Autres discours officiels (1999-2003)

[CChrétien=19990401a]
[lieu=nuna]

Tout d’abord, j’aimerais vous transmettre les salutations de mon
épouse, Aline.

Elle tenait vraiment à être ici. Malheureusement, l’un de nos
petits-enfants a été impliqué dans un accident, et Aline a dû se
rendre à son chevet. Mais elle m’a dit « Jean, assure-toi de
transmettre mes salutations . » Et je fais toujours ce qu’elle me
dit.

Cette journée est tout aussi importante pour elle qu’elle l’est pour
moi.

Elle était à mes côtés à l’époque où j’étais ministre des Affaires
indiennes. Cette expérience nous a ouvert les yeux sur de nombreux
aspects de la vie dans le Grand Nord. La richesse de la culture
inuit. La gentillesse des gens. Leur attachement profond à la beauté
farouche du territoire et aux traditions de leurs ancêtres. Et au
rêve de créer le Nunavut. Un rêve partagé par un grand nombre de
personnes.

Je garde un souvenir inoubliable de mon expérience. Et les mots ne
suffisent pas pour exprimer le bonheur que j’éprouve d’être premier
ministre au moment où ce rêve devient réalité.

Nous avons aujourd’hui l’énorme privilège de participer à un moment
historique. Il s’agit d’une occasion aussi rare que précieuse. Dans
cinquante ans, les livres d’école des enfants feront état de cette
journée. Et nos familles pourront dire que nous y étions. Le jour où
nous avons redessiné ensemble la carte du Canada. Et où nous avons
contribué à concrétiser le destin tant attendu des gens de
l’Arctique de l’Est.

D’un trait de plume, nous mettons aujourd’hui un terme à un très
long processus. Un processus lancé il y a trente ans par des chefs
de file tels que Tagak Curley et Jose Kugasak, et auquel ont
contribué des gens comme John Amagoalik, Rosemary Kuptana et Jack
Anawak. Et qui est mené à terme aujourd’hui en présence du chef de
gouvernement le plus récemment élu du Canada, Paul Okalik.
J’ai fait au moins un bout de chemin avec vous. En jetant les bases
de la première assemblée législative totalement élue des Territoires
du Nord-Ouest. En donnant aux gens de l’Arctique de l’Est une voix
au chapitre lorsqu’il est question de leurs affaires et de leur
avenir.

En contribuant à la création de la réserve de parc national de
Auyuittuq, la première à être créée sur le territoire de ce qui est,
aujourd’hui, le Nunavut. Et en aidant à amorcer un partenariat qui a
fait en sorte que les Inuit et le gouvernement du Canada travaillent
maintenant ensemble afin de protéger pour toujours la beauté
diversifiée du Grand Nord, dans le cadre de notre réseau
mondialement reconnu de parc nationaux.

Et c’est avec beaucoup d’admiration et de respect que j’ai observé
les gens du Nunavut à mesure qu’ils exerçaient de plus en plus leur
autorité et qu’ils démontraient leur détermination de bâtir un
nouveau territoire dynamique.

Tout au long de cette période et de ce processus, les Canadiens du
Sud ont évolué vers la reconnaissance du droit des gens du Nord de
contrôler leur propre destin. En tant que nation, nous avons compris
que notre pays est composé de différentes communautés, chacune avec
une identité et des valeurs qui lui sont uniques. Des valeurs qui
enrichissent et renforcent ce projet commun que nous nommons le
Canada. C’est pour moi une source de grande fierté que le Canada
démontre une fois de plus au monde, à travers la création du
Nunavut, combien nous apprécions les peuples et les cultures qui
composent notre pays.

Le nouveau gouvernement du Nunavut sera le reflet de cette
diversité, car il fusionnera les meilleures traditions inuit et un
système moderne et public de gouvernement transparent et
responsable.

Il ne fait aucun doute que des défis de taille attendent ce
gouvernement. Mais nous ne serions pas ici aujourd’hui si les gens
du Nord n’étaient pas imaginatifs et persévérants. Je suis convaincu
que la jeune et dynamique population du Nunavut est prête à relever
tous les défis.

Cette journée est une source de grande réjouissance pour moi, pour
les Inuit et pour le Canada.

Certains des anciens parmi nous se rappelleront peut-être d’un
voyage qu’Aline et moi avons fait dans le Grand Nord il y a de cela
près de trente ans. Nous accompagnions alors Sa Majesté la Reine
Elizabeth. On m’avait demandé d’entonner l’Ô Canada, ce que j’ai
fait dans la seule version que je connaissais, c’est-à-dire
en français. Je pense que personne, y compris Sa Majesté, n’oubliera
cette performance solo.

Je suis heureux aujourd’hui. Mais je vous promets que je ne
chanterai pas.

Mesdames et messieurs, le Nunavut vous appartient. Vous possédez
maintenant les instruments pour bâtir votre avenir. Je vous invite à
vous retrousser les manches, à vous mettre au travail, et à faire en
sorte que le Nunavut réalise son plein potentiel. Pour vous et pour
vos enfants.

Vive le Nunavut! Vive le Canada!

[CChrétien=19990401B]
[lieu=nuna]
C’est au peuple du Canada tout entier que vous avez fait honneur en
m’invitant à m’adresser à l’assemblée législative du Nunavut à
l’occasion de sa toute première séance.
Je tiens tout d’abord à féliciter l’honorable Paul Okalik d’avoir
gagné la confiance de ses collègues lors des récentes élections.
C’est un grand privilège de siéger comme chef du gouvernement. Cette
haute responsabilité représente aussi une occasion exceptionnelle de
façonner les orientations du gouvernement et de modeler l’avenir
d’un peuple.
Chacun des députés à cette honorable assemblée mérite également des
éloges. Vous passerez à l’histoire à titre de membres du premier
gouvernement du Nunavut. Les résidents du Nunavut vous ont accordé
leur confiance. Une telle décision ne se prend jamais à la légère.
Et encore moins lorsqu’un peuple se trouve à l’aube d’un nouvel
avenir.
Je n’ai jamais perdu de vue cet aspect fondamental de toute charge
élective, en 36 ans de vie publique. Quel que soit le poste, quel
que soit le titre, même celui de premier ministre du Canada, nous
sommes au service des gens. Nous devons nous montrer dignes de leur
confiance. Et placer leurs espoirs et leurs rêves au-dessus de tout.
Même s’il faut travailler nuit et jour pour réaliser ces rêves.
Gouverner et se faire élire sont deux choses très différentes. C’est
une leçon que j’ai apprise dès mon arrivée sur la colline du
Parlement. L’ivresse de la victoire fait vite place à la réalisation
de la somme énorme de travail à accomplir.
Au moment où le Nunavut prend son envol, vous avez d’immenses défis
à relever. Qu’il s’agisse d’instruire votre population en pleine
croissance, d’atténuer la pauvreté et la dislocation sociale ou
d’accroître les moyens d’action de votre gouvernement devant ces
défis, vous avez du pain sur la planche. Il vous faudra de la
patience, de la créativité et beaucoup d’énergie pour y arriver.
Heureusement, la population du Nunavut possède ces qualités en
abondance. Votre nouveau chef de gouvernement et son cabinet sont
exemplaires à cet égard.
Vous avez aussi un autre atout : vous pouvez vous inspirer du
meilleur de deux mondes. Les enseignements et les valeurs de la
tradition inuit, légués de siècle en siècle, une structure
gouvernementale moderne et l’accès aux technologies de pointe.
Contrairement au Grand Nord d’autrefois, celui d’aujourd’hui n’est
plus l’otage de la géographie ni du climat. Il est branché sur le
monde et peut profiter des occasions de croissance et de
développement de l’ère électronique.
Je suis persuadé que vous saurez trouver les solutions que vous
cherchez. Que vous saurez miser sur ces atouts. Fixez-vous un
programme réalisable et mettez l’accent sur les questions auxquelles
votre population attache le plus d’importance.
Je tiens à vous assurer que le gouvernement du Canada compte
demeurer pour vous un partenaire actif et favoriser le passage en
douceur à un nouveau millénaire.
Je voudrais également rappeler que votre expérience profitera à la
société canadienne au-delà des frontières de ce nouveau territoire.
Nous tiendrons compte de vos idées et de vos points de vue au sujet
de questions d’intérêt national. Votre perspective unique en tant
que citoyens du Grand Nord et votre façon de rechercher le consensus
seront précieuses dans un contexte où les gouvernements partout au
Canada travaillent ensemble dans l’intérêt commun.
De même que le kudlik a été pour votre peuple un flambeau de
l’espoir et une source de lumière, votre présence sur la scène
nationale nous éclairera dans nos efforts en vue de bâtir un pays
plus fort.
Le Nunavut illustre que la force réside dans la diversité. Que plus
le gouvernement est près de la population, mieux il fonctionne. Que
nous ne ferons de progrès comme nation que le jour où nous
progresserons ensemble.
Pour moi qui ai toujours aimé le Grand Nord et eu à coeur les
intérêts des gens du Nord, voir naître le gouvernement du Nunavut
m’apporte une grande satisfaction personnelle et professionnelle.
En fait, l’une des plus grandes sources de fierté de mon mandat de
ministre des Affaires indiennes fut ma participation à la création
de la première assemblée législative entièrement élue des
Territoires du Nord-Ouest. C’était une étape importante vers
l’établissement du Nunavut.
Je place de grands espoirs dans les hommes et les femmes ici
présents. Je suis convaincu qu’en vous appuyant sur votre riche
patrimoine autochtone, en restant fidèles à vos électeurs et en
accueillant l’appui et les encouragements de tous les Canadiens,
vous ferez du Nunavut un grand succès.
Ce sera passionnant pour moi de voir votre rêve du Nunavut prendre
forme au cours des jours et des années à venir.
Et je chercherai l’inukshuk par lequel vous montrerez le chemin.

[CChrétien=19991231]
[lieu=ottawa]

Chers Canadiens,
L’horloge vient de sonner minuit dans la ville historique de St.
John’s. Le Canada vient d’entrer en l’an 2000. Les gens de
Terre-Neuve et du Labrador sont venus compléter la grande famille
canadienne au XXe siècle. Et ce soir, ils nous ouvrent la voie du
XXIe.
Or le Canada a réuni toutes les conditions de la réussite au cours
du nouveau siècle qui commence.
En fait, le Canada est déjà une très grande réussite. Nos auteurs.
Nos poètes. Nos artistes. Nos athlètes. Nos chercheurs
scientifiques. Nos professeurs. Nos casques bleus. Les talents des
Canadiens et les valeurs canadiennes sont reconnus dans le monde
entier.
Le Canada est un pays moderne et prospère. Un pays de partage et de
tolérance. Un pays où règnent la liberté et la justice sociale. Un
pays possédant deux langues officielles. Une terre d’accueil où des
immigrants du monde entier se sont joints aux Premières Nations. Un
pays formé de provinces dynamiques. Mais, surtout, de fiers
Canadiens et Canadiennes. Un pays dont l’esprit de solidarité est
inscrit dans ses origines difficiles.
Nous sommes un pays du Nord, où l’hiver et le froid ont forgé cet
esprit d’entraide qui caractérise notre peuple. Un peuple fait d’un
peu tous les peuples de la terre. Une grande démocratie, qui place
le respect des différences et la recherche du compromis au cœur de
sa vie collective.
Or, ce pays qui est le nôtre, n’oublions jamais que nous le devons
au travail acharné de tous ceux et celles qui l’ont bâti patiemment,
un jour à la fois, une année à la fois. C’est grâce aux générations
précédentes de Canadiens que nous pouvons aujourd’hui envisager
notre avenir avec autant d’optimisme et d’enthousiasme.
Ils nous ont légué un rêve exigeant et une immense responsabilité.
Celle de donner un sens à leur travail acharné et de mériter, à
notre tour, ce pays extraordinaire à qui tout réussit. Ce pays – ce
Canada, des millions de gens à travers le monde donneraient tout ce
qu’ils ont pour venir le partager avec nous.
Nous, les Canadiens, formons le peuple le plus privilégié de la
terre. Et nous entamons l’an 2000 avec tous les moyens pour bâtir un
avenir encore meilleur, aux possibilités infinies, pour nous-mêmes
et les générations à venir.
Bienvenue donc en l’an 2000. Bienvenue à l’avenir où tout est
possible. De la part d’Aline, mon épouse, et de toute ma famille, je
vous souhaite à tous et à toutes, une bonne et heureuse année 2000.
Merci beaucoup et vive le Canada!
[CChrétien=19990701]
[lieu=ottawa]

Mes chers concitoyens,
Le jour de la Fête du Canada tombe toujours à point. Il arrive en
même temps que les premiers souffles de la belle saison. Au moment
où la plage, ou notre chalet, nous appellent. Et au moment où les
jeunes Canadiens, partout au pays, ressentent encore le bonheur
d’avoir fini leurs études; cet unique sentiment de fierté et
d’espoir pour l’avenir, pour la prochaine étape.
C’est le temps, en somme, de faire la fête; et chaque année, peu
importe le temps qu’il fait, cette journée est une grande fête!
Mais cette année, la Fête du Canada est vraiment une journée à part.
Elle est sans pareille, tant pour les gens rassemblés ici, sur la
colline parlementaire, que pour tous les Canadiens de Vancouver à
St-John’s et à Iqaluit. Car cette Fête du Canada se situe à
mi-chemin de la dernière année du vingtième siècle, et de ce
millénaire.
Il ne reste que 184 jours à un millénaire qui a commencé il y a de
cela plus de 36000 jours. À un siècle où s’est exprimé l’incroyable
potentiel des êtres humains à faire le bien comme le mal. Un siècle
marqué par les extrêmes. Par des atrocités sans nom et par de vastes
progrès. Par la pauvreté absolue et par la richesse sans limites.
Par des actes d’une immense cruauté et d’autres d’une grande
compassion.
Un siècle au cours duquel le Canada – à certains égards, un pays de
taille modeste – s’est fait une très grande place!
Je suis très heureux de m’adresser aujourd’hui aux finissants du
vingtième siècle au Canada. À la promotion de 1999. À des hommes et
des femmes
qui ont relevé avec passion le défi que nous a lancé Wilfrid Laurier
: de faire en sorte que ce siècle appartienne au Canada. Un défi qui
a été relancé, d’un succès à l’autre, en dépit des épreuves et des
difficultés, par chaque génération depuis le début du siècle.
Je suis heureux de vous dire que Laurier aurait toutes les raisons
d’être très fier s’il était parmi nous aujourd’hui. Car le Canada a
relevé son défi. Et son rêve a pris forme d’une manière que même
Laurier n’aurait pu imaginer.
Nous avons bâti l’un des pays les plus prospères et les plus
diversifiés au monde. Le partenariat fondateur des cultures
française et anglaise, ainsi que notre fier patrimoine autochtone,
ont été constamment enrichis de l’apport de groupes venus du monde
entier.
En tant que peuple, nous avons compris que notre pays est composé de
différentes communautés, chacune avec une identité et des valeurs
qui lui sont propres. Des valeurs empreintes de générosité et
d’ouverture. Des valeurs qui nous enrichissent et nous rapprochent,
dont nous avons favorisé le développement grâce à notre flexibilité
et à notre capacité d’adaptation.
Notre décision de faire de l’année 1999 l’Année canadienne de la
Francophonie témoigne de notre optimisme et de la force de nos
convictions. Tout comme la création de notre plus récent territoire,
le Nunavut. Ainsi que notre célébration du 50e anniversaire de
l’entrée de Terre-Neuve et du Labrador dans notre famille
canadienne.
Nous avons bâti un pays qui ne s’est pas seulement contenté de créer
des conditions de prospérité et de réussite. Nous avons également
compris que ces conditions sont sans valeur à moins d’être
accessibles à tous, et qu’aucun d’entre nous ne peut progresser si
nous ne progressons pas tous ensemble. Et c’est ensemble, en tant
que partenaires, que nous avons mobilisé nos énergies et nos
ressources pour construire un réseau de programmes qui offre aux
Canadiens l’aide dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin.
Sur la scène internationale, le Canada a été un fidèle défenseur de
la liberté, de la justice et de la paix. À la manière de gens comme
Lester Pearson, nous avons oeuvré à la création d’institutions
internationales et de lois qui donnent priorité à la sécurité
humaine. Une tradition qui a été soulignée cette année par l’entrée
en vigueur de la Convention d’Ottawa interdisant les mines
antipersonnel.
À plusieurs reprises, nous avons vu nos fils et nos filles se porter
volontaires et risquer leur vie pour défendre nos valeurs. Nos
soldats ont combattu dans deux terribles guerres mondiales, en
Corée, ainsi que dans d’innombrables points chauds du globe.
Je veux vous parler aujourd’hui du plus récent de ces combats : le
conflit au Kosovo. Ce conflit n’a pas été très long, mais il a mis
en relief à la fois le meilleur et le pire de ce que le vingtième
siècle nous a réservé.
D’un côté, la terrible détermination d’un régime à mettre un terme à
un conflit millénaire par la brutalité. Par une campagne terrifiante
de nettoyage ethnique contre des hommes, des femmes et des enfants
sans défense. De l’autre, la volonté de justice de la communauté des
nations. Notre refus collectif de rester passivement témoins du
massacre et de la dépossession d’un peuple.
Ce conflit était une épreuve de détermination que l’humanité ne
pouvait pas – ne devait pas – perdre. Notre victoire aux côtés de
nos alliés de l’OTAN nous permet d’espérer que les leçons sanglantes
de ce siècle nous ont vraiment appris l’importance de résister à
l’agression sous toutes ses formes.
Je vous demande de joindre votre voix à la mienne pour saluer nos
pilotes et de leurs équipages, dont le courage et la compétence nous
ont fait honneur dans les cieux dangereux de la Yougoslavie. Et pour
souhaiter bonne chance aux troupes canadiennes qui sont à
l’avant-garde de la Force du Kosovo.
Chers concitoyens. Chers finissants de la promotion de 1999. Je vous
félicite.
Par notre travail acharné, par notre vision courageuse et par nos
valeurs empreintes de générosité, nous avons répondu à l’appel de
Laurier. Nous avons inscrit le nom du Canada au tableau d’honneur du
vingtième siècle.
Nous avons réussi là où d’autres ont échoué parce que nous nous
sommes permis de rêver grand. Julie Payette, qui est avec nous
aujourd’hui, symbolise cette attitude. Mesdames et Messieurs,
l’immense succès de cette jeune femme, c’est celui de sa
détermination à poursuivre son rêve sans jamais se décourager,
quelles que soient les difficultés. Elle a réussi non seulement à
nous faire partager son rêve, mais aussi à nous donner envie de
rêver nous aussi. Et de nous dépasser pour réussir.
Or le Canada, c’est exactement cela : un grand rêve plein de
promesses qu’il nous reste encore à réaliser.
À l’aube d’un siècle nouveau, nous avons tous l’obligation de
préserver et d’enrichir le grand rêve canadien. De le léguer aux
enfants du prochain siècle pour qu’ils le portent encore plus loin,
comme Laurier l’avait fait au début de notre siècle. Nous devons
continuer de bâtir un pays où les rêves aujourd’hui impensables
deviendront, pour eux, une réalité.
Un Canada qui demeure, aujourd’hui et pour toujours, le meilleur
pays au monde!
Bonne Fête du Canada

[CChrétien=19990303]
[lieu=ont]

Les bonnes clôtures font les bons voisins, dit-on.
Cette phrase proclame l’affirmation positive de la propriété et de
l’identité, de même que le caractère distinctif – que tout bon
voisin doit respecter.
À travers l’histoire de l’humanité, la tâche de tracer et de
contrôler les frontières a toujours fait partie intégrante de la
conduite des affaires de l’État. Et il va de soi que la protection
d’identités et de valeurs uniques restera toujours une mission
essentielle des gouvernements.
Toutefois, à l’aube du 21e siècle, dans notre monde de plus en plus
« branché » – avec l’émergence d’une économie véritablement mondiale
et d’un village planétaire – il est clair que les bons ponts font
les bons voisins.
Ce principe touche au coeur du processus d’engagement mutuel qui,
plus que jamais, rapproche les Amériques – pas seulement en tant que
communauté de nations, mais aussi dans un esprit de bon voisinage.
Le thème retenu – Rassembler les Amériques – montre que le Cinquième
Forum des gens d’affaires des Amériques est clairement de son temps.

Les gens d’affaires des quatre coins de l’hémisphère se sont donné
rendez-vous pour renouer des liens d’amitié, établir des contacts,
échanger des vues et partager leurs expériences entre eux et avec
leurs ministres du Commerce.
Cette année, pour la première fois, le Forum prend en considération
les vues des gens de l’extérieur des milieux d’affaires en tenant un
débat d’experts sur le commerce et la société civile dans le nouveau
millénaire.
C’est là une innovation importante, qui deviendra, je l’espère,
pratique courante à l’occasion des futurs forums.
Afin de donner l’occasion aux organisations non gouvernementales,
aux milieux de l’enseignement et à d’autres membres de la société
civile de faire entendre leurs points de vue, le Canada a également
appuyé la tenue ici à Toronto d’un forum parallèle de la société
civile.
J’ai aussi constaté avec plaisir que les femmes entrepreneures ont
participé en grand nombre au Forum. Elles ont ainsi su jeter leur
propre éclairage sur les questions à l’ordre du jour.
Le Canada appuie fermement le principe de l’égalité des sexes en
Amérique et dans le monde entier. Et nous considérons que nous avons
l’obligation commune de faciliter pour les femmes la participation
aux décisions politiques et économiques.
J’espère que les futurs forums s’inspireront de celui de cette
année. Et qu’ils s’ouvriront encore davantage. Par exemple, nous
pourrions envisager des moyens de tirer parti de l’énergie et des
talents des Autochtones et des jeunes.
Je suis particulièrement fier, en tant que premier ministre du
Canada et citoyen d’Amérique, de souligner que le Forum des gens
d’affaires, tout comme la réunion ministérielle, reflètent la riche
diversité qui caractérise mon pays et notre hémisphère.
Nous devons travailler ensemble afin de protéger cette diversité.
Nous devons reconnaître que les produits et les services culturels
sont beaucoup plus que de simples marchandises. Ils touchent à cet
élément fondamental et indéfinissable qu’est notre identité. Pour
cette raison, le Canada est convaincu que toutes les nations
pourraient bénéficier de règles leur permettant de mettre en oeuvre
des politiques de préservation et de promotion de la diversité
culturelle. Des règles qui respecteraient celles du système
commercial international et qui ne feraient pas disparaître les
marchés pour les exportations culturelles.
Nous avons l’intention de poursuivre l’idée d’un nouvel instrument
international qui énoncerait de telles règles.
Je tiens à remercier les membres du groupe consultatif culturel du
ministre Pettigrew en matière de commerce international pour les
efforts qu’ils ont consacrés à l’élaboration de notre proposition.
Il est bien sûr encore trop tôt pour savoir à quoi ressemblera un
tel instrument. Mais nous comptons bien continuer à travailler avec
le groupe consultatif, de même qu’avec d’autres représentants du
milieu culturel et avec des pays qui partagent nos préoccupations, à
la concrétisation de ce projet.
Mesdames et messieurs, le Forum n’est qu’un aspect d’un processus
plus vaste en vue de rassembler le Canada et les Amériques. Un
processus qui s’est amorcé en 1990, avec l’adhésion du Canada à
l’Organisation des États américains.
Nous ne manquerons pas de souligner le dixième anniversaire de cette
décision lorsque nous tiendrons l’Assemblée générale de l’OEA à
Windsor au mois de juin.
Nous avons participé de près à la conception des Sommets des
Amériques. Et je me réjouis à la perspective d’accueillir à Québec
en 2001 – à titre d’hôte du premier Sommet du nouveau millénaire –
les dirigeants de l’hémisphère qui ont été élus par scrutin
démocratique.
Le Canada est véritablement devenu une nation des Amériques à tous
les points de vue. Tout comme les Amériques ont affirmé une identité
commune active.
Au cours de ces dix années, l’implantation de la démocratie et de
l’économie de marché a transformé notre hémisphère.
Alors que ces valeurs s’enracinaient plus profondément, nous avons
laissé derrière l’idée que seule la géographie nous rapproche. Nous
formons en fait une communauté, unie dans un esprit de bon voisinage
par un ensemble de valeurs et d’objectifs communs.
Au Sommet de Santiago, nous avons promis de travailler ensemble à
consolider la démocratie, à promouvoir et à protéger les droits de
la personne ainsi que l’État de droit et à supprimer l’injustice
sociale.
Nous avons également réaffirmé qu’un meilleur partage de la
prospérité fait partie intégrante de notre vision. Dans cet esprit,
nous avons convenu d’instaurer une Zone de libre-échange des
Amériques d’ici 2005.
Le Canada a accepté avec fierté la tâche de présider les
négociations préliminaires. D’autant plus que notre conviction des
avantages sociaux et économiques rendus possibles par la
libéralisation des échanges est solidement ancrée dans notre propre
expérience nationale.
Notre prospérité et notre niveau de vie élevé, nous les devons en
grande partie au commerce. Près de 40 % de notre PIB
en dépend. Nous savons donc à quel point il est vital que les
marchés restent libres. Et nous comprenons que l’accès aux marchés
doit être assuré par des régimes équitables et transparents.
C’est pourquoi nous avons conclu l’ALENA avec nos deux autres
partenaires d’Amérique du Nord : les États-Unis et le Mexique. C’est
aussi pourquoi nous avons un accord de libre-échange avec le Chili.
Et que nous accordons autant d’importance au lancement d’un nouveau
cycle de négociations mondiales à Seattle à la fin du mois.
Mais, à nos yeux, la libéralisation des échanges n’est pas une fin
en soi. Elle est plutôt un moyen de réaliser un objectif autrement
plus important. Celui de bâtir une meilleure qualité de vie pour nos
citoyens grâce aux instruments et aux investissements qui leur
permettront de réaliser leur potentiel.
Mesdames et messieurs, voilà notre vision et notre défi : améliorer
la vie non seulement de quelques-uns, mais du plus grand nombre.
Créer les conditions dans lesquelles les économies dont la
croissance a été freinée par le protectionnisme pourront développer
leur capacité de produire, d’affronter la concurrence et de
prospérer.
Nous travaillons aussi ensemble au renforcement des institutions
démocratiques et au mieux-être de nos concitoyens.
Consolider la démocratie. Améliorer la qualité et l’accessibilité
des services sociaux. Protéger l’environnement. Assurer l’accès à
l’éducation.
Ce sont là les défis qui se posent à nous. Des défis que nous devons
absolument relever.
En tant que pays hôte du prochain Sommet des Amériques, le Canada
est bien conscient du leadership qui est attendu de lui. Un
leadership qu’il assumera volontiers.
Cependant, même si nous avons l’honneur de montrer la voie, nous
savons bien que nous ne pouvons pas aller de l’avant seuls. Cela
signifie que nous devons bâtir des ponts et échanger nos expériences
entre membres de la grande famille des Amériques.
Il nous faudra tous faire notre bout de chemin. Quand je vous
regarde, je suis convaincu que nous comprenons tous les défis qui
nous attendent au cours des cinq prochaines années.
Lorsque nous avons amorcé les négociations de la ZLEA à Santiago
l’an dernier, nous avons souhaité réaliser des progrès concrets
d’ici la fin du siècle. Et c’est bien parti. Les mesures visant à
faciliter la conduite des affaires qui devraient être approuvées
demain auront des retombées réelles dans l’ensemble de la région.
Mais ce n’est qu’un début. Il nous reste encore beaucoup de travail
à faire.
La ZLEA est toujours la pierre angulaire de notre programme global
en faveur de la stabilité et de la croissance dans l’hémisphère.
Quand les dirigeants se rassembleront à Québec, les principaux
éléments de l’accord devraient déjà être en place. Et nous devrions
pouvoir prendre les décisions nécessaires pour guider le processus à
bonne fin.
Pour qu’il en soit ainsi, nos ministres du Commerce devront préciser
clairement leurs orientations et leurs attentes pour les 18
prochains mois de négociation.
Au moment où le Canada s’apprête à passer la main à l’Argentine, je
suis sûr que nous réussirons à établir la ZLEA. Mais j’aimerais
offrir quelques conseils au sujet de la façon dont nous devrions
procéder.
Si nous voulons atteindre notre objectif commun, il faudra que le
processus soit aussi transparent que possible. Nous devrons
mobiliser l’appui non seulement des experts, mais aussi de la
société civile.
Nous devrons également nous associer toutes les économies des
Amériques à titre de partenaires et de bénéficiaires à part entière.
Et faire le nécessaire pour équiper les petites économies des outils
dont elles ont besoin pour assurer leur croissance et leur
prospérité.
Ces défis ne sont pas propres aux Amériques. En fait, ce qui est
vrai pour la ZLEA l’est tout autant pour le prochain cycle de
négociations de l’OMC.
Nous devons veiller à ce que ces négociations aussi se déroulent de
manière plus transparente que dans le passé. Nous devons ouvrir le
processus. Et obtenir l’adhésion des citoyens en leur expliquant ce
que nous faisons et pourquoi.
De plus, les gouvernements et les entreprises doivent mieux
communiquer les avantages du libre-échange à ceux qui craignent
qu’il ne réduise les niveaux de vie au lieu de les relever.
Mesdames et messieurs, c’est tout un défi. Mais je suis sûr que les
gouvernements et les peuples d’Amérique seront à la hauteur de la
tâche.
Dans le cadre des Sommets des Amériques, nous avons entrepris un
projet qui marie bien de grandes promesses et de hautes ambitions.
Nous aurons une Zone de libre-échange des Amériques, j’en suis
confiant. Je suis tout aussi persuadé que nous continuerons à nous
rapprocher aux plans de la prospérité, de la démocratie, de la
diversité et de la sécurité.
Et que, en bons voisins que nous sommes, nous saurons construire de
bons ponts.
Merci.
[CChrétien=19990903]
[lieu=nb]

En 1987, le Canada a eu le privilège d’accueillir le deuxième Sommet
de la Francophonie dans la ville de Québec et, à mes yeux, il était
important que ce huitième Sommet se déroule en terre d’Acadie. Car
c’est ici que Samuel de Champlain a fondé Port-Royal, la première
communauté nord-américaine de langue française, il y a presque 400
ans.
Aujourd’hui, je tiens à féliciter et à remercier les descendants de
ces Acadiens, ainsi que toute la population de Moncton et du
Nouveau-Brunswick, pour leur collaboration à l’organisation de ce
huitième Sommet.
Peu importe où ils vivent, les francophones du Canada partagent avec
toutes les populations représentées à ce Sommet un espoir commun :
que la langue que nous partageons devienne un instrument de
rassemblement et de développement encore plus puissant. La nouvelle
génération de Canadiens et de Canadiennes, en particulier, nous
enseigne que la langue ne doit pas être une barrière, mais un pont
entre les individus et les communautés; un pont également entre les
cultures.
En évoquant ainsi l’histoire du Canada, je vous ai certainement
rappelé que mon pays est bien jeune. C’est vrai. Mais cela en fait
aussi un pays aux possibilités apparemment sans limites. Un pays où
il est donc encore permis de rêver.
La Francophonie aussi est une jeune organisation. Il n’y avait donc
pas de meilleur endroit que le Canada, ni de meilleur forum que ce
Sommet, pour nous pencher sur la jeunesse, sur les possibilités qui
s’offrent à elle et sur les rêves qu’elle caresse pour l’avenir.
J’en profite pour féliciter et remercier notre Secrétaire général,
qui a déployé une énergie et une efficacité remarquables pour
préparer ce Sommet et accueillir des représentants de la jeunesse du
monde.
Au nom de tous les participants à ce Sommet, je veux aussi saluer
les jeunes qui sont parmi nous aujourd’hui. Car je crois et je
souhaite que la participation de la jeunesse à l’évolution de la
Francophonie assurera à cette organisation le dynamisme et la
pertinence nécessaires à son succès.
En cette fin de siècle, nous célébrons les grandes réussites du
génie humain et nous saluons l’avenir prometteur qui s’offre aux
jeunes. Mais nous devons aussi noter que l’humanité n’a pas encore
triomphé de la pauvreté. Une pauvreté qui afflige des populations
entières, et qui doit nous inspirer une nouvelle détermination à
favoriser l’aide au développement et la coopération économique.
Nous devons aussi poursuivre nos efforts pour soulager le fardeau de
la dette qui pèse sur plusieurs de nos pays. Nous applaudissons
d’ailleurs l’Initiative de Cologne prise par le G-8 en ce sens.
Nous savons que la paix et la sécurité sont indispensables au
développement durable et à la coopération. Que la démocratie, le
respect des droits de la personne et des libertés fondamentales, la
primauté du droit et la bonne gouvernance forment les fondations sur
laquelle s’érigent les sociétés prospères et pacifiques. Des
sociétés que nous léguerons aux jeunes, qui sont aux coeur de nos
préoccupations à ce Sommet.
Je souhaite que chacun d’entre nous déploie tous ses efforts afin de
léguer aux générations futures une Francophonie qui repose
solidement sur les valeurs de la démocratie. Une Francophonie
composée de pays où la primauté du droit et le respect des droits de
la personne sont des principes bien ancrés – ce qui n’est pas
toujours le cas actuellement – et où les pratiques internationales
universellement reconnues à cet égard sont respectées.
Cette responsabilité devrait constituer le coeur de notre mission
politique, ici à Moncton, tout comme à l’avenir, au fur à mesure que
notre organisation grandira et gagnera en maturité.
Nos travaux et nos réflexions se dérouleront aussi dans le contexte
de la mondialisation des économies. Une mondialisation remplie de
promesses, mais qui comporte aussi des risques, dont on parle moins.

Parmi ceux-ci, nous devons en particulier nous inquiéter du danger
de l’exclusion. L’exclusion d’abord des pays qui ne possèdent ni les
ressources, ni les outils pour participer aux réseaux qui se tissent
entre les continents. L’exclusion aussi de tous ces individus qui
n’ont pas accès à la formation élémentaire qui leur permettrait de
réaliser tout leur potentiel dans une économie mondiale fondée sur
le savoir.
La mondialisation, c’est aussi l’utilisation quasi universelle de
l’anglais dans les technologies de communication et la force
nouvelle que celles-ci lui confèrent. Cela présente aussi un nouveau
défi à la langue française, comme d’ailleurs à des centaines
d’autres langues.
À titre de chefs d’États et de gouvernements, nous nous devons de
veiller à ce que la Francophonie devienne donc encore plus dynamique
et plus efficace, notamment grâce à la contribution des jeunes,
comme je le soulignais plus tôt.
Je suis très heureux, d’ailleurs, de noter que notre famille
s’élargit encore avec la participation à ce Sommet de la Lituanie,
de la République tchèque et de la Slovénie. Au nom de tous les pays
participants et observateurs je leur souhaite la plus cordiale
bienvenue.
La présence de ces amis, et de tous ceux qui sont venus se joindre à
nous depuis 13 ans, nous rappelle que la francophonie est née et
continue de grandir dans la diversité culturelle. Dans le grand
brassage des identités nationales, nous devons plus que jamais
favoriser le dialogue entre les cultures, car la diversité
culturelle constitue une des grandes richesses de la Francophonie et
de la communauté internationale dans son ensemble.
J’aimerais d’ailleurs exprimer dès maintenant le souhait que nos
discussions à ce Sommet nous mènent consacrer la prochaine réunion
ministérielle de la Francophonie à l’étude des questions liées à la
diversité culturelle et à développer notre cohésion interne sur
cette question.
En terminant, je veux exprimer le voeu que ce dernier Sommet
francophone du vingtième siècle, du millénaire pour ceux qui voient
loin, puisse donner aux jeunes du monde entier ce dont ils ont le
plus besoin: l’espoir.
L’espoir que le développement, la sécurité et la paix envelopperont
aussi bientôt la totalité du globe.

[CChrétien=19991204]
[lieu=qué]

Je suis ravi que le Council of State Governments ait choisi de tenir
ici à Québec sa première assemblée annuelle nationale à l’extérieur
des États-Unis.
L’endroit ne pourrait être mieux choisi. Votre grand pays fut l’un
des inventeurs du fédéralisme moderne. Ce n’est pas pour rien que
les artisans de la Constitution américaine titraient leurs essais
politiques The Federalist. Pour protéger la liberté, ils ont partagé
les pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les États afin de «
contrebalancer l’ambition par l’ambition ».
Il y a plus de soixante ans, votre organisation s’est érigée en
défenseur du fédéralisme américain. Vous représentez les
gouvernements des États américains. Votre organisation est unique en
ce sens que vous réunissez l’exécutif et le législatif. Elle est
aussi bipartite.
Le fédéralisme canadien n’est pas issu, comme le vôtre, de la
révolution. Nous avons connu une évolution différente. Le Canada est
formé de deux grandes communautés linguistiques, française et
anglaise, dont l’une et l’autre se sont enrichies de l’apport de
cultures du monde entier. Vous aurez sans doute constaté que la
grande majorité des citoyens de cette magnifique ville de Québec
parlent français! Durant votre séjour, vous aurez l’occasion de
goûter la cordiale hospitalité et la joie de vivre des résidants de
ma province natale. Je suis fier de me dire à la fois Québécois et
Canadien.
Les Québécois ont toujours été convaincus de la nécessité d’un
gouvernement provincial fort qui puisse protéger leur langue et leur
culture. Ils savent également le rôle que joue le gouvernement
fédéral pour assurer la protection et la promotion de cette langue,
ma langue maternelle, le français, à travers le Canada.
Les fondateurs du Canada croyaient profondément que le système de
gouvernement devait préserver et promouvoir autant notre diversité
essentielle que notre unité. C’est ce que je crois profondément
aussi.
Le Président Clinton a déclaré récemment que ce n’est pas une
coïncidence si les trois pays d’Amérique du Nord sont des
fédérations. Voici ce qu’il a dit au sujet du Canada : « Le
partenariat que vous avez bâti entre des gens de milieux et de
gouvernements divers, à tous les paliers, voilà de quoi il est
question ici à la conférence et, fondamentalement, ce dont il doit
être question en démocratie, à une époque où les gens partout dans
le monde se déplacent de plus en plus, s’intègrent davantage, vivent
de plus en plus près les uns des autres. »
Le Président Clinton s’adressait en ces termes aux participants à
une importante conférence sur le fédéralisme qui s’est tenue
ici même au Canada, dans la province du Québec. À cette occasion, il
a aussi affirmé ce qui suit : « Aux États-Unis, nous prisons notre
relation avec un Canada fort et uni. Vous pouvez nous servir
d’exemple, nous apprenons de vos expériences. »
Permettez-moi de vous confier un petit secret. Au Canada, nous
apprenons aussi des États-Unis. Même si nous ne sommes pas toujours
d’accord avec vos façons de faire. Les États américains sont
reconnus pour être les laboratoires de la démocratie qu’avaient
imaginés les artisans de la Constitution américaine. Depuis plus de
soixante ans, le Council of State Governments joue un rôle clé en
repérant et en faisant connaître les meilleures pratiques des États
américains et en favorisant le leadership des États.
Cette réunion est historique à divers égards. Je salue l’initiative
de l’Assemblée nationale du Québec, qui fera mieux connaître votre
importante organisation à l’ensemble des provinces canadiennes et à
la population canadienne en général. Le Québec est la seule province
canadienne à s’être jointe à votre organisation à titre de
partenaire international. Par contre, le Québec et la
Nouvelle-Écosse sont membres de votre conférence régionale de l’Est.
D’autres provinces participent aussi à vos travaux. Je suis heureux
de voir que des ministres de l’Alberta, de la Saskatchewan, de
l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve sont aussi
présents. Nos provinces sont souvent à l’avant-garde de la politique
nationale et j’encourage toutes les provinces canadiennes à
travailler de plus près avec votre organisation.
Cela m’amène à la deuxième raison pour laquelle je suis
particulièrement fier du fait que vous ayez choisi de vous réunir au
Canada et plus particulièrement dans la province de Québec. C’est
simplement parce que le Canada et les États-Unis sont l’un pour
l’autre le meilleur ami et le plus proche allié. En effet, voici ce
que le Président John F. Kennedy a déclaré à ce propos : « La
géographie a fait de nous des voisins. L’histoire a fait de nous des
amis. L’économie a fait de nous des partenaires, et la nécessité a
fait de nous des alliés. »
Permettez-moi de vous rappeler certains des facteurs qui
sous-tendent cette relation extraordinaire.
Le Canada et les États-Unis entretiennent les rapports commerciaux
les plus importants au monde. La valeur des échanges dépasse
1000000000 $ par jour. De dollars américains, s’entend. En
1998, la valeur des échanges entre les États-Unis et le Canada était
près de 50 % plus élevée qu’entre les États-Unis et le Japon,
votre deuxième partenaire commercial.
Les exportations de marchandises vers le Canada représentent près du
quart de l’ensemble des exportations américaines. La valeur des
marchandises américaines achetées par les Canadiens atteignait
environ 5166 $ par personne en 1998. Les États-Unis nous ont acheté
pour environ 650 $ par personne. En fait, la province de l’Ontario à
elle seule a acheté plus de marchandises américaines que le Japon.
Pour les produits américains, le Canada est un plus gros marché que
celui des 15 pays de l’Union européenne et de l’Amérique latine
réunis. De plus, les avantages pour les États-Unis sont largement
répartis. Le Canada est le plus gros marché d’exportation de 40
États américains et de Porto Rico.
Les accords de libre-échange ont profité à l’un et l’autre de nos
pays. L’équilibre du compte courant Canada-États-Unis est presque
parfait. Les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis
ont doublé sous le régime de l’ALE et de l’ALENA. L’Accord de
libre-échange (ALE) libéralisant les échanges entre les deux pays
est entré en vigueur en 1989. Entre 1988 et 1993, les échanges
bilatéraux ont progressé du tiers. En 1994, l’Accord a été étendu au
Mexique dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain
(ALENA). Les échanges bilatéraux entre le Canada et les États-Unis
ont continué de prospérer, augmentant encore du tiers entre 1994 et
1998.
Chacun de nos pays investit dans l’avenir de l’autre. Les États-Unis
sont la première source d’investissements étrangers pour le Canada,
et le Canada est la cinquième source de capitaux étrangers pour les
États-Unis.
Notre économie, comme celle des États-Unis, est en plein essor, et
nous avons tous les deux assaini nos finances publiques. Sans nos
accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux, je doute que ces
réalisations eussent été possibles.
Cependant, ce n’est pas seulement une question d’argent. Nous sommes
des voisins et des amis. L’an dernier, les Canadiens et les
Américains ont traversé la frontière non défendue la plus longue au
monde près de 200000000 de fois. Bien que nos caractères
nationaux se distinguent par des différences marquées, nous avons
tressé des liens profonds en travaillant ensemble à bâtir un monde
meilleur. Les Canadiens et les Américains ont combattu côte à côte
durant les deux guerres mondiales. Nous avons fait cause commune à
l’OTAN pour mettre un terme à la Guerre froide. Nous continuons de
travailler en partenaires : en Bosnie, au Kosovo et dans le dossier
iraqien. Ensemble, nous oeuvrons en faveur de la démocratie et des
droits de la personne en Haïti, au Moyen-Orient et ailleurs dans le
monde. Nous sommes associés dans la défense du continent
nord-américain au sein du NORAD.
Nos deux pays partagent une frontière qui s’étend sur des milliers
de kilomètres, à travers les montagnes et les plaines, les lacs et
les rivières de ce vaste continent. Ensemble, nous avons tissé une
alliance formée de centaines de traités, d’accords et d’ententes à
divers niveaux pour gérer cette magnifique relation de confiance
environnementale et économique – la plus diversifiée au monde.
Pensez seulement aux Grands Lacs. Comme vous le savez peut-être, nos
deux pays gèrent ensemble une proportion remarquable de l’eau douce
de la planète, dont la moitié se trouve dans les Grands Lacs. Nous
venons de célébrer le 25e anniversaire de l’Accord entre le Canada
et les États-Unis relatif à la qualité de l’eau. Dans les années
1970, certains scientifiques disaient avoir constaté la mort du lac
Érié. Depuis lors, nos deux pays travaillent ensemble à assainir et
à protéger les Grands Lacs. Il reste encore fort à faire, mais les
eaux des Grands Lacs sont aujourd’hui beaucoup plus propres qu’elles
ne l’étaient.
À l’instar de nos premiers ministres et législateurs provinciaux,
vous avez un rôle crucial à jouer – à titre de gouverneurs et de
législateurs des États – dans le maintien d’excellentes relations
entre nos deux pays.
Il est normal qu’une relation aussi diversifiée que la nôtre
comporte certains désaccords. C’est pourquoi il faut que les voies
de communication restent ouvertes. Je vous encourage à rechercher
les occasions de rencontrer vos homologues canadiens. Je sais que
bon nombre des dossiers qui retiennent votre attention correspondent
directement à nos préoccupations ici au Canada. J’invite en
particulier les représentants des États qui n’ont pas déjà le Canada
comme principal partenaire à entreprendre des missions commerciales
chez nous afin de découvrir ce que nous pouvons leur apporter.
De toute évidence, le message que je veux faire ressortir c’est que
le Canada et les États-Unis ont tout intérêt à travailler ensemble.
C’est vrai aussi bien du commerce que de l’environnement. En tant
que gouverneurs et législateurs des États, vous pouvez contribuer
grandement à favoriser la santé et la croissance du partenariat
mutuellement avantageux qui s’est établi entre nous dans ces
domaines.
Pour terminer, j’aimerais souligner l’importance critique du
leadership des États-Unis sur la scène mondiale.
Les États-Unis ont été le maître artisan du système commercial
international d’après-guerre. La mise sur pied d’une architecture de
coopération internationale fut une réalisation des plus marquante.
Elle constitue la pierre angulaire de décennies de prospérité et de
sécurité telles que l’humanité n’en avait jamais connues.
Il suffit de porter nos pensées sur l’entre-deux-guerres pour nous
rappeler les dangers d’une orientation contraire. Un mouvement
protectionniste en Europe et en Amérique du Nord, symbolisé par les
tarifs Smoot-Hawley chez vous, a plongé le monde dans la Grande
Crise des années 1930.
Il faudra faire preuve de vigilance pour éviter les tragiques
erreurs du passé. Nous entendons avec inquiétude au Canada les voix
qui s’élèvent chez vous en faveur d’une « Forteresse Amérique » du
XXIe siècle. Tout comme celles – non seulement dans votre pays – qui
expriment une méfiance excessive au sujet du régime multilatéral
d’ouverture que nous avons édifié. Les accords sur le commerce et
sur le contrôle des armements sont nécessaires. Le changement
climatique est bien réel. Je vous engage à faire entendre votre voix
en faveur du leadership américain dans le monde. Les Canadiens vous
donneront leur appui.
Notre défi commun consiste à créer les conditions de la croissance,
de la prospérité et de la stabilité au cours du prochain siècle. Nul
ne peut prédire au juste la forme que prendront les changements qui
transforment rapidement notre monde. Chose certaine, la nouvelle
économie mondiale qui transcende de plus en plus les frontières
pourrait rehausser grandement les niveaux de vie, non seulement dans
nos deux pays, mais partout dans le monde.
Nous aurons l’occasion de poursuivre nos efforts en ce sens ici
même, à Québec. En effet, je suis heureux d’annoncer que cette ville
sera l’hôte du troisième Sommet des Amériques – le premier du
prochain millénaire – du 20 au 22 avril 2001.
À la veille du nouveau millénaire, reconnaissons que nous avons
beaucoup de chance d’être voisins. Nous en sommes bien conscients au
Canada. Je suis sûr que vous l’êtes aussi.
Le Président Reagan a déclaré il y a environ 14 ans, lors d’une
visite à Québec : « Plus que des amis et des voisins et alliés, nous
sommes des frères qui entretiennent la relation la plus productive
qui soit entre deux pays à notre époque. »
Cette relation particulière continuera d’offrir d’énormes
possibilités. Aux plans de la croissance et de la prospérité,
certes, mais surtout de l’édification d’un monde que nous serons
fiers de léguer aux générations qui suivront.

[CChrétien=19991006]
[lieu=Qué]

Merci M. Voscherau. J’aimerais aussi souhaiter chaleureusement la
bienvenue aux participants du monde entier. Nous sommes ravis de
vous accueillir chez nous.
Au cours des trois prochains jours, vous partagerez une expérience
unique. Pour la première fois, un forum réunit un groupe de
praticiens et de spécialistes du fédéralisme formé de politiciens,
de fonctionnaires et d’universitaires venus des quatre coins du
monde, afin d’échanger leurs expériences et de mieux comprendre le
fédéralisme.
Certains d’entre nous ont parfois l’impression qu’il n’y a pas
d’autre fédération au monde. Que personne d’autre ne connaît les
mêmes problèmes, ni les mêmes succès. Or, c’est tout simplement
faux. C’est pourquoi la conférence d’aujourd’hui est si importante.
L’Amérique du Nord est un lieu particulièrement bien choisi pour
cette première conférence internationale sur le fédéralisme. Les
trois pays du continent sont des fédérations. Et c’est ici même, en
Amérique du Nord, il y a plus de deux cents ans, que le fédéralisme
a été inventé. Les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique ont
tenté cette nouvelle expérience après l’échec d’un régime confédéral
aux liens moins serrés.
La Fédération suisse a vu le jour plus tard, en Europe. Le Canada
est né ensuite. En 1867, nous avons formé la troisième fédération au
monde.
Le Mexique est la troisième fédération d’Amérique du Nord. Le
fédéralisme mexicain est beaucoup plus jeune que celui des
États-Unis et du Canada. Ces dernières années, il a été passionnant
de voir le développement démocratique du Mexique s’accompagner du
développement de son caractère fédéral.
Aux trois fédérations d’Amérique du Nord sont venues s’en ajouter
vingt autres dans le monde entier. À l’heure actuelle, plus de
2000000000 de personnes, c’est-à-dire la grande majorité des
gens vivant en démocratie, vivent dans un État de type fédéral.
La raison en est claire. La plupart de nos pays sont trop complexes,
trop vastes ou trop peuplés pour réussir sous forme d’État unitaire.
Par ailleurs, trop de liens historiques et autres, trop
d’investissements réciproques unissent nos pays pour imaginer leur
éclatement.
Le fédéralisme est bien adapté à un monde qui, avec 187 pays aux
Nations-Unies, compte plus de six cents langues vivantes et près de
sept mille groupes ethniques. Imaginez un peu l’allure qu’aurait la
planète si tous ces groupes tentaient de créer leur propre pays.
L’essence du fédéralisme est l’équilibre. L’équilibre entre les
différentes identités. L’équilibre entre les intérêts locaux et les
intérêts plus vastes. Le fédéralisme favorise l’épanouissement de la
démocratie dans les sociétés complexes. La diversité n’y est pas
seulement reconnue et acceptée, elle est célébrée et valorisée. Dans
l’État fédéral, la diversité elle-même est souvent une source
d’unité.
Dans l’État fédéral, les citoyens peuvent définir leur identité de
plusieurs façons. Par exemple, je suis à la fois un fier Québécois
et un fier Canadien – et il n’y a aucune contradiction entre les
deux.
Dans une fédération véritable, les citoyens élisent directement le
gouvernement central et le gouvernement de l’État ou de la province.
Ainsi, les deux ordres de gouvernement répondent directement à la
population. Comme il se doit en démocratie. C’est également ainsi
que les gens s’identifient par leur appartenance directe à plus
d’une communauté.
Le fédéralisme offre une très grande souplesse et peut être adapté à
des besoins très différents. Les fédérations peuvent être plutôt
centralisées ou plutôt décentralisées. Elles peuvent posséder un
parlement ou un congrès. Les institutions chargées des relations
intergouvernementales peuvent être plus ou moins structurées. Les
citoyens peuvent parler une, deux ou plusieurs langues.
Bien que les fédérations aient toutes une constitution écrite, elles
sont remarquablement dynamiques. En fait, les changements les plus
importants sont généralement de caractère non constitutionnel et
résultent de mesures et d’aménagements progressifs et pragmatiques.
Les avantages du fédéralisme ne sont pas seulement théoriques. Nous
allons examiner, au cours des prochains jours, l’expérience du
fédéralisme. Mais regardez seulement autour de vous. Les
constitutions écrites les plus anciennes au monde sont celles de
fédérations. Les plus grandes démocraties au monde sont des
fédérations. Plusieurs des pays les plus prospères au monde aussi.
Parmi les membres du G-7, on en compte trois : les États-Unis,
l’Allemagne et le Canada.
J’aimerais vous dire ce que j’estime que le fédéralisme a apporté à
mon pays et aux Canadiens.
Au début, il y a 132 ans, nous étions une colonie de la
Grande-Bretagne – une petite population dispersée sur toute
l’étendue d’un vaste continent en grande partie inhabité. Une
population formée à cette époque principalement de colons français
et anglais. De catholiques et de protestants. De Premières Nations
autochtones. Nous étions une petite société agraire. Aujourd’hui,
132 ans plus tard, le Canada est l’un des grands pays
industrialisés. Au cours des six dernières années, les Nations Unies
ont proclamé que le Canada est le pays qui offre la meilleure
qualité de vie.
Nous avons fait les choses d’une manière bien canadienne, suivant un
modèle bien canadien. Une société multiculturelle qui a accueilli
des gens de presque tous les pays du monde. c’est-à-dire la
reconnaissance des cultures et de la diversité. Une démocratie
pluraliste avancée. Un partenariat entre les citoyens et l’État. Un
équilibre où liberté individuelle et prospérité économique vont de
pair avec le partage des risques et des bénéfices.
Avec le fédéralisme, les Canadiens se sont clairement dotés d’un
système de gouvernement efficace. Le régime fédéral du Canada a été
conçu longtemps avant que le gouvernement moderne ne soit inventé.
Mais après 132 ans, le système a fait ses preuves : il
est foncièrement flexible et adaptable et demeure en très bonne
santé.
Il a beaucoup évolué avec le temps. Le balancier a oscillé entre le
gouvernement fédéral et les provinces. Parfois vers une plus grande
centralisation, parfois vers une plus grande décentralisation. En
fait, aujourd’hui, notre fédération est l’une des plus
décentralisées qui soit. Cependant, en dépit du caractère
décentralisé du pays, nous réussissons à offrir un niveau de service
élevé aux Canadiens dans toutes les provinces.
Le fédéralisme canadien repose sur le partage et la solidarité. Nos
gouvernements ont travaillé ensemble à mettre en place à l’échelle
nationale des régimes publics de soins de santé et de pensions. Nous
avons constitutionnalisé le principe de paiements de péréquation,
qui permettent aux Canadiens habitant les provinces les moins riches
de bénéficier d’un niveau de service comparable à celui de leurs
concitoyens des provinces mieux nanties. De plus, le gouvernement
fédéral verse d’importants transferts aux provinces pour la santé,
l’assistance sociale et l’enseignement postsecondaire.
La notion de partenariat est au coeur de notre approche. Les
problèmes d’un gouvernement moderne n’entrent pas nécessairement
dans les limites toutes tracées des pouvoirs constitutionnels. S’il
faut respecter les sphères de compétence et les pouvoirs de chacun,
il faut aussi travailler ensemble. Or, au Canada, nous travaillons
très bien ensemble, malgré ce que vous pouvez lire, ou même
entendre, à l’occasion.
Avec le temps, notre expérience fédérale a contribué à façonner la
personnalité canadienne. Elle nous a inculqué des valeurs
importantes – notre tolérance instinctive, notre recherche de
l’entente et des compromis, notre appréciation de la diversité,
notre esprit de solidarité, notre souci du dialogue.
Les droits des minorités sont un élément essentiel du fédéralisme
canadien. Au moment de la fondation du Canada, des dispositions ont
été prévues afin de protéger les droits linguistiques dans les
institutions fédérales et québécoises ainsi que certains droits des
écoles confessionnelles dans quelques provinces. Ces dispositions
originales étaient trop faibles pour protéger pleinement nos
minorités. Une grande partie de notre histoire a été consacrée au
renforcement de ces dispositions. Les principaux jalons ont été la
Loi fédérale sur les langues officielles en 1968 et l’adoption de la
Charte constitutionnelle des droits et libertés en 1982.
À l’heure actuelle, le Canada compte une population florissante de
langue française – plus de 6000000 dans la province de Québec
et 1000000 dans les autres provinces. La société québécoise est
unique en ce sens qu’elle est la seule en Amérique du Nord à
majorité francophone. Le régime fédéral du Canada constitue le cadre
dans lequel les Québécois ont pu préserver et développer leur
caractère unique tout en tirant force et solidarité de leurs liens
avec les autres Canadiens. Le Québec d’aujourd’hui est une société
caractérisée par la vitalité, la modernité et une population en
grande majorité francophone. En même temps, les Québécois
participent pleinement à la vie politique nationale, que ce soit
dans des fonctions électives, dans la fonction publique ou dans les
tribunaux.
Notre régime fédéral a également contribué à protéger les
importantes minorités de langue française à l’extérieur du Québec.
Le récent Sommet de la Francophonie tenu à Moncton, au Nouveau-
Brunswick, a attiré l’attention sur ces importantes communautés
francophones du Canada.
En fait, lors de ce sommet, j’ai entendu avec grand plaisir le
Président français Jacques Chirac décrire le Canada en ces termes :
« Ce Canada, qui recherche et invente les règles d’un savoir-vivre
ensemble pacifique et tolérant! Ce Canada, terre des premières
nations, des francophones, des anglophones, qui offre l’exemple de
la diversité culturelle et linguistique assumée et valorisée. »
J’ai maintenant le plaisir de vous présenter un de mes grands amis,
un grand ami du Canada et un grand leader de son pays, M. Ernesto
Zedillo, Président de la République fédérale du Mexique.
Le Président Zedillo illustre la modernisation et la démocratisation
du Mexique moderne. Il a su diriger son pays avec sagesse et
clairvoyance durant des années souvent difficiles et aura réalisé de
très grandes choses. Il est venu nous parler ce matin de la façon
dont il envisage le développement de la démocratie et du fédéralisme
au Mexique.
Je cède la parole au Président Zedillo.

[CChrétien=19990906]
[lieu=nuna]

Je suis fier de présenter à cette Assemblée le premier chef d’État
étranger à visiter le Nunavut, le Président de la République
française, M. Jacques Chirac.
Je tiens à préciser que si cet honneur revient à M. Chirac, ce n’est
pas le fruit du hasard. En effet, le Président de la République
française porte un intérêt personnel et expert à la culture que
votre peuple a développé au cours des millénaires.
Monsieur le Président, nous savons combien votre passion pour les
arts des premières nations est sincère. Et nous connaissons vos
efforts pour les préserver et les faire connaître. J’en veux comme
preuve votre intention de construire un musée qui leur sera
consacré, quai Branly à Paris. Voilà pourquoi il m’est apparu tout
naturel de vous inviter à m’accompagner dans ce nouveau et immense
territoire du Nunavut.
Nous avons noté avec fierté l’intérêt des Français à suivre les
événements qui ont marqué le 1er avril dernier la création de ce
grand territoire. Dans un monde où les obstacles à la démocratie
sont encore malheureusement si nombreux, je pense que la patience et
la détermination des communautés inuit du Grand nord canadien mérite
d’être soulignée. Pendant plus de 25 ans, elles ont préparé et
élaboré les contours et les structures de ce qu’est devenu le
Nunavut.
Nunavut, qui signifie « notre terre » en Inuktitut, symbolise
l’attachement d’un peuple entier à sa terre et à ses beautés. Au
contraire de ce que nous pensons parfois, cette terre du Nord n’est
pas du tout un désert glacé. Elle est remplie de ressources
animales, terrestres et marines et elle regorge de richesses
naturelles. Mais surtout, elle est la patrie d’un peuple au courage
indomptable qui a su, à force de détermination, surmonter les
embûches d’un climat dur et d’un environnement toujours grandiose
mais souvent hostile.
Monsieur le Président, nous sommes tous fiers de la diversité de
notre population et du mariage des cultures que les Canadiens de
toutes origines sont en train de façonner. La tradition d’accueil du
Canada n’est plus à faire. Elle perpétue l’hospitalité des premiers
habitants du Canada lorsque les Européens sont arrivés. Sans leur
aide et leur coopération, les premiers colons n’auraient pu survivre
aux rigueurs des hivers.
Le Canada possède une physionomie multiculturelle et multiethnique
dont nous sommes profondément fiers. C’est pourquoi nous appuyons,
tout comme la France, les initiatives qui visent à préserver les
identités et les cultures nationales. Elles sont une partie
essentielle du patrimoine de l’humanité.
À cet égard, il n’y a pas de plus bel exemple que celui des Inuit.
En dépit des obstacles, ou plutôt grâce à leur capacité à les
surmonter, ils ont appris à façonner et à préserver une culture et
une expression artistique originales dont les réalisations sont
maintenant connues à travers le monde.
Monsieur le Président, je m’en voudrais de ne pas souligner la
présence à vos côtés de Mme Michèle Therrien, une spécialiste de
l’Arctique qui a élaboré à l’Institut national des langues et
civilisations orientales de Paris un cours de langue et de culture
inuit. Elle n’est sans doute pas étrangère à votre goût pour l’art
inuit.
Sous son impulsion, il existe depuis neuf ans un accord entre
l’Institut national et le Collège de l’Arctique du Nunavut. Il
permet à des Inuit de faire connaître en France leur langue et leur
culture, et à des chercheurs et étudiants français d’approfondir
leur connaissance de notre pays. Il est à souhaiter que ce type de
coopération se poursuive pour le plus grand bénéfice de tous.
Monsieur le Président, nous aurons l’occasion aujourd’hui de
parcourir le Nunavut, du Cap Dorset à Pangnirtung. Vous y
rencontrerez des gens ordinaires, ainsi que des artistes, qui
sauront vous conquérir par la chaleur de leur accueil. Ils
trouveront en vous un interlocuteur qui sait déjà les apprécier et
les comprendre.
Dans quelques minutes, vous remettrez la Légion d’honneur à M. John
Amagoalik. Vous poserez alors un geste d’une grande importance. Car
cet honneur, croyez-le, rejaillit non seulement sur les
populations
du nord du Canada, mais sur tous ceux et celles qui oeuvrent depuis
nombre d’années à l’épanouissement des peuples autochtones.
Monsieur le Président, je vous remercie et vous souhaite la
bienvenue au Nunavut.
[CChrétien=19990507]
[lieu=usa]

Pour chacun d’entre vous, cette soirée est une occasion de célébrer.
Vous avez travaillé fort. Très fort. Avec l’appui constant de vos
familles, vous vous êtes donné des objectifs ambitieux et vous les
avez atteints. Vous vous êtes préparés à aller au-devant de votre
avenir, et du monde entier.
En quittant Michigan State, vous ferez votre entrée dans un monde
méconnaissable par rapport à celui qui existait lorsque j’ai quitté
l’école, il y de cela bien, bien des années. L’étendue des
changements et le rythme auquel ils se sont succédé ont été
stupéfiants.
Nous avons été témoins de l’explosion de nouvelles technologies qui
ont éliminé les contraintes du temps et de la distance, emportant
avec elles les structures et les présupposés économiques
traditionnels. Créant du même coup une nouvelle économie, où le
savoir, l’innovation et la créativité sont les clés de la
prospérité. Nous avons été témoins de l’effondrement d’idéologies
dépassées. De la montée d’une éthique planétaire des droits de la
personne et de la sécurité humaine. Du développement rapide d’une
économie véritablement mondialisée et d’un village planétaire.
Il ne fait aucun doute que notre époque est passionnante. Mais les
époques de grands changements peuvent aussi être des époques
d’anxiété, pour les individus et pour les sociétés. Comment trouver
notre place dans un monde qui change si rapidement? Comment demeurer
qui je suis? Comment conserver mon sens des valeurs et des
priorités? Ma qualité de vie? Mon identité en tant qu’individu?
Ce sont des questions que nous nous posons tous. Ce sont aussi des
questions que chaque société doit se poser.
Au moment où les peuples et les pays se tendent la main dans le
village planétaire, sans égard aux fuseaux horaires, aux frontières
et aux cultures, quelle sera la place laissée à la diversité? Quelle
sera la marge de manoeuvre laissée aux nations et aux gouvernements
afin de protéger et d’encourager leurs valeurs et leurs priorités?
Est-ce que notre village planétaire en pleine construction nous
imposera à tous une culture?
D’emblée, laissez-moi vous dire que j’envisage la place de la
diversité au sein de notre avenir planétaire avec optimisme. Pour
m’en convaincre, je n’ai pas à regarder ailleurs que la relation
entre le Canada et les États-Unis. Je ne peux commenter la vigueur
de cette relation sans d’abord mentionner la contribution d’un
distingué fonctionnaire qui est parmi nous aujourd’hui. Un ancien de
cette université. Un excellent gouverneur. Un grand ambassadeur. Et
un de mes bons amis : James Blanchard.
Mesdames et messieurs, l’amitié entre le Canada et les États-Unis
remonte à l’origine de nos pays. C’est un partenariat planétaire et
hémisphérique basé sur le partage des valeurs fondamentales que sont
les droits de la personne et la démocratie. Un exemple de civilité
et d’ouverture pour le monde entier. Et, à mon avis, un exemple de
la manière dont les nations peuvent développer des amitiés profondes
tout en conservant leurs identités distinctes au sein du village
planétaire.
Les succès de notre partenariat d’affaires sont bien connus. Les
échanges économiques entre nos deux pays sont plus nombreux que
partout ailleurs dans le monde. Mais les valeurs humaines
fondamentales que nous partageons sont encore plus profondément
enracinées que nos liens commerciaux. Ces valeurs sont à la base de
notre partenariat historique en faveur du progrès dans les Amériques
et partout ailleurs.
La liberté, un droit acquis pour nous, est aussi notre cause
commune. Nous savons que la liberté est la source de la dignité et
du contentement pour les êtres humains. Durant deux guerres
mondiales et la guerre de Corée, nos fils et nos filles ont risqué
leur vie afin que d’autres puissent continuer de profiter de ses
nombreux bienfaits.
Aujourd’hui, à titre de partenaires au sein de l’OTAN, nos pilotes
volent côte-à-côte dans des ciels dangereux afin que la population
du Kosovo puisse bénéficier de la dignité élémentaire qu’apportent
la paix et la sécurité.
Par la même occasion, j’aimerais d’ailleurs féliciter le Président
Clinton pour la détermination dont il a fait preuve dans la
poursuite de cet objectif. Tout comme lors des autres conflits où le
Canada et les États-Unis ont combattu ensemble, notre engagement au
Kosovo vise à lutter contre l’oppression et l’élimination
systématique d’un peuple.
Cela n’est pas toujours simple ou facile, mais nous l’emporterons.
Comme le montrent les données sur nos échanges, personne ne connaît
mieux la valeur de l’ouverture des marchés et de la libéralisation
des investissements que le Canada et les États-Unis. Pas seulement
parce qu’elles améliorent la marge de profit des entreprises. Mais
parce qu’elles permettent d’améliorer les possibilités d’avenir et
la qualité de vie de nos populations. Nous sommes les chefs de file
de la libéralisation des échanges sur la scène internationale. Car
nous croyons que des marchés libres, en dépit de leurs soubresauts,
sont bénéfiques non seulement pour nos populations, mais pour tous
les peuples.
Toutefois, si nos deux pays ont beaucoup de choses en commun, nous
ne sommes pas identiques.
L’histoire nous enseigne que le 49e parallèle est bien plus qu’une
ligne sur une carte géographique. Il marque une ligne de partage
continentale. Certes, c’est une ligne de partage entre des amis.
Mais elle témoigne de l’existence de différences fondamentales. Des
différences que notre très grande proximité n’a pas atténuées ou
diluées.
Cela ne changera pas.
Nous partageons des valeurs et des objectifs. Mais les moyens que
nous utilisons pour mettre en pratique ces valeurs et poursuivre ces
objectifs sont différents. Et je désire vous parler de cela.
Aux États-Unis, ces moyens relèvent de plus en plus du secteur
privé. Au Canada, dans des domaines essentiels, nous préférons une
approche relevant du secteur public.
Cela explique le fait que les Canadiens préfèrent largement les
écoles publiques. Ainsi que la demande pour des frais de scolarité
peu élevés à l’université. Cela explique aussi notre choix, en tant
que société, de mettre en place un filet de sécurité sociale
complet. Un réseau de programmes publics qui donnent aux Canadiens
l’aide dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. Des programmes
qui assurent la sécurité du revenu et la dignité aux personnes
âgées. Des programmes qui aident les chômeurs à trouver un emploi.
Qui fournissent des prestations aux familles à faible revenu qui ont
des enfants.
Et la réalisation dont nous sommes le plus fier et qui nous est
propre : le système universel de santé financé à même les fonds
publics que nous nommons l’assurance-maladie. En vertu de ce
système, tous les Canadiens sont assurés de recevoir les soins de
santé essentiels et aucun Canadien – aucun – n’a à se préoccuper de
factures relatives à des soins médicaux.
Au Canada, nous pensons que l’assurance-maladie est le meilleur
exemple du fait qu’une bonne politique sociale peut aussi être une
bonne politique économique. Car non seulement l’assurance-maladie
reflète le souhait des Canadiens de faire preuve de compassion
envers leurs concitoyens, mais en plus elle constitue l’un de nos
plus importants avantages concurrentiels. Au Canada, les employeurs
n’ont pas à composer avec les coûts élevés d’une assurance privée
pour leurs employés.
Nous croyons qu’il faut en arriver à un équilibre entre les droits
individuels et les responsabilités civiques. C’est pourquoi nous
avons décidé d’adopter des lois interdisant la propagande haineuse
qui, selon nous, assujettissent le droit à la liberté d’expression à
des limites raisonnables. C’est aussi pourquoi nous avons adopté une
approche beaucoup plus sévère en matière de contrôle des armes à
feu.
Nous avons l’une des lois sur le contrôle des armes à feu les plus
sévères au monde. Et les Canadiens veulent qu’elle demeure ainsi. Je
suis certainement un adepte du libre-échange mais, croyez-moi,
la
National Rifle Association est une exportation dont les Canadiens ne
voudront jamais. Charlton Heston doit savoir que le Canada n’est pas
la terre promise pour son évangile sur les armes à feu.
Le Canada travaille également à la promotion de la diversité
culturelle. Nous connaissons – et nous respectons – le modèle
américain du melting pot. Mais notre fédération s’est construite sur
la base d’un pacte fondateur entre les cultures française et
anglaise. Et nous nous sommes donné des moyens et des programmes
afin d’encourager l’épanouissement de toutes les autres cultures qui
ont enrichi la vie de notre pays au fil des ans.
Pour toutes ces raisons, les Canadiens veulent que leur gouvernement
national sache trouver un juste équilibre. Un équilibre entre la
promotion de la liberté individuelle et de la prospérité économique,
d’une part, et la répartition des risques et des bénéfices, d’autre
part. C’est à cet équilibre que nous devons la qualité de vie
incomparable qui règne au Canada.
Voilà notre histoire. Voilà notre réalité d’aujourd’hui.
Voilà aussi pourquoi, à l’aube du nouveau millénaire, le Canada est
un pays singulièrement prêt à relever les défis de la mondialisation
et du changement. Parce qu’au cours du nouveau millénaire, le
fondement d’une société productive et prospère sera une population
en santé, bien instruite et capable d’innover. Voilà où tous les
gouvernements doivent concentrer leurs efforts.
Cette approche équilibrée reconnaît implicitement qu’il n’est pas
suffisant de créer des possibilités d’avenir et la prospérité. Car
pour qu’elles se maintiennent à long terme, elles doivent être
partagées. C’est pourquoi nous devons nous attaquer à l’écart
grandissant entre les riches et les pauvres au sein de nos sociétés.

Certains disent que nous ne pouvons supporter les coûts d’un filet
de sécurité sociale. En fait, ce sont les coûts de l’exclusion
sociale et du désespoir que nous ne pouvons supporter. Par exemple,
il en coûte davantage pour incarcérer quelqu’un que pour
l’instruire. Donnez à une personne de l’espoir, donnez-lui la
chance
de contribuer, et elle le fera sans doute. Et l’ensemble de la
société s’en portera mieux.
Ce qui s’applique à nos sociétés s’applique également au village
planétaire. L’écart croissant entre les sociétés riches et pauvres
de ce monde ne peut durer. Cet écart est mauvais pour la stabilité
internationale. Il est mauvais pour l’écosystème que nous partageons
tous. Et dans le contexte d’un nouveau millénaire caractérisé par la
mondialisation, cet écart est moralement inacceptable.
Mesdames et messieurs, je crois que ce sont là les principaux défis
auxquels nous sommes confrontés en cette nouvelle ère. Vous – les
jeunes gens réunis dans cette salle, ainsi que vos pairs partout
dans le monde – serez confrontés plus que quiconque à ces défis.
Vous pouvez contribuer à bâtir le monde de plusieurs manières. Et
j’aimerais vous recommander le chemin de la politique active. Cela
fait 36 ans que je participe à la vie politique canadienne. De tout
coeur, je peux vous dire que les récompenses que ces années de
service m’ont apportées valent plus que les gains matériels que
j’aurais pu faire dans le secteur privé. Voilà ce que je vous
demande de garder à l’esprit au moment où vous vous préparez à vous
lancer à la conquête du monde.
Peu importe le chemin que vous choisirez, je suis convaincu qu’en
découvrant tout ce que le monde peut offrir, vous découvrirez aussi
que les forces qui rapprochent les gens et les nations et qui font
en sorte que nous nous ressemblons tous de plus en plus, sont assez
flexibles pour permettre aux nations d’être différentes.
D’être fières de leur spécificité. De leur diversité.
Ainsi, votre génération et celles qui suivront pourront bénéficier
de la riche diversité des nations et des cultures qui composent
maintenant notre village planétaire.]

[CChrétien=19991007]
[lieeu=ottawa]

Votre Excellence Madame Adrienne Clarkson,
Il me fait grand plaisir de vous offrir les meilleurs voeux du
gouvernement, du Parlement et du peuple canadien au moment où vous
prêtez le serment d’office.
Je tiens aussi à exprimer ma reconnaissance au très honorable Roméo
LeBlanc et à Madame Fowler LeBlanc.
Avec une dignité tranquille et une grâce sans faille, ils ont laissé
une empreinte ineffaçable sur cette haute fonction. Je pense
notamment à la création du Prix du Gouverneur général pour
l’entraide, qui rend enfin hommage à nos bénévoles – ces
innombrables Canadiens dont les actes quotidiens de générosité et de
compassion représentent si bien notre caractère national.
Lors de sa nomination en 1995, ce fier Canadien est devenu le
premier fils de l’Acadie à occuper la fonction de Gouverneur
général. Aussi, je sais combien cela a dû lui faire chaud au coeur,
à la toute fin de son mandat, de participer au VIIIe Sommet de la
Francophonie dans son Nouveau-Brunswick natal.
J’ai été ému par la fierté dont il rayonnait lors de la rencontre
historique entre le Président français Jacques Chirac et notre
communauté acadienne. J’ai aussi été marqué par l’émotion avec
laquelle M. Chirac a renouvelé le lien fraternel qui unit pour
toujours les Acadiens au foyer de nos ancêtres, de même que par
l’éloge que le Président français a fait des réalisations
exemplaires du Canada.
Je sais que, pour M. LeBlanc, il s’agissait vraiment d’un instant à
savourer dans une longue carrière au service du peuple canadien,
laquelle a été marquée par de très nombreux moments forts.
Mesdames et messieurs, nous voici rassemblés pour rendre hommage à
une personne dont le talent, le discernement et les réalisations
commandent l’admiration. Et qui représentera désormais notre chef
d’État au Canada.
Son accession au poste de gouverneur général n’est en fait qu’une
étape remarquable de plus dans un parcours personnel extraordinaire.
Celui-ci remonte au jour où, toute petite, elle s’est embarquée à
bord d’un bateau de réfugiés à destination du Canada, chassée de son
foyer par les privations et la cruauté d’une guerre terrible.
Après des débuts aussi peu propices, sa vie a tracé un arc nettement
ascendant. Un arc parallèle au développement du Canada tel que nous
le connaissons aujourd’hui.Un pays cosmopolite. À l’aise dans sa
diversité. Entièrement disposé à reconnaître pleinement les droits
de tous ses citoyens, autant dans ses lois que dans ses
institutions. En pratique aussi bien qu’en théorie.
Elle et sa famille ont d’abord été refoulées lorsqu’elles ont
cherché refuge au Canada, parce qu’elles étaient d’origine chinoise.
Sa présence ici aujourd’hui montre combien nous avons fait de chemin
comme nation. Une nation bâtie par les immigrants. Par ceux qui ont
été attirés ici par un rêve national, et par un refuge sûr.
Je n’ai pas besoin de dire aux Canadiens ce qu’ils savent déjà de
Madame Clarkson. La liste de ses réalisations comme journaliste et
commentatrice parle d’elle-même. J’aimerais quand même dire quelques
mots au sujet de la qualité particulière qui la rend si digne
d’accéder à cette fonction à cette époque de notre histoire.
Nous vivons à l’ère de la mondialisation. À l’ère du village
planétaire, où les personnes et les nations se rapprochent comme
jamais auparavant. Par-delà les fuseaux horaires, les frontières et
les cultures. Et où nous nous demandons quelle place cela laissera
pour la diversité. Quel espace nous aurons pour assurer la
protection et le rayonnement de nos propres moyens d’expression et
de nos propres expériences.
Rares sont ceux qui, comme Madame Clarkson, ont perçu l’harmonie
profonde de cet ensemble de moyens d’expression et d’expériences,
qui confère à la culture canadienne sa saveur sans pareil.
Douée d’une intuition extraordinaire, elle a su mettre ses talents
au service de la création de lieux d’expression pour nos artistes,
nos musiciens et nos auteurs. Des quatre coins de notre grand pays.
De toutes les origines et de tous les milieux. Un tel dévouement au
service de la collectivité, de telles preuves d’affection à l’égard
de son pays d’adoption, font d’elle une candidate éminemment
qualifiée pour les fonctions qu’elle s’apprête à assumer.
Par-dessus tout, je considère que le choix de Madame Clarkson pour
la fonction de gouverneur général contient un message frappant. Il
exprime clairement notre volonté collective de faire en sorte que
nos auteurs, nos artistes et nos oeuvres continuent d’enrichir notre
expérience commune. Et de rayonner dans l’ensemble du village
planétaire.
Mesdames et messieurs, le vingtième siècle qui s’achève a été celui
de la
grandeur et de l’horreur. Des rêves lumineux et des sombres
cauchemars. Nous avons souvent eu des raisons de croire qu’il ne
restait pas d’espoir pour le monde.
Selon moi, le succès du Canada a été de prouver, à nous-mêmes et au
monde entier, qu’il y a toujours de l’espoir. L’espoir de lendemains
plus heureux, de perspectives meilleures, de tolérance et de bonne
entente.
Madame Clarkson, vos expériences et votre succès me confirment dans
ma conviction.
Au nom de tous les Canadiens, je vous remercie d’avoir accepté ces
nouvelles responsabilités. J’adresse mes remerciements et mes
meilleurs voeux à M. Saul aussi. Je sais qu’il sera pour vous un
compagnon idéal au cours des jours à venir.
Je vous souhaite tout le succès possible au service du meilleur pays
au monde.

[CChrétien=19991108A]
[lieu=afri]

Monsieur le Président,
Je vous remercie sincèrement pour ces propos chaleureux. Ils
expriment l’affection sincère que vous portez à mon pays et à mes
compatriotes, qui ont eu le plaisir de vous recevoir à plusieurs
reprises.
Vous avez si bien décrit nos relations, passées et présentes, que
j’irais jusqu’à dire qu’elles émanent autant du coeur que de la
raison. Elles ont la certitude des relations bâties sur la
confiance, de longues années d’entente et la passion d’un avenir à
construire ensemble.
Depuis les années 1970, la coopération politique entre nos deux pays
s’est raffermie, comme vous le savez, autour de cette nouvelle
alliance nommée Francophonie. Trudeau et Senghor, visionnaires et
bâtisseurs, y ont cru. Le Sénégal et le Canada, à partir de cette
alliance sur la scène internationale, devaient en forger bien
d’autres.
Vous aussi, Monsieur le Président, avez cru à cette alliance de la
Francophonie. Et vous y avez travaillé sans relâche. Pour votre
pays, le Sénégal, mais aussi pour l’Afrique. Les objectifs qui
sous-tendaient cette entreprise étaient nobles et mobilisateurs. Les
moyens qu’elle préconisait – le dialogue, le partage – sont les
vôtres.
Monsieur le Président, l’engagement des Canadiens envers le Sénégal
s’est forgé dans la durée.
Parce que le Sénégal réunit un grand nombre d’éléments que le
gouvernement du Canada considère propices à une collaboration
fructueuse.
Tout d’abord, le multipartisme qui existe au Sénégal depuis près de
20 ans permet la présence d’une opposition parlementaire, qui est
une condition essentielle à la démocratie. Ensuite, le
positionnement du Sénégal comme pays respectueux de l’État de droit,
des institutions civiles et des droits de la personne, le démarque
d’autres pays. Troisièmement, nos approches des questions
internationales ont beaucoup en commun. Entre autres, elles sont
toutes deux influencées par nos valeurs de tolérance et de respect
pour la diversité des cultures. Enfin, le Canada voit dans le
Sénégal un bon partenaire économique.
Il est temps que nos échanges commerciaux et nos partenariats
économiques connaissent la même croissance que nos relations
politiques et de coopération.
Le Canada et le Sénégal disposent des atouts qui peuvent faire de
nos relations économiques le moteur de nos activités bilatérales.
Les ambitions de nos pays sont les mêmes : créer des emplois et
élargir les bases de nos économies. Et c’est ensemble que nous
pouvons gagner le pari de donner à nos populations les meilleures
conditions de vie possibles.
Le Canada continuera à être présent au Sénégal. Deux pays membres de
la famille francophone, fiers de leur héritage mais résolument
tournés vers l’avenir, voilà ce que nous sommes et nous en sommes
fiers.
Monsieur le Président, les relations entre le Canada et le Sénégal
évoluent et nous voulons faire en sorte que nous atteignions un
équilibre entre nos relations politiques, nos relations d’aide et de
développement et nos partenariats économiques. Un équilibre qui
témoignera de la maturité des liens chaque jour plus forts entre nos
pays. Des liens qui résultent de la détermination de Sénégalais et
de Canadiens qui ont su voir, il y a longtemps déjà, les affinités
naturelles entre nos deux peuples.
Monsieur le Président, je lève mon verre à l’amitié entre nos pays
et à notre avenir commun.]

