellement une très forte croissance : leur nombre a quadruplé en
5 ans et avoisine maintenant les 5000.
Du côté de la science et de la technologie, la place occupée par le Québec en
Inde par rapport au reste du Canada est trop timide. En septembre, le ministre
du Commerce international, M. Peterson, dirigeait une imposante délégation
canadienne à New Delhi dans le cadre du 11e Sommet technologique.
Des 91 entreprises et institutions de recherche et d’enseignement qui ont pris
part à cette mission, une dizaine venaient du Québec. Cela est peu si l’on
considère que, bon an mal an, les chercheurs québécois réussissent à obtenir un
part plus qu’appréciable des fonds de recherche octroyés par le gouvernement du
Canada.
D’ailleurs, le gouvernement fédéral a annoncé lors de cette mission qu’il
investissait 6,75 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer les projets de
recherche entre le Canada et l’Inde. J’invite les chercheurs et entrepreneurs
québécois à utiliser ces fonds pour développer des partenariats fructueux avec
l’Inde.
Besides, you have probably been able to appreciate, as I do, the crucial role
played by the members of cultural communities to develop links between their
host society and their country of origin.
To this end, in Québec we count on a very dynamic Indian community, of
approximately 40 000 people. It is one of our most important advantages for the
development of economic and academic relations with a country that still remains
– we must admit it – relatively unknown for the majority of the people from
Quebec.
Pour ce qui est du gouvernement du Québec, nous avons déjà amorcé ce que je
pourrais appeler le « virage indien ». Comme je l’ai mentionné, il s’agit de
l’un des marchés identifiés, dans notre nouvelle stratégie de développement
économique, comme offrant l’un des plus fort potentiel pour les exportateurs du
Québec.
Plus de missions économiques seront donc organisées sur ce territoire. Par
ailleurs, la nouvelle politique d’affaires internationales, que la ministre
Gagnon-Tremblay est en voie d’achever, portera notamment sur l’action du Québec
sur les marchés émergents, dont l’Inde évidemment, et ce pour plusieurs domaines
d’activité.
De mon côté, je me rendrai en Inde, en 2006, pour jeter les bases du
positionnement du Québec dans ce pays et pour envoyer un signal à l’ensemble de
la population du Québec concernant l’importance de l’Inde. Il s’agira d’ailleurs
de la première visite d’un premier ministre du Québec en Inde. Cette mission
aura trois objectifs spécifiques :
premièrement, démontrer l’intérêt du Québec pour le développement de relations
à long terme avec l’Inde;
deuxièmement, positionner le Québec comme un tremplin, en Amérique du Nord,
pour les entreprises indiennes;
enfin, engager le dialogue avec des leaders politiques et économiques pour
développer la coopération entre le Québec et l’Inde dans des secteurs
d’intérêt commun.
Pour assurer la réussite de cette mission, je compte notamment profiter de
l’excellent momentum des relations entre le Canada et l’Inde, marqué par la
visite en janvier 2005 du premier ministre Paul Martin en Inde et de la visite
attendue du premier ministre indien au Canada en 2006.
J’espère, en outre, revoir en Inde le chef de l’État du Maharashtra, M. Vilasrao
Deshmukh, avec qui j’ai établi un premier contact lors de la conférence BIO 2005
à Philadelphie, en juin dernier. Le Maharashtra et sa métropole financière et
économique, la ville de Mumbai (anciennement Bombay), sont certainement des
partenaires de choix pour le Québec en Inde.
J’espère aussi renouer contact avec le ministre du Commerce et de l’Industrie de
l’Inde, M. Kamal Nath, avec lequel j’ai entretenu des relations fructueuses
lorsque j’étais ministre de l’Environnement du Canada.
Nous verrons donc se multiplier, au cours des prochains mois, les efforts et les
initiatives pour que s’intensifient les échanges entre le Québec et l’Inde,
notamment au chapitre des relations économiques.
Pour plusieurs d’entre vous, tout comme pour mon gouvernement et plusieurs
institutions québécoises, il s’agit d’une nouvelle aventure, mais surtout d’un
défi des plus stimulant. Je suis convaincu que le Québec dispose de tous les
atouts nécessaires pour s’y démarquer.
Vos efforts, conjugués aux nôtres et à ceux du gouvernement fédéral, seront
certainement couronnés de succès si nous abordons les liens avec l’Inde avec
ouverture et persévérance. Et, comme point de départ, si certains parmi vous ne
sont pas déjà inscrits au séminaire de ce matin, je vous suggère d’annuler vos
autres rendez-vous et de profiter de cette formidable occasion de mieux vous
familiariser avec les opportunités et les réalités du marché indien.
Pour conclure, permettez-moi de citer le ministre des Affaires extérieures de
l’Inde, M. Natwar Singh, qui a mentionné lors d’un important discours prononcé à
Montréal en septembre dernier : « …today, it is no longer possible to ignore
India’s voice : without her, no calculus of the 21st century would be either
complete or viable ». Je vous laisse sur ces justes propos et je vous souhaite
un séminaire des plus productif.
[Charest=20051102]
[Discours du 2 novembre 2005 – Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du dévoilement du buste de Chauveau]
Salutations,
Les cérémonies à la mémoire de nos grands personnages sont toujours des moments
solennels et importants pour la mémoire collective du Québec.
Ils sont l’occasion de nous rappeler les épisodes qui ont été des tournants
heureux de notre histoire et qui constituent des balises qui ont orienté et qui
orientent encore notre développement.
Il ne s’agit pas, évidemment, de vivre dans le passé, mais plutôt de reconnaître
avec fierté la contribution de celles et de ceux qui nous ont précédés en terre
d’Amérique et qui ont jeté les bases de notre collectivité.
C’est une question d’identité, en quelque sorte, et c’est avec des gestes comme
celui que nous posons aujourd’hui que nous ajoutons des pierres à cette
structure impalpable – le sentiment d’appartenance – sans laquelle il n’est
pourtant pas de vie en société qui soit possible.
La construction de l’identité est une des missions essentielles du gouvernement.
En effet, pour savoir qui nous sommes et où nous souhaitons aller, nous devons
avant tout connaître nos origines.
C’est donc avec grand plaisir que je participe aujourd’hui au dévoilement du
buste de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau qui marque en même temps l’inauguration
de l’exposition consacrée à sa vaste collection de livres.
Comme chacun sait, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau a été élu premier ministre du
Québec l’année même de la signature de la Confédération canadienne.
Il a également été poète, romancier, essayiste, historien, journaliste,
professeur de droit romain, surintendant de l’instruction publique, doyen de
faculté de droit, passionné d’histoire naturelle, grand bibliophile, et j’en
passe.
Bref, cet ami et correspondant D’Alphonse de Lamartine a été l’un de nos grands
intellectuels de la deuxième moitié du XIXe siècle qui a consacré sa vie à la
culture et à l’éducation.
La société québécoise, telle qu’elle s’est constituée au fil du temps, lui doit
beaucoup.
Déjà, en 1867, alors qu’il vient d’être élu premier ministre, il crée le
ministère de l’Instruction publique et en prend les rênes pour mettre en place
un système scolaire qui a servi de modèle jusqu’à la Révolution tranquille.
Pierre-Joseph-Olivier Chauveau croit aussi à une politique intégrée de
l’éducation et de la culture. À ce titre, il souhaite le développement des
bibliothèques qui, selon lui, accomplissent l’œuvre de l’école et la prolongent
tout au long de la vie.
Il a même pensé aux écoles du soir pour l’éducation des adultes. Déjà de la
formation continue!
Pour concrétiser cette politique intégrée, il met sur pied la Bibliothèque de
l’instruction publique qui a été la première bibliothèque gouvernementale en
dehors de l’Assemblée.
Il fonde également un important périodique, le Journal de l’instruction
publique, qui est à la fois un instrument pédagogique, une revue de
vulgarisation scientifique et un outil de diffusion de la littérature populaire.
J’aimerais rappeler que, l’an passé, le ministère de la Culture et des
Communications lançait une nouvelle publication, Les Carnets du patrimoine, dont
le premier numéro portait justement sur Pierre-Joseph-Olivier Chauveau et son
immense collection de livres qui fait l’objet de l’exposition que nous
inaugurons aujourd’hui.
L’Assemblée nationale héritera de ce trésor en 1892, deux ans après son décès.
En dévoilant ce buste à la mémoire de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, le
gouvernement du Québec et la bibliothèque de l’Assemblée nationale rendent
hommage à un humaniste visionnaire. Celui-ci croyait au progrès pour l’ensemble
de la société, société qu’il a d’ailleurs contribué à rendre meilleure par son
action politique et par l’inlassable promotion de l’éducation qui a été son
cheval de bataille tout au long de sa carrière.
Je vous remercie !
[Charest=20051109]
[Allocution du 9 novembre 2005 – Soirée Un monde à faire 2005 sous les auspices de la Chambre de commerce de Québec]
Mesdames et messieurs les ministres et députés,
Monsieur le président de la Chambre,
Chers amis,
C’est la deuxième fois que vous me faîtes l’honneur de m’inviter à présider cet
événement qui vise à souligner et à reconnaître la contribution des immigrantes
et des immigrants à la vie économique de la région de Québec. C’est la deuxième
fois que j’ai le plaisir d’accepter et de me retrouver parmi vous.
En tant que premier ministre du Québec, je voudrais que ma participation à cette
soirée soit perçue comme un signal clair de l’importance qu’il faut accorder à
l’élargissement de notre famille au Québec et à Québec.
Cette volonté d’attirer et d’intégrer des personnes immigrantes dans la région
de la Capitale-Nationale rejoint un des principaux défis que le Québec doit
relever. Dès 2011, le nombre de travailleurs va commencer à diminuer au Québec.
En 2013 il y aura plus de personnes âgées de 65 ans au Québec que de jeunes de
moins de 18 ans.
On connaît les conséquences de cette tendance démographique sur les finances
publiques et sur les pénuries de main d’œuvre. D’ici 2008, dans la région de la
Capitale-Nationale, c’est près de 50 000 emplois qu’on aura le plus grand mal à
combler.
Dans ce nouveau monde sans frontières, si l’on veut conquérir de nouveaux
marchés, si l’on veut exporter plus de biens et de services, il nous faudra
importer des talents et des créateurs de richesse.
L’immigration est un des moyens à saisir pour maintenir le dynamisme et le
développement économiques d’une région comme celle de la Capitale-Nationale.
Aujourd’hui, les personnes immigrantes ne comptent que pour 3% de la population
régionale. Nous pouvons et nous devons en accueillir davantage.
Québec et sa région méconnaissent le potentiel d’un plus grand apport des
personnes immigrantes. Ces dernières méconnaissent également les atouts qu’une
ville et une région comme Québec peuvent offrir, autant en termes de débouchés
du marché du travail qu’en termes d’épanouissement des familles et de la qualité
de vie.
Québec est une ville d’histoire et de patrimoine. Les célébrations de son
400ième anniversaire de fondation serviront de tremplin pour la faire mieux
connaître et accroître son pouvoir d’attraction.
Québec est également le siège du gouvernement. Il s’agit d’un apport
incontestable au rayonnement de la ville et de la région. La proximité des
décideurs politiques et la présence d’une fonction publique expérimentée peuvent
faciliter les relations des citoyens, des organisations et des entreprises avec
le gouvernement.
Vous le savez, c’est un gouvernement que nous voulons plus moderne, plus
orientée sur l’efficacité des services aux citoyens, plus accessible et moins
bureaucratique.
Québec est une ville universitaire qui offre à sa population la perspective
d’augmenter et d’améliorer son niveau de savoir. Québec offre des services de
santé d’une grande accessibilité et d’une grande qualité. 9 personnes sur 10
sont satisfaites des services de santé dans la région de la Capitale-Nationale.
Ce sont deux facteurs majeurs d’attraction et de rétention des personnes qui
veulent s’y installer.
Et depuis avril 2003, c’est plus de trois milliards de dollars supplémentaires
que nous avons injectés dans le réseau de la santé.
Berceau de notre histoire, Québec est également une ville moderne où 84 % des
emplois se concentrent dans le secteur à forte valeur ajoutée des services.
Québec et sa région disposent d’une des infrastructures routières les plus
complètes et efficaces pour répondre aux besoins de la population et de son
économie.
Le ministre des Transports et ministre responsable de la région de la
Capitale-Nationale a annoncé des investissements de 106,3 millions en 2005-2006
seulement, pour améliorer encore le réseau routier de la région.
La prospérité de la grande région de Québec-Beauce-Chaudière-Appalaches repose
sur une économie de plus en plus diversifiée, tournée vers l’innovation. Elle
peut compter sur des entrepreneurs audacieux qui rêvent de conquérir des marchés
nouveaux et de mesurer leur capacités à créer des biens et des services avec les
meilleures entreprises de partout dans le monde.
Les nouveaux immigrants qui cherchent une terre fertile pour investir devraient
trouver ici, un dynamisme, une main d’œuvre et un savoir qui dépassent en
capacité bien d’autres régions de l’Amérique du Nord.
Le terrain sera d’autant plus fertile parce que ces investisseurs trouveront :
une politique fiscale qui favorise l’investissement,
des programmes sur mesure pour l’aide à l’innovation, à l’amélioration de la
productivité et à l’exportation,
la présence d’une main d’œuvre formée et qualifiée,
et des infrastructures et des services de qualité.
C’est une partie de ce que mon ministre Claude Béchard a défini comme l’Avantage
Québécois : des atouts qui servent une politique économique ambitieuse.
Ces nouveaux investisseurs qu’il faut souhaiter attirer ici, trouveront
également une énergie propre, l’hydro-électricité qui est non seulement une
richesse importante, mais également un formidable support au développement
économique. Mon gouvernement investira d’ici 2015, 15 milliards de dollars dans
le développement de cette ressource tout en ajoutant 3 000 mégawatts d’énergie
éolienne.
Dans la région de la Capitale-nationale, on dispose déjà de grands atouts.
L’économie tourne à plein régime. Le Conference Board du Canada l’a confirmé :
la croissance du PIB devrait atteindre 4 % cette année dans cette région. C’est
1 % de plus que le taux de l’ensemble du Québec.
Québec se situe au 5ième rang des villes canadiennes au chapitre de la
croissance.
Le taux de chômage est ici le plus bas au Québec : 6,6% comparé à 8,4 % pour
l’ensemble du Québec. Le tourisme est une industrie florissante qui a généré ici
1,4 milliards de revenus en 2004.
Le marché immobilier de Québec performe mieux que celui de Calgary, une ville en
plein boom économique.
Tous ces avantages devraient être mieux connus. Ils nous permettent d’espérer
attirer ici des personnes de partout dans le monde qui auront le goût de rester
et de bâtir avec nous un avenir meilleur.
Depuis plus de deux ans et demi, mon gouvernement a mis en œuvre une série de
politiques qui touchent autant le mieux-être des familles que des mesures
propres à favoriser le développement économique, tant au plan national que
régional.
Nous avons mis sur pied Services Québec afin que les entreprises cessent de se
perdre dans les dédales de l’administration gouvernementale. Nous avons aboli la
taxe sur la masse salariale pour la formation de la main-d’œuvre pour les PME et
éliminé la taxe sur le capital pour la majorité d’entre elles. Nous avons fait
des fonds FIER un outil plus souple pour les régions.
Nous avons redonné le contrôle de leur avenir aux régions en mettant sur pied
les Conférences régionales des élus (CRE).
Nous avons développé une politique ambitieuse de développement économique qui
vise, entre autres à favoriser la création de 1000 entreprises par année d’ici
2010. C’est encore un objectif de notre politique axée sur l’Avantage québécois.
Elle viendra renforcer tous les avantages de la région de la Capitale-Nationale
que j’ai énumérés ce soir et attirera chez nous, des immigrants entrepreneurs et
des immigrants travailleurs.
Ces politiques, et je le dis modestement sans en avoir dressé une liste
exhaustive, contribueront à faire du Québec et de Québec un lieu privilégié pour
investir, créer de la richesse et attirer une immigration dynamique.
Avec le défi démographique que nous avons à relever, notre politique
d’immigration doit s’insérer dans une vision d’avenir. Ceux qui choisissent de
venir s’établir chez nous doivent faire partie intégrante de notre société. Ils
sont des ponts tendus vers le monde. Leurs différences viennent enrichir notre
différence.
Nous devons travailler à les convaincre qu’en se joignant à nous, ils se
joignent au meilleur de ce que le monde a à offrir.
Si nous voulons une immigration qui contribue rapidement à notre développement,
nous devons lever les barrières. Car il y en a encore.
C’est ainsi que mon gouvernement et la ministre de l’Immigration et des
communautés culturelles, Madame Lise Thériault, avons commencé à lever les
obstacles à l’arrivée d’immigrants diplômés et formés à l’étranger. Ces
personnes doivent profiter d’une insertion et d’une intégration plus rapide.
Leurs expériences peuvent combler des besoins qui ne le sont pas actuellement.
Nous avons mené, sous la direction de la député Diane Legault, une consultation
auprès de plusieurs groupes sur la reconnaissance des acquis et l’accès aux
professions et métiers réglementés pour les personnes immigrantes.
Dans la foulée du Forum des générations , nous avons également formé une équipe
de travail sur la reconnaissance des diplômes et des acquis obtenus à
l’extérieur du Québec. J’en ai rencontré les membres et le président, monsieur
André Bazergui et j’accorde une importance particulière à leurs travaux.
Leur rapport attendu pour mars 2006 devrait suggérer des pistes et des mesures
pour que l’on agisse plus rapidement dans la reconnaissance de la formation et
des diplômes des personnes formées à l’étranger. Le Québec pourra ainsi
bénéficier de leurs compétences et ces personnes se sentiront valorisées et
intégrées.
Il existe déjà une collaboration étroite entre la Ville de Québec, les instances
régionales de développement, votre Chambre et le ministère de l’Immigration et
des communautés culturelles sur divers aspects touchant l’immigration.
Nous allons continuer d’encourager cette coopération afin que tous les acteurs
de la région puissent participer à l’identification des besoins en immigration,
à l’élaboration des outils d’intégration et des mesures de francisation des
nouveaux arrivants.
Nous allons particulièrement insister pour faire connaître aux employeurs de la
région et de la Ville de Québec, les bénéfices qu’ils peuvent tirer de plusieurs
programmes visant à encourager la venue chez vous d’une main d’œuvre immigrante.
Nous avons besoin de la contribution et de l’expertise des gens venus d’ailleurs
dans le monde pour nous aider à mieux conquérir ce monde et pour réaliser le
Québec de demain.
Je vous remercie.
[Charest=20051109b]
Discours du 9 novembre 2005 – Les chefs de file au Parlement organisé par la Fondation Jean-Charles-Bonenfant]
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Madame la chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Député de Rivière-du-Loup,
Distingués invités,
D’entrée de jeu, je tiens à souligner le travail qui est accompli chaque année
par la Fondation Jean-Charles-Bonenfant pour promouvoir les valeurs
démocratiques au Québec et contribuer à une meilleure compréhension de nos
institutions politiques et parlementaires.
La démocratie n’est pas le système politique le plus simple; mais elle est
certainement ce que l’humanité a trouvé de mieux pour assurer le progrès des
peuples dans la paix et la justice.
C’est une question délicate qui nous est posée aujourd’hui : Comment rapprocher
la population de ses élus et mieux promouvoir les institutions?
Il faut reconnaître que nous vivons à une époque trouble et que les idéaux
démocratiques sont souvent mis à mal :
Les événements qui ont mené à la Commission Gomery ont jeté un discrédit sur
toute la classe politique;
La mondialisation force une redéfinition du pouvoir des États et accroît dans
certaines régions les écarts entre les riches et les pauvres;
Dans la foulée de la guerre au terrorisme, nous assistons à une montée des
fondamentalismes religieux et à une précarisation des droits humains.
Chez nous, pendant ce temps, les enjeux auxquels nous faisons face sont de plus
en plus complexes. On est loin de cette époque où tout était à faire, où nous
devions jeter les bases d’une société juste et d’un État moderne. Nous devons
adapter notre État et nos institutions à un contexte changeant. Or, tous les
propriétaires de maison savent qu’il est bien plus difficile de rénover que de
construire en neuf.
Pour moi, la meilleure manière de rapprocher les citoyens des élus et du même
souffle de mieux promouvoir nos institutions, c’est de faire notre travail avec
franchise et sincérité. C’est de dire aux Québécois les choses comme elles sont,
sans enjoliver ni noircir le tableau.
Cela signifie qu’en tant que parlementaires, nous devons nous interroger sur
l’image que nous projetons.
Je trouve toujours un peu malheureux que les seuls travaux parlementaires qui
trouvent écho dans les médias soient la période de question; c’est le seul
moment de la journée où nous nous campons dans des positions partisanes.
C’est une drôle d’image que nous projetons alors. C’est celle de gens qui
applaudissent celui ou celle qui saura le mieux mettre en boîte son adversaire.
Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de Québécois qui se reconnaissant dans ces
joutes oratoires.
Je crois que nous devons trouver une façon d’avoir des débats qui reflètent
mieux la manière dont vivent et travaillent les Québécois.
Ce serait une façon de favoriser un rapprochement entre les élus et la
population et de mieux promouvoir nos institutions.
Merci
[Charest=20051114]
[Annonce du projet créateur d’emplois chez Compuware]
Chère collègue du Conseil des ministres,
Mme White, chef de la direction chez Compuware,
Membres de l’équipe de direction de Compuware
Distingués invités,
C’est toujours un très grand plaisir d’annoncer un important projet créateur
d’emplois. Et aujourd’hui nous sommes très bien servis. En effet, Compuware
annonce pour son Centre de développement de Montréal, un projet qui nécessitera
la création de près de 800 emplois d’ici trois ans, dont 150 dès la première
année de l’entente.
Former autant de travailleurs commandera un effort très important de la part de
Compuware et un investissement en formation de près de 35 M$ sur trois ans. De
cette somme, 5,2 M$ proviendront d’Emploi-Québec, qui supporte les projets
économiques d’envergure.
Mme White, toutes les citoyennes et tous les citoyens du Québec se réjouissent
aujourd’hui du choix de la Métropole pour la réalisation de votre important
projet d’affaires.
Tous les emplois créés exigeront une formation universitaire et le salaire
offert sera très compétitif.
On dit souvent que gouverner, c’est prévoir. Je veux aujourd’hui rendre hommage
au premier ministre Robert Bourassa qui, dès les années 80, ciblait le
développement de créneaux d’excellence pour assurer la croissance de l’économie
québécoise. Parmi ces créneaux, il y avait les technologies de l’information. Il
faut voir à long terme pour servir l’intérêt public et il arrive parfois que le
mérite de certaines interventions ne soit reconnu que plusieurs années après
leur adoption.
Il n’en demeure pas moins que nous avions vu juste, puisqu’aujourd’hui, 100 000
personnes gagnent leur vie dans les technologies de l’information au Québec dont
38 000 dans les services informatiques. Selon TECHNOCompétences, à lui seul, le
secteur des services informatiques compte 4 000 entreprises dont 43 % sont
situées sur l’Île de Montréal.
Le choix de Montréal et du Québec pour la concrétisation de cet important projet
créateur d’emplois s’explique de plusieurs façons, mais je dirais que la
réputation indéniable de la main-d’œuvre québécoise constitue le facteur clé. Je
ne dirai jamais assez jusqu’à quel point je suis fier de notre main-d’œuvre.
Lorsqu’on se déplace ailleurs dans le monde, on comprend mieux jusqu’à quel
point cet avantage québécois est important dans la prise de décisions portant
sur de nouveaux projets d’affaires ou de nouveaux mandats mondiaux.
Le Québec dispose d’avantages comparatifs importants comme :
Un bon environnement d’affaires;
Une stabilité politique;
Une main-d’œuvre de qualité;
Un réseau d’éducation et des centres de recherche de haut calibre;o Des coûts
de main-d’œuvre et d’implantation avantageux;
Une très grande importance accordée à la qualité et au respect des grands
standards mondiaux d’excellence;
Un bilinguisme très apprécié des investisseurs et un apport marqué de diverses
communautés culturelles;
Et enfin, un soutien gouvernemental mesuré et adapté en fonction du type de
projet présenté.
Je voudrais aujourd’hui témoigner mon appréciation à Montréal International qui
dans son travail de démarchage a su faire valoir les atouts du Québec auprès de
la direction de Compuware.
Montréal International est un partenaire important de notre gouvernement puisque
le démarchage et la promotion de l’avantage québécois constituent des éléments
importants de la Stratégie économique que nous avons rendu publique il y a
quelques semaines.
Nous sommes très fiers que Compuware, qui est le 5e éditeur mondial de logiciels
et de services informatiques, ait choisi le Québec et Montréal pour cet
important projet d’expansion. Il s’agit d’une belle marque de confiance à
l’égard de l’économie québécoise et de sa main-d’œuvre.
La stratégie du gouvernement du Québec à l’égard des technologies de
l’information et des services informatiques est claire. Nous voulons continuer à
renforcer la masse critique du Québec en ce domaine, en y ajoutant des joueurs
clés comme Compuware.
C’est de cette façon que l’on contribuera le mieux au développement de ce pôle
d’excellence de l’économie québécoise. Compuware vient donc s’ajouter à d’autres
entreprises dominantes du secteur des technologies de l’information à Montréal
comme CGI, DMR et LGS. La concrétisation de ce projet ajoute au rayonnement de
Montréal et du Québec dans ce secteur stratégique de notre économie.
Cette stratégie présente les défis économiques du Québec de demain. De plus en
plus, nous devons composer avec des économies qualifiées d’émergentes qui sont
de féroces concurrents pour nos entreprises. Vous savez, le Québec et le Canada
sont aussi des destinations très prisées lorsqu’il est question de la
délocalisation de services informatiques notamment en raison de la proximité du
marché américain, de l’environnement d’affaires et de la qualité de la
main-d’œuvre.
Pour réussir à consolider et à développer le secteur des technologies de
l’information au Québec, il nous faut, de plus, bien analyser les stratégies
mises en place par les États concurrents et accompagner nos entreprises afin
qu’elles se conforment aux plus hauts standards mondiaux de qualité.
Le projet dévoilé aujourd’hui sera source de richesse pour le Québec et pour
Montréal, et il nous permettra de consolider et de développer l’un de nos
principaux créneaux d’excellence, celui des technologies de l’information.
Au mois de février dernier, je prenais la parole devant la Chambre de commerce
du Montréal métropolitain. Je disais alors que la population du Québec nous a
donné le mandat de lever les obstacles qui entravaient le développement
économique du Québec. C’est à quoi nous nous affairons jour après jour. Le
chômage a reculé, mais je crois que nous devons viser à le réduire encore.
Nous encourageons les entreprises à relever le défi de la productivité en
soutenant l’investissement stratégique. J’ai aussi dit que nous aiderions nos
entreprises à faire face aux économies émergentes. Une annonce comme celle
d’aujourd’hui va dans le sens des efforts que nous déployons depuis maintenant
plus de deux ans et demi.
Toujours lors de cette allocution, je disais que notre gouvernement allait
continuer de miser sur Montréal, sur son immense potentiel de savoir, sur son
rayonnement international, sur son bouillonnement économique et culturel. Vous
le savez, nous le savons, le gouvernement du Québec est un partenaire
incontournable de Montréal. J’avais dit que nous continuerions de développer le
Montréal technologique en s’appuyant sur une action concertée de plusieurs
ministères du gouvernement.
Nous avons répondu présent depuis que nous sommes en poste. Je pense ici entre
autres à Ubisoft et Electronic Arts. C’est aussi ce que nous répondons
aujourd’hui en participant au plan de formation de près de 800 nouveaux employés
de Compuware.
Notre gouvernement vise à créer davantage de richesse au Québec et nous y
parviendrons. Notre vision du rôle de l’État correspond à nos valeurs et à notre
volonté de faire en sorte que nous puissions créer cet environnement propice aux
investissements. Nous n’entendons pas nous substituer au secteur privé. Notre
rôle est de préparer le terrain avec une politique fiscale qui favorise
l’investissement, des programmes ciblés d’aide à l’innovation, à l’amélioration
de la productivité et à l’exportation, des mesures favorisant la présence d’une
main-d’œuvre qualifiée et des infrastructures de qualité.
Voilà le Québec que nous sommes en train de réaliser ensemble. Un Québec plus
fier, un Québec prospère qui rayonne sur le plan économique et social et dont
toutes les générations pourront bénéficier.
Merci.
[Charest=20051117]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du financement de la formation en médecine de l’Université de Sherbrooke à l’Université du Québec à Chicoutimi]
Salutations,
Nous le savons tous, en éducation comme dans tous les secteurs, nous nous devons
d’être créatifs pour trouver des solutions novatrices aux différentes
problématiques qui émergent d’une société et d’un monde en constante mutation.
L’un de ces défis est la formation d’un plus grand nombre de médecins et,
surtout, d’un plus grand nombre de médecins qui vont connaître la réalité de la
pratique en région.
C’est pourquoi je suis particulièrement heureux d’être ici aujourd’hui, afin de
souligner l’implantation, au Saguenay, d’un programme de formation en médecine,
en collaboration avec l’Université du Québec à Chicoutimi.
En effet, l’arrivée, à l’automne 2006, de 24 étudiants en médecine est rendue
possible grâce à l’Université de Sherbrooke, qui va créer un pôle de formation
en médecine dans la région du Saguenay. Ce projet aura pour effet de favoriser
une meilleure répartition de l’effectif médical.
Voici un bel exemple de la capacité d’innover que l’on trouve dans nos
universités et de la place stratégique que celles-ci occupent dans le
développement des régions.
Cette collaboration entre l’Université de Sherbrooke et l’Université du Québec à
Chicoutimi se situe à la rencontre des deux plus importantes priorités
gouvernementales : l’éducation et la santé. C’est par des initiatives comme
celle-ci que nous parviendrons à maintenir et même à accroître la qualité des
services éducatifs et de santé dans toutes les régions du Québec.
Votre région rejoint ainsi celle de la Mauricie, pour laquelle un projet
similaire est en cours, ayant été annoncé par mon gouvernement il y a deux ans.
Je vous signale par ailleurs que de plus en plus de milieux au Québec
accueillent des étudiants postdoctoraux en médecine, donc après la formation
initiale dont nous parlons ce matin.
Les résidents font notamment des stages au sein de nouvelles unités de médecine
familiale établies en région.
Le nouveau pôle de formation que nous annonçons aujourd’hui mettra les futurs
médecins en contact avec la pratique de la médecine en milieu régional. Ceux-ci
seront ainsi mieux préparés pour travailler à l’extérieur des grands centres.
Parions même que plusieurs choisiront de s’établir et de faire carrière ici ou
dans une autre région située hors des grands centres.
Plutôt que d’investir des sommes considérables dans la création d’une nouvelle
faculté de médecine, on utilise de façon optimale le savoir-faire développé dans
un programme réputé ainsi que les installations de qualité présentes en région.
C’est pourquoi le gouvernement du Québec a décidé d’investir dans ce projet qui
permettra à l’Université de Sherbrooke de former ici un contingent d’étudiants
en médecine dès l’automne 2006.
Une première somme de 2 100 000 $, octroyée par le ministère de l’Éducation, du
Loisir et du Sport, permettra à l’Université du Québec à Chicoutimi d’aménager
les espaces et d’acquérir l’équipement requis pour la formation de ces futurs
médecins.
Le Ministère soutient également l’Université de Sherbrooke dans la réalisation
de ce projet en lui octroyant une subvention forfaitaire annuelle de 320 000 $,
et ce, pour les trois prochaines années. Une subvention de 150 000 $ lui est
aussi accordée afin de lui permettre d’aménager des services de visioconférence.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) appuie quant à lui le
projet à hauteur de 4,521 millions de dollars. Cette aide gouvernementale
permettra à l’Hôpital de Chicoutimi de rehausser ses infrastructures, de sorte
que 3,7 millions de dollars seront consacrés à des immobilisations, 346 000 $ à
l’achat d’équipement et 225 000 $ aux technologies de l’information et aux
systèmes d’information. De plus, le MSSS investira 250 000 $ afin de combler les
frais reliés à l’implantation du programme.
Grâce à ces investissements, mais surtout grâce à l’esprit d’innovation déployé,
il y aura 96 étudiants en médecine à Chicoutimi pour l’année scolaire 2010-2011.
Voilà autant de médecins qui se seront familiarisés avec la pratique de la
médecine en région et qui, en y découvrant les avantages, décideront peut-être
de s’y installer à demeure.
Je tiens donc à féliciter tous les artisans de ce projet d’avenir. J’espère
sincèrement qu’il inspirera d’autres initiatives originales qui contribueront à
jeter les bases de notre prospérité future.
Merci.
[Charest=20051118]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce du financement du plan de relance de la région de Magog]
Monsieur Pierre Reid, ministre des Services gouvernementaux et député d’Orford,
Monsieur Marc Poulin, maire de Magog et président du CLD de la MRC de
Memphrémagog,
Mesdames et messieurs,
Je suis fier d’être ici aujourd’hui pour vous annoncer une très bonne nouvelle
qui réjouira, j’en suis certain, les entrepreneurs et les entreprises
manufacturières et les travailleurs de la région de Magog.
Conscient des enjeux économiques et sociaux et des difficultés éprouvées par le
secteur manufacturier dans la région de Magog, notre gouvernement a choisi de
venir en aide à la région afin de relancer et de diversifier son économie,
notamment en incitant les entreprises à améliorer de façon continue leur
compétitivité et à moderniser leurs technologies et leurs pratiques d’affaires,
et en soutenant les projets d’investissement qui mettront à profit les avantages
de Magog.
Un comité interministériel a été formé afin d’accompagner les intervenants
locaux et régionaux dans leur démarche de relance de l’économie de la région. Et
je vous assure que leurs travaux ont porté fruit.
Je suis heureux d’annoncer une aide financière de trois millions de dollars pour
la réalisation d’un plan de relance pour la région de Magog, lequel comporte
deux axes d’intervention : le soutien aux entreprises et le soutien aux
travailleurs affectés.
Ce plan comprend des mesures visant à appuyer les entreprises en difficulté, à
accompagner la main-d’œuvre locale touchée par les fermetures d’usines et à
accroître la capacité de la région à attirer de nouvelles entreprises.
Je laisse le soin à monsieur Reid de vous présenter avec plus de détails l’aide
gouvernementale. Je tiens toutefois à vous dire que l’ensemble des mesures,
adaptées à la situation des pertes massives d’emplois à Magog, démontre bien que
le gouvernement du Québec a la ferme intention d’en atténuer les impacts auprès
de la population et des entreprises en agissant de manière solidaire avec le
milieu.
Le déploiement de cette stratégie de relance permettra aux instances locales de
participer directement aux efforts de redressement économique de la région de
Magog.
C’est d’ailleurs dans cette optique que nous avons confié aux élus municipaux le
leadership en matière de développement local et régional, permettant ainsi aux
régions de réaliser leur plein potentiel de développement.
Le plan d’action met l’accent sur des interventions qui prennent appui sur le
potentiel de la région. Plusieurs entrepreneurs de Magog se démarquent et
affichent un taux de croissance enviable. Leur dynamisme, jumelé à notre
soutien, permettra à la région de Magog de maintenir ses acquis de
développement. La Ville peut déjà compter sur des atouts distinctifs de
formation spécialisée et de qualité de vie, grâce auxquels, j’en suis persuadé,
nous atteindrons nos objectifs communs.
L’entrepreneuriat constitue le véritable moteur du développement économique des
régions. Les nouvelles entreprises créent de la richesse et des emplois. Elles
constituent l’une des forces du développement économique tant dans l’ensemble du
Québec, que dans la MRC de Memphrémagog.
Les PME, qui sont au cœur de notre développement économique, font d’ailleurs
partie des neuf avantages de la nouvelle Stratégie gouvernementale de
développement économique, intitulée L’avantage québécois.
Nous misons aussi sur des régions dynamiques et innovantes. Chaque région doit
pouvoir compter sur un environnement économique favorable à l’investissement,
sur une main-d’œuvre spécialisée et de grande qualité et sur un réseau de PME
dynamiques et tournées vers l’innovation. C’est en misant sur les avantages, les
forces et les potentiels de développement de chacune des régions que l’économie
du Québec pourra prospérer de façon durable.
Je tiens à remercier les intervenants locaux, réunis autour du maire de Magog,
monsieur Marc Poulin, et en particulier le CLD de Memphrémagog pour leur
implication. Je salue également les efforts constants de mon collègue Pierre
Reid, ministre des Services gouvernementaux et député d’Orford, pour sa
détermination à mobiliser l’ensemble de la région, ce qui a conduit à des
résultats très prometteurs en matière de capacité d’action et de relance.
L’annonce d’aujourd’hui s’inscrit dans la poursuite des efforts déjà consentis
et témoigne de la volonté du gouvernement de soutenir le redressement économique
de la région de Magog, comme il l’a fait notamment pour le secteur d’Asbestos et
pour Murdochville.
J’invite les industriels et les entrepreneurs à accélérer la diversification des
activités économiques régionales et à concrétiser les projets de développement
afin d’assurer la prospérité à long terme et la richesse de leur MRC.
Je vous remercie.
[Charest=20051216]
Nous allons faire le point aujourd’hui sur la dernière session parlementaire,
et, pour ma part, je reviendrai sur les événements des derniers jours et je
laisserai à mes collègues qui m’accompagnent ce matin le soin de passer en revue
les principaux éléments de notre action gouvernementale.
D’abord, allons à la loi qui vient d’être passée hier. En légiférant pour
déterminer les augmentations salariales des employés de l’État et aussi les
conditions de travail pour certains groupes de syndiqués, le gouvernement a mis
un terme à une négociation qui avait produit tout ce qu’elle pouvait produire.
Rappelons-nous que les négociations ont commencé il y a 18 mois, il y avait eu
plus de 1 500 rencontres. Mme Carbonneau, M. Massé et Mme Jérôme-Forget et moi
avions fait le point vendredi de la semaine dernière, il y a une semaine, sur
les négociations et avions pris la décision d’accélérer les négociations, mais,
cette semaine, de toute évidence, il fallait tirer les conclusions.
Je vous rappelle qu’on a conclu des ententes sur les aspects normatifs, on a
fait ça de gré à gré, avec des groupes représentant la grande majorité des
employés de l’État. Il y a plus d’une trentaine d’ententes qui ont été, donc,
négociées sur les conditions de travail d’au moins 330 000 personnes qui
travaillent pour l’État québécois, et ça, c’est très important, parce que ça
veut dire qu’on s’est entendu effectivement sur des choses dont vous parleront
dans quelques minutes mes collègues. Les ententes conclues de gré à gré sont des
ententes qui sont surtout gagnantes pour les citoyens du Québec. Ça, on en est
très fiers, parce que c’est en droite ligne avec le mandat qu’on s’est donné
lors de l’élection du gouvernement. Dans ces ententes-là, on vous en parlera, de
ce qu’on a réussi à faire pour améliorer la prestation de services pour les
citoyens du Québec, et ces ententes sont gagnant-gagnant aussi pour les hommes
et les femmes qui travaillent pour l’État et pour le gouvernement du Québec qui,
lui, a des missions à réaliser également. Alors, ça nous permet d’améliorer les
conditions de travail, ça permet au gouvernement d’aller chercher plus de
souplesse pour améliorer ses services.
Pour ce qui est de la question salariale, il n’y avait simplement pas de
possibilité de conclure une entente, l’écart était trop grand. C’est la
conclusion qu’on a tirée cette semaine. On l’a dit franchement. D’ailleurs, on
en reparlera, mais, dans l’approche qu’a choisie le gouvernement, il faut se
rappeler que la question des finances publiques, ça a été au centre de tous les
débats qu’on a vécus dans les deux dernières années. On n’a épargné aucun effort
pour dire aux Québécois: La situation des finances publiques, vous la connaissez
et les chefs syndicaux la connaissent également. C’est une réalité
incontournable. Les chiffres sont très têtus. Et on a choisi d’en tenir compte
puis on a choisi aussi une approche basée sur la franchise là-dessus, pour dire
aux Québécois qu’on a des moyens qui reflètent leurs moyens à eux.
Nous avons donc agi d’une manière responsable en accordant à nos employés des
augmentations globales correspondant à la capacité de payer des citoyens et qui
représentent à terme une dépense supplémentaire de 3,2 milliards de dollars
incluant l’équité salariale.
Là-dessus aussi, je tiens à le préciser, on a déjà vécu des négociations au
Québec où le gouvernement du Parti québécois avait coupé de 20 %, imposé une
coupure de 20 % par loi spéciale. Lucien Bouchard évoquait récemment le fait
qu’il avait devant lui en 1996 un scénario où il coupait de 6 % les salaires. Il
a choisi à la place de couper dans les services. C’est aussi la grande
distinction : la dernière grande négociation qui s’est faite au Québec, si on
avait à comparer avec la nôtre, ç’en est une où le gouvernement du Parti
québécois a choisi de couper dans les services pour équilibrer les budgets, par
opposition à nous qui avons choisi de préserver les services, les améliorer,
mais surtout de changer nos façons de faire pour mieux livrer les services, tout
en accordant une augmentation salariale et en traitant la question de l’équité
salariale.
Alors, nous avons fait le choix de se donner plus de services publics. Nos
services au Québec sont plus nombreux qu’ailleurs, c’est plus généreux
qu’ailleurs et à cela, bien, il y a des conséquences. Ça veut dire qu’il y a un
prix rattaché au choix que la société québécoise a fait d’avoir plus de
services, mais des services qui sont plus généreux.
Comme gouvernement, on a par ailleurs fait le choix de régler la question de
l’équité salariale. La question de l’équité salariale, ça touche 235 000
personnes. Évidemment, fortement, la forte majorité, ce sont des femmes. Et
c’est une question de justice pour les personnes qui travaillent pour l’État
québécois et là-dessus, évidemment le travail reste encore à faire, mais on a
fait beaucoup d’efforts pour avancer là-dessus.
On a également établi au point de départ notre marge de manoeuvre puis on s’est
tenus aux chiffres qu’on avait annoncés au mois de juin 2004. C’est le sens aigu
du devoir, de l’intérêt général de tous les Québécois qui nous a guidés dans
cette façon de conclure les négociations.
Au terme de ce processus, nous avons des questions à nous poser sur les services
que nous voulons et sur notre capacité de les financer adéquatement. C’est un
débat que nous aurons dans les prochains mois. Il y aura dans la deuxième partie
évidemment de notre mandat et en 2006, il y aura des débats sur ces
questions-là. Et nous nous mettons au travail sur ces questions-là dès le début
de l’année 2006.
Mais notre objectif demeure toujours le même, c’est de faire progresser le
Québec et aussi de s’assurer que les services que nous livrons soient des
services de qualité, mais aussi des services qui reflètent la première priorité,
c’est-à-dire les citoyens qui, eux, paient pour les recevoir.
(intervention de ministres)
La fin de la session permet au gouvernement de franchir une étape importante
dans son mandat. La négociation est une synthèse pour nous d’un certain nombre
d’actions gouvernementales qui convergent, qui reflètent les priorités qu’on
avait annoncées qui sont les priorités des Québécois, santé, éducation, famille,
qui reflètent notre volonté de changer les façons de faire de l’État pour se
centrer sur les citoyens.
Et là-dessus, un exemple que donnait Monique Jérôme-Forget, juste le changement
dans les arbitrages de griefs, depuis 40 ans au Québec, qu’on vivait sous un
régime où l’employeur payait pour tout, alors que, maintenant, on aura un
régime, bon, basé sur le bon sens où celui qui perd paie. Alors, il y a un
élément de changement de culture, et tout ça se fait dans un esprit de
concertation aussi avec des gens qui travaillent pour l’État québécois de telle
sorte qu’on va pouvoir mieux livrer des services dans la santé, je vous en ai
donné un exemple solide, mais également dans le domaine de l’éducation et pour
l’ensemble de la fonction publique.
Rapidement, sur 2006. Il y aura le dépôt de la politique énergétique,
évidemment, la stratégie pour les changements climatiques, le jugement de
Chaoulli – Philippe y a fait référence – il y a une politique jeunesse qui va
venir, il y a la question des relations internationales. Il y a le budget qui
est toujours un moment très fort dans l’année, qui arrivera au mois de mars. Il
y a également… dans les relations intergouvernementales, la question du
postsecondaire sur laquelle Jean-Marc travaille beaucoup.
Et dans la nouvelle année, bien, on s’attend évidemment à voir apparaître, à
l’Assemblée nationale du Québec, le chef du Parti québécois, si on peut le
trouver, M. Boisclair, qui devrait, quant à nous, évidemment – et je pense que
les Québécois s’y attendent aussi – être là où il doit être, c’est-à-dire à
l’Assemblée nationale. Et on lui réitère toujours l’offre de lui ouvrir la voie
dans le comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques pour qu’il puisse venir là où il
doit être, c’est-à-dire à l’Assemblée nationale pour débattre avec nous des
alternatives puis des choix que les Québécois et Québécoises doivent faire.
Merci
[charest=20060224]
Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de l’ouverture
du Sommet sur l’éducation postsecondaire et la formation professionnelle
Ottawa, 24 février 2006
Je veux tout d’abord vous dire à quel point je suis heureux de me retrouver avec
vous aujourd’hui.
D’emblée, je veux vous remercier d’avoir pris de votre temps qui est très
précieux, nous le savons, pour être avec nous pour ce sommet sur l’avenir de
l’éducation postsecondaire et de la formation professionnelle et technique et la
formation également de la main d’œuvre.
Donc sur cette note vous dire à quel point les premiers ministres et le Conseil
de la fédération sont fiers d’avoir suggéré cet événement et qu’il ait lieu
aujourd’hui.
C’est la première fois dans l’histoire que les premiers ministres, par le biais
du Conseil de la fédération, se réunissent pour parler d’un enjeu avec les gens
de ce milieu.
C’est significatif et il y a en soi un message très important dans le simple
fait que cet événement ait lieu.
Profitez de l’occasion pour regarder autour de vous parce que nous allons
aujourd’hui, je pense, poser un geste très significatif pour l’avenir de
l’enseignement postsecondaire, pour la formation professionnelle, pour la
formation de la main d’œuvre.
C’est vous dire combien cet enjeu est extrêmement important pour l’avenir et
c’est le message que nous devons porter partout où nous irons après ce sommet,
que nous devons absolument partager avec nos concitoyens.
Le fait que nous soyons ici, que cet événement ait lieu, envoie le message à
tous nos concitoyens que c’est un enjeu fondamental pour l’avenir du Canada.
Le Conseil de la fédération nous a mandaté, monsieur McGuinty et moi, au mois
d’août dernier, pour élaborer un plan d’action pour améliorer les systèmes
d’éducation postsecondaires et de la formation professionnelle et technique et
de la main d’œuvre.
Dans cet esprit, nous avons tenu en octobre 2005 à Québec une réunion des
ministres responsables de l’Éducation postsecondaire, de la formation au sens
général et également des ministres des Finances.
C’est également rare de réunir et de mobiliser autant de ressources de nos
gouvernements respectifs de chaque province, chaque territoire sur un seul
enjeu.
Encore une fois, c’est une occasion de réitérer à quel point cet enjeu est
important pour nous.
Aujourd’hui, avec nos principaux partenaires, nous examinerons les principaux
défis et les enjeux qui caractérisent l’avenir de l’enseignement postsecondaire
et la formation professionnelle.
Votre participation à cet événement aujourd’hui est indispensable. Vous êtes
parmi les leaders de notre société vers qui nous nous tournons pour nous guider
dans nos choix.
Les enjeux de notre génération commandent que nous puissions faire appel à une
société du savoir. Pourquoi ? Sans exclure d’enjeux, permettez-moi d’en rappeler
quelques-uns : la mondialisation, la lutte à la pauvreté, le développement
durable, la sécurité, les finances publiques, la démographie, le développement
de nos régions, les échanges commerciaux, l’innovation, le développement de
nouvelles technologies.
Nous devons compter sur la recherche, sur le développement, sur l’innovation, la
créativité et l’intelligence de nos citoyens pour faire grandir notre société.
Nous devons penser également à l’effort supplémentaire que nous devons faire
pour aider et rejoindre les personnes, les personnes immigrantes par exemple,
afin de les aider à intégrer le marché du travail et aussi permettre la
reconnaissance des compétences et des diplômes des nouveaux arrivants.
Il y a aussi des personnes plus âgées qui subiront des pressions pour demeurer
plus longtemps en emploi. Pensons à la présence accrue des femmes sur le marché
du travail, qui est un autre exemple concret des défis qui nous attendent.
Et que dire des jeunes évidemment qui veulent accéder au marché du travail et
qui ont besoin de compétences pour pouvoir justement y arriver.
Lorsqu’on décline ces défis, on découvre rapidement l’importance de l’enjeu que
nous allons discuter ensemble aujourd’hui.
Aucun gouvernement, aucune université ou collège ou maison de formation, aucune
entreprise, aucun groupe communautaire ne peut, seul, faire face à ces défis.
Le développement de la société du savoir et de la formation continue et doit
s’inscrire à l’intérieur d’une vision globale.
Nous devons disposer d’un plan et surtout pouvoir le financer.
Pour cela, nous devons compter sur une forte collaboration entre les
gouvernements, les provinces et les territoires, et aussi avec le gouvernement
fédéral.
Une collaboration découlant d’intérêts communs.
Je tiens à souligner qu’aujourd’hui, le Conseil de fédération invité des
représentants des quatre grands partis politiques représentés à la Chambre des
communes. Nous avons voulu et souhaité une participation active de tous les
acteurs de la scène politique au niveau fédéral et je les remercie d’être
présents avec nous aujourd’hui.
Cela doit se faire aussi lorsqu’on fait appel à l’intérêt commun, au rôle de
chacun, ça doit se faire aussi dans le respect des compétences des deux ordres
de gouvernement.
Ce n’est pas une question de détails pour nous. Si nous voulons de
l’imputabilité, si nous voulons vraiment rendre service à nos citoyens, livrer
ce que nous devons livrer, nous devons le faire dans le respect des compétences
en définissant le rôle de chaque acteur dans le réseau et de chaque pallier de
gouvernement.
Il faut donc investir davantage dans nos systèmes d’éducation postsecondaire, de
formation professionnelle et de main d’œuvre.
Les provinces ont, jusqu’à maintenant, consacré des efforts considérables mais
force est de constater qu’au cours des dix dernières années, le soutien du
gouvernement fédéral n’a pas suivi.
Le Conseil de fédération, au mois d’août dernier, demandait au gouvernement
fédéral qu’il rétablisse, dans un premier temps, son financement au niveau de
1994-1995.
S’il devait le faire, c’est une montant de 2,2 milliards de dollars.
Dans un deuxième temps, nous croyons qu’il doit ajuster ce montant pour tenir
compte de l’inflation, ce qui nous amènerait, si ça devait être le cas, à un
montant de 4,9 milliards de dollars.
Ceux et celles qui sont dans le réseau, qui sont dans le domaine, et vous
l’êtes, savent que depuis 94-95, nous avons beaucoup évolué, les besoins ont
changés, il y a même des besoins nouveaux.
Forts des réflexions et de l’éclairage que vous nous fournirez au cours des
discussions d’aujourd’hui, le premier ministre McGuinty et moi-même serons en
mesure de faire rapport prochainement au Conseil de la fédération.
Dès lors, le Conseil se mettra à la tâche d’élaborer une stratégie à l’égard de
l’éducation postsecondaire, de la formation professionnelle et technique et de
la main d’œuvre et de déterminer l’apport nécessaire de chacun incluant la
contribution que doit faire le gouvernement fédéral.
Nous devons d’abord convenir entre nous et avec votre appui de la meilleure
façon de répondre aux défis qui nous confrontent. Il faudra surtout en assurer
le financement de manière à répondre aux besoins des citoyens.
Ensuite, nous voudrons nous entretenir de cette stratégie incluant la question
financière et nous aurons une occasion de le faire dès aujourd’hui avec le
nouveau premier ministre du Canada, monsieur Harper.
Il s’agit en fait d’une occasion unique dans notre histoire. Sans vouloir
l’exagérer, c’est ce que nous sentons, nous les premiers ministres qui sont ici
devant vous.
C’est une occasion unique de marquer un progrès dans le règlement d’un autre
dossier, même du déséquilibre fiscal.
Mais c’est une occasion surtout pour nous de construire une société plus juste,
une société plus prospère, une société plus épanouie. Mesdames et messieurs,
saisissez donc cette occasion.
Bon sommet.
[Charest=20060227]
[Déclaration du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion des ajustements au Conseil des ministres]
Alors, mesdames, messieurs, j’ai apporté aujourd’hui quelques ajustements à
notre Conseil des ministres. Notre gouvernement travaille bien et le partage des
responsabilités entre les différents ministres nous permet d’avancer dans tous
les domaines de l’action gouvernementale.
Notre but, aujourd’hui, est de renforcer cette équipe en intégrant au Conseil
des ministres le nouveau député du comté d’Outremont, dont la feuille de route
est remarquable. J’annonce donc aujourd’hui que M. Raymond Bachand se joint au
Conseil des ministres à titre de ministre du Développement économique, de
l’Innovation et de l’Exportation. M. Bachand siégera également au Comité des
priorités, au Comité ministériel de la prospérité économique et du développement
durable. M. Bachand fera bénéficier le gouvernement de sa connaissance profonde
de l’économie et de sa passion pour le développement du Québec. Il assurera la
mise en oeuvre de la nouvelle stratégie de développement économique; il
proposera aussi des mesures pertinentes pour soutenir certains secteurs
économiques qui traversent des durs moments, comme la forêt.
Nous sommes dans une période économique changeante. La forte appréciation du
dollar canadien, l’augmentation du prix des carburants, la concurrence
internationale toujours plus vive posent des défis nouveaux. J’estime dans ce
contexte que l’arrivée de M. Bachand au Conseil des ministres vient renforcer la
capacité d’action du gouvernement.
J’annonce également que M. Claude Béchard devient ministre du Développement
durable, de l’Environnement et des Parcs et leader adjoint du gouvernement. M.
Béchard continuera par ailleurs à siéger au Comité des priorités. Il demeure
également président du Comité ministériel de la prospérité économique et du
développement durable.
En affectant Claude Béchard au Développement durable, à l’Environnement et aux
Parcs, nous affirmons la place prépondérante qu’occupe la protection de
l’environnement dans l’échelle de nos valeurs et de nos priorités. M. Béchard
aura pour mandat, entre autres, d’assurer l’adoption de la Loi sur le
développement durable. Il devra ensuite doter le gouvernement d’une stratégie
qui découlera évidemment de cette Loi sur le développement durable et assurer
son déploiement dans l’ensemble des ministères et organismes gouvernementaux. Il
devra également munir le Québec d’une stratégie sur les changements climatiques
et piloter les actions du gouvernement du Québec en matière de réduction des gaz
à effet de serre.
M. Béchard est un rassembleur. Il saura associer à sa démarche ses collègues du
cabinet, les différents organismes gouvernementaux et les différents acteurs de
notre économie, qui devront tous s’impliquer dans l’avènement de ce Québec que
nous voulons plus respectueux de notre patrimoine naturel.
Dans ce mouvement, j’ai demandé à M. Tom Mulcair d’occuper les fonctions de
ministre des Services gouvernementaux. M. Mulcair me semblait avoir la fougue et
l’énergie nécessaires pour faire avancer Services Québec, qui est, il faut le
dire, l’une des figures de proue de la modernisation de l’État. M. Mulcair a
préféré quitter le Conseil des ministres. Je tiens à le remercier pour les
services qu’il a rendus, tout en déplorant sa décision.
J’annonce que M. Henri-François Gautrin, ministre délégué au Gouvernement en
ligne, assumera en plus la responsabilité de ministre titulaire des Services
gouvernementaux. À ce poste, il aura pour mission d’accélérer les travaux de
mise en place de Services Québec.
Quant à M. Pierre Reid, il continuera de représenter les citoyens de la
circonscription d’Orford. Je tiens à le remercier pour son travail et sa
fidélité envers son comté, envers sa région et envers le gouvernement.
Mesdames messieurs, ces ajustements à notre équipe ministérielle nous permettent
d’accueillir au Conseil des ministres un homme d’une très grande valeur en la
personne de Raymond Bachand. Également, nous confirmons, avec les nouvelles
affectations de MM. Béchard et Gautrin, la grande importance que nous accordons
au développement durable et à la modernisation de l’État. Messieurs,
félicitations.
[Charest=20060306]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la conférence de presse chez Messier-Dowty concernant l’annonce d’une aide financière de 1,6 M$ à l’usine de Mirabel]
Je veux saluer M. Blondin, le remercier de nous accueillir ici, chez
Messier-Dowty, Raymond Bachand, avec qui j’ai le plaisir de partager cette
tribune ce matin. C’est le premier événement que Raymond et moi avons l’occasion
de faire ensemble. C’est une très belle occasion pour commencer notre
partenariat. Et je veux saluer également M. le Maire Hubert Meilleur, qui est
avec nous aujourd’hui, le maire de Mirabel, ainsi que David Whissell, qui est
député d’Argenteuil, mais également le député qui est responsable de la grande
région des Laurentides pour le gouvernement.
Mesdames et Messieurs, je veux aussi saluer les employés qui sont avec nous
aujourd’hui, les représentants de la Chambre de commerce française du Canada qui
nous ont accompagnés pour notre visite ce matin.
Messier-Dowty est au Québec depuis 1990. C’est une entreprise qui a une
réputation enviable, une réputation extraordinaire, évidemment, dans le domaine
de l’aéronautique. C’est une entreprise qui a connu une très belle histoire
puisque son établissement ici au Québec était fait dans une perspective de
percer aussi le marché nord-américain. M. Blondin nous en parlera un peu plus
dans quelques minutes. Mais tout cela nous amène aujourd’hui à reprendre et à
rappeler cette histoire d’un succès dans un secteur de l’économie qui est
stratégique pour le Québec, celui de l’aéronautique.
Nous sommes donc dans une des régions du Québec qui s’est beaucoup distinguée
dans le développement de ce secteur. Et, Monsieur le Maire Meilleur me
rappelait, il y a quelques minutes, que le taux de chômage de sa ville est de
2,6%. Vous avez là dans ce chiffre un exemple probant du succès de ce secteur,
en particulier, pour la région.
Aujourd’hui, nous faisons une annonce qui nous permet de continuer cette
histoire extraordinaire de Messier-Dowty. C’est un investissement d’une
vingtaine de millions de dollars qui est annoncé aujourd’hui. Un investissement
de 20 millions qui sera appuyé par Investissement Québec avec une contribution
de 1,6 million de dollars. Ça va permettre la création d’une vingtaine d’emplois
et ça va surtout permettre, évidemment, de consolider les activités de
Messier-Dowty et de poursuivre sa percée sur le marché nord-américain.
Ce que je relève d’important dans le succès de Messier-Dowty, c’est le fait
qu’il est fournisseur à la fois de Boeing et d’AirBus. Un fait rare. Moi, à ma
connaissance, c’est peut-être un phénomène nouveau dans tout le secteur de
l’aéronautique, mais voilà une compagnie qui réussit à servir deux compétiteurs
et qui, de toute évidence, en les servant et en ayant gagné leur confiance, sont
là un témoignage très éloquent de la qualité du travail qui se fait ici.
C’est aussi une compagnie qui travaille et qui fournit le marché local, quoique
qu’il faut souligner une chose dans les affaires de Messier-Dowty au Québec, il
me semble à mes yeux à moi, qui me semble très important parce qu’il y a là une
illustration de ce que représente cette compagnie dans l’économie québécoise. Je
pense que c’est presque 99% de la production ici qui va vers l’extérieur.
Alors, pourquoi ce chiffre-là me semble important? Parce qu’il faut se rappeler
qu’au Québec on est 7,5 millions d’habitants. Le marché interne, évidemment,
c’est pas celui des États-Unis, c’est pas l’Europe, c’est pas non plus la
population d’une économie émergente comme la Chine, l’Inde, le Mexique ou le
Brésil. Cela nous amène à faire en sorte que l’on puisse exporter vers
l’extérieur. En d’autres mots, nous avons une des économies les plus ouvertes au
monde. C’est près de 60% du produit intérieur brut du Québec qui dépend
directement de ce que nous vendons à l’extérieur du Québec. 20% de cela va vers
le reste du Canada, l’autre 40% ailleurs dans le monde. Alors aujourd’hui, vous
avez l’exemple justement d’une entreprise qui réussit de façon magistrale au
Québec et qui exporte.
Je tiens à dire aussi à quel point l’investissement fait aujourd’hui va dans le
sens des priorités de notre gouvernement, c’est à dire encourager le secteur
privé comme moteur de notre économie, l’appuyer, être un partenaire , un
accompagnateur, faire aussi des investissements stratégiques, les encourager.
En cela, vous avez un très bon exemple aujourd’hui et dans le secteur de
l’aéronautique, beaucoup a été écrit dans les dernières années.
Je pense à Mirabel et aussi, encore une fois, avec Bell Hélicoptères qui a fait
un investissement très important dernièrement. Il est le plus important
producteur d’hélicoptères au monde et ça, c’est une chose connue. J’ai eu le
privilège de faire une mission en Inde au mois de janvier et j’ai été
agréablement surpris d’apprendre à quel point une compagnie comme Bell
Hélicoptères est très connue. La même chose est vraie pour Pratt & Whitney, la
même chose est vraie pour un certain nombre de sous-traitants dans le grand
secteur de l’aéronautique qui réussissent très bien.
Alors, l’annonce d’aujourd’hui vient confirmer en quelque sorte la bonne santé
de ce secteur pour le Québec.
Finalement, cet investissement n’aurait pas été possible sans la qualité de la
main-d’œuvre que nous retrouvons au Québec, et en particulier, ici chez
Messier-Dowty. Un investissement comme celui qui est annoncé aujourd’hui ne
serait pas possible sans qu’il y ait des hommes et des femmes qui ont des
talents, de l’énergie, et qui ont des compétences qui nous permettent
aujourd’hui d’annoncer cet investissement.
Alors, c’est avec, je pense aussi, une grande fierté que je vous rends hommage
aujourd’hui et que je vous remercie pour le travail que vous faites. Vous avez
toutes les raisons d’être très fiers de cet annonce d’investissement.
Félicitations, merci.
[Charest=20060310]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de la création du FIER-Croissance Durable et du Fonds-Soutien Estrie]
Salutations,
D’abord, je suis heureux de vous faire part de deux très bonnes nouvelles qui
auront un effet de levier important dans le maintien de l’autonomie et de la
prospérité de la région de l’Estrie, deuxième région exportatrice au Québec,
rappelons-le. On est très près de la frontière américaine et, Monique et moi,
avons été témoins de plusieurs débats dans la région sur le libre-échange, sur
l’avenir de l’économie de la région et l’annonce qu’on fait aujourd’hui, se fait
dans un contexte où il faut se rappeler à quel point notre économie à nous est
tributaire justement de notre voisin américain.
Les deux annonces d’aujourd’hui réjouiront, ça je le sais, les entrepreneurs de
la région et la population pour qui innover, exporter et connaître un
rayonnement international, ont besoin de capitaux.
J’ai le plaisir d’annoncer la création de deux fonds de capitaux de risque,
dotés d’une capitalisation totale de dix-huit millions de dollars. Soit le
FIER-Croissance Durable et le Fonds-Soutien Estrie.
Le Fonds FIER-Croissance Durable, d’une capitalisation de l’ordre de quinze
millions de dollars est une initiative regroupant majoritairement les gens
d’affaires de la région. Le FIER constitue une formule de capitalisation
publique, privée, originale permettant de générer des effets multiplicateurs
importants. Le gouvernement du Québec y investit deux dollars pour chaque dollar
d’investissement qui vient du secteur privé.
La mise en place des FIER-Régions, à travers tout le Québec, aura permis de
générer deux cents trente-quatre millions de dollars d’argent nouveau,
principalement en capitaux de risque dans toutes les régions du Québec. Le
nouveau FIER-Région-Croissance Durable est doté d’un capital de quinze millions
de dollars, ce qui va permettre la réalisation de placements privés pour le
développement de la croissance et la relève d’entreprises rentables et
innovantes.
L’infrastructure manufacturière innovante et la relève d’entreprises seront
encouragées. De même que les secteurs émergents de la région notamment
l’environnement et les technologies de l’information. La gestion du
FIER-Croissance Durable sera assurée par un conseil d’administration composé de
membres investisseurs donc un fonds géré par l’entreprise privée.
Le Fonds-Soutien Estrie bénéficie d’une capitalisation de trois millions de
dollars pour les entreprises situées sur le territoire des MRC de Coaticook, du
Granit, du Haut-Saint-François, du Val-Saint-François ainsi que la Ville de
Sherbrooke.
Les Fonds de soutien sont sous l’égide de la Conférence régionale des élus et
appuient la création de fonds de soutien également aux entreprises. Il constitue
un des volets d’intervention économique régionale, c’est-à-dire du FIER, et dans
le cas du Fonds-Soutien Estrie, la CRÉ de l’Estrie a désigné Gestion du Fonds
Soutien de l’Estrie inc. pour gérer le nouveau Fonds. Les investisseurs sont
donc la Ville de Sherbrooke mais aussi le Mouvement Desjardins et les quatre MRC
qui sont concernées.
Le gouvernement du Québec comme dans l’autre Fonds investit deux dollars pour
chaque dollar investi. Les interventions de ces Fonds prendront la forme de
capital, de l’équité quasi équité, jusqu’à concurrence de deux cents cinquante
mille dollars par entreprise.
Dans tout le Québec, la mise en place des Fonds de soutien va permettre de
générer soixante-trois millions de dollars de nouveaux investissements
principalement en capitaux de risque pour appuyer le démarrage d’entreprises
mais également de développement d’entreprises.
Mon gouvernement est convaincu que la meilleure façon d’assurer la prospérité du
Québec et la pérennité de nos services publics et la qualité de vie aussi de nos
concitoyens n’est pas de faire le travail à la place des investisseurs mais
plutôt de permettre au secteur privé et surtout aux régions d’avoir les outils
nécessaires pour faire leur propre développement.
Hier soir, j’étais à un événement pour fêter le quinzième anniversaire des États
généraux sur le monde rural et les suites qui avaient été données à cela par
Solidarité rurale du Québec. Il en ressort un élément très important pour
l’avenir du Québec, c’est l’importance de reconnaître la spécificité de chaque
région du Québec. Et c’est une mission que notre gouvernement s’est fixée depuis
2003 de le faire avec la création des Conférences régionales des élus, avec
aussi un mouvement de décentralisation, d’adaptation de nos programmes, mais
aussi avec la création d’outils qui sont spécifiques aux régions. Et des outils
qui seront entre les mains des citoyens, citoyennes des régions, des décideurs
des régions.
Les Fonds FIER, c’est le principal outil économique que nous avons livré depuis
ce temps-là. Les Fonds FIER ont connu un beau succès à travers le Québec. Un
succès qui, soit dit en passant, reflète le tissu économique de chaque région.
Tout ça est en quelque sorte un peu le miroir de l’économie québécoise aussi.
Ici dans la région, nous avons aujourd’hui un départ qui s’annonce très
prometteur avec l’annonce de ces deux Fonds de capitalisation.
Je tiens à vous souligner une autre chose. Quand on est arrivé au gouvernement,
on a mis sur pied un groupe de travail qui était présidé par Pierre Brunet. Ce
groupe de travail a livré un rapport très important sur cette grande question
des fonds de capitaux de risque au Québec. Parce que jusqu’à 2003, c’était
l’État qui intervenait le plus dans les fonds de capitaux de risque. Avec les
conséquences que nous connaissons.
Alors, le groupe de M. Brunet a fait un travail très important sur le rôle des
sociétés d’État, la SGF, Innovatech, sur Investissement Québec en particulier.
Ils ont pondu un rapport très important qui a amené notre gouvernement à faire
des changements sur la façon dont on gère les capitaux de risque. Et on s’est
fixé comme objectif, basé sur les constats du rapport Brunet, d’aller chercher
davantage de fonds du secteur privé et, entre autres, d’aller attirer des
investissements des États-Unis, d’étranger, et en particulier des États-Unis.
Pourquoi? Parce que le rapport Brunet faisait le constat suivant. Là où il y a
trop de fonds publics, ça devient un obstacle à des investissements privés. Ça
devient un frein à l’investissement privé. Or, quand il s’agit d’investir et de
prendre des risques, des risques qui nous amènent à avoir ou des profits ou des
pertes, ce n’est pas aux citoyens à le faire. C’est aux citoyens corporatifs,
c’est aux citoyens investisseurs à assurer ce risque.
Les résultats, les gens ont longtemps douté de ce changement de politique mais
je me réjouis de constater qu’une reprise des investissements en capital de
risque au Québec s’est fait sentir depuis 2004 où on a constaté après trois
années consécutives de ralentissement, depuis en fait l’éclatement de la bulle
des technologies de 2000, des signes encourageants avec une hausse des
investissements de deux pour cent comparativement à 2003.
L’industrie québécoise du capital de risque a continué de progresser
avantageusement en 2005 avec une hausse des investissements de douze pour cent
comparativement à 2004, alors que les investissements pour l’ensemble du Canada
sont demeurés à un niveau relativement stable et que la plupart des provinces,
enfin, ont affiché une croissance ou négative de leurs investissements ou à peu
près stable pour la même période.
Par ailleurs, pour une troisième année consécutive, les fonds de capital de
risque américains et les autres investisseurs étrangers ont accru leurs
activités de onze pour cent par rapport à 2004. Les fonds privés indépendants
ont été plus actifs avec des investissements en hausse de quarante pour cent
comparativement à 2004. Et les secteurs des technologies de l’information ont
été les principaux bénéficiaires de cette croissance en 2005 avec une hausse de
quatre pour cent par rapport à l’année précédente.
C’est donc dire que la formule fonctionne. Et d’ailleurs, j’en suis très fier
pour une autre raison, c’est que on a beaucoup fait de démarches auprès de nos
voisins américains, je pense à l’État du Massachusetts, à Boston où très tôt, je
me suis déplacé pour aller encourager les investisseurs de capitaux de risque à
s’intéresser au Québec et là, on en voit les résultats.
Mais les grands gagnants là-dedans, ce sont les citoyens du Québec, l’économie
québécoise, les contribuables du Québec qui sont au bon endroit, au bon moment.
Au lieu d’être mis à risque pour les fonds qu’ils confient à l’État.
Alors, Madame et Messieurs, aujourd’hui c’est un départ pour deux Fonds qui vont
avoir un effet marquant sur notre économie
Merci.
[Charest=20060314]
Monsieur le Président,
Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle session de la 37e législature. C’est un
moment chargé de symboles, mais aussi chargé de sens. Le 4 juin 2003, lors de
mon premier discours inaugural, j’avais insisté sur l’importance du changement,
sur la nécessité de revoir nos façons de faire, et j’ai alors placé le mandat du
gouvernement sous le signe de la responsabilité.
Comme premier gouvernement élu par les Québécois au XXIe siècle, notre rôle est
d’établir un pont nouveau entre notre manière de vivre et l’époque dans laquelle
nous vivons.
Avec le recul, nous pourrions dire de cette première portion de notre mandat
qu’elle aura été en bonne partie une période de reconstruction.
En trois ans, nous avons réaligné les ressources et les priorités de l’État sur
les besoins des citoyens. Qu’il s’agisse de santé, d’éducation, d’aide à la
famille, de finances publiques, de gouvernance de nos sociétés d’État, de nos
infrastructures ou de notre richesse énergétique, nous avons, dans tous ces
domaines, régénéré la capacité du Québec de progresser.
Depuis avril 2003, nous avons recentré les actions du gouvernement sur les
priorités des Québécois. Nous avons exercé un leadership indispensable à la
défense de nos intérêts au sein du Canada. Nous avons commencé à moderniser nos
institutions, à améliorer nos services, à accélérer notre développement et à
envisager notre avenir avec confiance.
In the past three years, we refocused government priorities and resources on
Quebecers’ true needs. We have renewed Quebec’s ability to grow in all areas –
in health, education, family support, public finances, crown corporation
management, infrastructure and energy production.
Après trois ans de reconstruction, nous avons renouvelé les assises du Québec.
Nous avons réalisé une bonne partie de notre programme. Nous pouvons maintenant
nous tourner résolument vers demain et bâtir pour l’avenir.
En inaugurant cette deuxième session de la 37e législature, nous sommes
confiants. Mais nous sommes aussi conscients du travail qui reste à faire sur un
chantier qui est celui de la prospérité.
Il doit y avoir sur ce chantier une place pour chaque Québécois. Car sans
prospérité, il n’y a pas de richesse possible et, sans cette richesse
collective, nos choix de société seront considérablement réduits.
Nous avons, comme je l’ai dit, placé notre action sous le signe de la
responsabilité. Quand je parle de responsabilité, cela signifie le contraire de
la facilité.
Quand je parle de responsabilité, je parle des exigences qu’un gouvernement doit
avoir envers lui-même pour consacrer ses énergies et ses ressources aux
priorités de la population.
Quand je parle de responsabilité, je parle de la nécessité de donner l’heure
juste. Quand je parle de responsabilité, je parle de l’obligation que nous avons
d’être équitables.
Quand je parle de responsabilité, je parle de notre devoir de respecter la
capacité de payer des contribuables et de ne pas nous endetter inutilement.
Quand je parle de responsabilité, je parle aussi du courage de ne pas nous
défiler de notre obligation de relever les défis immenses qui nous interpellent.
Les Québécois n’ont pas peur du changement. Notre histoire commune sur cette
terre d’Amérique a mille fois démontré notre capacité à nous adapter et à
surmonter les difficultés.
Nous avons préservé notre langue et notre culture alors que nous étions
encerclés par une autre langue et une autre culture.
Nous avons bâti des institutions qui reflètent nos valeurs de partage, de
justice, et qui ont traversé le temps.
Nos entrepreneurs, nos chercheurs, nos créateurs ont toujours, comme autrefois,
un tempérament de pionniers.
Nous avons harnaché des rivières pour trouver l’énergie nécessaire à notre
développement. Nous sommes capables de la même détermination pour harnacher le
changement, le maîtriser et en tirer parti.
J’aimerais ici souligner le travail, le dévouement et l’engagement de tous les
membres du gouvernement. Chacun de nos députés et de nos ministres assume une
partie de la responsabilité dont j’ai parlé plus tôt. Chacun et chacune est
conscient des défis que nous avons à relever comme société.
Chacun des députés et des ministres de mon gouvernement est un Québécois engagé
dans sa communauté et au service de tous les citoyens, comme l’ensemble des
membres de cette assemblée.
Au cours de cette nouvelle session de la 37e législature qui commence
aujourd’hui, nous allons travailler sans relâche sur plusieurs fronts pour
consolider ce que nous avons entrepris et poursuivre sur la voie de la
prospérité.
La santé, l’éducation, le développement économique, le développement durable, la
gestion responsable des finances publiques vont occuper une grande partie de nos
énergies comme législateurs. La défense et la promotion active des intérêts et
de l’identité du Québec au sein du Canada seront au cœur de notre action comme
gouvernement.
Comme depuis les trois dernières années, le niveau et la qualité de vie des
Québécois seront au centre de nos préoccupations, tout comme leurs priorités en
tant que citoyens.
Notre réseau de la santé est un carrefour de nos valeurs de justice, d’égalité
et de solidarité. Dans ce réseau, on prévient la maladie, on prodigue des soins
et on favorise la guérison. Celui-ci voit naître nos enfants.
Des milliers de préposés aux bénéficiaires, de techniciens, d’infirmières et de
médecins écoutent, conseillent et contribuent à la guérison des patients. Des
milliers d’employés de soutien veillent à l’entretien de notre réseau de la
santé.
Des centaines d’organismes et de groupes communautaires travaillent au bien-être
des usagers de ce réseau. Il est un des lieux où s’accomplissent le plus
utilement les progrès de la science et de la technologie au service de l’humain.
Je profite de cette occasion pour rendre hommage et remercier tous ceux qui
œuvrent au sein de ce réseau dans des conditions parfois difficiles. Ils
accomplissent un travail remarquable et ils méritent notre admiration et notre
soutien.
Il n’y a pas de raison pour que ce système, qui exige tant d’efforts financiers
de la part des contribuables et joue un rôle vital dans la vie des citoyens, ne
devienne pas une source de fierté.
Nous avons inversé la tendance à la détérioration pour amorcer solidement la
tendance à l’amélioration.
Nos engagements ont été respectés.
Nous avons injecté trois milliards de dollars d’argent neuf dans le
fonctionnement du système de santé. Nous avons injecté des centaines de millions
de dollars afin de rehausser et d’améliorer les établissements du réseau de la
santé.
Nous avons commencé à résorber l’encombrement des urgences.
Nous avons réduit les listes d’attente en radio-oncologie, en cardiologie et
augmenté sensiblement les volumes en chirurgies prioritaires. Cela signifie
moins de patients vivant avec l’angoisse de ne pas obtenir les soins auxquels
ils ont droit.
Nous allons entrer dans la phase de réalisation de nouveaux centres hospitaliers
universitaires qui vont donner une nouvelle impulsion à la médecine
universitaire et placeront Montréal à l’avant-garde des sciences de la santé. Je
veux parler, bien sûr, du nouveau centre hospitalier de l’Université de
Montréal, du Centre universitaire de santé McGill et du Centre hospitalier
universitaire mère-enfant de Sainte-Justine.
Nous allons investir dans ces fleurons de la médecine du XXIe siècle et
encourager l’excellence dans la recherche, les découvertes et le traitement des
maladies au bénéfice des patients du Québec. Il s’agit de l’un des plus
importants investissements dans le secteur de la santé en Amérique et dans le
monde.
Nous allons également mettre en œuvre notre politique en faveur d’un plus grand
accès à des services de santé. Nous allons en cela non seulement répondre au
défi que la Cour suprême du Canada nous a lancé l’an dernier en ce qui a trait à
l’accès aux services de santé, mais également renforcer notre système.
C’est parce que nous avons réuni les conditions de réussite du système de santé
que nous avons pu rendre publique, il y a un mois, une proposition audacieuse
sur l’amélioration de l’efficacité de notre système de santé.
Cette proposition vise à garantir l’accès à des services prioritaires comme la
cardiologie, la radio-oncologie, les chirurgies liées au cancer, les chirurgies
de la cataracte, de la hanche et du genou.
Dans le cas des chirurgies courantes, s’il advenait que des patients ne puissent
être traités dans les délais établis par les professionnels de la santé, ils
pourraient être traités dans le secteur privé, aux frais de l’État.
La possibilité de recourir à une assurance privée, pour certaines chirurgies,
ainsi que la création de cliniques privées affiliées au réseau public, sont des
mesures novatrices. Elles n’auraient pu voir le jour si nous n’avions pas
restauré un système laissé à la dérive.
Ces propositions seront débattues lors d’une consultation qui aura lieu ce
printemps. Nous nous attendons à une consultation sereine. Je m’attends à ce
qu’elle suscite des bonifications, qu’elle dégage des horizons nouveaux, qu’elle
rejette les dogmes.
Car ces propositions maintiennent l’intégrité du caractère public et universel
de notre système tout en proposant les moyens de l’améliorer. Le statu quo
serait une erreur.
Le financement à long terme de notre système de santé sera également au cœur de
ce débat public que nous souhaitons.
Le système de santé accapare 43 % des dépenses de programmes du gouvernement. La
croissance annuelle des coûts de santé dépasse le niveau de croissance des
revenus de l’État. Si nous n’intervenons pas, ce sont les autres missions
essentielles de l’État qui vont en souffrir.
Le déficit démographique et le vieillissement de la population sont des facteurs
qui accroissent les pressions sur notre capacité financière de soutenir le
rythme d’augmentation des dépenses liées à la santé.
Il faut, comme nous l’avons fait pour l’accès aux soins, regarder ce problème en
face. Le rapport Ménard, présenté dans la foulée du Forum des générations, a
proposé des pistes de solutions.
La consultation du ministre de la Santé et des Services sociaux, qui s’ouvrira
en avril, devrait nous permettre d’entendre d’autres groupes et d’autres
individus. Nous allons consulter, nous allons écouter et nous allons décider, et
ce, dans le meilleur intérêt de tous les Québécois.
Ce système de santé, auquel tout le monde fait appel un jour ou l’autre, est
central dans l’échelle de nos valeurs. Il est celui qui exprime le mieux notre
solidarité. Nous devons prendre la responsabilité de le doter d’un financement
stable pour en assurer la pérennité.
Grâce à tous ces efforts, nous allons entrer dans une nouvelle ère de garantie
de soins. Cela fait partie de ce que nous avons changé.
Progressivement mais sûrement, nous sommes capables de faire du système
québécois de santé l’un des meilleurs du monde. Ce n’est pas parce qu’on lui
consacre une grande part des dépenses publiques qu’il sera le meilleur.
Il sera meilleur parce que notre gouvernement en a fait sa priorité. Il sera
meilleur parce que nous avons agi pour l’améliorer, avec la collaboration des
gens du réseau.
Il sera meilleur parce que c’est le choix de chacun de nous d’en faire sa
priorité.
Enfin, j’aimerais souligner que bientôt, exactement le 31 mai prochain, la
décision du gouvernement de bannir la fumée de cigarette des lieux publics entre
en vigueur. Ce geste important fait partie intégrante des efforts de promotion
d’habitudes de vie saines que le gouvernement a encouragées depuis trois ans et
qu’il continuera d’encourager.
Les Québécois souhaitent voir arriver ce moment qui aura, nous en sommes
convaincus, un impact positif dans la lutte que nous menons contre le tabagisme
et ses méfaits sur la santé.
L’autre priorité, qui est et restera la nôtre parce qu’elle est également celle
des Québécois, c’est l’éducation.
Le Québec d’hier s’est bâti à partir de ses richesses naturelles. Le Québec
d’aujourd’hui et de demain sera celui de ses richesses humaines. Le progrès
humain, économique et social commence dans nos écoles. À la question que
certains jeunes se posent : est-ce que je poursuis mes études?— nous devons
répondre sans l’ombre d’une hésitation : OUI.
C’est la condition de l’épanouissement personnel et de l’enrichissement
collectif. C’est aussi le plus puissant moyen de lutte contre la pauvreté. Et
notre gouvernement fera tout ce qui est nécessaire pour soutenir ce choix.
C’est une génération ambitieuse qui se trouve aujourd’hui sur les bancs de nos
écoles, dans nos collèges et dans nos universités.
Cette génération a son histoire. Elle a vu naître le libre-échange et la
mondialisation. Elle est branchée sur l’univers avec Internet. Nos enfants sont
les premiers enfants de ce village global.
Nos jeunes sont animés d’une conscience universelle, d’une conscience
environnementale. Ils appellent à une plus grande équité intergénérationnelle.
Ils veulent faire un monde meilleur, et nous allons les aider à réussir.
Nous avons investi plus de un milliard de dollars en trois ans dans notre réseau
de l’éducation. C’est plus que le gouvernement précédent en neuf ans.
Nous nous étions engagés à mieux encadrer les élèves en difficulté d’adaptation
et d’apprentissage. Nous l’avons fait.
En décembre dernier, le ministre de l’Éducation a conclu, avec les enseignants
et les commissions scolaires, une entente de 100 millions de dollars sur 3 ans
pour augmenter les chances de réussite de ces élèves. Grâce à cette entente,
près de 1 800 professionnels seront recrutés pour appuyer la tâche des
enseignants.
Nous avons, sur cette question, largement dépassé nos engagements.
Nous avons investi dans des mesures visant l’aide aux devoirs des jeunes.
Dès septembre prochain, les élèves du primaire bénéficieront d’une heure et
demie de plus d’enseignement par semaine. Au même moment, les élèves de première
année pourront profiter de l’enseignement de l’anglais.
Ces mesures renforceront l’aptitude scolaire de nos jeunes. Elles sont un
investissement dans leur réussite et dans notre avenir.
Notre réseau universitaire est une source de fierté. Toutes nos universités sont
des carrefours de savoir, de connaissances et de recherches. C’est le lieu par
excellence où germent les idées, les innovations, les entreprises et la richesse
de demain.
Bien que nous ayons injecté 380 millions de dollars supplémentaires dans nos
institutions universitaires depuis 2003, elles souffrent d’un sous-financement.
Cette question pourrait à la longue avoir des incidences importantes sur la
qualité de l’enseignement.
Nous avons entrepris des démarches actives auprès du gouvernement fédéral afin
qu’il rétablisse les transferts destinés au financement de l’enseignement
postsecondaire.
Nous avons franchi une étape importante sur cette question au cours d’un sommet
historique organisé par le Conseil de la fédération en février dernier. Ce
sommet était coprésidé par le premier ministre de l’Ontario, monsieur Dalton
McGuinty, et moi-même.
Pour la première fois, les premiers ministres des provinces et des territoires
conviaient les leaders du domaine de l’éducation à faire front commun sur un
enjeu crucial pour la société canadienne, celui de l’enseignement postsecondaire
et de la formation.
Tous reconnaissent l’importance cruciale d’accorder un meilleur financement à
nos collèges et à nos universités. Il s’agit d’une volonté commune.
Le gouvernement fédéral doit faire sa part, d’autant plus qu’en assumant ses
responsabilités dans ce domaine, il agira sur sa priorité, celle de s’attaquer
au règlement du déséquilibre fiscal.
Monsieur le Président, comme premier ministre et responsable de la jeunesse,
cette législature me fournira l’honneur de publier notre stratégie d’action
visant la jeunesse du Québec.
Nous visons à améliorer la santé et le bien-être des jeunes, à favoriser leur
réussite éducative et leur insertion professionnelle. Nous voulons qu’ils
occupent toute la place qui leur revient dans notre société.
J’ai rencontré des jeunes partout au Québec au cours de mes tournées de
consultation. J’ai vu chez ces jeunes une forte volonté de contribuer par leurs
talents au développement de notre société. Nos orientations et nos actions dans
ce domaine reflèteront l’importance que nous accordons dans ce gouvernement à la
réussite des jeunes.
La situation des familles du Québec va continuer d’occuper une place
prépondérante dans l’action du gouvernement au cours des mois qui viennent.
Depuis le 1er janvier 2005, un million de familles québécoises qui ont des
enfants profitent d’un nouveau régime de soutien aux enfants qui redistribue 2
milliards de dollars par année.
Le soutien maximal procure plus de 3 000 dollars de plus à un couple qui a deux
enfants et un revenu de 43 000 dollars. C’est un million de familles qui voient
s’accroître leur marge de manœuvre financière.
Nous allons continuer la lutte que nous avons entreprise contre la pauvreté des
familles.
Nous pourrons encore mieux lutter contre la pauvreté si nous intensifions nos
efforts dans notre quête de prospérité.
Nous avons soutenu les investissements pour lutter contre la précarité dans le
secteur du logement, et investi 400 millions de dollars dans la construction de
18 600 logements sociaux. C’est plus que l’engagement que nous avions pris.
Nous avons établi, depuis janvier 2005, une prime au travail pour encourager les
personnes à faible et à moyen revenu à participer davantage au marché du
travail. Cette prime profite à plus de 500 000 ménages.
Depuis avril 2003, c’est 32 000 nouvelles places en garderie qui ont vu le jour.
Nous allons atteindre l’objectif que nous nous étions fixé de créer 200 000
places dans les services de garde à contribution réduite.
Nous allons mettre en œuvre la Loi sur les services de garde éducatifs à
l’enfance pour mieux soutenir les services de garde en milieu familial,
faciliter la vie des parents et améliorer les règles de gouvernance des CPE et
des garderies privées.
Nous allons travailler avec le gouvernement fédéral afin de trouver une solution
acceptable dans le cadre de l’entente de financement sur les services de garde.
Depuis janvier dernier, le nouveau régime d’assurance parentale est en place. Ce
régime représente un appui aux jeunes parents qui désirent fonder une famille.
Il témoigne de la valeur que nous accordons comme société à la cellule
familiale.
Voilà le chemin que nous avons ouvert pour le bien-être des familles du Québec
depuis avril 2003. Voilà des avancées concrètes dans le domaine de la
conciliation travail-famille.
Nous allons amender la Loi sur la protection de la jeunesse afin de mieux aider
les jeunes en difficulté et appuyer les personnes qui œuvrent auprès d’eux. Les
jeunes vulnérables qui vivent au sein de familles en difficulté ou en foyers
d’accueil doivent avoir leur chance.
En matière de justice, nous avons augmenté les seuils d’admissibilité à l’aide
juridique sur une base annuelle de janvier 2006 à janvier 2010. Ainsi, plus de
Québécois à faible revenu pourront accéder à la justice et mieux défendre leurs
droits.
Nous avons adopté en décembre une nouvelle disposition du Code civil afin de
permettre à une victime de violence conjugale ou d’agression à caractère sexuel
de résilier son bail.
J’annonce que nous allons modifier le Code de procédure civile en matière
d’obligation alimentaire pour favoriser la révision du montant d’une pension
alimentaire lorsque la situation le justifie.
Nous allons également proposer de nouvelles avenues pour améliorer l’aide et les
services offerts aux victimes d’actes criminels.
Nous allons intensifier nos actions pour l’atteinte de l’égalité de fait entre
les femmes et les hommes dans la société québécoise, et consolider notre
position de chef de file sur le continent en ce qui a trait à l’égalité
juridique des femmes.
La ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine va déposer
prochainement la nouvelle politique gouvernementale sur la condition féminine et
celle-ci sera le reflet de notre volonté de maintenir le leadership du Québec
sur cette question.
En santé, en éducation, pour les familles, pour les plus démunis, nous avons
placé les malades, les jeunes, les étudiants, les parents et les citoyens en
tête de nos priorités. C’est pour eux que nous gouvernons de manière
responsable.
Monsieur le Président, depuis avril 2003, l’écart du fardeau fiscal d’avec les
Canadiens des autres provinces a été réduit de moitié.
Nous avons simplifié le régime fiscal, ce qui a réduit l’impôt de plus de 2,5
millions de ménages.
Nous avons introduit une nouvelle déduction de 500 dollars pour les
travailleurs, laquelle profite à 3,1 millions de salariés et à 162 000
travailleurs autonomes.
Depuis 2004, nous avons indexé le régime fiscal, augmentant ainsi le revenu
disponible des contribuables de 805 millions de dollars.
Si nous voulons être prospères et favoriser la création de richesse, nous devons
veiller à ce que les contribuables conservent une plus grande part du fruit de
leur travail.
Toutes les mesures fiscales que nous avons prises permettent à un couple qui a 2
enfants et qui bénéficie d’un revenu de 30 000 dollars de recevoir dans ses
poches plus de 3 400 dollars.
Trois mille quatre cents dollars, ça peut vouloir dire des vacances en famille,
ça peut vouloir dire un ordinateur pour les enfants ou une contribution à un
fonds d’études.
Nous souhaiterions, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, réduire le
fardeau fiscal plus rapidement. Nous le ferons, et nous le ferons à un rythme
qui s’accorde avec le maintien de la qualité des services publics, d’une part,
et de l’équilibre budgétaire, d’autre part.
Monsieur le Président, c’est pour l’ensemble des Québécois que nous avons
entrepris une modernisation de l’État qui se poursuivra au cours de cette
nouvelle législature.
Nous allons terminer l’implantation du gouvernement en ligne pour mieux
rejoindre les citoyens. Nous allons continuer d’alléger les structures de
l’administration publique, comme la ministre responsable et présidente du
Conseil du Trésor a commencé à le faire. Nous pouvons à la fois améliorer la
performance de l’État et réduire les dépenses partout où c’est possible.
C’est précisément pour que l’argent que les Québécois nous confient rapporte des
dividendes que nous avons redéfini les règles de gouvernance de la Caisse de
dépôt et le mandat de la Société générale de financement et d’Investissement
Québec.
Nous allons continuer de le faire pour toutes les sociétés publiques et
parapubliques afin que leurs actions et leur gestion soient transparentes,
intègres, responsables et performantes. Nous allons continuer d’agir et de
proposer une nouvelle politique sur la gouvernance des sociétés d’État. Nous
allons nous assurer que nos sociétés défendent toujours l’intérêt public et
méritent en tout temps la confiance des citoyens.
La culture québécoise est le reflet de notre identité collective. Notre
gouvernement s’est inscrit dans la tradition des gouvernements libéraux, soit
celle d’être un allié précieux du milieu culturel québécois.
Le rôle joué par le Québec dans l’adoption, à l’UNESCO, de la Convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles constitue
sa plus grande victoire diplomatique à l’échelle internationale.
Cette convention vient confirmer le rôle incontournable de l’État québécois dans
le soutien et la promotion de sa culture. Elle témoigne également de notre
volonté ferme d’affirmer partout notre responsabilité dans nos champs de
compétence.
Sur le plan international, nous continuerons à assumer notre leadership,
conjointement avec le gouvernement fédéral et avec la société civile, notamment
en défendant les principes de cette Convention. Nous devrons travailler avec
détermination et sans relâche à la faire adopter et ratifier par les autres
États.
Notre gouvernement poursuivra les efforts entrepris depuis trois ans pour
soutenir les créateurs québécois, notamment en se penchant sur les défis que
pose l’émergence des nouvelles technologies sur les politiques culturelles.
Le gouvernement du Québec poursuivra le développement du réseau des
bibliothèques, plus particulièrement dans les régions.
Dans un contexte de mondialisation et de nouvelles technologies, nous
continuerons nos efforts pour améliorer la qualité de notre langue commune, le
français.
Monsieur le Président, sur le plan des institutions démocratiques québécoises,
nous nous étions engagés à proposer un nouveau mode de scrutin incluant des
modalités de proportionnelle, qui permettrait ainsi à l’Assemblée nationale de
mieux refléter la volonté exprimée par nos concitoyens lors des élections.
Dans la foulée de nos engagements, nous mènerons à terme cette réforme
fondamentale pour l’avenir de la démocratie québécoise. Nous allons présenter
aux Québécois une proposition de nature à renforcer notre régime démocratique.
Notre gouvernement a souhaité depuis longtemps que toutes les régions du Québec
prennent une plus grande part dans la création de la richesse pour les mieux
faire profiter de la redistribution de cette richesse. Chacune des régions du
Québec recèle un potentiel de développement.
C’est pour que les citoyens des régions ne se sentent pas aliénés par des
décisions prises ailleurs que nous avons créé les conférences régionales des
élus.
C’est aussi pour les rapprocher des décisions que nous avons reconfiguré le
réseau de la santé partout au Québec.
Nous avons entre autres favorisé la formation médicale en région, en créant des
campus satellites de formation médicale. Il y en a un à Trois-Rivières affilié à
l’Université de Montréal, et il y en a un autre à Saguenay affilié à
l’Université de Sherbrooke.
Nous avons aussi pris nos responsabilités par rapport aux régions en donnant
suite au rapport Coulombe sur la forêt. C’est aujourd’hui, et non dans 20 ans,
que nous avons la responsabilité de prendre les mesures qui s’imposent pour que
l’exploitation de cette ressource soit durable.
C’est aussi pour ne pas dilapider le capital des régions en ressources
naturelles que nous avons courageusement pris ce virage forestier. C’est pour
que les régions prennent également ce virage nécessaire que nous leur avons
accordé un soutien de 450 millions de dollars à ce jour.
Monsieur le Président, l’industrie forestière traverse une des périodes les plus
difficiles de son histoire. La crise du bois d’œuvre, la hausse du dollar, les
jugements des tribunaux, l’augmentation du prix des carburants, la concurrence
internationale et l’incontournable nécessité de protéger la ressource sont des
facteurs qui, conjugués, débouchent sur un contexte difficile pour l’industrie
et ceux qui en vivent.
Les travailleurs en souffrent. Les entreprises en arrachent. Plusieurs régions
ressources et des centaines de municipalités en subissent les contrecoups. Le
Québec n’est pas seul à vivre cette situation. D’autres provinces doivent aussi
y faire face.
Mais le gouvernement du Québec va agir. Un comité de travail a déjà été mis en
place et plusieurs ministres sont à pied d’œuvre. Ce comité réunit des
représentants des entreprises, des syndicats et du gouvernement. Nous pouvons
tirer de l’exploitation durable de notre forêt de nouveaux bénéfices.
Dans le cadre du prochain budget, nous allons proposer des mesures permettant
une meilleure adaptation au nouveau contexte, de façon à venir en aide aux
travailleurs et à l’industrie.
Dans cet esprit, c’est également pour que les citoyens de nos régions
développent leurs entreprises et leur économie que nous avons créé les Fonds
d’intervention économique régional, les FIER, en y injectant 378 millions de
dollars. Ainsi, nos régions bénéficient d’un meilleur apport en capital de
risque pour appuyer le démarrage et le développement d’entreprises.
Nous allons, au cours de cette session, réviser et adapter la politique des
régions ressources. Elle contiendra des mesures concrètes qui favoriseront le
développement des industries de deuxième et de troisième transformation. Elle
visera à fournir de meilleures perspectives d’avenir et de carrières en région.
Nous avons déposé une politique touristique ambitieuse. Nous allons la déployer
comme outil de diversification économique, afin que nos régions puissent mettre
leurs attraits respectifs en valeur et en tirent une source de développement
économique, social et culturel.
Les régions du Québec présentent une vitalité et un dynamisme qui sont autant
d’ingrédients pour notre réussite et notre prospérité.
Nous allons favoriser le dialogue et les ententes avec les populations
autochtones qui veulent apporter leur contribution au développement du Québec
tout en améliorant leurs propres conditions de vie.
Nous sommes à élaborer une politique de consultation des nations autochtones qui
tiendra compte des obligations juridiques que nous devons remplir. Le ministre
délégué aux Affaires autochtones déposera cet important projet dans les mois à
venir.
Nous venons par ailleurs de nommer un nouveau négociateur en chef dans le
processus des négociations globales avec plusieurs communautés innues. Il s’agit
d’un signal clair de notre engagement à poursuivre et à mener à bien les
négociations vers un traité avec les Innus.
Pour notre part, ce traité sera négocié dans un esprit d’ouverture et de respect
des droits des uns et des autres. La négociation sera toujours préférable à
l’affrontement judiciaire.
Cette année, nous tiendrons à Mashteuiatsh un forum sur le développement
économique et social des Premières Nations. J’y serai, et nous travaillerons
dans le contexte d’un avenir commun.
Monsieur le Président, le secteur agricole du Québec joue un rôle crucial dans
la sécurité alimentaire des Québécois. Notre gouvernement l’a reconnu par ses
actions depuis trois ans.
Nous avons réglé l’épineuse question des taxes foncières en milieu agricole.
Nous avons levé le moratoire sur la production porcine en recherchant une
cohabitation harmonieuse entre les producteurs et les populations.
Nous allons reconnaître dans la loi l’apport économique de la production
agricole artisanale par la reconnaissance des appellations contrôlées et des
termes valorisants. C’est un secteur soumis à de fortes pressions
environnementales, qui doit relever de nombreux défis liés à sa gestion, à ses
modes de production et à la relève nécessaire devant lui conserver son
dynamisme. Il est souvent aux prises avec des problèmes sérieux liés à la santé
animale.
Ce sont des questions pour lesquelles, en concertation avec le milieu, nous
proposerons de nouvelles avenues.
Nous allons poursuivre notre accompagnement de ce secteur vital pour notre
économie par des programmes de sécurité du revenu et d’appui au développement
avec la Financière agricole.
Les producteurs m’ont demandé de continuer à défendre la gestion de l’offre, et
j’avais pris l’engagement de soulever cette question avec le premier ministre
Harper. Cinq jours plus tard, j’ai soulevé cette question avec le nouveau
premier ministre et je m’engage avec détermination à protéger la gestion de
l’offre.
Monsieur le Président, au cours de cette législature, notre action va viser
également à consolider la place de notre capitale nationale et de sa grande
région dans l’économie du Québec.
Depuis avril 2003, nous avons injecté près de 850 millions de dollars dans la
grande région de la Capitale-Nationale. De l’argent qui a servi à moderniser les
infrastructures, à améliorer les services de santé ou à rehausser une offre
touristique déjà unique en Amérique du Nord. Nous avons appuyé le développement
des activités culturelles par des ententes et des investissements avec la Ville
ou avec des organismes voués à la culture.
Nous allons, par de nouvelles mesures, continuer d’encourager les nouveaux
investissements, les nouvelles entreprises. Nous allons favoriser les projets de
recherche à Québec et dans sa grande région, parce qu’il s’agit d’un terreau
fertile à l’éclosion d’une nouvelle économie. Nous allons le faire, comme nous
l’avons fait pour l’implantation d’Ubisoft ou pour le Centre international de
recherche en neurophotonique de l’Université Laval.
Nous allons travailler étroitement avec le gouvernement fédéral pour faire
avancer le dossier de l’agrandissement de l’aéroport de Québec.
Notre capitale nationale est une ville résolument tournée vers l’avenir, mais
c’est également un joyau de notre patrimoine historique. Mon gouvernement va
continuer d’être un partenaire actif de la Ville et des organisateurs de Québec
2008, pour que son 400e anniversaire soit à la hauteur de ce grand rendez-vous
avec notre histoire et avec le monde.
Nous avons engagé une somme de 110 millions de dollars, dont une grande partie
servira à doter Québec d’infrastructures qui survivront longtemps à cet
événement et une autre partie à célébrer, comme il se doit, la naissance de
notre nation.
Le gouvernement va continuer les préparatifs du Sommet de la Francophonie que
Québec accueillera dans toute la fierté de son 400e anniversaire.
Monsieur le Président, nous l’avons dit, notre projet commun, c’est l’atteinte
d’une prospérité encore plus florissante. Pour y arriver, nous devons également
nous tourner vers notre métropole.
Montréal est la porte d’entrée du Québec. Elle se mesure aux autres grandes
villes canadiennes et même aux autres grandes villes du monde. Montréal a plus
que sa part de défis à relever comme métropole. Montréal n’est pas en
compétition avec la ville de Québec. Elle est en concurrence avec Boston, New
York, Toronto.
La prospérité que nous voulons atteindre pour le Québec est une ambition
partagée par Montréal, et la prospérité du Québec passe également par la
vitalité de Montréal.
Montréal a été au centre de l’entente historique conclue avec les municipalités
concernant la taxe fédérale d’accise sur l’essence. Elle disposera d’une somme
de 290 millions de dollars pour renouveler ses infrastructures municipales et de
plus de 300 millions de dollars pour le transport en commun.
Nous avons renforcé notre métropole et nous allons continuer de le faire.
Nous allons la doter d’une voie de contournement, avec la construction de
l’autoroute 30, qui rendra son propre réseau routier plus efficace pour son
économie. Nous allons accélérer son désengorgement grâce à l’autoroute 25 et par
la réfection de la rue Notre-Dame.
Nous allons, d’un autre côté, continuer d’investir dans le transport en commun
en inaugurant le métro de Laval et en procédant au renouvellement du matériel
roulant de l’ensemble du métro de Montréal. J’aurai prochainement l’occasion de
faire une annonce importante pour un autre projet majeur dans le secteur du
transport en commun à Montréal.
Nous allons doter Montréal d’un centre d’excellence de niveau international en
santé et en médecine avec le CHUM, le CUSM et le Centre mère-enfant de
Sainte-Justine.
Nous allons continuer de soutenir le développement des industries stratégiques
qui procurent à Montréal des emplois de haut niveau. Ce sera le cas dans le
secteur aérospatial et dans celui des technologies de l’information, entre
autres.
Et nous allons tout mettre en œuvre pour conclure avec Montréal, comme nous le
ferons avec l’ensemble des municipalités du Québec, un pacte fiscal équitable et
au bénéfice de tous les citoyens des villes.
Monsieur le Président, il y a un fil conducteur dans toutes les décisions de ce
gouvernement. Ce fil conducteur, c’est la recherche de la prospérité.
Si la prospérité pouvait découler d’une loi, cette loi serait la première que
j’inscrirais au menu de cette législature. Mais la prospérité naît de la mise en
commun patiente de nos efforts. Le rôle d’un gouvernement dans la création de la
richesse consiste à réunir les conditions pour que puisse s’épanouir une
économie créatrice de richesses.
Nous mettrons dans les travaux de cette deuxième session de cette 37e
législature toute la volonté dont nous sommes capables au service du
développement économique et de la création d’emplois.
Nous avons, depuis avril 2003, préparé le terrain pour que nos entreprises
puissent véritablement décoller.
Nous allons tout mettre en œuvre pour atteindre les 28 cibles que nous nous
sommes fixées dans notre Stratégie de développement économique qui vise, entre
autres, à créer 1 000 nouvelles entreprises d’ici 2010.
Monsieur le Président, les entreprises du Québec, particulièrement les
entreprises manufacturières, traversent une période difficile. Nos entreprises
se mesurent à des entreprises du Brésil, de la Chine ou de l’Inde, et tous les
pays développés veulent remporter cette compétition pour accéder à de nouveaux
marchés.
Notre secteur manufacturier fait face à une recrudescence de la compétitivité
sur le plan international. Il doit évoluer dans un environnement de plus en plus
mondialisé, affronter l’appréciation sensible de notre devise et la hausse du
coût de l’énergie.
Dans ce contexte, notre gouvernement doit poursuivre ce qu’il a entrepris en
proposant aux entreprises un régime fiscal plus compétitif, et en encourageant
l’innovation et la productivité par le renouvellement des équipements de
production. Le prochain budget contiendra des mesures à cet effet.
Nous avons déjà dressé la table. Nous avons réduit de 50 % la taxe sur le
capital pour les PME. Nous avons adopté des mesures qui ont fait progresser de
12 %, en 2005, les investissements en capital de risque au Québec. Nous avons
réduit la bureaucratie pour mieux servir les entreprises en ramenant de 162 à 10
les programmes qui leur sont destinés.
Nous allons continuer à appuyer les secteurs structurants de l’économie, comme
l’aéronautique, le secteur biopharmaceutique, les technologies de l’information,
le multimédia et le secteur financier.
Nous allons continuer d’encourager nos entreprises à investir, en poursuivant la
réduction de la taxe sur le capital.
Nous allons redoubler d’ardeur pour stimuler les investissements et appuyer la
recherche et le développement.
Nous allons investir près de 4 milliards de dollars sur 3 ans dans un réseau
routier depuis trop longtemps négligé et dont la réfection fera mieux rouler
notre économie et appuiera le développement des régions.
Nous avons commencé à inviter l’entreprise privée à associer son expertise à
celle du secteur public dans la réalisation de projets en partenariat
public-privé, afin d’innover dans nos façons de faire, et surtout de mieux
faire.
Il n’y a aucune raison pour que nos sociétés de génie-conseil et nos
institutions financières aillent investir et prendre des risques dans des PPP à
l’étranger et ne le fassent pas chez nous.
Nous allons poursuivre nos efforts d’accompagnement des entreprises dans un
contexte de mondialisation, comme nous l’avons fait en Chine et plus récemment
en Inde.
Dans ce monde en changement, l’émergence de nouvelles forces économiques, comme
la Chine, l’Inde ou le Brésil, représente de nouveaux marchés. Ces nouvelles
économies sont en mesure d’offrir des débouchés qui contribueront à notre
enrichissement et au rayonnement de notre savoir, de nos entreprises et de nos
produits.
Nous allons déposer au cours de cette session une nouvelle politique d’affaires
internationales. Nous allons renforcer notre action et notre présence dans les
régions du monde où nos entreprises sont les plus susceptibles d’effectuer des
percées.
Nous allons prendre des mesures pour aider les entreprises à disposer d’une
main- d’œuvre compétente et pour combattre les effets du vieillissement de la
population sur notre économie. C’est ainsi que nous encouragerons les retraites
progressives pour celles et ceux qui désirent rester plus longtemps sur le
marché du travail. Nous allons également faciliter l’insertion des jeunes sur le
marché du travail.
Nous allons renforcer notre loi favorisant le développement de la formation de
la main-d’œuvre, laquelle a fait récemment l’objet d’une vaste consultation.
Nous le ferons dans le but d’améliorer le niveau de qualification de notre
main-d’œuvre. Nous le ferons en collaboration avec nos partenaires syndicaux et
patronaux.
Dans la seule région de la Capitale-Nationale, c’est près de 50 000 emplois
qu’on aura le plus grand mal à combler d’ici 2010 faute de candidats.
Il y a, Monsieur le Président, dans cette question de la qualification de la
main-d’œuvre, un enjeu d’une importance cruciale pour le Québec.
Depuis avril 2003, le taux de chômage a glissé pour se maintenir autour de son
niveau plancher depuis 30 ans. Jamais il n’y a eu autant de Québécois au
travail.
Nous faisons toutefois face à un nouveau défi bien contemporain : c’est le
visage du chômage qui change. Une bonne partie du chômage est également causé
par le manque de qualification pour un très grand nombre d’emplois.
Voilà un paradoxe. Pendant que des travailleurs sont mis à pied dans des
secteurs traditionnels de notre économie, des pénuries de main-d’œuvre qualifiée
viennent freiner la croissance de certains secteurs en émergence.
Nous devrons donc agir avec détermination et de manière concertée avec les
maisons d’enseignement professionnel et technique, les entreprises et les
syndicats, afin de pouvoir rediriger ces travailleurs mis à pied vers les
domaines en émergence.
La requalification des travailleurs mis à pied sera une priorité. Mais nous
devrons aussi agir pour prévenir les mises à pied. C’est-à-dire que nous devrons
déployer de nouveaux outils, en association avec les partenaires du monde du
travail, pour accentuer les efforts de développement des compétences en
entreprise et la formation continue.
Cette vaste question de la qualification de la main-d’œuvre m’amène à traiter
d’une question beaucoup plus délicate. Dans notre Québec de 2006, Monsieur le
Président, le taux de chômage chez les populations immigrantes est de 50 % plus
élevé que chez la moyenne des Québécois, indépendamment de leur niveau
d’instruction.
L’immigration contribue pour les deux tiers à l’augmentation de la population
active du Québec, mais elle doit également contribuer davantage à
l’enrichissement collectif.
Au cours de cette législature, nous allons aussi poser les gestes nécessaires
dans le but de reconnaître la formation et les diplômes des personnes formées à
l’étranger. Nous allons déposer en ce sens un projet de loi modifiant le Code
des professions.
Nous pourrons ainsi mieux intégrer nos immigrants. Nous pourrons mieux
bénéficier de la compétence de personnes qui sont des ponts tendus vers le reste
du monde et qui veulent participer à la création de la richesse dans leur terre
d’accueil.
Monsieur le Président, les bénéfices du développement économique, si nécessaires
au développement social, seraient vite anéantis si ce développement se faisait
au prix de la détérioration de notre environnement. Nous voyons, grâce au débat
qui entoure la mise en œuvre du Protocole de Kyoto, combien il est difficile,
après des années d’insouciance, de réparer les pots cassés.
Comme gouvernement, nous avons le devoir et encore une fois la responsabilité de
préserver nos ressources, de protéger et même d’assainir notre environnement.
Nous allons, au cours de cette session, débattre du projet de loi sur le
développement durable. Cette politique, qui a fait l’objet d’une vaste
consultation, traduira la volonté du gouvernement de répondre concrètement au
vœu de la population de concilier le développement économique avec la
préservation de notre environnement.
Un volet majeur de cette politique sera consacré aux moyens que nous mettrons en
œuvre pour lutter contre les gaz à effet de serre. Le Québec devrait jouer dans
ce domaine un rôle de premier plan sur la scène canadienne.
Nous pouvons innover par des processus de fabrication plus respectueux de
l’environnement. Nous encouragerons les initiatives dans ce sens. Nous pouvons
développer le Québec en étant moins énergivores et moins pollueurs.
Nous pouvons créer de nouveaux emplois grâce à des pratiques industrielles et
commerciales respectueuses de l’environnement. Nous avons déjà les moyens d’être
des leaders dans ces domaines.
J’aimerais ici, Monsieur le Président, vous faire part d’un sujet de
préoccupation. Je souhaite que le Québec ne tombe pas dans le piège qui consiste
à opposer le développement économique au développement durable. Qui sortirait
gagnant d’une bataille entre ces deux nécessités? Personne!
Un aspect important du rôle du gouvernement dans ce domaine revient à concilier
parfois deux visions qui doivent être complémentaires. Notre gouvernement
s’affirmera sur cette question en proposant une approche dans laquelle progrès
économique et progrès environnemental se conjugueront pour le bien-être des
générations actuelles et futures.
Monsieur le Président, le transport en commun peut non seulement soutenir
l’activité économique des centres urbains, c’est également un moyen efficace de
réduire la congestion de nos villes tout en contribuant à la réduction des gaz à
effet de serre. Plusieurs projets mettant à contribution divers modes de
transport collectif sont à l’étude. Certains seront annoncés sous peu.
Nous collaborerons avec les villes sur les moyens à mettre en œuvre pour inciter
les citoyens à recourir davantage aux transports en commun comme solution de
rechange à l’utilisation de la voiture. Enfin, le gouvernement établira un
nouveau cadre financier pour le transport en commun.
Monsieur le Président, notre puissance hydroélectrique représente un formidable
atout dans une politique de développement durable.
C’est notre pétrole et c’est une énergie propre et renouvelable. Elle représente
l’un des principaux rouages de notre économie. Alors que nos prédécesseurs
avaient littéralement coupé le courant du développement hydroélectrique, notre
gouvernement l’a rétabli.
