Discours du trône, Québec, 18 janvier 1944

Adélard Godbout, 1939-1944

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Depuis la dernière session, notre vieille capitale a été le siège d’une conférence qui marquera dans l’histoire une des importantes étapes du conflit mondial dont nous avons lieu d’espérer la fin prochaine. Des témoignages significatifs ont été rendus à notre province. Pendant que le président des États-Unis citait en exemple aux autres pays les relations harmonieuses que deux grandes races s’appliquent à entretenir en les faisant découler d’un principe d’égalité, le premier ministre de Grande-Bretagne retrouvait sur nos rives le fondement des libertés qui doivent rester à jamais, dans notre pays, à l’abri des mouvements totalitaires.

La province a aussi eu l’honneur de recevoir le président de la République d’Haïti et plusieurs délégations de l’Amérique du Sud.

Malgré les difficultés d’exploitation que cause la pénurie de main-d’œuvre nos agriculteurs, dans un remarquable esprit de solidarité et d’assistance mutuelle, ont donné un effort généreux et admirablement servi les intérêts de la collectivité. Le gouvernement s’est employé à les aider en leur facilitant les travaux de drainage et l’usage de tracteurs. Nos éléments ruraux sont une source de bien-être moral et matériel. Ce motif porte mon gouvernement à amplifier la politique déjà élaborée pour améliorer le sort du paysan, lui procurer un enseignement adapté à ses besoins, effectuer une meilleure répartition régionale des cultures, créer de nouvelles industries agricoles et agrandir le domaine qui enracinera notre peuple au sol.

La mécanisation du défrichement permet à nos colons d’obtenir un prompt rendement de leurs terres. Dès que la désaffectation de nos usines de guerre lui assurera la machinerie voulue, le gouvernement se propose de fournir aux colons, en des centres de rayonnement, un outillage assez considérable pour qu’ils l’utilisent à tour de rôle sans avoir à subir de retards. Au point de vue éducatif, religieux et social, aussi bien qu’économique, le gouvernement s’emploie, dans un plan d’ensemble, à mieux relier nos établissements dans les régions neuves. Des services médicaux bien agencés et la proximité d’hôpitaux aideront à maintenir la glorieuse tradition des familles nombreuses. Pour que tous puissent franchir rapidement le stage qui sépare le colon du cultivateur, des crédits seront placés à leur disposition en vertu d’une loi qui sera soumise à votre approbation. Par ailleurs, le ministre de la colonisation, qui vient déjà au secours des chefs de famille rendus inaptes au travail par suite d’accident ou de maladie, augmentera les allocations mensuelles tant que dureront les conditions actuelles de vie en tenant comptes du nombre d’enfants dont l’invalide nécessiteux est le soutien.

En rendant la fréquentation scolaire obligatoire, le gouvernement a inauguré une ère de réformes qui répondront aux vœux de tous les esprits soucieux de perfectionner notre enseignement. Déjà les parents s’intéressent davantage à l’éducation de leurs enfants. Ils ambitionnent de les diriger vers nos écoles d’enseignement spécialisé. Une vingtaine de nouvelles écoles du soir ont été organisées, de même que plusieurs nouveaux centres d’orientation artisanale.

Le gouvernement s’est attribué la tâche de généraliser l’enseignement de l’hygiène et de le rendre plus pratique. Plusieurs organismes ont été coordonnés à cette fin. Le service d’hygiène. étendra ses activités dans nos régions de colonisation.

La commission d’assurance-maladie sera d’un précieux concours pour résoudre les problèmes de sécurité sociale. Afin de remédier à la crise du logement, le gouvernement s’occupe de donner suite à divers projets de nature à activer la construction d’habitations. La multiplicité des petits propriétaires est un élément de stabilité et un facteur de progrès social.

Mon gouvernement se propose de continuer à promouvoir les intérêts de l’industrie et du commerce. Dès que les circonstances s’y prêteront, il augmentera le nombre de nos agences commerciales, qui prennent de plus en plus d’importance. Notre vie économique bénéficiera, en même temps que le tourisme, de l’impulsion qu’a reçue notre service de publicité.

Nos pêcheries maritimes, dont l’exploitation a été intensifiée pour répondre aux besoins des Nations Unies, jouissent d’une prospérité inconnue jusqu’ici. L’inspection rigoureuse que nous avons instituée a rehaussé la réputation de nos produits. Ne se bornant pas à faciliter l’entreposage, la congélation, la salaison et la mise en conserve, mon gouvernement désire protéger les pêcheurs contre les pertes onéreuses auxquelles les exposent le vent et les tempêtes. Mon gouvernement se propose également d’établir une école moyenne de pêcheries dans la Gaspésie.

Les activités minières, qui justifient les initiatives du gouvernement dans ce domaine, procureront de l’emploi dans la période d’après guerre.

Une étude approfondie de la distribution de l’électricité a démontré la nécessité d’opérer des réformes pour assurer aux citoyens de cette province le service de l’électricité aux conditions avantageuses qu’offrent ailleurs les entreprises étatisées. L’organisation d’une hydro provinciale est le seul moyen de résoudre le problème de l’abaissement des tarifs et celui de l’électrification rurale. Vous serez appelés à voter une loi à cet effet. Le projet comportera notamment la nationalisation de l’entreprise de production et de distribution d’électricité qui dessert la métropole.

Des travaux considérables de voirie Ont été exécutés dans toutes les régions de la province au cours de cette dernière année. Sur une longueur totale de 3,000 milles, des chemins ont été construits, refaits ou améliorés. Le programme de 1944 accélérera le développement de notre réseau routier.

Faute de main-d’œuvre et de matériaux, certains travaux publics ont été forcément retardés. Le gouvernement a procédé toutefois à l’érection de plusieurs ponts indispensables. Mû par l’intérêt public, il vous demandera d’approuver la construction de nouveaux ponts et l’exécution d’autres travaux importants.

Pour parer aux dangers de l’incendie, le gouvernement a fourni à soixante-dix municipalités les moyens d’installer ou d’améliorer leurs systèmes de protection.

La législation sociale faisant l’objet de son premier souci, mon gouvernement se propose de créer une commission de relations ouvrières. Pour que notre population ne soit pas à la merci de dangereux conflits, vous serez priés d’étudier l’opportunité d’apporter des modifications à notre législation ouvrière.

Souhaitant rendre l’administration de la justice plus expéditive et en diminuer les frais, mon gouvernement a l’intention de procéder à la refonte du code de procédure civile.

L’amélioration remarquable et constante des finances provinciales suscite les commentaires les plus favorables en notre pays et à l’étranger. Mon gouvernement en fera bénéficier les contribuables en réduisant certaines taxes et, en particulier, la taxe de vente.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les comptes du dernier exercice seront déposés devant vous.

Vous serez priés de voter les crédits requis pour la prochaine année fiscale.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur diverses matières d’ordre public. Je demande à la divine Providence de guider vos délibérations et de vous aider à faire régner la justice et le bien-être parmi la population.

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