[CChrétien=19991108B]
[lieu=afri]

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre accueil chaleureux
et pour votre invitation à m’adresser à votre assemblée, qui est au
coeur de la tradition démocratique du Sénégal, pour vous parler de
notre avenir commun.
Cette marque d’estime constitue un honneur pour mon pays. Elle
témoigne de l’amitié qui grandit entre le Canada et le Sénégal
depuis déjà plusieurs années à travers, notamment, notre
appartenance commune à la Francophonie. Une amitié empreinte de
respect et porteuse – j’en suis convaincu – d’un avenir prometteur.
Ma visite au Sénégal est la première étape d’un voyage qui me mènera
aussi au Nigéria puis au Sommet du Commonwealth en Afrique du Sud. À
ce Sommet, il sera notamment question des défis liés à la
mondialisation. Nous aborderons également des sujets tels la
démocratie, le principe de la primauté du droit, les droits de la
personne et la prévention des conflits.
Nous avons déjà eu l’occasion de discuter de ces questions avec le
Sénégal et nos autres partenaires de la Francophonie dans le cadre
du Sommet de Moncton au début de l’automne.
D’ailleurs, plusieurs de ces thèmes trouvent leur expression ici, au
Sénégal. Dans un pays qui compte parmi les joyaux de l’Afrique. Un
pays qui se distingue par la pratique et par la promotion de la
tolérance. Ainsi que par le respect de la diversité des cultures.
À ces égards, nos pays ont beaucoup en commun. Le Sénégal, comme le
Canada, compte de nombreuses communautés aux origines diverses,
possédant chacune un riche patrimoine culturel. Ici comme chez nous,
ces communautés vivent dans la paix et le respect mutuel. Nos
traditions d’ouverture et de tolérance sont précieuses. Et elles
sont aussi fragiles. Elles exigent une vigilance de tous les
instants, et une détermination inlassable de les préserver.
Nos pays ont également en commun le régime parlementaire. Et à titre
de parlementaires, nous partageons aussi les mêmes valeurs de
transparence, d’intégrité et d’équité qui doivent sous-tendre
l’exercice de nos responsabilités. Le même attachement à la volonté
du peuple comme source de légitimité. Le même souci d’écouter nos
concitoyens et de décider en tenant compte des vues, des besoins et
des aspirations de chacun.
Ceux qui veulent comprendre la démocratie en Afrique, autant son
passé que son avenir, doivent tenir à l’esprit les paroles du
Président Senghor qui a partagé avec le monde non seulement
l’humanité de l’Afrique, mais aussi ses valeurs et ses traditions.
Ainsi que les valeurs universelles qui font parti aujourd’hui de vos
délibérations parlementaires.
La démocratie s’exerce à travers de différents systèmes et le
Président Senghor notait à juste titre que l’importation pure et
simple de concepts ne saurait répondre aux aspirations de l’Afrique.
Il souhaitait que les apports originaux africains, et je cite, «
servent à la fois à nous distinguer des autres, nous exprimer aux
autres, et nous relier et articuler à la famille humaine ».
Monsieur le Président, le continent africain a profondément changé
au cours des dernières années. Cette Afrique en marche, qui
progresse parfois douloureusement, nous voulons l’accompagner.
Surtout, nous voulons approfondir notre engagement et le porter
au-delà des seuls efforts de coopération.
Au coeur de nos préoccupations sont les questions qui touchent la
pauvreté et les autres aspects de la sécurité humaine. Des questions
telles que le VIH / sida, les conflits armés impliquant des civils
et des enfants et nombre d’autres encore qui se manifestent souvent
sur le continent africain et qui contribuent à freiner son progrès.
Les députés de cette Chambre sont conscients de ces obstacles, et
contribuent fortement aux solutions des problèmes qui retardent
l’émancipation de l’individu africain. Par exemple, vous avez
récemment adopté des mesures pour faire respecter la santé et
l’intégrité des jeunes sénégalaises, tel que le stipule la
Convention sur les droits de l’enfant.
Monsieur le Président, le Canada est sensible à ces questions de
première importance pour le Sénégal et pour les pays d’Afrique en
général, et nous nous sommes déjà engagés à plusieurs chapitres.
Au récent Sommet du G8 à Cologne, nous avons mis de l’avant un plan
d’allégement de la dette des pays les plus pauvres. Un plan en vertu
duquel la communauté internationale effacerait la dette et
n’accorderait de nouveaux octrois qu’aux pays qui choisissent
d’investir dans l’enseignement et la santé plutôt que dans les
armes.
À cet égard, je tiens à saluer les mesures adoptées par le Sénégal
au cours des dix dernières années. Durant cette période, vous avez
cherché à consacrer une plus grande part des dépenses
gouvernementales à l’instruction universelle et aux soins de santé
de base. Vous avez également consacré des ressources supplémentaires
pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin, afin qu’ils
puissent développer des moyens durables de subsistance. Enfin, vous
avez donné votre appui au développement d’institutions publiques
saines ainsi qu’aux principes du respect des droits de la personne
et de la primauté du droit.
Le chemin ainsi parcouru par le Sénégal, tout comme par d’autres
pays, mérite d’être souligné. Il mérite aussi d’être appuyé par la
communauté internationale à travers la création de véritables
partenariats entre les pays industrialisés et ceux en voie de
développement. Comme vous, je suis convaincu que nous pourrons
relever les défis associés à la lutte contre la pauvreté, et léguer
un meilleur avenir aux générations futures.
Monsieur le Président, les conflits armés qui font rage dans de
nombreuses régions du globe ont aussi une incidence sur la sécurité
de l’individu. J’aimerais profiter de cette occasion pour souligner
la contribution exemplaire du Sénégal à de nombreuses missions de
paix. Nos militaires et nos policiers ont travaillé côte à côte dans
de nombreux pays, d’Haïti au Rwanda, et ils ont pu apprécier le
professionnalisme des uns et des autres et ainsi renforcer les liens
qui nous unissent.
Monsieur le Président, je n’ai évoqué que quelques aspects de la
sécurité humaine et un nombre limité d’initiatives actuellement en
cours pour la renforcer. Mais je crois que ces exemples suffiront à
montrer l’importance d’agir. Car les effets de la pauvreté, de la
maladie, du terrorisme, de la corruption, de la dégradation de
l’environnement et des mouvements massifs de réfugiés sont des
problèmes qui ne font que s’amplifier dans le monde. Et ces
problèmes ne connaissent aucune frontière.
Si nous voulons relever ces défis, nous devons nous munir des outils
nécessaires. Surtout, nous devons renforcer les institutions et les
mécanismes internationaux. Nous croyons fermement que la démocratie,
la bonne gouvernance et le respect des droits de la personne peuvent
consolider cette sécurité humaine qui est au coeur de nos
préoccupations collectives.
Monsieur le Président, j’ai dit plus tôt que le Canada voulait
approfondir sa relation avec l’Afrique en général, et avec le
Sénégal en particulier. Jusqu’à présent, je n’ai fait mention que de
notre engagement politique. J’aimerais maintenant parler de nos
relations économiques.
Depuis 1962, le Canada est un partenaire du développement du
Sénégal. Et nos relations ont atteint une maturité et un niveau de
confiance plus grands. Mais nous devons et nous pouvons en faire
davantage sur le plan économique et commercial.
Le Canada est à la fine pointe de la technologie dans de nombreux
domaines d’activité, allant de l’exploration minière aux transports,
en passant par l’agro-alimentaire et la haute technologie. De plus
en plus de gens d’affaires de nos pays établissent des alliances
stratégiques et des partenariats d’affaires. En fait, les
entreprises canadiennes sont aujourd’hui plus présentes que jamais
au Sénégal.
Ce matin, j’ai eu le plaisir d’inaugurer la nouvelle turbine
installée par Hydro-Québec International. La participation
d’Hydro-Québec International dans la secteur de la production
d’électricité au Sénégal marque un tournant dans nos relations. Elle
symbolise la confiance que nous possédons à l’égard de votre avenir,
et marque le progrès que font les investissements canadiens en
Afrique. Le Canada offre, dans la langue que nous partageons, des
technologies performantes, modernes et éprouvées. Plusieurs
centaines de Sénégalais ont choisi les universités et collèges
canadiens pour la formation de leurs enfants. Grâce à ces atouts et
à la facilité de travailler ensemble, nous avons un réservoir de
possibilités qu’il ne tient qu’à nous d’exploiter.
L’an prochain, tout juste avant la Conférence de Montréal, qui
traitera de l’Afrique, nous comptons d’ailleurs inviter au Canada
des dirigeants politiques, des chefs d’entreprises ainsi que des
représentants de la société civile de neuf pays du continent, dont
le Sénégal. Ce projet, nommé Afrique Directe, fera mieux connaître
le potentiel de l’Afrique au Canada, et offrira l’occasion de
développer des partenariats. Je crois que ce type d’initiative nous
permettra d’approfondir nos liens économiques au cours des
prochaines années.
Monsieur le Président, l’essor économique du Sénégal passe d’abord
par la création d’un climat favorable aux investissements privés. Et
les réformes économiques entreprises ces dernières années sont très
prometteuses. Mais il passe également par une plus grande
intégration économique de l’Afrique et la création de zones de
libre-échange sur le continent. Nous croyons qu’une plus grande
ouverture des frontières et de la mise en commun des ressources
seraient très avantageuses pour les pays d’Afrique. L’Agence
canadienne de développement international a d’ailleurs appuyé
quelques initiatives régionales dans ce domaine.
J’aimerais conclure, Monsieur le Président, en disant que ce que
nous faisons, nous le faisons d’abord pour les générations futures.
À fin qu’elles héritent d’un monde meilleur. Un monde qui offrira un
plus grand nombre de possibilités à un plus grand nombre de
personnes.
Pour y arriver, il faut miser sur la jeunesse. C’est pour cette
raison que l’appui à l’éducation pour tous est l’un des axes majeurs
de notre programme de coopération avec le Sénégal. Car, à nos yeux,
un programme d’instruction universel est le meilleur moyen
d’assurer, à terme, le développement économique, la création
d’emplois, la consolidation de l’État de droit et la stabilité
politique.
Et de donner à tous nos enfants les moyens de s’épanouir et de
contribuer à l’essor économique et politique de nos pays. La
jeunesse constitue notre plus grand défi, mais également notre plus
grand espoir. C’est la jeunesse africaine qui assurera la réussite
de l’Afrique et du Sénégal.
Le Canada veut être un partenaire de cette réussite. J’ai énoncé
aujourd’hui quelques aspects de l’amitié qui unit nos pays. Une
amitié qui, je l’espère, sera au fondement d’un partenariat
renouvelé et approfondi entre nous au XXIe siècle.
Merci Monsieur le Président, et vive l’amitié entre le Canada et le
Sénégal!]

[CChrétien=19991008A]
[lieu=ottawa]

Monsieur le Président,
C’est la première fois qu’un Président des États-Unis assiste à une
cérémonie soulignant l’ouverture d’une nouvelle ambassade
américaine. Il nous fait grand honneur que vous ayez choisi de le
faire ici, à Ottawa.
Aux yeux des Canadiens, cette nouvelle visite à Ottawa est signe du
respect que vous éprouvez à l’égard de notre pays et de l’importance
que vous accordez à l’amitié entre nos peuples.
L’emplacement de la nouvelle ambassade est aussi symbolique.
Celle-ci a plusieurs points en commun avec notre ambassade à
Washington. Toutes deux bénéficient d’un emplacement privilégié et
d’une vue spectaculaire de nos capitales. Toutes deux sont situées
en face de nos musées nationaux des beaux-arts.
Il ne saurait exister de symbole plus permanent des liens profonds
qui unissent nos pays à l’aube d’un siècle nouveau. Des liens qui
ont considérablement évolué depuis l’inauguration de l’ancienne
ambassade américaine à Ottawa en 1932.
Les temps ont changé, mais les fondements du partenariat entre le
Canada et les États-Unis demeurent solides.
Nous entretenons une relation commerciale bilatérale qui est, de
loin, la plus importante au monde. Mais notre relation a des
dimensions beaucoup plus profondes que les affaires. Nous partageons
la plus longue frontière non protégée de la planète. Mais notre
amitié tient à beaucoup plus qu’à la seule géographie.
Le partenariat entre nos pays est imprégné des valeurs que nous
partageons. D’un attachement commun à la liberté. D’un même respect
envers les droits de la personne, l’État de droit, la diversité et
la tolérance. Envers la libre circulation des idées.
La compréhension mutuelle et le respect qui règnent entre nos
peuples sont un produit de notre histoire commune. Nous avons tous
deux assez confiance en nos moyens pour déterminer notre propre
voie. Pour réaliser, chacun à notre façon, un équilibre entre nos
valeurs. Et enfin, pour stimuler ces valeurs et les projeter dans le
monde de la manière qui nous convient le mieux.
L’occasion qui nous réunit aujourd’hui marque un nouveau départ pour
une amitié qui dure depuis longtemps. Une amitié que vous, M. le
Président, avez encouragée de bien des façons.
Je crois aussi que l’occasion est bien choisie pour rendre hommage à
votre contribution énorme au maintien de la paix dans le monde.
L’emplacement aussi est bien choisi parce qu’il est possible
d’apercevoir de votre nouvelle ambassade – haut lieu de la
diplomatie – notre monument national dédié au maintien de la paix.
Comme vous le savez, le Canada a fait oeuvre de pionnier dans le
domaine du maintien de la paix. C’est une habileté que nous avons
perfectionnée à force de pratique. Et une cause qui nous est chère.
M. le Président, vous avez su rapprocher les gens à de nombreuses
reprises, notamment au Moyen-Orient, à Haïti et en Irlande. Vous les
avez détournés des fausses promesses de la violence. Vous avez
réussi à rétablir l’harmonie et la confiance dans des pays qui
n’avaient connu jusqu’alors que le désaccord et la méfiance.
M. le Président, au nom du peuple canadien, je vous salue. Vous
êtes, à mes yeux, non seulement un ami et un partenaire, mais un
homme d’État de premier ordre. La paix et la réconciliation seront
votre héritage de par le monde.
Je vous remercie, une fois de plus, de vous être déplacé pour cette
occasion.
Et je vous offre mes plus sincères félicitations pour cette
magnifique nouvelle ambassade.

[CChrétien=19991008B]
[lieu=qué]
Il y a deux jours, dans le cadre de cette conférence, nous avons eu
la chance d’entendre la remarquable allocution du Président du
Mexique Ernesto Zedillo. À cette occasion, il a tracé un parallèle
entre l’éclosion de la démocratie dans son pays et son adoption d’un
système fédéral.
Aujourd’hui, nous effectuons en quelque sorte un retour aux origines
du fédéralisme, non seulement en Amérique du Nord, mais dans le
monde entier. En effet, toute discussion sur le fédéralisme doit
nous mener éventuellement à l’expérience américaine. Aux idées et au
point de vue de ceux et celles qui, de nos jours, mettent en
pratique les principes et les structures établis il y a plus de 200
ans dans les Essais fédéralistes américains.
À cet égard, c’est un très grand privilège de pouvoir compter parmi
nous aujourd’hui le Président des États-Unis, Bill Clinton.
Le Président Clinton est éminemment qualifié pour nous parler de la
dynamique moderne du fédéralisme américain, de ses réussites, de ses
difficultés et de sa capacité d’évoluer de manière créatrice. Il
connaît bien la question du partage des pouvoirs aux États-Unis, à
la fois du point de vue de la Maison Blanche et de l’assemblée
législative des États américains.
Avant son élection comme Président, il a exercé avec distinction les
fonctions de gouverneur de son État natal, l’Arkansas et de
président de l’association nationale des gouverneurs. Et je sais
qu’à titre de Président, il a consacré beaucoup d’énergie à la
création d’un nouveau partenariat avec les États.
Lors de sa rencontre avec les gouverneurs l’été dernier, on me dit
que le Président Clinton a évoqué les paroles de Theodore Roosevelt.

Ce dernier avait dit, à l’occasion de la première rencontre des
gouverneurs en 1908, que : « Les gouvernements nationaux et ceux des
États doivent chacun faire leur part. Chacun peut faire des choses
que l’autre ne peut faire. Mais nous n’obtiendrons des résultats
satisfaisants que si les représentants des gouvernements national et
ceux des États travaillent ensemble avec vigueur. »
Je pense que cette citation illustre très bien l’approche du
Président à l’égard du fédéralisme. De même que la mienne.
Mesdames et messieurs, c’est pour moi un honneur de vous présenter
un partenaire, un allié et un ami. Le Président des États-Unis, Bill
Clinton.

[CChrétien=19990409]
[lieu=mexi]

Ce siècle, et ce millénaire, seront choses du passé dans un peu plus
de 260 jours.
Toutefois, au moment où je m’adresse à vous, les événements ailleurs
dans le monde en incitent certains à s’interroger sur nos
perspectives d’avenir. À se demander si l’humanité possède la
sagesse collective pour échapper à des conflits et à des attitudes
aussi vieilles que le millénaire, et qui donnent naissance à des
atrocités aussi terribles que toute autre au cours du dernier
siècle.
C’est pourquoi je suis heureux d’être ici, à Mexico. Et d’avoir été
invité à m’adresser à vous, les représentants élus du peuple
mexicain. Car selon moi, le Mexique d’aujourd’hui s’est donné un
plan pour le nouveau millénaire.
Un plan audacieux, qui devrait donner espoir à tous. Et auquel le
Canada est fier de s’associer. Vous êtes des exemples vivants du
plus important triomphe de ce siècle : celui de la démocratie.
Après des décennies de sacrifices et de violence. Contre des
adversaires qui prétendaient posséder une plus grande force de
caractère et connaître une meilleure manière de faire les choses. La
démocratie – le pouvoir du peuple – est en avance partout. Les
nations qui se sont engagées sur la voie de la réforme démocratique
sont celles qui avancent vers l’avenir avec confiance et optimisme.
Le Mexique s’est engagé dans cette voie. Vous et le Président
Zedillo avez pris des mesures vigoureuses et empreintes de
détermination afin de renforcer la démocratie. Bien sûr, la tâche
n’est jamais terminée. Nous devons toujours faire preuve de
vigilance et de fermeté pour assurer la réalisation de la promesse
essentielle de la démocratie : que le gouvernement du peuple est
véritablement un gouvernement pour le peuple. Un gouvernement qui
place les espoirs du peuple, ses rêves, la protection de ses droits,
sa sécurité et l’amélioration de sa qualité de vie devant toute
autre préoccupation.
Tout en choisissant la voie démocratique, le Mexique a adopté une
approche économique dont les principes, comme le démontre amplement
le vingtième siècle, sont essentiels à l’atteinte d’une meilleure
qualité de vie : l’ouverture des marchés et la libéralisation des
investissements.
C’est l’adoption de ces propositions fondamentales qui a donné au
Canada et au Mexique des aspirations communes. Ce sont les piliers
qui soutiennent un partenariat en pleine croissance. Un partenariat
qui rapproche nos populations au moment même où nous travaillons à
assurer un avenir meilleur à nos nations respectives, et à nos amis
et nos voisins à travers les Amériques.
Nous sommes des partenaires dans la prospérité. De saines politiques
économiques ont fait en sorte que nos pays connaissent des taux de
croissance économique enviables. Préparant ainsi la voie à une
augmentation des échanges commerciaux et des investissements. Ainsi,
les échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté de 65 % au cours
des cinq dernières années, et le Canada est devenu la deuxième
destination en importance pour les exportations mexicaines. J’ai été
particulièrement heureux de constater qu’en janvier 1998, Équipe
Canada, même en l’absence de son capitaine, a réussi à battre tous
les records en concluant 91 ententes commerciales d’une valeur de
230000000 $.
Mais notre partenariat va au-delà de la prospérité. Il concerne
surtout les gens. Une plus grande prospérité signifie de nouvelles
possibilités d’emploi pour les gens. De nouvelles occasions de
réaliser leurs rêves. En effet, l’expérience nous a démontré hors de
tout doute que nos populations ont grandement bénéficié de la
libéralisation des échanges et des investissements en vertu de
l’ALÉNA.
Nous devons constamment insister sur cette réalité. Car le
libre-échange demeure un bouc-émissaire facile lorsque nos économies
traversent des périodes difficiles causées par d’autres facteurs.
Ces doutes et ces soupçons persistants nous obligent aussi à
travailler en vue d’un partage le plus équitable possible des
bénéfices concrets du libre-échange. À mon avis, une nouvelle
prospérité ne peut avoir de sens que si elle sert à améliorer le
bien-être et la sécurité du plus grand nombre, et non de
quelques-uns. Que si elle contribue à élargir l’accès aux soins de
santé pour les gens, à leur donner un environnement plus propre, de
meilleures conditions de travail et une plus grande certitude que
leurs droits fondamentaux seront respectés.
Le Canada et le Mexique partagent le même engagement envers ce
principe. Et pour le démontrer, nous approfondissons nos efforts de
coopération en vue de faire avancer la cause de la protection et de
la promotion des droits de la personne dans le cadre de nos
engagements internationaux communs.
Nous cherchons également à ajouter des dimensions autres que
commerciales et gouvernementales à notre relation. Nos artistes et
nos étudiants, nos professeurs d’université et nos organisations non
gouvernementales se rapprochent d’une manière qui enrichit nos deux
pays. Le nouvel accord bilatéral relatif aux services aériens, que
nous avons signé aujourd’hui, symbolise bien notre relation. En
ouvrant nos cieux, nous apprendrons à nous connaître encore
davantage.
Mesdames et messieurs, l’adoption de la démocratie et de l’économie
de marché ne transforme pas seulement le Mexique. Elle transforme
les Amériques. Et à mesure que ces valeurs fondamentales prennent
racine, de l’île de Baffin à la Terre de Feu, notre hémisphère
devient autre chose qu’un ensemble de nations que la géographie
seule a rassemblées. Nous développons une identité bien vivante.
Ainsi que la confiance et la maturité nécessaires pour travailler
ensemble en vue d’objectifs communs.
C’est pourquoi le Canada s’est joint à l’Organisation des États
américains il y a près de dix ans. C’est pourquoi le Canada et le
Mexique ont pris l’initiative audacieuse de négocier l’ALÉNA avec
les États-Unis. Et c’est pourquoi, lors du Sommet des Amériques de
Miami en 1994, les dirigeants de l’hémisphère ont adhéré à une vaste
vision et à un plan d’action sur notre avenir commun.
À Miami, et l’an dernier à Santiago, nous avons affirmé qu’un plus
grand partage de la prospérité était au centre de cette vision. Et
nous avons souscrit à l’idée que la création d’une zone de libre-
échange des Amériques était un moyen principal pour y parvenir.
Toutefois, mesdames et messieurs, nous avons aussi dit clairement
qu’en soi, l’intégration économique ne peut mener à l’amélioration
de la qualité de vie que nous désirons tous. Il faut également une
volonté ferme de consolider la démocratie, de promouvoir les droits
de la personne et de s’attaquer aux inégalités sociales à travers la
promotion de l’éducation et l’élimination de la discrimination
raciale.
En adoptant le plan d’action de Santiago, nous avons souscrit à des
initiatives dans tous ces domaines. Et au cours de l’année qui s’est
écoulée depuis, des progrès réels ont été accomplis vers la
réalisation de cet ambitieux programme. La lutte contre le fléau des
stupéfiants en est un exemple. Ma proposition à Santiago de créer un
groupe d’action sur les stupéfiants a fait son chemin. Le Canada a
présenté des idées sur ce que les pays peuvent faire ensemble pour
s’attaquer aux effets corrosifs du trafic des drogues sur les jeunes
et les familles, sur le respect des droits de la personne et sur les
institutions démocratiques.
Le Canada considère que les progrès pouvant être accomplis dans
chacun de ces domaines sont les pierres angulaires d’une prospérité
hémisphérique véritablement partagée. Et qu’ils vont de pair avec la
progression des négociations sur la Zone de libre-échange des
Amériques.
Avec le Canada à la présidence du Comité de négociations
commerciales, les négociations sur la ZLEA ont véritablement
progressé. Notre ministre du Commerce international, l’honorable
Sergio Marchi, accueillera ses collègues en novembre prochain à
Toronto afin de faire le point sur cette question et de planifier
les prochaines étapes.
Mais il est clair que des défis importants subsistent. Des défis que
nous devons aborder et dont nous devons venir à bout.
L’absence d’une procédure accélérée aux États-Unis est une
déception. Elle constitue un signal guère encourageant au sujet de
l’engagement des États-Unis envers des négociations qui sont
essentielles au développement économique de tout l’hémisphère.
Nous devons réduire les tracas administratifs. Afin que les gens,
les produits et les services puissent circuler plus librement.
Il existe des opinions différentes sur le rôle de la société civile.
L’appui informé du public est essentiel à la légitimité de la ZLEA,
car nous devons prouver qu’un accord ne vise pas seulement à
améliorer la marge de profit des compagnies.
Nous devons aussi agir avec fermeté afin de réduire les impacts
négatifs des événements financiers mondiaux et de résister à la
tentation du protectionnisme qui les accompagne.
Enfin, nous devons être sensibles aux différences qui existent aux
plans de la taille et du développement économique des États. Un
accord réussi ne laissera aucun membre en marge.
Il ne fait aucun doute que ces défis sont de taille. Mais j’ai
confiance que nous atteindrons notre objectif de conclure une
entente sur la ZLEA d’ici 2005.
Mesdames et messieurs, à Miami j’ai parlé du Canada et de ses
partenaires de libre-échange comme étant des amis, « amigos ». À
Santiago, j’ai dit que les nations des Amériques étaient devenues «
una gran familia ».
À l’approche du nouveau millénaire, le temps est venu d’aller
au-delà des belles paroles. De tisser des liens collectifs et
identitaires qui feront en sorte que nos peuples sentiront qu’ils
font véritablement partie de cette grande famille.
Je perçois la possibilité de bâtir une véritable communauté des
Amériques à la fois comme un défi passionnant et une chance inouïe.
Et je ne pense pas que cela fait de moi un rêveur ou un simple
idéaliste.
Car bâtir une véritable famille est un travail exigeant, l’oeuvre
d’une vie, voire de plusieurs générations. Je sais également que
même le plus long voyage débute par un premier pas, et que nous en
avons déjà faits plusieurs ensemble. La géographie a fait de nous
des voisins, et l’histoire nous a liés d’amitié. L’accueil
chaleureux qui m’est fait partout où je vais dans l’hémisphère en
témoigne.
Le Canada aura l’occasion d’en faire autant à plusieurs reprises au
cours des deux prochaines années. Winnipeg accueillera les Jeux
panaméricains. Et l’Assemblée générale de l’Organisation des États
américains se tiendra au Canada l’an prochain. Tout comme la
prochaine rencontre des épouses des chefs d’État et de gouvernement
des Amériques.
Je suis particulièrement fier de mentionner que le Canada aura le
privilège d’accueillir le prochain Sommet des Amériques.
Permettez-moi d’exprimer le souhait qu’à leur départ du Canada,
tous
les participants au prochain Sommet considéreront que leur relation
va au-delà du statut de partenaire, au-delà des liens de voisinage.
Bâtissons ensemble sur la base des triomphes du vingtième siècle qui
transforment le Mexique, les Amériques et le monde entier. Ces
triomphes ne sont pas ceux d’une idéologie ou des armées. Ils sont
le fruit du seul véritable moteur de l’histoire et du progrès : les
gens.
Je souhaite que l’esprit de ces victoires difficilement acquises
continue à nous inspirer au cours du prochain millénaire. Et que
nous reconnaissions enfin que nous faisons tous partie d’une seule
famille. Une grande famille dynamique et diversifiée. La famille des
Amériques.]

[CChrétien=19991109]
[lieu=afri]

Je suis particulièrement sensible à l’honneur de me trouver ici, à
Abuja, à la veille d’un moment charnière dans l’histoire de votre
grand pays. Et dans votre relation avec le Canada.
Il y a quatre ans demain, les chefs de gouvernement des pays membres
du Commonwealth, et le monde entier, ont appris avec stupeur et
tristesse l’exécution de Ken Saro-Wiwa et de huit autres Nigérians.
Le Commonwealth a alors suspendu le Nigéria. Demain, Monsieur le
Président, vous vous rendez à Durban, en Afrique du Sud, pour
assister à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth.
Cette rencontre marquera le retour officiel du Nigéria dans la
grande famille du Commonwealth.
C’est un moment à savourer dans l’allégresse. Le rétablissement de
la liberté au Nigéria – rien de moins, car c’est bien de cela qu’il
s’agit – marque l’aboutissement d’une transformation à laquelle les
Canadiens ont assisté avec admiration. Or, cette transformation
n’aurait pas été possible sans le courage de nombreux patriotes
nigérians et sans le leadership d’un homme de principes comme vous.
Monsieur le Président, le Canada applaudit votre prévoyance et votre
détermination. Vous conduisez votre peuple sur la route de
l’espérance, laissant derrière vous une époque sombre de répression
et d’injustice.
Le Canada a accompagné le Nigéria à toutes les étapes de son
cheminement. Nous avons été l’un des rares pays à protester quand
vos droits étaient bafoués. Nous avons agi par devoir moral. Et pour
vous faire savoir que vous n’étiez pas seuls.
Nous avons soutenu les groupes communautaires afin que votre société
civile puisse promouvoir la démocratie et les droits de la personne
alors même que l’armée gouvernait. Avec le passage d’un régime
militaire à un gouvernement civil le 29 mai, le Nigéria a repris la
place qui lui revient au sein de la communauté démocratique des
nations.
Les cinq premiers mois de votre nouveau gouvernement ont été
impressionnants. Il a amorcé des enquêtes au sujet des violations
des droits de la personne et de la corruption du passé. Il a
entrepris de réexaminer la politique économique. Il a lancé un
programme universel d’enseignement et de vaccination. De tels
progrès auraient été inconcevables il y a quelques années à peine.
De même que le Nigéria s’est engagé dans une voie nouvelle pour le
nouveau siècle, de même les choses changent pour le mieux dans
l’ensemble du continent africain.
Comme le Nigéria, de plus en plus d’États africains adoptent les
principes de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne
gouvernance. Les économies de presque tous les pays africains sont
en pleine croissance. De plus en plus, les pays africains utilisent
des solutions africaines. Le rôle de leadership du Nigéria en Sierra
Leone n’en est qu’un exemple. C’est une preuve évidente de votre
volonté d’assurer la paix et la sécurité.
Mais tout en reconnaissant l’importance historique de ces progrès,
nous devons aussi reconnaître qu’il reste encore des défis énormes à
relever, tant ici au Nigéria que dans tout le continent africain.
Vaincre le fléau de la pauvreté. Affermir l’engagement envers la
bonne gouvernance. Inverser le processus de dégradation
environnementale.
Force est de reconnaître qu’il reste encore beaucoup à faire pour
éliminer la corruption. Cinq des onze pays présumés les plus
corrompus du monde sont africains. La persistance de l’iniquité et
de l’arbitraire demeurera un obstacle sérieux au genre
d’investissements étrangers susceptibles de contribuer au
développement général d’une nation, à sa stabilité et à sa
prospérité. Nous trouvons encourageantes les mesures audacieuses que
vous avez prises, Monsieur le Président, en vue de rétablir le règne
de la probité et de la transparence dans la société nigériane.
Les efforts déployés pour résoudre certains des conflits chroniques
régionaux en Afrique ont permis de réaliser certains progrès.
Pourtant, les horreurs de la guerre ne sont que trop évidentes.
Certains conflits durent depuis plus d’une génération. Il est
tragique, et, disons-le, insensé que les immenses ressources
minérales de l’Afrique soient gaspillées pour acheter des armes et
des bombes, au lieu d’être consacrées à des investissements destinés
à améliorer la qualité de vie de la population.
Il faut aussi que nous parvenions à mieux comprendre et gérer les
menaces qui pèsent sur la sécurité individuelle et collective.
Notamment le commerce de la drogue, l’exploitation non réglementée
des ressources naturelles. Et la propagation dramatique du sida et
d’autres maladies évitables.
Trop d’Africains meurent dans la fleur de l’âge à cause du sida et
avec eux disparaît le potentiel qu’ils représentent. Le Canada
consacre des efforts considérables à la lutte contre la propagation
du sida et à la mise au point de vaccins. Toujours dans le secteur
de la santé, pour combattre une autre maladie contre laquelle il
existe des moyens de prévention efficaces, nous avons récemment
annoncé que nous verserions une contribution de 6000000 $ à
l’Organisation mondiale de la santé pour aider à vacciner
les enfants Nigérians contre la poliomyélite.
Les défis sont immenses, Monsieur le Président. C’est incontestable.

Bien sûr, c’est aux peuples du Nigéria et de l’Afrique qu’il
appartiendra de décider comment aborder ces problèmes et de
concevoir leurs propres solutions.
Cependant, tout comme le Canada vous a accompagnés durant les heures
sombres, nous voulons travailler avec vous, Monsieur le Président,
et votre gouvernement, pour aider le Nigéria à faire fructifier son
immense potentiel. Et à faire fructifier pleinement le potentiel de
notre relation. Un potentiel longtemps promis, mais jamais réalisé.
Le Canada est fier de participer depuis longtemps au développement
de l’Afrique. Notre engagement en faveur de l’aide au développement
montre combien nous sommes convaincus que tous les peuples ont droit
à une qualité de vie convenable. Le Canada participe aussi
activement à l’édification d’un système qui permettra d’amortir les
effets des crises financières internationales. Il prend aussi part
aux efforts déployés pour améliorer les possibilités d’échanges
commerciaux pour les pays en développement.
Au Conseil de sécurité des Nations Unies, nous nous employons à
obtenir une meilleure protection des civils dans les conflits armés.

Nous avons effacé une dette de plus de 1300000000 $ au
titre de l’Aide publique au développement. Nous avons lutté pour que
des conditions de crédit plus favorables soient accordées aux pays
pauvres très endettés. Et, dans certains cas, nous nous sommes
prononcés en faveur de l’annulation de la dette. Nous considérons
toutefois qu’un tel allégement de la dette devrait impliquer
l’engagement, de la part des pays en développement, d’investir les
fonds ainsi libérés dans la prestation de services sociaux de base à
leur propre population.
Le Canada souhaite établir des partenariats plus efficaces avec le
Nigéria. Des partenariats associant les gouvernements, les
organisations de la société civile et nos gens d’affaires.
C’est la raison pour laquelle le Canada invitera les principaux
leaders du monde politique, de celui des affaires et de la société
civile de neuf pays africains, dont le Nigéria, à participer à un
projet appelé « Afrique Directe ». Avec la conférence de Montréal au
Québec, ce projet permettra de mettre en lumière le potentiel de
l’Afrique et de déterminer de nouvelles possibilités prometteuses de
coopération.
Des sociétés canadiennes envisagent des investissements importants
dans le développement du Nigéria. Elles apporteront du même coup des
compétences, des moyens technologiques et un savoir-faire confirmé,
mais aussi des valeurs et une vision. En tant que gouvernement, nous
nous devons de favoriser ces entreprises et de créer un
environnement propice à leur réussite. Dans ce contexte, le Canada
mènera à bien le processus afin que l’Accord de double imposition
signé en 1992 entre en vigueur le 1er janvier 2000.
Mesdames et messieurs, c’est un moment exaltant pour le Canada.
Celui où nous retrouvons notre vieil ami, le Nigéria.
J’invite maintenant toutes les personnes présentes à lever leur
verre : au Président Obasanjo et au peuple du Nigéria.
Célébrons ensemble la renaissance de la liberté. Et tournons-
nous vers les jours glorieux qui s’annoncent.]

[CChrétien=19990610B]
[lieu=ottawa]

Les députés sauront que l’OTAN a décidé aujourd’hui de suspendre sa
campagne aérienne contre la République fédérale de Yougoslavie, et
que le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté une résolution
sur les modalités du règlement du conflit au Kosovo. Cette étape
nous rapproche de la mise sur pied d’une force de maintien de la
paix dirigée par l’OTAN et du retour en paix et en sécurité des
réfugiés dans leurs foyers.
C’est un grand jour pour les valeurs que nous avons défendues à
travers le monde. C’est un grand jour pour la stabilité et la
sécurité en Europe. C’est un grand jour pour le Canada. Je tiens à
remercier les militaires canadiens et en particulier nos pilotes,
qui ont pris de grands risques afin que nous puissions atteindre nos
objectifs. Je voudrais aussi rendre hommage aux efforts
diplomatiques déployés par le Canada en vue d’aboutir à un juste
règlement de ce conflit.
Cette Chambre a toujours reconnu que le Canada devait prendre parti
pour la justice, la liberté et les droits de la personne dans les
Balkans. Nos actions contre les crimes commis au Kosovo ont
bénéficié d’un appui solide. Je remercie les députés de cette
Chambre et tous les Canadiens qui ont appuyé nos actions pendant
cette période difficile.
Quant à ceux qui se sont opposés à la campagne aérienne de l’OTAN,
je tiens à leur dire que je partage leur aversion à l’égard des
offensives militaires. Notre décision d’intervenir n’a pas été prise
à la légère. Tandis que nous poursuivions notre recherche de la
paix, le Président Milosevic renforçait son appareil militaire et
s’apprêtait à imposer le règne de la terreur au Kosovo.
Quand tous nos efforts en faveur de la paix ont abouti à l’impasse,
nous savions que la seule option qui nous restait était l’action
militaire. L’autre option aurait été en quelque sorte de rester
passifs alors qu’une population entière était terrorisée et expulsée
de la terre de ses ancêtres.
Nos partenaires de l’OTAN savaient qu’ils pouvaient compter sur le
Canada, comme chaque fois que des démocraties européennes ont
résisté à la force brutale de la tyrannie au cours de ce siècle.
Pendant 78 jours, nos courageux pilotes canadiens ont risqué leur
vie dans l’accomplissement de leur devoir au nom des valeurs
canadiennes.
Nos efforts ne se limitaient pas à l’action militaire. Le Canada a
joué un rôle central dans l’effort diplomatique en faveur d’une
solution pacifique au conflit. Patiemment, nous avons travaillé au
sein du G-8 et au plan bilatéral en vue d’amener la Russie à
comprendre nos actions et à jouer un rôle constructif dans ses
rapports avec le régime yougoslave. À la fin, la Russie a servi la
cause de la paix dans son rôle d’intermédiaire et mérité la
reconnaissance de la communauté internationale.
À la demande du Haut-Commissariat pour les réfugiés, le Canada a
accueilli plus de 5000 réfugiés du Kosovo. Les Canadiens ont
démontré encore une fois qu’ils ouvrent volontiers leur coeur à ceux
qui souffrent et les accueillent à bras ouverts. Nous avons apporté
une contribution importante au travail des organismes humanitaires
auprès des réfugiés dans les pays voisins du Kosovo : l’Albanie et
la Macédoine.
Monsieur le Président, cette journée marque une étape importante
dans la recherche d’une solution à la crise du Kosovo. Mais nous
sommes conscients qu’une tâche gigantesque nous attend. Tout
d’abord, ne nous faisons pas d’illusion. Bien que nous soyons
confiants que l’accord entre l’OTAN et la République fédérale de
Yougoslavie ainsi que les modalités fixées par le Conseil de
sécurité seront respectés, nous demeurons réalistes. Nous avons vu
le régime yougoslave trahir ses engagements à plusieurs reprises.
J’exhorte les autorités yougoslaves à respecter pleinement les
dispositions de la résolution. Mais tant que les derniers soldats et
policiers yougoslaves n’auront pas quitté le Kosovo, et que la force
internationale de maintien de la paix ne sera pas fermement en
place, la reprises des hostilités reste possible. Notre tâche la
plus urgente consiste à surveiller le retrait des forces yougoslaves
et à déployer la force de maintien de la paix au plus tôt.
Un autre élément clé du plan de paix et de la résolution du Conseil
de sécurité de l’ONU est la démilitarisation de l’Armée de
libération du Kosovo. Nous nous réjouissons de l’engagement des
leaders kosovars de remplir cette obligation. Et nous exhortons
l’UCK et les Kosovars à donner leur pleine coopération à la force de
maintien de la paix.
J’ai le plaisir de confirmer que le contingent canadien de la Force
du Kosovo est en route pour le Kosovo et qu’il sera prêt à se mettre
à l’oeuvre d’ici quelques jours. Les défis et les risques
qu’affronteront nos gardiens de la paix seront bien réels. Que Dieu
les garde pendant leur importante mission pour rétablir la sécurité
et la stabilité au Kosovo.
Une fois la force de maintien de la paix déployée au Kosovo, nous
commencerons à organiser le retour des réfugiés, à établir des
institutions démocratiques, à faire renaître la confiance et la
réconciliation et à reconstruire la province. Le Canada participera
à ces efforts au sein des organisations internationales telles les
Nations Unies, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe et la Banque mondiale et dans le cadre de son programme
d’aide bilatérale.
Monsieur le Président, aucune paix durable ne sera possible au
Kosovo, ni ailleurs en ex-Yougoslavie, sans justice. Le Canada a
soutenu avec insistance les dispositions de la résolution du Conseil
de sécurité des Nations Unies qui visent à faciliter le travail du
Tribunal pénal international en ex-Yougoslavie. Le rôle du Tribunal
sera indispensable pour instaurer la confiance dans un règlement
juste au Kosovo – un règlement en vertu duquel ceux qui ont commis
des crimes contre l’humanité en seront tenus responsables. Le Canada
a appuyé les efforts du Tribunal ailleurs en ex-Yougoslavie et
continuera de le faire au Kosovo. Nous avons déjà annoncé, au début
de la semaine, l’envoi d’une équipe d’experts pour soutenir les
enquêtes du Tribunal dans la province.
Monsieur le Président, cette guerre ne visait pas le peuple serbe.
Le Canada se souvient que la Yougoslavie a été une nation amie
pendant des années. Nous avons combattu à ses côtés dans la lutte
contre la tyrannie pendant deux guerres mondiales. L’amitié qui nous
lie à la Yougoslavie a des racines profondes et pourrait renaître
facilement. Mais cette amitié ne s’étendait pas, et ne s’étendra
jamais, à un régime qui a adopté les façons de penser et les
méthodes des tyrans de l’Europe des années 1930.
Nous souhaitons sincèrement que la Yougoslavie réintègre bientôt la
communauté des nations démocratiques qui partagent les valeurs
fondamentales des pays de la région euro-atlantique. Nous tendons la
main au peuple yougoslave. Nous serons heureux de les aider à mener
à bien l’oeuvre de démocratisation, de réforme économique et de
reconstruction en Yougoslavie.
Mais auparavant, de grands changements devront se produire dans ce
pays. D’abord et avant tout, il devra se donner de nouveaux
dirigeants. Cinq des dirigeants actuels, dont le Président
Milosevic, ont été inculpés par le Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie. Ils ont droit à un procès juste, et j’espère
qu’ils profiteront de cette occasion pour se défendre, ouvrant la
voie à un nouveau leadership.
Monsieur le Président, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU
constitue la reconnaissance de la dimension humaine de la paix et de
la sécurité dans le monde. Du Rwanda au Kosovo, les preuves
s’accumulent : non seulement les conflits internes détruisent la
sécurité humaine, mais en plus ils menacent de déstabiliser des
régions entières. Nous considérons que les questions humanitaires et
les atteintes aux droits de la personne ne sont pas seulement des
questions internes. Le Canada a lutté pour faire reconnaître
davantage cette réalité au sein de la communauté internationale et
en particulier aux Nations Unies. Nous croyons que l’accord auquel
le Conseil est parvenu aujourd’hui représente un pas important vers
l’adoption d’une définition plus vaste de la sécurité par la
communauté internationale.

[CChrétien=19990412]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président,
J’aimerais ouvrir cet important débat en rendant hommage aux députés
de tous les partis qui ont fait preuve de détermination et de
leadership dans cette situation difficile.
Le ministre des Affaires étrangères, dont les efforts inlassables en
vue de régler cette crise l’ont conduit aujourd’hui à Bruxelles, où
il représente notre pays à la réunion des ministres des Affaires
étrangères de l’OTAN. Le ministre de la Défense, qui a organisé une
réaction impressionnante de la part de nos forces armées. La
ministre de l’Immigration, qui a fait bouger son ministère dès que
le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés nous a
demandé d’accueillir les réfugiés chassés de leurs foyers au Kosovo.
La ministre du Développement international, qui a su amener son
agence à prendre l’initiative au niveau international en portant
aide et secours aux réfugiés du Kosovo.
J’aimerais également saluer les partis d’opposition de cette
Chambre. Leur approche constructive et leur attitude non-partisane
ont donné l’exemple aux Canadiens.
Je souhaite entendre le point de vue et les préoccupations de tous
les partis aujourd’hui. Car, quelles que soient nos opinions
respectives au sujet de notre engagement au Kosovo, nous sommes tous
guidés par notre désir de faire ce qui est juste. Pour le Canada et
pour la communauté internationale.
D’ailleurs, comme tous les députés dans cette Chambre, comme tous
ceux et celles qui prendront part à ce débat, cette occasion de
m’adresser à vous n’a rien de réjouissant.
Elle m’inspire cependant beaucoup de fierté devant le courage des
vaillants Canadiens et Canadiennes de nos forces armées qui sont
passés à l’action avec leurs camarades des autres pays de l’OTAN.
Qui risquent leur propre vie afin que des milliers d’autres puissent
être sauvées.
Cela me fait chaud au coeur et je ressens une satisfaction très
profonde de voir l’immense générosité, l’esprit communautaire, la
pure bonté et l’humanité qui animent des milliers et des milliers de
Canadiens dans toutes les régions de ce grand pays. Tous ceux qui,
en réaction à la demande initiale du Haut Commissariat pour les
réfugiés des Nations Unies, se sont spontanément offerts pour aider
et accueillir les réfugiés du Kosovo, si brutalement chassés de chez
eux.
J’éprouve enfin de la colère et une rage profonde à l’égard des
actions du Président Milosevic et de son régime. Qui ont provoqué
toute cette crise. Qui continuent de mener une campagne de terreur
et de destruction parmi les innocents civils du Kosovo – hommes,
femmes et enfants. Et qui ne se soucient pas le moindrement du coût
ni des conséquences de leurs actes pour leur propre peuple.
Ce sont les émotions que nous ressentons tous. Pas seulement dans
cette Chambre, mais à travers le Canada et dans le monde entier.
Ces sentiments reflètent nos valeurs. Les valeurs que nous avons
développées dans ce pays. Les valeurs qui font du Canada une terre
de paix et de promesse. Une terre où nous voyons dans la diversité
non pas une source de conflit, mais un moyen de créer un milieu de
vie sain et dynamique.
Ces valeurs doivent toujours guider nos décisions, au pays comme à
l’étranger. Et, en tant que représentants élus, investis d’une
grande responsabilité par nos concitoyens et concitoyennes, nous
devons toujours agir de manière à protéger et à promouvoir nos
intérêts nationaux. Et nous devons respecter nos obligations en tant
que membre de la famille des nations. Nos obligations en vertu des
engagements internationaux que nous avons pris, nos obligations
envers nos alliés.
Or, Monsieur le Président, ce sont ces trois éléments : nos valeurs
en tant que Canadiens, l’intérêt national que représentent pour nous
la stabilité et la sécurité en Europe et nos obligations à titre de
membre fondateur de l’OTAN, qui ont conduit le Canada à prendre les
armes avec ses partenaires de l’OTAN. Et c’est en raison de vos
valeurs, de notre intérêt national et de nos obligations que nous
devons aller jusqu’au bout.
À l’heure qu’il est, ceux qui conservent encore des illusions au
sujet du régime du Président Milosevic ne doivent plus être très
nombreux. Depuis dix ans maintenant, il est l’artisan principal de
la tragédie qui se déroule au coeur même de l’Europe. Depuis
maintenant dix ans, il fomente des conflits qui ont fait des
centaines de milliers de victimes, déplacé des millions de personnes
et ranimé des haines viscérales qui empoisonneront longtemps encore
ce coin du monde.
D’abord en Croatie. Puis en Bosnie. C’est pendant ces conflits que
le Président Milosevic a introduit l’expression obscène de «
nettoyage ethnique » dans le lexique moderne. Depuis un an, le même
scénario révoltant de violence contre un groupe ethnique ciblé a
atteint une nouvelle intensité au Kosovo.
C’est le Président Milosevic et son régime qui ont enlevé au Kosovo
son autonomie en 1989. Qui n’ont pas respecté les accords avec les
dirigeants kosovars modérés. Qui ont violé leurs propres engagements
d’octobre dernier envers l’OTAN et l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe. Qui continuent d’ignorer les
résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, y compris
l’obligation de livrer les auteurs présumés de crimes de guerre à la
justice du Tribunal pénal international à La Haye.
C’est le Président Milosevic et son régime qui ont commencé, au
début de l’an dernier, à expulser les Kosovars de leurs foyers.
Lorsque les négociations de Rambouillet ont été entamées, on
comptait 260000 personnes déplacées à l’intérieur du Kosovo et au
Monténégro et 100000 à l’étranger. À l’échec des pourparlers, elles
étaient 100000 de plus. À l’heure actuelle, au moins 1000000 de
Kosovars ont été expulsés ou se sont exilés.
Tout cela s’est passé avant que l’OTAN passe à l’action. Tout cela
selon un plan évident et suivant le même scénario que par le passé.
La communauté internationale a fait tous les efforts raisonnables
pour trouver une solution diplomatique. On ne compte plus les
missions diplomatiques qui ont été envoyées à Belgrade. En octobre,
une mission de vérification de l’OSCE a surveillé un cessez-le-feu
au Kosovo et a travaillé sur le terrain à bâtir la confiance et à
résoudre les conflits locaux. La conférence de paix de Rambouillet a
eu lieu. Les Kosovars ont fait preuve de courage en signant un
accord de compromis. Seul le Président yougoslave est resté
intransigeant. Enfin, l’ambassadeur Holbrooke a effectué une
dernière tentative à Belgrade auprès de M. Milosevic.
Ce n’est qu’après tous ces efforts, Monsieur le Président, que
l’OTAN a eu recours – a été obligée d’avoir recours – à l’action
militaire. Nos buts n’ont pas changé. Le gouvernement de Belgrade
doit :
arrêter de tuer et d’expulser les Kosovars;
retirer son armée et ses forces de sécurité du Kosovo;
faire en sorte que les réfugiés puissent rentrer chez eux en toute
sécurité;
permettre la présence d’une force internationale pour assurer la
sécurité des Kosovars à leur retour; et
signer un accord de paix vérifiable qui l’engage à respecter les
principes des négociations de Rambouillet.
Voilà notre engagement. L’engagement de l’OTAN. L’engagement du
Canada en tant que membre de l’OTAN.
Nous n’y arriverons pas du jour au lendemain. Nous n’y arriverons
pas sans que la crise fasse de nouvelles victimes dans la région –
peut-être même parmi les forces de l’OTAN. Mais nous devons y
arriver. Il est important de comprendre que le Canada n’agit pas
seul dans cette affaire. Aucun pays ne peut décider seul des
opérations ou des tactiques. Nous faisons partie d’une équipe. Nous
contribuons à un effort collectif. Et les décisions sont prises
collectivement.
Depuis sa création, l’OTAN a appliqué les leçons douloureuses des
deux guerres mondiales, c’est-à-dire que la paix et la
stabilité ne
peuvent être assurées qu’au moyen d’une sécurité collective
efficace. La campagne de terreur menée sans relâche par Belgrade
menace la paix et la sécurité au coeur même de l’Europe. Elle a déjà
eu des effets sérieux partout dans la région. Et elle menace les
nombreuses démocraties naissantes dans la région.
Nous avions le choix : nous pouvions agir maintenant et faire face
résolument à cette menace. Ou nous pouvons rester passifs, fuir nos
responsabilités et faire face dans quelques mois ou quelques années
aux résultats de notre passivité. L’Europe l’a déjà fait; elle en a
payé le prix, et nous aussi. Je n’ai pas besoin de vous dire lequel
de ces choix serait le plus coûteux et le plus dangereux.
La semaine dernière, j’ai eu l’honneur d’accueillir nos premiers
équipages militaires à leur retour d’Aviano. Leur fierté de servir
le Canada était manifeste. Et la compétence et le courage qu’ils
démontrent dans des cieux dangereux nous font honneur.
L’action militaire est, par définition, une entreprise incertaine.
Je tiens assurer les Canadiens, par contre, que jamais, au grand
jamais, nous ne prendrons des mesures irréfléchies – des mesures qui
mettraient plus de vies canadiennes en danger – sans en avoir évalué
toutes les conséquences à fond.
Quoi qu’il advienne, je sais que tous les députés se joindront à moi
pour affirmer que les hommes et les femmes des Forces armées
canadiennes, qui traduisent nos convictions morales en actes,
méritent l’appui de tous les Canadiens, à 100 %.
Et ils l’auront, Monsieur le Président, ils l’auront!
Je m’en voudrais de conclure, Monsieur le Président, sans parler du
seul aspect de cette crise qui nous réconforte et nous encourage. Le
conflit au Kosovo est un rappel déprimant du passé. Mais la
générosité et la compassion que les Canadiens témoignent envers les
réfugiés kosovars sont un rappel inspirant de ce qui fait la
grandeur et la qualité exceptionnelle de notre pays.
Il y a une semaine, le Haut Commissariat pour les réfugiés a demandé
au Canada d’aider à remédier à la situation critique des réfugiés
kosovars en acceptant d’en accueillir un certain nombre. Dès que le
gouvernement a accepté de faire venir 5000 réfugiés, la vague de
générosité de la part des Canadiens a été absolument extraordinaire,
et ça continue.
Les services téléphoniques sans frais et les télécopieurs sont
submergés de propositions d’aide. Les communautés ouvrent leurs
coeurs et ne demandent pas mieux que d’ouvrir leurs foyers, de façon
typiquement canadienne. Devant cette grande détresse, notre
compassion est encore plus grande. Au nom de cette Chambre, je tiens
à remercier tous ceux qui participent à cet effort.
Si quelqu’un nous demandait un jour de décrire la nature du Canada
et de lui expliquer comment notre peuple a accompli de si grandes
choses, il suffirait de lui montrer cette vaste mobilisation
spontanée de gens de tous les coins de ce grand pays.
Comme vous le savez, le Haut Commissariat a décidé vendredi de
modifier sa demande initiale, et de réclamer plutôt de l’aide pour
héberger les réfugiés dans les pays voisins du Kosovo. Les Canadiens
sont à pied d’oeuvre là-bas aussi. Ils fournissent les secours et le
soutien dont les gens ont désespérément besoin pour faire face à une
tragédie d’une ampleur historique. Des hommes et des femmes
courageux se sont mis au service d’organisations non
gouvernementales et d’organismes comme l’OSCE. Ils méritent
également notre profonde gratitude et nos remerciements.
Si le Haut Commissariat devait de nouveau faire appel à nous, nous
demeurons prêts à aider ici au Canada aussi. Nous sommes prêts à
répondre à toute demande d’aide. Et je sais que les Canadiens sont
prêts aussi.
Monsieur le Président, les Canadiens forment un peuple pacifique
épris de paix. Un peuple qui travaille à bâtir un monde où tous les
peuples peuvent vivre en paix. À l’abri des menaces de persécution
et de conquête violente. Un peuple qui opte d’abord pour les
solutions pacifiques et diplomatiques. Un peuple qui a montré au
monde que la diversité est une richesse, que des gens de toutes les
origines et de tous les coins du monde peuvent vivre en paix et en
harmonie. Qu’en tant que membres de la race humaine nous pouvons
apprendre les uns des autres. Que nous pouvons enterrer les vieilles
haines et les anciennes querelles et bâtir une société nouvelle.
Nous formons aussi un peuple épris de justice. Un peuple qui sait
que parfois la diplomatie habile et le dialogue doivent s’appuyer
sur la fermeté et la détermination. Que la paralysie et la passivité
peuvent causer plus de tort qu’une action décisive. Que ne pas
choisir est aussi un choix. Or, un tel aveuglement délibéré est
exclu.
Rester passifs devant la situation au Kosovo aujourd’hui serait
trahir nos valeurs fondamentales, nos intérêts nationaux et nos
obligations internationales.
Nous ne sommes pas comme ça. Les Canadiens sont des gens de parole.
Et nous respecterons nos engagements et notre parole jusqu’au bout.

[CChrétien=19991013]
[lieu=ottawa]

Monsieur le président,
Je tiens tout d’abord à féliciter l’honorable député de Windsor–St.
Clair pour son allocution à titre de motionnaire de l’adresse en
réponse au discours du Trône, ainsi que l’honorable députée de
Laval–Ouest pour son allocution à titre de second motionnaire. L’un
et l’autre sont promis à un bel avenir dans cette chambre.
Au nom de l’ensemble des députés, j’aimerais adresser nos
félicitations à Son Excellence à la suite de son entrée en fonction
comme Gouverneure générale. Nous lui offrons nos meilleurs voeux.
Monsieur le président, au cours des 100 dernières années, notre pays
a été bâti et enrichi par des gens du monde entier qui sont arrivés
sur nos côtes, ont assuré leur avenir et celui de leurs enfants et
ont fait du Canada le pays extraordinaire que nous connaissons. Au
début de notre siècle, les immigrants d’outre-mer venaient presque
exclusivement de l’Europe.
Selon de nombreuses prévisions, le siècle qui approche sera celui du
Pacifique. Il est donc tout à fait approprié que la femme
remarquable qui occupe la plus haute fonction au pays soit une
immigrante originaire du Pacifique. Née en Chine, elle était toute
petite quand sa famille s’est réfugiée au Canada. Par la suite, elle
a marqué le paysage culturel de son pays d’adoption. Il y a 100 ans,
Monsieur le président, qui aurait prédit qu’une immigrante d’origine
chinoise deviendrait un jour Gouverneure générale du Canada?
Monsieur le président, c’est avec une très grande fierté que
j’affirme que nous avons fait vraiment beaucoup de chemin dans ce
merveilleux pays.
Nous sommes à 75 jours du tournant du siècle. Ce siècle qui
s’achève, Laurier avait affirmé qu’il serait celui du Canada. Le
moment me paraît bien choisi de nous arrêter et de réfléchir au
chemin parcouru, à ce que nous avons accompli ensemble et aux
raisons que nous avons d’aborder le prochain siècle avec autant
d’assurance, autant d’espoir et autant d’optimisme.
On a déjà dit que le Canada représente le triomphe de la volonté sur
la géographie et l’économie. Et quel triomphe mes amis. Il aurait
été facile pour une petite population dispersée sur toute l’étendue
d’un vaste continent de succomber aux forces de la « destinée
manifeste ». Mais nous n’avons pas succombé. Nous avons grandi et
prospéré. Il aurait été facile pour une petite population
francophone regroupée sur les rives du Saint-Laurent de succomber
aux forces du creuset anglophone nord-américain. Mais nous n’avons
pas succombé. Nous avons grandi et prospéré. Il aurait été facile
pour nos premiers citoyens, les peuples autochtones, de succomber
aux forces de l’assimilation. Mais ils n’ont pas succombé. Et une
nouvelle relation grandit et prospère.
Monsieur le président, au cours d’un siècle de tyrannie, les
Canadiens ont sacrifié leur vie dans des pays lointains afin que
d’autres puissent vivre en liberté. Au cours d’un siècle
d’intolérance, le Canada est devenu un flambeau de la liberté. Au
cours d’un siècle de dictatures brutales, le Canada est devenu une
démocratie pluraliste avancée. Au cours d’un siècle marqué par les
pires excès du nationalisme, le Canada est devenu une société
postnationale multiculturelle. Au cours d’un siècle d’atteintes aux
droits de la personne, le Canada s’est donné une Charte des droits
et libertés. Au cours d’un siècle caractérisé par un fossé
grandissant entre riches et pauvres, le Canada s’est doté d’un vaste
filet de sécurité sociale. Il n’est donc pas étonnant, Monsieur le
président, si, à son arrivée au Canada il y a quelques mois, un
réfugié kosovar a déclaré : « Quel merveilleux pays. On vous traite
en être humain comme les autres. En peu de temps, vous pouvez jouir
des mêmes droits que tout le monde. C’est comme passer de l’enfer au
paradis. »
Au cours d’un siècle de grands progrès économiques, de la petite
société agraire qu’il était, le Canada est devenu l’un des sept
grands pays industrialisés.
Au cours d’un siècle d’entrepreneuriat et d’innovation, le Canada a
été à l’avant-garde dans les domaines des communications, des
transports, des sciences forestières et de l’agriculture. De la
découverte de l’insuline à l’exploration des confins de l’espace,
les Canadiens font sans cesse reculer les frontières de la
connaissance.
Au cours d’un siècle voué à l’éducation, le Canada est devenu le
seul grand pays au monde dont toutes les écoles sont branchées à
l’Internet – de la plus grande école secondaire de Toronto à la plus
petite d’une seule classe de trois élèves dans l’île Pictou, en
Nouvelle-Écosse.
Au cours d’un siècle où la création artistique a connu une expansion
sans précédent, les Canadiens occupent une place d’honneur – de
Morley Callaghan, à Gabrielle Roy et Antonine Maillet, et d’Oscar
Peterson, à Gordon Lightfoot et Susan Aglukark, de Céline Dion à
Atom Egoyan et Denys Arcand en passant par Margo Kane. Et de
nouveaux talents émergent tous les jours.
Nous, les Canadiens, avons prouvé que nous sommes un peuple d’une
grande détermination. Nous avons fait les choses d’une manière bien
canadienne, suivant un modèle bien canadien. Chez nous les
différentes cultures peuvent s’épanouir ensemble. La diversité est
valorisée. Un partenariat s’est établi entre les citoyens et l’État.
Ici, nous avons réalisé un équilibre entre, d’une part, la liberté
individuelle et la prospérité économique et, d’autre part, la
répartition des risques et des bénéfices. Ici, il est convenu que le
gouvernement peut constituer un instrument d’action collective,
c’est-à-dire un moyen de servir l’intérêt général. Et le
monde entier l’a remarqué.
Le Président Chirac l’a très bien exprimé le mois dernier à Moncton,
quand il a parlé de : « ce Canada, qui recherche et invente les
règles d’un savoir-vivre ensemble pacifique et tolérant! Ce Canada,
terre des premières nations, des francophones, des anglophones, qui
offre l’exemple de la diversité culturelle et linguistique assumée
et valorisée. »
Le monde entier apprécie ce que nous avons accompli. Il veut nous
voir réussir. D’ailleurs, nous avons réussi et nous continuerons de
réussir. Nous miserons sur nos forces. Nous prendrons des mesures
audacieuses et tournées vers l’avenir. La manière canadienne sera un
modèle – elle sera la norme dont le monde entier s’inspirera.
Monsieur le président, nous savons tous que certains de nos
concitoyens voudraient juger du succès des pays uniquement d’après
le critère de l’argent qu’ils pourraient y gagner. Or, il est
ironique que bon nombre de ceux qui jugent sévèrement notre
politique économique ont, en fait, gagné beaucoup d’argent au
Canada. Mais ce n’est certainement pas le seul critère du succès. Et
cela ne doit pas non plus être le seul critère d’un gouvernement.
Gagner de l’argent n’est pas la seule chose qui compte dans la vie.
Il se peut que d’autres pays soient de meilleurs endroits pour ceux
qui sont déjà très à l’aise. Je n’en suis pas sûr, mais c’est
possible. Mais si j’ai à choisir entre des décisions qui vont
améliorer la qualité de vie pour la classe moyenne et pour les plus
démunis, et des décisions favorables à ceux qui sont déjà très
fortunés, je sais ce que je choisis. Je sais ce que notre
gouvernement choisit. Et je sais ce que les Canadiens choisissent.
Nous choisissons la manière canadienne.
Oui, nous avons toutes les raisons d’être fiers de ce que nous avons
accompli. Oui, nous avons toutes les raisons d’envisager l’avenir
avec espoir, avec confiance et avec optimisme. Mais cela ne veut pas
dire que tout va pour le mieux pour tout le monde au Canada. Cela ne
veut pas dire que tout va comme il se doit pour tout le monde. Il ne
faut surtout pas se contenter des progrès réalisés jusqu’ici. Il
faut se retrousser les manches, voir ce qui reste à faire et
redoubler d’efforts ensemble.
Nous avons beaucoup de pain sur la planche – pas seulement au cours
de cette législature, mais au cours de la suivante aussi. Cependant,
je suis convaincu que, forts de l’enseignement du passé, d’une
vision audacieuse et du courage d’agir, nous saurons rendre ce pays
qui est clairement le meilleur au monde encore meilleur, pour tous.
Notre vision du Canada du 21e siècle est claire. Une société vouée à
l’excellence et déterminée à réussir. Un pays fort et uni. Une
économie dynamique. Une population apte à créer et à innover. Une
société caractérisée par la diversité et la cohésion. Où la
prospérité, plutôt que de profiter seulement à quelques-uns, est
partagée par le plus grand nombre. Où chaque enfant est assuré d’un
bon départ dans la vie. Où les jeunes ont la possibilité de
s’épanouir et de réaliser leur potentiel dans le domaine de leur
choix. Où les citoyens ont accès aux connaissances et aux
compétences dont ils ont besoin pour exceller. Où les citoyens –
quel que soit leur revenu – reçoivent des soins de santé de qualité.
Où les familles vivent en sécurité dans un milieu sain. Où nous
travaillons de concert avec d’autres pays à promouvoir la paix, la
diversité culturelle et les bienfaits de la nouvelle économie
mondialisée pour l’humanité.
Un pays – le Canada – qui soit le pays par excellence au 21e siècle.
Le pays où les gens veulent s’établir pour apprendre, saisir des
occasions, fonder une famille, profiter des beautés de la nature,
explorer de nouveaux horizons, connaître une qualité de vie
inégalée. Un Canada qui soit un leader et un modèle dont le monde
entier puisse s’inspirer.
Aujourd’hui, Monsieur le président, j’aimerais exposer une stratégie
globale qui permet aux Canadiens et à leurs gouvernements de
travailler ensemble à concrétiser cette vision. Une stratégie
globale conçue pour nous placer à l’avant-garde de l’économie du
savoir et pour promouvoir nos intérêts et projeter nos valeurs dans
le monde. Une stratégie globale qui touche l’économie, la politique
sociale et l’environnement. Une stratégie pour faire du Canada un
modèle d’excellence au 21e siècle.
À l’ère de l’économie mondialisée axée sur le savoir du 21e siècle,
le rôle de l’État n’est plus ce qu’il était dans le passé. Le rôle
d’un gouvernement national de nos jours est d’anticiper les besoins
de demain. Il consiste à mettre l’accent sur les secteurs où il peut
avoir un impact réel. Son rôle est parfois d’agir directement;
parfois en partenariat; parfois de fournir un cadre d’action au
secteur privé; et parfois simplement de donner l’exemple.
Monsieur le président, nous ne pouvons pas tout faire. Mais ce que
le gouvernement national fait doit être bien fait. Notre action doit
être judicieuse. Nous devons fixer des objectifs ambitieux et
concrets, puis travailler avec les Canadiens en vue de les
atteindre. C’est cela le leadership. Et c’est pourquoi le
gouvernement énonce à la fois des objectifs sur cinq ans et des
mesures concrètes qui seront prises au cours des deux prochaines
années en vue de les réaliser.
Monsieur le président, d’abord et avant tout, une économie
vigoureuse est le fondement indispensable de tout ce que nous
voulons accomplir.
Le gouvernement s’est donné une stratégie économique globale bien
définie pour faire du Canada un chef de file mondial au cours du
prochain siècle. Quand nous avons formé le gouvernement il y a six
ans, nous avions un plan pour mettre de l’ordre dans les finances
publiques; réduire les impôts; promouvoir le commerce et les
investissements; améliorer le climat d’affaires; augmenter la
productivité; assurer la viabilité à long terme de notre régime
public de pensions et de notre réseau public de services de santé;
investir dans le savoir, les enfants et la santé. Ce plan, nous
l’avons suivi à la lettre. Il donne de bons résultats, et nous
allons continuer de le suivre. Nous sommes maintenant bien placés
pour passer à la prochaine étape en établissant de nouveaux
objectifs ambitieux pour les cinq prochaines années.
Il nous faudra élaborer une vision commune si nous voulons que le
Canada affronte avec succès la concurrence mondiale au 21e siècle.
Qu’on le veuille ou non, la mondialisation de l’économie est un
phénomène irréversible qu’un pays comme le nôtre n’a d’ailleurs pas
à craindre. Il doit plutôt y voir une occasion de créer une
prospérité accrue pour un plus grand nombre de Canadiens. À la
manière canadienne. Il faudra penser en termes mondiaux. Il faudra
imposer, au Canada et à l’étranger, l’image d’une économie dynamique
axée sur des savoirs spécialisés. Et il faudra le faire plus vite
que nos concurrents mondiaux, car le succès ira au plus rapide!
Mais pour faire concurrence à armes égales, il nous fallait d’abord
assainir nos finances publiques. Même le chef du NPD conviendra
qu’une saine gestion des finances publiques est au coeur de tout le
reste. L’atteinte de l’équilibre budgétaire n’a pas été une tâche
facile. Elle a nécessité des décisions difficiles et beaucoup de
discipline. Mais nous avons réussi. Les Canadiens ont réussi –
au-delà de toutes les attentes. Et je suis persuadé que nous
dépasserons encore une fois tous les espoirs.
Monsieur le président, l’époque de l’endettement croissant et des
lourds déficits est bel et bien révolue. Le budget sera équilibré
chaque année d’ici la fin de cette législature et au-delà. On
n’avait pas vu cela depuis des générations. Année après année, au
lieu d’alourdir la dette nationale, nous allons la rembourser. Le
ratio de la dette au PIB va ainsi diminuer progressivement.
L’économie enregistre une croissance forte et durable. Le Forum
économique mondial classe le climat d’affaires au Canada au
troisième rang mondial. Pour la première fois depuis plus de dix
ans, nous avons connu douze mois consécutifs de croissance
économique. Nous nous attendons à ce que la croissance se poursuive
de plus belle cette année, l’an prochain et l’année d’après.
L’inflation et les taux d’intérêt sont faibles. Nos exportations
sont en hausse. Les revenus personnels progressent de nouveau. Le
chômage régresse. L’économie a créé 1700000 d’emplois depuis
notre arrivée au gouvernement. Et la croissance de l’emploi restera
forte.
Les Canadiens se sentent plus optimistes au sujet de l’économie et
de leurs propres perspectives qu’ils ne l’ont été depuis très, très
longtemps. Le chômage est à son plus bas niveau depuis près de 10
ans. À l’heure actuelle, les Canadiens travaillent en plus grand
nombre qu’à tout autre moment de notre histoire. Le pays est engagé
sur la bonne voie. Nous sommes en très bonne position pour être un
chef de file mondial dans la nouvelle économie.
Monsieur le président, beaucoup de gens ont contribué au succès
économique des six dernières années. Mais le mérite en revient
surtout au ministre des Finances. Je tiens à lui exprimer ma
reconnaissance personnelle à titre de premier ministre, ainsi que la
reconnaissance de ses collègues du groupe libéral et du Cabinet, et
celle de tous les Canadiens.
Ayant redressé les finances publiques, l’économie étant vigoureuse
et en pleine croissance, nous pouvons passer résolument à la mise en
oeuvre de notre stratégie économique. Afin de renforcer le tissu
économique et social du Canada et de relever les défis d’un nouveau
siècle.
Le gouvernement, le premier ministre, le ministre des Finances et le
Parti libéral ont la ferme intention de continuer à réduire les
impôts à mesure que les finances nationales s’amélioreront. Mais les
baisses d’impôt ne sont pas une fin en soi. Elles forment un élément
essentiel d’une stratégie économique en faveur de la création
d’emplois, de la croissance, de la progression des revenus et de
l’amélioration de la qualité de vie.
Nous avons commencé à accorder des baisses d’impôt ciblées avant
même d’atteindre l’équilibre budgétaire. Par la suite, le ministre
des Finances a diminué les impôts de manière générale. Les budgets
de 1998 et de 1999 contiennent des baisses d’impôt cumulatives de
16500000000 $ sur trois ans. Pour ne donner qu’un
exemple de l’effet de ces budgets, une famille ayant deux enfants où
les parents gagnent 60000 $ par année paiera 620 $ de moins en
impôt fédéral, soit une baisse d’environ 10 pour cent, et 275 $ de
moins en cotisations d’assurance-emploi, soit une baisse de 20 pour
cent, ce qui représente une économie de près de 900 $ par année.
C’est un bon début. Mais ce n’est qu’un début. Nous allons bonifier
ces mesures, d’une manière responsable et durable, année après
année. Au fur et à mesure que la santé financière de la nation se
rétablira, nous réduirons les impôts davantage au cours des années à
venir. Dans le prochain budget, le ministre des Finances annoncera
une stratégie pluriannuelle de réduction du fardeau fiscal dont
l’objet sera d’augmenter le revenu net des familles canadiennes, et
de permettre aux entreprises canadiennes d’être encore plus
concurrentielles dans l’économie du savoir mondialisée.
Cependant, les baisses d’impôt ne sont qu’une partie de l’équation.
De nos jours, le succès dans l’économie mondialisée dépend de nos
talents, de notre faculté d’apprendre, de nous adapter rapidement
aux nouvelles possibilités, d’innover et de faire des découvertes.
Une stratégie économique globale et équilibrée nécessite des
investissements – publics et privés – dans nos enfants, dans
l’acquisition du savoir, dans la créativité et l’innovation, dans la
santé et dans l’environnement. Il faut aussi se réserver une marge
de manoeuvre pour faire face à des situations d’urgence comme les
problèmes actuels des agriculteurs dans l’Ouest du Canada.
Notre gouvernement s’est engagé au début de ce mandat à consacrer la
moitié de tout surplus à réduire l’impôt et la dette et l’autre
moitié à des investissements de nature économique et sociale qui
rehausseront notre qualité de vie à long terme. Le consensus
grandissant – un consensus canadien – confirme que c’est la bonne
approche, que cette approche équilibrée est conforme à la manière
canadienne de faire les choses.
Le NPD – ou du moins certains de ses membres – est d’accord. Au mois
d’août, à Québec, les premiers ministres conservateurs de la région
de l’Atlantique et de l’Ouest ont abondé dans le même sens. Lucien
Bouchard aussi. Quant au premier ministre Harris, il cite le Livre
Rouge : ça c’est le vrai bon sens!
Monsieur le président, la stratégie globale par laquelle nous
préparons le Canada à repousser les limites de sa réussite au 21e
siècle met l’accent sur les enfants, le savoir, la jeunesse, la
santé et l’environnement. Pourquoi? C’est bien simple : parce que
c’est la clé du succès d’une économie axée sur le savoir au 21e
siècle. Il faut commencer par les enfants du Canada. Si nous voulons
assurer le meilleur avenir possible à notre pays, nous devons donner
à tous nos enfants le meilleur départ possible dans la vie.
Au cours des six dernières années, nous avons commencé à préparer le
terrain. Le gouvernement a mis sur pied le Programme canadien de
nutrition prénatale, l’Initiative d’aide préscolaire aux Autochtones
et la Subvention canadienne pour l’épargne-études. Il a accru les
déductions pour frais de garde d’enfants et la Prestation nationale
pour enfants à l’intention des familles à revenu faible ou modeste.
Les pensions alimentaires pour enfants ont été exonérées d’impôt.
Nous avons fait des progrès. Nous avons les moyens et le devoir de
faire encore mieux.
Notre plan pour les deux à cinq prochaines années englobe,
premièrement, un congé de maternité et un congé parental enrichis.
Deuxièmement, un accord fédéral-provincial sur le soutien à
l’épanouissement des jeunes enfants. Troisièmement, l’augmentation
du revenu net d’impôt des familles. Quatrièmement, un milieu de
travail qui tienne davantage compte des besoins des familles.
Cinquièmement, la modernisation du droit de la famille. Sixièmement,
la troisième injection majeure de fonds dans la Prestation nationale
pour enfants. Septièmement, la promotion de l’apprentissage par le
biais d’un Rescol élargi.
Un soutien réel aux familles du Canada, à la manière canadienne.
J’aimerais décrire plus en détail trois aspects de notre stratégie.
Les études scientifiques ont amplement démontré que les années de la
petite enfance sont la clé d’un développement sain à long terme.
Rien n’est plus important que de pouvoir passer le plus de temps
possible avec son nouveau-né durant la période critique que sont les
premiers mois après la naissance.
Par conséquent, je suis fier d’annoncer aujourd’hui que le
gouvernement présentera au cours des prochains mois un projet de loi
visant à prolonger les prestations de maternité et les prestations
parentales dans le cadre du régime d’assurance-emploi. Le congé
maximum passera de six mois à une année complète. Les modalités du
programme seront assouplies pour mieux répondre aux besoins
différents des familles. De plus, les prestations seront plus
accessibles, de sorte qu’un plus grand nombre de parents pourront en
bénéficier. Ces changements entreront en vigueur au plus tard le
1erjanvier 2001.
Monsieur le président, en partenariat avec les provinces, nous avons
commencé à mettre en place le Programme d’action national pour les
enfants, afin d’améliorer le soutien aux familles et aux enfants. Je
crois qu’il faudrait accélérer ce travail. Les premiers ministres
des provinces sont du même avis. Il nous faut passer le plus vite
possible de la parole aux actes. Aujourd’hui, je lance un défi à
l’ensemble des gouvernements : celui de mettre en place, d’ici
décembre 2000, une entente conforme à l’entente-cadre sur l’union
sociale, afin d’accroître les services de soutien communautaire à
l’épanouissement des jeunes enfants. Cette entente porterait sur les
principes et les objectifs, sur l’évaluation des résultats et sur
les comptes à rendre aux Canadiens. Elle serait assortie d’un
calendrier de cinq ans qui verrait le gouvernement fédéral et les
provinces augmenter le financement des programmes dans ce domaine en
vue d’atteindre nos objectifs communs.
Monsieur le président, nous avons démontré depuis trois ans que les
gouvernements fédéral et provinciaux peuvent travailler ensemble
pour aider les familles ayant des enfants. Qu’ils peuvent passer à
l’action pour fournir aux enfants ce qu’il faut pour grandir en
santé, profiter de leur instruction et devenir des membres
productifs de la société. La Prestation nationale pour enfants est
un exemple remarquable de collaboration fédérale-provinciale. Nous
devons maintenant continuer de nous rapprocher de notre objectif, et
faire en sorte que les parents n’aient plus à choisir entre un
emploi et une assistance pour leurs enfants.
Nous effectuerons notre troisième investissement majeur dans la
Prestation nationale pour enfants, à l’intention des familles à
faible revenu qui ont des enfants, d’ici au 1er juillet 2001. De
plus, nous demanderons aux provinces, qui ont toutes réclamé une
telle contribution fédérale supplémentaire, de la compléter par des
investissements accrus de leur part dans le développement de la
petite enfance.
Monsieur le président, il y a longtemps, les Canadiens et leurs
gouvernements – les gouvernements libéraux, soit dit en passant, de
mes prédécesseurs MM. Pearson et Trudeau – se sont engagés à
poursuivre un objectif audacieux et admirable. Il ne fallait pas,
dans un pays aussi prospère que le nôtre, qu’une personne âgée soit
privée de la sécurité d’un revenu et de la dignité qu’il procure.
Nous n’avons pas édifié notre régime de sécurité de la vieillesse et
de pensions publiques du jour au lendemain. Mais nous avons
concentré nos efforts, et, de façon générale, nous avons réussi.
Je vous propose aujourd’hui de prendre un autre engagement
ambitieux. Cette fois, engageons-nous à prendre les mesures
nécessaires comme pays, c’est-à- dire tous les gouvernements
en
partenariat avec les collectivités et le secteur bénévole – pour
donner à tous les enfants du Canada le meilleur départ possible dans
la vie.
Dans quel monde vont vivre ces enfants? Nous pouvons déjà en
percevoir les contours. Nous voyons également ce qu’il leur faudra
pour réussir. Monsieur le président, nous entrons dans un nouveau
siècle à une époque de changements d’une ampleur et d’une rapidité
sans précédent. C’est un Canadien, Marshall McLuhan, qui a créé
l’expression « village global ». Aujourd’hui, nous vivons dans ce
village, et il est assurément très branché. L’autoroute de
l’information révolutionne le monde des affaires, l’administration,
la société et la participation des citoyens. Nous sommes engagés
dans une course mondiale où il est essentiel de posséder une vision
nationale. Où les partenariats sont indispensables. Où les
gouvernements fournissent la charpente, mais où le secteur privé
réalise les travaux. Où il faut penser en termes mondiaux. Et où la
victoire va au plus rapide.
Notre niveau de vie et notre qualité de vie seront directement liés
au succès avec lequel nous favoriserons l’avancement des
connaissances, l’innovation et la faculté d’adaptation ainsi que la
promotion des études et de l’expression culturelle.
Nos chercheurs ne se font plus concurrence entre eux; ils sont en
compétition avec le monde entier. Nos entreprises n’affrontent plus
une concurrence locale, mais internationale. La mondialisation et la
technologie sont la nouvelle donne du marché. Et les implications de
ces phénomènes au plan de la politique publique sont énormes.
Pour tirer le meilleur parti de la nouvelle économie axée sur le
savoir, il faut se donner une stratégie globale et ambitieuse. Nous
avons commencé il y a six ans :
Nous assurons l’accès à l’apprentissage au moyen des Bourses
d’études du millénaire, dont les 100000 premières seront décernées
le 1er janvier prochain. Au moyen, aussi, des Subventions
canadiennes pour l’épargne-études, de la possibilité de déduire les
intérêts sur les prêts d’études et d’utiliser les fonds dans un RÉER
pour suivre une formation.
Nous avons favorisé la modernisation de l’infrastructure des
universités et des laboratoires par la mise sur pied de la Fondation
canadienne pour l’innovation, et la modernisation de
l’infrastructure des communications des écoles par le biais de
Rescol, qui a relié toutes nos écoles et nos bibliothèques à
l’Internet.
Nous avons encouragé la recherche en augmentant sensiblement les
ressources des conseils subventionnaires et en élargissant les
réseaux de centres d’excellence.
Ce que notre gouvernement a déjà accompli me remplit de fierté. Et
ce que nous nous proposons d’accomplir me remplit d’enthousiasme.
Nous voulons que le Canada soit perçu, dans le monde entier, comme
le pays rêvé. Le pays aux possibilités immenses. Si nous fixons les
bons objectifs; si nous ciblons bien nos investissements; si nous
créons les bons partenariats et si nous travaillons ensemble comme
pays, alors, les meilleurs cerveaux, non seulement nous les
garderons au Canada, mais nous attirerons chez nous ceux du monde
entier et nous en formerons un plus grand nombre au Canada.
Les industries du savoir qui créeront les emplois de l’avenir
doivent avoir accès sur place à une diversité de talents. Il est
beaucoup plus facile d’y arriver dans un grand pays comme les
États-Unis que dans un pays relativement petit comme le Canada. Si
nous voulons attirer les investissements dont le Canada a besoin,
nous devons tenter d’obtenir une telle masse critique. Or, pour y
parvenir, il faudra que les gouvernements, les universités, les
établissements de recherche et le secteur privé collaborent.
Aujourd’hui, le défi qui se pose au Canada est de créer un climat
prometteur pour nos étudiants du cycle supérieur et pour nos
diplômés; d’offrir des occasions intéressantes aux chercheurs
canadiens et d’attirer les meilleurs chercheurs du monde de
l’enseignement dans nos universités. Or, dans le contexte actuel, la
concurrence mondiale à cet égard est plus vive que jamais. En
particulier aux États-Unis, où les universités bénéficient à la fois
de dotations permanentes et d’une générosité de la part des
fondations privées qui ne peuvent se comparer au financement de nos
universités.
Monsieur le président, au fil des ans, par l’entremise du Conseil de
recherches médicales, du Conseil de recherches en sciences humaines
et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le
gouvernement du Canada a été de loin la plus importante source de
fonds pour la recherche universitaire au pays. Ces dernières années,
ces conseils ont contribué à la poursuite de l’excellence en fondant
et en finançant des centaines de chaires de recherche dans nos
universités. Maintenant, ils vont poursuivre avec audace dans la
voie qu’ils ont tracée.
Le Canada dépend davantage des universités aux plans de la recherche
et de l’innovation scientifique que les États-Unis et d’autres
concurrents majeurs. Le gouvernement du Canada doit augmenter son
soutien à la recherche par l’entremise des conseils
subventionnaires. Autrement, nous perdrons la course au leadership
dans l’économie axée sur le savoir. Les chefs des conseils et de la
Fondation canadienne pour l’innovation, en collaboration avec des
présidents d’université, en particulier le recteur de l’Université
de Montréal Robert Lacroix et la présidente de l’Université de la
Colombie-Britannique Martha Piper, ont soumis au gouvernement une
proposition exaltante et ambitieuse qui favorisera le développement
des partenariats existants entre nos universités, les conseils
subventionnaires et la Fondation canadienne pour l’innovation. Qui
imposera dans le monde entier l’image du Canada comme lieu
privilégié de la création du savoir à l’aube du 21e siècle. Qui
permettra aux universités canadiennes d’offrir des possibilités de
recherche exceptionnelles aux meilleurs cerveaux du Canada. Qui fera
du Canada un pôle d’attraction pour les étudiants et les diplômés
canadiens. Pour les « étoiles mondiales de la recherche » à l’heure
actuelle, ainsi que les « étoiles montantes »; pour certains des
meilleurs cerveaux du monde entier. Qui créera un climat propice à
l’éclosion des futurs prix Nobel du Canada. Un plan qui nous verra
importer des cerveaux, et non les exporter.
Ils ont proposé, Monsieur le président, un plan visant à établir au
cours des trois prochaines années 1200 nouvelles chaires
d’excellence en recherche du 21e siècle dans les universités de
toutes les régions du Canada. À assurer à chacune de ces nouvelles
chaires un financement suffisant du coût total de la recherche pour
les rendre compétitives sur la scène internationale. Et à porter le
plus rapidement possible le nombre des nouvelles chaires
d’excellence en recherche à 2000 dans tout le pays. C’est un plan
dont je me réjouis. Un plan fondé sur l’excellence et la
compétitivité internationale auquel notre gouvernement souscrit avec
enthousiasme.
Nous fournirons les fonds nécessaires aux conseils subventionnaires
et à la Fondation canadienne pour l’innovation. Cet investissement
dans nos conseils subventionnaires en faveur de la recherche et de
la poursuite de l’excellence fera véritablement du Canada un leader
dans l’économie axée sur le savoir et le fera reconnaître comme un
pays qui mise vraiment sur l’excellence et qui possède la volonté de
réussir. Le pays du 21e siècle.
Et ce n’est pas tout Monsieur le président. Nous déposerons d’ici
quelques semaines un projet de loi créant les Instituts canadiens de
recherche en santé grâce auxquels le Canada restera à la fine pointe
de la recherche dans le domaine de la santé. Nous disposerons d’un
réseau national de recherche en santé plus intégré que tout autre
ailleurs dans le monde. La poursuite de l’excellence dans la
recherche en santé sera assurée. Le Canada pourra conserver ses plus
brillants chercheurs et attirer les meilleurs de l’étranger.
Monsieur le président, la Fondation canadienne des bourses d’études
du millénaire, qui favorise l’accès aux études supérieures, la
Fondation canadienne pour l’innovation, qui dote nos universités et
nos hôpitaux universitaires de l’infrastructure la plus
perfectionnée qui soit, les chaires d’excellence en recherche du 21e
siècle, qui attirent les étoiles du domaine de la recherche et les
étoiles montantes, et les Instituts canadiens de recherche en santé,
qui appuient massivement la recherche médicale, sont autant
d’éléments de la vaste stratégie de notre gouvernement en vue de
placer le Canada à l’avant-garde de l’économie axée sur le savoir
du 21e siècle.
Brancher les Canadiens – entre eux, avec les écoles et les
bibliothèques, avec la culture, avec l’administration publique, avec
le commerce et avec le monde – c’est l’un des principaux moyens de
hisser le Canada au rang de grande économie mondiale. Et de
continuer à en faire un pays aux possibilités sans limites. Nous
devons viser à devenir le pays le plus branché au monde et à
utiliser ces connexions d’une manière dynamique et originale.
Notre réussite se traduira par la croissance de la productivité et
de l’emploi dans tous les secteurs de l’économie. Elle se traduira
aussi par des services publics innovateurs pour les Canadiens et par
l’accès à des produits et services innovateurs sur le marché
mondial.
Notre objectif est de faire du Canada un chef de file mondial dans
l’utilisation ingénieuse de l’électronique dans le domaine des
affaires. De stimuler l’expansion du commerce électronique dans tous
les secteurs de l’économie. Nous présenterons au cours de cette
session un projet de loi visant à établir d’ici la fin de l’an 2000
des politiques relatives au commerce électronique qui soient les
plus favorables au monde.
J’aimerais lancer un défi au secteur privé, et en particulier aux
PME, celui de profiter rapidement de ces politiques, d’agir vite,
sans attendre de voir ce que les entreprises ailleurs feront. En
fait, aujourd’hui, c’est à tous les secteurs de notre société –
privés et publics, gouvernements et entreprises – que je lance le
défi de travailler ensemble afin de conquérir une part de 5 % du
commerce électronique mondial pour le Canada d’ici l’an
2003, et de faire des affaires d’une valeur de plus de 200000000000
$ par ce moyen.
Les gouvernements peuvent être, doivent être, le fer de lance de
la révolution de l’information. Un utilisateur modèle des nouvelles
technologies pour améliorer les services aux Canadiens. D’ici 2004,
notre objectif consiste à être le gouvernement le plus connecté avec
les citoyens par le biais de l’électronique, de sorte que les
Canadiens pourront avoir accès à tous les renseignements et services
gouvernementaux, en ligne, au moment et à l’endroit de leur choix.
Nous devons également travailler ensemble en vue d’offrir des choix
canadiens aux Canadiens. En vue de mettre la diversité de
l’expérience canadienne à la portée des Canadiens et de promouvoir
les talents de chez nous. Nous avons désormais la possibilité
d’assurer à nos artistes et créateurs de nouvelles voies
d’expression, et d’assurer aux Canadiens l’accès à toute la richesse
des oeuvres canadiennes.
Dans un monde où les moteurs du progrès en matière de développement
humain, de qualité de vie et de prospérité économique sont le savoir
et la créativité, qui peut montrer la voie, si ce n’est nos
artistes, nos auteurs et nos interprètes?
Pour sa part, le gouvernement fédéral facilitera le passage de nos
institutions culturelles à l’ère numérique et fera la promotion du
contenu canadien dans les médias traditionnels et nouveaux.
Monsieur le président, dans l’avenir, notre réussite dépendra plus
que jamais d’une population désireuse d’apprendre, prête à
s’adapter, à l’aise avec les nouvelles technologies et l’économie
numérique, et capable de maîtriser de nouveaux médias. Si nous
voulons conserver notre avance dans le monde, nous devons veiller à
ce que les jeunes Canadiens aient l’occasion d’acquérir une
expérience directe dans ces domaines.
Monsieur le président, d’ici le 31 mars 2001, 6000 nouveaux sites
d’accès communautaires seront créés dans les zones urbaines et
rurales du Canada. Grâce à ces sites, l’accès à l’Internet deviendra
abordable pour tous les Canadiens, où qu’ils habitent. Et pour les
aider à maîtriser l’usage des nouvelles technologies de
l’information, nous recruterons jusqu’à 10000 jeunes Canadiens qui
formeront les citoyens de tous les âges. Des jeunes qui aideront
aussi les petites entreprises à créer un site Web et à promouvoir le
commerce électronique. Chaque site communautaire sera en mesure
d’assurer à tous les Canadiens l’accès en ligne aux services
gouvernementaux et à un contenu canadien, dans les deux langues
officielles.
Afin de préserver notre qualité de vie et le dynamisme de notre
société, il nous faut pouvoir compter sur une nouvelle génération de
Canadiens qui possèdent les aptitudes civiques et le leadership
nécessaire, qui se comprennent eux-mêmes et comprennent leur pays,
et qui ont l’esprit ouvert sur le monde.
De nombreux jeunes Canadiens sont déjà sur la bonne voie. Ils font
du bénévolat dans leur communauté pour améliorer la vie de tout le
monde. Des groupes de citoyens travaillent ensemble pour transformer
notre générosité, nos idées et notre volonté de rendre le monde
meilleur en améliorations tangibles de notre qualité de vie.
Notre gouvernement s’est engagé à conclure un accord avec le secteur
bénévole qui posera les bases d’un nouveau partenariat plus efficace
au service des Canadiens. Nous travaillerons ensemble à mettre sur
pied une initiative nationale sur le bénévolat en vue de l’Année
internationale des volontaires en 2001.
En collaboration avec le secteur bénévole, le gouvernement créera un
guichet unique appelé Échanges Canada afin de donner à 100000
jeunes Canadiens par année la possibilité de découvrir une autre
région du Canada, d’être en contact avec une autre langue et une
autre culture. De concevoir des projets dans les domaines des arts,
du sport amateur, des sciences et du développement communautaire.
La qualité de nos infrastructures de base, comme celle de notre
infrastructure du savoir, est aussi un élément clé de la
compétitivité économique au 21e siècle. L’environnement, la santé
publique, le tourisme, les transports, les télécommunications et les
équipements culturels doivent être bien planifiés en fonction des
besoins d’une économie moderne, en milieu urbain et en milieu rural.
Il faudra que les gouvernements fédéral et provinciaux, les
municipalités et le secteur privé travaillent en partenariat. Chacun
des partenaires devra investir de nouvelles ressources, sur
plusieurs années.
Par conséquent, nous tenterons de conclure une entente avec nos
partenaires provinciaux et municipaux avant la fin de l’an 2000 afin
de pouvoir amorcer en 2001 un programme quinquennal de modernisation
des infrastructures nationales du Canada.
Dans la nouvelle économie mondiale, non seulement les gens sont plus
connectés que jamais, non seulement les entreprises affrontent la
concurrence du monde entier comme jamais, mais en plus, la qualité
de notre environnement – l’air que nous respirons, l’eau que nous
buvons – ne dépend pas seulement de nous, mais de facteurs à
l’extérieur de nos frontières. La qualité du milieu est un défi à la
fois local et planétaire; elle exige en même temps des mesures au
niveau national et une concertation internationale.
La salubrité de l’environnement et la qualité de vie vont de pair.
C’est une question à laquelle notre gouvernement attache une très
haute priorité. L’environnement est important pour tous les
Canadiens, mais plus particulièrement pour les jeunes. Notre
génération sera jugée d’après l’héritage environnemental que nous
léguerons à nos enfants et petits-enfants.
Nous déposerons, au cours de cette session parlementaire, un projet
de loi visant à assurer la protection des espèces menacées et de
leur habitat vital. Nous continuerons de développer le réseau
canadien des parcs nationaux. Et nous assainirons les sites
contaminés, afin de protéger la santé des Canadiens.
Par l’adaptation énergique des technologies existantes, la mise au
point stratégique de nouvelles technologies et l’exportation
efficace de nos produits techniques, nous contribuerons à la santé
de la planète tout en favorisant l’emploi et la croissance chez nous
au Canada.
En collaboration avec les provinces et les municipalités, nous
affecterons une part importante de tout nouveau programme
d’infrastructures aux infrastructures « vertes », afin d’améliorer
la qualité de l’eau et de l’air.
La place enviable que nous occupons dans le monde doit comporter non
seulement une dimension humaine et une dimension économique, mais
aussi une dimension environnementale. Nous adopterons des pratiques
viables et nous encouragerons nos partenaires commerciaux à en faire
autant.
Tout en dirigeant l’effort national – public et privé, fédéral et
provincial – de réduction des émissions de gaz à effet de serre
conformément à l’engagement pris par le Canada, nous travaillerons
en faveur d’une action internationale concertée pour répondre au
changement climatique.
Monsieur le président, le Canada aborde le prochain siècle avec de
puissants atouts. À l’ère de la mondialisation, nous formons une
société multiculturelle composée de gens originaires de presque tous
les pays du monde. Notre pays s’ouvre sur l’Atlantique, sur le
Pacifique et sur l’Arctique. Nous appartenons au Commonwealth et à
la Francophonie. Nous exprimons sur la scène internationale les
valeurs que nous avons cultivées sur notre sol. Nous employons deux
langues internationales. Comme le disait le Président Chirac au
Nunavut, le Canada est « un pays immense, terre de Premières
Nations, terre des Inuit, terre à la fois anglophone et francophone,
qui perfectionne, dans la paix et la tolérance, l’art de vivre
ensemble ». À ce titre, nous sommes bien placés pour promouvoir la
sécurité humaine et la diversité culturelle.
Nous avons mérité le respect de la communauté des nations. Au cours
des six dernières années, nous avons grandement contribué à
l’atteinte d’objectifs internationaux communs : la convention sur
les mines terrestres, la cour criminelle internationale,
l’engagement actif au Kosovo, et un rôle de leadership en Haïti.
En cette période de l’après-guerre froide, il devient possible
d’axer la politique étrangère non seulement sur les relations entre
États mais aussi sur les besoins des personnes – des besoins qui
transcendent les frontières –, sur l’aspect humain de la
mondialisation, sur la sécurité humaine, la diversité culturelle et
les droits de la personne. Plus les gens vivront en sécurité dans
leurs propres pays, plus les Canadiens pourront vivre en sécurité
chez eux. Et notre qualité de vie sera meilleure.
Le ministre des Affaires étrangères poursuivra son initiative en
faveur de la sécurité humaine et des droits de la personne. Nous
allons consacrer des ressources à combattre le trafic international
des stupéfiants et participer à l’établissement de stratégies
multilatérales à cet égard. Nous allons prendre des mesures pour
empêcher les organisations criminelles d’exploiter les immigrants
sans ressources.
Monsieur le président, nous savons bien qu’il faudra surmonter des
difficultés. Il y a des problèmes complexes dans le monde que nous
ne pouvons pas espérer résoudre. Il faut être réaliste.
Nous ne pouvons pas agir seul et nous ne pouvons pas être partout.
Nous allons collaborer étroitement avec les pays qui partagent nos
idées. Notre objectif est d’agir là où notre action peut être
efficace. De tirer parti de notre ingéniosité, de la réputation que
nous ont méritée nos réalisations internationales, et du respect
qu’inspire le Canada dans le monde pour faire progresser le dossier
de la sécurité humaine. Et de reconnaître que dans un monde
imparfait, il y aura toujours des choses à améliorer.
Notre pays est comblé. Nous vivons dans une société d’abondance.
Nous avons redressé nos finances publiques. Nous avons maintenant
les moyens de faire des choix qui reflètent nos valeurs. Nous avons
l’obligation de venir en aide aux plus démunis. Nous avons une
obligation envers notre prochain. Fidèles en cela aussi à la manière
canadienne, nous augmenterons l’aide au développement international.
De plus, nous comptons consacrer la majeure partie de l’augmentation
de notre aide à des mesures innovatrices conçues pour aider des pays
moins favorisés à améliorer les conditions de vie de leurs citoyens.