Je suis fier de rappeler que c’est un gouvernement libéral qui, au début des
années 60, a doté le Québec de cette extraordinaire source d’énergie. Je suis
encore plus fier d’affirmer que c’est encore un gouvernement libéral qui, à
l’aube du XXIe siècle et à l’ère de Kyoto, l’aura relancée.
C’est notre richesse et notre prospérité qui en dépendent.
Monsieur le Président, nous nous demandons encore comment, sous l’ancien
gouvernement, le plus important producteur d’énergie hydroélectrique sur le
continent a pu devenir un importateur de cette ressource. Comment a-t-on pu
compromettre notre sécurité énergétique?
Mais, comme en santé et en éducation, nous avons inversé cette tendance au
désinvestissement dans un secteur qui revêt une importance fondamentale pour les
Québécois et leur avenir.
Depuis avril 2003, plus de 18 000 personnes s’emploient à la construction
d’équipements hydroélectriques à Mercier, Eastmain 1, Péribonka,
Rapide-des-Cœurs et Chutes-Allard. C’est plus de 1 000 mégawatts de plus
d’énergie propre et renouvelable. Il s’agit d’un investissement de 4,5 milliards
de dollars.
Un investissement équivalent en est à la phase d’évaluation environnementale; il
s’agit du projet Eastmain 1-A\Rupert. Ce chantier fournira du travail à plus de
25 000 personnes, et une fois terminé il ajoutera 900 mégawatts au patrimoine
énergétique du Québec.
Après l’énergie de l’eau, le gouvernement a décidé de diversifier son
portefeuille énergétique avec le vent. La percée majeure que nous encourageons
en énergie éolienne génère une industrie nouvelle dont l’expertise et les
retombées profiteront grandement à plusieurs de nos régions.
Au terme des projets en cours, c’est plus de 3 500 mégawatts d’énergie propre et
renouvelable que nous aurons tirés du vent. C’est assez d’énergie pour alimenter
la ville de Laval en continu.
Nous avons l’ambition de devenir un exportateur net d’énergie propre et
renouvelable en tout temps chez nos voisins qui en ont bien besoin. Nous
n’aurons pas de scrupules à tirer de cette exploitation de la richesse, laquelle
nous aidera à maintenir nos services et à réaliser nos ambitions.
Dans ce contexte, le ministre des Ressources naturelles rendra publique, dans
quelques semaines, la nouvelle stratégie énergétique du Québec.
Notre politique énergétique sera la tête de pont du développement durable au
Québec. Notre stratégie énergétique ouvrira la voie que nous proposons aux
Québécois pour les dix prochaines années. Elle abordera toutes les formes
d’énergie ainsi que leur utilisation dans un contexte de développement durable.
Nous allons devenir le leader et le premier investisseur nord-américain dans les
énergies renouvelables. Toutes les régions du Québec vont profiter de ce levier
économique, et les régions ressources seront des partenaires directs de nos
investissements dans ces énergies.
Si nous avons une préoccupation centrale pour notre prospérité, nous en avons
une non moins cruciale pour nos finances publiques.
Depuis avril 2003, nous avons géré les finances publiques de façon rigoureuse.
Nous avons présenté et suivi une politique de rémunération fondée sur la
capacité de payer des contribuables.
Dans les mois qui viennent, cette approche rigoureuse nous permettra d’entrevoir
le règlement de la question de l’équité salariale. Le gouvernement et tous les
partis de cette Assemblée ont souscrit par une loi au principe de l’équité
salariale qui rejoint celui de l’égalité entre les hommes et les femmes au
travail. Plus de 235 000 employés de l’État, principalement des femmes,
attendent les correctifs salariaux qui viendront concrétiser dans les faits le
principe de l’équité salariale.
Grâce à une gestion rigoureuse, le gouvernement a prévu les sommes nécessaires
au règlement de l’équité salariale. Cela représente des centaines de millions de
dollars. Nous souhaitons que nos partenaires syndicaux manifestent la même
volonté d’en arriver à un règlement dans les prochains mois. Car que vaudrait un
principe dont on repousserait toujours l’application?
Depuis 2003, nous avons ramené la moyenne des dépenses publiques à 3,6 %, alors
que de 1998 à 2003 elle se situait à 4,8 %. Nous l’avons fait en maintenant les
services. L’équilibre des finances publiques demeure toutefois fragile.
Notre gouvernement a plusieurs fois réitéré l’importance de relever les
principaux défis auxquels nous faisons face comme société.
Dans quelques années, le vieillissement de la population, combiné à un faible
taux de natalité, aura des répercussions importantes sur les finances publiques.
Moins de travailleurs devront assumer le coût des services destinés à un plus
grand nombre de personnes qui ne seront plus en âge de travailler. Compte tenu
de ce déficit démographique, la question des finances publiques commande une
attention immédiate.
Dans cette perspective, le montant de 117 milliards de dollars de la dette
publique du Québec est préoccupant. Si rien n’est fait pour l’endiguer, la
spirale de la dette finira par menacer notre richesse, limiter nos choix et
compromettre nos programmes et nos services.
Je reviens encore sur le mot responsabilité, car il pèse de tout son poids et
prend tout son sens pour le gouvernement lorsqu’on aborde la question de la
dette. Déjà, le service de la dette occupe le troisième poste budgétaire du
gouvernement après la santé et l’éducation. Je le rappelle, cela représente 7,5
milliards de dollars qui, dans le dernier budget et dans le prochain budget,
serviront à payer les intérêts de cette dette. Ça veut dire aussi 7,5 milliards
de dollars qui ne peuvent être affectés à l’éducation, à la santé, aux services
de garde, à la lutte contre la pauvreté et à bien d’autres engagements de
l’État.
Le ministre des Finances a tenu des consultations prébudgétaires. Cette question
de la dette occupe une large part de sa réflexion.
Le gouvernement est sensible aux appels de ceux qui nous pressent d’agir sur
cette question afin d’éviter que le poids de la dette ne finisse par provoquer
une crise réelle et sérieuse des finances publiques.
Le président du Mouvement Desjardins, monsieur Alban D’Amours, voit la dette
comme une obligation collective et presse le gouvernement d’agir.
L’ancien premier ministre du Québec, monsieur Lucien Bouchard, et son groupe de
réflexion Pour un Québec lucide ont avancé des propositions intéressantes sur
diverses façons de s’attaquer au problème de la dette. Plusieurs économistes
vont dans le même sens.
Les jeunes de tous les horizons qui sentent ce rouleau compresseur de la dette
menacer leur avenir prient le gouvernement de prendre ses responsabilités. Cette
menace place les jeunes dans la perspective de vivre moins bien que leurs
parents.
Notre gouvernement refuse d’envisager cette perspective. Comme premier ministre
et comme père de famille, je rejette l’idée que les jeunes d’aujourd’hui et de
demain puissent vivre moins bien que leurs parents.
Il n’existe malheureusement pas de clause dérogatoire qui pourrait nous
soustraire à notre responsabilité à l’égard de la dette. La question de la dette
nous fournit à tous l’occasion de faire preuve d’une véritable solidarité.
J’annonce donc que mon gouvernement déposera en cette chambre un projet de loi
qui contiendra des dispositions engageant le Québec dans un processus de
contrôle et de réduction de la dette. Notre gouvernement proposera, entre
autres, la création d’un Fonds des générations dont le seul objectif sera de
réduire ce fardeau trop lourd à porter pour les générations futures.
Cette loi peut enfin être envisagée, parce que nous avons procédé depuis trois
ans à une gestion rigoureuse des finances publiques. Ce sera également notre
ligne de conduite au cours des années qui viennent. Le ministre des Finances
déposera la semaine prochaine un budget qui sera inspiré par cette
incontournable rigueur.
Nous ne réglerons toutefois pas le problème de la dette au détriment des
missions essentielles de l’État. Nous ne le ferons pas non plus en alourdissant
un fardeau fiscal déjà pesant et que nous avons toujours l’intention d’alléger,
particulièrement pour les familles.
Nous nous acquitterons de nos devoirs sur la dette en créant, comme je l’ai
évoqué tout au long de ce discours, plus de richesse.
J’aimerais aborder un sujet crucial. Il s’agit de la place du Québec dans le
Canada. Il s’agit également du leadership que nous devons exercer au sein de la
fédération. Il s’agit des intérêts des Québécois dans l’ensemble canadien. Il
s’agit de notre avenir.
Quand, plus tôt, je parlais de responsabilité, j’incluais celle qui nous incombe
au premier chef de défendre, en tout temps et en toute occasion, les intérêts
des Québécois et du Québec partout dans le monde et au Canada. Le faire en
respectant nos partenaires, le faire de manière constructive, et le faire avec
la confiance inébranlable en notre réussite.
J’ai évoqué au début de ce discours la division semée chez les Québécois par
l’obsession de l’ancien gouvernement à vouloir sortir le Québec du Canada, peu
importe le prix à payer. C’est un débat qui, hélas, freine notre élan vers une
plus grande prospérité et une plus grande richesse. C’est une question qui
plombe notre capacité de profiter pleinement des avantages que représente notre
appartenance à un ensemble plus grand et plus fort pour nous permettre
d’affronter les défis du monde actuel.
Depuis plus de 40 ans, les personnes qui forment aujourd’hui l’opposition
officielle ne voient l’avenir du Québec que séparé du Canada. Après deux
référendums infructueux, ils en souhaitent un troisième. Je constate également
que, même parmi ceux qui adhéraient à cette option au point de s’en faire les
ténors, plusieurs commencent à la remettre en question.
Ces personnes réalisent que le Québec a, dans le cadre canadien, réalisé de
grandes choses. Il a, depuis 1960, fait des bonds de géants. Il a sa liberté
totale, des institutions fortes, une démocratie vibrante, des valeurs qui lui
sont propres, une culture d’une vitalité sans égale sur le continent et dans le
monde. Les entreprises du Québec et ses entrepreneurs rivalisent avec les
meilleures non pas au Québec, non pas au Canada seulement, mais partout dans le
monde.
Malgré cela, les tenants de la séparation affirment que rien ne peut se faire
sans la séparation du Québec du Canada. C’est pour eux la seule solution.
Notre gouvernement a rétabli les relations du Québec avec le gouvernement
fédéral et les autres gouvernements. Nous n’avons pas besoin d’un référendum
pour réaliser que nous devons travailler en partenariat avec nos voisins. Nous
avons changé le climat et remplacé l’affrontement par le dialogue. Une approche
qui donne des résultats concrets et sert mieux les intérêts du Québec.
Depuis notre arrivée au gouvernement en 2003, nous avons réalisé des gains
majeurs, sinon historiques, dans le domaine névralgique des relations
intergouvernementales canadiennes. Nous pensons d’abord à la reconnaissance
formelle du fédéralisme asymétrique et de la spécificité du Québec par l’entente
sur la santé et par la création d’un régime québécois de congé parental.
Ces réalisations sont la concrétisation d’une nouvelle vision qui inspire et
guide nos actions à l’échelle intergouvernementale. Une vision pragmatique et
pondérée, en opposition à celle défendue par nos adversaires. Une vision que
prônent la redécouverte du sens véritable de la formule fédérale, le respect des
compétences de chaque ordre de gouvernement, l’affirmation et l’autonomie des
provinces, le renforcement de l’interprovincialisme et la promotion de la
spécificité québécoise. Oui, l’ère du refus et de l’antagonisme est révolue et
oui, les résultats sont au rendez-vous.
Certes, ce nouveau leadership du Québec s’est avéré profitable aux Québécois,
mais il s’est également avéré profitable aux francophones de partout ailleurs au
Canada. Aux francophones des autres provinces canadiennes, je réitère
aujourd’hui la volonté du Québec d’en faire encore davantage pour
l’épanouissement des communautés et le rayonnement de la langue française au
Canada et ailleurs dans les Amériques.
D’ici à la fin de ce mandat, nous rendrons entre autres publique une politique
révisée et raffermie à l’égard de la francophonie canadienne.
Nous sommes persuadés que cette nouvelle approche, ce leadership du Québec qui a
tant manqué sous le gouvernement précédent, se traduira par d’autres gains dans
des domaines de toute première importance pour l’avenir des Québécois.
Je pense entre autres au dossier touchant la question de la mobilité de la
main-d’œuvre, qui affecte en particulier la région de l’Outaouais. Nous sommes
déterminés à enfin obtenir un règlement.
Le changement récent de gouvernement à Ottawa et l’ouverture manifestée par le
premier ministre Harper sont de bon augure. Mes discussions avec lui également.
Le déséquilibre fiscal, les accords de péréquation, le respect des compétences
du Québec et leur prolongement sur la scène internationale, comme notre présence
à l’UNESCO, sont toutes des questions sur lesquelles il y a lieu de fonder des
espoirs.
Je pourrais parler d’optimisme parce que nous avons travaillé fort. Nous avons
été les instigateurs du Conseil de la fédération.
C’est un formidable forum. C’est un forum dans lequel nous pouvons mieux faire
valoir le point de vue du Québec sur les sujets d’intérêt commun ou sur
l’exercice plein et entier de nos compétences.
C’est le lieu où les consensus se forment et s’imposent avec plus de force
auprès du gouvernement central. C’est un endroit privilégié où peut s’exprimer
la différence du Québec. C’est surtout la renaissance de notre leadership dans
la fédération.
Nous avons, dans ce nouveau contexte, signé depuis notre arrivée au gouvernement
pour 10 milliards de dollars d’ententes avec le gouvernement fédéral.
Oui, Monsieur le Président, mes ministres, mes députés et moi-même allons
continuer de dialoguer avec nos vis-à-vis canadiens. Pourquoi? Parce que en
faisant cela, nous sommes présents et nous remplissons la mission que les
Québécois nous ont confiée et qui est celle de défendre partout leurs intérêts
et d’exercer pleinement notre influence sur les grands enjeux.
Vous avez devant vous un gouvernement qui veut que la fédération fonctionne au
bénéfice des Québécois.
J’annonce donc notre intention de travailler sans relâche à réunir les Québécois
autour des grands défis que nous avons à relever et surtout, des priorités qui
sont les leurs et des moyens d’atteindre une plus grande prospérité.
Our government has reclaimed its place in the Canadian federation. We have
exercised leadership in all areas and the results of our efforts show in the
many agreements to improve Quebecers’ well-being. Confrontation was the policy
of the last government. The separation of Quebec from Canada and divisiveness
remain the rallying cry of the Opposition.
Dialogue, openness and negotiation are the prerogatives of your current
government. New relations have been established with the federal government, a
new dialogue has been opened with the provinces – the result of our proposal for
the Council of the Federation – and we intend to maintain our new leadership
within Canada.
We don’t need another question in another referendum. We need solutions to the
challenges of Quebec today. We need unity to accelerate our growth and offer
true prosperity to all Quebecers.
À la division, nous allons substituer l’éducation, la santé, le développement
durable, l’innovation et la création de la richesse. À la question nationale,
nous allons opposer la richesse nationale.
Et mon souhait, Monsieur le Président, c’est qu’au terme de cette législature,
les choix qui se posent à nous comme peuple soient plus clairs qu’ils ne l’ont
jamais été.
Je vous remercie.
[Charest=20060316]
[Discours du 16 mars 2006 devant la Jeune chambre de commerce de Québec]
Madame, la Présidente de la Jeune chambre de commerce de Québec (Véronique
Morin),
Chers collègues, députés et ministres,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
C’est un plaisir d’être avec vous ce midi et d’être l’invité de la « Meilleure
organisation des Amériques ».
Madame Morin, à toute votre équipe, j’adresse les plus chaleureuses
félicitations du gouvernement du Québec pour avoir obtenu la plus haute
distinction lors du Congrès des Amériques de la jeune chambre internationale en
mai dernier, à Sao Paulo au Brésil.
L’excellence de votre organisation vous a menés jusqu’au Congrès mondial de la
jeune chambre internationale, tenu à Vienne en Autriche en octobre dernier.
Votre prestige rejaillit sur notre capitale nationale et sur toute sa communauté
d’affaires, qui compte parmi les plus dynamiques du pays.
Mesdames, Messieurs,
En tant que jeunes gens d’affaires, en tant que jeunes entrepreneurs, vous êtes
les déclencheurs du dynamisme économique de notre capitale nationale.
Notre capitale nationale est au nombre des plus belles villes du monde. Elle
continue de regrouper une part importante des employés de l’État, mais elle est
aussi un avant-poste de la nouvelle économie au Québec.
On compte dans la capitale nationale pas moins de 400 centres de recherche
autour desquels gravitent 6 000 chercheurs et ingénieurs.
Ce sont des générateurs d’emplois de très haut niveau axés sur l’innovation.
Plusieurs centres de recherche à vocation industrielle incarnent la nouvelle
économie. Pensons entre autres :
à l’Institut national d’optique, reconnu tant au Canada qu’à travers le monde;
à l’Institut de recherche sur les produits du bois du Canada, Forintek;
au COREM (Consortium de recherche en traitement et transformation de
substances minérales).
Depuis sa création en 1988, l’Institut national d’optique a favorisé la création
d’une vingtaine d’entreprises, a effectué 32 transferts technologiques, est
titulaire de 65 brevets et a signé environ 2 000 contrats avec l’industrie.
Pour la seule année 2005, 220 contrats ont été signés.
La vieille capitale est devenue synonyme de nouvelle économie. Et vous en êtes,
vous tous dans cette salle, des porte-flambeaux.
En tant que jeunes gens d’affaires, en tant que jeunes entrepreneurs, vous êtes
animés par le désir de réussir. Chaque jour, vous vous retroussez les manches et
vous portez des projets vers leur réalisation.
Vous cultivez la confiance.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit mon gouvernement.
J’ai inauguré cette semaine une nouvelle session à l’Assemblée nationale. Cette
rentrée parlementaire a été un moment pour regarder le chemin parcouru et
affirmer nos priorités pour le dernier droit de notre mandat.
Au cours des trois dernières années, notre gouvernement s’est employé à
renouveler nos façons de faire pour que le Québec progresse sur la voie de la
prospérité.
Souvenez-vous, en 2003, notre système de santé était plongé dans une crise sans
précédent. Les bulletins de nouvelles s’ouvraient sur le nombre de personnes
dans les corridors de nos urgences.
Aujourd’hui, Statistique Canada dit que le délai moyen d’attente pour une
chirurgie non urgente est passé de neuf à quatre semaines au Québec, ce qui nous
ramène dans la moyenne canadienne.
Le Conference Board établit que, de toutes les provinces canadiennes, c’est au
Québec que le délai entre un rendez-vous avec un généraliste et un spécialiste
est le plus court.
Ces avancées nous permettent aujourd’hui de faire entrer notre système de santé
dans une nouvelle ère, celle de la garantie d’accès.
Et cette garantie d’accès inclura une ouverture mesurée au secteur privé : à des
cliniques spécialisées privées, qui seront affiliées au système public, et à des
assurances privées pour certaines chirurgies courantes.
C’est de cette manière que nous avons répondu au défi posé par la Cour suprême
du Canada dans l’arrêt Chaoulli : nous avons renforcé le caractère public de
notre système en permettant au secteur privé, dans le cadre de ce système
public, de jouer un rôle.
C’est une synergie gagnante.
En santé, nous avons réinvesti, mais nous avons surtout réorganisé le système.
Nous avons mis en place des méthodes d’aujourd’hui pour répondre aux besoins des
Québécois d’aujourd’hui.
C’est le même esprit qui nous anime dans les autres domaines de l’action
gouvernementale.
En éducation, par exemple, nous avons réinvesti 1 milliard de dollars, c’est
davantage en trois ans que le gouvernement précédent en neuf ans.
Mais nous avons surtout affirmé des priorités nouvelles. Nous avons consacré des
efforts très importants afin que les enfants prennent goût à la réussite dès
leur entrée à l’école.
Nous avons développé l’aide aux devoirs.
Nous allons augmenter d’une heure et demie la semaine de classe au primaire et
intégrer l’enseignement de l’anglais dès la première année.
Au cours de l’automne, nous avons aussi confirmé des investissements
supplémentaires de 100 millions de dollars entièrement consacrés à
l’accompagnement des élèves en difficulté.
Pour la suite des choses, nous faisons une priorité de l’investissement dans
l’enseignement postsecondaire.
Les transferts fédéraux aux fins de l’enseignement postsecondaire ont été coupés
au milieu des années 90.
Aujourd’hui, en 2006, ils demeurent inférieurs à ce qu’ils étaient il y a dix
ans. Il y a un rattrapage à faire.
Sur le plan économique aussi, nous avons changé les choses. Nous aidons mieux
ceux qui ont besoin d’aide, et nous créons un contexte plus propice à la
croissance.
Nous avons aligné les ressources sur les besoins véritables des personnes et des
familles.
Nous avons mis sur pied un programme de soutien aux enfants. Depuis l’an
dernier, un million de familles avec enfants reçoivent une aide du
gouvernement. Dans la capitale nationale, 36,5 millions de dollars sont ainsi
versés à plus de 65 000 familles.
Nous avons aussi instauré une prime au travail pour améliorer la qualité de
vie des travailleurs à faible revenu. À l’échelle du Québec, 500 000 ménages
en bénéficient.
Nous avons poursuivi le développement du réseau des garderies à contribution
réduite. Nous atteindrons l’objectif de 200 000 places en 2006.
Depuis le 1er janvier, le nouveau régime québécois de congé parental est en
vigueur. Un régime plus généreux que le régime canadien, et le seul à offrir
un congé parental aux travailleurs autonomes.
C’est un régime sur mesure pour les jeunes entrepreneurs qui n’ont pas
toujours accès aux programmes offerts dans les grandes organisations.
C’est une économie moderne que nous voulons. Pour avoir une économie moderne, on
doit avoir des infrastructures modernes.
Nous y aurons consacré 14 milliards de dollars en 3 ans.
Dans la capitale nationale, ça veut dire, entre autres :
le prolongement de l’autoroute du Vallon;
l’échangeur Charest-Duplessis;
la route 175 à Stoneham.
Les infrastructures, ce sont des routes, mais aussi des immobilisations en santé
et en éducation :
des nouveaux CHSLD à Limoilou et dans la Pointe Sainte-Foy;
la rénovation de l’urgence de l’Enfant-Jésus;
l’agrandissement de l’Institut de cardiologie et de pneumologie de l’Hôpital
Laval et des investissements en immobilisations au cégep Sainte-Foy, dans le
pavillon Vaudry et l’Université Laval et à l’INRS;
c’est aussi un investissement au Centre international de recherche et de
formation en neurophotonique de l’Université Laval;
c’est un autre investissement, au Centre de transformation sur le bois ouvré à
l’Université Laval, ce qu’on appelle le pavillon Kruger.
Ce qui relève du gouvernement, c’est aussi des investissements stratégiques qui
vont favoriser la croissance et la diversification de l’économie :
c’est l’appui à l’implantation d’Ubisoft à Québec;
c’est la rénovation de l’ancien Centre municipal des congrès.
C’est aussi le lancement du projet ACCORD, par mon collègue Michel Després, qui
vise à renforcer le positionnement international de Québec dans ses forces
stratégiques que sont les sciences de la vie, la santé et la nutrition, les
technologies appliquées, les matériaux transformés, le tourisme et les
assurances.
Ce qui relève du gouvernement, c’est aussi l’établissement d’une politique
fiscale plus concurrentielle qui facilite l’investissement.
Nous avons ainsi réduit la taxe sur le capital de 50 % pour les PME et instauré
un crédit de taxe sur le capital pour favoriser l’investissement dans la
modernisation des entreprises.
Nous avons aussi lancé deux FIERs à Québec, les Fonds d’intervention économique
régionale, dotés d’une capitalisation de 15 millions de dollars chacun. Ils vont
permettre le démarrage et la croissance de nouvelles entreprises.
Notre stratégie de développement économique fixe l’objectif de porter à 3 % du
PIB les investissements en recherche et développement d’ici 2010.
Nous allons continuer à mettre de l’avant des mesures qui favorisent la
diversification économique de Québec et son positionnement dans la nouvelle
économie.
Au total, c’est 850 millions de dollars que notre gouvernement a investis dans
la capitale nationale en 3 ans.
Voilà une contribution qui participe au succès économique de la région :
Le taux de chômage qui s’établissait à 7,6 % en février 2003 était à 5,7 % en
février 2006.
Québec est dans le peloton de tête des cinq villes canadiennes qui connaissent
la plus forte croissance.
En 2005, l’investissement résidentiel, industriel et commercial a progressé de
8,2 % par rapport à 2004. C’est la plus forte progression au Québec. Cela
correspond à 6,5 milliards de dollars d’investissement.
En matière de transport en commun, la région de Québec pourra bientôt obtenir
d’importantes nouvelles sources de financement. Trois nouveaux instruments
seront mis de l’avant par le gouvernement, soit notre nouvelle politique de
transport en commun, notre plan triennal d’immobilisation et la SOFIL.
Par ces trois instruments, nous répondons concrètement au plan stratégique du
Réseau de transport de la Capitale, tant sur le plan du renouvellement de la
flotte d’autobus, du projet d’autobus écologiques dans le Vieux-Québec, que
pour la mise en place de nouvelles infrastructures.
L’État d’aujourd’hui a aussi pour responsabilité d’engager notre société sur la
voie du développement durable.
Le développement durable, ça veut dire, notamment, avoir le courage de protéger
nos forêts, tout en venant en aide aux communautés touchées.
Et au Québec, le développement durable est indissociable du développement
énergétique.
Pensons-y. Qu’est-ce qui est le mieux pour l’environnement : produire notre
hydroélectricité ou acheter de l’électricité des États-Unis produite avec des
centrales au charbon?
Si l’Alberta s’enrichit en vendant des hydrocarbures aux États-Unis, pourquoi
devrions-nous être gênés de créer de la richesse chez nous en contribuant à
l’assainissement de l’air sur le continent?
Croire dans le développement durable, c’est croire en deux mots : «
développement » et « durable ».
C’est développer notre économie en nous assurant de préserver nos ressources
pour les générations futures.
C’est dans cet esprit que nous avons relancé le développement énergétique au
Québec.
Dans le nord du Québec aujourd’hui, près de 20 000 travailleurs s’affairent sur
les projets de développement hydroélectrique à Mercier, Eastmain 1, Péribonka,
Rapides-des-Cœurs et Chute-Allard. Nous prévoyons des investissements de 3,5 à 4
milliards de dollars par année pendant 15 ans.
C’est notre richesse et nous allons l’exploiter, et c’est aussi une partie de
notre identité.
En plus du développement hydroélectrique, nous avons aussi propulsé le Québec
parmi les leaders nord-américains de l’énergie éolienne avec le développement 3
500 mégawatts; c’est plus d’électricité qu’il n’en faut pour subvenir aux
besoins en énergie de la moitié de la capitale nationale.
Notre énergie, c’est notre histoire, c’est aussi notre avenir et un engagement
de mon gouvernement.
Nous avons changé beaucoup de choses au Québec en trois ans. Nous avons aussi
changé des choses à l’extérieur du Québec.
Nous avons modifié la dynamique canadienne en faisant entrer les relations entre
les provinces et les territoires dans l’univers de la coopération avec le
Conseil de la fédération, créé à l’initiative du Québec.
Avec notre gouvernement, le Québec a repris son rôle de leader au sein de la
fédération.
Nous portons une vision du fédéralisme qui repose sur le respect des compétences
et la valorisation de la diversité.
Au Québec, un nombre important d’électeurs ont appuyé cette vision du
fédéralisme en élisant une dizaine de députés conservateurs lors des élections
du 23 janvier dernier.
Monsieur Harper a reconnu ce fait.
Lorsque je l’ai reçu, le 8 mars dernier, cela faisait 22 ans qu’un premier
ministre canadien n’était pas venu rencontrer le premier ministre du Québec dans
notre capitale nationale.
Cet appui des gens de Québec constitue un argument nouveau et puissant en faveur
de la réalisation de projets structurants dans la capitale nationale en
partenariat avec le gouvernement fédéral.
Lors de cette rencontre, monsieur Harper et moi avons convenu de mettre en
branle plusieurs dossiers importants pour Québec.
En tête de liste, la modernisation de l’aéroport Jean-Lesage.
Dès le lendemain, le 9 mars, un comité intergouvernemental Canada-Québec se
réunissait sur ce dossier précis en présence de la direction de l’aéroport.
Notre capitale nationale doit être pourvue d’infrastructures aéroportuaires qui
correspondent à son rôle, à son statut et à son rayonnement international.
La modernisation de l’aéroport Jean-Lesage est la priorité numéro un des
relations avec le gouvernement Harper pour notre capitale nationale.
Au cours des dernières années, nous avons eu le courage de forcer des remises en
question pour pouvoir mieux soigner, mieux éduquer et mieux prospérer.
Notre action repose sur la responsabilité et le devoir d’État; elle est
entièrement orientée vers notre avenir, vers notre jeunesse.
Nous présenterons d’ailleurs dans quelques jours notre nouvelle stratégie
d’action jeunesse qui favorisera le plein engagement des jeunes dans notre
société.
Je sais, Madame Morin, que vous avez participé aux consultations entourant cette
stratégie, et je peux vous dire que vous y retrouverez cette ambition et cette
confiance en l’avenir qui imprègnent votre organisation.
Notre gouvernement a placé l’intérêt de la jeunesse au cœur de ses décisions.
Quand nous réinvestissons en éducation; quand nous développons les services de
garde; quand nous mettons sur pied un nouveau régime de congé parental, c’est
aux jeunes que nous pensons.
Quand nous refaçonnons notre système de santé, et que nous agissons pour en
contrôler les coûts, c’est pour que vous puissiez en profiter vous aussi.
Quand nous protégeons nos forêts; quand nous bataillons pour une plus grande
prospérité du Québec, c’est à vous que nous pensons.
C’est pour nos jeunes que nous avons lancé en février 2004 le Défi
entrepreneuriat Jeunesse.
Je tiens d’ailleurs à souligner l’engagement de la Jeune chambre de commerce de
Québec dans le développement de la culture entrepreneuriale par le projet : «
Les apprentis Telus » qui vise à promouvoir le désir d’entreprendre.
Plusieurs des participants à ce projet sont dans la salle et je les salue.
C’est aussi pour nos jeunes, Mesdames, Messieurs, pour qu’ils aient eux aussi
les moyens de leurs ambitions, que nous allons nous attaquer à notre dette
publique.
La Jeune chambre de commerce de Québec, en tant que membre du Regroupement des
jeunes gens d’affaires du Québec, fait partie d’une coalition de groupes
jeunesse qui se sont prononcés en faveur du contrôle et de la réduction de notre
dette.
Nous nous engagerons par une loi à freiner le recours à l’endettement et à
accélérer la réduction du poids de notre dette par rapport à notre richesse.
Nous confirmerons la création, dès la présentation de notre budget, la semaine
prochaine, d’un fonds dédié à la dette, le Fonds des générations.
Je lance aujourd’hui un appel à la solidarité des Québécois; une solidarité
véritable par laquelle les Québécois vont s’unir et consentir à un effort pour
s’attaquer à la dette.
Nous serons ce gouvernement qui dégagera les voies du futur pour le bénéfice de
notre jeunesse.
Le Québec est promis à un brillant avenir. Notre jeunesse, qui nous appelle à
innover, à nous renouveler, c’est la génération d’un Québec nouveau dans un
monde nouveau.
Vous êtes les premiers enfants du Québec à avoir grandi avec une souris dans la
main. Vous êtes nés avec Internet et le libre-échange.
Vous êtes les filles et les fils de ce village global. La Chine, l’Inde, vous en
entendez parler depuis toujours. Vous y voyez des opportunités plus que des
menaces.
Vous êtes animés par une conscience universelle, environnementale, globale.
Et cela tombe bien, car bientôt, les yeux du monde seront tournés vers nous.
C’est un formidable événement qui se prépare à Québec. La génération de vos
parents a été marquée par Expo 67.
La vôtre sera marquée par Québec 2008. Le 400e anniversaire de Québec placera
notre capitale nationale sous les projecteurs du monde.
Notre gouvernement a déjà engagé 110 millions de dollars en prévision de cette
année de commémoration et de festivités :
70 millions de dollars en infrastructures, principalement pour l’aménagement
du littoral, avec la promenade Samuel-de-Champlain,
et 40 millions de dollars pour la programmation.
Le gouvernement fédéral fera aussi sa part.
Et nous avons reçu un appui formel du gouvernement français. Le président
Jacques Chirac m’a confirmé que Jean-Pierre Raffarin, sénateur et ancien premier
ministre, présidera un comité d’organisation pour la célébration du 400e
anniversaire de Québec. Il sera chargé de coordonner les initiatives françaises
relatives à cette commémoration.
Que ce grand ami du Québec qu’est Jean-Pierre Raffarin devienne en quelque sorte
l’ambassadeur français des fêtes du 400e est un coup de pouce majeur au
rayonnement de l’événement.
Par ailleurs, le gouvernement français va consulter prochainement le
gouvernement du Québec, ainsi que la Ville de Québec, afin d’évaluer quelle sera
la marque d’amitié qu’elle entend offrir dans le cadre des célébrations du 400e
anniversaire.
La Société des fêtes du 400e de Québec est à pied d’œuvre avec l’appui plein et
entier du gouvernement pour faire de 2008 une année inoubliable.
Déjà, de nombreux événements internationaux sont prévus, dont le Sommet de la
Francophonie, qui réunira 82 chefs d’État et de gouvernement.
En 2008, c’est notre histoire que nous allons célébrer, depuis la fondation de
Québec par Samuel de Champlain en 1608, jusqu’à nos jours.
C’est notre histoire que nous allons raconter au monde, et c’est notre confiance
dans l’avenir que nous allons célébrer avec le monde.
Je vous dis aujourd’hui : faisons ensemble de notre capitale nationale l’un des
plus flamboyants symboles de la fierté de notre passé et de notre confiance dans
l’avenir.
[Charest=20060317]
[Discours du 17 mars 2006 devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain]
Madame la Présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain,
Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal,
Monsieur Gilles Vaillancourt, maire de Laval,
Monsieur Claude Gladu, maire de Longueuil,
Distingués membres de la table d’honneur,
Chers collègues députés et ministres,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie d’abord la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour la
tenue de ce déjeuner-causerie. C’est toujours un grand plaisir et un privilège
de prendre la parole devant un auditoire aussi engagé dans le développement de
Montréal et du Québec.
Madame Hudon, je profite de cette occasion pour souligner la remarquable
contribution de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à la réflexion
sur les grands enjeux auxquels est confrontée notre métropole.
Je pense, par exemple, à votre récente enquête sur le financement privé de la
culture à Montréal. Vous militez en faveur d’un plus grand engagement du secteur
privé dans le soutien des arts.
C’est précisément afin de favoriser le mécénat et l’accroissement de
l’investissement privé dans la culture que notre gouvernement a lancé, l’automne
dernier, Placement Culture, en collaboration avec le Conseil des arts et des
lettres du Québec et la Fondation communautaire du Grand Montréal.
En introduction à votre enquête, Madame Hudon, vous dites ceci : « La culture
est devenue une composante fondamentale de l’identité montréalaise; un facteur
d’attraction des talents; une composante majeure de la qualité de vie; un
secteur dont les réussites internationales sont dignes d’inspirer l’ensemble des
acteurs de l’économie de la région métropolitaine. »
Je partage cet avis. La culture irradie notre métropole. C’est un vent de
créativité, d’imagination et d’audace qui imprègne tous les autres domaines
d’activité.
J’y vois l’une des grandes lignes de force de Montréal. La réussite de Montréal,
quant à sa concurrence avec les autres grandes villes d’Amérique du Nord, réside
en bonne partie dans la promotion de cette ambiance unique.
Choisir Montréal, que l’on soit investisseur, étudiant, artiste, immigrant ou
chercheur, c’est aussi opter pour un « art de vivre ».
C’est une métropole à visage humain; une ville de culture, mais aussi une ville
de savoir, une ville de technologies nouvelles, un pôle de l’aérospatiale, un
haut lieu des sciences de la vie.
Montréal, première ville francophone d’Amérique, est la principale porte ouverte
du Québec sur le monde.
Nous avons une seule métropole.
Mesdames, Messieurs,
J’ai inauguré cette semaine une nouvelle session à l’Assemblée nationale. Mon
discours fut le moment, pour nous, d’apprécier le chemin parcouru depuis trois
ans et d’affirmer nos priorités pour l’avenir.
Nous avons fait de la remise sur pied de notre système de santé notre plus
grande priorité, et nous sommes fiers du chemin parcouru depuis trois ans.
Tout récemment, Statistique Canada et l’Institut Fraser reconnaissaient que les
délais d’attente avaient grandement diminué au Québec, que ce soit pour voir un
médecin spécialiste ou pour obtenir une chirurgie non urgente.
Nous avons réinvesti beaucoup en santé : plus de 3 milliards en trois ans dans
les dépenses de fonctionnement du réseau et plus de 3 milliards également dans
les immobilisations.
Nous avons réinvesti, mais nous avons surtout redéployé notre système de santé.
Nous avons fait tomber ces murs qui transformaient notre système en labyrinthe.
Grâce à notre action en santé, nous pouvons, aujourd’hui, graduellement garantir
l’accès aux services. Et cette garantie est liée à une ouverture mesurée au
secteur privé : à des assurances privées pour certains types d’intervention et à
des cliniques privées spécialisées qui seront affiliées au réseau public.
Nous allons continuer à faire de la santé notre priorité. Parce que ce système
est non seulement l’expression de nos valeurs et de notre compassion, il est
aussi l’un de nos principaux avantages économiques.
Si vous en doutez, rappelez-vous que les difficultés financières des géants
américains de l’automobile sont causées en partie par l’explosion des frais de
santé des entreprises. Comme le reconnaissait le sénateur démocrate John Kerry :
« GM’s health care costs now account for $1,400 per vehicle. Toyota recently put
a major new plant in Canada, instead of the U.S because of healthcare costs. »
Notre système public de santé demeure à la fois le meilleur moyen de contrôler
la croissance des coûts et l’un de nos principaux piliers de développement
économique et social. En permettant au secteur privé de jouer un rôle
complémentaire, nous pouvons aujourd’hui offrir une garantie d’accès aux
services.
Vous reconnaîtrez que nous avons parcouru beaucoup de chemin depuis trois ans.
En trois ans, nous avons aussi fait de l’éducation une priorité. Nous avons fait
en sorte que les enfants, dès leur entrée à l’école, prennent goût à la
réussite. Cette priorité s’est traduite par le développement de l’aide aux
devoirs. Nous avons également consacré 100 millions de dollars à
l’accompagnement des élèves en difficulté. C’est 1 800 professionnels
spécialisés de plus pour accompagner nos enfants dans leur apprentissage. Nous
avons ainsi réparé l’erreur du gouvernement du Parti québécois, qui a mis 1 200
professionnels à la retraite sans égard aux besoins des enfants.
Depuis 2003, nous avons entamé le redressement du financement destiné à
l’enseignement postsecondaire.
Les sommes allouées aux universités ont fait l’objet d’augmentations graduelles,
après une période de stagnation. De 1994 à 2002, l’investissement public dans ce
secteur est demeuré figé à 1,8 milliard de dollars. Depuis ce temps, les choses
ont changé. Ce sont 2,2 milliards de dollars que le gouvernement a choisi
d’investir cette année.
Ce redressement doit se poursuivre. L’économie d’aujourd’hui, c’est l’économie
du savoir.
Cependant, dans le contexte des finances publiques et du déséquilibre fiscal,
nous savons qu’il est nécessaire que le gouvernement fédéral fasse sa part.
Le mois dernier, le premier ministre de l’Ontario et moi-même avons coprésidé un
sommet du Conseil de la fédération entièrement consacré à la question de
l’enseignement postsecondaire et de la formation.
C’est la première fois que les premiers ministres des provinces et des
territoires s’unissent sur cette question cruciale pour notre avenir.
Les transferts fédéraux sont aujourd’hui inférieurs à ce qu’ils étaient il y a
dix ans.
Le gouvernement fédéral doit corriger le tir afin que nous puissions réaliser
des investissements substantiels dans nos universités.
Maintenant, sur le plan économique, notre action a été déterminante. Nous avons
redéfini le partage des responsabilités entre l’État et les entreprises. Nous
assumons les responsabilités qui relèvent de l’État, tout en créant un contexte
propice à la croissance des entreprises et des investissements.
Since our election, we have invested $14 billion1 in infrastructure.
We changed the mandate of la SGF, Investissement Québec and la Caisse de dépôt
et de placement. They have sinced improved their performance.
We reduced corporate taxation to make it easier to invest; 75 % of small and
medium size businesses do not pay a capital tax anymore. We also have
established a capital tax credit to support investments in the modernization
of equipment.
Nous avons mis sur pied les fonds d’intervention économique régionaux, les
FIER, qui font boule de neige au Québec. D’ailleurs, nous avons annoncé
récemment, à Montréal, un premier investissement de FIER-Partenaires qui
servira à soutenir la création d’un fonds en technologie de l’information de
60 millions de dollars.
Nous avons également restructuré le capital de risque. Nous avons privatisé
Innovatech Montréal. Et les résultats sont probants. Ces investissements
hautement stratégiques ont progressé de 12 % au Québec en 2005. Avec des
investissements de 710 millions de dollars, dont près de 90 % à Montréal,
l’industrie québécoise du capital de risque est la plus forte du Canada. Elle
représente 39 % du capital investi et 50 % des entreprises financées au Canada.
C’est un atout stratégique majeur pour la métropole.
Notre action en matière économique fait progresser le Québec :
il n’y a à peu près jamais eu autant de Québécois au travail;
le taux de chômage est à son plus bas en 30 ans;
le taux de participation à l’emploi atteint un sommet historique;
et le revenu disponible des Québécois progresse.
Nous avons également redressé nos finances publiques. Nous avons limité la
croissance des dépenses à une moyenne de 3,6 % par année.
Pendant ce temps, les dépenses budgétaires ont crû en moyenne de 6,4 % dans les
autres provinces et de 7,2 % à Ottawa.
Pour réussir à contenir la croissance des dépenses, tout en réinvestissant en
santé et en éducation, nous avons dû faire des choix.
Nous avons fait le choix de pratiquement geler les dépenses des autres
ministères. Et nous avons fait le choix de renouveler les conventions
collectives des employés de l’État jusqu’en 2010 en respectant la capacité de
payer des contribuables. On a fait les bons choix.
Bref, entre nous… Dans l’intimité de cette salle, notre gouvernement a connu
quelques fausses notes depuis trois. Mais qui peut dire n’avoir jamais eu
quelques fausses notes dans son plan d’affaire?
Nous avons recentré l’activité gouvernementale sur ses missions essentielles que
sont la santé et l’éducation, comme nous nous y étions engagés.
Nous avons redéfini le partage des responsabilités entre l’État et les
entreprises en matière de développement économique.
Nous avons redressé les finances publiques.
Et nous avons redonné au Québec toute son influence au sein de la fédération
canadienne.
Certes, au cours de ces trois années, lorsque l’on analyse notre action en
fonction des intérêts supérieurs du Québec, nous avons grandement fait
progresser le Québec.
Nous sommes fiers de notre bilan.
Montréal a grandement bénéficié de notre action depuis trois ans.
En santé, le réinvestissement dans les immobilisations s’est traduit par :
l’agrandissement du bloc opératoire de l’Institut de cardiologie de Montréal,
la construction d’un pavillon de recherche sur le cancer à McGill,
l’agrandissement de la radio-oncologie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Et nous continuerons à bâtir pour faire de Montréal ce centre mondial,
internationalement reconnu, des sciences de la vie.
Je veux être très clair. Nous construirons le nouveau CHUM, le nouveau Centre
hospitalier universitaire de santé de McGill et le nouveau Centre hospitalier
universitaire mère-enfant de l’hôpital Sainte-Justine. Mais, pour mener ce
projet à terme avec succès, nous allons nous assurer de deux choses :
1. Mettre sur pied un mode de gestion efficace pour la bonne marche des travaux;
2. Mettre sur pied un mode de financement pour le contrôle des coûts.
En éducation, nos réinvestissements se sont traduits par :
le nouveau pavillon de la faculté de médecine de l’Université de Montréal,
l’agrandissement de l’École de technologie supérieure,
et la mise à niveau de la faculté de médecine de l’Université McGill.
Sur le plan économique, nous avons consolidé le pôle international de
l’aérospatiale.
Nous avons soutenu les projets de développement de Bell Helicopter, Pratt &
Whitney, GE et de Messier-Dowty. Nous avons appuyé Bombardier en ce qui concerne
la promotion de ses appareils de la série C et nous serons encore là lorsque le
contexte sera plus favorable.
Notre action des trois dernières années nous permet maintenant d’aller plus
loin.
Nous allons bâtir sur nos avancées en santé afin de mettre en œuvre la
garantie d’accès aux services de santé. Cette ouverture mesurée au secteur
privé, qui agira de façon complémentaire avec le secteur public, nous
permettra, j’en suis convaincu, de bâtir l’un des meilleurs systèmes de santé
du monde.
Nous animerons également un débat important sur le financement à long terme de
notre système de santé, dans la foulée du rapport Ménard.
Nous poursuivrons le redressement du financement l’éducation et nous
appuierons la formation continue. C’est essentiel pour que nos jeunes puissent
répondre aux nouvelles exigences d’une économie fondée sur le savoir.
Nous allons également nous attaquer à notre dette.
De la même manière qu’il a fallu redresser le système de santé avant de
permettre une ouverture mesurée au secteur privé, il était nécessaire de
redresser les finances publiques avant de s’attaquer à la dette.
Sur les finances publiques, nous allons plus loin dans notre action.
Dans notre programme électoral de septembre 2002, nous avions pris l’engagement
de produire un plan de remboursement de la dette à long terme.
Nous avons réitéré cet engagement dans le budget de l’an dernier, car le Forum
des générations s’était terminé sur un constat très clair de la part de
l’ensemble des intervenants : le temps était maintenant arrivé de s’attaquer à
la dette du Québec.
Et nous le ferons dans le budget que le ministre des Finances déposera la
semaine prochaine.
Parce que nous avons géré avec une grande rigueur, parce que la croissance des
dépenses est maintenant en deçà de la croissance des revenus du gouvernement,
nous pouvons aujourd’hui entrevoir le jour où notre dette ne sera plus un boulet
pour notre jeunesse.
Nous adopterons une loi qui engagera le Québec sur la voie de la réduction du
poids de notre dette.
Nous créerons un fonds, le Fonds des générations, affecté à l’allègement de
notre dette. Ce fonds sera alimenté par des sources de revenus spécifiques.
S’attaquer dès maintenant à la dette, c’est faire un choix responsable. Ce choix
est nécessaire pour assurer la pérennité de nos services sociaux . Il l’est
aussi par équité envers les générations futures.
Notre dette est la plus lourde de toutes les provinces canadiennes, à 44% de
notre produit intérieur brut, contre 25 % pour la moyenne des provinces.
Notre dette, malheureusement, a surtout servi à payer des dépenses courantes. En
fait, les trois quarts de notre dette de 117 milliards, soit 87 milliards,
découlent des déficits que le Québec a cumulés s année après année depuis le
début des années 1970.
Notre plan prévoit l’élimination, à terme, de la dette d’épicerie. Notre dette
sera alors le reflet d’investissements productifs dans nos infrastructures,
comme il se doit.
Nous fixerons dans le prochain budget une cible de réduction du poids de notre
dette en regard de notre richesse collective.
Pour rembourser notre dette, il faut créer de la richesse.
Le Québec évolue dans un contexte économique nouveau, qui change rapidement.
Sur le plan conjoncturel, notre économie doit s’adapter à la hausse du prix des
carburants et à l’appréciation du dollar canadien. Il s’agit d’un défi pour le
secteur manufacturier et pour nos industries exportatrices.
Sur le plan structurel, notre économie doit s’adapter à un contexte beaucoup
plus compétitif sur le plan international. C’est un passage obligé pour nous,
puisque plus de 60 % de notre PIB est le résultat de nos exportations faites
ailleurs au Canada et dans le monde.
Dans ce nouveau contexte, nous devons relever le défi de l’innovation et des
investissements. C’est le sens de la politique économique que nous avons
dévoilée l’an dernier.
Entre 1990 et 2004, l’écart de productivité entre le Québec et le Canada est
passé de 4,1 à 5,2 %.
Entre l’Ontario et le Québec, il est passé de 8,5 à 10,4 %.
Entre le Québec et les États-Unis, il est passé de 15,8 à 16,4 %2 .
Nous devons évoluer vers une culture de l’innovation, de la même manière que
nous avons su évoluer vers une culture de la qualité dans les années 1990. Nous
continuerons, par notre action, de développer cette culture de l’innovation et
d’encourager les investissements.
L’amélioration de la productivité – cette recherche constante de la meilleure
manière de faire et au meilleur coût – devient incontournable, devant la montée
fulgurante de la Chine, de l’Inde et du Brésil.
Vous savez que j’ai visité deux de ces pays au cours des derniers mois; certains
de vous étaient d’ailleurs de ces missions. Ce que j’y ai vu est à couper le
souffle.
En Chine, 300 millions de personnes ont aujourd’hui un niveau de vie comparable
au nôtre. C’est dix fois le Canada.
Sur les plans technologique et scientifique, les Chinois sont déjà là où nous
sommes. J’entendais Jean-François Lépine, de Radio-Canada, qui résumait bien
l’ampleur du défi chinois en disant que, là où nous pouvons aligner 20
chercheurs, ils peuvent en aligner 1 000.
En Inde, on forme 300 000 ingénieurs par année.
C’est dans cet univers que nous devons faire notre place. La Chine et l’Inde
sont autant des menaces nouvelles que des ouvertures nouvelles. Il n’en tient
qu’à nous de tirer profit de cette révolution de l’économie planétaire.
Nous n’aurons jamais l’avantage du nombre, mais nous pouvons avoir celui de la
créativité et de l’inventivité. Nous pouvons transformer notre faiblesse
numérique en avantage stratégique. C’est le sens des actions de mon gouvernement
sur le plan économique.
Pour créer de la richesse, nous miserons également sur notre énergie. La relance
du développement énergétique du Québec est l’une des pierres d’assise de notre
action économique. Cet effort colossal représentera des investissements de 3,5 à
4 milliards de dollars par année, pendant 15 ans, uniquement dans l’énergie
hydroélectrique.
Nous avons aussi mis le Québec dans le vent avec un développement de 3 500
mégawatts d’énergie éolienne.
Après l’absence de développement sous l’ancien gouvernement, nous allons
recommencer à créer de la richesse avec notre énergie.
C’est même notre devoir de le faire… face à nous-mêmes, mais aussi face à nos
voisins, dans une perspective continentale et environnementale.
Le développement énergétique des 15 prochaines années nous permettra de
développer notre économie, mais aussi de devenir un exportateur d’électricité.
C’est un choix responsable sur le plan économique qui contribuera au
remboursement de notre dette. Et c’est un choix responsable sur le plan de
l’environnement.
Quand on vend de l’énergie hydroélectrique aux Américains ou à nos voisins de
l’Ontario, on s’enrichit en améliorant l’air que l’on respire; c’est moins de
nuages chargés de poussières de charbon qui passent au-dessus de nos têtes.
Le développement énergétique, dans le contexte québécois, est un parfait
synonyme de développement durable.
Nous avons, par ailleurs, engagé le Québec, comme aucun autre gouvernement, sur
la voie du développement durable. Nous avons eu le courage d’intervenir pour
protéger nos forêts. Nous avons proposé un projet de loi sur le développement
durable et nous présenterons une stratégie sur les changements climatiques.
Nous présenterons également une nouvelle politique de financement du transport
en commun.
Une métropole moderne, c’est une métropole qui peut compter sur des
infrastructures de transport des biens et des personnes à la fine pointe. C’est
la 30, qui n’est plus un vœu, mais un chantier. C’est la rue Notre-Dame que nous
allons moderniser, en collaboration avec la Ville.
C’est l’autoroute et le pont de la 25 qui seront faits en PPP et pourvus d’une
voie réservée aux autobus. Le développement durable, pour notre gouvernement,
signifie également le désengorgement de Montréal.
C’est pourquoi nous investissons aussi dans le développement du transport en
commun.
Je vous annonce aujourd’hui que nous avons donné instruction à l’Agence
métropolitaine de transport de procéder à la réalisation du train de l’Est, qui
desservira Montréal, Repentigny, Terrebonne et Mascouche.
Ce projet structurant est une priorité pour les citoyens, pour les élus
régionaux et pour notre gouvernement.
Le transport en commun est un élément essentiel d’une métropole moderne. Et
c’est encore plus vrai à l’heure du développement durable.
Nous annonçons aujourd’hui une première étape qui consacre notre engagement dans
l’essor des transports publics. La présentation d’une politique de développement
du transport en commun viendra préciser notre vision.
Le transport en commun soutient l’activité économique, réduit la congestion de
nos villes et contribue à la réduction des gaz à effet de serre.
Nous collaborerons avec les villes sur les moyens à mettre en œuvre pour inciter
les citoyens à recourir davantage aux transports en commun.
C’est avec cette vision d’un savoir et d’une prospérité partagés entre la
métropole et les régions que nous annoncerons prochainement notre décision
relative au contrat de remplacement des voitures du métro de Montréal.
Le développement routier et le développement des transports publics doivent
aller de pair.
C’est cette vision équilibrée du développement de la métropole qui anime notre
gouvernement.
Au cours de la prochaine année, nous allons poursuivre notre promotion active
des intérêts du Québec au sein du Canada. Nous avons signé des ententes majeures
avec le gouvernement du Canada, sur la santé, sur les congés parentaux, sur la
répartition d’une partie de la taxe d’accise sur l’essence.
De plus, le nouveau gouvernement de M. Harper s’est montré sensible aux
priorités du Québec, qu’il s’agisse du déséquilibre fiscal ou de la place du
Québec dans des forums internationaux comme celui de l’UNESCO.
Ce contexte nouveau n’est pas le fruit du hasard. Il est le résultat d’un
travail. Il est le résultat d’une dynamique nouvelle que nous avons patiemment
nourrie à travers le Conseil de la fédération.
Mesdames, Messieurs,
Voilà les grandes priorités de mon gouvernement pour l’avenir :
Nous continuerons de recentrer l’État sur ses missions essentielles que sont
la santé et l’éducation.
Nous continuerons d’assainir les finances publiques, d’alléger le fardeau
fiscal des contribuables et nous amorcerons la réduction du poids de notre
dette.
Pour ce faire, nous créerons de la richesse en encourageant l’innovation et
l’investissement, ainsi qu’en misant sur le développement de notre secteur
énergétique.
Nous mettrons notre secteur énergétique au service du développement durable.
Nous adopterons une politique sur les changements climatiques et nous
investirons dans le développement du transport en commun.
Ce sont là nos priorités. Nous croyons que c’est la bonne vision pour l’avenir
du Québec. Nous croyons que ce sont les bons choix, pour les générations
présentes et pour les générations futures.
En cette fête de la Saint-Patrick, je garde en tête ce que ma mère me disait
concernant les Irlandais. Fière de ses racines, elle me disait : « Il y a deux
types de personnes, celles qui sont des Irlandais et celles qui rêvent de le
devenir! » À ma façon, je veux reprendre cette phrase en vous disant que je
souhaite qu’il existe deux types de personnes, soit celles qui sont des
Québécois et celles qui rêvent de devenir des Québécois.
[Charest=20060320]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, concernant l’annonce d’un investissement de 1 986 401 $ pour l’agrandissement de l’école primaire des Érables à Deux-Montagnes]
Sauter
Merci M. Gratton,
M. Lachance,
Mme Fortier,
Je veux saluer également mes collègues de l’Assemblée nationale qui sont avec
nous aujourd’hui. Évidemment, Hélène Robert qui est la députée du comté de
Deux-Montagnes, Mme Beaudoin du comté de Mirabel et Pierre Descôteaux qui est
également avec nous aujourd’hui. Je veux saluer également les commissaires qui
se sont joints à nous et à tous ceux qui frappent à la porte pour entrer et pour
partager la bonne nouvelle. Évidemment, mon collègue, David Whissell.
Aujourd’hui, j’ai l’occasion de partager avec vous une très belle nouvelle pour
l’école des Érables et aussi pour votre Commission scolaire de la
Seigneurie-des-Mille-Îles. Un investissement de 2 millions de dollars qui va
vous permettre d’agrandir vos locaux, d’ajouter de l’espace pour des jeunes qui
ont besoin de cet espace pour pouvoir grandir, pour s’épanouir. Pour que vous
puissiez continuer le travail que vous faites ici, qui est un travail
exceptionnel et qui mérite d’être souligné, relevé. Ne serait-ce que pour cette
raison-là, être ici aujourd’hui, pour moi, c’est une chose très importante.
J’ai eu l’occasion en visitant l’école de croiser certains de vos professeurs,
de vos éducateurs, votre personnel et je dois vous dire que ce que vous faites
est rare et assez exceptionnel. On me dit qu’il y aurait peut-être cinq écoles
similaires à travers tout le Québec pour venir en aide à des jeunes qui ont des
besoins particuliers. Et vous savez que dans notre système scolaire, il y a une
intégration qui se fait dans le programme général mais que ce n’est pas fait sur
mesure pour des enfants qui ont des besoins plus importants. Il faut également
leur faire un espace et un endroit. Et ici, à l’école des Érables, c’est
exactement ce qui est fait pour une centaine d’enfants qui donc reçoivent cette
attention, cette éducation qui va leur permettre de s’épanouir.
Et les besoins, par contre, sont encore plus grands pour l’avenir. L’annonce
d’aujourd’hui va permettre d’augmenter le nombre d’étudiants de 100 à environ
125. Mais, c’est surtout, Mme Mélançon nous en a parlé aussi, c’est aussi une
occasion pour l’école d’aménager des espaces plus fonctionnels pour que le
programme qui s’offre aux jeunes puisse se déployer et qui puisse également être
fait de façon convenable.
En plus, cette école se distingue par cette salle que j’ai eu l’occasion de
visiter, qui permet d’éveiller les sens des jeunes autistes. Et, je veux
souligner le fait que cette salle a été rendue possible parce que vous avez eu
une contribution d’un mécène de l’extérieur, de la fondation des restaurants
McDonalds et que c’est un bel exemple de partenariat dans votre communauté. Et
quand on voit des projets comme ça, ce que ça nous dit à nous, c’est à quel
point il y a dans la communauté une volonté d’appuyer le travail que vous
faites.
Deuxième caractéristique, ce sont des services élimés, c’est-à-dire des services
de garde qui sont disponibles pour certains enfants qui veulent ou qui doivent
rester un peu plus tard dans la journée, et pour qui c’est un service essentiel,
un service très important pour les parents. Et ça aussi, ça va dans le sens de
ce que nous devons faire si on veut permettre à ces enfants d’avoir accès à des
services, puis si on veut aussi créer un environnement qui concilie la vie
familiale avec la vie de travail. Et tout cela rend possible une école, rend
possible la vie familiale, facilite en quelque sorte à la fois la vie oui des
enfants mais la vie des parents.
Tout cela s’inscrit, je tiens à le souligner, dans la volonté du gouvernement
d’en faire davantage pour ces enfants qui ont des besoins particuliers. Lors des
dernières négociations dans le secteur public, vous vous rappellerez, ça été
l’objet d’un débat. Le gouvernement a déjà eu l’occasion de réinvestir davantage
mais là, on va vraiment faire un grand pas en avant dans les prochains mois,
dans les prochaines années.
Nous allons engager à travers tout le Québec 1 800 professionnels qui viendront
s’ajouter au réseau. Tout ça vient dans la foulée des mises à la retraite,
rappelez-vous, il y en a eu 1 200 dans les dernières années. Cela a eu un impact
assez important sur le réseau et c’est un investissement de 100 millions de
dollars de plus que fait le gouvernement du Québec pour que l’on puisse
justement se donner des ressources et s’assurer que nous avons les hommes et les
femmes nécessaires pour venir en appui, à la fois auprès de ces jeunes mais
aussi des professeurs qui sont à travers tout le réseau.
Alors, là-dessus, il y a un consensus très fort chez-nous. Mais en même temps,
une école comme celle-ci, Mme Fortier, Mme Mélançon, on ne peut pas l’inventer,
elle est là parce qu’il y a des gens dans un milieu qui étaient animés par une
volonté très forte de venir en aide à ces jeunes enfants, de 4 jusqu’à 21 ans et
qui, à tous les jours, sont là pour les aider à s’épanouir, à apprendre, à
devenir plus autonomes parce que c’est le grand thème d’apprentissage ici à
l’école des Érables; c’est l’autonomie, un thème très fort.
Et en terminant, je tiens à vous dire à quel point je suis touché par le travail
que vous faites et je suis heureux d’avoir eu l’occasion de vous rencontrer, de
vous visiter. Parce que j’aurai, je le sais, l’occasion de parler de vous à
l’avenir et de vous citer en exemple, et de proposer, j’espère, des projets
similaires ailleurs au Québec là où les besoins sont également importants. Parce
que la réussite d’une société, on le sait, c’est finalement notre capacité de
tendre la main à ceux qui en ont un peu plus besoin.
Notre vraie réussite, c’est d’avoir la capacité de tendre la main juste un petit
peu plus loin pour ceux et celles qui ont des besoins particuliers, et c’est ce
que vous faites aujourd’hui. Vous le faites bien, vous le faites avec beaucoup
d’amour, et je vous en remercie.
Merci.
[Charest=20060321]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce d’une aide de 613 000 dollars à l’Archevêché de Rimouski]
Merci beaucoup M. Lavoie,
Merci Mgr Blanchet,
M. le Maire Forest,
C’est un privilège pour moi d’avoir l’occasion de visiter l’Archevêché. Ce lieu
magnifique qui est non seulement un symbole pour la Ville de Rimouski et la
région mais également un symbole québécois. Et la pièce où nous sommes
l’illustre bien, l’étoile qui nous entoure, son histoire, ses meubles, son
architecture.
Mesdames et Messieurs, toute la question du patrimoine au Québec est une
question qui devient de plus en plus pressante. Il y a plusieurs années, le
gouvernement du Québec a mis sur pied un programme qui visait spécifiquement le
patrimoine religieux. Mais c’est le patrimoine, en général aussi, qui fait
l’objet d’une attention particulière du gouvernement du Québec et qui devra, à
l’avenir aussi, faire l’objet d’une plus grande attention. Je vous signale que
c’est pour nous, au gouvernement du Québec, une source de préoccupations, oui,
et on a planché là-dessus dans les derniers mois et on espère dans les prochains
jours, les prochains mois, pouvoir partager avec vous de bonnes nouvelles à ce
sujet-là.
Pourquoi? Parce que c’est notre mémoire, c’est notre identité, ce sont nos
valeurs qui sont reflétées également dans cette volonté de pouvoir préserver
notre patrimoine. Au Québec, on ne peut pas parler de patrimoine sans évidemment
parler de patrimoine religieux. Et c’est pour nous une très grande source de
richesse, et cela présente aussi pour les prochaines années un très grand défi.
Puisque nous savons, on le voit venir, il y a évidemment un vieillissement de
plusieurs communautés religieuses, plusieurs bâtiments commandent des frais très
importants d’entretien et c’est dans les prochaines années un défi particulier
qui nous attend de pouvoir préserver ces bâtiments. Dans certains cas, les
récupérer, les remettre à contribution.
Ici, vous n’avez pas attendu et puisque cet Archevêché est un joyau du
patrimoine pour vous et pour votre communauté, que c’est un symbole très fort,
vous avez commencé des travaux de restauration que vous avez faits en trois
phases.
Le gouvernement du Québec a fait une contribution pour la première phase et pour
la deuxième phase, cela a été fait par la communauté. M. Lavoie, Mgr Blanchet,
je tiens à vous souligner que nous avons beaucoup remarqué l’appui très
important de la communauté pour la restauration de l’Archevêché. Il y a dans cet
appui un signe tangible de l’importance que vous accordez à ce joyau
patrimonial. Et dans la volonté que vous avez de le préserver, de le mettre à
contribution.
On en est rendu à la troisième phase de restauration et je confirme aujourd’hui
l’engagement du gouvernement du Québec pour un montant de six cents treize mille
dollars (613 000 $) afin que l’on puisse compléter les travaux qui, dans ce
cas-ci, se feront à l’enveloppe extérieure de l’édifice, en particulier.
Paraît-il qu’en faisant le nettoyage de la brique, vous avez découvert, comme
c’est souvent le cas, des vices ou des travaux, et des choses qui devaient être
réparées. Alors donc, le gouvernement du Québec pour cette troisième phase sera
au rendez-vous pour vous seconder dans ces travaux.
Je tiens à vous dire que dans le choix que nous faisons aujourd’hui et la
décision que nous rendons publique que ce n’est pas un choix qui est arbitraire.
Il y a une table régionale qui priorise les projets et que nos décisions à nous
sont donc fondées sur cette consultation qui se fait dans le milieu, avec les
gens du milieu. Et donc, l’annonce que nous faisons aujourd’hui est en parfaite
harmonie avec les priorités que vous vous êtes fixées.
Vous avez ici un patrimoine exceptionnel. Ces magnifiques toiles de Suzor Côté,
un artiste qui vient de la région d’Arthabaska. D’ailleurs, ça m’a rappelé que
j’ai sur mon bureau, moi à Québec, un magnifique bronze de Suzor Côté. Une tête
de femme dont le titre est : Je me souviens. Je me retrouve ici entouré de
toiles, d’œuvres d’un artiste qui a beaucoup marqué le Québec.
Comme Plamondon, par ailleurs, vous avez une magnifique toile de Plamondon qui a
été restaurée, ça fait partie des efforts que nous faisons au Québec de la
restauration de ces toiles. J’ai, en passant, remarqué que vous avez beaucoup
bénéficié de patrimoine religieux qui venait de la Gaspésie, que vous vous êtes
fait gardien.
Nous sommes très fiers aujourd’hui au gouvernement du Québec d’être partenaire
avec vous pour la dernière phase de restauration d’un joyau très important du
patrimoine de Rimouski et du Québec.
Merci.
[Charest=20060427]
Discours du 27 avril 2006 – Ouverture des assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec
C’est un plaisir pour moi d’être ici avec vous aujourd’hui pour célébrer un fait
marquant dans les relations entre le gouvernement du Québec et le monde
municipal. L’entente que nous signerons portera la signature de plusieurs de vos
représentants, de vos négociateurs. Je veux me joindre à vous pour souligner la
contribution exceptionnelle de certains acteurs du gouvernement du Québec.
(Salutations)
Alors dans quelques heures, nous signerons l’entente sur un nouveau partenariat
fiscal et financier, qui s’étendra de 2007 à 2013.
Plus qu’un simple pacte fiscal, cette entente, entièrement négociée, va sceller
un véritable partenariat fiscal et financier entre le gouvernement du Québec et
les municipalités.
Cette entente établit nos relations financières sur de toutes nouvelles bases
qui permettront aux municipalités de se voir doter de sources de revenus
prévisibles et structurantes.
Je suis fier de dire que cette entente est la plus avantageuse jamais conclue
avec nos partenaires du monde municipal.
À terme, les sommes allouées aux municipalités auront presque doublé par rapport
à la première année de la nouvelle entente.
Toutes les municipalités du Québec, je tiens à le dire, sortent gagnantes de
cette entente.
Les plus petites comme les plus grandes, car la nouvelle entente repose sur des
principes fondamentaux, notamment sur l’équité. Non seulement la péréquation
entre les municipalités est protégée au sein de cette entente, elle est même
bonifiée substantiellement.
Si l’on fait l’addition de tous les avantages qu’elle contient, parce que quand
nous dressons le portrait de ce qu’il y avait auparavant et de ce que nous avons
maintenant sur la table, elle est simplifiée.
Nous avons signé une entente qui bonifie la péréquation et qui répond à une
demande du monde municipal : avoir accès à des revenus de croissance, et surtout
à des revenus prévisibles qui vous permettent de planifier à plus long terme. Au
Québec, nous avions besoin depuis longtemps d’un gouvernement qui accepte la
difficile tâche de planifier à plus long terme; un gouvernement qui permette
enfin d’arrêter de gouverner en pesant sur l’accélérateur, puis sur le frein.
Nous l’avons fait dans le domaine de la santé. Vous savez à quel point c’est
laborieux, difficile, mais nous avons changé radicalement l’organisation de la
santé et des services sociaux au Québec. Nous avons réinvesti de l’argent, et
nous commençons justement à en récolter les fruits.
Nous l’avons fait dans nos négociations avec le secteur public aussi. Au
gouvernement, la négociation avec le secteur public consomme 18 mois d’énergie
et de temps. Nous avons conclu. Nous avons négocié en grande partie les
conventions collectives. Nous aurions voulu tout négocier, mais ce n’était pas
possible. Il a fallu régler la question des salaires et prendre une décision en
décembre dernier. Ce que je tiens surtout à vous rappeler, c’est que nous avons
réglé nos conventions collectives jusqu’en 2010. Ce qui nous donne à nous,
gouvernement du Québec, (parce que cela représente 60 % de nos dépenses), de la
prévisibilité et la possibilité de planifier à plus long terme.
L’entente que nous concluons aujourd’hui est faite dans la même approche, dans
la même vision, la même volonté forte, la même détermination de voir plus loin
et de planifier à long terme.
Cette entente octroie des sommes qui vont passer de 388 millions en 2006 à 747
millions en 2013. Au cours de la période 2007-2013, les sommes ainsi allouées
aux municipalités totaliseront 3,8 milliards de dollars.
Le gain le plus marquant de cette entente pour les municipalités est sans aucun
doute l’ajout de mesures fiscales permanentes, c’est-à-dire la remise de la TVQ
dont le rendement sera croissant au fil des ans pour atteindre sa pleine mesure
en 2013 avec 472 millions de dollars. C’était notre engagement en 2003, et nous
l’avons tenu.
La pérennité des sources de financement est un autre pilier de la nouvelle
entente.
Ces sources de financement seront basées sur la péréquation et le remboursement
de la taxe de vente du Québec (TVQ), assurant ainsi des sources de revenus
accrues et récurrentes.
Cette stabilité financière vous permettra d’assurer une gestion prévisible de
vos responsabilités et de mieux planifier le développement à long terme de vos
municipalités.
Je veux souligner à nouveau que cette entente est le fruit de plusieurs années
de travail. C’est une chose qui échappe souvent aux observateurs qui nous voient
conclure des ententes et qui ont la mauvaise impression que nous réglons ces
choses-là la veille. C’est totalement faux. C’est donc important de se rappeler
l’effort qui a été consenti depuis plusieurs années. C’est une entente qui
reflète les efforts fournis des deux côtés.
C’est possible d’en arriver à une entente si un leadership est exercé des deux
côtés de la table. En ce sens, je tiens à rendre hommage à votre équipe de
négociation. (Salutations particulières) Et c’est une occasion unique dans ma
carrière politique, une chance, de conclure une entente avec le président de
l’Union des municipalités du Québec, qui est représenté par mon maire, celui de
Sherbrooke, monsieur Jean Perrault. C’est pour moi une très grande joie de
mettre ma signature à côté de la sienne pour célébrer cette entente.
Je salue le leadership des ministres du gouvernement, Michel Audet, Monique
Jérôme-Forget et en particulier de la ministre des Affaires municipales et des
Régions, Nathalie Normandeau.
Tout ce que nous avons réalisé, tout ce que nous avons fait dans le cadre de
cette entente s’inscrit dans une même vision du gouvernement du Québec, une
vision que nous défendons avec beaucoup de conviction depuis 2003. Elle se
reflète dans l’ensemble de nos gestes. J’ai un très bon souvenir de tout le
travail que nous avons fait avec le monde municipal avant et après l’élection.
De notre point de vue à nous, il était étonnant de voir à quel point il y avait
une culture de paternalisme au gouvernement du Québec vis-à-vis le monde
municipal, alors que vous êtes des élus, alors que vous représentez des gens qui
vous ont confié un mandat.
Dès notre élection, notre but à nous était de reconnaître, dans un esprit de
respect, le rôle que vous jouez, le mandat que vous avez reçu de vos citoyens
qui vous ont fait confiance. Quel risque pouvions-nous courir en faisant
confiance aux élus municipaux, alors que vous et moi vivons dans le même monde,
où nous sommes susceptibles de subir les mêmes sanctions, la sanction la plus
sévère, la plus transparente qu’on puisse vivre en politique. Si vous prenez une
bonne décision, vos citoyens le reconnaissent et vont vous reconduire. Y a-t-il
une autre fonction où nous avons littéralement des milliers de patrons qui, à un
moment très précis, portent un jugement très précis sur votre travail. Si vous
prenez de mauvaises décisions, ils vous sanctionnent, ils font ce choix. Alors,
comment pouvons-nous ne pas faire confiance aux élus municipaux alors que ce
serait dans les faits ne pas faire confiance à nos concitoyennes et concitoyens
? C’est dans cet esprit que nous avons voulu faire des changements.
Nous avons d’abord mis en place une gouvernance régionale imputable en créant
les 21 Conférences régionales des élus. C’était un enjeu qui avait été laissé en
plan lors du Sommet des régions fait par le gouvernement précédent. Le sommet a
eu lieu, mais il y a une grande question qui n’a pas obtenu de réponse : qui
doit, au niveau régional, gouverner? Est-ce que c’est la société civile, ou
est-ce les élus? Pour nous, la réponse était évidente; le jour où nous décidons
de décentraliser, cela voudra dire qu’il y aura de l’imputabilité. En d’autres
mots, les gens vont répondre de leurs décisions. Et au niveau régional, qui
répond des décisions? Ce sont les élus, ces hommes et ces femmes qui sont
choisis pour gouverner. C’est dans cet esprit que nous avons mis en place des
mesures pour changer la gouvernance.
Nous avons signé deux protocoles d’entente sur la décentralisation et la
régionalisation lors du Forum des générations.
Nous avons mis sur pied la SOFIL (Société de financement des infrastructures
locales) et y avons affecté d’importantes ressources.
Grâce à l’entente conclue avec le gouvernement fédéral concernant le transfert
d’une partie de la taxe sur l’essence, c’est plus de 1,8 milliard de dollars qui
seront versés conjointement dans les coffres de la SOFIL au cours des prochaines
années. Cette entente a été conclue en grande partie grâce au monde municipal.
Vous avez fait votre travail. Il y a là à mes yeux un des plus beaux exemples de
concertation entre la monde municipal et le gouvernement du Québec.
Combien de fois avons-nous vu cela au Québec, la signature d’une entente avec le
gouvernement fédéral l’avant-midi, une entente de 1,8 milliard de dollars, la
plus importante entente jamais signée dans l’histoire du Québec pour les
infrastructures, et dans la même journée, la signature d’une entente avec l’UMQ,
la FQM et la ville de Montréal pour la mise en place d’un programme
d’infrastructures. J’ai rarement vu dans l’histoire du Québec une journée comme
celle-là où nous pouvons nous entendre avec le gouvernement fédéral, puis avec
le monde municipal. Et tout cela se fait, je le reconnais d’emblée, parce que le
monde municipal a exercé un très grand leadership.
Nous avons également signé une entente avec le gouvernement fédéral pour mettre
en œuvre le Fonds sur l’infrastructure municipal rural (FIMR). Avec la
contribution des municipalités, ce fonds permettra la réalisation de travaux de
l’ordre de 576 millions de dollars.
Nous avons aussi injecté une somme additionnelle de 100 millions de dollars dans
le programme d’infrastructures Québec-Municipalités.
Ces sommes contribueront à investir massivement dans le développement des
infrastructures municipales et du transport collectif au cours des prochaines
années.
Le logement social est un dossier qui touche de près les citoyens de vos
municipalités.
Reconnaissant l’importance d’aider les personnes les moins favorisées à trouver
un logement abordable, notre gouvernement a injecté une somme de 682 millions de
dollars d’argent neuf en habitation. Les résultats sont au-delà de notre
projection initiale.
L’objectif que l’on s’était fixé, soit de construire 13 000 logements à prix
abordables pour 2008 est déjà dépassé. Le nouvel objectif est maintenant de 20
000.
Toutes ces réalisations témoignent clairement du climat de partenariat et de
collaboration qui s’est mis en place entre notre gouvernement et les
municipalités.
Ce sont les citoyens qui sont les grands gagnants de cette collaboration.
C’est avec cette même approche que nous devons poursuivre nos efforts de
décentralisation dans la foulée du protocole signé en 2004.
Je suis très confiant d’en arriver là.
Des gestes importants ont également été posés pour le développement des régions
du Québec. (Salutations particulières)
Chacune des régions du Québec recèle un potentiel de développement et est
spécifique. S’il y a une chose que nous devons fuir, ce sont les approches
globales qu’avait autrefois le gouvernement du Québec. C’est dans cet esprit que
nous avons entrepris une décentralisation. C’est la raison pour laquelle nous
avons voulu retourner davantage d’outils de développement vers les élus et les
citoyens des régions.
Nous avons haussé le financement du réseau routier à un niveau sans précédent.
Près de 4 milliards de dollars sur 3 ans seront investis dans notre réseau
routier dont la réfection, devenue nécessaire, fera mieux rouler notre
économie et appuiera le développement de nos régions. C’est le maximum que
l’État peut investir compte tenue de la capacité de l’industrie.
Nous avons mis sur pied les FIER, pour lesquelles le gouvernement a déjà
alloué un montant 408 millions de dollars. Ces fonds FIER reflètent notre
philosophie. L’idée derrière ces fonds, c’est le partenariat. Les décisions
sont entre les mains des citoyens des régions.
Pour ne pas dilapider le capital les ressources naturelles en région, nous avons
pris le virage forestier qui s’imposait.
Et pour que les régions prennent également ce virage nécessaire, nous leur
accordons des moyens financiers supplémentaires de 925 millions de dollars sur
4 ans, pour un total de 1,1 milliard de dollars.
Nous avons posé des gestes significatifs en matière de régionalisation des
services gouvernementaux :
Le forestier en chef et son équipe sont localisés à Roberval;
Le centre d’appels de la CSST a été mis en Gaspésie;
Le centre de service à la clientèle du Régime québécois d’assurance parentale
a été implanté à Rouyn-Noranda.
Le Bureau de l’exploration géologique a été créé à Val d’Or, où l’on a
également déménagé le siège social de la SOQUEM.
Nous avons mis en place deux nouvelles antennes de faculté de médecine à
Trois-Rivières et à ville Saguenay.
Nous avons également pris des mesures importantes pour s’assurer de la relève
en région. Un crédit d’impôt de près de 50 millions de dollars par année a été
mis en place en 2004 pour inciter des nouveaux diplômés à s’établir en région.
Chers amis, aujourd’hui nous avons marqué l’histoire en signant cette entente.
S’il y a un mot qui me vient à l’esprit, qui reflète la culture et l’approche
que nous avons prises ensemble pour en venir à cette entente, c’est le mot
respect. Le gouvernement du Québec manifeste son respect et sa reconnaissance
des élus municipaux en signant cette entente à long terme, qui répond à vos
demandes d’avoir un revenu de croissance, de la prévisibilité, mais qui dit
surtout à tous les Québécoises et Québécois qu’ils peuvent être fiers des hommes
et des femmes les servent. Que nous pouvons être fiers de ceux qui acceptent de
prendre les décisions, d’en porter la responsabilité, alors que nous vivons dans
un monde qui change intensément. Vous le savez parce que vous le vivez tous les
jours, c’est un privilège de servir, mais c’est aussi une occasion de faire
avancer les intérêts du Québec.
Vous pouvez être très fiers, Monsieur le Président (Jean Perrault), votre équipe
de négociation, les gens de l’UMQ, de la FMQ, Monsieur le Maire de Montréal et
Madame la Mairesse de Québec, de dire que vous avez fait avancer les intérêts du
Québec et que vous avez marqué l’histoire du Québec en signant cette entente
avec nous aujourd’hui.
Félicitations.
Merci.
[Charest=20060504]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors du dévoilement de la Stratégie énergétique du Québec]
Salutations,
Je désire saluer particulièrement les représentants du monde municipal qui sont
avec nous, les représentants de nations autochtones et les représentants de
l’industrie, de groupes environnementaux, et de tous ces gens qui sont vivement
intéressés par l’annonce que nous faisons aujourd’hui suite à une consultation
qui a commencée en 2004 sur une nouvelle stratégie énergétique pour le Québec,
une consultation qui a été très rigoureuse, qui a fait l’objet de plusieurs
échanges, à la fois en commission parlementaire mais également dans toutes les
autres formes de consultations.
La consultation elle-même témoigne de l’importance que les Québécois attachent à
la question de l’énergie. Il faut redire à nouveau à quel point l’énergie occupe
une place fondamentale dans l’élaboration des politiques du gouvernement du
Québec. De tous les temps, ça a été pour nous un symbole. C’est presque
identitaire cette question de l’énergie pour nous. Ça a été, nous le savons, de
grands débats politiques, que ce soit sur la nationalisation de l’électricité,
la création d’Hydro-Québec par Adélard Godbout dans les années 40 allant
jusqu’au débat sur la Baie-James, ce grand débat qui avait eu lieu entre les
deux formations politiques majeures au Québec, entre le nucléaire et
l’hydroélectricité.
Si vous faites l’histoire politique du Québec, vous allez trouver ce fil commun
du débat sur l’énergie. Ce qu’il y a aussi de remarquable, c’est à quel point on
en a fait chez nous un outil de développement économique et social. Les deux
mots vont ensemble. Le développement économique qui a été fait avec
l’utilisation de l’énergie comme outil est directement lié au développement
social du Québec. On ne le dit pas peut-être assez souvent mais rappelons-nous
que les bénéfices que nous en retirons nous a permis de développer sur le plan
social, des programmes très avancés. Alors les deux sont intimement liés.
L’autre dimension qu’il faut rappeler, c’est à quel point c’est important pour
les régions du Québec. Quand on parle d’énergie, on parle nécessairement du
développement de nos régions et d’un développement très important.
C’est donc après une vaste consultation menée par Pierre Corbeil que nous
annonçons aujourd’hui cette stratégie énergétique qui s’inscrit dans une vision
qui rejoint des annonces qui ont été faites dernièrement et qui vont suivre.
Lors du budget, Michel Audet a annoncé la création du Fonds des générations qui
nous permet de s’attaquer à la question de l’endettement et de réduire le poids
de la dette sur l’économie québécoise. C’est la première fois dans notre
histoire qu’on établit une stratégie aussi élaborée de réduction du poids de la
dette et je vous rappelle qu’il y a derrière cette initiative une mise à
contribution de nos ressources hydroélectriques. Les droits hydrauliques sont
mis à contribution pour que nous puissions réduire le poids de la dette et tout
cela s’inscrit sous un grand titre, celui du développement durable. Alors il
faut voir la politique que nous annonçons aujourd’hui comme étant un nouveau
jalon suite à l’annonce du Fonds des générations, mais qui sera suivi également
par une politique sur le transport en commun, suivi également par une politique
de réduction des gaz à effet de serre. Alors toutes ces politiques sont
imbriquées, font partie de la même vision que nous avons pour l’avenir et le
développement du Québec. Cela s’inscrit également dans un contexte de
développement durable, oui, mais dans un contexte qui est très changeant.
L’émergence de nouvelles économies, de concurrence, le prix du pétrole entre
autre qui bat des records actuellement. Tout cela, toute la question de la
réduction des gaz à effets de serre, le réchauffement climatique, ce contexte,
ces éléments, tout cela s’inscrit dans cette vision de cette nouvelle politique
énergétique.
Nous annonçons une nouvelle phase dans l’aménagement des ressources
hydroélectriques au Québec. Cela a toujours été notre point de force. Ce n’est
pas la seule source d’énergie évidemment, mais il y a là-dedans une nouvelle
phase de développement que nous intensifions pour aller chercher un nouveau 4
500 mégawatts d’énergie hydroélectrique. Pierre Corbeil vous parlera avec un peu
plus de détail de la nouvelle approche, dite une approche de portefeuille, une
approche qui va nous permettre d’aller plus vite, d’accélérer le développement
et de le faire en respectant bien sûr le principe de développement durable. Cela
nous permettra aussi de faire des investissements très importants de l’ordre de
25 milliards $ sur une assez courte période de temps et la création de 70 000
emplois.
Tout cela n’a d’égal que, si on compare au passé, ce qui a été fait lors du
développement de la première phase de la Baie-James. Ce sera donc une occasion
pour nous d’accélérer, de continuer à utiliser l’énergie hydroélectrique comme
outil, comme levier de développement.
Il y aura également une intensification du développement du potentiel éolien.
D’ici 10 ans, le Québec aura ainsi porté à 4 000 mégawatts la puissance
installée en énergie éolienne, soit 40 fois plus que ce que le Québec produisait
déjà en 2003. C’est donc dire que du côté de l’éolienne, nous affirmons
aujourd’hui cette volonté que nous avons d’être les leaders en Amérique du Nord
pour une nouvelle source d’énergie renouvelable. Ce qui nous caractérise et nous
distingue, c’est une approche québécoise où nous allons coupler en quelque sorte
le développement de l’éolien avec l’énergie hydroélectrique. Cette approche qui
se fonde sur les meilleures technologies tout en les développant davantage à
l’avenir nous permet d’avoir une approche typiquement québécoise pour le
développement d’une nouvelle source d’énergie renouvelable.
Nous investissons également dans les nouvelles technologies énergétiques et cela
témoigne d’une approche qui est globale pour cette stratégie énergétique. Alors
tout cela suppose la mise en valeur de nouvelles technologies énergétiques et
avec la stratégie énergétique, le gouvernement parie résolument sur l’innovation
en énergie et la recherche et le développement dans le secteur énergétique,
notamment en appuyant le développement des carburants renouvelables comme
l’éthanol carburant, le biodiesel, la géothermie mais également le solaire. Nous
allons également consolider les approvisionnements en hydrocarbures. Il s’agit
de préparer l’avenir en favorisant des investissements dans les hydrocarbures et
d’explorer les potentiels de développement dont le Québec bénéficie. Nous allons
ainsi encourager l’exploration du sous-sol québécois, notamment dans le golfe et
dans l’estuaire du Saint-Laurent. Il existe un potentiel significatif de
richesses énergétiques et nous devons en tirer partie. Ces richesses seront
mises en valeur dans le respect de l’environnement et de la réglementation
actuelle. Sur le plan territorial, nous allons également nommer un mandataire
afin d’entreprendre des négociations avec le gouvernement fédéral sur la
question de la propriété du sous-sol. Nous savons que le gouvernement fédéral a
déjà signé des ententes avec le gouvernement de Terre-Neuve et de
Nouvelle-Écosse et nous voulons également une entente similaire à ce qui a été
fait avec ces deux autres gouvernements.
Nous allons donc confier à Hydro-Québec le mandat de contribuer à la relance de
l’activité d’exploration pétrolière et gazière en attirant à cette fin des
investissements privés. Nous allons également appuyer les initiatives visant à
diversifier les approvisionnements en gaz naturel. Les projets de terminaux
méthaniers représentent des occasions d’investissement et de création d’emploi
qu’on ne peut pas négliger. Il faut cependant mesurer tous les impacts possibles
et c’est exactement ce que nous allons faire et nous allons le faire aussi dans
le respect du cadre réglementaire actuel.
Il y a dans cette nouvelle stratégie une volonté de s’assurer qu’on puisse
respecter le développement durable en prenant une approche qui nous permet de
faire des économies d’énergie. Cela rejoint le bon sens. Nous allons et nous
proposons donc dans cette nouvelle politique des économies d’énergie qui sont
centrales. Le gouvernement entend ainsi multiplier par huit d’ici l’horizon 2015
les objectifs d’efficacité d’énergie de l’ensemble des distributeurs de produits
énergétiques et nous allons donc réduire la consommation prévue pour
l’électricité, pour le gaz naturel et ce qu’y a de nouveau, nous allons inclure
également les produits pétroliers. Grâce aux initiatives que nous engageons, le
Québec va économiser 2,5 milliards $ sur sa facture d’énergie à l’horizon 2015
et cela va nous permettre d’éviter l’émission de 9,4 millions de tonnes de gaz à
effet de serre. Un plan d’ensemble sera mis en œuvre par l’Agence de
l’efficacité énergétique en collaboration avec les distributeurs et les milieux
concernés.
Je mentionnais il y a une minute, que nous allons innover en mettant l’accent
sur les économies de produits pétroliers. Cela nous permet d’avoir une réponse
globale à cette question de la réduction des gaz à effet de serre et d’inclure
l’ensemble, l’ensemble des sources d’énergie.
C’est une stratégie qui va se déployer sur une période de 10 ans et c’est une
stratégie énergétique qui va placer le Québec dans une position de leadership
sur plusieurs grandes initiatives. Que ce soit l’hydroélectrique, les projets
d’économie, d’efficacité énergétique ou l’éolienne, le Québec fait le choix
aujourd’hui d’être un leader et de continuer dans la foulée et dans la meilleure
de nos traditions et de nos habitudes en mettant l’accent sur une énergie qui
est renouvelable. Cela nous amène aussi à franchir une nouvelle étape. Jusqu’à
maintenant, le Québec a toujours développé sa politique énergétique en tenant
compte de ses besoins internes, domestiques. Je vous rappelle que dans cette
nouvelle politique énergétique, nous affirmons notre volonté d’en faire un
levier aussi de développement économique et de création de richesse et que nous
allons également délibérément favoriser l’exportation d’énergie vers nos
voisins. Que ce soit les États-Unis ou l’Ontario, l’objectif que nous
poursuivons, c’est de pouvoir contribuer au plan continental à
l’approvisionnement en énergie mais surtout en énergie propre et renouvelable.
Nous voyons là-dedans des ambitions qui nous permettent de réduire les gaz à
effets de serre et de substituer l’énergie fossile avec une énergie propre et
renouvelable. Il y a donc là-dedans pour le Québec une occasion unique de
contribuer au développement durable et le faire tout en permettant la création
de richesses et le maintien de programmes sociaux.
Nous franchissons une nouvelle étape avec la politique énergétique du
gouvernement du Québec. Merci.
[Charest=20060505]
Discours du 5 mai 2006 à l’occasion de la signature de l’accord historique établissant un rôle formel pour le Québec à l’UNESCO]
M. le Premier ministre du Canada,
Mesdames et messieurs les ministres, députés fédéraux,
Chers collègues de l’Assemblée nationale du Québec,
Distingués invités,
Bienvenue chez vous, à Québec, et bienvenue au salon rouge de l’Assemblée
nationale du Québec.
M. le Premier ministre, c’est un plaisir de vous recevoir ici, au salon rouge de
l’Assemblée nationale. La présence d’un premier ministre du Canada est en soi un
événement. Votre visite aujourd’hui est un moment important. Elle s’inscrit dans
ce désir de faire avancer le Canada vers un fédéralisme d’ouverture.
Aujourd’hui, nous écrivons une page d’histoire. Ce premier geste de nouvelle ère
de partenariat entre nos deux gouvernements touche à la question internationale.
Ce qui était une coexistence implicite devient une coopération explicite.
Il faut se rappeler que depuis de nombreuses années les gouvernements du Québec
qui se sont succédé ont développé de façon progressive les relations
internationales de l’État québécois. Ce cheminement sur la scène internationale
n’a pas été évident. Le Québec a décidé d’occuper la place qui lui revient.
Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère. Aujourd’hui, nous avons signé
un accord qui reconnaît que la spécificité du Québec l’amène à jouer un rôle sur
la scène internationale. La nature même des relations internationales aura
profondément évolué, nous le savons, au cours du XXe siècle. Les systèmes
fédéraux doivent refléter ces changements et s’y adapter.
J’avais indiqué que nous souhaitions que le gouvernement du Canada reconnaisse
le rôle légitime des entités fédérées, et cela dans les relations
internationales, et que l’on formalise des règles pour leur action. En fait,
notre objectif est de continuer de s’affirmer sur la scène internationale tout
en rendant la politique étrangère canadienne plus conforme au caractère fédéral
du pays. Est-ce que l’accord d’aujourd’hui correspond aux objectifs que nous
nous étions fixés? La réponse est oui.
La ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, avait fait
connaître la position de mon gouvernement en vue des négociations sur la place
du Québec dans les forums internationaux. Elle avait identifié les principes qui
doivent encadrer notre participation:
1° Celui d’être membre à part entière au sein des délégations canadiennes et une
responsabilité exclusive quant à la désignation de ses représentants. L’accord
prévoit que le représentant du Québec sera nommé par le Québec et qu’il aura le
statut de diplomate et de conseiller et qu’il sera au sein de la délégation
permanente du Canada, là où ça se passe.
2° Que nous ayons accès à toute l’information et que nous soyons impliqués dans
le développement et l’élaboration de la position canadienne avant le début des
négociations. L’accord le prévoit.
3° Que le Québec s’exprime de sa propre voix. C’est également le cas. Le Québec
pourra intervenir, s’il le souhaite, lors des travaux, réunions et conférences
de l’UNESCO. Ce droit de parole s’exercera en complémentarité de la position
canadienne, ce qui est normal, puisque le partage fédératif des compétences doit
être reflété avec justesse.
4° Que le Québec donne son assentiment avant que le Canada ne signe un traité ou
un accord et se déclare lié par celui-ci. C’est fait. L’accord indique que les
deux gouvernements devront se concerter sur tout vote, résolution, négociation
et tout projet d’instrument international élaboré sous l’égide de l’UNESCO. Si
des désaccords apparaissent, le Québec décidera seul s’il entend assurer la mise
en oeuvre des questions pour lesquelles il a la responsabilité.
5° Que lorsque les intérêts du Québec sont en jeu il puisse exprimer ses
positions. C’est également couvert par l’accord puisque le Québec pourra
s’exprimer devant toutes les instances de l’UNESCO.
L’accord ne pourra pas être abrogé ou modifié unilatéralement. Il ne pourra
l’être qu’avec le consentement du gouvernement du Québec. Nous avons ciblé
l’UNESCO comme organisme international, parce que cet organisme des Nations
unies s’intéresse à des questions qui nous touchent comme la culture,
l’éducation et les sciences. Les deux gouvernements ont d’ailleurs connu un très
grand succès, je dirais, un très beau succès en travaillant à l’adoption d’une
convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles.
J’ai eu l’occasion de vous dire ce matin, M. le Premier ministre, que, pour nous
Québécois, cette convention sur la promotion de la diversité culturelle est la
plus belle victoire dans l’histoire de la diplomatie québécoise, mais également
un des plus beaux exemples de fédéralisme dans l’histoire du pays. C’est
l’oeuvre d’une très grande collaboration entre les deux paliers de gouvernement
et le travail doit se poursuivre afin de ratifier la convention afin qu’elle
puisse entrer en vigueur. Et, pour vous dire que nous ne perdrons aucun moment,
pas un seul instant pour travailler à nouveau ensemble, dès la signature de
cette entente, le premier geste que le Premier ministre du Canada et le premier
ministre du Québec poseront, ce sera de faire une rencontre avec nos ministres
respectifs, avec les représentants de la Coalition sur la diversité culturelle
afin que nous puissions mettre ce fédéralisme d’ouverture à contribution et au
travail dans le but de protéger et de promouvoir la culture et l’identité
québécoises et canadiennes.
L’UNESCO prévoit que, pour chaque pays membre, une commission nationale doit
être chargée d’assurer la relation entre l’organisation et la société civile.
Depuis plusieurs années, seuls des organismes fédéraux étaient représentés à la
commission canadienne. Aujourd’hui, le Québec se voit confier le soin de mener
ses propres consultations et de nommer un représentant à la commission
canadienne. Je veux remercier aujourd’hui la commission canadienne pour son
empressement et pour sa collaboration et remercier en particulier Mme Michèle
Jean, qui est avec nous aujourd’hui, qui revient au Québec pour cette cérémonie
et qui a rapidement répondu à notre appel afin que nous puissions adapter
l’entente à cette volonté d’une représentation québécoise.
M. le Premier ministre, dans votre budget, vous vous engagez également vis-à-vis
l’avenir, et nous en sommes très heureux. Dans les documents budgétaires que
vous avez déposés cette semaine, vous affirmez ce que nous disons depuis
toujours, c’est-à-dire, et je cite votre document: «que les mesures prises par
le gouvernement fédéral peuvent avoir d’importantes répercussions sur les
domaines de responsabilité provinciale et territoriale comme la langue et la
culture et que la coopération provinciale est souvent requise pour que le Canada
puisse s’acquitter de ses obligations internationales.» Fin de la citation. Vous
optez pour la voie suivante, et je vous cite à nouveau. Vous dites que vous
voulez «une coordination et une collaboration efficaces pour des domaines qui
relèvent principalement de la responsabilité fédérale, comme les relations
internationales». Fin de la citation. Nous saluons cette prise de position, qui
permettra, nous l’espérons, la mise en place d’un mécanisme de consultation
formel de notre gouvernement.
M. le Premier ministre, je ne peux concevoir de raison sérieuse qui justifie
l’absence des provinces sur la scène internationale non plus que le refus de
leur droit de participer aux négociations à ce niveau. Dans la mesure où l’aide
des provinces est indispensable à la mise en oeuvre des traités signés par le
Canada, comment le dialogue avec les provinces et la présence de porte-parole et
d’experts provinciaux à la table de négociation pourrait-elle affaiblir la
position canadienne?
C’est en l’absence d’un tel dialogue que le Canada risque véritablement de ne
pas être en mesure de respecter ses engagements. D’ailleurs, le fédéralisme,
c’est la multiplication des voix au lieu de la réduction à une seule. Le
fédéralisme, comme la démocratie, est un processus qui, même s’il paraît parfois
laborieux, moins expéditif, moins uniforme parce qu’il encourage une plus grande
participation, le fédéralisme, je le sais, nous le savons par expérience,
produit de meilleurs résultats.
Permettez-moi maintenant de remercier les artisans de cette entente. Je veux
remercier l’équipe du ministère des Relations internationales, mais également du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales, qui ont été à pied d’oeuvre pour
nous permettre la signature de cette entente. M. le sous-ministre Bédard, Mme
Latouche, M. Théroux, merci pour ce que vous avez fait dans les derniers mois
afin que nous puissions être ici devant vous aujourd’hui. Je veux remercier M.
le ministre Pelletier qui est le gardien de toutes ces ententes que nous signons
avec les gouvernements amis. Et je veux remercier en particulier ma voisine, ma
collaboratrice et mon amie, Monique Gagnon-Tremblay, qui, pour la deuxième fois
de l’histoire du Québec, signe une entente avec le gouvernement fédéral, la
première fois sur l’immigration en 1991 et, pour une deuxième fois, aujourd’hui,
inscrit son nom sur une page d’histoire du peuple québécois.
Je veux saluer l’équipe de négociation fédérale également, son sous-ministre et
son ministre Peter MacKay, que j’ai eu le plaisir de connaître dans une autre
vie et que je retrouve aujourd’hui avec beaucoup de joie.
Cet accord est fait dans l’esprit d’ouverture qui est asymétrique dans son
application et qui reconnaît les différences entre les provinces, les
territoires, et notamment la personnalité unique du Québec. Non seulement cet
accord est important, mais je le répète, il est historique.
Il y a cet accord, mais il y a aussi l’esprit qui le représente et c’est une
nouvelle dynamique qui se crée, un nouveau partenariat avec le gouvernement
fédéral sur le plan des relations et une entente qui reconnaît notre
spécificité, un partenariat qui nous permet surtout de relever ensemble les
défis de la mondialisation. Ces défis font souvent en sorte de décloisonner les
affaires intérieures des affaires extérieures et d’interpeller à la fois les
responsabilités des deux paliers de gouvernement. L’accord d’aujourd’hui lance
un signal très important. Et, M. le Premier ministre, en terminant, je vous
salue à nouveau et vous remercie pour cette ouverture dont vous faites preuve et
qui fait avancer non seulement les intérêts du peuple québécois, mais qui fait
franchir une nouvelle étape au fédéralisme canadien.
Merci.
[Charest=20060511]
[ Congrès annuel de la Fédération des commissions scolaires du Québec]
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de cette invitation à votre congrès annuel. C’est avec beaucoup
de plaisir que je me joins à vous ce soir.
J’ai accepté avec plaisir l’invitation que m’a faite M. Caron, d’autant plus que
j’ai senti que c’était l’occasion de rendre hommage à des élus qui, comme nous,
doivent rendre des comptes à la population. Nous sommes des gestionnaires de
fonds publics. Nous avons une obligation de transparence et de rigueur.
J’ai accepté cette invitation dans la foulée d’une autre rencontre qu’on a faite
récemment avec les élus municipaux du Québec représentés par l’Union des
municipalités du Québec et par la Fédération québécoise des municipalités.
C’était l’occasion, il y a quelques jours, André Caron était présent, de signer
une entente très importante avec les élus municipaux du Québec.
C’était la première fois depuis une vingtaine d’années que nous réussissions à
négocier une entente avec les élus municipaux qui était entièrement, totalement
négociée.
Il y a deux mots clés qui ressortent de cette expérience. D’abord, il y a le
partenariat. Un vrai partenariat qui reconnaît le rôle de chacun. Il y a
également le mot respect. Respect envers celle ou celui qui est élu/e, qui
représente ses concitoyennes et concitoyens .
Le mot respect, c’est un mot important en 2006 pour celles et ceux qui sont dans
la vie publique, car on sait à quel point c’est exigeant de vivre dans un
environnement où la population, à juste titre, est devenue très exigeante envers
ses élus. La démocratie, ce n’est pas juste un mot, ça se pratique tous les
jours et ça veut dire que celles et ceux qui se prêtent à l’exercice sont soumis
à un niveau, à un standard plus élevé que jamais auparavant.
Mais, par-dessus tout, nous sommes passionnés d’éducation.
L’éducation, c’est la clé de voûte de tous les défis auxquels fait face le
Québec :
C’est la meilleure arme pour combattre la pauvreté et l’exclusion sociale.
C’est le principal levier de notre prospérité dans ce monde de concurrence.
C’est le moyen privilégié de combattre les impacts des changements
démographiques. Il y a un enjeu particulier au Québec : un phénomène de
vieillissement de la population et un taux de natalité peu élevé. Tout cela
aura des conséquences sur l’administration publique, des conséquences
positives et négatives. Je veux rappeler aux gens que le vieillissement de la
population, ce n’est pas nécessairement négatif. Cela va nous permettre de
confirmer qu’il y a des femmes et des hommes qui arrivent à l’âge de la
retraite, qui sont en pleine santé et qui ont le goût de continuer de
travailler. Ce que cela veut dire, c’est qu’on doit s’adapter et que
l’éducation va jouer un rôle très important dans cet effort.
C’est le plus sûr chemin vers une plus grande richesse qui nous permettra de
préserver et développer nos programmes sociaux.
C’est par l’éducation que nos jeunes pourront assurer notre relève, qu’ils
pourront assurer l’avenir du Québec.
Et au Québec, notre système public d’éducation, c’est l’affirmation au quotidien
d’une de nos plus grandes valeurs : l’égalité des chances.
Votre réseau est un acteur essentiel pour toute question relative à la formation
des jeunes, des moins jeunes, des travailleurs et pour l’intégration des
immigrants. Il ne faut pas oublier qu’on a un très grand défi en matière
d’intégration des immigrants.
Votre réseau, c’est un pont vers la connaissance fondamentale, celle qui nous
fait progresser sur le plan humain.
C’est aussi un pont entre les maisons d’enseignement et les entreprises, qui
nous fait progresser sur le plan économique.
L’avenir de la société québécoise est lié à la qualité de votre engagement.
Et si vous regardez le Québec d’aujourd’hui, vous pouvez être fiers de votre
contribution. Placez-la surtout dans le temps. Ce qu’il faut faire de temps en
temps en politique, c’est prendre un peu de recul et faire un effort pour ne pas
juger tout ce qui se fait à partir de l’actualité, et placer cela dans une
perspective de deux ans, trois ans, cinq ans. Quand on fait le bilan au Québec,
chaque fois on se retrouve récompensé par le travail qui a été fait.
Notre gouvernement reconnaît pleinement l’importance de l’éducation. Vous êtes
de ceux qui sont les mieux placés pour évaluer notre performance à cet égard.
Cette année, le budget alloué à l’éducation est de 13 milliards de dollars.
Cela représente une hausse de 660 millions de plus par rapport à l’an dernier,
une croissance de 5,4 %.
Déjà, en septembre 2002, nous avions dit que si on formait le gouvernement,
notre première priorité serait la santé, notre deuxième priorité serait
l’éducation et que l’enveloppe budgétaire de l’ensemble des autres ministères
serait à peu près gelée. C’est exactement ce que nous avons fait depuis 2003. De
telle sorte qu’au dernier budget, l’enveloppe du ministère de la Santé
augmentait d’environ de 6,1 %, celle de l’Éducation de 5,4 %, et c’était moins
de 2 % pour l’ensemble des autres ministères du gouvernement. D’ailleurs, il y a
là un défi qui ressemble beaucoup à ce qu’on voit ailleurs. Dans le domaine de
la santé, il y a une forte régression. Notre choix à nous, que nous avons
exprimé en 2002, et on l’a parfaitement respecté depuis ce temps-là.
Nos efforts sont considérables, après une période de sous-financement chronique.
Nous sommes allés de l’avant avec de nombreuses mesures d’importance :
L’aide aux devoirs, qui est également une mesure de conciliation
travail-famille.
L’augmentation du temps d’enseignement au primaire.
Le renouveau pédagogique; je dois vous dire qu’on est très heureux en outre du
changement de programme au secondaire, pour aller rejoindre les jeunes qui
avaient de la difficulté à poursuivre leurs études, qui avaient besoin et ont
besoin d’être aidés. Ce changement qui entre en vigueur en 2007 est très
important.
L’aide apportée en milieu défavorisé.
Le soutien aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou
d’apprentissage.
Ces mesures illustrent notre volonté d’offrir à nos enfants toutes les chances
de réussir « à travers leurs différences ».
L’une des initiatives les plus importantes est l’augmentation du temps
d’enseignement au primaire. Avec cette initiative, on rejoint la moyenne
canadienne et la moyenne de l’OCDE. Ça va également nous permettre de faire des
choses que nous voulions faire depuis longtemps et que nous pensons très utiles.
À compter de septembre 2006, la semaine de classe passera de 23 heures 30
minutes à 25 heures.
Dès la première année, plus de temps sera consacré à l’anglais langue seconde, à
l’éducation physique ainsi qu’à l’enseignement des arts.
La décision de faire débuter l’enseignement de l’anglais langue seconde à la
première année du primaire résulte d’un engagement fondamental de notre
gouvernement. Nous pourrons ainsi rejoindre le réseau anglais où on enseigne le
français dès la première année.
Tout d’abord, les études scientifiques menées démontrent que plus
l’apprentissage d’une langue seconde débute tôt, plus la maîtrise de cette
langue seconde est élevée.
Le fait de devancer cet apprentissage ne nuit en aucune façon à la maîtrise de
la langue maternelle.
Elle entraînera l’arrivée de plus de 1800 nouveaux enseignants et spécialistes.
C’est un geste de confiance en l’avenir. Nous affirmons notre détermination à
relever les défis de ce siècle et à en saisir les promesses.
Et nous le faisons avec vous, comme partenaires.
Le gouvernement du Québec s’est engagé à mieux soutenir la réussite des élèves
handicapés ou qui éprouvent des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation. Je
vous avoue que Jean-Marc (Fournier) et moi étions agréablement surpris des
négociations avec le syndicat des professeurs et des enseignants qui nous ont
dit que c’était une priorité. Cela va nous permettre de travailler avec les
enseignants et avec les commissions scolaires pour mieux servir les enfants
handicapés. J’applaudis le fait que le syndicat des enseignants ait fait de ces
enfants leur priorité. Si tout le monde tire dans la même direction, ça permet
au gouvernement de prendre les bonnes décisions et d’avoir l’appui de la
population.
Un investissement de 100 millions de dollars a été annoncé à cette fin dans le
cadre de l’entente de principe.
Cet investissement permettra :
premièrement, la création de 600 postes additionnels
d’enseignants-orthopédagogues au primaire;
deuxièmement, la venue de 600 enseignants-ressources au secondaire;
et, troisièmement, l’ajout de ressources professionnelles et de soutien en
service direct aux élèves à risque, handicapés ou en difficulté.
À cet investissement s’ajoutent les 20 millions de dollars versés aux
commissions scolaires depuis 2004-2005 pour l’ajout ou le maintien de ressources
professionnelles.
Cela nous permet de rappeler à quel point il est important de travailler
ensemble. Je veux revenir sur les propos de M. Caron et de Jean-Marc Fournier
pour corroborer, pour confirmer que dès le début de la négociation, nous nous
étions fixés des objectifs très clairs. Il est vrai que nous avons fait une
négociation différente que celles connues dans le passé, et il y a plusieurs
raisons à cela. Premièrement, parce que les ressources financières de l’État
québécois sont limitées et, en même temps, nous voulions avoir des négociations
qui allaient nous permettre de mieux servir les enfants et également les
patients dans le réseau de la santé.
Notre gouvernement a voulu changer les habitudes. On a été prêts à en payer le
prix. Dans le réseau de la santé par exemple, on a changé l’organisation du
travail de fond en comble. Pourquoi on a fait ça? Parce que dans le réseau de la
santé ce n’est pas seulement une question d’argent. L’organisation du travail
est fondamentale. On est passé de 3900 unités d’accréditation à 909. On a
simplifié le travail. Dans les négociations dans le domaine de la santé, on a
réduit le nombre de types d’emplois de moitié. On a décentralisé la négociation.
Tout cela nous permet d’être plus efficaces et de mieux servir les patients au
lieu de faire de l’administration. On a réduit de 42 % les structures dans le
réseau de la santé. Il y a plus de 120 postes de D.G qui ont été abolis parce
qu’on a fusionné et mis en réseaux. La même chose a été faite dans le système
d’éducation, où l’on réclamait depuis très longtemps de changer la culture de
travail.
C’est exactement ce que nous avons fait. Pour y arriver, il y a une chose que
nous savions, c’est qu’on devait le faire en présence des commissions scolaires
et non en leur absence. J’ai garanti à Jean-Marc (Fournier) que nous allions
conclure l’entente ensemble, que nous allions faire la négociation ensemble, et
cela dans un seul but, celui de mieux servir les enfants du Québec et ceux qui
travaillent dans les commissions scolaires.
Au mois de mars, nous avons présenté notre Stratégie d’action jeunesse.
Je suis, dans mon gouvernement, responsable des dossiers jeunesse. J’ai fait ce
choix parce que j’ai eu l’expérience des dossiers jeunesse lorsque j’était
ministre d’État à la jeunesse au gouvernement fédéral. J’ai appris que lorsqu’on
a pour mandat de coordonner tout ce qui se fait en services aux jeunes, la
coordination ne se fait pas du bas vers le haut. L’expérience que j’ai retenue,
c’est que si on veut que le gouvernement ait un vrai engagement jeunesse, il
faut que ce soit le premier ministre qui en prenne la responsabilité.
J’ai donc pris cette responsabilité, et nous avons fait les consultations dans
la foulée de la première stratégie jeunesse lancée par le gouvernement précédent
pour en faire une deuxième édition.
Avec cette stratégie, le mot d’ordre veut qu’aucun jeune ne soit laissé pour
compte.
Il est impératif que notre jeunesse soit engagée dans sa réussite, que ce soit à
l’école, dans le cadre d’un projet de formation, au travail ou dans une action
communautaire.
Ce plan d’action de soutien à la jeunesse, qui rallie tout le gouvernement,
prévoit des investissements de plus d’un milliard de dollars sur 3 ans, dont 110
millions de dollars d’argent neuf.
Cette stratégie comporte notamment une politique-cadre en matière
d’alimentation.
Elle vous aidera à sortir la malbouffe des écoles du Québec. D’ailleurs, nous
avons été un peu critiqués là-dessus. On nous a reproché de ne pas avoir assez
de mesures incitatives alors que nous, on pense que c’est une approche de
partenariat. Vous n’avez pas besoin de vous faire dire par Québec comment faire.
On veut vous laisser la liberté et se fier à votre bon jugement pour arriver aux
résultats, à l’objectif commun.
Cela m’a également permis de rappeler qu’il y a des écoles qui n’ont pas attendu
que le gouvernement du Québec se prononce sur cette question-là. Une école de la
région de Québec et une autre dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Cité
étudiante de Roberval que je suis allé visiter avec le député Karl Blackburn,
ont déjà éliminé la malbouffe depuis deux ans.
Les étudiants mangent mieux, mangent davantage à la cafétéria, et l’école a
presque doublé les profits de sa cafétéria. C’est donc dire à quel point il est
possible pour nous d’atteindre des résultats. Nous allons donc travailler avec
vous sachant d’abord et avant tout que la responsabilité sur le plan de
l’alimentation relève d’abord de l’individu, et que l’État ne peut pas se
substituer aux individus. Je suis sûr qu’en vous disant cela vous vous dites la
même chose chaque fois que vous êtes confrontés à des situations où l’on demande
à l’école de jouer le rôle des parents.
Chaque personne doit d’abord assumer ses responsabilités. Les enfants, les
parents, et ensuite si on veut avoir une politique qui réussit, on doit gagner
l’adhésion des professeurs, des directions d’écoles, du personnel de soutien et
des commissions scolaires. C’est le chemin de la réussite, et il passe par une
adhésion très forte au nouvel objectif. Voilà une approche qui reflète la façon
dont nous voulons travailler.