Une politique étrangère active à travers laquelle nous projetons nos
valeurs, doublée d’une économie axée sur le commerce et la promotion
vigoureuse des échanges et des investissements, contribuera à bien
positionner le Canada pour réussir dans l’économie mondialisée du
21e siècle.
Monsieur le président, cet après-midi j’ai parlé du pays qui fait
notre immense fierté, le pays que nous avons si bien façonné au
vingtième
siècle. J’ai présenté à cette chambre certains des défis et
possibilités qui se profilent à l’horizon du nouveau siècle et du
nouveau millénaire.
Aujourd’hui, j’ai exposé les grandes lignes d’une vaste stratégie
qui consiste à faire du Canada un chef de file dans l’économie axée
sur le savoir, à promouvoir nos intérêts et à projeter nos valeurs
dans le monde. Une vision pour le Canada du 21e siècle et un plan
pour la concrétiser. Une vision du modèle canadien, un projet de
société moderne, le projet d’un pays tourné vers l’avenir. Pas de
vieilles recette à des problèmes d’aujourd’hui, mais des idées
nouvelles pour tirer parti de nouvelles possibilités. Une stratégie
destinée à assurer les mêmes possibilités à tous les Canadiens. Une
stratégie conçue pour permettre aux Canadiens de façonner leur
avenir d’une manière bien canadienne. Une stratégie centrée sur
l’humain, la croissance, l’excellence, le succès, la qualité de vie,
le partage, la dignité et le respect mutuel, la créativité et
l’innovation.
La stratégie réaliste d’un pays réaliste. La stratégie généreuse
d’un pays généreux. La stratégie moderne d’un pays moderne. La
stratégie ambitieuse d’un pays ambitieux. La stratégie audacieuse
d’un pays audacieux. La stratégie d’avenir d’un pays d’avenir. Un
pays ouvert sur le monde et prêt à donner l’exemple.
Les Canadiens n’ont pas l’habitude de se vanter. Nous n’avons pas
tendance à afficher notre patriotisme, ni à manifester bruyamment
nos émotions. Au cours d’un siècle – voire d’un millénaire – où tant
de sang a été versé pour des différences de religion, de race et de
nationalité, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose. Au lieu,
avec une assurance tranquille, nous avons adopté une manière
canadienne de vivre ensemble, de régler les différends, de raisonner
ensemble, de créer le pays où on vit simplement mieux que partout
ailleurs.
J’ai commencé par évoquer la célèbre phrase de sir Wilfrid Laurier
au sujet du vingtième qui appartiendrait au Canada.
Je ne sais pas si le 21e siècle, lui, appartiendra au Canada, mais
je sais quelque chose d’encore plus important : le Canada appartient
au 21e siècle. Et qu’au 21e siècle, le Canada repoussera les limites
de sa réussite et continuera d’être un modèle d’excellence.
Notre manière de vivre ensemble, notre manière de trouver des
solutions aux problèmes, notre manière de nous respecter et de nous
entraider, notre manière d’être bien canadienne, est celle dont
notre monde de plus en plus petit aura besoin au cours du prochain
siècle.
Monsieur le président, le monde entier a vu l’avenir, et c’est le
Canada.

[CChrétien=19990914]
[lieu=japon]

Nous sommes heureux de nous retrouver avec vous ce soir, à Osaka.
La région du Kansai est au coeur de l’économie et de l’histoire du
Japon. C’est une porte du Japon ouverte sur le monde. Et, j’en suis
convaincu, une porte qui représente l’avenir de l’amitié entre le
Japon et le Canada.
On ne saurait surestimer l’importance du Japon. Vous êtes la seconde
économie mondiale. La plus grande nation créancière. La plus grande
dispensatrice d’aide. Votre nation a défini les normes mondiales de
l’innovation dans le domaine de la haute technologie. Les décisions
et les choix que vous faites au Japon sont ressentis dans le monde
entier. De l’Asie de l’Est au Canada.
C’est la raison pour laquelle Équipe Canada 99 se trouve ici
aujourd’hui. Pour montrer au monde entier que le Canada s’intéresse
au Kansai et au Japon.
Le Japon est, de loin, notre plus important partenaire commercial en
Asie. C’est tout particulièrement le cas du Kansai pour les
Canadiens qui m’accompagnent. Cette région représente un marché de
2200000000 $ pour le Canada, et plus de 60 entreprises
du Kansai sont représentées dans notre pays. Je sais que beaucoup de
personnes présentes dans cette salle ce soir s’efforcent d’établir
des liens commerciaux plus étroits par l’entremise du Forum
commercial Kansai-Canada Ouest.
Équipe Canada 99 est ici pour faire fructifier vos efforts encore
davantage. C’est la plus grande mission commerciale canadienne
jamais venue au Japon. Les personnes qui m’accompagnent représentent
huit des dix provinces canadiennes et nos trois territoires. Et 300
de nos hommes et femmes d’affaires les plus remarquables. Beaucoup
d’entre eux dirigent certaines des plus grandes sociétés au Canada.
Malgré la diversité de nos antécédents, nous sommes unis par la
conviction qu’il nous faut travailler de concert, en tant que
peuple, pour créer une prospérité nouvelle et offrir au Canada une
qualité de vie encore meilleure dans l’économie mondiale du XXIe
siècle. Nous sommes aussi unis par la conviction que le Japon offre
une foule de possibilités pour l’établissement de nouvelles formes
de partenariat qui seront profitables à nos deux peuples.
Équipe Canada s’est donné pour mission de mettre en valeur le
savoir-faire et la compétence de notre pays dans huit secteurs clés
: l’espace, l’énergie électrique, la biotechnologie alimentaire, la
santé, les technologies de l’information et des communications, les
matériaux de construction, l’environnement et l’éducation. Notre
objectif est de faire découvrir à nos entreprises la vitalité et le
potentiel des marchés régionaux en dehors de Tokyo.
La décision d’Équipe Canada 99 d’effectuer cette visite constitue un
vote de confiance à l’égard du Japon. Votre pays traverse une
période difficile et au cours de ce passage, le Canada ne sera pas
simplement pour vous un partenaire commercial précieux, mais aussi
un ami fidèle. J’espère d’ailleurs que la taille et la qualité de
notre équipe le montrent très clairement.
Ce soir, je voudrais vous parler de certains de nos domaines
d’intérêt commun, ainsi que de notre avenir commun.
Comme tous les pays, nous devons faire face à de profondes
transformations à l’échelle mondiale. Des transformations aux plans
de la technologie, du commerce et de la concurrence. Notre enjeu
commun est de maîtriser ces changements, au lieu de nous laisser
déborder par eux.
Le Canada s’est adapté à sa façon au changement sur le plan national
et international. Notre gouvernement fédéral et ses homologues
provinciaux ont complètement repensé leurs rôles respectifs dans
l’économie nationale. Et nos entreprises ont révisé la manière dont
elles mènent leurs affaires.
Cela n’a pas toujours été facile. Mais cela a été rentable dans le
domaine où les efforts comptent le plus : la création d’une économie
canadienne compétitive et dynamique. Une économie qui est prête à
relever les défis du siècle prochain.
Comment y sommes-nous parvenus?
Nous avons commencé par remettre de l’ordre dans nos finances. Aux
déficits ont succédé des budgets équilibrés. Et les dépenses
gouvernementales ont été réorientées. Axées, de manière équilibrée,
sur les secteurs où elles permettent de tirer les plus grands
avantages sociaux et économiques. Elles ont été utilisées pour
stimuler la connaissance et l’innovation, pour améliorer les soins
de santé, pour lutter contre la pauvreté chez les enfants, et pour
réduire les impôts ainsi que notre endettement public.
De leur côté, les entreprises canadiennes se sont restructurées et
sont devenues plus axées sur les exportations.
Les résultats sont évidents. Les taux de chômage et d’intérêt ont
baissé. Les exportations se maintiennent à un niveau record. Les
sociétés canadiennes considèrent maintenant le commerce
international comme une opportunité, et non une menace.
Par-dessus tout, le Canada a réussi à s’adapter à la mondialisation,
sans rien sacrifier de la qualité de vie à laquelle nous sommes si
attachés. Un des résultats dont nous sommes les plus fiers en tant
que peuple est celui-ci : au cours des six dernières années de
suite, alors même que nous traversions cette période de changements
profonds, nous avons été classés par les Nations Unies comme le pays
où la qualité de vie est la meilleure au monde.
Le Japon est maintenant confronté à une période de transition
similaire. Surmonter des obstacles majeurs n’a rien de nouveau pour
les Japonais. Je suis certain que vous saurez trouver la voie qui
vous conduira à une prospérité renouvelée, et que le Japon et sa
société sortiront plus forts de cette épreuve.
Je crois aussi que le Canada et le Japon sont faits pour être de
bons partenaires. La haute technologie et les technologies de
l’environnement sont deux domaines clés d’une nouvelle relation
stratégique.
Pour les Japonais, le Canada évoque des images d’immensité et de
beauté naturelle sans limite. Nous sommes, effectivement, fiers de
l’exceptionnel patrimoine naturel qui est le nôtre. Mais ce soir, je
voudrais vous parler d’un nouvel aspect de la réalité canadienne. Un
aspect qui coexiste avec les points forts déjà existants de notre
économie et nos valeurs traditionnelles, et qui prend rapidement de
l’importance. Je veux parler des technologies de pointe.
Le Canada est un leader mondial dans le domaine des
télécommunications, des logiciels et de l’exploration de l’espace.
Des logiciels canadiens sont maintenant utilisés par les
constructeurs d’automobiles japonais. D’autres servent à fabriquer
des jeux électroniques japonais, et pour fabriquer ici des micro
plaquettes de semi-conducteurs.
Dans certains domaines, notre technologie est tellement pointue que
c’est hors de notre espace planétaire qu’elle trouve ses
applications. Il y a des années que la NASA utilise le célèbre
télémanipulateur Canadarm pour réaliser toute une gamme
d’expériences et d’activités en orbite. Et le télémanipulateur de
nouvelle génération sera une composante indispensable de la nouvelle
station spatiale internationale.
De nombreuses sociétés canadiennes de haute technologie ont
développé des marchés et des partenariats importants dans ce pays en
adaptant des produits typiquement canadiens aux besoins du Japon.
Par exemple, une société canadienne a noué d’étroites relations de
travail avec NEC, qui a combiné un logiciel canadien avec son propre
matériel afin de créer un nouveau programme de vente et de
marketing.
Et moins d’un an après s’être implantée au Japon, une autre société
canadienne a capturé 80 % de votre marché des formulaires
électroniques, ce qui est remarquable.
Le Canada est aussi à la fine pointe de l’innovation et de la
technologie dans le domaine des soins de santé. Nos sociétés ont
élaboré des procédures et des traitements nouveaux susceptibles de
révolutionner les soins aux malades. Par exemple, une entreprise de
Vancouver s’est associée avec un partenaire japonais afin de faire
bénéficier les malades japonais d’une nouvelle thérapie
anticancéreuse qui permet d’éviter l’hospitalisation. Et le scanner
cérébral le plus perfectionné du monde, mis au point par une autre
société de la Colombie-Britannique, est aujourd’hui utilisé par
l’Université d’Osaka.
Voilà quelques exemples de notre partenariat croissant dans le
domaine de la haute technologie. Les sociétés japonaises et
canadiennes forment des alliances stratégiques dans toutes sortes de
domaines : les piles à combustible, l’élimination propre des
déchets, et les systèmes de positionnement global. Elles ont compris
que le développement en commun des produits est une des clés de
l’amélioration de leur position mondiale.
L’investissement est un autre domaine d’intérêt mutuel.
De l’Atlantique au Pacifique, les investissements japonais au Canada
ont créé des emplois et des débouchés pour les Canadiens. De plus,
la construction au Canada, par des entreprises japonaises, d’usines
représentant le dernier cri de la technique permet également le
transfert de technologies de pointe qui assurent la compétitivité du
Canada à l’échelle mondiale.
Les investisseurs japonais ont compris les incroyables possibilités
offertes par le Canada, qui comprennent l’accès au marché de
400000000 de personnes que représente l’ALENA, ainsi qu’à une
main-d’oeuvre qualifiée, à des collectivités sûres et à d’excellents
établissements scolaires. Sans oublier que le Canada est le pays où
le coût des affaires est le moins élevé de tout le G-7.
L’investissement n’est cependant pas à sens unique. Tout récemment,
plusieurs grandes sociétés canadiennes ont identifié de nouvelles
possibilités d’investissement au Japon. Manulife Financial a créé un
partenariat d’une valeur de 1000000000 $ avec Daihyaku Life
Insurance. Cet investissement, qui est à la fois une marque de
courage et de vision, est le plus important jamais effectué par une
société canadienne au Japon. Il a transformé la nature de nos
relations dans le domaine des services financiers.
Du développement de produits de haute technologie à
l’investissement, des nouvelles perspectives s’ouvrent aujourd’hui
aux relations entre le Canada et le Japon. Un grand nombre des
pionniers de ce mouvement se trouvent dans cette salle. Équipe
Canada 99 a pour objectif d’étendre encore plus ce nouvel espace
économique et financier, de vous encourager à « penser Canada ». Et
d’encourager les Canadiens à « penser Japon ».
Mesdames et messieurs, les années 90 ont montré que le changement
est la seule constante de la nouvelle économie mondiale. Et ce
changement est rapide. Au siècle prochain, c’est la capacité de
s’adapter rapidement aux défis du changement qui fera la différence
entre les nations. C’est cette capacité qui déterminera leur niveau
de vie et leur qualité de vie.
Je suis accompagné par quelques-uns des hommes et des femmes les
plus remarquables. Des gens issus du monde des affaires, des
organisations non gouvernementales et du monde municipal. Nous
voulons devenir vos partenaires et travailler de concert avec vous
pour amorcer une ère nouvelle de croissance et de prospérité au
Japon.
Voilà ce que représente Équipe Canada.]

[CChrétien=19990615]
[lieu=irla]

Je suis heureux d’être ici en Irlande, un des pays les plus
dynamiques de l’Europe à l’heure actuelle. L’énergie est palpable
tout autour de nous. La fierté aussi. Donc, quand les Irlandais
affirment avec fierté : « Pour la première fois en 150 ans, le
nombre de nos citoyens qui reviennent au pays est plus élevé que
ceux qui partent », le Canada, avec ses 4000000 de
descendants de l’Irlande, vous salue.
J’ai eu un entretien très productif avec votre Taoiseach. J’ai aussi
rencontré la Présidente McAleese. Le Taoiseach a toujours fait
preuve d’un attachement profond envers Canada, et nous lui en savons
gré. L’automne dernier, la Présidente McAleese a effectué au Canada
une visite d’envergure qui l’a conduite dans six provinces et au
cours de laquelle elle a prononcé une quarantaine de discours devant
divers auditoires. Partout, les gens l’ont accueillie avec grand
enthousiasme.
Ce matin, j’ai posé une pierre au Mémorial de la Famine, sur les
rives de la rivière Liffey. Il est important de préserver le
souvenir de l’une des plus profondes tragédies de l’histoire. En
raison non seulement des souffrances que tant de gens ont vécues à
l’époque de la famine, mais aussi de la migration qu’elle a causée
et qui a privé l’Irlande de sa plus précieuse ressource : sa
population.
Le Canada est la destination que des dizaines de milliers
d’immigrants Irlandais ont choisie à l’époque. En hommage au passé
que nous partageons, le Canada a entrepris de créer un parc national
du patrimoine à la Grosse Île, l’escale où tant d’Irlandais se sont
arrêtés en route vers l’Amérique du Nord. Beaucoup y ont péri et y
sont enterrés. Ceux qui ont survécu ont aidé à bâtir et à développer
une jeune nation.
C’est un de vos compatriotes, Thomas D’Arcy McGee, qui est venu au
Canada au siècle dernier animé d’une vision. La vision d’une nation,
s’étendant d’un océan à l’autre et constituée de nombreux groupes de
diverses croyances et origines. Mais partageant le même espoir :
celui de vivre ensemble, dans la paix, le respect et la prospérité.
Sa vision c’était le Canada. Un soir, en rentrant après sa journée à
la Chambre des communes, tout de suite après avoir prononcé un
discours en faveur de cette vision, il a été assassiné. Ce père de
la Confédération a donné sa vie pour bâtir une terre d’harmonie. Le
rêve qu’il a formé au dix-neuvième siècle est devenu une réalité au
vingtième.
Une réalité à laquelle les fils et les filles de l’Irlande ont
apporté une contribution essentielle. Dans le secteur industriel, en
politique, dans les professions, en fait dans toutes les sphères de
la société canadienne. Ces Canadiens d’ascendance irlandaise, de
même que d’autres Canadiens dont les racines se trouvent aux quatre
coins du monde, ont aidé à bâtir un pays dynamique, sûr de lui et
ouvert sur l’extérieur.
Un pays dont la croissance est entraînée – plus que jamais – par une
économie tout aussi dynamique et ouverte sur l’extérieur. En fait,
aucune autre grande économie mondiale n’est davantage axée sur le
commerce que le Canada. Plus de 40 % de notre produit intérieur brut
provient des exportations, soit plus que tout autre grand pays
industrialisé!
C’est pourquoi le Canada poursuit si vigoureusement l’objectif de
libéralisation des échanges – en fonction de règles équitables –
partout à travers le monde. Nous savons que la clé de la prospérité
– pour tous les pays – réside dans la suppression des barrières
protectionnistes. La réussite du Canada en est la preuve. Tout comme
la réussite de l’Irlande.
C’est pourquoi le Canada consacre tant d’énergie à conquérir de
nouveaux marchés – et à consolider ses marchés existants – partout
sur la planète. Nous donnons un nouveau souffle à la présence du
Canada partout dans le monde. Nous le faisons en travaillant de
concert avec les gens d’affaires et les gouvernements de toutes les
provinces, tant dans le cadre de nos missions d’Équipe Canada que de
missions commerciales comme celle-ci, en Irlande. Cette présence
renforcée signifie de nouveaux emplois et de nouvelles possibilités
pour tous les Canadiens.
C’est pourquoi nous déployons autant d’efforts en vue de développer
nos relations commerciales avec l’Union européenne. Pendant la
présidence de l’Irlande, il y a quelques années, nous avons signé un
Plan d’action UE-Canada sur la coopération dans divers secteurs, de
l’application des lois sur la concurrence à la réglementation
douanière en passant par la recherche scientifique et technologique.

Il y a longtemps que je parle de l’objectif d’un lien
transatlantique entre l’ALÉNA et l’Union européenne. Ce jour là
n’est peut-être
pas encore venu, mais, au Canada, nous poursuivons nos efforts. Nous
négocions actuellement un accord de libre-échange avec les pays de
l’Association européenne de libre-échange, la Norvège, l’Islande,
la Suisse et le Liechtenstein – que nous espérons voir aboutir à
l’automne de 1999. Il s’agira du premier accord de libre-échange
transatlantique jamais conclu. Le premier d’une série, je l’espère!
Et au coeur de l’action, on trouvera le nouveau tigre de l’Europe :
l’Irlande!
Les liens commerciaux entre le Canada et l’Irlande sont plus forts
aujourd’hui que jamais. En effet, les échanges bilatéraux ont doublé
en l’espace de trois ans pour atteindre 750000000 de livres
irlandaises, soit 1500000000 $. Le Canada est un bon
partenaire d’affaires pour l’Irlande. Nous sommes la deuxième source
d’investissements étrangers en Irlande. En dix ans, les
investissements canadiens ici ont augmenté de 600 %. Brown Thomas,
Corel, CanWest, Celestica, CIBC Wood Gundy, Four Seasons Hotels,
Jetform, Nortel Networks, Saturn Solutions, la Compagnie d’assurance
du Canada sur la vie, la Banque de Montréal, Assurances RBC, la
Banque Scotia et Sun Life ne sont que quelques-unes des entreprises
canadiennes ayant des opérations ici.
Et les membres de notre délégation commerciale sont ici pour
amplifier ces liens et en créer de nouveaux. Ces hommes et ces
femmes possèdent le type de savoir-faire et de compétences qui font
que le Canada mène les pays du G-7 sur le plan de la croissance
cette année encore. Leurs produits et leur savoir-faire, leur
feuille de route et leurs compétences ne sont surpassés par personne
au monde. Je vous invite à leur parler, à apprendre à les connaître
et à découvrir ce qu’ils ont à offrir – ce que nous avons à vous
offrir.
Un grand nombre d’entre eux ont été attirés ici par le marché
irlandais lui-même. D’autres par la possibilité de travailler avec
des gens d’affaires irlandais à conquérir les marchés européens ou
mondiaux. Chose certaine, un certain nombre d’entreprises
canadiennes considèrent l’Irlande comme la meilleure porte d’entrée
du Marché unique européen.
Un des messages aux entreprises irlandaises sur lesquels je veux
insister particulièrement aujourd’hui c’est que la même chose vaut
pour le Canada : notre pays représente une porte d’entrée vers le
marché de l’ALÉNA. La meilleure porte d’entrée possible, selon moi,
pour les entreprises irlandaises. Non seulement du point de vue des
coûts et de la compétitivité, ni de l’accès et des voies de
transport, mais aussi pour d’autres raisons importantes, quoique
moins tangibles. Comme notre qualité de vie, nos collectivités
sécuritaires où il fait bon vivre et l’investissement que nous
faisons dans nos réseaux de la santé et de l’éducation.
Tous ces facteurs sont très importants en Irlande aussi. Ce sont des
priorités communes qui font du Canada un point d’entrée dans l’ALÉNA
d’autant plus naturel pour les entreprises de l’Irlande. En fait, de
nombreux gens d’affaires de l’Irlande s’en sont déjà rendu compte.
Les investissements irlandais au Canada ont connu une forte
progression au cours des trois dernières années. C’est une tendance
que nous voulons encourager et maintenir.
Nos deux pays, et nos deux économies, sont en plein essor. Nous
offrons de bonnes perspectives d’emploi et une nouvelle prospérité.
Et, franchement, nous avons beaucoup de choses en commun. C’est
pourquoi je suis heureux d’être accompagné d’une délégation aussi
impressionnante de gens d’affaires.
Et c’est pour cette raison que cette mission met l’accent sur des
secteurs où le Canada et l’Irlande possèdent des compétences et où
les entreprises canadiennes et irlandaises peuvent miser sur ces
forces complémentaires et réussir ensemble sur le marché
international.
Les alliances stratégiques sont bien inspirées. Parmi les avantages
potentiels qu’elles comportent, mentionnons l’accès à de nouveaux
marchés – et la crédibilité au sein de ces marchés – des sources
additionnelles de capital, des technologies de pointe, des
connaissances en gestion, des capacités de recherche et de
développement et des réseaux de distribution.
Ces avantages peuvent être obtenus beaucoup plus rapidement et à
moindre coût lorsque l’entreprise ne travaille pas seule.
La participation impressionnante aujourd’hui est un signe
encourageant – très encourageant – pour l’avenir. Si le Canada et
l’Irlande ont beaucoup de choses en commun, ils ont aussi beaucoup
de choses à s’offrir. Nous devons renforcer encore davantage les
liens historiques, culturels et commerciaux entre nous et en tisser
de nouveaux.
Je vous inviterais maintenant à vous lever et à boire un toast à la
santé et à la prospérité du peuple irlandais!]
[CChrétien=19990617]
[lieu=autri]
Je suis très honoré d’être le premier premier ministre canadien à
visiter l’Autriche. Mon séjour a été bref, mais la chaleureuse
hospitalité du Chancelier Klima et du peuple autrichien ont produit
chez moi et chez tous les membres de la délégation une impression
agréable qui nous restera.
Nos pays ont beaucoup de choses en commun. Nous partageons en
particulier la même préoccupation au sujet de la paix et de la
sécurité dans le monde d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle
je suis très heureux de m’adresser à cette assemblée, à l’invitation
conjointe du Parlement autrichien et de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe.
Aux yeux des Canadiens, notre participation à l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe est un élément important de
notre partenariat avec l’Europe. L’OSCE symbolise les espoirs que
nous avons pour l’Europe. Une Europe entièrement libre, où les
divisions n’existent plus, où chaque région se dirige vers la
prospérité et la stabilité.
Ce sont les aspirations qui ont mené à la signature des Accords
d’Helsinki en 1975. Les visionnaires de cette époque seraient
heureux de constater les résultats de leurs efforts – une OSCE qui
oeuvre à une Europe où tous les citoyens peuvent vivre dans la paix
et la dignité.
Notre adhésion illustre à nouveau combien les Canadiens tiennent au
dialogue raisonnable et à l’action collective comme moyens d’assurer
la paix internationale et la dignité humaine.
Les récents événements au Kosovo et dans les Balkans nous ont permis
de prendre conscience de la force des valeurs qui sous-tendent notre
partenariat avec l’Europe. Ces événements viennent aussi appuyer
notre conviction que les questions humanitaires et celles relatives
aux droits de la personne ne relèvent pas seulement de la politique
interne des États. Elles sont plutôt d’une importance fondamentale
pour la paix et la sécurité dans cette région, et partout dans le
monde. Et nous avons besoin d’institutions capables de protéger ces
droits et de promouvoir ces questions efficacement.
Dans deux cents jours, nous tournerons mille pages de l’histoire du
monde.
Au cours de cette période, l’Europe a légué des chefs-d’oeuvre
extraordinaires au patrimoine civilisé du monde. Ses scientifiques
ont façonné des outils, ses philosophes ont ouvert de nouveaux
domaines à la pensée et ses artistes ont créé des trésors qui font
vibrer l’âme d’une grande partie du monde moderne. Les Européens ont
érigé des sociétés fondées sur les valeurs démocratiques et l’État
de droit, le dynamisme économique et l’imaginaire artistique.
Cependant, l’Europe a aussi été le théâtre de certains des pires
épisodes de l’histoire humaine au cours du millénaire qui s’achève.
Les dizaines de millions de victimes de guerres et de génocide du
dernier siècle en témoignent.
Ensemble, nous avons travaillé à faire renaître une nouvelle Europe
de ces cendres. Les succès ont été nombreux : l’OTAN, l’OSCE, la
réconciliation de l’Ouest et de l’Est. Mais la tâche est loin d’être
terminée. Les récents événements dans les Balkans en attestent
clairement. La crise que nous venons de traverser nous rappelle
qu’on ne peut tenir pour acquis la démocratie, la tolérance et la
compassion – même en Europe. Il faut parfois se mobiliser pour les
défendre.
Michael Ignatieff, un auteur canadien qui a écrit abondamment sur
les Balkans et qui est le fils de l’un de nos plus grands
diplomates, a vu juste lorsqu’il a dit que le Kosovo était «
l’épreuve par le feu de tout ce en quoi nous croyons. […]
[C’était] un combat pour interdire le recours au nettoyage ethnique,
aux massacres et au pillage comme instruments de politique
intérieure par quelque État que ce soit. »
Ces préoccupations sont celles qui ont incité le Canada à s’engager
dans cette action au sein de la force de frappe aérienne de l’OTAN.
Ce sont elles qui ont motivé notre réaction devant la détresse des
réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du Kosovo. Le
Canada a accueilli plus de 6000 Kosovars et consacré près de
50000000 $ aux activités humanitaires internationales dans
la région. Les mêmes préoccupations conduiront le Canada à
poursuivre la recherche d’une paix véritable par l’affectation de 1
300 soldats de la paix et par tout autre moyen constructif.
La marche vers la réconciliation et la reconstruction s’est engagée
au Kosovo, dans l’ensemble de la Yougoslavie et dans la région des
Balkans. La première priorité était jusqu’ici de sortir la région de
l’engrenage de la violence et de la répression dans lequel elle
était prise. Mais ce n’est qu’un commencement.
Nous aurons atteint le plus important de nos buts lorsque tous les
réfugiés et les personnes déplacées – quelle que soit leur religion
ou leur origine ethnique – seront rentrés dans leurs foyers en toute
sécurité. Il faudra pour cela mettre en oeuvre un plan qui leur
permettra de vivre dans la paix et le respect mutuel avec leurs
voisins.
L’exécution de ce plan nécessitera le déploiement de personnel civil
et de forces de sécurité, y compris un important contingent de
policiers civils qui assureront non seulement des services de police
comme tels, mais aussi la formation de la police locale pour
l’avenir. Nous consacrerons des efforts à la démocratisation, à
l’organisation d’élections et à la création d’une société civile
vigoureuse. Nous travaillerons au déminage de la région. Il faudra
accorder une attention particulière à l’établissement d’un cadre
pour assurer la pleine protection des droits de la personne,
notamment les droits des minorités.
L’OSCE aura un rôle important à jouer dans l’instauration de la
société civile au Kosovo. Et le Canada collaborera avec elle à
toutes les étapes.
Enfin, la Yougoslavie devra se donner de nouveaux dirigeants. Il ne
saurait y avoir de paix durable dans les Balkans tant que les rênes
du pouvoir seront entre les mains de personnes inculpées de crimes
de guerre. Le Président Milosevic et d’autres dirigeants yougoslaves
inculpés ont droit à un procès juste, et j’espère qu’ils profiteront
de cette occasion pour se défendre, ouvrant la voie à un nouveau
leadership. Le peuple de la Serbie et de l’ensemble de la
Yougoslavie veut de l’aide pour reconstruire et mérite d’en
recevoir. Mais cette aide ne viendra que le jour où la Yougoslavie
fera le nécessaire pour réintégrer la famille des nations modernes,
libres et démocratiques.
Le rôle crucial que la Russie a joué dans la recherche d’une
solution diplomatique dans les Balkans vient nous rappeler encore
une fois que les vieux antagonismes peuvent être surmontés dans la
marche vers de nouvelles relations productives. Les événements dans
les Balkans ont donné une nouvelle vigueur à sa relation avec
l’Europe et engagé de nouveau la Russie dans l’édification d’une
architecture de sécurité européenne pour le 21e siècle.
Ces éléments revêtent tous une importance cruciale à l’heure où
notre attention se tourne vers la tâche de redresser l’économie des
Balkans et d’oublier les haines ethniques pour fonder l’avenir sur
les valeurs démocratiques et le respect des droits humains.
De même que le monde a tiré une leçon des catastrophes qui ont
marqué notre siècle et institué des structures durables comme
l’Union européenne, les Nations Unies, l’OTAN et l’OSCE, de même
nous devons tirer une leçon du Kosovo.
Ensemble, nous devons déterminer comment renouveler les structures
existantes. Nous savons qu’il faudra pour cela changer nos façons de
penser.
Sur la scène internationale, le Canada et la Norvège, ainsi que
d’autres pays, ont cherché à faire reconnaître la notion de la
sécurité humaine, qui met davantage l’accent sur la sécurité
individuelle.
Deux initiatives en particulier, la campagne pour l’élimination des
mines antipersonnel et la création de la Cour criminelle
internationale, ont démontré la force de la nouvelle approche. Dans
le cadre de la campagne contre les mines surtout, le Canada et
l’Autriche ont collaboré étroitement. Je suis fier, très fier, du
travail que nous avons accompli ensemble avec l’aide de nombreux
pays. Et je ne parle pas seulement de l’adoption de la Convention
d’Ottawa, mais aussi de l’enlèvement de ces engins meurtriers
partout dans le monde.
La Cour criminelle internationale est une autre innovation qui
mérite notre appui. Hier, j’ai eu le privilège de rencontrer Simon
Wiesenthal. La lutte courageuse qu’il a menée pendant plus d’un
demi siècle contient une leçon pour nous tous. Tout comme le
silence et la passivité qui ont trop souvent accueilli – dans trop
de pays, y compris le Canada – les preuves dramatiques et abondantes
qu’il avait accumulées. Ces dernières années, nous avons essayé de
réparer ces manquements dans l’espoir que justice différée soit
préférable à justice refusée.
Aujourd’hui, en Europe comme partout dans le monde, nous avons
l’occasion de faire en sorte que les erreurs commises après la
Seconde Guerre mondiale ne se répètent plus après la crise dans les
Balkans. Je suis fier qu’une Canadienne, la juge Louise Arbour, ait
fait oeuvre de pionnier et ait établi une nouvelle norme dans la
poursuite en justice des criminels de guerre. Grâce au Tribunal
pénal international pour l’ex-Yougoslavie, nous pouvons poursuivre
les auteurs des pires atrocités que ce continent ait connues depuis
1945. En inculpant un chef d’État alors qu’il exerce toujours ses
fonctions, madame Arbour et le Tribunal ont fait la preuve que
personne n’est au-dessus de la loi. Et que ceux qui commettent des
crimes contre l’Humanité ne peuvent être protégés par leur titre ou
leur fonction.
J’espère qu’on donnera suite à ces inculpations très bientôt.
Victor Hugo a écrit: «On résiste à l’invasion des armées; on ne
résiste pas à l’invasion des idées.»
Je crois que l’attention accordée depuis quelque temps à la sécurité
des personnes en est un exemple concret. De nombreuses questions se
rattachent à cette préoccupation : la tendance à cibler les
populations civiles en temps de guerre, les violations flagrantes
des droits de la personne, les armes légères, le terrorisme, le
crime organisé, et plusieurs autres encore. La question devrait être
de savoir, jusqu’à quel point la sécurité des gens est-elle en
danger? Le cas du Kosovo a certainement donné une réponse claire à
cette question.
En décembre 1998, avec la participation de Viktor Klima à titre de
Président du Conseil de l’Union européenne, le Canada et l’UE ont
entrepris de sensibiliser la communauté internationale aux questions
relatives à la sécurité humaine. Notre approche consiste à faire en
sorte que la politique étrangère des États tienne davantage compte
des personnes, comme il se doit.
Comme l’a déclaré récemment le Secrétaire général de l’ONU Kofi
Annan, à une époque où la mondialisation a imposé tellement de
limites à la portée des actions que les États peuvent entreprendre,
« le dernier droit des États ne peut pas, et ne doit pas être celui
de réduire en esclavage, de persécuter et de torturer leurs propres
citoyens ».
Cette approche humanitaire vise à obtenir la reconnaissance – par
les États voisins et par la communauté internationale tout entière –
que de telles situations ne peuvent pas longtemps rester cachées.
Elle vise à éveiller l’attention internationale pendant que l’heure
est encore au dialogue et à l’assistance, avant que les choses
n’atteignent le point où une intervention est inévitable.
Mesdames et messieurs, le thème de la sécurité humaine représente
l’expression des valeurs que partagent le Canada, l’Autriche et
l’Europe. Il traduit une leçon que nous avons apprise à nos dépens.
Il offre à la fois un flambeau d’espoir pour notre avenir collectif
et une digne façon de terminer un millénaire et d’entrer dans le
suivant.]

[CChrétien=19990318]
[lieu=ottawa]

Je suis heureux de me retrouver parmi vous, encore une fois cette
année, pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie.
Cette journée est d’abord une occasion de célébrer fièrement un des
éléments fondamentaux de notre identité nationale: la langue et la
culture françaises.
Au Canada, nous sommes 7000000 de Canadiens français et des
centaines de milliers d’autres Canadiens apprennent le français pour
participer pleinement à la francophonie de notre pays. C’est donc
aujourd’hui aussi une belle occasion de célébrer la richesse et la
diversité des collectivités francophones du Canada. Des
collectivités qui se distinguent notamment les unes des autres par
leur histoire, et par la manière dont elles ont choisi de vivre et
de s’épanouir dans un environnement et des circonstances très
variées.
Aussi je crois que nous devons avoir aujourd’hui une pensée
particulière pour les hommes et les femmes qui ont travaillé avec
ardeur pour bâtir les collectivités de langue française au Canada,
et qui ont contribué à l’essor de la francophonie canadienne.
L’un des plus grands d’entre eux nous a quitté cette semaine. Je
parle bien sûr de Gratien Gélinas, un véritable pilier de la culture
canadienne, un homme dont les oeuvres ont été présentées partout au
pays dans les deux langues officielles.
Gratien Gélinas a profondément marqué la vie culturelle de notre
pays, comme en témoignent plusieurs de ses réalisations.
Il a notamment fondé et dirigé la Comédie canadienne; il a aussi
fondé, avec d’autres, l’École nationale de théâtre du Canada; il a
été Président de la Société de développement de l’industrie
cinématographique canadienne, l’ancêtre de Téléfilm Canada; et
enfin, il a été membre du Conseil d’administration de l’Office
national du film.
Aujourd’hui, je tiens donc à rendre un hommage particulier à cet
homme qui était un grand Canadien-français fier de l’être. Des
hommes comme lui transmettent une énergie qui continuera de
favoriser l’épanouissement de la francophonie canadienne.
Pour cela, il a fait plus que sa part, et c’est le devoir des
gouvernements de faire aussi la leur.
Et c’est ce que nous avons d’ailleurs fait récemment en annonçant
des sommes supplémentaires pour la promotion des langues officielles
dans les régions où elles sont minoritaires. Et nous avons fait en
sorte que la promotion de la langue française, qui est, je le
répète, un élément fondamental de l’identité canadienne, ne soit
plus l’affaire d’un seul ministère, mais la responsabilité de tous
les ministères fédéraux.
Dans le domaine de la culture, il faut continuer à bâtir sur nos
très nombreux succès. Le Canada s’est doté, au fil des ans,
d’institutions qui ont grandement contribué à la promotion et au
rayonnement de la culture francophone au pays et à travers le monde.
Nous n’avons qu’à penser à Radio-Canada, ou au Conseil des arts du
Canada, et à des organisations comme Téléfilm Canada et l’Office
national du film, dont je parlais plus tôt.
C’est dire à quel point la francophonie est une richesse pour le
Canada. Et que son épanouissement permet aux Canadiens de s’ouvrir
toujours davantage sur le monde.
Ainsi, en cette période marquée par la mondialisation et l’ouverture
des frontières, la francophonie canadienne constitue une force
importante pour notre pays, en nous reliant à la Francophonie
internationale.
Le Canada s’est d’ailleurs associé très tôt à la Francophonie
internationale. En 1970, nous avons été un membre fondateur de
l’Agence de coopération culturelle et technique. Depuis lors, nous
avons continué de jouer un rôle de premier plan au sein de
l’organisation.
Plus récemment, nous avons appuyé les efforts visant à doter la
Francophonie internationale d’un mandat politique plus large. Ce
mandat rejoint étroitement les préoccupations du Canada, surtout au
moment où nous occupons un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. En
effet, le mandat élargi porte sur la promotion de la paix par la
prévention et la résolution de conflits, la promotion des droits de
la personne et l’appui aux processus de démocratisation.
Ce volet de l’action de la Francophonie internationale est utile et
pertinent. Jusqu’à présent, l’organisation a mené neuf missions
d’observation, dont une conjointe avec les Nations Unies. Le Canada
est fier de participer à ces initiatives, qui nous permettent de
continuer à faire avancer nos priorités sur la scène internationale.

Notre appartenance à ce réseau de 52 pays et gouvernements ayant la
langue française en partage comporte aussi d’autres avantages.
En septembre prochain, la ville de Moncton au Nouveau-Brunswick aura
le privilège d’accueillir le Sommet de la Francophonie. L’ordre du
jour de ce Sommet sera très varié. Nous aurons entre autres
l’occasion de discuter de questions relatives aux jeunes, aux
nouvelles technologies, à la culture, à l’éducation et à l’économie.
Nous espérons que ce sommet nous permettra de faire avancer un
certain nombre de dossiers qui touchent non seulement les Canadiens
et les Canadiennes, mais des gens du monde entier.
Ainsi, nous voulons travailler avec nos partenaires du Sommet, pour
trouver des moyens de promouvoir et d’assurer la sécurité des jeunes
dans les pays aux prises avec des conflits armés. L’objectif du
Canada est de faire en sorte que ces jeunes puissent grandir dans un
environnement qui réponde à leurs besoins et qui favorise leur
épanouissement.
Nous voulons également poursuivre nos efforts en vue de promouvoir
la diversité culturelle. Ces efforts commencent d’ailleurs à porter
fruits sur la scène internationale. Et les pays membres de la
Francophonie ne sont pas étrangers à ce succès. Ils se sont toujours
montrés sensibles à cette question très importante.
Le défi pour les chefs d’État et de gouvernement qui se réuniront à
Moncton sera donc de réitérer cette volonté de participer aux grands
enjeux. Des enjeux qui dépassent le cadre géographique de la
Francophonie et qui touchent l’ensemble de la communauté
internationale. Ils devront aussi continuer de guider et
d’encourager le Secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, dans la
poursuite de ces objectifs.
Nous sommes à quelques mois du Sommet, et nous célébrons aujourd’hui
la dernière Journée internationale de la Francophonie avant le
nouveau millénaire. À cette occasion, j’invite tous les Canadiens et
toutes les Canadiennes à célébrer la francophonie d’ici et
d’ailleurs, ainsi que son dynamisme au pays et au-delà de nos
frontières.
Et je vous souhaite à tous et à toutes une excellente Journée.

[CChrétien=19991118]
[lieu=turq]
J’aimerais d’abord témoigner au peuple turc la sympathie des
Canadiens.
Le peuple turc a subi des souffrances incroyables au cours des
derniers mois. Hier, j’ai pu constater la dévastation de mes propres
yeux, et j’ai été profondément ému par le courage des parents et des
amis des victimes.
Nous prenons part au dernier sommet du XXe siècle de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe. L’appartenance du
Canada à l’OSCE représente un aspect essentiel de notre partenariat
avec l’Europe. De notre engagement envers une Europe qu’aucune ligne
de séparation ne divise. Elle affirme aussi la valeur que nous
attachons au dialogue et à l’action concertée comme moyens de
préserver la paix internationale et la dignité humaine. Au cours du
prochain millénaire, il sera primordial de prévenir les conflits.
Ces grands objectifs sont au coeur de l’appui du Canada à la Charte
sur la sécurité européenne. Nous saluons l’adaptation du Traité sur
les forces conventionnelles en Europe, de même que le Document de
Vienne de 1999. Ces réalisations consolideront la sécurité
transatlantique ainsi que l’ensemble des pays de l’OSCE.
Le respect de la personne est au centre de notre engagement à
l’égard de l’OSCE. J’encourage fortement les États membres à
contribuer encore davantage à la sécurité humaine en éliminant les
mines antipersonnel, en freinant la dissémination des petites armes
et des armes légères et en interdisant la participation d’enfants
aux conflits armés.
L’objectif commun des États membres de l’OSCE est de faire en sorte
que les pays reconnaissent les droits fondamentaux. Afin que les
droits de chacun soient protégés par un système judiciaire juste et
indépendant. Et que tous aient la liberté d’exprimer des opinions
divergentes sans crainte de représailles.
Nous avons également pour objectif de faire en sorte que les pays
encouragent la tolérance et le respect entre les diverses
communautés. Cet objectif revêt une importance particulière aux yeux
du Canada. Nous avons appris, avec le temps, à voir dans la
diversité culturelle une source de richesse et d’harmonie.
Trop souvent ces dernières années, des dirigeants cyniques ont
attisé le nationalisme ethnique afin de consolider leur pouvoir.
Déchaînant ainsi les pires atrocités et une destruction aveugle.
N’avons-nous rien appris de la Bosnie et du Kosovo?
Il faut voir à traduire en justice ceux qui bafouent les droits
humains fondamentaux. Je félicite le Tribunal pénal international
pour l’ex-Yougoslavie de faire tout en son pouvoir pour s’acquitter
de ce devoir moral fondamental.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe se
préoccupe de nombreux conflits régionaux, notamment celui qui sévit
dans le Nord du Caucase. Le Canada respecte totalement l’intégrité
territoriale de la Russie, et comprend la nécessité de contrer le
terrorisme sous toute ses formes. Par contre, la présente campagne
militaire massive nous apparaît disproportionnée. De telles
opérations de grande envergure ne sont pas la façon de contrer le
terrorisme ni le banditisme. Elles peuvent, en fait, avoir
exactement l’effet contraire. Avoir des conséquences inacceptables,
que ce soient des pertes de vie parmi les civils ou des déplacements
de populations. La Fédération de Russie doit établir immédiatement
un dialogue véritable avec les chefs tchétchènes. Et les
organisations humanitaires doivent avoir accès aux populations
civiles dès maintenant.
Tâchons de renforcer l’OSCE et de lui fournir les outils dont elle a
besoin pour accomplir sa mission. Et faire de notre rêve de liberté
et de paix en Europe une réalité pour tous.]
[CChrétien=19990125]
[lieu=polog]

Je suis ravi d’être ici aujourd’hui, à Varsovie. Dans une ville
empreinte d’histoire qui symbolise la résistance à la tyrannie et à
la haine et offre un modèle au monde entier. Le peuple polonais a
maintes fois démontré sa volonté de survivre, de reconstruire et de
s’adapter dans notre monde en mutation.
L’itinéraire de mon séjour trop bref en Pologne est chargé. J’ai eu
un entretien très productif avec le premier ministre Buzek. Et
j’aurai le plaisir de rencontrer d’autres dirigeants polonais.
Demain, nous commémorerons un chapitre important de l’histoire
lorsque nous inaugurerons un monument aux vaillants soldats polonais
et canadiens qui ont combattu côte à côte pendant la Seconde Guerre
mondiale.
J’aurai également l’occasion de visiter l’École d’économie de
Varsovie et de rencontrer des étudiants polonais, canadiens et
ukrainiens.
Mesdames et messieurs, cette école est l’un des endroits où l’on
peut observer la dimension humaine de la transformation incroyable
qui s’opère dans la Pologne d’aujourd’hui. Et constater le courage
et le ressort de ses citoyens.
Après avoir vécu les dévastations terribles de la Seconde Guerre
mondiale, puis la répression et la stagnation de la guerre froide,
la Pologne s’est relevée pour surmonter les défis de la réforme
économique et politique. Pour saisir les occasions suscitées par la
liberté retrouvée. Pour se tailler une place dans la nouvelle Europe
et dans le nouveau siècle.
Les obstacles étaient considérables, et le temps pressait. Il lui
fallait complètement défaire les quarante années d’histoire qui
avaient interrompu son développement démocratique. Réformer le
gouvernement, mener à bien un processus complexe de privatisation,
créer une administration judiciaire indépendante, moderniser le
système d’éducation et assainir l’environnement.
Bon nombre de ces défis se posent à d’autres pays, dont le Canada.
Mais rares sont ceux qui ont eu à les relever tous en même temps.
Pour tout ce qu’elle a réussi à accomplir en l’espace de dix ans, la
Pologne mérite d’être applaudie.
Les défis communs au Canada et à la Pologne sont nombreux. Nous
sommes deux puissances moyennes situées près de voisins imposants et
puissants avec lesquels nous collaborons étroitement, tout en
défendant nos droits et en cherchant à promouvoir nos valeurs et nos
idéaux. Et, bien sûr, nous connaissons tous les deux les joies de
l’hiver!
Toute plaisanterie mise à part, chaque pays a pu profiter des
expériences de l’autre. Le Canada a joué un rôle positif de soutien
dans l’édification de la nouvelle Pologne, et j’en suis fier.
Lorsque le gouvernement de la Pologne a lancé un appel à la
communauté internationale au début des années 1990, le Canada fut
l’un des premiers pays à lui offrir son aide, principalement sous la
forme de remises de dette de l’ordre de 1700000000 $. Ces
mesures ont aidé à alléger le lourd fardeau du service de la dette,
de sorte que le gouvernement a pu investir et dépenser en vue de
mieux répondre aux besoins de la population.
En plus, nous avons participé à des programmes d’assistance
coordonnés par la Banque mondiale et par la Banque européenne pour
la reconstruction et le développement. Enfin, grâce à l’assistance
technique de l’Agence canadienne de développement international, des
projets innovateurs ont été mis sur pied dans des secteurs clés.
La Pologne, de même que la République tchèque et la Hongrie,
deviendra bientôt membre de l’OTAN. Comme vous le savez, le Canada a
travaillé d’arrache-pied en faveur de l’accession de la Pologne.
Nous nous réjouissons de la voir franchir ce pas historique et nous
essaierons de garder la porte ouverte à de nouveaux membres.
Nous félicitons par ailleurs la Pologne pour son rôle au sein de
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. L’OSCE
contribue à impulser la consolidation et la promotion des valeurs de
la « Nouvelle Europe ». L’an dernier, la Pologne s’est acquittée de
manière exemplaire de ses fonctions à la présidence de l’OSCE durant
une période éprouvante.
Je sais que l’un des objectifs clés que la Pologne poursuit sans
relâche demeure l’adhésion à l’Union européenne. Le Canada estime
que l’élargissement de l’UE aura des retombées politiques et
économiques positives. Nous souhaitons donc voir aboutir vos
efforts. Nous entretenons d’excellentes relations avec l’Union
européenne et nous savons que la Pologne continuera de tenir compte
des intérêts canadiens lorsqu’elle en fera partie, et d’ici là.
Mesdames et messieurs, le partenariat entre le Canada et la nouvelle
Pologne est solide. Mais il dépasse largement le cadre de la
collaboration entre gouvernements. La tâche de réaliser les
changements qui amélioreront les conditions de nos peuples
n’appartient pas seulement à nos représentants politiques et
officiels.
L’amitié entre nous est d’abord et avant tout profondément humaine.
Nous suivons les traces des immigrants et des voyageurs. Des gens
d’affaires et des investisseurs. Des universitaires et des
étudiants.
Au début, la plupart des Canadiens qui ont voyagé en Pologne avaient
des racines dans ce pays. Soit eux-mêmes ou leurs parents ou
grands-parents y étaient nés. Les Canadiens polonais forment une
communauté nombreuse et dynamique. Ils ont perpétué chez nous des
valeurs solides comme le goût du travail, un riche fonds
d’expériences culturelles et de connaissances scientifiques et un
grand esprit communautaire. Ils sont devenus non seulement un
élément vital de notre diversité nationale, mais aussi un modèle
pour les immigrants qui sont venus après.
Parmi l’assistance aujourd’hui, nous trouvons un groupe
impressionnant de gens d’affaires canadiens. Ils ont entrepris ce
voyage dans le but de faire connaître leur savoir-faire. De faire
germer le commerce et la prospérité. S’ils sont ici, c’est parce
qu’ils voient d’immenses possibilités dans la nouvelle Pologne. En
fait, leur présence témoigne de leur grande confiance dans les
réalisations des dix dernières années et dans votre avenir.
Les perspectives leur paraissent prometteuses dans les
télécommunications, dans les technologies de l’information, dans
l’agriculture et l’agro-alimentaire, dans les technologies
environnementales, dans la construction, dans le secteur
énergétique, dans les ressources naturelles et dans l’industrie des
services. De leur côté, les investisseurs canadiens s’intéressent de
plus en plus à de nouveaux projets en Pologne. Je suis fier de noter
que des entreprises comme les Aliments McCain, le Saskatchewan Wheat
Pool, Royal Technologies et CADIM, entre autres, se sont implantées
ici.
Cependant, si ce déjeuner est en partie une célébration du succès de
la Pologne, il vise aussi à mettre en lumière la renaissance
économique du Canada. Notre pays affiche des budgets équilibrés, de
faibles taux d’intérêt et une inflation modérée. Le taux de chômage
est à son niveau le plus bas depuis plus de huit ans. Nous nous
sommes redonné les moyens d’investir judicieusement dans les
habiletés de nos gens pour les préparer à réussir dans la nouvelle
économie du savoir et assurer ainsi une prospérité nationale
durable, capable de résister aux secousses internationales.
Nous voulons faire savoir au secteur privé polonais en pleine
expansion que le Canada est plus qu’un ami et un partenaire dans le
contexte de la réforme économique et politique. À l’aide de
l’exemple de cette délégation remarquable, nous voulons vous montrer
que nous sommes également un partenaire commercial exceptionnel,
grâce à nos entrepreneurs innovateurs, à nos technologies de pointe,
à nos travailleurs hautement spécialisés et à notre excellente
qualité de vie. Que nous sommes pour vous la porte d’entrée du riche
marché de l’ALÉNA, un marché de près de 400000000 de personnes.
Nous voulons vous montrer que vous ne trouverez guère de meilleur
endroit dans le monde pour investir et faire des affaires.
Mesdames et messieurs, le fait que vous vous soyez déplacés en aussi
grand nombre est un signe très encourageant pour l’avenir. Mais,
j’ai beau essayer d’être aussi bon vendeur que possible, je sais
qu’une visite de la part d’un premier ministre ne garantit pas en
soi le succès.
Celui-ci résultera d’efforts patients et de longue haleine. Il nous
faudra miser sur les liens personnels, culturels et diplomatiques
existants et en établir d’autres. Je tiens à assurer à toutes les
personnes présentes que notre gouvernement s’engage clairement pour
le long terme.
Je suis fermement convaincu que plus le Canada et la Pologne se
connaîtront, plus nous constaterons combien de choses nous avons en
commun. Or, la seule façon de mieux se connaître c’est de multiplier
les rapports entre nous – entre gouvernements, entre entreprises et
entre personnes.
C’est la raison pour laquelle je souhaite qu’un plus grand nombre de
jeunes Canadiens viennent étudier ici et que les jeunes Polonais
soient plus nombreux à faire des études au Canada. C’est la raison
pour laquelle j’encourage les entreprises, les universités et les
organisations non gouvernementales du Canada à travailler avec des
partenaires polonais dans d’autres pays – en Ukraine par exemple.
À la veille d’un nouveau siècle, la Pologne a repris la place qui
lui revient au sein de la famille des nations. Elle a secoué le joug
qui la maintenait dans un état de stagnation et respire à nouveau
l’air de la liberté. Elle montre aux pays émergents de l’Europe
centrale et orientale la prospérité et la stabilité qui attendent
ceux qui gardent le cap de la réforme économique et politique.
Pendant que la Pologne poursuit sa transformation historique, le
Canada compte bien explorer de nouveaux horizons prometteurs dans
ses rapports avec elle. Nous espérons travailler plus étroitement
que jamais avec vous à rehausser la prospérité et la qualité de vie
de nos peuples.
Si j’en juge par ce que j’ai vu aujourd’hui, cet intérêt est
certainement partagé.]
[CChrétien=19990325]
[lieu=mani]

Quand je projette une visite à Winnipeg, je traverse le couloir pour
parler à mon ami et conseiller en éthique, Mitchell Sharp, qui a
grandi dans cette belle ville et la considère comme la meilleure au
monde. La semaine dernière, j’ai demandé à Mitchell des idées au
sujet de Winnipeg. Il m’a répondu sans hésiter : « Winnipeg produit
les plus grands ministres des Affaires étrangères du Canada. »
Je n’ai pas rappelé à Mitchell que j’ai été ministre des Affaires
étrangères du Canada et que je ne viens pas de Winnipeg. Par
politesse, je n’ai pas mentionné non plus le fait que Mitchell a été
ministre des Affaires étrangères et qu’il est de Winnipeg. Je lui ai
dit cependant : « Et Mike Pearson alors? Il a été un grand ministre
des Affaires étrangères et il ne venait pas de Winnipeg. » Mitchell
m’a dit ceci : « Jean, qui te donne les meilleurs conseils? » Je lui
ai répondu très vite : « Aline. » «Justement, m’a dit Mitchell.
Maryon Pearson est née et a grandi à Winnipeg. »
Mitchell a raison. Lloyd Axworthy est l’un de nos plus grands
ministres des Affaires étrangères. Un des moments de ma carrière
publique dont je me souviens avec le plus de fierté est celui où, en
décembre 1997, je me suis tenu aux côtés de Lloyd et du Secrétaire
général des Nations Unies à l’occasion de la signature de la
Convention d’Ottawa pour l’interdiction des mines terrestres
antipersonnel. Cette convention va sauver des dizaines de milliers
de vies. En Bosnie, au Cambodge, au Mozambique et dans tant d’autres
pays où les mines ont transformé les terrains de jeux en champs de
la mort, les enfants pourront de nouveau jouer en sécurité. Or,
mesdames et messieurs, cette convention n’existerait pas si ce
n’était des efforts acharnés de Lloyd Axworthy.
Cette convention, de même que la Cour criminelle internationale –
une autre des initiatives de Lloyd Axworthy – porte clairement la
marque du Canada et représente nos valeurs. Ces deux initiatives
reflètent notre préoccupation pour la sécurité humaine, selon les
termes employés par Lloyd. c’est-à-dire que nous prenons
comme
point de référence la protection des gens et de leurs collectivités
et l’amélioration des conditions de vie.
Les événements de cette semaine le démontrent clairement. En effet,
c’est la raison pour laquelle nous participons, avec l’OTAN, aux
mesures contre l’ancienne Yougoslavie. En tant que Canadiens, et en
tant que citoyens du monde, nous ne pouvons assister aux événements
sans réagir quand des populations entières sont déplacées, des
maisons pillées et incendiées.
Le Canada, conformément à ses obligations en tant que membre des
Nations Unies et de l’Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe, doit faire preuve de solidarité avec la
communauté des nations et défendre les droits et libertés qui nous
tiennent à coeur.
Il est clair que le Président Milosevic a commis une erreur au
Kosovo. Il a pensé que nous ne ferions rien pour empêcher
l’oppression impitoyable de milliers d’innocents – hommes, femmes et
enfants. Malheureusement, c’est sa population qui paie aujourd’hui
le prix de sa mauvaise foi et de son imprudent calcul.
Notre participation à cette mission de l’OTAN n’est que la
manifestation la plus récente d’une politique étrangère dictée non
seulement par nos intérêts, mais aussi par nos valeurs. Nos valeurs
en tant que Canadiens. Nos valeurs humaines fondamentales.
La Charte canadienne des droits et libertés est le document qui
incarne le mieux ces valeurs. Et je suis fier d’avoir contribué à sa
création à l’époque où j’étais ministre de la Justice.
Je pense que notre Charte sert à nous rappeler non seulement nos
valeurs, mais aussi les réalités auxquelles nous devons faire face
lorsque nous cherchons à les promouvoir ailleurs dans le monde.
N’oublions pas que la Charte n’a pas été créée en un jour. Il nous a
fallu 115 ans – c’est presque toute la durée de l’histoire de notre
pays – pour y arriver. Et le cheminement vers l’enchâssement ne
s’est pas fait tout en douceur, loin de là. N’oublions pas non plus
que la Charte n’est pas un document absolu. Même nos libertés
fondamentales peuvent être limitées par une règle de droit. Des
limites qui protègent les minorités. Des limites raisonnables qui
protègent notre société, telles que la loi sur le contrôle des armes
à feu ou celle contre la propagande haineuse.
C’est ce que nous avons constaté au Canada. Notre expérience nous
rappelle qu’il faut du temps aux sociétés pour évoluer vers l’État
de droit. Et que même dans les sociétés les plus démocratiques, des
règles de droit, fondées sur des motifs valables, peuvent venir
restreindre les libertés fondamentales.
Je crois que nous devons reconnaître ces réalités. Cependant,
Entendons-nous bien. Celles-ci ne doivent jamais, pas plus que
la
souveraineté nationale d’ailleurs, servir d’écran pour masquer des
violations des libertés universelles.
Les Canadiens veulent que nous fassions la promotion du respect des
libertés fondamentales et des droits humains essentiels, tels qu’ils
sont énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme
et précisés dans deux pactes ultérieurs, dans tous les pays.
C’est pourquoi le dialogue est l’une des composantes les plus
importantes de notre politique étrangère. Sans oublier que le
dialogue implique l’écoute aussi bien que la parole.
Au cours des cinq dernières années, j’ai rencontré le Président de
la Chine neuf fois et le premier ministre cinq fois. À chacune de
ces occasions, j’ai soulevé les questions des droits de la personne,
je les ai encouragés à poursuivre la réforme systémique et j’ai
critiqué la manière dont ils traitaient des cas particuliers de
dissidence politique.
J’en ai fait autant à Cuba l’an dernier. J’ai dit au Président
Castro que la détention arbitraire de personnes simplement pour
avoir exprimé des opinions politiques est inacceptable. La semaine
dernière, la peine imposée aux personnes en question m’a incité à
demander un réexamen de nos activités à Cuba de manière à axer nos
efforts sur les gens plutôt que sur les institutions.
J’écoute quand on me parle des difficultés que pose la satisfaction
des droits économiques les plus essentiels, soit la nourriture,
l’habillement, le logement et, au minimum, une instruction de base.
Je fais toutefois remarquer que le droit de se nourrir et celui de
s’exprimer ne sont pas incompatibles. Les sociétés stables et
productives reposent sur les deux. Pour reprendre l’image que j’ai
employée devant des étudiants d’une université chinoise il y a
quelques mois, une plante en santé a besoin à la fois d’eau et de
soleil.
Je crois que c’est parce que nous reconnaissons l’importance des
droits économiques essentiels que les hauts dirigeants en Chine, à
Cuba et ailleurs nous écoutent et s’inspirent des pratiques
canadiennes lorsqu’ils essaient de modifier les leurs.
Nous ne faisons donc pas que prêcher. Au-delà du dialogue, nous
employons des outils d’engagement plus actifs pour aider les
gouvernements à progresser de manière positive.
Nous aidons les pays à réviser leurs lois et à y incorporer des
principes qui concrétisent les droits essentiels et nous aidons à
former les juges et d’autres juristes. Nous travaillons également
avec d’autres agents du changement en vue de favoriser la création
d’organisations non gouvernementales dynamiques qui pourront venir
en aide aux plus démunis et cimenter entre elles les pierres de
l’édifice social, soit le droit, l’infrastructure judiciaire et les
autres institutions très importantes, et souvent très puissantes de
la société.
Ce n’est pas seulement au chapitre des droits de la personne que
nous appuyons l’évolution des institutions. En nous attaquant aux
défis environnementaux ou sociaux, nous aidons à fournir aux gens
les moyens de contribuer directement à améliorer leur sort et celui
de leurs enfants.
Oui, nous avons des échanges commerciaux avec des pays dont le
comportement en matière de droits de la personne est loin d’être
parfait. Ceux qui affirment qu’il faut choisir entre le commerce et
les droits de la personne font erreur. Nous ne mettons pas de côté
nos préoccupations et nos engagements en matière de droits de la
personne dans la poursuite de gains économiques pour les Canadiens.
Dans la mesure où les pratiques en matière de commerce et
d’investissement sont équitables et visent au partage des avantages,
ces activités font augmenter les revenus et la capacité des
individus de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
C’est ce que nous avons constaté au Canada. C’est ce que des pays
partout dans le monde ont constaté. Nous n’avons pas le droit de
refuser les mêmes chances aux gens dans d’autres parties du globe.
À mon avis, les Canadiens peuvent être fiers de la volonté de la
plupart des entreprises canadiennes de se comporter en bons
employeurs partout où elles investissent. Par exemple, nos
entreprises agro-alimentaires enseignent les technologies de pointe
dans les domaines de la génétique et du conditionnement. Il en
résulte une main-d’oeuvre plus spécialisée et une meilleure
nutrition.
Dans leurs voyages plus fréquents à l’étranger, les représentants
des PME canadiennes apportent avec eux des valeurs comme le civisme,
la tolérance et l’intégrité. Ces qualités ont une influence sur les
nombreuses personnes qui entrent en contact avec eux et contribuent
immanquablement au changement.
Plus nos rapports avec un pays étranger sont complexes, plus nous
avons de chance de contribuer au changement social, économique et
juridique. Et nous sommes là pour rester. En dépit des obstacles
rencontrés. Car les défis auxquels notre village planétaire doit
faire face sont tellement importants que nous devons les confronter
directement.
Ces défis sont nombreux : le changement climatique, la propagation
des maladies et, de manière plus immédiate, la pauvreté dans le
monde.
C’est un fait que le lot quotidien de beaucoup trop de gens dans le
monde est de lutter pour leur simple survie. Le fossé entre riches
et pauvres de la planète ne cesse de se creuser : les citoyens des
pays les mieux nantis, soit 20 % de la population mondiale,
consomment 86 % des biens. Les 20 % les plus pauvres en consomment
1,3 %.
Comment comparer ce que nous consommons? Les Américains dépensent
8000000000 $ par année sur des produits cosmétiques. Les
Européens achètent pour 11000000000 $ de crème glacée. Ce
n’est pas un reproche. Mais songez que le coût d’installations
sanitaires pour les 2000000000 d’habitants de la Terre qui en
sont privés est estimé à seulement 9000000000 $. Ou que
cela ne coûterait que 6000000000 $ pour offrir une
scolarité de base à 1000000000 ou plus de personnes.
La population mondiale devrait passer de 5500000000 à 9000000000
d’ici l’an 2050. C’est dans les villes du tiers monde que seront
concentrées les plus fortes hausses. Il est facile de prévoir les
bouleversements, les mouvements de réfugiés et la déstabilisation
générale qui pourraient accompagner cette croissance, à moins que
nous ne nous attaquions dès maintenant aux problèmes liés à la
pauvreté, à la dégradation de l’environnement et à la croissance
démographique.
Il est possible de réfuter le caractère inévitable de conflits entre
les races, les religions et les cultures au cours du prochain
siècle. Mais l’affrontement qui semble presque certain est celui
entre les riches et les pauvres qui, eux, sont beaucoup plus
nombreux.
Maintenant que nous avons mis de l’ordre chez nous, il y va de notre
propre intérêt de comprendre que le temps est venu de tourner notre
attention vers nos voisins moins favorisés du village planétaire.
De toute évidence, nous pouvons apporter une contribution importante
en augmentant l’aide à l’étranger. Et je me réjouis de ce que dans
nos deux derniers budgets, après des années de compressions dans
presque tous les secteurs de dépense, nous ayons pu commencer à
consacrer plus d’argent à l’aide à l’étranger. Je crois qu’il faut
continuer dans cette voie à mesure que les circonstances le
permettront, au cours des années à venir.
Toutefois, j’aimerais mentionner un autre aspect de la pauvreté
mondiale. Même les pays nantis savent à quel point les déficits et
la dette peuvent paralyser l’action des gouvernements. Regardez
l’histoire récente ici même au Canada. Maintenant, essayez
d’imaginer la situation dans les pays extrêmement pauvres, où le
fardeau écrasant de la dette rend les gouvernements impuissants à
soulager la faim et les maux de leurs propres citoyens.
Je suis fier de pouvoir dire qu’au cours des vingt dernières années,
les gouvernements du Canada qui se sont succédé ont pu annuler le
remboursement de 1300000000 $ de la dette extérieure de
pays en développement envers nous. En fait, nous comptons parmi les
pays les plus généreux du G-7 dans l’annulation de la dette de pays
en développement. Et nous avons toujours recommandé d’assouplir les
modalités de remboursement. J’estime que cela nous confère une
certaine autorité et une certaine crédibilité pour prendre
l’initiative dans ce dossier, qui sera l’un des principaux points à
l’ordre du jour de la prochaine réunion du G-7 à Cologne.
C’est la raison pour laquelle j’annonce aujourd’hui la proposition
canadienne que nous soumettrons à nos partenaires du G-7. Nous
inciterons le G-7 à adopter cette politique au nom de tous ses
membres. Pour notre part, nous l’appliquerons au reste de la dette
que les pays en développement ont envers nous :
Nous proposons premièrement que les autres pays industrialisés
effacent la totalité de la dette des pays pauvres très endettés les
moins développés. C’est ainsi que les spécialistes nomment ces pays
qui sont en fait – soyons francs – les plus pauvres d’entre les
pauvres.
Deuxièmement, nous proposons de réexaminer les cas de ces pays très
pauvres, qui ont été jugés inadmissibles auparavant, mais qui ont
été secoués par la suite par des catastrophes naturelles ou par la
crise économique mondiale. Un de ces pays est le Honduras, où je me
rendrai bientôt, et qui a été tellement dévasté par l’ouragan Mitch.