Votre fédération a manifesté son intérêt à participer au comité de partenaires
que nous souhaitons mettre en place dans la foulée de la Stratégie d’action
jeunesse.
Je veux d’emblée vous remercier pour votre offre de collaboration. Elle témoigne
de la totalité de votre engagement envers les jeunes et leur réussite.
Le travail accompli par les commissions scolaires du Québec est colossal.
Ensemble, nous devons continuer à chercher des moyens de faire encore mieux, de
faire en sorte que votre travail soit mieux reconnu et mieux appuyé par la
communauté.
Récemment, vous avez constaté que le gouvernement a conclu un nouveau
partenariat avec les municipalités. Cette démarche a été très fructueuse.
Je crois qu’il est maintenant temps de faire la même chose dans le monde
scolaire.
Au cours des prochains mois, nous allons tenter de trouver des façons de
revaloriser la démocratie scolaire.
Nous allons aussi nous pencher sur la fiscalité scolaire; tout particulièrement
sur l’atténuation du choc causé par la croissance importante des valeurs
foncières dans certaines régions du Québec.
J’ai demandé à Jean-Marc Fournier d’étudier avec vous ces deux questions et de
proposer des solutions.
À cette fin, j’annonce la création d’une table Québec-commission scolaire qui
sera présidée par le ministre.
Le premier mandat de la Table sera donc l’amorce d’une révision plus large du
partenariat qui lie le gouvernement et les commissions scolaires.
Nous voulons dégager des perspectives structurantes pour la vitalité de
celles-ci.
Nous pouvons bâtir ensemble de nouvelles assises qui vous permettront
d’accomplir votre tâche essentielle pour la réussite du plus grand nombre de nos
enfants, pour l’essor de nos régions, pour l’avenir du Québec.
Notre gouvernement a la ferme intention de faire avancer les choses rapidement.
Les travaux commenceront très bientôt.
Depuis trois ans, notre gouvernement a entrepris des changements importants au
Québec.
Nous avons réaligné les ressources de l’État sur les besoins des citoyens.
Nous avons ainsi fait des progrès importants en santé.
Nous aidons les familles comme aucun gouvernement ne l’a fait. Depuis les trois
dernières années, nous avons augmenté le financement dans l’appui aux familles
du Québec de 24 %, principalement avec le programme de soutien au familles avec
enfant et le programme de prime au travail.
Nous investissons dans les infrastructures et les immobilisations. Juste sur le
plan du maintien des actifs, le gouvernement du Québec avait investi 222
millions de dollars en 2005-2006, et ce sera 302 millions de dollars pour la
prochaine année fiscale. Cela m’a permis de faire une très belle annonce
récemment d’un investissement à l’école des Érables, à Deux-Montagnes, à la
commission scolaire de la Seigneurie des Mille-Îles, avec la présidente de la
commission scolaire, Mme Paule Fortier. J’ai été beaucoup impressionné par le
travail qui se fait. C’est une école qui prend en charge des enfants qui ont des
handicaps lourds. Le travail qui se fait est fantastique. Ce qui m’a beaucoup
réjoui, à l’annonce, c’est de recevoir des compliments de la part des
représentants de la commission scolaire pour les agents qui travaillent au
ministère de l’Éducation à Québec et pour le travail qu’ils avaient fait. Cela
témoigne de la compétence et du dévouement de milliers de femmes et d’hommes qui
travaillent dans le réseau, incluant celles et ceux qui travaillent au ministère
de l’Éducation.
Leur histoire depuis les trois dernières années, c’est votre histoire aussi;
c’est celle d’un effort très important du Québec pour remettre de l’ordre dans
les finances publiques. Cet effort a été très important pour nous si on se
compare avec ce qui a été fait ailleurs. La croissance moyenne des dépenses de
l’État au Québec a été de 3,7 % dans les trois dernières années. Au gouvernement
fédéral, pour la même période, ça a été de 7 %. Pour les autres provinces, ça a
été 7,2 %, et cela, en accordant la priorité à la santé et à l’éducation. Dans
son dernier budget, le gouvernement fédéral augmentait ses dépenses de 5,4 % et
nous, on a augmenté les nôtres de 3,9 %. Pourquoi? Parce qu’il fallait que nous
tenions compte de l’augmentation des salaires. Et là on est en train de négocier
l’équité salariale qui est très importante pour près de 235 000 femmes au
Québec.
On a réussi dans les trois dernières années à restructurer, à changer; on a
réduit la fonction publique de 5 %, ce qui nous permet d’économiser un demi
milliard de dollars par année. Cet effort là, ce sont les Québécoises et les
Québécois qui l’ont fait. Cela nous a permis de reconstruire notre système de
soins de santé à un point tel qu’on peut aller maintenant vers un système de
garantie d’accès de soins.
Dans le domaine de l’éducation, ça nous permet d’engager 1800 spécialistes pour
aider les enfants en difficulté.
Sur le plan des finances publiques, ça nous permet de nous attaquer à la dette
du Québec qui est la plus élevée de toutes les provinces canadiennes, à 45 % de
notre PIB. Pourquoi c’est si important? Parce que la démographie fait en sorte
qu’il va y avoir moins de gens, parce que les taux d’intérêts ne seront pas
toujours au niveau où ils sont aujourd’hui.
Le choix qu’on a fait nous, en négociant des conventions collectives équitables,
c’est de les régler jusqu’en 2010. Quand on a signé avec les municipalités, on a
signé jusqu’en 2013. Parce qu’on a choisi le long terme, parce qu’on ne prend
aucun raccourci, parce qu’on ne croit pas que le Québec devrait être gouverné en
pesant ou sur le frein ou sur l’accélérateur. On doit gouverner en ne perdant
pas de vue les générations à venir, les changements qui nous attendent et qui
sont devant nous. C’est avec cet esprit-là, cette volonté, cette détermination
que nous allons continuer à travailler avec vous comme on l’a fait avec les
municipalités : dans un esprit de partenariat et de respect.
Je termine donc en vous remerciant pour tout ce que vous faites pour le Québec.
Bon colloque!
[charest=20060525]
[Allocution du premier ministre du Québec devant les leaders économiques de Québec Chaudière-Appalaches]
Madame la Mairesse de Québec,
Chers collègues ministres et députés,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie les leaders regroupés au sein de Pôle Québec Chaudière-Appalaches,
du comité chargé de l’Action concertée de coopération régionale de développement
(la démarche ACCORD), du Comité Québec Capitale et du Conseil des grands
entrepreneurs de Québec Chaudière-Appalaches.
Merci pour votre engagement en faveur du développement de la grande région
Québec Chaudière-Appalaches.
Je veux saluer le travail de Michel Després et des membres du caucus régional de
Québec. Michel Després a été le maître d’œuvre de ces rencontres.
Son dévouement envers la capitale nationale est exemplaire. Il a bénéficié de
l’appui de tous les députés de la région. Merci à tous.
Je me suis présenté ici ce matin en mode écoute.
Je voulais un contact direct avec les leaders de la région pour répondre à leurs
préoccupations et à leurs attentes.
Les chiffres démontrent que la capitale nationale va bien :
Le taux de chômage est parmi les plus bas au Québec;
Près de 350 000 personnes sont en emploi dans la région, un sommet historique;
L’économie est moderne, à 83 % dans les services;
Les revenus sont supérieurs à la moyenne.
La capitale nationale est sur une lancée.
Juste au cours des 6 derniers mois de 2005, 1,5 milliard de dollars en capitaux
privés ont été investis ici.
Il n’y a pas une goutte de pétrole ici, mais il y a une mer de talent.
Il y a une histoire à raconter à Québec.
Celle qui a commencé il y a 400 ans. Mais aussi celle qui a commencé il y a 20
ans. Celle d’une diversification économique réussie.
Cette diversification rejoint tous les domaines de la nouvelle économie, dont
les services financiers.
Ce matin, nous avons discuté de la manière dont les orientations
gouvernementales peuvent s’arrimer aux projets et aux besoins de la région.
Je voudrais revenir, devant vous tous, sur certains éléments qui ont été
abordés.
D’abord, je veux réaffirmer publiquement que Québec est le siège du gouvernement
et le demeurera.
Le titre de capitale nationale, c’est une réalité de tous les jours.
Les rencontres politiques de haut niveau se tiennent à Québec.
Par exemple, je n’ai qu’à vous rappeler les rencontres avec les chefs de
gouvernement de la France, de la Bavière et de la Catalogne.
Cette préséance de notre capitale, elle est vraie pour moi, comme pour tous les
membres du Conseil des ministres.
C’est une règle de fonctionnement du gouvernement qui engage tous les ministres.
Bien sûr, il y a eu et il y aura des exceptions. Mais la règle demeure : le
gouvernement du Québec gouverne à partir de Québec.
L’État québécois est par ailleurs en train de changer.
Comme organisation, nous faisons face aux mêmes défis que bien des chefs
d’entreprises.
Nous devons trouver des manières d’être plus efficaces, d’offrir des meilleurs
services en utilisant les meilleures technologies disponibles.
C’est la modernisation de l’État.
Cette modernisation n’a pas empêché la région de connaître une forte croissance
de l’emploi.
Depuis 2003, près de 18 000 personnes de plus ont un emploi dans la région.
Notre capitale nationale est forte. Elle est le siège d’un gouvernement à son
image… tourné vers l’avenir.
Le second thème abordé, c’est celui du rôle de l’État comme soutien au
développement économique.
Notre gouvernement a entrepris de remettre à jour les principaux leviers de
développement du Québec.
D’abord notre système de santé. Nous avons ajouté 4,2 milliards de dollars au
budget de la santé en 3 ans. Et nous sommes en train de transformer le réseau.
Nouvelle organisation du travail. Nouvelles passerelles pour faciliter l’accès
aux soins spécialisés.
Ouverture mesurée à l’assurance privée. Informatisation des dossiers médicaux.
C’est un nouveau système qui est en train de se mettre en place.
Ce sont des changements profonds qui demandent de la détermination et du
temps.
Nos progrès sont réels, mais nous avons encore beaucoup de travail à faire.
Nous réinvestissons en éducation pour que nos jeunes puissent perpétuer la
réussite du Québec.
Nous avons injecté 120 millions de dollars essentiellement consacrés à
l’accompagnement des élèves en difficulté.
Dès la prochaine rentrée scolaire, l’anglais sera enseigné en première année.
La semaine de classe sera plus longue. Il y aura plus de sport à l’école. Nous
allons éliminer la malbouffe à l’école.
Nous développons l’aide à la famille, parce que dans le contexte des
changements démographiques, chaque famille est précieuse.
Nous avons ajouté 33 000 places en garderie. Nous avons mis sur pied un
programme de soutien aux enfants; 2 milliards de dollars pour 850 000 familles
du Québec.
Nous avons instauré le nouveau Régime québécois de congé parental. Le plus
généreux au Canada.
C’est notre vision du Québec.
Un Québec où on soigne mieux, où nos enfants réussissent mieux, et où les
familles sont appuyées.
Pour réaliser ce Québec, il faut créer de la richesse. Et notre rôle comme
gouvernement, c’est de créer un contexte propice à la croissance et à
l’investissement.
Nous avons révisé la fiscalité des entreprises. Aujourd’hui, le Québec est
plus concurrentiel sur le plan fiscal.
Nous avons réduit les taxes qui nuisent à l’investissement, comme la taxe sur
le capital.
Nous remettons nos infrastructures à niveau. Par exemple, en 3 ans, nous avons
mis près de 4 milliards de dollars dans le réseau routier. C’est sans
précédent.
Nous développons nos énergies renouvelables pour soutenir notre croissance et
nous enrichir.
La stratégie énergétique que nous avons présentée prévoit 25 milliards de
dollars d’investissement d’ici 2015 et 70 000 emplois.
Et nous nous attaquons à notre dette pour que nos jeunes aient eux aussi les
moyens de leurs ambitions.
Voilà ce que nous faisons. Nous affirmons notre vision du Québec : santé,
éducation, famille.
Nous appuyons cette vision sur une stratégie de création de richesse.
Et nous nous inscrivons dans les valeurs nouvelles de notre époque en engageant
le Québec sur la voie du développement durable.
Et qu’est-ce que ça veut dire à Québec?
Dans la région, c’est 850 millions de dollars en investissements dans des
projets majeurs depuis 2003 :
à l’Hôpital Laval,
à l’Hôpital du Saint-Sacrement,
à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus,
à l’Hôtel-Dieu de Québec,
à l’Hôpital Saint-François d’Assises,
ainsi que dans les résidences pour personnes âgées Saint-Charles et
Saint-Sacrement.
C’est le renforcement de l’Université Laval comme principal pôle de haut savoir
de la région avec deux nouveaux pavillons : les pavillons Vandry et Kruger.
Ce sont des rénovations, ici même, au Centre des congrès de Québec.
Ce sont des travaux routiers d’une importance sans précédent, dont le
prolongement de l’autoroute du Vallon, une promesse qui est devenue un vrai
chantier.
À Québec, ce qui est particulier, c’est la nouvelle économie qui a pris une très
grande importance.
Québec est la ville qui a le plus important nombre de chercheurs per capita au
Canada.
Québec, c’est la ville de l’innovation. C’est ça l’image de marque de Québec.
C’est ça le positionnement qu’elle doit se donner en Amérique du Nord.
Nous avons déjà reconnu l’importance de la recherche, par exemple,
en renouvelant le financement de l’INO pour les trois prochaines années;
en investissant dans un autre centre de recherche de première importance,
celui du CHUL. Les effectifs de ce centre de recherche vont passer de 1 200 à
1 600, un bond de 33 %.
Nous avons réorganisé les leviers de développement économique. Nous avons
notamment créé les Fonds d’intervention économique régional, les FIER, pour
favoriser le démarrage de nouvelles entreprises dans les deux grandes régions.
Dans Chaudière-Appalaches, 2 FIERs ont été mis sur pied, pour un total de 21
millions de dollars en nouveaux capitaux.
Dans la région de la Capitale-Nationale, c’est 3 FIERs qui disposeront de 33
millions de dollars pour aider des nouveaux projets à voir le jour.
Nous appuyons la démarche ACCORD, qui permet l’établissement des créneaux
d’excellence. Une démarche stratégique de première importance en vue du
positionnement international de Québec.
Dans le cadre de cette démarche, un pôle d’excellence en Défense et Sécurité
est à voir le jour dans la région de la Capitale-Nationale.
Ça va dans le sens de la mission d’une ville qui est le siège d’un
gouvernement. Ça va aussi dans le sens des préoccupations de notre époque. La
question de la sécurité fait maintenant partie de nos relations avec nos
voisins et partenaires.
Nous soutenons l’ascension de la capitale nationale parmi les villes innovantes
du continent.
Notre bilan dans la région est solide.
Si tout le Québec avait une croissance économique à l’image de sa capitale
nationale, nous serions loin en avant des autres provinces.
André Boisclair lui-même a fait l’éloge de notre bilan dans la région en début
de semaine.
Il a vanté les emplois créés en recherche et salué le dynamisme de la région. Il
a implicitement reconnu que nous avions créé un contexte favorable à la création
de richesse.
Il y a un autre sujet qui me tient particulièrement à cœur. C’est le 400e
anniversaire de la fondation de Québec.
Ce n’est pas seulement notre histoire qu’on va célébrer, c’est notre confiance
en l’avenir.
C’est un projet à multiples dimensions : une redécouverte de notre histoire, un
formidable tremplin de promotion touristique, une mise en valeur des attraits de
la capitale, une revitalisation de nos infrastructures…
C’est une occasion unique à saisir.
Nous avons débloqué 110 millions de dollars pour cette occasion; 40 millions de
dollars pour la programmation, qui vont à la Société du 400e, et 70 millions de
dollars pour la Promenade Samuel-de Champlain.
Le gouvernement fédéral en met autant et la ville de Québec fait sa part.
C’est une collaboration exceptionnelle de tous les ordres de gouvernement.
Pour les citoyens, ce sera l’occasion de renouer avec le fleuve.
Ce sera aussi l’occasion de redécouvrir une rivière Saint-Charles dépolluée, qui
est en train de devenir un formidable parc linéaire.
Ce sont de nouvelles infrastructures qui vont durer plusieurs décennies.
Cette ville est parmi les plus belles du monde… et j’en ai vu plusieurs.
Le 400e de Québec, ce sont les participations prévues des gouvernements de la
France, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de nos partenaires canadiens.
Je suis très heureux de voir que des entreprises se mettent de la partie; je
pense à Peter Simons avec la fontaine de Tourny.
C’est une multitude d’événements majeurs qui vont se succéder : des congrès
internationaux, le Sommet de la Francophonie…
Le 400e de Québec, j’en parle à tous les visiteurs que je rencontre.
Ce projet, vous devez le porter. Vous devez vous en faire des ambassadeurs. Vous
devez en être partie prenante.
L’engagement de la communauté d’affaires est essentiel à la réussite de ces
célébrations.
Nous avons réalisé des projets importants à Québec. Que ce soit en santé, en
éducation, en matière d’infrastructures, d’embellissement de la ville et de
développement économique.
Il y en a plusieurs autres que je veux aussi voir se réaliser.
Il y a d’abord le projet de développement du Massif de
Petite-Rivière-Saint-François.
Un projet qui a l’appui du milieu et qui a aussi celui de notre gouvernement.
Les négociations avancent.
Puis il y a l’agrandissement du Centre de foires. Vous y tenez, Madame Boucher.
J’y tiens aussi.
Nous allons y arriver.
Une autre question qui touche autant Québec que Lévis, et à laquelle nous
voulons nous attaquer, c’est le transport en commun, son financement.
C’est une priorité pour tous. Nous lancerons notre politique de transport en
commun d’ici l’été, pilotée par Michel Després.
Puis le dossier du PEPS de demain.
Dans le dernier budget, nous avons créé un fonds dédié au développement des
infrastructures sportives.
Je dis aujourd’hui à l’Université Laval que c’est le temps de présenter un
projet en bonne et due forme.
J’ai parlé plus tôt des investissements importants faits dans le domaine de la
santé à Québec.
Il y a également un autre dossier fort important et imposant, un projet
d’environ 200 millions de dollars, celui de la rénovation de l’Hôtel-Dieu.
L’Agence de santé et de services sociaux de la Capitale en a fait sa priorité,
et les gens de l’Hôtel-Dieu déposeront leur plan fonctionnel et technique à
l’automne.
Enfin, le dossier prioritaire, celui sur lequel tout le monde s’entend dans la
région, la modernisation de l’Aéroport international Jean-Lesage : j’en aurai
plus à vous dire dans quelques heures, sur le site de l’Aéroport.
Je vous y donne rendez-vous.
Il se passe à Québec des choses formidables. Cette ville, cette région,
représente un condensé de tout ce que nous pouvons faire et réussir ensemble.
Cette réussite, nous devons savoir l’alimenter.
Parce que notre capitale nationale, c’est notre mémoire et c’est notre cœur.
L’importance de la capitale, nous la reconnaissons pleinement. Cette rencontre
avec les leaders de la région, nous allons en faire une habitude. Nous allons la
rééditer deux fois par année à compter de maintenant.
Pour travailler ensemble à son développement.
[charest=20060620]
[Discours du 20 juin 2006 – Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la cérémonie de remise des insignes de l’Ordre national du Québec]
Madame la Lieutenant-Gouverneur
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Madame la Mairesse de Québec,
Madame la Députée de Taschereau et représentante de la chef de l’Opposition
officielle,
Monsieur le Secrétaire général du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Ministres et les Députés,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Distingués invités,
L’événement qui nous réunit aujourd’hui est unique.
Les insignes de l’Ordre national du Québec sont les plus hautes distinctions
remises à des citoyens par le gouvernement du Québec.
Aujourd’hui, c’est le peuple québécois qui exprime sa reconnaissance envers
certains de ses citoyens les plus éminents. Les femmes et les hommes que nous
honorons ont contribué de façon exceptionnelle au développement ou au
rayonnement du Québec dans tous les domaines de l’activité humaine.
Vous êtes, chacun à votre manière, une inspiration pour le Québec.
Depuis que je suis premier ministre, c’est la quatrième fois que j’ai l’honneur
de présider cette cérémonie.
Chaque fois, j’en ressors fortement impressionné par les récits de vie des
récipiendaires et les valeurs qui les animent.
Chaque fois, je fais le même vœu : puissiez-vous trouver un peu de temps pour
visiter quelques écoles et communiquer aux enfants une parcelle de ce feu qui
vous a mené si loin.
Comme récipiendaires de l’Ordre national du Québec, vous intégrez une
institution qui est celle de l’excellence, du dévouement et de
l’accomplissement.
L’Ordre national du Québec, c’est notre panthéon bien à nous.
Je salue le Conseil de l’Ordre dont les travaux se sont déroulés sous la
direction de l’explorateur Bernard Voyer.
M. Voyer a entamé l’automne dernier un mandat de deux ans à la présidence du
Conseil de l’Ordre national du Québec. Voilà qui n’est pas pour le dépayser, lui
qui a l’habitude de côtoyer les plus hauts sommets…
En honorant les récipiendaires de cette année, dans ce lieu chargé d’histoire et
de symbole, nous allons perpétuer une tradition qui remonte à 1985.
Encore cette année, la cérémonie de remise des insignes de l’Ordre national du
Québec se déroule dans les jours précédant notre fête nationale.
Peut-on imagine meilleur prélude à cette fête.
Car à travers la grandeur de ses éminents citoyens, c’est la grandeur du Québec
que nous célébrons.
Présentation des membres de l’Ordre national du Québec
Chevaliers
Robert Savoie
Vous êtes un baryton de renommée internationale. Vous avez contribué à l’essor
et au rayonnement de l’art lyrique et musical. Vous avez interprété les plus
grands rôles du répertoire italien et français. Vous chantez aussi en anglais,
en russe et en allemand. Vous vous êtes produit sur les plus grandes scènes du
monde.
Votre contribution à l’art lyrique et à la musique est aussi riche sur scène
qu’en dehors de la scène. Vous êtes un défenseur des arts.
Vous êtes à l’origine de la création de nombreux organismes culturels. Vous
comptez parmi les bâtisseurs de l’Opéra de Montréal et de l’Orchestre
métropolitain du Grand Montréal.
Vous avez aussi mis sur pied des ateliers d’initiation à la musique pour les
enfants.
Le Québec est réputé abriter les plus grandes voix du monde. Vous êtes de ceux
qui nous ont valu cette réputation.
Robert Savoie, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Paul-Hubert Poirier
Vous êtes professeur titulaire à la Faculté de théologie et des sciences
religieuses de l’Université Laval. Vous êtes un chercheur de renommée
internationale.
Vos travaux sur l’histoire du christianisme et sur les langues et littératures
de l’Orient chrétien ancien, font école à travers le monde.
Chercheur infatigable, vous vous êtes également engagé dans l’animation
pastorale et sociale.
De 1980 à 1998, vous avez dirigé le vaste projet de traduction française des
textes gnostiques coptes découverts à Nag Hammadi, en Haute-Égypte. Vous
demeurez directeur adjoint de ce vaste projet et l’un de ses principaux
chercheurs.
Ces textes seront prochainement publiés dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Cet achèvement consacrera le rôle de chef de file du Québec dans ce domaine de
pointe des sciences humaines et de l’histoire.
Paul-Hubert Poirier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Fernand Ouellette (nomination 2005)
Vous êtes poète, romancier et essayiste. Depuis votre premier recueil de poésie,
paru en 1955, vous avez signé de nombreuses œuvres majeures. Elles vous ont valu
une renommée internationale et une multitude de prix.
Vous avez notamment reçu : le Prix France-Québec 1967, pour la Vie d’Edgard
Varèse, le Prix France-Canada 1972 pour Poésie, le Prix de la revue Études
françaises 1974 pour Journal dénoué et le Prix Athanase-David pour l’ensemble de
votre œuvre en 1987.
Vous avez aussi été plusieurs fois lauréat du Prix littéraire du Gouverneur
général du Canada.
Vous avez publié L’inoubliable, en 2005, qui sera suivi de deux autres tomes en
2006 et en 2007.
Votre œuvre a fait l’objet de nombreuses traductions notamment en allemand, en
chinois, en italien et en polonais.
Vous êtes un des piliers de la littérature québécoise contemporaine.
Vous avez été nommé en 2005, mais n’aviez pu vous présenter à la cérémonie.
Fernand Ouellette, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Constance V. Pathy
Vous œuvrez depuis plus de quarante ans, à titre de bénévole, au rayonnement des
arts de la scène. Vous êtes notamment présidente des Grands Ballets canadiens,
du Ladies’ Morning Musical Club, de Brome Beaux Arts et de la Guilde canadienne
des métiers d’art.
Votre apport à la culture est à la fois exceptionnel et exemplaire.
Vous vous investissez avec une même énergie dans des organisations auréolées de
grand prestige, autant que dans des initiatives locales.
Votre conviction et votre passion contagieuses vous ont amenée à développer un
important réseau de soutien aux arts.
Vous êtes une pionnière du mécénat en arts de la scène.
Constance V. Patry, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Pierre Lavoie
Vous êtes un athlète de niveau international. Votre famille a été cruellement
éprouvée par une maladie héréditaire : l’acidose lactique. Cette maladie
récessive est relativement fréquente au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Vous êtes président de l’Association de l’acidose lactique. Vous avez mobilisé
tous vos talents, vos idées et votre énergie pour faire connaître cette maladie
et faire avancer la recherche. Vos efforts ne sont pas étrangers à la découverte
récente du gène responsable qui en est responsable.
Vous avez combattu l’épreuve par l’épreuve. Pour soutenir la recherche, vous
avez fondé le Défi Pierre Lavoie; une incroyable course cycliste de 650 km à
travers le Saguenay-Lac-Saint-Jean que les participants doivent parcourir en 24
heures! Vous l’avez fait quatre fois.
Depuis 2003, vous êtes le porte-parole de la Corporation de recherche et
d’action sur les maladies héréditaires. Vous vous consacrez à temps plein à la
lutte contre ces maladies.
Vous êtes un exemple de courage et d’humanisme.
Pierre Lavoie, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Bernard Labadie
Vous êtes le fondateur et directeur musical de l’orchestre de chambre Les
Violons du Roy et du chœur La Chapelle de Québec.
Depuis plus de vingt ans, vous séduisez les mélomanes par votre direction
artistique empreinte de fougue et d’énergie.
Vous avez été directeur artistique de l’Opéra de Québec et de l’Opéra de
Montréal.
Passionné d’art lyrique, vous êtes reconnu comme l’un des grands spécialistes
nord-américains de la musique baroque et classique.
Vous êtes fréquemment invité à diriger les plus prestigieux orchestres et opéras
d’Europe et d’Amérique du Nord.
Vous êtes un des plus grands chefs d’orchestre du Québec contemporain.
Bernard Labadie, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Pierre-André Julien
Vous êtes professeur émérite et titulaire de la Chaire de recherche Bell pour
des PME de classe mondiale à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Vous êtes un expert en entrepreneuriat, en développement des entreprises et en
développement régional.
Vous avez créé, à l’UQTR, le Groupe de recherche en économie et gestion des PME.
Ce groupe a conduit à la formation de l’Institut de recherche sur les PME, qui
est aujourd’hui le plus grand centre de recherche mondial en ce domaine.
Vos travaux ont marqué la pratique de centaines d’entreprises et influencé
plusieurs politiques nationales et internationales.
Grâce à votre apport exceptionnel, le Québec est devenu un pôle international de
la connaissance des petites et moyennes entreprises.
Vous êtes un pilier de l’entrepreneurship québécois.
Pierre-André Julien, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Louis Grenier
Vous avez fondé la compagnie KANUK il y a plus de 35 ans. Le harfang des neiges
stylisé qui apparaît sur le revers des cols de vos manteaux est devenu symbole
de confort et de grande qualité.
Votre entreprise conçoit et confectionne une gamme de 35 manteaux, anoraks et
imperméables qui nous permettent de traverser les rigueurs de notre climat.
Vous êtes un entrepreneur particulier. À l’ère de la mondialisation, vous misez
sur la proximité.
Plutôt que de vous lancer à la conquête du monde, vous vous êtes lancé à la
conquête du cœur des Québécois. KANUK fabrique au Québec des vêtements pour les
Québécois. Cette stratégie de l’intimité a fait votre succès, votre notoriété et
votre longévité.
Vous avez réconcilié les Québécois avec l’hiver.
Louis Grenier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Soeur Nicole Fournier
Vous avez passé 22 ans à la direction de l’Accueil Bonneau, cette maison d’aide
aux personnes itinérantes qui a pignon sur rue à Montréal depuis 125 ans.
Vous en avez été l’âme et le cœur. Vous avez aidé des centaines d’hommes en
détresse à se trouver un toit, à recoller les morceaux de leur vie et à regagner
leur dignité.
Il y a 8 ans, presque jour pour jour, une explosion soufflait une partie de
l’établissement.
Trois personnes avaient péri. Vous avez mobilisé la communauté et dirigé la
reconstruction de l’Accueil Bonneau dans un temps record de quatre mois. Sous
votre direction, l’Accueil Bonneau a acquis de modestes édifices à logements et
même une ferme pour accompagner ses pensionnaires dans la reconstruction de leur
vie.
Vous assumerez prochainement de nouvelles fonctions en tant que secrétaire
générale de votre congrégation, les Sœurs grises de Montréal.
Votre dévouement et votre générosité sont remarquables.
Sœur Nicole Fournier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jean Fournier
Vous êtes avocat et homme d’affaires. Vous êtes aussi fortement attaché à votre
ville, Trois-Rivières, et à votre région, la Mauricie.
Vous assumez avec succès les destinées de l’entreprise familiale Arbo Service
inc., la plus importante compagnie privée du Canada en matière d’entretien
professionnel de la végétation.
Votre entreprise est renommée pour ses innovations, pour la qualité de ses
services et pour ses valeurs sociales.
Votre engagement dans la communauté est notoire. Vous avez notamment notamment
été président de la Chambre de commerce de Trois-Rivières, du conseil
d’administration de l’Université du Québec à Trois-Rivières, de l’administration
portuaire ainsi que de l’aéroport de Trois-Rivières.
Vous venez d’accepter la prestigieuse présidence des fêtes du 375e anniversaire
de la fondation de T-R qui se dérouleront en 2009.
Votre engagement se prolonge dans de nombreuses organisations communautaires et
professionnelles.
Je salue en vous un grand Mauricien.
Jean Fournier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Monique Duval
Vous avez été journaliste au Soleil pendant près de trente-cinq ans. Vous vous
êtes illustrée par vos chroniques portant sur l’histoire et le patrimoine de la
ville de Québec.
Vous vous êtes beaucoup intéressée aux communautés francophones de l’Ontario et
des Maritimes. Vous avez également maintes fois sillonné la France et l’Europe
pour le plus grand bonheur de vos lecteurs.
Vous êtes une vulgarisatrice de talent. Vous communiquez avec autant d’aisance
l’anecdote que les données savantes. Vous avez ce don de rendre l’histoire
vivante.
Vous siégez actuellement, à titre de représentante de la Société historique de
Québec, au Comité d’histoire des régions mis sur pied par l’Institut national de
la recherche scientifique.
Vous êtes une de ces grandes journalistes qui ont marqué la longue histoire du
Soleil. Vous êtes également de celles qui ont ouvert les portes du journalisme
aux femmes.
Monique Duval, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Édith Cloutier
Vous consacrez votre vie au rapprochement entre les Québécois et les nations
autochtones.
Vous êtes directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Vous
présidez le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, que vous
représentez auprès de l’Assemblée des premières nations du Québec et du
Labrador.
En 2005, vous faisiez partie de la délégation québécoise présente à la troisième
rencontre internationale sur la globalisation de la solidarité tenue à Dakar, au
Sénégal.
Vous y avez présenté la réalité urbaine des Autochtones. Vous êtes membre du
conseil d’administration de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Vous siégez au Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l’exclusion
sociale du Québec.
Vous êtes un pont entre les peuples de ce territoire.
Édith Cloutier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Michel Cailloux
Vous avez marqué l’enfance de centaines de milliers d’enfants québécois. Vous
êtes un des plus importants auteurs d’émissions jeunesse de l’histoire de notre
télévision.
Il suffit d’évoquer Nic et Pic, Bobino ou La boîte à surprises pour que
jaillissent des souvenirs d’enfance.
Votre œuvre est marquée par l’amour de la langue, le respect des personnes et la
fréquentation de l’imaginaire.
Encore aujourd’hui, presque chaque jour, vous animez des ateliers d’écriture
dans les écoles. Vous continuez à fasciner les enfants du Québec. Vous vous
investissez également dans de nombreuses initiatives de soutien à la
littérature, à la musique et à la peinture.
Votre œuvre est immense. Vous avez semé la joie dans le cœur de centaines de
milliers d’enfants.
Michel Cailloux, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Georges Brossard
Votre passion pour les insectes vous a fait connaître à travers la planète.
Après avoir fait don de votre fabuleuse collection à la Ville de Montréal, vous
y avez créé le tout premier insectarium du monde. Vous avez relevé le pari de
transformer l’ignorance de ces bestioles en fascination populaire.
Aujourd’hui, on compte plus de 25 insectariums dans le monde. Vous avez aidé à
la mise sur pied de plus de la moitié d’entre eux. Vos connaissances en
entomologie, en muséologie et en conception d’exposition sont immenses.
Vous avez ouvert au grand public une branche complète de la biologie qui n’était
accessible qu’à une poignée de scientifiques. Vous êtes un communicateur hors
pair à l’énergie contagieuse. Votre série télévisée Insectia a été diffusée dans
plus de 150 pays.
Vous êtes vous-même un spécimen tout à fait unique.
Georges Brossard, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Bourbeau
Vous êtes l’un des experts mondiaux de la construction de grands réseaux de
transport d’électricité à très haute tension.
Vous avez contribué à perfectionner cette technologie, à l’implanter au Québec
et à mettre en valeur le savoir-faire des entreprises québécoises à l’étranger.
Vous êtes président depuis 1993 de la société Véritek Ltée. À ce titre, vous
conseillez des dirigeants d’entreprises en matière d’énergie.
Vous avez travaillé dans 70 pays. Vous avez dirigé la construction de quelque 20
000 kilomètres de lignes de transport d’électricité et de cinq centrales
hydroélectriques.
Vous êtes également un amant des arts. Vous êtes vous-même sculpteur et vous
faites don de votre temps aux milieux de la culture, de la santé et de
l’éducation.
Par ailleurs, vous vous êtes pris d’affection pour l’Afrique. Au point de
devenir consul honoraire de la République de Guinée à Montréal.
Vous êtes de ceux qui ont branché le Québec sur le monde.
Jacques Bourbeau, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Colette Boky
Vous êtes l’une des plus grandes voix québécoises. Vous avez mené une brillante
carrière internationale de soprano.
Vous avez interprété avec brio une centaine de rôles d’opéra sur les scènes les
plus prestigieuses d’Amérique et d’Europe. Vous avez été acclamée par la presse
internationale.
En 1967, vous faites sensation au Metropolitain Opera de New York. Vous êtes
aussitôt propulsée parmi les plus grandes voix vivantes.
On dit de vous que votre succès est aussi exceptionnel que votre simplicité et
votre modestie.
Vous êtes une des gloires québécoises de l’art lyrique.
Colette Boky, au nom du peuple québécois, j’ai aujourd’hui honneur de vous
décorer de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Johnny Ned Adams
Au cours des deux dernières décennies, vous avez contribué de façon remarquable
au maintien de relations harmonieuses entre le gouvernement du Québec et les
Inuits, ainsi qu’à tisser des liens entre le nord et le sud du Québec.
Vous avez occupé les fonctions de maire du village de Kuujjuaq, ainsi que de
président de l’Administration régionale Kativik et du Conseil de développement
régional Kativik.
Votre engagement dans le développement de votre communauté a permis à cette
vaste région qu’est le Nunavik de se doter d’infrastructures et de services
essentiels.
Vous êtes un grand bâtisseur Québécois.
NA-KOR-MIK MARI-A-LOUK (Merci beaucoup en inuktituk)
Johnny Ned Adams, au nom de l’amitié entre le peuple Inuit et le peuple
québécois, j’ai aujourd’hui l’honneur de vous décorer de l’insigne de Chevalier
de l’Ordre national du Québec.
Officiers
Élise Paré-Tousignant
Vous avez consacré votre vie à la musique. Vous avez fait carrière à titre de
professeure, principalement à l’École de musique de l’Université Laval. Vous
avez aussi occupé les fonctions de doyenne de la Faculté des arts et de
vice-rectrice de cette institution.
Vous vous êtes illustrée en tant que directrice artistique du Domaine Forget.
Membre de nombreuses commissions et associations, vous avez participé aux
travaux du Conseil des arts et lettres du Québec et assumé la présidence du
Conseil québécois de la musique.
Depuis 2004, vous présidez la Société du Palais Montcalm, partenaire de la Ville
de Québec pour la mise sur pied de la Maison de la musique.
On dit que la musique est le langage de la passion. Vous en êtes une
illustration vibrante.
Élise Paré-Tousignant, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous
décorer de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jean Lapointe
Vous êtes l’un des artistes les plus connus et les plus appréciés des Québécois.
Vous êtes un homme d’une exceptionnelle polyvalence. Auteur-compositeur,
fantaisiste, acteur, chanteur…
Vous avez donné plus de 15 000 représentations, prêté votre talent à 18 albums,
participé à 22 films ainsi qu’à 6 téléséries, dont la mémorable Duplessis.
Vous avez créé la Maison et la Fondation Jean-Lapointe afin de venir en aide aux
alcooliques et aux toxicomanes.
Grand amateur d’art et cofondateur du Musée Marc-Aurèle-Fortin de Montréal, vous
contribuez à mettre en valeur les œuvres de ce grand peintre ainsi que celles de
Jean-Paul Lemieux.
Nommé au Sénat en 2001, vous vous êtes engagé dans un combat contre les loteries
vidéo.
Vous menez votre vie comme vous l’avez chanté : avec des mots qui nous
rassemblent1 .
Jean Lapointe, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Me Yves Fortier
Vous êtes reconnu comme l’un des plus grands juristes de votre génération.
Avocat, arbitre et diplomate, vous avez plaidé des causes de première importance
devant les tribunaux canadiens et internationaux de même que devant plusieurs
cours d’arbitrage multilatérales. Vous avez notamment représenté le Canada dans
des litiges frontaliers avec les Etats-Unis et la France.
Vous avez été conseiller juridique de plusieurs commissions royales et
commissions d’enquête, tant au Québec qu’à l’échelle canadienne.
Vous avez également été ambassadeur et représentant permanent du Canada à l’ONU.
Au cours de votre mandat, vous avez occupé le rôle éminent de président du
Conseil de sécurité de l’ONU.
Vous êtes un homme de droit et de justice.
Yves Fortier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Louis-Gilles Durand
Vous dirigez l’Unité de recherche en génie biomédical de l’Institut de
recherches cliniques de Montréal.
Vous êtes un ingénieur de réputation internationale dans les domaines du génie
biomédical et de la physiologie cardiovasculaire. Vous êtes reconnu pour la mise
au point d’instruments innovateurs pour évaluer les désordres cardiovasculaires
et pulmonaires. Vous avez formé plusieurs ingénieurs et scientifiques qui
s’inscrivent dans votre sillon.
Vos découvertes et inventions ont fait l’objet de nombreuses publications.
Certaines ont été brevetées, commercialisées par l’industrie québécoise et
vendues à travers le monde. Vous contribuez ainsi à la notoriété du Québec en ce
domaine et à notre croissance économique.
En vous se réconcilient la science et l’entrepreneurship.
Louis-Gilles Durand, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jean-Marie Dufour
Vous êtes économiste et statisticien. Vous êtes un spécialiste de l’économétrie.
Cette discipline étudie l’économie à travers une combinaison de modèles
mathématiques et statistiques.
Vous avez publié plus de 100 livres et articles dans des revues internationales
les plus prestigieuses. Vos travaux ont touché une vaste gamme de sujets : la
détection du changement structurel, la relation entre l’impôt et
l’investissement, le financement des exportations ou l’analyse des politiques
dans les pays en développement.
Vous êtes professeur d’économie à l’Université de Montréal et titulaire de la
Chaire de recherche du Canada en économétrie.
Récipiendaire de nombreux prix, vous êtes à la fois fellow de l’Econometric
Society et fellow de l’American Statistical Association. Vous êtes le seul
Canadien à cumuler ces deux distinctions honorifiques.
Vous êtes une sommité mondiale de la science économique.
Jean-Marie Dufour, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Bernard Derome
Vous êtes une des figures les plus connues du Québec. Vous avez fait la gloire
du Téléjournal de Radio-Canada que vous avez présenté sans interruption pendant
28 ans. Vous en avez repris la barre en 2004, après un intermède de 6 ans.
Vous avez été de tous les grands événements qui ont ponctué notre histoire
depuis presque quatre décennies.
Vous incarnez la crédibilité journalistique. Pour vous avoir souvent rencontré,
je peux ajouter que vous savez réconcilier rigueur et élégance et que vous êtes
une véritable encyclopédie de la politique québécoise et canadienne.
Vous êtes encore aujourd’hui un modèle pour nombre de jeunes journalistes.
Si la tendance se maintient, vous serez un monument du journalisme québécois et
canadien.
Bernard Derome, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Guy Cogeval
Vous êtes le directeur du Musée des beaux-arts de Montréal depuis 1998. Vous
avez donné à ce musée, déjà l’un des plus réputés au Canada, une nouvelle
impulsion. Vous avez mis sur pied un ambitieux programme d’acquisition et vous
avez rendu plus accessible au grand public l’inestimable collection permanente
de l’institution.
Vous avez tissé des liens avec de grands musées américains et européens. Cela
vous a permis de présenter des expositions variées et novatrices. Mentionnons
seulement Hitchcock et l’art, en 2000 ou Picasso érotique, en 2001.
Votre carrière de conservateur a débuté au musée d’Orsay à Paris. Vous avez
enseigné l’histoire de l’art du 19e siècle à l’École du Louvre. Vous avez été
conservateur du Musée du Louvre et directeur du Musée national des monuments
français.
Vous êtes vous-même une des plus belles acquisitions du Musée des Beaux-Arts de
Montréal.
Guy Cogeval, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Jules Bélanger
Votre vie a été inspirée par l’amour de votre région : la Gaspésie. Vous avez
longtemps été professeur de littérature au Séminaire de Gaspé et au Cégep de la
Gaspésie.
Vous avez signé ou co-signé de nombreux ouvrages aux titres engagés dont Ma
Gaspésie : le combat d’un éducateur.
Vous avez activement travaillé au développement de la Gaspésie.
Véritable homme d’affaires de l’histoire et de la culture gaspésiennes, vous
avez été président du Comité d’implantation du Cégep de la Gaspésie et des Îles,
membre fondateur des éditions du Pharillon et président fondateur de Protex, un
service de recherche en sciences humaines, histoire régionale et toponymie.
Vous avez également représenté la Gaspésie dans le cadre de la Commission
nationale sur l’avenir du Québec.
Vous avez su vous dresser pour votre région, à l’image de son célèbre rocher.
Jules Bélanger, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Nicole Beaudoin
Vous êtes à la tête du Réseau des femmes d’affaires du Québec qui contribue
depuis 25 ans à la réussite et au rayonnement de ses membres au Québec et à
l’étranger.
Fellow de l’Ordre des comptables agréés du Québec, gestionnaire chevronnée et
spécialiste de la finance, vous êtes aussi présidente-directrice générale de
l’unique centre d’entrepreneuriat féminin du Québec.
Vous avez occupé plusieurs postes de haute direction. Vous avez notamment été
vice-présidente à Via Rail Canada et directrice générale de la fabrication de
l’Est de Papiers Scott.
Vous avez plaidé pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin lors de
rencontres de l’OCDE tenues à Paris et Istanbul. Entre autres distinctions, vous
avez reçu, en 1999, le Leadership Award du Business Women’s Network, qui
regroupe 2 300 organismes de femmes d’affaires de l’ALENA.
Votre militantisme pour l’entrepreneuriat féminin est admirable. Vous avez
contribué à changer le visage du monde des affaires.
Nicole Beaudoin, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Marcel Aubut
Vous êtes un homme aux multiples talents et d’une détermination à toute épreuve.
Avocat renommé, figure emblématique du sport, vous êtes aussi un homme
d’affaires accompli.
Vous avez atteint la célébrité en élevant les Nordiques de Québec au niveau de
la Ligue nationale de hockey.
Vous avez été l’organisateur de Rendez-vous 87, dont on parle encore aujourd’hui
comme l’événement le plus grandiose de l’histoire de la LNH.
Entre autres coups fumants de votre carrière, vous avez organisé la
rocambolesque fuite à l’Ouest des frères Stastny.
Vous aimez passionnément la ville de Québec et caressez toujours le rêve d’y
ramener une équipe de la Ligue nationale.
Vous êtes un bâtisseur et un organisateur de génie.
Marcel Aubut, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Grands officiers
(hommage posthume à Claude Ryan)
Je demande maintenant à Mme Monique Ryan de s’avancer pour que nous rendions
hommage à titre posthume à son père, Claude Ryan, décédé le 9 février 2004.
Claude Ryan est une figure mythique de l’histoire récente du Québec. Il s’est
fait connaître comme secrétaire national de l’Action catholique canadienne.
Il a marqué le journalisme québécois comme directeur et éditorialiste du Devoir.
Ses éditoriaux étaient des jugements de Salomon.
Il a aussi été chef du Parti libéral du Québec et a assumé plusieurs fonctions
ministérielles dans les gouvernements de Robert Bourassa et Daniel Johnson.
Homme profondément religieux, sa foi chrétienne aura guidé sa vie. Il aura été
l’un des plus ardents défenseurs des libertés individuelles. Il les voyait comme
des piliers de la cohésion sociale et de la solidarité. Pour lui, seul l’homme
libre de ses choix pouvait choisir les autres.
Il aura cru jusqu’à son dernier souffle à un fédéralisme canadien reconnaissant
pleinement la spécificité du Québec.
Claude Ryan incarnait la sagesse.
Monique Ryan, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur, en hommage à feu votre
père Claude Ryan, de vous remettre l’insigne de Grand Officier de l’Ordre
national du Québec.
Gérard Desrosiers
Vous êtes de ces bâtisseurs de l’ombre qui ont joué un rôle de premier plan dans
l’évolution du Québec. Vous êtes d’abord médecin. Vous avez fait ce métier
aujourd’hui révolu de médecin de campagne, parcourant la Mauricie pour soigner
et pour aider des femmes à donner naissance.
Vous aviez l’habitude de laisser derrière vous un livre, un exemplaire du Devoir
ou une revue d’actualité. À votre bureau, les livres que vous mettiez à la
disposition des patients s’envolaient.
Vous y avez vu une soif de lecture et de connaissance. Les premiers
balbutiements d ’un grand changement qui allait s’appeler la Révolution
tranquille.
Vous avez fondé à Saint-Narcisse-de-Champlain la première bibliothèque en milieu
rural. Vous avez été l’initiateur du Réseau Biblio du Québec. Le Réseau compte
aujourd’hui onze centres régionaux de services aux bibliothèques publiques du
Québec, qui desservent 800 municipalités de moins de 5 000 habitants et plus de
350 000 abonnés.
Vous avez démocratisé l’accès à la connaissance et à la culture.
Gérard Desrosiers, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de Grand officier de l’Ordre national du Québec.
Mesdames, Messieurs les Chevaliers, les Officiers et les Grands Officiers de
l’Ordre national du Québec, je vous félicite pour les accomplissements qui vous
valent ces décorations.
En intégrant l’Ordre national du Québec, vous devenez ambassadeur de cette
institution et de ses valeurs. Les membres de l’Ordre national du Québec sont
des exemples de développement humain et des bâtisseurs de communautés fortes et
solidaires.
La décoration qui vous a été remise aujourd’hui vous inscrit dans notre mémoire
collective.
Vous êtes la preuve qu’aucun sommet n’est trop haut pour qui sait allier
l’audace de la remise en question à l’humilité du travail, et qui ose écouter la
voix de sa conscience et de ses convictions.
Merci de nous inspirer.
Puissiez-vous tous, incarner encore longtemps l’accomplissement, la réussite et
la valeur.
À tous, une très heureuse Fête nationale.
[charest=20060620b]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du bilan du gouvernement]
Salutations,
Nous sommes heureux de présenter les principales réalisations du gouvernement de
la dernière session parlementaire. Je suis particulièrement fier de ce que nous
avons accompli pour le mieux-être de tous les Québécois.
La session du printemps 2006 illustre mieux que jamais le travail, la
persévérance et la détermination de notre gouvernement. D’ailleurs,
l’augmentation de la cote du Québec par les firmes de crédit Moody’s et DBRS est
une preuve que nous sommes sur la bonne voie, que nous avons posé les bons
gestes et que notre vision du développement du Québec est juste.
Depuis avril 2003, nous avons dû consacrer l’essentiel de nos efforts à un
redressement très important de l’État québécois, notamment au chapitre des
finances publiques, mais également dans les secteurs de la santé et de
l’éducation. Le Québec est maintenant mieux positionné pour relever les nombreux
défis qui se posent devant nous.
La session qui vient de se terminer, je la qualifierai d’exceptionnelle à plus
d’un titre. Nous avons poursuivi notre travail de consolidation en santé
d’abord, mais également en éducation et dans le soutien aux familles. Des
initiatives majeures ont été déployées afin d’assurer la création de richesses.
Je pense, entre autres, à cinq grandes initiatives structurantes pour l’avenir :
le Plan de développement durable, la Stratégie énergétique, le Plan d’action sur
les changements climatiques, la politique du transport collectif et le Fonds des
générations.
Nous avons obtenu des gains stratégiques dans la défense et la promotion des
intérêts du Québec, notamment par la reconnaissance formelle du déséquilibre
fiscal par le gouvernement fédéral et sa volonté de régler la question. Nous
avons renforcé la place du Québec sur la scène internationale en obtenant un
siège à l’UNESCO. Nous avons fait avancer des dossiers essentiels concernant
notre place et notre rôle au sein de la fédération canadienne, particulièrement
par le biais d’ententes avec nos voisins de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick,
en particulier cette entente importante que nous avons signée avec l’Ontario sur
la question de la mobilité de la main-d’œuvre.
L’équipe ministérielle a été productive. Les derniers mois ont été caractérisés
par un grand nombre de réalisations gouvernementales majeures. Et ces
réalisations concernent tous les Québécois, puisqu’elles contribuent à
l’amélioration de leur qualité de vie.
J’aimerais donc vous présenter à ce moment-ci un certain nombre de réalisations.
Je vous préviens à l’avance que la liste que je vous présente et la présentation
que je vous fais n’est pas exhaustive. Alors, il y a plusieurs éléments que je
pourrais ajouter, mais par souci de faire une présentation plus concise, je vais
vous énumérer l’essentiel d’un certain nombre de choses que nous avons
accomplies.
Commençons donc par rappeler les deux grands objectifs du gouvernement :
améliorer la qualité de vie des Québécois et préparer le Québec à relever les
défis de l’avenir. La session du printemps 2006 a été, j’ai eu l’occasion de le
dire, un redressement de situation dans plusieurs domaines : c’est l’histoire de
notre gouvernement dans le fond, depuis 2003. C’est comme si on avait pris une
entreprise qui était en difficulté. On a fait un redressement majeur dans
presque tous les domaines d’activité gouvernementale depuis 2003. On a donc
imprégné notre direction à l’action gouvernementale et nos initiatives
permettent au Québec d’accélérer sa progression.
Le gouvernement déploie sa vision pour le Québec par des initiatives majeures
qui amorcent une nouvelle ère dans plusieurs secteurs d’activité. Ce n’est pas
un cliché. Quand on pense à la santé, entre autres, j’y reviendrai, il y a une
nouvelle ère qui s’ouvre dans plusieurs domaines. Ce que je retiens d’important
pour nous comme valeur aussi, ce sont initiatives qui, depuis 2003, façonnent le
Québec d’aujourd’hui, mais aussi pour les 15 ou 20 prochaines années, des
décisions qui auront un impact à long terme.
La session du printemps 2006 se décline sur trois grands thèmes : poursuivre le
redressement, faire progresser le Québec pour les générations présentes et
futures et projeter le Québec dans le Canada et à travers le monde.
Sur la question du redressement, la hausse moyenne des dépenses des programmes
de 2003 à 2006 aura été de 3,7%. Pour la même période au fédéral, ça a été 7%.
Pour les autres provinces, pour la même période, 6,6%. Nous avons réglé les
conventions collectives jusqu’en 2010 avec une hausse de 12,6%, soit 3,2
milliards $ comme nous l’avions annoncé il y a moins d’un an. Nous avons
respecté intégralement le cadre budgétaire. D’ailleurs ça a été beaucoup relevé
par les deux firmes de cotation cette question du respect du cadre budgétaire
que nous nous étions fixé.
Aujourd’hui, Monique Jérôme-Forget annonçait une excellente nouvelle pour 400
000 femmes au Québec : enfin, le règlement du dossier de l’équité salariale. Ce
règlement, je le rappelle, se fait dans le respect du cadre financier que nous
nous étions fixé au mois d’août l’an dernier. Il y a une baisse des effectifs
également de la fonction publique, et d’ici le 31 mars 2007, ce sera 3 700
personnes avec la politique de remplacer une personne sur deux, ce qui nous
permettra d’économiser sur une base récurrente, à terme le 31 mars 2007, 750
millions $ par année.
La mise en place du Fonds des générations, également sur la question du
redressement, dote le gouvernement d’un outil permanent servant à réduire le
poids de la dette. L’objectif, c’est de ramener le poids de la dette en deçà de
25% du PIB, d’ici 2025. Un effort important et sans précédent en faveur du
remboursement de la dette. C’est le reflet de nos valeurs, entre autres, et de
cette solidarité intergénérationnelle que nous voulons pour le Québec.
Au sujet de la gouvernance des sociétés d’État, une nouvelle politique a été
annoncée qui va rendre les sociétés d’État plus transparentes, plus responsables
et plus intègres. Les conseils d’administration seront constitués à part égale
d’hommes et de femmes. Au niveau de l’accélération du virage forestier, nous
avons annoncé dans le dernier budget un investissement de 925 millions $ pour
moderniser les entreprises, diminuer leurs coûts d’opération et soutenir les
travailleurs. Ce montant s’ajoute aux 167 millions $ annoncés lors du budget
précédent. Il y a aussi, évidemment, le dossier du bois d’œuvre où nous avons
participé directement aux négociations en vue d’un règlement.
L’établissement d’un partenariat financier avec les municipalités, c’est
également majeur. C’est en droite ligne avec la philosophie, la volonté du
gouvernement de faire du long terme, de conclure des ententes qui reflètent un
réel partenariat, et on en est d’autant plus fiers que c’est la première fois
depuis très, très longtemps qu’une entente est entièrement négociée avec le
monde municipal. Cela prévoit notamment le remboursement de la TVQ. C’est 3,8
milliards $ de plus de 2007 à 2013, et une volonté commune de modifier en
profondeur les relations et les façons de faire entre le gouvernement et les
municipalités.
Au niveau de la modernisation, au niveau des infrastructures en particulier, il
y a un grand effort de fait. Un milliard en 2006-2007 pour le maintien des
actifs alors, que nous avions pris un sérieux retard, et cela n’inclut pas le
1,3 milliards $ uniquement pour les investissements routiers.
Au niveau des résultats, nous avons quoi ? Nous avons un taux de chômage de
7,9%. C’est le plus bas niveau depuis 1976, un taux de chômage qui a reculé par
rapport à 2003 dans 14 régions sur 16 au Québec. Un écart fiscal avec les autres
provinces qui a été réduit de moitié en quatre ans et nous sommes décrits, à
juste titre, comme étant le meilleur endroit pour avoir une famille au Canada.
C’est un papier du journal La Presse qui le disait il y a quelques mois. Vous
constaterez également une augmentation substantielle de l’aide aux familles, de
l’ordre de 29%. Et surtout, le relèvement de la cote de crédit du Québec par
Moody’s et DBRS, ce qui va diminuer les coûts de financement du gouvernement du
Québec. Un autre chiffre qui parle beaucoup : le fait que les dépenses du
gouvernement en proportion du PIB n’ont jamais été aussi faibles depuis 35 ans,
à 17,6%. Cela témoigne de l’effort considérable qu’ont constaté les maisons de
cote de crédit dans les derniers jours et qui ont fait l’objet d’un effort
constant depuis les trois dernières années.
Au niveau des progrès que l’on a pu réaliser au Québec, sur la question du
développement durable, on confirme le leadership international du Québec. On a
mis en place le Fonds vert pour soutenir les initiatives du développement
durable. Ce fonds vert est issu de la Loi sur le développement durable, même loi
qui ajoute à la Charte des droits et libertés le droit de vivre dans un
environnement sain et respectueux de la biodiversité. Il y a eu la Stratégie
énergétique qui permet l’accélération et le développement de l’hydroélectricité
pour 25 milliards $ d’investissements, ce qui va permettre la création de 70 000
emplois, auxquels s’ajoute le développement de l’énergie éolienne, six milliards
d’investissements, presque 10 000 emplois. C’est la première fois dans
l’histoire du Québec qu’un gouvernement affirme sa volonté d’exporter de
l’énergie dans le but de créer de la richesse pour tous les Québécois. Si
l’Alberta est capable d’exporter son pétrole pour s’enrichir, nous, au Québec,
sommes également capables d’accroître nos exportations. Pour situer à quel point
c’est un enjeu et que ça représente un potentiel, rappelons-nous que l’an
dernier, Hydro-Québec n’a exporté que 4% de sa production et que ça représentait
30% de ses profits.
La Stratégie énergétique, c’est également innover et utiliser l’énergie de façon
plus efficace et étendre au secteur pétrolier des mesures d’efficacité
énergétique, ce qui n’était pas le cas. Ces mesures d’efficacité énergétique
nous permettent de réduire de 9,4 mégatonnes de GES d’ici 2015. Le Plan d’action
sur les changements climatiques, c’est 24 actions autour de deux grands axes :
réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon compatible avec les
objectifs de Kyoto et également une politique d’adaptation.
La politique du transport collectif a pour objectif d’accroître l’achalandage de
8% d’ici 2012 et d’augmenter l’apport du transport en commun dans les
déplacements des personnes. Au niveau des moyens, nous allons répartir de façon
équitable les efforts de chacun, mais également réinvestir 130 millions $ par
année pour les six prochaines années, le 130 millions $ étant issu du Fonds
vert. Il y aura une modernisation des infrastructures et des équipements, en
plus d’appuyer les autres alternatives à l’automobile.
Il y a aussi la garantie d’accès aux services médicaux qui présente vraiment la
nouvelle ère pour nous en terme de services de santé pour les Québécois. Nous
avons apporté une réponse équilibrée au jugement de la Cour suprême dans
l’Affaire Chaoulli. Nous mettons en place une garantie d’accès aux soins qui
sera appelée à évoluer. Nous l’avons fait pour les hanches, genoux, cataractes,
et cela existe déjà sans qu’il y ait d’accès aux assurances privées pour le
cardiaque tertiaire et la radio-oncologie. Pour l’avenir, nous allons
progressivement implanter la garantie d’accès pour d’autres soins. Cela permet
le recours à l’assurance privée pour les trois procédures chirurgicales que je
viens de nommer, mais ça permet également l’introduction de cliniques médicales
associées.
Il y a eu aussi le resserrement de la Loi sur le tabac qui permet de protéger
les Québécois contre l’exposition à la fumée secondaire et la Stratégie d’action
jeunesse dont je suis directement responsable, un investissement de 1,1 milliard
$ incluant 110 millions $ d’argent neuf pour améliorer la santé, le bien-être,
la réussite éducative, l’insertion professionnelle, la présence des jeunes dans
la société mais aussi le soutien offert. C’est dans le cadre de la Stratégie
d’action jeunesse que nous prévoyons travailler avec les commissions scolaires
pour éliminer la malbouffe dans les écoles. Il y a également le fonds pour le
sport et l’activité physique, soutenir financièrement la construction et la
rénovation et la mise aux normes d’installations sportives et récréatives,
soutenir l’organisation d’événements sportifs internationaux et pancanadiens.
Doté d’une enveloppe de 30 millions $, avec les partenaires, cela va permettre
un investissement de 500 millions $.
Il y a aussi un dossier très important dans lequel je me suis investi aussi
personnellement, puisque j’ai rencontré le groupe de travail qui s’est penché
là-dessus à deux reprises : la question de la reconnaissance des diplômes
étrangers. La modification au Code des professions sera faite pour donner aux
citoyens issus de l’immigration la possibilité de mettre à profit leurs
compétences plus rapidement. Et dès le mois de mai 2006, nous avons conclu cinq
nouvelles ententes avec des ordres professionnels du secteur de la santé dans le
but de reconnaître les compétences.
Au niveau des résultats ça donne quoi ? Ça nous ouvre à une nouvelle ère. Le
Fonds des générations, la Loi sur le développement durable, la Stratégie
énergétique, le transport collectif, le Plan d’action sur les changements
climatiques, la garantie d’accès aux soins de santé, la Stratégie d’action
jeunesse et la participation des citoyens issus de l’immigration au
développement durable. En terme de progrès, cela est considérable.
Maintenant pour ce qui est de projeter le Québec dans le Canada, mais aussi à
travers le monde, il y a la reconnaissance du déséquilibre fiscal.
Rappelons-nous que le rapport O’Bryan, le panel fédéral sur la péréquation, et
le comité consultatif sur le déséquilibre fiscal, le panel qui avait été mandaté
par le Conseil de la fédération, sont en bonne partie le reflet des positions
défendues par le Québec. Le résultat de cela, c’est le leadership du Québec au
sein de la fédération canadienne. La participation du Québec à l’UNESCO
représente également une avancée historique pour le Québec. Un accord possible
grâce au leadership du gouvernement du Québec. Le gouvernement fédéral reconnaît
formellement la place et le rôle du Québec à l’international. C’est une
troisième entente qui reconnaît également le fédéralisme asymétrique. La
politique internationale a également été annoncée, nouvelle politique attendue
depuis très longtemps, qui renforce la capacité d’action et d’influence de
l’État québécois sur la scène internationale, favorise la croissance et la
prospérité du Québec, fait la promotion de l’identité et de la culture du
Québec, continue notre effort de solidarité internationale et poursuit également
nos efforts très importants au niveau de la sécurité.
Il y a la signature de neuf ententes avec l’Ontario. J’ai eu l’occasion déjà de
mentionner celle sur la mobilité de la main-d’œuvre qui a été un enjeu pendant
une trentaine d’années au Québec et entre le Québec et l’Ontario. Cette entente
va permettre de faciliter l’accès aux deux provinces pour les travailleurs et
les entreprises de la construction, va améliorer les deux économies grâce à une
meilleure circulation des travailleurs qualifiés mais aussi du capital. Et fait
intéressant pour le Québec, donne accès aux entreprises québécoises à un marché
potentiel additionnel de 10 milliards $. Il y a également eu la signature d’une
entente cadre de coopération avec le Nouveau-Brunswick dans 23 domaines
d’activités dont la coopération économique, les affaires municipales et
régionales, ce qui permet d’améliorer les services offerts par le Québec et le
Nouveau-Brunswick et de renforcer nos économies respectives.
Le Québec au niveau des résultats a repris sa position de leader au sein du
Canada. Le règlement du déséquilibre fiscal est maintenant un enjeu pour le
gouvernement fédéral, et le Québec s’est positionné aussi pour mieux profiter
des marchés émergents, entre autres, la Chine et l’Inde.
En conclusion, le redressement des finances publiques et la création du Fonds
des générations ont permis une hausse de la cote de crédit du Québec. Le Québec
s’est imposé comme leader international du développement durable et nos actions
ont fait en sorte que le règlement du déséquilibre fiscal est maintenant un
enjeu pour le gouvernement fédéral. Tout ça fait en sorte aujourd’hui que le
Québec, les Québécois et Québécoises peuvent se dire qu’ils ont une meilleure
qualité de vie en 2006 qu’ils avaient en 2003.
[Charest=20060814]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest devant les membres de la Chambre de commerce de Val d’Or]
Monsieur le Président de la Chambre de commerce de Val d’Or (Marc Bertrand),
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Lorsque je suis venu ici, en septembre 2005, avec tous les députés de notre
formation politique, on m’avait remis une plaque que je garde précieusement.
On peut y lire que je suis le chef politique qui a le plus souvent visité
l’Abitibi-Témiscamingue.
J’en étais alors à ma 17e visite.
Et je suis revenu encore, à Val d’Or, au mois de mars dernier pour annoncer une
contribution de 6 millions $ au projet Goldex.
Et me voici à nouveau avec vous aujourd’hui.
Ma présence régulière en Abitibi-Témiscamingue reflète l’engagement de notre
gouvernement envers les régions du Québec.
Car c’est pour moi une évidence : un Québec qui réussit, c’est un Québec qui
réussit avec toutes ses régions.
Depuis trois ans et demi, l ’action de notre gouvernement est marquée par le
sens des responsabilités.
Trop longtemps, nous avons dit au Québec que tout ce qui n’allait pas était la
faute des autres.
Nous avons changé ça.
Les solutions à nos défis sont entre nos mains. Les Québécois seront les
artisans et les bénéficiaires de leur réussite.
Nous sommes tous, chacun à notre manière, des participants au succès du Québec.
C’est vrai à Québec et c’est vrai dans chacune des régions du Québec.
Depuis notre élection, nous nous sommes attaqués à des problèmes et nous avons
ouvert de nouvelles voies de développement dans toutes les régions.
Nous avançons avec le même objectif en tête : augmenter la prospérité des
Québécois.
Quand nous sommes arrivés, le système de santé était en crise; les
infrastructures étaient négligées et les finances publiques étaient précaires.
Nous sommes en train de remettre sur pied le système de santé. Dans la région,
le budget de la santé a augmenté de 19 % en trois ans.
Il y a 22 nouveaux médecins sur le territoire du Centre de santé Vallée de
l’Or.
De nouveaux équipements modernes au Centre hospitalier de Val d’Or; 11
nouveaux lits de soins de longue durée à Val d’Or et 8 à Senneterre.
Aujourd’hui, la population est mieux soignée.
Dans le domaine des infrastructures, nous avons mis les bouchées doubles.
Pensons à la réfection de la route 117 dans le tronçon Louvicourt-Senneterre
ou au nouveau poste de la Sûreté du Québec, ici à Val d’Or.
Les infrastructures sont la base d’une économie forte. Et nous y mettons les
efforts et les ressources.
Et quand je parle d’infrastructures, je pense aussi aux infrastructures
aéroportuaires.
Je confirme que le gouvernement ira de l’avant avec des réaménagements de près
d’un million de $ à l’aéroport de Val d’Or.
Pierre Corbeil en annoncera les détails bientôt. Ces investissements
contribueront au dynamisme économique de la région.
Aujourd’hui, le Québec se construit. Aujourd’hui, l’Abitibi se construit.
En matière de finances publiques, nous avons repris le contrôle des dépenses
et nous avons créé un fonds pour réduire notre dette.
Nous avons géré avec une rigueur telle que la cote de crédit du Québec a été
rehaussée.
Nous ne vivons plus au-dessus de nos moyens. Nous sommes en train de nous
redonner les moyens de nos ambitions.
Nous agissons de manière responsable. Nous nous attaquons aux problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
Cette vision d’avenir, c’est trois piliers : l’éducation, la famille, le
développement durable, et, à la base de cet édifice, la création de richesse,
qui rend tout le reste possible.
Premier pilier, l’éducation. Le plus sûr chemin pour prospérer. La meilleure
arme contre la pauvreté.
Nous avons réinvesti en éducation pour maintenir les écoles de village et
mettre sur pied le Centre national des mines. Nous allons maintenant accélérer
la cadence.
La semaine dernière, le ministre de l’Éducation, Jean-Marc Fournier, a annoncé
des investissements supplémentaires de plus de 300 millions $ dans nos cégeps
et nos universités.
C’est une bonne nouvelle pour l’UQAT et les trois campus du cégep
d’Abitibi-Témiscamingue.
En éducation, il y a un projet important dans la région. Le Pavillon des
premières nations. Nous avons fait notre part de 3,6 millions $ et nous
faisons pression pour qu’Ottawa fasse la sienne.
Ce projet, nous y croyons. C’est un pont entre les Québécois, les Cris et les
Algonquins. C’est un levier de développement pour la région.
Deuxième pilier, la famille. Nous avons placé la famille au cœur de notre
action.
Parce que cela correspond à nos valeurs. Parce que cela fait partie de la
réponse aux changements démographiques :
créer un meilleur environnement pour voir naître et grandir des enfants. Créer
un environnement pour mieux aider les parents.
Nous avons mis en place le Régime québécois d’assurance parentale.
Nous avons ajouté plus de 600 places en garderie dans la région; 17 000 familles
ont reçu 60 millions $ dans le cadre du programme de soutien aux enfants. Les
familles de la région vivent mieux.
Troisième pilier, le développement durable, qui est appelé à devenir une des
principales missions de l’État. Nous avons résolument engagé le Québec dans
cette voie.
Nous nous sommes commis par une loi. Nous allons atteindre les objectifs de
Kyoto. Nous protégeons l’environnement… même lorsque c’est difficile.
Je sais que la protection de la possibilité forestière a des impacts dans la
région.
Dans le dernier Discours sur le budget, c’est 925 millions $ que nous avons
mis à la disposition des entreprises, des travailleurs et des régions pour les
soutenir et procéder à une véritable modernisation de notre gestion
forestière.
En ajoutant les 450 millions $ annoncés en 2005, c’est plus de 1,4 milliard $
que nous investirons au cours des 5 prochaines années.
Ce sont les travailleurs, les régions et tout le Québec qui sortiront gagnants
de cet exercice.
Nous agissons dans l’intérêt des générations futures. C’est ça être
responsables. Et c’est l’esprit même du développement durable.
Être responsables, croire dans le développement durable, c’est aussi s’occuper
des sites miniers abandonnés.
Nous consacrerons 55 millions $ à la remise en état des sites désaffectés
Manitou et Aldernac.
Car le Développement durable, ce n’est pas seulement préserver l’environnement,
c’est aussi, autant que faire se peut, le restaurer.
Le développement durable nous impose parfois des choix difficiles. Mais de façon
générale, le développement durable, est un levier de prospérité. J’en suis
profondément convaincu.
S’il est un domaine où cette fusion s’opère plus que partout ailleurs, c’est
dans le domaine de l’énergie.
Notre stratégie de développement énergétique prévoit des investissements de plus
de
30 milliards $ d’ici 2015;
25 milliards dans l’hydroélectricité
et 5 milliards $ dans l’énergie éolienne.
Avec 4 500 d’hydroélectricité nouvelle
et 4 000 mgw d’énergie éolienne, c’est l’équivalent d’une autre Baie James que
nous mettons en chantier.
Nous avons changé la donne. Nous avons mis fin à l’ère des scrupules en matière
d’exportation d’électricité.
Nous allons vendre de l’énergie propre à nos voisins. Nous allons créer de la
richesse au Québec et nous allons en même temps contribuer à la qualité de l’air
dans le Nord-Est du continent.
Le développement durable et l’énergie sont des leviers d’enrichissement pour le
Québec.
Notre préoccupation constante pour la création de richesse nous a amenés à
soutenir plusieurs projets moteurs dans la région.
Le projet Temlam, 160 emplois.
L’Avionnerie Val d’Or, les entreprises Mégiscane de Senneterre, le CIMDAT, le
CEDEX, l’abattoir mobile, voilà autant d’entreprises et d’organisations qui ont
bénéficié de l’appui du gouvernement pour contribuer à la diversification
économique et au renforcement de l’économie de la région.
Mais surtout, nous sommes des partenaires de premier plan dans le nouvel essor
du secteur minier de l’Abitibi-Témiscamingue.
Je pense au projet Goldex, qui créera 200 emplois, auxquels s’ajoutent les
projets La Ronde II, Lapa, et Agnico-Eagle qui totalisent plus de 600 millions $
d’investissement et la création ou la préservation de plus de 1 000 emplois.
Nous sommes là, avec l’Abitibi, avec ses travailleurs, avec ses industries pour
saisir cette occasion de prospérité.
Nous avons rendu permanentes les actions accréditives pour stimuler et faciliter
les investissements en prospection et exploration. Nous apportons une aide
particulière au secteur du cuivre qui décolle plus lentement.
Nous aidons la région, mais nous allons bien au-delà de ça. Nous lui confions
les leviers de décision. C’est le retour de la SOQUEM à Val d’Or. L’installation
ici du centre de décision du Service géologique du Québec.
C’est la pleine reconnaissance et la pleine affirmation de Val d’Or et de
l’Abitibi comme pôle minier du Québec. C’est d’ailleurs ici qu’a été ficelé le
premier projet ACCORD qui établit le créneau d’excellence des techno-mines
souterraines.
Déjà un projet en a émergé : le MISA, qui assurera une coordination stratégique
des efforts régionaux.
Ce leadership nouveau de l’Abitibi-Témiscamingue, il se prolonge dans l’action
soutenue de Pierre Corbeil.
Ses discussions avec les leaders du nord-est ontarien, annoncent l’émergence
d’un pôle canadien en expertise et exploration minière.
Une alliance stratégique trans-outaouais qui renforcera le positionnement
international du Québec de l’Abitibi et du Québec dans le domaine minier.
Le résultat de tous nos efforts, c’est que le Québec se porte mieux et que
l’Abitibi-Témiscamingue renoue avec l’espoir.
Depuis mai 2005, il s’est créé 2 300 emplois dans la région. Depuis avril 2003,
plus de 1 400 personnes ont quitté l’assurance emploi.
Il faut demeurer vigilants. Nous sommes dans un environnement économique
complexe et en mutation.
Le secteur minier a le vent dans les voiles.
La croissance de la Chine et de l’Inde laisse croire que le prix des métaux
demeurera élevé longtemps.
Mais pendant ce temps, le secteur manufacturier subit le contrecoup de la hausse
du dollar et doit s’adapter. La crise que traverse le secteur forestier est
sérieuse. Nous allons la traverser ensemble.
Il y a un mouvement qui a été lancé en Abitibi. Un mouvement qui est porteur de
progrès et de prospérité. C’est celui d’une plus grande prise en main de la
région par vous tous.
Dans ce Québec que nous sommes en train de bâtir, le gouvernement prend ses
responsabilités.
Et il invite les communautés et les régions à prendre elles aussi leurs
responsabilités et à s’engager dans le développement.
C’est un mouvement que nous avons lancé. C’est un mouvement que nous allons
nourrir.
Cet automne, nous allons présenter une nouvelle politique de développement
régional et d’occupation du territoire qui va donner un nouveau souffle à toutes
ces initiatives.
Nous croyons dans l’autonomie des régions. Nous croyons dans la force et la
vitalité de l’Abitibi-Témiscamingue.
Ce que je vois en Abitibi-Témiscamingue, c’est une région qui se lève, qui unit
ses forces, qui fait équipe avec ses entreprises et ses gens pour réussir et
participer activement à la réussite du Québec.
Voyez le chemin parcouru depuis 3 ans et demi. Ces progrès que nous avons
réalisés en santé,
en éducation, dans le développement économique, dans l’aide à la famille, en
matière d’environnement, d’énergie, de finances publiques.
Voyez ce Québec plus confiant qui émerge. Voyez ce Québec plus responsable, qui
règle ses problèmes et qui ouvre de nouvelles voies d’avenir.
C’est ce Québec que nous bâtissons ensemble.
Et c’est tout ça qui sera dans la balance. C’est tout ça que les Québécois
devront évaluer lorsque viendra le jour de l’échéance électorale.
Ils devront choisir entre compromettre tous ces efforts des dernières années ou
en récolter les fruits.
Dans ce Québec que nous sommes en train de bâtir, chaque région a sa place à la
table de notre réussite.
En agissant ensemble de manière responsable, nous réglons nos problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
[Charest=20060815]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, devant les membres de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda]
Madame la Présidente de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda
(Anne-France Thibault)
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Il me fait très plaisir d’être avec vous aujourd’hui. Au cours des dernières
années, j’ai visité votre région une vingtaine de fois.
Et chaque fois que je reviens, je retrouve cet esprit pionnier qui fait la force
de l’Abitibi-Témiscamingue.
Vous êtes sur la première ligne de front des grands changements auxquels nous
faisons face.
Entre le nouvel essor des mines et les difficultés du secteur forestier, je vois
une région qui se mobilise et qui relève ses défis.
Cet esprit de pionnier qui habite la région, c’est un peu celui qui anime mon
gouvernement.
L’action de notre gouvernement est marquée par le sens des responsabilités.
C’est un changement important.
Trop longtemps, nous avons eu tendance au Québec à accuser les autres d’être la
cause de nos difficultés.
Moi, j’ai toujours eu la conviction que les solutions à nos défis étaient entre
nos mains.
Les solutions aux défis de l’Abitibi-Témiscamingue, elles sont ici, dans cette
salle. Et le rôle du gouvernement, c’est d’assumer les responsabilités qui sont
les siennes.
C’est aussi de fournir à la région les outils dont elle a besoin pour assumer
ses propres responsabilités. C’est de cette manière, en s’épaulant, en
s’appuyant, que nous faisons la réussite du Québec.
Depuis notre élection, nous nous attaquons à des problèmes et nous ouvrons de
nouvelles voies de développement.
Nous avançons avec le même objectif en tête : augmenter la prospérité des
Québécois dans toutes les régions du Québec.
Nous nous sommes attaqués à trois difficultés : la santé, les infrastructures et
les finances publiques.
En santé, nous avons hérité d’un système en crise. Nous sommes en train de le
remettre sur pied. Dans la région, le budget de la santé a augmenté de 19 % en
trois ans.
Il y a plus de médecins, plus de groupes de médecine familiale, les services
sont mieux organisés et les hôpitaux sont mieux équipés.
Des investissements importants ont été faits, notamment de nouveaux
équipements de radioscopie aux centres de santé et de services sociaux de
Rouyn Noranda et des Eskers.
La population est aujourd’hui mieux soignée. Nous sommes sur la bonne voie.
Celle du progrès.
Les infrastructures avaient été négligées au Québec. Nous avons renversé la
situation.
Je pense, par exemple, à la voie de contournement du centre-ville de
Rouyn-Noranda. Beaucoup en ont fait une promesse. Nous, nous en avons fait un
chantier.
En 2003, les finances publiques étaient mal en point. Nous avons repris le
contrôle des dépenses et nous avons créé un fonds pour réduire notre dette.
Notre rigueur a amené les agences de cotation Moody’s et DBRS à rehausser la
cotre de crédit du Québec pour la première fois en 14 ans.
Nous agissons de manière responsable. Nous nous attaquons aux problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
Notre vision d’avenir, c’est trois piliers : l’éducation, la famille, le
développement durable, et, à la base de cet édifice, la création de richesse,
qui rend tout le reste possible.
Premier pilier, l’éducation. Le plus sûr chemin pour prospérer. La meilleure
arme contre la pauvreté.
Nous avons réinvesti en éducation pour maintenir les écoles de village, mettre
sur pied le Centre national des mines, ou encore créer le programme DEC-BAC en
sciences infirmières à l’UQAT.
Nous allons maintenant accélérer la cadence. La semaine dernière, nous avons
annoncé des investissements supplémentaires de plus de 300 millions $ dans nos
cégeps et nos universités.
C’est une bonne nouvelle pour l’UQAT et les trois campus du cégep
d’Abitibi-Témiscamingue.
L’éducation, c’est aussi les métiers. Les pénuries d’ouvriers qualifiés sont un
obstacle à notre développement économique.
C’est dans cette volonté de développement et de prospérité que j’annonce que
nous irons de l’avant avec l’agrandissement du Centre polymétier de la
Commission scolaire de Rouyn-Noranda.
Le ministre de l’Éducation viendra présenter les détails du projet dans quelques
semaines. C’est un projet important pour la région, pour les entreprises de la
région et pour les jeunes de la région.
Deuxième pilier, la famille. Nous avons placé la famille au cœur de note
action.
Parce que cela correspond à nos valeurs. Parce que cela fait partie de la
réponse aux changements démographiques : créer un meilleur environnement pour
voir naître et grandir des enfants.
Et c’est ici, à Rouyn-Noranda, que nous avons basé le centre de service du
nouveau Régime québécois d’assurance parentale.
J’ai visité ce centre ce matin. C’est une véritable ruche. Plus de 100 personnes
y travaillent, presque le double des effectifs initiaux.
L’entrée en vigueur de ce régime a créé un très grand intérêt chez les jeunes
couples.
Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais peut-être pourrons-nous dire
dans quelques années, que nous aurons contribué ensemble à changer la courbe
démographique.
Troisième pilier, le développement durable, qui est appelé à devenir une des
principales missions de l’État.
Nous avons résolument engagé le Québec dans cette voie. Nous nous sommes
commis par une loi. Nous allons atteindre les objectifs de Kyoto.
Nous protégeons l’environnement… même lorsque c’est difficile.
Je sais que la protection de la possibilité forestière a des impacts dans la
région.
Dans le dernier Discours sur le budget, c’est 925 millions $ que nous avons mis
à la disposition des entreprises, des travailleurs et des régions pour les
soutenir et procéder à une véritable modernisation de notre gestion forestière.
En ajoutant les 450 millions $ annoncés en 2005, c’est plus de 1,4 milliard $
que nous investirons au cours des 5 prochaines années.
Ce sont les travailleurs, les régions et tout le Québec qui sortiront gagnants
de cet exercice. Nous agissons dans l’intérêt des générations futures.
C’est ça être responsables. Et c’est l’esprit même du développement durable.
Le développement durable nous impose parfois des choix difficiles. Mais de façon
générale, le développement durable, est un levier de prospérité.
S’il est un domaine où cette fusion s’opère plus que partout ailleurs, c’est
dans le domaine de l’énergie.
Notre stratégie de développement énergétique prévoit des investissements de plus
de
30 milliards $ d’ici 2015 ; 25 milliards dans l’hydroélectricité et 5 milliards
$ dans l’énergie éolienne.
Avec 4 500 d’hydroélectricité nouvelle et 4 000 mgw d’énergie éolienne, c’est
l’équivalent d’une autre Baie James que nous mettons en chantier.
Déjà, les retombées du projet Eastmain-1 se font sentir dans la région. Au 1er
juillet 2006, les entreprises de la région avaient signé 37 contrats pour une
valeur de 87 millions $ .
Nous avons changé la donne. Nous avons mis fin à l’ère des scrupules en matière
d’exportation d’électricité.
Nous allons vendre de l’énergie propre à nos voisins. Nous allons créer de la
richesse au Québec et nous allons en même temps contribuer à la qualité de l’air
dans le Nord-Est du continent.
Notre préoccupation constante pour la création de richesse nous a amenés à
soutenir plusieurs projets moteurs dans la région.
Nous sommes partenaires de cet essor du secteur minier. Je pense au projet
Goldex, qui créera 200 emplois, auxquels s’ajoutent les projets La Ronde II,
Lapa, et Agnico-Eagle qui totalisent plus de 600 millions $ d’investissement et
la création ou la préservation de plus de 1 000 emplois.
Les mines sont à l’Abitibi ce que les sables bitumineux sont à l’Athabaska.
C’est un filon de croissance et de prospérité.
Tous les économistes s’entendent pour dire que le prix élevé des métaux se
maintiendra à cause de la croissance des économies émergentes.
Nous sommes là, avec l’Abitibi, avec ses travailleurs, avec ses industries pour
saisir cette occasion de prospérité.
Nous avons rendu permanentes les actions accréditives pour stimuler et faciliter
les investissements en prospection et exploration.
Nous apportons une aide particulière au secteur du cuivre qui décolle plus
lentement.
Nous aidons la région, mais nous allons bien au-delà de ça. Nous lui confions
les leviers de décision.
Pour nous, les régions ne sont pas des zones qui demandent à être entretenues
par le gouvernement. Ce sont des équipiers à part entière de notre réussite, qui
sont prêts à saisir la passe et à marquer des buts.
Le résultat de tous nos efforts, c’est que le Québec se porte mieux et que
l’Abitibi-Témiscamingue renoue avec l’espoir.
Depuis mai 2005, il s’est créé 2 300 emplois dans la région. Depuis avril 2003,
plus de 1 400 personnes ont quitté l’assurance emploi.
La situation demeure préoccupante, dans certains domaines, nous en sommes bien
conscients. Mais il y a une tendance qui se dessine.
C’est celle de jours heureux en Abitibi et d’une prospérité retrouvée. Il y a
des jeunes qui reviennent en région. Il y a des maisons qui se construisent. Il
y a des projets qui se concrétisent.
Nous avons tourné la page sur cette époque où l’Abitibi symbolisait les
difficultés du Québec. La région est engagée sur une trajectoire de réussite qui
en fera bientôt une inspiration pour les autres régions du Québec.
L’action de notre gouvernement est guidée par la responsabilité. Par cette
conviction que nous sommes les maîtres d’œuvre de notre réussite.
Cette idée de la responsabilité, c’est une responsabilité partagée qui appelle
chacun d’entre nous à mettre l’épaule à la roue pour faire avancer le Québec.
Quand nous ramenons le siège social de la SOQUEM à Val d’Or; quand nous basons
le centre de service du Régime québécois d’assurance parentale; à Rouyn-Noranda;
quand nous créons dans toutes les régions, en partenariat avec les leaders
investisseurs locaux des fonds d’investissement FIER; quand nous mettons sur
pied les Conférences régionales des élus… Nous décentralisons le Québec.
Nous régionalisons les centres de décision. Nous instrumentons les régions pour
qu’elles prennent mieux en main leur avenir.
Et nous bâtissons un Québec plus responsable; un Québec qui sait qu’il a en lui
les ressources, le talent et l’énergie pour réussir.
Nous croyons dans l’autonomie des régions. Nous croyons dans la force et la
vitalité de l’Abitibi-Témiscamingue. Tout le travail qui a été accompli depuis
2003, nous l’avons fait ensemble, avec les Québécois, à travers nos débats et
dans le choc des idées.
Nous avons fait beaucoup de chemin en trois ans et demi, en santé, en éducation,
dans le développement économique, dans l’aide à la famille, en matière
d’environnement, d’énergie, de finances publiques.
Et c’est tout ça qui sera dans la balance.
C’est tout ça que les Québécois devront évaluer lorsque viendra le jour de
l’échéance électorale. Ils devront choisir entre compromettre tous ces efforts
des dernières années ou en récolter les fruits.
Dans ce Québec que nous sommes en train de bâtir, chaque région a sa place à la
table de notre réussite.
En agissant ensemble de manière responsable, nous réglons nos problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
[Charest=20060817]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, devant les membres de la Chambre de commerce de Charlevoix]
Monsieur le Président de la Chambre de commerce de Charlevoix (Mathieu Simard),
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Il me fait très plaisir d’être avec vous aujourd’hui. Chaque fois que je passe
dans la région, je suis renversé par la beauté de ces paysages qui inspirent des
artistes du monde entier.
Charlevoix, c’est la carte postale du Québec.
C’est le mythe qui devient vérité; celui des grands espaces et d’une nature à
couper le souffle.
Mais Charlevoix, c’est aussi une région qui se prend en main; qui relève ses
défis; qui a des projets d’avenir et qui participe avec une confiance nouvelle à
la réussite de la grande région de la Capitale Nationale et à la réussite du
Québec.
Depuis trois ans et demi, l’action de notre gouvernement est marquée par le sens
des responsabilités.
Les solutions à nos défis sont entre nos mains. Les Québécois seront les
artisans et les bénéficiaires de leur réussite.
Depuis notre élection, nous nous sommes attaqués à des problèmes et nous avons
ouvert de nouvelles voies de développement dans toutes les régions.
Nous avançons avec le même objectif en tête : augmenter la prospérité des
Québécois.
Quand nous sommes arrivés, le système de santé était en crise; les
infrastructures étaient négligées et les finances publiques étaient précaires.
Nous sommes en train de remettre sur pied le système de santé. Nous avons
réinvesti. Nous avons réorganisé les services. Nous avons amélioré les
équipements.
Dans la région, cela s’est traduit par le réaménagement de l’unité de soins du
Centre hospitalier de Charlevoix à Baie-Saint-Paul; ou encore le réaménagement
de l’unité mère-enfant de La Malbaie.
Notre action en santé, c’est aussi la création d’un nouveau groupe de médecine
familiale dans Charlevoix-Est ; 15 000 personnes en bénéficient; 19 médecins y
travaillent.
Ici, comme partout ailleurs au Québec, nous sommes sur la voie du progrès en
matière de santé.
Dans le domaine des infrastructures, nous avons mis les bouchées doubles pour
réliser des projets chers au milieu.
Charlevoix se construit comme on n’a pas vu depuis longtemps. Je pense au
belvédère de la Grande Côte, ici aux Éboulements. Beaucoup en ont fait une
promesse; nous en avons fait une réalité.
Depuis 2003, c’est 64 millions $ que nous avons investis dans les
infrastructures routières de Charlevoix.
Pour l’année en cours, 2006-2007, c’est 14 millions $. À
Petite-Rivière-Saint-François, L’Isle-aux-Coudres, La Malbaie, Baie-Saint-Paul,
Saint-Irénée, Saint-Urbain, Saint-Siméon… c’est Charlevoix qui se renouvelle,
pour mieux accueillir les visiteurs et mieux grandir.
Si nous pouvons faire ces investissements importants, c’est parce que nous
gérons avec rigueur. C’est parce que nous mettons l’argent là où ça compte.
Tous les Québécois en bénéficient.
En matière de finances publiques, nous avons repris le contrôle des dépenses et
nous avons créé un fonds pour réduire notre dette.
Nous avons géré avec une rigueur telle que la cote de crédit du Québec a été
rehaussée. Nous ne vivons plus au-dessus de nos moyens. Nous sommes en train de
nous redonner les moyens de nos ambitions.
C’est vrai ici. Et c’est vrai partout ailleurs au Québec.
Nous agissons de manière responsable. Nous nous attaquons aux problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
Cette vision d’avenir, c’est trois piliers : le pilier santé-éducation, le duo
des missions fondamentales de l’État; deuxième pilier, la famille; troisième
pilier, le développement durable.
Et, à la base de cet édifice du Québec, la création de richesse, qui rend tout
le reste possible.
Premier pilier, la santé dont nous avons fait notre première priorité. Et
l’éducation.
L’éducation est le plus sûr chemin pour prospérer. La meilleure arme contre la
pauvreté. Nous sommes à quelques jours de la rentrée scolaire. Et c’est une
école en évolution que vont découvrir vos enfants.
Une heure et demie de plus à l’école par semaine au primaire. Pour faire plus de
place aux sports. Pour faire de la place à l’enseignement de l’anglais dès la
première année. C’est un geste important.
Mieux maîtriser l’anglais, c’est un atout qu’on donne à notre jeunesse. Et c’est
encore plus vrai dans un pôle touristique majeur comme Charlevoix.
C’est même un geste en faveur de notre identité. Mieux communiquer avec les
autres pour mieux expliquer ce que nous sommes. C’est ça aussi l’éducation.
La semaine dernière, nous avons annoncé des investissements supplémentaires de
320 millions $ en éducation supérieure.
C’est une bonne nouvelle pour tout le Québec. C’est une bonne nouvelle pour le
Centre d’études collégiales en Charlevoix et son partenaire le cégep de
Jonquière.
Et cette semaine, nous avons annoncé, un plan d’investissement de 824 millions $
sur 5 ans dans nos universités; pour améliorer leurs bâtiments; pour mieux
équiper leurs laboratoires; pour mieux développer le Québec du savoir.
Deuxième pilier, la famille. Nous avons placé la famille au cœur de note
action. Parce que cela correspond à nos valeurs. Parce que cela fait partie de
la réponse aux changements démographiques : créer un meilleur environnement
pour voir naître et grandir des enfants.
Créer un environnement pour mieux aider les parents.
Nous avons mis sur pied un programme de soutien aux enfants qui bénéficie à
toutes les familles avec enfants du Québec. Nous avons mis en place le Régime
québécois d’assurance parentale.
Nous avons ajouté plus de 30 000 places en garderie. Ce sont les familles de
tout le Québec qui vivent mieux.
Troisième pilier, le développement durable. Ce sera bientôt une des
principales missions de l’État.
Nous avons résolument engagé le Québec dans cette voie. Nous nous sommes commis
par une loi. Nous allons atteindre les objectifs de Kyoto. Nous protégeons
l’environnement.
Nous avons eu le courage d’intervenir pour protéger la forêt. Et nous
accompagnons les régions touchées comme Charlevoix.
Dans le dernier Discours sur le budget, nous avons mis 925 millions $ à la
disposition des entreprises, des travailleurs et des régions pour les soutenir
et procéder à une véritable modernisation de notre gestion forestière.
En ajoutant les 450 millions $ annoncés en 2005, c’est plus de 1,4 milliard $
que nous investirons au cours des 4 prochaines années. Ce sont les travailleurs,
les régions et tout le Québec qui sortiront gagnants de cet exercice.
Nous agissons dans l’intérêt des générations futures. C’est ça être
responsables. Et c’est l’esprit même du développement durable.
Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre la responsabilité que nous
avons en matière d’environnement. Nous avons le privilège d’abriter au Québec
une Réserve mondiale de la biosphère identifiée par l’UNESCO. Et c’est
Charlevoix.
Ce privilège, cette renommée, s’accompagnent d’une responsabilité. Il nous
revient, comme Québécois, d’assumer un leadership fort en matière de protection
de l’environnement.
Le développement durable nous impose parfois des choix difficiles. Mais le
développement durable, est d’abord un levier de prospérité. J’en sui
profondément convaincu.
S’il est un domaine où cette fusion s’opère plus que partout ailleurs, c’est
dans le domaine de l’énergie.
Notre stratégie de développement énergétique prévoit des investissements de plus
de 30 milliards $ d’ici 2015 ; 25 milliards dans l’hydroélectricité et 6
milliards $ dans l’énergie éolienne.
Cela signifie : 4 500 mgw d’hydroélectricité nouvelle, et 4 000 mgw d’énergie
éolienne, dont 500 développés par les régions et les communautés locales et
autochtones.
Charlevoix pourrait en bénéficier aussi. Des évaluations sont actuellement en
cours pour déterminer le potentiel éolien dans les Terres du Séminaire.
À terme, si le potentiel est là, si les citoyens sont d’accord, ça peut vouloir
dire des emplois et le développement d’une expertise nouvelle en région.
En matière d’énergie, par ailleurs, nous avons changé la donne.
Nous avons mis fin à l’ère des scrupules en matière d’exportation d’électricité.
Nous allons vendre de l’énergie propre à nos voisins.
Nous allons créer de la richesse au Québec et nous allons en même temps
contribuer à la qualité de l’air dans le Nord-Est du continent.
Le développement durable et l’énergie sont des leviers d’enrichissement pour le
Québec.
Notre préoccupation constante pour la création de richesse nous a amenés à
soutenir plusieurs projets moteurs dans la région.
Les Serre Lacoste;
Vertigo Horticulture;
Maison d’affinage Maurice Dufour;
Le Moulin de l’Isle-aux-Coudres;
L’aérogare de l’aéroport de Charlevoix;
Le nouveau complexe sportif de La Malbaie.
Des projets de croissance de plus de 3 millions $ dans lesquels nous avons
investi avec la communauté plus de 2,6 millions $.
Des projets créateurs d’emplois qui participent à la diversification de
l’économie de Charlevoix. Des entrepreneurs d’ici, qui s’investissent dans le
développement de la région avec l’appui du gouvernement et des instances locales
de développement.
Nous travaillons ensemble et nous réalisons des choses ensemble.
Avec la MRC de Charlevoix et la MRC de Charlevoix-Est, nous avons investi 3
millions $ pour rendre disponible, d’abord dans les écoles de la région,
l’Internet à haute vitesse.
Cette infrastructure technologique devient un autre atout stratégique de la
région pour favoriser sa diversification économique.
Tous ces efforts que nous faisons avec les Québécois dans toutes les régions du
Québec produisent des résultats.
Globalement, l’économie du Québec se porte bien. Le taux de chômage est à son
plus bas niveau en 30 ans.
Le nombre de Québécois qui travaillent n’a jamais été aussi élevé.
Partout, le nombre de prestataires de l’assurance-emploi diminue. Dans un
contexte pas facile, marqué par la montée du dollar, qui complique la vie des
exportateurs, et l’augmentation des prix de l’essence, le Québec tire son
épingle du jeu.
Le Québec est aujourd’hui plus fort, mieux administré et plus confiant qu’en
2003. Ensemble, nous avons solidifié les bases de notre développement : santé,
éducation, infrastructures.
Nous avons ouvert de nouvelles voies de développement : l’énergie, le
développement durable. Nous avons muni les régions de nouveaux leviers de
développement, avec les fonds FIER.
Nous avons renforcé l’autonomie des régions avec les conférences régionales des
élus.
C’est un nouveau Québec qui émerge; un Québec plus responsable, plus libre, qui
a acquis la conviction que les clés de sa réussite étaient entre ses mains.
Et je le retrouve ici, dans Charlevoix, ce Québec du 21e siècle. Nous
travaillons ensemble et nous nous engageons ensemble dans des projets qui vont
changer l’avenir.
Nous sommes partenaires dans le projet de développement du Massif de
Petite-Rivière-Saint-François.
Ce projet, nous y croyons. C’est un projet moderne, qui répond à toutes les
caractéristiques du développement durable.
Il réconcilie la protection de l’environnement, le développement économique et
le progrès social.
Ce projet, nous y investissons. Nous avions mis 30 millions $ sur la table.
Je vous annonce aujourd’hui que nous avons élevé notre participation à 37
millions $. Parce que ce projet, non seulement nous y croyons, nous y tenons.
Le montage financier est, à toutes fins pratiques, complété. Nous en sommes à
attacher les dernières ficelles avec le promoteur et les employés.
Le train est sur le point de quitter la gare. Bientôt, le plus important projet
de développement récréotouristique au Québec sera formellement lancé.
En appuyant le projet de développement du Massif de
Petite-Rivière-Saint-François, nous agissons de manière cohérente avec la
démarche ACCORD qui a identifié le tourisme comme un des secteurs de croissance
de prédilection de la grande région de la Capitale-Nationale et de Charlevoix en
particulier.
Ce projet, c’est un renforcement de l’axe touristique Québec-Charlevoix qui
deviendra une destination de choix; une destination histoire-nature qui
augmentera de manière importante le potentiel d’attraction de la région et les
retombées qui en découlent.
Cette confiance dans le potentiel touristique de Charlevoix, nous l’avons
affirmée avec :
Le circuit de la Route bleue, sur le St-Laurent;
La rénovation au coût d’un million $ du pavillon central du Domaine Forget, un
des hauts lieux de la culture en région;
La rénovation du Musée régional de Charlevoix, à La Malbaie, au coût de 345
000 $.
Nous sommes là pour appuyer les efforts et les forces de la région.
Et nous allons aller continuer en ce sens.
Cet automne, nous allons présenter une nouvelle stratégie de développement
régional qui donnera un nouveau souffle à nos élans.
Nous allons aussi présenter une nouvelle stratégie en agroalimentaire qui
contribuera à renforcer le rôle de Charlevoix comme pôle d’une agriculture
nouvelle et à renforcer la personnalité de Charlevoix comme destination
gastronomique.
Il se passe des choses encourageantes dans Charlevoix. La région fait face à des
défis qui sont réels.
Mais il y a un mouvement qui est lancé. Un mouvement qui est porteur de progrès
et de prospérité. C’est celui d’une plus grande prise en main de la région par
vous tous.
Tous ces efforts qui sont accomplis vont trouver un appui important avec Québec
2008.
Les fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec vont être une occasion
inédite de promotion internationale de toute la région de la Capitale-Nationale,
incluant Charlevoix.
Dans ce Québec que nous sommes en train de bâtir, le gouvernement prend ses
responsabilités. Et il invite les communautés et les régions à prendre elles
aussi leurs responsabilités et à s’engager dans le développement.
Nous croyons dans l’autonomie des régions. Nous croyons dans la force et la
vitalité de Charlevoix.
Ce que je vois ici, c’est une région qui se lève, qui unit ses forces, qui fait
équipe avec ses entreprises et ses gens pour réussir et participer activement à
la réussite du Québec.
Voyez le chemin parcouru depuis 3 ans et demi. Ces progrès que nous avons
réalisés en santé, en éducation, dans le développement économique, dans l’aide à
la famille, en matière d’environnement, d’énergie, de finances publiques.
Voyez ce Québec plus confiant qui émerge. Voyez ce Québec plus responsable, qui
règle ses problèmes et qui ouvre de nouvelles voies d’avenir.
C’est ce Québec que nous bâtissons ensemble.
Et c’est tout ça qui sera dans la balance. C’est tout ça que les Québécois
devront évaluer lorsque viendra le jour de l’échéance électorale.
Ils devront choisir entre compromettre tous ces efforts des dernières années ou
en récolter les fruits.
Dans ce Québec que nous sommes en train de bâtir, chaque région a sa place à la
table de notre réussite.
En agissant ensemble de manière responsable, nous réglons nos problèmes et nous
ouvrons de nouvelles voies d’avenir.
[Charest=20060821]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce d’un aide financière de 2,3 M$ accordée à l’entreprise Produits Gilbert Inc.]
Mesdames, Messieurs,
Aujourd’hui, c’est l’occasion pour nous de consacrer les efforts d’un
entrepreneur et de travailleurs de la région qui ont su, par leur sens de
l’innovation et de la créativité, se distinguer au plus haut niveau possible.
Cette entreprise vend de l’équipement maintenant à l’extérieur du Québec à une
compagnie comme Kam For, établie en Colombie-Britannique, et j’ai été très
heureux d’apprendre, en préparant cette annonce, et de l’entendre de la bouche
des dirigeants de l’entreprise eux-mêmes, qu’elle a commencé également à
investir le marché européen. C’est donc dire à quel point l’avenir est très
prometteur pour cette entreprise.
Cela va permettre la création de plus de 80 emplois sur une période de trois (3)
ans. Cela va permettre également un investissement dans la construction,
puisqu’il y avait des plans initiaux de construction d’une usine dans le parc
industriel. Le projet a pris une telle ampleur depuis ce temps qu’il faudra
aller ailleurs puisqu’on construit encore plus grand.
Mesdames et messieurs, je veux aussi remercier ce matin à la fois la Ville de
Roberval et le gouvernement fédéral de leur collaboration. Jean-Pierre Blackburn
aura l’occasion de vous parler de la contribution du gouvernement fédéral, mais
je veux surtout remercier Karl Blackburn pour tout le travail qu’il a fait dans
ce dossier-là; Karl s’est fait le défenseur de Produits Gilbert depuis que le
dossier a été présenté. Je veux féliciter les travailleurs, entre autres, parce
que ce n’est pas souvent qu’on peut être les premiers et les meilleurs du monde,
dans tous les sens du mot, et c’est votre cas à vous.
Vous avez beaucoup de raisons, aujourd’hui, d’être très fiers de l’annonce de
cet investissement, surtout dans un contexte où le secteur forestier vit
actuellement une période difficile. Ç’a été le dossier du bois d’œuvre, ç’a été
le dollar canadien, les prix du pétrole, les jugements des tribunaux, les prix
qui se sont effondrés récemment sur les marchés, et, malgré cela, vous vous êtes
hissés, vous autres, au plus haut rang. Vous vous placez en ce moment, en
prenant une décision d’investissement, dans la position de pouvoir profiter, de
pouvoir jouer un rôle majeur dans la période qui s’en vient, qui va être une
période de consolidation mais également d’investissement.
Alors aujourd’hui, je veux vous dire à quel point tout le Québec est fier de
vous et vous souhaite beaucoup de chance dans cette nouvelle ronde
d’investissement. On vous souhaite surtout de toujours rester parmi les
meilleurs du monde.
Merci beaucoup.
[Charest=20060829]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce de la création de plus de 50 emplois à Caplan]
Mesdames et messieurs, l’annonce d’aujourd’hui déborde, en importance, la région
de la Gaspésie, celle de la Baie des Chaleurs et Caplan. L’annonce que nous
faisons aujourd’hui reflète la volonté du gouvernement du Québec de redonner aux
régions leur importance et de reconnaître leur contribution à la construction du
Québec.
Depuis 2003, chaque fois que nous sommes appelés à prendre une décision, nous
nous interrogeons sur les conséquences que cela aura sur les régions. Nous
sommes toujours interpellés quant aux décisions que nous sommes appelés à
prendre pour appuyer les régions et nous assurer que les gens, les hommes et les
femmes qui y habitent, puissent avoir tous les outils dont ils ont besoin pour
vivre, travailler, construire et contribuer à la prospérité du Québec.
Alors, depuis 2003, nous avons posé un certain nombre de gestes. Nous avons créé
les conférences régionales des élus. Bertrand Berger en est ici le président.
Nous avons entrepris un vaste mouvement de décentralisation, de régionalisation,
de modulation. Chaque mot a son sens. Cela nous a permis d’entreprendre un
mouvement qui va devenir irréversible. D’ailleurs, c’est assez important de vous
rappeler qu’au moment où nous avons entrepris ce mouvement, nous nous sommes dit
qu’il fallait s’inspirer de tout ce qui c’était fait dans le passé, mais qu’il
fallait aussi éviter les pièges et les erreurs, soit d’essayer de tout faire en
même temps et, finalement, de ne rien accomplir. Nous nous sommes dit : Nous
allons le faire progressivement, mais pour chaque geste que nous poserons, nous
nous assurerons que cela devienne irréversible.
En ce sens-là, le gouvernement a été appelé à faire un certain nombre de choix
depuis 2003. Nous avons posé des gestes qui reflètent notre volonté à nous de
donner aux régions l’occasion de contribuer aussi au déploiement des services
gouvernementaux.
Cela nous a amenés à déménager la SOQUEM à Val-d’Or. Pourquoi? Parce que c’est
la région du Québec qui incarne le mieux tout le secteur minier, secteur minier
qui, soit dit en passant, va très bien, qui va connaître une belle période de
prospérité au cours des vingt prochaines années. Nous avons fait la même chose
pour le Bureau de recherche géologique que l’on a également déménagé à Val-d’Or.
J’étais à Rouyn-Noranda récemment où nous avons créé le Centre de gestion du
régime d’assurance parentale. C’est une belle réussite, en passant. Si vous avez
l’occasion de voir cela de plus près, vous allez trouver là un centre qui
emploie environ 120 personnes et qui fonctionne sept jours par semaine.
On se plaint souvent que les services gouvernementaux ne sont pas très
accessibles, il y a toutes sortes de préjugés à ce sujet. Moi, je suis allé voir
ce qui se faisait à Rouyn. Cela fonctionne sept jours par semaine; le samedi,
c’est ouvert de dix heures du matin jusqu’à 5 heures du soir. Même chose le
dimanche. C’est accessible par Internet également. On nous rapportait qu’un très
grand nombre de personnes, de jeunes familles règlent leurs affaires sans jamais
écrire un seul papier, sans jamais faire un seul appel téléphonique. Simplement
par Internet, vous êtes capable d’aller sur le système, de remplir un
formulaire, de donner l’information nécessaire et tout est fait. Alors, c’est
dire à quel point l’État est appelé à changer sa façon de fonctionner pour se
rapprocher des citoyens.
Puis, les nouvelles technologies, ça nous permet de faire quoi? Cela nous permet
de créer des centres, comme ce que l’on fait ici, qui ne sont pas au
centre-ville de Montréal. On n’a pas besoin d’être à Québec non plus. Cela nous
permet de livrer des services rapidement, avec efficacité, avec un très haut
niveau de qualité pour tous les citoyens du Québec. Et c’est exactement ce que
nous faisons ici aujourd’hui.
Dans la même foulée, le gouvernement a posé un certain nombre de gestes dans
d’autres domaines également. Pensons à la création d’une faculté de médecine à
Saguenay pour mieux servir la population de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean
ou la création d’une faculté de médecine à Trois-Rivières, une région du Québec
où il y a avait l’un des plus gros problèmes de pénurie de médecins et
d’infirmières. Cela aussi va dans le sens de notre volonté à nous de donner aux
régions les outils nécessaires pour se développer. Cela inclut la nomination
d’un Forestier en chef à Roberval. Alors, tout ça s’inscrit dans la même
philosophie, dans la même volonté.
Ce que nous faisons aujourd’hui avec ce centre de relations à la clientèle,
c’est la création d’une cinquantaine d’emplois, grâce à la qualité de la
main-d’œuvre que vous avez ici, soit dit en passant, parce que le premier
critère, c’est d’avoir sur place des gens qui ont les talents nécessaires pour
pouvoir livrer les services et cela, vous en avez amplement.
Ce centre sera opérationnel dès l’automne 2007. Opérationnel, cela veut dire
qu’il fonctionne et qu’il livre des services. Il sera opérationnel parce que
nous allons mettre les efforts, d’ici l’automne 2007, pour le recrutement, pour
la formation, parce que la formation est très importante. Ces gens seront en
première ligne de toutes les demandes d’information qui seront faites au
gouvernement du Québec. Alors là, on s’engage dans un processus de recrutement
et de formation qui sera très très important.
J’en profite, en terminant, pour vous dire que je suis très fier aujourd’hui
d’être associé à cette annonce. Elle va dans le sens de notre vision à nous de
ce que doit être l’État québécois, du niveau de compétence qui est attendu, du
niveau de service qui est attendu de la part des citoyens. Un État qui met à
profit les technologies, qui réduit sa taille, soit dit en passant… Parce que
l’on a réduit la taille de l’État québécois tout en livrant de meilleurs
services, ce qui correspond en quelque sorte aux valeurs des Québécois, ce qui
correspond en même temps à notre volonté de mettre à contribution les citoyens
de nos régions et leurs leaders pour qu’ils puissent continuer à construire le
Québec.
Merci beaucoup.
[Charest=20060911]
[Allocution du premier ministre du Québec lors du forum sur la productivité et l’emploi dans l’industrie de la construction]
Monsieur le Ministre du Travail,
Monsieur le Président de la CCQ,
Mesdames, Messieurs les leaders syndicaux et patronaux,
Mesdames, Messieurs les représentants des associations liées au monde de la
construction,
Mesdames, Messieurs les donneurs d’ordres,
Mesdames, Messieurs, les professionnels de l’industrie,
Chers amis,
Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui.
Vous êtes, au sens propre, des bâtisseurs du Québec.
Nous avons besoin d’une industrie de la construction en santé. C’est un
prérequis au développement du québec.
Je salue le leadership de Laurent Lessard qui a initié ce forum. Je remercie la
Commission de la construction du Québec qui l’a organisé.
Surtout, je vous remercie, vous tous, d’avoir répondu à l’invitation.
C’est la première fois que tous les acteurs de l’industrie, qu’ils soient
associés ou non au régime des relations du travail, participent à un même
événement.
Et pour moi, c’est très important. En étant tous là aujourd’hui :
Vous affirmez que vous avez à cœur l’avenir de l’industrie de la construction;
Vous reconnaissez que l’industrie fait face à des défis réels;
Vous démontrez que vous faites tous partie des solutions à ces défis.
C’est ça le sens de votre présence.
La construction au Québec l’an dernier, c’était :
Des travaux pour une valeur de 31 milliards $;
134 000 travailleurs et travailleuses sur les chantiers du Québec;
127 millions d’heures assujetties aux conventions collectives, du jamais vu en
28 ans.
Des chantiers, il y en a partout au Québec. Dans toutes les régions. Et les
chantiers du Québec sont le prolongement direct de l’action de notre
gouvernement.
Nous avons fait de la santé notre première priorité.
Ça veut dire des meilleurs soins, mais aussi des bâtiments plus modernes.
À Québec, c’est le nouveau centre de recherche en génomique du CHUL, 50
millions $.
À l’hôpital de Mont-Joli, c’est l’aménagement d’une unité de soins de longue
durée, 16,7 millions $.
À Saint-Hyacinthe, c’est la rénovation de l’Hôpital Honoré-Mercier, 144
millions $.
À Joliette, c’est la rénovation de l’hôpital Saint-Charles Borromée, 24
millions $.
À Victoriaville, c’est l’agrandissement du CHSLD Le Chêne, 10,2 millions $.
À Montréal, c’est le Centre universitaire de santé McGill, 1,1 milliard $.
Et bientôt, ce sera le nouveau CHUM et le nouveau Centre hospitalier
universitaire Mère-Enfant de l’hôpital Sainte-Justine.
L’avenir du Québec, c’est l’éducation. Alors oui, plus de temps en classe pour
nos enfants, l’anglais en première année, l’aide aux devoirs et un meilleur
soutien à nos universités. Mais aussi des installations adéquates.
À Nicolet, à Victoriaville, à St-constant, à Anjou, au centre-ville de
Montréal, à St-Jérôme, à Cantley dans l’Outaouais, c’est plus de 50 millions $
qui sont investis dans la rénovation d’écoles.
À Montréal, c’est le nouveau pavillon de l’UQAM, 325 millions $.
C’est le centre de recherche en optique photonique à l’université Laval, 35
millions $.
C’est l’agrandissement de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université
de Montréal, à Saint-Hyacinthe, 67,5 millions $.
À l’université de Sherbrooke, c’est le nouveau Pavillon des sciences de la
vie.
C’est ça investir dans l’avenir.
Le Québec que nous bâtissons, c’est un Québec plus prospère. Et à la base de
l’économie, c’est les infrastructures. Les infrastructures routières, tout
spécialement, si on veut que le Québec livre la marchandise.
L’autoroute Alma-La Baie, 165 millions $
Dans le Bas-Saint-Laurent, la route 185 entre Rivière-du-Loup et Dégelis, 108
millions $.
Dans l’Outaouais, l’autoroute 50 entre Masson-angers et Lachute.
En Beauce, l’autoroute 73, entre St-Joseph-de-Beauce et Beauceville, 37,2
millions $.
Dans les Bois-Francs, le prolongement de l’autoroute 55, entre St-Célestin et
Ste-Eulalie, 56 millions $.
En Montérégie, c’est l’autoroute 30, entre Candiac et St-Constant, 135
millions $.
Tout près d’ici, à Ste-Adèle, sur la 15, c’est la reconstruction du pont de la
Rivière aux mulets, 12 millions $.
Et le Québec de demain, c’est l’énergie renouvelable. À commencer par
l’hydroélectricité.
Le complexe hydroélectrique Eastmain, 2,3 milliards $.
Le complexe Péribonka IV, 1 milliard 300 millions $.
Sur la Côte Nord, le réfection des centrales Outardes 3 et Outardes 4, 281
millions $.
En Montérégie, la rénovation de la centrale de Beauharnois, 1,5 milliard $.
Et ça fait juste commencer. Notre stratégie de développement énergétique prévoit
des investissements de plus de 30 milliards $ d’ici 2015 ; 25 milliards dans
l’hydroélectricité et 6 milliards $ dans l’énergie éolienne.
Voilà autant de façons dont le gouvernement et l’industrie de la construction
font équipe pour construire l’avenir.
Et l’action du gouvernement, c’est aussi le soutien, par différentes mesures, à
des projets de développement économique porteurs de progrès et créateurs
d’emplois. Je pense par exemple :
Au projet minier Goldex, à Val d’Or, 176 millions $.
Au développement de la station touristique « Chic-Chocs » du Mont Albert en
Gaspésie, 62 millions $.
À l’usine de désulfuration de la raffinerie Ultramar de St-Romuald, 350
millions $.
Au développement de la « Cité de l’Émerillon » dans l’ancienne usine Tripap à
Trois-rivières, 300 millions $.
À la modernisation de l’usine QIT fer et Titane à Sorel-Tracy, 489 millions $.
À la modernisation de la raffinerie Shell, dans l’Est, 200 millions $.
Je pourrais continuer longtemps!
Partout, aujourd’hui, le Québec se construit. Dans toutes les régions, il y a
des hommes et des femmes au travail; au travail pour solidifier les fondations
du Québec; au travail faire sortir de terre le Québec de demain.
Dans le domaine institutionnel, industriel, résidentiel, la construction tourne
à plein régime.
Et ce n’est pas fini.
L’année 2006 devrait se terminer sur de nouveaux records. C’était 31 milliards $
de travaux en 2005, ça va être 33 milliards $ pour 2006. Et ça continue.
Selon les données de la CCQ, les grands projets qui s’en viennent, pensez à
l’énergie, pensez au nouveau CHUM, pensez au pont de la 25, vont générer 9 000
nouveaux emplois dans votre industrie.
Notre gouvernement a remis le Québec en mouvement. En santé, en éducation, dans
l’énergie, dans les infrastructures, nous avons ouvert les vannes.
Depuis 30 ans, il n’y a pas un gouvernement qui a autant investi que le nôtre
dans la construction du Québec. Parce que pour nous, un peuple qui grandit,
c’est un peuple qui construit.
Et nous construisons ensemble.
La construction va bien au Québec. Nous pouvons tous nous en réjouir.
Et c’est parce que ça va bien qu’on peut s’asseoir calmement pour discuter des
vraies choses. Parce que dans l’ombre de nos succès, se trouvent des défis à
relever.
Il y a une question qu’on doit tous se poser.
Croyez-vous que nous avons, aujourd’hui, au Québec, la meilleure industrie de la
construction que nous sommes capables d’avoir? Est-ce qu’on est aussi bons,
aussi fiables, aussi efficaces qu’on devrait de l’être?
Chaque Gaspésia, chaque métro de Laval, chaque Interquisa, qui sont tous des
événements différentes aux causes différentes, nuisent à la réputation de
l’industrie de la construction. Ce sont autant de prises contre nous lorsqu’on
veut attirer des investissements de l’étranger. Je crois qu’il faut prendre
front les enjeux du contrôle des coûts et de l’image de l’industrie.
On sait tous que nous pouvons faire encore mieux.
De façon plus précise, je crois que trois questions doivent nous interpeller.
Première question : Comment améliorer la productivité sur les chantiers?
La productivité, c’est un enjeu incontournable. C’est un élément clé du respect
des budgets et des échéanciers. C’est au cœur de la concurrence internationale.
C’est un des premiers arguments pour attirer des investissements étrangers.
C’est un des premiers arguments pour en perdre.
L’amélioration de la productivité, c’est un ensemble d’actions concertées posées
par tous les acteurs. Il y a des gestes intéressants qui ont été posés et qui
vont dans le sens de l’amélioration de la productivité.
Je pense à la formation. 14 000 travailleurs ont suivi des ateliers de
perfectionnement en 2004-2005, un record. L’industrie a développé une culture de
la formation et du perfectionnement.
C’est un pas important vers une meilleure productivité. Je pense à la mobilité
de la main-d’œuvre. C’est une question plus délicate, je sais.
Mais elle doit faire partie de la discussion, surtout dans un contexte où la
main-d’œuvre vieillit et où on fait face à des pénuries de main-d’œuvre
qualifiée.
Je pense à la santé sécurité. C’est une mesure d’amélioration de la
productivité. Un ouvrier en danger, ce n’est pas un ouvrier productif.
Je veux être bien clair sur un point : l’enjeu de la productivité ne se pose pas
seulement dans la construction. Il se pose dans presque tous les domaines de
notre économie.
L’amélioration de la productivité, c’est le principal défi structurel de
l’économie québécoise.
Mais imaginez… Imaginez l’effet sur toute l’économie québécoise si une industrie
aussi importante que l’industrie de la construction se faisait la championne de
la productivité québécoise.
Imaginez l’effet d’entraînement.
Vous avez ce pouvoir. Et les solutions sont en bonne partie entre vos mains.
Deuxième question : comment continuer d’améliorer les relations de travail sur
les chantiers? À la suite du rapport Lesage, nous avons adopté la loi 135. Nous
avons pris des mesures pour protéger le droit au travail, tout en préservant la
liberté syndicale.
Dans ce dossier, le gouvernement a fait son travail en légiférant, mais il est
clair qu’on ne peut pas tout régler avec la loi. Tout le monde doit y mettre du
sien pour préserver un climat de travail paisible et réciproquement respectueux.
Troisième question : comment améliorer la planification des ouvrages et la
séquence de travail? C’est enjeu qui touche tous les paliers. Et aussi le
gouvernement. C’est vrai que parfois, par enthousiasme politique, des
gouvernements ont manqué de rigueur dans la planification.
On a posé des gestes significatifs pour ne plus que ça arrive. On a révisé les
règles de planification. Notre objectif, c’est que tous les coûts soient connus
avant que le premier trou ne soit creusé.
C’est ce qu’on fait dans le cas des centres hospitaliers universitaires, par
exemple.
Pour assurer la rigueur dans la planification, le ministre Couillard a
d’ailleurs nommé un gérant de projet indépendant du gouvernement. On change les
choses.
Mais une fois que la planification est bien faite, la séquence d’exécution doit
suivre. Ça veut dire qu’il faut mieux arrimer les donneurs d’ouvrage, les
entrepreneurs, les syndicats pour ne rien échapper.
L’industrie de la construction fait face à des défis importants. Mais je sais
qu’elle peut les relever.
Le gouvernement a agi dans l’intérêt de l’industrie de la construction.
D’abord, on vous donne de l’ouvrage, autant que vous êtes capables d’en prendre.
Ensuite, on a accédé à certaines de vos demandes. Vous nous avez demandé de la
prévisibilité dans les travaux routiers.
On vous a livré une planification sur trois ans. Même chose dans l’énergie.
Dans l’intérêt de l’industrie, nous avons valorisé la formation professionnelle
et technique. Nous avons investi dans les écoles de métier.
On est là pour aider. Pour agir. Mais le gouvernement ne peut pas tout faire.
Moi, je crois dans la responsabilité partagée. C’est comme ça que je conçois mon
travail.
Ça veut dire que le gouvernement assume les responsabilités qui sont les siennes
et que ses interlocuteurs vont assumer leurs propres responsabilités.
C’est ce qu’on fait en région, par exemple. On investit dans les régions et on
donne des outils aux communautés régionales pour qu’elles puissent mieux prendre
en main leur développement.
Moi, je crois que chaque groupe, chaque personne doit participer à la réussite
du Québec. C’est ça la responsabilité partagée.
L’industrie de la construction occupe une place unique dans l’imaginaire d’une
société. La construction, c’est le reflet direct de l’ambition d’un peuple et de
sa confiance en l’avenir.
Notre industrie de la construction a développé un savoir-faire incroyable. On
fait des constructions de qualité dans des conditions climatiques parmi les plus
difficiles au monde.
On a développé un tel savoir-faire que, de la Chine, à l’Égypte en passant par
l’Europe, on fait appel à des Québécois; à des ingénieurs d’ici, à des chefs de
chantier d’ici.
Une industrie qui a développé un pareil savoir-faire doit être une des grandes
sources de fierté pour le Québec.
Notre industrie de la construction doit devenir un des principaux avantages à
investir au Québec. Ce doit être une carte maîtresse du Québec dans l’économie
mondialisée. C’est cette dimension que doit retrouver l’industrie.
Nous pouvons nous fixer ensemble cet objectif ambitieux. Toutes les réalisations
qui portent votre signature devraient vous convaincre que c’est possible.
Bonne journée à tous.
[Charest=20060920]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de la remise de l’Ordre national du Québec à la présidente de Lettonie, Son Excellence Vaira Vike-Freiberga]
Madame la Présidente de Lettonie, Son excellence Vaira Vike-Freiberga,
Monsieur Imants Freibergs,
Monsieur / madame l’Ambassadeur de Lettonie au Canada
Madame l’Ambassadrice du Canada auprès de l’Estonie, de la Lettonie et de la
Lituanie
Monsieur le Consul du Brésil et autres membres du corps consulaire,
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Le peuple québécois est honoré d’accueillir dans cette enceinte la présidente de
Lettonie. D’autant que votre parcours, Excellence, forgé par les bouleversements
du XXe siècle, est exceptionnel.
Soyez la bienvenue dans cet autre chez-vous qu’est le Québec.
Vous incarnez ces valeurs qui font la force de votre peuple et qui reflètent les
idéaux de l’Ordre national du Québec.
Sous votre gouverne, la Lettonie est devenue membre de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), du Conseil de l’Europe, de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du Conseil des États riverains de
la mer baltique.
L’année 2004 marque un tournant historique avec une double adhésion. D’abord à
l’OTAN – dont la Lettonie sera hôte du prochain sommet – puis à l’Union
européenne.
Vous avez vécu un moment de très grande émotion quand le drapeau rouge et blanc
a été hissé à Dublin avec ceux des autres États membres de l’Union européenne.
Après soixante ans, l’Europe était unie. Les dernières séquelles de la Deuxième
guerre mondiale s’effaçaient enfin.
Votre pays est aujourd’hui résolument engagé dans la construction de cette
nouvelle Europe. Vous en symbolisez à la fois l’espoir et le succès. La Lettonie
connaît en effet l’une des plus fortes croissances économiques de l’Europe
centrale et orientale.
Vous avez contribué à rehausser le profil international de votre pays. Vous avez
su consolider sa souveraineté et sa sécurité. Vous agissez pour le bénéfice de
votre peuple tout en nourrissant le vœu de contribuer à bâtir un monde meilleur.
Vous avez usé des pouvoirs que vous confère la Constitution de votre pays pour
protéger les droits linguistiques des Lettons, tout en prenant en compte les
droits de ceux qui ne sont pas de même origine linguistique. En cela, vous
l’avez vous-même affirmé, vous vous êtes inspire de l’expérience québécoise.
La Lettonie connaît aujourd’hui sa « Révolution tranquille », à l’image de celle
dont vous avez été témoin au Québec à la fin des années 60.
Exilée, accueillie au Canada, vous avez obtenu en 1965 un doctorat en
psychologie expérimentale de l’Université McGill et êtes devenue professeur de
psychologie à l’Université de Montréal. Vous avez occupé ce poste pendant 33
ans. Vous vous êtes illustrée en psychopharmacologie, et avez enseigné la
psycholinguistique, les théories scientifiques et les méthodes expérimentales.
Parallèlement, vous avez poursuivi des recherches sur la sémiotique, la poétique
et la structure des textes de chansons folkloriques lettonnes – les daïnas – en
utilisant des méthodes informatisées. Vous avez mené ces recherches avec votre
époux, M. Imants Freibergs, professeur d’informatique à l’UQAM, que je salue.
Transmises oralement pendant des siècles, essentiellement par les femmes, les
daïnas, sont l’âme du peuple letton. Ce sont des chants de résistance et
d’affirmation identitaire. Ils sont la mémoire de la Lettonie.
Vos travaux ont contribué à la décision prise par l’UNESCO, en 2001, d’inscrire
les daïnas au patrimoine culturel de l’Humanité.
Durant des décennies, vous vous êtes engagée dans la communauté lettonne et
balte. Vous avez fait la promotion de l’identité lettone au Canada, aux
États-Unis, en Australie et en Europe. Vous avez encouragé les jeunes lettons à
s’approprier leur patrimoine culturel. Vous avez publié huit ouvrages, rédigé
plus de 160 articles, prononcé plus de 250 discours et effectué nombre
d’entrevues. Vous avez exprimé avec force vos idées sur les questions sociales,
les valeurs morales, l’histoire européenne et la démocratie. Et ce en letton, en
allemand, en français, en anglais et en espagnol.
À votre retraite de l’université, en 1998, on vous offre la direction de
l’Institut de Lettonie, consacré à la diffusion de la culture lettone. Un an
plus tard, vous devenez présidente de la jeune démocratie et première femme à
accéder à la tête d’un pays d’Europe centrale et orientale.
Vous vous portez maintenant candidate à la succession de Kofi Annan au poste de
secrétaire général du l’ONU.
La liste des postes que vous avez occupés témoigne d’un engagement social et
professionnel exceptionnel. Vous avez notamment été :
Présidente de l’Académie des lettres et des sciences humaines de la Société
Royale du Canada;
Présidente de la Fédération des sciences sociales du Canada;
Présidente du Programme scientifique de l’OTAN sur les facteurs humains;
Présidente de la Société canadienne de psychologie;
Représentante-consultante invitée par le Parlement brésilien à la Commission
de la réforme constitutionnelle;
Membre du Conseil mondial des femmes dirigeantes de l’Université Harvard.
Vous avez été décorée par de nombreux pays dont la France, la Russie et
l’Allemagne et vous accumulez les médailles soulignant votre contribution à
l’avancement des sciences et de la culture. Il existe même une variété de tulipe
créée par les horticulteurs néerlandais et nommée « President Vaira ».
Vous êtes une fleur de l’humanité.
Excellence, vous revenez au pays qui vous a accueillie. Je salue en vous, tout
autant que la Présidente de Lettonie, une grande Québécoise. Aujourd’hui, le
peuple du Québec vous honore et vous remercie d’avoir contribué au rayonnement
du Québec.
En vous remettant l’Ordre national du Québec – le premier remis à un chef d’État
– vous rejoignez ces femmes et ces hommes d’exception qui sont pour nous une
fierté et une inspiration.
Votre Excellence Vaira Vike-Freiberga, au nom du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
[Charest=20060921]
[Allocution du premier minister du Québec, M. Jean Charest, lors d’un événement soulignant les 20 ans de Bell Helicopter Textron]
Monsieur Michael Redenbaugh, Président de Bell Helicopter,
Monsieur Jacques St-Laurent, président de l’usine Bell Helicopter de Mirabel,
Monsieur Michael Fortier, représentant du gouvernement fédéral,
Mesdames, Messieurs les employés de Bell Helicopter,
Distingués invités,
Il y a 20 ans, Bell Helicopter transférait du Texas au Québec la production du
Bell 206. Aujourd’hui, l’entreprise réalise ici, à Mirabel, des ventes annuelles
de plus d’un milliard de dollars.
Elle emploie plus de 2 000 personnes qui fabriquent l’ensemble des hélicoptères
civils de Bell Helicopter produits en Amérique du Nord.
L’histoire de Bell Helicopter au Québec, c’est l’histoire d’une croissance qui
se poursuit. Dans quelques semaines, l’entreprise présentera le premier d’une
nouvelle série d’appareils.
Ces nouveaux appareils sont au cœur d’une autre phase de croissance pour Bell
Helicopter à Mirabel; un projet global de 700 millions $.
Le gouvernement du Québec participe à ce développement par le biais contribution
de 115 millions $ échelonnée sur les 12 ans que durera ce projet.
Car l’histoire de Bell Helicopter au Québec, c’est aussi l’histoire d’un
partenariat étroit entre l’entreprise et les gouvernements. Et pour une bonne
raison : l’aérospatiale est une industrie créatrice de richesse.
Au fil des ans, le retour sur l’investissement consenti par les gouvernements se
traduit par des rentrées fiscales importantes qui contribuent au financement de
nos programmes sociaux.
Twenty years ago, Gérald Tremblay, who is now the Mayor of Montréal, was the
Minister of Industry and Trade in Robert Bourassa’s government.
Francis Fox, Ed Lumley and Monique Landry were federal ministers. And Robert
Brown, who is now the President of CAE, was a federal deputy minister.
Together, they were instrumental in making Mirabel home to Bell Helicopter’s
assembly facility. These Bell Helicopter developers will be honoured here today.
L’aérospatiale a en effet une longue histoire au Québec. Dès 1907, des planeurs
tirés par des chevaux au galop volaient au-dessus du St-Laurent à Montréal.
Le premier avion construit au Québec a été fabriqué en 1911 dans un garage de la
rue Ste-Catherine1.
Canadair est née dans les années 20, plus de 60 ans avant d’être vendue par le
gouvernement fédéral à Bombardier. En 1929, naît Pratt & Whitney, puis,
Héroux-Devtech, en 1942. Après la guerre chaque décennie amène un nouveau joueur
d’envergure : CAE, Rolls-Royce, Bombardier, Bell Helicopter, l’Agence spatiale
canadienne, Messier-Dowty2 …
Autour de ces organisations, un réseau de plus de 200 PME s’est constitué pour
faire de l’aérospatiale un des succès les plus retentissants du Québec moderne.
Le Québec représente près de 60 % de l’activité aérospatiale canadienne et se
classe au 6e rang mondial.
Montréal figure parmi les plus grands centres aérospatiaux du monde, avec
Seattle et Toulouse.
Entre 1995 et 2005, le nombre d’entreprises du secteur a augmenté de 20 %.
L’industrie emploie aujourd’hui plus de 39 000 personnes, le double d’il y a
20 ans3.
L’aérospatiale, disons-le, c’est une industrie mythique.
Voler, c’est le plus vieux rêve de l’homme. Encore aujourd’hui, peu de sociétés
à travers le monde possèdent ce savoir. Nous avons cette chance au Québec.
Cette histoire, entre l’aérospatiale et le Québec, c’est notre histoire.
C’est même un peu notre identité. Comment ne pas voir dans cette fascination
pour l’aérospatiale le prolongement de notre désir, comme société, d’aller voir
le monde et de l’accueillir!
Afin de favoriser l’essor de cette industrie au Québec, notre gouvernement a
présenté l’an dernier à Farnborough une stratégie en 5 points. Notamment :
Nous soutenons la R & D et le financement des ventes des maîtres d’œuvres et
des équipementiers.
Nous aidons les PME sous-traitantes à augmenter leurs capacités d’assemblage
et d’intégration des sous-ensembles.
Nous investissons dans la formation de la main-d’œuvre.
Nous participons au financement de la recherche, tout spécialement les travaux
menés par le CRIAQ (Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au
Québec) et le CTA (Centre technologique en aérospatiale).
Nous nous inscrivons dans cette tradition de soutien à l’industrie aérospatiale
québécoise.
Parce que cette industrie est de celles qui ont fait décoller le Québec moderne.
Parce que cette industrie est symbole d’avenir. Parce que cette industrie est
pour le Québec et les Québécois une source de fierté.
Mais surtout, nous soutenons cette industrie parce que les femmes et les hommes
qui travaillent dans cette industrie représentent l’excellence du Québec.
C’est la qualité de la main-d’œuvre qui demeure le principal atout stratégique
du Québec dans le monde concurrentiel de l’aérospatiale.
Vous êtes, vous, dans la salle, les premiers artisans de la réussite de Bell
Helicopter. C’est votre compétence, votre fierté du travail bien fait, qui
donnent à l’étiquette Bell Hélicopter tout son prestige.
Les 20 ans de Bell Helicopter, c’est d’abord votre fête!
Bravo et merci à tous.
[Charest=20060922]
[Allocution du premier ministre du Québec, Monsieur Jean Charest, à l’occasion de l’annonce d’un appui financier pour lutter contre les gangs de rue]
Monsieur Jacques P. Dupuis, vice-premier ministre, ministre de la Sécurité
publique et leader parlementaire du gouvernement,
Madame Michèle Lamquin-Éthier, députée de Crémazie,
Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal
Monsieur Yvan Delorme, directeur du Service de police de la Ville de Montréal,
Madame Louise Giguère, directrice et coordonnatrice de l’organisme Rue action
prévention jeunesse (RAP jeunesse), qui nous reçoit aujourd’hui,
Représentantes et représentants des organismes,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est un plaisir pour moi d’être présent ici aujourd’hui à cette rencontre où il
est question de la jeunesse québécoise.
Comme vous le savez sûrement, la jeunesse, dans toute sa diversité et avec tous
ses idéaux, est au cœur de nos priorités.
Toutes les problématiques touchant à la jeunesse québécoise m’interpellent
personnellement.
Nous avons chacun un rôle à jouer pour faire une place aux jeunes et pour nous
assurer qu’ils pourront prendre notre relève avec confiance.
Dans un contexte où le vieillissement de la population représente des défis de
taille, nous devons veiller à ce que chaque jeune puisse développer et faire
valoir son plein potentiel.
Il nous importe d’entreprendre des actions qui prépareront leur succès de
demain, et de travailler à écarter les obstacles qui pourraient se dresser sur
leur chemin.
C’est donc ce que je fais aujourd’hui en annonçant une contribution financière
de 7,2 millions de dollars du gouvernement du Québec pour contrer le phénomène
des gangs de rue chez les jeunes.
On observe dans la métropole une plus grande implication des gangs de rue dans
des marchés criminels, de concert avec d’autres réseaux organisés; ce qui est à
l’image de ce que l’on observe dans la majorité des grandes villes
nord-américaines aux prises avec ce phénomène.
J’annonce dans un premier temps que le gouvernement du Québec octroie au Service
de police de la Ville de Montréal une somme de 6 millions de dollars étalée sur
trois ans pour lutter contre le phénomène des gangs de rue criminels.
De plus, 23 organismes communautaires de sept régions du Québec se partageront
1,25 million de dollars pour prévenir l’adhésion des jeunes aux gangs de rue ou
aux groupes criminels.
C’est le cas par exemple de l’organisme RAP Jeunesse, notre hôte de la journée.
Cette aide financière est une mesure complémentaire de la Stratégie d’action
jeunesse que j’ai rendue publique au printemps dernier.
Au total, ce sont plus de 7 millions de dollars d’aide financière que le
gouvernement du Québec octroie au SPVM et aux organismes pour aider la jeunesse
québécoise.
Par le biais de différents programmes s’adressant au développement de la
jeunesse québécoise, ce sont plus de 5 millions de dollars que le gouvernement
du Québec a remis aux organismes qui travaillent quotidiennement auprès des
jeunes depuis trois ans.
Je profite donc de l’occasion pour les remercier du travail admirable qu’ils
accomplissent jour après jour.
La jeunesse québécoise est énergique, déterminée et ambitieuse, il n’en demeure
pas moins qu’elle traverse parfois des moments plus difficiles parsemés de
douleurs et de détresse.
Le suicide, le décrochage scolaire, et l’attrait des gangs de rue chez les
jeunes, entre autres, nous commandent en effet de mieux les soutenir.
C’est ce que nous faisons aujourd’hui pour une jeunesse engagée dans sa
réussite.
Je vous remercie toutes et tous pour votre présence.
[Charest=20061019a]
Monsieur le président,
C’est avec une grande émotion que je me lève aujourd’hui dans cette Chambre pour
saluer la mémoire d’un homme dont l’esprit imprègne encore ce lieu où s’affirme
notre démocratie. Je veux parler bien sûr de Robert Bourassa.
C’est avec fierté aussi que j’invite l’ensemble des membres de cette chambre à
célébrer la mémoire de Robert Bourassa.
Plusieurs députés dans cette chambre, dont vous-même, monsieur le président, ont
été des collègues de Robert Bourassa et ont servi le Québec sous sa direction.
Je suis persuadé qu’ils joindront leur voix à la mienne pour rendre hommage à ce
grand chef d’État.
Robert Bourassa est aujourd’hui revenu pour la dernière fois à l’Assemblée
nationale. Il est revenu pour toujours. Il se tient debout, bien droit, entre
Adélard Godbout qu’il considérait comme son modèle et Jean Lesage qui fut son
mentor politique.
Tout comme eux, il est sans conteste un bâtisseur du Québec moderne. Il sera à
nos côtés, non seulement comme un témoin de notre histoire, mais comme celui qui
en a écrit un chapitre magistral.
Des milliers de personnes, parents, amis, anciens collègues, députés, ministres
et anciens collaborateurs ont convergé aujourd’hui vers la colline parlementaire
pour lui rendre hommage.
Il y a plus de 40 ans aujourd’hui, Robert Bourassa fut élu député de cette
Assemblée pour la première fois. C’était le 5 juin 1966. Pendant les 30 années
qui ont suivi, cet homme a su mettre en mouvement les forces vives du Québec.
Qu’il ait été député ou ministre, chef de l’Opposition ou premier ministre,
Robert Bourassa a toujours été à la hauteur de ses fonctions, conscient qu’elles
lui étaient confiées d’abord et avant tout par les Québécois.
Peu importe le côté de cette chambre où il ait pu se trouver, Robert Bourassa
fut pour ses collègues de tous les partis, un homme respectueux de leurs
convictions. Il défendait les siennes avec ardeur, mais toujours d’une manière
affable, toujours ouvert au dialogue.
Au cours des dernières semaines, beaucoup d’analystes de la vie politique ont
comparé Robert Bourassa au roseau qui plie, mais ne rompt pas.
Cette image traduit assez bien l’itinéraire politique d’un homme persévérant,
résistant et dont l’endurance politique s’est manifestée, entre autres, par sa
longévité comme premier ministre. 14 ans! Il ne fut battu sur ce plan que par
Maurice Duplessis.
Mais Robert Bourassa fut un personnage qui ferait mentir la fable du chêne et du
roseau. En effet, avec le recul, on peut dire aujourd’hui de cet homme qui a lié
toute sa vie au destin du Québec qu’il rassemblait à la fois la force d’un chêne
et la souplesse d’un roseau.
Son arrivée au pouvoir en 1970 coïncide avec l’affirmation de libertés trop
longtemps retenues.
Elle coïncide avec le dynamisme d’une génération d’hommes et de femmes dont
l’ambition pour l’avenir du Québec n’avait pas de limites.
Robert Bourassa saura canaliser les courants qui s’expriment en faveur de la
modernité et les orienter vers le développement économique, social et culturel
du Québec.
Tout au long de sa vie politique Robert Bourassa a connu les triomphes et les
défaites.
Il a vécu les triomphes avec humilité et les défaites avec courage. Les tempêtes
qu’il a pu et su traverser dans sa vie publique, n’ont jamais diminué sa volonté
de faire avancer le Québec. Seule la maladie, a stoppé l’élan de cet homme
remarquable.
La démocratie, la liberté, la justice sociale et l’intérêt du Québec ont été ses
guides.
Il a donné des ailes à la révolution tranquille. Il a ouvert les portes du
XXIième siècle.
On a souvent dit de Robert Bourassa qu’il était indécis! Pourtant l’ensemble de
son action est un démenti éclatant de cette affirmation.
Bien sûr, il a maîtrisé comme nul autre l’art de soupeser les avantages et les
inconvénients d’une situation. Ce trait de caractère répondait à ce qui aurait
pu être son obsession : servir l’intérêt des Québécois sans compromettre
l’avenir.
Loin de l’indécision, sa volonté et sa vision ont forgé le Québec moderne.
Cet homme des 100 000 emplois a visé juste et vu très loin en 1971, en tournant
le dos au nucléaire pour miser sur le développement hydroélectrique avec la Baie
James. Il a compris le potentiel formidable de cette énergie abondante, propre
et renouvelable pour le développement économique du Québec. Nous en tirons
aujourd’hui les bénéfices.
Il percevait comme absolu la nécessité du développement économique comme
fondation de la souveraineté culturelle du Québec et comme garant de la
préservation et de la promotion de son identité francophone.
C’est sous le leadership de Robert Bourassa, que le Québec s’est doté d’un
régime universel d’assurance maladie.
C’est Robert Bourassa qui a fait du français la langue officielle du Québec,
dans le respect de sa minorité anglophone.
C’est sous Robert Bourassa que le Québec s’est doté dès 1975, d’une Charte
québécoise des droits et libertés.
Cette Charte qui a consacré l’égalité entre les hommes et les femmes a conduit à
la reconnaissance du principe de l’équité salariale.
Cette Charte interdit la discrimination pour des motifs dont le sexe, la
couleur, la race, la religion, les convictions politiques, entre autres.
C’est sous un gouvernement Bourassa qu’a été créé le Conseil du Statut de la
femme.
C’est sous le régime de Robert Bourassa qu’a été adopté un nouveau code civil,
modernisant les rapports entre les citoyens.
Je pourrais continuer longtemps d’énumérer les réalisations de Robert Bourassa.
Pour tout le Québec et plus particulièrement pour mon gouvernement, elles
représentent un héritage précieux que nous avons le devoir de préserver et de
faire fructifier.
On le répétera souvent, aujourd’hui et dans l’avenir, Robert Bourassa se
décrivait lui-même comme francophone, Québécois et Canadien. Ses trois qualités
étaient dans son esprit indissociablement liées.
Sur le statut politique et constitutionnel du Québec, Robert Bourassa ne pouvait
envisager aucun compromis qui puisse déboucher sur un affaiblissement ou un
isolement du Québec. Ses efforts pour la reconnaissance du Québec comme société
distincte au sein de l’ensemble canadien ont été incessants.
C’est inspiré par la confiance claire de Robert Bourassa de la réussite du
Québec dans l’ensemble canadien que nous poursuivons ce qu’il a entrepris. Parce
que comme Robert Bourassa l’a toujours su, la rupture avec nos partenaires
canadiens n’est pas une solution.
Nous avons confiance, comme Robert Bourassa, en la capacité du Québec d’être une
société distincte, maître de son destin qui affirme son identité française, sa
culture et sa différence avec force et génie.
Nous savons comme Robert Bourassa que dans un monde de plus en plus
interdépendant de nombreux états souhaitent développer des liens fédératifs avec
d’autres états. Nous savons comme Robert Bourassa que l’appartenance à un grand
ensemble canadien sur ce continent est un atout pour le Québec.
Guidé et inspiré par Robert Bourassa, nous poursuivrons ses efforts avec
confiance pour préserver cet atout et en faire un tremplin pour la réussite du
Québec.
Monsieur le président, au-delà des cérémonies d’aujourd’hui, rendre hommage à
Robert Bourassa c’est saluer le Québec moderne.
J’invite donc les membres de cette Assemblée à joindre unanimement leurs voix à
celles des membres du gouvernement pour saluer la mémoire et l’héritage de
Robert Bourassa.
Je vous remercie.
[Charest=20061019b]
Mesdames et messieurs,
C’est un honneur pour moi, d’inaugurer cette exposition consacrée aux écrits de
l’ancien premier ministre Robert Bourassa, ainsi qu’aux nombreux essais et
articles qui ont tenté de comprendre l’action et de pénétrer la pensée de ce
grand homme d’État.
Je félicite ceux qui ont pris l’initiative de rassembler tous ces écrits et de
nous les faire partager.
La journée est bien choisie pour se replonger dans ce qu’on pourrait appeler
l’œuvre de Robert Bourassa, puisqu’à travers le dévoilement de son monument
devant l’Assemblée Nationale, il prend officiellement sa place dans l’histoire
du Québec.
Il faudra toutefois bien des années et bien des historiens pour saisir dans
toute son expression la pensée de Robert Bourassa.
Il était lui-même un homme d’études, un homme d’idées qu’il maniait d’ailleurs
avec brio.
On constatera que par le nombre d’écrits qu’il a suscité, Robert Bourassa ne
laissait personne indifférent.
Grand démocrate, Robert Bourassa a toujours consenti aux auteurs et aux
observateurs de la vie publique une grande liberté dans l’interprétation de son
action.
Certains se sont trompés sur ses intentions, d’autres lui en ont prêtées qu’il
n’avait pas. De son vivant, il gardait une distance, un sourire et une sérénité
sur ce que l’on pouvait dire ou écrire de lui.
Avec toute la modestie qu’on lui connaissait, Robert Bourassa a traduit ses
connaissances en action. Il avait à la fois la prudence et la précaution d’un
sage et l’audace d’un bâtisseur.
Robert Bourassa a livré quelques-uns de ses secrets et de ses sentiments dans
Gouverner le Québec, un livre parue chez Fides en 1995.
On sent à la lecture de ce livre d’entretiens le plaisir qu’il éprouve à
retisser le fil des événements, à jeter un regard serein sur cette vie qu’il a
entièrement dévoué au service de ses concitoyens.
Son action et sa pensée s’inscrivent dans la durée et la profondeur. Il a encore
beaucoup à nous apprendre.
Je remercie les responsables de cette exposition d’offrir à l’Assemblée
nationale et aux Québécois l’occasion de retrouver Robert Bourassa et de mieux
comprendre la richesse, l’ampleur et je dirais l’actualité de son héritage.
Je vous remercie.
[Charest=20061019c]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du dévoilement du monument Robert Bourassa]
Votre Excellence, Madame la lieutenant-gouverneur du Québec.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et messieurs les ministres,
Monsieur le Chef de l’Opposition officielle,
Monsieur le chef de l’Action démocratique,
Mesdames et messieurs les députés,
Messieurs les anciens premiers ministres du Canada et du Québec
Mesdames et messieurs les ministres du gouvernement fédéral,
Mesdames et messieurs les députés fédéraux,
Mesdames et messieurs les sénateurs
Mesdames et messieurs représentant les corps diplomatique et consulaire,
Madame Bourassa, Michèle Bourassa, François Bourassa et leurs enfants,
Le Québec rend aujourd’hui un hommage que nous voulons vibrant à Robert
Bourassa, l’un des hommes qui a consacré presque la totalité de sa vie active
aux progrès de notre peuple.
Le Québec confère pour toujours à Robert Bourassa la place qu’il mérite dans
notre histoire, dans nos mémoires et dans nos cœurs.
Robert Bourassa rejoint ici, sur cette esplanade de l’Assemblée Nationale, ses
précurseurs, et il sera à jamais aux côtés des explorateurs, des fondateurs et
des grandes figures de l’histoire du Québec et du Canada.
Nous sommes réunis ensemble aujourd’hui pour célébrer un homme qui depuis les
premières heures de son engagement dans la vie publique n’eût de cesse de
chercher à améliorer la condition de ses compatriotes.
Rendre hommage à Robert Bourassa, c’est également rendre hommage à sa famille,
particulièrement son épouse Madame Andrée Bourassa et ses enfants, Michèle et
François.
L’amour que vous avez porté à cet époux et à ce père a sans aucun doute permis
son engagement total au service du Québec.
C’est avec beaucoup d’émotion, en tant que successeur de Robert Bourassa, tant à
titre de premier ministre que de chef de cette grande formation démocratique
qu’est le Parti libéral du Québec que j’ai l’honneur, avec vous, d’accueillir
pour toujours Robert Bourassa sur cette colline parlementaire.
Robert Bourassa fut un homme droit et digne dans les épreuves comme dans la
victoire. Il fut digne face à la maladie et à la mort.
Il fut digne dans les débats qui jalonnèrent sa vie politique qu’il voulut
toujours le plus loin possible de la partisannerie ou de la mesquinerie.
Il fut digne du respect de ses adversaires comme de celui de ses compatriotes,
car il avait lui-même un grand respect pour les uns et les autres.
Héritier de Godbout et Lesage, il cultiva les sillons de la Révolution
Tranquille que ses deux prédécesseurs avaient tracés. Il sut en préserver les
acquis et en cultiver les fruits.
Il présida aux destinées du Québec pendant plus de 14 ans. Il fut le plus jeune
premier ministre de l’histoire à un moment de grande ébullition sociale et
politique.
Il fit preuve de leadership dans toutes les étapes de sa carrière politique.
Il puisa dans les défis de son époque sa force morale devant l’adversité. Il
raffermit sa volonté inébranlable de préserver les institutions démocratiques et
la paix sociale, si nécessaires à la stabilité politique et économique du
Québec.
Il fut plusieurs fois confronté à l’éclosion de plusieurs mouvements de
contestation et à l’impatience de plusieurs groupements politiques ou sociaux.
Il a traversé ces tempêtes en assumant ses responsabilités énormes avec un
courage qui ne se démentira jamais.
À son jeune leadership s’ajoutait une vision audacieuse du développement du
Québec. Son diplôme de droit de l’Université de Montréal, sa maîtrise en
sciences économiques et politiques d’Oxford et sa maîtrise en fiscalité et droit
financier de Harvard ne l’ont jamais éloigné de ses origines modestes.
Il transforma toutes ses connaissances en ambitions pour le Québec.
Rappelons-nous les 100 000 emplois de sa campagne de 1970. Il fut élu.
Un an plus tard, le 30 avril 1971, il déclarait :
«… sans prospérité, un peuple a peut-être un passé, mais il n’a pas d’avenir »
et il ajoutait, « comme société, nous n’avons pas les moyens d’être pauvre ».
C’est dans le même discours que Robert Bourassa annonce le gigantesque projet
d’aménagement de la Baie James dont une partie porte aujourd’hui son nom.
Robert Bourassa a repoussé les frontières du Nord pour doter le Québec d’une
puissance énergétique inégalée. Prolongement de la nationalisation de
l’électricité, l’exploitation de cette énergie représentait pour Robert Bourassa
l’avenir du Québec.
C’est toujours aujourd’hui l’avenir du Québec et cette réussite collective est
indissociablement associée au nom de Robert Bourassa.
Il fut réélu en 1973 avec la plus importante majorité de sièges de l’histoire.
Pour Robert Bourassa, le développement économique et la prospérité étaient les
points d’appui du développement social et les leviers de la souveraineté
culturelle du Québec.
Robert Bourassa se disait lui-même et dans cet ordre précis, francophone,
Québécois et Canadien. En 1974, grâce à la Loi 22, il fait du français la langue
officielle. C’est une première en 200 ans.
Il consacre ainsi la responsabilité inaliénable de tous les gouvernements à
venir, de défendre et de préserver la langue et la culture de la seule majorité
francophone en Amérique du Nord. Il le fait tout en protégeant les droits de la
minorité anglophone.
Il fait du Québec un État français, capable de vivre en harmonie avec ses
voisins. Plus tard, comme architecte de la Francophonie, il accroîtra
l’influence et le rayonnement du Québec à l’étranger.
Cela aurait suffit à faire entrer Robert Bourassa dans l’histoire.
Mais l’action de cet homme hors du commun qui fut tour à tour député, premier
ministre, chef de l’Opposition ne s’arrête pas là et s’étend sur quatre
décennies. Elle est toujours vivante.
Énumérer les réalisations de Robert Bourassa, c’est pratiquement décrire le
Québec d’aujourd’hui.
L’assurance-maladie, la Charte des droits et libertés, le code des professions,
l’aide juridique, les lois de protection du consommateur, le ministère de
l’immigration, celui de l’environnement, la réforme du Code civil, la Loi sur le
statut de l’artiste sont, entre autres, l’œuvre de Robert Bourassa.
Les effets de ces réalisations ponctuent encore quotidiennement la vie des
Québécois. Ces réalisations reposent sur des valeurs de liberté, de justice
sociale, de progrès économique, de respect des minorités, de défense de
l’identité, de la langue et de la culture françaises.
Ces valeurs, Robert Bourassa les a perpétuées dans son parti et dans son action.
Elles font parties de son héritage et nous en sommes aujourd’hui les
fiduciaires.
Cet homme d’endurance a également pu tirer les leçons de ses échecs. En 1976,
Robert Bourassa se retire de la vie politique.
Mais s’il s’éloigne temporairement de la politique, c’est pour mieux s’en
rapprocher, pour mieux saisir la complexité des enjeux.
Il retourne alors à son autre passion : l’enseignement. N’est-ce pas le lieu
privilégié d’un homme qui a toujours cherché à convaincre plutôt qu’à imposer?
Ici dans nos universités, mais également aux États-Unis et surtout en Europe, il
profite de cette période pour confronter son expérience politique à d’autres
réalités.
Inspiré par Jean Monnet, un des pères de l’Europe, il étudie l’évolution des
grands ensembles.
Il explore ce qui se fait ailleurs pour mieux comprendre ce que l’on peut faire
ici au Québec pour renforcer et améliorer nos liens avec nos partenaires
canadiens.
En 1983, Robert Bourassa qui n’envisageait pas d’autres vocations que celle de
servir ses compatriotes, effectue le plus retentissant et spectaculaire retour
en politique de l’histoire.
Il redevient chef du Parti libéral du Québec et regagne la confiance des
Québécois pour deux nouveaux mandats. Il a la volonté de poursuivre ce qu’il
s’était vu forcer d’interrompre, c’est-à-dire faire du Québec une nation jeune,
dynamique, moderne, confiante en elle-même et en ses forces sur ce continent
nord-américain.
Pour Robert Bourassa, le Québec s’affirme par sa cohésion politique, sociale,
économique et culturelle. Cette cohésion est pour lui renforcée par le lien
fédératif avec nos partenaires canadiens.
Une rupture éventuelle avec le Canada, allait, selon lui, contre l’intérêt
supérieur de la patrie et il la combattra toujours.
Les Trudeau, les Mulroney, les Lévesque, les Parizeau pourraient vous dire la
profondeur des convictions de Robert Bourassa. Ils pourraient témoigner de son
ardeur à chercher ce qu’il y a de mieux pour l’intérêt du Québec et des
Québécois dans toutes les dimensions de leur relation avec le Canada.
Il appelle le fédéralisme rentable dès 1970. Il renonce à la Charte de Victoria
en 1971 parce qu’elle ne répond pas à ses attentes sincères d’un nouveau partage
des pouvoirs.
Il juge le rapatriement unilatéral de la Constitution comme inacceptable pour le
Québec. Et il s’emploiera au cours de ces deux derniers mandats à négocier
d’abord dans Meech et ensuite dans Charlottetown, les conditions d’une
réintégration pleine et entière du Québec dans la famille canadienne.
Il fut dans la défense des intérêts du Québec, un négociateur redoutable,
toujours guidé par le rejet de tout affaiblissement de la position du Québec
dans l’ensemble canadien.
En 1990, déçu par l’échec de Meech, mais toujours confiant dans la capacité du
Québec de s’affirmer, il déclare :
« Le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et
capable d’assumer son destin et son développement. »
Gravée pour toujours sur son monument, cette phrase reflète la confiance que
Robert Bourassa a toujours placée dans son peuple. Pour nous qui dirigeons le
Québec d’aujourd’hui, cette phrase trace le chemin à suivre. Pour les
générations futures, elle est une promesse d’avenir.
Robert Bourassa, en tant que premier ministre, vous êtes pour moi et mes
collègues du gouvernement une source constante d’inspiration. Puisse votre
présence sur cette colline parlementaire guider ceux qui gouvernent et ceux qui
aspirent à le faire, pour le bien du Québec.
Je vous remercie.
[Charest=20061020]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce d’un nouveau plan de soutien à l’industrie forestière]
Madame Julie Boulet,
Monsieur Raymond Bachand,
Monsieur Pierre Corbeil,
Madame Michelle Courchesne,
Collègues députés :
Francine Gaudet, députée de Maskinongé
André Gabias, député de Trois-Rivières
Distingués invités, membres des médias,
L’industrie de la forêt au Québec connaît la pire crise de son histoire. Les
facteurs liés à cette crise sont nombreux :
La hausse du dollar canadien;
Le prix à la hausse des carburants;
L’émergence de nouveaux marchés;
Les recours devant les tribunaux;
Le conflit du bois d’œuvre, récemment réglé;
Et dernièrement, l’effondrement du marché américain.
Ces facteurs font en sorte qu’aujourd’hui, des milliers de travailleurs et leur
famille font face à une situation des plus difficiles.
De plus, la surexploitation de la forêt pendant des années, comme l’a démontré
la commission Coulombe, commande une meilleure gestion de la ressource pour en
assurer la pérennité.
Devant cette situation, nous devons restructurer notre secteur forestier. Nous
devons changer nos façons de faire.
Mon gouvernement a déjà pris des décisions importantes en ce sens.
D’abord, nous avons adopté plusieurs des recommandations de la commission
Coulombe pour assurer la pérennité de la ressource.
Mon gouvernement a aussi joué un rôle de premier plan dans le règlement du
conflit du bois d’œuvre. Ainsi, plus de 80 entreprises québécoises récupéreront
950 M$ en droits versés aux Américains.
Ces gestes étaient nécessaires pour assurer l’avenir du secteur forestier et lui
permettre de contribuer à nouveau à l’essor de nos régions.
Mon gouvernement a également annoncé des mesures importantes pour les
travailleurs, les communautés et les entreprises de ce secteur.
Ces mesures, comprises dans les deux plus récents budgets, ont permis d’atténuer
le choc créé par le nouveau contexte mondial.
Mais il faut aujourd’hui faire davantage devant la détérioration des conditions
du marché, notamment aux États-Unis qui absorbent 85 % de notre production des
produits du bois d’œuvre.
Le plan que nous annonçons aujourd’hui constitue un coffre d’outils qui
facilitera la nécessaire restructuration du secteur forestier :
Il permettra de minimiser les pertes d’emplois;
Il permettra aux travailleurs affectés de passer à travers cette crise;
Il permettra aux communautés de se diversifier sur le plan économique;
Il permettra aussi aux forces vives des régions de travailler ensemble pour
que cette nécessaire restructuration se fasse de façon ordonnée.
Ainsi, le gouvernement annonce qu’il regroupera les forces vives de chacune des
régions ressources pour gérer la restructuration du secteur forestier.
Selon une formule que nous déterminerons ensemble, les élus régionaux, les
travailleurs et les industriels seront appelés à contribuer, région par région,
au redressement du secteur forestier.
Pour faciliter cette restructuration, notre gouvernement annonce aujourd’hui un
plan de soutien de 722 M$ pour le secteur forestier québécois, dont près de 300
M$ sont de l’argent neuf.
Ce plan comporte quatre volets:
Des mesures en soutien aux travailleurs et travailleuses de 54,8 M$;
Des mesures en soutien aux communautés de 45 M$;
Une nouvelle approche de la gestion forestière qui s’accompagne d’une
enveloppe de 197 M$;
Et une enveloppe de 425 M$ remodelée, destinée en prêts aux entreprises pour
leur permettre de se restructurer, de se consolider et de se moderniser.
De plus, le gouvernement proposera des modifications à la Loi sur les forêts dès
cet automne. Si elles sont adoptées par l’Assemblée nationale, ces modifications
permettront aux entreprises forestières d’être plus compétitives en favorisant
une flexibilité accrue dans la gestion des bois.
Les ministres présents vous décriront ces volets plus en détails dans un
instant.
Les mesures que nous annonçons aujourd’hui constituent un coffre à outils qui
permettra de faciliter la restructuration du secteur de la forêt, région par
région.
J’en appelle maintenant à nos partenaires que sont les CRÉS et les élus
régionaux, les travailleurs et les industriels, de conjuguer leurs efforts pour
qu’ensemble nous puissions relever le défi qui se pose devant nous.
Le coffre à outils que nous présentons aujourd’hui nous permettra tous ensemble
de mener à bon port la nécessaire restructuration que nous amorçons.
Nous sommes confiants qu’en posant les bons gestes, le secteur de la forêt
connaîtra des jours meilleurs. Une fois que cette période difficile sera
traversée, le secteur de la forêt contribuera de nouveau à l’essor de nos
régions.
Mon gouvernement est convaincu que le secteur est appelé à rebondir.
Des études récentes montrent que le marché américain de l’industrie du sciage et
du bois d’ingénierie est prometteur.
On prévoit notamment que la forte croissance à moyen et long termes des ménages
américains engendrera une augmentation des besoins de construction de maisons
neuves et de rénovation du parc de maisons existantes.
Il existe des marchés prometteurs pour l’industrie des pâtes et papiers,
notamment en ce qui concerne:
les cartons d’emballage,
les papiers surcalendrés,
et les papiers hygiéniques.
Enfin, le secteur du recyclage ouvre des possibilités de croissance qui ne
demandent qu’à être exploitées.
Certes, avant que des jours meilleurs se présentent, la nécessaire
restructuration entraînera d’autres fermetures d’usines, d’autres pertes
d’emplois.
Mais il en ressortira un secteur forestier dont les fondations auront été
solidifiées. Un secteur forestier qui pourra pleinement participer à la relance
à venir et aux nouveaux créneaux de marchés.
Je suis convaincu qu’en travaillant ensemble, nous réussirons.
Je cède maintenant la parole à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité
sociale, Michelle Courchesne, qui vous donnera le détail des mesures destinées
aux travailleuses et travailleurs du secteur.
Merci.
[Charest=20061025]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du Forum socioéconomique des Premières Nations]
Mesdames, Messieurs les Chefs des Premières Nations,
Délégués inuits,
Mesdames, Messieurs les Aînés des Premières Nations,
Messieurs les Coprésidents,
Collègues du gouvernement fédéral,
Députés et ministres du gouvernement du Québec,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Membres de la société civile,
Mesdames, Messieurs, Monsieur le Président d’Assemblée,
C’est un honneur pour moi d’agir à titre de coprésident de ce rendez-vous que
nous devons qualifier d’historique, et de vous souhaiter la bienvenue
aujourd’hui à Mashteuiatsh.
Le nombre, la qualité et la représentativité des participants à ce Forum est
issue d’une volonté de forger au Québec une nouvelle relation.
Il s’agit d’un moment unique dans notre histoire commune pour unir nos forces
dans le respect des uns et des autres, dans le but commun d’assurer le
développement du Québec.
Notre avenir est lié. Notre avenir est commun.
Je veux remercier un des coprésidents et chef de la communauté Innue de
Mashteuiatsh, M. Gilbert Dominique.
Chef Dominique, merci pour la qualité et la chaleur de l’accueil de votre
communauté.
Je veux également saluer la collaboration du ministre des Affaires indiennes et
du Nord et également coprésident du Forum, l’honorable Jim Prentice.
Je tiens particulièrement à remercier le chef régional de l’Assemblée des
Premières Nations du Québec et du Labrador et coprésident du Forum, M. Ghislain
Picard.
Il a cru en ce projet depuis le tout début et il a largement contribué à sa
réalisation.
I have described this gathering as being historic.
Historic, because this is a forum initiated and organized under the leadership
of the Assembly of the First Nations of Quebec and Labrador.
Je me réjouis également que cette idée d’un Forum socioéconomique des Premières
Nations et Inuits ait pris sa source, en partie, au Forum des générations que
mon gouvernement avait convié à l’automne 2004 autour des grands défis du Québec
d’aujourd’hui : le défi démographique et le défi des finances publiques.
L’amélioration des conditions socioéconomiques des Premières Nations du Québec
et des Inuits est également un défi pour l’ensemble de notre société.
Aujourd’hui, nous reconnaissons que tous les Québécois ont la responsabilité
d’appuyer le développement économique et social des Premières Nations.
Il s’agit d’une question de justice et d’équité entre les divers groupes qui
composent notre société.
Cela nous permettra de bâtir ensemble un Québec plus fort, plus juste et plus
inclusif.
This Forum brings together Quebec’s institutional and socioeconomic leaders.
Indeed, all of Quebec has mobilized for this event.
C’est aussi la société civile qui est mobilisée.
Pour le gouvernement du Québec, le Forum est l’occasion pour nous de mieux se
connaître et de mieux se comprendre.
Au cours des prochains jours, de nombreux ministres du gouvernement du Québec,
sous la coordination du ministre délégué aux Affaires autochtones, Monsieur
Geoffrey Kelley, prendront une part active dans nos discussions.
Nous voulons, autant que possible, des solutions concrètes et surtout, adaptées
aux besoins des communautés des Premières Nations et des Inuits.
Ce Forum marque donc un point tournant dans l’histoire des relations entre
l’État québécois et nos Premières Nations et Inuits.
De tout temps et dans toutes les sociétés, les transformations sociales,
politiques et économiques réussies sont nées de la volonté commune de vivre
ensemble.
Pour vivre ensemble, il faut dialoguer, écouter, mobiliser nos forces et passer
à l’action. C’est dans cet esprit de partenariat que nous allons travailler.
Nous sommes ici pour que les uns et les autres se comprennent mieux.
Nous sommes ici avec la conviction qu’en luttant contre le sous-développement et
en soutenant l’essor économique et social de nos concitoyens autochtones, c’est
tout le Québec qui en ressort grandi.
Au cours des prochains jours, les participants et les délégués devront faire
appel à leur imagination, à leur créativité, à leur dynamisme et à leur
ingéniosité.
L’écho de nos travaux qui doit se répandre dans tout le Québec doit être celui
d’un dialogue fructueux et soutenu.
C’est la seule façon de trouver des solutions réalistes et durables aux
questions que nous abordons.
Nous sommes ici pour préparer ensemble notre avenir.
Les participants pourront compter sur la riche expérience des délégués afin
d’identifier des solutions qui soient adaptées, viables et durables.
La sagesse des Aînés nous guidera afin que nous puissions concilier modernité
et traditions.
La vision des femmes autochtones servira à l’ensemble des participants afin de
promouvoir des approches égalitaires et non discriminatoires.
Le leadership des élus, autochtones comme non autochtones, permettra d’établir
un dialogue ouvert et respectueux des différences.
L’expérience des Inuits aux prises avec des défis particuliers, notamment liés
au réchauffement de la planète, nous amènera à réfléchir davantage en termes
de développement durable.
Nous pourrons également compter sur la participation et l’appui des chefs
d’entreprises, des représentants des milieux financiers, syndical et patronal.
Ils seront appelés à créer, avec les Premières Nations et Inuits et les
gouvernements du Québec et du Canada, des partenariats économiques et sociaux
qui concrétiseront les idées et solutions imaginées ici.
Le succès de notre dialogue est intimement associé à la qualité, à la franchise
et à la profondeur des échanges que nous aurons au cours des prochains jours.
Il faut que les rêves deviennent projets et que les projets deviennent réalité.
Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, et de la formation professionnelle,
de la création d’emploi, de la culture ou de l’intégration urbaine, nous voulons
une amélioration des conditions de vie.
C’est ce qui permettra l’émergence d’une société moderne et ouverte sur le
monde, mais capable de vivre dans le respect de ses traditions et de son
histoire.
Nous savons que les questions politiques en suspens sont nombreuses entre les
gouvernements, les Premières Nations et les Inuits, et que toutes ces questions
seront en trame de fond lors de nos échanges.
À titre de premier ministre, je me suis engagé auprès du chef régional de
l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard,
à poursuivre notre dialogue.
Je souhaite que ces discussions se fassent en toute ouverture entre l’Assemblée
des Premières Nations du Québec et du Labrador, des Inuits, le gouvernement du
Canada et le gouvernement du Québec.
Sur ce sujet, les échanges et les discussions se poursuivront après le Forum.
Je veux que le leadership démontré au cours des prochains jours permette à ces
discussions de se poursuivre et d’aboutir à des solutions concrètes dans le
meilleur intérêt du développement des communautés autochtones et de tout le
Québec.
Au fil des ans, la collaboration et l’entente ont plusieurs fois donné
d’excellents résultats.
Le développement socioéconomique de plusieurs Premières Nations et Inuits s’est
accéléré de façon remarquable, notamment à la suite de la signature d’ententes
avec le gouvernement du Québec.
Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est parce qu’il reste encore beaucoup à faire.
Nous souhaitons que les communautés et les Nations, actuellement en négociation,
puissent en venir à une entente.
Cela leur permettra de canaliser toutes leurs énergies vers l’amélioration des
conditions de vie des membres de leurs communautés et la création d’un avenir
prometteur pour leur jeunesse.
Nous sommes ici parce que, cohabitant sur le même territoire, nous voulons
développer une solidarité nouvelle.
Nous sommes ici pour faire en sorte que l’apport de chacun soit valorisé.
We are here to mark history and to open new horizons based on a mutual respect
and the common will to share with each other and live together.
Nous sommes ici pour partager les rêves et les aspirations des jeunes
autochtones du Québec et pour construire avec eux une société ouverte dans
laquelle ils pourront réaliser leur plein potentiel.
Cette rencontre doit marquer un nouveau départ. Nous en avons chacun la
responsabilité devant nous-mêmes, devant nos enfants et devant l’histoire.
Plus que jamais le développement du Québec passe par une participation, une
responsabilisation et un partenariat avec les Premières Nations et les Inuits du
Québec.
À tous les participants et délégués, je nous souhaite des échanges fructueux.
Je vous remercie.
[Charest=20061102]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du dévoilement du buste de Gandhi sur l’axe de commémoration internationale]
Madame la Haute-Commissaire de l’Inde, (Shyamala B. Cowsik)
Collègues ministres (Michel Després de Monique Gagnon-Tremblay)
Monsieur le maire suppléant de Québec, (Jacques Joli-Coeur)
Monsieur le président et directeur général de la Commission de la capitale
nationale du Québec, (Jacques Langlois)
Distingué(e)s invité(e)s,
C’est un jour important et solennel. Nous sommes rassemblés aujourd’hui, le 2
novembre 2006, un mois exactement après l’anniversaire de naissance de Mohandas
Karamchand Gandhi, pour commémorer la mémoire de ce grand Homme.
En me dirigeant vers cette célébration en l’honneur de celui qu’on appelle aussi
Mahatma, la Grande Âme (en sanskrit), je me suis replongé quelques instants dans
les souvenirs laissés à jamais par le pays de Gandhi que j’ai eu le plaisir de
découvrir en janvier dernier, à la tête d’une mission officielle, accompagné de
certains d’entre vous.
Bien qu’avocat de formation, Gandhi fut d’abord et avant tout un dirigeant
politique et spirituel.
Gandhi figure parmi les grands Hommes de l’Humanité dont l’héritage demeure
toujours aussi actuel.
Ses combats pour la défense des droits civils en Afrique du Sud et pour
l’indépendance de l’Inde constituent les jalons marquants de sa vie que nous
connaissons le plus.
Ses causes ont été nobles mais ses valeurs humanistes et pacifistes, qui
caractérisaient sa personne, transcendant tout le reste, le sont encore plus.
En ce sens, Gandhi constitue l’une des personnalités dominantes du XXe siècle
dont l’œuvre a un caractère universel.
Le dévoilement du buste de Gandhi représente un hommage symbolique en l’honneur
d’un si grand Homme.
La présence désormais permanente de Gandhi dans notre capitale nationale nous
invite, en passant ici, à se rappeler son œuvre et sa détermination ainsi qu’à
rêver, comme lui, d’un monde meilleur.
Les messages que portait Gandhi, appelant à la non-violence et à la vérité,
doivent continuer d’être la lanterne qui éclaire notre monde encore trop menacé
par les conflits et les injustices.
Dans le monde souhaité par Gandhi, il n’y a pas de pauvres et il n’existe aucune
forme de discrimination.
La tolérance, la liberté et la justice sont les préceptes qui guideraient nos
actions.
Lorsque nous prenons le temps d’approfondir nos connaissances sur le cheminement
de Gandhi, nous ne pouvons que constater que ses valeurs sont une source
d’inspiration pour les dirigeants d’aujourd’hui.
À cet égard, permettez-moi de citer Albert Einstein qui résume bien cette idée :
« Les générations à venir auront peine à croire qu’un tel homme ait existé en
chair et en os sur cette terre ».
J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier le gouvernement indien,
représenté par la Haute-Commissaire de l’Inde, Madame Shyamala B. Cowsik, de ce
geste empreint d’amitié à l’égard du Québec, de la ville de Québec et de ses
citoyens.
Il illustre, une fois de plus, le rapprochement qui s’est amorcé entre nos deux
sociétés et auquel je suis personnellement attaché.
C’est avec plaisir que je rappelle la mission que M. Raymond Bachand, ministre
du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec fera
en Inde, du 19 au 28 novembre prochain.
Ce sera une occasion de raffermir les relations établies en janvier dernier.
Autre preuve de notre détermination à œuvrer à ce rapprochement : l’ouverture du
Bureau du Québec à Mumbai se concrétisera, au cours des prochains mois.
Le buste a toute sa place sur l’Axe de commémoration internationale, de notre
Grande Allée. Sa présence contribuera à ce que la mémoire collective québécoise
se souvienne de Gandhi et de son héritage.
D’ailleurs, il s’agit du premier monument officiellement dédié à Gandhi, au
Québec.
Je termine mes propos en partageant avec vous cette citation du père de la
nation indienne : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce
monde ».
Je vous remercie de votre attention.
[Charest=20061103a]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’inauguration de la plateforme de « RN-omique » Génome Québec et Université de Sherbrooke]
Madame Monique Gagnon-Tremblay, ministre des Relations internationales et
ministre responsable de la région de l’Estrie;
Monsieur Edwin Bourget, vice-recteur à la recherche de l’Université de
Sherbrooke;
Monsieur Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de
Sherbrooke;
Monsieur Paul L’Archevêque, président et directeur général de Génome Québec;
Monsieur Pierre Quirion, directeur général de Biomed Développement/Parc
biomédical de Sherbrooke;
Docteur Sherif Abou Elela et son équipe;
Distingués invités;
Ce matin, la région de l’Estrie a de quoi se réjouir. Le lancement de la toute
nouvelle plateforme de « RN-omique » Génome Québec et Université de Sherbrooke
s’inscrit parmi les initiatives les plus stimulantes que la région ait connues
en matière de recherche.
Cette plateforme sera installée dans les nouveaux locaux du laboratoire de
génomique fonctionnelle, qui donneront aux chercheurs un cadre de travail encore
plus propice à la mise en œuvre de leurs projets.
Comme vous le savez, je suis né à Sherbrooke et mes racines y sont bien ancrées.
J’ai étudié à l’Université de Sherbrooke, un établissement universitaire
novateur et distinctif en matière de recherche. Voilà qui ajoute à la fierté et
à l’enthousiasme que j’éprouve aujourd’hui en participant à une telle annonce.
Dotée de technologies hautement sophistiquées et dirigée par des chercheurs de
grande renommée, la plateforme de « RN-omique » s’avère unique au monde.
Une telle initiative permet à la Faculté de médecine et des sciences de la santé
de l’Université de Sherbrooke de compter parmi les chefs de file mondiaux en
matière de recherche en génomique de l’ARN . L’intérêt croissant de la
communauté scientifique pour l’ARN a d’ailleurs été souligné cette année par le
prix Nobel de médecine.
Si le projet de plateforme se concrétise aujourd’hui, c’est notamment grâce au
savoir-faire et à la ténacité des chercheurs Sherif Abou Elela et Benoît Chabot.
Accompagnés de leurs équipes, ils ont mis au point une approche unique, dont les
résultats permettront d’accélérer le développement d’outils pour la prévention,
le diagnostic et le traitement de plusieurs maladies, notamment la fibrose
kystique, la thalassémie et plusieurs formes de cancer.
Notre gouvernement est fier d’avoir appuyé les projets des docteurs Sherif Abou
Elela et Benoît Chabot par son soutien financier à Génome Québec. Lors du plus
récent concours de Génome Canada, c’est près de 10 M$ qui leur ont été accordés,
dont 3,4 M$ proviennent du gouvernement du Québec.
C’est en appuyant l’innovation et la recherche, en misant sur la rétention de
ses chercheurs et en mettant en place des infrastructures à la fine pointe de la
technologie que le Québec fait sa part dans la lutte contre la maladie.
Encore cette année, le cancer s’attaquera à quelque 154 000 Canadiens et
Canadiennes, dont plus de 38 000 Québécois.
Plusieurs d’entre nous ainsi que des personnes de notre entourage sont touchés,
de près ou de loin, par cette maladie sournoise. Nous devons mobiliser toutes
les ressources possibles afin de la combattre.
Je tiens d’ailleurs à féliciter Génome Québec pour son importante contribution
au lancement de la plateforme. Je souhaite à l’Université de Sherbrooke un franc
succès pour les recherches qu’elles mettra en œuvre dans ce laboratoire
d’envergure internationale.
Grâce aux connaissances acquises par les chercheurs québécois et, surtout, grâce
à leurs compétences et à leur engagement, nous continuerons de gagner du terrain
dans la lutte contre la maladie.
Je vous remercie!
[Charest=20061103b]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’inauguration de l’autoroute Joseph-Armand-Bombardier de Drummondville à Sherbrooke]
Collègues de l’Assemblée nationale, (Yvon Vallières, Monique Gagnon-Tremblay,
Pierre Reid)
Mesdames, Messieurs,
Je suis évidemment très heureux de participer avec vous aujourd’hui à
l’inauguration de l’autoroute Joseph-Armand-Bombardier qui sera dorénavant un
axe routier à quatre voies, à chaussées séparées, sur tout l’itinéraire
Drummondville-Sherbrooke.
Il s’agit d’un événement attendu depuis longtemps et je partage ma satisfaction
avec tous les citoyens de l’Estrie et du Centre-du-Québec et avec tous les
usagers de cet axe routier de première importance pour l’économie du Québec.
Depuis de nombreuses années, les citoyens et les élus de ces deux régions
réclament le dédoublement de ce tronçon dans le but premier d’en améliorer la
sécurité.
Vous savez, et nous l’avons répété à plusieurs reprises que la sécurité du
réseau routier québécois est pour nous une très grande priorité.
L’autoroute Joseph-Armand-Bombardier est par ailleurs un des plus importants de
nos corridors de commerce. Les véhicules lourds représentent, au niveau
d’Ulverton, 26 % des véhicules qui empruntent l’autoroute.
Ceux-ci acheminent entre autres nos produits manufacturés vers le marché du
nord-est américain, notre principal marché d’exportation et un de plus grands
marchés de consommation au monde.
L’autoroute 55 est également sollicitée pour nos approvisionnements et elle
contribue à la mobilité de milliers de nos concitoyens.
Cette autoroute a été parachevée en accordant un soin particulier à la
protection de l’environnement. À l’heure du développement durable, les efforts
consacrés à cet aspect ont valeur de modèle et je tenais à le souligner tout
particulièrement aujourd’hui.
Ma fierté est redoublée du fait que cette autoroute a été nommée à l’automne
2004, sous l’initiative de mon gouvernement, l’autoroute
Joseph-Armand-Bombardier, en l’honneur de cet industriel estrien qui a laissé sa
marque dans le domaine du transport et qui représente bien le dynamisme régional
caractéristique des régions de l’Estrie et du Centre-du-Québec.
Les travaux qui nous amènent à l’événement d’aujourd’hui auront duré dix ans,
dans l’axe Drummondville-Sherbrooke. Il va de soi que je me dois de souligner la
patience des résidants de ce territoire qui ont vécu des inconvénients que le
ministère des Transports s’est efforcé de minimiser dans sa planification.
Depuis 2004, mon gouvernement a investi 45 millions de dollars pour réaliser les
20 derniers kilomètres de ce projet qui devient aujourd’hui une réalité.
La tâche n’était pas facile puisqu’il s’agit d’un tronçon construit sur un
relief particulièrement accidenté qui représentait pour ses concepteurs un défi
de taille. Ce défi a été relevé avec brio, nous dotant aujourd’hui d’une
autoroute au design remarquable, construite dans le respect de l’environnement
et qui nous garantit un niveau de sécurité exemplaire.
Au total, depuis 1997, plus de 38 millions de dollars auront été consacrés aux
32 kilomètres parcourant la région du Centre-du-Québec, et plus de 72 millions
de dollars pour les quelque 40 kilomètres sillonnant l’Estrie, soit près de 110
millions de dollars au total.
Il s’agit d’argent bien investi. Nous avons amélioré de façon significative la
sécurité des axes routiers, stimulé le dynamisme économique des ces régions et
amélioré la qualité de vie de milliers de citoyens.
C’est donc avec beaucoup de fierté et d’émotion que nous offrons aujourd’hui à
l’Estrie, au Centre-du-Québec ainsi qu’à tout le Québec une autoroute des plus
sécuritaires et efficaces, qui ajoute à notre patrimoine routier et qui met en
valeur, de surcroît, les splendides paysages de l’Estrie et de la vallée de la
Saint-François.
Merci.
[Charest=20061104]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’inauguration du prolongement de l’axe routier du Vallon, désormais nommé autoroute et boulevard Robert-Bourassa]
Madame Andrée P. Boucher, mairesse de Québec,
Monsieur Michel Després, ministre des Transports et ministre responsable de la
région de la Capitale-Nationale,
Madame Sarah Perreault, députée de Chauveau et présidente du caucus des libéraux
pour la région de Québec,
Députés du caucus libéral de la région de la Capitale-Nationale,
Mme Bourassa,
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi de revenir sur ce site, en compagnie de la
mairesse de Québec et de mes collègues du gouvernement qui représentent cette
région à l’Assemblée nationale.
J’ai le privilège d’annoncer qu’à sa mise en service, cet axe routier honorera
la mémoire d’un premier ministre qui a légué au Québec moderne un héritage
remarquable.
Cet axe routier s’appellera l’autoroute Robert-Bourassa, entre le boulevard
Laurier, face au nouvel édifice d’Hydro-Québec, et le boulevard Lebourgneuf.
À partir de l’intersection Lebourgneuf jusqu’au boulevard Bastien, plus au nord,
il portera le nom de boulevard Robert-Bourassa.
Je suis persuadé que monsieur Bourassa serait très fier de cette réalisation.
Souvenons-nous, qu’il y a un peu plus d’un an, nous étions ici pour inaugurer ce
chantier.
Ce jour-là, on avait peine à imaginer qu’on en arriverait si rapidement à
l’inauguration de ce lien routier. Force est d’admettre que le défi a été relevé
avec brio.
Pour saluer cette réussite, j’annonce qu’aujourd’hui dès midi, ce nouveau
boulevard sera réservé entièrement à tout citoyen sans voiture, et ce, jusqu’à
demain, où les automobilistes pourront alors y circuler.
Nous livrons aujourd’hui un projet tangible, exigé depuis longtemps par la
population.
Je tiens à souligner la coopération exemplaire de la Ville de Québec, des
membres du conseil municipal et de l’administration de madame Boucher.
La réalisation d’un chantier d’une telle envergure dans un si court laps de
temps ne ment pas.
De plus, je me dois de souligner la participation importante des comités de
citoyens, notamment du travail acharné de madame Claudine Martineau et de
monsieur Claude Perron qui ont soutenu depuis le début ce projet routier tant
souhaité, dans le respect de l’environnement.
Le prolongement de cet axe fournit un exemple concret des efforts que nous
mettons à développer le secteur des transports au Québec.
Au Saguenay, nous réaménageons la route 175.
Dans le Bas-Saint-Laurent, c’est la route 185 que nous améliorons.
Dans la région de Montréal, le travail se poursuit en vue de parachever
l’autoroute 25 et de moderniser la rue Notre-Dame.
Et demain j’aurai l’occasion de faire une annonce, en compagnie du premier
ministre du Canada, Stephen Harper, quant au parachèvement de l’autoroute 30,
au sud de Montréal.
Tous ces projets s’inscrivent dans un effort sans précédent de 5,3 milliards de
dollars investi sur les routes du Québec entre 2005 et 2008.
Pourquoi agir avec autant de conviction?
Parce que le Québec a besoin d’infrastructures de transport efficaces et
performantes pour poursuivre son essor.
Le transport reste une composante de base de notre prospérité économique et
d’une meilleure qualité de vie pour les citoyens du Québec.
L’avenir du Québec passe aussi par l’intégration du développement durable à nos
projets.
Au cours de la dernière année, nous avons clairement positionné le Québec à cet
égard par une série d’actions.
Le printemps dernier, notre gouvernement a présenté une politique québécoise du
transport collectif ainsi qu’une stratégie sur les changements climatiques, tous
deux étant des premières au Québec!
Le boulevard Robert-Bourassa deviendra un bel exemple d’intégration du
développement durable à un projet structurant.
D’abord, sa réalisation diminuera de beaucoup la congestion routière dans un
secteur achalandé.
Ensuite, elle augmentera les possibilités de dessertes en transport en commun.
Enfin, le parc de l’Escarpement qui borde cette route sera protégé et mis en
valeur par un aménagement particulier visant à préserver sa valeur
environnementale.
À tous les égards, la réalisation du boulevard Robert-Bourassa est un projet que
la population appréciera.
Je suis heureux de participer à son inauguration et je tiens à féliciter les
divers intervenants qui ont collaboré ensemble à sa réalisation.
Bonne journée et bonne promenade!
[Charest=20061105]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion de l’annonce de l’appel de qualification pour le parachèvement de l’autoroute 30]
Monsieur le Premier ministre du Canada,
Messieurs les ministres du gouvernement fédéral,
Chers collègues députés et ministres du Québec,
Mesdames et messieurs les préfets et les maires,
Distingués invités,
Monsieur Harper, bienvenue au Québec.
Bienvenue en Montérégie.
Welcome to the western part of Autoroute 30, a construction project which, as
you know, is very dear to us.
As First Ministers, we once again have the opportunity this morning to work
together to contribute to the progress of Québec. I am delighted to have this
opportunity.
C’est en travaillant en harmonie que nous servons le mieux les intérêts des
Québécois.
Dans ce dossier comme dans d’autres, le dialogue, l’ouverture, la volonté de
réussir sont à la base d’une relation fructueuse entre le gouvernement du Québec
et celui du Canada.
Depuis avril 2003, mon gouvernement s’est engagé clairement à réinvestir dans
nos infrastructures routières.
Le parachèvement de l’autoroute 30 a occupé, depuis plus de trois ans, une place
centrale dans les projets structurants de mon gouvernement.
Le ministre Jean-Marc-Fournier, le ministre des Transports, Michel Després et
les députés de la région ont répondu aux questions et aux voeux de la
population.
Ils ont porté ce projet avec conviction jusqu’à sa réalisation.
Car aujourd’hui, ce n’est pas le projet de parachèvement dont nous parlons, mais
bien de sa réalisation concrète.
La plupart des terrains sont acquis. Les travaux ont débuté dans la partie Est.
Les travaux préparatoires sont également en cours sur le terrain à l’Ouest.
Ce projet tant attendu a traversé toutes les étapes de la consultation et des
autorisations nécessaires à sa réalisation.
Il est désormais dans sa phase de construction.
Notre présence ici ce matin s’inscrit dans l’engagement du gouvernement de
réaliser ce projet majeur de plus de un milliard de dollars, soit un des plus
ambitieux projets routiers sur le territoire du Québec.
Nous aurons alors une voie autoroutière de contournement de Montréal par le sud,
qui soulagera le réseau autoroutier de Montréal.
Elle permettra de faciliter la circulation dans toute l’agglomération
métropolitaine.
Prime minister Harper and I, with all of the ministers of our respective
governments, are here to put the finishing touches on a partnership agreement
pertaining to the funding of the western part of the completion of Autoroute 30.
This agreement testifies to the willingness of both our governments to combine
our efforts in order to meet the expectations of the people of Québec.
La grande région de Montréal et l’ensemble de la Montérégie ont un urgent besoin
de cette voie de contournement.
La mise en service de ces quelque 55 kilomètres d’autoroute dans ses parties Est
et Ouest aura un effet dynamisant sur l’économie régionale de la Montérégie.
Ce nouveau lien, avec nos principaux marchés d’exportation, devrait stimuler les
investissements et ouvrir de nouveaux horizons pour cette grande région.
Comme nous l’avons fait pour l’autoroute 25, nous sommes également ici pour
annoncer le lancement dans quelques jours de l’appel de qualification, une
grande étape dans la mise en branle d’un Partenariat public-privé pour la partie
Ouest de l’autoroute 30.
Il s’agit d’une nouvelle façon de faire. Nous avons besoin de chercher de
nouvelles façons de faire pour que nos grands projets se réalisent dans les
meilleures conditions possibles.
Le principe des PPP a été éprouvé ailleurs dans le monde. Il répond à un nouveau
mode de réalisation de grands projets.
Ce mode de réalisation réunit le savoir-faire et l’expérience du secteur public
à l’expertise du secteur privé.
L’appel de qualification est une étape essentielle de ce processus. Les
documents relatifs à l’appel de qualification, pour la réalisation du volet en
partenariat public-privé (PPP), sont tous terminés, et le dossier d’affaires est
également complété.
Ce dossier d’affaires, qui compare la solution conventionnelle au PPP, confirme
l’intérêt de recourir à cette approche afin de diminuer les coûts totaux du
projet.
Un décret a été obtenu le 25 octobre dernier autorisant le lancement de l’appel
de qualification, qui vise à identifier les entreprises aptes et intéressées à
réaliser la partie prévue en PPP.
Les impacts d’une telle infrastructure ont été analysés en profondeur.
Les solutions mises de l’avant réconcilient la nécessité de cette infrastructure
avec le besoin de s’intégrer le plus harmonieusement possible dans son
environnement.
Je suis donc heureux et fier de constater avec vous que le parachèvement de
l’autoroute 30 est devenu une réalité.
Je suis très fier des progrès accomplis et du rythme de ces travaux que nous
suivons avec beaucoup d’intérêt.
J’aimerais souligner l’excellent travail des nombreux partenaires qui ont permis
de concrétiser ce projet autoroutier réclamé par la population régionale et par
l’ensemble des intervenants socio-économiques de la grande région de Montréal et
de la Montérégie.
Grâce à la concertation et au soutien des forces vives de la Montérégie.
Grâce à la volonté de notre gouvernement, grâce à l’engagement de notre
partenaire fédéral, la 30 est en voie de réalisation.
Le parachèvement de la 30 est désormais une réalité au service du progrès de la
Montérégie, de la métropole et du Québec tout entier.
Je vous remercie.
[Charest=20061107a]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du lancement de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne]
Monsieur Benoît Pelletier, ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne,
Mesdames et Messieurs les Ministres du gouvernement du Québec,
Mesdames et Messieurs les Députés à l’Assemblée nationale,
Honorables Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les Présidents, Dirigeants et Membres des associations
francophones du Canada,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui pour le lancement de la
nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne.
Je me réjouis d’autant plus de vous accueillir, représentants des communautés
francophones et acadiennes, au cœur même du Parlement du seul État francophone
en Amérique du Nord : l’Assemblée nationale.
Si le Québec est, avec l’Acadie, l’un des territoires souches de la civilisation
française en Amérique, tous reconnaissent que la ville de Québec en est le
berceau.
À l’aube de son 400e anniversaire, le dévoilement à Québec de cette nouvelle
politique, engagement phare de mon gouvernement à l’égard des communautés
francophones et acadiennes du Canada, revêt une signification plus que
symbolique.
Partageant avec la francophonie canadienne une longue histoire, le peuple
québécois aborde aujourd’hui un tournant marqué dans son engagement envers
celle-ci.
Depuis trois ans et demi, l’action de mon gouvernement a été marquée par le sens
des responsabilités.
La responsabilité d’abord à l’égard de ce que nous sommes, de ce qui constitue
la nation québécoise, dont la langue française est une des assises fondamentales
et une intarissable source de fierté.
La responsabilité également auprès de celles et ceux qui, partout au Canada et
dans les Amériques, partagent cette langue et en ont fait aussi, à leur manière,
une source d’épanouissement, d’identité et de fierté.
La défense et la promotion actives des intérêts et de l’identité du Québec au
sein du Canada passent par une collaboration étroite avec les communautés.
Enracinées de longue date aux quatre coins du Canada, ces communautés ont
contribué de façon importante à l’avancement et à l’essor de la langue française
en Amérique.
Se reconnaissant une responsabilité face aux autres communautés qui constituent
la francophonie canadienne, mon gouvernement a entrepris de se placer à leurs
côtés.
Il s’est également engagé à en faire davantage pour leur épanouissement ainsi
que pour le rayonnement de la langue française au Canada et ailleurs dans les
Amériques.
Notamment en élaborant une politique modernisée et raffermie à l’égard de la
francophonie canadienne.
C’est un engagement que j’ai pris à titre de premier ministre du Québec.
Voilà pourquoi je suis heureux de le concrétiser aujourd’hui en dévoilant une
politique gouvernementale résolument tournée vers l’avenir : la Politique du
Québec en matière de francophonie canadienne.
Je tiens à saluer le travail tenace du ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, M. Benoît
Pelletier, et de son équipe.
Je vous remercie, cher Benoît, pour avoir su mener à bon port cet important
dossier du gouvernement du Québec auprès de la francophonie canadienne.
Le lancement de ce nouvel énoncé de politique se réalise à un moment charnière
de la présence française sur notre continent et ailleurs dans le monde.
Tant le peuple québécois que le peuple acadien et les communautés francophones
d’ailleurs au Canada font preuve d’un grand dynamisme et d’une grande vitalité,
alimentant ainsi l’influence de la langue française dans tous les secteurs
d’activités.
Tous assurent une présence de plus en plus importante de la langue et des
cultures d’expression française dans le paysage canadien.
Ce dynamisme sur le plan social a trouvé son écho sur le plan institutionnel.
Sur notre territoire, le gouvernement du Québec est parvenu progressivement à
faire du français la langue publique commune dans toutes les sphères
d’activités, tout en préservant les acquis de la minorité anglophone.
Ailleurs au Canada, les communautés obtiennent un appui du gouvernement fédéral
et de leurs gouvernements provinciaux et territoriaux sur le plan de l’accès à
des services en français.
Ces derniers sont davantage sensibilisés au développement des communautés et à
leurs besoins.
On peut donc affirmer sans se tromper qu’en 2006 les droits linguistiques des
francophones québécois et de l’extérieur du Québec sont mieux protégés.
Par contre, le rayonnement à long terme du français demeure toujours un enjeux.
Nous savons que le nombre de francophones et de francophiles croît lentement au
pays, mais nous constatons aussi que le poids démographique des francophones est
en baisse.
Cela signifie qu’il ne faut jamais perdre de vue la nécessité d’agir de concert
avec nos concitoyens francophones du Canada, afin d’assurer un avenir en
français à nos enfants.
En adoptant la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, mon
gouvernement passe de la parole aux actes en reconnaissant que la défense et la
promotion du fait français au Canada passent par des partenariats solides avec
les communautés francophones et acadiennes.
Il relève donc le défi que lui impose l’Histoire en y jouant un rôle déterminant
et rassembleur.
Cela annonce une ère de collaboration et de complicité sans précédent entre le
peuple québécois et les autres collectivités d’expression française au Canada.
Le Québec appuiera toujours la francophonie canadienne non seulement par son
leadership, mais parce qu’il se reconnaît une responsabilité dans la défense et
la promotion de tout ce qui permettra aux générations qui nous suivront de vivre
en français en Amérique.
C’est en français que s’incarnent notre identité, notre mémoire et notre avenir.
C’est également en français que s’expriment notre fierté, notre solidarité et
notre modernité.
Le gouvernement du Québec entend donc poursuivre ses efforts avec énergie et
détermination, afin d’appuyer le développement du fait français et le
rayonnement d’une francophonie canadienne riche de son passé, forte de ses gens
et confiante en l’avenir.
[Charest=20061107b]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du lancement de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne]
Monsieur Benoît Pelletier, ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne,
Mesdames et Messieurs les Ministres du gouvernement du Québec,
Mesdames et Messieurs les Députés à l’Assemblée nationale,
Honorables Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les Présidents, Dirigeants et Membres des associations
francophones du Canada,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui pour le lancement de la
nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne.
Je me réjouis d’autant plus de vous accueillir, représentants des communautés
francophones et acadiennes, au cœur même du Parlement du seul État francophone
en Amérique du Nord : l’Assemblée nationale.
Si le Québec est, avec l’Acadie, l’un des territoires souches de la civilisation
française en Amérique, tous reconnaissent que la ville de Québec en est le
berceau.
À l’aube de son 400e anniversaire, le dévoilement à Québec de cette nouvelle
politique, engagement phare de mon gouvernement à l’égard des communautés
francophones et acadiennes du Canada, revêt une signification plus que
symbolique.
Partageant avec la francophonie canadienne une longue histoire, le peuple
québécois aborde aujourd’hui un tournant marqué dans son engagement envers
celle-ci.
Depuis trois ans et demi, l’action de mon gouvernement a été marquée par le sens
des responsabilités.
La responsabilité d’abord à l’égard de ce que nous sommes, de ce qui constitue
la nation québécoise, dont la langue française est une des assises fondamentales
et une intarissable source de fierté.
La responsabilité également auprès de celles et ceux qui, partout au Canada et
dans les Amériques, partagent cette langue et en ont fait aussi, à leur manière,
une source d’épanouissement, d’identité et de fierté.
La défense et la promotion actives des intérêts et de l’identité du Québec au
sein du Canada passent par une collaboration étroite avec les communautés.
Enracinées de longue date aux quatre coins du Canada, ces communautés ont
contribué de façon importante à l’avancement et à l’essor de la langue française
en Amérique.
Se reconnaissant une responsabilité face aux autres communautés qui constituent
la francophonie canadienne, mon gouvernement a entrepris de se placer à leurs
côtés.
Il s’est également engagé à en faire davantage pour leur épanouissement ainsi
que pour le rayonnement de la langue française au Canada et ailleurs dans les
Amériques.
Notamment en élaborant une politique modernisée et raffermie à l’égard de la
francophonie canadienne.
C’est un engagement que j’ai pris à titre de premier ministre du Québec.
Voilà pourquoi je suis heureux de le concrétiser aujourd’hui en dévoilant une
politique gouvernementale résolument tournée vers l’avenir : la Politique du
Québec en matière de francophonie canadienne.
Je tiens à saluer le travail tenace du ministre responsable des Affaires
intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, M. Benoît
Pelletier, et de son équipe.
Je vous remercie, cher Benoît, pour avoir su mener à bon port cet important
dossier du gouvernement du Québec auprès de la francophonie canadienne.
Le lancement de ce nouvel énoncé de politique se réalise à un moment charnière
de la présence française sur notre continent et ailleurs dans le monde.
Tant le peuple québécois que le peuple acadien et les communautés francophones
d’ailleurs au Canada font preuve d’un grand dynamisme et d’une grande vitalité,
alimentant ainsi l’influence de la langue française dans tous les secteurs
d’activités.
Tous assurent une présence de plus en plus importante de la langue et des
cultures d’expression française dans le paysage canadien.
Ce dynamisme sur le plan social a trouvé son écho sur le plan institutionnel.
Sur notre territoire, le gouvernement du Québec est parvenu progressivement à
faire du français la langue publique commune dans toutes les sphères
d’activités, tout en préservant les acquis de la minorité anglophone.
Ailleurs au Canada, les communautés obtiennent un appui du gouvernement fédéral
et de leurs gouvernements provinciaux et territoriaux sur le plan de l’accès à
des services en français.
Ces derniers sont davantage sensibilisés au développement des communautés et à
leurs besoins.
On peut donc affirmer sans se tromper qu’en 2006 les droits linguistiques des
francophones québécois et de l’extérieur du Québec sont mieux protégés.
Par contre, le rayonnement à long terme du français demeure toujours un enjeux.
Nous savons que le nombre de francophones et de francophiles croît lentement au
pays, mais nous constatons aussi que le poids démographique des francophones est
en baisse.
Cela signifie qu’il ne faut jamais perdre de vue la nécessité d’agir de concert
avec nos concitoyens francophones du Canada, afin d’assurer un avenir en
français à nos enfants.
En adoptant la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne, mon
gouvernement passe de la parole aux actes en reconnaissant que la défense et la
promotion du fait français au Canada passent par des partenariats solides avec
les communautés francophones et acadiennes.
Il relève donc le défi que lui impose l’Histoire en y jouant un rôle déterminant
et rassembleur.
Cela annonce une ère de collaboration et de complicité sans précédent entre le
peuple québécois et les autres collectivités d’expression française au Canada.
Le Québec appuiera toujours la francophonie canadienne non seulement par son
leadership, mais parce qu’il se reconnaît une responsabilité dans la défense et
la promotion de tout ce qui permettra aux générations qui nous suivront de vivre
en français en Amérique.
C’est en français que s’incarnent notre identité, notre mémoire et notre avenir.
C’est également en français que s’expriment notre fierté, notre solidarité et
notre modernité.
Le gouvernement du Québec entend donc poursuivre ses efforts avec énergie et
détermination, afin d’appuyer le développement du fait français et le
rayonnement d’une francophonie canadienne riche de son passé, forte de ses gens
et confiante en l’avenir.
[Charest=20061109]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la présentation d’une motion soulignant le Jour du souvenir]
Monsieur le Président,
Cette année encore, nous effectuons notre devoir de mémoire.
Nous nous souvenons de ceux parmi les nôtres qui ont donné leur vie ou qui l’ont
risquée pour faire triompher la justice et la liberté et mettre en déroute la
tyrannie.
Je le dis chaque année : cette liberté que nous avons, cette liberté de parole,
cette liberté de mouvement, cette liberté d’entreprendre, ce n’est pas un cadeau
de l’histoire. Cette liberté, elle s’est gagnée dans le sang versé.
Nous ne devrons jamais l’oublier.
Ce Jour du souvenir revêt chaque année une importance plus grande. Parce que
chaque année, s’efface davantage la mémoire directe des grandes batailles
passées contre la tyrannie.
Nos enfants doivent savoir les sacrifices des parents de leurs parents à qui ils
doivent leur liberté d’aujourd’hui.
Au fil des ans et des guerres qui ont marqué l’histoire du monde moderne, pas
moins de 100 000 Canadiens, dont probablement le quart sont des Québécois, ont
donné leur vie pour que nous puissions mieux vivre la nôtre.
Au printemps 2004, je me suis rendu en Normandie. J’ai parcouru cette plage,
Juno Beach. Soixante plus tôt, 14 000 des nôtres, portant notamment les couleurs
des Fusiliers de Sherbrooke et du Régiment de La Chaudière, étaient débarqués,
au petit matin, le 6 juin 1944.
J’ai vu ces vagues, qui ont emporté bien des soldats avant même qu’ils ne
touchent la terre ferme.
Je me suis rendu au cimetière de Bény-Reviers. J’ai marché parmi les 2 049
tombes blanches de soldats canadiens.
Les noms qui y sont gravés sont des noms de chez nous. Et ceux qui y sont
enterrés sont presque des enfants. Plusieurs ont à peine 20 ans.
Quiconque parcourt ces allées est saisi par l’émotion, Monsieur le Président.
Cette année 2006 marque un autre anniversaire de l’effort de guerre de nos
compatriotes.
C’est la bataille de la Somme, peu après Verdun, peu avant Vimy.
À l’été et à l’automne 1916, il y a 90 ans, les Canadiens, aux côtés des
Britanniques et des Australiens, ont combattu les Allemands à Beaumont-Hamel et
à Courcelette.
Des soldats du Royal 22e régiment notamment, le 4e bataillon de Châteauguay et
le 6e bataillon de Saint-Hyacinthe. Également, des combattants des Voltigeurs de
Québec, des Fusiliers du Mont-Royal et du Régiment Maisonneuve.
Cette bataille de la Somme a duré quatre mois et demi. Elle a permis aux alliés
de repousser l’ennemi sur une distance de 10 kilomètres.
Peut-on imaginer qu’en si peu de temps, sur une si courte distance, plus de 600
000 hommes des deux camps ont été tués ou blessés, dont 24 000 Canadiens?
Cela défie l’entendement.
La bataille de la Somme aura contribué à forger la réputation de troupes de choc
des soldats canadiens.
La fin de semaine dernière, quatorze hommes et femmes qui ont marqué notre
histoire militaire ont été honorés lors du dévoilement de bustes de bronze
placés à proximité du Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa.
Parmi ceux-là :
Le comte Louis de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, qui a résisté
au siège britannique de Québec en 1690;
Pierre LeMoyne d’Iberville, qui a combattu les Anglais dans la Baie d’Hudson à
la même époque;
Et Charles-Michel d’Irrumberry de Salaberry qui a empêché les Américains de
s’emparer de Châteauguay en 1813.
L’histoire du monde, autant que notre propre histoire, est jalonnée de ces faits
d’armes, de ces actes héroïques, de victoires et aussi de défaites.
Ce que nous sommes aujourd’hui, nous le sommes devenus notamment à travers ces
batailles.
Nous devons reconnaissance et gratitude à ces héros d’hier.
Nous devons aussi reconnaissance et gratitude à nos héros d’aujourd’hui.
Alors que nous accomplissons notre devoir de mémoire, 74 militaires de la base
de Valcartier viennent d’arriver à Kandahar en Afghanistan.
53 d’entre eux seront affectés à la protection d’autres militaires qui
travaillent à la reconstruction de l’Afghanistan. Les 21 autres se dévoueront à
la formation de l’armée afghane.
Ils rejoignent 150 soldats de Valcartier qui y sont déjà depuis deux mois au
sein d’un contingent de plus de 2 000 soldats canadiens.
Au mois d’août prochain, 2 000 militaires de Valcartier iront relever le gros
des troupes canadiennes en Afghanistan.
Il s’agira du plus important déploiement de militaires québécois à l’étranger
depuis la 2e Guerre mondiale. Et la mission qui leur est confiée est la plus
dangereuse des missions internationales effectuées par les Canadiens depuis
1947.
Une quarantaine de militaires canadiens ont péri en Afghanistan depuis le début
de la mission. Les risques sont tels qu’il est à prévoir que certains des
militaires québécois déployés à Kandahar y seront tués ou blessés.
Le Canada a décidé de prolonger l’engagement de ses militaires en Afghanistan
jusqu’en 2009. Nos troupes représentent 12 % des militaires internationaux
déployés dans ce pays sous le commandement de l’OTAN.
Cette mission se déroule à la demande d’un gouvernement démocratiquement élu,
menacé par des insurgés déterminés qui avaient installé en Afghanistan le régime
le plus le plus cruel de l’histoire moderne.
Il y a un débat au Québec et au Canada sur la pertinence de l’engagement de nos
militaires en Afghanistan. Dans une société démocratique, ce débat est normal.
Toutefois, il n’appartient pas au gouvernement du Québec d’en sceller l’issue.
Mais il nous appartient, non seulement comme gouvernement, mais comme citoyens,
d’être fiers de ces hommes et de ces femmes de chez nous qui vont au devant du
danger pour défendre la liberté et la justice.
Nous vivons dans un monde tiraillé, propice aux braquages idéologiques et à
l’expression de haines ethniques ou religieuses. Les premières victimes sont
toujours les populations civiles, les femmes et les enfants.
On ne peut pas dire de ces guerres qu’elles sont les guerres des autres.
Les conflits qui ont lieu ailleurs ont des impacts chez nous. Ils ont un coût
financier et économique. Ils influencent notre sentiment de sécurité. Ils
compliquent les relations commerciales. Ils limitent notre capacité de voyager.
Ils viennent parfois même exacerber des tensions chez nous entre les Québécois
issus de différentes communautés culturelles.
Pensons seulement aux événements de l’été dernier qui ont ébranlé le Liban et
Israël.
Ce monde est aussi le nôtre et nous avons un rôle à y jouer.
Je crois à cette idée que nous sommes tous frères et sœurs sur cette planète et
que nous avons tous le droit à la sécurité, au respect, à la liberté et à la
justice.
Et les Québécois aussi croient cela, en très grande majorité. Nous sommes un
peuple pacifique.
Mais appeler la paix de nos vœux ne suffit pas toujours.
Il faut parfois, encore aujourd’hui, que des hommes et des femmes d’ici prennent
les armes pour que les armes des autres se taisent; pour que des enfants
d’ailleurs puissent grandir dans la même sécurité que les nôtres.
Depuis 1947, les militaires canadiens et québécois ont participé à 72 missions
internationales. Ces missions de maintien de la paix sont souvent devenues au
fil des ans des missions d’imposition de la paix.
Est-ce que nous devons, sous prétexte que le danger est plus grand, détourner
notre regard de la détresse du monde?
Des centaines de Québécois disent non. Et ils s’engagent sous les drapeaux pour
défendre la justice et la liberté au péril de leur vie.
En agissant ainsi, ils ne vont pas à l’encontre du pacifisme des Québécois. Ils
en sont au contraire le bras agissant.
Voilà pourquoi nous leur devons à eux aussi reconnaissance et gratitude.
[Charest=20061110]
[Allocution du premier ministre du Québec, Jean Charest, à l’occasion d’une annonce au Collège Dawson]
Monsieur le ministre Fortier,
Monsieur Jacques Chagnon,
Monsieur le directeur du collège, (Richard Filion),
Chers invités,
J’ai le privilège de venir vous annoncer une nouvelle importante pour votre
collège.
Avec un investissement de 3,2 millions de dollars de notre gouvernement, votre
établissement sera bientôt doté de locaux additionnels pour les programmes en
arts de la scène.
Et l’espace réservé aux activités étudiantes, l’Atrium, sera agrandi.
With the contribution of both levels of government and of Dawson College who is
contributing over 2 million dollars to this project, the total investment in
this project will be 10.5 million dollars.
With additional teaching facilities for the theatre arts programs, a new theatre
and the enlargement of the Atrium for student activities, this investment will
answer the need of the constantly increasing student population at Dawson
College.
This investment will contribute to reaffirm the key role that Québec has long
played on the international theatre scene.
Our theatre artists have exceptional skills and creativity that must be passed
on to the next generation.
Students in the Professional Theatre program at Dawson College are gifted with
the talent to carry on this tradition.
They will now be able to practice their art in their very own theatre, on the
Dawson campus, and in an environment tailored to their needs.
La jeunesse est notre bien le plus précieux.
Le gouvernement du Québec met tout en œuvre pour que notre jeunesse ait accès à
une formation de qualité, une formation qui permet à chacun de développer son
plein potentiel et de mener une vie personnelle et professionnelle stimulante.
Les améliorations qui seront apportées au Collège Dawson profiteront non
seulement aux élèves en interprétation théâtrale, mais également à toute la
communauté étudiante.
Nous souhaitons ainsi en faire un milieu de vie et un milieu d’études stimulant,
tant pour les élèves que pour leurs enseignants.
Our youth is our most valuable asset.
The government of Québec has just set aside 301 million dollars under a
three-year plan. This plan involves the funding of new extension and
construction projects and the purchase of equipment for school boards, colleges
and universities.
Our government is making every effort to provide young people with quality
education and modern infrastructure that will allow each and every one of them
to develop their potential and lead a rewarding personal and professional life.
Il y a un peu plus de deux mois, cette école a été le lieu d’une terrible
tragédie qui a affligé tout le Québec.
En reprenant rapidement ses activités régulières, toute la communauté du Collège
Dawson a fait montre de courage.
Aujourd’hui, nous investissons ensemble dans cette institution.
Non pas pour oublier ce qui s’est passé, mais pour affirmer notre foi en
l’avenir.
Merci.
[Charest=20061116a]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du Sommet de l’économie sociale et solidaire]
Monsieur Patrick Duguay, président du comité organisateur du Sommet de
l’économie sociale et solidaire;
Madame Nancy Neamtan, présidente-directrice générale du Chantier de l’économie
sociale et porte-parole du Sommet;
Madame Laure Waridel, présidente et cofondatrice d’Équiterre et porte-parole du
Sommet;
Monsieur Clément Guimond, coordonnateur général de la Caisse d’économie sociale
Desjardins et porte-parole du Sommet;
Je veux également saluer la présence des délégués d’une vingtaine de pays de
tous les continents, présence qui témoigne de la portée et de l’importance de ce
sommet.
Je suis très heureux de m’adresser à vous ce matin et de vous souhaiter la
bienvenue au Québec et dans la grande région de Montréal à l’occasion de votre
participation au Sommet de l’économie sociale et solidaire.
C’est pour moi un plaisir de participer à l’ouverture des travaux du Sommet. Cet
évènement permettra à tous les partenaires de l’économie sociale de jeter un
regard sur les progrès réalisés depuis 10 ans.
Mais surtout, de définir ensemble les défis à relever au cours des prochaines
années. Le dynamisme et la vigueur de l’économie sociale au Québec sont bien
réels.
L’économie sociale fait partie d’une longue tradition au Québec. On a qu’à
penser à l’importance qu’a eu le Mouvement coopératif Desjardins dans le
développement du Québec et de ses régions.
On a qu’à penser aussi aux coopératives agricoles. Aujourd’hui, les entreprises
collectives sont présentes dans de nombreux secteurs de notre vie économique et
sociale.
En fait, l’apport des entreprises collectives au développement économique,
social et culturel est devenu incontournable. Le bilan que vient de brosser
madame Laure Waridel à cet effet est éloquent.
Il existe plus 6 500 entreprises collectives au Québec. En excluant les grandes
coopératives financières et agricoles, elles réalisent un chiffre d’affaires de
4,3 milliards de dollars.
Cependant, les entreprises de l’économie sociale sont confrontées à des
difficultés d’accès au capital pour leur démarrage et leur croissance.
L’État a un rôle important à jouer pour faciliter l’accès à du financement. Le
Chantier de l’économie sociale a lancé un projet de fiducie visant à améliorer
l’accès à du financement pour les entreprises de l’économie sociale dans les
divers secteurs d’intervention et dans toutes les régions du Québec.
La Fiducie a été créée le 30 mai dernier. Je suis heureux de confirmer que cette
semaine le mandat a été accordé à Investissement Québec de verser une
contribution de 10 millions de dollars sur 5 ans pour la création, avec nos
partenaires, d’un fonds d’investissement de 58 millions de dollars destinés aux
entreprises de l’économie sociale.
Je tiens à souligner la participation de nos partenaires au financement de la
Fiducie, soit le Fonds de solidarité du Québec (FTQ), le Fondaction (CSN) et le
gouvernement fédéral.
Au cours des dernières années, le gouvernement du Québec a donné aux entreprises
d’économie sociale un accès aux mêmes mesures de financement et aux mêmes
programmes d’aide que les autres entreprises.
Les CLD et Investissement Québec sont aussi des acteurs de premier plan en
matière d’appui financier aux entreprises d’économie sociale. Les CLD appuient
en moyenne près de 540 entreprises collectives par année dans toutes les régions
du Québec.
Depuis 2004, nous avons notamment investi plus de 14 millions de dollars dans
101 entreprises d’aide domestique qui procurent 6000 emplois. Ces entreprises
procurent plus que des emplois. Elles procurent des services notamment pour le
mieux-être des personnes âgées en perte d’autonomie qui désirent demeurer dans
le confort de leur résidence.
L’environnement est une grande préoccupation pour le Chantier de l’économie
sociale. En matière d’environnement, les entreprises collectives jouent
également un rôle de premier plan.
Mon gouvernement s’est engagé à verser une contribution de plus de 5,6 millions
de dollars sur 4 ans, soit de 2005-2006 à 2008-2009, à l’égard de projets
d’économie sociale en matière d’environnement, notamment pour les ressourceries.
L’économie sociale, c’est aussi les entreprises adaptées qui permettent aux
personnes handicapées de participer pleinement à la société québécoise et de
s’accomplir. Cette année, c’est 48,5 millions de dollars qui seront versés à des
entreprises adaptées.
L’économie sociale fait maintenant partie intégrante de diverses stratégies de
développement sur le plan local et régional.
J’ai récemment confié la responsabilité de l’économie sociale au ministre du
Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, monsieur Raymond
Bachand. Vous aurez l’occasion de l’entendre plus longuement à ce sujet au cours
du Sommet.
Ce choix s’appuie sur des raisons bien simples : il est important que l’économie
sociale puisse bénéficier d’un ministère porteur. Cependant, je crois qu’il faut
maintenant aller encore plus loin.
Le secteur de l’économie sociale peut contribuer aux différentes politiques
gouvernementales.
Par exemple, parce qu’elles sont bien implantées dans toutes les régions du
Québec, les entreprises collectives auront un rôle à jouer dans l’implantation
de la politique de la ruralité que mon gouvernement dévoilera prochainement.
En terminant, je veux saluer le travail de tous ceux qui ont contribué à la
préparation de ce Sommet de l’économie sociale et solidaire. Le Québec s’est
taillé une réputation hors pair sur la scène internationale en matière de
développement de l’économie sociale.
Je souhaite que cette expertise puisse être le plus grandement partagée avec nos
partenaires étrangers.
La tenue de ce Sommet y contribuera assurément.
Bon Sommet !
[Charest=20061116b]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du déjeuner-gala de remise des Grands Prix québécois de la qualité 2006]
Madame Gisèle Desrochers, coprésidente du Conseil des gouverneurs du Mouvement
québécois de la qualité,
Monsieur Rock Dubé, président du conseil d’administration du Mouvement québécois
de la qualité,
Monsieur Bruno-Marie Béchard, président du jury des Grands Prix québécois de la
qualité,
Cher collègue, Raymond Bachand, ministre du Développement économique, de
l’Innovation et de l’Exportation,
Membres du Conseil des gouverneurs,
Distingués invités,
C’est avec grand plaisir que je prends part aujourd’hui à la cérémonie de remise
des Grands Prix québécois de la qualité.
Les Grands Prix québécois de la qualité célèbrent leur huitième année
d’existence. Au fil des ans, ils ont acquis une grande crédibilité, autant dans
le milieu des affaires québécois que sur le plan international.
En reconnaissant les entreprises exemplaires de notre société, le gouvernement
du Québec souhaite en inciter d’autres à emboîter le pas sur la voie de
l’excellence.
Pour survivre et se développer, les entreprises doivent innover dans tous les
aspects de leur organisation, que ce soit dans leur gestion, leurs produits et
services, et même, dans leur modèle d’affaires.
L’innovation est un moyen privilégié pour atteindre ses objectifs stratégiques,
améliorer sa compétitivité et se différencier.
Investir dans l’innovation, c’est investir dans l’avenir.
L’amélioration continue et l’innovation sont des priorités pour le gouvernement
du Québec.
Dans le but de demeurer compétitives, les entreprises québécoises doivent être
proactives. Vous devez, et devrez, constamment vous transformer pour vous
adapter aux nouvelles conditions du marché et aux contextes économiques
changeants.
La Stratégie que prépare actuellement le gouvernement du Québec en matière de
recherche et d’innovation veillera, par diverses mesures :
à mieux soutenir les entreprises déjà actives en R-D et à en accroître le
bassin;
ainsi qu’à mieux accompagner les projets d’innovation et d’adaptation
technologiques.
La nouvelle stratégie fera donc de la valorisation de la recherche et de
l’innovation ses objectifs principaux.
Il est essentiel de maximiser les retombées des investissements consentis par le
Québec en matière de R-D.
La Stratégie proposera aussi des mesures qui appuieront la valorisation des
résultats de la recherche et le transfert de l’innovation afin de :
faire du Québec un lieu reconnu pour l’excellence de sa recherche;
mieux soutenir la recherche industrielle et les entreprises innovantes;
compléter et renforcer les mécanismes de valorisation et de transfert de
connaissances.
Le déploiement de stratégies contribuera à mieux préparer le Québec pour
affronter les nombreux défis que nous aurons à relever.
Outre l’innovation, abordée par mon collègue Raymond Bachand, nous retrouvons,
entre autres, la relève entrepreneuriale et l’intégration de la diversité
culturelle.
Par exemple, le Défi de l’entrepreneuriat jeunesse a pour objectif d’établir une
solide culture entrepreneuriale auprès des jeunes dans toutes les régions du
Québec.
Ce programme connaît un grand succès. C’est pourquoi, en mars dernier, j’ai eu
le plaisir d’annoncer son prolongement jusqu’en 2009, dans le cadre de la
nouvelle Stratégie d’action jeunesse.
Cela représente des investissements supplémentaires de 17 M$, pour un total de
110 millions de dollars.
Dans le cadre du Défi, le Mouvement québécois de la qualité a élaboré et
présenté une centaine de sessions de formation visant l’amélioration des
habiletés de gestion des jeunes entrepreneurs.
Quelque 1 200 jeunes entrepreneurs, qui figureront sans doute parmi les lauréats
de demain, ont bénéficié de ces sessions.
Je vous encourage à poursuivre vos efforts en vue de favoriser l’émergence d’une
relève entrepreneuriale dynamique, créative et compétente.
Par ailleurs, la diversité culturelle de la population sera une réalité de plus
en plus présente dans le marché du travail.
L’accueil et l’intégration réussis des nouveaux arrivants sont des
responsabilités qui doivent être partagées par l’ensemble des intervenants de la
société d’accueil. Il y va de l’essor économique, social et culturel du Québec.
Parce que nous participons déjà à la mondialisation et que nous interagissons
avec bon nombre de pays, il est à notre avantage de compter sur cette diversité
de compétences pour créer, pour innover.
Il faut y voir la possibilité réelle de mettre à profit des expériences, des
points de vue et des façons de faire qui favorisent l’atteinte de nos objectifs
d’affaires.
Dans une perspective de développement durable, le Québec doit s’assurer de la
meilleure utilisation de l’ensemble des ressources qui sont disponibles,
incluant les ressources humaines.
En terminant, je félicite les organisations qui participent à ce déjeuner-gala
et au Salon sur les meilleures pratiques d’affaires.
Votre participation confirme votre volonté de devenir meilleur. C’est en
cherchant continuellement à nous dépasser que nous pourrons assurer notre
prospérité.
Je tiens également à souligner l’excellent travail du Mouvement québécois de la
qualité et de toutes les personnes qui ont pris part à l’organisation de cet
événement.
PRÉSENTATION DU LAURÉAT
C’est avec plaisir que je vais maintenant vous dévoiler l’entreprise lauréate
d’un Grand Prix québécois de la qualité 2006.
Dans la catégorie grande entreprise de services, un Grand Prix est accordé à une
organisation qui n’a cessé de progresser sur la route de la performance.
Son succès repose principalement sur la satisfaction simultanée des clients, des
investisseurs et des employés.
Cette entreprise a consacré des efforts considérables à l’entretien d’un réseau
considéré comme l’un des plus sécuritaires en Amérique du Nord.
La démarche-qualité s’est institutionnalisée en 1999, avec l’implantation d’un
programme d’excellence.
Ce programme a permis de mettre en place des outils visant à développer et à
maintenir une culture d’excellence.
À cette démarche se sont greffées une vision sociale, une vision commerçante et
une vision environnementaliste, soutenues par une certification ISO 14001.
Cette entreprise se distingue entre autres :
Par un leadership qui communique efficacement les orientations de
l’organisation aux employés et aux propriétaires à l’aide d’un tableau de bord
intégré;
Par un processus de planification stratégique suscitant la participation de
tous les intervenants;
Par des programmes de formation continue et par un solide partenariat
patronal-syndical;
Et par l’amélioration constante des taux de satisfaction de la clientèle et de
réduction des délais.
Mesdames et messieurs, pour souligner l’excellence de la démarche d’amélioration
continue de la gestion de cette entreprise, c’est avec plaisir que je remets un
Grand Prix québécois de la qualité à Gaz Métro.
Pour recevoir le Grand Prix, catégorie Grande entreprise de services, j’invite
M. Robert Tessier, président et chef de la direction à venir me rejoindre sur
scène.
[Charest=20061117]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion d’une annonce concernant l’Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke]
Madame la présidente du conseil d’administration, (Diane Gingras)
Monsieur le directeur général, (Denis Lalumière)
Madame la représentante du comité des résidents, (Solange Ouellette)
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux d’être des vôtres aujourd’hui pour vous confirmer que la vaste
réorganisation de l’offre de service de l’Institut universitaire de gériatrie de
Sherbrooke franchit aujourd’hui une nouvelle étape.
D’entrée de jeu, je tiens à rappeler la vocation à peu près unique de l’Institut
au Québec.
En effet, on y trouve à la fois de l’hébergement de longue durée, des services
de courte durée gériatrique et de géronto-psychiatrie, ainsi que de la
réadaptation fonctionnelle intensive.
Tout cela se déploie dans un contexte universitaire, en vertu d’une affiliation
très productive avec l’Université de Sherbrooke.
Il s’agit là d’un exemple probant d’utilisation judicieuse des ressources et
d’organisation intégrée des services.
À l’Institut, les activités d’enseignement et de recherche sont donc
omniprésentes, notamment dans le cadre des travaux menés au Centre de recherche
sur le vieillissement.
Tout cela est propice au développement, à la transmission et au transfert des
connaissances, dans le contexte démographique que nous connaissons tous.