Troisièmement, nous proposons de vendre au plus 10000000 d’onces
d’or des réserves du FMI afin que celui-ci puisse participer à un
programme élargi d’aide aux pays pauvres très endettés.
Enfin, nous proposons que toute nouvelle aide aux autres nations
débitrices, sous forme d’annulation de dette ou d’octroi de prêts de
la part des organismes du monde développé, soit liée aux dépenses en
faveur du développement humain et décourage les dépenses militaires
nuisibles ou excessives. En termes très simples, nous devrions
effacer la dette et accorder de nouveaux prêts aux pays qui
augmentent les dépenses dans l’enseignement et la santé pour leurs
citoyens, et qui réduisent les dépenses pour les armes et l’appareil
militaire.
Les gouvernements qui font de véritables efforts pour améliorer la
condition de leur population par l’instruction et les soins de santé
méritent qu’on les appuie davantage. Et ils méritent qu’on leur
donne une chance pour ce qui est de la dette. Mais les gouvernements
qui préfèrent acheter des AK-47 pour opprimer leur propre
population et déstabiliser leurs voisins ne méritent pas une telle
chance, et ils seraient exclus du régime d’annulation de la dette
que nous proposons.
Ces mesures sont motivées par la justice et l’équité. D’autres
propositions ont été faites par d’autres pays du G-7. Certaines ont
des points communs avec le programme que j’ai résumé aujourd’hui. La
discussion est lancée. Mais, n’en restons pas là. Les pauvres de ce
monde méritent plus que des paroles. Ils méritent des actes.
Mesdames et messieurs, le Canada est un pays privilégié. Ainsi que
les Nations Unies l’ont confirmé cinq années d’affilée, nous
bénéficions d’une meilleure qualité de vie que tout autre pays au
monde.
Or, ces bienfaits s’accompagnent de responsabilités. Les
responsabilités qui incombent à un citoyen du monde. Des
responsabilités plus importantes que jamais dans un monde de plus en
plus interconnecté et interdépendant.
Que ce soit en faisant notre part pour atténuer la pauvreté dans le
monde ou pour promouvoir la stabilité et prévenir les conflits en
participant aux missions de paix de l’ONU ou en travaillant au sein
de l’OTAN, les Canadiens sont bien décidés à assumer leurs
responsabilités de citoyen du monde.
Il y a un peu plus d’un siècle, mesdames et messieurs, un grand
Canadien, Wilfrid Laurier, devenait premier ministre du Canada. Le
Canada a été l’inspiration de sa vie, comme de la mienne et de celle
de bon nombre d’entre vous. Ce siècle nous a appartenu, non pas
parce que nous avons bâti de grandes armées, mais parce que nous
avons bâti un pays plus généreux et plus juste – un pays envié dans
le monde entier.
Mais cela ne nous intéresse pas d’inspirer l’envie. Le
mécontentement n’a jamais germé chez nous; aujourd’hui, ce sont la
tolérance et la justice qui fleurissent ici. Maintenant, nous devons
répandre leurs fruits ailleurs, au Honduras, au Mozambique, en Chine
et dans des pays du monde entier, tout comme, au cours de notre
siècle, le Canada a tant donné à Laurier et nous a tant donné à vous
et moi.
C’est pourquoi peu après le référendum, le Parlement a adopté une
loi garantissant au Québec et aux quatre autres régions du pays un
droit de veto sur les changements constitutionnels les concernant.
La Chambre des communes a également adopté une résolution
reconnaissant que le Québec forme une société distincte. Les mesures
que nous avons prises sur le droit de veto et la société distincte
ont donné suite aux engagements que j’ai pris à Verdun le 24 octobre
1995.
Mais j’ai répété plusieurs fois que je souhaite faire plus et
enchâsser ces mesures dans la Constitution dès que possible,
notamment lorsque le Québec y consentira enfin. Entre-temps, avec
les gouvernements des provinces et des territoires, le gouvernement
fédéral continuera d’améliorer, étape par étape, cette fédération
qui nous sert déjà si bien.
Si je devais choisir deux mots pour résumer l’essentiel du message
que je veux vous transmettre aujourd’hui, je choisirais confiance et
détermination.
Confiance que le Canada est en voie de mettre de l’ordre dans ses
affaires et qu’il sera en bonne position pour entreprendre le
prochain siècle. Confiance que la générosité, le souffle et la
vision du Canada lui permettront de demeurer un modèle pour la
communauté internationale. Confiance que la souplesse et la
flexibilité de notre système fédéral continueront à bien nous
servir.
Et détermination à atteindre le plein potentiel de notre pays.
Détermination à ne rien tenir pour acquis. Détermination à apporter
les réformes qui amélioreront le fonctionnement du Canada.
Détermination à adapter notre pays aux nouvelles réalités du XXIe
siècle. Détermination à célébrer les réalisations du Canada.
Détermination à accroître la solidarité entre les Canadiens.
Détermination à représenter et à promouvoir ces valeurs qui nous
définissent et nous unissent. Détermination à garder le Canada uni.
Détermination à ce que le Canada demeure le meilleur pays au monde.

[CChrétien=19990126]
[lieu=polog]

Je me sens honoré qu’un si grand nombre de Polonais qui se
consacrent aux études canadiennes ou s’y intéressent, soient venus
des quatre coins de la Pologne afin de prendre part à cette
cérémonie. Je suis également enchanté qu’un éminent ancien de votre
école, l’ambassadeur de Pologne au Canada, soit présent aujourd’hui.
Il fait preuve d’un enthousiasme remarquable dans la promotion de
votre école.
Et avec raison. De l’École d’économie de Varsovie sont issus les
principaux artisans de la renaissance économique actuelle de la
Pologne. Le Canada se félicite d’avoir contribué à la mise sur pied
de votre programme de maîtrise en gestion d’entreprises. J’ai
d’ailleurs le grand plaisir de confirmer aujourd’hui notre
collaboration à la deuxième phase de ce projet.
Lorsque j’ai été informé que l’École voulait conférer un diplôme
honorifique au premier ministre du Canada, le moins que je puisse
dire, c’est que j’ai été extrêmement flatté. J’ajouterais que le
fait que je reçoive un tel honneur devant une aussi prestigieuse
assemblée a de quoi surprendre bon nombre des enseignants que j’ai
eus dans ma jeunesse. N’importe lequel d’entre eux pourrait attester
que mon intérêt pour le travail scolaire était plutôt inégal,
disons.
Ma visite est la première qu’un premier ministre du Canada effectue
en Pologne. Elle survient 80 ans après la reconstitution de l’État
moderne de la Pologne et à la fin d’une décennie marquée par des
changements extraordinaires dans toute l’Europe.
Le grand honneur que vous me faites fait ressortir l’ampleur des
changements qui se sont produits en Pologne en l’espace de quelques
années – des changements que le Canada est fier d’avoir favorisés.
Le Canada est profondément attaché à l’Europe – par des liens
familiaux, par l’histoire et par les valeurs que nous partageons.
Ces attaches font partie intégrante de notre identité et de notre
passé.
Ce continent a vu naître la majorité des Canadiens ou leurs
ancêtres. Ainsi, près de 800000 Canadiens sont d’origine polonaise.
Les premiers Polonais se sont établis au Canada il y a plus d’un
siècle. L’ardeur au travail, les rêves et la vision des Canadiens
polonais ont contribué à faire régner la diversité et la prospérité
au Canada.
Au cours de ce siècle, 1000000 de Canadiens ont risqué leur vie
pour défendre la liberté en Europe pendant deux guerres meurtrières.
Plus de 100000 d’entre eux ont péri. Au cours de plusieurs
campagnes pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes
canadiennes et polonaises ont combattu côte à côte. Ces sacrifices
ont tissé des liens que nous rappellerons cet après-midi lors d’une
cérémonie solennelle de commémoration.
Durant les heures sombres de la guerre froide, le Canada – en tant
que membre fondateur de l’OTAN – s’est employé à préserver la
sécurité et la stabilité en Europe et à atténuer la tension.
Les murs idéologiques se sont écroulés de manière spectaculaire, à
la suite notamment du long et courageux combat pour la liberté mené
ici, en Pologne. Le monde entier vous en est reconnaissant.
Cependant, la nouvelle ère n’est pas exempte de dangers. Par
conséquent, le Canada considère que l’OTAN continuera d’avoir un
rôle essentiel à jouer pour assurer la stabilité durable de la
nouvelle Europe. Voilà pourquoi nous avons appuyé sans réserve
l’adhésion de la Pologne, de la République tchèque et de la Hongrie
à l’OTAN et que nous avons été les premiers à la ratifier. Ainsi
s’ouvrira officiellement bientôt un nouveau chapitre de l’histoire
de l’Alliance.
Au début des années 1970, le Canada a collaboré activement au
processus d’Helsinki qui a donné naissance à l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe. Maintenant que les anciennes
rivalités Est-Ouest ne l’accaparent plus, l’Organisation peut se
consacrer aux défis contemporains de l’Europe. Dans son rôle de
président en exercice l’an dernier, votre ministre des Affaires
étrangères Geremek a dû traiter des dossiers critiques tels le
terrible conflit au Kosovo, dont l’évolution demeure profondément
troublante au moment où je vous parle. Je tiens à le féliciter pour
son habile leadership.
Mesdames et messieurs, le cours de l’histoire est parfois mystérieux
et imprévisible. Il bouleverse les idées reçues et défie
l’imagination. Et nous impose souvent l’humilité. Le cas des
événements de la dernière décennie en Europe est éloquent à cet
égard.
Il y a dix ans, le Canada et la Pologne faisaient partie de blocs
militaires opposés. Des millions de soldats étaient déployés de part
et d’autre d’une ligne d’origine idéologique qui paraissait
éternelle. En un clin d’oeil, cette ligne s’est effacée. Nous devons
néanmoins vivre avec les vestiges de l’histoire et affronter un
certain nombre de défis difficiles à surmonter.
Si la majeure partie de l’Europe vit en paix, des conflits
troublants subsistent dans certaines régions. Plusieurs d’entre eux
résultent de tensions ethniques. La Bosnie, le Kosovo et l’Albanie
sont les exemples qui nous viennent aussitôt à l’esprit.
En plus, le passage à la démocratie reste inachevé dans certains
pays. Comme vous le savez, la démocratie exige davantage que la
seule tenue d’élections. Elle exige également la création d’un État
de droit, ainsi que le respect des droits de la personne, notamment
les droits des minorités.
L’Europe s’est dotée de divers mécanismes pour remédier à des
problèmes profondément enracinés, notamment le Conseil de l’Europe
et l’OSCE. Il est cependant clair que des mesures plus efficaces
s’imposent si nous voulons faire bénéficier l’ensemble du continent
des bienfaits d’une véritable démocratie, de la stabilité sociale et
de la sécurité personnelle. Au Canada, nous comprenons cela. C’est
pourquoi les troupes de maintien de la paix du Canada servent en
Bosnie depuis 1993. Et que des Canadiens participent à la mission de
l’OSCE au Kosovo.
J’aimerais aujourd’hui rendre un hommage particulier à la Pologne
pour sa contribution à l’édification de la maison européenne.
Dix années c’est bien peu pour mettre sur pied un régime
démocratique solide et efficace. Pour consolider un appareil
judiciaire indépendant. Pour élaborer une politique efficace de
collaboration avec ses voisins. Pour participer activement au
maintien de la paix. Pour établir le siège, ici même à Varsovie, du
Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de
l’OSCE. Vous avez brillamment démontré par votre exemple que c’était
possible. Et à ma grande joie, la Pologne a signé la Convention
d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel.
La Pologne donne aussi l’exemple au chapitre de la transition à
l’économie de marché parmi les pays émergents de l’Europe centrale
et orientale. Le Canada a observé avec admiration la persévérance
avec laquelle les gouvernements polonais qui se sont succédés ont
poursuivi la réforme économique entamée, même au prix de sacrifices
très douloureux. Le fait que le Canada et la Pologne soient
maintenant partenaires au sein de l’OMC et de l’OCDE témoigne du
succès de vos efforts.
Il reste encore beaucoup de travail à faire, nous en sommes
conscients. Par exemple, l’accession de la Pologne à l’Union
européenne nécessitera d’autres décisions difficiles et des
adaptations pénibles. Mais, comme je l’ai mentionné hier au premier
ministre Buzek, le Canada estime que l’avenir de la Pologne se
trouve au sein de l’Union européenne. Et nous appuyons sans réserve
l’élargissement de l’Union.
Le Canada considère également que les succès politiques et
économiques obtenus par la Pologne lui confèrent une responsabilité
importante en Europe centrale. Nous comptons sur vous pour aider les
pays baltes, la Russie, le Bélarus, l’Ukraine et l’Europe du Sud-Est
à surmonter les défis particuliers qui se posent à eux.
À ce sujet, je crois que dans l’intérêt de nos enfants et du
jugement que l’histoire portera sur nous, nous devons collaborer de
notre mieux avec la Fédération de Russie dans la crise économique
qu’elle traverse actuellement.
La Russie possède des ressources humaines et naturelles
extraordinaires et un immense potentiel économique et industriel. Le
succès avec lequel elle instaurera une démocratie et une économie de
marché viables déterminera si l’Europe de demain sera la zone de
paix et de prospérité que nous souhaitons tous.
L’économie dirigée a été un échec. Nous avons tous l’obligation
d’aider la Russie à résister à la tentation de retourner en arrière,
en la convainquant de l’importance de garder le cap. De substituer à
la méfiance traditionnelle un nouveau climat durable de confiance et
de coopération.
Mesdames et messieurs, l’exemple le plus frappant d’une réforme
réussie auquel je puisse penser est celui de la Pologne.
Je suis profondément touché de recevoir, en tant que représentant du
peuple canadien, une telle distinction de la part de cette grande
institution. Je l’accepte en toute modestie en sachant que si ce
parchemin porte mon nom, il représente avant tout une réaffirmation
de l’amitié entre nos peuples.
S’il est vrai que l’histoire peut souvent nous surprendre, c’est
parce que le véritable moteur de l’histoire n’est ni l’idéologie ni
la philosophie. Ce sont les peuples. Leur force de caractère. Leur
courage. Et leur soif de liberté.
Voilà qui résume bien, selon moi, l’histoire de l’humanité. C’est
l’histoire du monde au cours d’un siècle marqué par les remous et le
changement. C’est aussi l’histoire des nations et, en premier lieu,
celle de la République de Pologne.]

[CChrétien=19990427]
[lieu=ottawa]

Monsieur le Président,
Comme les honorables députés le savent déjà, notre gouvernement a
promis de tenir à la fois cette Chambre et le peuple du Canada au
courant de l’étendue et de la nature de l’engagement du Canada dans
la crise humanitaire au Kosovo. Des séances d’information à
l’intention des parlementaires ont été tenues sur une base
régulière. Et nous avons discuté de tous les aspects de la crise au
cours de la Période des questions et des débats tenus en cette
Chambre.
La Chambre se souviendra qu’avant d’entreprendre toute opération
militaire contre le gouvernement de Slobodan Milosevic, l’OTAN avait
planifié le déploiement d’une force internationale au Kosovo et ce,
afin d’assurer l’application d’une paix équitable dans cette
province troublée. Les députés se souviendront aussi avoir débattu,
en février dernier, le bien-fondé d’une participation canadienne à
une telle force. Notre participation éventuelle avait alors obtenu
un vaste appui de tous les partis.
Je désire maintenant informer la Chambre que le Canada a reçu de
l’OTAN une requête formelle, nous demandant de commencer le
déploiement de notre portion des forces de mise en application de la
paix dans l’ancienne république yougoslave de la Macédoine.
Aujourd’hui, nous avons l’intention d’informer l’OTAN que notre
gouvernement entend répondre positivement à cette requête.
Mon collègue, le ministre de la Défense nationale, fournira les
détails et l’échéancier de ce déploiement. Environ 800 membres des
Forces canadiennes se joindront aux 12000 soldats de l’OTAN qui ont
déjà été mis en place dans l’ancienne république yougoslave de la
Macédoine afin de se rendre au Kosovo dans le cadre d’un règlement
de la paix.
Monsieur le Président, je tiens à assurer les honorables députés de
cette Chambre que l’objectif de ce déploiement se situe à
l’intérieur des limites débattues par la Chambre. Son seul but est
d’appuyer l’objectif principal que le Canada, et tous nos alliés de
l’OTAN, poursuivent depuis plusieurs années au Kosovo : une paix
juste et équitable. Un règlement qui fait en sorte que les Kosovars
puissent vivre de nouveau dans la paix et la sécurité. Qui garantit
que la machine de guerre responsable de la répression et des
atrocités commises à leur égard soit éliminée. Et qu’ils puissent
enfin retourner chez eux en toute sécurité.
À titre de premier ministre, je suis très fier de constater que les
députés des deux côtés de cette Chambre se sont prononcés avec
éloquence en faveur de ces principes. Et qu’ils ont donné leur appui
à un rôle pour le Canada dans leur mise en application. En tant
qu’entité législative, nous avons donné une voix aux valeurs de
tolérance et de justice si chères aux Canadiens et aux Canadiennes.
Comme le savent les Canadiens, le gouvernement, en collaboration
avec nos alliés de l’OTAN, participe à l’élaboration d’une solution
diplomatique à cette crise. C’est pourquoi le ministre des Affaires
étrangères se rendra cette semaine à Moscou, afin de rencontrer les
représentants de la Russie et le Secrétaire général des
Nations-Unies.
Je pense que la voie militaire et diplomatique dans laquelle s’est
engagée l’OTAN nous permettra, à terme, d’arriver à une juste
solution à cette crise.
Toutefois, monsieur le Président, je tiens à assurer tous les
députés que si l’OTAN devait demander au Canada de déployer ses
troupes en vue de missions de combat, nous consulterons cette
Chambre avant d’arriver à une décision finale.

[CChrétien=19990128]
[lieu=ukra]
Je voudrais d’abord remercier le Président et le premier ministre de
l’accueil chaleureux que nous avons reçu à Kiev. Les Ukrainiens sont
très fiers de leur réputation d’hôtes généreux. Après seulement deux
jours dans votre pays, je peux affirmer qu’elle est bien méritée.
Mesdames et messieurs, l’histoire du Canada et de l’Ukraine
s’entrecroise. C’est en raison de notre volonté commune d’écrire
ensemble un nouveau chapitre de cette histoire que ma visite en
Ukraine revêt tant d’importance pour le Canada, et pour moi
personnellement.
Le Canada est devenu un pays fort, prospère et dynamique grâce au
courage et à la détermination d’hommes et de femmes des quatre coins
du monde. Le Canada est un jeune pays qui a mûri rapidement, en un
peu plus de 130 ans. De la riche diversité résultant de l’apport de
gens issus de toutes les cultures et nationalités qui composent la
société canadienne, nous avons façonné une identité bien à nous.
Ainsi, la mosaïque canadienne porte l’empreinte ineffaçable de sa
communauté ukrainienne. Elle compte aujourd’hui 1000000 de
personnes. Si je suis venu à Kiev, c’est en partie afin de souligner
cette contribution. Et de vous témoigner la profonde reconnaissance
du Canada pour l’apport précieux de vos fils et filles, que vous
nous avez envoyés en si grand nombre. Toutefois, les liens entre
l’Ukraine et le Canada sont plus que les vestiges du passé. Ils sont
très actuels et s’étendent aux multiples facettes de la vie
internationale. Voilà pourquoi j’étais déterminé à venir à Kiev en
dépit de l’incertitude provoquée par la récente tourmente sur les
marchés financiers internationaux.
Les Ukrainiens ont joué un rôle clé dans l’évolution du jeune
Canada. Il est donc naturel que les Canadiens leur rendent la
pareille en facilitant l’évolution de la nouvelle Ukraine. Qu’ils
soient à ses côtés alors qu’elle établit une démocratie durable,
qu’elle favorise l’instauration d’un marché libre et qu’elle
continue de s’ouvrir sur le monde.
Je tiens prioritairement à réaffirmer l’appui du Canada en faveur de
la réforme politique et économique que vous avez amorcée dès votre
accession à l’indépendance.
Vous avez courageusement choisi une voie difficile, même périlleuse
parfois. Pour garder le cap à long terme, l’Ukraine devra faire
appel à toutes ses ressources de sagesse et d’audace, et elles sont
légendaires. Il lui faudra compter sur des leaders qui sauront
inspirer les plus sceptiques et ceux qui ne voient pas encore les
avantages tangibles de l’indépendance. Avant tout, le succès exigera
de la part des Ukrainiens de toutes tendances un esprit de
collaboration ainsi qu’un sentiment d’unité nationale et de
responsabilité partagée.
Le défi est certes de taille.
Mais je vous le dis en tant que partenaire et ami : un tel
engagement en faveur de la réforme est la seule voie qui conduise à
la force et à la prospérité dont rêve le peuple ukrainien et dont
l’Europe et le monde ont besoin.
Je suis aussi venu à Kiev pour réaffirmer que l’engagement du Canada
n’est pas seulement verbal et moral. Nous continuerons d’appuyer
concrètement la réforme en cours en Ukraine.
Depuis son indépendance, l’Ukraine a pu compter sur une importante
assistance technique de la part de l’Agence canadienne de
développement international. Nous avons mis l’accent sur la mise en
valeur des ressources humaines, le renforcement des institutions et
les conseils sur le développement des entreprises. Ces éléments sont
tous essentiels pour assurer une bonne transition.
Au chapitre des projets individuels, l’ACDI a retenu quatre
objectifs fondamentaux dont dépendent la future stabilité politique
et la prospérité de l’Ukraine :
le passage à l’économie de marché;
le développement démocratique et la bonne gestion publique;
l’énergie et la sécurité nucléaire;
les échanges commerciaux et les investissements.
Ce sont toutes des raisons qui nous amènent à Kiev, mais il y en a
une autre, tout aussi importante : nous sommes venus rappeler que
les milieux d’affaires canadiens ont des choses intéressantes à
proposer à l’Ukraine. Regardez les personnes qui m’accompagnent.
Certains des plus grands talents canadiens du monde des affaires.
Des chefs de file dans leurs domaines. Ils possèdent ce que
l’Ukraine recherche : le savoir-faire de même que les technologies
et l’équipement de pointe dans les secteurs de l’énergie, du
bâtiment et de l’agro-alimentaire. Et ils sont venus dans
l’intention d’investir.
Leur présence fait ressortir un aspect fondamental du commerce dans
une économie mondialisée : les marchés libres et le mouvement des
investissements sont les moteurs de la croissance économique et de
la prospérité. En plus, ils sont les pierres angulaires de toute
société démocratique en santé. Ce sont des leçons qui ont été bien
comprises au Canada. Des leçons que l’Ukraine doit apprendre aussi
si elle espère réaliser son potentiel et offrir de meilleures
perspectives à ses citoyens.
Seule l’entreprise possède les connaissances nécessaires pour
moderniser des industries en difficulté. Seule l’entreprise possède
l’expérience et le savoir-faire nécessaires pour maîtriser les
nouvelles technologies dont l’Ukraine a besoin pour améliorer le
rendement et la productivité. Surtout, seule l’entreprise a accès
aux capitaux d’investissement sans lesquels rien de tout cela n’est
possible.
Ce qui attire les investissements – qu’ils soient canadiens, coréens
ou ukrainiens – c’est un climat propice aux affaires. C’est une
fiscalité équitable et un système judiciaire ouvert et prévisible.
C’est un régime de normalisation et d’homologation reconnu au plan
international. Et enfin, c’est la stabilité économique.
Or le rôle indispensable du gouvernement – son obligation première –
consiste à mettre ces piliers en place.
Comment inciter les entreprises internationales à prendre le risque
d’investir sur la foi de promesses selon lesquelles un climat
propice aux affaires se développera par la suite. Comment inspirer
confiance aux entreprises dans un milieu où les monopoles sont
protégés. Où la distribution de marchandises de piètre qualité est
tolérée. Où les pots-de-vin sont de rigueur. Et où les dés semblent
pipés.
J’ai toujours dit que rien au monde n’est plus nerveux que 1000000
$. Un climat d’affaires malsain le fait fuir.
Je vous encourage donc fortement, Monsieur le Président, Monsieur le
premier ministre, à garder le cap. À aller jusqu’au bout de la
réforme.
La présence de ces gens d’affaires témoigne de la volonté de
l’entreprise internationale de travailler en Ukraine et avec elle.
Les investisseurs canadiens ne diffèrent pas des autres sur ce point
: ils iront là où ils sont les bienvenus.
Je ne voudrais pas donner l’impression que l’investissement est une
fin en soi. Là où je veux en venir c’est que notre expérience au
Canada nous a appris qu’il est un moyen essentiel d’arriver à
certaines fins beaucoup plus importantes. Celles de créer de
meilleures perspectives pour les gens. Des emplois, une plus grande
prospérité, une meilleure qualité de vie – pour eux et pour leurs
enfants. Ces rêves auxquels des générations d’Ukrainiens ont aspiré
en vain. Et qu’ils ont maintenant l’occasion historique de
matérialiser.
Enfin, je suis venu à Kiev pour réaffirmer que l’amitié et la
coopération canado-ukrainienne qui nous verront aborder le prochain
millénaire ensemble ont pour fondement véritable notre volonté
commune de bâtir un monde meilleur.
Nous travaillons si bien ensemble, de tant de façons. Au sein de la
commission de l’OTAN sur l’Ukraine. De l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe et des Nations Unies. Le Canada
est très fier d’entamer un mandat au Conseil de sécurité de l’ONU.
Et nous espérons voir l’Ukraine nous rejoindre à la table dans un
an.
Entre les premiers temps de l’histoire canadienne et les premiers
temps de l’indépendance ukrainienne, nous avons parcouru ensemble un
long chemin. Mais nous cheminerons ensemble encore longtemps.
Si l’on en juge par l’enthousiasme de notre délégation commerciale
pour les possibilités de la nouvelle Ukraine, nous ferons bonne
route. Le Canada s’engage pour longtemps. Et si l’on en juge par la
présence de Leurs Excellences ici aujourd’hui, je sais que l’Ukraine
tient à en faire autant.
Je vous invite à lever votre verre à l’Ukraine et à son avenir, qui
est aussi le nôtre.]
[CChrétien=19991128]
[lieu=qué]

Madame la présidente, messieurs et mesdames les ministres, députés
et sénateurs, membres de l’exécutif, chers amis libéraux.
Tout d’abord permettez-moi de féliciter très sincèrement madame
Françoise Patry pour sa réélection comme présidente de l’aile
québécoise du Parti libéral du Canada. (Applaudissements)
Elle a fait un travail magnifique. Je suis sûr qu’elle va continuer
à faire un excellent travail au cours de son deuxième mandat et je
dois vous dire que je lui souhaite un troisième mandat aussi.
(Applaudissements)
Mais ce qui est le plus important, c’est le succès qu’elle a
remporté avec ce congrès. Nous avons eu plus de 1 100 délégués
inscrits, et près de 40 % étaient des jeunes.
(Applaudissements) Quand je réalise les progrès que nous avons faits
depuis 1990, je suis très ému de voir que notre parti est en aussi
bonne santé. Je voudrais remercier les militants pour le travail
qu’ils font et je voudrais remercier les ministres, les députés, les
bénévoles qui, sous la direction d’Alfonso Gagliano, ont fait des
tournées au Québec qui ont remporté un succès considérable.
La présence du Parti libéral fédéral a été extrêmement bien perçue
partout au Québec et que de fois des ministres et des députés ou
Alfonso et des sénateurs me disaient nous sommes très bien reçus, et
que les gens nous demandent de revenir. Je trouve que c’est très
très encourageant. Et je sais – et tantôt madame Patry vous le
disait – que nous sommes très fiers, nous sommes très fiers de ce
que nous sommes. Nous sommes des citoyens du Québec.
Nous ne sommes pas tous francophones, mais nous sommes tous des
Québécois fiers de l’être. Voilà ce que je pense – nous sommes tous
de la même province, mais nous sommes aussi tous Canadiens, comme
vous l’avez d’ailleurs dit, madame Patry. (Applaudissements)
Et je sais que vous avez bien travaillé, vous avez adopté des
résolutions qui serviront le parti très bien. Nous allons les
étudier sérieusement. Ces résolutions seront aussi débattues lors du
congrès de mars, alors que tous les libéraux du Canada se réuniront
pour préparer le programme électoral. Parce qu’un jour nous ferons
face à une élection. Nous sommes au gouvernement depuis plus de six
ans et le deuxième mandat, nous en avons déjà exercé plus de la
moitié. Ça fait deux ans et demi que nous avons été élus. Alors il y
a aura des élections très bientôt et il nous faut un bon programme.
Vous savez, nous avons eu beaucoup de succès avec nos programmes
électoraux. Nous avons travaillé fort, le Livre Rouge numéro un, le
Livre Rouge numéro deux ont été d’une très grande utilité pour le
gouvernement. Et il faut continuer. Et comme c’est mon devoir comme
chef du parti de nous préparer, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il
peut arriver, j’ai demandé à mon bon ami John Rae de diriger le
comité de préparation de l’élection, et maintenant nous allons
trouver des gens pour écrire le programme.
Monsieur Martin avait travaillé avec Chaviva Hosek pour le premier,
ensuite ça a été madame Robillard qui a fait le travail avec l’aide
de tout le monde, alors il faut que ce soit quelque chose de bâti
par le parti dans son entier. Alors, je vous dis, membres du Parti
libéral du Canada section Québec : votre travail a été bien fait, je
vous en remercie et je suis très fier de vous. (Applaudissements)
Mais avant de parler d’un sujet qui attire l’attention ces jours-ci,
et qui s’appelle la Cour suprême et le référendum, je voudrais
prendre quelques minutes pour vous parler du rôle du premier
ministre et du Cabinet dans un gouvernement responsable.
Nous sommes au gouvernement depuis plus de six ans. Nous étions
extrêmement heureux lorsque nous avons eu le mandat de la population
canadienne en 1993 de former le gouvernement. Seulement, avec le
gouvernement arrive les responsabilités, et je voudrais partager
certaines situations que nous avons vécues ensemble.
Je voudrais vous parler du mois de décembre 1993, lorsque notre bon
ami Paul Martin est venu me voir, et le déficit qui était prévu à
31000000000 $ était soudainement entre 42, allait être entre
42 et 44000000000 $. Alors qu’on se faisait dire par les
financiers étrangers que le Canada était au bord de la faillite.
Certains ont même dit durant cette période que nous allions bientôt
devenir un pays du tiers monde.
Je suis pas sûr que Paul était très très content d’avoir accepté mon
offre de devenir ministre des Finances cette journée là quand il m’a
dit ça. Et qu’il m’a dit en plus, nous avons un gouverneur de la
Banque du Canada qui est très prestigieux, son mandat se termine.
Nous avons discuté lui et moi de l’opportunité de le remplacer,
parce que nous avions à ce moment là des taux d’intérêt de plus de
11 %, le chômage était à 11,4 %, les hommes d’affaires et
le marché adoraient monsieur Crow et nous avons décidé de le
remplacer. Ni Paul, ni moi n’avons dormi cette nuit là, et alors
nous avons commencé notre travail.
Nous avions 121000000000 $ de dépenses par année, l’année 1993-1994.
Nous nous sommes attaqués à ce problème là, et nous avons ramené les
dépenses à 101000000000 $. Nous avons été obligés de
laisser aller 65000 fonctionnaires, et comme je le disais hier,
Marcel Massé nous a énormément aidés pour ce travail absolument
incroyable et nous l’avons fait dans l’ordre. (Applaudissements)
Et c’est pourquoi aujourd’hui le ministre des Finances du Canada a
une réputation internationale. On l’a choisi comme président du
Groupe des Vingt pour essayer de bâtir un nouveau système mondial
pour la circulation des capitaux. Nous avions commencé ce travail
Paul et moi en 1995 au Sommet de Halifax du G7, et je pense que je
dois publiquement le remercier, mais je pense que tous les Canadiens
doivent le remercier pour le travail extraordinaire qu’il a fait.
(Applaudissements)
Ensuite arrive 1995, une autre crise. Nous avions demandé aux
pêcheurs de Terre-Neuve d’arrêter de pêcher la morue sur les bancs
de Terre-Neuve – et les autres poissons aussi – parce que le poisson
allait disparaître. Mais les Espagnols et les Portugais venaient sur
nos côtes, venaient sur le plateau continental – parce que le
plateau continental est plus de 200 milles dans la mer – et vous
vous rappelez, nous avons arrêté un bateau espagnol.
Notre ami Tobin et notre ami Ouellet ont travaillé sur ce
dossier là. Je me rappelle très bien, le Vendredi saint, je suis
revenu d’un voyage en tournée avec Aline et là on a dit, Aline m’a
dit le soir on va se reposer pour la fin de semaine. Bien j’ai dit
sais-tu Aline, demain je vais faire la guerre aux Espagnols.
Elle
n’a pas dormi de la nuit. Et de fait le matin suivant, nous
avons donné ordre à l’armée canadienne d’envoyer les navires pour
chasser les pêcheurs espagnols qui ne voulaient pas respecter la
conservation qui était nécessaire, et aujourd’hui le droit
international a été changé à cause de cette initiative.
(Applaudissements)
Il y a dix ans à l’École polytechnique il y a eu un massacre
épouvantable et nous, à la suite de ce geste insensé, nous avons
décidé de faire une législation sur le contrôle des armes à feu.
Monsieur Rock s’est promené à travers le pays. C’était difficile,
c’était extrêmement difficile. Mais aujourd’hui, peut-être que ces
personnes qui ont perdu leur vie à la Polytechnique n’ont peut-être
pas perdu leur vie pour rien.
Nous avons au Canada cinq fois moins de meurtres par arme à feu
qu’aux États-Unis. Ce n’était pas facile de s’attaquer à ce
problème là, parce que les armes à feu pour bien des citoyens, c’est
extrêmement important, mais nous avons réussi. On aurait pu ne rien
faire, c’est facile de ne rien faire mais nous avons agi.
(Applaudissements)
Un autre dossier que nous avons ouvert en 1994 lors du Sommet à
Naples, le dossier des mines antipersonnel. Quand j’ai parlé de ça
la première fois, ce n’était pas très populaire. Aujourd’hui nous
avons le traité d’Ottawa qui a été signé par 140 pays. Et
aujourd’hui, à cause de notre action, dans bien des pays du monde on
enlève les mines antipersonnel. Il y a 140 pays qui ont décidé de ne
plus jamais utiliser les mines antipersonnel, ce qui veut dire qu’il
y aura des jeunes filles et des jeunes garçons et des femmes et des
hommes qui ne perdront pas des bras ou des jambes ou leur vie parce
qu’il y a eu un conflit, et qu’ils en ont planté dans le sol, et qui
sont encore dans le sol vingt ans après la guerre. Et pour ça notre
excellent ministre des Affaires étrangères a été louangé à travers
le monde.
C’est ça que d’être un gouvernement responsable. Et il y a eu le
référendum de 1995, une expérience qu’on a tous vécue. À quelques
jours, le dimanche avant le référendum – je vois là madame Robillard
qui nous représentait et qui me regarde – nous étions en arrière. On
m’a demandé de revenir de New York où j’étais par affaires, parce
qu’il ne fallait pas qu’on soit trop présent. Et je suis revenu et
là nous avons dit, nous avons fait des choses, on a fait des
discours à Verdun, on a parlé à la nation, nous avons organisé le
grand ralliement à Montréal le vendredi, le grand ralliement ici à
Hull le dimanche et nous avons dit que nous allions voter une
résolution sur la société distincte et nous l’avons fait. Et le Bloc
québécois a voté contre. (Applaudissements)
Nous avions dit que nous allions donner un veto législatif au
Québec, parce qu’un veto constitutionnel il faut changer la
Constitution, ce qui semblait impossible. Il y a eu un veto pour le
Québec, l’Ontario et éventuellement la Colombie-Britannique, ce qui
veut dire qu’on ne pourra pas jamais changer la Constitution sans
changer la loi et enlever le veto au Québec, à l’Ontario, à la
Colombie-Britannique. Je pense que c’est pas mal fort et encore une
fois le Bloc québécois a voté contre.
Ensuite la troisième promesse, c’est que la meilleure chose qui
pouvait arriver aux Québécois c’est si on leur transférait la
main-d’oeuvre. Si on transférait la main-d’oeuvre, le Québec allait
devenir soudainement quelque chose d’extraordinaire. J’aime mieux ne
pas en parler, c’est tellement triste ce gâchis qu’ils ont fait.
(Applaudissements)
Mais nous avons pris nos responsabilités, et durant toutes ces
années, dans tous ces dossiers et bien d’autres, nous avons
travaillé comme une équipe. C’est avec plaisir que j’ai travaillé
avec mes ministres, que je les ai appuyés, que je les ai défendus,
que les ministres mutuellement se sont appuyés et se sont défendus
dans des moments difficiles, et on a passé à travers et je suis très
fier de mon équipe. Je pense que nous avons une équipe
extraordinaire. (Applaudissements)
Et maintenant parlons de la Cour suprême et du référendum. Pourquoi
en parler maintenant? Pourquoi en parler maintenant? Je n’en parle
pas très souvent, mais je sais qu’à toutes les semaines, sinon à
tous les jours dans les journaux, on parle des conditions gagnantes.
Le Parti québécois travaille pour ses conditions gagnantes. Combien
de fois avez vous lu ça dans les journaux au cours des douze
derniers mois?
À tous les mois, monsieur Bouchard nous répète qu’il va faire un
référendum. Je voudrais vous rappeler l’incident du Mont Tremblant.
Alors que monsieur Bob Rae, l’ancien premier ministre de l’Ontario,
et Henning Voschereau, l’ancien bourgmestre de Hambourg en
Allemagne, avaient organisé avec l’aide de monsieur Dion et de bien
d’autres une conférence sur le fédéralisme où le Président Clinton,
le Président de la plus grande fédération au monde, peut-être pour
la première fois dans les sept ans qu’il a été Président, a accepté
d’aller faire un discours académique où que ce soit. Et que le
Président d’une autre grande fédération, le Président Zédillo du
Mexique est venu nous honorer de sa présence et nous faire un
discours académique sur le système fédéral.
Alors que nous avions 500 délégués. Qui venaient des Indes – pays
qui a énormément de difficultés avec des douzaines et des douzaines
de langues et de dialectes et des religions différentes, et qui
essaie de vivre avec un système fédéral et qui voulaient apprendre
des autres pour améliorer leur situation. Il y avait des délégués de
la Bosnie, qui essaie de bâtir un gouvernement avec des Musulmans,
des Croates et Serbes et qui veulent savoir comment on peut faire
pour gérer les problèmes des minorités dans une société. Et il y
avait des délégués du Sri Lanka où il y a des gens qui meurent à
tous les jours parce qu’ils sont pas capables de trouver une formule
de gouvernement pour améliorer, pour régler les problèmes des
minorités à l’intérieur. On pourrait parler du Brésil, on pourrait
parler de la Belgique qui ont quelques problèmes aussi, et de la
Suisse qui nous a aidé à bâtir cette chose là et qu’est-ce
qu’ils ont fait? Ils ont essayé de faire un détournement de ça.
Pensez-vous
que c’est acceptable? Et je dois me fermer, je dois ne rien dire?
La semaine d’après, monsieur Facal a appelé le National Post – ça
n’a pas été une improvisation, il a appelé le journaliste du
National Post pour lui dire qu’ils n’allaient pas respecter la
décision de la Cour suprême. Il aurait pu parler au Devoir pour
faire plaisir à ses amis. Non, il dit que c’est moi qui est
provocant, mais il appelle le National Post pour que ça soit bien
connu au Canada anglais qu’ils ne respecteront pas la décision de la
Cour suprême.
Ensuite il y a madame Beaudoin, madame Beaudoin (rires) qui s’en va
à travers le monde dénigrer le Canada. J’ai bien hâte qu’elle aille
le dire aux Américains qu’on n’est pas démocratique au Canada. Il y
en a qui ont déjà voulu faire la sécession aux États-Unis. Vous vous
rappelez ce qui était arrivé. Elle allait dire ça aux Français aussi
qu’on n’est pas démocratique au Canada. (Applaudissements) Elle ira
expliquer ça aux Basques, aux gens de la Corse, que les Français ont
tort de vouloir une constitution qui défend la partition de quelque
nature que ce soit, de la France ou ailleurs.
Il y a bien d’autres priorités que ça au Canada. Et là il y a dix
jours, monsieur Bouchard nous a promis un autre référendum, vous
l’avez vu, et encore je vais me fermer? Il y a deux semaines de ça.
Pour moi, je dois vous dire que je n’ai pas beaucoup de choix. Cette
semaine, monsieur Bouchard a déclaré qu’il ferait une déclaration
unilatérale d’indépendance s’il n’avait pas ce qu’il veut, si ça ne
se passe pas comme il veut. Et quand on lui a dit bien oui, mais si
vous faites votre déclaration unilatérale d’indépendance, comment
allez-vous atteindre votre partenariat avec le reste du Canada?
Alors il a été obligé de dire qu’il ferait une déclaration
unilatérale de partenariat. (Rires et applaudissements)
On va en parler de démocratie. On a eu deux référendums avec des
questions « claires » et, vous pensez, ils n’ont jamais accepté le
vote populaire. Et on devrait attendre, on devrait attendre, rien
faire jusqu’à deux semaines avant le référendum pour dire ce qu’on
pense? Vous voulez savoir, mes chers amis, ça serait irresponsable.
Je viens de parler de la responsabilité des gouvernements.
(Applaudissements) C’est la Cour suprême dans son jugement qui a dit
que les acteurs politiques devraient prendre leurs responsabilités.
Vingt-cinq fois dans le jugement de la Cour suprême on a parlé, on a
utilisé le mot clarté. Vingt-cinq fois. Et je voyais un professeur,
là, qui disait que le mot clarté voulait dire que si le vote est, si
tout le monde ont bien voté, c’est ça qu’ils ont voulu dire. Ça a
pris vingt-cinq fois pour nous dire qu’on a un système assez reconnu
de faire des élections au Canada qui fonctionne assez bien?
Puis ensuite, on continue, on parle de clarté. Je voyais Bernard,
monsieur Bernard, qui est un grand conseiller du gouvernement, qui
disait dans La Presse il y a deux jours qu’à Terre-Neuve, il y avait
eu deux référendums, que le premier avait été 48 % et l’autre
52 %, vous l’avez lu. Ça c’est un des experts conseillers de
tous les premiers ministres mais il ne sait pas que, oui, il y a eu
deux référendums. Le premier référendum avait trois questions,
voulez-vous rester une certaine colonie de la Grande-Bretagne,
voulez-vous avoir un pays indépendant ou devenir une province du
Canada. À 86 % ils ont décidé de se séparer de la
Grande-Bretagne. Et là sur les deux autres questions, devenir un
pays indépendant ou une province du Canada, c’était divisé à 44-42.
Et là ils ont été obligé de faire un nouveau référendum pour savoir
où ils s’en allaient là, ils étaient pris au milieu de l’océan
(rires) alors ils ont décidé de devenir une province du Canada.
C’est pas, c’est pas ça qu’on vous dit là quand on parle de clarté
dans les discours. Si on parle de clarté, on va en parler de clarté.
Je vais vous donner un exemple. Voici comment les péquistes
travaillent. En février 1995, au Point, monsieur Bouchard a dit et
je cite « Il nous faut être clairs et directs. Oui nous voulons nous
séparer du reste du Canada » – écoutez bien ça, il a dit ça – « oui
nous voulons nous séparer du reste du Canada. Nous voulons avoir
notre propre pays indépendant ». Ça c’est clair, ça c’est au mois de
février 1995.
Maintenant je vais vous lire la question sur laquelle vous avez voté
en octobre, en novembre 1995, en automne 1995. Écoutez bien la
clarté de la question : « Acceptez-vous que le Québec devienne
souverain après avoir offert formellement au Canada un nouveau
partenariat économique et politique dans le cadre du projet de loi
sur l’avenir du Québec et de l’entente signée le 12 juin 1995? »
Répétez après moi. (Applaudissements)
Maintenant parlons de la majorité claire. On va briser un pays par
un vote de majorité après un recomptage judiciaire. Yvon Deschamps a
dit : il est pas mieux que mort celui qui va avoir voté pour faire
briser le pays, cette voix là, le gars est pas ou la femme est pas
mieux que morte. Regardons des exemples. Tout près de nous
l’Assemblée nationale elle-même pour le protecteur des citoyens, le
vérificateur général et le président des élections, ça prend les
deux tiers des députés de l’assemblée législative, pas 50 %
plus 1, les deux tiers. La CSN, grande institution démocratique qui
nous a donné ce cher monsieur Duceppe (rires et applaudissements) eh
bien pour expulser un syndicat comme je l’ai dit en Chambre cette
semaine, ça prend les deux tiers à l’assemblée.
Prenez monsieur Joe Clark, notre bon ami monsieur Joe Clark, qui est
pour 50 % plus 1. Seulement il avait eu 66 % des votes au
congrès conservateur et puis il n’avait pas un mandat assez clair
pour rester chef. (Applaudissements)
Et un peu plus tard en novembre 1996, monsieur Bouchard lui-même
avait eu 76 % des votes, et puis il a demandé un moment de
réflexion de quelques heures pour savoir s’il avait un mandat assez
clair pour rester le chef du Parti québécois. (Applaudissements)
Et au Mont Tremblant il y a pas longtemps, madame Harel a dit 92 p.
100 ce n’était pas assez clair. Moi je dois vous avouer que j’ai eu
deux revues de mon leadership et puis je suis tombé de 93 à 91 p.
100 et puis je pense que c’était assez clair. (Rires et
applaudissements)
Et plus sérieusement le 60 % du non en 1980, ce n’était pas
assez clair pour qu’on arrête de parler de la séparation.
Je dois remplir mes obligations. Et je veux connaître la position
des Canadiens lorsqu’il est temps de défendre notre pays. Quelle est
la position de M. Manning, le chef de l’Alternative dés-Unie?
(Rires) qui s’élevait contre moi parce que je n’étais pas assez
ferme? Aujourd’hui, il croit que je suis trop ferme parce que je
veux que la question soit claire. Et Joe Clark – dont j’ai déjà
parlé – quelle est sa position dans cette affaire? Il n’a rien dit
depuis que j’ai affirmé que nous passerions à l’action mardi
dernier. Pas un mot. C’est très courageux de sa part. La même chose
vaut pour Mme McDonough. Mais vous connaissez notre position, et
nous devons prendre nos responsabilités. Qu’y a-t-il de si
extraordinaire lorsque je dis que j’exigerai, à titre de premier
ministre du Canada, que la décision de la Cour suprême soit
respectée intégralement? (Applaudissements)
L’Assemblée nationale va poser la question. Nous ne poserons pas la
question pour l’Assemblée nationale. C’est l’Assemblée nationale qui
va poser la question. Je n’ai pas l’intention de leur dicter une
question. Mais nous avons une responsabilité. C’est nous qui
déciderons s’il y a une négociation. Pour qu’il y ait une
négociation avec le Canada, c’est nous qui allons décider. Et on ne
leur dira pas après le référendum quelles sont les conditions, on va
leur dire longtemps avant un référendum. (Applaudissements)
Je suis le chef de ce parti, et je tiens à vous remercier très
sincèrement pour ce que vous, les délégués à ce congrès, avez fait
sur ce sujet. Avec toutes les pressions que vous avez eues de toute
part et les peurs qu’on a essayé de soulever chez la population au
Québec, vous vous êtes tenus debout. Et je tiens à vous en remercier
du plus profond de mon coeur. (Applaudissements)
Il est très vrai que comme chef du Parti libéral, peut-être la
meilleure chose que je pourrais faire c’est de ne rien faire. C’est
peut-être vrai, peut-être. Je suis un politicien, j’aime à gagner
des élections, et comme chef du parti peut-être ça aurait été mieux
que je ne fasse rien ou qu’on ne dise rien. Mais comme chef du Parti
libéral du Canada, je suis aussi le premier ministre du Canada. Et
comme premier ministre, je n’ai pas le choix, je dois faire mon
devoir, je dois prendre mes responsabilités. (Applaudissements)
Comme chef du Parti libéral, il est possible que la meilleure chose
à faire soit de ne rien faire du tout. C’est facile de ne rien
faire. C’est très facile. Pas besoin de passer des mois et des nuits
à réfléchir. On n’a qu’à relaxer et à se laisser flotter. Mais quand
on fait face à un problème comme celui là, c’est difficile. Mais à
titre de premier ministre du Canada, j’ai la responsabilité de
veiller au respect de la Constitution canadienne. Moi et mon
gouvernement avons la responsabilité veiller au respect de la paix,
de l’ordre et du bon gouvernement dans notre pays.
(Applaudissements)
Mais mes chers amis ça fait 35 ans que ça dure. Êtes-vous fatigués
d’entendre parler de ça? (OUI!) Êtes-vous tannés d’entendre parler
de constitution et de référendum et de séparation? (OUI!) Êtes-vous
écoeurés d’entendre parler de ces affaires là? (OUI!)
Eh bien, eh bien, je vais vous dire quelque chose. Vous ça fait 35
ans que vous en entendez parler et moi ça fait 35 ans que j’en
parle. (Rires) Je n’ai pas seulement à en entendre parler, je suis
obligé d’en parler. Vous pensez pas que j’aimerais ça arrêter après
35 ans de parler de ça?
Alors, monsieur Bouchard, peut-être vous m’écoutez. Pourquoi vous et
moi ne poserions-nous pas un beau
geste? Pourquoi ne ferions-nous pas le plus beau cadeau possible
pour le millénaire à tous les Québécois, à toutes les Québécoises et
à tous les Canadiens? Pourquoi, alors que 72 % des Québécois ne
veulent pas avoir de référendum, vous ne dites pas que vous ne ferez
pas de référendum au cours de votre mandat. Et moi je vous promets
aussi de faire le même geste. Je ne parlerai plus de constitution,
de référendum, de clarté de la question, de la Cour suprême, on va
arrêter d’en parler. (Rires et applaudissements)
Nous pourrions tous entrer dans le nouveau millénaire ensemble du
bon pied et nous pourrions continuer à parler des vrais problèmes.
On pourrait continuer à parler de ce que nous avons mis dans notre
discours du Trône. Notre lutte contre la pauvreté chez les enfants,
où nous avons investi jusqu’à date 1700000000 $ et nous
travaillons avec les provinces parce que, pour moi, c’est un
programme qui est aussi important pour la jeunesse d’aujourd’hui,
pour qu’ils commencent bien dans leur vie, que ne l’ont été les
programmes comme l’assurance-maladie ou les pensions de vieillesse
sous les St. Laurent et les Pearson et les Trudeau. Nous pourrions
travailler ensemble pour préparer l’avenir de nos jeunes en leur
permettant de faire des études, de devenir et de continuer à être
parmi les étudiants les mieux préparés dans le monde.
(Applaudissements)
Nous pourrions continuer à travailler pour garder nos cerveaux ici
au Canada, comme on l’a fait et qu’on continue à le faire en mettant
de l’argent dans la recherche et le développement. À continuer à
travailler avec la Fondation pour l’innovation, pour aider les gens
à faire des progrès pour qu’on soit à l’avant-garde des autres pays.
À continuer avec les chaires d’excellence que nous proposons aux
universités pour pouvoir garder les meilleurs et faire venir les
meilleurs ici au Canada. Nous pourrions continuer à être le pays le
mieux branché au monde et continuer d’être à l’avant-garde de tous
les pays dans les technologies modernes.
Ce sont les vrais problèmes d’aujourd’hui. Nous pourrions continuer
à travailler parce que, à cause des actions de ce gouvernement, nous
avons un surplus et d’ici le mois de février, notre ami Paul aura un
budget dans lequel nous allons pouvoir continuer à réduire les
impôts sur le revenu des citoyens. Ce sont les vrais problèmes ces
choses là. (Applaudissements) Et je pourrais continuer.
Je pourrais continuer ainsi, mais je vais m’arrêter. Je dois vous
dire, mesdames et messieurs, après avoir été convaincu pendant 36
ans que le Canada est le meilleur pays du monde, on ne renonce pas
si facilement à ce pays. (Applaudissements) Et comme je l’ai dit,
oui, le Canada, ça me regarde, et ça me regardera toujours.
Parce que je me promène dans le monde avec mes collègues. Et vous le
savez il y a des jeunes Américains qui se promènent dans le monde en
mettant sur leur sac à dos le drapeau du Canada parce qu’ils sont
mieux reçus. Vous allez n’importe où dans le monde, et quand vous
dites que vous êtes un Canadien on vous reçoit à bras ouverts.
Lorsque j’étais au Nigéria il y a quelques semaines et que le
Président du Nigéria, qui avait été mis en prison durant le régime
de terreur qu’ils ont connu et qui avait été fouetté dans sa prison,
et qu’il a dit aux journalistes après me l’avoir dit en privé, vous
les Canadiens, vous avez sauvé ma vie et vous avez sauvé notre pays
de la noirceur. J’étais fier, j’étais fier d’être Canadien.
(Applaudissements)
Quand je sais que les problèmes qu’il y a dans le monde aujourd’hui
sont des problèmes de tolérance et de partage et de générosité, que
le défi du monde sera comment vivre dans un village global et garder
nos identités. Que vous alliez n’importe où dans le monde, il y a
une minorité qui vit avec une majorité. Et comme le disait le
Président Clinton, s’il fallait qu’on ait un pays par langue,
combien de pays y aurait-il aux Indes, en Indonésie, en
Nouvelle-Guinée? Et si on faisait la même chose pour les religions?
Et si on faisait la même chose pour les couleurs?
Mais ici au Canada, on a réussi à le faire. Il y a eu les premiers
citoyens qu’on doit respecter, les Autochtones, et c’est une des
tâches les plus difficiles mais qui me laisse les meilleurs
souvenirs que d’avoir été ministre des Affaires indiennes et du Nord
canadien. (Applaudissements)
Ensuite les Français sont venus, ensuite les Anglais sont venus,
ensuite les gens sont venus de tous les pays du monde. Et vous vous
rappelez au congrès que nous avons eu il y a quelques années avec
quelle fierté je pouvais dire que 40 de mes députés étaient nés en
dehors de notre pays, de différentes couleurs, de différentes
langues et de différents sexes et qui font partie de notre société.
Quelle était la fierté des Canadiens lorsqu’il y a peine deux mois,
une réfugiée politique durant la guerre – d’origine chinoise – est
devenue Gouverneure générale de notre pays. (Applaudissements) Mes
chers amis c’est ça le Canada. Et c’est ça que demeurera le Canada
dans le 21e siècle. Vive le Canada. Merci beaucoup.
CChrétien=19990429]
[lieu=otawa]

Messieurs les Présidents de la Chambre des communes et du Sénat,
honorables députés et sénateurs, mesdames et messieurs,
À de rares occasions, nous, les parlementaires des deux chambres du
Canada, laissons de côté les divisions partisanes. Nous interrompons
les débats sur les grands dossiers de l’heure. Nous nous rassemblons
ici et nous nous conduisons de manière absolument exemplaire. Aux
yeux de quiconque a eu l’occasion d’observer nos délibérations
quotidiennes, cette transformation est miraculeuse.
Et je dois avouer que cette perception est juste. Surtout
aujourd’hui.
Car nous sommes en présence d’un grand homme d’État. Un leader tout
à fait remarquable dont la ténacité devant la tyrannie et la dignité
devant la persécution ont contribué à rendre possible la
transformation démocratique de son peuple, de son pays et de son
continent il y a dix ans. Une transformation qui relève, peu importe
le point de vue qu’on adopte, du prodige.
Je veux parler, bien sûr, du Président de la République tchèque,
Vaclav Havel.
Le grand Victor Hugo a écrit un jour que même l’armée la plus
puissante au monde ne peut vaincre une idée dont l’heure est venue.
Mais il est également vrai que pour triompher à son heure, une idée
doit d’abord avoir un champion, un leader, un symbole.
Monsieur le Président, votre longue croisade pour la liberté et la
justice, vous l’avez menée contre l’un des plus puissants ennemis du
progrès humain : la peur et l’oppression. Fort du courage de vos
convictions et de la justesse de votre cause, vous avez triomphé.
Pendant votre enfance, vous avez vécu une occupation étrangère, puis
la consolidation d’un régime totalitaire brutal. Un régime qui a
choisi d’étouffer vos aspirations pour l’avenir. De telles blessures
auraient fait naître l’amertume et un sentiment de futilité chez la
plupart d’entre nous. Mais chez vous, elles ont inspiré les écrits
et les actes de conscience qui ont éveillé l’ardeur de vos
compatriotes et l’admiration du monde entier.
Vous avez révélé le vide derrière la façade du système politique qui
vous avait été imposé. Et par vos paroles et vos actes, vous avez
contribué à sa perte. Lorsque le temps est venu, après tant d’années
de privations, il n’y avait vraiment personne d’autre que vous pour
diriger un pays qui renaissait soudain. Pour définir ses nouvelles
orientations politiques et économiques et ses nouvelles relations
avec l’Europe et le reste du monde.
Monsieur le Président, j’aimerais citer la première allocution du
Nouvel An que vous avez adressée à votre peuple : « Vous vous
demandez peut-être de quelle république je rêve. Je vous répondrai
que je rêve d’une république indépendante, libre et démocratique.
D’une république à l’économie prospère où règne la justice sociale.
Bref, d’une république humaine qui sert l’individu et permet donc
d’espérer que l’individu la servira à son tour. »
Quand vous avez visité le Canada la première fois, au début de 1990,
cette vision ne s’était pas encore matérialisée. Aujourd’hui, la
République tchèque est l’une des grandes démocraties de l’Europe
centrale et orientale. Votre transformation économique, malgré
certaines difficultés passagères, vous conduit vers l’adhésion à
l’Union européenne.
Vous êtes un partenaire du Canada au sein de l’OTAN et de l’OCDE et
vous jouez un rôle actif à l’OMC. Nos soldats maintiennent la paix
en Bosnie. Et nous faisons cause commune à l’OSCE.
Certains de vos fils et de vos filles les plus remarquables sont
venus s’établir au Canada au cours du dernier siècle. Ils comptent
parmi nos plus éminents gens d’affaires, universitaires, auteurs et
joueurs de hockey! En échange, depuis dix ans, le Canada a fait de
son mieux pour appuyer vos efforts en vue de rétablir la démocratie
et de restaurer l’économie de marché. Ensemble, nous cherchons
également à établir de nouveaux liens qui soient à notre avantage
mutuel dans le domaine du commerce et des investissements.
Monsieur le Président, votre cheminement personnel et celui de la
République tchèque illustrent tout le chemin parcouru en Europe sur
le plan de la liberté et des droits de la personne. Mais la crise au
Kosovo nous rappelle crûment que nous sommes encore loin du but.
J’oserais même affirmer que si nous voulons que ce cheminement garde
tout son sens dans l’Europe du nouveau millénaire, nous devrons
appliquer ses leçons à la fois simples et éloquentes, sans hésiter,
dans cette région complexe et troublée.
Les habitants du Kosovo et des autres pays d’Europe doivent un jour
connaître les sentiments de sécurité et d’attachement à leur patrie
que vous avez décrits il y a tant d’années, quand vous rêviez tout
haut d’une république humaine. Cet idéal que vous avez consacré tant
d’efforts à réaliser dans la République tchèque d’aujourd’hui. Il me
paraît encourageant qu’une personne aussi fermement convaincue de la
force de la justice et du droit ait adhéré à cette cause, sans
aucune hésitation.
Ensemble, avec nos alliés de l’OTAN, nous faisons ce qui doit être
fait au Kosovo. Ensemble nous réussirons!
À notre époque d’inflation verbale, Monsieur le Président, les mots
perdent souvent leur sens et leur valeur par un excès de rhétorique.
Mais, dans votre cas, aucune exagération n’est possible. J’ai
l’immense plaisir et le grand honneur de présenter à cette honorable
chambre un flambeau de la liberté. Un homme dont les réalisations
font mentir l’idée reçue selon laquelle les poètes et les rêveurs
n’ont pas leur place parmi les hommes d’État.
Mesdames et messieurs, je vous présente un poète, un rêveur, un
homme d’État : Vaclav Havel.

[CChrétien=19990129]
[lieu=suisse]

Je suis ravi de me retrouver ici, à Davos, pour vous parler de la
vie économique du Canada et, ce qui est encore plus important, des
perspectives d’avenir qui s’offrent à nous. C’est la première fois
que je participe à ce célèbre forum annuel et, d’une certaine
manière, je suis heureux de ne pas y être venu avant.
Car au cours des cinq dernières années nous avons réussi, grâce aux
efforts déployés par les Canadiens, à transformer l’économie
canadienne. En 1994, le Wall Street Journal n’hésitait pas à
comparer notre économie à celle d’un pays du tiers-monde; il y a
quelques mois, le Financial Times de Londres en faisait l’éloge en
disant que l’économie canadienne était la meilleure de tous les pays
du G7.
La question posée dans le cadre de cette séance montre bien tout le
progrès que nous avons fait au Canada ces dernières années. Car elle
porte non pas sur les moyens que nous envisageons pour revitaliser
notre économie – comme cela aurait été le cas il y a quelques années
– mais bien sur les perspectives d’avenir de notre nouvel essor
économique.
Il n’y a pas si longtemps, l’état de santé général de notre économie
préoccupait grandement le monde des affaires et le gouvernement du
Canada. Ce qui est encore plus important, notre situation causait
beaucoup d’inquiétude à notre population. Chaque année, dans des
forums comme celui-ci, on mettait en doute notre détermination et
notre capacité collectives de continuer de jouer un rôle dans
l’économie mondiale axée sur le savoir.
Cette époque est révolue. Pour de bon.
Et puisque je suis reconnu pour ma franchise, je répondrai en un mot
à votre question «Est-ce que notre renaissance économique va se
poursuivre? » La réponse est « OUI »!
Les Canadiens ne veulent pas retourner en arrière. Ils ne veulent
pas se retrouver avec les mêmes vieux problèmes. Ils veulent que
notre pays continue sur sa lancée pour faire en sorte que les
Canadiens bénéficient de meilleures perspectives, d’un niveau de vie
plus élevé et d’une qualité de vie encore meilleure au cours du
prochain siècle.
Les détails de la remontée économique remarquable que le Canada a
réalisée en l’espace de cinq années à peine sont maintenant bien
connus partout dans le monde :
Notre santé financière est la meilleure du G7. Lors de nos deux
derniers exercices financiers, nous avons atteint l’équilibre
budgétaire pour la première fois depuis près de trente ans. Et ce,
en dépit du fait que nous avions hérité d’un déficit budgétaire de
42000000000 $ à notre arrivée au pouvoir.
Dans le cadre de notre dernier budget, nous avons également commencé
à rembourser notre dette publique, et nous continuerons à le faire
lors du dépôt de notre prochain budget, dans quelques semaines. En
fait, le gouvernement du Canada n’a pas emprunté d’argent frais
depuis plus de deux ans et demi.
Après avoir progressé pendant des décennies, les impôts ont commencé
à baisser. Et nous continuerons à le faire.
Notre taux d’inflation a atteint son plus bas niveau depuis les
années 1960.
Nos taux d’intérêt n’ont jamais été aussi faibles depuis trois
décennies.
Depuis que nous sommes arrivés au pouvoir, le chômage a reculé de
près de 3,5% au Canada. Il a maintenant atteint son point le plus
bas en presque dix ans. L’an dernier, nous avons affiché la plus
forte croissance de l’emploi au sein du G7.
Depuis 1994, sur le plan de la compétitivité, nous nous sommes
hissés du vingtième au 5e rang selon le classement établi par le
Forum économique mondial.
Malgré la récente tourmente mondiale, le Fonds monétaire
international prévoit que les résultats aux chapitres de la
croissance de l’économie, des investissements et de l’emploi au
Canada compteront parmi les meilleurs du G-7 en 1999.
Bref, mesdames et messieurs, le Canada a repris sa place en tête des
économies mondiales.
Nous sommes de nouveau un des meilleurs endroits au monde pour
investir et faire des affaires. Nous avons de nouveau les ressources
et la confiance nécessaires pour tirer parti de nos atouts
considérables. Des avantages qui attirent irrésistiblement les
investisseurs, avec des travailleurs spécialisés, des industries de
pointe dynamiques, un réseau de communications exceptionnel, une
voie rapide sur l’inforoute, de faibles coûts énergétiques et des
services de santé de qualité à prix abordable.
La tournure récente des événements indique aussi qu’en tant que
peuple, nous sommes plus confiants de laisser derrière nous les
vieux conflits politiques. Dans l’ensemble, les Canadiens
s’entendent maintenant pour que leurs dirigeants se concentrent sur
l’augmentation du niveau de vie et non sur de vieilles querelles de
juridiction entre les différents ordres de gouvernement. Ils veulent
la coopération, et non le conflit.
Le Canada est un pays ouvert sur le monde. Nous venons
d’entreprendre un mandat de deux ans au Conseil de sécurité de
l’ONU. Nous apportons notre collaboration active aux missions de
maintien de la paix et d’observation. Nous sommes un chef de file
dans la recherche de solutions aux problèmes financiers
internationaux.
Et, à l’approche de nouvelles négociations commerciales, nous sommes
déterminés à préserver l’ouverture de nos marchés. 40 % de notre PIB
dépend de nos exportations. C’est la proportion la
plus élevée de tous les pays industrialisés. Alors nous savons bien
que la réduction des barrières aux échanges et aux investissements
représente le meilleur gage de prospérité dans le monde et au Canada
au cours du prochain siècle. C’est pourquoi le Canada s’est placé à
l’avant-garde des efforts visant à libéraliser les échanges dans les
Amériques, dans le Pacifique et, au sein d’organismes tels que
l’Organisation mondiale du commerce, dans le monde entier.
Mesdames et messieurs, nous sommes extrêmement fiers des progrès que
nous avons accomplis au Canada ces dernières années. Mais nous ne
pouvons être complaisants. S’il est une leçon que nous avons apprise
suite à nos expériences passées et celles des autres pays c’est que,
dans une économie mondialisée, la prospérité n’est pas assurée. Il
faut la mériter jour après jour, année après année.
Le Canada, tout comme les autres pays du G7, a vu ralentir la
croissance de la productivité au cours des trois dernières
décennies. C’est pourquoi nous travaillons d’arrache-pied afin
d’améliorer notre performance au plan de la productivité de la même
façon que nous avons redressé nos finances publiques. Car nous
savons que l’amélioration de la productivité est la clé d’une plus
grande prospérité. Et une plus grande prospérité – répartie
équitablement – est la clé d’une meilleure qualité de vie pour les
Canadiens.
Il s’agit donc d’investir dans les bons secteurs. D’investir dans la
recherche et le développement de pointe par l’entremise
d’organisations comme la Fondation canadienne pour l’innovation et
nos centres d’excellence. D’investir dans les compétences et dans la
réussite de nos citoyens en élargissant l’accès à l’enseignement, en
modernisant le régime de soins de santé et en atténuant la pauvreté
des enfants. Il s’agit aussi de baisser les impôts et de réduire le
fardeau de la dette publique.
Nous pouvons déjà constater les effets positifs de cette approche.
Nous avons enregistré en 1997 la meilleure croissance de la
productivité depuis une décennie. La part des exportations
canadiennes que représentent les produits de base est passée
d’environ 60 % en 1980 à environ 35 % en 1997, ce
qui correspond à environ 12 % de notre PIB seulement.
En plus, le secteur de la haute technologie affiche un taux de
croissance de l’emploi et de la production deux fois plus élevé que
le reste de l’économie. Une foule de nouvelles entreprises de haute
technologie ont décollé depuis quelques années – des entreprises qui
produisent des produits perfectionnés comme le bras spatial pour la
nouvelle station spatiale internationale ou font de l’infographie
pour des films comme le Parc jurassique.
Ce sont de très bonnes nouvelles.
Mais ce qui m’encourage le plus ce sont les transformations
auxquelles nous assistons dans nos collectivités urbaines et rurales
– des petites villes aux grands centres – d’un océan à l’autre.
Kanata, en Ontario, en banlieue de notre capitale nationale,
s’affirme comme capitale de la haute technologie au Canada. Plus de
120 entreprises de ce type y sont installées. Dans le monde entier,
on l’appelle la « Silicon Valley » du Canada. Saint-Jean, au
Nouveau-Brunswick, s’est trouvé un nouveau créneau en tant que
centre téléphonique. Hamilton, en Ontario, notre capitale de
l’acier, tire maintenant une plus grande proportion de ses revenus
de l’éducation que de l’acier. Montréal est un carrefour
international dans le domaine aérospatial, alors que Bombardier est
récemment devenu le troisième constructeur d’aéronefs au monde.
Saskatoon, en Saskatchewan, est un grand centre de la
biotechnologie.
Au Canada, nous connaissons très bien les défis associés à la
géographie. Certains des plus grands exploits de notre histoire ont
été de vaincre le temps et la distance. De rapprocher les Canadiens
et de faire naître un esprit communautaire véritable à l’échelle
nationale. C’est pour cette raison que nous nous sommes engagés sur
l’inforoute comme peu d’autres pays le font. Nous nous sommes fixé
comme objectif de veiller à faire du Canada un carrefour mondial sur
l’inforoute. De faire en sorte que nos collectivités et nos
entreprises soient les plus branchées au monde.
En fait, notre gouvernement s’est donné l’objectif ambitieux de
faire du Canada le pays le plus branché au monde d’ici l’an 2000 au
moyen d’une stratégie que nous appelons Un Canada branché.
Et elle est érigée sur une base très solide :
Le taux de pénétration de l’ordinateur domestique, du câble et du
téléphone au Canada est le plus élevé du G7.
Nos tarifs téléphoniques sont les plus faibles du G7.
L’accès à l’Internet coûte moins cher qu’ailleurs dans le G7.
Le coût du commerce dans le secteur de l’informatique est moins
élevé que dans les autres pays du G7.
Le coût de production de logiciels est le plus faible en Amérique du
Nord.
En plus, le Forum économique mondial nous classe au premier rang
mondial pour ce qui est de la formation de travailleurs du savoir.
Cette année, nous comptons achever notre programme Rescol, qui verra
chacune de nos 16000 écoles et bibliothèques publiques branchées à
l’Internet. Nous serons le premier pays du G-7 à y arriver. En fait,
nous exportons déjà notre expertise en ce domaine vers d’autres
pays.
Dès l’an prochain, nous aurons installé des points d’accès public à
l’Internet dans 10000 collectivités rurales et urbaines. Et nous
disposerons bientôt du réseau de recherche le plus rapide au monde.
C*A*NET3 sera plus de mille fois plus rapide que le réseau de
recherche actuel.
Nous travaillons également à faire en sorte que le Canada soit le
meilleur endroit au monde pour le commerce électronique. C’est
pourquoi nous avons été les hôtes de la conférence de l’OCDE sur le
commerce électronique l’automne dernier. Et c’est pourquoi nous
cherchons à établir chez nous les meilleures normes de confiance et
de fiabilité au monde dans le domaine du commerce électronique.
Parce que tous les pays qui se lanceront tôt dans le commerce
électronique en tireront de grands bénéfices. Mais ce sont les pays
qui mèneront la charge, qui innoveront et qui établiront la norme en
matière de commerce électronique qui recueilleront les plus grands
bénéfices. Et le Canada sera l’un de ces pays.
Tous ces investissements sont indispensables à notre poursuite d’une
productivité et d’une prospérité accrues pour les Canadiens. Mais
aucun investissement n’est plus important que ceux que nous faisons
dans les gens.
Dès l’automne prochain, la Fondation des bourses du millénaire
aidera annuellement 100000 jeunes de plus à acquérir une formation
post-secondaire. De façon tout à fait appropriée, c’est devenu notre
premier investissement post-déficit.
La nouvelle Prestation nationale pour enfants vise à aider les
enfants des familles pauvres, et à aider ces familles à se sortir de
la pauvreté et de la dépendance afin qu’elles puissent améliorer
leur qualité de vie et contribuer à notre richesse nationale.
Et notre système national de santé recevra en priorité de nouveaux
investissements dans notre prochain budget.
Notre système de santé constitue déjà un énorme avantage comparatif
pour le Canada, et un puissant argument en faveur de l’établissement
d’entreprises au Canada. Les coûts du système sont répartis à
travers l’ensemble de la société. Cela représente d’importantes
économies pour les compagnies établies au Canada, et leur fournit
certains avantages en comparaison à d’autres marchés,
particulièrement aux États-Unis. En effet, les constructeurs
d’automobiles aux États-Unis dépensent davantage pour les
cotisations à l’assurance-santé de leurs employés que pour l’acier
servant à la construction de leurs véhicules. Cette dépense n’est
pas nécessaire au Canada. De plus, notre système est plus rentable
et il comprend moins de gaspillage lié à l’administration. Et il est
universel, contrairement au système américain qui laisse des
dizaines de millions de personnes à leur sort.
De tels investissements dans le savoir et la santé de notre
population sont tout aussi essentiels pour atteindre la prospérité
durable que les mesures incitatives pour les investissements. Le
savoir et la santé des Canadiens demeureront ainsi pour nous une
priorité majeure.
En fait, notre population est notre plus grand atout. Notre
population est la plus diversifiée et la plus cosmopolite au monde,
et elle entretient des liens de toute sorte aux quatre coins de la
planète. Notre peuple s’est donné une qualité de vie sans égal.
D’ailleurs, les Nations unies ont attribué au Canada le statut de
meilleur pays du monde pour sa qualité de vie, et ce cinq années de
suite!
Notre main-d’oeuvre, à cause notamment de la qualité de son
éducation et de sa formation, est sans égal en Amérique du Nord.
Mesdames et messieurs, notre présence ici, tout comme celle de notre
ministre du Commerce et de notre ministre de l’Industrie, démontre
que nous tenons à promouvoir avec ardeur l’histoire de la réussite
du Canada d’aujourd’hui.
Et grâce à nos efforts collectifs soutenus, je suis persuadé que la
renaissance économique du Canada se poursuivra encore longtemps.]
[CChrétien=199907230]
[lieu=bosnie]

Je suis honoré de représenter le Canada à l’occasion de
l’inauguration du Pacte de stabilité de l’Europe du Sud-Est, et de
démontrer ainsi notre engagement en faveur d’un avenir plus
sécuritaire et plus sûr pour tous les peuples des Balkans.
À l’aube d’un siècle nouveau, nous avons l’occasion d’écrire un
nouveau chapitre de l’histoire des Balkans. Et de laisser derrière
la sombre image d’une région définie par des haines anciennes.
Nous avons tous été témoins des faits désolants qui ont marqué les
dix dernières années de l’histoire des Balkans. Des gens qui
cohabitaient dans un certain climat d’harmonie et de prospérité se
sont attaqués mutuellement, se livrant à des crimes sauvages contre
l’humanité sous l’enseigne de l’intolérance ethnique. Ils se sont
ainsi engagés sur la voie du chaos et du conflit à l’instant même où
le reste de l’Europe choisissait de s’unir pour mieux prospérer.
Nous laisserons aux historiens le soin d’expliquer comment cela a pu
se produire. Mais nous pouvons déjà en tirer certaines leçons.
Lorsqu’elle est en mesure d’agir, la communauté internationale
refusera d’observer passivement la violence ethnique. Nous nous
opposerons à toute tentative de la part de démagogues nationalistes
visant à justifier une telle violence, à terroriser leur propre
peuple, à déstabiliser les pays voisins, et à mettre en péril la
sécurité de l’Europe.
Le Canada rejette la notion selon laquelle les conflits dans les
Balkans sont inévitables. Notre histoire prouve que des cultures
différentes peuvent s’unir et travailler ensemble dans l’harmonie
pour accomplir de grandes choses. Ici même en Europe, d’anciens
ennemis se sont tendu la main pour créer l’OTAN, l’Union européenne
et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ce
faisant, ils ont contribué à implanter davantage les conditions
d’atteinte de la sécurité, de la prospérité et de la démocratie sur
ce continent.
Le Pacte de stabilité vise justement à favoriser cet esprit. Le
Canada salue le rôle de premier plan joué par l’Union européenne
dans l’élaboration et la mise en oeuvre du Pacte. Et nous sommes
prêts à apporter notre contribution. Toutefois, pour que le Pacte
soit une réussite, ses principes et ses objectifs doivent être
adoptés par tous les pays. Tous unis, nous y arriverons. Si nous
sommes divisés, ce sera l’échec.
Nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons enfin
accueillir la Yougoslavie au sein du Pacte de stabilité. Mais il lui
faudra de nouveaux dirigeants. Et seul le peuple yougoslave est en
mesure de prendre cette décision.Les Yougoslaves ont déjà beaucoup
souffert des politiques destructrices de Slobodan Milosevic. Nous
avons bon espoir qu’ils ne choisiront pas de s’engager sur la voie
d’un triste avenir, dont l’unique promesse est celle de vivre dans
la pauvreté, à l’écart de la famille des nations européennes et de
la communauté internationale.
Il ne faut surtout pas sous-estimer les défis qui nous attendent. La
tâche est énorme. Pour l’accomplir, l’ensemble de la région doit
mobiliser tout son courage et toute sa sagesse. Et la communauté
internationale doit continuer à démontrer un engagement à toute
épreuve. Mais nous pouvons y arriver. Et nous y arriverons.
De leur côté, pour réussir, les pays de la région doivent développer
leur démocratie, s’engager à respecter les droits de la personne, se
tourner vers l’économie de marché et réduire leurs dépenses en
armements.
Sur cette route, comme l’ensemble de la communauté internationale,
je vous promets aujourd’hui que le Canada sera à vos côtés tout au
long de votre progression.]