En outre, l’Institut joue évidemment un rôle communautaire de premier plan à
Sherbrooke et en Estrie, et je rappelle à cet effet qu’il est maintenant
regroupé avec le Centre de santé et de services sociaux.
Cela dit, je vous confirme aujourd’hui avec beaucoup de fierté le feu vert de
mon gouvernement à l’agrandissement et au réaménagement du Pavillon d’Youville.
Il s’agit d’un projet de 3,9 millions de dollars.
Il faut comprendre que ce volet est indissociable de l’agrandissement qui est en
cours au Pavillon Argyll.
Dans ce cas, on parle d’un investissement de 20 millions et demi de dollars,
comme je l’ai annoncé en mars 2005, en compagnie de la ministre Monique
Gagnon-Tremblay.
Vous connaissez comme moi la situation qui prévaut au Pavillon D’Youville.
Pour résumer, je dirai qu’on y constate deux grands types de problèmes.
D’une part, le Pavillon accueille actuellement beaucoup trop de personnes
hébergées pour la superficie disponible.
D’autre part, l’aménagement des lieux n’est pas fonctionnel, surtout si on
tient compte des normes qui s’appliquent aujourd’hui dans le domaine des soins
de longue durée.
Par exemple, 40 % des chambres comptent trois lits et plus, et la moitié des
chambres ne sont pas dotées d’une salle de toilette.
La réponse de mon gouvernement est, elle aussi, à double volet.
Elle consiste à la fois à déplacer à peu près la moitié des résidents vers le
Pavillon Argyll agrandi (comme je le rappelais il y a un instant), et à
moderniser de fond en comble le Pavillon d’Youville.
De cette façon, les 144 résidents qui y seront maintenus profiteront, comme il
se doit, d’un milieu de vie optimal.
En longue durée, je vous confirme que deux unités de 72 lits seront aménagées,
au niveau 2 et au niveau 4 du Pavillon d’Youville.
Cela nous fournira l’occasion d’éliminer toutes les salles de plus de deux lits.
D’autre part, l’hôpital de jour sera agrandi.
Quant à l’unité de réadaptation fonctionnelle intensive, elle sera réaménagée en
fonction d’un regroupement optimal des activités cliniques.
L’environnement offert aux services professionnels s’en trouvera nettement
amélioré, notamment en psychologie, en orthophonie et en travail social.
Tout cela se traduira par un milieu de travail plus convivial, plus fonctionnel
et plus stimulant pour le personnel, et par un environnement de soins plus
adéquat pour les personnes desservies par l’Institut.
En tout, les travaux que je viens de vous présenter comportent un agrandissement
de plus de 1 300 mètres carrés, ainsi que le réaménagement de locaux existants
d’un superficie d’environ 1 555 mètres carrés.
Le financement du projet sera assuré par mon gouvernement à hauteur de 3 611 000
$.
Le solde de 329 000 sera fourni par l’établissement lui-même.
Comme c’est toujours le cas, les sommes affectées à l’équipement médical
spécialisé et à l’ameublement seront annoncées vers la fin des travaux.
Sans présumer d’analyses et de décisions qui restent à venir, on peut présumer,
par comparaison avec des projets similaires, que ça pourrait ajouter un bon
demi-million de dollars à la valeur finale du projet.
En terminant, je tiens à rendre hommage à ceux et celles qui ont mis l’épaule à
la roue pour que ce projet puisse cheminer… et surtout aboutir.
Bonne chance à l’équipe de l’Institut pour la suite des choses, merci de votre
attention, et au plaisir de vous revoir… sans doute pour l’inauguration des deux
pavillons.
[Charest=20061130]
[Déclaration du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion du débat à l’Assemblée nationale sur la reconnaissance de la nation québécoise au sein du Canada par la Chambre des communes]
Monsieur le Président.
D’emblée, je veux – parce que ça a exigé un certain effort de part et d’autre;
je veux – remercier les chefs des deux autres formations politiques à
l’Assemblée nationale pour les discussions et pour cette motion que nous
présentons à l’Assemblée nationale aujourd’hui.
Nous sommes donc réunis pour débattre d’une question qui fait depuis longtemps
consensus au Québec: toute la question de la nation québécoise. La dernière fois
que nous avions débattu cette question, c’était le 30 octobre 2003. Nous, les
membres de cette Assemblée, avions alors, unanimement et avec force, réitéré
notre conviction profonde que le peuple québécois forme une nation.
Aujourd’hui, nous recevons une motion de la Chambre des communes, c’est donc un
contexte différent, et nous allons souligner l’adoption de cette motion de la
Chambre reconnaissant la nation québécoise au sein d’un Canada uni.
À mes yeux et aux yeux des membres de mon gouvernement, cette motion présentée
par le premier ministre du Canada, M. Stephen Harper, constitue un geste de
respect et d’ouverture important à l’endroit du Québec qui doit être salué. Et
j’irais plus loin, M. le Président, je veux également saluer le courage du
premier ministre Harper d’avoir accepté, d’avoir repris cette motion présentée
par le Bloc québécois à la Chambre des communes. C’est un geste important, un
geste positif, M. le Président. Que la motion ait été appuyée en plus par tous
les chefs des partis présentés à la Chambre des communes et adoptée par une
forte majorité, c’est en soi un signal très important.
Nous considérons ce geste de la Chambre comme étant une avancée importante. Elle
s’inscrit dans cette vision d’un fédéralisme canadien ouvert et accueillant de
l’identité du Québec que nous préconisons depuis notre arrivée au gouvernement
en 2003.
M. le Président, après l’entente sur la santé du mois de septembre 2004 et la
reconnaissance du fédéralisme asymétrique en 2004, après le rapatriement de
notre compétence en matière de congés parentaux, en 2005, et de l’autonomie
fiscale qui l’accompagne, après la reconnaissance du rôle spécifique du Québec
sur la scène internationale et l’accord qui l’accompagne, qui lui permet de
parler de sa propre voix à l’UNESCO, en 2006, et après des ententes de plus de
14 milliards de dollars sur une période de six ans que nous avons conclues, nous
voyons en plus, dans cette motion de la Chambre des communes, un signal très
important de l’évolution du système fédéral canadien.
Cette reconnaissance de la nation québécoise vient enrichir et renforcer encore
davantage ce fédéralisme canadien et la place du Québec en son sein. En fait,
cette reconnaissance s’inspire de l’esprit qui a présidé la naissance de la
fédération canadienne, en 1867. Il faut se rappeler que la création des
fédérations à travers le monde a souvent été justifiée par la présence, sur un
même territoire, de groupes ou de sociétés en provenance de différentes cultures
qui cherchaient à s’unir tout en préservant les traits fondamentaux de leur
personnalité collective, et le Canada ne fait pas exception à la règle.
D’ailleurs, le geste que nous saluons aujourd’hui retourne très loin dans notre
histoire, M. le Président.
Pour en comprendre le sens et la portée, il faut retourner à l’Acte de Québec,
en 1774, un geste extrêmement important pour la suite des choses, parce qu’à ce
moment-là le Québec était évidemment contrôlé par la couronne britannique, et le
gouvernement britannique, en 1774, avait réalisé une chose : que la possibilité
qu’il puisse contrôler ce territoire était conditionnelle à la reconnaissance
des francophones qui habitaient ce territoire.
Par l’Acte de Québec, ils ont choisi de reconnaître la religion catholique,
synonyme de langue à l’époque, notre système de droit civil, M. le Président.
Ils ont choisi également de changer ce qu’on appelait autrefois le serment qui
permettait d’avoir accès à la fonction publique, ce serment qui limitait l’accès
aux seuls protestants. L’Acte de Québec, M. le Président, c’est le geste le plus
significatif, à mes yeux, de notre histoire.
Et l’Acte de Québec, ça a été suivi par l’Acte de 1791 qui créait le Haut et le
Bas-Canada, suivi, M. le Président, par la rébellion, la rébellion des Patriotes
qui était fondée sur quoi? Sur la volonté qu’avait le peuple d’avoir son propre
gouvernement, sur le concept de gouvernement responsable, et rappelons-nous que
cette rébellion s’est faite à la fois chez nous dans ce qu’on appelait autrefois
le Bas-Canada, mais également ce qui, aujourd’hui, représente l’Ontario, dans le
Haut-Canada.
Historiquement, la rébellion ne cherchait pas à créer l’indépendance. C’était en
fait une volonté commune, une mission commune à la fois de ceux qui parlaient
anglais, français, d’Écossais et d’Irlandais aussi, incluant des Irlandais qui
en ont payé de leur vie, pour que nous puissions avoir sur notre territoire un
gouvernement responsable.
L’Acte d’Union de 1840, qui unissait les deux Parlements, qui plaçait les
Québécois en minorité dans ce Parlement alors que nous étions en majorité sur le
plan de la population, a été un échec. L’échec de 1840 a mené à de longues
négociations et tractations sur la création de ce qui deviendra le Canada, en
1867. Et là encore on retourne à 1774, à nos racines, au fondement de ce que ce
partenariat représente, pour nous, Québécois, avec le reste du Canada, pour
finalement faire un compromis entre ceux comme Sir John A. Macdonald, le premier
des premiers ministres du Canada, né en Écosse, qui voulait un pays unitaire, et
ceux de l’autre côté, comme Sir George-Étienne Cartier, Taché, Brown qui
voulaient, eux, une fédération. Eh bien, Macdonald accepte ce compromis
historique. Et pourquoi il l’accepte? Parce qu’il faut se rappeler, aujourd’hui,
nous, Québécois, parlementaires et à tous les Canadiens, n’eût été de ce
compromis, le Canada, comme pays, n’aurait jamais existé. Et le geste qu’a posé
la Chambre des communes, lundi cette semaine, nous permet de retourner à cet
acte de fondation qui est justement incontournable pour l’avenir du Canada.
M. le Président, j’aimerais partager avec vous une citation qui, à mes yeux à
moi, est une des citations, une des phrases les plus importantes qu’ait
prononcées un leader politique canadien. Cette phrase a été écrite, il y a 150
ans cette année, en 1856. C’est Sir John A. Macdonald qui écrit à un journaliste
du Montreal Gazette, Brown Chamberlin. Il explique, entre autres, pourquoi on
est arrivés à ce compromis, et il dit ceci, en parlant de ce qu’on appelait, à
ce moment-là, les Canadiens-français: «Si on les traite comme une nation, ils se
comporteront, tout comme font les gens libres généralement, soit généreusement.»
Il continue en disant: «Les traiter comme une faction et ils deviendront
factieux», un mot qui n’est pas très élégant.
Mais, en anglais, il disait ceci, and I’d like to take a second, Mr. Speaker, to
speak to not only Quebeckers, but to all Canadians, to remind them that what the
House of Commons did, last Monday, is what Sir John A. Macdonald invited them to
do 150 years ago. The long hand of history reached back, as Sir John A.
Macdonald said, 150 years ago, about French Canadians now Quebeckers, he said
this: «Treat them as a nation and they will act as a free people generally do,
generously. Treat them as a faction and they become factious.»
If Sir John A. Macdonald was able, 150 years ago, before the creation of this
country called Canada, to recognize that this country would only be possible at
the condition that we recognize, that we respect and acknowledge each other,
well, the House of Commons and its leaders were right, 150 years after, to say
to Sir John A. Macdonald: We celebrate the spirit of your invitation and, as we
do, we celebrate Canada itself.
M. le Président, le Canada n’aurait pas existé comme pays si on avait nié puis
si on avait absorbé l’identité québécoise, si on lui avait refusé son autonomie.
Et, à chaque fois qu’un gouvernement fédéral a été tenté par des visées
centralisatrices, ils ont toujours trouvé sur leur chemin les Québécois qui ont
su se défendre et résister. J’invite, aujourd’hui, les leaders de partout au
Canada, qu’ils soient dans les milieux politique, journalistique, académique,
juridique, de s’inspirer davantage de cet esprit de respect, d’ouverture, de
pragmatisme, d’innovation, de partage et de collaboration qui définit le système
fédéral canadien.
Pour le Parti libéral du Québec, le Québec constitue aussi, par sa majorité de
langue francophone, sa culture, son histoire, son territoire, sa tradition
civiliste et ses institutions, une nation au sens politique et sociologique du
terme. Cette nation québécoise fait partie d’un grand et riche pays, le Canada,
au sein duquel peut s’épanouir son génie.
Pour le Parti libéral du Québec, la nation québécoise se veut également moderne,
elle est rassembleuse, elle est inclusive. J’ai eu l’occasion de le dire en 2000
– j’étais invité au lancement du collectif Penser la nation québécoise – et, M.
le Président, je n’ai pas changé d’idée depuis ce temps.
Cette nation, elle est pluraliste, elle inclut tous les individus qui habitent
son territoire et qui s’identifient à cette nation. Bien que la majorité des
membres de cette nation soient francophones, la nation québécoise est aussi
constituée de milliers d’hommes et de femmes en provenance de divers horizons,
sans égard à leur lieu de naissance, à leur origine ethnoculturelle. La nation
québécoise accueille avec joie et avec fierté les Québécois qui sont d’origine
anglophone, d’origine autochtone et de toutes les cultures.
La nation québécoise n’est pas non plus en contradiction avec la nation
canadienne. L’identité, il faut le dire, d’un individu, c’est parfois complexe.
Mais c’est une richesse. Et, quand on se dit libéral dans le sens plénier du
terme, on ne demande pas aux gens d’exclure un aspect de leur identité qu’ils
jugent fondamental au profit d’un autre. On a fait des débats récemment sur
d’autres sujets, on ne demande pas à l’autre de s’effacer devant nous.
M. le Président, les Québécois ont insisté et aujourd’hui ils sont reconnus pour
ce qu’ils sont et pour ce qu’ils ont toujours été: une nation.
[Charest=20070111]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, prononcée à l’occasion de l’annonce de la mise en chantier de la centrale Eastmain 1-A / La Sarcelle / Dérivation Rupert]
Mesdames, Messieurs,
Je veux tout d’abord saluer Thierry Vandal, qui nous accueille aujourd’hui, de
même que Gérald Lemoyne et mes collègues de l’Assemblée nationale qui sont avec
nous : Claude Béchard, Pierre Corbeil, Geoffrey Kelley, Françoise Gauthier et
Michel Létourneau.
Je veux également saluer les maires qui sont avec nous aujourd’hui : Jean
Tremblay, le maire de Saguenay; Denis Lebel, le maire de Roberval; Jean-Maurice
Matte, le maire de Senneterre; Ulric Chérubin, le maire d’Amos; René Dubé, le
maire de Matagami; Don Bubar, le maire de Chibougamau, et Jacques Bérubé, le
maire de Chapais.
Je veux saluer également les chefs de la région qui sont avec nous et qui sont
directement touchés. Il y a Lloyd Mayappo, Sam Bosom, John Longchap, Abraham
Rupert. Je veux également saluer Ted Moses, l’ancien grand chef des Cris. Je
veux aussi saluer William McLeod, qui est président de Cri Construction.
J’ai voulu nommer tout le monde parce que je pense que Gérald Lemoyne a bien
décrit cette région, qui est vaste, qui est très grande, qui n’est pas beaucoup
habitée. Mais les acteurs et les leaders qui habitent les régions plus nordiques
du Québec jouent un rôle extrêmement important dans leur développement. Ils ont
de très lourdes responsabilités, et je profite de l’occasion pour reconnaître
ces responsabilités.
Finalement, je veux aussi saluer le grand chef Matthew Mukash qui, il y a
quelques minutes, a présenté quelques remarques sur lesquelles je veux revenir,
parce que la communauté crie, dans cette annonce, joue un rôle extrêmement
important pour la suite des choses.
La première chose que j’aimerais rappeler, c’est à quel point l’annonce
d’aujourd’hui est la synthèse de plusieurs choses qui relèvent de notre
développement, de la création de richesses et de l’histoire du Québec.
Évidemment, l’hydroélectricité et Hydro-Québec, c’est notre histoire; c’est
presque devenu identitaire chez nous. Ça remonte à Adélard Godbout. C’est
également Jean Lesage, c’est la nationalisation, c’est l’histoire de René
Lévesque, c’est l’histoire de Robert Bourassa. C’est le grand débat qui a été
fait au début des années 1970, rappelons-nous, entre le nucléaire et
l’hydroélectricité.
C’est utile de le rappeler aujourd’hui, parce que c’est un débat qui revient.
Vous avez peut-être remarqué, hier, que la communauté européenne proposait une
nouvelle politique énergétique pour la communauté qui ramenait en quelque sorte
le développement du nucléaire. Tout ça s’inscrit dans le contexte de la grande
question à laquelle fait face l’humanité sur l’accroissement des gaz à effet de
serre.
Tout cela nous ramène à la période de développement de la Baie James et à ce qui
a suivi, tout le débat qui a toujours été d’actualité au Québec, celui sur
l’hydroélectricité et l’énergie comme outils de développement. Il en ressort de
très grands consensus. D’abord, chez nous, l’hydroélectricité, c’est devenu un
outil de développement économique pour les Québécois. C’est un outil que nous
utilisons avec beaucoup d’à-propos. Quand nous sommes à l’extérieur du Québec et
que nous voulons attirer des investissements chez nous, spontanément, nous
parlons de cet outil de développement. Nous sommes le quatrième plus important
producteur au monde. Nous sommes chanceux, en quelque sorte, d’être les
héritiers de cette ressource extraordinaire. Ça nous donne un avantage
comparatif sur nos voisins. Ça nous permet de faire du développement.
Mais le développement ne se fait pas, aujourd’hui, à n’importe quel prix. Nous
avons beaucoup appris de ce que nous avons fait dans le passé. J’ai été témoin,
comme vous, de plusieurs grands débats. C’était la Baie James et la Convention
de la Baie James; cette convention, d’ailleurs, nous en sommes très fiers. Elle
est, il faut le dire, imparfaite; elle est, oui, très complexe. Mais elle
reflète l’importance de la relation que nous avons avec les Cris et les Inuits.
Cette convention, qui a maintenant 31 ans, est souvent citée en exemple comme
étant un des traités modernes les plus détaillés, les plus avant-gardistes. Mais
le grand chef Matthew Mukash vient de nous dire que, sur papier, la Convention
de la Baie James et du Nord québécois avait beaucoup de mérite, mais qu’en
pratique elle n’a pas toujours été suivie, et il faut reconnaître que cela est
vrai. La Paix des braves a permis à la fois aux Québécois et aux Cris de
renouveler, en quelque sorte, cette relation et d’actualiser un engagement que
nous avions pris en 1975. Il y a beaucoup de chemin qui a été parcouru depuis ce
temps-là, y compris l’annonce que le grand chef Matthew Mukash et nous avons
faite hier à Wemendji. Une entente qui se réfère spécifiquement à deux chapitres
de la Convention de la Baie James, les chapitres 18 et 19, qui datent de 1975,
mais qui, 31 ans plus tard, n’avaient pas été mis en œuvre. C’est donc dire à
quel point les intentions étaient bonnes, mais que les actions n’ont pas
toujours suivi.
Nous avons donc, depuis quelques années, investi beaucoup d’énergie et de temps
à renouveler cette relation, à lui donner un sens réel, un sens qui nous
permette de développer ensemble. Parce qu’il faut retenir que, pour l’avenir, si
nous voulons faire des projets comme Eastmain-1-A–Rupert, nous devons faire ce
développement ensemble. Nous ne pouvons pas exiger ou même attendre l’unanimité
des communautés. Mais nous devons, de nation à nation, avoir la lucidité et la
volonté de maintenir cette relation, de travailler et de faire en sorte que les
projets soient respectueux des processus d’évaluation environnementale, de ce
principe de développement durable qui nous est si cher, à nous, Québécois, mais
également du développement du Québec en général et du développement des
communautés cries.
D’ailleurs, avec un peu de recul, si on prend la peine de comparer le
développement des communautés cries avec le développement d’autres communautés,
d’autres premières nations, au Québec ou à l’extérieur, je pense qu’on peut
voir, dans cette histoire, un exemple de leadership, un exemple de développement
– qui est loin d’être fini, mais qui permet à la communauté crie de progresser,
de prendre la place qui lui revient.
L’annonce d’aujourd’hui rejoint trois grandes politiques qui ont été rendues
publiques en 2006. D’abord, la politique de développement durable du
gouvernement : la politique de réduction de gaz à effet de serre, parce que
chaque fois qu’on en parle, au Québec, nous nous vantons du fait que, chez nous,
nous produisons la moitié de ce que produisent les autres Canadiens sur une base
individuelle. Mais il y a une raison à ça : c’est que nous avons fait un choix,
en 1970, ce choix que nous confirmons de nouveau aujourd’hui par ce projet de 5
milliards de dollars. Ce n’est pas un choix parfait. C’est Gérald Lemoyne qui
vous disait, il y a quelques minutes : « Il n’y a pas un geste, il n’y a pas une
action posée par l’Homme sur la planète qui n’ait pas une conséquence sur
l’environnement. » La question n’est pas de savoir s’il existe un projet parfait
quelque part, il n’y en a pas, il n’y a pas de choix parfait. Mais nous devons,
dans la mesure où nous en sommes capables, faire le meilleur choix possible pour
l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants.
L’hydroélectricité nous permet justement de produire de l’énergie propre, de
l’énergie renouvelable pour notre propre marché, pour notre propre
développement, et aussi de créer de la richesse, du développement économique en
exportant de l’énergie. En ce sens, l’annonce d’aujourd’hui rejoint une annonce
que nous avions faite avec le gouvernement de l’Ontario pour une interconnexion
entre l’Ontario et le Québec.
Tout ça est en droite ligne avec la politique énergétique – c’est la troisième
grande politique annoncée en 2006; une politique énergétique qui était fort
attendue, complète, qui exprime cette vision du développement que nous avons
pour le Québec. Eastmain-1-A–Rupert rejoint parfaitement cette volonté qu’ont
les Québécois d’être maîtres de leur développement, de créer de la richesse, de
le faire en respectant le principe de développement durable avec les communautés
nordiques, que ce soient les Jamésiens qui vivent dans le nord du Québec, qui
développent, occupent le territoire, que ce soient les communautés cries et les
autres communautés, les autres premières nations du Québec.
Aujourd’hui, nous sommes très heureux de l’annonce de ce projet de 5 milliards
de dollars, qui va permettre la création d’emplois. Je terminerai en vous disant
que c’est avec beaucoup de fierté que, chaque fois que je me déplace dans le
Nord – j’étais à Eastmain l’été dernier avec Geoffrey Kelley et Pierre Corbeil –
je croise des travailleurs cris, des entrepreneurs cris. Également, je
constatais avec Françoise Gauthier, à Péribonka, l’été dernier, sur le site du
chantier de Péribonka, que 80 % des travailleurs sur ce chantier étaient
originaires de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Thierry Vandal m’a présenté
quelques entrepreneurs de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui, pour la
première fois, participaient à un projet de barrages hydroélectriques – des
projets qui présentaient des défis particuliers – et qui réussissaient très
bien, qui tiraient leur épingle du jeu, parce que les retombées économiques dans
les régions sont très importantes.
En ce sens, l’annonce que nous faisons aujourd’hui est en quelque sorte un
hommage à tous ceux et celles qui croient au développement du Québec, qui ont la
ferme conviction que le choix que nous faisons aujourd’hui est en droite ligne
avec nos valeurs et avec notre volonté de développer le Québec pour chacun de
ses citoyens, qu’il soit d’origine crie, inuite ou de toute autre origine.
Merci beaucoup.
[Charest=20070112]
[annonce concernant le Centre de santé et de services sociaux du Lac-des-Deux-Montagnes]
Chers collègues de l’Assemblée nationale (M. Couillard, M. Whissell, M.
Descoteaux, Mme Robert),
Chers maires,
Monsieur le président du Conseil d’administration de l’Hôpital de
Saint-Eustache, (Mario Daigle)
Monsieur le président du Conseil d’administration de l’Agence de la Santé et des
Services sociaux des Laurentides, (Gilles Madore)
Dre Christiane Arbour,
Mesdames, Messieurs,
Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est un projet de premier plan, un projet dont
il est question dans le milieu depuis des années, et que messieurs Couillard,
Whissell et Descoteaux ont appuyé, chacun à leur façon.
Vos efforts et les nôtres sont maintenant couronnés de succès. Je suis heureux
de vous confirmer que le Centre de santé et de services sociaux du
Lac-des-Deux-Montagnes reçoit le feu vert définitif en vue de l’agrandissement
et du réaménagement du Centre hospitalier de Saint-Eustache.
Il s’agit d’un projet de 40,3 millions de dollars, dont le financement sera
assuré par le gouvernement du Québec. S’ajoute une contribution d’un million de
dollars de la Fondation de l’établissement, en vue de l’acquisition d’équipement
médical spécialisé.
La demande de soins a connu ici une hausse marquée au cours des dernières
années. Cette situation s’explique notamment par la pression démographique et le
vieillissement de la population.
Il est reconnu par tous y compris par les membres de mon gouvernement, que le
centre hospitalier doit absolument pouvoir disposer d’installations plus
spacieuses, plus fonctionnelles et mieux équipées, s’il veut desservir la
population.
Nous parlons ici d’un projet qui profitera bien sûr aux patients mais également
au personnel du centre hospitalier. La capacité de l’établissement passera de
200 à 234 lits, une augmentation très significative d’environ 15 %.
J’insiste pour rappeler ici que cette annonce s’inscrit dans la continuité des
gestes que nous avons posés en santé depuis bientôt quatre ans.
Par exemple, dans la région des Laurentides, les budgets de fonctionnement du
réseau de la santé et des services sociaux ont augmenté de plus de 25 % depuis
notre arrivée au gouvernement. Ils s’établissent maintenant à 646 millions de
dollars.
Avec les régions de Lanaudière et de la Montérégie, c’est ici que les budgets
ont le plus augmenté au cours des dernières années.
Pour les immobilisations aussi, nous avons également accéléré la cadence.
Par exemple, toujours dans les Laurentides, nous consacrons cette année plus de
6,8 millions de dollars au maintien des actifs immobiliers. C’est au moins cinq
fois plus que ce qui se faisait avant 2003.
Chacun de nos gestes à portée budgétaire, immobilière, clinique et
organisationnelle, démontre que la priorité santé, ce ne sont pas que des
paroles, mais des gestes concrets qui se vérifient au quotidien, sur le terrain.
L’autorisation que nous donnons aujourd’hui au d’agrandissement du centre
hospitalier de St-eustache, témoigne de notre volonté ferme d’outiller
adéquatement le réseau de la santé et des services sociaux, ici dans les
Laurentides et partout ailleurs au Québec.
Merci.
[Charest=20070115]
[ Annonce du maintien et de l’agrandissement du siège social d’Alcan au Québec]
Monsieur Raymond Bachand, ministre du Développement économique, de l’Innovation
et de l’Exportation;
Monsieur Dick Evans, président directeur général et chef de la direction
d’Alcan;
Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal;
Distingués invités,
Je veux tout d’abord remercier les dirigeants et les travailleurs d’Alcan, qui
nous accueillent ici ce matin.
L’annonce de l’agrandissement du siège social d’Alcan et de sa principale place
d’affaires au Québec, et plus précisément à Montréal, à de quoi nous réjouir.
C’est une excellente nouvelle pour l’économie québécoise et pour l’industrie de
l’aluminium !
M. Evans, je tiens à vous remercier d’avoir, encore une fois, choisi le Québec
pour établir vos quartiers. Cette décision permettra à Alcan de progresser. Elle
consolide en plus la place du Québec sur l’échiquier mondial de l’aluminium.
Nous sommes fiers de la confiance que vous manifestez envers le Québec. Vous
croyez au Québec et le Québec croit en l’avenir de l’industrie de l’aluminium.
Le 14 décembre dernier, j’annonçais que le gouvernement du Québec réservait à
Alcan un bloc d’énergie additionnel de 225 MW, ainsi qu’un prêt sans intérêt de
400 M$.
Cet appui permettra à Alcan d’investir 2,1 milliards de dollars au
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ce projet d’envergure garantit la création de plus de 2 500 emplois directs et
indirects, dont 740 au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Déjà, les nouvelles étaient bonnes. Avec l’annonce d’aujourd’hui, elles sont
excellentes ! En plus des emplois annoncés en décembre, Alcan consolidera plus
d’un millier d’emplois à travers le Québec.
L’annonce d’aujourd’hui, fera du Québec une plaque tournante du secteur de
l’aluminium. Le Québec est désormais assuré de conserver sa place de leader
mondial dans cette industrie.
Notre gouvernement a rendu publique une stratégie québécoise en matière de
recherche et d’innovation le 4 décembre dernier.
Nos quatre objectifs sont clairs :
renforcer la recherche publique;
appuyer la recherche industrielle et l’innovation dans les entreprises;
renforcer les mécanismes consacrés à la valorisation et au transfert;
investir dans les infrastructures de recherche.
La nouvelle stratégie touchera des milliers d’étudiants, de professeurs et de
chercheurs, nos centres de recherche en santé et en technologie, nos
universités, nos collèges, et des milliers d’entreprises, de la plus grande
compagnie à la petite PME.
C’est une stratégie tournée vers l’avenir, qui mise sur les talents des femmes
et des hommes du Québec, et sur notre capacité d’inventer.
C’est une stratégie très ciblée dans les secteurs technologiques. Une stratégie
basée sur la commercialisation des idées, c’est-à-dire le passage de l’idée au
produit de l’entreprise.
Bref, cette stratégie est un outil de création de richesse qui nous permettra de
créer plus d’emplois et d’améliorer notre qualité de vie.
Le développement de la filière énergétique constitue aussi une initiative
structurante de notre gouvernement.
La Stratégie énergétique, dévoilée en mai dernier, vise le développement de 4
500 MW d’énergie hydroélectrique supplémentaire, qui engendrera 25 milliards de
dollars d’investissements et la création de 70 000 emplois directs.
La ressource énergétique constituera, sans l’ombre d’un doute, un avantage
important dans l’avenir pour toute entreprise en démarche de localisation.
Une meilleure exploitation de notre ressource, dans le respect de
l’environnement, nous permettra de répondre à nos besoins en électricité, mais
aussi d’en exporter une partie, pour créer de la richesse.
La décision d’Alcan de maintenir et d’agrandir son siège social au Québec, et
l’annonce en décembre dernier de son important projet au Saguenay, prouvent que
le Québec dispose de tous les atouts pour tirer son épingle du jeu dans un
contexte économique mondial compétitif.
Au Québec, dans le secteur en croissance de l’aluminium, nous sommes maintenant
parmi les leaders mondiaux et nous en sommes très fiers !
Bonne journée.
[charest=20070208]
Mesdames, Messieurs,
Il y a un débat qui a cours au Québec depuis plusieurs semaines. Je parle
évidemment du débat sur les accommodements raisonnables. Ce débat, je l’ai
commenté à quelques occasions. Toujours avec prudence.
Mais il est clair maintenant que le débat s’enlise et qu’il sert la division
plus que la compréhension. Mon objectif aujourd’hui est de donner à ce débat des
assises qui seront celles de la raison et de nos valeurs communes.
Je vous fais trois remarques avant de vous informer de la décision que nous
avons prise.
Premièrement, le Québec est une nation. Notamment par son histoire, sa langue,
sa culture et ses institutions.
La nation du Québec a des valeurs, des valeurs solides, dont entre autres :
L’égalité entre les femmes et les hommes
La primauté du français
La séparation entre l’État et la religion
Ces valeurs sont fondamentales. Elles sont à prendre avec le Québec. Elles ne
peuvent faire l’objet d’aucun accommodement. Elles ne peuvent être subordonnées
à aucun autre principe.
Deuxièmement, le Québec est aussi une société d’accueil. C’est vrai depuis 400
ans. Chaque année, plus de 45 000 personnes venues des quatre coins du monde
choisissent de s’installer au Québec.
Ces nouveaux arrivants, comme ceux qui les ont précédés, viennent au Québec pour
partager notre réussite, vivre librement et se construire une nouvelle vie. Ils
sont les bienvenus. Nous avons besoin de leur apport au Québec. Ils viennent
enrichir le Québec de leur savoir et de leur culture. Avec nous ils construisent
le Québec.
Chacun d’eux a la responsabilité de s’intégrer à notre nation. Cela signifie
qu’ils doivent adhérer à nos valeurs fondamentales. C’est en quelque sorte un
contrat moral entre eux et leur nouvelle famille.
En contrepartie, nous avons, nous aussi, comme société d’accueil, une
responsabilité. Nous devons les accueillir et faciliter leur intégration.
Quitter son pays d’origine, même pour la liberté, comporte une part de douleur.
C’est celle du déracinement. Comme société d’accueil, nous devons aider les
immigrants à prendre racine chez nous. À étudier. À travailler. À fonder une
famille et à se refaire une vie.
Troisième remarque : je vous ai dit que j’avais observé ce débat avec attention.
Je l’ai aussi observé avec préoccupation. Parce qu’il repose sur un malentendu
d’origine.
De quoi a-t-on parlé? On a parlé « d’accommodements raisonnables » pour
présenter aux Québécois ce qui était tout le contraire.
Ces histoires qui ont fait les manchettes, je pense aux vitres givrées du YMCA,
à cette note indiquant qu’une policière doit éviter de parler à un Juif
hassidique, à cet homme qui a dû sortir de la piscine parce que des femmes
musulmanes s’y baignaient… Ce ne sont pas des accommodements raisonnables. Ce
sont des arrangements contraires aux valeurs de notre nation. Expulser un
ambulancier d’une cafétéria d’un hôpital juif, ce n’est pas rechercher le
compromis. C’est le contraire de l’accommodement raisonnable.
Quand on dit « voilà ce que sont des accommodements raisonnables » :
Comment peut-on s’étonner qu’un sondage révèle que les Québécois soient
contre?
Comment se surprendre que même certains élus en viennent à souffler sur les
braises de l’intolérance?
Il y a donc un malentendu d’origine sur ce qu’est un accommodement raisonnable.
Mais ce malentendu d’origine sur le terme ne rend pas les incidents qu’on a
rapportés plus acceptables.
À travers tout ce qui a été dit, même à travers les dérapages qui se sont
produits, il ressort quelque chose. Il ressort l’expression d’un questionnement
qu’on ne peut pas ignorer.
Il y a un débat fondamental sur la cohabitation entre les différentes
communautés et sur l’équilibre entre les droits de la majorité et les droits des
minorités.
Ce débat doit se faire. Mais pour qu’il nous fasse progresser, il doit se faire
sur les bases de la raison. Et il doit se nourrir de faits plus que de
perceptions.
C’est le sens de mon intervention.
J’annonce aujourd’hui la formation d’une commission spéciale d’étude sur les
accommodements raisonnables. Son appellation exacte est la « Commission de
consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences
culturelles ».
Pour présider une telle commission, il faut des personnes d’une envergure
exceptionnelle. Des personnes dont la pensée a une portée universelle tout en
étant profondément enracinée dans la réalité contemporaine du Québec.
L’historien et sociologue Gérard Bouchard, rattaché à l’Université du Québec à
Chicoutimi, ainsi que l’auteur et philosophe Charles Taylor, professeur émérite
à l’Université McGill, seront les co-présidents de cette commission.
Je les remercie au nom de tous les Québécois d’avoir accepté ce travail délicat.
La Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux
différences culturelles aura un triple mandat:
Premièrement
Elle devra dresser un portrait fidèle des pratiques d’accommodements reliées aux
différences culturelles. De quoi parle-t-on au juste?
Deuxièmement
La Commission mènera une consultation dans les régions du Québec pour savoir ce
que les Québécois en pensent, au-delà des sondages et des réactions spontanées.
Troisièmement
La Commission formulera des recommandations au gouvernement afin que les
pratiques d’accommodements soient respectueuses des valeurs communes des
Québécois.
La Commission Bouchard-Taylor produira des recommandations qui seront débattues
par tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale.
J’insiste pour placer les travaux de cette commission dans un contexte non
partisan. Le sujet dont il est question se situe loin au-dessus de la
partisannerie. Il se situe dans le cœur des Québécois et au cœur de l’avenir de
notre nation.
La Commission pourra commencer ses travaux dès le mois de mars et devra remettre
son rapport dans un délai d’un an.
Dans l’intervalle, j’annonce que la Commission des droits de la personne et de
la jeunesse offrira un service d’information pour aider les décideurs à traiter
les questions d’accommodements. La Commission des droits de la personne dispose
de l’information nécessaire permettant d’éclairer les décideurs dans leurs
réflexions et leurs décisions.
La cohabitation entre différentes communautés et la recherche de l’équilibre
entre les droits ne sont pas des défis propres au Québec.
Ce sont des défis propres à notre époque. Ils sont vécus dans toutes les
sociétés d’accueil. Et j’estime que le Québec, en cette matière, est une société
exemplaire. Nous avons, à travers notre histoire, associé à notre nation des
centaines de milliers de personnes venues de tous les pays du monde et issues de
toutes les traditions et religions. Nous avons su le faire dans la paix et le
respect, et surtout en affirmant, pendant 400 ans, notre langue et notre culture
sur un continent où nous ne faisons pas 3 % de la population.
Lorsque vous mettez cela bout à bout, vous ne pouvez conclure qu’une chose :
l’expérience québécoise en matière d’immigration et d’intégration est une
réussite.
Notre diversité est aujourd’hui l’une de nos plus grandes richesses. C’est une
conviction inébranlable pour moi.
Mais cela ne veut pas dire que tout est figé.
Il faut d’abord se donner les moyens, comme société, d’avoir un dialogue
réfléchi et respectueux.
[charest=20070418]
[Discours d’assermentation du Conseil des ministres Assemblée nationale, le 18 avril 2007]
Madame le Lieutenant-Gouverneur,
Mesdames et Messieurs les Députés du Parti libéral du Québec,
Mesdames et Messieurs les Consuls et leurs représentants,
Permettez-moi de saluer quelques invités de marque; Madame la Mairesse de
Québec, Madame Boucher, qui est avec nous aujourd’hui; Monsieur le président de
l’Union des municipalités du Québec, mais surtout le maire de la magnifique
ville de Sherbrooke, connu pour ses prouesses électorales; de saluer également
le juge en chef Robert, qui est avec nous, Monsieur le recteur Pigeon, Monsieur
le recteur Moreau, que j’ai remarqué, Monsieur le maire Finn, qui est avec nous
aujourd’hui également. Et je veux saluer spécialement quelques invités, mais une
personne que tous les Québécois tiennent en très haute estime et qui nous honore
aujourd’hui de sa présence, l’ancien premier ministre du Québec, Monsieur Daniel
Johnson, qui est avec nous ici.
Et je ne veux pas manquer l’occasion de saluer également le secrétaire général
du gouvernement – parce qu’ils sont en double aujourd’hui – Monsieur Bibeau et
Monsieur Dicaire, avec qui j’avais fait cette cérémonie d’assermentation le 29
avril 2003, qui est accompagné de son épouse, et chacun et chacune d’entre vous
qui nous honorez de votre présence.
Le 26 mars dernier, les Québécois se sont exprimés, et nous formons un nouveau
gouvernement qui est l’expression de cette volonté.
Je me retrouve aujourd’hui parmi les personnes qui me sont les plus chères: ma
famille, mon épouse Michèle, mes filles, Amélie, Alexandra, Antoine, mon père,
également mon frère Robert, mes beaux-parents que j’aime beaucoup, et ma grande
famille politique, le Parti libéral du Québec. C’est avec vous tous pour témoins
que je présente aux Québécois une équipe forte, à la fois expérimentée et
renouvelée. Nous formons un gouvernement qui sera différent. Les Québécois l’ont
décidé ainsi.
Mesdames et Messieurs du Conseil des ministres, aujourd’hui vous faites
l’histoire. En prêtant serment, vous intégrez le premier gouvernement
minoritaire depuis 1878. Pour la petite histoire, en 1878, ce gouvernement
minoritaire était né à la suite d’un putsch du lieutenant-gouverneur du Québec.
Cette fois-ci, c’est venu d’ailleurs. Voilà pour l’histoire.
Parlons maintenant d’avenir, car nous allons faire de ce gouvernement un succès.
Pour le Parti libéral du Québec, la remise en question est inhérente aux devoirs
d’État. Donc, ce gouvernement marquera une rupture avec le passé. Nous voyons,
dans l’expression de la volonté démocratique de nos concitoyens, une occasion de
mieux servir les Québécois. Notre responsabilité, c’est que le Québec fasse
toujours corps avec son époque pour en relever tous les défis et surtout en
saisir toutes les promesses.
En élisant un gouvernement minoritaire, les Québécois ont suspendu les
traditions. Le gouvernement ne pourra plus décider seul, et l’opposition ne
pourra plus seulement critiquer. Le peuple a décidé que nous allions gouverner
différemment. Le peuple a décidé que les partis d’opposition allaient devoir
assumer une responsabilité. Les Québécois s’attendent à retrouver dans leur
Assemblée nationale des partis concurrents, parfois contradictoires, mais
surtout et avant tout des partis politiques et des députés qui seront solidaires
du bien commun.
Je représente un nouveau gouvernement. Par sa taille, c’est un gouvernement
modeste. J’ai réduit mon Conseil des ministres, il en compte maintenant 18;
c’est l’un des plus petits cabinets depuis la fin de la Révolution tranquille.
Par sa composition, c’est un gouvernement égalitaire: les femmes comptent pour
la moitié du Conseil des ministres du nouveau gouvernement.
Les Québécois ont donc aujourd’hui le gouvernement le plus égalitaire de leur
histoire. Ce gouvernement a aussi la première femme issue d’une minorité visible
à l’intérieur du Conseil des ministres.
Les Québécois veulent un gouvernement de changement; nous incarnerons cette
ambition. Au cours des prochains mois, nous mettrons de l’avant un nombre limité
de priorités. Nous aurons pour objectif d’améliorer la qualité de vie et le
niveau de vie des Québécois.
Dans notre premier mandat, nous avons fait des choses importantes dans tous les
domaines de l’action gouvernementale, notamment en santé et en éducation. Mais
si nous devions n’en retenir que trois, trois réalisations par lesquelles nous
avons changé le parcours du Québec, je vous citerais le relancement du
développement énergétique pour la prospérité du Québec, mais aussi pour le
développement durable et pour notre volonté à nous de réduire nos gaz à effet de
serre; l’instauration des nouveaux congés parentaux, pour un Québec plus ouvert
aux familles; et la création du Fonds des générations, pour réduire le poids de
notre dette.
Nous avons réalisé cela tout en faisant du Québec une force de changement à
l’intérieur du Canada. Ce sont là des changements concrets et des résultats
tangibles qui, lorsque pris dans leur ensemble, nous indiquent que nous sommes
sur la bonne voie. J’en suis très fier.
Les Québécois ont reconnu notre compétence, et ils nous ont confié la
responsabilité de gouverner; nous serons dignes de cette confiance. Mais les
Québécois nous ont aussi lancé un message: nous devons faire différemment.
Dorénavant, nous allons rapprocher nos actions et nos décisions de ce qui touche
la vie quotidienne de nos concitoyens. Le Conseil des ministres que je forme
aujourd’hui est un nouveau départ. C’est le reflet de ma volonté, de celle de
mon gouvernement et du Parti libéral du Québec d’accepter le jugement des
Québécois.
Chers collègues, en intégrant le Conseil des ministres, vous acceptez de lourdes
responsabilités. Je vous rappelle que vous êtes ministres 24 heures par jour, 7
jours par semaine, 365 jours par année. Je veux remercier particulièrement
celles et ceux qui ont porté cette responsabilité avec honneur et intégrité
depuis 2003. J’ai une pensée toute spéciale pour ceux qui ont été défaits. Je
veux remercier aujourd’hui de leur dévouement ceux qui vont continuer à servir
dans notre équipe dans un autre rôle. Ensemble, nous devrons mener nos dossiers
à terme, dans le cadre des priorités que nous avons énoncées pendant la campagne
électorale.
Nous devrons aussi intégrer à notre plan de travail certaines propositions qui
ont été faites par nos adversaires, car s’ils demeurent des adversaires, dans ce
contexte nouveau, ils devront eux aussi agir en partenaires. Votre travail
commence maintenant.
Madame la Ministre des Affaires municipales et des Régions et Vice-Première
Ministre du Québec, la prospérité du Québec passe par ses régions. Les régions
et les communautés rurales ont besoin de notre appui pour prospérer et créer de
l’emploi. Nous avons accru les pouvoirs des régions; il faut continuer. Vous
procéderez à des projets additionnels de décentralisation et mettrez en œuvre
les ententes que nous avons conclues, en particulier avec nos partenaires du
monde municipal. Vous agirez rapidement pour régler les problèmes de
fonctionnement des agglomérations là où ils se posent. Vous avez remarqué que je
regardais madame Boucher au moment où j’ai dit cette phrase, Madame la Ministre.
Votre rôle de vice-première ministre contribuera à donner une voix forte aux
régions dans notre gouvernement. En plus de ces fonctions, vous serez ministre
responsable de la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Madame la ministre des Finances, Ministre responsable de l’Administration
gouvernementale, Présidente du Conseil du trésor et Ministre des Services
gouvernementaux, dans quelques semaines, vous présenterez un nouveau budget.
Vous baisserez les impôts de tous les Québécois, en particulier les impôts de la
classe moyenne. Fidèle à vos habitudes, vous assurerez les Québécois que chaque
dollar de leur argent est bien géré. Vous allez poursuivre de manière déterminée
la réforme de l’État. Vous poursuivrez le développement des services
gouvernementaux moins coûteux et plus simples pour les citoyens, avec la mise en
œuvre de Services Québec et du gouvernement en ligne.
Madame la Ministre des Relations internationales et chère amie, le Québec a
toujours eu le regard tourné sur le monde. Vous serez responsable de l’action
entreprise par le Québec sur la scène mondiale. Vous mettrez en œuvre la
nouvelle politique internationale du Québec, dont vous êtes l’auteur. Vous
préparerez le prochain Sommet de l’Organisation internationale de la
Francophonie qui se tiendra ici même, dans la capitale nationale, en 2008. En
plus de ces fonctions, vous êtes ministre responsable de la magnifique région de
l’Estrie.
Monsieur le Ministre de la Santé et des Services sociaux, vous prendrez tous les
moyens nécessaires afin de soigner les Québécois plus rapidement, que ce soit à
l’urgence, à l’hôpital ou à domicile. Les actions de notre premier mandat, votre
leadership en particulier, constituent une assise solide pour bâtir. En plus de
ces fonctions, vous serez président du Comité des priorités et ministre
responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Madame la Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et Ministre de la
Famille, vous cumulez plusieurs responsabilités. Vous vous assurerez de la
cohérence et des actions gouvernementales visant à aider les Québécois à
réaliser leurs projets à toutes les étapes de leur vie. Vous mettrez fin au gel
des droits de scolarité et bonifierez de manière correspondante le programme des
prêts et bourses; vous ajouterez une heure d’activités organisées après les
classes au primaire et au secondaire; vous développerez les places en services
de garde. En plus de ces fonctions, vous serez ministre responsable de la région
de Laval.
Monsieur le Ministre du Revenu, Ministre responsable de la Réforme parlementaire
et Leader du gouvernement, comme ministre du Revenu, vous combattrez le travail
au noir et l’évasion fiscale; comme ministre responsable de la Réforme
parlementaire et surtout comme leader du gouvernement, vous jouerez un rôle
crucial dans le bon fonctionnement de notre gouvernement et de l’Assemblée
nationale. En plus de ces fonctions, vous serez ministre responsable de la
région de la Montérégie.
Monsieur le Ministre de la Justice et de la Sécurité publique, vous présenterez
un projet de loi limitant le transport d’armes à feu à autorisation restreinte.
Inutile de vous dire l’importance de ce projet de loi dans le contexte des
tristes événements de l’Université Virginia Tech et du Collège Dawson. Il s’agit
là d’un geste que nous pouvons poser qui pourrait aider à sauver des vies. Vous
intensifierez également la lutte contre les gangs de rue et contre les nouvelles
formes de criminalité comme le cybercrime.
Madame la Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs,
vous ferez en sorte que le Québec atteigne les objectifs du protocole de Kyoto
avec notre plan de lutte contre les changements climatiques. Vous aurez la
responsabilité de mettre en œuvre la Loi sur le développement durable; vous
protégerez l’eau et assurerez la pérennité de cette ressource pour les futures
générations de Québécois. Vous mettrez sur pied le Fonds vert et soutiendrez le
développement des technologies vertes. Que ce soit l’énergie, le recyclage, les
aires protégées, je veux que le Québec soit et demeure un leader du
développement durable.
Monsieur le Ministre des Ressources naturelles et de la Faune, vous avez un
important mandat, celui de venir en aide au secteur forestier, de faire en sorte
que ce secteur puisse sortir renforcé de la crise actuelle. Après l’annonce en
janvier dernier de la construction du projet hydroélectrique
Eastmain-1-A-Rupert, un projet important, un projet de 5 milliards de dollars,
vous mettrez en chantier le prochain projet sur la Basse-Côte-Nord du Québec sur
la rivière Romaine; vous poursuivrez le développement des énergies vertes et
alternatives, dont l’éolien, et nous le ferons dans le respect des communautés
locales. Vous agirez de manière à ce que l’essor du secteur minier génère le
maximum de retombées dans les régions et le maximum d’emplois. En plus de ces
fonctions, vous serez ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent, de
la Côte-Nord, du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Éventuellement vous reviendrez à
l’Assemblée nationale du Québec…
Monsieur le Ministre du Développement économique, de l’Innovation et de
l’Exportation et Ministre du Tourisme, votre priorité est la prospérité du
Québec. Vous augmenterez la création d’emplois dans la région. Vous ferez en
sorte que le secteur manufacturier puisse mieux s’adapter à la concurrence
internationale. Vos maîtres mots seront: productivité et, un mot que nous
partageons, innovation. Le tourisme est un secteur économique de première
importance, en particulier dans les régions du Québec. C’est un levier de
diversification économique. Vous ferez la promotion de la destination Québec en
toute saison. En plus de ces fonctions, vous serez ministre responsable de notre
métropole. Notre gouvernement travaillera en étroite collaboration avec les
leaders politiques, économiques et sociaux de Montréal.
Monsieur le Ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes,
des Affaires autochtones, de la Réforme des institutions démocratiques, de la
Francophonie canadienne et de l’Accès à l’information, vous aurez une nouvelle
carte d’affaires. Vous ferez la promotion des intérêts du Québec et maintiendrez
le leadership du Québec dans la fédération canadienne, ce que vous avez fait de
façon brillante. Vous devrez préparer notre démarche visant à conclure une
entente sur l’encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, qui doit être le
reflet du respect de nos compétences. Vous donnerez suite aux engagements pris
avec les Premières Nations à Mashteuiatsh en octobre 2006. Vous organiserez un
forum semblable avec la nation inuite. En plus de ces fonctions, vous serez
leader adjoint du gouvernement et ministre responsable des régions de
l’Outaouais et du Nord-du-Québec.
Madame la Ministre des Transports, vous poursuivrez les investissements très
importants dans nos infrastructures routières. Vous mettrez en œuvre la
politique de développement de transport collectif, qui fait partie de notre
vision de ce que doit être le développement durable. Vous proposerez aussi les
mesures appropriées pour améliorer le bilan routier du Québec. En plus de ces
fonctions, vous serez ministre responsable de la région de la Mauricie.
Monsieur le Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, le
monde agricole vit des pressions très fortes, qui sont à la fois économiques,
démographiques, environnementales. Vous dégagerez la vision d’une agriculture de
demain permettant à nos producteurs de vivre dignement de la terre et surtout,
il y aura un grand défi d’assurer la relève. À cet effet, vous vous inspirerez
des travaux de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de
l’agroalimentaire. Vous devrez agir pour que la transformation agroalimentaire
demeure un levier de prospérité et de création d’emplois dans les régions du
Québec. En plus de ces fonctions, vous serez ministre responsable de la région
de Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec.
Monsieur le Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, bienvenue à
nouveau. Vous ferez en sorte que ceux qui cherchent du travail aient les
compétences demandées par ceux qui cherchent des travailleurs. Vous augmenterez
le nombre de personnes qui vont quitter l’aide sociale et qui le feront pour un
emploi, et vous combattrez la pauvreté sous toutes ses formes.
Madame la Ministre responsable des Aînés, avec les changements démographiques,
nous découvrons aujourd’hui au Québec un phénomène nouveau, une génération de
personnes âgées actives et en santé qui veulent continuer à contribuer à la
société. Pour le Québec, c’est une nouvelle richesse. Vous avez la
responsabilité de créer les conditions favorisant leur engagement et leur
valorisation. Vous avez aussi la responsabilité de protéger les aînés qui sont
en perte d’autonomie.
Monsieur le Ministre du Travail, vous protégerez les emplois des travailleurs
québécois. Vous développerez la conciliation préventive. Vous verrez à la santé
et à la sécurité des travailleurs. Vous verrez à ce que le Québec préserve un
climat de travail harmonieux. En plus de ces fonctions, vous serez ministre
responsable des régions des Laurentides, de Lanaudière et de
l’Abitibi-Témiscamingue.
Madame la Ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, le Québec a
besoin de l’apport de l’immigration. Dans les choix que nous ferons, n’oublions
jamais que nous sommes, nous, terre d’immigration. Nous avons le devoir
d’accueillir et de faire une place à ceux qui viennent construire le Québec avec
nous. Les valeurs fondamentales des Québécois doivent être respectées, ça vient
avec le Québec. Un de vos dossiers prioritaires sera de poursuivre le travail
avec votre collègue ministre de la Justice sur la reconnaissance des diplômes
étrangers.
Madame la Ministre de la Culture et des Communications et Ministre de la
Condition féminine, avouons que votre mandat part plutôt bien. Vous soutiendrez
nos créateurs et ceux qui diffusent leurs œuvres. Vous intensifierez les actions
déjà entreprises afin de promouvoir et de protéger le français dans les
nouvelles technologies, c’est notre identité. Vous protégerez notre patrimoine
bâti, c’est notre mémoire. Vous verrez à la mise en œuvre de la Convention sur
la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Et
vous ferez la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes; c’est une
de nos valeurs fondamentales.
Mesdames et Messieurs du Conseil des ministres, à nouveau, félicitations. En
tant que membres du Conseil des ministres, vous défendrez les priorités
gouvernementales. Vous devez et devrez administrer votre budget dans le respect
du cadre financier de l’État. Vous serez solidaires des décisions que nous
prendrons. Vous ferez preuve de discipline et de cohésion en étant à tous les
jours au service de vos concitoyens. Comme premier ministre, je demeurerai
responsable des dossiers jeunesse. Chacun de vous pourra également compter sur
mon appui.
Deux autres députés occuperont des fonctions de première importance et
assisteront aux délibérations du Conseil des ministres. Dans le contexte d’un
gouvernement minoritaire, ils auront un rôle de premier plan et travailleront
directement avec moi. Monsieur Norman MacMillan sera le whip du gouvernement.
Norman MacMillan est très connu et respecté de ses collègues. Monsieur Yvon
Vallières siégera à titre de président du caucus des députés du Parti libéral du
Québec. Yvon Vallières est le doyen de l’aile parlementaire libérale. Il est
l’un des parlementaires les plus respectés par les membres de notre Assemblée.
Je compterai beaucoup sur son expérience et sur ses précieux conseils.
S’ajoutera à mon équipe immédiate un jeune député élu pour la première fois en
2003: monsieur Tony Tomassi, député de LaFontaine, qui travaillera directement
avec moi comme adjoint parlementaire.
The formation of a new Government is always a very solemn moment. In their
wisdom the people of Québec have decided to elect a minority Government. The
cabinet I am swearing in today is one of the smallest of modern times. It is
made up of an equal number of men and women. It includes the first ever woman
from a visible minority. The Government will work with the opposition parties
who will share with us the responsibility of deciding public policy. The change
that Quebeckers have voted for starts now.
À tous mes concitoyens, je dis aujourd’hui que leur nouveau gouvernement aura
comme priorité l’amélioration de notre qualité de vie. Nous serons le
gouvernement de tous les Québécois qui travaillent fort, qui ont des enfants qui
grandissent, des parents qui vieillissent, qui ont besoin d’un gouvernement qui
agit pour eux. Nous serons le gouvernement de ces gens qui ont réussi ensemble
l’extraordinaire, c’est-à-dire faire fleurir la langue française en Amérique
depuis 400 ans. Nous travaillerons avec les partis d’opposition pour donner aux
Québécois un gouvernement dont ils seront fiers et qui peut faire la différence
dans leur vie. Le changement que les Québécois ont souhaité le 26 mars, le
changement que les Québécois ont demandé commence maintenant.
[charest=20070426]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de l’inauguration des trois
stations de métro de Laval]
Distingués invites,
Mesdames, Messieurs,
J’étais à New York au début du mois et je suis tombé sur un article du New York
Times dont le titre était Is that Finally the sound of a 2nd Ave. Subway?
Ce qui pourrait se traduire par Est-ce finalement le bruit du métro de la 2e
avenue?
Je vous raconte la petite histoire du métro de la 2e avenue.
La ville de New York annonce son intention de construire une ligne de métro le
long de la 2e avenue pour mieux servir le East Side et le Bronx.
Il s’agit d’un projet de 99 millions $. Nous sommes le 30 août 1929 !
La grande crise reporte le projet. On en reparle en 1951, mais il y a plus
urgent à faire.
Le projet renaît en 1968. Et on procède à une première pelletée de terre en
1972. Le chantier est ouvert, cette fois, c’est la bonne. La facture est alors
rendue à 1 milliard $.
Mais les travaux sont interrompus trois ans plus tard, en 1975, parce qu’il n’y
a plus d’argent.
Avril 2007, on annonce la relance des travaux. Le projet est plus petit. 4
stations. Mais pas la facture : 3,4 milliards $. Mise en service 2013.
Tous les projets d’infrastructure publique ont leur petite histoire.
Je vous raconte ceci pour dire une chose : nous pouvons être fiers du
prolongement du métro de Montréal vers Laval.
Nous pouvons être reconnaissants envers les femmes et les hommes qui l’ont bâti.
Les Québécois, et tout spécialement la population de Montréal, de Laval et de la
Rive-Nord, doivent dès maintenant s’approprier ce métro.
Il a été construit pour eux et pour leurs enfants.
Il a été construit pour l’avenir d’un Québec qui croit dans sa métropole, qui
croit dans le transport en commun, qui croit dans le développement durable.
En ce jour d’inauguration, il faut remettre les pendules à l’heure.
La facture finale de 745 millions $ est inférieure de presque 60 millions $ au
budget fixé en 2004.
Ce projet a été réalisé à un coût de 143,2 M $ /km.
C’est 22 % moins cher que la moyenne internationale.
Ce projet a été finalement réalisé à un coût très concurrentiel.
Pourtant, rappelons-nous en 1998, à quel point ce projet est mal parti.
L’administration précédente n’avait pas prévu à ses budgets les sommes
nécessaires pour mener ce projet correctement à terme.
En 2003, les cinq candidats libéraux de la région de Laval se sont engagés avec
moi à exercer le leadership nécessaire pour réussir ce projet. Et surtout, pour
en assurer une gestion rigoureuse et transparente.
C’est ce que nous avons fait.
Au terme de ce projet, je crois que nous avons eu raison de dire aux Québécois
le coût réel de ce projet.
C’est essentiel pour que pour que les citoyens puissent débattre de façon
éclairée des choix de leur gouvernement.
C’est essentiel aussi pour ne pas tirer de mauvaises conclusions.
Je veux que les Québécois soient fiers du prolongement du métro de Montréal vers
Laval.
Ce projet, c’est la preuve que nous avons le talent et l’expertise pour faire
aussi bien, sinon mieux que les autres.
Notre métropole abrite tout le savoir-faire pour relever le défi de la
concurrence dans le domaine des infrastructures publiques comme dans tous les
autres.
Je tiens à féliciter toute l’équipe de l’AMT et son président-directeur général,
M. Joël Gauthier, pour la rigueur de sa gestion.
Mes félicitations également à M. Trudel et à tous les employés de la STM qui
sauront assurer un service de qualité aux nouveaux usagers.
Je salue messieurs les maires Vaillancourt et Tremblay pour leur collaboration
dans ce projet métropolitain.
Et c’est avec fierté et émotion que je déclare officiellement ouvertes les
stations de métro Cartier, de La Concorde et Montmorency!
[charest=20070509]
Monsieur le Président,
Je suis heureux que vous ayez été reconduit dans vos fonctions. Dans notre
Assemblée nationale, vous êtes une exception. Vous avez fait l’unanimité.
Votre réélection est un gage de la bonne marche de ce nouveau Parlement.
Beaucoup de nouveaux visages animent cette Assemblée. Cinquante-six élus font
cette semaine leur entrée dans cette enceinte.
Comme vient de le mentionner le lieutenant-gouverneur, parmi eux se trouve le
premier autochtone élu à l’Assemblée nationale depuis 80 ans.
J’invite cette Chambre à saluer le député d’Abitibi-Est.
Le dernier autochtone à avoir siégé dans ce Parlement est un Huron de Wendake,
Ludger Bastien, qui a représenté les électeurs du comté de Québec entre 1924 et
1927.
Nous accueillons aussi le plus jeune député à avoir jamais siégé à l’Assemblée
nationale, le député de Marguerite-D’Youville, qui a 22 ans.
Je me reconnais un peu en lui. La première fois que j’ai été élu, en 1984,
j’étais moi aussi l’un des plus jeunes.
Mais les choses sont ainsi faites, Monsieur le Président, qu’on ne reste jamais
le plus jeune très longtemps.
Chaque Parlement a son histoire et c’est souvent une histoire de famille, comme
dans Mégantic-Compton où la nouvelle députée succède à sa mère, Mme Madeleine
Bélanger, qui elle-même, avait succédé à son mari, Monsieur Fabien Bélanger.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue à tous mes collègues nouvellement élus.
Je les félicite d’avoir mérité la confiance des citoyens de leur comté.
Vous serez accompagnés, dans cette 38e législature, par des parlementaires
d’expérience qui sauront, je l’espère, vous inspirer et vous guider.
Je salue le nouveau chef de l’opposition officielle et député de
Rivière-de-Loup. Au terme d’une campagne déterminée, il aura vu sa députation
être décuplée. Félicitations pour le succès que vous avez obtenu.
Je salue également les membres du deuxième groupe d’opposition; une équipe
aguerrie qui saura faire entendre sa voix dans cette Assemblée.
Au passage, je présente mes respects au député de Pointe-aux-Trembles.
Nous voici réunis dans un Parlement fort différent de celui que nous avons
quitté le 21 février dernier.
En élisant un gouvernement minoritaire, les Québécois nous ont rappelé avec
force que c’est eux qui contrôlent le Parlement.
Au moment d’inaugurer cette législature, Monsieur le Président, j’ai envie moi
aussi, comme l’ont fait nos concitoyens, de bousculer les habitudes.
Je vais prendre aujourd’hui la liberté de m’adresser directement aux Québécois.
Après tout, nous sommes ici chez eux, dans leur maison.
Par votre choix du 26 mars dernier, vous nous avez envoyé un message clair. Vous
voulez un gouvernement différent.
Pourtant, pendant quatre ans, nous avons travaillé avec acharnement pour faire
avancer le Québec. Notre bulletin est bon. Mon équipe et moi en sommes fiers.
Le chômage au plus bas.
La cote de crédit du Québec au plus haut. Les meilleurs congés parentaux en
Amérique du Nord.
La relance du développement énergétique. Le Fonds des générations pour réduire
le poids de notre dette.
Un plan de lutte contre les changements climatiques.
Un travail sans précédent de reconstruction de notre système de santé.
Ce sont là quelques-unes de nos réalisations importantes.
En bonne partie, vous nous avez sanctionné pour des erreurs de parcours. C’est
vrai que nous n’avons pas réussi à baisser les impôts autant que nous l’avions
promis.
Mais il y a autre chose dans ce résultat.
Dans les jours qui ont suivi les élections, j’ai repensé aux raisons qui
m’avaient fait choisir le Québec en 1998. Je veux aujourd’hui les partager avec
vous.
Je suis fier de mon passage en politique fédérale. Mais après 14 ans passés à la
Chambre des communes, ma famille et moi avons choisi de rentrer à la maison.
Je souhaitais poursuivre mon engagement politique au sein du Parlement du peuple
québécois. En fait, j’ai choisi de revenir servir à Québec pour les mêmes
raisons que Jean Lesage l’avait fait en 1958.
En 1998, comme en 1958, le Québec faisait face à des enjeux importants pour son
avenir. Des défis qui imposaient une remise en question de nos façons de faire
et des moyens d’action de notre État.
C’est ce que nous avons entrepris il y a quatre ans et que nous devons
poursuivre avec persévérance.
En 1998, comme en 1958, les Québécois s’interrogeaient sur leur adhésion au
système politique canadien.
Or, chaque fois que le peuple québécois a élu un premier ministre qui croyait
dans le fédéralisme canadien, ce choix a toujours été source de progrès dans la
défense des intérêts du Québec.
Et le Québec, c’est aussi le Parti libéral du Québec. La seule formation
politique qui a fait le voyage avec les Québécois depuis la colonie jusqu’à la
nation.
Le Parti libéral du Québec, c’est le parti des libertés et du progrès.
C’est la lumière de la modernité après la grande noirceur.
C’est l’éducation pour tous, l’assurance hospitalisation, le français comme
langue officielle, un ministère consacré à la promotion de notre culture,
l’égalité entre les femmes et les hommes, le développement économique,
énergétique, et maintenant le développement durable.
Il faut s’éloigner un peu pour voir la fascination que le Québec exerce en
Amérique du Nord et dans le monde.
Comment notre peuple, perché au nord des Amériques, qui ne fait pas 3 % de la
population du continent, a pu maintenir une culture et une langue françaises
aussi vivantes et dynamiques pendant 400 ans?
Comment notre peuple, dans un tel environnement, peut rayonner mondialement dans
des domaines aussi variés que l’énergie, le cirque, le cinéma, l’animation 3D,
les télécommunications, l’aéronautique, la recherche médicale, l’optique et la
photonique, et le génie conseil?
Chacun de vous participe au prodige québécois. Il y a dans tous ces succès une
partie de vous.
Tout récemment, le gourou international du marketing, Clotaire Rapaille, disait
ceci en entrevue à Radio-Canada :
« La dimension centrale, c’est le Québec. C’est la mission du Québec en Amérique
du Nord de donner cette complémentarité qui manque entre l’instinct un peu
brutal de l’Américain et le côté un peu parental des (Canadiens) anglais. […]
Les Québécois ont un avenir fantastique s’ils assument cette mission qu’ils ont
en Amérique du Nord. »
Le Québec est une inspiration pour les peuples qui n’ont pas l’avantage du
nombre.
Devant la résilience du peuple québécois, le grand historien britannique Arnold
Toynbee, disait dans le numéro de mars 1949 de la revue The World Review :
« J’ai l’idée que le peuple d’avenir dans les Amériques pourrait bien être les
Canadiens français. […] Si l’humanité est destinée à connaître enfin des jours
heureux, alors je prédirais qu’il y a un avenir dans l’Ancien Monde pour les
Chinois, et dans l’Amérique du Nord pour les Canadiens. Quoi qu’il arrive, je ne
crains pas d’affirmer que ces Canadiens de langue française seront là pour vivre
les dernières heures de l’humanité dans l’Amérique du Nord. »
Que serait le Canada sans le Québec? Le Canada devra un jour le reconnaître.
Nous sommes les cofondateurs de ce pays. Il porte l’empreinte de notre nation.
Ces dernières élections se sont aussi déroulées avec, en fond de scène, un
questionnement identitaire qui, en passant, n’est pas propre au Québec, mais
propre à notre époque.
Je suis né à Sherbrooke. Je suis à demi Irlandais. Je le suis de par ma mère
dont le souvenir m’émeut chaque jour.
Est-ce que je suis moins Québécois pour autant?
Bien sûr que non. Est-ce que quelqu’un né au Québec, mais prénommé Mustafa ou
Helena serait moins Québécois que vous et moi?
On ne peut dresser de telles barrières entre nous.
Le 17 mars dernier, lors de la fête des Irlandais, l’archevêque de Montréal,
monseigneur Jean-Claude Turcotte, a prononcé une homélie très touchante à la
basilique Saint-Patrick. Il disait ceci :
«Every immigrant has a story to tell of how he or she came to Quebec. A welcome
properly offered means being open to that story, and desiring to share it. It is
the start of building a society of friends, rather than strangers. […] As I look
at the walls of this basilica, I see alternating patterns of the shamrock and
the fleur-de-lys: “accommodation” is written there, for all to see, as two
cultures stand side by side, not as strangers, but as brothers and sisters. »
Naître au Québec est une chance.
Immigrer au Québec est un privilège.
Intégrer les immigrants est une responsabilité.
C’est un geste réciproque.
Pour celui qui arrive, c’est prendre avec le Québec les valeurs québécoises :
les libertés individuelles, l’égalité entre les femmes et les hommes, la
séparation entre la religion et l’État.
De façon prioritaire, c’est aussi prendre avec le Québec cette langue qui est le
cœur de notre liberté et de notre identité. Intégration égale aussi
francisation.
Pour celui qui accueille, intégrer les immigrants, c’est s’ouvrir à la
différence et reconnaître les compétences.
Je crois dans la diversité qui enrichit notre identité. Mais je dénonce le zèle
religieux qui l’appauvrit.
Nos chartes ont toujours eu pour but de protéger les minorités contre les abus
de la majorité. Elles n’ont jamais eu pour dessein de permettre l’inverse.
C’est donc dire qu’il y a une limite, une ligne qui doit être tracée.
La Commission Bouchard-Taylor, chargée de faire le point sur les pratiques
d’accommodements raisonnables, nous aidera à tracer cette ligne.
Mais nous pouvons déjà agir dans l’intervalle. Nous allons, par exemple,
renforcer le message livré à chaque immigrant selon lequel nos valeurs
fondamentales ne sont pas négociables.
Ce message, nous allons le rendre public, pour que tous les Québécois sachent ce
qu’on attend de ceux qui sont invités à venir partager notre avenir.
Nous ferons cela tout en réaffirmant notre conviction selon laquelle le seul
Québec possible est un Québec de la diversité.
Il n’y a pas plus beau cadeau que le Québec puisse recevoir que les espoirs de
quelqu’un venu d’ailleurs. Le Québec n’est jamais aussi grand que lorsqu’il
ouvre ses bras.
Certains croient qu’on grandit lorsqu’on lève le menton. Mais en agissant ainsi,
on ne fait que s’empêcher de regarder l’autre.
Moi, je pense qu’on grandit lorsqu’on tend la main. Ma position, c’est celle des
rapprochements, des rapprochements indispensables.
C’est ça être libéral.
Cela nous rappelle que sur le plan des valeurs, les partis politiques dans cette
Assemblée ne sont pas interchangeables.
Il y a des principes et un idéal dans la tradition de notre formation politique.
Dans ce Parlement, chaque élu assume une responsabilité qui est hors de
l’ordinaire.
Le gouvernement ne pourra pas décider seul. L’opposition ne pourra pas seulement
s’opposer. En d’autres mots, dans un Parlement minoritaire, les responsabilités
grandissent et les intérêts partisans diminuent.
Le premier devoir de ce Parlement est de réunir les Québécois, de bien les
représenter, de bien défendre leurs intérêts.
Nous n’avons les moyens d’aucune fracture.
Ni sur la base de l’ethnicité, ni sur la base de la religion.
Nous n’avons les moyens d’aucune rivalité. Le Québec, ce n’est pas une métropole
contre une capitale nationale ou des régions contre les villes.
Il n’y a qu’un seul Québec.
Une seule nation.
Je vous dis aujourd’hui, à tous les Québécois, que nous, les élus, nous allons
travailler ensemble.
C’est le défi que vous nous avez lancé.
La tâche que vous nous avez confiée devient maintenant notre mission.
Le 18 avril dernier, j’ai formé un nouveau Conseil des ministres.
C’est le premier gouvernement de notre histoire qui comprend autant de femmes
que d’hommes.
Ce nouveau gouvernement égalitaire, je l’ai fait en pensant à l’avenir du
Québec, mais aussi en pensant à mon épouse Michèle et à mes filles, Amélie et
Alexandra.
Je veux qu’il soit clair pour elles, comme pour toutes les jeunes filles du
Québec, qu’aucun sommet n’est hors de leur portée.
J’ai voulu briser le plafond de verre, cette barrière invisible, qui fait que
les femmes approchent des niveaux décisionnels, sans pour autant atteindre les
premières marches.
Je n’ai pas besoin de convaincre les femmes de l’importance de cet enjeu. C’est
un combat qu’elles mènent depuis plus de 60 ans.
Je l’ai donc fait aussi en pensant à mon fils Antoine. Je l’ai fait pour dire à
tous les hommes du Québec, et spécialement aux pères, que l’égalité entre les
femmes et les hommes ne peut être véritablement atteinte que si nous nous en
faisons aussi des ardents promoteurs.
C’est pour mon parti une valeur fondamentale. C’est pour moi, comme père et
comme homme, un principe de vie.
Fidèle à la tradition du Parti libéral du Québec, mon nouveau gouvernement
travaillera pour la prospérité du Québec.
Je veux d’abord protéger votre niveau de vie.
Nous voulons le faire en réduisant vos impôts.
Réduire les impôts, c’est un moyen d’encourager le travail, de récompenser
l’effort, d’appuyer notre économie.
Vous travaillez fort, je le sais. Vous méritez d’en garder davantage pour vous.
Pour le Québec, c’est aussi un enjeu de concurrence. Dans ce monde de
concurrence, nous devons aussi être le plus compétitifs possible sur le plan
fiscal.
Globalement, notre économie va bien. Le secteur de l’énergie et celui des mines,
par exemple, tournent à plein régime.
Mais d’autres secteurs sont éprouvés.
Je comprends l’insécurité vécue par nos travailleurs forestiers et
manufacturiers.
Je comprends l’angoisse de nos agriculteurs, qui veulent vivre dignement de la
terre.
Je comprends la difficulté vécue par les entrepreneurs qui cherchent des
travailleurs qualifiés.
Nous nous entendons dans ce Parlement pour renforcer notre économie et
solutionner ces problèmes. Alors nous allons agir avec détermination.
Pour stimuler l’investissement.
Pour soutenir l’innovation.
Pour aider le secteur manufacturier à faire face à la concurrence
internationale.
Pour former les travailleurs.
Pour appuyer nos agriculteurs.
Pour intégrer à l’emploi tous ceux qui le peuvent.
Et pour associer les Premières Nations et les Inuits au succès du Québec.
Je propose dès aujourd’hui aux partis d’opposition de faire du renforcement de
notre économie notre cause commune.
Nous entraînerons la communauté des affaires, les syndicats et les centres de
formation dans une offensive concertée pour relever le défi de la productivité.
Nous allons appuyer notre métropole afin qu’elle puisse diversifier ses sources
de revenus et mieux assumer son rôle crucial de locomotive économique du Québec.
Nous allons aussi continuer de soutenir nos artistes et ceux qui diffusent leurs
œuvres. C’est notre identité. Notre renommée.
C’est aussi une inspiration. Je souhaite que cet esprit conquérant, celui de
notre cirque, de notre cinéma, de notre chanson se transpose dans toutes nos
entreprises. Je veux que la force créatrice du Québec devienne notre plus grand
levier de croissance.
Il y a quelques jours, j’ai participé au 125e anniversaire de la fondation de
Papier Rolland à Saint-Jérôme.
C’était une journée où la tradition et l’histoire rencontraient l’avenir et le
développement durable.
Une journée pleine d’espoir.
En 1965, Jean Lesage s’était rendu au même endroit pour inaugurer la machine
numéro 8 de cette usine.
En 1992, Papier Rolland a été achetée par Cascades. Une transaction qui a marqué
la réunion de deux des plus grandes familles de notre secteur manufacturier, les
Rolland et les Lemaire.
Ce groupe incarne aujourd’hui le renouveau du papier québécois. Il saisit tout
le potentiel du recyclage et s’investit avec confiance dans l’ère du
développement durable.
L’histoire inspire le présent. En décembre, Cascades poursuivait sa croissance.
Elle prenait le contrôle de la compagnie Norampac avec l’appui de la SGF, fondée
par le même Jean Lesage en 1964.
Nous avons tout ce qu’il faut pour faire du Québec une réussite économique. Des
entrepreneurs de talent, un savoir-faire exceptionnel et des leviers de
développement économique puissants.
Pour aller encore plus loin et renforcer notre économie, nous allons développer
les marchés.
We are in the process of building an interconnection with Ontario in order to
export more electricity to our neighbours. It has been some twenty years since
the last new connection going outside Québec was built.
We will draw inspiration from this connection to lift the barriers that still
hamper trade between us.
We will propose that Ontario enter into a free trade agreement with Québec.
Moreover, my government will exercise leadership in rallying business circles
and political decision-makers behind our proposal for a new economic partnership
with the European Union.
Nous nous entendons aussi dans ce Parlement pour que nos régions soient plus
autonomes, plus fortes.
Cette autonomie accrue, c’est un moyen de mieux occuper le territoire; c’est un
moyen pour que nos communautés rurales soient plus fortes; c’est un moyen de
reconnaître la volonté de nos régions de participer pleinement au développement
du Québec.
Cette reconnaissance du leadership qu’assument nos régions nous amène aussi à
reconnaître le leadership assumé par nos élus municipaux.
Avec eux, nous allons accélérer nos travaux de décentralisation.
Nous voulons que les municipalités puissent vous livrer de meilleurs services,
mieux adaptés à vos besoins.
Mon nouveau gouvernement sera à l’écoute des Québécois.
Je partage les inquiétudes de ceux dont les parents vieillissent.
Mon propre père a récemment fêté ses 84 ans. Il vient de quitter la maison qu’il
avait achetée l’année de ma naissance et qui n’a pas changé depuis 1978, l’année
où ma mère est décédée.
Je traverse avec lui cette étape de sa vie. Comme des milliers de Québécois le
font avec leurs propres parents.
Nous devons beaucoup à la génération qui nous a précédés.
Ces femmes et ces hommes ont pour la plupart connu une vie faite de durs labeurs
et de grands sacrifices.
Quelques jours après les élections, j’assistais aux funérailles de madame Amélia
Lareau, décédée à 91 ans. Elle était veuve et mère de 6 enfants. Elle a habité
la même maison à Sherbrooke pendant 60 ans. Sa fille Louise, en lui rendant
hommage, a dit cette phrase toute simple : « Elle a passé sa vie au service de
sa famille. »
C’est à cette génération d’aînés que nous devons aujourd’hui respect et
reconnaissance.
C’est pour eux que nous mettrons sur pied, après discussion avec les partis
d’opposition, une consultation publique sur les conditions de vie des aînés.
Avec le vieillissement de la population, nous voyons apparaître un nouveau
phénomène. Un nombre grandissant d’aînés actifs et en bonne santé qui veulent
continuer à travailler, à leur rythme.
Je veux valoriser leur apport. Ils sont expérience et sagesse. Pour eux, nous
allons faciliter la retraite progressive. Des discussions sont déjà en cours
avec le gouvernement fédéral pour aménager la réglementation fiscale.
Mon nouveau gouvernement intensifiera ses efforts pour soigner les Québécois
plus rapidement.
Nous avons fait un travail colossal dans notre premier mandat pour redéployer
les assises de notre système de santé. C’est sur ces nouvelles fondations que
nous pouvons désormais bâtir.
Nous mettrons en place la garantie d’accès aux chirurgies, que nous étendrons
graduellement.
Nous augmenterons les efforts de prévention et de promotion de saines habitudes
de vie.
Nous allons ouvrir plus grande la porte à une participation du privé dans notre
système public de soins de santé. L’État achètera des services au secteur privé,
comme le permet maintenant la loi 33, adoptée en décembre dernier.
Nous poursuivrons les travaux sur la place du privé dans notre système de santé
pour améliorer l’accès aux soins et aux services.
Mais nous le ferons sur la base d’un système public à l’intérieur duquel le
privé a un rôle. Il n’y aura pas de marchandisation des soins, pas de commerce
de la souffrance au Québec.
Pour nous, c’est une question de valeurs, une question de justice sociale.
Mon nouveau gouvernement sera à l’écoute de la famille.
Dans les dernières années, nous avons instauré une prime de soutien aux enfants,
développé les places en services de garde et institué les congés parentaux. Et
les naissances ont augmenté.
Nous continuerons de développer les places en services de garde, avec le souci
d’offrir des solutions souples aux besoins variés des parents.
Un peu plus d’un an après la mise en œuvre des congés parentaux, dont le succès
a dépassé toutes les prévisions, nous évaluerons les moyens de répondre encore
mieux aux besoins des jeunes couples.
Notre gouvernement est celui, en Amérique du Nord, qui offre le plus important
soutien aux familles. Et il le demeurera.
Si à travers nos défis et nos débats, nous parvenons à ménager un espace dans la
vie des Québécois pour qu’ils puissent fonder une famille, alors nous serons sur
la bonne voie.
Si nous aidons tous les Québécois qui le veulent à illuminer leur foyer avec la
joie de l’enfance, alors nous serons un peuple heureux.
Voilà le sens de l’aide à la famille.
Mon nouveau gouvernement fera de l’éducation une priorité. Parce que notre
nation en dépend.
Mais nous allons ensemble obéir aux exigences de la réussite, en donnant à nos
universités les moyens de rivaliser avec les meilleures du monde.
La réussite implique l’effort.
La réussite est une responsabilité qui engage tous les Québécois.
Nous allons également renforcer l’apprentissage du français à l’école, mais
aussi la fierté de cette langue dans l’espace public. Nous allons promouvoir la
qualité du français parlé et écrit à travers tout le Québec.
Mon nouveau gouvernement marquera l’avènement du développement durable.
Nous ferons de chaque citoyen, qu’il soit individu ou entreprise, un agent de
changement et de développement durable.
Nous mettrons en œuvre notre plan de lutte contre les changements climatiques.
Nous créerons de la richesse avec notre énergie renouvelable, notre
hydroélectricité, notre pétrole à nous.
Nous travaillerons pour l’installation à Montréal d’une bourse du carbone.
Nous travaillerons avec nos voisins canadiens et américains, parce que nous
respirons le même air.
Nous reboiserons nos forêts. Nous transformerons la crise du secteur forestier
en une occasion de renouvellement de la ressource et d’amélioration de la
compétitivité de l’industrie.
Cette préoccupation des Québécois pour l’environnement a notamment été nourrie
par la formidable odyssée du Sedna IV en Antarctique. Ce périple, vécu et
raconté par le biologiste Jean Lemire, sur internet et à la radio, a fasciné les
Québécois.
Sous mon nouveau gouvernement, le Québec demeurera un leader nord-américain du
développement durable.
Voilà les priorités que nous mettrons en œuvre.
Nous gouvernerons pour vous en pensant, dans chacune de nos décisions et tous
les jours, à ceux que vous aimez le plus. À vos enfants, à notre jeunesse. Nous
gouvernerons pour les Québécois d’aujourd’hui et pour ceux qui feront le Québec
de demain.
C’est la trajectoire sur laquelle nous mettons le Québec. La trajectoire du
succès. Et sur cette trajectoire, nous établissons une étape.
Parce que notre gouvernement est minoritaire, nous devons travailler sur un
échéancier à plus court terme.
Alors je vous dis aujourd’hui ce que nous ferons d’ici décembre prochain.
Nous poserons 8 gestes principaux.
• Pour que vous ayez plus d’argent, nous baisserons vos impôts.
• Pour soigner plus rapidement, nous ouvrirons les premières cliniques privées
affiliées au réseau public.
• Pour élever la qualité de l’éducation et mieux réussir comme peuple, nous
procéderons au dégel des frais de scolarité en bonifiant de manière
correspondante le programme des prêts et bourses.
• Pour que nous soyons en meilleure santé, nous mettrons en œuvre un plan
d’élimination de la malbouffe dans les écoles.
• Pour que vous, les parents, sachiez comment progressent vos enfants à l’école,
nous ferons en sorte qu’un bulletin chiffré soit en vigueur dès la prochaine
rentrée scolaire.
• Pour protéger notre environnement, nous mettrons en place la redevance sur les
hydrocarbures, qui sera versée au Fonds vert.
• Pour que nos agglomérations fonctionnent mieux, au bénéfice de leurs citoyens,
nous allons travailler avec nos partenaires pour régler les problèmes.
• Pour que nous soyons plus en sécurité, nous présenterons une loi sur les armes
à feu semi-automatiques et à circulation restreinte.
Le jour le plus sombre que j’ai vécu comme premier ministre a été celui de la
tragédie du Collège Dawson. Cette loi sera pour nous la loi Anastasia, en
souvenir de la jeune Anastasia De Souza dont la vie a été fauchée ce jour-là.
Ces huit gestes contribueront à améliorer votre niveau de vie et votre qualité
de vie.
C’est de cette manière que nous allons procéder, en présentant des objectifs à
court terme qui marquent notre progrès sur la voie du développement à long terme
du Québec.
Le premier jalon de notre marche sera posé d’ici la fin du mois avec la
présentation d’un nouveau budget.
Ce budget sera le reflet de vos priorités.
Il sera guidé par deux maîtres mots : rigueur et transparence.
Vous travaillez fort pour chaque dollar gagné. Nous ferons en sorte que chaque
dollar prélevé en taxes ou impôts soit géré sainement.
Vous avez droit à un répit. Je demande à l’opposition de faire comme nous, de
prendre le parti de la classe moyenne, et de permettre des baisses d’impôt.
Mon nouveau gouvernement continuera de défendre chaque jour avec vigueur et
passion les intérêts du Québec.
Comme nous l’avons fait :
• en rapatriant la responsabilité en matière de congés parentaux;
• en obtenant de parler de notre voix à l’UNESCO;
• en obtenant la reconnaissance du fédéralisme asymétrique, en d’autres mots
être Canadiens à notre manière;
• et en voyant enfin le Québec être reconnu comme une nation.
Pour nous, la création d’alliances est une condition du succès dans la défense
des intérêts du Québec. C’est pour cette raison que le Québec a piloté la
création du Conseil de la fédération.
Cette volonté de créer des alliances est une de nos valeurs.
Elle remonte au libéral Honoré Mercier, qui a convoqué en 1887, ici même à
Québec, la première conférence interprovinciale.
Elle avait pour but de mettre fin au veto fédéral sur les affaires des
provinces.
Mercier avait compris que l’affirmation du Québec passe par le poids des
alliances et non pas par le repli du Québec sur lui-même.
Il avait compris aussi que la défense de nos intérêts pouvait parfois même
demander des alliances à l’intérieur des murs de cette Assemblée.
Nous mobiliserons cette Chambre afin de conclure avec le gouvernement canadien
une entente pour limiter le pouvoir fédéral de dépenser et assurer le respect
des compétences québécoises.
Ce n’est pas au gouvernement fédéral de dire au gouvernement du Québec où et
comment investir votre argent.
Cette 38e législature sera le témoin d’un événement exceptionnel. Une occasion
de réjouissance et de fierté; aussi une occasion de croissance et de
développement économique.
Notre capitale nationale célébrera en 2008, le 4e centenaire de sa fondation par
Samuel de Champlain;
Quatre cents ans ont passé depuis que les Premières Nations, aujourd’hui nos
partenaires, ont vu débarquer les Français, puis les Irlandais, puis tous les
autres.
J’invite aujourd’hui tous les Québécois, et tout spécialement les citoyens de la
capitale nationale, à s’investir dans la réussite de cette année de festivités.
J’invite les Premières Nations et les Inuits à se joindre au mouvement; la
nation huronne a d’ailleurs été désignée nation hôtesse de ces célébrations.
Cette ville, l’un des joyaux du patrimoine mondial, qui connaît une prospérité
exceptionnelle, doit s’unir derrière les artisans des fêtes du 400e et en faire
un succès mémorable.
Préparons-nous à fêter ensemble notre histoire et notre fierté.
Nous avons beaucoup de travail devant nous.
Le 26 mars dernier, vous avez réaffirmé votre autorité sur cette Assemblée.
Vous avez choisi un nouveau gouvernement libéral avec une opposition plus forte.
Vous nous demandez de travailler ensemble.
Votre décision représente un défi que nous allons relever.
Félix-Antoine Savard écrivait : « J’ai beaucoup mieux à faire que de m’inquiéter
de l’avenir. J’ai à le préparer. »
C’est ce que nous allons faire ensemble.
La réussite n’est pas affaire de taille et de nombre, mais de cœur et de génie.
Nous sommes cette réussite.
[charest=20070509]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de l’ouverture de la 1re
session de la 38e législature]
Monsieur le Président,
Je suis heureux que vous ayez été reconduit dans vos fonctions. Dans notre
Assemblée nationale, vous êtes une exception. Vous avez fait l’unanimité.
Votre réélection est un gage de la bonne marche de ce nouveau Parlement.
Beaucoup de nouveaux visages animent cette Assemblée. Cinquante-six élus font
cette semaine leur entrée dans cette enceinte.
Comme vient de le mentionner le lieutenant-gouverneur, parmi eux se trouve le
premier autochtone élu à l’Assemblée nationale depuis 80 ans.
J’invite cette Chambre à saluer le député d’Abitibi-Est.
Le dernier autochtone à avoir siégé dans ce Parlement est un Huron de Wendake,
Ludger Bastien, qui a représenté les électeurs du comté de Québec entre 1924 et
1927.
Nous accueillons aussi le plus jeune député à avoir jamais siégé à l’Assemblée
nationale, le député de Marguerite-D’Youville, qui a 22 ans.
Je me reconnais un peu en lui. La première fois que j’ai été élu, en 1984,
j’étais moi aussi l’un des plus jeunes.
Mais les choses sont ainsi faites, Monsieur le Président, qu’on ne reste jamais
le plus jeune très longtemps.
Chaque Parlement a son histoire et c’est souvent une histoire de famille, comme
dans Mégantic-Compton où la nouvelle députée succède à sa mère, Mme Madeleine
Bélanger, qui elle-même, avait succédé à son mari, M. Fabien Bélanger.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue à tous mes collègues nouvellement élus.
Je les félicite d’avoir mérité la confiance des citoyens de leur comté.
Vous serez accompagnés, dans cette 38e législature, par des parlementaires
d’expérience qui sauront, je l’espère, vous inspirer et vous guider.
Je salue le nouveau chef de l’opposition officielle et député de
Rivière-de-Loup. Au terme d’une campagne déterminée, il aura vu sa députation
être décuplée. Félicitations pour le succès que vous avez obtenu.
Je salue également les membres du deuxième groupe d’opposition; une équipe
aguerrie qui saura faire entendre sa voix dans cette Assemblée.
Au passage, je présente mes respects au député de Pointe-aux-Trembles.
Nous voici réunis dans un Parlement fort différent de celui que nous avons
quitté le 21 février dernier.
En élisant un gouvernement minoritaire, les Québécois nous ont rappelé avec
force que c’est eux qui contrôlent le Parlement.
Au moment d’inaugurer cette législature, Monsieur le Président, j’ai envie moi
aussi, comme l’ont fait nos concitoyens, de bousculer les habitudes.
Je vais prendre aujourd’hui la liberté de m’adresser directement aux Québécois.
Après tout, nous sommes ici chez eux, dans leur maison.
Par votre choix du 26 mars dernier, vous nous avez envoyé un message clair. Vous
voulez un gouvernement différent.
Pourtant, pendant quatre ans, nous avons travaillé avec acharnement pour faire
avancer le Québec. Notre bulletin est bon. Mon équipe et moi en sommes fiers.
Le chômage au plus bas.
La cote de crédit du Québec au plus haut. Les meilleurs congés parentaux en
Amérique du Nord.
La relance du développement énergétique. Le Fonds des générations pour réduire
le poids de notre dette.
Un plan de lutte contre les changements climatiques.
Un travail sans précédent de reconstruction de notre système de santé.
Ce sont là quelques-unes de nos réalisations importantes.
En bonne partie, vous nous avez sanctionné pour des erreurs de parcours. C’est
vrai que nous n’avons pas réussi à baisser les impôts autant que nous l’avions
promis.
Mais il y a autre chose dans ce résultat.
Dans les jours qui ont suivi les élections, j’ai repensé aux raisons qui
m’avaient fait choisir le Québec en 1998. Je veux aujourd’hui les partager avec
vous.
Je suis fier de mon passage en politique fédérale. Mais après 14 ans passés à la
Chambre des communes, ma famille et moi avons choisi de rentrer à la maison.
Je souhaitais poursuivre mon engagement politique au sein du Parlement du peuple
québécois. En fait, j’ai choisi de revenir servir à Québec pour les mêmes
raisons que Jean Lesage l’avait fait en 1958.
En 1998, comme en 1958, le Québec faisait face à des enjeux importants pour son
avenir. Des défis qui imposaient une remise en question de nos façons de faire
et des moyens d’action de notre État.
C’est ce que nous avons entrepris il y a quatre ans et que nous devons
poursuivre avec persévérance.
En 1998, comme en 1958, les Québécois s’interrogeaient sur leur adhésion au
système politique canadien.
Or, chaque fois que le peuple québécois a élu un premier ministre qui croyait
dans le fédéralisme canadien, ce choix a toujours été source de progrès dans la
défense des intérêts du Québec.
Et le Québec, c’est aussi le Parti libéral du Québec. La seule formation
politique qui a fait le voyage avec les Québécois depuis la colonie jusqu’à la
nation.
Le Parti libéral du Québec, c’est le parti des libertés et du progrès.
C’est la lumière de la modernité après la grande noirceur.
C’est l’éducation pour tous, l’assurance hospitalisation, le français comme
langue officielle, un ministère consacré à la promotion de notre culture,
l’égalité entre les femmes et les hommes, le développement économique,
énergétique, et maintenant le développement durable.
Il faut s’éloigner un peu pour voir la fascination que le Québec exerce en
Amérique du Nord et dans le monde.
Comment notre peuple, perché au nord des Amériques, qui ne fait pas 3 % de la
population du continent, a pu maintenir une culture et une langue françaises
aussi vivantes et dynamiques pendant 400 ans?
Comment notre peuple, dans un tel environnement, peut rayonner mondialement dans
des domaines aussi variés que l’énergie, le cirque, le cinéma, l’animation 3D,
les télécommunications, l’aéronautique, la recherche médicale, l’optique et la
photonique, et le génie conseil?
Chacun de vous participe au prodige québécois. Il y a dans tous ces succès une
partie de vous.
Tout récemment, le gourou international du marketing, Clotaire Rapaille, disait
ceci en entrevue à Radio-Canada :
« La dimension centrale, c’est le Québec. C’est la mission du Québec en Amérique
du Nord de donner cette complémentarité qui manque entre l’instinct un peu
brutal de l’Américain et le côté un peu parental des (Canadiens) anglais. […]
Les Québécois ont un avenir fantastique s’ils assument cette mission qu’ils ont
en Amérique du Nord. »
Le Québec est une inspiration pour les peuples qui n’ont pas l’avantage du
nombre.
Devant la résilience du peuple québécois, le grand historien britannique Arnold
Toynbee, disait dans le numéro de mars 1949 de la revue The World Review :
« J’ai l’idée que le peuple d’avenir dans les Amériques pourrait bien être les
Canadiens français. […] Si l’humanité est destinée à connaître enfin des jours
heureux, alors je prédirais qu’il y a un avenir dans l’Ancien Monde pour les
Chinois, et dans l’Amérique du Nord pour les Canadiens. Quoi qu’il arrive, je ne
crains pas d’affirmer que ces Canadiens de langue française seront là pour vivre
les dernières heures de l’humanité dans l’Amérique du Nord. »
Que serait le Canada sans le Québec? Le Canada devra un jour le reconnaître.
Nous sommes les cofondateurs de ce pays. Il porte l’empreinte de notre nation.
Ces dernières élections se sont aussi déroulées avec, en fond de scène, un
questionnement identitaire qui, en passant, n’est pas propre au Québec, mais
propre à notre époque.
Je suis né à Sherbrooke. Je suis à demi Irlandais. Je le suis de par ma mère
dont le souvenir m’émeut chaque jour.
Est-ce que je suis moins Québécois pour autant?
Bien sûr que non. Est-ce que quelqu’un né au Québec, mais prénommé Mustafa ou
Helena serait moins Québécois que vous et moi?
On ne peut dresser de telles barrières entre nous.
Le 17 mars dernier, lors de la fête des Irlandais, l’archevêque de Montréal,
monseigneur Jean-Claude Turcotte, a prononcé une homélie très touchante à la
basilique Saint-Patrick. Il disait ceci :
«Every immigrant has a story to tell of how he or she came to Quebec. A welcome
properly offered means being open to that story, and desiring to share it. It is
the start of building a society of friends, rather than strangers. […] As I look
at the walls of this basilica, I see alternating patterns of the shamrock and
the fleur-de-lys: “accommodation” is written there, for all to see, as two
cultures stand side by side, not as strangers, but as brothers and sisters. »
Naître au Québec est une chance.
Immigrer au Québec est un privilège.
Intégrer les immigrants est une responsabilité.
C’est un geste réciproque.
Pour celui qui arrive, c’est prendre avec le Québec les valeurs québécoises :
les libertés individuelles, l’égalité entre les femmes et les hommes, la
séparation entre la religion et l’État.
De façon prioritaire, c’est aussi prendre avec le Québec cette langue qui est le
cœur de notre liberté et de notre identité. Intégration égale aussi
francisation.
Pour celui qui accueille, intégrer les immigrants, c’est s’ouvrir à la
différence et reconnaître les compétences.
Je crois dans la diversité qui enrichit notre identité. Mais je dénonce le zèle
religieux qui l’appauvrit.
Nos chartes ont toujours eu pour but de protéger les minorités contre les abus
de la majorité. Elles n’ont jamais eu pour dessein de permettre l’inverse.
C’est donc dire qu’il y a une limite, une ligne qui doit être tracée.
La Commission Bouchard-Taylor, chargée de faire le point sur les pratiques
d’accommodements raisonnables, nous aidera à tracer cette ligne.
Mais nous pouvons déjà agir dans l’intervalle. Nous allons, par exemple,
renforcer le message livré à chaque immigrant selon lequel nos valeurs
fondamentales ne sont pas négociables.
Ce message, nous allons le rendre public, pour que tous les Québécois sachent ce
qu’on attend de ceux qui sont invités à venir partager notre avenir.
Nous ferons cela tout en réaffirmant notre conviction selon laquelle le seul
Québec possible est un Québec de la diversité.
Il n’y a pas plus beau cadeau que le Québec puisse recevoir que les espoirs de
quelqu’un venu d’ailleurs. Le Québec n’est jamais aussi grand que lorsqu’il
ouvre ses bras.
Certains croient qu’on grandit lorsqu’on lève le menton. Mais en agissant ainsi,
on ne fait que s’empêcher de regarder l’autre.
Moi, je pense qu’on grandit lorsqu’on tend la main. Ma position, c’est celle des
rapprochements, des rapprochements indispensables.
C’est ça être libéral.
Cela nous rappelle que sur le plan des valeurs, les partis politiques dans cette
Assemblée ne sont pas interchangeables.
Il y a des principes et un idéal dans la tradition de notre formation politique.
Dans ce Parlement, chaque élu assume une responsabilité qui est hors de
l’ordinaire.
Le gouvernement ne pourra pas décider seul. L’opposition ne pourra pas seulement
s’opposer. En d’autres mots, dans un Parlement minoritaire, les responsabilités
grandissent et les intérêts partisans diminuent.
Le premier devoir de ce Parlement est de réunir les Québécois, de bien les
représenter, de bien défendre leurs intérêts.
Nous n’avons les moyens d’aucune fracture.
Ni sur la base de l’ethnicité, ni sur la base de la religion.
Nous n’avons les moyens d’aucune rivalité. Le Québec, ce n’est pas une métropole
contre une capitale nationale ou des régions contre les villes.
Il n’y a qu’un seul Québec.
Une seule nation.
Je vous dis aujourd’hui, à tous les Québécois, que nous, les élus, nous allons
travailler ensemble.
C’est le défi que vous nous avez lancé.
La tâche que vous nous avez confiée devient maintenant notre mission.
Le 18 avril dernier, j’ai formé un nouveau Conseil des ministres.
C’est le premier gouvernement de notre histoire qui comprend autant de femmes
que d’hommes.
Ce nouveau gouvernement égalitaire, je l’ai fait en pensant à l’avenir du
Québec, mais aussi en pensant à mon épouse Michèle et à mes filles, Amélie et
Alexandra.
Je veux qu’il soit clair pour elles, comme pour toutes les jeunes filles du
Québec, qu’aucun sommet n’est hors de leur portée.
J’ai voulu briser le plafond de verre, cette barrière invisible, qui fait que
les femmes approchent des niveaux décisionnels, sans pour autant atteindre les
premières marches.
Je n’ai pas besoin de convaincre les femmes de l’importance de cet enjeu. C’est
un combat qu’elles mènent depuis plus de 60 ans.
Je l’ai donc fait aussi en pensant à mon fils Antoine. Je l’ai fait pour dire à
tous les hommes du Québec, et spécialement aux pères, que l’égalité entre les
femmes et les hommes ne peut être véritablement atteinte que si nous nous en
faisons aussi des ardents promoteurs.
C’est pour mon parti une valeur fondamentale. C’est pour moi, comme père et
comme homme, un principe de vie.
Fidèle à la tradition du Parti libéral du Québec, mon nouveau gouvernement
travaillera pour la prospérité du Québec.
Je veux d’abord protéger votre niveau de vie.
Nous voulons le faire en réduisant vos impôts.
Réduire les impôts, c’est un moyen d’encourager le travail, de récompenser
l’effort, d’appuyer notre économie.
Vous travaillez fort, je le sais. Vous méritez d’en garder davantage pour vous.
Pour le Québec, c’est aussi un enjeu de concurrence. Dans ce monde de
concurrence, nous devons aussi être le plus compétitifs possible sur le plan
fiscal.
Globalement, notre économie va bien. Le secteur de l’énergie et celui des mines,
par exemple, tournent à plein régime.
Mais d’autres secteurs sont éprouvés.
Je comprends l’insécurité vécue par nos travailleurs forestiers et
manufacturiers.
Je comprends l’angoisse de nos agriculteurs, qui veulent vivre dignement de la
terre.
Je comprends la difficulté vécue par les entrepreneurs qui cherchent des
travailleurs qualifiés.
Nous nous entendons dans ce Parlement pour renforcer notre économie et
solutionner ces problèmes. Alors nous allons agir avec détermination.
Pour stimuler l’investissement.
Pour soutenir l’innovation.
Pour aider le secteur manufacturier à faire face à la concurrence
internationale.
Pour former les travailleurs.
Pour appuyer nos agriculteurs.
Pour intégrer à l’emploi tous ceux qui le peuvent.
Et pour associer les Premières Nations et les Inuits au succès du Québec.
Je propose dès aujourd’hui aux partis d’opposition de faire du renforcement de
notre économie notre cause commune.
Nous entraînerons la communauté des affaires, les syndicats et les centres de
formation dans une offensive concertée pour relever le défi de la productivité.
Nous allons appuyer notre métropole afin qu’elle puisse diversifier ses sources
de revenus et mieux assumer son rôle crucial de locomotive économique du Québec.
Nous allons aussi continuer de soutenir nos artistes et ceux qui diffusent leurs
œuvres. C’est notre identité. Notre renommée.
C’est aussi une inspiration. Je souhaite que cet esprit conquérant, celui de
notre cirque, de notre cinéma, de notre chanson se transpose dans toutes nos
entreprises. Je veux que la force créatrice du Québec devienne notre plus grand
levier de croissance.
Il y a quelques jours, j’ai participé au 125e anniversaire de la fondation de
Papier Rolland à Saint-Jérôme.
C’était une journée où la tradition et l’histoire rencontraient l’avenir et le
développement durable.
Une journée pleine d’espoir.
En 1965, Jean Lesage s’était rendu au même endroit pour inaugurer la machine
numéro 8 de cette usine.
En 1992, Papier Rolland a été achetée par Cascades. Une transaction qui a marqué
la réunion de deux des plus grandes familles de notre secteur manufacturier, les
Rolland et les Lemaire.
Ce groupe incarne aujourd’hui le renouveau du papier québécois. Il saisit tout
le potentiel du recyclage et s’investit avec confiance dans l’ère du
développement durable.
L’histoire inspire le présent. En décembre, Cascades poursuivait sa croissance.
Elle prenait le contrôle de la compagnie Norampac avec l’appui de la SGF, fondée
par le même Jean Lesage en 1964.
Nous avons tout ce qu’il faut pour faire du Québec une réussite économique. Des
entrepreneurs de talent, un savoir-faire exceptionnel et des leviers de
développement économique puissants.
Pour aller encore plus loin et renforcer notre économie, nous allons développer
les marchés.
We are in the process of building an interconnection with Ontario in order to
export more electricity to our neighbours. It has been some twenty years since
the last new connection going outside Québec was built.
We will draw inspiration from this connection to lift the barriers that still
hamper trade between us.
We will propose that Ontario enter into a free trade agreement with Québec.
Moreover, my government will exercise leadership in rallying business circles
and political decision-makers behind our proposal for a new economic partnership
with the European Union.
Nous nous entendons aussi dans ce Parlement pour que nos régions soient plus
autonomes, plus fortes.
Cette autonomie accrue, c’est un moyen de mieux occuper le territoire; c’est un
moyen pour que nos communautés rurales soient plus fortes; c’est un moyen de
reconnaître la volonté de nos régions de participer pleinement au développement
du Québec.
Cette reconnaissance du leadership qu’assument nos régions nous amène aussi à
reconnaître le leadership assumé par nos élus municipaux.
Avec eux, nous allons accélérer nos travaux de décentralisation.
Nous voulons que les municipalités puissent vous livrer de meilleurs services,
mieux adaptés à vos besoins.
Mon nouveau gouvernement sera à l’écoute des Québécois.
Je partage les inquiétudes de ceux dont les parents vieillissent.
Mon propre père a récemment fêté ses 84 ans. Il vient de quitter la maison qu’il
avait achetée l’année de ma naissance et qui n’a pas changé depuis 1978, l’année
où ma mère est décédée.
Je traverse avec lui cette étape de sa vie. Comme des milliers de Québécois le
font avec leurs propres parents.
Nous devons beaucoup à la génération qui nous a précédés.
Ces femmes et ces hommes ont pour la plupart connu une vie faite de durs labeurs
et de grands sacrifices.
Quelques jours après les élections, j’assistais aux funérailles de Mme Amélia
Lareau, décédée à 91 ans. Elle était veuve et mère de 6 enfants. Elle a habité
la même maison à Sherbrooke pendant 60 ans. Sa fille Louise, en lui rendant
hommage, a dit cette phrase toute simple : « Elle a passé sa vie au service de
sa famille. »
C’est à cette génération d’aînés que nous devons aujourd’hui respect et
reconnaissance.
C’est pour eux que nous mettrons sur pied, après discussion avec les partis
d’opposition, une consultation publique sur les conditions de vie des aînés.
Avec le vieillissement de la population, nous voyons apparaître un nouveau
phénomène. Un nombre grandissant d’aînés actifs et en bonne santé qui veulent
continuer à travailler, à leur rythme.
Je veux valoriser leur apport. Ils sont expérience et sagesse. Pour eux, nous
allons faciliter la retraite progressive. Des discussions sont déjà en cours
avec le gouvernement fédéral pour aménager la réglementation fiscale.
Mon nouveau gouvernement intensifiera ses efforts pour soigner les Québécois
plus rapidement.
Nous avons fait un travail colossal dans notre premier mandat pour redéployer
les assises de notre système de santé. C’est sur ces nouvelles fondations que
nous pouvons désormais bâtir.
Nous mettrons en place la garantie d’accès aux chirurgies, que nous étendrons
graduellement.
Nous augmenterons les efforts de prévention et de promotion de saines habitudes
de vie.
Nous allons ouvrir plus grande la porte à une participation du privé dans notre
système public de soins de santé. L’État achètera des services au secteur privé,
comme le permet maintenant la loi 33, adoptée en décembre dernier.
Nous poursuivrons les travaux sur la place du privé dans notre système de santé
pour améliorer l’accès aux soins et aux services.
Mais nous le ferons sur la base d’un système public à l’intérieur duquel le
privé a un rôle. Il n’y aura pas de marchandisation des soins, pas de commerce
de la souffrance au Québec.
Pour nous, c’est une question de valeurs, une question de justice sociale.
Mon nouveau gouvernement sera à l’écoute de la famille.
Dans les dernières années, nous avons instauré une prime de soutien aux enfants,
développé les places en services de garde et institué les congés parentaux. Et
les naissances ont augmenté.
Nous continuerons de développer les places en services de garde, avec le souci
d’offrir des solutions souples aux besoins variés des parents.
Un peu plus d’un an après la mise en œuvre des congés parentaux, dont le succès
a dépassé toutes les prévisions, nous évaluerons les moyens de répondre encore
mieux aux besoins des jeunes couples.
Notre gouvernement est celui, en Amérique du Nord, qui offre le plus important
soutien aux familles. Et il le demeurera.
Si à travers nos défis et nos débats, nous parvenons à ménager un espace dans la
vie des Québécois pour qu’ils puissent fonder une famille, alors nous serons sur
la bonne voie.
Si nous aidons tous les Québécois qui le veulent à illuminer leur foyer avec la
joie de l’enfance, alors nous serons un peuple heureux.
Voilà le sens de l’aide à la famille.
Mon nouveau gouvernement fera de l’éducation une priorité. Parce que notre
nation en dépend.
Mais nous allons ensemble obéir aux exigences de la réussite, en donnant à nos
universités les moyens de rivaliser avec les meilleures du monde.
La réussite implique l’effort.
La réussite est une responsabilité qui engage tous les Québécois.
Nous allons également renforcer l’apprentissage du français à l’école, mais
aussi la fierté de cette langue dans l’espace public. Nous allons promouvoir la
qualité du français parlé et écrit à travers tout le Québec.
Mon nouveau gouvernement marquera l’avènement du développement durable.
Nous ferons de chaque citoyen, qu’il soit individu ou entreprise, un agent de
changement et de développement durable.
Nous mettrons en œuvre notre plan de lutte contre les changements climatiques.
Nous créerons de la richesse avec notre énergie renouvelable, notre
hydroélectricité, notre pétrole à nous.
Nous travaillerons pour l’installation à Montréal d’une bourse du carbone.
Nous travaillerons avec nos voisins canadiens et américains, parce que nous
respirons le même air.
Nous reboiserons nos forêts. Nous transformerons la crise du secteur forestier
en une occasion de renouvellement de la ressource et d’amélioration de la
compétitivité de l’industrie.
Cette préoccupation des Québécois pour l’environnement a notamment été nourrie
par la formidable odyssée du Sedna IV en Antarctique. Ce périple, vécu et
raconté par le biologiste Jean Lemire, sur internet et à la radio, a fasciné les
Québécois.
Sous mon nouveau gouvernement, le Québec demeurera un leader nord-américain du
développement durable.
Voilà les priorités que nous mettrons en œuvre.
Nous gouvernerons pour vous en pensant, dans chacune de nos décisions et tous
les jours, à ceux que vous aimez le plus. À vos enfants, à notre jeunesse. Nous
gouvernerons pour les Québécois d’aujourd’hui et pour ceux qui feront le Québec
de demain.
C’est la trajectoire sur laquelle nous mettons le Québec. La trajectoire du
succès. Et sur cette trajectoire, nous établissons une étape.
Parce que notre gouvernement est minoritaire, nous devons travailler sur un
échéancier à plus court terme.
Alors je vous dis aujourd’hui ce que nous ferons d’ici décembre prochain.
Nous poserons 8 gestes principaux.
• Pour que vous ayez plus d’argent, nous baisserons vos impôts.
• Pour soigner plus rapidement, nous ouvrirons les premières cliniques privées
affiliées au réseau public.
• Pour élever la qualité de l’éducation et mieux réussir comme peuple, nous
procéderons au dégel des frais de scolarité en bonifiant de manière
correspondante le programme des prêts et bourses.
• Pour que nous soyons en meilleure santé, nous mettrons en œuvre un plan
d’élimination de la malbouffe dans les écoles.
• Pour que vous, les parents, sachiez comment progressent vos enfants à l’école,
nous ferons en sorte qu’un bulletin chiffré soit en vigueur dès la prochaine
rentrée scolaire.
• Pour protéger notre environnement, nous mettrons en place la redevance sur les
hydrocarbures, qui sera versée au Fonds vert.
• Pour que nos agglomérations fonctionnent mieux, au bénéfice de leurs citoyens,
nous allons travailler avec nos partenaires pour régler les problèmes.
• Pour que nous soyons plus en sécurité, nous présenterons une loi sur les armes
à feu semi-automatiques et à circulation restreinte.
Le jour le plus sombre que j’ai vécu comme premier ministre a été celui de la
tragédie du Collège Dawson. Cette loi sera pour nous la loi Anastasia, en
souvenir de la jeune Anastasia De Souza dont la vie a été fauchée ce jour-là.
Ces huit gestes contribueront à améliorer votre niveau de vie et votre qualité
de vie.
C’est de cette manière que nous allons procéder, en présentant des objectifs à
court terme qui marquent notre progrès sur la voie du développement à long terme
du Québec.
Le premier jalon de notre marche sera posé d’ici la fin du mois avec la
présentation d’un nouveau budget.
Ce budget sera le reflet de vos priorités.
Il sera guidé par deux maîtres mots : rigueur et transparence.
Vous travaillez fort pour chaque dollar gagné. Nous ferons en sorte que chaque
dollar prélevé en taxes ou impôts soit géré sainement.
Vous avez droit à un répit. Je demande à l’opposition de faire comme nous, de
prendre le parti de la classe moyenne, et de permettre des baisses d’impôt.
Mon nouveau gouvernement continuera de défendre chaque jour avec vigueur et
passion les intérêts du Québec.
Comme nous l’avons fait :
• en rapatriant la responsabilité en matière de congés parentaux;
• en obtenant de parler de notre voix à l’UNESCO;
• en obtenant la reconnaissance du fédéralisme asymétrique, en d’autres mots
être Canadiens à notre manière;
• et en voyant enfin le Québec être reconnu comme une nation.
Pour nous, la création d’alliances est une condition du succès dans la défense
des intérêts du Québec. C’est pour cette raison que le Québec a piloté la
création du Conseil de la fédération.
Cette volonté de créer des alliances est une de nos valeurs.
Elle remonte au libéral Honoré Mercier, qui a convoqué en 1887, ici même à
Québec, la première conférence interprovinciale.
Elle avait pour but de mettre fin au veto fédéral sur les affaires des
provinces.
Mercier avait compris que l’affirmation du Québec passe par le poids des
alliances et non pas par le repli du Québec sur lui-même.
Il avait compris aussi que la défense de nos intérêts pouvait parfois même
demander des alliances à l’intérieur des murs de cette Assemblée.
Nous mobiliserons cette Chambre afin de conclure avec le gouvernement canadien
une entente pour limiter le pouvoir fédéral de dépenser et assurer le respect
des compétences québécoises.
Ce n’est pas au gouvernement fédéral de dire au gouvernement du Québec où et
comment investir votre argent.
Cette 38e législature sera le témoin d’un événement exceptionnel. Une occasion
de réjouissance et de fierté; aussi une occasion de croissance et de
développement économique.
Notre capitale nationale célébrera en 2008, le 4e centenaire de sa fondation par
Samuel de Champlain;
Quatre cents ans ont passé depuis que les Premières Nations, aujourd’hui nos
partenaires, ont vu débarquer les Français, puis les Irlandais, puis tous les
autres.
J’invite aujourd’hui tous les Québécois, et tout spécialement les citoyens de la
capitale nationale, à s’investir dans la réussite de cette année de festivités.
J’invite les Premières Nations et les Inuits à se joindre au mouvement; la
nation huronne a d’ailleurs été désignée nation hôtesse de ces célébrations.
Cette ville, l’un des joyaux du patrimoine mondial, qui connaît une prospérité
exceptionnelle, doit s’unir derrière les artisans des fêtes du 400e et en faire
un succès mémorable.
Préparons-nous à fêter ensemble notre histoire et notre fierté.
Nous avons beaucoup de travail devant nous.
Le 26 mars dernier, vous avez réaffirmé votre autorité sur cette Assemblée.
Vous avez choisi un nouveau gouvernement libéral avec une opposition plus forte.
Vous nous demandez de travailler ensemble.
Votre décision représente un défi que nous allons relever.
Félix-Antoine Savard écrivait : « J’ai beaucoup mieux à faire que de m’inquiéter
de l’avenir. J’ai à le préparer. »
C’est ce que nous allons faire ensemble.
La réussite n’est pas affaire de taille et de nombre, mais de cœur et de génie.
Nous sommes cette réussite.
[charest=20070510]
[ Allocution du
premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à l’occasion des assises annuelles
de l’Union des municipalités du Québec]
Monsieur le Président de l’Union des municipalités du Québec,
Monsieur le Président de la Fédération canadienne des municipalités,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver dans le cadre de vos assises annuelles.
Ma présence parmi vous est le signe clair de la détermination de mon
gouvernement de poursuivre sur la voie du partenariat avec les municipalités du
Québec.
Nous avons ouvert cette voie ensemble en négociant, et j’insiste sur le mot
négocier, un partenariat fiscal et financier jusqu’en 2013.
J’étais ici même avec vous l’an dernier pour en faire l’annonce avec madame
Nathalie Normandeau.
Ce partenariat fiscal et financier procure à toutes les municipalités une
meilleure équité et des sources de revenus plus prévisibles.
Il assure une meilleure planification dans le développement de chacune des
entités municipales et des services de plus grande qualité.
Mais ce qui est plus important, c’est d’améliorer la qualité des services
offerts aux Québécois, que ce soit au niveau municipal ou au niveau de mon
gouvernement.
Le résultat des dernières élections confirme, à mes yeux, que les Québécois
souhaitent que nous poussions encore plus loin cet esprit de partenariat.
Il faut que l’action de tous les paliers de gouvernement, qu’il s’agisse du
fédéral, du provincial, du municipal et même du scolaire, s’éloigne des chicanes
stériles.
Le 26 mars dernier, les Québécois nous ont reportés au pouvoir.
Ils l’ont fait en nous retirant notre majorité.
Ils nous ont envoyé un message clair. Celui de former un gouvernement différent.
Nous avons accepté ce résultat avec humilité et responsabilité.
Les Québécois souhaitent que leur gouvernement les écoute davantage.
Pour le mandat qui commence, les Québécois souhaitent que tous les élus
travaillent ensemble.
C’est l’invitation que j’ai lancée hier aux partis d’opposition.
Mon nouveau gouvernement travaillera pour la prospérité du Québec.
Nous voulons le faire en réduisant les impôts de la classe moyenne.
Réduire les impôts, c’est un moyen d’encourager le travail, de récompenser
l’effort, d’appuyer notre économie.
Pour le Québec, c’est aussi un enjeu de concurrence.
Dans ce monde de concurrence, nous devons aussi être les plus compétitifs
possible sur le plan fiscal.
Globalement, notre économie va bien.
Le secteur de l’énergie et celui des mines, par exemple, tournent à plein
régime.
Mais d’autres secteurs sont éprouvés.
Je pense aux secteurs forestier et manufacturier, à nos agriculteurs et à nos
entrepreneurs qui cherchent des travailleurs qualifiés.
Nous devons renforcer notre économie et solutionner ces problèmes.
Nous allons agir avec détermination :
pour consolider le secteur forestier en nous associant à vos communautés;
pour stimuler l’investissement;
pour soutenir l’innovation;
pour aider le secteur manufacturier à faire face à la concurrence
internationale;
pour former les travailleurs;
pour appuyer nos agriculteurs;
pour intégrer à l’emploi tous ceux qui le peuvent.
Nous allons appuyer notre métropole afin qu’elle puisse diversifier ses sources
de revenus et mieux assumer son rôle crucial de locomotive économique du Québec.
Nous n’avons les moyens d’aucune rivalité.
Nous devons tous travailler ensemble.
Le 18 avril dernier, j’ai annoncé la composition d’un nouveau Conseil des
ministres.
Ce Conseil rassemble à la fois l’expérience et le renouvellement.
Parmi ces ministres, une de vos principales interlocutrices sera madame Nathalie
Normandeau.
La ministre des Affaires municipales et des Régions, également vice-première
ministre, sera en pays de connaissances.
Comme l’un des principaux artisans du partenariat fiscal et financier avec les
municipalités, elle saura en assurer la mise en œuvre et sa fructification.
Cela vaut aussi pour la Politique nationale de la ruralité.
Je rappelle ici la mission que j’ai confiée à madame Normandeau en la plaçant
aux commandes de cet important ministère.
Elle devra poursuivre l’entreprise de décentralisation avec le milieu municipal.
Elle le fera avec vous en respectant votre rythme.
Elle verra à déployer des moyens concrets pour conduire les régions sur la voie
d’une plus grande autonomie.
Le fait d’être un gouvernement minoritaire ne nous dégage pas de notre
responsabilité d’assurer une saine gestion des finances publiques.
Nous continuerons de contrôler la croissance des dépenses.
Nous réduirons les coûts de gestion des programmes gouvernementaux.
Nous réduirons la taille de l’État.
Nous réduirons le poids de notre dette par le biais du Fonds des générations.
Nous allons rapprocher nos actions et nos décisions de ce qui touche la vie
quotidienne de nos concitoyens.
Parmi l’ensemble des actions que nous poserons, il y aura, plus
particulièrement, huit gestes principaux d’ici décembre prochain.
Il y a le dégel des frais de scolarité et la bonification du programme des prêts
et bourses.
Nous voulons éliminer la malbouffe dans nos écoles et donner à nos enfants et à
leurs parents un bulletin chiffré.
Nous présenterons une loi sur les armes à feu semi-automatiques et à circulation
restreinte.
Pour soigner plus rapidement, nous ouvrirons les premières cliniques privées
affiliées au réseau public.
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, nous baisserons les impôts de la classe
moyenne.
Pour mieux protéger notre environnement, nous mettrons en place la redevance sur
les hydrocarbures, qui sera versée au Fonds vert.
Et, pour que nos agglomérations fonctionnent mieux au bénéfice des citoyens, mon
gouvernement travaillera avec vous pour en améliorer le fonctionnement.
C’est de cette façon que nous allons procéder, en présentant des objectifs à
court terme qui marquent notre progrès sur la voie du développement à long terme
du Québec.
Quand on aborde le développement à plus long terme du Québec, je pense aussi aux
priorités que vous vous êtes données :
une plus grande équité fiscale municipale;
la réfection des infrastructures;
le développement économique des régions, et
l’occupation dynamique du territoire;
l’environnement;
les équipements sportifs, culturels et communautaires.
Tous des sujets sur lesquels nous avons échangé depuis les quatre dernières
années.
En décembre dernier, nous avons lancé la Politique nationale de la ruralité.
La mise en valeur de la diversité des milieux ruraux et l’occupation dynamique
de notre territoire sont au cœur de cette politique.
Je tiens à souligner l’importante contribution de l’Union des municipalités du
Québec à son élaboration.
En matière d’infrastructures, nous avons accompli des progrès remarquables au
cours des dernières années :
l’entente avec le gouvernement fédéral concernant le transfert d’une partie de
la taxe sur l’essence;
le programme d’infrastructures Québec-Municipalités;
le Fonds sur l’infrastructure municipale rurale;
le Fonds canadien sur l’infrastructure stratégique.
Par ailleurs, nous reconnaissons qu’il y a encore beaucoup à faire.
C’est pourquoi nous continuerons de faire preuve de leadership dans la conduite
de nos discussions avec le gouvernement fédéral.
Nous le ferons pour que vous bénéficiez des ressources disponibles pour réaliser
vos missions.
Nous assumerons ce leadership avec vous.
Le gouvernement du Québec maintiendra, à un niveau sans précédent, ses
investissements dans son réseau routier.
Nous le ferons, car cela représente un puissant levier de développement pour nos
régions.
En mars 2006, nous avons annoncé la création d’un fonds de 30 millions de
dollars pour le développement du sport et de l’activité physique.
Il aidera à améliorer la qualité de vie des jeunes grâce à de nouvelles
installations et à des équipements de loisirs communautaires.
En environnement, le partenariat avec les municipalités est incontournable.
Nous avons placé le Québec sur la voie du développement durable.
Le monde entier a salué l’effort du Québec en cette matière.
Dans la même foulée, nous allons nous associer aux municipalités pour favoriser
les initiatives en transport en commun.
C’est l’addition de tous ces gestes qui nous permettra de relever le défi des
changements climatiques.
J’aimerais aujourd’hui mettre de l’avant une nouvelle initiative, poser un geste
de plus.
Nous nettoierons ensemble les sols de vos municipalités. Nous ferons le ménage,
comme le dit parfois la mairesse Boucher.
C’est dans cet esprit que je vous annonce que mon gouvernement met à votre
disposition une somme de 50 millions de dollars sur 3 ans afin de réhabiliter
les terrains contaminés.
Ces nouveaux fonds serviront à ce que des projets de développement voient le
jour.
Ces projets stimuleront notre économie.
Ils se feront également dans le respect de notre environnement, car ils devront
prévoir le maintien ou la création d’espaces verts.
Il s’agit là d’une mesure additionnelle à celles déjà prévues pour contribuer à
la réduction des gaz à effet de serre.
On nettoie, on bâtit, on développe notre économie tout en permettant la
réduction des gaz à effet de serre.
C’est ça le développement durable.
Dans le respect de nos missions et de nos responsabilités respectives, c’est
l’intention de mon gouvernement d’approfondir et de développer ces partenariats
avec les municipalités.
Mais il y a une promesse que je peux vous faire aujourd’hui, c’est que nous
n’avons pas l’intention de transférer aux municipalités la mission essentielle
de l’État, soit celle d’éduquer nos enfants, comme certains le proposent.
Ni dans l’enseignement primaire et secondaire, ni même dans le transport
scolaire.
Ce sur quoi nous devons travailler ensemble, c’est à la diversification des
économies locales.
Cela se fera en bonne partie par la mise en œuvre de la Stratégie de
développement des régions.
Il faut s’attaquer à la question de la baisse démographique.
Il faut poursuivre nos efforts pour permettre aux jeunes de revenir vivre en
régions.
Nous devons leur donner les moyens de se former en région, d’innover et de faire
de la recherche en région.
Dans ce travail continu, je vous donne l’assurance que vous trouverez dans mon
gouvernement un partenaire actif.
Dans ce contexte et pour réussir, les rivalités et les divisions n’ont pas leur
place.
La réussite de chacune des régions, le succès de chacune de nos villes doit être
un encouragement et un exemple pour les autres.
Le Québec, ce n’est pas une métropole contre une capitale nationale ou des
régions contre les villes.
Il n’y a qu’un seul Québec.
Je vous souhaite des assises annuelles fécondes.
Je vous remercie.
[Charest=20070525]
[Annonce du Fonds de l’innovation]
M. Philippe Couillard, ministre responsable de la région de la
Capitale-Nationale,
M. Raymond Bachand, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de
l’Exportation et ministre du Tourisme,
M. Sam Hamad, député de Louis-Hébert et ministre de l’Emploi et de la Solidarité
sociale,
M. Paul-Arthur Huot, président-directeur général de PÔLE Québec
Chaudière-Appalaches et président du Comité régional ACCORD Capitale-Nationale,
Mme Andrée P. Boucher, mairesse de la Ville de Québec,
Mesdames et messieurs, leaders économiques de la région de la
Capitale-Nationale,
C’est une belle annonce que nous faisons aujourd’hui, une annonce stimulante
pour la région de la Capitale-Nationale.
Le dynamisme de la région, ça s’entend, ça se lit, ça se voit et surtout, ça se
vit.
Ça s’entend et ça se lit : Québec se retrouve à la tête de plusieurs palmarès.
Pas plus tard que cette semaine, une étude de Desjardins venait, une fois de
plus, confirmer la performance économique exceptionnelle de Québec et de sa
région.
En décembre dernier, une étude du Conference Board du Canada plaçait Québec 4e
sur 20 régions métropolitaines du Canada et du Nord-Est des États-Unis pour sa
vitalité économique en 2005.
Aussi, en septembre dernier, le Conference Board a classé Québec au 4e rang des
villes canadiennes pour la croissance économique.
Également, l’automne dernier, le Canadian Business Magazine a nommé Québec «
meilleure ville canadienne pour faire des affaires ».
Enfin, dans l’édition de mai 2007 du magazine anglophone Foreign Direct
Investment Magazine on qualifiait la ville de Québec comme ayant la meilleure
qualité de vie parmi les plus grandes villes nord américaines.
Ça se voit et ça se vit : notamment par un
faible taux de chômage (5,1 % en avril 2007, soit le plus bas de toutes les
régions du Québec. Ensemble du Québec : 7,6 %).
faible taux d’inoccupation des édifices à bureaux (3,2 % à l’automne 2006,
soit le plus faible taux au Canada après Calgary (1,5 %). Montréal = 10,9 %.
Ces données témoignent donc de la vitalité économique d’une région qui a réussi
sa diversification économique.
Mais ils nous disent aussi que nous avons des défis à relever: une population
qui vieillit plus rapidement, la formation de travailleurs bilingues, une
immigration que nous devons attirer et retenir à Québec.
Ces questions ont fait partie des thèmes que nous avons abordés cet après-midi,
quand j’ai rencontré des leaders économiques de la région accompagné du mes
collègues ministres.
Une rencontre qui faisait suite à celle que nous avions eue, au même endroit et
à la même date l’année dernière. La continuité, c’est important pour nous!
L’avenir, c’est tous ensemble que nous le préparons. J’ai été sensibilisé aux
défis auxquels la région doit faire face au cours des prochaines années; la
main-d’œuvre en est un qui me préoccupe grandement. La productivité aussi.
Une annonce comme celle d’aujourd’hui permettra d’accroître la productivité et
de la diversifier.
Nous avons tout ce qu’il faut pour faire du Québec une réussite économique :
des entrepreneurs de talent;
un savoir-faire exceptionnel;
des leviers de développement économique puissants.
Nous mettons de l’avant des mesures permettant de stimuler l’économie des
régions.
Parce que l’avenir du Québec, c’est l’affaire de tous et qu’il passe
inévitablement par le succès de toutes les régions.
Le gouvernement est un partenaire important des régions du Québec.
Nous voulons qu’elles soient plus autonomes, plus fortes.
En mettant en valeur toutes les particularités et les possibilités de leur
territoire, elles jouent un rôle actif dans le développement du Québec.
Je veux que leur leadership soit reconnu.
Le dynamisme de la région, il se vit et se vivra aussi en 2008 dans le cadre des
Fêtes du 400e.
Les divers paliers gouvernementaux ont déjà mis en œuvre des projets majeurs.
La ville de Québec est déjà belle et accueillante, elle le sera encore
davantage.
Mais pour qu’une fête soit réussie, il faut que tout le monde y participe, il
faut que chacun s’y implique activement.
Je sais qu’avec son dynamisme, l’implication de la communauté d’affaires de la
région peut avoir un véritable effet de locomotive sur la population.
Vous avez sans doute commencé à voir les rubans du 400e apparaître sur les
différentes publicités.
À titre de premier ministre, j’ai demandé d’intégrer la signature du 400e, ces
rubans colorés, sur les éléments de communication du gouvernement.
Je vous invite à en faire autant, à teinter vos éléments d’affaires aux couleurs
du 400e.
C’est ainsi que nous ressentirons l’ambiance de la fête.
Les Québécois ont su maintenir leur culture et leur langue vivantes et
dynamiques depuis 400 ans.
Nous devons fêter notre histoire et notre fierté.
Dans ce grand projet de société, notre gouvernement investit 40 M$ afin de faire
des Fêtes du 400e de Québec un succès populaire.
Ces fêtes auront des retombées économiques, touristiques et culturelles durables
pour toute la région de la Capitale-Nationale.
Faisons en sorte tous ensemble que les Fêtes du 400e connaissent un succès
mémorable puisque les retombées profiteront à toute la collectivité.
Merci.
[Charest=20070531]
[ Annonce de bulletins chiffrés]
Chères Collègues (Michelle Courchesne et Stéphanie Vallée),
Mme la Présidente sortante de la Fédération des comités de parents (Mme Diane
Miron),
M. le Président de la Fédération des commissions scolaires du Québec (M. André
Caron),
Mesdames, Messieurs,
Depuis la première élection de notre gouvernement, nous nous avons réinvesti en
éducation de manière soutenue et continue. Grâce à nos réalisations, le Québec a
aujourd’hui un meilleur système d’éducation.
Parmi les engagements que nous avons réalisés, notons :
au primaire :
Anglais dès la première année
Aide aux devoirs
Ajout de 90 minutes en classe pour plus d’éducation physique, plus d’arts et
plus d’anglais
au primaire et au secondaire :
Soutien aux élèves en difficulté,
dont 1 800 professionnels de plus
au secondaire :
Augmentation du temps d’enseignement du français : à terme, une année complète
de plus
Nous travaillons également pour :
au primaire et au secondaire :
Ajouter une heure d’activités après l’école
Éliminer la malbouffe dans les écoles
Élever la qualité du français
au secondaire :
Instaurer des séjours d’immersion en anglais
Ces réalisations démontrent que mon gouvernement est à l’écoute de la
population, des parents du Québec.
Ce sont précisément les parents qui ont demandé au cours de la dernière campagne
électorale de revenir avec le bulletin chiffré.
Ces parents, qui sont aussi nos électeurs, nous ont demandé de les écouter et
d’agir promptement.
Le 26 mars dernier, les citoyens du Québec nous ont envoyé un message clair.
Lors de mon discours inaugural, mon gouvernement s’est engagé au retour du
bulletin chiffré dès la prochaine rentrée scolaire.
Nous nous sommes engagés en ce sens et cet engagement prend forme dès
aujourd’hui.
La même chose doit être dite pour le redoublement. Nous avons été sensibilisés
aux besoins des parents et nous agissons en conséquence.
Le geste que nous posons contribue à améliorer le suivi des parents quant au
parcours académique de leur enfant.
La réalisation de cet engagement correspond à cette manière que nous allons
procéder, soit en présentant des réalisations à plus court terme qui marquent
notre progrès sur la voie du développement à long terme.
Nous savons que la réforme a connu quelques écueils depuis sept ans.
Aujourd’hui, nous posons des gestes de manière à mieux servir les parents, et
appuyer les enfants dans leur réussite scolaire.
Voilà ce que nous offrons, un gouvernement qui réalise ses engagements et qui
agit dans l’intérêt de sa population.
Bonne journée.
[Charest=20070604]
[Lutte contre la prolifération des algues bleu vert et prévenir la contamination des cours d’eau du Québec]
Salutations,
Dans quelques semaines, les Québécois prendront des vacances bien méritées… qui
ne seront pas perturbées par des élections.
Au Québec, l’eau est au centre de nos vies; l’eau est au cœur de notre avenir.
L’eau est source de nos loisirs et aussi de notre prospérité. C’est l’eau, par
exemple, qui fait du Québec une puissance énergétique.
L’an passé, la présence d’algues bleu-vert a causé des inconvénients importants
à des milliers de vacanciers et de résidents établis près de nos plans d’eau.
Cette année, nous prenons les moyens pour aider les Québécois à passer de belles
vacances.
Et pour mobiliser les citoyens dans un mouvement de préservation et de
restauration de nos plans d’eau.
Nous présentons aujourd’hui un plan d’action concerté pour contrer les algues
bleu-vert.
Ce plan se déclinera en deux volets :
un volet plan d’urgence,
et un volet prévention.
À partir d’aujourd’hui, nous engageons des actions qui visent à contrer le
problème.
Mais aussi, à partir de maintenant, nous engageons les Québécois dans la
bataille, car cet enjeu est l’affaire de tous.
Chez nous, comme à peu près partout ailleurs dans le monde, nous assistons
depuis quelques années à une augmentation du nombre de milieux touchés par les
algues bleu-vert, les cyanobactéries.
En 2004, 43 milieux avaient été affectés au Québec.
En 2005, 49.
En 2006, 107.
Il est donc certain qu’il y en aura d’autres cette année.
La situation n’est pas dramatique. Le Québec, c’est 4 500 rivières et un demi
million de lacs.
Mais nous sommes quand même préoccupés.
Parce que le nombre de cas augmente.
Parce que les algues bleu-vert peuvent nuire à la santé.
Et parce que les inconvénients pour les citoyens sont nombreux.
J’ai été à même de mesurer les inconvénients causés par les algues bleues.
L’an dernier, dans mon coin de pays, en Estrie, le lac Massawippi a été touché.
L’an passé, 11 lacs dans lesquels on avait détecté la présence de cyanobactéries
servaient de source d’eau potable pour les municipalités avoisinantes.
L’été dernier, 77 municipalités ont dû fermer des plages publiques, restreindre
les activités nautiques et limiter l’utilisation de l’eau à des fins
domestiques.
Lorsque des algues bleues sont détectées, le problème est sérieux.
Notre premier souci est la santé des citoyens.
En présence d’algues bleues, l’eau devient non potable. Si on en boit, on
s’expose à des maux de ventre, des vomissements, des maux de tête, de la fièvre.
Même le contact avec l’eau peut causer des ennuis, comme l’irritation de la
peau, du nez, de la gorge ou des yeux.
Certains groupes sont plus sensibles, comme les jeunes enfants.
Je remercie le Dr Alain Poirier, de la Direction de la santé publique, d’être
avec nous aujourd’hui. Il pourra répondre à vos questions sur les risques des
cyanobactéries pour la santé humaine.
Les algues bleues sont un problème de santé publique.
Mais à l’origine, c’est un problème environnemental.
Les algues bleu-vert sont essentiellement causées par un surplus de phosphore
dans l’eau.
Le réchauffement climatique favorise la prolifération, mais un fait demeure :
c’est d’abord l’activité humaine qui est en cause.
Le phosphore vient entre autres :
De l’utilisation de fertilisants pour les sols et les pelouses;
D’installations septiques absentes ou inadéquates;
Et du rejet d’eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées.
La bonne nouvelle : comme c’est l’activité humaine qui est en cause, ça veut
dire que nous pouvons changer les choses si nous nous y mettons tous ensemble.
Aujourd’hui, nous prenons les moyens pour mieux intervenir lorsque des algues
bleues sont détectées.
Nous prenons les moyens pour protéger la santé des citoyens et limiter les
inconvénients.
Nous prenons les moyens pour mieux prévenir les algues bleu-vert.
Je tiens à saluer tout le travail qui a été fait au cours des derniers mois pour
arriver aujourd’hui avec un plan d’action concerté.
Notre gouvernement,
l’Union des municipalités du Québec,
la Fédération québécoise des municipalités,
les Conseils régionaux en environnement,
les Organismes québécois de bassins versants,
Tous ces groupes, du niveau national au niveau local se sont donné la main.
Ils ont travaillé ensemble et élaboré dans un temps record un plan d’action sans
précédent pour préserver une ressource qui est au cœur de notre vie.
Merci.
[Charest=20070607]
[Annonce d’une chaire de recherche et d’usines de démonstration de production d’éthanol cellulosique]
Madame la Ministre des Relations internationales,
Mesdames, Messieurs,
L’événement d’aujourd’hui nous permet de franchir une nouvelle étape dans la
mise en œuvre de la stratégie énergétique du Québec.
Ainsi, que dans l’atteinte de nos objectifs de lutte aux changements
climatiques.
Jusqu’à présent, nous avons relancé et accéléré le développement de notre
patrimoine hydroélectrique.
Nous avons également posé des gestes concrets pour que l’énergie éolienne
devienne une filière d’avenir.
Deux sources d’énergie propre qui permettront au Québec de demeurer un leader
dans la lutte aux changements climatiques.
Elles nous permettrons aussi d’exporter davantage chez nos voisins et de les
aider à contrer un problème qui, rappelons-le, ne connaît pas de frontières.
Nous visons également à développer une filière québécoise des carburants
renouvelables avec l’éthanol.
Le Plan d’action sur les changements climatiques contient une série
d’initiatives visant notamment le transport collectif, le transport des
marchandises et les carburants renouvelables.
Ces initiatives seront financées, comme l’a annoncé le ministre Béchard hier,
par une redevance sur les hydrocarbures qui sera versée au Fonds vert.
Développement de la filière éthanol
Tel que nous l’avons prévu dans notre stratégie énergétique, le gouvernement
vise à atteindre 5 % d’éthanol en moyenne dans les ventes d’essence d’ici 2012.
― autrement dit, il nous faut substituer 5 % d’éthanol à 5 % de pétrole.
Pour atteindre cet objectif, mon gouvernement a clairement indiqué dans la
stratégie énergétique que nous entendions privilégier l’éthanol de deuxième
génération, appelé éthanol cellulosique.
Nous souhaitons nous tourner vers d’autres ressources produites localement comme
la biomasse forestière et agricole, et les déchets urbains plutôt que sur la
filière du maïs grain.
Cette approche nécessite cependant le perfectionnement des technologies de
production d’éthanol cellulosique.
Des défis technologiques importants demandent à être résolus. À cette fin, le
gouvernement du Québec soutiendra la recherche et le développement dans ce
domaine d’avenir.
Nous assistons aujourd’hui au lancement de projets porteurs d’avenir et qui
seront importants dans l’atteinte de nos objectifs.
Ces projets permettront d’injecter au total près de 25 M$ au cours des cinq
prochaines années, dont une contribution de 6,5 millions de dollars du
gouvernement du Québec.
Des partenaires industriels se joindront à l’effort en fournissant le reste du
financement.
Il s’agit de deux entreprises de l’Estrie issues de travaux de recherche
réalisés à l’université de Sherbrooke : Enerkem et CRB Innovations.
De la société Éthanol Greenfield qui exploite la seule usine de production
d’éthanol au Québec, à Varennes.
De la papetière Kruger, bien implantée en Estrie, notamment à Bromptonville et
de la pétrolière Ultramar.
Je tiens à souligner la vision de ces entreprises qui croient au développement
durable et à la capacité du Québec, et de l’Estrie en particulier, de relever
les défis technologiques reliés aux carburants renouvelables.
Les quatres projets sont :
Premièrement, une chaire de recherche à l’Université de Sherbrooke, sous la
gouverne de renommé professeur Esteban Chornet, qui œuvre dans ce domaine
depuis de nombreuses années et qui est un des leaders en Amérique du Nord dans
ces technologies.
le deuxième projet est une usine de démonstration de la technique de
gazéification de la biomasse qui sera située à Wesbury, ici en Estrie.
le troisième projet se concentrera sur la biomasse forestière. Il impliquera
Kruger à son usine de Bromptonville.
le quatrième projet touche la mise en œuvre d’un consortium de recherche
québécois qui permettra de mieux orienter et coordonner les efforts de
recherche dans ce domaine.
Diverses entreprises, universités et centres de recherches seront invités
prochainement à se joindre à ce lieu de concertation.
Je suis convaincu que le Québec est bien positionné pour réussir et développer
une industrie de production d’éthanol cellulosique.
Nous disposons de biomasse forestière, de résidus agricoles et de déchets
organiques urbains et industriels.
Nous détenons une expertise scientifique reconnue en Amérique du Nord dans le
domaine de la transformation de la biomasse.
Et comme vous le savez, notre industrie des pâtes et papiers est bien implantée.
D’ailleurs, la filière de l’éthanol-carburant de deuxième génération, à partir
de la biomasse, permettra de renforcer les secteurs forestier et agricole.
Elle contribuera également à apporter une solution au problème de la gestion de
la partie des déchets urbains qui ne se prête pas au recyclage.
Les nouvelles technologies énergétiques s’inscrivent dans l’avenir : elles
permettront de remplacer les sources d’énergie traditionnelles, celles dont les
gisements sont de plus en plus rares et coûteux à exploiter.
Mon gouvernement mise sur le développement de la filière éthanol. Il s’agit d’un
choix environnemental propre pour le Québec d’aujourd’hui et pour les
générations futures.
L’annonce d’aujourd’hui nous permet de nous positionner une nouvelle fois en
tant que leader dans les énergies propres et renouvelables.
Merci de votre attention.
[Charest=20070608]
[Annonce de nouveaux budgets de 40 millions de dollars pour les services aux personnes handicapées]
Mesdames, Messieurs,
C’est avec beaucoup de fierté que monsieur Couillard, monsieur Copeman et
moi-même vous rencontrons aujourd’hui.
D’entrée de jeu, je remercie l’équipe du Centre de réadaptation en déficience
physique de Québec et du Centre Cardinal-Villeneuve pour un accueil aussi
chaleureux.
Il est toujours important pour de moi de pouvoir constater ce qui se fait sur le
terrain dans le domaine de la santé, la grande priorité des Québécois et de mon
gouvernement.
Dans le discours sur le budget présenté il y a deux semaines par madame
Jérôme-Forget, la santé et les services sociaux ont été favorisés, avec des
crédits majorés d’environ 6 % encore cette année.
Et la raison de notre présence aujourd’hui témoigne des efforts importants que
l’on consent à ce secteur.
Pour la déficience physique, pour la déficience intellectuelle et pour les
troubles envahissants du développement, je vous annonce que 40 millions de
dollars sont prévus pour cette année.
Ces investissements vont permettre de mieux soutenir les personnes vivant avec
une déficience physique ou intellectuelle.
On réussira également à mieux soutenir plusieurs familles qui ont à leur charge
un proche vivant avec un handicap et leur permettre de souffler un peu.
Les montants investis aujourd’hui nous permettront de répondre à quatre grands
besoins :
Améliorer les services de soutien à domicile et dans la communauté, ainsi que
pour le soutien aux familles;
Améliorer les modalités du chèque emploi-services;
Bonifier les services spécialisés offerts par les centres de réadaptation,
principalement pour les enfants et les jeunes;
Et accentuer la recherche.
Monsieur Couillard vous précisera, dans quelques instants, comment les sommes
seront réparties.
L’annonce d’aujourd’hui s’ajoute aux réinvestissements récurrents de 65 millions
de dollars qui ont été effectués par notre gouvernement depuis 2003, pour un
effort cumulatif dépassant les 100 millions de dollars.
Les efforts que nous avons faits sont significatifs.
Conformément à nos engagements, quelque 5 000 personnes ayant un trouble
envahissant du développement reçoivent actuellement des services spécialisés.
Environ 600 enfants bénéficient du programme en intervention comportementale
intensive (ICI) mis en place par notre gouvernement.
C’est avec une grande détermination que notre gouvernement a agit dans le
domaine des troubles envahissants du développement, où les besoins étaient
particulièrement criants.
Nous avons également développé, et c’est une première, une formation
universitaire sur mesure pour les intervenants en troubles envahissants du
développement. Quelques 441 intervenants suivent cette formation.
Un réseau national d’expertise a récemment été mis en place par notre
gouvernement.
Ce réseau deviendra, j’en suis convaincu, un véritable carrefour de
connaissances relatives aux troubles envahissants du développement.
Il reste que nous pouvons et que nous devons en faire plus.
Les adultes, et surtout les enfants, qui bénéficient du support de notre réseau
doivent profiter des meilleurs soins possibles.
S’il y a un choix de société qui ne mérite pas de faire les frais de décisions
partisanes, c’est celui de la santé des Québécois.
Aujourd’hui, les personnes que j’ai rencontré ont elles aussi fait, en quelque
sorte, le même choix important.
Elles ont choisi la voie du mieux être, la voie vers une meilleure santé.
Vous tous m’encourager à continuer nos efforts.
Vous êtes une inspiration pour mon gouvernement.
Je cède maintenant la parole à monsieur Couillard.
Bonne journée.
[Charest=20070711]
[Annonce de la construction du Centre d’excellence en génie de l’information (CEGI)]
Salutations,
C’est avec grand plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui.
Je suis né à Sherbrooke, et j’ai étudié à l’Université de Sherbrooke.
Voilà qui ajoute à la fierté et à l’enthousiasme que j’éprouve à être ici parmi
vous!
L’Université de Sherbrooke établit depuis longtemps des partenariats de
recherche avec les organismes du milieu.
Son plan d’action accorde une place prépondérante aux études supérieures et à la
recherche.
Cette maison d’enseignement a obtenu, en 2006, plus de 100 M$ en subventions et
contrats de recherche en raison de l’excellence de ses travaux.
La construction du Centre d’excellence en génie de l’information (CEGI)
renforcera les partenariats déjà existants et en créera des nouveaux.
De plus, grâce à une intégration des recherches en génie de l’information et à
l’interaction avec le milieu industriel, la cadence de transferts technologiques
sera accélérée.
Le 4 décembre dernier notre gouvernement a lancé la Stratégie québécoise de la
recherche et de l’innovation.
Cette stratégie a été mise en oeuvre dans le but précis de faire du Québec une
économie plus moderne, qui crée plus d’emplois de qualité et qui relève le défi
de la concurrence internationale.
La stratégie propose, pour les trois prochaines années, des investissements de
888 millions de dollars pour :
renforcer la recherche publique;
appuyer la recherche industrielle et l’innovation dans les entreprises;
renforcer les mécanismes consacrés à la valorisation et au transfert;
investir dans les infrastructures de recherche.
Grâce à elle, le Québec pourra relever le défi de la compétitivité mondiale et
orienter son économie vers des créneaux porteurs.
Elle permettra aussi de mettre au point des produits novateurs, faisant appel
aux technologies plus performantes.
La stratégie touche des milliers d’étudiants et de professeurs chercheurs.
Elle prend en compte nos centres de recherche en santé et en technologie, nos
universités et nos collèges.
Elle intéresse des milliers d’entreprises, de toutes les tailles. C’est une
stratégie tournée vers l’avenir.
Le CEGI s’inscrit dans la foulée de cette stratégie.
Il fera en sorte que les découvertes de nos chercheurs se transforment plus vite
en produits commercialisables et en emplois.
Il contribuera à convertir des idées en prospérité.
La mondialisation crée de nouvelles occasions d’affaires mais nous lance aussi
de nouveaux défis.
Le monde change et les recettes d’hier doivent être revues en profondeur.
Aujourd’hui, au Québec, nous devons miser sur la créativité, l’ingéniosité et
l’audace de nos chercheurs.
J’ai la certitude que le CEGI produira d’excellents résultats.
Toutes mes félicitations aux concepteurs du projet et beaucoup de succès au
Centre d’excellence en génie de l’information!
Je vous souhaite une bonne journée.
[Charest=20070620]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la cérémonie de remise des
insignes de l’Ordre national du Québec]
Monsieur le Lieutenant-Gouverneur,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Madame la Mairesse de Québec,
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Monsieur le Chef du deuxième groupe d’opposition,
Monsieur le Secrétaire général du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les ministres et les députés,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Distingués invités,
Nous nous retrouvons aujourd’hui dans ce lieu chargé d’histoire et de symboles
pour souligner les accomplissements exceptionnels de femmes et d’hommes de chez
nous.
Ce jour de la remise des insignes de l’Ordre national du Québec est un moment
pour nous inspirer collectivement de la grandeur des nôtres.
Ce n’est pas par hasard que cette cérémonie se déroule chaque année à la veille
de notre fête nationale.
Peut-il exister meilleur tremplin à la célébration de notre identité?
Peut-on mieux lancer les fêtes de la fierté québécoise qu’en honorant celles et
ceux qui font luire notre talent et notre génie dans tous les domaines de
l’activité humaine?
Je salue le Conseil de l’Ordre qui a analysé les candidatures. Ses travaux se
sont déroulés sous la direction de l’explorateur Bernard Voyer, qui terminera à
l’automne un mandat de deux ans à la présidence du Conseil de l’Ordre national
du Québec.
M. Voyer a consacré la passion qu’on lui connaît et beaucoup de temps au
rayonnement de cette institution, et je l’en remercie.
Depuis vingt-deux ans, l’Ordre national du Québec a accueilli en son sein 168
femmes et 479 hommes qui ont contribué de manière exceptionnelle à la réussite
et au rayonnement du Québec.
Les insignes de l’Ordre national du Québec sont ainsi les plus hautes et les
plus rares distinctions remises par l’État québécois à des citoyens parmi les
plus illustres.
Au fil des ans, j’ai vu des femmes et des hommes étreints par l’émotion, pour
qui cette décoration a représenté le couronnement d’une vie.
Depuis que je suis premier ministre, c’est la cinquième fois que j’ai le
privilège de présider à cette cérémonie.
Et je peux vous dire qu’à chaque occasion, j’ai partagé l’émotion des
récipiendaires.
C’est pour moi un très grand privilège que d’être parmi vous aujourd’hui et de
hisser dans notre panthéon bien à nous des femmes et des hommes dont l’exemple
sera à jamais inscrit dans notre mémoire.
Car c’est là le sens de cette cérémonie.
En intégrant l’Ordre national du Québec, vous intégrez ce cercle restreint de
citoyens éminents vers lesquels les générations prochaines pourront se tourner
pour y puiser leur inspiration.
Aujourd’hui, c’est au nom du peuple québécois que je vais m’adresser à vous.
Aujourd’hui, c’est notre nation qui vous remercie.
Présentation des membres de l’Ordre national du Québec
CHEVALIERS
Gilles G. Sauvé
Vous êtes l’un des plus grands experts mondiaux en matière de transport
d’énergie à très haute tension. Ingénieur de profession, vous avez dirigé le
développement de grands réseaux de transport d’énergie électrique au Canada et à
l’étranger.
En tant que cofondateur et président de la firme Rousseau Sauvé Warren et du
Bureau d’études de lignes de transport, vous avez œuvré à de nombreux projets en
Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.
Vous avez formé un grand nombre d’ingénieurs dans les pays en voie de
développement en les intégrant à vos équipes de chantier. Vous avez fait plus
qu’électrifier des pays, vous avez laissé derrière vous l’énergie renouvelable
du savoir.
Vous êtes de ceux qui ont fait du Québec un leader mondial dans le domaine de
l’énergie.
Gilles G. Sauvé, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Philippe Sauvageau
Vous êtes directeur de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale et
président-directeur général du Salon international du livre de Québec.
Vous avez créé les centres régionaux de services aux bibliothèques publiques.
Ce réseau a entraîné l’ouverture de quelque 150 bibliothèques en milieu rural
dans les Laurentides, en Outaouais et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Vous êtes
l’âme de la construction de la Bibliothèque Gabrielle-Roy et de ses neuf
succursales.
De 1989 à 2000, vous avez dirigé la Bibliothèque nationale du Québec. Vous avez
aussi présidé le Secrétariat permanent des peuples francophones pendant huit ans
et participé à la création de quelque 200 centres de lecture et d’animation
culturelle dans une vingtaine de pays francophones, en particulier africains.
Vous avez fait du livre l’instrument de votre combat pacifique pour l’accès à la
culture, pour l’éducation populaire et pour la grandeur de la francophonie
mondiale.
Philippe Sauvageau, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Marie Saint Pierre
Vous avez obtenu, en 1990, le prix Woolmark Canada qui allait être le tremplin à
une remarquable carrière de designer de mode de réputation internationale. Votre
style reconnaissable entre mille est destiné à la femme urbaine et
contemporaine.
Vos collections ont fait l’objet de défilés à New York, Paris, Toronto, Tokyo et
Montréal. Vos créations sont portées lors des événements les plus prestigieux,
et vous ne comptez plus les honneurs qui jalonnent votre parcours. Vous êtes
aujourd’hui une inspiration pour la relève québécoise de la haute couture.
En plus d’une designer de génie, vous êtes chef d’entreprise et femme de cœur.
Vous soutenez une maison pour femmes victimes de violence conjugale et vous avez
créé le Fonds sous zéro, un organisme fournissant des vêtements chauds à des
enfants défavorisés de Montréal à l’approche de l’hiver.
Vous avez fait de votre nom une griffe et de votre personne un modèle.
Marie Saint Pierre, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Lorraine B. Palardy
Vous avez fondé, en 1992, le centre Les Impatients, un lieu de création
fréquenté par des personnes aux prises avec des problèmes psychiatriques. Depuis
quinze ans, vous dirigez ce centre aujourd’hui reconnu ailleurs au Canada et à
l’étranger.
Vous êtes une pionnière de ce qu’on a appelé l’art thérapeutique. L’art comme
moyen de communiquer pour des personnes souffrant de troubles mentaux, l’art
comme canal de communication entre leur univers et le nôtre.
Aujourd’hui, plus de 250 personnes fréquentent régulièrement les quatre ateliers
d’expression libre, d’art visuel et de musique que vous dirigez avec une équipe
de spécialistes et de bénévoles.
Vous avez fait de l’art un instrument de bonheur pour les plus vulnérables des
nôtres.
Lorraine B. Palardy, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Michel
Auteur-compositeur-interprète de grand talent, vous avez marqué votre époque par
votre charisme, votre répertoire, la force de votre voix et l’intensité de votre
interprétation.
À chacun son refrain, disiez-vous. Le vôtre aura été celui de la bonne humeur et
de l’harmonie.
Vos quelque 200 chansons, empreintes de solidarité, d’espoir et d’amour, ont
atteint un vaste public et résonnent encore au plus profond de notre culture et
de notre identité.
Après avoir fait chanter des millions d’adultes, vous avez fasciné leurs enfants
en devenant scénariste d’émissions jeunesse.
Vous êtes également un des membres fondateurs de la Société professionnelle des
auteurs-compositeurs.
Vous avez dit : Pas besoin de frapper pour entrer chez moi. Les Québécois vous
ont pris au pied de la lettre et vous ont ouvert leur cœur.
Jacques Michel, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Michel Lemire
Vous avez profondément marqué la coopération dans le monde agricole québécois.
Vous y avez consacré plus de trente ans à titre de président d’Agropur et
d’administrateur de la Coopérative fédérée de Québec.
Vous avez également été administrateur des Fermiers laitiers du Canada et vous
avez occupé la fonction de vice-président de la Commission de protection du
territoire agricole du Québec.
Vous avez vous-même développé un élevage de bovins laitiers Holstein enregistrés
de haute génétique, de renommée internationale. Votre ferme, la Ferme Micheret,
fondée en 1961 et située à Saint-Zéphirin, est un modèle d’entreprise familiale.
Votre troupeau a remporté aux foires agricoles plusieurs premiers prix et plus
de 50 bannières d’éleveur et d’exposant.
À ce moment de notre histoire où notre agriculture est confrontée à d’immenses
défis, vous représentez à la fois sa tradition et son renouveau.
Michel Lemire, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jack Wing Lee
Vous êtes l’un des leaders de la communauté chinoise au Québec. Vous êtes
restaurateur et homme d’affaires.
Vous êtes sans conteste celui qui a le plus contribué à populariser la
restauration chinoise au Québec.
Vous avez travaillé à l’unification de votre communauté, à son intégration au
Québec et à la revitalisation du quartier chinois de Montréal.
Vous avez notamment mis sur pied le Festival international annuel de courses de
bateaux-dragons de Montréal, un événement magique qui permet aux Québécois de
s’initier à la tradition chinoise.
Vous avez aussi contribué à faire reconnaître par le Canada le caractère
discriminatoire de la taxe imposée aux immigrants chinois à la fin du 19e siècle
et de la Loi de l’immigration chinoise, qui fut en vigueur de 1923 à 1947.
Dans une lettre que vous m’avez adressée, en date du 12 juin dernier, vous
exprimez de manière très touchante votre attachement à vos traditions, à votre
communauté et au Québec.
Vous me permettrez de vous citer : Cet honneur qui m’est décerné souligne à sa
façon que mes concitoyens d’origine chinoise ont su s’intégrer à la collectivité
québécoise, tout en maintenant leur identité culturelle et leurs coutumes
ancestrales.
Vous êtes un fier Québécois qui a su offrir en partage ses souvenirs de Chine.
Vous êtes le premier québécois d’origine chinoise à intégrer l’Ordre national du
Québec.
Jack Wing Lee, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Denis Lazure
Vous êtes psychiatre clinicien à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine. Vous avez
contribué de façon majeure à la naissance de la pédopsychiatrie et à la
révolution psychiatrique au Québec.
Fondateur et directeur du Département de psychiatrie infantile de l’hôpital
Sainte-Justine, vous avez également dirigé plusieurs hôpitaux.
Votre expertise déborde nos frontières. Premier directeur du Centre de
psychiatrie de Port-au-Prince et consultant, à plusieurs titres, auprès de
l’Organisation mondiale de la santé, vous avez assumé la présidence de
l’Association des psychiatres du Canada et celle du Conseil interaméricain de
psychiatrie.
Élu député du Parti québécois en 1976 aux côtés de René Lévesque, vous avez
dirigé plusieurs ministères et piloté de nombreuses lois à caractère social.
Vous êtes « l’autre » grand psychiatre du Parti Québécois, mais surtout un
précieux Médecin et citoyen.
Denis Lazure, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Normand Latourelle
À la fois créateur et producteur, vous avez fait votre marque dans le domaine
des événements et des spectacles à grand déploiement.
Réinventant l’espace, jonglant avec différentes formes d’expression artistique,
tout autant qu’avec la technologie, vous êtes au service du rêve, de la magie et
de l’émotion.
Vous êtes le génie sensible derrière Cavalia. Cette odyssée équestre multimédia
constitue le plus récent chapitre de votre parcours.
À ce jour, Cavalia a été vue par plus d’un million et demi de spectateurs au
pays et dans le reste du monde.
Vous êtes de ces phénomènes qui font du Québec une force créatrice à l’échelle
internationale.
Normand Latourelle, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer
de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Louise Lambert-Lagacé
Diplômée de l’Université de Montréal en nutrition, vous avez consacré votre vie
à éduquer les Québécois à l’importance de bien s’alimenter.
En 1975, vous avez publié Comment nourrir son enfant. L’édition française de cet
ouvrage, que vous avez maintes fois remise à jour, s’est vendue à 350 000
exemplaires. Elle demeure une référence.
Vous avez publié plusieurs autres livres, dont Le défi alimentaire de la femme,
qui ont tous connu un immense succès.
Pédagogue et communicatrice exceptionnelle, vous avez conçu et animé huit séries
télévisées portant sur la nutrition.
Vous êtes aussi une conférencière recherchée au Canada, aux États-Unis et en
Europe.
Vous avez éveillé les Québécois à la saine alimentation et, aujourd’hui, nous
vivons mieux.
Vous avez été sélectionnée membre de l’Ordre national du Québec en 2006.Votre
décoration vous est remise aujourd’hui.
Louise Lambert-Lagacé, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous
décorer de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Réal Lacombe
Vous êtes directeur de la santé publique et des affaires médicales à l’Agence de
la santé et des services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue.
Vous avez fondé le Réseau québécois Villes et villages en santé, auquel ont
adhéré plus de 200 municipalités, arrondissements et MRC au Québec.
Il s’agit d’une des plus importantes initiatives au monde de mobilisation des
communautés locales en faveur de la santé des citoyens. L’Organisation mondiale
de la santé en fait d’ailleurs un modèle.
Tout au long de votre carrière, votre pratique a consisté à rechercher
l’équilibre entre l’approche clinique de la maladie et l’établissement de
conditions favorables à la santé des communautés.
Homme de conviction, persévérant et rassembleur, vous êtes un pionnier de la
santé globale des populations, cette idée selon laquelle la santé des individus
est intimement liée au milieu dans lequel ils vivent.
Réal Lacombe, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Marcel Junius
Vous êtes urbaniste et architecte. Originaire de Belgique, vous avez été séduit,
dès votre arrivée au Québec, en 1961, par les valeurs et la culture qui forgent
l’identité québécoise.
Directeur général du patrimoine au ministère des Affaires culturelles, puis
président de la Commission des biens culturels, vous vous êtes consacré à la
sauvegarde de notre patrimoine.
Vous avez défendu la mémoire québécoise pierre par pierre.
Expert du patrimoine auprès du Conseil de l’Europe, vous poursuivez votre œuvre
en vous associant à des organismes ou à des fondations voués à la protection des
biens culturels.
Vous avez quitté ce « plat pays » qui fut le vôtre pour embrasser le Québec et
faire découvrir aux Québécois la richesse de notre patrimoine.
Marcel Junius, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Joseph Guanish
Vous avez été chef des Naskapis durant vingt-sept ans. Sous votre gouverne,
cette nation s’est véritablement constituée politiquement, a obtenu l’autonomie
gouvernementale et formé les institutions nécessaires à son développement.
Signataire de la Convention du Nord-Est québécois au nom des vôtres, vous êtes
devenu un modèle par votre engagement indéfectible envers votre communauté et
votre ouverture aux autres cultures.
Toute votre vie, vous avec défendu la culture de votre nation.
Vous avez même rédigé un lexique et participé à l’élaboration d’une grammaire
pour que votre langue puisse être enseignée. Vous êtes aussi un artiste dont les
œuvres ont été exposées à Ottawa, Toronto et dans des musées de France et
d’Allemagne.
Vous êtes un fier Naskapi, un grand chef autochtone et aussi un grand Québécois.
Joseph Guanish, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Daniel Germain
Vous êtes le fondateur et président du Club des petits déjeuners du Québec. Vous
travaillez depuis plus de douze ans à briser le cercle de la pauvreté chez les
enfants. Le Club des petits déjeuners du Québec nourrit près de 15 000 enfants
par jour.
En 2005, le club a été reconnu par les Nations Unies comme l’un des meilleurs
programmes scolaires d’alimentation du monde.
La même année, vous avez fondé Breakfast Clubs of Canada. Vous contribuez ainsi
à offrir chaque jour un repas sain et nutritif à plus de 250 000 petits
Canadiens.
En novembre 2006, vous avez organisé, à Montréal, la conférence internationale
Promesse du millénaire pour lutter contre la pauvreté des enfants à l’échelle
mondiale.
Vous travaillez présentement à la préparation du prochain Sommet du millénaire
de Montréal.
Vous êtes de ceux qui changent le monde.
Daniel Germain, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jules Dufour
Vous êtes professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi. Vos champs
d’étude sont notamment l’environnement mondial, la mise en valeur des espaces
nordiques, le désarmement et la paix.
L’étendue de vos connaissances est époustouflante.
Vous êtes un expert du développement nordique et de l’environnement.
Pour le compte de l’UNESCO, entre autres organisations, vous avez effectué
plusieurs missions de coopération internationale, notamment au Mali, au
Cameroun, au Mexique, au Brésil, à Djibouti et au Groenland.
Membre du Conseil national de Développement et Paix et de plusieurs organismes,
vous avez été nommé en 2006 membre du Cercle universel des ambassadeurs pour la
paix, à Genève.
Vous êtes un pionnier du développement durable et ce qu’il convient d’appeler
une sommité.
Jules Dufour, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Hélène Dorion
Vous êtes une poète reconnue à l’échelle internationale.
Vous êtes l’auteure d’une trentaine d’ouvrages.
Votre œuvre, qui se situe aux confins de la philosophie et du lyrisme, est
traduite et diffusée dans une quinzaine de pays et elle a mérité plusieurs
distinctions et prix littéraires.
Les éditions de l’Hexagone ont récemment fait paraître une rétrospective de vos
poèmes, publiés entre 1983 et 2000, sous le titre Mondes fragiles, choses
frêles.
Vous contribuez de manière unique au rayonnement de la littérature et de la
poésie québécoises.
En 1987, vous écriviez : Il faut ce vent, cet arbre, cette terre pour pouvoir
dire encore quelque chose de ce monde. Mais encore faut-il des poètes de votre
talent pour si bien le dire.
Hélène Dorion, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jean-Marc Boulé
Vous êtes directeur général et directeur des étudiants du Séminaire
Saint-François depuis trente-cinq ans. En fait, vous avez passé votre vie dans
cette école où vous êtes entré comme élève du primaire.
Vous ne l’avez quitté que pour mieux y revenir, après vos études de philosophie
et de théologie.
Sous votre direction, l’établissement est devenu la plus grande école secondaire
privée de la Capitale-Nationale et l’une des plus prestigieuses du Québec.
Avec plus de la moitié des élèves inscrits à une activité sportive, le Séminaire
Saint-François est aussi reconnu comme institution modèle à cet égard avec des
équipes redoutables dans toutes les disciplines interscolaires.
Votre leadership et votre amour de la jeunesse sont reconnus par le monde de
l’enseignement tout entier. Mais pour des milliers de Québécois, vous êtes
simplement « le père Boulé », celui qui fut pour eux, et maintenant pour leurs
propres enfants, un phare et un guide.
Jean-Marc Boulé, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
Yvette Bonny
Vous êtes née à Port-au-Prince en 1938. Vous êtes pédiatre-hématologue à
l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et professeure agrégée de clinique à l’Université
de Montréal.
Vous avez pratiqué la première greffe de moelle osseuse au Québec en avril 1980.
Directrice de l’Unité provinciale de transplantation médullaire pédiatrique de
1980 à 1998, vous avez réalisé toutes les transplantations de moelle osseuse
pédiatriques pratiquées au Québec et dans l’est du Canada durant cette période,
soit environ 200 interventions.
L’avancement du traitement de l’anémie falciforme, qui frappe plus
particulièrement les individus de race noire, vous tient aussi particulièrement
à cœur.
Vous êtes beaucoup plus qu’une pédiatre exceptionnelle et qu’une ambassadrice de
la médecine québécoise; vous êtes une inspiration pour tous les Québécois
d’origine haïtienne.
Yvette Bonny, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec.
OFFICIERS
Monique Vézina
Votre vie s’est déroulée sous le signe de l’engagement. Née à Rimouski et mère
de quatre enfants, vous vous êtes d’abord consacrée à l’éducation et à la
promotion des femmes et de la famille dans votre région, le Bas-Saint-Laurent.
Vous avez présidé plusieurs organismes régionaux et siégé à plusieurs conseils
d’administration, avant de faire le saut en politique.
Nous avons siégé ensemble à Ottawa, de 1984 à 1993. Vous avez occupé plusieurs
ministères dans le gouvernement de Brian Mulroney, dont celui des Relations
extérieures.
Après votre passage sur la scène fédérale, vous avez notamment présidé la
Commission des aînés, la Commission nationale sur l’avenir du Québec et
coordonné quatre éditions de notre fête nationale.
Vous faites partie de ces femmes déterminées qui ont défriché le chemin qui mène
aux postes d’influence. Vous êtes de celles que les jeunes femmes d’aujourd’hui
doivent remercier.
Monique Vézina, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Gérard Poirier
Vous vous consacrez, depuis cinquante ans, à toutes les formes d’expression :
théâtre, télévision, cinéma, mise en scène et enseignement.
Vous avez la passion du théâtre. Vous avez été un pilier du Théâtre du Rideau
vert, auquel vous avez été associé pendant douze ans.
Vous avez également participé à plusieurs des plus grands succès du Théâtre du
Nouveau Monde. Votre interprétation d’Orgon dans Tartuffe, de Molière, est un
morceau d’anthologie de notre théâtre.
Vos apparitions télévisées, notamment dans des téléthéâtres, sont innombrables.
Vous avez aussi tourné une quinzaine de films.
Tout au long de votre parcours, vous vous êtes distingué par la qualité de votre
langue. Vous avez fait du bien-parler plus qu’une fierté, mais une manière de
vivre.
Vous êtes un monument de notre théâtre et vous propagez l’amour de notre langue.
Gérard Porier, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Jean Paré
Vous êtes un journaliste chevronné et un de nos plus bouillants intellectuels
contemporains.
Vous avez fondé le magazine L’actualité, qui demeure une référence en matière de
journalisme de contenu et un des plus beaux fleurons de la presse québécoise.
Vous avez dirigé ce magazine pendant vingt-cinq ans. Le journaliste d’exception
s’est ainsi doublé d’un gestionnaire de talent et d’un homme d’affaires avisé.
Tout au long de votre carrière, vous avez su tout autant vous associer aux
journalistes qu’aux chroniqueurs les plus prestigieux et faire une place aux
jeunes.
Depuis votre départ de L’actualité, vous vous dédiez à deux causes qui vous sont
chères : la protection de l’environnement et l’Orchestre symphonique de
Montréal.
Vous êtes l’une des assises du journalisme québécois moderne.
Jean Paré, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Claire Martin
Vous avez contribué, de manière exceptionnelle, à la littérature et à la culture
québécoises par votre œuvre, qui parle d’amour, de libération et du courage
qu’il faut pour être authentique et honnête.
Votre livre Dans un gant de fer, inspiré par votre enfance douloureuse, s’est
imposé comme l’un de nos classiques. Le premier ouvrage explicitement féministe
de la littérature québécoise, ont dit les critiques.
Pour plusieurs, votre chef-d’œuvre demeurera Doux-amer, composé au début de
votre carrière.
Après un séjour en France, vous vous êtes remise à l’écriture.
C’est à la maison L’instant même que, depuis 1999, six nouveaux titres ont été
publiés. Vous avez doté notre littérature d’un nouveau genre : les mémoires et
leur intimité crue.
Vous êtes un pilier de la littérature québécoise contemporaine.
Claire Martin, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Edith Jacobson Low-Beer
Vous avez été l’âme et l’inspiration, avec votre mari John, de la création de la
Fondation EJLB axée sur la recherche en santé mentale, la protection de
l’environnement et les besoins communautaires.
La Fondation a notamment permis d’attirer au Québec et au Canada des chercheurs
de renommée internationale en neurosciences et en santé mentale.
Votre fondation a aussi contribué à la protection d’un nombre important de sites
à valeur écologique.
Votre contribution à l’avancement de la connaissance en santé mentale n’a
d’égale que votre appui au milieu communautaire. Un grand nombre d’organismes,
tels Dans la rue ou Moisson Montréal, bénéficient de votre appui.
Vous êtes un point de rencontre du progrès scientifique, de la solidarité et de
la protection de l’environnement. Vous incarnez un monde meilleur.
Edith Jacobson Low-Beer, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous
décorer de l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Hétu
Vous êtes un compositeur de renommée. Vous avez composé plus de 75 œuvres. Vous
êtes sans doute, de tous les compositeurs canadiens, celui qui est le plus
interprété à l’étranger.
Votre œuvre inclut quatre symphonies, des concertos pour piano, basson,
clarinette, trompette, flûte, guitare…, et j’en passe.
Vous avez signé des œuvres pour orchestre dont Images de la Révolution, Le
Tombeau de Nelligan et Variations concertantes, ainsi que des compositions pour
voix et orchestre. Vous avez aussi composé un opéra, Le Prix, sur un livret
d’Yves Beauchemin.
Compositeur de génie, votre œuvre suscite l’enthousiasme tant des auditoires que
des interprètes. Par votre enseignement, vous avez aussi participé à la
formation de nombreux musiciens, pédagogues, interprètes, historiens et
compositeurs.
Vous êtes une icône internationale de la grande musique.
Jacques Hétu, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Serge Godin
Vous êtes un pionnier de l’industrie québécoise des technologies de
l’information.
Vous avez fondé CGI en 1976; vous en demeurez l’âme dirigeante. Cette entreprise
de services informatiques s’est hissée au rang de multinationale.
Votre firme, qui a établi plusieurs centres d’excellence au Québec, emploie
aujourd’hui 25 000 personnes œuvrant dans une vingtaine de pays.
Entrepreneur d’exception, vous défendez aussi des valeurs humanitaires.
Vous avez fondé une organisation qui vient en aide aux jeunes en difficulté et
vous luttez contre le décrochage scolaire, la pauvreté et la maladie.
Vous êtes de ces défricheurs qui ont permis au Québec d’être un avant-poste
mondial des technologies de l’information.
Serge Godin, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Michel Dallaire
Vous êtes sans conteste l’un des plus brillants designers industriels de votre
génération. Vos champs d’activité sont très variés et couvrent le design
d’objets utilitaires, les produits industriels et institutionnels, le mobilier
urbain et le matériel de transport.
Votre œuvre déborde largement nos frontières.
Vous avez concilié l’art et le pratique chez nous, mais aussi aux États-Unis, en
France, en Suède, en Angleterre, en Allemagne et en Suisse.
Parmi vos projets récents, mentionnons le design du mobilier urbain du Quartier
international de Montréal et la conception du mobilier de la Grande
Bibliothèque.
Vous êtes un ambassadeur de la beauté des formes utiles, pour reprendre le titre
d’une exposition qui vous a été consacrée. Il y a un peu de vous dans les plus
belles villes du monde.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec en 1994.
Vous êtes aujourd’hui promu. Michel Dallaire, au nom du peuple québécois, j’ai
l’honneur de vous décorer de l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Robert E. Brown
Vous êtes président et chef de la direction de CAE inc., chef de file mondial en
simulation de vol, technologies de modélisation et formation des pilotes.
Vous avez notamment été président de Canadair, puis de Bombardier Aéronautique
et président et chef de l’ensemble du groupe Bombardier.
Sous votre gouverne, Bombardier Aéronautique est devenue le troisième avionneur
civil du monde et Bombardier inc., le premier fournisseur mondial de matériel
ferroviaire.
Vous avez aussi été président d’Air Canada.
En dix-huit mois, vous avez piloté la restructuration du transporteur aérien, un
véritable tour de force en matière de gestion.
Vous êtes l’homme derrière l’envol de l’aérospatiale québécoise.
Robert E. Brown, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Jean Béliveau
Votre nom est associé depuis plus de cinquante ans au Canadien de Montréal.
J’étais de ces dizaines de milliers d’enfants qui demandaient à se coucher plus
tard pour voir jouer Jean Béliveau, spécialement contre Toronto ou Boston.
Joueur étoile et capitaine, vous avez participé à dix conquêtes de la coupe
Stanley.
Vous détenez encore 14 records d’équipe, dont 11 en séries éliminatoires.
Après votre retraite du hockey, en 1971, vous êtes demeuré dans l’organisation
du Canadien. Ambassadeur du Canadien depuis 1993, vous avez représenté l’équipe
et notre sport national ici et à l’étranger.
Vous êtes un homme d’une grande générosité; vous parrainez de nombreux
organismes et activités de bienfaisance.
Vous avez été un joueur magique. Mais ce que les années allaient révéler, c’est
que l’homme était encore plus grand que l’athlète.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec en 1988. Vous avez été promu en
2006. Cette seconde décoration vous est remise aujourd’hui.
Jean Béliveau, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
Louis Balthazar
Vous êtes professeur émérite au Département de science politique de l’Université
Laval et président de l’Observatoire sur les États-Unis, composante de la chaire
Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du
Québec à Montréal.
Vous êtes un de nos plus grands experts de la politique étrangère des
États-Unis, des relations canado-américaines et du nationalisme québécois.
Votre contribution à la société québécoise et à l’affirmation de la personnalité
du Québec aux États-Unis est reconnue tant par le milieu universitaire et le
gouvernement du Québec que par les personnalités américaines que vous avez
côtoyées.
Vous comptez parmi les meilleurs défenseurs de la culture québécoise au Canada,
aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Votre renommée est telle que vous collaborez avec 36 établissements et instituts
de recherche dans pas moins de 23 États américains.
Vous êtes un des fondateurs de la pensée politique moderne du Québec.
Louis Balthazar, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
GRANDS OFFICIERS
Stephen A. Jarislowsky
Vous êtes le fondateur et dirigeant de Jarislowsky Fraser limitée, l’une des
grandes sociétés canadiennes de gestion de fonds d’investissement.
Vous avez aussi cofondé la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance. À ce
titre, vous êtes connu pour votre intégrité et pour votre défense des droits des
petits actionnaires.
Votre fondation a favorisé la création de 18 chaires universitaires au Canada,
dont 6 au Québec.
Plus récemment, vous avez collaboré, avec la Commission des finances publiques
de l’Assemblée nationale, à l’énoncé de politique concernant la modernisation de
la gouvernance des sociétés d’État.
Votre vie est à couper le souffle. Vous êtes né à Berlin en 1925. Vous avez
grandi aux Pays-Bas et en France, avant d’émigrer aux États-Unis à l’âge de 16
ans.
Vous avez étudié le japonais à l’Université de Chicago et servi dans les
services américains de contre-espionnage au Japon, avant de faire un MBA à
Harvard et de vous établir à Montréal.
Vous êtes un pionnier de l’industrie québécoise des produits financiers et un
homme plus grand que nature.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec en 2004. Vous êtes aujourd’hui
promu. Stephen A. Jarislowsky, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de
vous décorer de l’insigne de grand officier de l’Ordre national du Québec.
Guy Coulombe
Vous avez consacré votre vie au service public.
Après des études en sciences sociales à l’Université Laval, vous avez obtenu un
doctorat à l’Université de Chicago, puis êtes entré dans la fonction publique.
Vous avez été respectivement secrétaire du Conseil du trésor, secrétaire général
du ministère du Conseil exécutif, président-directeur général de la Société
générale de financement, président-directeur général d’Hydro-Québec, directeur
général de la Sûreté du Québec et directeur général de la Ville de Montréal.
Plus récemment, vous avez notamment présidé la Commission d’étude sur la gestion
de la forêt publique québécoise.
Le rapport que vous avez produit nous engage à la responsabilité collective pour
la préservation de nos forêts.
Vous agissez actuellement à titre de médiateur entre le gouvernement et la
Fédération des médecins spécialistes du Québec.
Vous êtes un des plus grands fonctionnaires de votre génération.
Vous êtes de ceux qui ont modelé l’État québécois moderne. En vous, l’expression
« mandarin de l’État » prend tout son sens et le service public est élevé au
rang de vocation.
Guy Coulombe, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de grand officier de l’Ordre national du Québec.
Gilles Carle
Vous êtes un de nos plus grands cinéastes. Entre 1953 et 2000, vous avez réalisé
47 films, allant de la fiction au documentaire et de la publicité à la grande
série historique.
Le viol d’une jeune fille douce et La véritable nature de Bernadette, tous deux
présentés à Cannes, vous ont propulsé parmi les plus grands réalisateurs
contemporains.
En 1981, vous signez l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Roger Lemelin,
Les Plouffe, qui fut l’un des plus grands succès de la décennie.
Votre œuvre a tourné autour de thèmes fondateurs de notre modernité, ce
face-à-face entre des valeurs conservatrices et un appétit de liberté.
Vos films ont marqué notre imaginaire collectif et contribué au rayonnement de
la culture québécoise dans le monde entier.
Récemment, vous vous êtes remis à la peinture. L’exposition Gilles Carle, le
cinéaste, le peintre et l’homme a été présentée en 2005.
Le combat que vous menez contre la maladie, aux côtés de votre compagne Chloé
Ste-Marie, a touché le cœur des Québécois.
Vous êtes un monument de notre cinéma et un artiste aux multiples dimensions.
Gilles Carle, au nom du peuple québécois, j’ai l’honneur de vous décorer de
l’insigne de grand officier de l’Ordre national du Québec.
Encore cette année, l’Ordre national du Québec a accueilli dans son sein des
femmes et des hommes dont les accomplissements ont dépassé leur personne pour
inspirer notre nation.
Chacun à votre manière, vous avez repoussé les limites.
Vous avez donné vie à cette maxime de Victor Hugo : Rien n’est plus imminent que
l’impossible.
Cela est encore plus vrai dans cette terre de liberté qu’est le Québec, où la
fragilité de notre identité insuffle l’énergie du dépassement.
Chaque année, je termine cette cérémonie sur un appel : puissiez-vous trouver,
dans votre emploi du temps chargé, quelques heures à donner à des enfants du
Québec.
Offrez-leur en partage une parcelle de ce feu sacré qui vous a portés si haut et
si loin.
Vous êtes de ces personnes au contact desquelles on se sent aspiré vers la
réussite.
Je vous félicite des accomplissements qui vous ont valu d’être aujourd’hui
décorés et je vous remercie, au nom de tous les Québécois, pour l’exemple que
vous nous donnez.
Bonne fête nationale.
[Charest=20070621]
[ Bilan de la session parlementaire du printemps 2007]
Mesdames, Messieurs,
La session qui vient de se terminer a permis au gouvernement de mettre en œuvre
ses priorités dans ce contexte nouveau, et parfois difficile, d’un gouvernement
minoritaire.
Le 26 mars dernier, les Québécois ont élu le premier gouvernement minoritaire de
notre histoire.
Dans ce nouveau contexte, j’ai formé un gouvernement modeste dans sa taille,
avec seulement 18 ministres, mais surtout un gouvernement du progrès; le premier
à compter autant de femmes que d’hommes au Conseil des ministres.
Nous avons annoncé les priorités de notre équipe lors du discours inaugural :
Travailler pour la prospérité du Québec et le renforcement de notre économie.
Maintenir la priorité à la santé et à l’éducation.
Faire du Québec un leader nord-américain du développement durable.
Cela, dans un Québec où il fait mieux vivre en famille, dans nos régions et
dans nos communautés.
Nous avons aussi établi huit objectifs à court terme, à réaliser sur une période
d’un an.
C’est sur ces huit objectifs à court terme que je veux aujourd’hui rendre des
comptes.
Premier objectif : j’avais dit que nous baisserions les impôts.
Nous avons adopté un budget qui comporte des baisses d’impôt de 950 millions de
dollars.
Pour une famille de la classe moyenne, avec 2 adultes et 2 enfants, c’est un
gain qui peut atteindre 2 000 $.
Ce budget pour les citoyens, c’est aussi un budget pour les PME de nos régions.
C’est un budget pour la santé et pour l’éducation, avec des réinvestissements
importants.
C’est un budget pour les générations futures, avec des versements
supplémentaires au Fonds des générations.
Sur ce premier objectif, je peux dire parole tenue.
Deuxième objectif : j’avais dit que pour soigner plus rapidement, nous
ouvririons les premières cliniques privées affiliées au réseau public.
Nous comptons sur une contribution additionnelle de la part des cliniques
privées, comme c’est le cas à Trois-Rivières par exemple en radiologie.
Et d’ici la fin de l’année, des cliniques affiliées au réseau public entreront
en fonction dans plusieurs autres régions.
Avec la loi 33, le réseau public achètera dans des cliniques des services, comme
des chirurgies courantes, pour améliorer l’accès et diminuer l’attente dans nos
hôpitaux, sans frais pour les patients.
C’est une innovation pour soigner plus rapidement.
Troisième objectif : j’avais dit que pour élever la qualité de l’enseignement
universitaire et réussir comme peuple, nous procéderions au dégel des droits de
scolarité universitaires.
Dans le budget, nous avons annoncé que les frais de scolarité à l’université
seront dégelés après plus de 14 ans.
Dés septembre, les droits de scolarité augmenteront de 50 $ par session, c’est
l’équivalent de 2 dollars par semaine.
Pour mettre les choses dans leur juste perspective pour l’an prochain, les
droits de scolarité à l’université passeront à 1 768 $ au Québec,
comparativement à une moyenne de 5 046 $ actuellement dans le reste du Canada.
Le programme de prêts et bourses sera majoré pour préserver l’accès aux études
universitaires.
Parole tenue.
Quatrième objectif : j’avais dit que pour que nos jeunes soient en meilleure
santé, nous mettrions en œuvre un plan d’élimination de la malbouffe des écoles.
Au cours de l’automne, nous mettrons en œuvre un plan d’élimination de la
malbouffe dans les écoles, les collèges et les universités.
Nous voulons aider nos jeunes à adopter de saines habitudes de vies.
Ce plan permettra aux institutions d’adapter leurs façons de faire de manière à
offrir aux jeunes une saine alimentation.
Cinquième objectif : j’avais dit que pour que vous sachiez comment progressent
vos enfants à l’école, nous ferions en sorte qu’un bulletin chiffré soit en
vigueur dès la prochaine rentrée.
J’en ai fait l’annonce avec la ministre de l’Éducation le 31 mai dernier.
Le règlement sera publié le 1er août.
À la fin de la première étape d’automne, fin octobre ou début novembre selon les
écoles, tous les parents recevront un bulletin chiffré.
Le règlement est adopté, l’affaire est classée.
Parole tenue.
Sixième objectif : j’avais dit que pour protéger notre environnement, nous
mettrions en place une redevance sur les hydrocarbures.
La mesure a été annoncée le 6 juin. Elle marque notre détermination à faire du
Québec un leader nord-américain du développement durable.
Cela signifie que les plus gros pollueurs vont devenir les plus gros
contributeurs au Fonds vert, à hauteur de 200 millions de dollars par année.
Le règlement est adopté. Il entrera en vigueur le 22 août.
Parole tenue.
Septième objectif : j’avais dit que pour que nos agglomérations fonctionnent
mieux, nous allions travailler avec nos partenaires pour régler les problèmes.
Pour la ville de Québec, le travail que nous avons fait en compagnie des maires
de l’agglomération a eu pour effet de faire émerger des consensus qui font
l’unanimité.
En ce qui concerne Montréal, nous avons présenté un projet de loi distinct ce
matin.
Nous avons apporté d’importantes modifications qui faisaient l’objet de
consensus dans le cas de l’agglomération de Longueuil.
Nous nous donnons jusqu’en décembre pour clore ce dossier et notamment pour
permettre l’étude du projet de loi concernant Montréal.
Avec les maires, nous voulons arriver à des solutions afin que les citoyens
aient droit aux meilleurs services, et ce, au meilleur coût.
Huitième objectif : j’avais dit que pour que nous soyons plus en sécurité, nous
présenterions une loi sur les armes à feu à autorisation restreinte et les armes
à feu prohibées.
La tragédie du Collège Dawson a été pour moi une des plus dures épreuves depuis
que je suis premier ministre du Québec.
La responsabilité de faire tout ce qui est en notre pouvoir nous revient
toujours pour réduire au maximum la possibilité qu’une telle tragédie ne se
reproduise.
Avec le projet de loi Anastasia qui a été présenté à l’Assemblée nationale le 15
juin, le gouvernement du Québec a pris ses responsabilités.
Parole tenue.
Toutefois, ce dossier n’est pas fermé.
Une autre part de responsabilité appartient au gouvernement du Canada de qui
relève la compétence de règlementer la possession des armes à feu au pays.
Nous avons donc demandé au fédéral de prendre ses responsabilités à cet égard.
Le Québec veut aller encore plus loin. Si le fédéral n’est pas prêt à agir,
qu’il délègue son pouvoir de réglementation au gouvernement du Québec et nous
irons plus loin.
Depuis l’ouverture de la session, le 9 mai dernier :
Nous avons réalisé 5 de nos 8 objectifs:
1. Nous avons baissé les impôts.
2. Nous avons dégelé les frais de scolarité.
3. Nous avons établi un bulletin uniforme chiffré.
4. Nous avons mis en place une redevance sur les hydrocarbures.
5. Nous avons présenté une loi sur les armes à feu à circulation restreinte.
Les 3 autres objectifs sont en voie de réalisation.
6. L’implantation des cliniques affiliées.
7. Les travaux pour améliorer le fonctionnement des conseils d’agglomération
sont en cours.
8. Le plan d’élimination de la malbouffe dans les écoles sera présenté au cours
de l’été.
En quelques mots : nous tenons parole.
Et je suis fier de nos réalisations.
Cet automne, trois grandes initiatives se déploieront. Elles traiteront de
sujets au cœur des préoccupations des Québécois.
Tout d’abord les aînés.
La ministre Marguerite Blais pilotera une commission sur les conditions de vie
des aînés.
Le Dr Réjean Hébert, gériatre de l’Université de Sherbrooke, et madame Sheila
Goldbloom, professeure retraitée de l’Université McGill, présideront cette
tournée et devront remettre leur rapport au gouvernement en janvier 2008.
La question des accommodements raisonnables sera également analysée.
La commission Bouchard-Taylor a reçu le mandat de sillonner le Québec.
La commission devra remettre au gouvernement ses recommandations au mois de mars
2008.
Enfin, la question du financement de notre réseau de santé sera au cœur du
groupe mené par M. Claude Castonguay.
Le rapport de cette commission est d’ailleurs attendu pour cet automne.
Nous sommes un gouvernement de décision, à l’écoute des besoins des Québécois.
Nous nous sommes adaptés au contexte particulier d’un gouvernement minoritaire.
À maintes reprises au cours de la session, j’ai tendu la main à l’opposition
dans un esprit de collaboration.
La réalité, c’est plutôt que nous avons avancé malgré l’opposition.
Par exemple, dans tout ce qui a entouré le budget, Mario Dumont s’est révélé un
chef de l’opposition irresponsable et surtout absent.
Il a annoncé qu’il voterait contre le budget, longtemps avant d’en connaître le
contenu.
Il a préféré être loyal à la reine plutôt qu’aux Québécois.
Son absence lors du dénouement de la crise pour des raisons strictement
partisanes restera à son dossier comme un manquement grave au devoir d’État.
De façon générale, l’ADQ a été une opposition désarticulée qui s’alimentait à la
controverse du jour; un parti qui manque de cohérence et de vision comme en fait
foi, entre autres, sa position sur la dette.
Je vous rappelle que l’ADQ soutient qu’on ne devrait pas rajouter un sou sur la
dette.
Ce que ça veut dire, c’est qu’on devrait payer en liquide des infrastructures
qui vont durer 30 ans. C’est incohérent. Ça ne tient tout simplement pas la
route.
De l’autre côté, le Parti Québécois a sacrifié un autre chef et s’apprête à
acclamer un énième messie.
Le parti de la solution unique a mis son unique solution en veilleuse.
Pour le reste, les députés du PQ ont profité de l’autodisqualification de l’ADQ
dans le débat sur le budget pour montrer qu’ils existaient encore.
Dans le contexte nouveau et complexe d’un gouvernement minoritaire, notre
gouvernement est parvenu à mettre en œuvre ses priorités :
pour un Québec plus prospère dans toutes ses régions;
pour mieux soigner les Québécois;
pour affirmer la place du Québec parmi les sociétés de haut savoir;
pour faire du Québec un leader nord-américain du développement durable.
Je suis fier du travail que nous avons accompli.
Dans les prochains mois, nous allons compléter la réalisation de nos objectifs à
court terme.
Ensuite, je me présenterai à nouveau devant les Québécois pour établir une
nouvelle série d’objectifs.
Ces engagements, nous les livrerons pour améliorer la qualité de vie de tous les
Québécois.
C’est ce que nous avons commencé à faire en 2003, et c’est ce que nous
continuons à faire depuis.
Pour y arriver, pour faire avancer le Québec, je peux compter sur des gens
expérimentés.
La meilleure équipe, c’est celle que j’ai le privilège de diriger… et que je
dirigerai encore lors des prochaines élections.
Bon été.
Bonnes vacances à tous les Québécois.
[Charest=20070703]
[ Inauguration de la Fontaine de Tourny]
Madame Andrée P. Boucher, mairesse de la Ville de Québec;
Monsieur Peter Simons, président de la Maison Simons;
Messieurs Donald et Richard Simons;
Madame Fatima Houda-Pepin, première vice-présidente de l’Assemblée nationale et
députée du comté de La Pinière;
M. Jacques Langlois, président et directeur général de la Commission de la
capitale nationale du Québec;
Madame Marie Laberge, comédienne et auteure dramatique;
M. Jean Leclerc, président du conseil d’administration de la Société du 400e
anniversaire de Québec;
M. Raymond Lesage, Commissaire pour les fêtes du 400e anniversaire;
Mesdames et messieurs,
Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui afin d’inaugurer la Fontaine
de Tourny, offerte par monsieur Peter Simons et sa famille.
L’événement que nous vivons aujourd’hui est chargé de symboles et de rappels
historiques qui lui confèrent une dimension toute particulière.
Il y a 150 ans, la Fontaine de Tourny était inaugurée à Bordeaux où pendant plus
d’un siècle, l’eau en a jailli.
Elle se retrouve maintenant à Québec, ville jumelle de Bordeaux.
La fontaine évoque les fleuves et les rivières et s’harmonise avec la géographie
de Québec, qui borde le fleuve Saint-Laurent.
Quatre statues et quatre figures ornent cette monumentale œuvre d’art, offerte à
la Ville de Québec pour célébrer son quatrième siècle d’existence.
On peut n’y voir que coïncidences, mais on peut aussi croire que la Fontaine de
Tourny nous était vraiment destinée.
Pour que ce destin s’accomplisse, il a fallu la détermination et la générosité
d’un homme, Peter Simons, et de sa famille.
Sans eux tout cela n’aurait pu être possible.
La famille Simons, c’est une belle histoire à raconter, une histoire qui depuis
1840 se confond avec celle de la ville de Québec et de ses citoyennes et
citoyens.
Depuis l’ancêtre Peter, en passant par John, qui a établi le premier commerce
dans la Côte de la Fabrique, Archibald, Gordon, Donald et finalement Richard et
Peter…
Ce sont cinq générations de Simons qui ont participé généreusement à la vie
économique, sociale et culturelle de Québec.
La Maison Simons, c’est d’abord un succès d’affaires, une maison qui s’est
construite ici à Québec et qui rayonne maintenant partout dans la province.
C’est également un lien indéfectible entre une entreprise et une ville, qui a
reçu des citoyens de partout dans le monde; Français, Écossais (sans oublier les
Irlandais, bien sûr…)
Tous ces courants de culture qui ont forgé une société québécoise diversifiée et
originale que l’on connaît aujourd’hui.
Monsieur Simons, je veux vous remercier, en mon nom personnel, mais aussi au nom
des Québécois, pour ce cadeau.
Il est la preuve de votre attachement et de la confiance que vous portez envers
une ville unique au monde, qui vous a accueilli et à qui vous avez beaucoup
donné.
La cérémonie d’inauguration de la Fontaine de Tourny nous projette déjà vers les
premières démonstrations des festivités de la prochaine année.
Au cours de la prochaine année, nous allons célébrer l’enracinement des premiers
arrivants français en sol d’Amérique, et l’apport des autres peuples qui se sont
joints à eux depuis 1608.
Le 400e anniversaire de la ville, c’est une fête pour toute la province, pour le
Canada et pour les Amériques.
Pour qu’une fête soit réussie, il faut que tout le monde y participe, il faut
que chacun s’y implique activement.
Récemment, je rencontrais les gens d’affaires de la région et je les ai
fortement invités à devenir de véritables ambassadeurs des festivités du 400e de
Québec, comme l’a fait monsieur Simons.
Je le fais moi-même, ne manquant aucune occasion d’inviter les gens à venir nous
voir en 2008.
Québec se fait belle pour 2008, et la Fontaine de Tourny nous met en appétit
pour la suite.
Pour les gens de Québec, pour nous tous, le décompte est réellement commencé…
J’espère vous voir en grand nombre aux festivités qui auront lieu tout au long
de l’année 2008 à l’occasion des Fêtes du 400e anniversaire de la ville de
Québec.
Avant de conclure, j’aimerais souligner le travail de la Commission de la
capitale nationale du Québec qui a grandement contribué à la réalisation des
bassins, de la mise en lumière de la fontaine et des aménagements paysagers.
Monsieur Simons, merci encore à vous, à votre famille et à tous ceux et celles
qui vous ont appuyés.
Au plaisir de vous revoir.
[Charest=20070927]
[ Fédération québécoise des municipalités]
Madame la Ministre des Affaires municipales et des régions,
Monsieur le Président de la Fédération québécoise des municipalités,
Mesdames, Messieurs, mairesses, maires et préfets,
Ça me fait plaisir de vous retrouver tous ici dans notre capitale nationale.
J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs d’entre vous cet été.
Je suis allé à Notre-Dame-du-Nord, la municipalité de Maurice Rivard en
Abitibi-Témiscamingue, à New Carlisle en Gaspésie j’ai rencontré Cyrus Journeau,
à Saint-Ambroise au Saguenay-Lac-St-Jean j’ai été reçu par Marcel Claveau
(référence aux bonbons patates), à Saint-Tite en Mauricie la municipalité de M.
Reynald Perigny, à Gaspé pour supporter le maire François Roussy…
On ne lit pas ça dans les journaux à tous les jours, mais le Québec va bien.
Partout, j’ai vu un Québec en progression.
Regardez le Québec.
Le taux de chômage est à son plus bas depuis plus de 30 ans.
Malgré certaines difficultés, le chômage est en baisse dans 14 régions sur 16.
La construction tourne à plein régime.
L’Abitibi est en train de retrouver sa prospérité avec le développement
énergétique et minier.
Grâce à notre Stratégie de développement énergétique, la Gaspésie est en train
de devenir un centre d’excellence nord-américain de l’énergie éolienne. On
vient de terminer un deuxième appel d’offres pour 2 000 mégawatts
supplémentaires, avec des règles nouvelles pour que les municipalités tirent
davantage de bénéfices des projets.
Le développement hydroélectrique qui se poursuit. Le chantier de la décennie
vient de commencer, Eastmain 1-A Rupert. C’est des milliers d’emplois, de la
Baie James à la Côte-Nord.
Depuis 2003, 57 000 personnes ont quitté l’aide sociale, c’est à peu près la
population d’une ville comme Granby.
Ça, ça ne s’est pas fait tout seul.
On l’a fait ensemble.
Les agents de développement économique qui sont responsables de ça sont dans la
salle.
C’est ça le Québec d’aujourd’hui, le Québec qu’on bâtit ensemble.
C’est un Québec qui va bien.
C’est aussi un Québec qui fait face à des défis. On fait face à deux crises qui
sont nord-américaines, qui ont été déclenchées par des éléments qui sont hors de
notre contrôle.
Il y a une crise dans la forêt. Oui, c’est difficile. On a mis un milliard et
demi sur la table pour appuyer les communautés et les entreprises touchées. En
conjuguant nos efforts, on va en sortir grandi, avec une industrie plus
concurrentielle, des emplois plus solides et des communautés plus fortes.
Notre agriculture est sous pression : la concurrence internationale, le
développement durable, la relève, le financement. Tout ça est en discussion
devant la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire
québécois. On va renouveler les bases de notre agriculture.
On va traverser ces crises en mettant nos efforts en commun.
Moi, je crois dans le partenariat. Je vous l’ai prouvé à de multiples reprises.
Le PQ, c’était les fusions forcées. Pour le PQ, les municipalités seront
toujours des créatures de l’État. Ils vous ont traité avec arrogance et
condescendance.
Avec l’ADQ, c’est le saut dans le vide. On ne sait jamais véritablement à quoi
s’attendre d’eux. Alors que vous demandez de la prévisibilité, l’ADQ c’est tout
le contraire. C’est un parti dont la pensée évolue au gré du vent.
Avec nous, vous savez à quoi vous attendre. Respect. Partenariat. Collaboration.
C’est comme ça que je travaille avec les municipalités.
On en a fait du chemin ensemble depuis 2003.
Le partenariat fiscal et financier (3,8 milliards $);
La nouvelle politique nationale de la ruralité (280 millions $) qui aura
notamment permis la création d’une coopérative pour les services de proximité
à St-Pierre-de-Broughton et une coopérative de santé à St-Adophe-d’Howard :
des projets qui font la différence dans le quotidien de votre population;
L’entente sur le transfert de la taxe d’accise sur l’essence (1,3 milliard$1);
Une nouvelle Stratégie sur le développement des régions : c’est 825 millions $
dont 90 millions qui ont été versés aux MRC afin de donner aux CLD des moyens
additionnels. Une autre marque de confiance envers les élus).
Je vous ai écouté. On a conclu des ententes de 5 et même de 7 ans, pour que vous
puissiez voir venir, planifier des projets et les réaliser pour le bien de vos
communautés.
Quand on est des partenaires, on s’engage à long terme.
Nous on a livré. Parce que nous, on croit dans l’avenir des régions.
On croit dans l’autonomie des régions.
Nous, on a confiance dans les élus des régions. On représente les mêmes
citoyens. Si la population vous fait confiance, comment le gouvernement pourrait
ne pas avoir confiance en vous?
La Politique nationale de la ruralité, par exemple, 85 % de l’argent est géré
chez vous.
Ça, c’est de la vraie décentralisation.
Ça c’est une vraie relation de partenariat entre le gouvernement et les élus
régionaux.
Depuis 2003, mon gouvernement a été constant et déterminé :
On a redressé les finances publiques.
On a aidé les régions, baissé les impôts des Québécois, réduit les taxes qui
nuisent à l’investissement des entreprises.
On a fait des investissements stratégiques, dans l’énergie, dans les
infrastructures, pour soutenir l’innovation.
Ce sont tous ces efforts qui commencent à donner des résultats.
Maintenant, on peut aller plus loin et accélérer la création de richesse au
Québec.
Mon plan, c’est de créer un nouvel espace pour le Québec pour qu’on puisse mieux
prospérer.
Ce nouvel espace québécois, c’est d’abord un projet majeur sur la scène
internationale : depuis plusieurs mois, je fait la promotion d’une entente
transatlantique entre le Canada et l’Union européenne. Et en parallèle, j’ai
entrepris la négociation avec la France d’une entente globale sur la
reconnaissance des compétences.
Notre objectif, c’est qu’un médecin, un plombier, une infirmière, un menuisier
français puisse travailler au Québec. Et vice versa.
Même Bernard Landry a dit que c’était une bonne idée.
Je veux que le Québec soit la grande porte d’entrée de l’Europe en Amérique.
Ce nouvel espace, c’est aussi un nouvel espace de coopération et de commerce
avec notre voisin, l’Ontario.
Je veux conclure dès l’an prochain une entente de libre-échange avec l’Ontario;
une entente qui va sceller notre partenariat dans le domaine de l’énergie
renouvelable; qui va faciliter la mobilité des travailleurs; qui va ouvrir de
nouveaux marchés à nos entreprises.
Pensons au libre-échange avec les États-Unis. Pensons à l’ALÉNA.
Chaque fois que nous avons choisi l’ouverture plutôt que le repli, les Québécois
ont gagné.
Ces projets, ça veut dire des contrats pour les entreprises des régions. Des
nouveaux marchés qui deviennent accessibles. Ça veut dire plus de clients pour
les entreprises québécoises et plus d’emplois pour les Québécois.
Ce nouvel espace québécois, on va le faire avec vous autres et pour vous autres.
Ce nouvel espace québécois, c’est un espace de travail et de développement.
Premièrement, nous allons lancer un grand chantier de rénovation de nos
infrastructures, de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, de nos viaducs
et de nos aqueducs. 30 milliards $ seront investis en cinq ans.
Préparons-nous : pendant les prochaines années, le Québec va connaître son plus
grand chantier de construction depuis la Baie James.
Et en parallèle, il y a tout le développement énergétique qui se poursuit. C’est
31 milliards $ d’investissement.
C’est gigantesque.
Deuxièmement, on va prendre les moyens pour appuyer notre secteur manufacturier.
Mon gouvernement va mobiliser les acteurs du secteur manufacturier, pour adopter
une stratégie globale.
Moi, j’ai confiance dans la créativité et la capacité d’innovation de nos
entrepreneurs et de nos travailleurs de toutes les régions.
Mais ça ne s’arrête pas là.
Au début 2008, les mesures du budget de Monique Jérôme-Forget vont entrer en
vigueur.
Ce budget, c’est :
Des baisses d’impôt pour les Québécois dès janvier 2008;
Une nouvelle réduction de la taxe sur le capital pour les entreprises;
Des mesures de soutien à l’innovation, en particulier pour nos PME dans vos
muncipalités.
Au moment où s’enclenchent ces projets, nous allons passer d’une fiscalité qui
pénalisait l’investissement à une fiscalité qui va le récompenser.
Le Québec sera :
plus concurrentiel qu’il ne l’a jamais été;
plus ouvert aux investissements qu’il ne l’aura jamais été.
Et les Québécois seront les premiers à en profiter. Ils auront plus d’argent
dans leurs poches.
Déjà, on a le plus bas taux de chômage depuis 30 ans et avec tout ce que j’ai
énuméré, on n’a pas fini de créer de la richesse.
En fait, ce qui s’en vient au Québec, ce n’est pas un manque de travail, c’est
un manque de travailleurs.
Je ne veux pas que des entreprises dans vos municipalités refusent des contrats
parce qu’elles n’ont pas la main-d’œuvre pour les réaliser.
Ça veut dire que ce nouvel espace québécois, ce sera aussi un espace de
rencontre.
Nous allons lever les obstacles qui nuisent à la reconnaissance des
compétences et des acquis pour accueillir plus de main-d’œuvre de l’étranger,
entre autres dans les régions du Québec.
Et nous allons nous engager dans la nouvelle concurrence : celle que se
livrent les pays du monde pour attirer les plus brillants cerveaux.
Ce nouvel espace québécois, nous le bâtirons en français et dans le respect de
nos valeurs.
C’est un espace que nous ouvrirons à tous ceux qui veulent travailler, investir
et réussir le Québec avec nous.
Avec tous les gestes qu’on a posés ces dernières années, c’est clair que le
Parti libéral du Québec, c’est le véritable partenaire des régions du Québec et
des élus municipaux.
Avec mon gouvernement, vous savez à quoi vous attendre. Notre bilan est là pour
le prouver et nos projets vont dans le sens d’un véritable partenariat avec les
régions.
C’est dans cet esprit de partenariat qu’on travaille ensemble depuis 2003.
Et ça continue aujourd’hui.
Dans quelques minutes, Nathalie Normandeau et le ministre fédéral Lawrence
Cannon vont annoncer une extension du programme FIMR pour le financement des
infrastructures de soutien au développement local.
Ce partenariat Québec-Canada-Municipalités est un succès et nous souhaitons le
poursuivre.
C’est ça un gouvernement qui travaille pour les régions du Québec.
[Charest=20070930]
[ émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Cet été, j’ai eu l’occasion comme premier ministre de me déplacer dans plusieurs
régions du Québec. Je suis allé en Abitibi-Témiscamingue, je suis allé au
Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, enfin en
Chaudière-Appalaches. Un peu partout, j’ai rencontré les Québécois dans leurs
milieux de travail, j’ai rencontré des élus, des intervenants locaux et ç’a été
l’occasion pour moi de faire un peu le constat d’où nous en sommes actuellement
au Québec.
Et je veux partager avec vous aujourd’hui deux constats : un constat sur les
transformations que nous avons vécues au niveau de l’État, puis un deuxième
constat sur l’économie. Mais d’abord permettez-moi de vous parler des
changements qu’on a faits au niveau de l’État depuis 2003. Au moment de notre
élection, notre ambition à nous, c’était de mettre fin au gaspillage, remettre
de l’ordre dans l’état des finances publiques, faire en sorte que votre argent à
vous, que vous payez de vos impôts, soit le mieux géré possible. En 2007, c’est
avec beaucoup de fierté que je fais le constat suivant : on a fait un ménage
très important dans les affaires de l’État, dans les sociétés d’État. Entre
autres, on a réussi à contrôler nos dépenses. Le Québec a été, avec la
Colombie-Britannique, la province qui a le mieux contrôlé la croissance de ses
dépenses. Mieux que le gouvernement fédéral, en passant. Ça nous a permis de
dégager des marges de manœuvre pour qu’on puisse mettre en place un fonds des
générations pour commencer à réduire le poids de la dette dans notre société.
D’ailleurs, si on prend la dette par rapport à la taille de notre économie, ce
qu’on appelle le PIB, la dette du Québec diminue d’année en année. Elle est sur
une pente ascendante. Et c’est la façon correcte de calculer la dette. Alors, on
a fait déjà des progrès très importants. En plus, on a mis en place un programme
pour remplacer un seul fonctionnaire sur deux qui va à la retraite. En fait, il
y a 7 000 personnes/année de moins qui travaillent pour le gouvernement du
Québec depuis 2003. Et la taille de l’État québécois est à son plus bas niveau
depuis plus d’une trentaine d’années. C’est donc dire qu’il s’est fait un
travail colossal.
Je vous parlais des sociétés d’État tantôt. La Caisse de dépôt et placement, la
Société générale de financement, Investissement Québec, partout le ménage a été
fait. Le résultat, bien, il est positif pour vous, puis se reflète dans vos
poches parce que la cote de crédit du Québec, cette cote de crédit qui détermine
les taux d’intérêt que nous payons sur notre dette, a été rehaussée, ce qui veut
dire qu’on paie moins d’intérêt sur la dette. Ça veut dire qu’on nous reconnaît
des efforts très importants que nous avons faits comme Québécois pour gérer nos
finances publiques.
Tout ça, ça met la table pour le deuxième constat. L’autre constat que je fais,
c’est que l’économie du Québec va bien. Que l’économie est bien gérée. Le taux
de chômage actuellement à 7 % est à son plus bas depuis une trentaine d’années,
puis le taux de chômage a baissé dans 14 régions sur 16 au Québec. Il y a un
nombre record de personnes qui vont au travail à chaque matin actuellement au
Québec. C’est presque quatre millions de personnes tous les jours. Il y a plus
de 55 000 personnes de moins à l’aide sociale. Ça, c’est un chiffre que j’aime
beaucoup parce que ça veut dire que des gens ont retrouvé la dignité du travail
dans beaucoup de cas, ça veut dire qu’il y a moins de dépendance sur les
programmes de soutien au revenu. La construction tourne à plein, le
développement énergétique et… Le développement minier va très bien et il crée
actuellement des milliers d’emplois au Québec.
Ça ne veut pas dire que tout va bien partout. Ceux qui vivent, entre autres dans
les régions forestières, savent qu’actuellement nous vivons une profonde crise
dans le secteur forestier. Le gouvernement avec les intervenants a beaucoup
investi à ce niveau-là depuis les deux dernières années. On a mis pour un
virgule quatre milliards de dollars de programmes sur la table avec une priorité
pour les travailleurs et leurs familles, mais la crise dure. Et avec un dollar
qui est presque à parité avec le dollar américain, ça ne facilite pas nos
exportations, surtout que le marché américain connaît actuellement une période
de déclin.
L’autre secteur qui vit actuellement une période difficile, c’est le secteur
manufacturier. Encore là, le dollar canadien, la valeur du dollar canadien nous
fait mal, en plus de la compétition qui nous arrive des pays émergents, que ce
soit de l’Inde, de la Russie ou de la Chine. Il y a une pression très forte et
on doit, nous, comme Québécois se préoccuper de ces changements.
Cela étant dit, maintenant que nous avons fait le ménage dans les finances
publiques, que l’économie du Québec va bien, qu’on a réussi à se redonner une
certaine marge de manœuvre, regardons en avant ce que nous voulons pour l’avenir
du Québec. Et ce que je veux, moi, comme premier ministre, c’est une période de
croissance économique plus forte, davantage de création de richesse. Comment y
arriver? Bien, je vous propose des projets très précis : nous voulons… Et j’ai
poussé très fort pour que nous ayons une négociation pour un accord
transatlantique entre l’Union européenne et le Canada. L’idée derrière ça, c’est
d’intensifier les investissements, les échanges commerciaux entre l’Union
européenne, que ce soit la France ou l’Allemagne, avec le Canada, incluant le
Québec, pour que nous puissions diversifier davantage nos marchés. En d’autres
mots, ouvrir un nouvel espace de commerce ou l’agrandir, à tout le moins pour
qu’on puisse prospérer davantage. Pourquoi le Québec pousse fort là-dessus?
Parce que le Québec c’est la porte d’entrée à l’Europe, ici, en Amérique du
Nord. C’est nous les Québécois qui allons être les premiers à bénéficier d’un
tel accord et c’est nous qui sommes les premiers à accueillir les
investissements étrangers qui viennent de l’Europe, parce que les Européens se
reconnaissent naturellement au Québec.
En plus de ça, il y a un autre projet qui s’ajoute à celui-là, un projet
novateur, un projet de négociation d’un accord global de reconnaissance des
compétences entre la France et le Québec. L’été dernier, j’ai eu l’occasion de
rencontrer le nouveau président français Nicolas Sarkozy. Il m’a reçu à
l’Élysée. À ce moment, je lui ai proposé le projet suivant : qu’on soit les
premiers au monde à négocier un accord qui ferait en sorte qu’un médecin qui est
médecin en France est médecin au Québec. Un ingénieur québécois est ingénieur en
France. Un plombier au Québec est plombier en France. Un artisan français est
reconnu également ici. Un accord qui pousserait le plus loin possible la
reconnaissance des compétences de telle sorte qu’on puisse dégager tout un
nouvel espace de mobilité pour la population du Québec et pour que nous
puissions en même temps attirer ici au Québec des immigrants étrangers, incluant
et surtout évidemment des Français, pour venir travailler chez nous, habiter nos
régions, construire et ajouter leurs bras, leur cœur à la construction du
Québec. Voilà deux projets emballants très importants qui tombent bien parce
que, dans la deuxième partie de 2008, le président français assumera la
présidence de l’Union européenne. Ce sera l’occasion de décider si, oui ou non,
on va de l’avant avec la négociation de cet accord transatlantique,
indépendamment du fait que nous voulons conclure une entente de reconnaissance
globale des compétences.
À cela, j’ajoutent deux autres projets importants : nous avons conclu avec le
gouvernement de l’Ontario un projet de négociation d’un accord de libre-échange.
C’est donc dire qu’on pousserait encore plus loin une entente qu’on a conclue,
il y a deux ans, pour la mobilité de la main-d’œuvre, pour l’investissement et
pour le commerce avec notre voisin immédiat avec qui nous faisons beaucoup
d’affaires, notre voisin de l’Ontario. C’est un marché de 14 millions de
personnes. Et, en plus, lors de la dernière réunion des premiers ministres du
Canada au Conseil de la fédération à Moncton, au Nouveau-Brunswick, nous avons
également décidé de négocier un accord sur la mobilité de la main-d’œuvre
partout au Canada pour au plus tard le 1er avril 2009, quitte à légiférer s’il
faut y arriver.
Vous voyez, mesdames et messieurs, l’idée derrière ça, c’est la suivante : c’est
qu’on puisse dégager tout un nouvel espace de croissance économique et de
mobilité pour les citoyens québécois pour vous, pour vos enfants, et qu’on
puisse en même temps attirer ici au Québec les meilleurs cerveaux, les bras, les
cœurs qu’il nous faut pour construire le Québec, surtout dans un contexte de
vieillissement de population où la natalité ne réussit pas à remplacer la
population active. Il y a derrière ça, mesdames et messieurs, une vision de ce
que nous devons faire sur le plan économique, sur les frontières que nous devons
traverser, si nous voulons donner au Québec toute la place qui lui revient dans
le monde. La vraie compétition, celle que nous allons pouvoir gagner, surtout
avec les pays émergents, se fera au niveau des cerveaux, se fera au niveau de
l’innovation. Et c’est en s’ouvrant, comme on l’a fait dans le passé avec les
accords de libre-échange avec les États-Unis, que le Québec sera le grand
gagnant. C’est ce plan que je veux défendre dans les prochains mois, les
prochaines semaines. J’aurai l’occasion de le faire sans doute à la rentrée
parlementaire et ce qu’il y a derrière ça, c’est cette volonté, cette volonté
très ferme d’avoir une plus forte croissance économique et de créer davantage de
richesse pour vous, pour améliorer la qualité de vie des Québécois.
Pour y arriver, permettez-moi un commentaire d’actualité : il y a une commission
parlementaire qui s’est penchée, il y a quelques jours, sur la question des
niveaux d’immigration. Mon gouvernement, mon parti, je suis parmi ceux et celles
qui croient que nous devons encourager l’immigration vers le Québec tout en
intégrant les gens en fonction de nos valeurs dont certaines sont non
négociables. Je pense, entre autres, à l’égalité des femmes et des hommes, au
fait qu’on vit en français au Québec. Mais si je me fie à la tournée que j’ai
faite cet été… Je vais vous raconter une anecdote. Je suis allé à Alma, au
Festival gourmand, et au moment de la cérémonie d’ouverture, un épicier du nom
d’André Dubé — ils sont propriétaires, la famille Dubé, de quelques épiceries
dans la région du Lac-Saint-Jean — prenait la parole pour m’interpeller comme
premier ministre et me dire : « Monsieur Charest, on n’a pas suffisamment de
main-d’œuvre dans nos épiceries ici dans le Lac-Saint-Jean. Et pourtant, il y a
d’excellents emplois, d’occasions d’affaires, d’opportunités pour nos jeunes ».
C’est donc dire à quel point c’est important pour nous de s’ouvrir vers
l’extérieur si nous voulons maintenir aussi la croissance économique dans nos
régions.
Mesdames et messieurs, j’ai voulu partager avec vous ces quelques réflexions
qui, j’espère, inspireront quelques réactions. Si vous avez des commentaires à
faire, n’hésitez pas à nous les formuler et je compte bien vous retrouver la
semaine prochaine. Bon dimanche, bonne semaine!
[Charest=20071002]
[Colloque Perspectives en 4D organisé par HEC Montréal]
Monsieur le Président du Comité d’honneur des fêtes du 100e anniversaire de HEC
Montréal (Pierre Brunet),
Madame la Présidente du Conseil d’administration de HEC Montréal (Hélène
Desmarais),
Monsieur le Directeur de HEC Montréal (Michel Patry),
Distingués invités de la table d’honneur,
Mesdames, Messieurs,
Il me fait très plaisir de vous retrouver dans le cadre de ce colloque
exceptionnel.
D’entrée de jeu, je tiens à féliciter la direction de HEC Montréal pour la tenue
de cet événement.
Qu’un colloque aux si larges horizons se tienne à HEC MONTREAL démontre bien
l’envergure qu’a acquise cette institution en un siècle de vie.
Ces quatre D qui servent de prétexte à notre rencontre, Développement
économique, Développement durable, Démocratie et Démographie auraient pu tenir
en un seul.
D, comme les Défis du Québec.
Notre habileté à maîtriser ces enjeux déterminera notre capacité à prospérer et
à nous épanouir au cours des prochaines années.
Ces enjeux sont en effet indissociables. La démographie est un déterminant
fondamental d’un développement économique qui devra obligatoirement se faire
durable et susciter l’adhésion des citoyens dans une démocratie que nous devrons
toujours protéger et promouvoir.
Je tiens à adresser des félicitations particulières aux auteurs des quatre
documents d’introduction et à leurs collaborateurs.
M. Joseph Facal, sur le thème de la Démocratie.
Mme Ruth Dupré sur le Développement économique.
M. Martin Boyer sur la Démographie.
Et M. Bernard Sinclair-Desgagné sur le Développement durable.
Vous avez signé des documents d’une très grande pertinence qui sont aussi des
textes de vulgarisation.
Mon souhait serait que le plus grand nombre possible de Québécois en prennent
connaissance.
Ces quatre D sont à la base de l’action de mon gouvernement.
Ce qui caractérise mon gouvernement, et peut-être aussi ma conception du devoir
d’État, c’est la volonté d’agir pour un développement à long terme.
Ce que je cherche, c’est l’action structurante et non le bénéfice immédiat.
Mon but, c’est de placer le Québec sur la trajectoire du succès économique et
social et de l’affirmation identitaire. Et j’avance, sans me laisser distraire,
un pas à la fois.
Depuis 2003, nous avons travaillé à renouveler les bases du Québec pour qu’il
puisse relever ses défis.
Je vous donne 6 exemples d’actions structurantes qui ont des effets à long terme
:
Nous avons assaini les finances publiques. Pour que nous ayons les moyens de
faire les bons choix. Nous sommes parmi les gouvernements au Canada qui ont la
plus faible croissance des dépenses. 4,2 % en moyenne depuis 2003.
Nous avons créé le Fonds des générations pour réduire le poids de notre dette.
C’est l’un des principaux éléments cités par les agences de notation pour
expliquer l’amélioration de la cote de crédit du Québec.
Nous avons relancé le développement des énergies renouvelables avec une
Stratégie qui prévoit des investissements de 30 milliards $ en 10 ans et la
création de 70 000 emplois. Et nous avons mis fin à l’ère des scrupules sur la
question de l’exportation. Nous allons nous enrichir avec notre énergie
propre.
Nous réduisons le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises. Les
Québécois ne sont plus les citoyens les plus taxés d’Amérique du Nord et nous
avons un plan accéléré d’élimination de la taxe sur le capital.
Nous réduisons la taille de l’État en remplaçant un employé sur deux qui
quittent pour leur retraite. Depuis 2004, c’est 7 000 fonctionnaires de moins,
mais une même qualité de service parce qu’en même temps, on développe les
services gouvernementaux par Internet.
Nous avons développé l’aide à la famille en mettant sur pied le nouveau régime
québécois de congé parental et en instituant une allocation générale de
soutien aux enfants.
Voilà des gestes majeurs qui contribuent à un véritable un repositionnement du
Québec.
Nous avons orienté le Québec vers les 4 D.
Le Développement économique, c’est tout à la fois des finances publiques plus
saines, une charge fiscale plus faible et des investissements stratégiques,
notamment dans l’énergie et les infrastructures.
Le Développement durable, c’est l’énergie renouvelable et la lutte aux
changements climatiques, mais aussi une stratégie de réduction de la dette parce
que c’est la prise en compte de l’intérêt des générations futures.
La démographie, c’est le soutien de la famille et de la natalité, parce que
c’est une partie de la solution au défi démographique.
Et la Démocratie, et bien nous sommes la preuve que faire le nécessaire n’est
pas toujours populaire!
Et nos résultats sont bons :
Il n’y a jamais eu autant de Québécois au travail. Presque 4 millions de
personnes se lèvent chaque matin pour aller travailler.
Nous avons une économie qui crée des emplois : plus de 240 000 nouveaux
emplois depuis 2003.
Le chômage est en baisse dans 14 régions sur 16. Des régions comme l’Abitibi
retrouvent la prospérité, portées par le développement minier et le
développement énergétique et cela, malgré la crise dans la forêt.
La construction tourne à plein régime.
57 000 personnes ont quitté l’aide sociale. C’est à peu près l’équivalent de
la population d’une ville comme Ganby.
Et les Québécois semblent avoir confiance dans l’avenir. Comment interpréter
autrement la hausse de la natalité? Plus de 82 000 naissances en 2006 et 2007
s’annonce aussi une année de plus forte natalité.
Ces résultats sont bons, mais pour les apprécier correctement, il faut rappeler
qu’ils ont été enregistrés dans une transformation brutale de notre
environnement économique.
Vous savez à quoi je fais référence : En 5 ans, le dollar est passé de son creux
historique de 62 cents en 2002 à la parité avec le dollar US. Ce qu’on n’avait
pas vu depuis 1976. Tandis que depuis 2003, le prix du baril de pétrole a été
multiplié par 3.
Avec ce fort vent de face, le Québec a progressé, bien mieux que l’Ontario par
exemple.
Ce que montrent ces résultats, c’est que nous sommes dans la bonne direction.
Et nous allons maintenant accélérer la cadence des réformes, parce que nous
avons dorénavant des bases solides sur lesquelles nous pouvons bâtir.
Mon plan pour les prochains mois, c’est de créer un nouvel espace de prospérité
pour le Québec.
Depuis plusieurs mois, je fais la promotion d’une entente transatlantique de
commerce entre le Canada et l’Union européenne. Je m’y implique parce qu’une
telle entente engagerait les compétences du Québec et parce que l’histoire nous
a appris qu’il valait mieux que le Québec soit à la table au début du processus.