[CChrétien=19990331]
[lieu=tn]

C’est à la fois un honneur et un motif de fierté pour moi, à titre
de premier ministre du Canada, de me joindre à vous aujourd’hui pour
célébrer le cinquantenaire de l’union de Terre-Neuve et du Canada.
L’union de deux peuples libres et démocratiques, possédant chacun sa
propre histoire et ses propres traditions. Une union librement
décidée après avoir été débattue à fond dans le cadre d’un processus
franc et ouvert. Une union négociée entre les représentants habiles
désignés par les deux États souverains. Tous se sont montrés à la
hauteur de cette tâche historique.
Ils ont vu dans la Confédération une occasion d’unir nos forces. De
léguer à leurs enfants et aux nôtres un héritage meilleur.
Notre devoir à nous, à la veille du nouveau millénaire, consiste à
continuer d’aller de l’avant ensemble et à répondre aux besoins et
aux préoccupations de demain en s’appuyant sur les solides
fondements qu’ils ont posés.
Les années de 1945 à 1949 ont été mémorables pour les citoyens de
Terre-Neuve et du Labrador. Ces années ont été marquées par des
changements d’une ampleur sans précédent. Les « premières » se sont
succédé pendant cette période. La Convention nationale elle-même
représentait une innovation historique. Elle fut la première entité
du genre à être constituée dans toute l’étendue des terres et
territoires ayant prêté allégeance à la Couronne britannique.
Au cours de l’été de 1948, pour la première fois dans l’histoire du
régime démocratique de tradition britannique, les citoyens ont reçu
le pouvoir de déterminer leur avenir au scrutin secret lors des deux
référendums qui ont suivi la Convention. En plus, l’élection de la
délégation à la Convention nationale de 1946 fut la première
occasion donnée aux résidents du Labrador – autant les Autochtones
que les colons – d’élire des représentants à leur parlement
national.
L’union fut l’oeuvre de nombreuses personnes – de dirigeants
remarquables. Et le résultat fut à la mesure de leurs efforts.
Trois premiers ministres du Canada se sont engagés à fond dans la
matérialisation du rêve d’union. William Lyon MacKenzie King a
accepté de négocier l’entrée de Terre-Neuve dans la Confédération.
Louis St-Laurent a aidé à négocier les Conditions de l’union et a
persuadé le Parlement de les approuver. De plus, le hasard a voulu
qu’il soit premier ministre à cette date il y a cinquante ans.
Lester Pearson, qui allait me confier ma première charge de
ministre, a joué un rôle clé au sein de la solide équipe de
fonctionnaires canadiens qui ont secondé les ministres.
Mitchell Sharp, mon cher ami et guide, a travaillé de près avec M.
Pearson. Il y avait aussi Jack Pickersgill, le seul et unique. Où
que Jack soit aujourd’hui, je sais qu’il sourit et qu’il agite
l’unifolié de toutes ses forces.
Les porte-parole de Terre-Neuve et du Labrador à cette époque
étaient tout aussi remarquables et dignes d’être honorés.
Quarante-cinq personnes ont été élues membres de la délégation à la
Convention. Deux d’entre elles, Alfred Watton et William Banfield,
sont toujours vivantes. Une troisième, Michael Harrington, est
décédé il y a seulement quelques jours. Bon nombre des membres de la
Convention ont joué par la suite un rôle de premier plan dans la vie
publique à Terre-Neuve et au Canada. Trois d’entre eux ont été élus
à la Chambre des communes en 1949. Sept ont été élus à la Chambre
d’assemblée.
L’un d’entre eux n’était autre que l’incomparable Joey Smallwood,
qui allait être une figure centrale de la politique à Terre-Neuve
pendant ses 25 premières années au sein de la Confédération.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner aussi la contribution de
Gordon Winter. Son travail comme membre de la délégation de
Terre-Neuve a marqué le début d’une carrière distinguée au service
de ses concitoyens, dont le point culminant fut son mandat à titre
de Lieutenant-Gouverneur. Je vous invite à saluer sa présence parmi
nous aujourd’hui.
Mesdames et messieurs, bâtir un pays, c’est un travail colossal. Il
faut du courage, de la vision et de la persévérance. Les bâtisseurs
doivent avoir une vision de l’avenir et l’éloquence nécessaire pour
la traduire en mots. Il faut avoir le courage de tenir tête à ceux
qui s’opposent au changement – certains parce qu’ils sont
profondément et sincèrement attachés au passé; d’autres parce qu’ils
craignent l’inconnu.
Surtout, il faut avoir la force et la persévérance de faire avancer
sa cause. Joey Smallwood et Gordon Bradley et les milliers d’hommes
et de femmes qui ont travaillé avec eux à édifier un nouveau Canada
englobant Terre-Neuve et le Labrador possédaient ces qualités en
abondance. Leur oeuvre a résisté au temps, tout comme le Canada
lui-même.
Je ne contredirai pas ceux qui affirment que la Confédération n’a
pas apporté un bonheur sans bornes à Terre-Neuve ni au Canada. Et je
sais bien que certains, bénéficiant du recul de l’histoire, veulent
se servir de la vue d’ensemble que nous avons en 1999 pour tenter de
démolir les réalisations de 1949.
Mais je suis persuadé que la population de Terre-Neuve et du
Labrador voterait quasi unanimement pour le Canada si un autre
référendum avait lieu aujourd’hui. Et je suis tout aussi persuadé
que la population du Canada accueillerait encore plus
chaleureusement Terre-Neuve et le Labrador aujourd’hui qu’elle ne
l’a fait il y a 50 ans.
La vision d’une union entre Terre-Neuve et le Canada est née en même
temps que celle de la Confédération. Deux Terre-Neuviens – sir
Frederick Carter et sir Ambrose Shea – ont représenté leur pays à la
Conférence de Québec en 1864. Les résolutions adoptées à cette
conférence et à celle de Westminster deux ans plus tard sont le
fondement de notre constitution.
En effet, même s’il s’agissait d’une loi impériale, adoptée par le
parlement britannique, nous ne devons jamais oublier que les
principes essentiels de la Constitution du Canada ont été définis
par les Canadiens eux-mêmes il y a plus de 130 ans.
Le Canada que George Brown, Georges Étienne Cartier et John A.
Macdonald ont voulu créer comprenait Terre-Neuve. Le parlement
britannique a consacré cette vision dans l’Acte de l’Amérique du
Nord britannique de 1867. Même si Terre-Neuve allait décider de ne
pas se joindre aux quatre provinces fondatrices, les pères de la
Confédération lui ont quand même fait une place.
Leur vision était claire. Cependant, il a fallu beaucoup de temps
avant que la population de Terre- Neuve n’acquière la conviction que
son destin était lié à celui du Canada. La durée normale d’une vie
humaine, selon la Bible, est de soixante-dix ans. Était-ce une
coïncidence si c’est le délai qui s’est écoulé avant que le Canada
ne devienne le pays rêvé par ses fondateurs?
Les Terre-Neuviens tiraient et continuent de tirer une légitime
fierté de leur patrimoine en tant que peuple indépendant de la plus
ancienne colonie britannique, ainsi qu’ils le proclamaient
fièrement. Ils chérissaient leur indépendance, car elle symbolisait
pour eux le rude combat mené pour se bâtir un foyer décent dans
cette île farouche et sur les côtes tout aussi farouches du
Labrador. Quiconque a lu l’histoire de Terre-Neuve et du Labrador ne
peut qu’admirer leur courage et leur ténacité et rendre hommage à ce
qu’ils ont accompli.
La décision de s’unir au Canada a été âprement disputée parce que
Terre-Neuve allait se fondre dans un pays plus grand. Beaucoup de
Terre-Neuviens étaient sincèrement convaincus qu’ils y
sacrifieraient leur indépendance et leur patrimoine.
Cinquante années d’union ont dissipé ces craintes. Les citoyens de
Terre-Neuve et du Labrador sont tout aussi indépendants, tout aussi
fiers et tout aussi fidèles à leur patrimoine que leurs ancêtres
avant eux.
Je suis fier d’être Canadien. Les raisons de cette fierté sont
innombrables. Tout d’abord, je suis convaincu – en fait, j’ai la
certitude – qu’il est possible d’être à la fois un fier Canadien et
un fier citoyen de Terre-Neuve et du Labrador, du Québec ou de la
Colombie-Britannique. Cette double appartenance ne nous affaiblit
pas. Elle fait notre force. C’est là tout le génie du Canada.
Mesdames et messieurs, voilà justement la mesure du succès de
l’union entre Terre-Neuve et le Canada que nous célébrons avec tant
de joie aujourd’hui. La culture unique par laquelle les citoyens de
Terre-Neuve et du Labrador expriment leur identité, leurs espoirs et
leurs réalisations est aujourd’hui encore plus rayonnante que celle
de leurs parents et grands-parents, il y a un demi-siècle et plus.
Leur identité canadienne n’a diminué en rien leur identité
distincte. Au contraire, elle a rehaussé leur fierté débordante
d’appartenir à Terre-Neuve et au Labrador.
Ils entonnent l’Ô Canada avec autant de ferveur que leur propre Ode
to Newfoundland. La fière promesse exprimée dans la version anglaise
de l’Ô Canada de se tenir prêts à défendre la force et la liberté du
Nord trouve un écho dans l’Ode, qui claironne la fidélité aux
traditions des aïeux et la promesse de se tenir là où eux se sont
tenus.
Proclamons donc ensemble le bonheur que nous apporte l’union, le
bonheur d’être à la fois du Canada et de Terre-Neuve et du Labrador.

Le travail des architectes de la Confédération a donné de meilleurs
résultats qu’ils ne le pensaient eux-mêmes. Le Canada est un
meilleur pays grâce à l’adhésion de Terre-Neuve, et les Canadiens
sont meilleurs parce que les Terre-Neuviens sont des nôtres.
Terre-Neuve est encore meilleure depuis qu’elle fait partie du
Canada, et les Terre-Neuviens sont encore meilleurs depuis qu’ils
sont Canadiens.
Il est vrai que le Canada, par l’entremise du gouvernement du Canada
et avec l’appui de toutes les autres provinces, a tendu une main
secourable à Terre-Neuve de temps à autre au fil des ans. Il est
également vrai que le gouvernement du Canada, encore une fois avec
l’appui de toutes les provinces y compris Terre-Neuve, a fait de
même à l’égard des autres Canadiens.
C’est ce qui fait la force de notre pays. Des liens d’affection et
de respect à toute épreuve se sont tissés entre nous. Ils sont
enracinés dans nos valeurs communes et dans notre volonté partagée
de bâtir un pays où nous et nos enfants et petits-enfants pourront
s’épanouir pleinement.
Mesdames et messieurs, Terre-Neuve et le Canada se sont apportés les
moyens de réaliser leurs rêves.
C’est en bâtisseur de la nation que Louis St-Laurent s’est adressé
avec beaucoup d’éloquence au Parlement du Canada lorsqu’il a
présenté la loi donnant effet aux Conditions de l’union en février
1949. En des termes qu’approuveraient tous les Canadiens, et qu’en
fait les députés de tous les partis ont approuvés, il a présenté
cette mesure en disant qu’elle faisait époque dans notre histoire.
Il a invité le Parlement à accomplir « la tâche historique d’étudier
l’adjonction au Canada de la dernière région que comportait le plan
primitif des pères de la Confédération ».
Il a terminé son discours par ces mots bien sentis :
« [Les peuples de Terre-Neuve et du Canada] ne sont pas étrangers
l’un à l’autre; ils remontent aux mêmes souches. Ils ont évolué sous
le même régime de gouvernement responsable, d’amour de la liberté
individuelle, de respect de l’être humain à qui ils reconnaissent
plus d’importance qu’à l’État. Ils ont assimilé l’idée que l’État
existe pour l’individu et non l’individu pour l’État. […] en vue
de favoriser les intérêts de nos deux peuples et de démontrer à
l’univers ce que peuvent accomplir des hommes de bonne volonté, il
convient de conclure l’union du Canada et de Terre-Neuve. »
De même que c’est la bonne volonté qui nous a unis, de même c’est la
bonne volonté qui a préservé notre union à travers les épreuves. Et
ce sont des hommes et des femmes de bonne volonté, parmi les
personnes présentes aujourd’hui et dans toutes les régions de ce
grand pays, qui travaillent aujourd’hui à bâtir un avenir encore
meilleur.
La devise du Canada est l’expression biblique « d’un océan à l’autre ». C’était la vision qui animait John A.
Macdonald et les pères de la Confédération en 1867. L’entrée de
Terre-Neuve dans la Confédération a concrétisé cette ambitieuse
vision.
Rendons hommage, si vous le voulez bien, à ceux qui ont rendu cette
grande aventure possible. Ceux qui ont osé rêver de tout ce que nous
pourrions accomplir une fois unis. Ceux qui ont su inspirer nos
peuples à partager ce rêve.
Ceux qui ont réalisé l’union de Terre-Neuve et du Canada, sur le
coup de minuit, il y a 50 ans jour pour jour.

[CChrétien=20000701]
[lieu=ottawa]
Bienvenue à la première Fête du Canada du XXIe siècle!
Bienvenue à la plus grande fête de toutes! Il y aura de la musique
pour tous les goûts, de la danse, des rires et du plaisir. De Signal
Hill à la baie Clayoquot. De Trois-Rivières à Medicine Hat. De
pointe Pelée à Iqaluit. Nous célébrons aujourd’hui le début d’une
ère nouvelle. Tous ensemble, nous exprimons notre profonde fierté et
notre optimisme à l’aube d’un nouveau siècle riche en possibilités.
Nous avons la chance de vivre une période de grande prospérité.
Notre économie n’a pas été aussi dynamique depuis des décennies. Et
pour la septième année de suite, les Nations Unies considèrent que
le Canada offre la meilleure qualité de vie au monde.
La fête de notre pays est une occasion pour nous rassembler, d’un
océan à l’autre, et pour célébrer fièrement tout ce que nous avons
en commun. C’est l’occasion de souligner notre réussite – une
réussite née de la vision audacieuse et des valeurs partagées de nos
ancêtres, et qui s’exprime dans presque toutes les langues du monde
grâce à la contribution des nouveaux Canadiens. C’est le moment d’
évoquer le patrimoine qui nous a été transmis par les oeuvres de nos
auteurs, de nos poètes, de nos artistes et de nos interprètes. C’est
aussi le temps de se réjouir des découvertes de nos chercheurs
scientifiques et du succès de nos entrepreneurs. Et de commémorer
notre histoire – une histoire dont chaque nouveau chapitre est plus
touchant, plus fascinant que celui d’avant.
Aujourd’hui, nous célébrons la voie canadienne. Notre engagement
profond envers le partage de la prospérité et l’égalité des chances;
la valorisation de notre riche diversité; et la volonté de
progresser tous ensemble.
Nous célébrons aussi les expériences communes qui cristallisent en
un instant tous les bienfaits dont nous sommes comblés.
Comme vous, j’ai eu la chance de vivre un grand nombre de ces
moments dans ma vie. Tous ces moments sont gravés à jamais dans ma
mémoire. Mais le rapatriement de notre Soldat inconnu aura toujours
une signification unique pour moi. Je n’oublierai jamais ces longues
files de Canadiens ici, sur cette colline. Parmi eux, il y avait des
jeunes et des moins jeunes. Des gens de toutes conditions. Des gens
nés au Canada, et d’autres pour qui notre pays est une terre
d’accueil. Tous ces Canadiens – certains en larmes – étaient venus
rendre hommage à un soldat qu’ils n’ont jamais connu. À un soldat
mort loin d’ici, longtemps avant que la plupart d’entre nous soient
nés. Mais dont le sacrifice symbolise notre attachement à la
démocratie, la paix et la liberté. Et qui incarne l’idéal canadien.
C’était l’un de ces instants rares et précieux où l’histoire
racontée dans les manuels ou par nos aînés prend vie. Pendant un
court instant, nous avons senti intensément la présence de ceux qui
ont tout donné pour que nous puissions célébrer aujourd’hui la
chance que nous avons d’appartenir au Canada.
Je n’oublierai jamais cet instant. Et nous ne devons jamais oublier
leur sacrifice.
En hommage à leur mémoire, je vous invite tous, ici et à travers le
Canada, à manifester votre joie. Embrassez votre famille et vos
amis. Parlez à vos enfants des merveilles de ce beau pays. Tendez la
main aux pauvres et aux vulnérables. Prenez la résolution de rendre
service à votre communauté. Chantez l’« Ô Canada » comme jamais vous
ne l’avez chanté!
Parce que mes amis, nous vivons au Canada! Le meilleur pays au
monde. Le pays où tous les espoirs sont permis. Et le meilleur reste
à venir!
Vive le Canada!

[CChrétien=20001203]
[lieu=usa]
Je me sens très honoré par votre accueil chaleureux. Je suis aussi
très heureux de rendre la politesse au gouverneur Hunt et au
professeur Keohane et de revoir un très grand ami du Canada,
l’ambassadeur Giffin.
Je suis particulièrement heureux d’être en visite dans cette
université, où l’intérêt pour l’étude du Canada est particulièrement
élevé. Je sais que votre programme d’études canadiennes compte parmi
les plus importants et les plus dynamiques au pays. Et on me dit que
l’Université Duke a décerné plus de doctorats en études canadiennes
que toutes les autres universités américaines réunies.
Le Canada et les États-Unis sont des membres très proches de ce que
j’aime appeler la gran familia des Amériques. En même temps, le
Canada et les États du Sud sont en quelque sorte comme des cousins
qui se seraient perdus de vue. Des cousins que séparent non
seulement la distance mais aussi le manque de connaissance
réciproque.
L’Université Duke et la Caroline du Nord incarnent très bien
l’immense vitalité, le dynamisme et la complexité du Sud moderne.
Une région imprégnée d’une fière conscience de l’histoire et de la
tradition. Une région qui a puisé force et prospérité dans
l’adoption enthousiaste d’idées nouvelles et de la nouvelle
économie. Je compte bien profiter de mon séjour ici pour apprendre à
mieux vous connaître.
Pour ma part, j’aimerais consacrer ces quelques instants à vous
donner un avant-goût du Canada. Un pays qui savoure la deuxième
économie miracle d’Amérique du Nord, selon l’expression employée par
le Financial Times of London. Un pays qui a mis le cap sur la
nouvelle économie.
La société canadienne est fondée sur bon nombre des mêmes valeurs
fondamentales qui ont fait de nos deux pays de si bons amis et de si
bons partenaires dans le monde. Elle est aussi fondée sur des
valeurs et des façons de gouverner particulières qui définissent
notre identité unique en Amérique du Nord et dans le monde.
La démocratie et la liberté sont notre cause commune.
Au cours des derniers mois, tous les pays d’Amérique du Nord ont
accompli le geste civique qui est à la base même de la démocratie :
la tenue d’élections. Le Président Fox du Mexique est entré en
fonction vendredi. Il y a quelques jours, les Canadiens m’ont fait
l’honneur de me confier un troisième mandat à titre de premier
ministre. C’est donc dire que je suis non seulement heureux, mais
aussi très chanceux, d’être ici. Le Président Clinton m’a
chaleureusement félicité pour ma victoire tout en exprimant un peu
d’envie devant le fait que notre système me permet de solliciter un
troisième mandat.
Par ailleurs, au nom du peuple du Canada, je tiens à exprimer notre
très profonde reconnaissance pour l’amitié que le Président Clinton
a témoignée au Canada au cours des huit dernières années de même que
pour le leadership dont il a fait preuve sur la scène mondiale. À
diverses reprises – que ce soit au Moyen-Orient, en Haïti ou en
Irlande – il a travaillé à instaurer l’harmonie et la confiance dans
des régions qui n’ont connu que la division et la méfiance.
Ce soir, j’aimerais saluer en lui l’ami et l’homme d’État de premier
ordre.
Mesdames et Messieurs, l’amitié entre le Canada et les États-Unis
est aussi un partenariat – pas seulement pour la liberté, mais aussi
pour la paix et la prospérité. Un partenariat qui s’exprime de mille
façons.
Par la manière dont nous nous aidons à traverser les épreuves. Par
les plus de 200000000 de fois que nous franchissons le 49e
parallèle chaque année. Par notre défense de l’ouverture des marchés
du monde entier au commerce et à l’investissement. Et par les
affaires de plus de 1000000000 $ que nous transigeons entre
nous chaque jour.
Le Canada est le meilleur client de 38 États, dont la Caroline du
Nord. En fait, le Canada est le plus grand marché pour les
exportations de la Caroline du Nord : notre pays compte pour 25 % de
vos exportations, soit davantage que vos trois autres plus
importants marchés réunis.
Et nous continuons d’établir des partenariats efficaces pour faire
face aux pressions que la mondialisation rapide exerce sur notre
relation.
La croissance de la circulation des biens, des personnes, des
capitaux et de la technologie entre nous a dépassé toutes les
attentes depuis l’ALENA. Il en résulte d’énormes pressions sur
l’infrastructure frontalière, sur les règlements et sur nos façons
de conduire les affaires. C’est la raison pour laquelle le Président
Clinton et moi avons créé le Partenariat Canada–États-Unis (PCEU)
pour étudier la question de la frontière.
L’accessibilité et l’efficacité des postes frontaliers est
d’importance critique pour la Caroline du Nord, car une grande
partie de vos exportations sont transportées par voie de terre.
L’efficience est un élément clé de la productivité. En l’absence
d’infrastructures adéquates, de procédures d’autorisation modernes
et de réseaux de transport rapides, ces produits deviennent moins
concurrentiels. Le PCEU nous soumettra son premier rapport, au
Président et à moi-même, d’ici la fin de l’année. Je ferai de ce
rapport une priorité de notre gouvernement.
Nous devons également régler la question révoltante du trafic
d’êtres humains et nous pencher sur les problèmes des stupéfiants,
du terrorisme international et des produits nuisibles pour
l’environnement que nous partageons.
D’autre part, nous devons envisager de plus en plus des partenariats
d’envergure continentale, qui s’inspirent des idées et de la force
croissante du Mexique, afin de relever des défis communs. L’élection
du Président Fox illustre de manière spectaculaire la transformation
politique, économique et sociale en cours au Mexique. Il ne fait
aucun doute, selon moi, qu’il sera une force puissante au service de
la démocratie, des droits de la personne et du développement durable
dans l’hémisphère et dans le monde entier.
C’est dans cet esprit que nous devons étudier comment nos trois pays
pourraient encourager le développement de voies de transport «
vertes » sur le continent. L’économie nord-américaine, qui est en
pleine expansion, aura besoin de nouvelles voies pour le transport
d’un volume grandissant de biens et services. Mais en même temps,
nous devons faire en sorte que ces voies de transport soient «
vertes ». Elles devraient constituer des exemples de bonnes
pratiques environnementales. Et encourager la mise au point de
pratiques, de combustibles et de technologies sans danger pour notre
environnement.
Mesdames et Messieurs, le 49e parallèle est beaucoup plus que la
frontière la plus ouverte au monde. Il s’agit d’une ligne de partage
continentale. Entre des entités amies, sans doute, mais aussi entre
des sociétés très différentes. Des sociétés dont les différences
n’ont pas été atténuées ou diluées par notre proximité ni par
l’intensité de nos relations.
Et cette situation n’est pas près de changer.
Nous avons en commun des valeurs et des objectifs. Mais les moyens
que nous prenons pour les concrétiser sont différents. Comme aux
États-Unis, les droits individuels sont importants au Canada. Très
importants. Quand j’étais ministre de la Justice, j’ai aidé à
inscrire une Charte des droits et libertés dans la Constitution du
Canada. C’est une des grandes fiertés de ma carrière publique. Mais
nous avons également cherché à réaliser l’équilibre entre ces droits
et les devoirs du citoyen. Des devoirs aussi bien réciproques
qu’envers la collectivité en général.
Cette approche empreinte d’équilibre est celle que l’on appelle
souvent la Troisième voie. Mais au risque d’avoir l’air de me
vanter, je l’appelle plutôt la « Voie canadienne ».
Car elle correspond à un modèle propre au Canada : un accueil à
toutes les cultures. La valorisation de la diversité. Un partenariat
entre les citoyens et l’État. Un équilibre entre libertés
individuelles et prospérité économique fondé sur le partage des
risques et des bénéfices. La reconnaissance qu’il ne suffit pas de
stimuler l’économie et de créer de la prospérité. Il faut en
partager les retombées.
Ce modèle est fondé sur la conviction commune que le gouvernement
peut servir l’intérêt général. Qu’il est une force au service du
mieux-être de la société.
Notre succès comme pays résulte non seulement d’une forte
croissance, mais aussi d’un engagement immuable envers des valeurs
solides. La générosité et la compassion. La volonté de partager
équitablement les fruits de la croissance économique.
Nos récentes élections ont confirmé l’appui solide des Canadiens à
un gouvernement actif qui cherche, d’une manière équilibrée, à
favoriser la croissance économique, à instaurer la justice sociale
et à assurer l’égalité des chances sur le plan économique.
Par exemple, notre gouvernement a équilibré le budget et accordé la
plus importante réduction d’impôt dans toute l’histoire du Canada.
Mais en même temps, nous avons effectué des investissements
stratégiques pour poser les assises de la nouvelle économie du 21e
siècle. Des investissements en santé, en éducation, en innovation.
Grâce à nos investissements, nos citoyens auront notamment accès à
une voie rapide sur l’autoroute de l’information. De tels
investissements en innovation, en science, en recherche et
développement resteront – dans la mesure de nos moyens – la plus
grande priorité de notre nouveau mandat.
En plus le Canada fait activement la promotion de la diversité
culturelle. Nous connaissons l’expérience américaine du creuset et
nous la respectons. Mais notre fédération et notre pays sont nés du
partenariat entre les cultures fondatrices française et anglaise. Et
nous avons mis en place des instruments et des programmes en faveur
des nombreuses autres cultures qui sont venues enrichir notre vie
nationale.
Mesdames et Messieurs, nos pays se sont façonnés chacun à leur
manière. Je vois dans le respect mutuel que le Canada et les
États-Unis s’accordent à cet égard un témoignage de la maturité de
notre amitié. Étant donné toute l’inquiétude que bien des gens
expriment au sujet de la mondialisation et de ses effets sur la
culture, l’expérience du Canada et des États-Unis devrait constituer
une source de réconfort.
Je vous ai dit tout à l’heure qu’à mes yeux, la relation entre nos
pays ne se limite pas au bon voisinage et à l’amitié. Nous sommes
membres de la gran familia des Amériques. Et la consolidation de cet
esprit de famille sera un objectif primordial du Canada lors du
premier Sommet des Amériques du nouveau millénaire, que notre pays
accueillera à Québec en avril 2001.
Notre plan d’action pour l’hémisphère est ambitieux et comprend
l’établissement d’une Zone de libre-échange des Amériques d’ici
2005; un meilleur en la démocratie et l’État de droit; et veiller à
ce que toutes nos populations aient accès à l’univers de
possibilités nouvelles qu’offre l’Internet.
Ensemble et chacun de son côté, nos deux pays ont un rôle essentiel
à jouer pour ce qui est de définir la voie du progrès pour les
Amériques.
Les valeurs et les forces que nous partageons, de même que le
respect que nous portons à nos différences, font de nous des
partenaires idéaux pour travailler au développement de l’hémisphère.
Ensemble, nous pouvons entrer de plain-pied dans le nouveau siècle
en étant sûrs de nos moyens, de nos principes et de notre amitié.]

[CChrétien=20000604]
[lieu=ont]
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de souhaiter la bienvenue aux membres de la gran
familia des Amériques à Windsor – et au Canada – à l’occasion de
cette XXXe Assemblée générale de l’Organisation des États
américains.
C’est avec beaucoup de joie et de fierté que les citoyens de Windsor
vous accueillent. Ils espèrent avoir l’occasion de vous faire
découvrir les beautés de leur ville. Et ils n’ont ménagé aucun
effort pour vous préparer un séjour agréable. Au nom de tous les
Canadiens et Canadiennes, je les remercie d’être de si bons
ambassadeurs pour notre pays.
J’aimerais également rendre hommage à deux des plus illustres
serviteurs du Canada. Notre vice-premier ministre, l’honorable Herb
Gray. L’affection qu’il porte à cette ville et son engagement envers
ses citoyens sont inébranlables. Et le président de votre assemblée,
l’honorable Lloyd Axworthy, qui sert dignement son pays lui aussi
depuis de nombreuses années.
Nous voici donc réunis pour la première Assemblée générale du XXIe
siècle. Nous sommes à un carrefour historique. À l’orée d’une
période qui annonce des changements et des possibilités
extraordinaires.
Ces dernières années, nous avons assisté à une véritable explosion
technologique qui a aboli les contraintes de temps et d’espace.
Balayant du même coup les structures économiques et les idées reçues
et donnant naissance à une nouvelle économie. Une économie où le
savoir, l’innovation et la créativité sont les meilleurs gages de
prospérité. Pendant que s’effondraient les idéologies dépassées
surgissait une économie véritablement mondiale dans un village
planétaire.
Le défi qui se pose aux pays des Amériques et d’ailleurs est de
saisir les occasions que suscitent ces transformations et de leur
donner un visage humain. De mettre en commun nos expériences afin
que cette explosion de la quantité des outils technologiques et de
l’information serve avant tout à améliorer la qualité de vie des
gens.
C’est un défi de taille. Pour le relever avec succès, il nous faudra
nous mobiliser autour d’un objectif commun. Nous appuyer sur un
ensemble de valeurs partagées. Avec la conviction que chacun de nos
pays y gagne quand les autres réussissent et prospèrent. C’est ce
que je veux dire quand je parle d’une gran familia pour décrire la
façon dont je vois les Amériques.
Quand je réfléchis aux 10 années depuis que le Canada a adhéré à
l’Organisation des États américains, j’ai confiance que les voisins
d’hémisphère que nous sommes sont en train de former une seule
grande famille.
Au cours des dix dernières années, nous avons été témoins d’une
consolidation de la démocratie et de l’évolution de l’économie de
marché. Ensemble, nous avons souscrit à des valeurs et à des
objectifs communs : le renforcement des institutions démocratiques,
la protection des droits de la personne, la sécurité humaine, et,
surtout, la distribution équitable des chances pour que nos
populations puissent réaliser leur plein potentiel.
L’OEA a grandement contribué à stimuler l’émergence de valeurs
communes à l’échelle des Amériques. Elle a joué un rôle important
dans la promotion des institutions démocratiques, des droits de la
personne et de la coopération technique. Elle a veillé en outre à ce
que l’ordre du jour de l’hémisphère reste centré sur les personnes.
Je sais que ce thème reviendra souvent dans vos discussions au cours
des deux prochains jours.
J’arrive d’une importante conférence à Berlin sur « Une gouvernance
de progrès pour le XXIe siècle ». Notre hémisphère y était bien
représenté – par les présidents Clinton, De la Rua, Lagos et Cardoso
en plus de moi-même, ce qui illustre la considération dont jouit la
gran familia dans le monde.
En tant qu’amis et partenaires, nous avons témoigné de notre volonté
commune de concentrer nos efforts sur la satisfaction des besoins de
nos populations. Le même engagement inébranlable sera au coeur de
nos délibérations le printemps prochain à Québec, quand je vous
accueillerai au premier Sommet des Amériques du nouveau siècle.
Les sommets précédents, à Miami et Santiago, ont établi des normes
élevées ainsi qu’un ordre du jour ambitieux. Nous avons beaucoup de
travail devant nous. Les discussions que tiendront ici nos ministres
des Affaires étrangères serviront à définir nos priorités d’action.
Grâce à votre engagement et à vos conseils, je sais que le Sommet
canadien posera un autre jalon historique de l’accroissement de la
liberté, de la sécurité et de la prospérité dans les Amériques.
Aux yeux du Canada, le partage de la prospérité et le mieux-être des
citoyens sont au coeur de l’idée d’une gran familia. La pauvreté a
toujours été un grand ennemi de la liberté. Les ventres affamés et
le désespoir sont un terrain fertile pour les forces réactionnaires.
La croissance économique, de bons emplois et la promesse de
nouvelles opportunités sont les piliers d’une société sûre. Et d’un
hémisphère sûr.
Voilà pourquoi Canada s’est fait le champion de la Zone de
libre-échange des Amériques. Collectivement, nous avons fait preuve
d’audace en engageant ces négociations à Santiago. Nous avons
manifesté ainsi notre foi dans le dynamisme, le talent et l’énergie
de nos peuples. Nous avons montré que nous avons confiance en nous.
Le flux des échanges commerciaux et des investissements est la
locomotive de la croissance économique et de la prospérité. Et le
Canada en est la preuve vivante. Nous avons toujours été une nation
commerçante. Notre développement a été rapide, car nous avons ouvert
nos frontières aux marchandises et aux investissements du monde
entier. Et nous avons atteint l’un des meilleurs niveaux de vie au
monde. Sur la base de cette prospérité, nous avons fait des
investissements sociaux judicieux qui ont favorisé l’égalité des
chances et amélioré la qualité de vie de nos citoyens. La
libéralisation du commerce nous a bien servis, et nous voulons que
tous puissent en profiter.
Comme Canadien, comme chef d’un pays dont plus de 40 % du
produit intérieur brut provient du commerce international, je sais à
quel point il est vital d’ouvrir les marchés. Et je sais fort bien
qu’il faut pour cela que les régimes commerciaux et les règles en
matière d’investissement soient justes et transparents.
C’est ce qui explique pourquoi l’ALENA ne vise pas seulement à
réduire les barrières tarifaires. Il prévoit aussi des mécanismes de
règlement des différends, l’octroi d’un traitement national, des
codes d’approvisionnement, la transparence et l’impartialité. Bref,
il encadre d’un ensemble de règles les activités des négociants et
des investisseurs. Afin que nous puissions stimuler la croissance,
créer de l’emploi et améliorer la qualité de vie de nos citoyens.
C’est aussi pour cette raison que nous avons conclu un accord de
libre-échange avec le Chili. Et c’est pourquoi nous sommes
convaincus de la nécessité d’établir une ZLEA dont les retombées
pourront profiter à tous les pays de l’hémisphère, du plus petit au
plus grand. J’espère bien que d’ici 2005, nous aurons une entente à
ce sujet.
Aux yeux du Canada, la notion d’une gran familia englobe beaucoup
plus que les échanges et le commerce. Il s’agit aussi d’encourager
la participation pleine et entière de tous nos citoyens et
citoyennes à la vie économique et politique de nos sociétés. Je ne
veux pas dire que seul l’idéalisme doit nous guider. Notre
motivation et nos objectifs doivent être pratiques. Ils doivent
avoir des retombées concrètes pour nos populations.
Mesdames et messieurs, l’Organisation des États américains sait
qu’elle doit s’ouvrir davantage. Elle sait qu’en fournissant un
forum pour les débats raisonnés, on favorise la compréhension, un
dialogue constructif et une meilleure collaboration avec la société
civile.
C’est pourquoi je suis heureux de voir qu’à cette assemblée
générale, les organisations de la société civile sont plus
nombreuses que jamais à pouvoir s’exprimer. Nous devrions nous
inspirer de cette façon de faire pour l’avenir.
Et nous devrions élargir ce dialogue au-delà du cadre
institutionnel. Parce que si nous voulons que la démocratie prenne
vraiment racine dans la société, il faut que tous les citoyens
puissent se faire entendre. Par nos actions, nous devons donner une
voix aux groupes qui, trop souvent, n’en ont pas.
C’est en faisant participer tous nos citoyens, et en veillant à ce
qu’ils puissent se faire entendre, que nous arriverons à développer
la confiance nécessaire pour atteindre nos objectifs. C’est en
tenant nos débats au grand jour que nous pourrons convaincre les
sceptiques et mobiliser nos pays dans notre marche vers le progrès.
Mesdames et messieurs, notre gran familia telle que la conçoit le
Canada doit aussi avoir pour objectif de connecter les gens entre
eux à travers l’univers numérique.
Parce que les bienfaits de la connectivité vont bien au-delà du
commerce électronique. Ils s’étendent à l’éducation, à la santé et,
en fait, à toutes les sphères de l’activité humaine. La connectivité
peut contribuer directement au mieux-être de nos citoyens. Et nous
devons donc orienter nos politiques en ce sens.
Les gouvernements ont un rôle de premier plan à jouer dans le
développement et l’échange des nouvelles technologies. Et pour faire
en sorte que tous les citoyens puissent profiter des avantages
qu’elles procurent, c’est-à-dire leur capacité d’éliminer
les distances, de placer l’ensemble des connaissances à portée de la
main, et d’accroître la productivité économique.
Je pense que les gouvernements des Amériques doivent travailler avec
le secteur privé, la société civile, les institutions financières
internationales et les organisations régionales et internationales
dans ce domaine.
Et en tant que dirigeants, nous avons une responsabilité
particulière : celle d’éviter que des populations entières soient
laissées derrière par la révolution technologique. Nous devons faire
en sorte que les nouvelles technologies servent à tisser de nouveaux
liens plutôt qu’à creuser les écarts existants.
Et j’ai confiance qu’en travaillant ensemble, avec patience et
persévérance, nous pourrons mieux connecter nos pays et nos citoyens
entre eux.
Voilà, en fin de compte, notre objectif commun. Inspirer chez nos
citoyens, dans le respect de nos différences, un véritable sentiment
d’appartenance à une gran familia qui s’étend de la terre de Baffin
à la Terre de feu. Et créer une communauté des Amériques formée de
gens capables d’exprimer leur identité tout en se parlant bien
simplement, comme voisins, comme amis, et comme membres d’une même
famille.
Voilà un défi qui sera certainement au centre de nos discussions en
avril prochain.
Hasta pronto en Québec.
[CChrétien=2000060]
[lieu=ont]
Je suis toujours heureux de rencontrer les dirigeants municipaux du
Canada.
À titre d’élus, nous avons en commun trois caractéristiques
cruciales. Premièrement, nous travaillons pour les mêmes gens. Vos
électeurs sont aussi les miens. Deuxièmement, notre tâche la plus
fondamentale consiste à améliorer la qualité de vie des citoyens que
nous avons le privilège de servir. Troisièmement, nous comprenons
qu’aucun gouvernement ne possède toute la sagesse, la créativité ou
les ressources nécessaires pour agir seul. Nous devons travailler
ensemble, comme partenaires.
C’est dans nos quartiers que la notion abstraite de « qualité de vie
» prend tout son sens. C’est vous qui veillez à la bonne marche de
nos réseaux de transport et d’information. Qui veillez aussi à la
sécurité de nos foyers et à ce que nos bibliothèques soient bien
garnies. Vous travaillez aux côtés de vos électeurs à rendre vos
collectivités plus prospères et plus sûres, et à créer un milieu de
vie plus agréable pour les travailleurs et les familles.
Bien que vos responsabilités soient de nature locale, nous oeuvrons
pour la même cause nationale : bâtir un Canada dynamique et
prospère. Un pays, le Canada, qui offre le milieu le plus propice à
la réussite au XXIe siècle.
Vous jouez un rôle de premier plan dans ces efforts. En exploitant
les possibilités des nouvelles technologies telles les réseaux à
fibres optiques, les satellites et la communication sans fil pour
connecter vos citoyens entre eux et avec le monde. Pour connecter
les écoles, les bibliothèques et les musées. Et en consolidant les
assises de la prospérité canadienne et de notre qualité de vie à
tous. L’infrastructure essentielle de centres communautaires,
d’installations de traitement des eaux, de routes et de ponts
qu’utilisent tous les Canadiens, d’un océan à l’autre.
Notre gouvernement et la FCM ont toujours bien collaboré dans la
poursuite de notre objectif commun.
Travaux d’infrastructure Canada a permis d’investir 8300000000000 $
à l’échelle du pays, créant des dizaines de milliers
d’emplois dans des centaines de communautés.
Dans le cadre du programme Un Canada branché, nous avons travaillé
avec vous à faire du Canada le pays le plus branché au monde. En
travaillant ensemble à la mise en oeuvre de Rescol et du Programme
d’accès communautaire, nous avons mis l’accès public à l’Internet à
la portée de tous les Canadiens.
Cette fin de semaine à Berlin, j’ai été étonné de voir combien les
pays du monde entier s’intéressent au « modèle canadien ». Combien
ils s’en inspirent pour tenter d’offrir à leurs enfants et à leurs
citoyens l’accès aux technologies et aux compétences dont ils ont
besoin dans une économie mondiale. Nous avons quelque chose à offrir
à un monde qui s’inquiète de plus en plus des écarts que pourrait
créer cette nouvelle ère de l’information.
Nous avons fait des pas de géant, mes amis. Mais aujourd’hui, je
suis venu vous parler de l’avenir. Des prochaines mesures
audacieuses que nous allons prendre ensemble dans la foulée de nos
réalisations communes.
En bons partenaires, nous nous parlons souvent. Et notre
gouvernement vous écoute. Nous avons entendu votre message au sujet
du besoin de nouveaux investissements dans l’infrastructure
environnementale, informationnelle et sociale pour offrir une
meilleure qualité de vie aux Canadiens. Et nous y avons donné suite.
En février, nous avons affecté la somme de 125000000 $ à
la création, par l’entremise de la FCM, du Fonds d’investissement et
du Fonds d’habilitation municipal vert afin de vous aider à
améliorer la qualité de l’air, de l’eau et du sol. Le but de ces
efforts, comme l’a résumé votre président Sam Synard, est de : «
pouvoir affirmer que, oui, nous avons réduit les émissions de gaz à
effet de serre, oui, nous avons une eau potable plus pure et de
meilleurs services d’épuration des eaux usées, et, oui, les
Canadiens ont un meilleur niveau de vie ».
Comme Claudette Bradshaw l’a annoncé vendredi, nous travaillons avec
vous en vue de venir en aide aux sans-abri. Nous avons investi
753000000 $ dans une stratégie nationale à cette fin. Cette
stratégie tient compte du fait que tous les gouvernements ont un
rôle à jouer si nous voulons améliorer le sort des membres les plus
vulnérables de notre société.
Notre programme des « Collectivités ingénieuses » comprend des
projets novateurs qui utilisent la puissance de l’Internet pour
rapprocher les services gouvernementaux et communautaires des
Canadiens.
L’automne dernier, dans le discours du Trône, nous avons annoncé
notre intention de donner suite au projet accès.ca. L’idée derrière
ce projet est d’aider les Canadiens et Canadiennes à obtenir ce
qu’ils désirent de l’Internet tout en faisant en sorte que les
retombées économiques profitent au Canada. Entre autres, accès.ca
offrira aux Canadiens un moyen simple et pratique de trouver des
renseignements et des services gouvernementaux sur l’Internet. En
plus, il facilitera la communication entre les citoyens et les
communautés au niveau local.
Mais accès.ca c’est aussi beaucoup plus que cela. Il sera bientôt à
l’essai à titre de projet-pilote dans les « collectivités
ingénieuses ». Je vous encourage à visiter le kiosque d’Industrie
Canada ici pour voir une démonstration impressionnante des
possibilités qu’il offre.
Mesdames et Messieurs, chaque année, les Nations Unies nous disent
que le Canada est le pays qui offre à ses citoyens le meilleur
milieu de vie au monde. De nombreux facteurs contribuent à cette
qualité de vie incomparable. Mais l’un des plus importants, c’est
que nous y avons accordé la priorité.
Vous nous avez dit qu’un programme d’infrastructures moderne devait
couvrir autre chose que des ponts et des égouts. Que pour maintenir
et améliorer notre qualité de vie, et pour attirer les entreprises
qui créeront la croissance et la prospérité, il vous fallait de
nouveaux outils. Des outils pour répondre aux besoins économiques,
sociaux et environnementaux de nos communautés.
Là encore, nous étions à l’écoute.
Et le nouveau programme d’infrastructures est un élément clé de
notre réponse. Au cours des six prochaines années, le gouvernement
du Canada va y consacrer 2650000000 $. Dont un
investissement dans les autoroutes qui pourra atteindre 600000000 $.
Et en réponse à vos suggestions, la grande priorité du nouveau
programme sera les infrastructures municipales écologiques. Parce
qu’il nous faut préserver et protéger la qualité de l’air et de
l’eau. Rien n’est plus fondamental.
Le programme vise également l’infrastructure de base. Il pourra
aussi englober d’autres projets dont vous avez souligné l’importance
pour la qualité de vie dans vos communautés. Comme la culture. Le
tourisme. Le logement abordable. Les télécommunications en milieu
rural et éloigné. Et le transport en commun.
Nous continuerons de miser sur la vision claire et sur le
partenariat solide qui ont fait du programme Travaux
d’infrastructure Canada un grand succès. Et nous allons appuyer
notre action sur ses points forts.
Quand est venu le temps d’élaborer le nouveau programme, nous avons
mené des consultations et nous avons écouté nos partenaires. Nous
nous sommes assis avec vous, avec toutes les provinces et
territoires, et nous avons discuté. Nous avons obtenu l’appui de
bien des intervenants, comme l’Assemblée des Premières Nations, le
Conseil canadien des sociétés publiques-privées et l’Association
canadienne de la construction.
Vous nous avez demandé de bouger rapidement. Et c’est ce que nous
faisons. Nous voulons signer des ententes et lancer les projets le
plus vite possible. Vous avez exprimé votre préférence pour un
programme qui pourrait s’adapter aux priorités de chacun. Et c’est
comme ça qu’il fonctionnera. Il sera assez souple pour répondre aux
différents besoins des communautés de toutes les régions du pays.
Vous avez exprimé le souhait d’être au coeur du processus. Et vous
allez l’être. Des projets seront financés dans des centaines de
communautés. La plupart de ces projets seront proposés par vous, ce
qui vous permettra de voir à ce qu’ils répondent aux besoins locaux
les plus pressants.
Nous devons aussi répondre aux besoins des régions rurales. C’est
pourquoi nous chercherons à obtenir, dans nos ententes avec les
provinces et les territoires, l’engagement d’assurer un juste
équilibre entre les investissements dans les municipalités rurales
et urbaines.
En moyenne, le gouvernement du Canada contribuera à hauteur du tiers
du coût des travaux d’infrastructure municipaux. Comme la dernière
fois, une part des fonds proviendra de nos partenaires provinciaux
et territoriaux, et une autre de vous.
Nous souhaitons également établir de nouveaux partenariats
publics-privés efficaces. Nous sommes conscients que le secteur
privé peut être une source de capitaux, d’initiatives et de
savoir-faire qui rendraient certainement notre action encore plus
efficace.
Les Canadiens se soucient de la gestion des fonds publics : cet
argent leur appartient. Et 260000000 $, c’est beaucoup
d’argent. Nous devons en faire un usage judicieux et efficace. Pour
cette raison, la réalisation de vérifications et d’évaluations
périodiques détaillées sera intégrée aux ententes que nous signerons
avec nos différents partenaires.
Mesdames et Messieurs, le Canada d’aujourd’hui est le fruit du
travail, des rêves et des investissements des générations qui nous
ont précédés. Nous devons continuer à bâtir pour l’avenir. Pour
aider les sans-abri, mettre en place des infrastructures
écologiques, moderniser les routes et le transport en commun et pour
améliorer les équipements de télécommunications et d’Internet.
Une solide infrastructure fondée sur la qualité de vie est
essentielle à la compétitivité, à la croissance à long terme et au
mieux-être de vos communautés et du Canada dans son ensemble.
En renforçant nos communautés et les liens entre elles, nous
contribuons en même temps à rendre le pays tout entier plus fort, à
offrir une meilleure qualité de vie à ses citoyens et à faire du
Canada un modèle d’excellence à tous les points de vue au XXIe
siècle.
Avec votre aide, si nous travaillons ensemble à toutes les étapes,
je sais que nous réussirons.

[CChrétien=20000907A]
[lieu=usa]

Monsieur le Président,
Je débuterai en exprimant notre profonde indignation à l’égard du
meurtre de travailleurs humanitaires innocents et non armés au Timor
occidental. Ceux qui attaquent le personnel des Nations Unies
attaquent cette organisation, et s’opposent par le fait même aux
principes et aux objectifs que nous sommes venus réaffirmer. Il en
incombe au gouvernement indonésien de traduire en justice les
responsables de ces crimes.
Au seuil d’un nouveau millénaire, les Nations Unies représentent
l’institution mondiale indispensable. Et l’engagement du Canada
envers les objectifs et la vision qui rassemblent ses États membres
est inébranlable.
Je salue la décision du Secrétaire général de profiter de cette
année charnière pour concentrer notre attention sur la réforme de
l’ONU. Je tiens à l’assurer que le Canada tâchera d’apporter une
contribution créatrice à cet effort.
L’engagement du Canada envers l’ONU traduit les valeurs et les
expériences qui nous unissent. Du fait de sa riche diversité, notre
pays a à coeur la liberté, la tolérance, la justice et l’égalité.
Nous connaissons l’esprit de solidarité que fait naître le partage
des bienfaits de la prospérité. Nous avons appris par expérience
tout ce que l’ingéniosité et la créativité humaines peuvent
accomplir une fois libérées des entraves de la pauvreté, de
l’insécurité et de la guerre.
Pour le nouveau siècle, la vision du Canada est celle d’un monde où
ces bienfaits profitent à tous les citoyens de la planète.
L’ONU nous offre le meilleur moyen de mobiliser les volontés d’agir
et de réaliser cette vision. Mais elle doit d’abord se résoudre au
changement.
La montée des nationalismes ethniques, comme par exemple dans les
Balkans ou en Afrique centrale, entache notre humanité. Elle rend
également beaucoup plus complexes les opérations de maintien de la
paix, dont les mandats doivent désormais inclure la protection des
civils en danger et s’accompagner des ressources nécessaires.
Le Canada a été l’un des principaux architectes du maintien de la
paix. Nous sommes aussi l’un des participants les plus actifs aux
opérations de paix. À ce titre, nous encourageons tous les États
membres à se laisser guider par les recommandations du groupe de
travail du Secrétaire général sur les opérations de maintien de la
paix de l’ONU.
Nous devons redoubler d’efforts afin de couper les agents de la
violence et des conflits de leurs sources d’approvisionnement. En
mettant un terme à la prolifération des armes légères et des armes
de petit calibre et en contrôlant le commerce illicite des diamants.
Il nous faut continuer à faire de la sécurité des personnes notre
grande priorité. La Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines
terrestres et l’accord sur le statut de la Cour criminelle
internationale sont des étapes importantes à ce chapitre. Dans
quelques jours s’ouvrira au Canada la Conférence internationale sur
les enfants touchés par la guerre.
J’ai également le plaisir d’annoncer que le Canada, avec l’appui de
fondations intéressées, pilote un projet visant à mettre sur pied
une commission internationale indépendante sur l’intervention et la
souveraineté des États. Notre ministre des Affaires étrangères
exposera sous peu la raison-d’être et le mandat de cette commission.
Nous visons tous à atténuer la pauvreté dans le monde. Nous devons
répandre les bienfaits de la mondialisation en mettant l’accent sur
l’élément humain.
Les pays les plus pauvres doivent avoir accès à des débouchés pour
leurs produits. L’initiative en faveur des pays pauvres très
endettés doit vigoureusement accélérer, approfondir et élargir
l’allégement de la dette. Nous devons faire en sorte que le
développement à l’échelle mondiale ne se fasse pas aux dépens de
l’environnement.
Il nous faut aussi combler les écarts découlant de la révolution de
l’information en veillant à ce que tous profitent des retombées de
celle-ci. C’est pour cette raison que le Canada appuie la création
d’un service des technologies de l’information aux Nations Unies.
Comme le disait l’ancien premier ministre canadien Lester Pearson :
« L’ONU doit être un orchestre symphonique et non un quatuor à
cordes. » Pour cela, elle doit pouvoir compter sur des appuis aussi
bien politiques que financiers. Tous les membres doivent absolument
verser leur quote-part.
Monsieur le Président, si nous en avons la volonté et la
détermination, les Nations Unies resteront l’institution mondiale
indispensable au XXIe siècle.
Quant au Canada, il est déterminé à être pour l’ONU un partenaire
indispensable.]

[CChrétien=20000907A]
[lieu=usa]

Monsieur le Président,
L’Assemblée du millénaire des Nations Unies est un moment bien
choisi pour réunir le Conseil de sécurité. À cette occasion, les
plus hauts représentants des États membres se sont rassemblés afin
de réaffirmer leur engagement envers nos buts et principes communs.
Mais avant tout, c’est l’occasion pour nous d’affirmer notre volonté
commune d’améliorer le fonctionnement de l’ONU. Et de collaborer
activement à son renouvellement et à sa réforme.
Ce renouveau est particulièrement vital au Conseil de sécurité,
l’organisme dont le mandat est de préserver et de protéger la paix
et la sécurité dans le monde.
Le Canada avait cet objectif à l’esprit lorsqu’il s’est joint au
Conseil.
Au cours du bref mandat accordé aux membres élus, nous nous sommes
efforcés de mieux adapter le Conseil aux problèmes de sécurité et
aux impératifs politiques auxquels nous sommes confrontés au
tournant du siècle. Nous avons tenté de faire du Conseil un
instrument plus efficace pour assurer la sécurité humaine. Et nous
avons cherché à le rendre plus ouvert et plus démocratique.
Nous avons insisté sur la nécessité de faire preuve de leadership
dans l’édification d’un monde de paix. Pour exercer un tel
leadership, nous devons redonner aux opérations de maintien de la
paix toute leur efficacité. Le rapport Brahimi nous rappelle la
nécessité de définir les mandats des opérations de maintien de la
paix en fonction des réalités sur le terrain et d’y consacrer des
ressources suffisantes. À Srebenica et au Rwanda, nous n’avons pas
su le faire. Nous avons le devoir de faire mieux.
Au XXIe siècle, la paix ne dépend plus seulement de la sécurité des
frontières mais aussi de la sécurité des populations. Il faut
assurer leur protection contre diverses menaces, contre les conflits
armés, contre les violations flagrantes des droits de la personne,
contre les atteintes au droit humanitaire international, ou contre
le terrorisme.
La sécurité des États est certes essentielle. Mais elle n’est pas
une sauvegarde suffisante pour assurer la sécurité et le bien-être
des personnes. En fait, comme nous l’avons constaté avec horreur au
cours des dernières années, la sécurité d’un État donné a été
invoquée au nom du nationalisme ethnique pour justifier les pires
atrocités.
Le Canada a travaillé à étendre la définition que le Conseil donne
de la sécurité aux nouvelles menaces à la sécurité humaine. Nous
avons soutenu que la nécessité d’agir pour protéger les principes
humanitaires et les droits de la personne doit peser plus lourd dans
les décisions du Conseil.
Nous continuerons de défendre ce point de vue. Car si le Conseil de
sécurité ne sait pas s’adapter, il compromettra gravement sa
crédibilité en tant que garant de la paix. Une crédibilité dont
l’Organisation des Nations Unies dans son ensemble a besoin pour
conserver son autorité morale.
Monsieur le Président, je suis convaincu que nous serons à la
hauteur de cette tâche. Le monde nous regarde, et les gens du monde
entier comptent sur nous.]

[CChrétien=20000508]
[lieu=usa]
Bon après-midi Mesdames et Messieurs. Merci, Monsieur le Gouverneur,
pour vos paroles très chaleureuses.
Je suis heureux d’être avec vous tous aujourd’hui dans cette ville
magnifique. Je n’étais pas venu depuis assez longtemps, mais je
connais très bien la Nouvelle-Angleterre. J’ai de la famille au New
Hampshire. Mes propres attaches en Nouvelle-Angleterre ne
représentent qu’une modeste illustration des liens profonds de
famille et d’histoire et des valeurs partagées qui rapprochent le
Canada et les États-Unis.
Notre amitié date de la naissance de nos pays. Nous sommes devenus
des partenaires au service de la liberté, de la paix et de la
prospérité. Cette relation de partenaires s’exprime de mille façons.
Et se traduit par des affaires d’une valeur de plus de 1000000000 $
par jour.
Si j’ai décidé de me joindre aux premiers ministres Pat Binns de
l’Île-du-Prince-Édouard, Brian Tobin de Terre-Neuve, Bernard Lord du
Nouveau-Brunswick et John Hamm de la Nouvelle-Écosse, c’est pour
mettre en valeur un élément clé de nos relations globales. Un
élément qui date d’avant même la naissance de nos pays. Cet élément
de nos relations, nous sommes déterminés l’un et l’autre à le
revitaliser dans le contexte d’un nouveau siècle et d’une nouvelle
économie.
Je veux parler bien sûr des liens entre la Nouvelle-Angleterre et le
Canada atlantique.
Depuis l’époque des premiers commerçants yankees, la
Nouvelle-Angleterre et le Canada atlantique entretiennent des
rapports particuliers. Vous avez des racines et une géographie
communes. Vous partagez le même attachement à la mer comme source
d’identité ainsi que de prospérité et de vigueur économique. La
Nouvelle-Angleterre a servi de porte d’entrée aux États-Unis pour
nos provinces de l’Atlantique. À l’inverse, le Canada atlantique a
servi de passerelle vers l’Europe et au-delà pour la
Nouvelle-Angleterre. Vous vous connaissez bien. Vous vous comprenez.
Et comment s’étonner que vous soyez de bons partenaires en affaires.
En 1999, le Canada atlantique et la Nouvelle-Angleterre se sont
vendus pour 3300000000$ US de marchandises, soit 4900000000 $
canadiens.
Équipe Canada Atlantique vous invite à jeter un regard neuf sur de
vieux amis. Les entreprises de la région de l’Atlantique qui nous
accompagnent – plus d’une cinquantaine – illustrent l’enthousiasme
avec lequel le Canada atlantique a mis le cap sur la nouvelle
économie du savoir.
Elles veulent inviter la Nouvelle-Angleterre à monter à bord. Elles
veulent que le Canada atlantique soit à ses yeux une porte vers une
nouvelle prospérité dans l’économie mondiale du savoir. Qu’elle
pense au Canada atlantique lorsqu’elle est en quête d’idées et
d’infrastructures à la fine pointe. Qu’elle pense au Canada
atlantique quand vient le temps de former des alliances dans le
secteur de la haute technologie. Que le Canada atlantique soit pour
elle un lieu propice à l’investissement et aux affaires.
Si nous pouvons nous vanter aujourd’hui que la région de
l’Atlantique est portée par le courant, c’est parce que nous avons
travaillé tellement fort – le gouvernement du Canada, les provinces
et l’ensemble des Canadiens – pour remettre notre économie à flot.
En l’espace de sept ans, le Canada s’est remis de la pire récession
depuis les années 1930 pour entrer dans la plus longue expansion
économique depuis les années 1960. Ce pays que le Wall Street
Journal considérait comme un candidat au tiers monde est maintenant
le deuxième miracle économique d’Amérique du Nord, selon le London
Financial Times.
Nous avons équilibré notre budget. Nous remboursons notre dette
publique. Les provinces en ont fait autant. Sur les plans de la
croissance économique et de la création d’emplois, nous affichons
l’une des meilleures performances du G-7. Notre productivité a
triplé l’an dernier. En fait, nous vivons au Canada un essor
économique sans précédent.
Au niveau fédéral, la nouvelle ère de surplus nous a donné la
liberté de prendre les mesures et de faire les investissements
requis pour revitaliser le climat d’affaires au Canada. Nous pouvons
aussi préparer les Canadiens à prospérer dans l’économie du savoir.
Nous avons entrepris de réduire les impôts et de modifier le régime
fiscal des sociétés. Dès cette année, les petites entreprises
canadiennes paieront moins d’impôt. Au cours des cinq prochaines
années, nous allons alléger le fardeau fiscal des sociétés au point
où le taux d’imposition des industries manufacturières sera moins
élevé qu’il ne l’est actuellement aux États-Unis. Et celui du
secteur tertiaire sera équivalent au taux américain.
Les charges sociales sont sensiblement moins élevées chez nous
qu’aux États-Unis. En plus, nous offrons l’un des régimes fiscaux
les plus avantageux au monde pour la recherche et le développement,
car ils constituent le meilleur gage de prospérité dans la nouvelle
économie. Dans la région atlantique du Canada, par exemple, chaque
dollar consacré à la recherche-développement ne vous coûte en
réalité que de 45 à 60 cents quand vous tenez compte des incitatifs
fiscaux.
Nous avons également fait des investissements audacieux pour
promouvoir l’innovation. En mettant l’accent en particulier sur nos
collèges et nos universités à titre de terrains d’essai des
nouvelles idées et méthodes les plus prometteuses. C’est un sujet
qui présente un intérêt particulier pour Boston, étant donné qu’on y
trouve certaines des meilleures universités au monde. L’exemple le
plus récent de tels investissements est notre décision de mettre sur
pied 2000 nouvelles chaires de recherche dans des universités à
travers le Canada d’ici cinq ans. Pour comprendre l’importance que
peut avoir cette initiative au Canada, imaginez l’impact qu’aurait
la création de 20000 nouvelles chaires de recherche par le
gouvernement américain.
Notre stratégie d’avant-garde Un Canada branché nous a hissés au
deuxième rang mondial pour l’utilisation de l’Internet. Le Canada a
été le premier grand pays au monde à brancher toutes ses écoles et
ses bibliothèques au réseau Internet. Nous nous sommes dotés du
réseau national à fibres optiques le plus avancé au monde. Et nous
nous sommes fixés des objectifs ambitieux qui feront du Canada un
synonyme d’excellence en commerce électronique.
Des avantages canadiens comme ceux là viennent s’ajouter à nos
atouts traditionnels. Nous possédons une main-d’oeuvre très
spécialisée et productive. Nos riches réserves énergétiques nous
permettent de vendre l’électricité beaucoup moins cher qu’aux
États-Unis. Dans notre système judiciaire, les actions en
responsabilité délictuelle coûtent en moyenne les deux tiers de
moins à nos entreprises qu’aux vôtres. Cela signifie moins de temps
perdu devant les tribunaux et plus de temps passé sur les marchés.
Par ailleurs, notre régime de soins de santé accorde une plus grande
souplesse aux entreprises canadiennes. Au Canada, les frais liés aux
soins de santé, exprimés en pourcentage de la masse salariale des
entreprises, correspondent à moins de la moitié des mêmes frais
assumés aux États-Unis.
D’autre part, le Canada reste le modèle à suivre au niveau
international en matière de qualité de vie. En effet, chaque année
depuis six ans, les Nations Unies nous classent au premier rang
mondial à ce chapitre.
Mesdames et Messieurs, le Canada est l’une des plus grandes
réussites économiques de la dernière décennie. Et le Canada
atlantique montre la voie. Misant sur ses atouts traditionnels que
sont l’agriculture et les pêches, il développe en même temps ses
propres nouveaux créneaux et points forts.
Le tourisme est en plein essor. L’exploitation du pétrole et du gaz
en mer devient un des piliers de l’économie régionale. La province
de Terre-Neuve et du Labrador abrite une foule d’entreprises de
haute technologie qui exportent des produits et des services
spécialisés vers plus d’une quarantaine de pays. La Nouvelle-Écosse
s’affirme comme centre du multimédia, de la télémédecine et des
services Internet. L’industrie aérospatiale de
l’Île-du-Prince-Édouard pense doubler de taille d’ici quelques
années. Le Nouveau-Brunswick possède l’une des plus fortes
concentrations d’entreprises de pointe au Canada. Et le savoir-faire
qu’il acquiert en matière de plastiques ne passe pas inaperçu aux
États-Unis.
Regardez les gens d’affaires ici présents. Ils vous donnent une idée
du courant d’énergie créatrice qui anime la région de St. John’s à
Moncton. Une énergie qu’il suffit de capter à l’avantage de la
Nouvelle-Angleterre.
Les centres d’appel en offrent un exemple.
Un marketing dynamique et des infrastructures attrayantes ont fait
du Canada atlantique un emplacement de choix pour les centres
d’appel. De nombreuses entreprises américaines, de la
Nouvelle-Angleterre notamment, ont déjà établi de tels centres dans
nos provinces de l’Atlantique. En mars dernier, j’ai justement eu le
plaisir d’en inaugurer un avec le premier ministre Hamm à Sydney, en
Nouvelle-Écosse.
Il en va de même dans divers secteurs de pointe. Des compagnies du
Canada atlantique établissent de nouveaux partenariats avec des
entreprises de la Nouvelle-Angleterre. Ces compagnies proposent des
didacticiels, des programmes de sécurité informatique et des
contrats de formation et signent des ententes de contenu avec des
partenaires de la Nouvelle-Angleterre.
Derrière toutes ces tendances encourageantes on retrouve les efforts
extraordinaires que la région de l’Atlantique a déployés afin de
devenir un pôle d’attraction pour les investissements. En fait,
selon une récente étude effectuée par la firme KPMG, St. John’s,
Halifax, Charlottetown et Moncton offrent les coûts manufacturiers
les plus bas en Amérique du Nord. Cela vaut pour des secteurs
avancés de la nouvelle économie tels l’électronique, les appareils
médicaux, les produits pharmaceutiques, les plastiques, les
logiciels et l’équipement de télécommunication. C’est donc dire que
le Canada atlantique est un lieu idéal pour implanter une nouvelle
entreprise, pour réimplanter une entreprise existante ou pour
agrandir les installations d’une entreprise en expansion.
Poser un regard neuf sur de vieux amis. Voilà le but de cette
mission d’Équipe Canada Atlantique, Mesdames et Messieurs.
Selon une récente prédiction de la revue Business Week, le XXIe
siècle sera le siècle de l’Atlantique. Cette prédiction, nous sommes
venus vous montrer que le Canada atlantique est prêt à contribuer à
la réaliser. Vous montrer que vos vieux amis du Nord ont
vigoureusement mis le cap vers l’avenir.
Et vous inviter à monter à bord.]

[CChrétien=20000410]
[lieu=israel]
Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Debout ici devant vous, dans ce haut-lieu du savoir, en présence de
certains des plus brillants cerveaux d’Israël, je me sens
profondément reconnaissant pour ce grand honneur. Un honneur qui en
dit long.
Pas sur Jean Chrétien. Bon nombre des enseignants que j’ai eus dans
ma jeunesse, sans parler de ma famille, ont été étonnés de me voir
finir l’école même. En fait, il en dit long sur la profondeur des
liens qui font d’Israël et du Canada les plus grands amis et
partenaires.
Les attaches entre nous vont au-delà des simples relations
officielles. Elles reposent sur la famille, sur l’histoire et sur un
ensemble de valeurs communes. Elles sont incarnées par l’Association
israélienne d’études canadiennes au Centre Halbert de cette
université – une des meilleures associations d’études canadiennes à
l’extérieur du Canada. Je tiens à souligner la présence de Ralph
Halbert et de représentants des Amis canadiens de l’Université
hébraïque.
Israël compte une communauté canadienne dynamique. Quant à la
communauté juive du Canada – tout aussi dynamique –, elle représente
pour nous une richesse inestimable.
Nous partageons le même engagement envers la démocratie. Nos
sociétés diverses et multiculturelles ont compris que la
mondialisation croissante rehausse l’importance de la collaboration
et de la coopération. Nous partageons d’abord et avant tout un
engagement immuable envers l’État de droit. Si nous ne parvenons pas
toujours à faire correspondre la réalité à nos idéaux, nous
demeurons néanmoins profondément déterminés à les atteindre.
Je me réjouis tout particulièrement du fait que l’une des
réalisations de mon mandat de ministre de la Justice dont je tire la
plus grande fierté – notre Charte des droits et libertés – ait servi
d’inspiration aux législateurs israéliens. À cet égard, je suis ravi
d’avoir eu l’occasion de rencontrer le juge Aharon Barak, président
de la Cour suprême d’Israël, au cours de mon séjour. Cette rencontre
est le fruit de nombreuses années de collaboration entre les
juristes d’Israël et du Canada.
J’aimerais prendre un instant pour rendre un hommage particulier à
Irwin Cotler, un des membres de notre gouvernement. Depuis sa
récente élection, il a consacré des sommes considérables d’énergie à
promouvoir cette coopération.
Mesdames et Messieurs, les étudiants de cette université
représentent la nouvelle génération de leaders d’Israël. Ils sont
l’avenir. Mais il faut venir ici, au Moyen-Orient, en Israël, dans
les pays voisins, pour saisir pleinement la force de l’histoire.
En me rendant ici, j’ai senti la riche présence des cultures
anciennes et les profondes croyances transmises de génération en
génération. En contemplant Jérusalem – foyer spirituel des juifs,
des musulmans et des chrétiens –, j’ai cru contempler des siècles et
des millénaires. Et j’ai été rempli d’admiration pour tous ceux et
celles qui, en Israël et dans l’ensemble du Moyen-Orient,
s’attachent à construire ensemble une paix juste et globale qui
préserve la dignité pour tous.
Pendant plus de 50 ans, le peuple d’Israël a déployé des trésors de
courage et de vision. Pour survivre. Pour bâtir une démocratie
moderne et dynamique. Et, maintenant, pour transformer ses
adversaires en partenaires.
Le chemin n’a pas toujours été facile. Les grandes joies ont alterné
avec les déceptions douloureuses. Pourtant, Israël et ses voisins
ont gardé le cap. Ils ont fait des progrès qui auraient paru
impossibles à imaginer dans le passé. Des traités de paix avec
l’Égypte et la Jordanie. Le processus d’Oslo. L’établissement de
relations avec de nombreux États arabes. L’Autorité palestinienne.
Et des progrès soutenus, bien que souvent difficiles, vers une paix
véritable avec la Syrie, le Liban et les Palestiniens.
En tant qu’ami et partenaire, le Canada s’est associé aux joies et
aux peines. Nous avons été attristés par la disparition d’Itzhak
Rabin. Et nous avons été encouragés par le courage et la vision avec
lesquels le premier ministre Barak a suivi ses traces. Le Canada
était à vos côtés dès le début, en 1947. Et nous sommes à vos côtés
depuis. Pendant votre lutte pour protéger les droits des juifs
partout dans le monde. Pendant votre combat pour faire révoquer la
déplorable résolution de l’ONU apparentant le sionisme au racisme.
Pendant tout ce temps, le Canada a fermement défendu le droit
d’Israël de vivre en paix. Et nous resterons fermes.
Le Canada restera toujours un ami et un partenaire pour Israël. En
même temps, il est un ami pour les voisins arabes d’Israël. C’est la
raison pour laquelle nous avons consacré tant d’efforts à promouvoir
le dialogue et l’harmonie dans la région. Ainsi, nous avons pris
part à toutes les opérations régionales de maintien de la paix. De
plus, au sein du Groupe de travail sur les réfugiés que nous
présidons, nous contribuons à améliorer les conditions de vie des
réfugiés et à proposer des solutions à plus long terme qui
respectent les droits et la dignité de la personne.
À l’ère de la mondialisation, où les conflits régionaux peuvent
ébranler le monde entier, il est encore plus impératif pour le
Canada de jouer un rôle. Voilà pourquoi je visite non seulement
Israël et l’Autorité palestinienne, mais aussi l’Égypte, le Liban,
la Jordanie, la Syrie et l’Arabie saoudite.
Hier, j’ai rencontré le premier ministre Barak. Aujourd’hui, le
Président Arafat. J’ai le sentiment très net qu’en dépit des
difficultés actuelles, le progrès vers une paix juste et globale est
indéniable. Nous ne devons jamais nous laisser gagner par le
découragement.
C’est donc à titre d’ami, de partenaire et d’artisan de la paix que
le Canada est déterminé à favoriser une nouvelle prospérité et une
réconciliation durable en Israël et dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Quand je parle de prospérité, je parle en premier lieu de l’Accord
de libre-échange Canada-Israël. Depuis 1997, il nous a permis
d’approfondir nos liens économiques et d’accroître de façon
considérable les échanges entre nous. Ainsi, le commerce bilatéral
de produits et de services a presque atteint le 1000000000 $
en 1999.
Les nouveaux partenariats commerciaux se multiplient. Dans les
secteurs du tourisme, de l’aérospatiale, des télécommunications, des
biens de consommation, du génie et des transports. Nos entreprises
de haute technologie n’ont pas tardé à former des alliances. Les
chercheurs du Technion et de l’Institut Weizman ont entrepris de
mettre au point des technologies avec des partenaires à l’École
polytechnique de l’Université de Montréal et à l’Université de
Waterloo.
En plus, j’ai le grand plaisir d’annoncer la reconduction d’un
programme très fructueux de coopération technique. Avec la
collaboration et la participation financière égale du gouvernement
d’Israël, nous avons accepté de financer la Fondation pour la
recherche et le développement industriels Canada-Israël pour les
cinq prochaines années. Depuis sa création, la Fondation a permis à
des partenaires canadiens et israéliens de s’associer pour
développer près d’une trentaine de projets commerciaux viables à la
fine pointe de la technologie.
Alors même que le Canada et Israël progressent ensemble vers une
plus grande prospérité, nous n’oublions pas que bon nombre des plus
proches voisins d’Israël accusent du retard. Ce n’est souhaitable
pour personne. Un climat politique sain ne peut exister sans un
climat économique sain. Il nous faut donc établir des partenariats
afin d’avancer sur le sentier de la prospérité.
L’Agence canadienne de développement international et la Société
pour l’expansion des exportations se tiennent prêtes à offrir leur
soutien. Mais je vois aussi venir le jour où les entreprises
canadiennes s’associeront à des partenaires israéliens et
palestiniens. Une telle collaboration permettrait de répartir les
dividendes de la paix dans toute la région.
À cette fin, l’automne prochain, notre ministre du Commerce
international, accompagné d’une délégation de gens d’affaires
canadiens, visitera la région pour favoriser l’établissement
d’alliances stratégiques et la création de partenariats.
De plus, à l’invitation des ministres israéliens et palestiniens,
j’ai le plaisir d’annoncer que sous l’impulsion du secteur privé, le
Canada intensifiera ses efforts en faveur d’une coopération
commerciale trilatérale afin d’étendre la recherche et le
développement, la production et la formation aux zones industrielles
palestiniennes.
D’autre part, j’appuie sans réserve la proposition des ministres
israéliens et palestiniens d’inclure l’Autorité palestinienne au
sein de la Fondation pour la recherche et le développement
industriels Canada-Israël.
Afin de construire une paix durable, nous devons non seulement faire
cause commune sur le plan économique, mais aussi promouvoir le
dialogue et surmonter les différences. C’est précisément l’objectif
que poursuit depuis 1992 notre fonds pour le dialogue et le
développement dans la région. Et je suis heureux d’annoncer que le
fonds continuera ses activités dans le cadre d’une nouvelle phase de
quatre ans, à laquelle participeront, nous l’espérons, de nouveaux
partenaires de la Syrie et du Liban.
Israël et ses voisins doivent pouvoir compter sur l’aide
internationale pour préserver la paix dont ils se rapprochent. Nos
gardiens de la paix ont servi avec distinction dans toute la région,
dans le Sinaï et, depuis la création de la Force des Nations Unies
chargée d’observer le dégagement, sur le plateau du Golan. Demain,
j’irai y saluer les troupes qui font honneur à notre nation.
Et je vous donne ma parole aujourd’hui que – si on le leur demande –
les Canadiens seront là pour maintenir la paix dès qu’un accord
global aura été conclu.
Mesdames et Messieurs, dans Pirkei Avot, l’Apprentissage des pères,
il est écrit :
« Ne condamnez aucun homme et ne considérez rien comme impossible.
Car, il n’y a aucun homme qui n’ait pas d’avenir et rien qui ne
vienne à son heure. »
Je crois que la paix est toute proche. Une longue mémoire et une
profonde amertume ont trop contribué à façonner le présent. Vous
choisissez maintenant de déterminer le cours de l’histoire plutôt
que de suivre le courant.
La transition vers la paix n’est pas facile. Les cicatrices laissées
par les souffrances des générations ne guériront pas du jour au
lendemain. Mais avant trop longtemps, les frontières s’ouvriront
dans cette région. Pour laisser passer les gens, les marchandises et
les idées.
Le Canada compte persévérer dans ses efforts en faveur de la
compréhension entre Israël et ses voisins. Avec tous les moyens,
toute l’énergie et toute la bonne volonté à notre disposition, nous
resterons fidèles à notre engagement de vous aider à réaliser votre
rêve le plus cher.
Votre rêve de paix. Maintenant et pour toujours.]
[CChrétien=20000611]
[lieu=albe]
Je suis enchanté d’être ici avec vous aujourd’hui afin d’inaugurer
le premier Congrès mondial du pétrole du XXIe siècle. Au nom du
gouvernement du Canada, je vous souhaite la bienvenue à Calgary et
au Canada.
Vous n’auriez pas pu choisir de meilleur endroit au Canada que
Calgary pour tenir ce congrès. Ce grand centre est le coeur de notre
industrie de l’énergie – une industrie de 31000000000 $.
Nous nommons Calgary la capitale du New West. L’esprit de pionnier
des premiers explorateurs des champs de pétrole de l’Alberta qui a
contribué à hisser le Canada parmi les 10 premières nations
productrices de pétrole au monde est aujourd’hui à l’oeuvre dans le
secteur des technologies de pointe. Cet esprit d’innovation
conservera au Canada sa place à l’avant-garde de l’industrie
énergétique mondiale. Une industrie pour laquelle le début d’un
nouveau siècle marque aussi un grand tournant.
Cet esprit est très présent en Alberta. Mais il l’est aussi à
travers le Canada. Sur toute l’étendue de son territoire riche en
ressources énergétiques. Une immense superficie et une grande
diversité géographique mettent notre ingéniosité à l’épreuve depuis
toujours. Nos talents et nos savoir-faire ont été éprouvés et
affinés. Nous représentons donc un choix idéal pour ceux qui
voudraient investir ou nouer des alliances stratégiques.
Ici, dans l’Ouest, des activités de mise en valeur des ressources
pétrolières et gazières de l’ordre de 25000000000 $ sont
prévues d’ici la fin de la décennie. Les fonds marins au large de la
côte Est de Terre-Neuve et du Labrador renferment plus de 600000000
de barils d’hydrocarbures récupérables, et 17 autres
réserves importantes dans la région n’ont pas encore été exploitées.
En plus, le Nord compte d’importantes réserves de gaz.
En Saskatchewan, notre centre de recherche sur le pétrole met au
point de nouvelles méthodes d’extraction du pétrole qui n’est pas
récupérable à l’heure actuelle, de manière à améliorer le rendement
des puits marginaux, à faire durer les réserves actuelles et à
rendre la production plus économique.
Quand vous pensez au Canada, nous voulons que ce soit pour autre
chose que ses riches gisements de pétrole et de gaz. Nous voulons
que vous pensiez à nous comme une source de première importance de
savoir-faire et de connaissances à laquelle vous pouvez puiser pour
faire face au défi planétaire du changement climatique.
Au Canada, nous croyons que le phénomène du changement climatique
est bien réel. Qu’il est nécessaire de nous adapter. Et que la
demande d’énergie à basse teneur en carbone, ou libre de carbone, va
augmenter. Il est clair que vous êtes nombreux à le penser aussi.
Par exemple, BP Amoco s’intéresse activement aux sources d’énergie
renouvelable. Shell International s’est engagé à investir 500000000
$ dans le développement de sources d’énergie
propre. Et ici au Canada, Suncor s’est engagé à investir 100000000
$.
Au Canada, nous voyons dans ce grand défi environnemental une
opportunité économique. Nous voulons faire du Canada le lieu par
excellence pour les activités de développement et les
investissements dans le secteur de l’énergie. Et en partenariat avec
nos instituts de recherche et le secteur privé, nous sommes à mettre
en place les conditions pour y arriver.
Nous avons le régime fiscal le plus généreux au monde pour les
activités de recherche et de développement. Nous sommes à la fine
pointe du progrès dans des domaines comme les piles à combustible,
les technologies du bâtiment et le rendement énergétique. En plus,
nous avons établi des programmes pour aider les innovateurs et les
utilisateurs potentiels à assumer les coûts de la démonstration des
nouvelles technologies.
Cette rencontre sera aussi pour vous une occasion de constater que
notre volonté d’établir des partenariats s’étend au-delà des
investissements et de la technologie.
Notre gouvernement et le secteur privé collaborent également à la
promotion de la responsabilité sociale des entreprises. Notre
ministre du Commerce Pierre Pettigrew et notre ministre des Affaires
étrangères Lloyd Axworthy sont à l’avant-garde de ce mouvement
mondial.
Et ils ont trouvé des partenaires bien disposés à les aider, dont
Occidental Petroleum, Enbridge, l’Alberta Energy Company et
l’Association canadienne des producteurs pétroliers.
Leurs efforts communs et leur engagement partagé sont un exemple à
suivre.
Mesdames et Messieurs, le Canada est fier de pouvoir offrir au monde
entier son esprit d’innovation, sa volonté de trouver des solutions
qui soient bonnes à la fois pour l’environnement et pour l’économie,
et son engagement envers la responsabilité sociale. En même temps,
nous sommes heureux d’avoir cette occasion de développer nos
relations d’affaires et d’établir de nouveaux partenariats.
Je sais que l’hospitalité chaleureuse pour laquelle Calgary est
renommé rendra votre séjour aussi agréable que productif.