Le renforcement de la relation économique entre l’Europe et le Canada
contribuerait à la diversification des partenariats d’affaires; une manière, par
ailleurs, de faire contrepoids à la montée des pays émergents.
En parallèle, le président français, Nicolas Sarkozy et moi avons convenu
d’entreprendre la négociation d’une entente globale sur la reconnaissance
compétences, des diplômes et des métiers entre la France et le Québec; ce qui
veut dire qu’un médecin, un plombier, une infirmière, un menuisier qui choisit
d’immigrer au Québec va pouvoir exercer le métier pour lequel il a été formé.
Une telle entente serait non seulement un précédent dans l’action internationale
du Québec, mais un précédent dans les relations entre l’Amérique et l’Europe.
L’année 2008 sera à cet égard une année déterminante dans ces négociations. En
2008, le président Sarkozy prendra la présidence de l’Union européenne et au
Canada, c’est mon gouvernement qui prendra la présidence du Conseil de la
fédération.
Comme on dit souvent en politique : il y a un alignement des planètes qui pointe
à l’horizon. Un alignement qui permettra de faire du Québec la grande porte
d’entrée de l’Europe en Amérique.
Ce nouvel espace québécois, c’est donc un Québec qui grandit. Je veux conclure
dès l’an prochain une véritable entente de libre-échange avec l’Ontario. Ce
n’est pas acceptable que des barrières persistent et fassent entrave à la
mobilité des travailleurs, des biens et des capitaux.
Cela serait sans aucun doute à l’avantage du Québec. Chaque fois que le Québec a
choisi l’ouverture les Québécois ont gagné. Pensons au libre-échange avec les
Etats-Unis ou à l’ALENA.
Avec ces projets d’accords, nous allons :
Dynamiser notre économie.
Faciliter l’accès à de nouveaux marchés pour nos entreprises.
Étendre les domaines de coopération entre le Québec et les pays d’Europe et
entre le Québec et l’Ontario.
Stimuler une immigration européenne.
Pour faire grandir ce nouvel espace, pour créer de la richesse, on posera deux
gestes importants dès les prochaines semaines.
Premièrement, nous allons lancer un grand chantier de rénovation de nos
infrastructures, de nos hôpitaux, de nos écoles, de nos routes, de nos viaducs,
de nos aqueducs. Nous allons investir 30 milliards $ en cinq ans.
Deuxièmement, on va prendre les moyens pour appuyer notre secteur manufacturier.
Mon gouvernement va mobiliser les acteurs du secteur manufacturier, pour adopter
une stratégie globale de relance de ce secteur.
Également, au début 2008, les mesures du budget de Monique Jérôme-Forget vont
entrer en vigueur.
Ces mesures, c’est :
Des baisses d’impôt pour les contribuables.
Une nouvelle réduction de la taxe sur le capital pour les entreprises;
Des mesures de soutien à l’innovation, en particulier pour nos PME dans toutes
les régions du Québec.
Ce budget, il faut se le dire, a été rejeté par nos adversaires.
Au moment où s’enclenchent ces projets, nous allons passer d’une fiscalité qui
pénalisait l’investissement à une fiscalité qui va le récompenser.
Le Québec sera :
plus concurrentiel qu’il ne l’a jamais été;
plus innovateur qu’il ne l’a jamais été;
plus ouvert aux investissements qu’il ne l’aura jamais été.
Et les Québécois seront les premiers à en profiter.
La création de ce nouvel espace québécois accélérera la création d’emplois au
Québec. Déjà, notre taux de chômage est à son plus bas en 30 ans. Déjà, le
Québec accuse des pénuries de main-d’œuvre qualifiée.
Ce n’est donc pas de travail dont nous allons manquer, mais de travailleurs.
Ça nous amène à un constat : la croissance économique doit s’appuyer sur la
croissance de la population. Et la croissance de la population implique une plus
grande immigration.
Ce nouvel espace québécois sera donc aussi un espace de rencontre.
Depuis 20 ans, le Québec accueille systématiquement moins d’immigrants que son
poids démographique et en plus, nous sommes confrontés à un déficit migratoire.
Nous devrons donc attirer plus de monde mais aussi réussir à garder notre monde.
Le Québec a besoin de bras, le Québec a besoin de cerveaux, le Québec a besoin
de cœurs pour atteindre son plein potentiel économique.
Nous allons continuer à soutenir les familles pour qu’encore plus d’enfants
naissent au Québec.
Nous allons lever les obstacles qui nuisent à la reconnaissance des
compétences et des acquis pour accueillir plus de main-d’œuvre de l’étranger,
entre autres, dans les régions du Québec.
Et nous allons nous engager dans la nouvelle concurrence : celle que se
livrent les pays du monde pour attirer les plus brillants cerveaux.
C’est un espace que nous ouvrirons à tous ceux qui veulent travailler, investir
et réussir le Québec avec nous.
Ce nouvel espace québécois, nous le bâtirons en français et dans le respect de
nos valeurs.
On est le seul peuple francophone en Amérique du Nord. Plus de monde qui
partagent nos valeurs. Plus de travailleurs qui participent à notre prospérité.
Plus de familles.
Tout ça est lié. Faire grandir le Québec dans toutes ses dimensions, c’est
affirmer ce que nous sommes comme nation.
Et c’est aussi renforcer le poids du Québec à l’intérieur du Canada.
Au début des années 70, le Québec représentait presque 30 % de la population
canadienne. Aujourd’hui, nous faisons 23,4 % du total des Canadiens.
Pour certains, c’est un argument qui milite en faveur de la souveraineté. Je
suis en total désaccord. Pour moi, cela reviendrait à s’enfermer dans un esprit
d’assiégé qui nous amène à voir l’autre comme une menace.
Pour moi, l’affirmation de notre identité et le renforcement de notre poids
politique ne passent pas par des barricades mais par l’ouverture et par la
francisation.
Moi, je veux partager la réussite du Québec et conclure toutes les alliances
possibles pour la promouvoir et l’affirmer. Je ne veux pas en faire un secret
qu’on va garder pour nous. Je veux en faire une rumeur qui va faire le tour du
monde.
Merci.
[Charest=20071007]
[Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Mesdames et messieurs,
Bon dimanche. La semaine dernière, a été l’occasion de parler d’économie,
surtout de l’ouverture des marchés, d’un nouvel espace économique. Ça tombe
bien, puisque nous venons d’avoir cette semaine des chiffres sur le chômage au
Québec. Le chômage au Québec, pour le mois de septembre, est de 6,9 %, le taux
le plus bas en 33 ans. Inutile de dire que nous sommes fiers de cette
performance économique, quoique nous reconnaissions que, dans certaines régions
du Québec, il y a des défis qui sont encore très grands, entre autres dans le
secteur forestier. Là-dessus, je reviendrai… sur les régions et les secteurs en
particulier.
Cette semaine, je veux vous parler d’un enjeu qui occupe de plus en plus de
place dans le débat public : toute la question du développement durable. C’est
quoi d’abord le développement durable? Le développement durable est né d’une
commission mise sur pied les Nations Unies et qui avaient confié à Mme
Brundtland, une ancienne leader politique européenne qui, en 1987, avait livré
un rapport dans lequel elle affirmait essentiellement un principe qui nous guide
depuis ce temps-là, c’est le fait suivant que l’économie et l’environnement,
c’est deux faces de la même médaille et que si nous voulons prendre soin de
notre environnement, si on veut en même temps que la croissance économique
sorte, entre autres, les pays en voie de développement de la pauvreté, il nous
faut ce qu’on appelle le développement durable.
Le développement durable, c’est quoi? C’est gérer nos ressources naturelles en
tenant compte des besoins des générations futures. Ça veut dire la forêt, les
océans, les pêches; ça veut dire tout ce que nous avons comme ressources
naturelles. Il faut les gérer intelligemment. Il ne faut pas abuser, en quelque
sorte, de ces ressources; il faut tenir compte du fait que nous devons les
préserver pour les années à venir. C’est donc ce principe qui guide les actions
de plusieurs gouvernements depuis plusieurs années et qui n’est pas toujours
facile d’application. Ici, au Québec – et je dirais, au Canada –, cela a une
importance particulière. Pourquoi? Parce que l’économie s’est beaucoup
diversifiée, on le sait, entre autres au Québec, qui est dans l’aéronautique, le
pharmaceutique, les biotechnologies. Mais l’économie au Québec, c’est encore
beaucoup les ressources naturelles : les mines, les forêts, les pêches,
l’agriculture et, en particulier, l’énergie. C’est même tout ce qui tourne
autour de tout ça, comme le tourisme par exemple et l’écotourisme. Alors, si on
veut gérer correctement notre économie, si on veut prospérer tout en s’assurant
que les générations futures auront l’occasion aussi d’en profiter, de prospérer,
il faut gérer les ressources correctement. Je vais vous donner un exemple de ce
que n’est pas le développement durable. Un exemple fort simple : on a surpêché
dans l’Atlantique et cela a eu un impact sur l’économie de la Gaspésie. Quand on
fait de la surpêche, qu’on vide une ressource, il n’y en a plus pour les
générations futures.
Je vais vous donner maintenant un exemple de ce qu’est le développement durable.
Dans les années 1980, 1990, on a eu un gros débat sur les pluies acides au
Québec. Grâce aux efforts du gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral
de l’époque, on a réussi à contrôler ce qu’on appelle les émissions de SO2, de
sulfure de dioxyde. Les émissions de sulfure de dioxyde, les SO2, provenaient,
entre autres, d’usines qui étaient dans les domaines miniers. Je pense, entre
autres, à l’usine Noranda de l’époque, à Rouyn-Noranda. On a diminué les
émissions de SO2 et, en le faisant, les usines ont revu leurs façons de
fabriquer, de manufacturer et ont réduit leurs coûts de production. Alors, non
seulement l’environnement se porte mieux, mais en plus, sur le plan économique,
ceux et celles travaillant dans ce secteur en sont sortis gagnants. Ça, c’est un
exemple de développement durable bien québécois.
Depuis 2003, le gouvernement, mon gouvernement a beaucoup travaillé sur le
dossier. D’abord, il s’est lancé dans une vaste consultation sur la question
d’une politique de développement durable. Une loi sur le développement durable a
été appliquée; on a changé la Déclaration des droits de la personne du Québec
pour reconnaître, à l’intérieur de la Déclaration, le droit à un environnement
propre. Il a été parmi les premiers à le faire. Il y a eu le dossier très
difficile de la forêt. On a mis sur pied la commission Coulombe qui a fait une
étude exhaustive sur l’exploitation forestière au Québec et qui est revenue avec
une recommandation très claire, très limpide. D’abord, elle a dit qu’on avait
surexploité la forêt au Québec pendant plusieurs années, puis qu’il fallait dès
maintenant commencer à mieux contrôler l’exploitation forestière. Notre
gouvernement a pris une décision très difficile. Il a accepté de réduire de 20 %
l’exploitation forestière et cela a évidemment eu des conséquences. Mais
pourquoi l’a-t-il fait? Parce que les générations à venir ont droit aussi de
jouir de cette ressource très importante qu’est la forêt au Québec. Ça, c’est un
principe de développement durable pas toujours facile à appliquer.
L’autre projet très, très important, c’est la réduction des gaz à effet de
serre. Au mois de mai 2006, le gouvernement a rendu publique sa politique de
réduction de gaz à effet de serre, ce qui en fait vraiment un précurseur en
Amérique du Nord. Il est parmi les premiers. En fait, je pense qu’il est le
premier gouvernement au monde à avoir mis sur pied ce qu’on appelle une
redevance sur le pétrole, sur les hydrocarbures. C’est quoi cela? Bien,
disons-le franchement, c’est une taxe sur les hydrocarbures à partir de laquelle
on va chercher 200 millions de dollars par année. Pendant six ans, on ira
chercher 1,2 milliard de dollars avec lequel on va mettre sur pied des projets,
des programmes, des actions très concrètes pour réduire les émissions de SO2
dans l’atmosphère et réduire les gaz à effet de serre. Ce plan, que nous avons
rendu public, il y a plus d’un an, a été bien reçu par tous les groupes
environnementaux et les intervenants. En fait, on est précurseur en Amérique du
Nord sur cette question-là; on est le premier gouvernement au monde à appliquer
cette redevance sur les hydrocarbures. D’ailleurs, je vous en parle parce
qu’elle entrait en vigueur lundi de cette semaine. Alors, voilà un exemple de
développement durable. À ça s’ajoute une politique de transport collectif et de
transport en commun rendue publique il y a un an. Tout est lié. Quand on dit que
c’est les deux faces de la même médaille, c’est que tout est lié. Cette
politique de transport en commun permet d’utiliser davantage ce type de
transport. Tous les types de transport sont inclus dans la politique, même la
marche, même l’utilisation de la bicyclette. Accumulés les uns aux autres, ils
font en sorte qu’on vit dans un environnement qui est plus sain et qui,
économiquement, est plus prospère.
Un des morceaux les plus importants de notre politique de développement durable
a été la politique énergétique. Elle a été rendue publique également il y a un
peu plus d’un an. On va y investir 31 milliards de dollars pendant les dix
prochaines années. Des dizaines de milliers d’emplois seront créés. Depuis 2003,
on a été très actif. On a annoncé le projet de construction d’un barrage
hydroélectrique dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, à Péribonka. On a
annoncé, au mois de janvier dernier, la construction d’un barrage qui s’appelle
Eastmain-Ruppert. C’est un projet de 5 milliards de dollars, un projet qui va
avoir un impact économique majeur sur les régions de Val-d’Or et du Saguenay. Il
y a les projets Rapide-des-Cœurs–Chute-Allard dans la région de la Mauricie.
L’été dernier, je suis allé sur la Basse-Côte-Nord. J’ai visité les communautés
parce qu’on prépare avec beaucoup de soin un projet majeur qui s’appelle La
Romaine, un projet de 9 milliards de dollars, 1500 mégawatts d’énergie
hydroélectrique, un projet très important pour la sécurité énergétique du
Québec. En plus, on est dans l’énergie éolienne. On a fait déjà un premier
projet de 1000 mégawatts et on a reçu un appel d’offres pour un deuxième de 2000
mégawatts. On ira jusqu’à 4000 mégawatts. Le Québec sera un leader
nord-américain dans le domaine de l’énergie éolienne. On va aussi exporter de
l’énergie. C’est le premier gouvernement dans l’histoire du Québec à dire : «
Nous voulons développer une capacité pour notre marché intérieur, pour le
développement industriel chez nous au Québec, mais, en plus, nous voulons en
exporter. » Pourquoi? Parce que c’est payant. Ça nous permet de créer de la
richesse. Si l’Alberta peut s’enrichir avec son pétrole, le Québec peut
s’enrichir avec son hydroélectricité. Et, pour passer du discours à l’action, on
est en train de construire une ligne de 1200 mégawatts avec l’Ontario. C’est un
projet de plus de 700 millions de dollars. L’énergie propre qui sera envoyer en
Ontario, l’énergie hydroélectrique, va remplacer des centrales thermiques au
charbon. C’est donc dire que tout le monde est gagnant. C’est ça le
développement durable. C’est de l’énergie propre, renouvelable qu’on enverra en
Ontario. On y consommera donc moins d’énergie à partir de sources fossiles comme
le charbon et le pétrole. De cette façon-là, on applique le principe de
développement durable.
On a lancé une politique dernièrement pour encourager davantage l’utilisation du
gaz naturel au lieu du mazout, ce qui m’amène à faire une précision. Il faut se
rappeler qu’en matière d’environnement il n’y a pas de geste neutre. Tout ce que
l’homme fait sur la terre a un impact sur l’environnement. Il faut choisir, en
fait, ce qui cause le moins de tort. Le gaz naturel au lieu du mazout en est un
bon exemple. Le Québec consomme 25 % de tout le mazout vendu au Canada. C’est la
province qui en consomme le plus… trop. Il faut essayer de remplacer le mazout,
qui est beaucoup utilisé dans le secteur industriel, par du gaz naturel, parce
que le gaz naturel a un impact moins important sur l’environnement. Alors, nous
avons mis en place cette politique qui a plein de bon sens, qui vient appuyer le
secteur industriel, qui nous permet d’avoir une plus grande sécurité
énergétique.
Mesdames et messieurs, vous savez ainsi ce qu’est le développement durable au
Québec. C’est surtout une source de prospérité, de création d’emplois. Les
Québécois sont les leaders nord-américains en développement durable, les leaders
nord-américains en énergie renouvelable et en environnement. Il sera pour nous
un moteur économique extrêmement important, un moteur qui va créer de la
prospérité, entre autres dans les régions. Je pense au Saguenay , à
l’Abitibi-Témiscamingue en particulier, et à Montréal aussi où il y a des firmes
d’ingénieurs, où il y a des experts. C’est un moteur économique. Pour nous,
l’énergie, l’environnement, c’est un exemple de développement durable.
Merci beaucoup et à la semaine prochaine. Si vous avez des questions, vous
pouvez aller sur mon site Internet, premier-ministre.gouv.qc.ca.
Bon dimanche.
[Charest=20071014]
[ Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Alors, bonjour, mesdames et messieurs, et bon dimanche. Merci beaucoup de vous
être joints à nous à nouveau pour quelques commentaires sur les enjeux qui
touchent très directement votre vie au Québec.
Dans mes deux premières interventions, j’ai eu l’occasion de commenter des
projets qui sont en lien avec la croissance économique au Québec, la création de
richesse et le maintien de notre qualité de vie. Le premier projet dont je vous
ai parlé, c’est l’ouverture des marchés pour qu’on puisse investir davantage,
qu’on puisse faire davantage de commerce, [qu’il y ait] davantage de mobilité de
la main-d’œuvre pour encourager la croissance économique. C’est un moteur de
croissance très important pour nous. Le deuxième, celui dont je vous ai parlé la
semaine dernière, c’est l’énergie et l’environnement. Au Québec, c’est notre
marque de commerce, c’est notre signature. L’énergie hydroélectrique, entre
autres, mais aussi l’énergie éolienne puis les formes d’énergies alternatives.
Nous allons investir 31 milliards de dollars dans les dix prochaines années,
entre autres dans les régions du Québec, pour développer notre énergie pour
notre marché à nous, pour nos industries mais aussi pour exporter, mais, à
nouveau, pour créer et encourager la croissance économique.
Cette semaine, je veux vous parler d’un troisième moteur de croissance
économique, un moteur très important qui aura un impact très direct sur votre
vie à vous, votre vie de tous les jours, mais aussi dans chacune des régions du
Québec. Nous allons, dans les prochaines années, déployer un plan
d’investissement pour nos infrastructures sur une période de 15 ans. Nous avons
annoncé une première phase d’investissements pour les cinq prochaines années. Et
dans les cinq prochaines années, nous allons investir 30 milliards de dollars.
Trente milliards de dollars, c’est la moitié du budget annuel du gouvernement du
Québec. Trente milliards de dollars, pour vous donner une idée des proportions,
c’est l’équivalent de reconstruire toutes les maisons de la grande région de
Québec. C’est ce que nous allons investir dans les cinq prochaines années. On va
faire ça dans tous les domaines : les hôpitaux, les écoles, les routes, les
aqueducs, l’eau potable. Également, les institutions culturelles, les
municipalités… Partout, dans toutes les régions, dans toutes les
municipalités, nous allons construire. Et pourquoi allons-nous le faire? Parce
qu’on est en rattrapage. Parce que, malheureusement, l’histoire du Québec est la
suivante.
On a construit intensivement dans les années 60, 70 au Québec dans tous les
domaines : les écoles, les routes, les hôpitaux aussi. C’était la période de la
Révolution tranquille, on était en rattrapage. Mais la suite de l’histoire,
malheureusement, c’est qu’on a arrêté d’investir après ça. Puis, on a arrêté de
maintenir ce qui nous appartenait. C’est un peu, mesdames et messieurs, comme si
on s’était construit une maison pour notre famille dans les années 60, une
maison confortable, une maison qui est belle, une maison qui n’est pas très
luxueuse mais qui est convenable pour notre famille à nous, les Québécois, mais
[qu’]après l’avoir construite, la maison, on [ait] arrêté d’investir, on [ait]
arrêté de s’en occuper. Et là, eh bien, la galerie est en mauvaise forme, le
chauffage marche moins, le toit coule, les fenêtres ont besoin d’être
renouvelées, et aujourd’hui, eh bien, on fait un constat : c’est que le moment
est venu pour nous d’assumer ce déficit, de faire face à nos responsabilités pas
seulement pour nous mais parce que le temps passe et que nos enfants aimeraient
bien habiter cette maison-là. En fait, ils ont bien le droit de l’habiter dans
les mêmes conditions que nous. Là, on a un devoir envers eux, c’est de la
remettre en forme pour qu’on puisse au Québec avoir la même qualité de vie pour
nos enfants que [celle qu’]on s’est payée, nous, quand on a construit ces
maisons-là, ces infrastructures dans les années 60-70.
Alors, nous allons investir à tous les niveaux pour maintenir nos écoles, nos
hôpitaux, pour les routes également. D’ailleurs, au niveau des routes, ce n’est
pas très sorcier. Si vous avez l’occasion de voyager à l’extérieur du Québec,
vous constatez dès l’instant où vous êtes sur une route aux États-Unis, même en
Ontario, que la qualité des infrastructures est supérieure. Alors, on sait ce
qu’on a à faire et on a l’intention d’assumer cette responsabilité pour les
prochaines années.
En passant, on n’a pas attendu cette année pour bouger. Le gouvernement du
Québec, depuis notre élection en 2003, a réinvesti de manière très importante au
niveau des infrastructures, et pour le maintien de nos infrastructures en
particulier.
Alors, c’est un grand projet que nous allons faire ensemble, tous les Québécois.
Et chacun d’entre vous est interpellé. Il y aura de l’emploi dans chacune des
régions du Québec. Ça va faire rouler la construction. Ça va créer de la
croissance économique. Ça va créer des emplois également.
Mais, cette fois-ci, on ne prend aucune chance. S’il est vrai que les
gouvernements, toutes tendances confondues, dans les 30 dernières années ont
négligé leurs responsabilités, on ne va pas répéter la même erreur deux fois.
Nous allons déposer un projet de loi à l’Assemblée nationale. On va se donner de
nouvelles règles dans cette maison que nous allons construire ensemble. On va
s’obliger à faire un rapport annuel sur l’état de nos infrastructures, comme une
famille fait son budget annuel. On va s’obliger à revoir chaque année l’état de
nos infrastructures, comme une famille ferait le tour de sa maison pour voir
dans quel état est sa maison au printemps, et [à] voir quels travaux nous avons
à faire. Nous allons investir de manière continue, puis on va le faire sur une
période de quinze ans.
La première tranche de cinq ans est réglée maintenant : c’est 30 milliards.
Quand on arrivera au bout du cinq ans, on déterminera combien d’argent il faut
investir dans les prochaines années. Mais, là, on ne prend aucune chance, et on
va planifier pour le long terme. On va faire ce qui relève du bon sens. Si on
veut habiter cette maison, si nous l’aimons, au lieu de planifier à court terme,
on va planifier sur le long terme. On va faire comme toutes les familles. On va
se dire : « Eh bien, dans x temps, il faudrait faire tels travaux, il faudrait
remplacer la galerie arrière ou il faudrait remplacer la fournaise dans deux
ans, dans trois ans. » On va regarder plus loin en avant. La loi va nous obliger
à le faire. En plus, cette même loi va nous obliger à mettre en place un cadre
très spécifique pour les investissements de 40 millions de dollars et plus. Ce
que nous voulons éviter, c’est l’empressement de réaliser un projet sans qu’on
l’ait planifié correctement. Éviter la situation où on est pressé de mettre la
pelle dans la terre. Peut-être parce qu’on veut faire une image, peut-être parce
qu’on veut faire politiquement un beau geste. Mais, en agissant comme ça, en
mettant la pelle dans terre avant d’avoir fait les plans, eh bien,
inévitablement on se met à risque d’augmenter le coût des travaux et de
gaspiller des fonds publics. Là-dessus, il n’est pas question de gaspiller votre
argent. Si mon gouvernement a une marque de commerce depuis son élection, c’est
sa rigueur dans la gestion des fonds publics. On sait, puis on est conscient du
fait que c’est votre argent. Et ça doit être géré avec beaucoup, beaucoup de
discipline. La loi va nous obliger à nous discipliner.
C’est donc le magnifique projet que nous proposons pour le Québec : un moteur
économique qui va créer de la croissance, qui va créer de la prospérité, qui va
créer des emplois dans toutes les régions du Québec en particulier. Et je vous
invite à communiquer avec votre député : si vous avez des projets dans votre
région que vous voulez faire avancer, c’est le temps. C’est le moment de
remettre à niveau et de remettre en état notre propre maison au Québec.
En terminant, je vous invite à suivre les travaux de l’Assemblée nationale cette
semaine. Nous reprenons nos travaux le mardi 16 octobre. C’est une session
parlementaire qui est assez courte à l’automne, ça va nous amener jusqu’à Noël.
Une session parlementaire qui sera bien remplie, surtout avec le débat de ce
projet de loi dont je vous parlais il y a une minute. Ça fera partie de nos
débats à l’Assemblée nationale et ce sera l’occasion pour vous de suivre de près
les travaux et les décisions du gouvernement, les décisions qui vous touchent de
très près dans votre vie de tous les jours.
Si vous avez des commentaires ou si vous avez des questions, je vous invite à
communiquer avec moi en passant par notre site Internet. Le site Internet,
l’adresse du site Internet est le suivant : www.premier-ministre.gouv.qc.ca.
Merci, bon dimanche et à la semaine prochaine.
[Charest=20071021]
[ Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Mesdames, Messieurs, bonjour. Je suis heureux de vous retrouver à nouveau pour
ce rendez-vous du dimanche et je veux revenir avec vous sur la commission
Johnson et le rapport qui a été présenté cette semaine, un peu plus d’un an
après l’effondrement du viaduc de la Concorde à Laval.
Ce qui s’est passé le 30 septembre 2006 est une tragédie. C’est un événement
tellement exceptionnel que vous êtes sans doute nombreux à vous rappeler où vous
étiez quand ça s’est produit. Moi, je n’oublierai jamais cette journée-là.
J’arrivais de la Roumanie, du Sommet de la francophonie. Je débarquais de
l’avion, j’étais monté à bord de la voiture et, dans les instants qui ont suivi,
on m’a tendu le téléphone pour m’informer qu’un viaduc était tombé à Laval. Dès
le lendemain, je me suis rendu sur les lieux. Les images que j’ai vues étaient
insensées. Un pont éventré, des voitures broyées, une scène de désolation. Tout
ça était surréaliste. Je me rappelle avoir parlé aux travailleurs qui
s’apprêtaient à ramasser les décombres. Et dans les jours suivants, j’ai parlé
avec les familles des victimes pour exprimer mes condoléances, les condoléances
du gouvernement du Québec et aussi donner l’assurance que nous allions assumer
nos responsabilités et tout faire pour connaître la cause de l’effondrement.
Au moment de la construction du viaduc de la Concorde à Laval – c’était en 1970
–, j’avais 12 ans et j’étais enfant. Mais, au jour de son effondrement, j’étais
premier ministre du Québec. Ma responsabilité était donc double dès cet instant,
d’abord de connaître les causes et, deuxièmement, de m’assurer que ça n’arrive
plus. C’est pour ça que nous avons mis sur pied la commission Johnson avec deux
commissaires, deux ingénieurs très connus, M. Couture et M. Nicolet, à qui nous
avons donné le mandat d’aller au fond des choses et d’expliquer comment tout ça
a pu se produire.
Ce que la commission Johnson a découvert, elle l’a rapporté avec beaucoup de
franchise dans son rapport. Il y a eu des erreurs qui ont été commises pendant
la construction, autant par des firmes privées qui exécutaient les travaux que
par le ministère des Transports : des tâches mal exécutées, du béton de piètre
qualité, une absence de surveillance. D’autres erreurs ont été commises après.
Dans les différentes inspections, réparations qui ont été effectuées les années
suivantes, on aurait dû s’inquiéter de la détérioration du viaduc. Le travail
n’a pas été fait correctement. Je tiens à féliciter et à remercier Pierre-Marc
Johnson et ses deux co-commissaires, MM. Couture et Nicolet, pour la très grande
rigueur du travail qu’ils ont fait en notre nom. Ils ont présenté un rapport qui
est franc sur la façon dont on gère les infrastructures au Québec depuis 40 ans.
Comme gouvernement, nous avons hérité du problème et, comme gouvernement, nous
avons la responsabilité de trouver une solution.
Mesdames et Messieurs, le rapport ne sera pas tabletté. Nous mettrons en œuvre
immédiatement plusieurs des recommandations de la commission Johnson.
Permettez-moi de nommer en particulier trois recommandations qui feront l’objet
d’une action immédiate. Premièrement, il y a 11,6 milliards de dollars qui
seront investis au cours des quatre prochaines années, dont 3,5 milliards de
dollars à la conservation des structures. La semaine dernière, notre
gouvernement a annoncé un plan de remise à niveau de toutes les infrastructures
publiques qui prévoit des investissements de 30 milliards de dollars sur cinq
ans pour un plan qui va être mis en œuvre sur une période de 15 ans. Ces sommes
nous permettront d’effectuer les investissements recommandés par la commission
Johnson, et même davantage.
Deuxièmement, on va créer une agence qui va se consacrer uniquement à la
surveillance et à l’entretien des infrastructures routières incluant tous les
ponts municipaux. Cette agence va embaucher le personnel nécessaire qui
s’activera sur tout le territoire québécois. On va rassembler les experts du
public et du privé pour réparer au plus vite nos ponts et nos viaducs. Cette
agence va rendre des comptes chaque année au ministre des Transports. Son
administration va être transparente et ses dirigeants vont être imputables. Ce
que ça veut dire, c’est que je retire cette responsabilité de l’inspection au
ministère des Transports. Ça va entraîner un changement de culture important,
entre autres au niveau de l’imputabilité. Et la création d’une telle agence est
aussi une recommandation de la commission Johnson.
La troisième chose qu’on va faire avec la création de l’agence qui va changer la
culture de gestion des infrastructures, c’est également changer les règles et
les obligations de chacun, ce qu’on appelle le cahier de charge. On va mettre en
place un système de traçabilité des actes professionnels. Ça paraît complexe, ça
ne l’est pas. Ce que ça signifie, c’est qu’on saura toujours qui a fait quoi.
Tous ceux qui construisent et entretiennent des ouvrages routiers vont être
responsables de leurs actes et on va être capable de remonter jusqu’à eux
pendant toute la durée de vie des ouvrages.
Les recommandations donc de la commission Johnson seront mises en œuvre et je
vous rappelle les trois principales dont je viens de parler sur lesquelles nous
allons agir immédiatement : le 3,5 milliards de dollars d’argent neuf pour des
réparations prioritaires, l’agence pour changer la culture de gestion des
infrastructures routières et, finalement, un système qui va rendre chacun
responsable de ses actes. C’est notre réponse à la commission Johnson.
À cela s’ajoute un autre geste très important. Je vous en ai glissé un mot la
semaine dernière, lorsque je vous ai présenté notre plan global de remise à
niveau de toutes nos infrastructures, que ce soient nos routes, mais aussi nos
bâtiments publics, nos écoles, nos hôpitaux, les aqueducs, les égouts, et même
les institutions culturelles. Pendant la session parlementaire qui vient de
s’ouvrir cette semaine, nous allons proposer à l’Assemblée nationale une loi qui
fera en sorte que tous les gouvernements à venir, à commencer par le nôtre,
seront obligés de prévoir les budgets nécessaires pour entretenir les
infrastructures. Nous espérons que les deux autres partis d’opposition à
l’Assemblée nationale du Québec se joindront à nous pour que nous puissions
adopter cette loi dès la session que nous venons d’entamer, de telle sorte que
nous puissions justement donner une réponse à la commission Johnson et à cette
tragédie qui est à la hauteur de ce qu’attend la population du Québec. L’époque
où les Québécois assistaient au dépérissement de leurs infrastructures est
terminée. Déjà depuis 2003, on a doublé les investissements annuels, ou à peu
près, dans les infrastructures. On a maintenant un plan de 30 milliards de
dollars pour l’avenir pour les remettre à niveau et on met en œuvre les
recommandations de la commission Johnson pour plus que ne se reproduise une
tragédie comme celle du viaduc de la Concorde.
En terminant, Mesdames et Messieurs, les victimes et les familles qui ont vécu
cette tragédie, il y a un peu plus d’un an, ont dû revivre à nouveau avec
émotion ce qui leur est arrivé au moment de la publication du rapport Johnson.
Nos pensées les accompagnent. Le gouvernement du Québec et tout le peuple
québécois à nouveau veulent exprimer leurs condoléances et leur tristesse pour
la perte qu’ils ont dû subir. Évidemment, aucun geste aujourd’hui ne peut
ramener à la vie ceux et celles qui, malheureusement, sont morts dans cette
tragédie. Nous avons un devoir moral, un devoir et une responsabilité de tout
mettre en œuvre pour qu’une tragédie comme celle-là ne se reproduise plus. Et
c’est l’engagement que tous les Québécois, au premier chef les parlementaires,
doivent prendre ensemble cette semaine. Mesdames et Messieurs, merci beaucoup et
à dimanche prochain!
[Charest=20071024]
[ Conférence Climat 2050]
Monsieur Pierre-Marc Johnson, ancien premier ministre du Québec
Monsieur Thierry Vandal, président d’Hydro-Québec
Monsieur Henri Proglio, président de Veolia,
Madame Sheila Watt-Cloutier, militante inuite canadienne en nomination pour le
prix Nobel pour sa contribution à faire connaître les grands enjeux posés par
les changements climatiques dans le Grand Nord,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec plaisir que j’ai accepté l’invitation de monsieur Pierre-Marc Johnson
de venir m’adresser à vous ce soir.
Je tiens à féliciter l’Institut Veolia Environnement (France), the Pew Center on
Global Climate Change (United States) et la Table ronde nationale sur
l’environnement et l’économie (Canada) pour la tenue de cet événement.
Et je vous souhaite la bienvenue au Québec :
le seul État francophone d’Amérique qui célébrera en 2008 ses 400 ans;
mais aussi un État qui atteindra les objectifs du protocole de Kyoto;
un État qui a mis en place une politique de développement durable;
un État qui fait de la lutte aux changements climatiques une priorité tant
dans sa politique intérieure que dans ses relations internationales.
L’avenir est très préoccupant. Toutes les données nous indiquent que
d’importants problèmes nous attendent.
En Chine, la demande d’électricité pourrait quadrupler d’ici 2030 et les
émissions de gaz à effet de serre pourraient tripler.
En 2030, le nombre de citadins aura grimpé à 4,9 milliards. Un taux de
croissance alarmant quand on pense qu’il correspond à l’apparition d’un
nouveau Londres chaque année.
Les impacts des changements climatiques sur l’Afrique seront énormes. Le
réchauffement planétaire frappera très durement les régions semi-arides du
Sahara et du centre de l’Afrique australe.
Ici au pays, comme Sheila Watt-Cloutier peut vous le confirmer, nous assistons
au dégel du pergélisol de l’Arctique.
La réalité des changements climatiques est une évidence.
La contribution de l’activité humaine est pour nous incontestable.
De là une conclusion s’impose: si nous faisons partie du problème, nous faisons
donc aussi partie de la solution.
Si nous souhaitons que des pays en voie de développement joignent la lutte
contre les changements climatiques, les pays développés doivent donner
l’exemple.
Et de manière encore plus urgente, les pays nordiques.
Le Québec a pris le virage de la lutte contre les changements climatiques.
Notre Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques nous permettra
d’atteindre les objectifs du protocole de Kyoto.
Ce plan comporte 24 actions de nature incitative ou réglementaire. Elles
entraîneront à terme des réductions de près de 14 mégatonnes de nos émissions de
GES.
Nous avons aussi une stratégie ambitieuse de développement énergétique. Et vous
me permettrez d’élaborer davantage sur ce point.
Car c’est là la contribution distinctive du Québec à la lutte contre les
changements climatiques.
En Amérique du Nord, le Québec sera la superpuissance de l’énergie propre.
Au cours des dix prochaines années, nous investirons 31 milliards de dollars
dans l’aménagement énergétique hydro-électrique et éolien.
En janvier 2007, nous avons lancé le projet Eastmain 1-A Rupert avec l’appui de
la Nation crie.
Nous sommes actuellement en pourparlers avec les Innus de la Basse-Côte-Nord en
vue de notre prochain grand projet, le complexe hydro-électrique de la Romaine.
Une fois en opération, ce complexe produira suffisamment d’énergie pour
illuminer l’équivalent d’une seconde île de Montréal.
Quatre mille mégawatts d’énergie éolienne s’ajouteront à ces projets
hydro-électriques.
Ces projets d’aménagement nous permettront de répondre à nos besoins. Cela
signifiera par ailleurs que nous pourrons exporter de l’énergie propre à nos
voisins.
Le Québec sera en mesure d’aider ses voisins à cesser d’utiliser des sources
d’énergie qui polluent, comme le charbon par exemple.
C’est le rôle que le Québec doit jouer dans la résolution du problème planétaire
auquel nous sommes aujourd’hui confrontés.
Par ailleurs :
Nous avons adopté une politique du transport collectif qui vise une utilisation
accrue des transports en commun.
Nous avons adopté la Loi sur le développement durable. À l’occasion de
l’adoption de cette loi, nous avons amendé la Charte des droits et libertés de
la personne. Nous y avons ajouté le droit de vivre dans un environnement sain.
Puis nous sommes devenus un des premiers gouvernements au monde à imposer une
redevance sur les hydrocarbures. Cette « taxe à la pollution » sera calculée au
prorata des émissions de CO2.
Toutes les recettes, soit 200 millions de dollars par année, seront versées au
Fonds vert afin de financer des projets de lutte contre les changements
climatiques.
Voilà ce que nous faisons chez nous.
Mais la lutte contre les changements climatiques implique forcément une action
multilatérale. Le climat ne reconnaît pas de frontières.
Avec les autres provinces canadiennes, nous allons nous joindre au Climate
Registry; une initiative qui vise la création d’un marché nord-américain du
carbone. À ce jour, plus de 40 États américains, mexicains et canadiens ont
joint cette alliance.
Dans ce nouveau contexte, le Marché climatique de Montréal, créé en juillet 2006
par la Bourse de Montréal en partenariat avec le Chicago Climate Exchange,
pourrait jouer un rôle de premier plan.
Nous souhaitons la création d’une bourse du carbone à Montréal et nous n’allons
ménager aucun effort pour y parvenir.
À l’échelle nord-américaine, la Conférence des gouverneurs de la
Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’est du Canada se tourne
maintenant vers le développement durable, dans le cadre du leadership conjoint
de la province de Québec et de l’État du Vermont. Nous coordonnerons le
travail de nos Administrations en matière de production d’énergie, de
protection environnementale et de changements climatiques.
Sur le plan international, en décembre 2005, nous avons organisé, à Montréal,
un sommet mondial des États fédérés en partenariat avec le London’s Climate
Change, dont le Québec est membre. Une déclaration commune a été adoptée et a
permis de créer une alliance des États fédérés pour la lutte contre les
changements climatiques.
On oublie souvent que le leadership dans la lutte contre les changements
climatiques est venu d’États tels que la Californie, l’Australie du Sud et le
Québec et non des gouvernements centraux américain, australien ou canadien. Et
ce leadership continuera.
En février dernier à Paris au Forum des citoyens de la terre organisé par le
président Chirac, j’ai plaidé pour la mise en place d’une gouvernance mondiale
en matière d’environnement. Que ce soit par le regroupement au sein d’une
Organisation des nations unies environnementales (ONUE) ou par la création d’une
Organisation mondiale de l’environnement (OME).
Dans un an se tiendra à Québec le Sommet de la francophonie. J’ai proposé cet
été au président Sarkozy, au secrétaire général de la francophonie, Abdou Diouf,
ainsi qu’au premier ministre Harper qu’un des thèmes forts du Sommet soit celui
de l’environnement.
La particularité de la Francophonie internationale, c’est qu’il s’agit d’un des
rares forums nord-sud; un axe de discussion essentiel pour toutes les questions
environnementales.
Voilà un survol de notre action internationale pour appuyer la lutte contre les
changements climatiques.
Le monde est en train de se transformer.
Les changements climatiques présentent des menaces qui vont commander une
nouvelle solidarité mondiale.
Mais ces changements climatiques peuvent aussi nous pousser vers le progrès.
Pour le Québec, le développement durable et la lutte contre les changements
climatiques sont synonymes de prospérité.
Les pays qui font de l’environnement leur priorité deviendront les leaders de
l’économie mondiale. Ce sont leurs entreprises qui exporteront le savoir.
Les occasions d’affaires qu’offre la lutte contre les changements climatiques se
trouvent surtout dans le secteur des technologies propres. En 2004, ce secteur a
généré des recettes de près de 630 milliards de dollars.
Comme l’a mentionné Goldman Sachs, le capital institutionnel international
investi dans le financement de l’énergie et des technologies propres s’est
multiplié par sept au cours des trois dernières années.
Le marché mondial des technologies propres est donc en croissance, notamment les
technologies reliées à la séquestration des émissions de GES ou à leur
évitement.
Le Québec est dans la course. Nous comptons une expertise technique de pointe
particulièrement dans les secteurs de la valorisation énergétique des biomasses,
de la séquestration du CO2, de l’efficacité énergétique et de l’énergie
renouvelable.
Mon gouvernement entend d’ailleurs inscrire les technologies propres au cœur
même de sa stratégie de développement économique. Nous définirons des objectifs
ambitieux dont l’atteinte est nécessaire pour que le Québec occupe une place de
choix parmi les leaders en matière de développement durable.
Conclusion
Les changements climatiques représentent un des plus grands défis de l’humanité.
Le Québec a fait la preuve qu’il était possible qu’un État réduise ses émissions
de gaz à effet de serre, à condition d’utiliser les bonnes ressources.
Grâce à une ferme volonté politique, à une abondance de créneaux économiques, et
à l’ingéniosité de ses habitants, le Québec prendra une part active dans la
révolution technologique et sociale déterminée par le développement durable.
Dans ce défi du siècle, le Québec a défini son rôle particulier: être une
superpuissance de l’énergie renouvelable. Nous allons améliorer la qualité de
l’air dans le nord-est du continent et devenir un des principaux atouts de
l’Amérique du Nord dans la lutte contre les changements climatiques.
Je vous souhaite des échanges fructueux et je vous remercie de votre attention.
[Charest=20071028]
[Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Mesdames et Messieurs, bonjour! Je suis encore très heureux de vous retrouver
pour ce rendez-vous du dimanche. Dans les dernières semaines, j’ai surtout parlé
d’économie. Plus précisément, j’ai parlé de notre plan pour créer un nouvel
espace de prospérité pour le Québec. Mais il y a une condition à tout ça. Si on
veut être prospère, il faut mettre la priorité sur l’éducation et la réussite de
nos enfants. Dans chaque maison où grandit un enfant grandit aussi l’avenir du
Québec. Comme citoyens, nous partageons tous la responsabilité de les aider à se
réaliser. Et au gouvernement, nous avons la responsabilité de leur offrir les
meilleures écoles possible. C’est donc d’éducation que je vais vous parler
aujourd’hui.
L’éducation, c’est le deuxième poste de dépenses en importance au gouvernement
du Québec, après la santé. C’est aussi un des domaines où notre gouvernement a
fait les changements les plus importants depuis les quatre dernières années. On
arrive à la fin octobre. Si vous avez des enfants au primaire ou au secondaire,
vous allez recevoir probablement, dans les prochains jours, les premiers
bulletins de l’année, ce qu’on appelle les bulletins d’étape. Ce sera vrai pour
le mois d’octobre; dans certains cas, ce sera peut-être au mois de décembre. Peu
importe, ce sera, cette année, des bulletins chiffrés. Mais que ce soit
maintenant ou en décembre, ce sera des bulletins avec des chiffres, parce qu’on
veut des moyennes de groupe partout, comme c’était il y a quelques années, avant
que la réforme de madame Marois entre en vigueur. Parce que, nous, on veut que
les parents sachent comment progressent leurs enfants et sachent aussi comment
se comparent leurs enfants avec les autres élèves. C’est ce que vous souhaitiez
comme parents, c’est ce que nous voulons pour vos familles.
Le bulletin chiffré, c’est un des changements qu’on a fait en éducation, mais on
en a fait beaucoup d’autres. D’abord, on a ajouté une heure et demie
d’enseignement au niveau primaire depuis le mois de septembre 2006. Ç’a été une
décision prise il y a plusieurs années par mon parti de choisir d’ajouter une
heure et demie, ça nous amène à la moyenne canadienne. En fait, c’est en 2000
que ç’avait été proposé et, dès notre élection en 2003, on a commencé à mettre
en vigueur cette nouvelle politique qui a commencé dès septembre 2006.
Une anecdote amusante à ce sujet-là. Je me rappelle très bien avoir expliqué à
ma plus jeune fille, Alexandra, que nous allions ajouter une heure et demie
d’enseignement au niveau primaire. Inutile de vous dire que je n’étais pas très
populaire dans les cours d’école primaire de ma fille. Par contre, les parents,
eux, ont approuvé cette politique. Et vous savez que, depuis cet automne, donc
dans toutes les écoles primaires du Québec aussi, il y a de l’enseignement de
l’anglais qui commence en première année. Autrefois, l’enseignement de l’anglais
dans les écoles francophones commençait en troisième année et, dans les écoles
anglophones, l’enseignement du français commençait en première année. Cette
année donc, et depuis l’automne, on a voulu que l’anglais s’enseigne dès la
première année pour tous nos jeunes enfants. D’ailleurs, l’enseignement des
langues, ça devient de plus en plus important dans une économie mondialisée. Et
mon souhait, c’est que tous les Québécois puissent communiquer dans plusieurs
langues. Mais il y a une langue qui sera toujours plus importante, parce qu’elle
nous définit comme peuple, c’est une valeur de société pour nous, c’est
évidemment le français. Il y a des inquiétudes, depuis longtemps, sur la
maîtrise du français. Nous, comme gouvernement, on a augmenté le temps consacré
à l’apprentissage du français, au primaire autant qu’au secondaire. D’ailleurs,
au secondaire, le réaménagement qu’on a fait correspond à l’ajout d’une année
complète d’enseignement du français. C’est un des efforts les plus importants
qui ont jamais été faits pour améliorer la maîtrise du français.
Mais on va aller encore plus loin. Je vous annonce en primeur qu’on va agir dès
cet automne pour qu’y ait un retour en force de la dictée dans les écoles du
Québec. On a un peu délaissé la dictée, dans les dernières années, et, pourtant,
ça demeure un des meilleurs moyens pour apprendre à écrire sans fautes. La
ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, va faire des propositions aux
parents du Québec dans les prochaines semaines. Un des aspects les plus
importants de l’éducation, c’est les sciences et les mathématiques. On est dans
une économie qui se spécialise, une économie du savoir. Presque tous les métiers
aujourd’hui demandent des connaissances en sciences et en mathématiques. À
partir de cette année, on met en place de nouveaux programmes pour la fin du
secondaire. Ces programmes de sciences et de mathématiques comportent plus de
connaissances que les anciens. C’est un autre geste important en faveur de la
qualité de l’éducation de nos enfants.
Si on réussit à faire tout ça en éducation, c’est parce qu’on a investi. À la
fin des années 1990, il y a eu des coupures drastiques en éducation. Vous savez
que le gouvernement qui nous a précédés a mis les médecins et les infirmières à
la retraite, c’était leur politique pour le système de santé. Ils ont appliqué
en même temps une politique de coupures dans le domaine de l’éducation. Ils ont
sorti des écoles des centaines de personnes – je pense qu’il y en avait 1 200 –,
des psychoéducateurs, des orthopédagogues, qui aidaient les enfants en
difficulté. Nous, on les ramène, on en a ramené en fait 1 000 et on est en train
d’en embaucher 800 autres. Parce que c’est très important, dans notre système
d’éducation, de pouvoir tendre la main aux enfants qui, pour toutes sortes de
raisons, ont un peu plus de difficulté. Chaque enfant doit être valorisé et,
dans un contexte où on a une population vieillissante, moins de main-d’œuvre, un
peu moins d’enfants, on ne doit pas laisser de côté aucun enfant. Nos écoles,
c’est aussi des milieux de vie où nos enfants doivent apprendre de bonnes
habitudes de vie. C’est pour ça qu’on a augmenté le temps consacré aux sports et
à l’activité physique – dans certaines écoles, ils ont doublé le temps
d’enseignement d’éducation physique – et qu’on a présenté un plan avec ça pour
éliminer la malbouffe dans les écoles, pour que nos enfants apprennent de bonnes
habitudes de vie.
À ce micro, il y a deux semaines, je vous ai parlé de notre plan pour remettre à
niveau nos infrastructures. Or, les infrastructures, ça inclut des bâtiments
publics comme les écoles. Ce plan, rappelez-vous, c’est un plan de 15 ans, et la
première tranche se fait sur cinq ans. C’est 30 milliards de dollars que nous
allons dépenser dans les cinq prochaines années. Eh bien, cet argent, ce n’est
pas uniquement pour les routes, les viaducs, ce n’est pas uniquement pour les
écoles non plus ou les institutions culturelles, c’est aussi et beaucoup pour
les écoles du Québec. En cinq ans, nous allons investir 5,6 milliards de dollars
pour rénover les écoles du Québec qui en ont grandement besoin. C’est en fait le
plus important projet de rénovation depuis la création de notre système
d’éducation, depuis la révolution tranquille. On va se redonner des belles
écoles, parce qu’une belle école, ça donne le goût d’apprendre.
Permettez-moi de partager avec vous une anecdote à ce sujet. Il y a quelques
semaines, j’étais dans une école de mon comté, qui s’appelle l’école des
Quatre-Vents. L’école des Quatre-Vents, c’est dans un quartier où il y a
beaucoup de communautés culturelles. On dit qu’il y a jusqu’à 25 pays différents
qui sont représentés à l’intérieur de cette école, qui, soit dit en passant, est
sur deux sites différents, un site sur une rue, un autre bâtiment, une autre
école sur une autre rue. Et il y a jusqu’à 22 langues différentes qui sont
parlées par les enfants de l’école. Je me rendais à cette école pour annoncer la
construction d’un nouveau gymnase. Inutile de vous dire que c’était une bonne
nouvelle, très bien accueillie par le conseil d’établissement, les commissaires
scolaires, les parents, les enfants, tout le monde était très heureux.
Lorsque je suis arrivé à l’école, on est allé dans le salon des professeurs pour
préparer le point de presse et j’ai rencontré une jeune dame qui s’appelle
Guylaine Lapointe. Guylaine Lapointe enseigne à des enfants, si ma mémoire est
fidèle, qui sont en troisième année et qui sont en intégration. Issus de
communautés culturelles, ils viennent d’un peu partout sur la planète, donc ils
apprennent à vivre, à communiquer en français. Madame Lapointe travaillait dans
le local. Je l’ai interpellée, je lui ai demandé comment ça se passait dans sa
classe. Je vais vous faire une confidence : moi, je m’attendais à ce qu’elle me
parle des défis, des problèmes, de manque de ressources, d’avoir trop d’enfants.
Mais sa réponse, je ne l’oublierai jamais, elle m’a dit : « Vous savez, je vis
une expérience très enrichissante. Ce que je reçois de ces enfants, c’est très
riche. » Sa réponse m’a fait beaucoup réfléchir. Je me suis dit : Tiens, je suis
devant une personne extraordinaire et quelle chance ont ces enfants d’avoir une
jeune femme qui, elle, voit la vie de la manière suivante, en se disant voilà ce
que ces enfants me donnent.
En terminant, j’en profite pour dire à tous ceux et celles qui enseignent dans
le réseau de l’éducation, et j’en connais quelques-uns, mon épouse Michèle est
orthopédagogue de formation, elle a enseigné pendant plusieurs années, j’en
profite pour vous dire à quel point vous êtes importants pour l’avenir du
Québec. C’est à ces femmes et à ces hommes à qui nous confions ce que nous avons
de plus précieux, nos enfants. Et si vous êtes parents et si par hasard, cette
semaine, vous croisez un professeur, quelqu’un qui enseigne à un de vos enfants,
profitez donc de l’occasion pour leur dire merci, leur dire à quel point ils
sont importants pour vous et votre famille et à quel point nous comptons sur eux
pour construire le Québec.
Bon dimanche, à la semaine prochaine!
[Charest=20071104]
[Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Alors, bonjour, Mesdames et Messieurs. C’est avec plaisir que je vous retrouve à
nouveau ce dimanche pour vous parler d’un sujet qui a été beaucoup dans
l’actualité cette semaine, tout ce débat sur les accommodements raisonnables.
Vous vous rappellerez qu’au début de la semaine, j’ai écrit une lettre qui a été
publiée dans plusieurs quotidiens pour lancer un appel, un appel au respect, un
appel à la raison dans ce débat qui est très important pour l’avenir du Québec.
Avant d’aller dans le vif du sujet, j’aimerais revenir sur une histoire que je
vous ai racontée la semaine dernière. Vous vous rappellerez peut-être que je
vous ai parlé d’une école que j’ai visitée récemment à Sherbrooke, une école
primaire qui s’appelle les Quatre-Vents. La semaine dernière, j’ai parlé d’une
rencontre que j’ai eue avec un professeur, une dame Lapointe qui m’a beaucoup
impressionné. Je veux finir mon histoire parce que je suis allé à cette école
primaire à Sherbrooke dans un quartier où il y a une forte représentation de
communautés culturelles. En fait, on me dit que, dans l’école, il y a des
enfants qui viennent de 25 pays différents, qu’il se parle plus d’une vingtaine
de langues dans l’école comme telle et dans la cour d’école. C’est donc dire à
quel point il y a là, à Sherbrooke même, dans mon comté, un reflet de la
diversité de la société québécoise. Je suis allé, donc, à cette école pour
annoncer la construction d’un nouveau gymnase à l’école primaire en question et
même sur deux sites, deux rues différentes. Pour l’annonce comme telle, je
voulais un peu animer le point de presse, qui s’est fait en présence des
enfants, des parents, qui s’est fait également en présence de commissaires
scolaires, du conseil d’établissement et de professeurs. Alors, je me suis
adressé directement aux enfants assis devant moi qui venaient de partout sur la
planète. Ils étaient probablement 200 et, pour essayer de faire comprendre le
sens de l’annonce, je leur ai posé la question suivante, j’ai dit : Vous savez,
on est ici aujourd’hui parce que votre école est différente. Est-ce qu’il y en a
un parmi vous qui peuvent me dire pourquoi votre école est différente?
Imaginez-vous, les mains se sont levées partout dans la salle. Alors, j’ai
demandé à un jeune garçon : Pourquoi votre école est différente? Il m’a répondu
: Parce que, dans notre école, on recycle les piles. Ah bon, ce n’était pas la
réponse attendue, mais je suis allé au deuxième enfant. J’ai demandé pourquoi
leur école était différente. Ils ont dit : « Bien, parce que, dans notre école,
on n’a pas de gymnase. » Ah bien, j’ai dit : Ça tombe bien, on va en parler dans
quelques minutes. Troisième enfant. Il m’a répondu que c’est parce que, dans
leur école, ils font du compostage. Ah bon, c’est une bonne chose. Je suis allé
au quatrième enfant. Il m’a dit : « Mais, nous, notre école est sur deux sites.
Cinquième enfant, sixième, septième jusqu’à… j’ai aperçu un commissaire d’école
qui a dit à un des enfants : Dis-lui donc que c’est parce qu’il y a des enfants
qui viennent de partout au monde dans notre école. C’est ce qu’il m’a dit.
L’expérience m’a beaucoup impressionné. Je me suis arrêté devant les médias,
devant tout le monde. J’ai regardé les parents qui étaient dans la salle, qui
entouraient les enfants et je leur ai dit ceci : Vous, au moment où j’ai posé la
question, vous étiez comme moi, vous attendiez une réponse. Les enfants ne m’ont
pas donné la réponse que j’attendais. En fait, les enfants m’ont fait une leçon.
Moi, de mes yeux d’adulte, ce que je voyais dans cette salle, les enfants ne le
voyaient pas. Les différences que, moi, je voyais, ces jeunes enfants, pour eux,
c’était normal. Et j’ai demandé aux parents qui étaient avec moi ce jour-là si,
eux, avaient eu le même réflexe que moi, s’ils attendaient la même réponse. Ils
ont hoché de la tête. Bien, Mesdames et Messieurs, cette journée-là, j’ai appris
une très grande leçon de plusieurs jeunes enfants. Dans notre société, de nos
yeux d’adultes, on voit beaucoup de différences là où il n’y en a peut-être pas
autant qu’on le pense. Dans ce débat sur les accommodements raisonnables, cela
nous place devant un choix : on a le choix, nous, dans notre société de mettre
l’accent sur les différences ou de mettre l’accent sur les choses que nous avons
en commun. Et quand on arrête pour y penser, quand chaque citoyen du Québec
arrête un seul instant pour réfléchir sur ce que nous vivons, ce que nous
faisons au Québec, sur notre histoire, on en arrive tous à la même conclusion
que, peu importe les origines, peu importe l’endroit d’où nous venons, depuis
quand on est au Québec, on a beaucoup plus en commun que de choses qui nous
séparent. Bien, quand j’ai écrit ma lettre cette semaine, j’ai voulu mettre en
lumière cette responsabilité que nous avons de pouvoir jeter un regard sur notre
société, un regard qui est inclusif. Je ne vous cacherai pas que j’ai fait un
appel aux chefs des partis politiques pour une raison fort simple. Les chefs des
partis politiques, et pas juste les chefs des partis politiques, ceux qui sont
des décideurs dans notre société, des maires, des commissaires d’écoles, des
chefs d’entreprises, ont une responsabilité. On a le choix, nous, de mettre
l’accent sur le dénominateur commun le plus bas ou celui qui est le plus haut.
Nous, on est privilégiés, on est des leaders. Les gens nous ont fait confiance,
ils nous ont demandé d’administrer les affaires publiques et nous avons en
retour une très, très grande responsabilité. C’est à ça que j’ai voulu faire
appel. Quand j’ai parlé d’un esprit d’assiégés dans ma lettre, parce que je
pense qu’il y en a qui entretiennent ça, vous rappeler qu’on ne peut pas
barricader le Québec. On ne peut surtout pas s’isoler du reste du monde, alors
que le Québec, c’est un des endroits sur la planète qui dépend le plus des
marchés extérieurs, parce qu’on a besoin d’attirer des gens chez nous pour
travailler. On a besoin d’attirer des cœurs, des têtes, des cerveaux pour
construire notre économie. J’ai voulu, en quelque sorte, dénoncer ceux qui font
appel au dénominateur commun le plus bas, alors qu’on doit faire le contraire.
D’ailleurs, pour moi, l’identité québécoise est forte et la langue française se
porte bien. Ça ne veut pas dire qu’on tient pour acquise notre langue.
D’ailleurs, ça c’est vrai depuis 400 ans et bien avant qu’on ait des lois. Nos
parents, de génération en génération, nous ont inculqué cette responsabilité
individuelle, collective que nous avons de se battre pour notre langue, notre
culture. Et, après 400 ans, bien, cette langue, cette culture, elle a grandi,
elle est partout sur la planète. Ce n’est pas de la fragilité, ça, c’est du
courage, c’est de la détermination, c’est de la fierté. C’est ça le Québec. Et,
pour moi, la meilleure manière de promouvoir notre identité ne sera jamais de
chercher à barricader le Québec. Ce sera toujours de chercher à augmenter notre
rayonnement. Et c’est pour ça que je travaille. C’est dans cet esprit-là qu’on a
voulu la commission Bouchard-Taylor, que tous les partis politiques avaient
appuyée au moment où ç’avait été annoncé, en passant, et qui a été largement
appuyée par plusieurs médias même à ce moment-là. Pourquoi ? Parce qu’il faut
avoir un dialogue. Parce que ça concerne tout le monde. Et la large majorité, la
vaste majorité des gens qui vont témoigner devant la commission Bouchard-Taylor
le font d’une manière positive en valorisant justement notre diversité. C’est un
message d’ouverture qu’ils nous donnent. Ils valorisent l’immigration, ils
reconnaissent la richesse de notre diversité. Alors, au lieu de mettre l’accent
sur les cas d’exception, sur ceux et celles qui malheureusement ont une autre
vision, encore faut-il être capable de rejoindre ceux et celles qui ne font pas
de la surenchère d’intolérance, mais qui, au contraire, voient justement, comme
ces enfants, ce que nous avons en commun.
Au Québec, on a toujours été sensible au concept de la protection des minorités.
Il y a une raison derrière ça. C’est parce que nous sommes nous-mêmes
minoritaires. La grande question pour l’avenir du Québec sur plusieurs centaines
d’années qu’on doit se poser, c’est comment, nous, on veut être traités,
justement, surtout en Amérique du Nord, alors qu’on représente quelques
pourcentages de la population. Alors, ce n’est pas une question banale pour
nous. C’est une question très importante. On a une tradition de générosité,
d’ouverture, tout en affirmant les valeurs de la majorité qui compose la société
d’accueil. Et ces valeurs-là, je les ai répétées à nouveau au moment où on a
annoncé la commission Bouchard-Taylor, c’est l’égalité entre les femmes et les
hommes, la laïcité de l’État et la langue française comme langue commune, des
valeurs qui sont incontournables. La commission Bouchard-Taylor ne va pas
trouver pour nous la solution, en passant, entendons-nous là-dessus. Ils n’ont
pas été mandatés pour trouver la solution. Ils ont été mandatés pour nous aider
à faire la part des choses sur les questions de droit légal, les questions
d’accommodements raisonnables et les enjeux, les grands enjeux qui touchent
l’avenir de notre société québécoise. En attendant, on ne va pas rester assis
sur nos mains, au contraire. Là où il faut bouger, on va bouger. On a présenté
un projet de loi pour renforcer notre charte au moment où on a voulu dire aux
Québécois qu’ils avaient le droit à un environnement propre. On peut amender
notre charte à l’avenir aussi sur la question de l’égalité entre les femmes et
les hommes pour mieux guider les décideurs, les tribunaux face aux demandes
d’accommodements reliés aux différences culturelles. Également, nous allons
faire en sorte que le droit de vote s’exerce dans la clarté. Un projet de loi va
être présenté pour que, au moment du vote, que chaque personne soit obligée de
s’identifier. Ça, c’est des mesures qui sont ciblées, modérées, qui affirment
nos valeurs communes sans compromettre pour autant l’ouverture aux autres.
L’ouverture aux autres, ça nous permet de justement développer un nouvel espace
de prospérité pour le Québec, de faire en sorte que le Québec soit toujours la
porte d’entrée de l’Europe en Amérique. C’est pour ça qu’on veut un accord
transatlantique avec l’Europe. Et nous allons faire aussi, dans une entente que
nous voulons avec la France pour reconnaître les compétences et diplômes,
développer un espace qui va nous permettre d’encourager la prospérité. Et tout
ça, pour associer le nom Québec à la réussite et à l’ambition. La meilleure
manière de promouvoir notre identité, c’est de faire en sorte qu’on soit
ouverts, que le mot Québec rime avec succès.
En terminant, cette semaine, je vous rappelle qu’il y a des élections scolaires,
que le vote a lieu aujourd’hui et que vous avez un devoir de citoyen. Je vous
invite à vous déplacer en très grand nombre pour dire votre choix à ces
élections scolaires. Mesdames et Messieurs, merci beaucoup.
Bon dimanche, à la semaine prochaine!
[Charest=20071119]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et la Jeune Chambre de commerce de Montréal]
Madame Isabelle Hudon, Présidente de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain,
Monsieur Pierre-Étienne Simard, Président de la Jeune Chambre de commerce de
Montréal,
Monsieur le Maire de Montréal,
Chers collègues Ministres et Députés,
Distingués invités de la table d’honneur,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie d’abord la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et la Jeune
Chambre de commerce de Montréal pour cette invitation conjointe.
C’est une heureuse initiative.
C’est l’occasion d’échanger avec deux générations de créateurs de richesse :
ceux qui ont fait l’économie du Québec moderne;
et ceux qui feront notre prospérité de demain, axée sur l’innovation et le
savoir, la culture et le développement durable.
Aujourd’hui, ces deux générations sont côte à côte. Les plus vieux bénéficient
de l’audace des jeunes. Et les jeunes apprennent la valeur de l’expérience.
C’est exactement l’esprit de ce nouvel espace de prospérité que je veux bâtir
pour le Québec. Prendre appui sur nos réalisations passées pour mieux prospérer
dans un monde nouveau.
C’est une vision économique dont Montréal sera l’assise principale.
Mais avant de parler de l’avenir, je veux faire un point sur le présent. Sur une
situation urgente.
Le 12 avril dernier, dans un article publié sur LesAffaires.com, des experts
estimaient que le dollar canadien pourrait atteindre les 91 cents US sur un
horizon de 12 mois.
Just six months later, the dollar broke all records in its value against the
American dollar. On November 7 as trading started, it hit $1.10 US.
The speed of the dollar’s rise surprised all the experts.
And that sharp increase added to another important economic factor affecting us
today: the price of oil barrel, which has more than tripled in four years. These
two trends drastically changed our economic environment.
When a change in the value of the dollar alone results in Quebec products
costing 60% more than three years ago on American shelves, it’s obvious that
even the strongest companies will have trouble adapting.
I understand the challenges you are facing, and I share your concern.
Je réitère aujourd’hui mon appel au premier ministre du Canada sur la nécessité
de tenir une conférence des premiers ministres sur le thème de l’économie.
Ces turbulences ne sont pas vécues de la même manière partout. L’impact est plus
dur sur les économies qui reposent davantage sur le secteur manufacturier comme
au Québec et en Ontario.
Il faut mieux comprendre les impacts et convenir de mesures pour les atténuer.
Ça prend une action concertée des partenaires canadiens. Mes homologues du
Conseil de la fédération sont d’accord pour agir de manière coordonnée.
Le Québec fera sa part pour ses entreprises. Cette semaine, le ministre du
Développement économique et sa collègue ministre des Finances présenteront un
plan pour aider les entreprises manufacturières à s’adapter.
Ce plan comportera des mesures fiscales et financières à court et à moyen
termes. Nous allons faire le maximum.
On a mis 1,4 milliard de dollars sur la table pour aider les entreprises
forestières, les communautés et les travailleurs touchés à traverser la crise.
Il y a une restructuration incontournable de l’industrie qui est en train de se
faire, et je suis convaincu que le secteur forestier en sortira plus fort.
On a déjà posé des gestes concrets pour favoriser la compétitivité de nos
entreprises.
On a accéléré la réduction de la taxe sur le capital. Cette taxe régressive
sera complètement éliminée en 2011. D’ici là, nous aurons réduit les impôts
des entreprises de 1,6 milliard de dollars.
Pour les entreprises manufacturières qui réalisent de nouveaux investissements
dans le matériel de fabrication et de transformation, l’effet de la taxe sur
le capital est annulé immédiatement.
Les taux de déduction pour amortissement de certains types de bâtiments et du
matériel informatique ont été haussés pour faciliter ces investissements. Ça
revient à une autre baisse d’impôt.
Autrement dit, on est passé d’une fiscalité qui pénalisait l’investissement à
une fiscalité qui le récompense.
On a aussi baissé les impôts des Québécois d’un milliard de dollars. Ça va être
en vigueur dès janvier. Avec cette baisse d’impôt, le Québec sera au 5e rang
canadien pour son fardeau fiscal. Nous serons à la moyenne canadienne, comme
nous l’avions promis en 2003.
On va continuer avec la même détermination à faciliter l’investissement, à
réduire le fardeau fiscal, et à soutenir l’amélioration de la productivité et
l’innovation. Ce sont les clés de la réussite dans un monde de concurrence.
Mais on ne peut pas tout faire. Le gouvernement fédéral a la capacité financière
d’offrir une aide immédiate aux entreprises les plus durement éprouvées.
Le gouvernement fédéral doit consacrer une partie de ses surplus pour rendre
disponible une aide immédiate aux entreprises les plus menacées par la hausse du
dollar, tout spécialement celles du secteur manufacturier et forestier.
Certaines d’entre elles ont vu leur marché s’effondrer et leur marge de profit
s’envoler.
Le 16 octobre dernier à Ottawa, le discours du Trône comportait ce passage, et
je cite :
« Notre gouvernement continuera de défendre les industries traditionnelles du
Canada et est conscient des défis auxquels sont confrontés les secteurs clés
tels que la foresterie, les pêches, l’industrie manufacturière et le tourisme.
Il a pris des mesures pour soutenir les travailleurs pendant que ces industries
s’adaptent au contexte mondial. Le gouvernement entend poursuivre ses efforts en
ce sens au cours de cette session. »
Je demande au premier ministre du Canada de donner suite à ces paroles et de
venir en aide aux entreprises.
Cette situation n’est pas un phénomène passager.
Tout milite pour que le dollar demeure à un niveau élevé.
La situation financière des États-Unis contribue à faire chuter leur devise.
Parallèlement, nous vivons dans un monde qui a soif d’énergie et de matières
premières, et dans un pays qui possède les deux en quantité.
D’autre part, la Chine, l’Inde, le Brésil nous livrent une concurrence toujours
plus féroce. Pas seulement sur notre territoire, mais partout où on fait des
affaires. Aux États-Unis, notre principal marché d’exportation, les produits
chinois occupent deux fois plus de place qu’en 2000.
Encore là, ce n’est pas un phénomène passager.
Nous devons donc nous adapter à un nouvel ordre économique.
Nous avons déjà fait beaucoup pour améliorer la capacité du Québec de prospérer.
Nous avons rendu le Québec plus concurrentiel sur le plan fiscal.
Nous avons repris en main les finances publiques. Nous sommes le deuxième
gouvernement au Canada qui contient le mieux la croissance de ses dépenses.
Le résultat de notre gestion, c’est la cote de crédit du Québec qui est à son
plus haut niveau depuis plus de 30 ans, et le taux de chômage qui lui est à son
plus bas.
Nous avons maintenant des bases solides pour redéployer notre force économique
afin d’assurer une prospérité durable pour le Québec. Ce nouvel espace de
prospérité :
c’est une redéfinition de notre position stratégique dans le monde;
c’est une diversification de nos partenariats économiques;
c’est une augmentation de notre capacité d’attirer des investissements et des
cerveaux;
c’est une plus forte participation de tous les Québécois au marché du travail.
Ce plan, c’est cinq grands projets qui vont des infrastructures à l’immigration.
Car pour moi, bâtir, c’est autant construire des routes que créer des alliances
nouvelles.
Premièrement, pour réussir dans le monde d’aujourd’hui, le Québec doit atteindre
de nouveaux marchés.
Nous allons donc faire du Québec la grande porte d’entrée de l’Europe. Quatre
cents ans après que Samuel de Champlain a posé les pieds à Québec, nous allons
boucler la boucle.
Le Québec se fait le plus ardent promoteur d’un accord d’intégration économique
entre le Canada et l’Union européenne.
De part et d’autre de l’Atlantique, des gens d’affaires et des chambres de
commerce se mobilisent pour faire pression sur leurs élus afin qu’un tel
accord soit négocié.
Les négociations formelles pourraient être enclenchées dès le prochain sommet
Canada / Union européenne qu’on souhaite accueillir à Québec en 2008.
Il y a 20 ans, c’est le leadership du Québec qui a fait passer l’accord de
libre-échange avec les États-Unis. On va rééditer ce succès.
Deuxièmement, je veux conclure avec le président français, Nicolas Sarkozy, une
entente sur la reconnaissance des acquis et des compétences entre la France et
le Québec.
Ce serait un précédent dans l’action internationale du Québec, mais un précédent
dans les relations entre l’Amérique et l’Europe, un précédent dans le monde.
Ça veut dire qu’un médecin, un ingénieur, un infirmier, un menuisier français
désirant travailler au Québec pourra exercer ici le métier pour lequel il a été
formé.
On commence avec la France avec la ferme intention de conclure le même genre
d’entente avec d’autres pays.
Si on réunit le Canada et l’Union européenne dans une même zone économique, ça
fait un nouveau marché commun de plus de 850 millions de personnes.
Pour les entreprises du Québec, ça veut dire l’accès plus facile à de nouveaux
contrats, dans de nouveaux marchés.
Une entente avec la France sur la reconnaissance des acquis et des compétences,
ça veut dire pour nos entreprises une facilité à faire venir des travailleurs
qualifiés pour contrer les pénuries de main-d’œuvre.
En 2008, le président français, Nicolas Sarkozy, prendra la présidence de
l’Union européenne et il est favorable à ces deux projets. Nous serons en
position pour faire avancer les choses.
We will access new international markets – and we will take better advantage of
business opportunities in Canada.
This is my third project for Quebec: to enter into a true free trade agreement
with Ontario.
It simply doesn’t make sense that doing business with our neighbours to the west
is at times more complicated than doing business with our neighbours to the
south.
I’ve begun discussions with Mr. McGuinty regarding an overall agreement between
Quebec and Ontario which would strengthen our partnership in energy, improve
labour mobility between our provinces, and open public markets to businesses on
both sides of the Ottawa River.
When we remove impediments to business, everyone benefits.
Every time Quebec chooses openness, Quebecers win.
En parallèle à cette négociation avec l’Ontario, nous allons négocier, sous
l’autorité du Conseil de la fédération, une entente globale de mobilité de la
main-d’oeuvre partout au Canada. Le Conseil de la fédération a déjà fixé au 1er
avril 2009 la date butoir pour la conclusion de cette entente.
Le quatrième projet de ce nouvel espace de prospérité, c’est des infrastructures
de qualité.
Le 9 octobre dernier, nous avons présenté un plan de 30 milliards de dollars sur
5 ans pour lancer le plus grand chantier de rénovation de l’histoire du Québec.
On va rénover l’ensemble de nos infrastructures : nos routes, mais aussi nos
bâtiments publics comme nos écoles et nos hôpitaux.
À Montréal, par exemple, ça veut dire des projets aussi majeurs que la
reconstruction de l’échangeur Turcot, qui va entraîner une renaissance de tout
ce secteur du centre-sud. À lui seul, ce chantier représente plus d’un milliard
de dollars d’investissement.
On va faire de nos infrastructures une fierté.
Cinquième projet : le développement énergétique.
Notre stratégie de développement énergétique, c’est 31 milliards de dollars
d’investissement sur 10 ans.
Le chantier de la décennie est en cours. C’est Eastmain-1-A Rupert. : assez
d’énergie propre pour alimenter une ville comme Québec. Le prochain chantier est
déjà sur la planche à dessins. C’est La Romaine : assez d’énergie propre pour
alimenter une deuxième île de Montréal. À ça, vous ajoutez 4 000 mégawatts
d’énergie éolienne.
On est en train de faire du Québec le leader mondial de l’énergie renouvelable.
De l’énergie propre, abondante et à prix compétitif, c’est un argument très fort
pour attirer des investissements et des entreprises.
De l’énergie, on va en avoir pour nos propres besoins, mais on va aussi en avoir
pour en exporter à nos voisins avec un fort profit.
C’est un projet créateur de richesse. C’est aussi un projet environnemental. En
vendant de l’électricité propre à nos voisins, on va freiner le recours à des
sources polluantes comme des centrales au charbon.
On va contribuer à une meilleure qualité de l’air dans le nord-est du continent.
On a donc cinq projets pour faire du Québec un nouvel espace de prospérité :
le Québec comme principale porte d’entrée de l’Europe en Amérique du Nord et
l’accès àa un marché de plus de 850 millions de personnes;
une entente sur la reconnaissance des acquis et des compétences avec la
France;
un libre-échange avec l’Ontario et une entente de mobilité de la main-d’œuvre
avec la Canada;
des infrastructures de qualité;
et le Québec comme leader mondial de l’énergie renouvelable.
Ces projets vont créer des milliers d’emplois. À elle seule, la stratégie de
développement énergétique représente 70 000 emplois.
Or, nous avons déjà le taux de chômage le plus bas depuis plus de 30 ans, et
notre économie commence à vivre des pénuries de main-d’œuvre.
Demain, le Québec ne manquera pas de travail, mais de travailleurs.
C’est pourquoi nous devrons tout mettre en œuvre pour valoriser la participation
au marché du travail :
ça veut dire accueillir les jeunes sur le marché du travail, leur offrir de
bons emplois et promouvoir le mentorat afin de faciliter leur ascension;
ça veut dire améliorer nos efforts en formation pour intégrer le maximum de
gens au marché du travail, avec une attention toute spéciale pour les
travailleurs plus âgés, dans la cinquantaine, qui se retrouvent sans emploi;
Il faut encourager la retraite progressive. Ça veut dire encourager les
travailleurs en fin de carrière à continuer à travailler après l’âge de la
retraite s’ils en ont envie;
ça veut dire aussi ouvrir nos portes et accueillir le plus de gens possible
désireux de venir s’associer au succès du Québec.
Ce nouvel espace de prospérité, c’est donc aussi un nouvel espace de rencontre.
Nous avons annoncé une augmentation des seuils d’immigration. Nous en avons
besoin.
Le déploiement de ce nouvel espace de prospérité passe par Montréal.
Nous n’avons qu’une seule métropole de taille mondiale.
La semaine dernière, lors du Rendez-vous novembre 2007, les élus de tous les
paliers de gouvernement, le milieu des affaires et le milieu culturel ont adopté
un plan d’action conjoint de 10 ans visant à faire de Montréal une métropole
culturelle à l’échelle canadienne, nord-américaine et internationale.
Nous y avons donné suite immédiatement en annonçant la réalisation du Quartier
des spectacles. Ce projet de 120 millions de dollars sur 4 ans conduira à une
reconfiguration complète de tout le quartier entourant la Place des Arts.
Cette vision « Montréal métropole culturelle », j’y crois.
Elle est au cœur du plan du maire Tremblay, Montréal 2025. Elle est également au
cœur des positions maintes fois défendues par Isabelle Hudon, dont la présidence
est marquée par ce resserrement des liens entre les mondes des affaires et de la
culture.
Je souscris à cette volonté du milieu. La culture est créatrice de richesse. À
travers le monde, dynamisme économique et dynamisme culturel vont de pair. Les
exemples ne manquent pas. On pense à New York, bien sûr, on pourrait aussi
penser à Barcelone. Ou même à Toronto.
One of the best examples of a successful blend of culture and economy is the
formidable growth of the video game industry in Montreal. The city is becoming a
Hollywood of video game production in a sector whose global sales have already
surpassed those of the film industry.
Promouvoir la culture, faciliter l’accès à la culture, soutenir nos artistes,
c’est nourrir cette énergie créatrice qui fait des sociétés innovantes et
prospères.
Montréal métropole culturelle, c’est un positionnement qui renforce la
personnalité unique de Montréal et qui accroît son attrait.
Montréal métropole culturelle, c’est l’étendard de ce nouvel espace de
prospérité pour le Québec.
[Charest=20071125]
[Émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire]
Mesdames et Messieurs, merci beaucoup de vous être joints à nous, d’autant plus
que cette semaine on va à nouveau parler d’économie, mais en particulier nous
allons parler du secteur manufacturier québécois. Vendredi dernier, j’étais
accompagné du ministre du Développement économique, Raymond Bachand, de la
ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, et de la ministre du Développement
durable, Line Beauchamp, pour faire une importante annonce de mesures qui
viennent en soutien au secteur manufacturier québécois. Pourquoi? Parce que le
secteur manufacturier québécois vit actuellement des changements qui sont très,
très intenses, et certains de ces changements nous arrivent depuis le début de
l’année 2007.
Commençons par le premier, l’augmentation de la valeur du dollar canadien sur la
monnaie américaine. Il n’y a pas très longtemps, en 2002, le dollar canadien
valait 62 sous par rapport au dollar américain. Actuellement, le dollar canadien
est à peu près à parité, probablement au-dessus, et, le 7 novembre dernier, le
dollar canadien est monté jusqu’à 1,10 $ par rapport à la monnaie américaine.
Placez-vous pour un instant dans les souliers d’un fabricant de fenêtres au
Québec qui vendait ses fenêtres en 2002 à 62 sous par rapport à la monnaie
américaine, qui avait là une marge de presque 40 % sur sa vente et qui, du jour
au lendemain, voit ça disparaître, disparaître parce que, maintenant, le dollar
canadien est à peu près à parité. Je dis du jour au lendemain, il faut
s’entendre. Cinq ans, c’est quand même une assez bonne période de temps, mais
pour un manufacturier qui, lui, doit planifier sa production, qui doit changer
sa façon de faire, qui doit chercher des économies, c’est quand même rapide. Et
encore plus rapide, imaginez-vous, alors qu’au début de l’année 2007 le dollar
canadien était bien en-deçà de la monnaie américaine et qu’il a augmenté de plus
de 20 % dans une très courte période de temps. C’est donc dire que notre
secteur manufacturier vit actuellement des pressions énormes. Ajoutez à cela
l’augmentation du baril de pétrole, qui a à peu près quadruplé depuis 2002, puis
ajoutez à ça une compétition toujours plus féroce, toujours plus intense, qui
nous vient de la Chine et de l’Inde dans nos marchés d’exportation. C’est
important pour nous, le secteur manufacturier, parce qu’en plus l’économie du
Québec est tournée vers les exportations. Il y a au Québec 7,6 millions
d’habitants, il y en a 33 millions au Canada, on représente un petit marché, à
comparer de nos voisins. Il y a 330 millions d’habitants aux États-Unis, il y en
a 100 millions au Mexique. C’est donc dire que, nous, pour pouvoir espérer
prospérer, pour gagner notre pain et notre beurre, travailler, il faut pouvoir
vendre ce que nous produisons sur les marchés étrangers. C’est une condition de
prospérité, puis de croissance économique au Québec.
Alors, vous voyez là, vous avez là tous les ingrédients d’un problème qui va
devenir très important, à moins de donner un coup de main à notre secteur
manufacturier. Depuis plusieurs années déjà, nous avons, nous, choisi de
prioriser le secteur manufacturier. Pourquoi? Bien, ça représente 19 % de notre
économie, c’est 56 000 emplois au Québec, beaucoup d’emplois dans les régions du
Québec. Je vous parlais de production de fenêtres tantôt, mais c’est aussi la
production d’avions. On est un des plus grands producteurs dans le monde, au
Québec. On fait également de la production pharmaceutique, ça touche à peu près
à tous les domaines d’activité. Alors, depuis les dernières années, on a appuyé
le secteur manufacturier, on a enlevé une taxe qui était sur l’investissement,
qu’on appelait taxe sur le capital, sur les PME du Québec, on a fait ça en 2005.
Il y a moins d’un an, on a annoncé une politique d’appui à l’innovation pour
augmenter la productivité, pour qu’on puisse produire nos biens et services à un
moindre coût, pour qu’on puisse commercialiser ce qu’on crée, ce qu’on invente.
Tout ça va dans le sens de venir en aide aux manufacturiers québécois.
Et dans le dernier budget que nous avons livré, que Monique Jérôme-Forget a
livré, il y a environ six mois, on a également fait un budget manufacturier, on
a fait un crédit d’impôt à l’investissement, ce qu’on appelle de l’amortissement
accéléré, c’est-à-dire que, si vous achetez quelque chose et que vous en
déduisez d’année en année le coût de l’achat, on a accéléré les déductions
auxquelles vous aviez droit pour pouvoir vous donner davantage d’argent pour
investir dans votre entreprise. Alors, des mesures ont été mises de l’avant,
mais les changements de l’année dernière nous amènent à revoir à nouveau et
surtout à répondre au grand défi, c’est-à-dire que c’est à nous, à l’État à être
aussi rapide que les changements, que l’économie mondialisée nous présente.
Vendredi dernier, on a donc présenté une série de mesures pour venir en aide à
ceux qui sont dans le secteur, en particulier aux travailleurs. On a,
premièrement, mis sur pied un crédit d’impôt remboursable pour la formation de
la main d’œuvre dans les entreprises manufacturières, pour venir en aide aux
travailleurs, pour s’assurer qu’on est vraiment à la fine pointe de ce qu’il
nous faut comme talents pour être les meilleurs au monde.
On va également augmenter de 10 à 15 % le taux de crédit de taxes sur la
capital, ce qui veut dire que l’entreprise manufacturière qui investit et qui
prend avantage du dollar canadien plus élevé… parce qu’il y a un avantage. Si
notre dollar canadien vaut plus, ça veut dire que ça coûte moins cher acheter de
l’équipement aux États-Unis pour introduire des nouvelles technologies dans les
entreprises. Alors là, on met sur pied une mesure qui va permettre et qui va
encourager ce type d’investissement-là pour être plus productif, plus
compétitif, vendre davantage, créer davantage d’emplois. On va également créer
des centres collégiaux de transfert de technologies dans les cégeps. On en a
déjà 35, on va en ajouter cinq autres. Ces centres collégiaux de transfert de
technologies, c’est des centres où on développe des technologies qui viennent en
appui justement au secteur manufacturier.
L’ensemble de ces mesures et d’autres mesures, par exemple comme ce que nous
avons fait en créant un nouveau fonds de capital de risque en technologies
propres, qui nous permet de créer des technologies qui sont bonnes pour
l’environnement, bien, ça va nous permettre d’appuyer, de soutenir le secteur
manufacturier, de passer à travers cette période de changements très, très, très
intenses.
Je reviens, Mesdames et Messieurs, sur un des propos que je vous ai fait au
début de mon intervention. Le problème, surtout l’essence même du problème,
c’est la rapidité à laquelle ces changements-là arrivent et la rapidité avec
laquelle le dollar canadien a pris de la valeur. Le problème, c’est un problème
d’adaptation. En ce sens, nous devons réagir rapidement, mais on n’est pas les
seuls non plus qui doivent réagir. Et l’annonce qu’on a faite vendredi dernier,
bien, ç’a mobilisé tous ceux qui sont dans le secteur manufacturier au Québec,
les travailleurs, les syndicats, les propriétaires d’entreprises, les
fédérations de chambres de commerce, également les centres de recherche. Mais le
dernier joueur qui doit s’ajouter à cette équipe, c’est le gouvernement fédéral
canadien. À nouveau, j’interpelle le gouvernement fédéral qui, lui, a déjà pris
un engagement dans son discours du trône d’appuyer le secteur manufacturier, le
secteur forestier et le secteur du tourisme qui souffrent de toute évidence de
ce changement très rapide. Et à nouveau, je pense, je crois que le gouvernement
fédéral doit respecter sa parole et le plus rapidement possible se joindre à
tous les autres acteurs dans le secteur manufacturier québécois pour que nous
puissions tirer profit de ces changements-là et ne pas les subir, mais au lieu
de les subir de pouvoir innover, changer et continuer d’être une économie forte
d’exportation.
Mesdames et Messieurs, merci beaucoup de vous être joints à nous cette semaine,
et je vous donne rendez-vous dimanche prochain.
[CHRST20080224]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de
l’émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
Le rapport Castonguay sur le financement de la santé a été déposé cette semaine
par les commissaires Castonguay, Venne et Marcotte
Montréal, le 24 février 2008 ]
Cette semaine, d’emblée, j’aborde la question du rapport Castonguay, ce rapport
qui a été déposé par Claude Castonguay et deux autres commissaires, M. Venne et
Mme Marcotte, plus tôt dans la semaine, plus particulièrement mardi. Évidemment,
le rapport a beaucoup attiré l’attention et a fait l’objet de plusieurs
commentaires. Cette semaine, j’aimerais situer ce rapport dans le contexte du
développement de notre réseau de la santé et des services sociaux. D’abord,
premièrement, je vous rappelle qu’on avait commandé ce rapport il y a un an, au
moment où on déposait notre budget. On demandait à M. Castonguay de se pencher
sur le financement de notre réseau de santé, sur l’organisation de la santé, sur
la loi fédérale, sur la façon dont on devait aborder la question de
l’organisation de notre réseau de la santé et des services sociaux. Pourquoi on
l’a fait? D’abord parce que la santé représente actuellement 43 % des dépenses
de programmes du gouvernement du Québec. À chaque année, ce chiffre augmente.
Pourquoi? Parce qu’à chaque année, les dépenses de santé dépassent la croissance
économique. C’est toujours autour de 6 %, entre 5 % et 6 %.
C’est donc dire que, sur le plan du financement, on s’inquiète pour l’avenir. On
se demande comment on va faire pour financer notre système de soins de santé
alors que les autres ministères – y inclus l’Éducation, y inclus la Culture, par
exemple – ont également des besoins. C’est une question importante. M.
Castonguay n’est pas le seul à se pencher là-dessus. Il n’est pas le premier non
plus. Il nous a fait des recommandations, au nombre de 37, cette semaine, que
nous avons eu l’occasion de commenter.
Mais avant d’aller là-dessus, j’aimerais situer le débat encore plus large dans
le domaine de la santé et vous rappeler une réalité. Dans tous les pays
développés, il y a actuellement un très grand débat sur l’avenir de nos systèmes
de soins de santé. C’est vrai aux États-Unis. C’est vrai en France. C’est vrai
en Grande-Bretagne. C’est vrai partout sur la planète. On n’est pas les seuls,
en d’autres mots, à avoir des problèmes et des défis majeurs quant au
financement et à l’organisation de notre système de soins de santé. Je vous
dirais même que c’est la règle partout où il y a des systèmes comme le nôtre ou
qui ressemblent au nôtre. Partout, qu’ils soient privés ou publics, on se pose
les mêmes questions. D’ailleurs, si vous avez porté attention à la campagne
électorale américaine… Moi, j’ai écouté le débat cette semaine entre M. Obama et
Mme Clinton. Ils ont parlé longuement de l’avenir du système de soins de santé.
Aux États-Unis, Mme Clinton défend l’idée d’avoir un système de santé qui
ressemble à celui du Canada, qui serait universel, qui serait accessible. Tout
ça pour vous dire que… – et pour vous rassurer sur une réalité – …qu’on n’est
pas les seuls à s’interroger sur le financement et l’organisation. Tout le monde
s’interroge là-dessus.
Deuxièmement, au Québec comme ailleurs, on dépense de plus en plus pour la
santé. Pourquoi? Parce que, oui, la population vieillit, mais également parce
que les besoins augmentent. La technologie coûte plus cher parce qu’on pratique
la santé différemment aussi. Alors, c’est un défi pour le Québec, mais c’est
aussi un défi pour tous les gouvernements partout sur la planète.
Troisième réalité, tout le monde sur la planète est en pénurie de main-d’œuvre :
en France, en Europe, aux États-Unis, au Québec et au Canada. Sauf qu’au Québec,
il y a une différence. Le problème y est beaucoup plus grave qu’ailleurs.
Pourquoi? Parce qu’il y a quelques années, malheureusement, on a fait un
programme de mise à la retraite de médecins et d’infirmières. On a envoyé 1 200
médecins à la retraite et on les a payés pour arrêter de pratiquer la médecine.
On a fait la même chose avec des infirmières, avec des techniciens et avec des
administrateurs. On a même fait ça avec les gens qui aident les jeunes dans les
écoles, avec les professionnels qui aidaient les jeunes dans les écoles, comme
les orthopédagogues. Cela a été une erreur terrible. Aujourd’hui, on vit avec
les conséquences de cela. Alors, voilà un peu pour le contexte où ces choix se
posent pour nous.
M. Castonguay a déposé un rapport très ambitieux, qui contient 37
recommandations. Dans les recommandations relatives au financement, il fait une
recommandation qui est probablement celle qui a fait l’objet du plus grand
nombre de commentaires cette semaine. Il recommande de hausser la TVQ, la taxe
de vente du Québec, de 1 % pour financer à l’avenir notre système de soins de
santé. Un pour cent de taxe de vente, ça représente au-delà de un milliard de
dollars par année. Il fait cette recommandation dans le contexte où le
gouvernement fédéral, lui, a baissé la TPS, la taxe de vente au fédéral, de 2 %
depuis les deux dernières années. Or, Mesdames et Messieurs, au moment où le
gouvernement fédéral a proposé, lors de sa campagne électorale, de baisser sa
taxe de vente, le fédéral n’a jamais dit qu’il le faisait dans l’espoir que le
gouvernement du Québec passe derrière et augmente la taxe de vente du Québec
pour remplacer sa diminution. En d’autres mots, qu’on aille chercher le milliard
de dollars qu’il a promis de mettre dans vos poches, qu’on aille, nous, le
chercher dans l’autre poche. D’ailleurs, le gouvernement du Québec – mon
gouvernement en particulier – s’est fixé comme objectif de réduire le fardeau
fiscal des Québécois – pas de l’augmenter, de le réduire. Cette année, on réduit
les impôts personnels, en particulier pour la classe moyenne, de un milliard de
dollars par année. Avouons que ça aurait été un petit peu contradictoire de
baisser vos impôts personnels de un milliard, puis, dans la même année,
d’augmenter la taxe de vente de un milliard, et surtout de le faire dans un
contexte où il y a un ralentissement économique aux États-Unis.
Le dollar canadien est à parité avec le dollar américain. Ça se traduit presque
par une invitation aux consommateurs à aller magasiner aux États-Unis.
Évidemment, ce n’est pas notre choix. Augmenter la taxe de vente, ce n’est pas
la solution. Au Québec, en général, j’irais plus loin que ça. Je vous dirais
ceci : « Au Québec, au gouvernement du Québec, ce n’est pas un problème de
dépenses que nous avons. » C’est-à-dire que le problème n’est pas le suivant. Ce
n’est pas qu’on ne dépense pas assez, c’est qu’il faut économiser davantage. Il
faut plus de rigueur. On en dépense déjà beaucoup de l’argent. Alors, notre
premier choix à nous, c’est de tout mettre en œuvre pour gérer avec rigueur,
comme on l’a fait dans les dernières années. D’économiser de l’argent et d’aller
vers les mesures qui vont nous permettre de faire des économies. En ce sens-là,
M. Castonguay fait plusieurs recommandations qui sont très intéressantes. Entre
autres de décentraliser l’administration des budgets pour qu’on puisse donner
plus d’autonomie aux régions et faire des économies à ce niveau-là. On va faire
des projets pilotes dans trois régions du Québec. On va donc suivre cette
recommandation.
L’autre recommandation que nous fait M. Castonguay, qui est très intéressante,
c’est de permettre aux médecins qui pratiquent dans le public de pratiquer
également dans le privé, à certaines conditions par contre. À condition de
réglementer et de s’assurer qu’un médecin puisse servir d’abord le public avant
d’aller au privé. L’autre condition, c’est d’avoir suffisamment de médecins pour
pouvoir le faire. Or, c’est là que le bât blesse. Il n’y a pas suffisamment de
médecins pour pouvoir le faire. M. Castonguay, en passant, le reconnaît dans son
rapport. Il dit : « Quand il y aura suffisamment de médecins, on devrait
permettre ce genre de pratique-là. » On est capable de vivre avec ça. Nous, on
pense que c’est une solution qui est réalisable. Mais, encore une fois, à la
condition d’avoir assez de médecins. Là-dessus, on bouge. On forme plus de
médecins. On a ouvert les facultés de médecine. On a ouvert les formations en
sciences infirmières, dès notre élection, en 2003. Mais ça prend 5, 7, 10 ans
pour former un médecin. Les premiers omnipraticiens formés depuis notre décision
d’ouvrir des facultés de médecine, en 2003, vont graduer cette année, en 2008.
Alors, en ce sens-là, il y a là une bonne recommandation qui est incluse dans
l’ensemble des recommandations et que nous allons suivre.
[chrst20080210]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de
l’émission radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
Jean Charest commente les statistiques sur le chômage ainsi que plusieurs études
récentes
Montréal, le 10 février 2008]
Alors, bonjour, mesdames et messieurs! La semaine commence sur le bon pied,
puisque, vendredi dernier, Québec a obtenu les chiffres d’emploi. À chaque
vendredi, chaque premier vendredi de chaque début de mois, Statistique Canada
rend publics les chiffres de l’emploi pour tout le Canada, incluant le Québec.
Vendredi dernier, nous avons appris que le taux de chômage au Québec est à 6,8
pour cent : le plus bas taux de chômage en 33 ans. Il s’est créé 7 000 emplois
au mois de janvier dernier. Et tout cela nous part sur le bon pied pour l’année
2008. Évidemment, dans un contexte où il y a beaucoup de questionnement sur
l’avenir économique – je pense, entre autres, au secteur forestier qui vit
encore de très grandes difficultés; le secteur manufacturier, où il y a des
pressions très importantes venant des pays émergents, dû au fait que le dollar
canadien est presque à parité avec la monnaie américaine – mais aussi dans un
contexte où il y a un ralentissement économique qui s’annonce du côté des
États-Unis. Certains parlent même de la possibilité d’une récession, ce que nous
ne souhaitons pas. Mais, évidemment, si tel devait être le cas, même un
ralentissement aurait un impact sur notre économie. C’est inévitable. Notre
économie est beaucoup axée sur les exportations, et ces exportations sont
beaucoup, à plus de 80 pour cent, concentrées aux États-Unis. C’est donc dire
que les chiffres d’emploi nous font la démonstration qu’il y a de la robustesse
dans le marché de l’emploi au Québec. D’ailleurs, l’écart entre le taux de
chômage québécois et ontarien est à son plus bas niveau depuis toujours, ce qui
indique qu’on gagne en termes de compétitivité. Mais il ne faut surtout pas
baisser les bras; il faut surtout essayer de prévenir, de voir ce qui vient et,
surtout, de prévenir ce qui pourrait être un ralentissement économique et
s’assurer que chez nous, au Québec, on se donne les moyens d’assurer une
certaine croissance de l’économie et de l’emploi, ce que nous pensons pouvoir
faire avec notre programme de 30 milliards de dollars sur les infrastructures et
de 31 milliards de dollars au niveau énergétique.
Cela étant dit, je veux aborder un sujet, cette semaine, qui est souvent abordé
avec moi lorsque je rencontre des gens; on me parle de différents rapports que
le gouvernement reçoit et commente. Il m’arrive de croiser des gens qui me
demandent pourquoi on commande des affaires à l’extérieur et qui s’interrogent
sur l’utilité d’un tel rapport : est-ce que ça va servir ou est-ce que ce sera
tabletté? Est-ce que ça vaut la peine de dépenser des fonds publics pour confier
à des gens qui sont pas des parlementaires – qui sont pas des élus, finalement –
de solliciter un avis sur un sujet précis. Inutile de vous dire que chaque cas
est un cas d’espèce. Il faut prendre chaque dossier selon ses mérites. Mais le
gouvernement doit de temps en temps demander un avis de l’extérieur. D’abord,
parce que, souvent, ce sont des sujets très complexes, qui commandent une
expertise, un regard particulier, d’une part. D’autre part, parce qu’on veut,
des fois, consulter la population, on veut avoir des avis. Et en mandatant des
personnes pour aller étudier ces questions-là, bien, on se donne, dans le fond,
une information, on se donne l’occasion d’un certain recul sur certains
dossiers, qui nous permet de mieux décider sur ces enjeux. Dans les rapports que
nous avons commandés, on en a reçu un cette semaine par un monsieur Gagné, un
économiste très connu, sur la question des aides fiscales pour les régions
ressources par rapport aux autres régions québécoises. Le gouvernement du Québec
a mis en place, depuis plusieurs années, des aides spécifiques à ce qu’on
appelle les régions ressources pour [les] aider à développer leur économie. Et
depuis quelques années maintenant, on se questionne sur l’impact des programmes.
On se demande si ces programmes n’ont pas pour effet d’enlever des emplois dans
une région pour les renvoyer dans une autre, ce que personne ne veut, en
passant. Ce serait un non-sens que de prendre des emplois dans une région pour
les envoyer dans une autre; [on ne va pas] déshabiller Paul pour habiller Jean,
ça n’a pas d’allure. Il faut quand même aborder ces questions-là avec beaucoup,
beaucoup de soin, parce qu’il y va de l’avenir de nos régions et de l’ensemble
du Québec.
Le gouvernement du Québec a donc reçu cette semaine le rapport Gagné, rapport
qui nous fait une évaluation des programmes d’aide fiscale disponibles aux
régions ressources par rapport à l’ensemble du Québec. Et dans ce rapport, il y
a des recommandations que nous allons probablement adopter, mais d’autres que
nous n’adopterons pas. En tout cas, nous prendrons tout le temps nécessaire pour
l’étudier, pour consulter les partis d’opposition. Mais je peux vous donner un
exemple. D’emblée, dans le rapport Gagné, on remet en question les programmes
d’aide pour la région de la Mauricie. Or, le gouvernement du Québec reconnaît
spontanément que, dans la région de la Mauricie, il y a des problèmes
économiques très importants. Il faut être solidaires de ce qui se passe chez nos
amis en Mauricie, et le gouvernement du Québec va continuer, peu importe la
forme, à donner un coup de main à cette région, qui en a grandement besoin. Un
autre rapport sera bientôt publié mais arrivera sous une autre forme : c’est un
livre, un livre vert. Un « livre vert », dans le jargon gouvernemental, c’est un
livre qui est publié pour fins de discussion. Ce n’est pas des positions de
gouvernement, mais ça étale, ça nous exprime, en fin de compte, des choix qu’on
propose pour des fins de discussion. Celui-là est très, très attendu, parce
qu’il est sur la forêt, puis, entre autres, sur le régime forestier, sur les
lois et les règlements qui encadrent l’exploitation de la forêt. Et depuis 25
ans, on n’a pas revu le régime forestier. Imaginez-vous que la question devient
drôlement importante, parce qu’il y en a moins, de forêt. On a surexploité notre
forêt; c’est donc dire que les choix que nous ferons pour l’attribution, la
distribution : qui aura quoi en termes d’attributions forestières, ça devient
très, très important. Et ce livre vert va nous permettre de faire avancer la
discussion. Un autre rapport sera bientôt publié : celui-ci, sur l’avenir de
l’agriculture et de l’agro-alimentaire au Québec, le rapport Pronovost. Encore
là, depuis 1960, on n’avait pas fait, au Québec, une réflexion d’ensemble sur le
secteur de l’agriculture et de l’agro-alimentaire et de tout ce qui est autour
de ce secteur, incluant les programmes d’aide aux agriculteurs. Le rapport
Pronovost sera bientôt déposé; le gouvernement en prendra acte. Encore une fois,
nous allons, bien sûr, consulter les partis d’opposition sur la façon dont on
doit aborder les changements dans ce secteur de l’agriculture et de
l’agro-alimentaire. Un autre rapport sera bientôt publié : celui de Pierre
Fortin. Pierre Fortin est un économiste réputé au Québec, à qui on a demandé de
se pencher sur les questions d’investissement au Québec. Un autre rapport sera
bientôt publié aussi : celui de monsieur Castonguay. Monsieur Castonguay est un
ancien ministre de la Santé au Québec, qui s’est penché sur la question du
financement de notre réseau de la santé et des services sociaux. En passant,
dans ce rapport, on s’est adjoint deux autres commissaires, qui sont issus – ou
recommandés, devrais-je dire – du Parti québécois et de l’ADQ. Et voyez l’idée
derrière ça, mesdames et messieurs, dans un contexte de cohabitation
parlementaire : c’est d’impliquer dès le départ, quand c’est possible, des
représentants des autres partis politiques pour que nous puissions ajouter leurs
réflexions à celles du gouvernement et de tous les Québécois.
Finalement, l’autre grand rapport que nous attendons, c’est Bouchard-Taylor, qui
sera livré à la fin de mars et qui va sans doute faire beaucoup, beaucoup couler
d’encre, puisque c’est un enjeu, sur la question identitaire, qui a beaucoup
occupé notre temps dans la dernière année. Finalement, un autre rapport publié
et sur lequel le gouvernement a bougé immédiatement : c’est le rapport Ouellon
sur l’enseignement du français dans le réseau scolaire québécois. Toute la
question de la langue a fait couler beaucoup d’encre dans les dernières
semaines. L’enseignement de la langue française dans le réseau scolaire, c’est
un enjeu extrêmement important pour l’avenir du Québec. Le rapport Ouellon
proposait 22 nouvelles mesures que nous avons adoptées. Les grands thèmes, c’est
sur la place du français à l’école, les programmes de français, l’apprentissage
par les élèves en français, accroître le niveau de préparation des enseignants,
également, et renforcer les mesures de soutien. Ce que nous avons annoncé et ce
que nous allons mettre en place, c’est le fait qu’un élève devra écrire un texte
au moins une fois par semaine dans le cadre de son cours de français et faire
régulièrement une dictée de manière à ce que l’acquisition des connaissances
puisse être vérifiée. Il y aura l’ajout de deux examens ministériels d’écriture
: un à la fin de la quatrième année du primaire et un autre à la fin de la
deuxième année du secondaire. Et nous avons également annoncé notre intention
d’augmenter significativement le nombre de conseillers pédagogiques.
Malheureusement, dans les dernières années, dans l’effort d’équilibre
budgétaire, il y a eu la mise à la retraite de 1 200 professionnels dans le
réseau de l’éducation, et cela a causé, évidemment, beaucoup, beaucoup de
difficultés. Nous allons ramener des conseillers pédagogiques, entre autres pour
l’apprentissage du français. Il y aura en moyenne trois conseillers pédagogiques
de plus par commission scolaire qui vont se consacrer exclusivement au français.
Nous allons également augmenter le niveau de préparation du personnel
enseignant. Et chaque enseignant du réseau scolaire primaire et secondaire devra
se doter d’un plan de formation continue en français. Il y aura également un
nouveau programme d’embauche de bibliothécaires scolaires. Tout ça, finalement,
va engager le gouvernement à un investissement de 22 millions de dollars. C’est
dire à quel point c’est un enjeu important pour l’avenir du Québec; important
parce que la langue française, c’est au cœur de notre identité, c’est l’âme même
de la nation québécoise. Mesdames et messieurs, bonne semaine. À dimanche
prochain.
[CHRST20080302]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de l’émission
radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
Jean Charest fait la tribune parlementaire sur le budget fédéral qui a été
déposé le 26 février dernier et sur celui du gouvernement du québec, à venir le
13 mars prochain Montréal, le 2 mars 2008 ]
Bonjour Mesdames et Messieurs. Bon dimanche ! Cette semaine, bien évidemment, le
sujet ne sera pas surprenant. On va parler de budget, à la fois le budget du
gouvernement fédéral – celui qui vient d’être livré mardi dernier – et le budget
que nous allons livrer à l’Assemblée nationale du Québec, jeudi le 13 mars
prochain. Vous voudrez peut-être noter cette date parce que ce moment-là sera un
moment très important dans notre vie parlementaire. Et, évidemment, sur le plan
économique, c’est un moment toujours très fort dans la vie du Québec.
Le budget fédéral livré le 26 février dernier a été pour nous, globalement, une
déception. Une déception parce que le gouvernement du Québec et les Québécois
s’attendaient à ce que le gouvernement fédéral pose des gestes plus forts pour
venir en aide aux secteurs manufacturier et forestier, entre autres pour les
travailleurs du secteur forestier. Vous vous rappellerez que, depuis plusieurs
mois maintenant, nous avons fait plusieurs représentations au gouvernement
fédéral afin qu’il mette l’épaule à la roue, qu’il puisse travailler en
partenariat avec nous surtout. Qu’il puisse venir appuyer en quelque sorte les
mesures que le gouvernement du Québec a mis en avant. Du côté du secteur
forestier, on a investi 1,4 milliard de dollars pour venir en aide aux
travailleurs, aux familles, aux communautés, à l’industrie; pour aider la
consolidation. On a fait ça au cours des dernières années.
Plus récemment, au mois de décembre dernier, on a annoncé un plan d’action pour
le secteur manufacturier de l’ordre de 600 millions de dollars. C’est donc plus
de 2 milliards de dollars d’investissement que nous avons mis en avant pour
aider des secteurs qui subissent de très fortes pressions. Des pressions qui, en
passant, viennent de l’extérieur. Ce n’est pas comme si on était les seuls. Dans
le secteur manufacturier, partout, il y a une pression très forte dans les pays
développés, qui arrive des pays émergents. Et en même temps, le dollar canadien
est à parité avec le dollar américain. On le sait. C’est arrivé, en plus, très
rapidement. Cela a eu un effet très brutal sur le secteur manufacturier. Alors,
à bon droit, on a voulu mettre l’épaule à la roue et, en même temps, interpeller
nos partenaires, en premier lieu le gouvernement fédéral.
Le gouvernement fédéral a répondu, au mois de janvier dernier, avec un plan de
un milliard de dollars pour l’ensemble du Canada. Il y a 216 millions de dollars
de cet argent-là qui viendra au Québec. C’est apprécié, en passant. Bien sûr,
c’est votre argent à vous. C’est de l’argent des impôts. Mais en même temps,
quand on compare ça aux 2 milliards de dollars que nous avons investis, on voit
bien que ce n’est pas à la même hauteur. Alors, on aurait voulu que le
gouvernement fédéral en fasse davantage. Malheureusement, les efforts du dernier
budget du gouvernement fédéral n’ont pas été, à notre avis à nous, à la hauteur
de ce que nous attendions.
Il y a, dans ce budget, des mesures qui touchent directement le Québec par
contre. Au niveau du transport en commun, il y a des fonds additionnels, ce que
nous apprécions. Ça va nous permettre d’accélérer un certain nombre de projets.
Au niveau des revenus de la taxe d’assise sur l’essence, c’est un revenu qui va
dans un programme d’infrastructures, un programme pour lequel on a une entente
avec les municipalités du Québec. D’ailleurs, les municipalités, à la fois
québécoises et canadiennes, demandaient que ce revenu soit rendu permanent dans
le temps. Pourquoi elles le demandaient ? Parce qu’elles veulent de la
prévisibilité. En d’autres mots, les municipalités veulent que ces fonds-là
soient disponibles sur une longue période de temps pour pouvoir mieux planifier.
Quand on construit des infrastructures, c’est utile de savoir que le fonds va
être là dans deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans. Ça relève du gros bon
sens. Là-dessus, je dois dire que le gouvernement fédéral a répondu
favorablement, et c’est apprécié.
Il y a également des fonds additionnels pour de la recherche et développement,
pour d’autres types d’aide. Essentiellement, le gouvernement fédéral, ce qu’il a
dit, c’est : « Écoutez, il y a un ralentissement aux États-Unis. On a déjà, au
mois d’octobre 2007, annoncé des réductions d’impôts.» Donc, on veut être
modeste, on veut être prudent. Oui, on est d’accord avec ça, mais quand on fait
le compte de ce que le gouvernement fédéral avait comme marge de manœuvre et des
besoins, on se dit : « Dans le fond, il aurait pu en faire davantage. »
Cela étant dit, nous allons, du côté maintenant du gouvernement du Québec,
prendre nos décisions. Cette année, nous avons préparé soigneusement le budget
que nous allons vous livrer le 13 mars prochain. D’abord, la première chose
qu’on a fait c’est tenir compte du fait qu’on est un parlement de cohabitation.
Grâce à vous, les auditeurs. Les Québécois qui ont voté le 27 mars 2007 ont
décidé, dans leur sagesse, qu’à l’Assemblée nationale du Québec, dorénavant, ça
allait être un gouvernement minoritaire, un parlement de cohabitation. C’est un
message qu’on a reçu, qu’on a compris clairement. Lorsqu’on a livré notre
budget, l’an dernier, on a consulté les partis d’opposition. Mais, de toute
évidence, ce n’était pas suffisant. On en a tiré des leçons. Cette année, on a
décidé de faire une consultation beaucoup plus détaillée, de s’y prendre à
l’avance. La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a donc eu l’occasion
de rencontrer les représentants de l’ADQ, l’opposition officielle, et du Parti
québécois, d’avoir des entretiens, d’ouvrir les livres en quelque sorte du
gouvernement du Québec et de dire clairement que les marges de manœuvre du
gouvernement du Québec sont très minces.
On a à peu près 200 millions de dollars d’argent additionnel qu’on peut
dépenser, sur un budget de 60 milliards de dollars. On voit bien que ce sont des
montants qui, pris dans le contexte, sont modestes. Ne perdons pas de vue, par
contre, que c’est toujours votre argent, Mesdames et Messieurs. Ce n’est pas mon
argent à moi. C’est votre argent à vous. Et, 200 millions de dollars, c’est
quand même beaucoup d’argent.
Alors, on a eu des entretiens très francs. Cela a été très ouvert avec les
partis d’opposition. Je ne veux pas négocier sur la place publique, mais en me
référant à ce qui a déjà été dit, je veux quand même répéter qu’il y a certaines
demandes faites par des partis d’opposition qui sont incompatibles avec nos
moyens. Chacun devra mettre de l’eau dans son vin si on veut arriver à un budget
qui reflète la capacité de payer des citoyens québécois et qui, en même temps,
va tenir compte du contexte dans lequel nous sommes. Il y a un ralentissement
économique aux États-Unis. De la croissance économique, il va y en avoir dans la
prochaine année au Québec. Ça, c’est une bonne nouvelle. On pense que ça va être
autour de 1,5 %, mais ça va être moins fort que ça aurait pu être n’eût été du
ralentissement aux États-Unis. Il faut donc être prudent. Il ne faut pas être
prudent juste cette année. Il faut être prudent avec des décisions que nous
allons prendre cette année et qui auront des répercussions l’an prochain,
l’année d’après et l’année d’après. C’est ça être rigoureux.