[CChrétien=20000412]
[lieu=afri]

Un nouveau siècle vient de commencer. Nous entrons dans un nouveau
millénaire. Et les regards du monde sont tournés vers les peuples du
Moyen-Orient, des peuples façonnés par la sagesse et par les
conflits millénaires, qui s’apprêtent à ouvrir une ère nouvelle.
Une ère de paix. De salaam.
Tout comme les Égyptiens, les Canadiens se réjouissent de la
perspective de voir s’instaurer la paix. Nous ne sous-estimons pas
pour autant les obstacles qui barrent encore la route. Nous ne
doutons pas non plus qu’il faudra beaucoup de sagesse et de courage
de la part de tous avant de goûter les bienfaits d’une paix juste,
durable et globale. Le leadership de l’Égypte, et du Président
Moubarak, restera essentiel à l’atteinte de l’objectif que nous
souhaitons tous.
Si j’ai entrepris cette tournée du Moyen-Orient, la plus vaste
jamais effectuée par un premier ministre canadien, c’est pour
réaffirmer notre engagement immuable envers le processus de paix.
Cependant, je viens aussi parler de ce qui doit venir après un
accord de paix. Une fois les cérémonies de signature terminées. Une
fois les diplomates et CNN repartis.
Il sera alors temps de montrer à la population de la région les
bénéfices de son investissement dans la paix. De favoriser la
prospérité. De faire acte de confiance et de réconciliation.
Quand l’Égypte se porte bien, dit-on, le Moyen-Orient aussi. Une
longue tradition de leadership régional et une économie qui se
redresse feront de l’Égypte le pivot de la réconciliation et de la
prospérité à long terme dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Mesdames et Messieurs, le Canada se tient prêt, en bon partenaire, à
aider l’Égypte à réaliser son plein potentiel. Nos deux pays
entretiennent depuis longtemps des relations chaleureuses et
cordiales. Par conséquent, la perspective de la paix donne un
nouveau dynamisme à notre partenariat. Un dynamisme que symbolise
bien la construction de la nouvelle ambassade du Canada ici au
Caire.
Le programme de réformes économiques amorcé par le Président
Moubarak joue un rôle catalyseur à cet égard. La déréglementation et
la privatisation ont ranimé les traditions commerciales et l’esprit
d’entreprise de l’Égypte. Le sens des affaires des marchands de
l’Égypte est reconnu depuis l’Antiquité; aujourd’hui, ils se
préparent clairement à conquérir les marchés mondiaux.
Je félicite le Président d’avoir eu la prévoyance d’amorcer ces
réformes. Les Canadiens savent par expérience que de tels
changements ne se font pas toujours facilement ni en douceur. Mais
nous savons aussi que les récompenses en valent la peine. Quand nous
avons formé le gouvernement en 1993, nous étions aussi aux prises
avec de graves difficultés économiques. Grâce à l’appui et à la
discipline des Canadiens, nous les avons surmontés.
En l’espace de sept ans, nous sommes passés de la pire récession
depuis les années 1930 à la plus longue période d’expansion
économique depuis les années 1960. Le Canada mérite de nouveau sa
réputation mondiale de milieu très propice aux affaires.
De même, les milieux d’affaires canadiens ont pris bonne note de
l’effort de réforme en cours chez vous. Et ils envisagent avec un
nouvel enthousiasme la perspective de faire des affaires en Égypte.
Des entreprises canadiennes sont aujourd’hui implantées en Égypte
d’Alexandrie au désert méridional de Ouwaynat Est.
Le commerce entre nos deux pays est clairement en hausse. Les
exportations canadiennes vers l’Égypte ont progressé de près de 60
% depuis 1994. Pendant la même période, la valeur des
exportations égyptiennes au Canada a plus que doublé. Non seulement
le commerce entre nous s’intensifie, mais il se diversifie aussi
pour englober les technologies de pointe en plus des marchandises
traditionnelles, soit le papier journal, le bois d’oeuvre et les
produits alimentaires.
Par exemple, une compagnie canadienne a fourni le logiciel qui
permettra aux bourses du Caire et d’Alexandrie d’informatiser les
opérations boursières. Une autre a installé les premières tours
mobiles de communication et de contrôle de la circulation aérienne
en Égypte.
Au cours de la dernière année seulement, plus d’une douzaine
d’entreprises canadiennes ont ouvert des bureaux régionaux ici. Dans
la gestion hôtelière. Dans l’industrie du pétrole et du gaz. En
ingénierie. Une de nos entreprises fournira de l’eau potable à des
centaines de milliers d’Égyptiens à l’extérieur du Caire pendant
plusieurs années.
D’ailleurs, un certain nombre d’entreprises canadiennes sont ici
aujourd’hui. Elles sont venues promouvoir des partenariats et des
alliances stratégiques qui seront avantageux pour nos deux
économies.
Nos gouvernements doivent continuer de mettre en place un cadre qui
encourage le commerce et l’investissement. En 1996, par exemple,
nous avons conclu avec l’Égypte un accord sur l’encouragement et la
protection des investissements.
De plus, le Canada cherche à établir un partenariat plus étroit avec
l’Égypte dans le domaine de l’environnement. À cette fin, un nouvel
accord de coopération dans le domaine des technologies
environnementales a été signé pendant ma visite. Cet accord
permettra d’entreprendre des projets environnementaux cofinancés
dans les domaines de l’énergie propre, du changement climatique et
de la gestion des déchets.
Le Canada salue aussi les efforts déployés par l’Égypte en vue de
favoriser l’entrepreneurship au sein de sa population. Ici encore,
nous échangeons nos idées et nos expériences. J’ai accueilli avec
plaisir ce matin la signature d’un accord visant à encourager
l’expansion des petites et moyennes entreprises.
L’entrepreneurship mobilise les ressources humaines. Or, les
ressources humaines de l’Égypte sont sa plus grande richesse. Vous
accordez de plus en plus d’importance à l’éducation, et le Canada
peut apporter une contribution très utile à cet égard. Nous sommes
très fiers du fait que trois de vos ministres sont diplômés de
l’Université McGill. D’autre part, les collèges et universités
canadiennes collaborent avec les écoles égyptiennes et avec le
ministère de l’Éducation en vue d’offrir des possibilités
d’apprentissage plus nombreuses à un plus grand nombre d’Égyptiens.
Il ne fait pas de doute que notre relation commerciale se développe.
Mais nous devons intensifier nos efforts. Par conséquent, j’ai le
plaisir d’annoncer que notre ministre du Commerce international
conduira une délégation commerciale en Égypte cet automne. Et
j’invite votre ministre du Commerce à en faire autant au Canada.
Mesdames et Messieurs, le Moyen-Orient a besoin d’une Égypte forte
et prospère. Et l’Égypte a besoin d’un Moyen-Orient où les fruits de
la prospérité sont partagés. Or, la clé est le commerce.
À l’heure actuelle toutefois, le commerce parmi les pays du
Moyen-Orient ne compte que pour 7 % du volume des échanges
internationaux des pays de la région. Il y aurait clairement moyen
de faire mieux. Les défis sont certes considérables, mais les
retombées le seraient aussi. L’accroissement du commerce permet non
seulement de renforcer les économies et de créer des emplois, mais
aussi de réduire l’isolement. C’est là une des plus grandes leçons
que le XXe siècle nous a apprises.
L’Égypte en est clairement consciente. Elle a d’ailleurs déjà fait
preuve de leadership en offrant d’accueillir le prochain Sommet
économique Moyen-Orient Afrique du Nord. Dans le cadre de ce
processus, des chefs d’entreprise de la région et d’ailleurs, y
compris du Canada, convergeront sur Le Caire afin d’y poser les
fondements d’une nouvelle prospérité dans toute la région. Le Canada
applaudit les efforts déployés par l’Égypte en vue d’intégrer de
nouveau cette question à l’ordre du jour régional.
Le Canada voit un grand potentiel économique en Égypte et au
Moyen-Orient, et des possibilités très attirantes. Pour que la paix
s’installe durablement, il faudra qu’elle s’accompagne d’une
nouvelle prospérité. Et il ne pourra y avoir de nouvelle prospérité
sans une stabilité et une paix durables.
Le Canada se tient prêt à soutenir l’Égypte dans ces efforts. Nous
ne sommes jamais restés indifférents devant les problèmes qui
affligent le Moyen-Orient.
L’Égypte se souviendra que notre contribution au maintien de la paix
dans la région remonte à la création de la Force d’urgence des
Nations Unies en 1956 – une initiative pour laquelle mon ami et
mentor Lester Pearson s’est vu décerner le prix Nobel. Depuis cette
époque, la présence des casques bleus canadiens dans la région a été
ininterrompue. Le Canada est prêt à les garder dans la région tant
qu’il y aura du travail utile à faire.
Les sages conseils et le soutien de l’Égypte nous ont été précieux
dans notre rôle de président du Groupe de travail sur les réfugiés.
Cette tradition de collaboration dans la région s’étend aujourd’hui
au monde entier. En effet, nous oeuvrons ensemble au sein de
l’Organisation mondiale du commerce et en mission de paix en Afrique
centrale et ailleurs.
Mesdames et Messieurs, au seuil d’un nouveau siècle, le Canada et
l’Égypte peuvent contempler fièrement le bilan de nos efforts
communs en faveur de la paix et de la prospérité au Moyen-Orient
dans le cadre d’un partenariat qui a su résister au temps.
Pendant que nous poursuivons notre progression vers la paix, nous
pouvons aussi profiter des occasions que nous avons de porter notre
relation à un niveau supérieur. D’ouvrir le chantier d’une
prospérité sans précédent. En Égypte et au-delà de ses frontières.
Tous les rêves sont permis, à condition que le Moyen-Orient
rassemble le courage et la vision nécessaires pour franchir la
distance qui le sépare encore de la paix. Le meilleur reste à
venir!]
[CChrétien=20000217]
[lieu=ont]
Au cours des dernières semaines et des derniers mois, des milliers –
voire des millions de mots ont été dits et écrits sur la fin d’un
millénaire et le début du suivant. L’aube d’un nouveau siècle est
peut-être symbolique, mais le nouvel ordre mondial et la nouvelle
économie dans lesquels nous vivons sont bien réels.
L’autoroute de l’information révolutionne les affaires,
l’administration, la société et la participation des citoyens. Nous
sommes engagés dans une course planétaire où la vision nationale est
essentielle. Où les partenariats sont indispensables. Où l’État
fournit la charpente, mais le secteur privé construit le reste. Où
il faut penser en termes mondiaux. Et où la réussite appartient au
plus rapide.
Quand nous avons formé le gouvernement il y a moins de sept ans, le
mot cybercommerce n’était pas encore entré dans la langue.
Aujourd’hui, c’est un secteur de plusieurs milliards de dollars qui
transforme le monde des affaires. L’Internet n’existait que dans la
pensée d’un chercheur anonyme du Pentagone. Il n’y avait qu’une
cinquantaine de pages sur le Web. Aujourd’hui, il y en a 50000000.
L’Internet n’est que l’exemple le plus frappant des
transformations mondiales engendrées par la naissance de l’économie
mondiale fondée sur le savoir.
Quand nous avons formé le gouvernement, nous savions qu’il nous
fallait préparer le Canada à prospérer dans le nouveau siècle et
dans la nouvelle économie. Nous savions que le gouvernement ne peut
pas tout faire, qu’il doit mettre l’accent sur les secteurs où il
peut avoir un impact réel. Nous avons commencé par dresser un plan
d’action. Un plan qui a donné de bons résultats.
Nous avons fait le ménage dans les finances publiques; stimulé le
commerce et l’investissement; amélioré le climat d’affaires;
favorisé la croissance de la productivité; et assuré la viabilité à
long terme de notre régime de pensions public ainsi que de notre
système de soins de santé. Nous avons aussi investi dans le savoir,
dans les enfants et dans la santé et réduit le fardeau fiscal.
Nous avons géré les fonds publics avec toute la prudence, le
professionnalisme et la compétence possible. Et comme n’importe
quelle entreprise privée, nous avons aussi des vérificateurs qui
nous disent constamment comment améliorer notre tenue de livres. Qui
trouvent toujours des points à améliorer.
Et je vous assure que nous prenons les recommandations de nos
vérificateurs très au sérieux. Avant notre arrivée au pouvoir, le
vérificateur général ne faisait rapport à la Chambre qu’une fois par
année. Nous l’avons autorisé à faire rapport quatre fois par année.
Je suis déterminé à faire tout ce qu’il est possible de faire pour
améliorer la tenue des dossiers et la gestion des fonds publics.
Tout en servant le public sans alourdir indûment la bureaucratie, le
fardeau réglementaire et la paperasse administrative. Cependant,
replaçons les manchettes dans leur contexte.
Quand nous avons formé le gouvernement, le déficit était de
42000000000 $. Aujourd’hui, l’équilibre budgétaire est
atteint. Et l’équilibre sera maintenu. L’économie connaît une forte
croissance, près de 4 % en 1999. La dette publique
diminue. Les taux d’intérêt sont faibles. L’inflation est stable et
modérée. Les revenus sont en hausse. Des centaines de milliers
d’emplois sont créés chaque année, 1300000 d’emplois ont été
créés entre la fin de 1996 et janvier 2000, dont 425000 l’an
dernier seulement. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, le taux
de chômage était de 11,5 %. Il est maintenant de 6,8 % – son point
le plus bas depuis vingt-cinq ans. La confiance des entreprises et
des consommateurs est élevée.
Notre réseau de fibres optiques est le plus perfectionné au monde.
Nous avons les meilleurs tarifs téléphoniques. Le Canada arrive en
tête sur le plan de la pénétration de l’ordinateur individuel, du
câble et du téléphone. Le Canada est le premier grand pays à avoir
complètement branché son réseau d’écoles et de bibliothèques à
l’Internet.
Notre gouvernement a avancé pas à pas. Mais les pas se sont
additionnés en six ans. Et grâce au courage et à la discipline des
Canadiens, nous avons fait beaucoup de chemin au cours de ces six
années. Nous sommes maintenant en bonne position pour nous tailler
une place de choix dans la nouvelle économie. Nous sommes maintenant
en bonne position pour aller de l’avant avec audace et vision.
L’automne dernier, dans le discours du Trône, nous avons énoncé une
stratégie globale pour placer le Canada à l’avant-garde de
l’économie du savoir. Pour repousser les limites de notre réussite
au 21e siècle grâce à une économie dynamique et à une population
apte à innover. Une société où la prospérité, plutôt que de profiter
seulement à quelques-uns, est partagée par le plus grand nombre. Où
chaque enfant est assuré d’un bon départ dans la vie. Où les jeunes
ont la possibilité de s’épanouir et de réaliser leur potentiel dans
le domaine de leur choix. Où les citoyens ont accès aux
connaissances et aux compétences dont ils ont besoin pour exceller.
Où les citoyens – quel que soit leur revenu – reçoivent des soins de
santé de qualité.
Dans moins de deux semaines, le ministre des Finances présentera le
premier budget du 21e siècle. Un budget audacieux. Un budget orienté
vers l’avenir. Un budget qui prolongera les succès des six budgets
précédents, et qui sera notre quatrième budget équilibré consécutif.
Un budget où non seulement les comptes sont équilibrés, mais
l’approche aussi.
Un budget qui continue de répondre aux priorités des Canadiens en
matière de santé et d’éducation. Un budget qui tient compte du fait
que notre niveau de vie et notre qualité de vie sont directement
liés à notre capacité de favoriser l’avancement des connaissances,
l’innovation et l’adaptation et de maximiser les possibilités
d’apprentissage. Un budget qui fera converger l’économie, la
politique sociale et l’environnement.
Un budget qui ouvrira des horizons aux étudiants des premier,
deuxième et troisième cycles et aux diplômés. Qui permet à
l’innovateur de 25 ou 30 ans de transformer ses idées d’affaires en
entreprises florissantes. Un budget qui encourage le risque et
récompense le succès. Un budget qui fera du Canada le milieu le plus
propice à la créativité et à l’esprit d’entreprise. Un budget qui
permet aux Canadiens de profiter des fruits de leur discipline. Qui
répond au besoin d’allégements fiscaux des familles avec des
enfants.
Un budget qui prévoit un vaste plan pluriannuel de réduction des
impôts. Un plan qui définit des objectifs précis et qui permet de
les atteindre. Comme notre plan de réduction du déficit, nous le
suivrons avec persévérance et avec succès.
Cependant, notre budget reconnaîtra aussi que les baisses d’impôt ne
règlent pas tout. Notre réussite dans l’économie mondialisée repose
sur l’investissement en plus des baisses d’impôt. Notre succès
dépend des talents de nos gens, de notre capacité d’apprendre, de
nous adapter rapidement aux occasions qui se présentent et de faire
des découvertes. Le budget réalisera l’équilibre entre tous ces
éléments essentiels. Il investira dans les enfants, dans le savoir,
dans la créativité, dans l’innovation, dans la santé, et dans
l’environnement.
Dans dix jours, vous verrez les mesures que notre budget mettra en
place pour instaurer un climat propice à la créativité et à l’esprit
d’entreprise. Les gouvernements ne sont pas des entrepreneurs. Notre
rôle est d’aider à créer un climat propice aux entrepreneurs.
De son côté, le secteur privé a la responsabilité d’agir. Je mets
donc les entreprises canadiennes au défi de changer leur conception
du risque. D’accroître l’accès au capital, et particulièrement au
capital de risque. D’accorder une plus grande priorité au lancement
de nouvelles entreprises. De chercher plus énergiquement de nouveaux
débouchés à l’étranger. D’investir davantage dans la recherche et le
développement et de former leur main-d’oeuvre pour relever les défis
qui s’annoncent.
Les Canadiens utilisent davantage l’Internet que les Américains.
Mais le monde des affaires est très lent à se lancer dans le
cybercommerce. Pendant que nous mettons en place un ensemble de
politiques favorables au commerce électronique, je lance le défi aux
entreprises de travailler ensemble afin de conquérir une part de
5 % du commerce électronique mondial pour le Canada d’ici
l’an 2003.
Et de faire des affaires d’une valeur de plus de 200000000000 $ par
ce moyen.
Les défis et les possibilités qui s’offrent au Canada sont énormes.
Pour réussir, nous devrons tous unir nos efforts, tous les
gouvernements, les entreprises, le secteur bénévole et les
organisations non gouvernementales. Même les gouvernements dont les
approches divergent.
Franchement, je ne trouve pas cela utile ni productif quand le
premier ministre Harris parraine des annonces partisanes du Parti
conservateur sur le contenu du prochain budget du gouvernement
fédéral. Ou quand il tente de nous faire la leçon sur notre manière
de gouverner. S’il continue comme cela, je me sentirai peut-être
obligé de lui répondre.
Je devrai peut-être lui dire que les baisses d’impôt sont
importantes, mais qu’elles ne devraient pas être financées avec de
l’argent emprunté. Je ne suis pas toujours d’accord avec Ralph Klein
et Lucien Bouchard. Mais nous pensons tous les trois qu’il faut
d’abord éliminer les déficits avant de réduire les impôts.
Contrairement à l’Ontario, qui a financé ses baisses d’impôt en
augmentant son déficit de 14000000000 $ au cours des
quatre dernières années, une somme qui a été directement ajoutée à
la dette de la province.
Je serai peut-être obligé de lui parler de l’importance d’une
approche équilibrée afin de préparer le Canada et l’Ontario pour le
21e siècle. De lui rappeler que les transferts en espèces et en
points d’impôt du gouvernement fédéral vers l’Ontario sont
aujourd’hui plus élevés que lorsque nous sommes arrivés au
gouvernement et ce, en dépit du fait que nos dépenses totales soient
moins élevées. Je serai peut-être obligé de lui dire que les baisses
d’impôt sont importantes, mais qu’elles ne doivent pas être
financées aux dépens du système de santé ontarien.
Que les baisses d’impôt sont importantes, mais qu’elles ne doivent
pas être financées aux dépens de l’enseignement postsecondaire.
Saviez-vous que les universités de l’Ontario ont les frais
d’inscription les plus élevés au pays et que l’Ontario dépense moins
d’argent par personne pour l’enseignement postsecondaire que toute
autre province? Est-ce là la meilleure façon de préparer la
population de cette province à l’ère du savoir?
Je ne cherche pas à marquer des points dans ce débat. Je vais
essayer de résister à la tentation. Mais vous me connaissez assez
bien pour savoir que, quand on m’attaque, je riposte.
Cela dit, nous avons trop de choses à accomplir ensemble pour perdre
notre temps à des chicanes politiques. Les gens de l’Ontario nous
ont élus tous les deux. Ils s’attendent à nous voir travailler
ensemble. Je veux que vous sachiez que Mike Harris et moi, nous
avons très bien travaillé au fil des ans, malgré nos divergences. Et
je tiens à lui dire aujourd’hui que nous devons continuer à
travailler ensemble. Que nous devons laisser de côté les
considérations partisanes. Ce n’est pas si difficile. Nos objectifs
fondamentaux se rejoignent, même si nos approches sont différentes.
Nous voulons tous les deux faire du Canada le milieu le plus
favorable au succès au 21e siècle. Le milieu qui attire et retient
les gens. Par ses horizons sans limites. Par sa promotion de la
réussite et de l’excellence. Par ses possibilités d’avenir. Un
milieu où il fait bon élever une famille, profiter des beautés de la
nature, de collectivités sûres et d’un environnement sain.
Un pays qui fait la promotion de la paix, de la diversité culturelle
ainsi que des bienfaits de la nouvelle économie mondiale pour
l’humanité. Un Canada qui soit à la fois un chef de file et une
inspiration pour le monde entier.

[CChrétien=20000622]
[lieu=fran]

Je suis heureux de me retrouver ici parmi vous, et particulièrement
à votre invitation, Monsieur le premier Ministre. Je garde un
souvenir très chaleureux de votre visite officielle au Canada en
décembre 1998. Une visite qui nous a donné l’occasion d’enrichir
encore davantage la longue histoire d’amitié entre nos pays.
Nous poursuivons aujourd’hui sur cette lancée. Nos discussions
tenues plus tôt dans la journée assureront une coopération encore
plus large entre nos deux pays. Une coopération qui vise le
mieux-être de nos populations tout en bâtissant un monde meilleur.
Monsieur le premier ministre, l’édifice consacré à la diplomatie
française qui nous accueille ce soir est tout indiqué pour
réaffirmer nos convictions mutuelles.
Lors de votre visite en 1998, vous aviez souligné, avec raison, que
le Canada et la France portent « un même regard sur le monde
instable qui nous entoure ».
À l’époque, une crise financière faisait rage en Russie et en Asie
du Sud-Est. Une crise qui a eu des impacts sérieux sur la vie de
gens partout à travers le monde. Un an plus tard, la difficile
réunion ministérielle de l’OMC à Seattle nous a rappelé à tous
combien il est absolument essentiel d’engager un dialogue avec
toutes les composantes de la société au sujet de la mondialisation
des échanges commerciaux. Nous devons aussi poursuivre nos efforts
pour mieux faire comprendre les bienfaits que peuvent procurer les
institutions internationales que nous avons créées. Et redoubler nos
efforts pour améliorer le fonctionnement de ces institutions en les
rendant plus efficaces et plus transparentes.
Monsieur le premier ministre, la mondialisation nous offre des défis
intéressants. Mais elle ne sera profitable que si tous les pays, y
compris les moins développés, peuvent en partager les avantages.
Voilà d’ailleurs un sujet que nous avons eu l’occasion d’aborder
ensemble, il y a quelques heures, dans le cadre de nos discussions
sur les grands dossiers internationaux.
Le Canada est profondément convaincu qu’il est nécessaire d’élargir
le dialogue international si nous voulons relever les défis de la
mondialisation et en intensifier les retombées positives. C’est dans
ce but que nous avons proposé la création du G20, qui tiendra sa
deuxième réunion au mois d’octobre prochain, à Montréal. Nous
entendons profiter de notre rôle à la présidence de ce groupe pour
promouvoir une plus grande coopération économique. Une coopération
qui s’appuie sur une cohérence et une synergie accrues entre les
institutions internationales quand elles interviennent auprès des
pays en voie de développement.
Monsieur le premier ministre, je suis heureux que la France aussi
tienne à jouer un rôle de premier plan au sein des instances
internationales. Dès juillet, vous présiderez l’Union européenne
pour une période de six mois – un rendez-vous très important pour
l’Europe. Les pays de l’Union sont en pleine réflexion quant au type
de construction politique souhaitable pour le continent. Cela
pourrait entraîner des débats sur les relations entre les
gouvernements des pays de l’Union européenne, de même qu’entre les
différents niveaux de gouvernement. Ces discussions ne seront
certainement pas faciles. Mais toute la sympathie de vos amis du
Canada vous est acquise.
La présidence de la France sera aussi une belle occasion d’ajouter
un autre volet à notre collaboration. Nous examinerons entre autres
la mise en place d’un mécanisme de consultation spécifique
Canada/Union européenne en matière de sécurité et de défense.
Ces pistes s’ajoutent à notre coopération déjà dynamique en matière
de paix, de sécurité et d’appui à la démocratie dans le monde. Nous
avons travaillé ensemble dans la campagne contre les mines
antipersonnel. Et nous avons milité côte à côte en faveur du respect
des pratiques internationalement reconnues pour la protection des
droits de la personne. Voilà deux beaux exemples qui démontrent
clairement la conviction commune à nos pays que les sociétés
prospères et pacifiques doivent respecter les principes de la
primauté du droit et de la bonne gouvernance.
Monsieur le premier Ministre, vous avez affirmé à Ottawa que « la
culture est toujours une rencontre et elle est, à ce titre,
constitutive de la démocratie ». C’est également ce que nous
pensons. Il est essentiel de poursuivre nos efforts concertés de
promotion de la diversité culturelle et du plurilinguisme. L’UNESCO,
la Francophonie et le réseau international des ministres de la
culture sont autant de lieux où les voix de nos pays peuvent
s’exprimer de concert.
Nos gouvernements travaillent ensemble dans nombre de secteurs. Il
est donc tout naturel que les liens qui nous unissent dépassent les
seuls liens nationaux, et touchent à la fois nos entreprises et nos
citoyens.
Je suis particulièrement heureux que les échanges commerciaux entre
nos deux pays aient atteint un niveau record en 1999, et que les
investissements ne cessent de croître. En fait, la France est déjà
la quatrième plus importante source d’investissements au Canada. Et
ces liens économiques gagneront certainement en importance à mesure
que nos populations se rapprocheront.
C’est d’ailleurs pourquoi nous avons résolu de multiplier les
échanges entre les jeunes, les étudiants, les professeurs, les
chercheurs, et les artistes du Canada et de la France. Un nouveau
programme Vacances-Travail vise cet objectif. Et nous envisageons la
signature d’un avenant sous l’accord de coopération de 1956. De
plus, les relations scientifiques et techniques bénéficieront d’un
nouveau fonds France-Canada pour la recherche.
Notre objectif est clair : nous tenons à étendre le dialogue entre
nos deux pays à toutes les sphères d’activités. Les sphères
politiques et économiques bien sûr, mais aussi culturelles et
intellectuelles. C’est pour cette raison que l’inauguration d’une
Chaire d’études canadiennes à l’Université de Paris III Sorbonne
Nouvelle revêt tant d’importance à mes yeux, tout comme la création
de chaires semblables dans nombre d’universités françaises. Ces
programmes sont pour moi la promesse d’un brillant avenir dans les
relations entre nos pays.
Mesdames et Messieurs, je vous invite à vous joindre à moi et à
lever vos verres à l’amitié historique entre le Canada et la France.
Et à son nouvel envol à l’aube du XXIe siècle.]

[CChrétien=20000623]
[lieu=fran]
Je suis très heureux d’être ici. Je tiens à remercier le recteur de
l’Académie, Monsieur René Blanchet, pour ses paroles aimables. C’est
grâce à ses efforts, grâce aussi à l’engagement du président
Jean-Louis Leutrat et à l’action du professeur Jean-Michel Lacroix,
que nous soulignons aujourd’hui l’inauguration de cette Chaire
d’études canadiennes à l’Université de Paris III Sorbonne Nouvelle.
Je veux aussi exprimer toute ma reconnaissance à Monsieur Lacroix,
pour avoir consacré plus de 25 ans de sa vie professionnelle à mieux
faire connaître le Canada, sa culture, sa littérature et ses
institutions en France.
Je tiens également à féliciter l’Association française d’études
canadiennes, qui réunit plus de 18 universités en France, et qui ont
chacune créé en leur sein un Centre d’études canadiennes au cours
des vingt dernières années.
Mesdames et Messieurs, la Chaire que nous inaugurons aujourd’hui
illustre bien notre volonté commune d’échanger au sujet des
expériences canadienne et française. Je suis certain qu’elle sera un
forum dynamique, un lieu de réflexion et de discussion libre et
stimulant.
Cette chaire est un hommage à tous les professeurs, étudiants et
chercheurs universitaires qui s’intéressent au Canada. Vous êtes les
nouveaux explorateurs. Vous êtes les héritiers de ceux qui, il y a
exactement quatre siècles, au printemps 1600, se sont rendus à
Tadoussac. Et qui ont érigé, dès 1604 aux côtés de Samuel de
Champlain et de Pierre Dugua de Mons, le premier établissement
français en Amérique du Nord, sur un territoire qui allait devenir
l’Acadie. Une date importante que le Canada et la France vont
d’ailleurs célébrer ensemble, en 2004. De la même façon, nous
soulignerons en 2008 le 400e anniversaire de fondation de la ville
de Québec.
Le Canada s’est transformé en quatre siècles. Au-delà des traditions
française et britannique, notre pays s’est façonné une personnalité
propre, unique, originale. Et en cette époque où la mondialisation
multiplie nos liens identitaires et nous incite à chercher des
points de repères, vous avez bien raison de poser un regard sur le
Canada.
Nous avons bâti un pays fort de deux langues officielles, membre à
la fois de la Francophonie internationale et du Commonwealth. En
soi, il s’agit d’une réalisation majeure sur un continent largement
anglophone.
Mais la détermination des Canadiens et l’appui des différents
gouvernements ont fait en sorte que la francophonie soit aujourd’hui
bien implantée au Canada. Elle trouve son foyer principal au Québec,
bien sûr, où résident la majorité des 8000000 de francophones du
pays. Mais elle s’étend aussi au Nouveau-Brunswick, une province
officiellement bilingue où 40 % de la population est francophone. Et
ailleurs au pays, le fait français continue de se renforcer.
Quelque 300000 jeunes Canadiens de parents anglophones fréquentent
des écoles d’immersion. L’enseignement s’y déroule très
majoritairement en français. Le taux de bilinguisme des jeunes
anglophones canadiens est en hausse constante depuis 1971.
Notre paysage juridique est lui aussi original. Notre droit puise à
la common law britannique et au droit civil français. Ce bijuridisme
typiquement canadien fournit un exemple de cohabitation utile pour
les organisations et les regroupements internationaux qui doivent
concilier deux traditions juridiques. Il a d’ailleurs suscité
l’intérêt de nombreux experts français.
Ces exemples illustrent combien le Canada est d’abord le fruit d’une
conviction profonde. Que la collectivité prend tout son sens si
chacun peut trouver sa place dans le respect de l’identité des
autres. En cela, notre pays constitue une des réponses au défi de la
coexistence des identités.
À l’aube du XXIe siècle – nous en sommes tous témoins – nos sociétés
sont de plus en plus multiculturelles, ou encore plurielles, pour
reprendre un terme populaire ici. Le défi des gouvernements est
d’intégrer cette diversité dans la poursuite du bien public.
À ce chapitre, la reconnaissance des droits de tous nos citoyens est
un point de départ bien avisé. C’est d’ailleurs la voie que nous
avons suivie au Canada pour répondre aux attentes des Premières
Nations, des Inuits et des Métis, qui vivent tous des situations
particulières. L’un des gestes les plus significatifs que nous ayons
posés récemment est bien entendu la création d’un nouveau territoire
pour les Inuit, le Nunavut, au mois d’avril 1999.
Comme vous le savez, le Président Chirac a été le premier chef
d’État étranger à visiter le Nunavut, cinq mois seulement après sa
création. À cette occasion, il avait parlé d’un « Canada qui
recherche et invente les règles d’un savoir-vivre ensemble pacifique
et tolérant. » Avec ces quelques mots, votre Président a résumé
l’essence même du projet canadien.
Le multiculturalisme canadien veut que le refus des cloisonnements
passe par la reconnaissance de nos différences. Voilà un défi qui
interpelle aujourd’hui la terre entière. Mais c’est sur ce principe
que se développe depuis 1867, mais surtout depuis le début du XXe
siècle, notre société. Aujourd’hui, seulement 48 % des Canadiens ont
des racines en France ou en Grande-Bretagne. Les autres viennent des
quatre coins du monde.
Reflet de cette réalité, la majorité des habitants de la communauté
urbaine de Toronto, la métropole du Canada, sont nés hors du Canada.
C’est aussi le cas de près de la moitié des résidents de Vancouver,
et d’un nombre grandissant de Montréalais.
La Gouverneure générale du Canada est née à Hong Kong. Le premier
ministre de la province de la Colombie-Britannique est né en Inde.
La troisième langue parlée au pays, après l’anglais et le français
est le chinois!
Dans ce contexte, ce n’est pas un hasard si le Canada a choisi le
fédéralisme comme mode de gouvernement. Et ce n’est pas pour rien si
nous croyons aux possibilités d’un régime décentralisé. Pour nous,
c’est le seul possible. Il permet à chacun de conserver son
identité, tout en participant à un projet de société commun.
Bien entendu, tout système fédéral est aussi un lieu de débats et de
discussions parfois vives. Mais entre les régionalismes des uns et
des autres, des valeurs communes rassemblent les Canadiens d’un
océan à l’autre. Et le gouvernement central leur donnent voix.
Notre histoire, notre mode de gouvernement et notre vision de la
société ont un effet sur les valeurs et les priorités des Canadiens.
Par exemple, des sondages démontrent que les Canadiens sont plus
attachés au rôle de l’État que nos voisins des États-Unis.
Les Canadiens croient que les gouvernements peuvent veiller au
partage de la prospérité, tout en maintenant un équilibre entre
l’interventionnisme d’État et le laissez-faire économique. Nous
voulons aider les plus démunis, préserver notre régime universel
d’assurance-maladie, et préparer les nouvelles générations à la
réussite.
Mais en même temps, il nous faut contrôler la taille de l’État.
C’est pourquoi nous avons assaini nos finances publiques, ce qui
nous a permis de dégager des surplus budgétaires au cours des trois
derniers exercices financiers. Cela nous a aussi permis de réduire
la dette nationale, de diminuer les impôts, et d’améliorer les
programmes ou d’en créer de nouveaux.
Par exemple, toutes les écoles et les bibliothèques publiques du
Canada sont maintenant branchées à l’Internet. Le Canada a été le
premier pays au monde à y arriver. Et notre prochain objectif est de
brancher toutes les salles de classe. Nous sommes également en train
de créer 2000 Chaires d’excellence en recherche du XXIe siècle dans
les universités canadiennes, pour attirer chez nous les meilleurs
chercheurs du monde et former notre relève.
Ces deux exemples illustrent bien la volonté du Canada de prendre sa
place dans l’économie mondiale du savoir. Et nous sommes convaincus
que le monde nouveau qui se dessine a le potentiel d’améliorer le
sort de chaque homme, de chaque femme et de chaque enfant.
Mais il est aussi porteur de son lot de défis.
L’un des plus saillants est certainement de préserver la diversité
culturelle qui fait toute la richesse de notre monde. Les
bouleversements technologiques et la puissance nouvelle de certains
acteurs industriels, entre autres basés chez notre puissant voisin
du Sud, ont mis en valeur l’importance de cet enjeu ces dernières
années.
Au Canada, le combat pour la diversité culturelle mobilise à la fois
les francophones et les anglophones. Nous croyons fermement qu’il
est possible d’encourager la création de vastes ensembles
économiques sans pour autant perdre ce qui nous distingue. Et nous
sommes persuadés que les gouvernements ont un rôle de premier plan à
jouer dans la préservation et la promotion de la culture.
La France et le Canada sont de grands alliés dans la lutte pour la
diversité culturelle. Nous l’évoquons tous deux dans plusieurs
forums, dont l’UNESCO et la Francophonie. Et c’est une préoccupation
qu’il va falloir porter un jour dans bien d’autres instances
multilatérales, y compris celles qui gèrent la mondialisation
économique et technologique.
Mesdames et Messieurs, l’étude du Canada vous réserve des
découvertes intéressantes. Je suis heureux et fier de l’intérêt que
vous portez à notre pays, à l’histoire de nos relations avec la
France et aux défis qui nous attendent tous en tant qu’alliés et
amis.
Et je suis convaincu que cette nouvelle Chaire d’études canadiennes
contribuera à renforcer les liens privilégiés qui existent entre nos
pays depuis déjà quatre siècles.
Vive le Canada! Vive la France! Et vive l’amitié franco-canadienne!]

[CChrétien=20000629]
[lieu=né]
Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui en compagnie de chefs
d’entreprise, de présidents d’université et de représentants
municipaux du Canada atlantique, et bien sûr, des membres de
l’équipe parlementaire libérale de la région de l’Atlantique.
Les perspectives qui s’ouvrent aujourd’hui au Canada atlantique sont
excellentes. La nature même de la nouvelle économie fait en sorte
que les connaissances, les compétences et l’innovation – et non la
situation géographique – sont les clés d’un avenir prospère et riche
en possibilités.
Le tissu économique du Canada atlantique se transforme. L’économie
traditionnelle basée sur les matières premières est de plus en plus
axée sur le savoir. Et la croissance économique provient de plus en
plus de l’innovation, de la technologie, du tourisme et de
l’exportation.
Le Canada atlantique enregistre une solide croissance économique
depuis quelques années. Dans toute la région règne le sentiment de
pouvoir envisager l’avenir avec confiance et enthousiasme. Le
sentiment que les perspectives de croissance économique et de
création d’emplois se concrétisent enfin. Que les jeunes peuvent
enfin envisager de bâtir ici un avenir prometteur.
Mais des écarts économiques importants subsistent entre le Canada
atlantique et l’ensemble du pays. Dans le Canada atlantique, les
taux de productivité et les investissements en recherche et
développement sont plus faibles qu’à l’échelle nationale. Le Canada
atlantique n’exporte pas autant que d’autres régions du pays, et le
taux de chômage reste encore trop élevé.
Par conséquent, malgré toutes les bonnes nouvelles, cette région a
de profonds défis économiques à surmonter avant de pouvoir réussir
la transition vers une économie davantage axée sur le savoir. Avant
de combler l’écart qui la sépare des autres parties du pays sur les
plans de l’innovation, de la productivité et des compétences.
Il se dégage actuellement un consensus au Canada atlantique pour
l’adoption d’une nouvelle approche à l’égard du développement
économique. Une approche centrée sur l’innovation, le commerce et
l’investissement, l’entrepreneurship et le développement économique
des collectivités. Ce consensus a commencé à prendre forme à la
Conférence pour une vision de l’Atlantique tenue à Moncton il y a
près de trois ans.
Cette approche est celle préconisée par les membres de notre équipe
parlementaire de l’Atlantique. Et je tiens à leur rendre un hommage
particulier aujourd’hui pour les efforts qu’ils ont consacrés à la
production de l’important document intitulé « Cap sur l’avenir ».
Les premiers ministres des provinces de l’Atlantique, le Conseil
économique des provinces de l’Atlantique et l’Association des
universités de l’Atlantique ont tous appuyé cette approche.
Au fil des ans, le gouvernement fédéral a effectué des
investissements conçus pour permettre aux Canadiens de l’Atlantique
de participer pleinement à la prospérité nationale. Des succès
importants ont été obtenus avec le temps. Les disparités en matière
de revenu par habitant entre cette région et le reste du pays sont
beaucoup moins grandes qu’elles ne l’étaient autrefois.
Cependant, les changements structurels qui transforment à la fois
l’économie mondiale et l’économie canadienne exigent que nous
trouvions de nouvelles façons d’aider le Canada atlantique à
progresser et à prospérer dans ce nouveau contexte économique.
Je suis venu vous expliquer aujourd’hui le rôle du gouvernement
fédéral dans cette nouvelle approche. Vous dire comment notre
gouvernement compte contribuer à la création d’un partenariat avec
les universités, les milieux d’affaires et d’autres pour aider le
Canada atlantique à réaliser pleinement son potentiel de prospérité
dans la nouvelle économie.
Les gouvernements ne peuvent pas tout faire. Pas plus que les
milieux d’affaires ni les autres partenaires à eux seuls. Le rôle
des gouvernements est d’investir dans les gens, dans le savoir et
dans les infrastructures. Avec pour objectif d’alimenter
l’innovation et la production des richesses nécessaires pour
soutenir la concurrence dans la nouvelle économie.
Notre objectif est à la fois simple et ambitieux : aider à mettre en
place les conditions propices à la prospérité économique et à la
création d’emplois meilleurs et plus nombreux. Afin que les
Canadiens de l’Atlantique puissent participer pleinement à la
nouvelle économie et le faire ici même, dans leur région.
J’annonce aujourd’hui la création d’un Partenariat pour
l’investissement au Canada atlantique d’une durée de cinq ans et
d’une valeur de 700000000 $ qui trace une voie
entièrement nouvelle. Il représente une approche moderne à l’égard
du développement économique du Canada atlantique.
Le Partenariat pour l’investissement au Canada atlantique s’articule
autour de quatre grandes priorités :
1. Favoriser l’innovation et la technologie;
2. Accroître l’investissement et le commerce au Canada atlantique;
3. Promouvoir l’entrepreneurship;
4. Stimuler le développement économique des collectivités rurales et
urbaines.
Parlons d’abord d’innovation et de technologie.
Comme vous le savez, notre gouvernement accorde la plus haute
priorité à l’instauration d’une culture de l’innovation partout au
Canada. Nous avons mis en oeuvre une stratégie nationale audacieuse
à cette fin. Elle comportait des investissements majeurs dans la
création de la Fondation canadienne pour l’innovation, des Chaires
d’excellence en recherche du XXIe siècle, des Instituts de recherche
en santé du Canada et du réseau de centres d’excellence.
Dans le cadre de la stratégie atlantique que je rends publique
aujourd’hui, les activités fédérales de développement régional
seront axées beaucoup plus sur l’innovation. La pièce maîtresse du
Partenariat est sans conteste le nouveau Fonds d’innovation de
l’Atlantique, doté d’un budget de 300000000 $ sur cinq
ans. Il sera assorti d’un investissement de 110000000 $
qu’effectuera le Conseil national de recherches au Canada atlantique
et accompagné d’autres initiatives nationales, telles les nouvelles
chaires de recherche dans les universités des provinces de
l’Atlantique; les investissements que continuera d’effectuer la
Fondation canadienne pour l’innovation; et Génome Canada, qui mettra
sur pied un Centre atlantique de génomique.
Le Fonds d’innovation de l’Atlantique effectuera des investissements
stratégiques destinés à renforcer la capacité d’innovation du
Canada, à accroître la compétitivité du Canada atlantique et à
faciliter la transition vers une économie davantage axée sur le
savoir. Il investira dans les universités et collèges, dans les
instituts de recherche et dans le secteur privé. Son champ d’action
s’étendra à l’ensemble de la région de l’Atlantique, et il permettra
d’aller chercher des fonds auprès de sources privées et publiques
telles la Fondation canadienne pour l’innovation. Il aidera
l’infrastructure de recherche de haute qualité dont la région est
déjà dotée à devenir plus concurrentielle, pour attirer les
chercheurs de talent et les projets prometteurs tout en créant des
alliances stratégiques. Les investissements effectués par le Fonds
seront supervisés par une commission consultative formée
d’universitaires et de chefs d’entreprise.
Le Conseil national de recherches agrandira ses installations
actuelles et commencera à développer des grappes d’innovation au
niveau local. Il tissera des liens entre les principaux intervenants
et mettra en place l’infrastructure en matière d’innovation qui
permettra de favoriser la croissance dans les secteurs
technologiques de pointe.
Les initiatives du Conseil national de recherches contribueront à
encourager les investissements dans les nouvelles technologies et
les travaux de recherche, à soutenir la formation et le maintien en
poste de travailleurs très spécialisés et à favoriser la mise sur
pied, dans les provinces de l’Atlantique, d’entreprises capables
d’affronter la concurrence à l’échelle mondiale.
Les grappes seront concentrées dans un certain nombre de domaines
porteurs définis par les partenaires locaux, en consultation avec le
Conseil national de recherches, au cours des derniers mois. Parmi
les secteurs qui seront probablement visés, on peut mentionner le
génie océanique à Terre-Neuve; les sciences de la vie, y compris la
génomique et les outils de diagnostic médical à Halifax; les
technologies de l’information à l’île du Cap-Breton; le commerce
électronique et les technologies de l’information au
Nouveau-Brunswick; et le développement de nouvelles infrastructures
d’innovation et de technologie à l’Île-du-Prince-Édouard.
Le deuxième volet de la stratégie atlantique vise à faire du Canada
atlantique un pôle d’attraction pour les investissements étrangers.
Et à encourager l’exportation des marchandises, des services et des
savoir-faire de la région.
J’ai conduit une délégation de premiers ministres et de chefs
d’entreprise de l’Atlantique en Nouvelle-Angleterre au mois de mai.
C’était là un premier pas seulement. Le Partenariat pour le commerce
et l’investissement mettra l’accent sur le marché américain.
L’élément central de ce partenariat sera un programme de promotion
de l’investissement au Canada atlantique qui s’adressera aux grandes
entreprises sectorielles. De plus, nous appuierons l’établissement
de programmes visant à enseigner des pratiques commerciales
efficaces dans les universités et les collèges de l’Atlantique.
Cette initiative sera assortie d’un programme de stages dans le
secteur de l’exportation pour les diplômés. Le développement et la
promotion du tourisme occuperont également une place de choix.
Le troisième volet de la Stratégie atlantique, le Partenariat pour
l’entrepreneurship et le perfectionnement des compétences en
affaires, vise à faire en sorte que les Canadiens de l’Atlantique
puissent obtenir la formation et les compétences en gestion dont ils
ont besoin pour faire face à la concurrence et pour réussir dans la
nouvelle économie. Il aidera les jeunes à obtenir des emplois
intéressants, axés sur la carrière, qui leur permettront de mettre à
profit ici même leurs compétences, leur énergie, leur créativité et
leur éducation pour aider à bâtir l’avenir de leur région et, en
même temps, celui du Canada.
Le Partenariat pour l’entrepreneurship et le perfectionnement des
compétences en affaires aidera davantage les jeunes entrepreneurs.
Des centres d’affaires pour les femmes de l’Atlantique permettront
aux entrepreneures de bénéficier d’un meilleur accès au capital et
aux services de soutien aux entreprises. Une attention spéciale sera
accordée au développement de la capacité d’innovation des PME.
Le quatrième volet de la stratégie atlantique, le Partenariat pour
le développement économique des collectivités, représentera
135000000 $ en nouveaux investissements pour le Canada
atlantique rural au cours des cinq prochaines années.
Plus de la moitié de la population du Canada atlantique vit en
milieu rural. Je sais que de nombreuses collectivités rurales ont
traversé des périodes économiques assez difficiles au fil des ans.
Comme le disait, il y a de très nombreuses années, le père Moses
Coady, fondateur du mouvement Antigonish, nous voulons permettre aux
collectivités dans toute la région de l’Atlantique de maîtriser leur
propre destin économique dans la mesure du possible.
Le Partenariat pour le développement économique des collectivités
fournira les ressources de planification qui aideront les
collectivités à maximiser les retombées de leurs propres activités
de développement économique.
Mesdames et Messieurs, la nouvelle stratégie atlantique que je viens
d’annoncer – le Partenariat pour l’investissement au Canada
atlantique – ne pourra réussir que si nous travaillons tous ensemble
– les entreprises privées, les collectivités, les gouvernements
provinciaux, les municipalités, les universités et les collèges.
Notre gouvernement ne croit pas que les forces du marché ni une
politique de réduction des impôts à elles seules sont suffisantes
pour répondre aux aspirations des Canadiens de l’Atlantique, pas
plus qu’à celles de l’ensemble des Canadiens. Il est essentiel de
suivre une approche équilibrée. Bien sûr, il faut continuer de
réduire les impôts. Mais il faut aussi investir dans des secteurs
cruciaux comme la recherche, le développement et l’innovation.
Grâce à cette approche équilibrée, nous pourrons veiller ensemble à
ce que les Canadiens de l’Atlantique prennent la place qui leur
revient dans cette nouvelle économie. Et qu’ils le fassent ici même
dans les provinces de l’Atlantique. Que ce soit ici à Halifax ou à
Harbour Grace, à Moncton ou Montague, à Grand-Sault ou Georgetown, à
Charlottetown ou Charlo.
Il y a environ 133 ans, des populations prospères de la région de
l’Atlantique ont décidé de se joindre à la magnifique expérience
qu’est la Confédération. Au cours de notre histoire, le Canada
atlantique n’a pas toujours eu part comme il l’espérait à la
prospérité canadienne. À l’aube d’un nouveau siècle, il est temps
que le Canada atlantique connaisse de nouveau une prospérité
pleinement méritée.

[CChrétien=20000329]
[lieu=ottawa]

Mesdames et Messieurs, distingués invités, Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur le Ministre,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Le Comité
Canada-Israël a assumé un rôle déterminant dans le maintien des
liens d’amitié profonds et durables qui unissent le Canada et
Israël. Des liens indestructibles tissés par la filiation, par
l’histoire et par les valeurs partagées. Sur cette base, vous
travaillez à édifier de nouveaux partenariats, à promouvoir le
dialogue et la compréhension, et surtout, à renseigner les Canadiens
sur les défis uniques et complexes qui se posent au Moyen-Orient. Je
vous félicite pour le travail louable que vous accomplissez.
Mesdames et Messieurs, nous venons d’entamer un nouveau siècle que
les Canadiens envisagent avec tout l’espoir et l’optimisme qui les
caractérisent. L’avenir du Moyen-Orient inspire les mêmes sentiments
d’espoir et d’optimisme à nos deux peuples. Nous croyons tous les
deux à la perspective d’une paix juste, durable et globale. Le
Canada et Israël partagent la vision d’une paix faite dans la
dignité. Sans gagnants ni perdants. La paix dans la dignité, pour
tous.
Les Canadiens assistent avec admiration aux efforts que déploie le
premier ministre Barak, avec vision et ténacité, en vue de conclure
la paix avec les Palestiniens et avec la Syrie. Il poursuit
bravement cet objectif malgré les résistances de ceux qui préfèrent
laisser durer les vieux problèmes au lieu de trouver de nouvelles
solutions. Il s’est allié aux représentants de toutes les parties
qui font preuve du courage et du cran nécessaires pour mettre de
côté les vieilles doléances. Et qui ont répondu à l’aspiration des
gens dans toute la région à voir cesser les souffrances et les
tueries.
Le Canada se réjouit de la reprise des pourparlers de paix entre
Israéliens et Palestiniens à Washington. Nous accueillons avec
satisfaction la récente confirmation de l’intention du premier
ministre de retirer les forces israéliennes du Sud du Liban.
Et nous sommes conscients du caractère audacieux de ce choix, compte
tenu des considérations liées à la sécurité dans le Nord d’Israël.
Le peuple d’Israël ne sait que trop bien que la paix fondée sur la
peur n’est pas la paix du tout. La sécurité d’Israël est au premier
plan des préoccupations du Canada. Comme Israël, nous espérons le
jour où ses enfants pourront jouer et courir sans que l’ombre de la
mort ne plane sur eux. Et nous souhaitons la conclusion d’accords
qui garantissent le droit d’Israël à vivre en sécurité dans des
frontières reconnues.
Nous sommes conscients que les pourparlers avec la Syrie n’ont pas
encore produit les résultats que nous espérons tous. Mais nous
savons qu’Israël persistera.
Le Canada est tout disposé à favoriser la progression du processus
de paix, de la façon et au moment que les parties dans la région
jugeront bon qu’il le fasse.
Au fil des décennies, les soldats canadiens ont apporté une
contribution importante au maintien de la paix au Moyen-Orient. Les
Canadiens sont à l’oeuvre dans le Sinaï et sur le plateau du Golan
depuis plus de 25 ans. Et nous continuerons d’assurer notre aide aux
parties, si tel est leur désir, dans le cadre d’un nouvel accord de
paix qui pourrait nécessiter une présence internationale entre
Israël et la Syrie.
Nous possédons une compétence reconnue en déminage. Nous nous tenons
prêts à aider à remettre les terres en état de produire et de
servir. Nous appuyons déjà un projet conjoint de déminage dans la
vallée du Jourdain. Nous poursuivrons nos efforts à la présidence du
Groupe de travail sur les réfugiés en vue d’aider les parties dans
la région à parvenir à un règlement équitable de la question des
réfugiés.
Monsieur le Ministre, c’est un honneur pour moi de partager ce
podium avec vous. Lauréat du prix Nobel. Ancien premier ministre.
Illustre homme d’État. Soldat de la paix. Plus que tout autre leader
au Moyen-Orient, vous avez eu la sagesse de comprendre que la route
qui conduit aux accords de paix officiels ne s’arrête pas là. Que
ceux-ci ne sont, en un sens, qu’un point de départ. Et que le
travail véritable ne commence qu’une fois les cérémonies de
signature terminées.
La mise sur pied du Centre Pérès pour la paix donne sa pleine
expression à votre vision d’un Moyen-Orient où règnent la prospérité
économique partagée, la stabilité et la paix. Les activités
actuelles du Centre sont essentielles à l’ouverture du dialogue et à
la promotion de l’harmonie et de la réconciliation entre les peuples
du Moyen-Orient.
Guidé par votre inspiration, le Canada poursuivra ses efforts pour
multiplier les contacts entre les gens dans la région. Que ce soit
dans le contexte du processus de paix, ou pour favoriser le dialogue
régional à tous les niveaux.
Mesdames et Messieurs, le nouveau siècle qui s’amorce voit aussi
fleurir d’autres aspects très intéressants du partenariat entre le
Canada et Israël. Grâce à bon nombre des personnes ici présentes,
nos relations économiques sont en pleine expansion.
La signature de l’Accord de libre-échange Canada-Israël en 1997 a
marqué le début d’une nouvelle ère du commerce entre nos pays. Elle
a fourni à nos entrepreneurs les outils dont ils ont besoin pour
faire des affaires ensemble. Cet accord a grandement stimulé le
commerce bilatéral. Les exportations canadiennes vers Israël ont
augmenté de plus de 24 % l’an dernier seulement. Nous importons
maintenant des produits israéliens d’une valeur de plus de 400000000
$ par année. Et je ne doute pas qu’avec un tel
dynamisme, nos échanges bilatéraux franchissent bientôt le cap du
milliard de dollars par année. Nos liens économiques sont aussi très
diversifiés. Nos échanges ne se limitent plus seulement aux
produits. Ils comprennent maintenant des co-entreprises, des
alliances stratégiques et des partenariats profitables.
Le Canada et Israël sont également des partisans convaincus du
libre-échange. Et nous mettons nos convictions en pratique. Israël a
conclu huit accords de libre-échange, le plus récent avec l’un de
nos partenaires de l’ALENA, le Mexique. Grâce à ces accords, Israël
bénéficie d’un accès privilégié à de nombreux marchés étrangers. Une
des conséquences de nos liens économiques avec Israël, c’est que les
sociétés canadiennes et leurs partenaires israéliens travaillent
ensemble afin de se tailler une place sur d’autres marchés. Au sein
de l’Union européenne et ailleurs.
Les investissements aussi vont bon train. Les entreprises
canadiennes et israéliennes continuent de nouer des partenariats
dynamiques. Ainsi, au début du mois, Amdocs a fait l’acquisition de
la jeune entreprise canadienne Solect pour plus de 1000000000 $. Et
les compagnies Creo Products de Vancouver et Scitex
d’Israël ont récemment fusionné pour ensuite investir environ
700000000 $ en infographie.
Bien que les gouvernements puissent jouer un rôle dans la promotion
des échanges, ce sont clairement les gens d’affaires qui montrent la
voie. Voilà pourquoi j’ai le plaisir d’annoncer qu’avec la
collaboration et la participation financière égale du gouvernement
d’Israël, notre gouvernement continuera de financer la Fondation
pour la recherche et le développement industriels Canada-Israël pour
les cinq prochaines années.
Cette Fondation existe grâce à la vision et à la prévoyance de
Shimon Pérès. Et elle a bien servi les intérêts de nos deux pays.
Elle a permis à des petites et moyennes entreprises d’explorer
ensemble des projets de haute technologie. Des projets dans le cadre
desquels nous mettons en commun nos savoir-faire pour mettre au
point de nouveaux produits et des méthodes novatrices. Les projets
réussis versent ensuite des redevances à la Fondation. Depuis sa
création il y a cinq ans, près d’une trentaine de projets ont été
approuvés, qui représentent un investissement total d’environ
10000000 $.
Une de ces réussites est celle de la société Fibronics de Haifa et
de PlainTree Systems, une compagnie de Stittsville, non loin d’ici.
Ces deux entreprises ont uni leurs forces dans le secteur des
réseaux locaux. Et la participation de la Fondation a déjà entraîné
le versement de près de 100000 $ en redevances. Je tiens à
féliciter le conseil d’administration de la Fondation et son équipe
de gestion du travail formidable qu’ils accomplissent depuis cinq
ans.
Avec les encouragements des Palestiniens et des Israéliens, nous
envisageons des moyens d’établir des partenariats trilatéraux par
l’entremise de la Fondation.
C’est afin de nouer de tels partenariats, de renouveler des liens
fructueux et de constater de mes propres yeux comment les Canadiens
peuvent le mieux contribuer au mouvement en faveur de la paix que je
me rendrai au Moyen-Orient le mois prochain.
Mon voyage débutera en Israël. J’y rencontrerai le premier ministre
Barak de nouveau ainsi que le Président Weizman. Le premier ministre
et moi avons eu d’excellentes discussions sur diverses questions en
novembre dernier à la Conférence de l’OSCE à Istanbul. Je profiterai
de l’occasion de ma visite pour réaffirmer l’engagement profond du
Canada envers la construction de la paix et son appui indéfectible à
ceux qui oeuvrent pour la paix.
Je rendrai un hommage solennel aux victimes de l’Holocauste à Yad
Vashem. Monsieur le Ministre, je compte aussi me rendre sur la tombe
de votre défunt partenaire dans l’oeuvre de paix, Itzhak Rabin, afin
de lui rendre honneur au nom de tous les Canadiens. Je rencontrerai
également le président de la Cour suprême pour discuter d’un sujet
qui me tient à coeur : la Charte canadienne des droits et libertés.
Comme vous le savez, Israël considère notre Charte comme un modèle.
Et je suis d’autant plus ravi que mon collègue Irwin Cotler
m’accompagnera.
Un bon nombre d’entre vous ont étudié à la Hebrew University, qui
célèbre cette année son 75e anniversaire. Cet établissement a joué
un rôle fondamental dans l’évolution de l’État d’Israël. Ce sera
pour moi un grand honneur de recevoir le doctorat honorifique que me
conférera l’université.
Pendant mon séjour dans la région, je m’entretiendrai aussi avec des
leaders de l’Autorité palestinienne, de l’Égypte, du Liban, de la
Syrie, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite. À toutes ces
occasions, je les exhorterai à saisir cette chance unique de faire
aboutir le processus de paix. Le temps presse. Et j’examinerai les
façons dont le Canada pourrait se rendre utile.
Mesdames et Messieurs, la devise du Comité Canada-Israël résume bien
notre relation : « Deux pays extraordinaires. Une amitié
extraordinaire ». Voilà pourquoi cette soirée représente en quelque
sorte la première escale de mon voyage au Moyen-Orient.
Depuis plus de 50 ans, Israël et le Canada sont de bons amis et
partenaires. À l’aube d’un nouveau siècle, nous pouvons contempler
avec fierté tout ce que nous avons accompli ensemble, et avancer
avec espoir et optimisme vers un avenir où tout est possible.
Ce n’est pas la chance, mais le choix, qui détermine l’avenir,
A-t-on dit. En présence de Shimon Pérès, levons maintenant notre
verre à l’avenir collectif des peuples du Moyen-Orient. Et au mot le
plus doux, dans toutes les langues
À la paix! Shalom!
[CChrétien=20000929]
[lieu=ottawa]
Pierre Elliott Trudeau était un homme sans pareil.
Il était un brillant érudit. Un homme d’action à la fois distingué
et charmant, avec un esprit vif et enjoué. Il était un homme au
courage extraordinaire. Un homme complexe qui aimait purement et
simplement le Canada.
Pierre a déjà écrit au sujet « d’un homme à qui l’école n’a jamais
su enseigner le nationalisme, mais qui contracta cette vertu
lorsqu’il eut ressenti dans sa chair l’immensité de son pays et
qu’il eut éprouvé par sa peau combien furent grands les créateurs de
sa patrie. » Pierre aussi est tombé en amour avec notre pays en
explorant nos montagnes, en partant à la conquête des rapides de nos
rivières et en découvrant les rues de nos villes.
Tant Whistler que le Mont Tremblant. Tant la rivière Nahanni que le
fleuve Saint-Laurent. Tant la rue Yonge que la rue Saint-Denis.
Autant de coins de pays qu’il a ressenti dans sa chair et éprouvé
par sa peau.
Un jour, il m’avait raconté qu’après avoir lu le beau roman Maria
Chapdelaine, il avait voulu faire le trajet de François Paradis. Il
avait quitté La Tuque. Seul, il avait traversé la forêt du nord de
la Mauricie pour se rendre au Lac-Saint-Jean. Il avait réussi le
voyage. C’est pour vous montrer combien il aimait l’histoire et le
sol de son pays.
Pierre Trudeau a été pour moi un collègue, un mentor et un ami. Et
il a déclenché des forces de changement qui façonnent toujours l’âme
de son peuple.
Pour Pierre Trudeau, la raison devait l’emporter sur la passion.
C’était même sa devise. Mais il était animé par une passion profonde
pour le Canada. Son rêve d’une société juste a capté l’imagination
du pays, et l’attention du monde entier. Ce rêve a aussi inspiré
nombre de jeunes à se consacrer au service public, et a marqué à
jamais une génération entière de Canadiens.
Pierre Trudeau compte parmi les architectes de la Révolution
tranquille et du Québec moderne. Il rêvait aussi d’un Canada
moderne, et il a su donner vie à son rêve.
Il a pris le chemin de la Chambre des communes avec l’intention de
bâtir un pays où les Canadiens d’expression française pourraient
occuper la place qui leur revient, d’un océan à l’autre. Un Canada
riche de deux langues officielles, qui valorise et célèbre sa
diversité. Un pays de compassion qui donne à tous ses citoyens une
chance égale de réussir dans la vie, sans égard à leurs origines,
leurs croyances ou leur fortune. Un Canada qui prend sa place dans
le monde, qui milite en faveur de la liberté, de la paix et de la
justice, et qui défend la cause des pays en voie de développement.
Il nous a légué un héritage politique colossal, dont la pièce
centrale – la Charte des droits et libertés – a toujours fait sa
plus grande fierté, et m’a fourni l’occasion d’avoir des discussions
très personnelles avec lui sur un sujet qui le passionnait, alors
que j’étais son ministre de la Justice.
Pierre Trudeau a été un géant de notre époque et un grand Canadien.
Aujourd’hui, tous les Canadiens partagent la tristesse que ressent
sa famille. Nous avons prié avec eux dans les jours difficiles qui
ont suivi la mort de Michel et pendant la maladie de Pierre. Hier,
sa voix magnifique et éloquente s’est éteinte. Mais son héritage
restera bien vivant tant que nous ferons preuve de courage,
d’engagement et d’amour pour le Canada – le pays qu’il aimait tant.
Pierre, tu as gardé nos coeurs jeunes. Tu nous as fait cadeau de la
fierté. Et tu nous as fait rêver.
Merci, cher ami, et au revoir.

[CChrétien=20000829]
[lieu=mani]
Je tiens à remercier John et nos députés du Manitoba pour
l’organisation de cette merveilleuse rencontre. Tout est parfait.
Vous avez même prévu du beau temps. Nous en avions tous besoin en
cette fin d’été.
Je suis ravi de vous retrouver tous ici à Winnipeg aujourd’hui,
parce que le moment est très bien choisi pour tenir un caucus. En
effet, vous savez tous que nous avons un programme très chargé
devant nous à la rentrée. Un vrai programme libéral. Un programme
axé sur l’avenir.
À la réunion des premiers ministres en septembre, notre objectif
sera de prendre des mesures décisives en vue de préserver et de
moderniser notre régime public d’assurance-maladie pour le 21e
siècle qui commence. D’établir un cadre relatif au développement de
la petite enfance en tant que priorité pour tous les gouvernements.
De nous entendre sur un nouveau programme d’infrastructures
fédéral-provincial-municipal en vue de doter le Canada d’équipements
économiques et écologiques modernes.
Plus tard cet automne, nous poursuivrons la promotion des échanges
dans le cadre d’une nouvelle mission d’Équipe Canada en Chine. Et
nous nous préparerons en vue d’un budget qui accélérera les baisses
d’impôt annoncées, en particulier pour les familles des travailleurs
et les Canadiens à revenu moyen.
Par exemple, entre le moment où nous avons commencé à réduire les
impôts en 1998 après avoir éliminé le déficit et la fin du plan de
réduction des impôts annoncé dans le plus récent budget de Paul, la
famille à deux revenus totalisant 60000 $ par année aura vu ses
impôts fédéraux diminuer de 35,6 %, c’est-à-dire de 6400 $ à
4100 $, une économie de 2200 $. Et ce n’est là qu’un exemple du plan
que nous avons commencé à mettre en oeuvre. Notre politique vise à
réduire les impôts des Canadiens à revenu faible ou moyen. Et non à
instaurer un impôt uniforme pour les revenus les plus élevés.
Pour accomplir la tâche de bâtir notre avenir commun, nous pouvons
compter sur l’équipe la plus talentueuse et créative à la Chambre
des communes. Une équipe très animée qui a beaucoup de choses à
dire. Une équipe véritablement nationale dont les membres
proviennent de toutes les régions du pays.
Nous avons tous – sénateurs et députés – traversé beaucoup
d’épreuves ensemble. Nous avons mené beaucoup de combats ensemble.
Et nous avons remporté beaucoup de victoires ensemble. Mais il nous
reste encore des combats à mener et des victoires à remporter.
Et c’est pour cette raison que nous sommes venus ici à Winnipeg.
Afin de préparer la campagne qui nous conduira à notre troisième
gouvernement libéral majoritaire de suite!
La plupart d’entre vous sont arrivés à Ottawa en 1993. Vous vous
souvenez très bien de la situation désastreuse qui régnait. Vous
vous souvenez du sentiment de désespoir que ressentaient tous les
Canadiens. Comme les choses ont changé en sept ans!
Aujourd’hui, les Canadiens sont plus optimistes qu’ils ne l’ont été
depuis des décennies.
Nous connaissons une croissance économique soutenue, qui a été
accompagnée par la création de 2000000 de nouveaux emplois. Le
Canada est sur la bonne voie. Et les Canadiens veulent continuer de
progresser dans cette bonne voie.
Notre parti a présenté quatre budgets équilibrés de suite et a aussi
réduit la dette. Comme vous le savez, nous avions un déficit de
42000000000 $. Nous l’avons éliminé. Nous avons fait fondre
la dette de 25000000000 $ au cours des quatre dernières
années. Mais nous n’avons pas cessé de penser aux plus démunis dans
notre société. C’est pourquoi aujourd’hui le niveau de chômage est à
son plus bas depuis 25 ans.
Notre parti est le parti des familles et des enfants. Le parti qui a
mis en place la Prestation nationale pour enfants.
Notre parti est celui de la nouvelle économie. Le parti qui a
branché toutes les écoles canadiennes. On pourrait parler du réseau
Rescol. Des bourses du millénaire. De la Fondation canadienne pour
l’innovation. Des Chaires d’excellence en recherche du 21e siècle.
Et des Instituts de recherche en santé du Canada. Ce sont toutes des
réalisations du gouvernement libéral.
Quelqu’un disait ce matin dans le journal que nous avons été trop
modestes. En venant dans l’avion, je lisais un article qui pourrait
vous intéresser. Vous savez que nous avons créé 2000 nouvelles
chaires d’excellence. Or, cet article paru dans un magazine
britannique de Cambridge, au Royaume-Uni porte sur les initiatives
annoncées par le Royaume-Uni pour attirer des cerveaux et je cite :
« Une poignée d’éminents chercheurs pourraient bientôt aller
chercher des salaires dans les six chiffres pour vivre et travailler
dans le Royaume-Uni ». Et ils ont créé 50 chaires. La population de
la Grande-Bretagne est presque le double de celle du Canada. Au
Canada, nous avons été modestes en créant 2000 chaires.
Parce que c’est cela que nous voulons. Nous voulons placer le Canada
au premier rang. Vous savez, vous n’entendez pas cela de la part des
autres partis. Ils ne parlent pas des jeunes, des entrepreneurs et
de tout le reste. De l’investissement, de l’innovation et de tous
ces programmes. Ils n’en parlent pas. Nous, oui. Parce que nous
sommes là pour bâtir l’avenir.
Mais nous avons accompli beaucoup d’autres choses aussi, bien sûr.
Notre parti est celui de l’unité nationale. Et dans le parti de
l’unité nationale, il était de notre devoir d’adopter la loi la plus
importante qu’un gouvernement ou un Parlement ait adoptée depuis
très longtemps : notre loi sur la clarté.
Si nous sommes réunis ici à Winnipeg, ce n’est pas seulement pour
préparer notre programme en vue du 21e siècle. C’est aussi pour
préparer la prochaine campagne électorale. L’une des campagnes les
plus déterminantes de notre histoire. Une campagne où les choix
présentés seront clairs comme de l’eau de roche. Une campagne où
deux visions très différentes du Canada s’affronteront. Notre voie
est orientée vers l’avenir. Moderne, équilibrée et reposant sur un
large consensus, elle s’appuie sur un ensemble de valeurs communes
et sur les principes que les Canadiens ont à coeur. C’est la voie
canadienne.
À côté, il y a le train qui avance à reculons sur une voie
secondaire : celui que Stockwell Day et l’Alliance réformiste – la
CRAP canadienne – se plaisent à appeler le « train de la liberté ».
Comme si le Canada n’était pas une terre de liberté. Comme si les
Canadiens n’étaient pas libres!
C’est complètement absurde! C’est une insulte à notre histoire
commune! Et à nos réalisations communes. Quelle insulte aux
souffrances de ceux et celles qui ont pris le vrai train de la
liberté il y a 150 ans. Les esclaves qui se sont enfuis au Canada
pour y vivre en liberté.
Le train de l’Alliance s’en va dans la mauvaise direction. Il recule
au lieu d’avancer. Dans ce train, où il n’y a pas de sièges pour la
grande majorité des Canadiens.
Par contre, il y a des sièges réservés à bord pour ceux dont
l’objectif avoué est de démembrer le Canada. Après son lunch en
compagnie de Brian Mulroney, M. Day – nous l’appelons maintenant
Blocwell Day – a été surpris au lit avec le Bloc. Vous vous
souvenez? C’était il y a quelques semaines. Il a pris la fuite le
pantalon à la main. Et regardez ce qui s’est passé hier. Il
n’apprendra jamais. Il a fièrement annoncé le recrutement de deux
anciens députés du Bloc québécois pour représenter son parti aux
prochaines élections.
Mes amis, croyez-moi, ce n’est pas une façon de diriger ce pays.
L’Alliance canadienne est devenue l’Alliance contre nature. Mes
amis, l’histoire nous a appris combien il est dangereux d’essayer de
séduire les séparatistes. Les Canadiens n’ont qu’une question à
poser à Stockwell Day : Qui sera son Lucien Bouchard? Et il en veut
40. Quant à moi, je n’en veux aucun!
Il a proposé que tous les impôts soient perçus par les provinces.
Vous l’avez lu, n’est-ce pas? Elles enverraient ce qui reste au
gouvernement fédéral. Vous imaginez un peu Lucien Bouchard et Mike
Harris et Ralph Klein envoyer une allocation chaque mois au
gouvernement élu par l’ensemble des Canadiens – s’ils décident que
nous avons été bien sages?
Croyez-moi, ce n’est pas une façon de diriger ce pays!
En fait, c’est une vision du rôle du gouvernement du Canada que
seuls le Bloc québécois et l’Alliance partagent. Quel contraste
fondamental avec les idées que défendent les libéraux. Quelle
profonde rupture avec le consensus modéré qui a toujours existé au
Canada au sujet du rôle du gouvernement élu par l’ensemble de la
population canadienne. Ceux qui croient en un Canada profondément
décentralisé, où le gouvernement national ne possède aucun rôle
significatif, ont leur siège à bord de ce train. Mais il n’y a pas
de place à bord pour la grande majorité des Canadiens.
Ce n’est pas une façon de diriger ce pays!
Il y a certainement un siège à bord de ce train là pour ceux qui
s’opposent à l’impôt progressif sur le revenu. Il y a de la place
pour ceux qui pensent qu’il faut donner plus d’argent aux riches et
pas aux familles des travailleurs et aux Canadiens à revenu moyen.
C’est pour cela qu’il veut instaurer un impôt uniforme. Le même taux
d’imposition pour les riches que pour les familles des travailleurs
et les Canadiens à revenu moyen. Le rêve des millionnaires et le
cauchemar de tous les autres!
Notre gouvernement – Paul dans son dernier budget – a annoncé un
plan qui sera mis en oeuvre d’ici quatre ans. En fait, nous avons
commencé il y a trois ans.
La différence par rapport à ce que nous proposons c’est qu’avec
l’impôt uniforme, un contribuable qui gagne 200000 $ par année, par
exemple, économisera davantage : 22000 $ par année. Celui qui gagne
500000 $ économisera 62000 $. Et un millionnaire, ou quelqu’un qui
gagne 1000000, économisera 130000 $. Vous pensez que c’est une
façon de diriger un pays?
Vous savez, les plus privilégiés dans une société civilisée doivent
partager avec les autres. C’est cela qu’on nous a enseigné. Dans la
bible de l’Alliance, il n’y a qu’un seul commandement : Tu ne feras
pas payer plus d’impôt aux riches qu’à la famille moyenne du Canada.
Ce n’est certes pas une façon de diriger ce pays, mes amis!
La Charte des droits et libertés est précieuse pour les Canadiens.
Elle s’appuie sur un très vaste consensus à l’échelle du pays. Elle
représente une valeur fondamentale pour l’ensemble des Canadiens. Et
le Parti libéral la juge primordiale. Surtout le chef du Parti
libéral, parce que j’étais le ministre de la Justice quand la Charte
des droits a été présentée et débattue à la Chambre des communes.
Or, en tant que ministre au sein du gouvernement albertain,
Stockwell Day a exhorté son gouvernement à ne pas tenir compte des
décisions judiciaires en faveur des droits des minorités et à les
contourner. Heureusement, Ralph Klein n’était pas d’accord avec lui.
Ralph a du bon, vous savez. Alors, ceux qui s’opposent à la Charte
des droits et libertés n’ont qu’à monter à bord du train de la
liberté! Il y a un siège pour eux. Mais il n’y a pas de place pour
le reste des Canadiens. Les majorités peuvent toujours protéger
leurs propres droits. Ce sont les minorités qui ont besoin de la
protection d’une Charte des droits et libertés.
Les personnes accusées d’un crime qu’elles n’ont pas commis n’ont
pas leur place à bord du train de la liberté. En fait, elles
pourraient devoir carrément renoncer à leur liberté. Parce qu’il se
dit fatigué de ce qu’il prétend être les appels « interminables »
que permet notre système de justice pénale. Nous savons que l’erreur
est humaine et que les tribunaux peuvent se tromper. Allez donc
demander à David Milgaard, à Guy Paul Morin ou à Donald Marshall si
les possibilités d’appel sont trop nombreuses dans notre système. Je
dois vous dire que l’un des moments de ma vie publique dont je suis
le plus fier c’est celui où j’ai lu le dossier sur Donald Marshall
comme ministre de la Justice. J’ai adressé une demande sans
précédent à la Cour d’appel de la Nouvelle-Écosse pour qu’elle
réexamine ce dossier. Et enfin, après de longues années en prison,
Donald Marshall a été libéré. C’est pour cela qu’il nous faut un
système de justice au Canada.
Les partisans de la National Rifle Association ont une place en
première classe à bord du train. Quant aux partisans du contrôle des
armes à feu, il n’y a aucune place pour eux. Il n’y a pas de place
pour ceux qui, comme l’Association canadienne des chefs de police,
croient qu’un contrôle efficace des armes à feu rend nos communautés
plus sûres.
Mes amis, ce n’est pas une façon de diriger ce pays quand on sait
qu’au Canada on dénombre cinq fois moins de meurtres par arme à feu
qu’aux États-Unis. Il ne faut pas oublier que ces mesures protègent
les gens qui circulent dans la rue.
Ceux qui s’opposent à la liberté de choix pour les femmes ont un
siège à bord du train de la liberté. Les libéraux croient à la
liberté de choix pour les femmes. Quant à lui, il veut diviser les
Canadiens en tenant un référendum national sur ce droit. Il veut
rompre la paix sociale qui règne au Canada depuis la décision de la
Cour suprême sur cette question en 1988.
Mes amis, ce n’est pas une façon de diriger ce pays!
Les Canadiens de l’Atlantique n’ont pas leur siège à bord du train.
Le mécanicien pense qu’ils sont trop paresseux pour arriver à temps
à la gare.
Les jeunes entrepreneurs n’ont pas leur place à bord de son train.
Il ne les mentionne même pas. Quand il parle des jeunes, il ne parle
que des jeunes contrevenants.
Ce n’est pas une façon de diriger ce pays!
Et maintenant il ne cesse de prêcher les vertus des votes libres à
la Chambre des communes. Le Parti libéral a tenu un plus grand
nombre de votes libres que tous les autres partis, mais il prêche
cela maintenant. Mais il ne prêche pas d’exemple. Il y a quelques
mois, des députés du gouvernement conservateur de l’Alberta
voulaient pouvoir voter librement sur le projet de loi 11. Qu’a fait
M. Day? Il a interrompu sa course au leadership, a provisoirement
cessé de prêcher l’évangile des votes libres, est accouru à
Edmonton, a dit « Paré! » et a voté avec l’ensemble des députés
conservateurs, en bloc, en faveur du projet de loi 11. Ensuite, il
s’est remis à prêcher les vertus des votes libres.
Ce n’est pas la façon de diriger ce pays
Quiconque croit que la formulation de la politique étrangère du
Canada devrait être confiée à Jesse Helms a son siège à bord du
train, toutefois. Il suffit de penser à la politique étrangère que
propose l’Alliance. Par exemple, le Canada devrait songer à se
retirer des Nations Unies. La Convention sur l’interdiction des
mines terrestres serait un exemple de « dilettantisme » et serait «
accessoire du point de vue de l’intérêt national du Canada ». Si le
parti qui prétend tenir aux valeurs familiales considère comme du
dilettantisme le fait d’essayer de protéger des enfants contre
l’explosion de mines terrestres, quelqu’un pourrait-il
m’expliquer à
quoi peuvent bien rimer toutes ces histoires de respect?
J’aimerais en profiter pour rendre hommage à un excellent ministre
des Affaires étrangères : Lloyd Axworthy. Vous savez, je voyage
beaucoup ailleurs dans le monde et je suis très fier de mon cabinet
et de nos députés quand ils voyagent à l’étranger. Ça ouvre les yeux
de tout le monde et ça fait mieux comprendre le Canada. On me dit
qu’aux États-Unis, les deux tiers des représentants au Congrès n’ont
pas de passeport. Ici au Canada, tous mes députés voyagent. J’ai
voyagé avec eux. Ils parlent des valeurs qui nous rassemblent au
Canada, et personne ne le fait mieux que Lloyd Axworthy. Vous savez,
son programme d’action pour la sécurité humaine et tous les autres
dossiers sur lesquels il travaille, et sur lesquels je travaille
avec lui.
Nous savons que le monde a beaucoup changé. Dans le monde,
aujourd’hui, il n’y a qu’une seule superpuissance, et c’est une
excellente occasion pour une puissance moyenne comme le Canada de
jouer un rôle. Et à ce chapitre, Lloyd Axworthy me rend très fier
d’être Canadien et d’être libéral.
Bref, Mesdames et Messieurs, je ne veux pas parler trop longtemps.
J’ai été absent de la scène un peu, mais je veux seulement vous dire
que nous sommes prêts pour des élections très bientôt!
Et nous affronterons l’Alliance parce que nous avons des valeurs à
défendre. Vous savez, regardez le programme de l’Alliance
réformiste, ou quel que soit le nom qu’elle s’est donnée. Ils ont
même tenté de vendre aux Canadiens l’idée d’un impôt uniforme.
[Steve] Forbes, aux États-Unis, a dépensé 30000000 $
pour tenter de vendre cette idée aux républicains dans le Sud des
États-Unis et il a récolté deux votes.
Pensez-vous que nous avons peur d’aller en élection? Parce que
nous
allons aller en élection en parlant des valeurs canadiennes. Parlons
de ce langage que les Canadiens aiment faire connaître et qui fait
de nous un exemple dans le monde. Le langage de l’espoir, le langage
de l’inclusion, le langage de la tolérance, le langage de la
compassion et le langage du partage.
C’est pour ça que nous sommes en politique. C’est pour essayer de
faire de notre pays un meilleur pays à tous les jours. Et quelle
satisfaction nous avons eue au cours des sept dernières années
lorsque les Nations Unies ont proclamé notre pays comme étant le
pays où il fait le mieux vivre dans le monde entier. Sept années
consécutives que nous sommes premiers!
Pensez-vous que nous avons peur de nous présenter devant
l’électorat
canadien avec notre bilan? Sept années de bon gouvernement. Sept
années d’équilibre budgétaire, de baisses d’impôt, de réduction de
la dette. Mais à la manière libérale. La manière équilibrée de faire
le nécessaire pour ceux qui sont pauvres. Pour les familles qui
n’ont qu’un seul gagne-pain. Pour assurer aux enfants le minimum
décent dont ils ont besoin pour aller à l’école. C’est la manière
canadienne de faire les choses. Nous avons commencé à partager au
moment de la Confédération. Souvenez-vous qu’en 1869, Joseph
Howe
voulait que la Nouvelle-Écosse se sépare du Canada parce qu’il
trouvait qu’elle faisait vivre la Confédération à l’époque. Puis la
prospérité s’est déplacée de la Nouvelle-Écosse au Québec et à
l’Ontario puis à l’Ouest et ainsi de suite, mais je me souviens très
bien des histoires que racontaient les gens de ma propre famille.
Quand mon grand-père maternel et sa famille travaillaient en
Saskatchewan et en Alberta et qu’ils étaient très heureux à l’époque
de voir que les Canadiens des autres régions du pays pouvaient
partager.
Mesdames et Messieurs, nous commençons un excellent caucus. Nous
allons préparer un excellent programme ensemble en vue d’une
victoire électorale qui placera le Canada sur un bon pied pour
demeurer le meilleur pays au monde au 21e siècle.
Vive le Canada!
[CChrétien=20010701]
[lieu=ottawa]

Bienvenue à la Fête du Canada de 2001.
C’est la huitième fois que j’ai l’immense privilège de prendre part
à cette grande célébration pancanadienne. De me joindre à l’ensemble
des Canadiens et Canadiennes pour fêter à notre façon un pays sans
égal.
C’est ma huitième fois. Et chaque nouvelle fête est meilleure que
celle d’avant. Elle est meilleure, parce que les festivités
s’améliorent d’année en année.
Autant la gigantesque célébration qui se tient ici sur la colline du
Parlement que les innombrables fêtes qui se déroulent dans tout le
pays, de l’aube au crépuscule. D’Est en Ouest. Du Nord au Sud. À
cette occasion, les Canadiens ressentent un flot de joie débordante.
Nous manifestons – entre nous et aux yeux du monde entier – notre
sentiment de fierté nationale devant nos réalisations. Et devant les
bienfaits dont nous sommes comblés.
Le jour de la Fête du Canada, nous exprimons la fierté que nous
inspire notre rôle de force de paix, de liberté et de justice dans
un monde souvent tourmenté. Et la reconnaissance infinie que nous
devons à ceux qui ont sacrifié leur vie dans la défense de nos
valeurs.
Ce matin, j’ai assisté à une cérémonie très sobre à la mémoire de
l’un de nos plus grands hommes d’État d’envergure internationale.
Mon ami et mentor Lester Pearson. Comme chef, il incarnait la
conviction bien canadienne que toute politique étrangère valable
doit être centrée sur la personne humaine.
Le premier juillet, nous célébrons notre diversité incomparable. En
ce jour, tous les Canadiens, de naissance ou d’adoption, réaffirment
leur citoyenneté commune. Leur égalité fondamentale. Et notre
volonté de faire du Canada un milieu de vie et de travail toujours
meilleur et plus tolérant.
Ici, au Canada, dans ce pays bâti par des gens venus d’ailleurs,
cette tradition remonte plus loin que la Confédération. Mais c’est
chez Pierre Elliott Trudeau qu’elle a trouvé son expression la plus
éloquente. Cet homme de coeur et de vision, ce géant de notre temps,
était animé par le rêve d’une société juste. À l’aide du pouvoir et
de l’exemple de sa haute fonction, il a fait en sorte que nos lois
et nos institutions contribuent à l’épanouissement de notre
diversité culturelle. Une diversité qui donne à la société
canadienne toute sa vitalité. Toute sa créativité. Toute sa saveur.
Et tout son dynamisme aussi – un dynamisme qui se fera de nouveau
sentir dans quelques jours à peine, alors que la région de la
capitale nationale accueillera les 4e Jeux de la Francophonie. C’est
un dynamisme qui rend tous les rêves possibles. Y compris celui de
Jordin Tootoo, le chasseur de phoques qui est devenu le premier
joueur de hockey du Nunavut à être repêché par la Ligue nationale de
hockey. C’est un dynamisme qui nourrit l’énergie créatrice
d’artistes comme Zacharias Kunuk, dont le film Atanarjuat a remporté
un succès foudroyant au festival de Cannes cette année. Le premier
film rédigé, produit et réalisé par des Inuits, dans leur propre
langue.
Mes amis, la Fête du Canada est surtout l’occasion pour nous de
célébrer la plus précieuse de nos ressources nationales : le
caractère canadien.
Un caractère indomptable. Qu’aucun des défis de l’histoire, de la
géographie et des événements n’a pu altérer. Un caractère animé par
l’innovation, empreint de compassion et de générosité. Jamais
inerte. Toujours à l’affût de quelque nouveau défi à relever. D’un
plus grand rêve. De meilleurs lendemains.
Abreuvé à la source des générations de bâtisseurs et de
visionnaires, le caractère canadien est la clé de l’histoire que
nous avons vécue ensemble et des valeurs que nous avons épousées.
C’est pourquoi au Canada, le meilleur est toujours à venir!
Bonne Fête du Canada! Et vive le Canada!

[CChrétien=20010205]
[lieu=USA]
Le premier discours par un premier ministre canadien devant
l’Organisation des États américains représente un jalon marquant
dans l’affirmation par le Canada de son identité hémisphérique.
Il s’inscrit dans la foulée de notre décision d’adhérer à l’OEA en
1990. De notre participation aux deux premiers sommets des Amériques
à Miami et Santiago. Des deux missions commerciales en Amérique
latine que j’ai dirigées, en 1995 et en 1998. Et de l’accueil de
l’Assemblée générale de l’OEA à Windsor en juin dernier. Il sera
suivi des réunions des ministres des finances, de l’environnement et
du travail de l’hémisphère qui auront lieu au Canada au cours des
prochains mois et de la réunion inaugurale du Forum
interparlementaire des Amériques qui se tiendra à Ottawa dans
quelques semaines à peine.
Dans quelques mois, nous franchirons l’étape la plus importante de
notre parcours alors que nous accueillerons les dirigeants
démocratiquement élus des Amériques à Québec pour le Troisième
Sommet des Amériques.
À mesure que nous avons avancé sur ce parcours s’est accru le
sentiment que les Amériques ne se résument pas à une réalité
géographique. Que nous sommes plus que de simples voisins et amis.
Nous formons una gran familia. Une famille dont chaque membre est
assurément un pays fier de sa propre identité et sûr de sa
souveraineté. Mais néanmoins, sur un plan supérieur, une famille qui
partage les mêmes aspirations et valeurs. Qui a embrassé la
démocratie, l’économie de marché et la justice sociale. Qui a adopté
comme cause commune la mission d’améliorer la qualité de vie de tous
les citoyens.
J’ai parlé récemment à bon nombre de vos dirigeants des façons de
favoriser le progrès humain et le partage de la prospérité. J’en
parlerai plus tard aujourd’hui au Président Bush. Pour ceux qui
m’écoutent à Washington et au-delà, j’aimerais décrire brièvement la
façon dont se présentera l’ordre du jour du Sommet de Québec.
Je voudrais tout d’abord souligner que je suis conscient des
problèmes et des défis épineux qui nous séparent du but. Toutefois,
je suis fermement convaincu que nous saurons nous y attaquer de
front avec la même détermination qui nous a réunis à Miami et
Santiago et qui nous soutiendra jusqu’au bout.
L’écart entre riches et pauvres reste trop grand. De plus, dans la
nouvelle économie, nous devons relever un défi additionnel : celui
de prévenir les écarts découlant de la révolution de l’information.
Nos démocraties naissantes n’ont pas les institutions solides dont
elles ont besoin. Nos politiques sociales pourraient être
améliorées.
Beaucoup de gens attribuent ces graves problèmes aux puissants
courants de la mondialisation économique et du changement
technologique, alors que le Canada y voit plutôt des pistes de
solution. Des moyens de créer des opportunités infinies et de
répandre la prospérité de la Terre de Feu à la terre de Baffin.
Nous ne devons pas craindre les défis de la mondialisation, ni nous
laisser aveugler par ses attraits. Nous devons plutôt nous donner
les outils nécessaires pour que l’ensemble de la gran familia puisse
en récolter pleinement les fruits. En somme, nous devons adopter une
démarche centrée sur le mieux-être de la personne. Une démarche qui
reconnaît que pour réaliser leur plein potentiel, nos citoyens ont
besoin d’un environnement où leur sécurité est garantie, où leurs
droits sont respectés et où leur accès au mieux-être économique et
social est assuré.
C’est justement ce que nous voulons accomplir au Sommet de Québec.
Nous avons adopté trois thèmes complémentaires : le renforcement de
la démocratie; la création de la prospérité; et le développement du
potentiel humain. Et nous voulons mettre l’autoroute de
l’information au service de ce programme d’action. Afin de favoriser
la « connectivité » entre tous les membres de la grande famille des
Amériques.
Si la démocratie et l’État de droit sont les gardiens de la sécurité
humaine, il est par contre très ardu de préserver cette sécurité
dans la pauvreté et l’iniquité. En fait, le développement du
potentiel humain au moyen de politiques sociales efficaces est le
gage d’une démocratie et d’une prospérité florissantes. La
démocratie connaît clairement un grand essor dans les Amériques
depuis une décennie. Mais son progrès n’est ni constant, ni égal. Et
dans de nombreux pays, elle demeure fragile. Le Canada souhaite
qu’un engagement clair et vigoureux en faveur de la démocratie et de
l’inclusion sociale résulte du Sommet de Québec. Un engagement qui
s’étende à nos institutions démocratiques, à notre appareil
électoral et à l’impartialité de la justice. À la protection des
droits de la personne et de la liberté d’expression. À la lutte
contre le trafic des stupéfiants et la corruption.
Il faudra donner plus de pouvoir aux administrations locales et
protéger les droits des minorités, des peuples autochtones, des
migrants et des personnes handicapées, et s’engager dans les termes
les plus catégoriques à promouvoir l’égalité juridique, économique
et sociale des femmes et des hommes.
À Santiago, nous avons officiellement amorcé les négociations sur la
Zone de libre-échange des Amériques. Et nous nous sommes fixé comme
objectif de l’établir d’ici 2005.
En raison de son tempérament et de son histoire, le Canada tient
profondément à cet objectif. Nous comprenons les liens qui existent
entre la libéralisation des échanges, la prospérité et le progrès
social. Et nous considérons qu’une Zone de libre-échange assortie
d’une plus grande transparence et de règles plus claires est le
meilleur moyen d’établir ces liens à la grandeur de l’hémisphère,
autant dans les grandes nations que les petites.
De même, nous comprenons que la Zone de libre-échange ne peut pas
porter uniquement sur le commerce. Parce que ce n’est pas seulement
un contrat entre des entreprises et des gouvernements. Sa principale
dimension est avant tout humaine. Elle doit donc être de nature
globale et comprendre l’amélioration de l’efficacité des marchés
financiers, la protection des droits des travailleurs et de
l’environnement, et la promotion d’une meilleure coopération au
développement. Elle doit aussi susciter un dialogue avec le secteur
privé, les institutions financières internationales et la société
civile en faveur d’une plus grande responsabilité sociale de la part
des entreprises.
Voilà le type d’enjeux dont nous allons discuter à Québec.
Le Canada est également convaincu que le renforcement des
institutions démocratiques et la promotion de la prospérité dans la
nouvelle économie doivent aller de pair avec les mesures pour
favoriser l’inclusion économique et sociale, comme l’accès à
l’éducation et au perfectionnement professionnel, la promotion de
l’apprentissage continu, l’accès à des soins de santé de qualité et
des programmes efficaces de prévention de la maladie.
Ce faisant, nous devons respecter la valeur de la diversité
ethnique, culturelle, linguistique et religieuse qui fait toute la
richesse de notre grande famille.
D’autre part, le Canada est bien déterminé à combler les écarts qui
se sont créés dans les Amériques en raison de la révolution de
l’information. Une révolution qui se poursuit toujours et dans
laquelle les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer afin
d’orienter l’évolution des nouvelles technologies et de veiller à ce
que tous bénéficient équitablement des possibilités qu’elles
offrent, soit la capacité d’effacer les distances, de donner accès
au savoir et d’augmenter la productivité économique.
Au Canada, nous avons fait d’immenses progrès dans ce domaine en
établissant des partenariats novateurs qui nous ont permis de
brancher toutes nos écoles publiques et nos collectivités à un coût
relativement minime.
Notre rencontre à Québec sera en quelque sorte l’occasion de prendre
acte de la mobilisation croissante de la société civile et de ses
préoccupations au sujet des puissants courants qui façonnent le
monde moderne.
Le Canada croit que l’ouverture et la transparence sont le moyen de
faire accepter nos efforts par le public et d’en faire reconnaître
la légitimité. Dans le cadre des préparatifs du Sommet, le Canada a
fait appel aux organisations de la société civile au niveau
national. Nous avons aussi encouragé les consultations régionales
avec les organisations engagées et sérieuses. Des rencontres ont
notamment eu lieu ici, au siège de l’OEA, et des sites Web ont été
créés pour permettre l’échange d’information.
Le Canada a travaillé fort pour faire de l’assemblée générale de
l’OEA à Windsor un forum plus ouvert. Nous avons ainsi permis à nos
citoyens d’assister à une discussion historique sur la nature de la
démocratie et sur l’état démocratique des pays membres. Nous devons
nous engager à travailler avec patience, persévérance et raison à
bâtir un avenir hémisphérique prometteur. Un avenir qui tient compte
des préoccupations exprimées par nos populations ainsi que de
l’incidence qu’ont sur nos citoyens les nouvelles forces à l’oeuvre
dans l’économie mondiale. En sa qualité d’hôte du premier Sommet des
Amériques du nouveau millénaire, le Canada fera tout en son pouvoir
pour promouvoir l’ouverture et la transparence, tout en permettant
des échanges fructueux entre les gouvernements.
Pour conclure, j’aimerais exprimer notre appui solide envers
l’Organisation des États américains. Nous pouvons tous être fiers de
ses réalisations. Le Secrétaire général Gaviria a assuré un
leadership inspiré et attentif aux désirs des pays membres.
Les activités de l’année écoulée illustrent la pertinence de cette
organisation : des efforts pour consolider la démocratie au
règlement de litiges de frontière; de la surveillance du bon
déroulement des élections à la promotion de la coopération
technique.
Plus que toute autre institution, l’Organisation des États
américains aura à donner suite aux mandats que nous approuverons à
Québec. Pour ce faire, elle aura besoin d’une expression tangible de
notre volonté politique et de l’engagement de notre part d’assurer
sa santé financière. Nos ministres des affaires étrangères devront
s’occuper activement de cette question à l’assemblée générale de
l’OEA de cette année au Costa Rica.
Mes amis, notre collaboration avec vous à la concrétisation de notre
vision de la gran familia des Amériques forme l’un des grands axes
de la politique étrangère canadienne. Pendant de nombreuses années,
le drapeau unifolié était absent de cette salle historique. Les
Canadiens estimaient que notre parcours national divergeait de celui
des Amériques. Cette époque est bien révolue.
Engageons-nous maintenant ensemble sur le sentier d’un nouveau
millénaire en unissant la force de nos convictions dans la poursuite
de nos objectifs communs.

[CChrétien=20010406]
[lieu=albe]
Je suis très heureux d’être de retour à Calgary.
Certains ont dit que je devrais venir ici parler de l’Ouest. Comme
si l’Ouest était une entité homogène. Comme s’il n’y avait aucune
différence entre Saskatoon et Surrey. Entre Estevan et Edmonton. Ou
entre Weyburn et Winnipeg. Ce n’est évidemment pas le cas. L’Ouest
est une région diverse. Les opinions politiques varient dans les
différentes parties de l’Ouest canadien. La situation économique
n’est pas la même partout dans les provinces de l’Ouest.
Ce qui est vrai, par contre – ce qui est incontestable – c’est que
l’exemple et l’influence des Canadiens de l’Ouest ont été
indispensables à l’immense succès du Canada.
Songez à nos artistes et à nos auteurs, tels W.O. Mitchell et Emily
Carr. Songez à l’influence de J.S. Woodsworth, de Winnipeg, sur
l’élaboration de la politique sociale.
Songez à nos régimes d’assurance-maladie et
d’assurance-hospitalisation, dont la Saskatchewan a été
l’architecte. Mercredi, j’ai demandé à Roy Romanow de diriger une
commission sur l’avenir de l’assurance-maladie. Une commission dont
le bureau central sera en Saskatchewan.
Songez à la Colombie-Britannique, la fenêtre du Canada sur le
Pacifique. Avec sa population asiatique dynamique.
Songez aux politiques avant-gardistes de Peter Lougheed. Constatant
la nécessité de diversifier l’économie de l’Alberta, il a créé le
Fonds du patrimoine de l’Alberta, qui aide à financer des
établissements de recherche de niveau mondial, en vue de bâtir la
nouvelle économie ici même en Alberta par l’entremise du ministère
de l’Innovation et des Sciences, du Alberta Science and Research
Fund, de la Heritage Foundation for Medical Research et de la
Heritage Foundation for Science, Engineering and Research.
Notre gouvernement fait de même, à l’échelle nationale, en mettant
l’accent sur l’innovation, la recherche et le développement. Ainsi,
nous avons créé les Chaires de recherche du Canada. L’idée venait de
Martha Piper, anciennement vice-présidente de l’Université de
l’Alberta et aujourd’hui présidente de l’Université de la
Colombie-Britannique. Nous avons mis sur pied la Fondation
canadienne pour l’innovation. Son président est David Strangway de
Vancouver, autrefois président de l’Université de la
Colombie-Britannique. Et nous avons créé les Instituts de recherche
en santé du Canada, à la suite d’une proposition de Henry Friesen,
de Winnipeg, ancien président du Conseil de recherches médicales du
Canada.
Comme nous, mon ami et partenaire le premier ministre Ralph Klein
investit considérablement dans la recherche en santé, en science et
en génie. Aujourd’hui, les Albertains récoltent les fruits de ces
investissements judicieux. En effet, Calgary n’est pas seulement la
capitale pétrolière du Canada. Elle se classe au deuxième rang des
villes canadiennes pour le nombre de sièges sociaux d’entreprise qui
s’y trouvent. Et elle est devenue un pôle d’attraction pour les
emplois et les investissements de la nouvelle économie, de même
qu’un centre de haute technologie comme il s’en développe de plus en
plus dans toutes les régions du pays.
Je préfère parler d’avenir que des vieux griefs. Nous reconnaissons
tous que toutes les régions du Canada ont certains griefs
historiques. Je suis en politique depuis longtemps, mais même moi je
n’étais pas là pour débattre avec sir John A. Macdonald de politique
douanière. Ni pour débattre avec sir Wilfrid Laurier du contrôle des
ressources naturelles en Saskatchewan et en Alberta. Et bien que
j’aie eu de nombreux emplois dans ma vie, je n’ai jamais travaillé
pour le Canadien Pacifique.
En ce qui me concerne, je laisse les historiens et les
politicologues débattre des vieux griefs. Pour ceux, en politique et
en affaires qui voudraient passer leur temps à débattre du passé,
j’aimerais citer Winston Churchill qui a dit : « Si le présent tente
de juger le passé, il perdra l’avenir. »
Je suis venu vous parler de l’avenir. Vous parler de faire cause
commune avec les Canadiens de l’Ouest. De faire du début du 21e
siècle la plus grande période de prospérité et d’essor que notre
pays ait jamais connue.
Depuis 1993, année où nous avons été élus tous les deux pour la
première fois, le premier ministre Klein et moi avons bien travaillé
ensemble – en tant que partenaires, et non en adversaires.
Nos deux gouvernements ont équilibré leurs budgets. Nous avons tous
les deux réduit considérablement l’impôt sur le revenu des
particuliers. L’impôt sur les gains en capital au Canada est
maintenant moins élevé qu’aux États-Unis. Les sociétés seront
bientôt moins imposées chez nous qu’aux États-Unis. Et tant le
gouvernement fédéral que le gouvernement de l’Alberta ont réduit la
dette publique. Par conséquent, l’économie canadienne est en très
bonne position pour affronter l’incertitude économique que provoque
le ralentissement aux États-Unis.
Le leadership et l’influence de Ralph Klein ont été des facteurs
extrêmement positifs dans les négociations fédérales-provinciales.
L’accord unanime sur le Plan d’action en matière de santé que nous
avons conclu l’automne dernier n’aurait pas été possible sans son
appui. Et son gouvernement a réalisé des travaux importants dans
l’élaboration d’indicateurs valables du rendement des services de
santé. Il a contribué ainsi à préparer le terrain pour que nous
puissions donner suite à l’engagement que tous les gouvernements ont
pris dans cet accord de mieux rendre compte de l’utilisation des
fonds consacrés à la santé.
Étant résolument déterminé à favoriser un avenir plus prospère,
notre gouvernement continuera de suivre des politiques favorables à
un secteur énergétique dynamique.
Un secteur énergétique solide est non seulement une pierre d’assise
de l’économie de l’Alberta, mais aussi un facteur absolument
essentiel pour la prospérité canadienne. En l’an 2000, les
investissements de capitaux de l’industrie ont totalisé 21000000000
$. Cette année, le montant pourrait atteindre 25000000000 $.
L’industrie compte aussi pour près de la moitié de l’excédent
commercial du Canada.
L’exploration de nouvelles sources d’énergie se poursuit dans toutes
les régions du pays. Des carburants classiques aux sables
bitumineux. Du pétrole lourd et de la récupération assistée en
Saskatchewan au gaz naturel en Colombie-Britannique. Du potentiel
hydroélectrique du Labrador et du Manitoba aux ressources
pétrolières et gazières de l’Atlantique et au gaz de
l’Extrême-Arctique. Et à la prochaine génération de carburants que
met au point un secteur de l’énergie innovateur.
Nous possédons un potentiel et des possibilités inouïs.
Les États-Unis ont besoin de notre énergie. La première fois que
j’ai rencontré le Président Bush, j’ai soulevé les grands dossiers
qui préoccupent tout particulièrement l’Ouest du Canada :
l’agriculture, le bois d’oeuvre et, bien sûr, l’énergie.
Dans une conversation téléphonique ultérieure avec le vice-président
Cheney, j’ai évoqué l’immense potentiel de notre secteur de
l’énergie. Et le Président Bush a mentionné expressément la semaine
dernière que le gaz naturel de nos Territoires du Nord-Ouest
représentait une importante source d’approvisionnement pour les
États-Unis.
J’ai mis sur pied un comité ministériel sur l’énergie, présidé par
John Manley, et auquel participent Ralph Goodale et Anne McLellan,
deux Canadiens de l’Ouest qui président nos deux principaux comités
du Cabinet : celui de la politique économique et celui de la
politique sociale. Le comité de l’énergie coordonnera les mesures
qu’il faudra prendre au niveau fédéral en vue de pouvoir saisir
toutes les opportunités qui s’offrent au Canada.
Nous exportons déjà plus de pétrole et de produits pétroliers vers
les États-Unis que l’Arabie saoudite. Sans parler des sables
bitumineux. Je suis fier d’avoir eu un rôle à jouer, avec Peter
Lougheed, dans l’Accord de Winnipeg de 1975 qui a permis à Syncrude
d’amorcer une période de développement phénoménal en Alberta. Nous
devons en parler davantage.
Quand j’étais à Washington il y a quelques semaines, peu des gens
que j’ai rencontrés étaient très au courant des sables bitumineux.
Ils ne savaient pas que d’ici 2005, la production des sables
bitumineux devrait dépasser celle du versant nord de l’Alaska, ni
que d’ici 2010, elle devrait dépasser la production actuelle totale
du Nigéria.
Le potentiel est énorme. Et il faudra investir massivement pour le
réaliser. Or, les investissements nécessaires sont en train de se
faire, ou sont prévus. Quelque 4000000000 $ par année
ont été investis depuis 1996. Si le climat était propice à ces
investissements, c’est grâce aux interventions convaincantes d’Anne
McLellan et de nombreuses autres personnes ici présentes. Nous avons
travaillé avec vous à l’établissement d’un régime financier qui a
permis l’annonce d’investissements de 50000000000 $ au
cours des dix prochaines années. Nous allons continuer de collaborer
avec vous au maintien d’un climat d’investissement positif.
Nous possédons aussi de vastes réserves de gaz naturel. Nous devons
mettre en valeur les ressources canadiennes de gaz naturel dans les
Territoires du Nord-Ouest et le delta du Mackenzie. Et transporter
ce gaz vers le Sud sans tarder, afin de satisfaire à la demande du
marché. Le gouvernement du Canada veillera à mettre en place les
régimes de réglementation appropriés de manière à faciliter le plus
rapidement possible le transport du gaz canadien et américain vers
les marchés du Sud.
Je suis persuadé que nous saurons faire fructifier la relation
canado-américaine dans le domaine de l’énergie, dans l’intérêt des
consommateurs comme des producteurs. Et que nous y arriverons sans
sacrifier pour autant les besoins en énergie du Canada ni sa
souveraineté.
Je voudrais aborder trois autres points avant de terminer.
Premièrement, l’approche de notre gouvernement à l’égard de tous ces
projets énergétiques sera assujettie à un engagement inébranlable
envers la concurrence du marché et une réglementation juste.
Deuxièmement, il importe de maintenir des normes élevées en matière
de protection de l’environnement et de les faire respecter. Il ne
faut absolument pas niveler par le bas. Nous devons remplir notre
engagement d’assurer le développement durable de nos ressources
naturelles. D’ailleurs, le Canada considère la préservation d’un
environnement sain non seulement comme un défi, mais aussi comme une
avenue de développement économique. Elle nous permet en effet de
faire fructifier notre savoir-faire attesté en développement
énergétique, dans le domaine des énergies renouvelables et de
remplacement ainsi qu’en matière d’économie d’énergie.
Troisièmement, à force de parler de développement économique, de
profits et d’investissements, nous avons trop tendance à oublier
ceux qui sont laissés pour compte. Dans l’ensemble, l’Ouest du
Canada, et l’Alberta en particulier, réussissent peut-être très bien
sur le plan économique. Mais pas les Autochtones. Or, ils forment
une composante grandissante de la population active de l’Ouest
canadien. Je crois que le succès de notre pays sera jugé, en partie,
par la mesure dans laquelle nous veillons tous – gouvernements et
entreprises – à ce que les Autochtones puissent participer
pleinement à la vie de notre société.
La semaine dernière à Toronto, Eric Newell, président de Syncrude, a
prononcé un discours marquant sur le devoir des milieux d’affaires,
et de l’industrie de l’énergie, d’offrir de vraies possibilités
d’emploi aux Autochtones.
Je le félicite pour le leadership avec lequel il fait une place aux
Autochtones au sein de son équipe. Je vous engage, ici en Alberta,
ailleurs dans l’Ouest et en fait partout au pays, à prendre son
message et son exemple à coeur.
Mesdames et Messieurs, je tiens à remercier l’Association canadienne
des producteurs pétroliers de m’avoir donné cette occasion de vous
adresser la parole.
Vous êtes nombreux à savoir que je parle souvent de mes nombreuses
attaches familiales en Alberta. L’accueil chaleureux et la vie
agréable que des membres de ma parenté ont connus ici ont toujours
été pour moi un symbole très personnel des vastes horizons et des
possibilités infinies qu’offre cette région.
C’est pourquoi je ne suis pas venu ici aujourd’hui pour ressasser de
vieux griefs, mais pour parler de possibilités d’avenir et de
nouveaux partenariats.
En même temps, quand je songe au sort de mon parti ici dans l’Ouest,
je me rappelle que Laurier a été le dernier libéral à remporter une
majorité des sièges en Alberta. Et qu’il y a plus d’un demi-siècle
depuis que notre parti a remporté la majorité des sièges dans
l’Ouest du Canada.
Je comprends la tradition populiste qui consiste à voter pour des
partis comme les Fermiers unis, les progressistes, la CCF, le Crédit
social et le Parti réformiste. Je sais que ces partis sont au coeur
de la culture politique des quatre provinces de l’Ouest. Le défi est
donc considérable pour mon parti.
D’après mon expérience, devant un grand défi, un plan directeur ne
saurait remplacer des efforts acharnés. Toutes les belles paroles au
monde ne sauraient remplacer des mesures concrètes. Je considère que
notre gouvernement a pris des mesures concrètes depuis 1993. Mais
nous pouvons en faire davantage. Et nous allons en faire davantage.
Ce sont des efforts acharnés et des mesures concrètes, dans un
esprit de respect, d’écoute, de dialogue honnête et de partenariat,
qu’à titre de premier ministre du Canada, j’offre aux Albertains et
à tous les Canadiens de l’Ouest, pour les années à venir.
Retroussons-nous les manches, et mettons-nous au travail
ensemble.

[CChrétien=20011007]
[lieu=ottawa]
Le 11 septembre 2001, le Canada, tout comme le monde entier, a
regardé avec horreur et consternation le pire attentat terroriste
jamais commis, un attentat qui a fait des milliers de victimes
innocentes à New York et à Washington.
Il s’agissait d’un meurtre prémédité d’une ampleur sans précédent
pour lequel il n’existe aucune justification ou explication. Cette
attaque ne visait pas seulement notre partenaire et ami le plus
proche, les États-Unis, mais aussi les valeurs et une façon de vivre
si chères à tous les êtres libres et civilisés de la terre.
Dès la nouvelle des attaques, j’ai été en communication étroite avec
le Président Bush, qui a été un symbole de courage, de détermination
et de sagesse pour l’ensemble du monde. Je lui ai dit que le Canada
serait côte à côte avec lui et le peuple américain.
Nous faisons partie d’une coalition sans précédent qui a été formée
afin de combattre la menace du terrorisme. Une coalition qui va agir
sur plusieurs fronts. Cela comprend les aspects militaires,
diplomatiques, financiers, humanitaires et législatifs. Tout comme
des initiatives pour la sécurité intérieure.
J’ai clairement indiqué depuis le début que le Canada ferait partie
de cette coalition. À chaque étape.
Vendredi soir dernier, les États-Unis ont demandé au Canada
d’apporter sa contribution à une coalition militaire multinationale
contre le terrorisme international. J’ai immédiatement donné des
instructions à notre ministre de la Défense nationale pour qu’il
donne son accord. Hier, j’ai rencontré le chef d’état-major afin de
confirmer la forme que prendrait la participation canadienne à cette
coalition.
Lors d’une conversation téléphonique juste avant midi aujourd’hui,
j’ai confirmé au Président Bush que nous allions fournir le soutien
militaire qui a été demandé.
Juste après midi, j’ai demandé au chef d’état-major qu’il donne
ordre à certaines unités d’être prêtes.
Tous les Canadiens comprennent ce qui est demandé aux hommes et aux
femmes des Forces canadiennes, ainsi qu’à leurs familles. Comme
toujours, ils sont prêts à servir. Et comme toujours, ils feront
honneur au Canada.
J’ai aussi parlé aux leaders des partis de l’opposition, qui m’ont
assuré de leur collaboration. Et je les en remercie.
Bien que, pour des raisons évidentes, je ne puisse fournir aux
Canadiens et aux Canadiennes des précisions opérationnelles qui
pourraient mettre des vies en danger, j’ai l’intention d’offrir des
mises à jour régulières sur nos objectifs et notre appui.
Je rencontrerai mon cabinet cette semaine et un débat spécial aura
lieu aux Communes lundi de la semaine prochaine. Nous allons aussi
présenter une série de mesures tant sur le plan des programmes que
sur le plan législatif afin de faire face à la menace du terrorisme.
Je voudrais remercier tous les Canadiens et Canadiennes qui ont
travaillé sans arrêt afin d’aider nos amis américains dans ces
moments difficiles.
Comme je l’ai indiqué clairement depuis les événements du 11
septembre, la lutte contre le terrorisme sera longue.
Nous devons demeurer forts et vigilants. Nous devons continuer à
vivre selon nos conditions. Selon nos propres valeurs. Et non pas
selon les conditions dictées à partir de l’ombre.
Je ne peux pas vous promettre que la campagne contre le terrorisme
sera facile. Mais je peux vous promettre qu’elle sera gagnée!

[CChrétien=20011009]
[lieu=ottawa]

Je n’aurais pu me trouver à un endroit mieux choisi aujourd’hui que
devant cette assemblée des parlementaires de l’OTAN. L’OTAN est une
coalition qui s’est formée au début de la dernière grande lutte pour
la justice au XXe siècle : la Guerre froide. Elle est aussi
l’alliance militaire la plus féconde de l’histoire. Elle est un
symbole transatlantique de la volonté et de la détermination des
nations libres de protéger leur mode de vie.
Dans les jours qui ont suivi le 11 septembre 2001, nous avons vu les
nations libres et civilisées du monde se donner la main pour mener
la première grande lutte pour la justice du XXIe siècle. Une lutte
qui vise à défier et à vaincre les forces du terrorisme.
Nous puisons courage et confiance dans l’exemple de l’OTAN, une
alliance fondée sur des objectifs partagés et une détermination
commune. Et nous pouvons tous être fiers de la façon dont l’OTAN
s’est comportée dans les jours qui ont suivi les attentats. En
invoquant l’article 5 pour la première fois de notre histoire, nous
avons dit clairement qu’une attaque contre l’un de nous est une
attaque contre nous tous.
Le Canada a été un membre fondateur de l’OTAN. Mon ami et
prédécesseur Lester Pearson comptait parmi les visionnaires qui ont
assisté à sa création. Et nous comptons maintenant parmi les membres
fondateurs de cette nouvelle coalition multinationale et
multiethnique contre la terreur.
À la demande du Président George Bush, les forces armées du Canada
sont en marche. À l’heure actuelle, des tâches précises ont été
assignées à des navires, des transporteurs aériens et des appareils
de surveillance aérienne. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont
conscients de ce qui est attendu des membres de nos forces armées et
de leurs familles. Comme toujours, ces hommes et ces femmes sont
prêts à servir. Comme toujours, ils feront honneur au Canada.
À l’aube de cette campagne, une chose doit être claire dans nos
esprits. Nous sommes engagés dans un nouveau genre de conflit contre
un nouveau genre d’ennemi. Nous ne pouvons pas nous fier à la
rhétorique et à l’expérience des guerres passées pour définir nos
tactiques ou mesurer notre succès.
Notre adversaire n’est pas une armée ou une nation en maraude visant
à imposer ses volontés par l’invasion ou l’occupation d’autres
États. C’est plutôt une bande d’extrémistes qui maraude. Et qui veut
imposer un état d’esprit. Un état de terreur. La mesure perverse du
succès qu’utilisent ces extrémistes n’est pas l’accumulation de
gains territoriaux, mais l’étendue des dommages qu’ils peuvent
causer par la terreur. Ils veulent s’attaquer aux fondations même de
nos sociétés. Perturber nos économies. Susciter des affrontements
entre communautés, entre religions ou entre citoyens.
La terreur est une menace pour nos sociétés et notre mode de vie.
Une menace sans précédent et sans pareille dans l’histoire. Pour la
vaincre, notre coalition devra agir sur plusieurs fronts. Nous
devrons notamment mener des actions militaires, diplomatiques et
financières. Fournir de l’aide humanitaire. Améliorer les programmes
et les lois en matière de sécurité intérieure.
Je veux prendre quelques instants pour souligner la patience et la
sagesse dont le Président Bush a fait preuve pour rallier le monde à
sa cause depuis le 11 septembre. Il a été patient et mesuré dans sa
riposte. Et il a assemblé une coalition sans précédent par sa taille
et sa composition ethnique. Une coalition qui transcende les
anciennes divisions de la Guerre froide.
Mesdames et Messieurs, nous avons également dit de façon très claire
que nous ne ciblons pas l’islam. Nous luttons contre un groupe
d’extrémistes dont le but est de terrifier et de perturber les
nations. Et dont les actes meurtriers ont injustement sali une
grande religion mondiale.
Nous n’avons rien contre le peuple afghan. Et le peuple afghan n’est
pas en conflit avec nous. Nous luttons contre les terroristes. Et
contre le régime des talibans qui insiste pour les abriter.
Comme toujours, tous les efforts possibles ont été déployés dans la
planification des actions militaires en vue de limiter les victimes
civiles. Et les pays de notre coalition fourniront toute l’aide
humanitaire nécessaire à ceux qui ont été déplacés.
Mesdames et Messieurs, la nature même de la menace qui pèse sur nous
fait en sorte qu’il nous faudra l’affronter non seulement à
l’étranger, mais aussi chez nous. Le massacre perpétré le 11
septembre a prouvé, hors de tout doute, qu’aucun pays n’est à l’abri
de la menace terroriste. Et il a accru l’importance de prendre des
mesures efficaces – ici comme à l’étranger; seuls comme de concert
avec nos partenaires de la coalition – pour protéger nos citoyens.
Notre gouvernement a pris des mesures vigoureuses pour protéger les
Canadiens. La Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du
renseignement de sécurité collaborent avec les enquêteurs
internationaux pour dépister et arrêter les terroristes. Et détruire
leurs réseaux clandestins.
Nos postes frontaliers demeurent en état d’alerte. Les mesures de
sécurité touchant les voyageurs aériens ont été resserrées. Les
avoirs tant d’Oussama ben Laden que de ses associés au Canada ont
été bloqués. Et en réponse à la résolution 1373 du Conseil de
sécurité des Nations Unies, nous avons adopté de nouvelles
dispositions réglementaires très sévères pour supprimer le
financement du terrorisme.
Le Parlement étudiait déjà un projet de loi qui renforcera les
contrôles pour les immigrants et les réfugiés et qui nuira aux
efforts des terroristes pour recueillir des fonds au Canada.
J’ai nommé un comité du Cabinet sur la sécurité pour planifier nos
prochaines initiatives. Et grâce au travail et aux suggestions de ce
comité, nous serons déjà en mesure d’annoncer cette semaine de
nouveaux programmes qui renforceront la sécurité aux frontières et
pour les voyageurs aériens.
De plus, la semaine prochaine, nous annoncerons une série de
programmes et de mesures législatives qui vont améliorer
substantiellement les outils que nous possédons pour contrer les
forces de la terreur et les contraindre à faire demi-tour.
Nous allons également travailler avec nos partenaires du G-7 pour
assurer la stabilité de l’économie mondiale. Nos ministres des
Finances se sont d’ailleurs déjà rencontrés la fin de semaine
dernière à Washington.
Ici au Canada, les assises de notre économie sont plus solides,
beaucoup plus solides, qu’elles ne l’ont été depuis plus de 30 ans.
Cela est resté inchangé dans la foulée du 11 septembre. Et notre
gouvernement va continuer à mettre en oeuvre des politiques
économiques et budgétaires qui vont permettre aux entreprises et aux
consommateurs d’envisager l’avenir avec optimisme et confiance et
ce, en dépit des événements du 11 septembre.
Mesdames et Messieurs, une campagne est maintenant engagée. Une
lutte globale contre un adversaire déterminé. Une lutte dont l’issue
changera le cours du XXIe siècle de façon aussi fondamentale que les
conflits épiques du siècle dernier. Dans lesquels l’OTAN a joué un
rôle décisif.
Les terroristes auront maintenant le réveil pénible. L’époque où ils
pouvaient s’esquiver et se terrer est maintenant révolue. À l’instar
des idéologies mortes et enterrées du passé, ils ont commis l’erreur
fatale de sous-estimer la volonté et la détermination des peuples
libres et civilisés.
Il ne faut pas se faire d’illusions. La lutte sera longue. Les
sacrifices pénibles seront peut-être nombreux. Mais nous devons
rester forts et vigilants. Nous devons insister pour vivre comme
nous l’entendons. Selon nos valeurs. Et non selon les conditions
dictées par des forces tapies dans l’ombre.
Mes amis, nous n’avons pas cherché ce conflit. Mais nous aurons le
dernier mot!

[CChrétien=20010213]
[lieu=chine]
Le Collège national de la magistrature est un lieu qui symbolise à
la fois la réforme juridique en cours en Chine et le rôle du Canada
dans ce processus.
En 1994, la Chine songeait à moderniser son cadre juridique et
judiciaire. Lors de ma visite au mois de novembre cette année là,
nous avons décidé d’entreprendre ensemble un projet pour améliorer
la formation des juges.
À l’époque, la Chine commençait à peine à s’inspirer de l’exemple et
des conseils d’autres pays en matière de réforme juridique. Depuis
ce temps, de grands progrès ont été accomplis. Le droit en matière
de contrats a été amélioré. Les procédures pénales tiennent
davantage compte de certains des droits des accusés. Les citoyens
peuvent maintenant intenter des poursuites contre l’État. Les procès
sont de plus en plus souvent ouverts au public. L’aide juridique
élargit l’accès aux tribunaux. La formation des avocats et des juges
s’améliore.
Que ce soit en Chine, au Canada ou ailleurs, la mise en application
d’une loi est toujours problématique. Les juristes et les citoyens
chinois sont d’ailleurs nombreux à signaler promptement les
problèmes qui surviennent. De plus en plus en Chine, les citoyens,
les juristes, les fonctionnaires et d’autres débattent en profondeur
de ces questions et recommandent d’autres réformes afin de rendre le
droit plus conforme aux normes internationales.
La Chine a franchi une étape importante il y a deux ans lorsqu’elle
a affirmé dans la Constitution le principe de la primauté du droit.
Ce principe est bien davantage qu’une théorie ésotérique bonne à
alimenter les discussions des érudits et des bureaucrates. En fait,
il offre un moyen très prometteur d’améliorer la qualité de vie de
toute la population chinoise.
Car la transition vers une société basée sur la primauté du droit
exige la subordination de tous les comportements sociaux,
économiques, politiques et individuels à un ensemble de codes et de
règlements établis. Pour avoir du poids, ces codes et règlements ne
doivent pas être la chasse gardée de rares privilégiés. Ils doivent
plutôt appartenir à tous les citoyens. Ils doivent être connus de
tous. Enseignés à tous. Et s’appliquer à tous de façon uniforme.
Personne ne peut être au-dessus de la loi. Personne ne peut être
oublié par la loi, ou privé de sa protection. De plus, pour que
l’application de la loi soit impartiale, la primauté du droit exige
une nette séparation entre le procureur et la personne qui prononce
le jugement.
À cet égard, nous constatons que votre programme quinquennal de
réforme de la cour populaire prévoit de nouvelles améliorations sur
les plans de l’indépendance, de l’impartialité, de l’ouverture et de
la probité des tribunaux.
Je suis heureux de voir le Canada et la Chine collaborer dans le
domaine de la réforme juridique, notamment en ce qui a trait à la
procédure pénale, aux droits de la femme, aux droits humains et aux
normes professionnelles. Notre projet de coopération en matière de
formation des juges prend fin cette semaine après cinq ans. Votre
colloque vise à intégrer dans l’enseignement dispensé par ce collège
les leçons apprises au sujet de questions telles que l’éthique et
l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Un pouvoir judiciaire indépendant est essentiel au maintien de la
primauté du droit. Il ne doit subir aucune influence indue, tant de
la part de ceux qui ont de l’argent que de ceux qui possèdent du
pouvoir.
Les juges au Canada sont complètement indépendants, et il existe des
mécanismes très rigoureux pour protéger cette indépendance. Les
contacts entre les politiciens et les juges sur des questions
faisant l’objet d’un procès sont interdits. Et les transgressions à
cette règle ont entraîné des démissions.
Le gouvernement et le peuple canadiens ne prétendent pas posséder
toutes les solutions. Mais nous sommes disposés, si cela vous paraît
utile, à poursuivre nos échanges et à vous faire bénéficier de notre
expérience et de nos compétences. Des échanges de très haut niveau
ont déjà lieu entre nos cours suprêmes. Madame McLachlin a visité la
Chine deux fois depuis qu’elle est devenue juge en chef de la Cour
suprême du Canada. Certains autres de nos juges les plus éminents
ont fait de même. Certains d’entre eux sont avec nous aujourd’hui.
Un bon nombre de nos plus grands professeurs de droit ont aussi
travaillé avec vous.
Durant mon séjour, j’ai assisté à la signature de deux nouvelles
ententes pour des projets dans le domaine juridique. L’une concerne
le développement de l’aide juridique et des services communautaires.
L’autre a trait à la réforme du processus d’accusation et à
l’application plus régulière de la loi.
Aujourd’hui, j’ai également le plaisir d’annoncer une petite
initiative qui a toutefois une grande importance. Nous allons
appuyer la formation des avocats au centre d’aide juridique aux
victimes de la pollution, qui aide les citoyens à intenter des
poursuites quand la pollution menace leur santé ou leur gagne-pain.
Cette initiative illustre comment les citoyens peuvent avoir recours
au système judiciaire pour défendre leurs droits et encourage en
même temps le développement durable.
Mesdames et Messieurs, depuis 1978, la Chine s’est engagée sur le
sentier de la réforme et de l’ouverture au monde. La population
chinoise a énormément bénéficié de cette décision. Les gains sur les
plans de la prospérité et de la qualité de vie sont impressionnants.
La Chine s’apprête à franchir deux autres pas critiques dans cette
direction. Premièrement, son adhésion à l’Organisation mondiale du
commerce stimulera davantage le développement économique et le
changement, de même que de nouvelles réformes juridiques.
Deuxièmement, la Chine a signé les deux principaux pactes des
Nations Unies relatifs aux droits humains – et on nous affirme
qu’elle les ratifiera bientôt. Nous croyons que la Chine est fidèle
à sa parole, et que la ratification de ces pactes contribuera à
renforcer le respect des droits et des libertés individuelles.
Les Canadiens en seraient très heureux, puisque les échos qui leur
sont parvenus par le passé au sujet de transgressions à ce chapitre
ont suscité leur inquiétude.
Le respect des modifications législatives découlant de
l’appartenance à l’OMC et des deux pactes de l’ONU relatifs aux
droits humains devra être assuré par les tribunaux. Les citoyens
chinois, de même que les visiteurs et les gens d’affaires,
s’adresseront aux tribunaux en cas de litige ou d’atteinte à leurs
droits. En effet, aussi bien rédigés que soient les textes de loi,
il ne saurait y avoir de justice sans procès équitable mené par un
appareil judiciaire compétent, indépendant, impartial et efficace.
Un appareil judiciaire qui applique la loi de la même façon à tous
les citoyens. Sans distinction de sexe, de condition sociale, de
croyance religieuse ou d’opinion politique.
Au Canada, la primauté du droit a constitué l’un des piliers de
notre développement. Elle a permis à notre économie de prendre de
l’expansion et de s’adapter au changement. Elle a garanti la liberté
individuelle et collective, la stabilité sociale et la paix. Elle a
fait du Canada un acteur efficace et novateur au sein de la
communauté internationale.
Je suis persuadé que la primauté du droit offre la même promesse à
la Chine et au peuple chinois. Et à titre de juges, vous aurez à
bien des égards la responsabilité de tenir cette promesse.
[CChrétien=20010213]
[lieu=chine]
Le Collège national de la magistrature est un lieu qui symbolise à
la fois la réforme juridique en cours en Chine et le rôle du Canada
dans ce processus.
En 1994, la Chine songeait à moderniser son cadre juridique et
judiciaire. Lors de ma visite au mois de novembre cette année là,
nous avons décidé d’entreprendre ensemble un projet pour améliorer
la formation des juges.
À l’époque, la Chine commençait à peine à s’inspirer de l’exemple et
des conseils d’autres pays en matière de réforme juridique. Depuis
ce temps, de grands progrès ont été accomplis. Le droit en matière
de contrats a été amélioré. Les procédures pénales tiennent
davantage compte de certains des droits des accusés. Les citoyens
peuvent maintenant intenter des poursuites contre l’État. Les procès
sont de plus en plus souvent ouverts au public. L’aide juridique
élargit l’accès aux tribunaux. La formation des avocats et des juges
s’améliore.
Que ce soit en Chine, au Canada ou ailleurs, la mise en application
d’une loi est toujours problématique. Les juristes et les citoyens
chinois sont d’ailleurs nombreux à signaler promptement les
problèmes qui surviennent. De plus en plus en Chine, les citoyens,
les juristes, les fonctionnaires et d’autres débattent en profondeur
de ces questions et recommandent d’autres réformes afin de rendre le
droit plus conforme aux normes internationales.
La Chine a franchi une étape importante il y a deux ans lorsqu’elle
a affirmé dans la Constitution le principe de la primauté du droit.
Ce principe est bien davantage qu’une théorie ésotérique bonne à
alimenter les discussions des érudits et des bureaucrates. En fait,
il offre un moyen très prometteur d’améliorer la qualité de vie de
toute la population chinoise.
Car la transition vers une société basée sur la primauté du droit
exige la subordination de tous les comportements sociaux,
économiques, politiques et individuels à un ensemble de codes et de
règlements établis. Pour avoir du poids, ces codes et règlements ne
doivent pas être la chasse gardée de rares privilégiés. Ils doivent
plutôt appartenir à tous les citoyens. Ils doivent être connus de
tous. Enseignés à tous. Et s’appliquer à tous de façon uniforme.
Personne ne peut être au-dessus de la loi. Personne ne peut être
oublié par la loi, ou privé de sa protection. De plus, pour que
l’application de la loi soit impartiale, la primauté du droit exige
une nette séparation entre le procureur et la personne qui prononce
le jugement.
À cet égard, nous constatons que votre programme quinquennal de
réforme de la cour populaire prévoit de nouvelles améliorations sur
les plans de l’indépendance, de l’impartialité, de l’ouverture et de
la probité des tribunaux.
Je suis heureux de voir le Canada et la Chine collaborer dans le
domaine de la réforme juridique, notamment en ce qui a trait à la
procédure pénale, aux droits de la femme, aux droits humains et aux
normes professionnelles. Notre projet de coopération en matière de
formation des juges prend fin cette semaine après cinq ans. Votre
colloque vise à intégrer dans l’enseignement dispensé par ce collège
les leçons apprises au sujet de questions telles que l’éthique et
l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Un pouvoir judiciaire indépendant est essentiel au maintien de la
primauté du droit. Il ne doit subir aucune influence indue, tant de
la part de ceux qui ont de l’argent que de ceux qui possèdent du
pouvoir.
Les juges au Canada sont complètement indépendants, et il existe des
mécanismes très rigoureux pour protéger cette indépendance. Les
contacts entre les politiciens et les juges sur des questions
faisant l’objet d’un procès sont interdits. Et les transgressions à
cette règle ont entraîné des démissions.
Le gouvernement et le peuple canadiens ne prétendent pas posséder
toutes les solutions. Mais nous sommes disposés, si cela vous paraît
utile, à poursuivre nos échanges et à vous faire bénéficier de notre
expérience et de nos compétences. Des échanges de très haut niveau
ont déjà lieu entre nos cours suprêmes. Madame McLachlin a visité la
Chine deux fois depuis qu’elle est devenue juge en chef de la Cour
suprême du Canada. Certains autres de nos juges les plus éminents
ont fait de même. Certains d’entre eux sont avec nous aujourd’hui.
Un bon nombre de nos plus grands professeurs de droit ont aussi
travaillé avec vous.
Durant mon séjour, j’ai assisté à la signature de deux nouvelles
ententes pour des projets dans le domaine juridique. L’une concerne
le développement de l’aide juridique et des services communautaires.
L’autre a trait à la réforme du processus d’accusation et à
l’application plus régulière de la loi.
Aujourd’hui, j’ai également le plaisir d’annoncer une petite
initiative qui a toutefois une grande importance. Nous allons
appuyer la formation des avocats au centre d’aide juridique aux
victimes de la pollution, qui aide les citoyens à intenter des
poursuites quand la pollution menace leur santé ou leur gagne-pain.
Cette initiative illustre comment les citoyens peuvent avoir recours
au système judiciaire pour défendre leurs droits et encourage en
même temps le développement durable.
Mesdames et Messieurs, depuis 1978, la Chine s’est engagée sur le
sentier de la réforme et de l’ouverture au monde. La population
chinoise a énormément bénéficié de cette décision. Les gains sur les
plans de la prospérité et de la qualité de vie sont impressionnants.
La Chine s’apprête à franchir deux autres pas critiques dans cette
direction. Premièrement, son adhésion à l’Organisation mondiale du
commerce stimulera davantage le développement économique et le
changement, de même que de nouvelles réformes juridiques.
Deuxièmement, la Chine a signé les deux principaux pactes des
Nations Unies relatifs aux droits humains – et on nous affirme
qu’elle les ratifiera bientôt. Nous croyons que la Chine est fidèle
à sa parole, et que la ratification de ces pactes contribuera à
renforcer le respect des droits et des libertés individuelles.
Les Canadiens en seraient très heureux, puisque les échos qui leur
sont parvenus par le passé au sujet de transgressions à ce chapitre
ont suscité leur inquiétude.
Le respect des modifications législatives découlant de
l’appartenance à l’OMC et des deux pactes de l’ONU relatifs aux
droits humains devra être assuré par les tribunaux. Les citoyens
chinois, de même que les visiteurs et les gens d’affaires,
s’adresseront aux tribunaux en cas de litige ou d’atteinte à leurs
droits. En effet, aussi bien rédigés que soient les textes de loi,
il ne saurait y avoir de justice sans procès équitable mené par un
appareil judiciaire compétent, indépendant, impartial et efficace.
Un appareil judiciaire qui applique la loi de la même façon à tous
les citoyens. Sans distinction de sexe, de condition sociale, de
croyance religieuse ou d’opinion politique.
Au Canada, la primauté du droit a constitué l’un des piliers de
notre développement. Elle a permis à notre économie de prendre de
l’expansion et de s’adapter au changement. Elle a garanti la liberté
individuelle et collective, la stabilité sociale et la paix. Elle a
fait du Canada un acteur efficace et novateur au sein de la
communauté internationale.
Je suis persuadé que la primauté du droit offre la même promesse à
la Chine et au peuple chinois. Et à titre de juges, vous aurez à
bien des égards la responsabilité de tenir cette promesse.]

[CChrétien=20010213]
[lieu=chine]
Nous voici à notre point de départ, à Beijing, où nous avons mené la
toute première mission d’Équipe Canada en 1994.Depuis ce temps, nous
avons parcouru des milliers de kilomètres. Et nous avons conclu une
foule d’ententes. Vous verrez de nouveaux visages parmi nous, mais
le principe de base sur lequel repose le succès de la formule Équipe
Canada reste inchangé : quand les Canadiens travaillent en équipe
sur le marché mondial, ils gagnent à coup sûr.
Équipe Canada est la preuve que de grandes choses peuvent résulter
d’idées simples en apparence. Nous avons formé un partenariat
extraordinaire. Un partenariat qui transcende les différences
régionales, linguistiques et partisanes. Et qui unit les forces de
gouvernements novateurs et des meilleures entreprises canadiennes
afin de créer des débouchés à l’étranger et des emplois chez nous.
Ce n’est pas un hasard si la Chine a été choisie comme première
destination d’Équipe Canada. Les relations entre nos pays sont
profondément ancrées dans l’histoire. Il y a quarante ans, le Canada
s’est élevé contre la mentalité de la guerre froide et a fourni du
blé pour satisfaire les besoins de la population chinoise pendant
une période très difficile.
L’automne dernier, les Canadiens ont pleuré la disparition de
l’homme qui, le premier en Occident, a mis fin à l’isolement que la
Chine a connu pendant la guerre froide : Pierre Elliott Trudeau. Et
nous venons de célébrer le trentième anniversaire de l’une de ses
plus grandes réalisations. À cet égard, je suis très heureux de
souligner la présence parmi nous ce soir d’un grand Canadien –
l’honorable Mitchell Sharp – qui, à titre de ministre des Affaires
extérieures, a été le maître d’oeuvre des efforts de M. Trudeau en
vue de l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux
pays en 1970.
Mes amis, le Canada et la Chine ont souvent fait oeuvre de pionnier
ensemble. Mais le passé n’est qu’un prologue. Je suis venu vous
parler de l’avenir et des façons dont nos pays peuvent continuer
d’innover ensemble au XXIe siècle.
Il ne se passe pas une journée, semble-t-il, sans que nous
entendions parler d’une nouvelle percée technologique qui amplifie
le champ de nos connaissances, accélère la cadence du changement
social et économique et élargit les horizons des entreprises et des
nations.
Monsieur le premier ministre, Équipe Canada est au coeur de la
stratégie canadienne face à la mondialisation.
Tout comme les efforts déployés par nos gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux pour faire du Canada un des pays les
plus propices aux investissements et aux affaires. Ainsi, nous avons
équilibré les budgets, réduit la dette publique et diminué les
impôts, et nos taux d’intérêt sont faibles. En fait, notre économie
est en très bonne position pour traverser une période de
ralentissement à court terme de la croissance aux États-Unis.
Les sociétés canadiennes ont également su s’adapter à la vitesse des
changements. En adoptant les technologies de pointe et en offrant
des produits et des services novateurs. Et nous avons transporté ces
savoir-faire en Chine.
Le savoir-faire canadien, nos avions de transport régional, nos
automobiles, nos trains et nos conteneurs, sert au transport des
voyageurs et des marchandises dans toutes les régions de Chine. Aux
yeux des Chinois, le mot « Canada » symbolise une technologie à la
fine pointe qui permet d’obtenir des résultats efficaces et durables
dans les secteurs de l’énergie, des mines, de la foresterie et de la
construction, des systèmes environnementaux, de l’agriculture et de
la génétique animale.
J’ai eu le plaisir de visiter tout près d’ici le site d’un projet
canadien de haute technologie. Un projet qui illustre parfaitement
l’ingéniosité dont nous faisons preuve ensemble. Il s’agit d’une
entreprise conjointe qui assure l’expédition quotidienne de laitues
fraîches de première qualité aux épiceries de Beijing.
C’est le genre de vision et de dynamisme dont une foule
d’entreprises canadiennes ont déjà fait preuve en Chine. Et ce n’est
qu’un petit aperçu du potentiel énorme qui attend les sociétés
canadiennes qui arrivent ici, non seulement avec des produits et des
services exceptionnels, mais aussi avec la détermination d’établir
des relations de confiance et de bonne entente mutuellement
avantageuses.
C’est le genre d’expérience réussie qu’Équipe Canada est bien
déterminée à renouveler.
D’ailleurs, nous avons assisté aujourd’hui à la signature de plus de
150 nouveaux accords qui conduiront à la mise sur pied de
nombreuses autres entreprises conjointes par des partenaires
canadiens et chinois.
Monsieur le premier ministre, notre visite nous a également permis
de constater par nous-mêmes l’immense envergure de la grande
stratégie de développement de l’Ouest de la Chine et les défis
imposants qu’elle présente. Le Canada sait combien il faut de
volonté pour veiller au partage de la prospérité et des chances à
l’échelle d’un vaste territoire. Il est extraordinaire de penser que
la Chine tente de maîtriser en l’espace de quelques décennies des
défis que nous avons mis beaucoup plus longtemps à surmonter.
Je suis persuadé que bon nombre des solutions que vous cherchez pour
atteindre vos objectifs de développement ambitieux pourraient
provenir des membres d’Équipe Canada.
Monsieur le premier ministre, depuis que la Chine a manifesté pour
la première fois son intention d’adhérer au GATT, le Canada a été
solide dans son appui à la préparation de cette étape historique
dans l’ouverture de la Chine sur le monde.
L’accession à l’Organisation mondiale du commerce aidera la Chine à
parachever ses structures juridiques, améliorant ainsi ses règles
commerciales et leur application. À mon sens, cela s’inscrit dans un
programme beaucoup plus vaste axé sur le développement de l’État de
droit, de sorte que les citoyens et les entreprises puissent tabler
sur un traitement juste et équitable devant les tribunaux. Selon
moi, la réalisation de tels progrès touche au coeur du dialogue et
des échanges que nous entretenons au sujet de l’importance des
droits individuels et de la libre expression des idées.
J’ai parlé de cette question plus tôt aujourd’hui au Collège
national de la magistrature. Et j’en parlerai de nouveau plus tard
cette semaine lorsque je prendrai la parole devant des étudiants à
Shanghai.
Monsieur le premier ministre, la perspective de l’accession de la
Chine à l’OMC nous réjouit. Mais notre appui ne s’arrêtera pas là.
Si cela vous paraît utile, nous continuerons à fournir des conseils
et du soutien dans l’avenir.
Le Canada et la Chine comprennent aussi l’importance d’une
population très instruite et innovatrice pour le succès dans la
nouvelle économie. La Chine a pris l’engagement audacieux
d’augmenter de beaucoup la participation aux études supérieures, et
de mettre ses écoles et ses universités à l’heure de l’Internet et
de la technologie de pointe.
À ce chapitre aussi, les Canadiens vous offriront volontiers leur
soutien. Nous sommes à l’avant-garde du monde en matière
d’enseignement à distance. Nos universités et collèges ont noué des
liens étroits. De nombreux autres liens dans le domaine de
l’éducation ont été rendus officiels aujourd’hui.
Nos entreprises aussi contribuent à bâtir des ponts dans ce domaine.
Nous avons parmi nous ce soir un groupe d’étudiants de l’Université
Qinghua de Beijing qui se sont vu décerner des bourses par la
compagnie Nortel.
Monsieur le premier ministre, en tant que dirigeants, nous
comprenons également qu’un air pur, une eau salubre et un
environnement sain sont le plus précieux héritage que nous puissions
léguer à nos enfants. Pour cette raison, nos gouvernements se sont
engagés depuis longtemps à collaborer étroitement et de façon
concrète dans le domaine environnemental. Et j’ai pleine confiance
que le savoir-faire et la technologie du Canada pourront continuer à
aider la Chine à assurer un développement durable pour l’avenir.
Monsieur le premier ministre, à l’ère des communications
instantanées et du village planétaire, il est clair que non
seulement nos pays et nos entreprises, mais aussi nos citoyens,
peuvent travailler en partenariat mieux que jamais. Un des appareils
personnels de communication sans fil qui fait actuellement fureur
sur le marché nord-américain est un produit canadien, le «
Blackberry ». Mais peu de gens savent qu’il est le fruit du travail
réalisé par un étudiant diplômé de Chine à l’Université de Waterloo
au Canada.
À Calgary, des ingénieurs canadiens ont mis au point le système qui
s’impose dans l’industrie pour l’affichage des caractères chinois
sur les téléphones cellulaires et les ordinateurs. Et des chercheurs
canadiens et chinois travaillent en collaboration en temps réel, par
la voie de l’Internet, à Beijing et Ottawa sur des innovations
technologiques inconcevables il y a quelques années encore.
Monsieur le premier ministre, je suis sûr que, comme moi, la cadence
des changements de nos jours vous laisse parfois perplexe. En fait,
rien n’illustre le rythme des changements dans la nouvelle économie
mieux que la présence au sein d’Équipe Canada du président d’une
entreprise de conception de site Web âgé que de 13 ans!
Mais malgré toute la complexité moderne et malgré toutes nos
technologies sophistiquées, je trouve réconfortant de savoir que de
grandes choses peuvent encore résulter d’idées toutes simples.
Des idées comme Équipe Canada. Il en est ainsi de l’amitié entre le
Canada et la Chine. Une amitié qui démontre que l’ouverture vaut
mieux que l’isolement. Que le respect et le dialogue sont plus
puissants que les propos enflammés et l’affrontement. Que la
franchise n’empêche pas d’être de bons partenaires.
Nous partageons une histoire bien remplie. Mais ce n’est qu’un
prologue. Le meilleur reste à venir.]

[CChrétien=20010913]
[lieu=ottawa]

J’invite tous les Canadiens à prendre part à une journée de deuil
national pour les victimes des attentats terroristes perpétrés plus
tôt cette semaine aux États-Unis.
Par ce geste nous voulons témoigner notre solidarité à nos amis
américains et aux familles des victimes canadiennes.
Nous avons invité l’ambassadeur des États-Unis, Monsieur Paul
Cellucci, à titre de représentant du peuple américain.
À l’occasion d’une cérémonie qui se déroulera à demain à midi, sur
la colline parlementaire.
Nous souhaitons affermir leur courage face à cette situation
terrible.
Nous nous joignons à tous les peuples civilisés et nous engageons à
leur assurer un soutien sans réserve dans les jours à venir.
Ainsi que notre pleine collaboration pour traduire en justice les
responsables de ce crime épouvantable.
J’aimerais, une fois encore, remercier tous les Canadiens pour la
grande compassion et la générosité dont ils font preuve à l’endroit
de nos voisins américains en ces jours où ils en ont tant besoin.
Je désire aussi insister sur le fait que nous luttons contre le
terrorisme.
Et non contre une communauté ou une croyance en particulier.

[CChrétien=20010215]
[lieu=chine]
C’est un grand honneur pour moi d’être ici, à l’endroit même où le
fondateur de la Chine moderne, Sun Yat-sen, a pris la parole il y a
près d’un siècle. Le nom de ce leader traversera les âges. Avec
sagesse et prévoyance, il s’est servi de son bref instant au centre
de la longue marche de l’histoire de la Chine pour amener des
changements positifs.
Personne ne peut prédire où apparaîtront des qualités de leadership
comme les siennes dans la vie d’une société. Ni la succession
d’événements qui feront coïncider l’instant et le chef. Néanmoins,
vos études ici vous placent au coeur même des transformations
profondes que vit la Chine de votre temps.
La première fois que je suis venu à Shanghai, la Perle de l’Orient
n’avait pas encore été construite. On m’avait montré la ville de
Pudong. Pas telle que nous la voyons aujourd’hui, mais la maquette
d’un architecte. Aussi difficile qu’il soit de l’imaginer
maintenant, il y a seulement sept ans, les autoroutes et les
gratte-ciel étaient extrêmement rares. Les nouvelles infrastructures
extraordinaires dont la Chine s’est dotée en si peu de temps
représentent une réalisation remarquable dont le peuple chinois tout
entier peut tirer une juste fierté.
Cependant, la Chine ne se dote pas seulement d’une infrastructure
matérielle de routes et de béton. Elle a également entrepris de se
doter d’une infrastructure intangible dont l’un des piliers est un
cadre juridique moderne, fondé sur la primauté du droit.
On ne saurait sous-estimer l’importance de la primauté du droit dans
une société moderne. La notion est profondément inclusive en ce sens
que l’ensemble des comportements sociaux, économiques, politiques et
individuels sont subordonnés à une série de codes et de règlements
établis. Pour avoir du poids, ces codes et règlements ne doivent pas
être la chasse gardée de rares privilégiés. Ils doivent plutôt
appartenir à tous les citoyens. Ils doivent être connus de tous.
Enseignés à tous. Et s’appliquer à tous de façon uniforme.
Personne ne peut être au-dessus de la loi. Personne ne peut être
oublié par la loi, ou privé de sa protection.
De plus, pour que l’application de la loi soit impartiale, il doit y
avoir une nette séparation entre le procureur et la personne qui
prononce le jugement.
Il va de soi que la primauté du droit englobe autre chose qu’un
ensemble de règles arides. Les règles elles-mêmes traduisent des
valeurs fondamentales à l’égard des comportements admissibles.
D’après l’expérience canadienne, et celle de pays partout dans le
monde, ces valeurs et les droits qui les concrétisent sont
universels. Ils sont conférés également à tout être humain, partout.
Non pas en vertu de quelque pouvoir ou privilège particulier. Mais
purement et simplement parce qu’il est doué de vie.
C’est pourquoi nous parlons de droits humains. Et non seulement
Protègent-ils les personnes contre les atteintes à leurs droits
individuels, mais ils leur confèrent le pouvoir de contribuer
pleinement et avec toute leur créativité à bâtir une société plus
forte.
Le Canada croit que de franches discussions entre les pays au sujet
des droits humains peuvent favoriser un plus grand respect – et une
plus grande reconnaissance – de ces droits. Nous croyons que même si
les circonstances et les expériences peuvent varier d’un pays à
l’autre, nous partageons tous le même sens de ce qui est juste et
acceptable.
Les vrais amis n’hésitent jamais à se dire ce qu’ils pensent des
sujets qui leur tiennent à coeur. Aussi, en tant qu’ami, je dois
vous dire que les Canadiens sont inquiets quand ils entendent parler
d’entraves à la liberté d’expression en Chine. Ou qu’ils entendent
dire que des gens sont emprisonnés et mal traités pour avoir observé
leurs croyances religieuses.
Ces échos heurtent nos convictions les plus profondes.
Ces convictions sont nées de notre propre expérience. Parce que nous
avons vu ce qui se produit quand la loi n’est pas appliquée de façon
uniforme. Quand les citoyens ne bénéficient pas d’une protection
égale. Nous avons appris ces leçons et nous avons pris la résolution
d’édifier une société plus inclusive.
C’est pourquoi nous avons inscrit une charte des droits et libertés
dans la Constitution canadienne. J’étais ministre de la Justice à
l’époque, et c’est une des plus grandes fiertés de ma carrière
publique. Mais la tâche de bâtir une société juste est une oeuvre
sans fin. Le travail n’est jamais terminé.
L’appareil juridique de la Chine a pris des mesures importantes à
cet égard : la modification de la loi sur les procédures
criminelles, la mise en place d’un régime d’aide juridique et la
délimitation nette des rôles des juges et des procureurs.
La Chine se tourne vers l’extérieur pour élaborer son cadre
juridique. Ainsi, le Canada aura le plaisir de financer une
conférence sur les droits humains à l’Académie chinoise des sciences
sociales ce printemps. On y examinera les liens entre les politiques
en matière de droits humains en Chine et ailleurs. Nous pourrons
tous en retirer des leçons qui, je l’espère, nous aideront à
collaborer plus efficacement.
Une de ces leçons, c’est que dans toute réforme juridique, il est
essentiel d’allier la théorie et la pratique. C’est justement ce que
le Canada aide la Chine à faire. Par exemple, nos programmes
conjoints réunissent des juges de haut rang à des fins de formation.
Et nous travaillons avec vous à établir un réseau national de
centres d’aide juridique.
Vous êtes tous étudiants en droit. Vous savez qu’un système
juridique solide est le fondement d’un système économique solide.
Vous savez que les citoyens ordinaires ont autant droit à un procès
équitable qu’un riche homme d’affaires ou un fonctionnaire haut
placé. Vous savez qu’une réforme économique sans réforme juridique
ne saurait aller très loin.
La Chine est sur le point d’accéder à l’Organisation mondiale du
commerce. C’est un pas historique qui aura une incidence directe sur
bon nombre d’entre vous.
Shanghai est le centre commercial de la Chine. La « Tête du dragon
».
Cette ville est un pôle d’attraction pour les capitaux étrangers.
Mais les investisseurs tiennent à la sécurité avant tout. Ils
doivent avoir l’assurance que leurs investissements sont en sécurité
et qu’ils sont protégés par des règles équitables et transparentes.
Que tout litige entre un partenaire international et un partenaire
local sera réglé de manière impartiale.
Au cours de ce voyage, je vais assister à la signature de plus de
200 ententes commerciales entre des partenaires chinois et
canadiens. Les 600 gens d’affaires qui font partie d’Équipe Canada
2001 seront rassurés d’apprendre qu’on vous enseigne à baser vos
jugements sur des faits et sur des règles claires et uniformes. Que
tout litige qui pourrait survenir sera réglé selon un processus
transparent et équitable. Et que la décision sera fondée en droit.
Vous aurez une responsabilité énorme. Mais grâce à elle, les
investissements étrangers continueront d’alimenter la croissance et
la prospérité de la Chine.
Si l’appartenance à l’OMC implique des réformes juridiques, la
signature par la Chine des deux principaux pactes des Nations Unies
en matière de droits humains aura aussi des implications d’une
grande portée. Je souhaite que la Chine ratifie bientôt ces
instruments internationaux très importants.
En signant ces pactes, la Chine a reconnu la pertinence et
l’applicabilité de ces droits. Il est maintenant temps de prendre
les mesures nécessaires pour en assurer la reconnaissance concrète,
et non seulement sur papier.
Mes amis, de bonnes lois et même les plus sages des leaders, ne sont
pas suffisants pour bâtir une société moderne et dynamique. Cette
tâche exige la participation active de tous les citoyens. Personne
n’a le monopole des idées de génie. Ni même des bonnes idées. Nous
devons veiller à ce que toutes les idées soient entendues. Nous
devons instaurer un climat d’ouverture où tous peuvent donner leur
pleine mesure.
Un des moyens d’y arriver consiste à encourager les organisations
communautaires. Ou ce que l’on appelle souvent la société civile. Au
fond, ce sont des gens qui se mettent ensemble pour améliorer leur
sort et celui des gens qui les entourent. Au Canada, des
organisations communautaires se sont formées pour protéger
l’environnement, pour venir en aide aux familles pauvres et pour
défendre les droits des femmes, des minorités et des personnes
handicapées.
Je suis fier de l’aide apportée par le Canada à la Chine dans ses
efforts pour établir sa propre tradition d’action sociale par la
société civile. Ici à Shanghai, le Canada a appuyé la création d’un
réseau d’entraide pour les personnes ayant survécu au cancer. J’ai
le plaisir de vous informer aujourd’hui que nous allons aussi aider
un groupe de professeurs et d’étudiants de votre université à mettre
sur pied un centre d’aide juridique pour les travailleurs migrants,
afin de mieux protéger leurs droits et d’améliorer leurs rapports
avec les citoyens de Shanghai.
Ce sont peut-être des projets de petite envergure maintenant. Mais
une personne, une idée en apparence modeste, peuvent avoir des
effets considérables. Il suffit d’avoir un idéal, un engagement et,
surtout, le désir de changer les choses pour le mieux.
La East China University of Politics and Law a formé certains des
plus habiles dirigeants de la Chine d’hier et d’aujourd’hui. Ce fut
un agréable privilège pour moi de pouvoir m’adresser à vous
aujourd’hui – vous qui représentez la prochaine génération de
dirigeants chinois.
En 1913, en ces lieux, Sun Yat-sen a appelé une génération
précédente d’étudiants à aider à construire la Chine moderne. Voici
ce qu’il leur a dit :
Quand vous avez la lumière, montrez le chemin aux autres. Quand
vous possédez le savoir, transmettez-le à d’autres. La base
d’un pays démocratique est l’éducation. Il y a toujours des gens
prêts à apprendre; votre devoir est de leur enseigner. Donnez à
d’autres ce que vous-mêmes avez reçu. Laissez rayonner votre
lumière.
L’aube d’un nouveau siècle, d’un nouveau millénaire, est le moment
de penser à la société que nous voulons pour le tournant du prochain
siècle. C’est à vous qu’il appartiendra, à vous la jeunesse et la
future classe dirigeante de la Chine, d’aider à la conduire là où
vous voulez qu’elle soit.
Votre instant au centre de l’histoire de la Chine approche. Ne
craignez pas de laisser rayonner votre lumière. Ni de vous servir de
votre sagesse et de votre prévoyance pour montrer la voie à
d’autres.]
[CChrétien=20010514]
[lieu=usa]

Mesdames et Messieurs, rien ne me plaît davantage comme premier
ministre que de pouvoir vanter le Canada dans le monde. Nos gens.
Notre savoir-faire. Et notre potentiel.

Voilà pourquoi je suis si heureux de faire partie de la première
visite à Atlanta d’Équipe Canada Atlantique.
Le Canada et les États-Unis sont proches au sein de ce que j’aime
appeler la Grande Famille des Amériques – une famille dont les
valeurs communes de démocratie, d’ouverture commerciale et de
coopération ont été grandement renforcées il y a à peine quelques
semaines à Québec, lors du Sommet des Amériques 2001.
Comme vous le savez, ce sommet marquait les débuts du Président
George Bush sur la scène internationale. Et je tiens à souligner à
quel point tous les dirigeants qui participaient au Sommet ont été
impressionnés par sa maîtrise des dossiers, par son engagement et
par l’habileté avec laquelle il a su défendre les intérêts de la
population des États-Unis.
Ce que nous avons accompli au Sommet n’aurait pas été possible sans
sa contribution et son engagement remarquables.
L’amitié entre le Canada et les États-Unis date de la naissance de
nos pays. Cette relation de partenaires s’exprime de mille façons.
Et se traduit par des affaires d’une valeur de plus de 1000000000 $
par jour. Ces dernières années, nos échanges commerciaux
avec les États du Sud-Est américain représentent une part
grandissante de ces transactions.
En l’an 2000, nos exportations vers la région ont totalisé environ
26400000000 $ canadiens, en hausse de plus de 18 % par
rapport à l’année précédente. De plus, le commerce bilatéral a
atteint près de 34000000000 $.
Nortel Networks, Alcan et de nombreuses autres compagnies sont bien
implantés dans cette région, tandis qu’au Canada, nous avons
bénéficié de la présence d’un nombre important de grandes
entreprises comptant parmi les plus de 50 compagnies qui figurent au
palmarès Fortune 500 dont le siège social est dans le Sud-Est.
En même temps, le Canada et les États du Sud sont un peu comme des
cousins qui se seraient perdus de vue – séparés non seulement par la
distance, mais par le fait que nous nous connaissons mal. Je crois
que cela nous a empêché d’exploiter pleinement notre potentiel à
titre de partenaires commerciaux.
Atlanta et la Géorgie incarnent au plus haut point l’immense
vitalité et la modernité du « Nouveau Sud » – une région fière de
son histoire et de ses traditions, à l’hospitalité légendaire. Cette
qualité, le gouverneur Barnes en a fait preuve envers nous avec la
générosité qui le caractérise depuis mon arrivée. En même temps, le
Sud a acquis une nouvelle vigueur et une nouvelle prospérité en
adoptant avec enthousiasme de nouvelles idées et la nouvelle
économie.
Pour sa part, Équipe Canada Atlantique veut vous présenter le
Nouveau Canada. Un Canada dont l’économie est saine et revitalisée.
Un Canada en mouvement et en transition, qui fait fructifier ses
atouts économiques traditionnels et en développe de nouveaux. Un
Canada qui relève le défi de l’économie mondiale du savoir.
J’ai le plaisir de vous présenter ce Canada à l’aide d’une de nos
régions les plus dynamiques – une région en pleine croissance : nos
provinces de l’Atlantique – la Nouvelle-Écosse,
l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et le
Labrador. Équipe Canada Atlantique est venue ici en force. Avec les
premiers ministres Bernard Lord, John Hamm, Roger Grimes, et Pat
Binns, qui arrivera demain. Et, bien sûr, avec ses meilleurs
vendeurs, c’est-à-dire les nombreuses entreprises du Canada
atlantique venues ici pour faire des affaires.
Nous somme venus vous dire que le Canada atlantique a résolument mis
le cap sur la nouvelle économie de l’information. Sa population
adopte cet outil puissant qu’est l’Internet. Les chercheurs de
l’Atlantique mettent au point de nouvelles technologies et méthodes.
Les entreprises de l’Atlantique rivalisent de créativité dans la
présentation de nouveaux produits et services. Et, comme vous pouvez
le voir aujourd’hui, les exportateurs de l’Atlantique se tournent,
comme jamais auparavant, vers de nouveaux marchés où faire des
affaires.
Nous voulons donner l’occasion au Sud-Est de monter à bord. Nous
voulons que le Canada atlantique soit à ses yeux une porte vers le
marché canadien. Qu’il pense au Canada atlantique lorsqu’il est en
quête d’idées et d’infrastructures à la fine pointe. Qu’il pense au
Canada atlantique quand vient le temps de former des alliances dans
le secteur de la haute technologie. Que le Canada atlantique soit
pour lui un lieu propice à l’investissement.
Si la région de l’Atlantique connaît un tel essor, c’est en grande
partie à cause du travail colossal accompli à la fois par le
gouvernement du Canada, les provinces et l’ensemble des Canadiens
pour remettre notre économie à flot.
Nos gouvernements – fédéral, provinciaux et territoriaux – ont pris
les mesures nécessaires pour consolider les facteurs économiques
fondamentaux. Nous avons équilibré les budgets, réduit la dette
publique, allégé les impôts, maintenu des taux d’intérêt faibles et
une inflation modérée. Notre productivité continue de progresser.
Nous enregistrons la plus forte croissance de l’emploi au sein du
G-7. Et notre taux de chômage reste près de son point le plus bas en
25 ans.
Nous traversons la plus longue période de croissance économique
depuis les années 1960. Et si le refroidissement de l’économie
américaine a naturellement un effet sur nous, le Canada connaîtra
quand même l’un des plus forts taux de croissance du G-7 cette
année.
En l’an 2000, le prestigieux International Institute for Management
Development a classé le Canada au premier rang du G-7 pour sa
gestion financière.
Au niveau fédéral, la nouvelle ère de surplus nous a donné la
liberté de prendre les mesures et de faire les investissements
requis pour revitaliser le climat d’affaires au Canada. D’ailleurs,
il y a quelques semaines, le Canada arrivait troisième au classement
de la Economist Intelligence Unit pour son climat d’affaires.
Nous avons accordé la baisse d’impôt la plus considérable dans
l’histoire du Canada. Et ce n’est pas pour me vanter, mais la nôtre
est déjà chose faite.
Nous avons adopté par voie législative des réductions de l’impôt sur
les sociétés qui ramèneront notre taux cinq points sous celui des
États-Unis d’ici 2004. Notre impôt sur les gains en capital est
maintenant moins élevé que celui des États-Unis, et notre traitement
fiscal des options d’achat d’actions est plus généreux et plus
flexible.
Les charges sociales sont sensiblement moins élevées chez nous
qu’aux États-Unis. En plus, nous offrons l’un des régimes fiscaux
les plus avantageux au monde pour la recherche et le développement,
car ils constituent le meilleur gage de prospérité dans la nouvelle
économie. Dans la région atlantique du Canada, par exemple, chaque
dollar consacré à la recherche-développement ne vous coûte en
réalité que de 45 à 60
cents quand vous tenez compte des incitatifs fiscaux.
Nous avons également fait des investissements audacieux pour
promouvoir l’innovation partout au Canada. En juin dernier, par
exemple, nous avons annoncé l’établissement d’un important
partenariat d’une valeur de 700000000 $ avec la région
de l’Atlantique pour favoriser la transition vers la nouvelle
économie. Et la promotion des exportations en est un élément clé.
Notre stratégie d’avant-garde Un Canada branché nous a hissés au
deuxième rang mondial pour l’utilisation de l’Internet. Le Canada a
été le premier grand pays au monde à brancher toutes ses écoles et
ses bibliothèques au réseau Internet. Et nous nous sommes fixé des
objectifs ambitieux qui feront du Canada un synonyme d’excellence en
commerce électronique.
Des avantages canadiens comme ceux là viennent s’ajouter à nos
atouts traditionnels. Nous possédons une main-d’oeuvre très
spécialisée et productive. Notre vaste potentiel énergétique – qui
comprend le pétrole, le gaz et l’électricité produits au Canada
atlantique – représente une source d’approvisionnement fiable et
sûre qui suscite un intérêt grandissant aux États-Unis. Par
ailleurs, notre régime de soins de santé accorde une plus grande
souplesse aux entreprises canadiennes. Au Canada, les frais liés aux
soins de santé, exprimés en pourcentage de la masse salariale des
entreprises, correspondent à moins de la moitié des mêmes frais
assumés aux États-Unis.
Mesdames et Messieurs, le Canada est l’une des plus grandes
réussites économiques de la dernière décennie. Et le Canada
atlantique montre la voie. Misant sur ses atouts traditionnels que
sont l’agriculture, l’agroalimentaire et les pêches, il développe en
même temps ses activités à valeur ajoutée dans ces domaines, en plus
de ses propres nouveaux créneaux et points forts.
Le tourisme est en plein essor. L’exploitation du pétrole et du gaz
en mer devient un des piliers de l’économie régionale. La province
de Terre-Neuve et du Labrador abrite plus de 200 entreprises de
haute technologie qui exportent des produits et des services
spécialisés partout dans le monde. La Nouvelle-Écosse s’affirme
comme centre du multimédia, de la biotechnologie, du commerce
électronique et des télécommunications. L’industrie aérospatiale de
l’Île-du-Prince-Édouard pense doubler de taille d’ici quelques
années. Le Nouveau-Brunswick possède l’une des plus fortes
concentrations d’entreprises de pointe au Canada, et la province est
en voie de devenir un emplacement de premier choix pour la haute
technologie en Amérique du Nord.
Derrière toutes ces tendances encourageantes, on retrouve les
efforts extraordinaires que la région de l’Atlantique a déployés
afin de devenir un pôle d’attraction pour les investissements. En
fait, selon une récente étude effectuée par la firme KPMG, St.
John’s, Halifax, Charlottetown et Moncton offrent les coûts
manufacturiers les plus bas en Amérique du Nord.
Cela vaut pour des secteurs avancés de la nouvelle économie tels que
l’électronique, les appareils médicaux, les produits
pharmaceutiques, les plastiques, les logiciels et l’équipement de
télécommunication. C’est donc dire que le Canada atlantique est un
lieu idéal pour implanter une nouvelle entreprise, pour réimplanter
une entreprise existante ou pour agrandir les installations d’une
entreprise en expansion.
Regardez les gens d’affaires ici présents. Ils vous donnent une
bonne idée du courant d’énergie créatrice qui anime la région de St.
John’s à Moncton. Une énergie qu’il suffit de capter à l’avantage du
Sud-Est.
C’est pourquoi nous sommes venus si nombreux : pour vous montrer que
le Canada atlantique a mis le cap sur l’avenir et pour vous inviter
à monter à bord.
Et c’est pourquoi nous serons de retour!]
[CChrétien=20010914]
[lieu=ottawa]
Monsieur l’Ambassadeur,
Le peuple qui s’est rassemblé devant vous, ici sur la colline du
Parlement et dans tout le Canada, est un peuple uni dans
l’indignation, dans le deuil, dans la compassion et dans la
détermination. Un peuple qui regroupe toutes les croyances et toutes
les nationalités sur terre.
Un peuple qui – depuis l’atrocité commise contre les États-Unis le
11 septembre 2001 – se sent non seulement comme un voisin, mais
comme un membre de la famille.
Dans des moments comme ceux-ci, les mots nous manquent. Nous sommes
ébranlés par la réalité aussi brutale que terrible de l’horreur dont
nous venons d’être témoins. Les larmes viennent sans que nous
puissions les arrêter. Nous ne pouvons pas ramener les épouses et
les pères. Les fils et les soeurs disparus. Des citoyens américains.
Des citoyens canadiens. Des citoyens du monde entier. Nous ne
pouvons pas faire en sorte que ces vies tragiquement écourtées
reprennent leur cours.
En des moments comme ceux-ci, nous ne pouvons nous raccrocher qu’à
notre humanité et à notre bonté communes. En des moments comme
ceux-ci, ce que nous ressentons, nos prières et les gestes que nous
accomplissons sont tout ce qui compte.
La vague de sympathie et de soutien de la part des Canadiens et
Canadiennes exprime clairement les sentiments qui animent leurs
gestes. Alors même que nous pleurons nos propres morts, le message
que nous adressons au peuple américain est tout aussi clair.
Ne perdez pas courage. Vous n’êtes pas seuls dans votre épreuve.
Nous sommes avec vous. Le monde entier est avec vous.
Le grand Martin Luther King a dit un jour en parlant des périodes
d’adversité : « Au bout du compte, ce ne sont pas les paroles de vos
ennemis qui vous restent en tête, c’est le silence de vos amis. »
Monsieur l’Ambassadeur, le Canada n’assistera pas en silence à la
douleur de vos compatriotes et aux efforts de reconstruction.
Notre amitié est sans bornes.
Depuis des générations, sur des chemins souvent difficiles, nous
faisons route côte à côte. Nous avons souvent traversé ensemble des
heures très sombres – restant toujours fidèles à notre volonté
commune de vaincre toute menace à la liberté et à la justice.
Et ensemble, avec nos alliés, nous allons affronter et terrasser la
menace que le terrorisme fait peser sur toutes les sociétés
civilisées.
Monsieur l’Ambassadeur, nous allons accompagner les États-Unis
jusqu’au bout. Dans l’amitié, en bons voisins et membres d’une même
grande famille.