C’est ce qu’on a voulu faire depuis 2003 et ce qui nous a permis de garder un
budget équilibré, de réinvestir en santé et en éducation. Ça nous a permis
d’augmenter la cote de crédit du Québec, de diminuer la taille de l’État. Mais
il ne faut surtout pas relâcher nos efforts, surtout dans un contexte de
ralentissement économique. Il faut que tout le monde mette l’épaule à la roue
pour s’assurer qu’on ne retombe pas dans les déficits. Et, là-dessus, je vous
garantis qu’il n’est pas question d’avoir des déficits, pas question de prendre
des décisions qui vont nous replonger dans des déficits à l’avenir. D’ailleurs,
on a prévu ce ralentissement-là. On avait créé une réserve qui va nous être
utile cette année, l’année suivante, pour, justement, équilibrer notre budget.
On s’est fixé des priorités très claires. On a voulu baisser les impôts cette
année, en 2008, parce qu’on a vu venir, justement, la possibilité d’un
ralentissement. Ça remet de l’argent dans vos poches, à vous et à vos familles,
surtout pour la classe moyenne. Alors, une réduction d’impôts d’un milliard de
dollars ça veut dire pour une famille – deux parents, deux enfants – cette
année, 2 000 dollars de plus dans vos poches. À mes yeux à moi, c’est exactement
le bon endroit où il faut agir.
Et, en plus de ça, avec le programme d’infrastructures, les investissements,
cette année, ça va nous permettre d’accélérer, d’avoir de la croissance
économique. Notre programme énergétique également. Et puis, les investissements
qui vont se faire à ce niveau-là sont encourageants parce que ça nous permet
d’avoir de la croissance. C’est tellement vrai, que cette semaine on a eu des
bonnes nouvelles. Statistiques Canada rend public à chaque année les prévisions
d’investissements. Cette année Statistiques Canada nous annonce que les
investissements… – ce qu’on appelle les investissements totaux au Québec, ce
qu’on fait dans le privé et le public – …on est à 7,1 %. Et ça, c’est beaucoup
plus haut que la moyenne canadienne, qui est à 5,2 %, ou que celle de l’Ontario,
qui va être à 3,1 %. En d’autres mots, notre performance au niveau des
investissements, cette année au Québec, va être supérieure à l’Ontario et
supérieure à la moyenne canadienne. Ce qui est pour nous une très bonne
nouvelle. Sur le plan économique, c’est important de voir tout le portrait.
L’autre bonne nouvelle qu’on a eue cette semaine, c’est une étude de l’institut
Fraser – c’est un institut qui étudie les questions économiques – qui annonçait
que le Québec est le meilleur endroit au monde pour les investissements dans le
secteur minier. C’est important parce qu’il y a là des retombées en terme
d’emplois, de jobs : c’est structurant pour l’économie du Québec. C’est bon,
justement, pour l’économie du Québec en 2008, alors qu’il y a un ralentissement
au sud, aux États-Unis. Ça c’est une très belle et très bonne nouvelle.
L’autre nouvelle qu’on a eue cette semaine c’est une étude faite par
Statistiques Canada sur ce qu’on appelle les taux effectifs marginaux
d’imposition sur l’investissement. Je le sais. Vous êtes en train de vous dire :
« De quoi il parle ? » Ce dont je parle, c’est le niveau de taxation pour une
entreprise qui investit au Québec. Sur ce plan, on apprend, encore là, que le
Québec est le deuxième meilleur endroit au Canada après l’Alberta. C’est-à-dire
que si vous investissez ici, on ne va pas vous étouffer avec des impôts et des
taxes qui sont trop élevés. Tout ça pour vous dire qu’on a des outils avec
lesquels travailler. On a un budget à livrer le 13 mars prochain. Mettons donc
tous l’épaule à la roue… les partis d’opposition à l’Assemblée nationale et
nous… Travaillons donc dans cet esprit de cohabitation que, vous, les citoyens
du Québec, avez commandé le 27 mars dernier, pour livrer un budget qui ne sera
pas un budget éclatant – mais à la hauteur de nos moyens – qui va nous permettre
de gouverner avec rigueur et discipline. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de
m’écouter. À dimanche prochain.
[CHRST20080309]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de l’émission
radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
À La Tribune parlementaire avec le premier ministre Jean Charest cette semaine,
on parle de la langue française
Montréal, le 9 mars 2008]
Cette semaine, je vais vous parler de langue et vous ne serez sans doute pas
très étonné que je veuille vous parler de cette question cette semaine, d’autant
plus qu’on en a beaucoup, beaucoup entendu parler. Mais avant d’aller dans le
vif du sujet, j’aimerais quand même vous rappeler que, sur le plan politique,
tant au niveau fédéral que chez nous, à l’Assemblée nationale du Québec, il se
passe beaucoup de choses. D’abord, au niveau fédéral, on attendait pour voir
s’il allait y avoir une élection fédérale ou non. Il semble que non, quoique la
situation demeure toujours précaire, plutôt incertaine. Mais l’élection fédérale
que nous attendions, nous, en tout cas, de notre côté, n’a pas été déclenchée.
Ça veut donc dire que l’attention va maintenant se porter vers l’Assemblée
nationale du Québec. D’autant plus que les trois partis politiques présents à
l’Assemblée nationale du Québec sont très actifs. De mon côté à moi, au Parti
libéral du Québec, on est en congrès des membres depuis vendredi, samedi et
aujourd’hui dimanche. Un grand congrès des membres qui réunit presque 2 000, 3
000 personnes. Et du côté de l’ADQ de M. Dumont, ils seront en conseil national
la fin de semaine du 15 et 16 mars, en même temps que Mme Marois et le Parti
québécois seront en conseil national.
C’est donc dire que les trois partis politiques sont très actifs actuellement
sur le terrain. Et, entre-temps, l’Assemblée nationale reprend ses travaux mardi
le 11 mars et, jeudi le 13 mars, le gouvernement du Québec va déposer son
budget. Et ce jour-là, bien, nous allons attendre avec beaucoup d’impatience
pour savoir si les deux partis d’opposition à l’Assemblée nationale voteront
pour ou contre ou s’abstiendront de voter pour le budget que nous présenterons.
C’est une question importante parce que nous sommes, je vous le rappelle, en
cohabitation à l’Assemblée nationale du Québec. Alors, pour prendre des
décisions, il faut travailler ensemble. C’est le vœu que vous avez exprimé
démocratiquement, lorsque vous avez voté le 26 mars 2007.
Cela étant dit, un des enjeux que nous allons sans doute aborder dans les
prochaines semaines, c’est toute la question de la langue, de la langue
française. D’autant plus que, cette semaine, plusieurs études ont été rendues
publiques. Une première étude par Statistique Canada a été rendue publique sur
la langue française au travail. C’était mardi. Et mercredi, l’Office québécois
de la langue française a rendu public son rapport sur l’évolution de la
situation linguistique au Québec. Là, il s’agit d’un travail assez volumineux,
qui comprend 18 études différentes faisant le tour de toutes les facettes de la
situation linguistique. Ce rapport de l’Office de la langue française porte sur
une période de 15 ans comprise entre 1991 et 2006, mais surtout la période 2001
à 2006. Et ça nous permet de voir les tendances. C’est ça qu’il y a
d’intéressant. Et on apprend quoi là-dedans? On apprend qu’on vit dans une
société qui est de plus en plus diversifiée. On apprend également que le faible
taux de natalité des 30 dernières années, évidemment, ç’a un impact sur la
langue parlée au Québec et que l’augmentation de l’immigration, ç’a également un
impact sur la langue parlée au Québec. Et ce à quoi on a assisté pendant les
dernières années, c’est que la population du Québec devient donc de plus en plus
diversifiée, mais l’attrait du français demeure également très important.
Je veux vous donner quelques chiffres pour illustrer la réalité qui nous a été
présentée cette semaine. D’abord, entre 2001 et 2006, le nombre de Québécois
disant connaître le français a augmenté de 658 000. C’est presque 10 % de la
population québécoise. C’est une progression intéressante. Sur une période de 15
ans comprise entre 1991 et 2006, la proportion de personnes anglophones ou
allophones connaissant le français a aussi progressé. L’autre donnée
encourageante, c’est lorsqu’il y a un transfert linguistique, c’est-à-dire une
personne délaisse une langue pour aller vers le français, eh bien, ils sont de
plus en plus nombreux à choisir le français. L’attrait du français dans ce qu’on
appelle les substitutions linguistiques est passé de 35,8 % à 45,7 %. À l’école,
on remarque ceci : la proportion d’enfants allophones qui ont fait leur
secondaire en français et qui poursuivent leurs études en français au cégep et à
l’université est également en croissance. De même qu’un nombre croissant de
parents qui auraient le droit d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise, mais
qui choisissent de les inscrire à l’école française.
Voyons maintenant un peu ce qui se passe du côté du marché du travail. Dans
l’ensemble du Québec, le français est évidemment et de façon très majoritaire la
langue du travail et du commerce. Et sans surprise, plus on approche de
Montréal, plus ce portrait est appelé à changer. Par exemple, à l’extérieur de
la grande région de Montréal, presque 93 % de la main-d’œuvre travaille
exclusivement en français. Dans la grande région de Montréal, la proportion de
gens travaillant uniquement en français est de 72,4 % et, dans l’île de
Montréal, le travail exclusivement en français, c’est la réalité de presque 65 %
des travailleurs. Ça, c’est un enjeu très important. Comme le révélait
Statistique Canada, il y a quelques jours, le français n’est pas en recul. Le
français dans le travail, dans le milieu de travail est en progression. Il y a
donc à ce niveau-là des bonnes nouvelles.
Il y a aussi des affaires plus préoccupantes. Par exemple, le rapport de
l’Office révèle qu’il y a une baisse de la qualité du français écrit. Nos jeunes
réussissent moins bien aux examens ministériels, autant au secondaire qu’au
cégep. Sur les plans de l’orthographe et de la syntaxe, il y aura donc des
efforts supplémentaires à faire. La ministre de l’Éducation a d’ailleurs
présenté des propositions pour améliorer la maîtrise du français écrit.
Rappelez-vous que Michelle Courchesne, la ministre de l’Éducation, a livré un
bon plan d’action sur cette question-là. Les réactions sont assez mixtes à ce
portrait de la langue. D’autant plus que, dans les chiffres qui nous sont
présentés, on apprend qu’il y a moins de personnes qui parlent le français.
Comme je le disais au début de mon intervention, la natalité a été plus basse.
Il y a eu plus d’immigrants. Donc, ça amène un portait linguistique différent.
Cela nous rappelle la très importante responsabilité que nous avons, nous,
gouvernement du Québec, mais que vous avez, vous aussi, comme citoyens du
Québec. Parce qu’en regardant les chiffres, on n’est ni jovialiste puis ni
alarmiste. Il ne s’agit pas pour nous d’essayer d’être trop optimistes ni trop
pessimistes. Il faut, je pense, tenir compte de notre réalité à nous comme
Québécois. On est quoi? Trois pour cent de la population de l’Amérique du Nord.
On est entouré par une mer d’anglophones. Cette réalité, elle est omniprésente.
Et nous devons en conséquence toujours poser des gestes pour protéger et
promouvoir notre langue. Ça c’est la responsabilité qui incombe à mon
gouvernement en particulier.
Les études montrent que le visage du Québec change, mais que le français demeure
en bonne santé. Mais on ne doit jamais tenir pour acquis que ce sera toujours
notre cas. Nous allons donc poser des gestes. Nous allons le faire en continuant
à mettre en œuvre ce plan d’action au niveau de l’enseignement du français dans
des écoles avec la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne. La ministre
responsable de l’Immigration et des Communautés culturelles a pour mission,
elle, de livrer des politiques pour favoriser l’intégration des immigrants dans
la société québécoise et, entre autres, l’apprentissage de la langue française.
C’est donc à venir. Et Christine Saint-Pierre, la ministre responsable de la
Culture, des Communications et de la Langue française, aura également la
responsabilité, elle, de présenter les politiques sur la qualité du français
dans l’espace public. C’est donc dire que, sur ces fronts, nous allons agir pour
nous assurer que la qualité du français parlé, écrit soit toujours au niveau…
qu’elle soit améliorée pour l’ensemble de la société québécoise. Mais, en
terminant, j’en profite pour vous rappeler que, vous aussi, comme citoyens, vous
avez un rôle à jouer, vous avez une responsabilité.
Cela étant dit, mesdames et messieurs, je vous souhaite une excellente semaine
et j’espère que vous prendrez un peu de temps pour venir suivre les travaux à
l’Assemblée nationale du Québec. À dimanche prochain!
[CHRST20080311]
Allocution du premier ministre du Québec, Jean Charest, à l’Assemblée nationale, dans le cadre
d’une motion soulignant le 400e anniversaire de la fondation de la ville de
QuébecQuébec, le 11 mars 2008]
Que l’Assemblée nationale souligne le 400e anniversaire de la fondation de la
ville de Québec en reconnaissant quatre siècles de présence française en terre
d’Amérique, ainsi que l’apport de tous les pionniers et bâtisseurs qui ont forgé
la personnalité unique de cette ville historique et moderne.
La version prononcée fait foi.
Monsieur le Président,
L’année 2008 sera le théâtre de célébrations qui resteront gravées très
longtemps dans la mémoire des Québécois.
Cet anniversaire est aussi le moment tout indiqué pour commémorer le souvenir et
rendre hommage aux bâtisseurs de la ville de Québec, première ville francophone
en Amérique.
Monsieur le Président, quatre cents ans ont passé depuis que les Premières
Nations ont vu accoster à « Kébec », c’est-à dire là où le fleuve rétrécit, les
premiers navires français avec Samuel de Champlain à la barre.
Quatre cents ans depuis que le sieur de Champlain a érigé son « Abitation » sur
le cap Diamant et fondé la capitale des colonies françaises d’Amérique, le
berceau de l’Amérique française.
Québec est une ville à l’image de son fondateur.
Volontaire et déterminée, elle a su préserver son identité et sa culture contre
vents et marées, et témoigner avec éloquence de la présence ininterrompue du
fait français en Amérique.
Par la suite, le fleuve a amené d’autres peuples qui se sont joints aux
Premières Nations et aux premiers arrivants. Québec a été la porte d’accueil de
ces autres peuples venus enrichir notre société.
Les Anglais d’abord, puis les immigrants venus d’Irlande et d’Écosse au XIXe
siècle ont façonné tour à tour le visage de la capitale du Québec, lui laissant
un héritage varié et riche de traditions et d’histoire, faisant d’elle la plus
européenne des grandes villes nord-américaines.
Toutes ces origines ont tracé le caractère de la société québécoise et ont donné
naissance à un peuple fort, dynamique et ouvert sur le monde.
Le courage, la volonté et la ténacité sont autant de valeurs qui ont forgé le
Québec d’aujourd’hui et dont les Québécois, de toutes les origines et de toutes
les régions, sont extrêmement fiers.
Monsieur le Président,
Pour souligner cet anniversaire mémorable, le gouvernement du Québec a choisi de
redonner le fleuve aux Québécois. Ce fleuve représente notre lien avec le large,
avec l’Europe et le monde entier, ce fleuve par lequel nos bâtisseurs sont venus
jusqu’ici.
Ce fleuve a fait du Québec un endroit stratégique dans le développement
économique de l’Amérique du Nord.
Aujourd’hui, quatre cent ans plus tard, nous voulons boucler la boucle en
faisant du Québec une économie stratégique pour l’Amérique du Nord, pour que
nous puissions être la porte d’entrée de l’Europe dans les Amériques.
Notre fleuve est donc un témoin clé de notre histoire collective et de notre
développement. C’est pourquoi notre gouvernement a voulu le redonner aux
Québécois.
La promenade Samuel-De Champlain, en hommage au fondateur de la ville, sera un
legs aussi durable et représentatif du 400e anniversaire de Québec que le sont
les plaines d’Abraham à l’égard du tricentenaire de la ville.
Au cours des prochains mois, les fêtes du 400e anniversaire feront rayonner la
ville de Québec et le Québec partout dans le monde.
Pour nous, cette année historique sera l’occasion de célébrer fièrement nos
origines, notre langue, notre culture, et de nous rappeler l’évolution du
peuplement, de la culture, de l’économie et de la vie politique du Québec.
Ce sera une année inoubliable pour nous, Monsieur le Président.
J’ai eu l’occasion d’assister à l’ouverture des fêtes, la veille du jour de
l’An, ici même dans la ville de Québec. Nous avons également accueilli, à
l’Assemblée nationale, des milliers de personnes à qui nous avons voulu rendre
hommage pour célébrer cette fête qui concerne, premièrement, les femmes et les
hommes qui habitent la ville de Québec.
Nous voulons surtout que tous les Québécois, peu importe l’endroit où ils
habitent sur la planète aujourd’hui, puissent se rappeler ce que nous avons
réalisé ensemble. C’est le sens de cette fête : l’histoire de notre peuple,
l’histoire de ce que nous avons accompli, de ce qu’il reste à accomplir.
Parlant des Irlandais… Ça me rappelle une vieille histoire de ma mère au sujet
des Irlandais. Pour se moquer un peu de ceux qui ne l’étaient pas, ma mère nous
disait, lorsque nous étions très jeunes : « Jean, rappelle-toi, il y a deux
sortes de gens dans le monde. Il y a ceux qui sont Irlandais et ceux qui
voudraient l’être. » Les Irlandais aimaient bien rappeler cela à tous leurs
compatriotes le 17 mars, le jour de la fête des Irlandais. Permettez-moi
d’emprunter cette phrase aux Irlandais pour dire qu’aujourd’hui, dans le monde,
il y a ceux qui sont Québécois et ceux qui voudraient l’être.
Merci.
[CHRST20080316]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de l’émission
radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
Jeudi, la ministre des finances a déposé son budget à l’assemblée nationale
Montréal, le 16 mars 2008]
Cette semaine, je vous parle, évidemment, du budget que mon gouvernement a
livré, jeudi le 13 mars dernier, le budget livré par Monique Jérôme-Forget. Un
budget qui est livré dans un contexte particulier, un contexte qu’on trouve
rarement, parce qu’il y a un ralentissement économique au Québec. Un contexte
qui fait qu’on se questionne beaucoup sur la prochaine année. Il a fallu, donc,
être très prudent dans la préparation de ce budget. Je vous rappelle que le
gouvernement a fait beaucoup de consultations, d’autant plus qu’on est
minoritaire : on est un gouvernement de cohabitation. Il a donc fallu travailler
en consultant les partis d’opposition. Ce que nous avons fait avec beaucoup de
sincérité, soit dit en passant, pour que nous puissions vous livrer un budget
qui est le reflet des priorités de la population du Québec.
Le contexte, parlons-en un peu, parce que c’est rare un contexte aussi changeant
que celui que nous connaissons. D’abord, il y a un ralentissement économique aux
États-Unis qui pourrait même se transformer en récession. Il y a la question de
la parité du dollar canadien et du dollar américain. Cette parité nous est
arrivée très rapidement et elle a un impact assez important sur le secteur
manufacturier et sur le secteur forestier. Il y a aussi le prix du baril de
pétrole qui ne cesse d’augmenter. En fait, il est à plus de 100 dollars cette
semaine, il a atteint des records jamais vus. Alors, ne serait-ce qu’avec ces
trois éléments – auxquels on pourrait ajouter la compétition qui nous vient des
économies émergentes – on a un contexte qui nous amène à la prudence et à
beaucoup, beaucoup de rigueur. C’est exactement dans cet esprit que nous avons
préparé ce budget. Maintenant, quelques grandes lignes.
D’abord, le budget est équilibré : il n’y a pas de déficit. En ce sens-là, on
respecte l’équilibre budgétaire, ce qui, au point de départ, nous semble
incontournable. Deuxièmement, il n’y a pas de hausse de taxes. Il n’y a pas non
plus de hausse d’impôts, contrairement au souhait qui avait été formulé par
plusieurs. Je dois le dire, des partis d’opposition, de temps à autre, suggérent
au gouvernement du Québec d’augmenter les impôts et les taxes, entre autres la
TVQ. Ce que le gouvernement du Québec ne fera pas.
Depuis plusieurs semaines, j’ai eu l’occasion de vous parler d’un nouvel espace
économique. Je dois vous dire que ce budget a été préparé dans cet esprit de
développement d’un nouvel espace économique pour l’avenir du Québec. Le nouvel
espace économique, c’est quoi? C’est un redéploiement de notre économie. C’est
une entente transatlantique que nous voulons établir entre le Canada et l’Union
européenne, parce que le Québec est la porte d’entrée de l’Europe. C’est aussi
l’intensification de nos relations commerciales avec l’Ontario. C’est une
nouvelle entente de mobilité de la main-d’œuvre avec le Canada, mais également
une entente spéciale avec la France sur la reconnaissance des compétences et des
acquis. Alors, notre budget a été préparé dans cet esprit de redéploiement de
l’économie québécoise dans un nouvel espace économique.
Madame Jérôme-Forget a aussi parlé de productivité dans ce budget. C’est un
thème important. Ça va revenir beaucoup dans les prochaines années et même dans
les prochains mois. Pourquoi? Parce que la productivité, c’est obtenir plus de
notre économie pour que nous puissions mieux soigner, mieux éduquer, mieux nous
occuper des moins bien nantis dans notre société. Pour que nous puissions avoir
une meilleure qualité de vie avec nos familles, que nous puissions mieux vivre.
Dans le fond, c’est ça l’idée derrière la productivité. On y arrive comment? En
organisant le travail de manière à ce qu’il soit plus efficace. Ça ne veut pas
dire travailler plus pour moins. Au contraire, on veut, dans notre bel espace
économique, avoir une économie attrayante qui attire du monde. Une économie qui
offre des emplois rémunérateurs et des conditions de travail intéressantes.
La productivité, c’est aussi l’investissement dans l’équipement, dans la
machinerie, dans nos industries. Ce sont des gestes qui encouragent la
productivité. Ce sont des travailleurs qui sont mieux formés. C’est aussi
investir dans l’éducation. Alors voilà dans quel esprit ce budget a été préparé
pour l’avenir, c’est le choix que nous avons fait. Ce choix se manifeste aussi
par des choix budgétaires. Pour la modernisation des entreprises, nous avons
éliminé la taxe sur le capital, immédiatement, pour toutes entreprises
manufacturières au Québec, sur-le-champ. De telle sorte, on encourage les
manufacturiers à investir, et l’investissement est précurseur à la création
d’emplois.
On continue également de soutenir l’investissement dans les régions du Québec,
avec une approche qui sera plus équilibrée, ce qui va nous permettre d’aider les
régions plus éloignées, incluant les régions ressources, et de rejoindre
davantage d’entreprises. Soit dit en passant, les montants qui étaient
disponibles ont augmenté relativement à ce qu’ils étaient avant le budget. Voilà
justement une façon d’aider la productivité.
La productivité, c’est aussi l’investissement dans l’éducation. Et là, on prend
des décisions très importantes. On ajoute 250 millions de dollars pour nos
universités dans les prochaines années. On ajoute 150 millions de dollars pour
la formation professionnelle et technique, parce qu’il y a là des occasions en
or pour des emplois. Si vous avez l’occasion d’en parler à vos jeunes,
dites-leur que dans la formation professionnelle, il y a des jobs payantes, des
jobs intéressantes, qui sont disponibles dans des secteurs où il y a pénurie.
D’autant plus qu’y aura, d’ici 2011 au Québec, 700 000 postes à combler dans
notre économie. C’est dire à quel point il va falloir travailler et être très
alerte quant aux problèmes liés à la pénurie de main-d’œuvre au Québec. À défaut
d’avoir de la main-d’œuvre, on ne peut pas faire grossir notre économie. Cela
est vrai, entre autres dans les régions du Québec.
Le budget a également annoncé un pacte pour l’emploi. Un pacte pour l’emploi,
c’est une concertation de tout le monde, pas juste de ceux qui travaillent, mais
également des employeurs, des syndicats, des groupes communautaires, des
chambres de commerce. Une concertation de tout le monde qui met l’épaule à la
roue, pour qu’on puisse s’assurer que le plus grand nombre de Québécois possible
puissent intégrer le marché du travail et avoir les outils nécessaires pour le
faire. Cela fera l’objet d’une annonce plus détaillée dans les prochains jours.
Le budget parle également de retraite progressive. Avec le vieillissement de la
population, il y a beaucoup de gens – il y en a beaucoup qui nous écoutent
aujourd’hui – qui sont rendus à 60-65 ans, qui sont en pleine forme et qui
veulent rester sur le marché du travail. Je veux être très clair. On ne parle
pas d’obliger quiconque à rester sur le marché du travail, on parle de ceux qui
veulent travailler parce qu’ils aiment ça, parce qu’ils sont passionnés par ce
qu’ils font. Notre job à nous, c’est de créer un environnement où il n’y a pas
d’obstacle à ce choix, un environnement où on vous permet de le faire sans vous
pénaliser financièrement.
Également dans ce budget, on a prévu une augmentation de 20 % du budget du
ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles pour intégrer les
immigrants dans le marché du travail. On le sait, on aura besoin de gens de
l’extérieur pour bâtir notre économie, mais ce que nous devons faire, ce n’est
pas juste les inviter chez nous. On ne peut pas juste inviter les gens et les
laisser sur le perron. Il faut les accueillir correctement en leur donnant les
outils nécessaires pour qu’ils puissent immigrer en français au Québec.
Le budget fait une grande place également à la famille, pour que nous puissions
améliorer la qualité de vie des familles. Entre autres, on a ajouté 20 000
nouvelles places en service de garde sur cinq ans. On a posé un geste qui était
attendu par plusieurs. On a augmenté le crédit d’impôt pour ceux qui ont des
enfants en service de garde de telle sorte qu’une famille qui gagne jusqu’à 80
000 dollars par année et qui a un enfant en service de garde privé, par exemple,
va payer l’équivalent de sept dollars par jour, comme les familles qui ont des
enfants en service de garde subventionné. Voilà une mesure qui reflète bien
notre volonté d’équité.
Il y a aussi des déboursés très importants pour les aînés. Madame Marguerite
Blais, ministre responsable des Aînés, a fait une tournée du Québec. Elle a fait
un travail formidable. Il y a de l’argent supplémentaire pour les soins à
domicile. Il y a des crédits d’impôt pour un fonds de soutien aux aidants
naturels, un enjeu extrêmement important alors qu’il y a un vieillissement de la
population. Nous créons deux fonds avec la Fondation Chagnon – une fondation
formidable de la famille Chagnon – pour venir en aide aux personnes âgées, pour
venir en aide aux jeunes enfants qui ont davantage de difficultés.
Dans ce budget, on ne pouvait pas ne pas parler de développement durable,
d’autant plus qu’on a un plan de lutte contre les changements climatiques
reconnu comme étant un des meilleurs en Amérique du Nord. On a fait une
redevance sur les hydrocarbures. On est un leader mondial dans les énergies
renouvelables. On a voulu aller plus loin avec un fonds pour des technologies
vertes : 12 millions de dollars, de l’argent pour la protection du patrimoine
naturel et une nouvelle politique qui sera bientôt annoncée d’un gouvernement
écoresponsable.
Mesdames et Messieurs, pour faire ces choix et pour pouvoir faire face au vent
contraire que nous aurons cette année, il a fallu bien gérer au cours des années
précédentes. On a limité la croissance annuelle des dépenses de programmes à 4,5
% en moyenne depuis 2003. Le Québec est une des provinces qui a eu la meilleure
performance. En fait, la moyenne canadienne pour la même période a été de 6,8 %.
Cette différence-là, ça veut dire qu’on a plus d’argent et qu’à chaque année, on
regagne des marges de manœuvre pour faire des choix. On a également fait en
sorte que l’argent de cette marge de manœuvre du gouvernement soit dans vos
poches à vous comme contribuables. La marge de manœuvre dans les réductions
d’impôts est de un milliard de dollars cette année. Ce qui représente, pour une
famille de la classe moyenne, 2 000 dollars de plus dans vos poches, en moyenne,
dans un contexte de ralentissement économique.
Notre budget prévoit cette année plus d’argent pour la santé, comme d’habitude,
une augmentation des budgets de 5,5 %; plus d’argent pour l’éducation, 4,6 %;
plus d’argent pour les familles, 5,5 %. Tout ça dans un contexte où on va
continuer à travailler pour réduire notre dette, en augmentant les contributions
au fonds des générations parce que la taille de la dette québécoise est réduite
par rapport au produit intérieur brut.
Mesdames et Messieurs un effort colossal a été fait cette semaine, dans un
esprit de consensus et de collaboration. Ce budget mérite l’appui, je pense, de
l’Assemblée nationale du Québec. Ce que nous aurons le huit avril prochain.
Mesdames et Messieurs, je vous souhaite une excellente semaine. Je vous retrouve
dimanche prochain, dimanche de Pâques.
[CHRST20080522]
[ Déclaration du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à la suite de la publication du
rapport de la Commission Bouchard-Taylor
Le 22 mai 2008 ]
Monsieur le Président,
J’arrive d’un voyage en France où j’ai fait un arrêt à Brouage. C’est là qu’est
né Samuel de Champlain, un immigrant qui a fondé notre nation.
Pour souligner le 4e centenaire de son voyage, nous avons organisé pour le monde
entier une grande fête sous le thème de la rencontre. De ces milliers de
rencontres qui se sont produites sur 400 ans est né le Québec.
De ces rencontres est née notre nation et une volonté commune de vivre ensemble,
de vivre en français, de vivre égaux entre femmes et hommes, de séparer l’État
et la religion.
Venir à la rencontre du Québec, c’est venir à la rencontre des Québécois. C’est
adopter et partager nos valeurs communes.
Au nom de tous les Québécois, je remercie MM. Bouchard et Taylor qui ont permis
aux citoyens de s’exprimer sur cet enjeu fondamental de la rencontre et de la
manière de vivre ensemble. Ce rapport aura des suites.
Les commissaires constatent comme nous que toutes les sociétés d’accueil du
monde vivent d’intenses questionnements sur les enjeux d’immigration et
d’identité.
C’est notre époque. Chez nous au Québec, il y a deux réalités qui donnent à ce
débat un caractère particulier.
La première est démographique. Notre nation majoritairement francophone
représente moins de 3 % de la population du continent. Nous n’avons pas cette
force du nombre qui impose par son seul poids une manière de vivre.
La deuxième raison est historique. Pendant plus de trois siècles, les
communautés religieuses, en particulier catholiques, ont soigné les malades et
éduqué les enfants.
Avec la Révolution tranquille, notre société est devenue laïque. Ce changement
s’est fait très rapidement.
Aucune société ne peut réussir en se repliant. Pour que notre nation et notre
économie puissent continuer à grandir, nous devons continuer d’accueillir.
L’immigration n’est pas un droit. Immigrer au Québec, c’est un privilège. Et
l’accueil des immigrants, pour tous les Québécois, est une responsabilité.
Entre les deux, il faut savoir tracer la ligne. Les Québécois ont parfaitement
le droit de décider dans quelle société ils veulent vivre. Il y a des valeurs au
Québec qui ne sont pas négociables et de ces valeurs découlent des
responsabilités.
Comme premier ministre du Québec, j’assume au premier chef la responsabilité
suprême de protéger et perpétuer la langue française. Les nouveaux arrivants et
les communautés culturelles doivent la parler. Voilà un point de rencontre entre
les minorités et la majorité.
Comme citoyens, nous devons aussi respecter les convictions personnelles de
chacun. De son côté, l’État, qui est au service de tous, doit affirmer la
laïcité de nos institutions.
Dès aujourd’hui, j’annonce que les actions de mon gouvernement, inspirées par la
Commission, prévoiront notamment :
Un renforcement de la francisation avant l’arrivée des immigrants.
Une déclaration signée par laquelle les candidats à l’immigration s’engageront
à adhérer aux valeurs communes de notre société.
Un mécanisme qui aidera les décideurs à traiter les questions d’accommodement
dans le respect de la laïcité de nos institutions.
De plus, je demande aux parlementaires de collaborer à l’adoption du projet de
loi 63 qui vise à amender la Charte des droits et libertés pour affirmer
l’égalité des femmes et des hommes.
Et dès aujourd’hui, je demande aux 125 parlementaires de notre assemblée, qui
sont directement concernés, d’adopter une motion par laquelle :
« l’Assemblée nationale réitère sa volonté de promouvoir la langue, l’histoire,
la culture et les valeurs de la nation québécoise, favorise l’intégration de
chacun à notre nation dans un esprit d’ouverture et de réciprocité, et témoigne
de son attachement à notre patrimoine religieux et historique représenté par le
crucifix de notre Salon bleu et nos armoiries ornant nos institutions. »
Je demande à mes collègues parlementaires, ainsi qu’à tous les Québécois de
toutes origines, de relayer mon appel à aller à la rencontre de l’autre.
Nous n’avons pas tous la même origine, mais nous avons la même destinée, car
nous sommes tous Québécois.
[CHRST20080615]
[Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, dans le cadre de l’émission
radiophonique hebdomadaire La tribune parlementaire
Le premier ministre Jean Charest donne son opinion sur les événements politiques
de la semaine
Montréal, le 15 juin 2008 ]
Alors, bonjour, mesdames et messieurs, et bon dimanche. La session parlementaire
à l’Assemblée nationale du Québec tire à sa fin. Nous avons quelques jours
encore devant nous et, après ça, ce sera le congé parlementaire. Les activités
de l’Assemblée nationale reprendront le mardi 21 octobre, mais attention
attention, surtout si vous croisez un député. N’allez jamais lui dire à lui ou à
elle qu’ils sont en congé parce que vous allez avoir une réponse qui va vous
surprendre. Ne vous surprenez pas s’ils sont un petit peu offusqués quand ils se
font dire ça. Parce que les députés, ils ne sont pas en congé. Ils seront dans
leur comté. Ils seront en commission parlementaire. Généralement, tout le monde
reconnaît, même la presse, que, lorsque l’Assemblée nationale ne siège pas, les
parlementaires continuent à travailler beaucoup et c’est encore plus vrai, je
vous dirais, pour le premier ministre et pour les membres du gouvernement,
d’autant plus que nous serons très présents, surtout dans la ville de Québec, la
capitale nationale, pendant les prochaines semaines qui nous amèneront les
événements formidables pour célébrer le 400e anniversaire de la fondation de la
ville de Québec.
Puisque c’est la fin de la session parlementaire, c’est l’occasion de faire un
petit peu le bilan de nos activités, de tout ce qui s’est fait, de parler un peu
du fonctionnement aussi, parce qu’on est dans ce parlement de cohabitation
maintenant depuis plus d’un an et, vous le savez, ça veut dire qu’il y a des
limites à ce que le gouvernement peut faire parce que chaque projet de loi exige
qu’un des deux partis d’opposition puisse l’appuyer, sinon on ne peut pas
adopter des lois. Puis en même temps, le gouvernement ne fait pas qu’adopter des
lois. Il y a plein d’autres choses que fait le gouvernement, entre autres des
politiques, des politiques qui sont ancrées dans nos lois, mais qui sont le
résultat aussi de consultations, d’actions qui sont également le fait du
gouvernement. Et ça aussi, je veux en parler. Mais cette semaine, on a eu une
bonne semaine. Ç’a bien commencé mardi dernier avec l’adoption de la loi 63. La
loi 63, c’est une loi qui affirme le principe de l’égalité entre les femmes et
les hommes. C’est un amendement à la charte québécoise des droits et libertés.
Et ç’a fait l’objet d’un vote unanime à l’Assemblée nationale du Québec. J’en
remercie d’ailleurs tous les députés, incluant monsieur Dumont, madame Marois,
parce que c’est un moment historique pour les femmes du Québec. Ce n’est pas une
exagération de le dire. C’est un moment historique. Et en plus, bien, ça arrive
dans la foulée du rapport Bouchard-Taylor. Vous rappelez-vous qu’on a voulu,
nous, comme Québécois, affirmer clairement nos valeurs? D’abord, c’est quoi?
C’est la primauté du français, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes et
c’est également la séparation entre l’État et la religion. Voilà la valeur
incontournable à partir de laquelle la société québécoise se définit. Donc, le
vote de cette semaine est encore plus significatif. Et quand on veut travailler
ensemble à l’Assemblée nationale du Québec, on est capable de travailler
ensemble. J’ai plein d’exemples que je pourrais vous donner. Tiens, par exemple,
le code de sécurité routière. Rappelez-vous le long débat qu’on a eu là-dessus,
d’autant plus qu’il faut changer les habitudes de conduite au Québec. On a
réussi avec des amendements de l’opposition, avec une loi qui n’était pas, je
vous l’avoue, aussi forte que j’aurais voulu. Je pense à la conduite automobile
sous l’influence de l’alcool, qui n’était pas aussi forte que j’aurais voulu,
mais, enfin, on a quand même fait des compromis, tout le monde, et on a réussi à
adopter un nouveau ode de la sécurité routière.
Depuis l’élection du gouvernement, il y a un an et demi, on a quand même réussi
à adopter deux budgets, deux budgets très importants, incluant un budget, le
premier, celui de 2007, qui permet cette année une réduction d’impôt de l’ordre
de un milliard de dollars pour tous les Québécois, mais en particulier pour la
classe moyenne. Une réduction qui, avouons-le, arrive à un très bon moment,
quand on pense à l’augmentation du prix de l’essence. Le timing, comme on dit en
anglais et en bon français, n’aurait pas pu être mieux pour une réduction
d’impôt cette année. Et on a réussi aussi à voter une motion unanime à
l’Assemblée nationale du Québec sur nos valeurs communes, sur le fait que le
crucifix allait rester à l’Assemblée nationale, malgré la recommandation de la
commission Bouchard-Taylor, parce que ce n’est pas uniquement un symbole
religieux, c’est également un symbole de notre histoire et de la présence de
l’Église au Québec pendant une période de 350 ans.
On a réussi, en d’autres mots, à démontrer que quand on veut travailler
ensemble, on est capable de travailler ensemble. Il y a des fois, par contre, où
ça n’a pas été le cas et il y en a un exemple qui est très contemporain. Tout le
monde, évidemment, vit avec les conséquences de l’augmentation du prix du baril
de pétrole, puis du prix de l’essence à la pompe. Cette semaine, tout le monde a
été choqué d’apprendre que des accusations étaient portées contre les
pétrolières pour avoir justement arrangé les prix. Et en ce sens-là, ce n’est
pas un enjeu qui est nouveau. Ça fait déjà un bon bout de temps que le
gouvernement s’en préoccupe, à un point tel où on avait présenté – pas dans la
session actuelle, mais dans l’autre session – une loi numérotée, la loi 41 sur
la transparence du prix pour les pétrolières, qui aurait, si elle avait été
adoptée, la loi, forcé les pétrolières à expliquer pourquoi elles augmentent
leur prix ou baissent leur prix. Malheureusement, malheureusement, l’ADQ de
monsieur Dumont, le Parti québécois de madame Marois ont refusé d’adopter la
loi, ont refusé d’accepter la proposition du gouvernement. J’en parle parce que,
de toute évidence, cette semaine, avec ce que les tribunaux vont devoir gérer en
termes d’accusations, c’est un sujet qui est d’actualité. Mais tout ça vous
démontre que le gouvernement sur cette question-là avait pris les devants, mais
malheureusement, dans ce parlement minoritaire, ce parlement de cohabitation, on
n’est pas toujours capable de faire ce que nous on pense être la bonne chose
pour tous les Québécois.
Quand on parle de compromis, j’aimerais aussi établir ma propre balise et vous
dire que les compromis, on en fait, mais il y a une limite à ce qu’un
gouvernement peut faire comme compromis. Il y a nos valeurs, il y a nos
principes, il y a l’intérêt commun et le bien commun qui guident chacun de nos
choix. Alors, en sens-là, dans un parlement de cohabitation, il y aura toujours,
toujours des négociations qui doivent être faites avec le plus de bonne foi
possible, puis le moins de partisanerie possible.
Cela étant dit, le gouvernement ne fait pas juste voter des lois. S’il n’y avait
que des lois qui nous gouvernaient ou qui faisaient l’objet de toutes les
décisions, vous devinez qu’on ne serait pas capable de réussir tout ce qu’on
réussit en ce moment. Et le gouvernement, de fait, prend l’initiative sur
plusieurs, plusieurs grands sujets qui touchent vos vies de tous les jours. Je
vais vous donner quelques exemples : le pacte pour l’emploi que nous avons
annoncé, qui est presque de un milliard de dollars, qui est fait en concertation
avec les syndicats, avec les milieux patronaux, les milieux communautaires pour
aider les gens à intégrer le marché de l’emploi. Line Beauchamp, la ministre de
l’Environnement, du Développement durable, vient de déposer la semaine dernière
une politique sur l’eau pour protéger notre patrimoine commun. Il y a un projet
de loi sur les commissions scolaires et la gouvernance des commissions scolaires
qui est très important pour qu’on puisse mieux aider nos enfants. Il y a le
conseil des ministres conjoint fait la semaine dernière entre les gouvernements
du Québec et de l’Ontario, alors qu’on négocie un accord de commerce avec
l’Ontario. Il y a la politique des gangs de rue que Jacques Dupuis, le ministre
de la Justice et de la Sécurité publique, a annoncée. Il y a également
l’ouverture du marché climatique à Montréal qui est très significatif pour
l’avenir de notre économie. L’annonce de cette nouvelle politique pour les
technologies vertes pour qu’on puisse dépolluer davantage, encourager à la fois
le développement économique et l’assainissement de notre environnement. Et il y
a les sommes records que nous dépensons cette année pour les routes, pour les
écoles, pour les hôpitaux avec notre programme d’infrastructure de 30 milliards
sur cinq ans. Et on a augmenté dans les derniers mois, le premier mai dernier,
on a augmenté le salaire minimum de 50 sous d’un seul coup. On a enlevé la
malbouffe dans les écoles. Il y a la politique pour contrer la violence dans les
écoles, les 20 000 nouvelles places en garderie, les congés de compassion
également pour les gens qui sont, eux ou leur famille, malheureusement victimes
d’actes criminels. Il y a les mesures pour la francisation et l’intégration des
immigrants que nous avons également annoncées ou les plans d’action au soutien
au secteur manufacturier et forestier.
Écoutez, j’arrête là parce que je n’ai qu’encore quelques minutes, mais je pense
que la démonstration est faite qu’il y a ce qu’on fait à l’Assemblée nationale,
mais il y a également ce que nous faisons à tous les jours comme gouvernement.
Et d’ailleurs, sur ce sujet, Michelle Courchesne, la ministre de l’Éducation, et
Philippe Couillard, le ministre de la Santé, des Services sociaux, ont tous les
deux annoncé une politique cette semaine pour venir en aide aux enfants
handicapés et aux enfants qui ont besoin d’aide au niveau de l’apprentissage… de
l’apprentissage et de l’adaptation, devrais-je dire. En ce sens-là, on a annoncé
une politique cette semaine dans laquelle on a investi 65 millions de dollars
qui, en passant, s’ajoutent à un virgule sept milliards de dollars que nous
dépensons déjà pour venir en aide à ces enfants en difficulté. Le gouvernement
avait déjà préalablement annoncé son intention d’engager 1 800 professionnels de
plus. C’est 120 millions de dollars qu’on avait investis là-dedans. Mais là,
avec l’annonce de cette semaine de 65 millions de dollars, c’est 1 000 nouveaux
enseignants que nous pouvons ajouter. Ça, ça veut dire plus de temps pour les
enseignants. Ça veut dire un peu moins d’enfants dans certaines classes pour
qu’on puisse les aider davantage, ce qui est très, très significatif. Ça veut
dire qu’on va pouvoir aider ces enfants à mieux s’intégrer également au système
scolaire. Et ça, c’est très, très important parce que chacun de nos enfants
compte. Il n’y en a pas un qui est moins important que les autres. Tous les
enfants au Québec ont leur place. Chacun doit pouvoir, dans la mesure de ses
moyens, contribuer justement à bâtir la société québécoise.
Et je finis sur une très, très bonne note pour Montréal. Nathalie Normandeau, la
ministre des Affaires municipales, et Raymond Bachand, le ministre responsable
de Montréal, avec le maire Gérald Tremblay, cette semaine, ont annoncé
finalement un pacte pour Montréal. Une nouvelle entente avec non seulement
Montréal, mais également tous les maires de banlieue de l’île de Montréal. En
d’autres mots, mesdames et messieurs, on est enfin arrivé à bout de cette longue
saga des fusions, des défusions, des ententes, des discussions entre la ville de
Montréal et les maires de banlieue. Enfin! Le gouvernement, tel qu’on s’est
engagé à le faire dans notre discours inaugural du lendemain d’élection, a tenu
son engagement de régler cette question-là des agglomérations. Bravo à Nathalie
Normandeau en particulier pour son leadership et merci à tous les maires, les
élus locaux de lîle de Montréal, et évidemment Gérald Tremblay. C’est une grande
page que nous venons de tourner, puis là, on peut mettre toute notre énergie à
regarder vers l’avant, à travailler ensemble pour développer notre métropole
québécoise et en faire une source de fierté.
Mesdames et messieurs, merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous écouter
cette semaine. Je vous donne rendez-vous dimanche prochain. Merci!
[CHRST20080618]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la cérémonie de remise des
insignes de l’Ordre national du Québec
Salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale, le 18 juin 2008 ]
Monsieur le Lieutenant-GouverneurMonsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Chef de l’Opposition officielle,
Madame la Chef du deuxième parti d’opposition,
Mesdames, Messieurs les Ministres et les Députés,
Monsieur le Président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Distingués invités,
Nous sommes réunis dans ce lieu chargé d’histoire et de symboles pour vivre un
moment très solennel.
Je me fais aujourd’hui le messager du peuple québécois pour exprimer la
reconnaissance de notre nation à des femmes et des hommes dont les
accomplissements sont une inspiration pour nous tous et pour notre jeunesse.
Les insignes de l’Ordre national du Québec sont les plus hautes distinctions
remises par le gouvernement du Québec.
Les femmes et les hommes qui intègrent l’Ordre forment notre panthéon bien à
nous et voient leur nom inscrit à jamais dans la mémoire de notre peuple.
Pour mieux reconnaître la contribution des femmes à l’Ordre national, le Conseil
de l’Ordre et moi-même avons convenu de donner suite à une demande faite par
plusieurs organisations représentant des femmes. Ainsi, à compter de l’an
prochain, les trois titres de cette institution Chevalier, Officier et Grand
Officier seront féminisés pour devenir Chevalière, Officière, et Grande
Officière.
C’est d’ailleurs une chevalière qui amènera en 2009 l’Ordre national du Québec
plus loin qu’il ne sera jamais allé. L’astronaute Julie Payette, membre de
l’Ordre depuis 2000, a en effet informé le président du conseil de l’Ordre de
son intention d’avoir avec elle un symbole de notre panthéon lors de sa
prochaine mission à bord de la navette spatiale.
L’Ordre national du Québec ira donc en orbite, mais il se rendra aussi bien
visible sur la terre ferme. J’annonce aujourd’hui que la décision a été prise
d’ériger un monument dédié à l’Ordre national du Québec et à ses récipiendaires.
Ce monument s’élèvera aussi rapidement que possible sur la promenade Samuel de
Champlain.
Comme chaque année, cette cérémonie de remise des insignes de l’Ordre nationale
du Québec se déroule dans les jours précédant notre fête nationale.
Quelle meilleur coup d’envoi à la célébration du Québec que cet hommage à celles
et ceux qui nous appellent au dépassement ?
En cette année marquant le 400e anniversaire de la fondation de Québec et
l’inauguration pour de bon de la présence française en terre d’Amérique, cette
23e cérémonie de l’Ordre national s’inscrit dans la fête.
Cette année, en plus d’intégrer à notre panthéon un nombre exceptionnel de nos
concitoyens, nous rendons un hommage tout particulier aux premiers ministres qui
ont assumé la conduite de notre nation depuis la création de l’Ordre.
Il s’agit d’un fait sans précédent dans l’histoire de l’Ordre national du
Québec. C’est une manière pour l’Ordre de souligner le rôle de Québec comme
capitale nationale, tout en reconnaissant l’apport exceptionnel de mes
prédécesseurs au développement du Québec. C’est aussi une façon de réitérer avec
force le caractère totalement non partisan de cette institution.
Aujourd’hui, nous rendrons un hommage posthume à Robert Bourassa et à René
Lévesque.
Et demain, lors d’une cérémonie spéciale, nous élèverons au rang de grand
officier de l’Ordre national du Québec les cinq ex-premiers ministres toujours
des nôtres.
Nous allons commencer cette cérémonie maintenant avec les hommages posthumes à
deux de mes plus illustres prédécesseurs.
Hommage posthume à Robert Bourassa
Je demande maintenant à Mme Andrée Bourassa de bien vouloir s’approcher pour que
nous rendions hommage à la mémoire de son mari.
Économiste de formation et membre du Barreau, Robert Bourassa était notamment
titulaire d’une maîtrise en sciences économiques et politiques d’Oxford en
Angleterre et d’une maîtrise en fiscalité et droit financier de l’Université
Harvard.
Chef du Parti libéral du Québec, il a été premier ministre du 12 mai 1970 au 25
novembre 1976, puis du 12 décembre 1985 au 11 janvier 1994.
Son leadership a été une période de changement intense pour le Québec. Sous son
administration, on vit notamment apparaître : l’assurance-maladie (1970),
l’Office de protection des consommateurs (1971), la Loi d’indemnisation des
victimes d’actes criminels (1971), la Charte québécoise des droits et libertés
de la personne (1975) et la Loi du patrimoine familial (1989).
Il a dit : « Le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte,
libre et capable d’assumer son destin et son développement. »
Il a marqué à jamais le parcours et l’évolution du Québec. Il est le « père de
la Baie James ». Il est aussi celui qui a fait du français la langue officielle
du Québec.
Andrée Bourassa, au nom du peuple québécois, et en hommage à feu votre mari
Robert Bourassa, je vous remets l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national
du Québec.
Hommage posthume à René Lévesque
Je demande maintenant à Claude Lévesque de bien vouloir s’approcher pour que
nous rendions hommage à la mémoire de son père.
René Lévesque a étudié le droit à l’Université Laval puis s’est fait journaliste
et correspondant de guerre pour l’armée américaine. Vulgarisateur exceptionnel,
il a éduqué les Québécois avec son célèbre Point de mire.
Ministre des Ressources hydrauliques dans le gouvernement libéral de Jean
Lesage, il a mené la nationalisation de l’électricité, haut fait de la
Révolution tranquille.
Fondateur du Parti Québécois, il a fait de l’élan souverainiste un mouvement
parfaitement légitime et démocratique. Sous son administration, le Québec a vu
apparaître la Loi de l’assurance-automobile, la Loi du zonage agricole, la Loi
101, la Loi sur le financement des partis politiques et, bien sûr, il a aussi
fondé l’Ordre national du Québec en 1984.
Il est l’un des pères de l’identité québécoise moderne.
Il a dit : « Québécois est un nom qui unit tout ceux qui sont nés au Québec ou
qui y vivent. Il relie les diversités culturelles, linguistiques et religieuses.
C’est la marque d’appartenance à un peuple, à une terre. »
Claude Lévesque, au nom du peuple québécois, et en hommage à feu votre père René
Lévesque, je vous remets l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du
Québec.
Nous entamons maintenant la remise des insignes de l’Ordre national du Québec
2008 en commençant par les chevaliers.
Présentation des membres de l’Ordre national du Québec
Chevaliers
Yanick Villedieu
Vous êtes une figure unique du journalisme québécois. Né à Champenoise en
France, vous vous consacrez depuis près de 40 ans au journalisme scientifique.
Vous avez travaillé à Québec Science, à la télévision de Radio-Canada, mais
surtout à la radio de Radio-Canada où vous animez depuis plus de 25 ans le
magazine scientifique hebdomadaire d’abord appelé Aujourd’hui la science et
maintenant Les années lumière.
Par votre ténacité et votre travail acharné, vous avez contribué à démystifier
la science et à la démocratiser. Vous avez fait naître des scientifiques chez
les générations montantes.
Vous êtes l’émule du regretté Fernand Seguin. Votre carrière est un éloge à
l’intelligence.
Yannick Villedieu, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Elena Venditelli Faita
Vous êtes née en 1947 à San Vittore del Lazio en Italie. Vous arrivez au Québec
à l’âge de 7 ans. Votre père ouvre la Quincaillerie Dante qui devient une
institution de la Petite Italie.
Très tôt, vous offrez aux clients de la quincaillerie des ateliers de cuisine et
vous faites revivre les saveurs de votre enfance en les mariant avec les
produits de l’agriculture québécoise.
Devant le succès que vous récoltez, vos enfants vous convainquent de fonder une
véritable école de cuisine, l’école Mezza Luna que vous dirigez avec votre fils
Stefano et dont la renommée aujourd’hui déborde largement du Québec.
En vous se mêlent le souvenir de l’Italie et le bonheur de vivre au Québec.
Elena Venditelli Faita, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Richard Tremblay
Vous êtes policier à la Sûreté du Québec. Votre rôle d’agent de la paix s’est
prolongé dans un engagement social et communautaire exceptionnel, d’abord dans
votre région de l’Estrie, mais aussi à l’échelle canadienne. Vous avez participé
à la mise sur pied de divers organismes et programmes de prévention de
l’alcoolisme, du suicide, du taxage et de la violence conjugale.
Vous êtes le fondateur de l’Association canadienne des dons d’organes, qui
assure le transport d’organes humains et d’équipes médicales grâce au travail
bénévole de près de 2000 policiers et policières.
Par votre travail de policier, vous avez sauvé des vies; par votre engagement
exceptionnel, vous avez redonné la vie.
Richard Tremblay, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Noël Spinelli
Vous êtes né à Lachine en 1927 et vous êtes resté fidèle à ce quartier ouvrier
de Montréal. Vous avez fait de la station-service familiale un petit empire de
l’automobile qui se compose aujourd’hui de 8 concessions gérées depuis 10 ans
par votre fils Pierre.
Vous avez réussi dans l’automobile, mais votre passion est la musique. Vous avez
cofondé les Concerts Lachine, le Festival de musique de Lachine et l’Atelier
d’art lyrique de Lachine.
Vous avez également fondé les Concerts Spinelli, qui procurent des bourses à de
jeunes musiciens. Vous avez aussi présidé le comité pour la restauration de
l’orgue de l’église des Saint-Anges de Lachine, ainsi que le Concours
international d’orgue du Canada.
Vous êtes de ces entrepreneurs à succès qui ont su donner libre cours à leur
passion et en faire bénéficier la communauté.
Noël Spinelli, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Peter Simons
Vous êtes président de l’entreprise familiale depuis 1996. Vous avez fait
croître la réputée maison Simons de Québec avec talent et succès.
Votre entreprise a reçu plusieurs distinctions internationales, notamment en
raison de la qualité de la confection et du style des vêtements.
En 2007, quatre ans de travail ont été couronnés avec l’installation à côté de
l’Assemblée nationale de la fontaine de Tourny que vous avez fait venir de
France, qui a été restaurée à l’Île d’Orléans, et que vous avez donnée à la
ville de Québec en témoignage de votre attachement.
Votre discrétion n’a d’égale que votre générosité. Votre nom était une
institution; votre prénom en fait une inspiration.
Peter Simons, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Normand Séguin
Vous êtes né à Val d’Or en 1944. Vous êtes notamment détenteur d’un doctorat en
histoire. Vous avez consacré votre vie à l’étude de l’évolution du Québec et des
Québécois en élaborant un modèle d’analyse réunissant l’histoire, la géographie
et la sociologie.
Vous avez cofondé le Centre interuniversitaire d’études québécoises et l’Atlas
historique du Québec, votre œuvre majeure.
Vous avez implanté à l’UQTR l’unique programme de doctorat consacré à la société
québécoise.
Vous êtes un fondateur de la mémoire de notre nation.
Norman Séguin, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Michel Pouliot
Vous êtes ce qu’il convient d’appeler un « pilote de brousse ». Entre 1950-1975,
vous avez brisé l’isolement de nombreuses localités de la Gaspésie et du Golfe
du St-Laurent par l’établissement d’une desserte aérienne. Vous avez fondé
Transgaspésien aérien, devenu Air Gaspé qui a permis pendant une génération à
ces communautés éloignées d’avoir accès aux grands centres, à des soins médicaux
ainsi qu’à des chantiers forestiers, miniers ou hydroélectriques.
Vous avez aussi fondé le premier chantier naval de Gaspé et êtes membre
fondateur de la Société historique de la Gaspésie.
Vous avez permis à nombre de régions de prendre leur envol.
Michel Pouliot, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Michael Meaney (nomination 2007)
Vous êtes titulaire d’un doctorat en psychobiologie de l’Université Concordia et
vous avez poursuivi des études postdoctorales en neuroendocrinologie à
l’Université Rockfeller. Vous êtes professeur titulaire du Département de
psychiatrie de l’Université McGill. Vous êtes aussi chercheur et directeur
adjoint du Centre de recherche de l’Hôpital Douglas.
Vous êtes reconnu internationalement. Votre expertise couvre les soins
maternels, le stress et l’expression des gènes. Vous avez été l’un des premiers
chercheurs au monde à mettre en lumière le lien entre les soins maternels et
développement cognitif de l’enfant comme déterminants de sa capacité ultérieure
à faire face au stress.
Vous avez publié pas moins de 250 articles scientifiques dans les revues les
plus prestigieuses.
Vous avez permis des avancées historiques dans la compréhension du développement
de l’enfant.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec en 2007. Votre décoration vous est
remise aujourd’hui.
Michael Meany, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Paul-Arthur Mckenzie
Vous êtes né à Sept-Îles en 1937. Vous êtes un fier Innou. Toute votre vie, vous
avez défendu la langue et la culture de votre nation et vous vous êtes dévoué
auprès des jeunes Innous du Québec et du Labrador.
Vous êtes un précurseur de la lutte contre la toxicomanie et la prévention du
suicide. Ami des Blancs et considéré comme un sage dans votre communauté, vous
avez prôné l’amitié entre les peuples. Vous êtes le fondateur de la société de
communication Atikamekw-Montagnais, qui comporte une quinzaine de radios
communautaires.
Vous êtes fierté et ouverture. Tshi-nash-ku-mitin (merci).
Paul-Arthur Mckenzie, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Nicolas Mateesco Matte
Vous êtes né en Roumanie en 1913. Vous êtes détenteur de deux doctorats en
droit. Sans renier vos origines roumaines, vous avez pris le nom de Matte pour
que vos enfants se sentent chez eux au Québec. Vous êtes un spécialiste du droit
aérien et spatial de renommée mondiale. Ardent défenseur de la langue française,
vous avez été membre de la commission Gendron, qui a recommandé le français
comme langue officielle du Québec.
Professeur universitaire de droit, vous avez enseigné aux Trudeau, Lévesque,
Bourassa. Vous avez aussi puissamment contribué à la fondation et au
développement de la ville de Brossard, dont vous êtes le premier citoyen
d’honneur et où un grand boulevard porte votre nom.
Vous êtes cet homme venu de loin pour nous apprendre à aimer notre langue.
Nicolas Mateesco Matte, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Aida Kamar
Vous êtes née à Beyrouth en 1954. En 1991, vous avez créé la Télévision
libanaise du Québec que vous avez dirigée pendant 10 ans. Vous y avez notamment
présenté un magazine d’actualité toujours à l’antenne favorisant l’intégration
de la communauté libanaise au Québec francophone.
Vous êtes maintenant rédactrice en chef de la revue L’Avenir que vous avez
fondée avec Joseph Nakhlé avec qui vous êtes aussi une des âmes dirigeantes du
Festival du monde arabe de Montréal. Vous êtes aussi PDG de Vision Diversité, un
organisme montréalais à but non lucratif qui est un catalyseur d’initiatives
économiques et culturelles.
Vous avez aussi été membre du comité-conseil de la Commission Bouchard-Taylor.
Vous incarnez ce Québec de la diversité et des valeurs communes.
Aida Kamar, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de Chevalier
de l’Ordre national du Québec.
Gloria Jeliu
Vous êtes née à Paris en 1925. Vous êtes professeur émérite de pédiatrie à la
Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Vous êtes clinicienne et une
chercheuse de renommée mondiale en développement de l’enfance.
Vous avez apporté une contribution inestimable à la lutte contre la maltraitance
des enfants.
Vous travaillez depuis 50 ans à l’hôpital Sainte-Justine où vous avez notamment
mis sur pied la Clinique de protection de l’enfance.
Vous avez marqué plusieurs générations d’intervenants qui ont à cœur le
mieux-être des enfants.
Vous êtes aussi une rare spécialiste de la question de l’éthique biomédicale.
Vous avez contribué à élever le Québec à la hauteur de ses enfants.
Gloria Jeliu, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Henri Grondin
Vous êtes un avocat d’une envergure exceptionnelle et un diplomate. Admis au
Barreau du Québec en 1963, vous vous êtes élevé au plus haut niveau de votre
profession.
Vous avez notamment rempli plusieurs fonctions à l’Union internationale des
avocats, jusqu’à occuper le poste de président. Vous avez fait partie de la
Commission permanente d’arbitrage de la Cour internationale de La Haye. Vous
avez été président de la Conférence internationale des barreaux regroupant les
barreaux francophones d’Europe, d’Afrique et d’Amérique.
Vous avez aussi donné de très grands services à l’État québécois dans ses
relations avec les peuples autochtones. Homme de droit et de culture, vous
présidez depuis 10 ans le conseil d’administration du Musée de la civilisation
de Québec.
Vous avez étendu la renommée internationale du Québec en portant à de rares
sommets notre tradition de droit.
Henri Grondin, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Gisèle Gravel
Vous pratiquez le judo depuis plus de 40 ans. Au cours des dix dernières années,
vous avez a raflé de multiples médailles aux championnats mondiaux des maîtres
ainsi qu’aux championnats panaméricains et canadiens séniors. Vous avez formé
plus de 65 ceintures noires, dont 30 sont des femmes.
Vous accumulez les précédents : vous êtes parmi les quatre premières Canadiennes
à avoir obtenu une ceinture noire; vous avez été la première femme entraîneur de
judo au Québec, la première femme directrice technique d’une école de judo et
l’une des premières femmes membres de la commission des grades de Judo-Québec.
Mais votre engagement déborde largement du dojo1. Vous êtes présidente et
fondatrice du tout premier symposium de peinture figurative du Québec et
présidente du premier Salon industriel et commercial de Baie-Comeau.
Vous me pardonnerez le jeu de mots, mais vous êtes une grande dan2.
Gisèle Gravel, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Sheila Goldbloom
Née à New York, vous êtes arrivée au Québec en 1949. Vous avez longtemps dirigé
les services d’éducation aux jeunes adultes du YMCA de Montréal.
Éducatrice passionnée, vous avez réformé l’enseignement du service social et
fait progresser le secteur associatif à maints égards. Vous avez contribué à une
multitude d’organismes à caractère pédagogique, social, philanthropique et
gouvernemental autant dans la communauté anglophone que dans la communauté
francophone.
En 2007, vous avez été nommée coprésidente de la commission sur les conditions
de vie des aînés. Vous militez pour la reconnaissance de la valeur et de la
sagesse des personnes âgées dans notre société.
Vous êtes une humaniste et un étendard de la dignité humaine.
Sheila Goldbloom, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Edgar Fruitier
Autodidacte érudit, mélomane enflammé, communicateur émérite et comédien aux
registres multiples, vous avez marqué notre culture. De La boîte à surprise, à
La famille Plouffe, en passant par Rue des pignons et les Grands esprits,
jusqu’à l’impitoyable Montgomery Burns des Simpsons, vous avez une place dans
les souvenirs d’au moins trois générations de Québécois.
Votre verbe, votre entrain et même votre rire ont contribué à donner aux
Québécois le goût de la musique classique, tandis que votre parfaite maîtrise de
la langue française est un appel à l’élévation.
Vous avez constitué une collection de quelque 53 000 œuvres musicales que vous
avez léguée à la Phonothèque du Québec. Vos disques récents Les grands
classiques d’Edgar ont été parmi les meilleurs vendeurs, signe de votre
magnétisme et de l’attachement que vous portent les Québécois.
Vous êtes un incontournable phénomène de notre monde culturel.
Edgard Fruitier, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
chevalier de l’Ordre national du Québec.
Pierre Fréchette
Vous vous êtes consacré à l’amélioration des soins aux victimes de traumatismes
ainsi qu’aux malades vivant dans les régions éloignées du Québec. Par votre
expertise internationalement reconnue en traumatologie et en transport médical
aéroporté, vous avez sauvé des centaines de vie dans les circonstances les plus
dramatiques qui soient.
Vous avez notamment participé à l’établissement du service EVAQ (évacuation
aéromédicale du Québec), à la réforme du système préhospitalier d’urgence, à la
création du Programme québécois de traumatologie ainsi qu’à l’édification d’un
réseau de traumatologie.
Vous êtes un de nos grands médecins spécialistes, de ceux qui repoussent la mort
et redonnent la vie.
Pierre Fréchette, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Sheila Fischman
Vous êtes née à Moose Jaw, en Saskatchewan. Vous avez étudié la chimie et
l’anthropologie. Qui aurait dit que vous deviendriez un des plus importants
rouages de promotion de la littérature québécoise des 40 dernières années?
Fraîchement débarquée à Montréal, vous décidez de parfaire votre connaissance du
français en traduisant vers l’anglais le livre de Roch Carrier La Guerre, Yes
sir! L’ouvrage devient en 1970 un grand succès de librairie au Canada anglais.
Depuis, vous avez traduit pas moins d’une centaine d’œuvres contemporaines de la
littérature québécoise, sans compter des textes pour le théâtre, le cinéma et la
radio, favorisant leur diffusion ailleurs au Canada et à l’étranger.
Vous avez aussi fait l’inverse et dirigé la traduction en français d’auteurs
canadiens anglais.
Votre contribution à la diffusion de notre littérature est immense. Par vos
origines et la nature de votre travail, vous aurez aussi été un trait d’union
entre les deux solitudes.
Sheila Fischman, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Marisa Ferretti Barth
Depuis 40 ans, vous vous dévouez au mieux-être des aînés. Au début des années
70, vous avez fondé le CRAIC, le « Conseil régional des aînés italo-canadiens »
à l’intention des personnes âgées italo-québécoises, afin d’améliorer leur
qualité de vie et de briser leur isolement.
Vous n’avez jamais cessé d’œuvrer au sein de cet organisme qui, aujourd’hui,
chapeaute plus de 80 clubs de l’âge d’or, totalisant 14 000 membres et offrant
divers services, dont certains s’adressent expressément aux plus démunis.
Avec les années, votre implication s’est étendue à de nombreuses communautés.
Vous avez ainsi participé à la mise sur pied de divers organismes Afghans,
Chinois, Laotiens, Libano-Syriens, Russes, toujours avec l’objectif de briser
l’isolement des personnes âgées…
En outre, vous avez été nommée au sénat en 1997.
Votre générosité est sans limites. Vous avez aidé des dizaines de milliers de
personnes à vieillir dans la joie.
Marisa Feretti Barth, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Duchesneau
Vous êtes une des figures de proue de la sécurité publique au Canada. Vous vous
êtes maintes fois distingué par vos idées novatrices et votre détermination.
Vous avez fait carrière pendant 30 ans au service de police de la communauté
urbaine de Montréal dont vous avez assumé la direction pendant 5 ans. Vous êtes
cofondateur de l’escouade Carcajou qui a mis un terme à la guerre des groupes de
motards criminels. Cette unité a servi de modèle à ce qu’on appelle maintenant
les « escouades régionales mixtes » qui demeurent le plus efficace outil des
forces de l’ordre pour lutter contre le crime organisé.
De 2002 à mai 2008, vous avez été à la tête de l’Administration canadienne de la
sûreté du transport aérien. Vous avez renouvelé les procédures de sécurité dans
les aéroports canadiens à cette époque trouble de l’après-11 septembre.
Vous avez été un policier d’exception.
Jacques Duchesneau, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
René Derouin
Artiste inépuisable, votre démarche embrasse le dessin, la gravure et les
environnements organisés, ce qu’on appelle l’installation. Votre œuvre est
enracinée dans les trois Amériques que vous avez parcourues du nord au sud à
répétition.
Vous explorez les thèmes fondateurs de la migration, de l’identité et du
métissage. Artiste immense, pas moins de 300 expositions vous ont été
exclusivement consacrées.
En 1995, vous avez lancé les symposiums internationaux d’art in situ de la
Fondation Derouin qui a entre autres objectifs de promouvoir le talent des
jeunes artistes.
En 1998, le Glenbow Museum de Calgary vous consacre une rétrospective, présentée
ensuite au Musée des beaux-arts de Montréal. En 1999, vous recevez le prix du
Québec Paul-Émile-Borduas pour l’ensemble de votre œuvre. En 2006, le
gouvernement mexicain vous a décoré l’Ordre de l’Aigle aztèque, la plus haute
distinction octroyée à un citoyen étranger.
Vous êtes un artiste de génie ; votre œuvre est empreinte de l’idéal d’une
Amérique humaniste.
René Derouin, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
François Chartier
Vous êtes sommelier de métier. Vous êtes le seul Canadien à avoir jamais
remporté le célèbre Grand Prix Sopexa international, qui couronne le meilleur
sommelier au monde en vins et spiritueux de France.
Vous avez puissamment contribué à la reconnaissance de la sommellerie et à
l’essor des autres professions gastronomiques au Québec de diverses manières,
par la médiatisation de vos succès, vos conférences, vos livres et vos
nombreuses interventions dans les médias.
Après 20 ans de spécialisation, vous avez fait naître la « sommellerie
moléculaire », qui trouve écho tant ici qu’en Europe et qui consiste à faire de
l’art de l’harmonisation des vins et des mets une véritable science.
Vous êtes vous-même un très grand crû.
François Chartier, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
l’Ordre national du Québec.
Jacques Castonguay
Vous avez été successivement professeur de psychologie, directeur de
département, doyen et recteur au Collège militaire royal de Saint-Jean. Vous
avez participé à la renommée de cet établissement, à son statut d’université et
à sa renaissance toute récente.
Vous avez signé pas moins de 28 ouvrages. Vous avez notamment raconté l’histoire
du Royal 22e Régiment, des Voltigeurs de Québec, du Régiment de la Chaudière, du
5e Régiment d’artillerie légère du Canada, du Fort Saint-Jean et de la base des
Forces canadiennes de Montréal.
Infatigable, vous avez publié trois titres en 2007 dont Québec, ville militaire,
1608-2008 que vous avez cosigné.
Tous les peuples du monde ont un passé militaire. Au Québec, vous incarnez cette
mémoire.
Jacques Castonguay, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Louis Caron
Vous êtes avant tout un romancier. Vous avez publié neuf romans historiques et
un roman contemporain. Votre dernier titre, Tête heureuse, a été publié en 2005.
En 1980, vous avez remis en vogue le genre alors délaissé du roman historique
avec Canard de bois dont le succès a été immédiat.
Avec Les fils de la liberté, vous êtes devenu l’un des rares auteurs québécois à
voir l’une de ses œuvres adaptée pour la télévision en France.
Vous avez aussi imprimé votre marque à notre télévision en coscénarisant les 13
premiers épisodes de la mouture initiale de la télésérie Lance et compte, en
1987.
En plus de votre carrière d’écrivain, vous êtes très engagé dans le
développement de votre région, le Centre-du-Québec.
Votre œuvre est un éloge à la vie au Québec à ses régions et à ses gens.
Louis Caron, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Raymond Brousseau
Vous avez été l’un des premiers Québécois à prendre conscience de la beauté et
du caractère inédit de l’art inuit.
Dès 1956, votre passion pour cet art vous a amené à collectionner des pièces
magistrales, autant des sculptures que des dessins.
Devenu galeriste en 1974, vous êtes un promoteur international de l’art et de la
culture des Inuits que vous avez notamment offert au regard fasciné des publics
suisse et français.
Vous créez 1998 le Musée inuit Brousseau à quelques pas d’ici, à côté du Château
Frontenac. Votre collection de plus de 2 600 œuvres est jugée « d’importance
nationale » par le gouvernement canadien. Elle est aujourd’hui logée au Musée
national des beaux-arts du Québec où une salle d’exposition permanente lui est
consacrée.
Vous avez révélé un des trésors de l’humanité.
Raymond Brousseau, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Émile « Butch » Bouchard
Pendant 15 ans, dont 8 à titre de capitaine, vous avez porté les couleurs des
Canadiens de Montréal. Comme défenseur, vous étiez une muraille infranchissable.
Vous avez aidé votre équipe à remporter la Coupe Stanley en 1944, 1946, 1953 et
1956.
Vous avez été un grand leader de cette équipe et une inspiration pour les
francophones. Aux yeux de plusieurs, vous avez ouvert la voie à Maurice Richard.
Vous avez été intronisé au Temple de la renommée en 1966 et au Panthéon des
sports du Québec en 1996.
En plus de votre carrière de hockeyeur, votre restaurant Chez Butch Bouchard a
longtemps été le lieu de rendez-vous des sportifs, des artistes et des
syndicalistes. Vous avez aussi été conseiller municipal et engagé dans de
nombreuses causes sociales et communautaires.
Vous êtes une des légendes du hockey et une des premières étincelles de l’éveil
nationaliste québécois.
Émile « Butch » Bouchard, au nom du peuple québécois, je vous décore de
l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Gilles Bissonnette
Vous êtes producteur agricole. Vous avez consacré votre vie à la terre et à la
défense de ceux qui en tirent leur subsistance.
Comme producteur agricole dans la région de Vaudreuil-Soulanges, vous avez été
un innovateur, couronné cultivateur de l’année en 1975. Beaucoup se sont
inspirés de vos méthodes. Vous avez milité activement au sein de l’Union des
producteurs agricoles et apporté une contribution marquante à la Fédération des
producteurs de lait du Québec.
Votre engagement dans votre communauté vous a amené à la politique municipale.
Vous avez été maire de Saint-Polycarpe pendant 12 ans. Vous demeurez très
impliqué dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges.
Vous représentez cette ruralité fière et indépendante qui est un des berceaux de
notre identité.
Gilles Bissonnette, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Françoise Bertrand
Vous êtes une étoile du monde des affaires et des communications. Vous avez
passé 30 ans dans des postes décisionnels de premier plan.
Vous êtes la première femme à avoir dirigé le CRTC, la première femme à avoir
dirigé Télé-Québec, ainsi que la première femme à diriger la Fédération des
chambres de commerce du Québec dont vous êtes PDG depuis 2003.
A chacun de ces postes, vous avez laissé votre marque. Sous votre gouverne, le
CRTC est devenu le premier organisme de réglementation au monde à se positionner
par rapport à Internet ; vous avez piloté le repositionnement de Télé-Québec et
vous avez mis en place une nouvelle orientation stratégique à la Fédération des
chambres de commerce du Québec.
Vous êtes de celles qui ont ouvert aux femmes la voie qui mène aux premiers
postes de commande.
Françoise Bertrand, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Georgette Beaudry
À la fin des années 60, vous êtes entrée dans les ordres. Après 25 ans passés
dans le monde de l’enseignement, vous devenez supérieure des Filles de Jésus de
la « province de Trois-Rivières ».
Pendant votre mandat, vous avez réorienté les activités de la communauté
religieuse vers la pastorale et l’intervention sociale. En 1992, vous mettez sur
pied la maison Coup de pouce, un espace de vie et de socialisation pour les
enfants et les adultes, au cœur du secteur le plus défavorisé de Trois-Rivières
: le quartier Adélard-Dugré.
Vous y avez œuvré pendant plus de 10 ans allant jusqu’à y implanter une
bibliothèque et un service de pédiatrie sociale. Depuis 2005, elle est à la tête
de ce qui est appelé la « province du Canada » des Filles de Jésus.
Vous êtes une rare héritière de cette abnégation inspirée par la foi qui a jadis
forgé le Québec.
Georgette Beaudry, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Antoine Ayoub
Professeur émérite, vous avez enseigné à l’Université Laval. Vous êtes né en
Syrie. Vous êtes une sommité mondiale de l’énergie fossile et de la gouvernance.
Vous avez enseigné à l’Université Laval, de 1969 à 2002. Vous avez conseillé les
Nations Unies, les gouvernements du Québec et du Canada, ainsi que différents
États et sociétés de par le monde en matière d’économie pétrolière et de
relations internationales.
Vous avez créé, en 1973, le GREEN, le Groupe de recherche en économie de
l’énergie, des ressources naturelles et de l’environnement. Vous avez aussi
fondé les Colloques internationaux d’économie pétrolière, qui se tiennent à
Québec tous les deux ans. En 1999, vous cofondiez MONDER, un réseau de centres
de recherche du Nord et du Sud qui s’intéresse à la mondialisation, à l’énergie
et à l’environnement. Vous en êtes toujours le codirecteur.
Vous avez éveillé la conscience des décideurs du monde à la dépendance au
pétrole et à ses impacts environnementaux.
Antoine Ayoub, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Silvia Araya
Dans votre pays d’origine, le Chili, vous étiez une artiste peintre de grande
renommée. Vous avez aussi été députée et présidente de la commission de
l’éducation du Congrès national du Chili sous le règne du président Salvador
Allende.
Après le coup d’État de 1973, vous êtes venue vous établir dans la région de
Québec. Vous avez fondé l’Académie de beaux-arts Silvia Araya, première école de
peinture de la région, où vous avez enseigné 25 ans durant.
Une soixantaine d’expositions ont été consacrées à vos œuvres au Canada et à
l’étranger. Vous avez notamment fait les portraits de trois anciens maires de
Québec ornant les murs de l’Hôtel de ville.
Vous êtes un modèle d’intégration sociale, autant par votre art que par votre
contribution à la vie culturelle de Québec.
Silvia Araya, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de
Chevalier de l’Ordre national du Québec.
Officiers
Ashok Vijh
Vous êtes né en inde en 1938. Vous êtes un de nos plus grands scientifiques et
considéré à l’échelle internationale comme le « père de l’électrochimie physique
».
Vous êtes détenteur d’un doctorat en électrochimie de l’Université d’Ottawa.
Vous avez été embauché en 1969 par l’institut de recherche d’Hydro-Québec qui
venait alors d’être créé. Vous y avez réalisé quantité de percées scientifiques
qui ont donné jour à des cascades d’inventions.
Vous y travaillez toujours. Vos recherches portent notamment sur le cancer et
l’hydrogène carburant. Vous êtes aussi professeur invité et directeur de thèse à
l’INRS.
Vous êtes de ceux qui ont fait du Québec une puissance mondiale de l’énergie.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec comme Chevalier en 1987. Vous êtes
aujourd’hui promu.
Ashok Vijh, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne d’Officier
de l’Ordre national du Québec.
Michèle Stanton-Jean
Grande intellectuelle, vous êtes diplômée en andragogie, forme de pédagogie pour
adultes, et en histoire. Vos travaux ont fait époque, de la Commission Jean, sur
l’éducation des adultes, à deux livres phares de l’émancipation féminine :
Québécoises du XXe siècle, paru en 1974 et Histoire de femmes au Québec depuis
quatre siècles, paru en 1982, que vous avez co-rédigé avec trois historiennes.
Vous avez été présidente du Comité international de bioéthique de l’UNESCO. Vous
avez travaillé à la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de
l’homme qui fut adoptée en 2005.
Vous êtes actuellement présidente de la Commission canadienne pour l’UNESCO,
membre de la Commission de l’éthique dans la science et la technologie du Québec
et vice-présidente du Fonds de recherche en santé du Québec. Vous êtes aussi
chercheuse invitée en éthique et nanotechnologies à la Faculté de droit de
l’Université de Montréal.
De l’éducation à l’émancipation des femmes à la bioéthique, il y a un fil
conducteur, c’est celui de l’humanisme, dont vous êtes une incarnation.
Michèle Stanton-Jean, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Mohamad Sawan
Vous êtes une sommité canadienne du génie biomédical. Vous êtes professeur
titulaire de microélectronique à l’École Polytechnique. Vous êtes aussi
directeur du Regroupement stratégique en microsystèmes du Québec (ReSMiQ),
directeur du Laboratoire de neurotechnologies Polystim et titulaire d’une chaire
de recherche du Canada.
Vos découvertes et inventions ont mené au dépôt de plusieurs brevets. Vous avez
mis au point de nombreux appareils et prothèses miniatures qui ont changé la vie
des personnes atteintes d’une déficience visuelle, auditive ou physique.
D’origine libanaise, vous consacrez beaucoup de votre temps à promouvoir la
cohabitation harmonieuse des communautés en œuvrant notamment au Centre
islamique libanais de Montréal.
Comme chercheur autant que comme citoyen, vous vous consacrez à améliorer la vie
de vos semblables.
Mohamad Sawan, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Guy A. Rouleau (nomination 2007)
Vous dirigez le Centre de recherche de l’hôpital Sainte-Justine, ainsi que le
Centre d’étude des maladies du cerveau et le Réseau de médecine génétique
appliquée du Fonds de recherche en santé du Québec. Vous êtes aussi titulaire de
la Chaire de recherche du Canada en génétique du système nerveux.
Vos travaux portent sur la compréhension des bases génétiques des maladies du
cerveau, comme l’épilepsie, l’autisme ou le syndrome de Tourette.
Grâce à vos découvertes, des tests génétiques ont été mis au point pour le
dépistage de certaines maladies et l’amélioration des traitements pour les
combattre.
Vous êtes l’un des plus grands spécialistes mondiaux de nombreuses maladies
neurologiques.
Vous avez intégré l’Ordre national en 2007. Votre décoration vous est remise
aujourd’hui.
Guy Rouleau, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne d’Officier
de l’Ordre national du Québec.
Pierre Legendre (nomination 2007)
Titulaire d’une maîtrise en zoologie de l’université McGill et d’un doctorat en
biologie de l’Université du Colorado, vous êtes professeur au Département de
sciences biologiques de l’Université de Montréal.
Récipiendaire de nombreux prix scientifiques, vous êtes l’un des plus éminents
chercheurs dans le domaine de l’écologie numérique. Vous êtes d’ailleurs l’un
des pères de cette science, maintenant partie intégrante de la biologie, qui
consiste à appliquer des modèles statistiques et mathématiques permettant de
mieux comprendre et prévoir l’évolution des espèces et des écosystèmes.
Vous avez publié 7 livres sur l’écologie numérique, collaboré à une dizaine
d’autres et écrit près de 200 articles scientifiques.
Vous êtes à l’origine d’une révolution de la biologie et de l’écologie.
Vous avez intégré l’Ordre national en 2007. Votre décoration vous est remise
aujourd’hui.
Pierre Legendre, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Rémi Marcoux
Votre parcours est marqué par plus de 30 ans d’innovation et de leadership dans
le secteur de l’édition, de l’impression et de la distribution.
Vous êtes le fondateur de Transcontinental qui compte aujourd’hui plus de 15 000
salariés : premier imprimeur du Canada et 6e d’Amérique du Nord, premier éditeur
au pays de magazines destinés aux consommateurs et d’ouvrages pédagogiques de
langue française, 2e éditeur de journaux locaux et régionaux du Canada, ainsi
que fournisseur de produits numériques en pleine croissance.
Vous croyez dans la responsabilité sociale des entreprises. Ainsi,
Transcontinental consacre 1 % de ses profits à des causes humanitaires et
sociales tout en favorisant l’engagement social de ses employés.
Vous avez imprimé une marque indélébile sur le monde québécois des affaires.
Rémi Marcoux, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne d’Officier
de l’Ordre national du Québec.
Gilles Marcotte
Vous êtes journaliste littéraire depuis la fin des années 40. Vous avez signé
pas moins de 1 500 articles qui ont raconté l’évolution de notre littérature,
presque livre par livre.
Vous laissez vous-même une œuvre remarquable. Vous avez écrit plus de 25 livres,
toujours dans un style admirable et élégant.
De votre premier roman, Le poids de Dieu (1962), en passant par votre dernier
recueil de nouvelles, La mort de Maurice Duplessis et autres nouvelles (1999),
jusqu’à votre dernier roman, Le manuscrit Phaneuf (2005), vous avez tracé un
portrait intellectuel et moral d’une extrême acuité du Québec depuis la
Révolution tranquille.
Vous avez dirigé la rédaction de l’Anthologie de la littérature québécoise. Cet
ouvrage de 2 000 pages a valeur de bible pour quiconque étudie la littérature
québécoise. C’est un legs colossal à notre nation et à sa culture.
Vous êtes un pilier de la littérature québécoise.
Gilles Marcotte, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Pierre Lassonde
Vous êtes un expert du secteur minier. Vous êtes actuellement à la tête de la
société d’investissements et de redevances Franco-Nevada.
Votre carrière vous a amené à travers le monde, mais votre cœur est toujours
resté au Québec. Vous êtes un philanthrope. Vos dons privés ont notamment permis
la construction de deux pavillons à l’École polytechnique de Montréal.
Vous avez un flair étonnant. Spécialiste des mines, vous avez aussi été l’un des
premiers à investir dans les Laboratoires Æterna, aujourd’hui deuxième société
de biotechnologie médicale du Québec.
Vous êtes aussi un mécène. Vous vous êtes porté acquéreur il y a quelques années
du manuscrit d’Émile Nelligan, afin qu’il demeure au Québec et vous êtes un
important donateur du Musée national des Beaux-Arts du Québec.
Votre parcours est fascinant, mais la générosité qui le couronne force
l’admiration.
Pierre Lassonde, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Louis Fortier
Vous êtes professeur-chercheur d’océanographie au Département de biologie marine
de l’Université Laval. Vous êtes responsable scientifique du brise-glace de
recherche Amundsen et directeur scientifique du Réseau de centres d’excellence
ArcticNet voué à l’étude de l’Arctique canadien côtier.
Vous détenez la Chaire du Canada sur la réponse des écosystèmes arctiques au
réchauffement planétaire.
Vous avez apporté une contribution immense à la compréhension du réchauffement
planétaire.
Vous vous êtes investi, ici et à l’étranger, dans la sensibilisation du grand
public et des leaders politiques à l’impact des changements climatiques sur
l’hémisphère Nord.
Vous faites partie de la solution au plus grand défi contemporain auquel fait
face l’humanité.
Louis Fortier, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Clément Duhaime
Vous êtes l’un de nos rares diplomates de carrière. Et vous vous êtes destiné à
cette voie dès vos études que vous avez menées au Québec comme en France.
Depuis plus de 20 ans, vous arpentez la Francophonie internationale et
contribuez au rayonnement du Québec.
D’abord adjoint au délégué aux Affaires francophones à la Délégation générale du
Québec à Paris, vous passez à l’Agence intergouvernementale de la Francophonie.
En 1997, Boutros Boutros-Ghali, alors secrétaire général de l’Organisation
internationale de la francophonie fait de vous son représentant permanent auprès
de l’Union européenne. En 2000, vous devenez délégué général du Québec à Paris.
Vous nourrissez avec talent la relation directe et privilégiée qui unit la
France et le Québec.
En 2005, vous retournez à l’Organisation internationale de la francophonie dont
le nouveau secrétaire général, Abdou Diouf, fait vite de vous son bras droit.
Vous n’habitez le Québec que rarement, mais le Québec, lui, vous habite et vous
l’amenez avec vous, à travers la Francophonie et le monde.
Clément Duhaime, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Francine Décary
Vous êtes hématologue de formation et titulaire d’un MBA. Votre parcours
réconcilie la science et la gestion.
Vous êtes à la tête d’Héma-Québec depuis sa création en 1998. Vous avez réussi,
en quelques années, à placer Héma-Québec parmi les fabricants de produits
sanguins les plus sécuritaires et les plus fiables au monde.
À telle enseigne que l’organisme attire aujourd’hui des spécialistes du monde
entier intéressés à voir de près son modèle d’affaires alliant culture
scientifique et culture entrepreneuriale.
Au cours des dernières années, Héma-Québec est aussi devenue fournisseur de
tissus humains et de cellules souches. Vous dirigez également une équipe de 40
chercheurs. En outre, votre participation à de nombreux comités internationaux
témoigne de votre savoir-faire et de votre renommée.
Vous avez l’excellence dans le sang.
Francine décary, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Robert Charlebois
Vous êtes un monstre sacré de la musique québécoise. L’Osstid’cho en 1968, lors
duquel vous apparaissiez aux côtés des Mouffe, Forestier, Deschamp, apparaît
aujourd’hui comme l’acte de naissance d’un véritable rock québécois, affranchi
de ses complexes et portant la langue d’un peuple en éveil.
Vous avez été notre première star du rock et vous êtes aussi célèbre en France
qu’au Québec.
Le nombre de vos chansons qui ont intégré la mémoire collective est sans égal :
Lindberg, The Frog Song, Dolorès, Cartier, Demain l’hiver, Cauchemar, Conception
ou le célèbre Entr’deux joints écrit par Pierre Bourgault.
Vous êtes infatigable. Votre dernière tournée, Tout écartillé, vous a amené à
travers tout le Québec où vous avez embrasé les scènes avec la même énergie
qu’il y a 40 ans.
Comme dans Lindbergh, vous êtes parti sur Québecair et tous les autres… pour
chanter le Québec jusqu’à devenir un monument de notre musique et un symbole de
notre identité.
Robert Charlebois, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
André Caillé
Vous avez une maîtrise et un doctorat en physico-chimie de l’Université de
Montréal. Vous avez fait rayonner le savoir-faire québécois en matière d’énergie
au Canada et à l’étranger.
Vous avez été président-directeur général de Gaz Métropolitain de 1987 à 1996.
Vous avez été président-directeur général d’Hydro-Québec entre 1996 et 2004.
Vous étiez aux commandes de la société d’État lors du grand verglas de 1998.
Vous avez su rassurer les Québécois pendant ce désastre historique.
Vous avez su piloter, dans un temps record, la reconstruction du réseau de
transport qui a aussi été reconfiguré pour limiter les impacts, si un autre
grand verglas devait survenir.
Vous avez aussi été président du Conseil mondial de l’énergie de 2004 à 2007,
signe éclatant de votre réputation internationale.
Au fil des ans, vous avez aidé des entreprises québécoises du domaine de
l’énergie de faire des affaires dans plus de 90 pays.
Vous êtes l’un des principaux artisans contemporains de la renommée québécoise
en énergie.
André Caillé, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne d’Officier
de l’Ordre national du Québec.
Pierre Bruneau
Vous avez présenté votre premier bulletin de nouvelles à Télé-Métropole le 19
octobre 1976. Plus de 30 ans plus tard, plus de 6 000 bulletins de nouvelles
plus tard, vous demeurez le chef d’antenne le plus respecté et le plus apprécié
des Québécois.
Vous avez marqué l’évolution du journalisme télévisé avec un traitement de
l’information humain toujours aussi respectueux des téléspectateurs que des
personnes qui font la nouvelle… comme les premiers ministres.
Entre les Québécois et vous, il y a un lien émotif. Les Québécois vous ont
témoigné leur affection lors du décès de votre fils Charles. De cette épreuve
est né un engagement de tous les instants en faveur des enfants malades et de
l’hôpital Sainte-Justine.
Vous êtes un journaliste d’exception, mais surtout un homme exceptionnel.
Pierre Bruneau, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Michel G. Bergeron
Vous êtes un infectiologue. Vous êtes professeur-chercheur de microbiologie.
On vous doit la création du Centre de recherche en infectiologie de l’Université
Laval où vous dirigez une équipe de quelque 250 personnes.
Plusieurs de vos travaux ont eu un retentissement mondial. Vous avez ouvert un
champ révolutionnaire de la microbiologie moderne en développant des tests de
diagnostic ultrarapide, à base d’ADN, pour la détection de microbes responsables
de maladies infectieuses.
Vous êtes aussi un entrepreneur. L’entreprise que vous avez fondée en 1995 et
qui s’appelait alors Infectio Diagnostic fournit aujourd’hui plus de 260 emplois
à du personnel hautement qualifié de la région de Québec et vous ouvrez ce
mois-ci une nouvelle usine de production mondiale de tests diagnostics.
Vous êtes de ces grands scientifiques qui inventent la médecine de demain.
Michel Bergeron, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’ordre national du Québec.
Gérald Beaudoin
Vous êtes un des pionniers du droit constitutionnel ici et dans le reste du
monde. Dans l’exercice de vos fonctions, tant comme sénateur que comme juriste
ou professeur de droit, vous vous êtes appliqué à promouvoir l’identité
francophone.
Votre carrière, longue de près d’un demi-siècle, a fait de vous le promoteur
d’une véritable culture citoyenne des droits et libertés au sein des nombreuses
instances nationales et internationales auxquelles vous avez participé.
Vos interventions ont eu un impact considérable sur l’évolution du Canada et la
collaboration du pouvoir fédéral avec le Québec et les provinces. Votre renommée
est telle que plusieurs gouvernements du monde vous consultent sur des questions
relatives à la gouvernance et à la démocratie.
Vous êtes un de nos plus grands juristes et un des grands penseurs de la
démocratie contemporaine.
Gérald Beaudoin, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
André Bachand
Vous avez fait carrière comme administrateur à l’Université de Montréal.
Vous avez lancé en 1966 le Fonds de développement de l’Université de Montréal
qui se nourrit exclusivement des dons d’entreprises et de particuliers.
Votre legs au réseau universitaire québécois est immense. Vous avez été
l’initiateur au sein du Québec francophone de cette culture de l’alma mater qui
est une appartenance à son université qui se prolonge la vie durant et s’exprime
par des gestes philanthropiques.
Le fonds que vous avez créé a eu un succès remarquable. Il demeure aujourd’hui
l’un des principaux leviers à l’essor de l’Université de Montréal et son modèle
a été repris à travers le réseau universitaire québécois.
Tout au long de votre carrière, vous avez aussi été un défenseur et un promoteur
acharné des universités de langue française.
Vous êtes aussi un grand collectionneur d’art avec une passion toute
particulière de la gravure québécoise.
Vous avez permis le développement des universités québécoises.
André Bachand, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne
d’Officier de l’Ordre national du Québec.
Grands officiers
Jean Davignon (nomination 2006)
Vous êtes médecin émérite de l’hôtel-Dieu de Montréal et professeur à la Faculté
de médecine et au département de nutrition de l’Université de Montréal. Vous
êtes aussi rattaché au Département de médecine expérimentale de l’Université
McGill.
Vous êtes un chef de file de renommée mondiale en lipidologie. Vous avez créé le
Groupe de recherche sur les hyperlipidémies et l’athérosclérose de l’Institut de
recherches cliniques de Montréal. Vous dirigez ce groupe depuis près de 40 ans.
Vous vous êtes illustré à l’échelle mondiale par vos travaux portant sur la
compréhension des processus complexes qui régissent les maladies liées aux
lipides et au système vasculaire.
Vous êtes cofondateur de la Société canadienne d’athérosclérose et de
l’Association canadienne pour l’hypercholestérolémie familiale. Vous êtes
l’auteur de quelque 400 publications scientifiques qui ont donné un élan à la
médecine moderne.
Vous êtes un des plus grands médecins que le Québec a portés.
Vous avez intégré l’Ordre national du Québec en 2006. Votre décoration vous est
remise aujourd’hui.
Jean Davignon, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de Grand
Officier de l’Ordre national du Québec.
Alban D’Amours
Vous avez été de 1998 à 2008, le président et chef de la direction du Mouvement
Desjardins. Vous avez été un des dirigeants les plus estimés de l’histoire de
cet emblème international du mouvement coopératif.
Sous votre direction, Desjardins s’est fait le porteur des valeurs nouvelles de
développement durable; vous avez consolidé les activités de l’organisation.
Tout en préservant sa distinction fondamentale de mouvement démocratique
propriété de ses membres; vous avez fait de la confiance des épargnants un des
thèmes centraux de votre mandat, notamment par la création du Bureau de la
surveillance et de la sécurité financière.
Votre passage au Mouvement Desjardins a couronné une carrière d’administrateur
public éclatante. Tant au ministère de l’Énergie et des Ressources, qu’au
ministère du Revenu et à l’Université de Sherbrooke, vous avez été un homme de
changement doué d’une rare capacité de mobiliser les gens.
Vous incarnez ce qui fut sous votre gouverne le slogan de Desjardins. En vous se
conjuguent avoirs et êtres.
Alban D’Amours, au nom du peuple québécois, je vous décore de l’insigne de Grand
Officier de l’Ordre national du Québec.
Mesdames, Messieurs les Chevaliers, les Officiers et les Grands Officiers de
l’Ordre national du Québec, je vous félicite pour les accomplissements qui vous
valent ces décorations.
En intégrant l’Ordre national du Québec, vous vous inscrivez dans notre mémoire
collective.
Vous êtes la preuve qu’aucun sommet n’est trop haut pour qui est né ou a grandi
au Québec.
Merci de nous inspirer.
Puissiez-vous tous, incarner encore longtemps l’accomplissement, la réussite et
la valeur.
À tous, une très heureuse Fête nationale.
[CHRST20080619]
[ Allocution du premier ministre du Québec, M. Jean Charest, lors de la cérémonie spéciale de
remise des insignes de l’Ordre national du Québec aux anciens premiers ministres
du Québec
Salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale, le 19 juin 2008 ]
Monsieur le Lieutenant-gouverneur
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Chef de l’opposition officielle,
Madame la Chef du deuxième parti d’opposition,
Mesdames, messieurs les ministres et les députés,
Monsieur le président du Conseil de l’Ordre national du Québec,
Distingués invités,
Chaque année, depuis bientôt 25 ans, l’Ordre national du Québec est remis à des
femmes et des hommes d’exception qui ont contribué au rayonnement du Québec et à
son épanouissement.
En cette année du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec et de
l’établissement à demeure de la civilisation française en terre d’Amérique,
l’Ordre national du Québec a choisit de souligner cette fête en honorant les
premiers ministres qui ont servi les Québécois depuis la création de l’Ordre en
1984.
Hier, nous avons rendu un hommage posthume aux premiers ministres Robert
Bourassa et René Lévesque.
Aujourd’hui, nous décorons les 5 premiers ministres qui sont toujours des nôtres
et qui continuent d’apporter une contribution exceptionnelle à la vie
québécoise.
Chacun d’eux a assumé les responsabilités suprêmes liées à la conduite de notre
nation et à la défense de notre identité.
Chacun d’eux sera élevé au rang de Grand Officier. Il s’agit de la décoration la
plus prestigieuse de l’Ordre national du Québec qui est lui-même la plus haute
distinction remise par le gouvernement du Québec à des citoyens.
Aujourd’hui, je me fais le messager du peuple québécois pour remercier mes
prédécesseurs des services rendus à la nation.
Bernard Landry
Vous êtes diplômé en droit de l’Université de Montréal. Vous avez aussi
poursuivi des études en économie et en finance à l’Institut d’études politiques
de Paris.
Vous intégrez les cercles politiques à l’invitation de René Lévesque. Vous êtes
un de ses conseillers, alors qu’il est ministre des Ressources naturelles dans
le gouvernement de Jean Lesage. Vous êtes ensuite adjoint au directeur général
de la planification du ministère des Richesses naturelles, coordonnateur pour le
Québec du Conseil canadien des ministres des Richesses naturelles, et chargé de
mission au cabinet du ministre de l’Éducation.
Vous joignez le Parti Québécois peu après sa création. À votre troisième
tentative, vous êtes élu dans Fabre en 1976. Jusqu’en 1985, vous occuperez
plusieurs ministères dont celui des Finances.
Lorsque votre parti reprend le pouvoir, en 1994, vous êtes élu dans Verchères.
Vous occupez des fonctions de premier plan. Vous devenez notamment ministre
d’État à l’Économie et aux Finances.
Vous avez été premier ministre du 8 mars 2001 au 29 avril 2003.
Vous avez contribué au développement de l’économie québécoise et à l’édification
du Québec moderne.
Comme ministre des Finances, vous avez été l’artisan de l’atteinte du déficit
zéro.
Comme premier ministre, vous avez mené la bataille du Québec contre le
déséquilibre fiscal.
Vous avez conclu la Paix des Braves, traité historique négocié avec le peuple
Cri qui permettra la poursuite du développement du Québec en partenariat avec
cette première nation.
Vous avez dit : «Quel est le plus grand drame social pour un individu? De ne pas
travailler. […] La dignité de la vie se trouve dans le travail. »
Depuis votre retrait de la vie politique, vous avez renoué avec le droit et
l’enseignement. Vous êtes invité dans des universités d’ici, mais aussi
d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Vous êtes également un
commentateur de l’actualité économique.
Monsieur le premier ministre Landry, au nom du peuple québécois, je vous décore
de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du Québec.
Lucien Bouchard
Vous avez obtenu un baccalauréat ès arts, un baccalauréat en sciences sociales
ainsi qu’une licence en droit de l’Université Laval.
Vous avez pratiqué le droit à Chicoutimi jusqu’en 1985. Vous avez été
ambassadeur du Canada en France. Vous avez présidé le comité responsable de
l’organisation du deuxième Sommet de la Francophonie à Québec en septembre 1987.
Vous avez été élu député de Lac-St-Jean du Parti progressiste-conservateur en
1988, alors que vous étiez déjà secrétaire d’État au gouvernement du Canada.
Après l’élection générale vous êtes devenu ministre fédéral de l’Environnement
et avez, à ce titre, entrepris la création du premier plan de développement
durable au Canada.
Plus tard, vous avez fondé le Bloc Québécois. Vous vous êtes retrouvé dans une
situation unique dans l’histoire canadienne : à la tête d’un parti
souverainiste, vous étiez néanmoins le chef de l’Opposition officielle d’un
parlement fédéral.
Lorsque l’épreuve vous a frappé et que votre vie s’est trouvée menacée, les
Québécois vous ont baigné de leurs prières dans un élan unanime de compassion.
Vos dons de communicateur et de tribun ont fait de vous l’âme passionnée des
forces souverainistes lors de la campagne référendaire de l’automne 1995.
Député du Parti Québécois de Jonquière, vous avez été premier ministre du 29
janvier 1996 au 8 mars 2001.
Comme premier ministre, vous avez redressé les finances publiques, atteint le
déficit zéro et mis en place en service de garde subventionnées.
Vous avez dit : « Les Québécois […] sont tous égaux, il n’y a pas de
distinction de statut, d’appartenance à notre société québécoise du fait qu’on
soit d’une couleur, d’une religion, d’une origine ethnique ou l’autre.»
D’ailleurs, tout au cours de votre vie, vous avez eu à cœur le respect des
droits des minorités.
Depuis votre retrait de la vie politique, vous avez renoué avec la pratique du
droit. Vos rares sorties publiques ont toujours un fort impact. Vous avez
notamment pris la tête d’un groupe de 12 personnalités qui ont publié en
novembre 2005 le « Manifeste pour un Québec lucide », appelant les Québécois de
toute obédience à se retrousser les manches.
Monsieur le premier ministre Bouchard, au nom du peuple québécois, je vous
décore de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du Québec.
Jacques Parizeau
Vous avez fait vos études à l’École des hautes études commerciales à Montréal; à
l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit de Paris; et à la London
School of Economics, en Angleterre, où vous avez obtenu un doctorat en sciences
économiques.
Vous êtes l’un des principaux architectes de notre État moderne. Vous avez été
conseiller des premiers ministres Jean Lesage et Daniel Johnson père.
Vous êtes l’un des artisans de la nationalisation de l’électricité, de la
création de la Société générale de financement, de la Caisse de dépôt et
placement du Québec et de la mise en place de la Régie des rentes du Québec.
Vous avez été élu pour la première fois dans le comté de l’Assomption en 1976.
Vous avez été ministre du Revenu; président du Conseil du trésor, ministre des
Finances, ministre des Institutions financières et ministre de la Culture.
Vous avez été premier ministre du 26 septembre 1994 au 29 janvier 1996, à un
moment charnière de notre histoire.
On vous doit des initiatives économiques marquantes comme le régime
d’épargne-actions et l’appui à la création du Fonds de solidarité de la FTQ.
Votre apport au Québec est considérable. Vous avez été l’un de nos plus
brillants économistes. Vous avez contribué à donner au Québec certains de ses
leviers de développement économique les plus puissants.
Votre travail a contribué à l’émergence d’une génération de gens d’affaires
francophones.
Vous avez donné au Québec les outils dont il avait besoin pour s’affranchir et
devenir une force économique.
Vous avez dit : « Le petit groupe de francophones d’Amérique que nous formons a
une vitalité culturelle étonnante, veut vivre ensemble, en Amérique et dans le
monde, veut s’occuper de ses affaires et veut avoir avec le reste du monde des
liens et des rapports que la vie moderne impose parfois, et facilite souvent. »
Monsieur le premier ministre Parizeau, au nom du peuple québécois, je vous
décore de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national du Québec.
Daniel Johnson
Vous êtes le fils d’une incroyable famille d’origine irlandaise qui a donné au
Québec trois premiers ministres de trois partis différents, ce qui est
probablement unique dans toute l’histoire du monde démocratique.
Vous êtes licencié en droit de l’Université de Montréal, titulaire d’un doctorat
en droit de l’Université de Londres et d’un MBA du Harvard Business School.
Vous avez été élu pour la première fois député du Parti libéral du Québec de
Vaudreuil-Soulanges en 1981.
Vous avez été successivement ministre de l’Industrie et du Commerce; ministre
délégué à l’Administration et à la Fonction publique; président du Conseil du
trésor, puis premier ministre du 11 janvier au 26 septembre 1994.
Vous avez aussi été chef de l’opposition officielle de 1994 à 1998.
Vous avez toujours été un partisan de l’ouverture économique. Vous avez porté
l’adhésion du Québec au libre-échange avec les États-Unis. Et comme premier
ministre, vous avez négocié et signé l’historique Accord sur le commerce
intérieur qui a redéfini les règles du marché commun canadien.
Cet accord porte votre vision d’un fédéralisme moderne, participant à la
prospérité économique du Québec et respectueux des champs de compétence de
l’Assemblée nationale.
Vous êtes un homme de justice et d’équité. Dans un contexte économique
difficile, vous avez négocié la première entente inspirée du principe de
l’équité salariale avec des infirmières.
Vous avez dit : « Je tenais à assurer la place de mes concitoyens en Amérique en
améliorant la place que nous occupons et le rôle que nous jouons à l’intérieur
du Canada. »
Vous êtes aujourd’hui avocat, spécialiste des relations entre les entreprises et
les pouvoirs publics. Vous êtes aussi un médiateur habile à dénouer des dossiers
complexes et un des grands spécialistes du droit corporatif. Vos conseils sont
recherchés à travers le Canada.
Vous continuez de rendre de fiers services à l’État. En 2004, vous avez
coprésidé une commission du gouvernement du Québec sur l’implantation des
centres hospitaliers universitaires de Montréal.
Monsieur le premier ministre Daniel Johnson, au nom du peuple québécois, je vous
décore de l’insigne de Grand officier de l’Ordre national du Québec.
Pierre Marc Johnson
Vous êtes le deuxième premier ministre de cette incroyable famille.
Vous êtes diplômé en droit de l’Université de Montréal et en médecine de
l’Université de Sherbrooke.
Vous avez été élu pour la première fois en 1976 comme député du Parti Québécois
dans la circonscription d’Anjou.
Vous avez été successivement ministre du Travail et de la Main-d’œuvre; ministre
des Consommateurs, des Coopératives et des Institutions financières; ministre
des Affaires sociales; ministre de la Justice et Procureur général; puis
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes. C’est à ce
titre que vous avez présenté, en 1984, le projet de loi créant l’Ordre national
du Québec.
Vous avez été premier ministre du Québec du 3 octobre au 12 décembre 1985, puis
chef de l’opposition officielle jusqu’en novembre 1987.
On vous doit notamment une des plus ambitieuses réformes du Code du travail.
Vous êtes l’homme derrière la Loi anti-briseurs de grève, l’établissement de
conditions minimales de travail, les congés de maternité.
Vous êtes aussi celui qui a fait que le Québec devienne un membre à part
entière, tel un État, de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Vous avez dit : « Notre peuple est minoritaire sur ce continent. S’il veut
survivre, il est condamné à se développer constamment avec originalité, avec
patience et acharnement. »
Vous prêchez par l’exemple.
Avocat, vous êtes aujourd’hui reconnu bien au-delà des frontières du Québec pour
votre rare expertise dans les domaines du commerce international, des
négociations et des partenariats internationaux ainsi que du droit de
l’environnement et du droit de la santé.
Vous êtes reconnu mondialement pour votre expertise et votre leadership sur le
plan environnemental.
Vous avec continué de rendre de fiers services à l’État. Vous avez été
négociateur en chef du gouvernement du Québec dans le dossier du bois d’œuvre
opposant le Canada et les États-Unis.
Plus récemment, vous avez présidé la Commission sur l’effondrement du viaduc de
la Concorde. Votre rapport a inspiré de nombreux gouvernements à travers le
monde qui sont confrontés, comme celui du Québec, à un vieillissement des
infrastructures publiques.
Monsieur le premier ministre Pierre Marc Johnson, au nom du peuple québécois, je
vous décore de l’insigne de Grand officier de l’Ordre national du Québec.
Mesdames, Messieurs,
En intronisant Pierre Marc Johnson, Daniel Johnson, Jacques Parizeau, Lucien
Bouchard et Bernard Landry au sein de notre panthéon qu’est l’Ordre national du
Québec, nous reconnaissons leur apport exceptionnel au développement et au
rayonnement de notre peuple.
Dans nos mémoires, il y a sans doute des souvenirs des adversaires d’un autre
temps. Mais ce qui vous unit est infiniment plus grand que ce qui vous a divisés
: l’attachement à ce peuple unique et la volonté inébranlable de participer à
son avancement et à son épanouissement.
Vous méritez tous votre place dans notre mémoire.
J’ai aujourd’hui le privilège de parler au nom du peuple Québécois pour vous
exprimer notre gratitude, notre admiration et notre affection.
C’est grâce à vous messieurs les premiers ministres que notre nation a su
inscrire dans le grand livre de l’humanité, notre merveilleuse histoire.
[CHRST20080703]
[Allocution du premier ministre du Québec, Jean Charest, à l’occasion de
l’événement Salut à Champlain
Québec, le 3 juillet 2008 ]
Excellence, la Gouverneure générale du Canada,
Monsieur le Premier Ministre du Canada,
Monsieur le Premier Ministre de la République française,
Monsieur l’ancien Premier Ministre français, Sénateur de Vienne et Président
des fêtes du 400e,
Monsieur l’ancien Premier Ministre français et Maire de Bordeaux,
Monsieur le Ministre des Affaires européennes d’Irlande,
Monsieur le Sénateur du Vermont,
Monsieur le Gouverneur du Vermont,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis ici pour rendre hommage au fondateur de Québec, et à travers
lui c’est à ses héritiers que nous rendons hommage.
C’est à ces femmes et à ces hommes qui ont perpétué son rêve, qui se sont faits
le relais de son audace, qui se sont transmis, de génération en génération, sa
ténacité, son courage et sa détermination.
En rendant hommage à Samuel de Champlain, nous saluons ceux qui ont fait de son
Abitation l’une des plus belles villes du monde, et de son premier rempart un
État moderne.
Il y a 400 ans, un découvreur est venu, et aujourd’hui, c’est une nation qui le
salue. Cette nation le salue dans sa langue, cette langue que Champlain a
apportée dans ses bagages et que nous avons depuis 400 ans fait fleurir. C’est
notre héritage le plus précieux, notre lien avec nos origines et notre
passerelle vers l’avenir.
En Samuel de Champlain, nous reconnaissons aujourd’hui les qualités qui forgent
notre peuple. C’est plus qu’une ville qu’il a fondée, c’est une manière de vivre
en Amérique.
Fils de capitaine, cartographe, explorateur, auteur, Samuel de Champlain n’a
jamais abandonné… comme les Québécois d’aujourd’hui.
Il a encaissé les épreuves. Il a connu l’échec d’un établissement à l’île de
Sable; il a dû renoncer à Port-Royal; il a perdu les trois quarts de ses
hommes au premier hiver, mais il s’est toujours relevé… comme les Québécois
d’aujourd’hui.
Il a fondé une des plus belles villes au monde, et il a inscrit l’histoire du
peuple québécois dans le grand livre de l’humanité.
Il a remonté « le chemin qui marche », c’est ainsi que les Algonquins
appelaient le
Saint-Laurent. Il a découvert un lac magnifique qui porte encore son nom. Il
est allé vers les Pays d’En-Haut, il a reconnu le Saguenay, balisé le
Saint-Maurice, cartographié le relief de Montréal. Il a ouvert la voie aux
autres qui ont étendu l’empire français d’Amérique des brumes de Terre-Neuve
aux bayous de la Louisiane.
Champlain a repoussé les limites du monde… comme les Québécois d’aujourd’hui qui
les repoussent à force de créativité et de génie.
Ses récits parlent des alliances avec les Premières Nations, de son désir de
les comprendre, mais aussi de les respecter. Champlain était un homme
d’ouverture… comme les Québécois d’aujourd’hui.
Il y a 400 ans, jour pour jour, Champlain a foulé le sol au pied du cap Diamant.
Ce jour-là allait passer à l’histoire comme celui de la fondation d’une ville;
une ville qui allait elle-même devenir le berceau de notre nation.
Quatre siècles plus tard, nous avons encore en nous, bien vivante, son énergie,
sa fougue et sa foi en l’avenir. Il y a 400 ans donc, un découvreur est venu, et
aujourd’hui c’est une nation qui le salue.