[CChrétien=20010215]
[lieu=chine]

Je suis très heureux d’être de retour à Shanghai pour la deuxième
visite d’Équipe Canada dans votre ville extraordinaire.
Monsieur le Maire, je sais que vous l’avez entendu mille fois, mais
je ne peux pas m’empêcher de vous le dire moi-même : les changements
qui continuent de transformer Shanghai et le delta du fleuve Yangzi
sont stupéfiants.
La dernière fois que je suis venu avec les premiers ministres, en
1994, nous avons passé tout notre séjour à Puxi. Et je me souviens
de la vue que nous avions de Pudong, de l’autre côté du fleuve.
C’était une forêt de grues de construction et de structures à
Demi achevées éparpillées dans les champs. À cette époque, les beaux
hôtels qui hébergent cette fois Équipe Canada 2001 n’existaient que
dans la tête des architectes. Comme bien d’autres nouvelles
structures remarquables, ils se dressent aujourd’hui autour de nous.
Ils sont de classe internationale. Et Shanghai peut être fière à
juste titre d’avoir eu la vision stratégique et la capacité de
réaliser tous ces projets. Je tire moi-même une certaine fierté du
fait que des Canadiens ont conçu beaucoup des immeubles
impressionnants qui font la beauté du district financier de Pudong,
y compris la Bourse de Shanghai.
Au moment de notre dernière visite, Shanghai attirait déjà les gens
d’affaires et les investisseurs dans cette région – la plus prospère
et la plus axée sur les affaires de toute la Chine. Les entreprises
canadiennes y étaient déjà établies en grand nombre. Elles avaient
compris que la « Tête du dragon » serait le principal moteur de la
croissance dans le delta du Yangzi.
En Chine, le foyer des affaires est Shanghai. La gamme des produits
et services que nous exportons vers cette région se diversifie et
évolue de plus en plus. Au milieu des années 1990, la pâte de bois,
le blé et l’engrais comptaient pour la majeure partie des
exportations du Canada vers cette ville. Ces produits restent
importants. Mais les produits de grande valeur composent maintenant
le gros de nos exportations. L’an dernier, la première catégorie
d’importations en provenance du Canada était celle des pièces
d’automobile pour l’usine de montage de General Motors à Shanghai.
Et la plupart de nos exportations en équipements perfectionnés et en
technologies de l’information sont destinées à Shanghai.
Nos deux gouvernements entretiennent des rapports uniques. Des
rapports ouverts, honnêtes, amicaux. La plupart des provinces et
territoires, sinon tous, ont établi des liens ou en discutent. Et de
nouveaux partenariats seront établis aujourd’hui entre Terre-Neuve
et le Zhejiang, d’une part, et le Manitoba et l’Anhui, d’autre part.
Mais, de plus en plus, ce sont les nouvelles technologies et la
curiosité de nos gens qui nous rapprochent. Par exemple, la veille
du jour de l’An, la tour du CN à Toronto et la Perle de l’Orient à
Shanghai ont tenu une cérémonie de jumelage qui a été transmise aux
participants canadiens et chinois que des milliers de kilomètres
séparaient. Des familles se sont retrouvées sur écran géant. Les
gens ont évoqué Norman Bethune et l’évolution de notre amitié au
cours des 30 dernières années.
Notre capacité unique de communiquer ainsi – de personne à personne
– nous offre une occasion sans précédent de progresser ensemble dans
l’avenir.
Shanghai et Montréal nous donnent un autre exemple de ce que le
Canada et la Chine peuvent accomplir ensemble. Les deux villes sont
des ports et des plaques tournantes du transport de classe
internationale. L’une et l’autre continuent d’apporter une
contribution dynamique aux révolutions économiques qui ont façonné
nos deux pays.
Hier, le maire Bourque et le maire Xu ont renouvelé une vision
commune pour l’avenir. Une vision qui utilise des outils de pointe
pour aider à rapprocher les gens de Montréal et de Shanghai.
Le pavillon technologique des Jardins de Montréal fera mieux
connaître le Canada à la Chine. Il offrira aux sociétés canadiennes
une vitrine pour mettre leur savoir-faire en valeur.
Les liens entre nous se multiplient au rythme de l’intensification
de nos relations.
À l’occasion de la visite d’Équipe Canada en 1994, nous avons eu le
plaisir de célébrer le jumelage des ports de Shanghai et de
Vancouver. Depuis ce temps, les échanges entre ces ports de
transbordement ont augmenté en flèche, permettant ainsi de financer
l’amélioration des infrastructures portuaires et de créer des
emplois des deux côtés du Pacifique. Les navires transportent des
produits chinois au Canada et en reviennent chargés de plus de 100
conteneurs par mois.
Il y a trois mois, Air Canada a commencé à offrir une liaison
quotidienne directe entre Vancouver et Shanghai – votre seule
liaison transpacifique quotidienne.
Par voie maritime ou aérienne, le volume des échanges entre nos pays
augmente de jour en jour. Et pas seulement dans le secteur des
télécommunications ni des pièces d’automobile. Les produits
alimentaires canadiens répondent de plus en plus aux goûts des
consommateurs chinois. Par exemple, aujourd’hui, nous allons
consommer des fruits de mer de la côte Est et de la côte Ouest, du
boeuf de l’Alberta et du sirop d’érable du Québec, le tout arrosé de
vins de l’Ontario. Tous ces produits sont disponibles ici. Nous
voici à des milliers de kilomètres de chez nous, et dans quelques
instants nous allons prendre un bon repas canadien, quoique servi et
apprêté avec de délicieux accents chinois.
Nous entamons une nouvelle ère dans nos relations commerciales. Avec
l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, les
tarifs vont baisser et les consommateurs et les entreprises chinois
auront plus facilement accès à nos produits et services. L’accession
à l’OMC s’inscrit dans un programme d’action plus vaste axé sur le
développement de l’État de droit, de sorte que les citoyens et les
entreprises puissent compter sur un traitement juste et équitable
devant les tribunaux. L’accession ne manquera pas de favoriser et de
renforcer le processus de réforme économique en cours en Chine. Un
processus mené de main de maître par le premier ministre Zhu et qui
a stimulé le dynamisme économique et commercial du delta du Yangzi.
En tant que centre financier, Shanghai aura un rôle clé à jouer dans
la transition au régime de l’OMC.
La Bourse de Shanghai constitue un autre élément central du
portrait. Son pendant torontois lui a fourni des programmes d’aide
et de perfectionnement pour la gestion de ses opérations.
Le secteur de l’assurance-vie n’existe vraiment que depuis huit ans
en Chine, et déjà, l’entreprise conjointe Zhong Hong Canada-Chine
emploie quelque 2000 personnes dans ses bureaux de Shanghai.
Je suis persuadé que le savoir-faire du Canada dans ce secteur
continuera de contribuer à donner une nouvelle dimension à la
sécurité financière et sociale de la population chinoise.
Shanghai, je le répète, est le foyer des affaires en Chine. Je veux
aussi que mes amis chinois sachent aujourd’hui que le Canada est
prêt à faire des affaires dans l’économie mondiale.
Équipe Canada 2001 n’est qu’un exemple de notre énergie et de notre
dynamisme.
Tout autant que les efforts déployés par nos gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux en vue de faire du Canada un des pays
les plus propices aux investissements et aux affaires. Ainsi, nous
avons équilibré les budgets, réduit la dette publique et diminué les
impôts, et nos taux d’intérêt sont faibles. En fait, notre économie
est en très bonne position pour traverser une période de
ralentissement à court terme de la croissance aux États-Unis.
Je sais que les entreprises chinoises, et celles de Shanghai en
particulier, ont une vision de plus en plus mondiale. China
Worldbest, un important fabricant chinois de textiles, s’est engagé
à construire une usine près de Drummondville, au Québec. Ce projet
créera plus de 350 nouveaux emplois spécialisés et établira une tête
de pont en Amérique du Nord pour l’industrie chinoise du textile.
Au moment où les grandes sociétés chinoises envisagent d’étendre
leurs activités internationales, je suis convaincu que vous saurez
trouver des partenaires et des appuis parmi vos amis canadiens. En
fait, vous n’avez pas besoin de regarder plus loin que mes
partenaires d’Équipe Canada ici présents. Bon nombre d’entre eux
sont des chefs de file mondiaux dans leur domaine.
Je vous invite également à songer au Canada d’abord pour mettre sur
pied de nouvelles entreprises conjointes ou nouer des alliances
stratégiques. À songer au Canada d’abord pour répondre à vos besoins
en matière de technologies et de procédés de pointe. Et à songer au
Canada d’abord et avant tout pour des partenaires qui offrent non
seulement les meilleurs produits et services, mais aussi la volonté
d’établir des relations de confiance et de bonne entente
mutuellement avantageuses.
À mesure que la Chine continuera de se développer, de se moderniser
et d’ouvrir son marché et son économie au monde, je suis persuadé
que l’importance de la région du delta du Yangzi et de la ville de
Shanghai ne fera que grandir.
En octobre cette année, Shanghai accueillera le prochain Sommet de
l’APEC. On n’aurait pas pu mieux choisir que ce grand centre
international. Ce sera un grand plaisir pour moi d’effectuer ma
quatrième visite à titre de premier ministre à cette occasion.
Monsieur le Maire, ce sera également un grand plaisir de vous revoir
au mois d’octobre et de m’émerveiller de tous les changements qui se
seront produits d’ici là.]

[CChrétien=20011015]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président,
Il y a quelques semaines, j’ai conduit une délégation de
parlementaires canadiens dans un lieu d’horreur. Sur la tombe de
6000 âmes innocentes. Un lieu que l’on a nommé le Point zéro.
Il est impossible de contempler les ruines du World Trade Center
sans être rempli d’émotion. De consternation. De compassion pour les
victimes. De révolte contre les auteurs de ce crime. Du désir de les
punir comme ils le méritent. Mais surtout, de la ferme détermination
de faire front. De défendre nos citoyens. Nos valeurs. Notre mode de
vie. D’adresser un message très clair aux lâches tapis dans l’ombre
qui ont ourdi ce crime contre l’humanité : « Vous ne pourrez plus
vous terrer bien longtemps. »
Et si les attentats du 11 septembre marquent jusqu’où peut tomber la
nature humaine, la mobilisation résolue et vigoureuse du Canada et
du monde contre les forces de la terreur montre jusqu’à quels
sommets peuvent s’élever le courage et la volonté collective.
De la réaction sage et mesurée au Président George Bush. À l’unité
manifestée par l’OTAN. En passant par la formation rapide d’une
coalition multinationale et multiethnique sans précédent. Une
coalition au sein de laquelle les principaux adversaires de la
Guerre froide, les États-Unis, la Russie et la Chine, font
maintenant cause commune.
Ici, au pays, Monsieur le Président, l’engagement des Canadiens a
été total. Et tous les gouvernements ont fait preuve du même
engagement. Les maires et les premiers ministres des provinces ont
pris des mesures efficaces et fait des propositions utiles. Les
fonctionnaires ont travaillé sans arrêt, méritant la reconnaissance
de tous les Canadiens. Cette chambre a tenu des débats de fond et
nos comités ont eu des discussions approfondies.
Monsieur le Président, la protection des citoyens innocents contre
le terrorisme constituait une priorité fondamentale des nations
civilisées avant les terribles événements du 11 septembre. Le Canada
pour sa part avait déjà pris des moyens novateurs pour empêcher les
terroristes d’exploiter notre pays comme base d’opération pour
lancer des attaques. Par exemple, nous soumettons les voyageurs
aériens à un contrôle à l’étranger, avant même qu’ils ne
s’embarquent pour le Canada.
De plus, les modifications proposées à la Loi sur l’immigration et à
la Loi sur les douanes qui ont été déposées devant le Parlement
anticipaient bon nombre des questions de sécurité et d’économie qui
ont pris tant d’importance ces derniers temps. J’invite tous les
partis à collaborer en vue d’adopter ces projets de loi de toute
urgence.
Depuis le 11 septembre, nos postes frontaliers sont en état de haute
alerte. Et les mesures de sécurité ont immédiatement été resserrées
dans nos aéroports.
Mais depuis, il est devenu clair que la terreur fait peser une
menace inouïe sur notre mode de vie.
En Amérique du Nord, nous avons eu la chance extraordinaire de vivre
en paix, à l’abri des attaques.
La situation a changé.
Des mesures additionnelles devront être prises par le Canada, et par
tous les pays – individuellement et de concert les uns avec les
autres – pour mener une véritable offensive mondiale contre le
terrorisme.
Par conséquent, Monsieur le Président, j’ai le plaisir d’informer la
Chambre des mesures concrètes que prend notre gouvernement dans le
cadre d’un plan d’action global pour la sécurité canadienne. Un plan
d’action dont les objectifs sont de protéger les citoyens canadiens.
De veiller à la sécurité de nos frontières. De préserver nos
valeurs. De soutenir la croissance économique. Et d’affronter la
menace que le terrorisme fait peser sur les nations libres et
civilisées du monde entier.
Notre plan d’action prévoit à la fois des mesures immédiates et de
nouvelles dispositions législatives. Il est mesuré et bien ciblé. Il
équipe le Canada des moyens nécessaires pour être un partenaire
international énergique de la coalition qui s’est donnée pour
mission de détruire, de fond en comble, les réseaux nébuleux
d’approvisionnement, de financement et de pénétration grâce auxquels
les terroristes ont exécuté le massacre du 11 septembre.
Avant tout, notre plan d’action donnera l’assurance à la population
canadienne que, même au lendemain des événements du 11 septembre,
nous pouvons mener nos vies comme nous l’entendons. Selon nos
valeurs. Et non selon les conditions dictées à partir de l’ombre.
Cependant, comme je l’ai affirmé devant l’assemblée des
parlementaires de l’OTAN la semaine dernière, Monsieur le Président,
nous devons prendre clairement conscience que nous sommes engagés
dans un nouveau genre de conflit contre un nouveau genre d’ennemi.
Nous ne pouvons pas nous fier à la rhétorique et à l’expérience des
guerres passées pour définir nos tactiques ou mesurer notre succès.
La mesure perverse du succès qu’utilisent nos adversaires n’est pas
l’accumulation de gains territoriaux, mais l’étendue des dommages
qu’ils peuvent causer par la terreur. Ils veulent s’attaquer aux
fondations mêmes de nos sociétés. Perturber nos économies. Susciter
des affrontements entre communautés, entre religions et entre
citoyens.
Monsieur le Président, il ne fait aucun doute que le pouvoir
militaire aura un rôle à jouer dans ce nouveau conflit.
Ainsi, j’ai autorisé l’exécution de l’Opération Apollo – le plus
vaste déploiement de militaires canadiens depuis la Guerre de Corée.
Plus de 2000 hommes et femmes vont y prendre part. Des tâches
vitales ont été assignées à nos navires, à nos transporteurs aériens
et à nos avions de surveillance aérienne dans le cadre de la
campagne militaire internationale en cours contre Oussama ben Laden.
Son réseau al-Quaïda. Et le régime renégat des talibans qui les
abrite en Afghanistan.
Dès le début de cette campagne, nous avons dit très clairement que
nous ne ciblons pas l’Islam, mais bien un groupe d’extrémistes dont
le but est de terrifier et de perturber les nations. Et dont les
actes meurtriers ont injustement sali une grande religion mondiale.
Nous ne sommes pas non plus en conflit avec le peuple afghan. En
fait, le monde entier a entrepris de fournir des secours à la
population de l’Afghanistan. Nous sommes en conflit avec le régime
taliban.
Monsieur le Président, aucune décision ne pourrait être plus grave
pour un premier ministre que celle d’envoyer des Canadiens
participer à des opérations militaires. Je sais que tous les
députés, comme tous les Canadiens et Canadiennes, sont conscients de
la gravité de cette décision.
Et j’ai été touché par l’appui solide que les représentants de tous
les partis ont exprimé à l’égard de nos militaires et de leurs
familles. Je tiens à remercier tout particulièrement les chefs des
partis d’opposition de leur collaboration.
Monsieur le Président, alors que le monde est rivé aux images des
opérations militaires, nous ne devons pas oublier que l’aspect
militaire ne représente qu’une partie de la lutte. Nos ennemis n’ont
pas de domicile ni d’adresse fixe, et toute action militaire
efficace nécessitera des renseignements précis et exacts. De plus,
les Canadiens s’attendent, avec raison, à ce que le Canada fasse
davantage que riposter contre des actes de terreur. Ils s’attendent
à ce que nous agissions pour prévenir les actes terroristes.
Pour y arriver, il faudra que les forces de police et de sécurité,
ainsi que les services de renseignement du monde entier, unissent
leurs efforts et fassent preuve de détermination et d’ingéniosité.
Le défi qui se pose à tous les États est de veiller à ce que les
organismes d’enquête disposent des outils dont ils ont besoin pour
accélérer la mise en place de mesures de première ligne pour
protéger les citoyens. Pour déjouer les terroristes. Et pour les
traduire en justice.
Notre plan d’action contient déjà des mesures énergiques.
Nous avons approuvé de nouvelles dépenses à l’appui de mesures de
sécurité renforcées et de capacités d’enquête accrues. La sécurité
est resserrée à tous les postes frontaliers – aussi bien terrestres
que maritimes et aériens. Et pour tous les moyens de transport, en
particulier le transport aérien. Un plus grand nombre d’agents de la
GRC et des services d’immigration et de douanes seront affectés aux
postes frontaliers. Les technologies de pointe en matière de
sécurité seront introduites rapidement. Elles permettront
d’améliorer la détection et de faciliter l’échange de
renseignements.
Cette semaine, nous allons annoncer de nouvelles mesures dans le
domaine des activités du renseignement et de la planification
d’urgence.
Aujourd’hui, Monsieur le Président, la ministre de la Justice a
déposé un projet de loi qui nous aidera à lutter contre le
terrorisme international.
Jusqu’à maintenant, le Canada a eu recours au Code criminel pour
réprimer le terrorisme. Dans le cas d’actes tels que les
détournements, les attaques contre des aéronefs et le meurtre, le
Code criminel est un outil important. Ses dispositions continueront
d’ailleurs à servir pour poursuivre les terroristes qui commettent
de tels actes.
Mais les événements du 11 septembre nous ont montré qu’il nous faut
adopter une approche législative encore plus énergique et mieux
ciblée. Pour trouver des façons d’empêcher les attentats terroristes
avant qu’ils ne se produisent. En s’attaquant à leur organisation et
à leur financement.
Ce projet de loi rendra illégale la participation aux activités d’un
groupe terroriste. Il interdira aussi de financer le terrorisme. Les
nouvelles dispositions assureront la mise en oeuvre complète, et
efficace, de la Convention des Nations Unies pour la répression du
financement du terrorisme. Et de la résolution 1373 du Conseil de
sécurité de l’ONU.
En élaborant ce projet de loi, nous avons scruté les mesures prises
par les autres États démocratiques pour combattre le terrorisme. Il
est essentiel d’adopter une approche conforme à celle retenue par
d’autres sociétés démocratiques. De même qu’au droit international.
Et cet ensemble de dispositions législatives répond à nos
obligations internationales.
Monsieur le Président, une société libre et ouverte n’accroît jamais
à la légère les pouvoirs des autorités policières.
Nous avons cherché à élaborer des mesures législatives qui
traduisent et protègent de façon durable les valeurs fondamentales
que sont pour nous la liberté, la démocratie et l’égalité.
Le Canada est un pays libre. Un pays juste. Un État de droit. C’est
aussi une terre d’accueil. Un lieu où des gens de presque toutes les
nations et religions de la terre sont venus trouver la liberté, le
respect, l’harmonie. Et un avenir meilleur.
Ces valeurs sont le mortier qui lie notre société.
Le terrorisme vise à miner la primauté du droit et la préservation
des droits de la personne. Le critère d’après lequel on peut
vraiment jauger nos valeurs, c’est la mesure dans laquelle elles
nous guident en période de crise. En toute franchise, notre pays n’a
pas toujours été à la hauteur dans le passé.
Nous devons être vigilants aujourd’hui. Et éviter de répéter les
erreurs du passé.
Quand j’étais ministre de la Justice, j’ai eu le privilège de
veiller à l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés.
J’y tiens profondément. Et je suis convaincu que le projet de loi
que nous avons présenté aujourd’hui est nécessaire pour protéger ces
valeurs. Nous nous sommes efforcés de protéger ces droits et
libertés dans le cadre notre Loi antiterroriste.
En effet, elle assure une protection réelle des droits individuels
grâce à l’inclusion de garanties quant à l’application régulière de
la loi. Elle prévoit un suivi parlementaire au bout de trois ans
afin de réévaluer la nécessité et l’efficacité des mesures prévues.
Cependant, nous reconnaissons tous que le texte a dû être rédigé
très vite. Aussi, l’examen soigneux du projet de loi par le Comité
de la justice de la Chambre sera particulièrement important. Ses
membres devront examiner le projet de loi du point de vue non
seulement de la sécurité publique, mais aussi des droits
individuels.
Et je vous assure, Monsieur le Président, que le gouvernement
portera très attention aux constatations et aux recommandations du
Comité. Je souhaite que le Comité scrute attentivement le projet de
loi tout en tenant compte, bien sûr, de la nécessité de le faire
adopter le plus vite possible.
Depuis le 11 septembre, certains groupes et individus ont été la
cible d’injures raciales et religieuses et même d’agressions
violentes. Un tel comportement est inadmissible au Canada. Le projet
de loi antiterroriste renferme des dispositions destinées à
renforcer la protection de la liberté de croyance et à contrer la
haine fondée sur la race, la religion et les préjugés ethniques.
Monsieur le Président, n’oublions jamais que le but ultime des
terroristes n’est pas de nous capturer par la force des armes. Mais
bien par la force de la terreur. Ils ne cherchent pas à occuper le
Canada. Ils cherchent à le paralyser!
Monsieur le Président, ce gouvernement, cette chambre, ce pays, ne
les laisseront pas faire!
Alors même que nous continuons de prendre des mesures énergiques
pour répondre aux préoccupations immédiates des Canadiens en matière
de sécurité, nous poursuivons notre programme à long terme en vue de
bâtir un Canada plus prospère où personne n’est laissé pour compte.
Les Canadiens n’ont jamais été du genre à vivre dans la crainte et
la méfiance. Notre société est ouverte et prospère. Notre plan
d’action vise à prendre les mesures nécessaires pour permettre à la
vie de reprendre son cours normal. À rassurer les Canadiens sur leur
sécurité.
À permettre à nos entreprises de se remettre aux affaires en sachant
que la libre circulation des produits et services à la frontière
avec les États-Unis – l’assise de la prospérité canadienne – sera
maintenue.
Au pays, notre gouvernement continuera d’observer des politiques
économiques et financières conçues pour permettre aux entreprises et
aux consommateurs d’envisager l’avenir avec optimisme et confiance.
Nous veillerons aussi en collaboration avec nos partenaires du G-7 à
assurer la stabilité de l’économie mondiale.
J’ajouterais, Monsieur le Président, que si nous nous attendons à ce
que les Canadiens poursuivent leurs activités normales, nous devons
leur donner l’exemple en poursuivant les nôtres. En continuant de
bâtir notre avenir collectif.
Car la sécurité du pays ne dépend pas seulement de la protection de
nos frontières et de nos aéroports. Ni du pouvoir que nous donnons
aux forces de l’ordre. Elle dépend aussi de la prospérité de notre
économie. De la santé de notre environnement. Du caractère équitable
de notre société. Et de la portée de notre voix dans le monde.
Monsieur le Président, le 11 septembre 2001, le monde a changé. Une
lutte planétaire s’est engagée. La première grande lutte pour la
justice du XXIe siècle.
Mais si nous avons devant nous un nouvel ennemi, le rôle du Canada
dans la lutte en perspective n’est pas nouveau pour lui. Comme
toujours, nous n’avons pas cherché ce conflit. Et comme toujours,
Canada défend ce qui est juste et bien.
La lutte à venir ne conduira pas à une reddition sans condition ni à
des défilés de la victoire. Mais les victoires seront innombrables.
Ce seront les victoires quotidiennes de la vie normale.
Des victoires qui résulteront en définitive du recours à l’arme la
plus efficace de toutes celles dans l’arsenal des nations libres et
civilisées : le caractère indomptable de nos citoyens.
Nos ennemis ont commis une erreur fatale de jugement. Ils ont pris
notre liberté pour de la faiblesse. Ils ont pris notre ouverture et
notre générosité pour de la mollesse. Ils ont pris nos valeurs pour
un manque de fermeté.
Nous allons leur donner tort, sur toute la ligne.
Monsieur le Président, la route sera longue. Mais notre victoire
sera complète.
[CChrétien=20010217]
[lieu=chine]
J’ai le plaisir de saluer l’hôte conjoint de ce déjeuner, la Chambre
de commerce canadienne à Hong Kong, pour le soutien énergique
qu’elle apporte aux entrepreneurs canadiens ici. Elle reflète bien
le dynamisme qui anime Équipe Canada.
Il n’est pas étonnant qu’elle soit notre plus grande Chambre de
commerce à l’extérieur du Canada. Car, on se sent chez nous quand on
revient à Hong Kong. Je ne crois pas que l’on puisse rencontrer dans
aucune autre ville asiatique autant de Canadiens que j’en ai
rencontré ici. Des Canadiens qui font connaître jour après jour
notre savoir-faire, notre énergie et notre créativité, pas seulement
à Hong Kong et en Chine, mais dans toute l’Asie. Des Canadiens qui
font partie intégrante de la vie commerciale et sociale de Hong
Kong. Tout comme tant de citoyens originaires de Hong Kong
enrichissent la vie nationale au Canada.
En tant que capitaine d’Équipe Canada 2001, je suis conscient que
Hong Kong est en transition. Nous avons tout intérêt à ce que la
stabilité et la prospérité continuent de régner à Hong Kong.
Le commerce est le pivot de nos relations. Mais les liens entre nous
comportent bien d’autres dimensions. Nos relations commerciales sont
fondées sur d’étroites relations personnelles dont les origines
remontent à plus d’un siècle. Ces liens indissolubles du passé nous
ont permis de nouer un partenariat pour relever les défis de
l’avenir.
En partenariat, nous mettons au point la prochaine génération de
technologies « vertes ». En partenariat, nous étudions des moyens
innovateurs de dispenser des services de santé et d’éducation de
qualité. En partenariat, nous faisons oeuvre de pionnier dans le
secteur des technologies de l’information, la carte-mère de la
nouvelle économie mondialisée.
Hier, j’ai eu le plaisir de rendre visite à la Canadian
International School, un superbe exemple de la force conjuguée de
notre ingéniosité. Cette école est un magnifique spécimen de
l’architecture canadienne et un utilisateur modèle des technologies
de l’information dans la salle de classe qui se distingue aussi par
ses méthodes d’enseignement et de gestion novatrices. Je tiens à
féliciter tous ceux et celles qui ont contribué à son succès.
J’espère que vous continuerez d’appuyer l’école dans son
développement.
En 1994, Hong Kong a été une étape importante de la toute première
mission d’Équipe Canada. Des événements historiques se sont déroulés
depuis, mais le Canada se sent rassuré à l’idée que l’identité
fondamentale qui a fait de Hong Kong un carrefour pour le monde est
restée inchangée.
Hong Kong est le centre commercial et financier le plus ouvert et le
plus dynamique de l’Asie. Les entreprises peuvent y mener leurs
activités en toute confiance, sachant que ses institutions saines et
sa réglementation transparente sont fondées sur la primauté du
droit. Elle reste un partenaire estimé au sein de l’OMC, de l’APEC
et ailleurs. Et elle reste aussi un lieu où les gens peuvent
exprimer leurs opinions librement, sans crainte ni intimidation.
L’avenir de Hong Kong repose sur ces caractéristiques.
Cela dit, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle Hong Kong.
Nous sommes de nouveau témoins de la célèbre faculté de Hong Kong de
se réinventer. Par le passé, elle s’est transformée de port de
commerce en centre manufacturier; de géant du textile en place
financière internationale. Et voilà qu’elle se réincarne en
plate-forme mondiale des technologies de l’information.
Hong Kong est également aux prises avec les préoccupations de toute
société véritablement moderne : les services de santé, l’éducation
et le logement.
De plus, un débat très sain s’est engagé sur la façon d’assurer sa
gouvernance sous le régime de la Loi fondamentale et sur les moyens
d’assurer la continuité sans étouffer le changement.
Le Canada voit avec grand intérêt son vieil ami débattre de ces
questions. Et vous pouvez continuer de compter sur notre appui.
La nouvelle Hong Kong offre d’immenses possibilités. Surtout aux
petites et moyennes entreprises. J’espère qu’Équipe Canada 2001 fera
découvrir à nos coéquipiers cette nouvelle Hong Kong et le rôle
important qu’elle peut jouer comme tremplin pour les entreprises
canadiennes vers la Chine continentale et le reste de l’Asie.
Car Hong Kong fait partie de la Chine. Il en a toujours été ainsi en
raison de sa population, de ses racines culturelles et du flux des
échanges commerciaux et des idées.
Les relations vont se resserrer encore davantage à la suite de
l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce. Hong
Kong est idéalement placée pour tirer pleinement parti des
nombreuses nouvelles opportunités qui accompagneront la transition.
Ce jour là, le Canada et les entreprises canadiennes seront à vos
côtés à titre de partenaires.
Mesdames et Messieurs, le but d’Équipe Canada a toujours été
beaucoup plus vaste que la conclusion d’ententes et la signature de
contrats. Notre but est d’établir des relations à long terme. Des
relations de confiance et de bonne entente mutuellement
avantageuses.
Équipe Canada 2001 a revitalisé d’anciennes relations et en a fait
naître de nouvelles. Je suis fier de la qualité de notre équipe :
des gouvernements engagés et novateurs qui travaillent la main dans
la main avec les meilleures entreprises canadiennes. Notre mission
est révélatrice de notre volonté d’assurer le succès du Canada.
Mais, surtout, elle est révélatrice de notre engagement envers la
Chine. Et de l’importance que nous attachons aux relations que nous
tissons avec vous.
Un des principaux objectifs d’Équipe Canada 2001 consiste à changer
la perception que Hong Kong a du Canada. Je crois que nous avons
réussi dans le cas du chef de l’exécutif quand il a visité le Canada
l’an dernier. Je sais qu’à son retour, M. Tung a dit aux gens
d’affaires de Hong Kong que lorsqu’ils sont en visite au Canada, ils
ne devraient pas se contenter de visiter leurs tantes, ils devraient
faire des affaires.
Je sais que la vaste majorité d’entre vous ont eu l’occasion de
visiter le Canada. La plupart d’entre vous ont des amis et de la
famille au Canada. Vous êtes nombreux à avoir déjà des contacts
commerciaux au Canada. Mais je gagerais que vous n’êtes pas nombreux
à percevoir le Canada comme l’un des endroits les plus propices aux
investissements et aux affaires dans la nouvelle économie.
De même que nous faisons découvrir aux Canadiens la nouvelle Hong
Kong, j’aimerais vous faire découvrir le nouveau Canada.
Nos gouvernements – fédéral, provinciaux et territoriaux – ont pris
les mesures nécessaires pour consolider les assises de l’économie
par des budgets équilibrés, une dette publique réduite, des baisses
d’impôt, de faibles taux d’intérêt et une inflation modérée. De tous
les pays du G-7, c’est le Canada qui devrait afficher la plus forte
croissance cette année. En fait, notre économie est en très bonne
position pour traverser toute période de ralentissement à court
terme de la croissance américaine.
Nous possédons une main-d’oeuvre très spécialisée et instruite. Le
Canada compte une plus forte proportion de titulaires de diplômes
d’études postsecondaires que tout autre pays au monde – y compris
les États-Unis. Le pourcentage de notre population branché à
l’Internet est plus élevé que partout ailleurs dans le monde.
Nous avons été le premier pays du G-7 à brancher toutes nos écoles
et nos bibliothèques publiques à l’Internet.
Le Canada s’est également doté d’un cadre fiscal favorable à
l’entrepreneurship et à l’innovation. L’impôt moyen sur les sociétés
est inférieur de près de 5 % à celui des États-Unis. Et notre régime
de crédits d’impôt pour la recherche et le développement est l’un
des plus avantageux au monde.
Vous avez tous entendu parlé de la Silicon Valley. Mais saviez-
vous que Montréal est un centre comparable dans le domaine de
l’aérospatiale. Elle regroupe 27 % du marché mondial des avions
d’affaires, 60 % du marché des trains d’atterrissage et 70 % du
marché des simulateurs de vol commerciaux.
Notre corridor Toronto-Kitchener-Waterloo compte plus de 2000
entreprises de pointe qui emploient plus de 100000 personnes.
Toronto est l’un des plus grands centres des sciences de la vie en
Amérique du Nord.
Plus de 7000 entreprises de pointe sont concentrées à Vancouver. Au
cours des 10 dernières années, la capitalisation boursière des plus
grandes entreprises de haute technologie de la Colombie-Britannique
est passée de 1000000000 $ à plus de 70000000000 $.
Ottawa est non seulement notre capitale nationale, mais aussi la
capitale de la Silicon Valley du Nord. Elle abrite plus de 1000
entreprises de pointe.
Dans le Canada atlantique, la ville de Fredericton compte à elle
seule plus de 180 sociétés d’informatique dont la clientèle est
située dans le monde entier.
Mesdames et Messieurs, voilà un petit aperçu du nouveau Canada. Un
Canada qui, à l’instar de la nouvelle Hong Kong, est en marche. Une
véritable Équipe Canada qui est fermement déterminée à mobiliser ses
ressources et sa vitalité pour devenir le pays le plus
avant-gardiste au monde.
Le Canada et Hong Kong sont faits pour s’entendre. Il nous faut
redoubler d’efforts pour maximiser nos forces conjuguées. À titre de
capitaine d’Équipe Canada 2001, je vous invite tous à tirer parti
des contacts que vous avez établis au Canada pour montrer la voie.
Nous sommes entrés dans une ère de changements ultrarapides où il
faut conserver son avance pour prospérer. Hong Kong a bien mérité sa
réputation de pays qui bouge vite. Le Canada est plein d’énergie et
de détermination.
C’est le moment de saisir l’avenir – ensemble.]

[CChrétien=20011017]
[lieu=né]
Halifax est un lieu bien choisi pour le départ d’aujourd’hui. En
effet, cette ville et sa population ont été aux premières lignes de
cette lutte dès le premier instant.
Le matin du 11 septembre, alors que le monde assistait avec horreur
au déroulement des événements à New York et Washington, les gens de
la Nouvelle-Écosse ont été parmi les premiers à donner un coup de
main à nos voisins. Les gens de cette ville, comme ceux de Gander et
St. John’s, à Terre-Neuve, et de nombreuses autres communautés à
travers le Canada, ont accueilli à bras ouverts les milliers de
passagers qui ne pouvaient se rendre à destination. Ils leur ont
fourni du réconfort, le gîte et le couvert et un havre sûr pendant
qu’ils attendaient de pouvoir poursuivre leur route.
Les paroles et les gestes de reconnaissance ont été nombreux depuis.
Aujourd’hui, je voudrais vous exprimer ma propre gratitude. Au nom
de tous les Canadiens et Canadiennes, je dis merci aux gens de la
Nouvelle-Écosse. Vous avez fait honneur à votre pays et à vos
concitoyens.
Comme vous le faites de nouveau aujourd’hui à l’occasion du départ
des hommes et des femmes qui s’en vont servir à bord des Navires
canadiens de Sa Majesté Preserver, Iroquois et Charlottetown dans le
cadre de l’opération Apollo.
Depuis le 11 septembre, nous savions que ce jour pouvait arriver.
Que nos militaires pourraient devoir mettre le cap sur des mers
lointaines. Pour rejoindre nos alliés et défendre les valeurs et les
principes des peuples libres et civilisés du monde entier.
Il ne doit y avoir aucun doute dans notre esprit, aucune trace
d’incertitude dans nos coeurs. Nous étions tous ciblés par les
attentats commis aux États-Unis. Et si l’objectif de nos agresseurs
était clair le matin du 11 septembre, il l’est encore davantage
aujourd’hui.
Au nom d’une idéologie perverse, ils veulent s’attaquer aux
fondements de nos sociétés. En perturbant nos économies. En
ébranlant nos institutions. En suscitant la méfiance et des
affrontements entre communautés, entre religions et entre citoyens.
Une telle attaque contre nos sociétés exige une réplique. Une
réplique ferme. Une réplique juste. Qui exprime d’un geste franc
notre refus catégorique de céder au chantage et à la peur.
Ce geste, c’est vous, les membres des Forces canadiennes, qui allez
le poser. En prenant place aux côtés de nos alliés. En pourchassant
jusque dans les profondeurs de l’ombre les marchands de terreur. Et
en les forçant à répondre de leurs actes barbares.
Beaucoup de commentateurs ont cherché à analyser ce conflit. À en
cerner le sens, notre objectif et notre détermination. Mais il
demeure essentiellement une lutte pour la liberté et la justice. Et
comme toujours dans ces moments historiques, à la fin tout repose
sur vous. Sur votre entraînement. Sur votre courage. Sur votre
vaillance.
Encore une fois, nous vous demandons de défendre la justice.
D’accomplir ce qui est juste. De donner leur pleine expression à nos
valeurs et à notre détermination.
Je suis venu vous dire, au nom de tous les Canadiens, à vous les
hommes et les femmes de nos forces armées, ainsi qu’aux proches que
vous allez laisser derrière, que vous êtes des héros.
Que votre pays est fier de vous. Et que les Canadiens vous gardent
dans leurs prières.
Le Canada ne s’est jamais contenté d’être un observateur passif.
Nous n’avons pas cherché ce conflit. Mais nous allons avoir le
dernier mot. Parce que, quand vous êtes du côté de la justice dans
une juste cause, un seul résultat est possible.
La victoire.
À l’heure de votre départ, au nom d’une nation reconnaissante, je
vous laisse avec ces mots : BRAVO ZULU!

[CChrétien=20010917]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président,
Je tiens à remercier les chefs de tous les partis qui siègent à la
Chambre des communes, de même que l’ensemble des députés, d’avoir
collaboré à l’organisation de ce débat historique. Nous avons vécu
des journées tristes et éprouvantes depuis que la nouvelle des
événements tragiques de New York et Washington nous est parvenue.
Des journées qui nous ont donné la certitude que les sociétés
civilisées de ce monde ont le devoir solennel de condamner d’une
seule voix le fléau qu’est le terrorisme.
Étant donné l’urgence de la situation, les Canadiens seront heureux
de constater que leurs représentants élus ont décidé, en toute
solidarité, de placer ce débat en tête de notre ordre du jour
parlementaire. J’accueillerai avec plaisir les points de vue des
députés au sujet du rôle que le Canada devrait jouer dans la
préparation d’une riposte internationale à la fois ferme et juste
contre cette menace mondiale sans précédent.
Monsieur le Président,
Il existe de ces rares occasions où le temps semble s’arrêter. Où le
monde entier est paralysé par un événement particulier. Il existe
aussi des occasions terribles où la noirceur de l’âme humaine
échappe aux contraintes de la civilisation et se révèle dans toute
son horreur à un monde stupéfait.
Le mardi 11 septembre 2001, le temps s’est arrêté. Et ce jour
restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Monsieur le Président,
À la vue de ces scènes de destruction, j’ai adressé mes premières
pensées et mes premiers mots aux victimes et au peuple américain.
Mais il n’existe pas de mots, dans aucune langue, qui puissent
rendre un hommage plus puissant, ni plus éloquent, que celui qu’ont
rendu vendredi dernier, en silence, les 100000 Canadiens rassemblés
à quelques mètres d’ici à l’occasion de la Journée de deuil
national.
J’étais fier d’être du nombre. Et j’étais fier des Canadiens
rassemblés partout au pays pour des cérémonies semblables.
C’était une mer de tristesse et de compassion qui voulait porter
ceux qui ont perdu des amis et des proches : des Américains, des
Canadiens et des citoyens d’un grand nombre de pays. Mais c’était
surtout une manifestation de solidarité envers notre plus proche ami
et partenaire : les États-Unis d’Amérique.
Monsieur le Président,
Comme toujours, cette situation d’urgence a fait ressortir les plus
belles qualités de notre peuple. Des réunions de prière et des
vigiles aux légions qui ont fait la queue pour donner du sang. D’une
vague de dons de la part d’individus et d’entreprises à la patience
devant les retards et les dérangements. Nous avons tous été émus de
voir les Canadiens ouvrir leurs coeurs et leurs foyers aux milliers
de voyageurs aériens déconcertés, inquiets et en mal de destination.
Quand j’ai parlé au Président Bush la semaine dernière, il m’a
demandé de remercier le peuple canadien. Et j’inviterais tous les
députés à transmettre son message dans leur circonscription.
Monsieur le Président,
Le Président Bush a aussi souligné que ses propres collaborateurs
lui ont parlé à maintes reprises de la collaboration et de l’aide
exceptionnelle qu’ils recevaient des organismes et des ministères du
gouvernement du Canada. Autant en réponse à l’urgence immédiate de
l’attaque que dans le cadre de l’enquête qui permettra de traduire
en justice les responsables de ce crime contre l’humanité.
Monsieur le Président, je suis fier de la vitesse et de la
coordination qui ont caractérisé notre réaction :
Nous avons évalué les secours d’urgence nécessaires et les avons
déployés de manière à pouvoir les fournir rapidement et
efficacement sur demande.
Nous avons veillé à la sécurité des voyageurs en détresse.
Nous avons pris des mesures pour protéger les Canadiens.
Nous avons fourni des renseignements aux enquêteurs.
Nous avons répondu aux demandes de renseignements concernant des
êtres chers.
Les ministres responsables renseigneront la Chambre en détail sur
les mesures prises par leurs ministères au nom des Canadiens. Pour
ma part, je tiens à exprimer ma reconnaissance à nos fonctionnaires
pour les efforts qu’ils ont déployés sans relâche.
Monsieur le Président,
La Chambre doit aussi se pencher sur la menace que pose le
terrorisme pour tous les peuples civilisés. Et sur le rôle que le
Canada doit jouer pour l’anéantir.
Les enjeux sont grands. Pour les comprendre, il suffit de penser au
symbolisme des tours du World Trade Center. Selon l’architecte qui
les a conçues, les tours étaient « la représentation de notre foi
dans l’humanité, de notre besoin de dignité individuelle. De notre
foi dans la coopération – et à travers la coopération – dans notre
capacité de grandeur. »
Soyons clairs. Cette attaque ne visait pas seulement les États-Unis.
Les tueurs ont agi de sang-froid et porté un coup aux valeurs et aux
convictions des peuples libres et civilisés de la terre entière.
Le monde a subi une attaque. Le monde doit riposter. Car nous sommes
en guerre contre le terrorisme. Et le Canada – un pays fondé sur un
idéal de liberté, de justice et de tolérance – participera à cette
riposte.
Les terroristes ne sont pas fixés dans un seul pays. Le terrorisme
est une menace à l’échelle du globe. Les auteurs de ces actes ont
démontré qu’ils peuvent se déplacer facilement d’un pays à l’autre.
D’un endroit à l’autre. Qu’ils savent exploiter la liberté et
l’ouverture des victimes auxquelles ils veulent s’attaquer. La même
liberté et la même ouverture que nous chérissons tous et que nous
protégerons.
Ils acceptent, et même souhaitent, de trouver la mort en commettant
leurs crimes. Et d’utiliser d’innocents civils comme boucliers et
comme instruments.
Nous devons nous préparer – et préparer les Canadiens – à une longue
lutte. Une lutte sans réponses faciles. Une lutte où il faudra
absolument faire preuve de patience et de sagesse.
Monsieur le Président, il ne faut pas se leurrer quant à la nature
de la menace qui pèse sur nous. Il ne faut pas croire que la
victoire sera simple ou facile. Qu’il suffira de porter un grand
coup. Il nous faut agir en fonction de résultats à long terme plutôt
qu’en fonction d’une satisfaction immédiate.
Monsieur le Président,
Nos actions seront commandées par la détermination. Et non par la
peur.
S’il nous faut changer nos lois, nous le ferons. Si nous devons
accroître les mesures de sécurité pour protéger les Canadiens, nous
le ferons aussi. Nous allons demeurer vigilants.
Mais nous ne céderons pas à la tentation de resserrer rapidement la
sécurité au prix des valeurs qui nous tiennent à coeur. Et qui ont
fait du Canada un flambeau de l’espoir, de la liberté et de la
tolérance dans le monde. Nous ne nous laisserons pas bousculer dans
l’espoir – assurément voué à l’échec – de faire du Canada une
forteresse contre le monde.
Enfin, Monsieur le Président, je voudrais faire ressortir un dernier
point très, très important.
L’immigration est au coeur de l’expérience et de l’identité
canadiennes. Nous avons accueilli des gens de partout dans le monde.
Des gens de toutes origines, de toutes couleurs et de toutes
religions. Notre pays est ainsi fait. Soyons donc clairs. Le Canada
ne laissera personne le contraindre à sacrifier ses valeurs et ses
traditions sous prétexte qu’il faut agir d’urgence. Nous
continuerons à accueillir des gens de partout dans le monde. Nous
continuerons à offrir un havre à ceux qui sont persécutés.
Je le répète, personne n’y mettra fin!
J’ai été attristé par le fait que les attaques terroristes de mardi
dernier aient provoqué des manifestations contre des Canadiens de
religion musulmane et d’autres minorités du Canada. C’est tout à
fait inacceptable. C’est une victoire pour les terroristes quand ils
réussissent à exporter leur haine. Les auteurs de ces actes
d’horreur ne représentent aucune communauté et aucune religion. Ils
sont les apôtres du Mal et rien d’autre.
Comme je l’ai dit, c’est contre le terrorisme que nous luttons. Et
non contre une communauté ou une religion. Aujourd’hui plus que
jamais, nous devons réaffirmer les valeurs fondamentales de notre
Charte des droits et libertés : l’égalité de toutes les races, de
toutes les couleurs, de toutes les religions et de toutes les
origines ethniques.
Monsieur le Président, nous sommes tous des Canadiens!
Nous sommes un peuple juste et généreux. Quand nous voyons les
images déchirantes d’épouses et de pères, de soeurs et de frères –
dont un grand nombre de Canadiens – qui errent dans les rues de New
York à la recherche de proches disparus, nous savons ce que le
devoir nous commande de faire.
Nous n’avons jamais assisté passivement au combat pour la justice
dans le monde. Nous ferons front avec les Américains. Ce sont nos
voisins, nos amis, des membres de notre famille. Et nous ferons
front avec nos alliés. Nous ferons le nécessaire pour vaincre le
terrorisme.
Laissons-nous cependant guider dans l’action par la sagesse et
la persévérance. Par nos valeurs et par notre mode de vie.
Et tant que durera la lutte, ne perdons jamais de vue qui nous
sommes et ce que nous représentons!

[CChrétien=20011119]
[lieu=ottawa]

Mesdames et Messieurs, il est rare que les mots puissent rendre
justice aux réalisations de toute une vie. Cela est d’autant plus
vrai pour celles de l’homme à qui j’ai l’honneur et le privilège de
rendre hommage aujourd’hui : Monsieur Nelson Mandela.
Monsieur, dans votre longue marche vers la liberté et la justice,
vous avez mené un combat épique contre la peur et l’ignorance. Dans
ce combat, vous aviez pour seules armes le courage de vos
convictions et la justesse de votre cause. Et vous avez triomphé. Ce
jour là, Monsieur, le peuple sud-africain et le monde entier ont
triomphé avec vous.
En tant que Président de la République sud-africaine, vous avez
oeuvré sans relâche pour la réconciliation. Vous avez été un
défenseur résolu de la paix et une voix inspirante en faveur des
enfants du monde entier. Vous avez vécu les souffrances de l’Afrique
et vous ressentez la soif d’un meilleur avenir qu’éprouve sa
population. Cet objectif doit demeurer au centre des préoccupations
mondiales, alors même que nous sommes aux prises avec d’autres
menaces et défis pressants.
En fait, l’engagement du Canada envers l’Afrique est plus fort que
jamais. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
sera l’un des principaux thèmes du Sommet du G-8 que le Canada
accueillera à Kananaskis au mois de juin. Le Canada jouera un rôle
de chef de file dans le cadre de cette entreprise remarquable.
Monsieur, vous avez été à tous les points de vue la preuve vivante
et inspirante d’une formule que vous avez employée un jour et dont
la simplicité m’a toujours frappé. Vous avez dit ceci : « Une bonne
tête et un bon coeur forment toujours une combinaison redoutable. »
Mes compliments, Monsieur : vous avez le sens de la litote.
Chaque fois que vous avez visité le Canada, vous nous avez honorés.
Mais aujourd’hui, vous nous faites le plus grand honneur de tous en
acceptant notre invitation à devenir membre de la grande famille
canadienne.
En gage du lien impérissable entre nous et en souvenir de cette
occasion marquante, je voudrais également vous offrir un drapeau du
Canada qui a flotté aujourd’hui même au sommet de la tour de la Paix
sur la colline du Parlement.
Et maintenant, j’ai le plaisir, à titre de premier ministre du
Canada, de vous présenter Monsieur Nelson Mandela : citoyen du monde
par excellence et désormais citoyen du Canada.
Veuillez vous joindre à moi pour lui souhaiter la bienvenue au sein
de notre grande famille.

[CChrétien=20010921]
[lieu=ottawa]

Je vous remercie de m’avoir reçu ici aujourd’hui.
Je suis venu en tant que premier ministre – votre premier ministre –
afin de vous porter un message de réconfort et de tolérance.
Je sais que depuis le 11 septembre 2001, les musulmans partout au
Canada vivent des jours de grande tristesse et d’angoisse, parce que
les tueurs inhumains qui ont commis les atrocités de New York et de
Washington ont invoqué le nom et les paroles de l’islam pour se
justifier.
Beaucoup de vos coreligionnaires ne se sont pas sentis libres
d’exprimer leur sympathie et leur solidarité envers les victimes, et
ce, en dépit du fait que de nombreux musulmans ont aussi péri dans
ces attentats. Mais il y a pire : certains d’entre eux ont été la
proie de dénonciations et d’actes de violence. Des actes qui n’ont
pas leur place au Canada, ni dans aucun pays civilisé. Et qui m’ont
fait honte en tant que premier ministre.
Je voulais me tenir à vos côtés aujourd’hui. Et réaffirmer avec vous
que l’islam n’a rien à voir avec le massacre qui a été planifié et
exécuté par les terroristes et par leurs maîtres.
Comme toutes les religions, l’islam est fondé sur la paix, sur la
justice et sur l’harmonie entre tous les peuples. Je partage votre
tristesse de voir qu’une des grandes religions mondiales a été
injustement salie par cette horreur.
Avant tout, je voulais me tenir à vos côtés pour condamner les
gestes intolérants et haineux qui ont été commis à l’endroit de
votre communauté depuis les attentats. Sachez bien que je tourne le
dos aux gens qui ont agi ainsi. Je les méprise. Et j’appelle la
police et les tribunaux à sévir contre eux.
Notre gouvernement a démontré l’importance qu’il attache à cette
question en modifiant le Code criminel pour punir plus sévèrement
les auteurs de crimes haineux.
Ceux qui commettent de tels actes croient peut-être servir une juste
cause en se conduisant ainsi. Mais rien ne pourrait être plus faux.
Parce qu’en cédant à la haine et à une soif irraisonnée de
vengeance, ils servent la cause des terroristes en les aidant à
exporter leur haine. À mes yeux, ils déshonorent la mémoire des
victimes.
Je l’ai dit et je le répète : nous luttons contre le terrorisme. Et
non contre une religion ou une communauté. Le Canada n’invoquera pas
la sécurité nationale pour justifier l’abandon des valeurs de
liberté et de tolérance qui nous tiennent à coeur. Nous n’allons
surtout pas tomber dans le piège de l’exclusion. Comme nous l’avons
fait dans le passé.
Encore une fois, nous sommes tous des Canadiens. Nous faisons front
tous ensemble contre ce fléau. Le deuil frappe la famille canadienne
tout entière. Le pays tout entier se dresse contre l’esprit tordu
des terroristes. Et tous ensemble, coude à coude, nous allons mener
la lutte pour la justice.

[CChrétin=2001041]
[lieu=qué]

Au moment de compléter ce troisième Sommet des Amériques, je veux
d’abord remercier chaleureusement la population de la ville de
Québec au nom de tous nos concitoyens du pays et de tous mes
homologues de l’hémisphère, pour l’accueil généreux, et surtout
patient, qui nous a été réservé. La tenue d’un sommet de cette
ampleur est une tâche considérable pour la ville-hôte, et Québec a
relevé ce défi avec tout le savoir-faire et la grâce qu’on lui
connaît.
Mes chers amis, lorsque le rideau est tombé sur notre deuxième
Sommet il y a trois ans à Santiago, au Chili, notre hôte avait
annoncé le début d’une nouvelle ère au sein des Amériques. Une ère
marquée par la maturité et la confiance. L’expérience des dernières
années, et particulièrement celle des derniers jours, nous prouve
combien il avait vu juste.
Nous nous sommes réunis ici en tant que représentants d’une
communauté de pays démocratiques pour continuer et approfondir le
dialogue entrepris il y a près de sept ans à Miami. Nous avons eu
des discussions franches sur une foule de sujets d’importance pour
l’avenir de notre hémisphère. Et nous avons adopté un plan d’action
qui donne suite à nos priorités communes.
La Déclaration que nous venons tout juste de signer comprend un
engagement clair et sans équivoque en faveur de la démocratie, en
faisant de celle-ci une condition essentielle à la participation au
processus des sommets des Amériques. Ce geste illustre de façon
claire et éloquente notre volonté d’assurer la protection des droits
de la personne et de progresser ensemble dans la liberté et la
stabilité.
Il faut toutefois noter que la démocratie dans certains pays est
toujours fragile. Le cas d’Haïti retient notre attention de façon
particulière. Nous prenons acte des problèmes qui continuent à
limiter le développement démocratique, politique, économique et
social de ce pays.
Nous notons les efforts déployés par le Président Aristide en vue de
résoudre ces problèmes.
Nous sommes aussi conscients des efforts déployés par les partis
politiques et d’autres secteurs de la vie politique, notamment les
acteurs de la société civile.
Nous faisons appel à tous les participants de redoubler d’efforts,
dans un esprit d’ouverture et de conciliation, en vue de mettre fin
aux difficultés découlant des élections du 21 mai 2000, et nous
demandons au Président Aristide d’assurer la mise en oeuvre rapide
de tous les engagements pris en décembre dernier.
Afin de faciliter l’atteinte de ces objectifs, nous avons demandé au
Secrétaire général de l’OÉA, M. César Gaviria, de collaborer avec la
CARICOM, de tenir des consultations, d’effectuer une visite à
Port-au-Prince dans les plus brefs délais et de faire rapport des
résultats à l’OÉA avant la tenue de la prochaine assemblée générale
de l’Organisation, en vue d’assurer un suivi adéquat.
Notre rencontre nous a également permis de discuter de notre projet
d’intégration économique des Amériques, et des moyens que nous
pouvons prendre pour que les bienfaits de la croissance se
traduisent par une plus grande prospérité pour tous nos concitoyens.
À cet égard, notre objectif demeure la création de mécanismes et
d’instruments de coopération qui favoriseront une croissance
durable, une répartition de plus en plus équitable des avantages
économiques et une plus grande stabilité financière.
La création d’une Zone de libre-échange des Amériques est une
composante essentielle de notre effort. Dans le cadre de ce Sommet,
nous avons réaffirmé notre volonté collective d’établir et
d’appliquer, d’ici 2005, des règles claires et prévisibles pour les
échanges économiques au sein de l’hémisphère.
Nos efforts pour renforcer la démocratie et pour favoriser la
prospérité doivent être accompagnés de mesures qui élargissent et
encouragent la participation de tous les citoyens à la vie sociale,
politique et économique de leur pays et de notre région. Nous
voulons nous assurer que chaque citoyen ait une chance égale de
vivre dans la dignité, de réaliser son plein potentiel et de
contribuer au développement de la collectivité. Cela comprend au
premier chef ceux qui font partie des groupes trop souvent
marginalisés ou défavorisés dans nos sociétés, parmi eux des jeunes,
des aînés, des femmes, et des personnes handicapées. Cela comprend
également les peuples autochtones de l’hémisphère, dont la situation
particulière doit être reconnue par les gouvernements.
À ce chapitre, notre programme d’action comprend la reconnaissance
qu’il nous faut poursuivre nos investissements afin d’offrir à nos
citoyens un accès équitable à une éducation et à des soins de santé
de qualité.
Nous avons aussi adopté une Déclaration sur la connectivité. Elle
décrit comment nous entendons utiliser les technologies de
l’information et des communications pour faciliter les contacts
entre les citoyens, favoriser la participation au sein des
institutions démocratiques, ouvrir de nouvelles perspectives
économiques et fournir des services gouvernementaux.
Et je suis heureux d’annoncer aujourd’hui que pour contribuer de
façon tangible aux objectifs du Sommet des Amériques 2001, le Canada
va créer l’Institut de la connectivité des Amériques. Cet institut
mettra à profit la stratégie que nous avons adoptée pour brancher
les Canadiens et il misera aussi sur l’expérience internationale.
Nous avons engagé des efforts sans précédent pour que les ressources
disponibles soient à la mesure des objectifs que nous avons établis
dans notre plan d’action. Et nous devons continuer à travailler avec
les banques de développement multilatérales, ainsi qu’avec les
autres institutions internationales, régionales et sous-régionales,
le secteur privé et la société civile, pour réaliser notre vision
des Amériques.
C’est ce qui nous permettra, lors de notre prochaine rencontre, de
dresser un bilan encore plus substantiel de nos réalisations.
Voilà qui m’amène à soulever une dernière question. Durant notre
rencontre, nous avons accepté officiellement l’offre généreuse de la
République argentine de recevoir le prochain Sommet des Amériques.
Je suis heureux et fier de passer le flambeau du Sommet à
l’Argentine – un pays avec lequel le Canada et tous les membres de
la grande famille des Amériques entretiennent d’excellentes
relations.
Mesdames et messieurs, il est maintenant temps de conclure ce
troisième Sommet des Amériques.
Au moment de nous quitter, je tiens à dire combien je souhaite vous
saluer en grand nombre en septembre prochain, alors que les Nations
Unies tiendront à New York une session extraordinaire consacrée aux
enfants. Cette session sera une occasion de réaffirmer notre
engagement en faveur de nos enfants. Et j’espère qu’elle suscitera
un vif intérêt de la part de la gran familia des Amériques.
Mes chers amis, ce fut pour Aline et moi, et pour tous les
Canadiens, un honneur de vous accueillir et de vous faire découvrir
certains des charmes de notre pays.
Nous entamons aujourd’hui une nouvelle ère de coopération
hémisphérique. À la maturité et la confiance de 1998 se sont
ajoutées l’unité et la solidarité. Voilà un grand héritage qui doit
dès maintenant être mis au service des rêves et des espoirs des
citoyens de nos Amériques.
[CChrétien=20010221]
[liu=ottawa]
Monsieur le Président, honorables sénateurs et députés, j’ai le très
grand plaisir de vous présenter le très honorable Tony Blair.
Monsieur le premier ministre, vous allez vous adresser aux députés
et aux sénateurs de la 37e législature du Canada. Des hommes et des
femmes aux origines très diverses et aux convictions très tranchées.
Des personnes qui ne s’entendent sur presque rien.
Mais vous n’avez pas à vous inquiéter – nous saurons bien nous tenir
aujourd’hui. Je crois parler au nom de tous mes collègues quand
j’affirme qu’un chef de gouvernement dont l’une des réalisations a
été de remporter la plus imposante majorité parlementaire en plus de
60 ans peut compter sur toute notre attention.
Votre victoire historique aux élections de 1997 a fait découvrir à
de nombreux Canadiens la personne de Tony Blair. Mais en réalité, ce
n’était que le résultat le plus spectaculaire du leadership habile
dont vous avez fait preuve pour réinventer votre parti. Et pour
définir un nouveau vocabulaire politique en Grande-Bretagne et dans
l’ensemble des démocraties occidentales libérales.
Comme bon nombre d’entre nous en politique, M. Blair a fait des
études de droit. Et le droit est dans sa famille aussi. Madame
Cherie Blair, qui est avec nous ici, est elle-même une avocate très
douée. Elle est la seule femme que je peux appeler « Cherie » sans
qu’Aline me regarde de travers.
Depuis son élection en 1983 à titre de député travailliste, M. Blair
démontre sa vive détermination de servir le mieux-être de ses
électeurs et de régler les grandes questions qui se posent au
gouvernement. Sa grande éloquence et sa maîtrise des dossiers sont
bien connues et très estimées. La manière avec laquelle il projette
la vitalité moderne de la Grande-Bretagne sur la scène mondiale est
devenue caractéristique. Son engagement inébranlable envers la paix
en Irlande du Nord lui a attiré un concert d’éloges au niveau
international. C’est d’ailleurs une cause dans laquelle le Canada
est heureux d’avoir pu jouer un rôle.
Le premier ministre Blair a aussi été au coeur de l’élaboration
d’une pensée politique que l’on nomme maintenant « La troisième voie
». Une voie qui s’ouvre à tout gouvernement progressiste dans le
contexte de la nouvelle économie mondiale fondée sur le savoir et
l’information. Une voie mitoyenne entre la pleine confiance dans les
forces du marché et le recours massif aux interventions de l’État.
Une voie qui consiste à favoriser l’esprit d’initiative et la
prospérité, tout en veillant à ce que les bienfaits de la croissance
économique soient partagés afin que personne ne soit laissé pour
compte.
À ce chapitre, le premier ministre et moi voyons souvent les choses
du même oeil. Je lui ai présenté ce que j’ai déjà nommé la voie
canadienne. Et il m’a expliqué comment son gouvernement arrive à
concevoir des solutions bien britanniques aux défis qui s’annoncent.
Je suis persuadé que nous poursuivrons notre dialogue et nos
échanges au cours de cette visite.
Cet exemple du XXIe siècle n’est qu’une illustration de la bonne
entente qui caractérise depuis longtemps les relations entre nos
pays. Une bonne entente qu’incarnent cette honorable institution et
notre adoption de la tradition de Westminster. De même que notre
volonté de souffrir ensemble dans la défense de la liberté et de la
justice.
Notre collaboration dans de très nombreux dossiers aux Nations
Unies, à l’OTAN et à l’OMC. Et notre détermination de renouveler et
de revitaliser notre relation transatlantique.
Monsieur le premier ministre, en vous adressant aux deux chambres
réunies à cette occasion, vous rejoignez une illustre compagnie de
premiers ministres britanniques de l’ère moderne, dont le premier
fut le très honorable Winston Churchill. Permettez-moi de citer
ce génie des mots. Combien de gens au Canada écoutent les débats de
cette honorable chambre et se demandent comment on peut être si
nombreux à dire tant choses que si peu comprennent!
Aujourd’hui, nous sommes heureux d’avoir l’occasion d’entendre
quelques mots bien choisis de son digne successeur.
Mesdames et Messieurs, un leader dynamique, un homme d’État accompli
et un très grand ami du Canada. Je vous présente le très honorable
Tony Blair.

[CChrétien=20010227]
[lieu=qué]
Depuis quelque temps, vous entendez beaucoup parler du Sommet des
Amériques qui aura lieu bientôt ici même à Québec. Je veux moi aussi
vous en parler dans l’espoir de vous présenter cet extraordinaire
exercice démocratique sous un angle différent.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui change rapidement. Tous
les jours, les médias rapportent au moins une nouvelle touchant une
découverte scientifique ou une percée technologique qui vient
bouleverser nos habitudes ou nos façons de faire. Et globalement, il
se produit des changements durables qui influencent profondément nos
sociétés. La révolution de l’information et des communications, qui
offre potentiellement à tous la possibilité de conquérir les
distances et d’accéder à la connaissance, en est un exemple.
La politique étrangère du Canada a changé elle aussi pour mieux
s’adapter aux nouvelles réalités. Nous avons élargi et approfondi
nos relations avec les pays des Amériques. Nous avons adhéré à une
identité hémisphérique. Ces changements ne font pas toujours la une,
mais ils sont eux aussi profonds et durables.
Au cours des dix dernières années, la consolidation de la démocratie
et l’éclosion de l’économie de marché ont eu des conséquences très
positives dans notre hémisphère. Et le Canada est fier d’avoir pu
contribuer activement à ce processus. Un processus qui nous a amenés
à diversifier nos relations avec nos voisins et à explorer de
nouvelles avenues de collaboration avec eux, de sorte que le Canada
en est lui aussi sorti transformé.
En tant que gens d’affaires, vous êtes tous bien conscients des
avantages que nous procurent nos relations dynamiques avec les pays
des Amériques. Ceux-ci comptent pour plus de 90 % de notre commerce
extérieur. À l’heure actuelle, le Mexique est notre troisième plus
important partenaire commercial. Et une grande partie des
investissements canadiens à l’étranger sont destinés au Chili.
C’est avec les pays de notre hémisphère que nos relations
économiques ont connu la plus forte croissance au cours de la
dernière décennie. Durant cette période, nos échanges commerciaux au
sein des Amériques ont augmenté de 170 %, comparativement à 60 et 66
% avec l’Europe et l’Asie respectivement.
Les actions du Canada ont été guidées et motivées, je crois, par une
conception large et ouverte de nos intérêts nationaux. Par la
reconnaissance que notre propre avenir en tant que pays stable,
prospère et démocratique dépend de notre capacité à continuer
d’influencer le cours des événements dans notre hémisphère.
Il y a dix ans, le Canada s’est engagé sur une nouvelle voie de
coopération hémisphérique. Et dans quelques semaines, nous
franchirons une nouvelle étape sur ce parcours en accueillant à
Québec les dirigeants démocratiquement élus de l’hémisphère pour le
troisième Sommet des Amériques.
Cette rencontre revêt une importance toute particulière pour le
Canada et pour tous les pays participants. Tout d’abord, elle
viendra confirmer aux yeux de tous que les Amériques sont davantage
qu’une réalité géographique, mais bien une grande famille. Une
famille qui compte plus de 800000000 d’habitants. Et qui est
toute jeune, puisque l’âge moyen des 500000000 de personnes qui
vivent au sud des États-Unis se situe entre 17 et 21 ans. C’est au
sein de cette grande famille en pleine croissance que nous voulons
tisser des liens étroits basés sur des valeurs communes.
Bien sûr, chaque pays est fier de son identité et déterminé à la
préserver. Mais nous sentons tous qu’à un autre niveau, nous
partageons des aspirations et des valeurs, dont l’attachement à la
démocratie, à une économie de marché équitable et à la justice
sociale. Nous poursuivons l’objectif commun d’améliorer la qualité
de vie de tous nos citoyens.
Lorsque je me suis adressé récemment à l’assemblée de l’Organisation
des États américains, j’ai parlé des moyens qui s’offrent à nous
pour favoriser le progrès humain et le partage de la prospérité dans
notre région du globe. Parce que nous avons non seulement une
occasion historique, mais aussi une obligation morale de travailler
ensemble pour le mieux-être de tous nos citoyens.
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la façon dont tout cela va
s’articuler dans le cadre du Sommet de Québec.
D’emblée, il faut reconnaître que des problèmes et des défis
complexes détournent la grande famille des Amériques de nos
objectifs communs. Mais je suis fermement convaincu que nous saurons
les attaquer de front et les surmonter avec la même détermination
qui nous a réunis à Miami et Santiago et qui nous soutiendra
jusqu’au bout.
Il nous faut aussi admettre qu’en dépit de ressources potentielles
considérables, il existe au sein des Amériques, des iniquités
politiques, sociales et économiques profondes. L’écart entre les
riches et les pauvres demeure trop grand. Et dans la nouvelle
économie, nous avons maintenant comme défi supplémentaire de
prévenir les écarts résultant de la révolution de l’information et
du partage inégal des connaissances. De plus, les jeunes démocraties
n’ont pas les institutions solides dont les valeurs démocratiques
ont besoin, pour bien prendre racine. Nous devons travailler
ensemble pour mettre en place des politiques sociales plus efficaces
dont la portée est plus générale. Et nous devons identifier des
moyens pour accroître et maintenir les investissements dans les
services sociaux.
Pour bien des gens, la mondialisation et les changements
technologiques qui l’accompagnent sont les seuls responsables de
tous ces défis et problèmes. Mais ce point de vue ne résiste pas à
l’analyse, ni à l’épreuve des faits.
La mondialisation n’est pas une option que l’on choisit parmi
d’autres. C’est une réalité qui s’impose tous les jours. En soi, ce
n’est ni l’enfer, ni le paradis. Mais elle peut être, comme l’a si
bien dit le premier ministre britannique lors de sa visite à Ottawa
la semaine dernière « la clé de la création d’emplois pour nos gens,
la clé de la prospérité et la clé, en fait, du développement des
régions les plus pauvres du monde ».
Notre réponse au processus de mondialisation ne doit s’inspirer ni
d’une crainte irrationnelle, ni d’un enthousiasme aveugle. Nous
devons plutôt inventer ensemble les instruments qui donneront à tous
les membres de notre grande famille une chance égale et équitable
d’en bénéficier.
En somme, nous devons donner priorité au mieux-être des personnes et
reconnaître que nos citoyens ne pourront réaliser leur plein
potentiel que si leur sécurité est garantie, que si leurs droits
humains et démocratiques sont respectés, et que si l’accès équitable
aux possibilités économiques et sociales leur est assuré.
C’est le défi que les dirigeants des pays démocratiquement élus des
Amériques relèveront à Québec en adoptant une déclaration et un plan
d’action qui exprimeront notre volonté politique collective, et qui
énonceront des initiatives pour répondre aux priorités les plus
urgentes.
Permettez-moi d’insister là-dessus. Aux yeux du Canada, ce qui
compte le plus au Sommet de Québec; c’est que les participants
prennent part à un effort concerté pour élaborer et mettre en oeuvre
un programme politique, économique et social à la fois cohérent et
équilibré qui profitera à tous les citoyens de l’hémisphère. Un
programme qui assurera la stabilité, la paix et la prospérité dans
notre région du monde.
Autrement dit, et contrairement à ce que certains affirment, le
Sommet n’aura pas pour seul objet la Zone de libre-échange des
Amériques. L’intégration économique fait bien entendu partie de
l’ordre du jour du Sommet, au même titre que les finances font
partie de la vie d’une famille. Mais une famille, c’est davantage
qu’une mécanique budgétaire. Et le Sommet est bien davantage qu’un
véhicule de promotion de la croissance économique.
Les dirigeants et les citoyens des Amériques savent que la
démocratie, tout comme le respect des droits de la personne et du
principe de primauté du droit, sont les gages de la sécurité humaine
et du mieux-être à la fois individuel et collectif.
Mais il savent, parfois même trop bien, qu’il est très ardu de
préserver cette sécurité dans la pauvreté et l’iniquité. Ils savent
aussi que le développement du potentiel humain nécessite un bon
accès à l’éducation, des politiques sociales efficaces et une
véritable culture de respect de la diversité. Que ces choses sont
essentielles à une démocratie et à une prospérité florissantes.
Le Canada souhaite donc qu’un engagement clair et vigoureux en
faveur de la démocratie et de l’équité résulte du Sommet de Québec.
Un engagement qui s’étende à nos institutions démocratiques, à notre
appareil électoral et à l’impartialité de la justice. À la
protection des droits de la personne et de la liberté d’expression.
Il faudra donner plus de pouvoir aux administrations locales et
protéger les droits des minorités, des peuples autochtones, des
migrants et des personnes handicapées, et s’engager dans les termes
les plus catégoriques à promouvoir l’égalité juridique, économique
et sociale des femmes et des hommes.
Et il faudra aussi poursuivre nos efforts en matière d’intégration
économique en vue de la création de la Zone de libre-échange des
Amériques.
Nous demeurons fidèles à l’échéancier fixé à Santiago pour la
création de cette zone d’ici 2005. En raison de son tempérament et
de son histoire, le Canada est en faveur d’un libre-échange
réciproque. Nous comprenons les liens qui existent entre la
libéralisation des échanges, la prospérité et le progrès social. Et
nous considérons qu’une zone de libre-échange assortie de règles
plus claires pour tous est le meilleur moyen d’établir ces liens à
la grandeur de l’hémisphère, autant dans les grands pays que dans
les petits.
En même temps, le Canada comprend bien que la prospérité et la
qualité de vie que nous souhaitons, tant pour nous que pour les
générations futures, ne peuvent pas reposer seulement sur le
commerce.
C’est d’ailleurs pourquoi le plan d’action du Sommet, dans son
chapitre sur la création de la prospérité, va au-delà des relations
économiques entre les gouvernements pour parler de l’égalité des
chances, de la responsabilité sociale et de l’équité.
L’accent y est mis sur des initiatives conçues pour promouvoir les
intérêts de tous nos citoyens. Des initiatives distinctes de la
création de la zone de libre-échange, et qui pourraient inclure
l’amélioration de l’efficacité des marchés financiers, la protection
des droits des travailleurs et de l’environnement, et la recherche
d’une forme de coopération qui permettrait de mieux répartir les
bienfaits de la croissance économique.
Mesdames et Messieurs, le Sommet de Québec doit représenter une
étape importante et significative du parcours des Amériques. Un
parcours à l’issue duquel nous aurons traduit nos idées et nos
aspirations en une meilleure qualité de vie pour tous les citoyens
de l’hémisphère.
Voilà les défis et les possibilités qui s’offrent à nous à Québec.
Et je suis convaincu qu’en unissant la force de nos convictions,
nous franchirons ensemble une nouvelle étape en faveur de la
liberté, de la prospérité et de la justice sociale du Nunavut à la
Terre de Feu.

[CChrétien=20011128]
[lieu=usa]
Mesdames et Messieurs, l’amitié entre le Canada et les États-Unis
est née avant même que nos pays ne voient le jour.
Des historiens ont fait remarquer que la Révolution américaine a
donné naissance à deux pays et non un. Nous nous sommes engagés dans
des voies politiques différentes et nous avons eu nos sujets de
désaccord. Mais, au fil des générations, nous avons bâti un
partenariat caractérisé par un respect, une courtoisie et une
ouverture inégalés.
La liberté et la justice sont notre héritage et notre cause commune.
Nous sommes conscients que la liberté est la source de la dignité et
de l’épanouissement humain. Dans deux grandes guerres, en Corée,
dans le Golfe et dans les Balkans, nos fils et nos filles ont risqué
leur vie afin que d’autres puissent en connaître les bienfaits.
Le Canada et les États-Unis partagent non seulement la plus longue
frontière non militarisée au monde, mais aussi une relation
commerciale unique par son ampleur et par sa valeur. Le 49e
parallèle est franchi plus de 200000000 de fois chaque année. Des
affaires de plus de 1000000000 $ US se transigent à tous
les jours. 85 % des exportations canadiennes
sont destinées aux États-Unis, et le volume des exportations
américaines vers le Canada représente 23 % du total.
Les échanges entre nos deux pays seulement atteignent plus de
475000000000 $ US par année. C’est donc, de loin, la plus
importante relation commerciale au monde. L’an dernier, le Canada a
acheté plus de produits américains que les 15 pays de l’Union
européenne tous ensemble et trois fois plus que le Japon. De plus,
le Canada est le plus grand marché d’exportation de 38 États
américains.
Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir de vous présenter Équipe Canada
Ouest. J’en fais partie, de même que les premiers ministres de nos
quatre provinces de l’Ouest et les chefs de gouvernement de nos
trois territoires du Nord. L’Ouest forme l’une des régions les plus
dynamiques et en pleine croissance du Canada. Dans son économie en
transition, de nouveaux atouts viennent rapidement s’ajouter à ses
avantages traditionnels.
J’en veux pour preuve la présence à nos côtés de nos meilleurs
vendeurs – certains des meilleurs entrepreneurs de l’Ouest canadien.
Des hommes et des femmes qui sont venus vous faire découvrir leur
créativité et leur savoir-faire, dans le but d’établir de nouvelles
relations et d’explorer de nouvelles opportunités.
Équipe Canada Ouest est venue à Dallas pour faire des affaires, et
ces temps-ci, il est plus important que jamais en Amérique du Nord
et dans le monde de continuer de faire des affaires comme avant.
L’amitié qui unit nos deux nations est sortie renforcée du choc des
atrocités du 11 septembre 2001. En fait, je crois pouvoir affirmer
que les Canadiens ont réagi non seulement en voisins, mais en
membres d’une même grande famille.
Ils ont multiplié les gestes bienveillants envers les milliers de
passagers américains des avions qui ont dû atterrir dans des
aéroports canadiens quand la FAA a fermé l’espace aérien aux
États-Unis. Ils ont été 100000 à envahir la colline du Parlement à
Ottawa afin de témoigner leur sympathie et leur solidarité aux
États-Unis.
Nous nous sommes également comportés en proche partenaire – en
partenaire qui comprend clairement que les attentats perpétrés
contre le World Trade Center et le Pentagone ne visaient pas
seulement les États-Unis, mais toutes les nations et tous les
peuples civilisés de la terre. C’est pourquoi nous avons entrepris
le plus grand déploiement international de troupes canadiennes
depuis la guerre de Corée à l’appui de la campagne internationale
contre le terrorisme.
Pour ma part, je tiens à souligner devant cet auditoire que tous les
Américains peuvent être très fiers du leadership d’un grand Texan :
le Président George Bush. Chaque fois que nous nous sommes parlés
depuis le 11 septembre, j’ai été très impressionné par sa
détermination. Au nom du peuple canadien, je lui offre notre
soutien.
Le Président et moi reconnaissons tous les deux la menace plus vaste
que pose le terrorisme.
Pendant la majeure partie de notre histoire, en Amérique du Nord,
nous avons eu la chance de vivre en paix, à l’abri des attaques. Les
choses ont changé. Mais n’oublions jamais que l’objectif ultime des
terroristes n’est pas de nous capturer par la force des armes, mais
bien par la force de la terreur. Ils ne veulent pas occuper notre
territoire, ils veulent nous paralyser!
Mesdames et Messieurs, le Canada et les États-Unis ne les laisseront
pas faire.
Au Canada, nous avons pris des mesures énergiques. Nous avons adopté
de nouvelles lois antiterroristes sévères. Nous affectons des fonds
au renforcement des mesures de sécurité et à l’amélioration des
moyens d’enquête. Un plus grand nombre d’agents de la GRC, des
services d’immigration et des douanes sont affectés aux postes
frontières que nous équipons rapidement des dispositifs de sécurité
les plus perfectionnés.
Nous travaillons à élaborer un plan d’action en matière de sécurité
à plus long terme que nous pourrons présenter en même temps que le
budget dans deux semaines. Nos ministres responsables de la sécurité
publique travaillent en collaboration étroite avec le gouverneur
Ridge. Et notre comité de la sécurité publique poursuivra son
travail.
Le Canada et les États-Unis travaillent aussi de concert pour rendre
la frontière canado-américaine non seulement plus sûre, mais aussi
plus efficace aux fins du commerce. Au lendemain des attentats, les
inquiétudes bien naturelles à propos de la sécurité nous ont incités
tous les deux à durcir les contrôles à la frontière. Jugulant du
même coup le commerce.
Dans les jours qui ont suivi, le Président Bush et moi avons tous
les deux accordé une très haute priorité à la normalisation rapide
du mouvement transfrontalier des marchandises et des personnes.
Notre objectif est de mettre en place une frontière efficace. Une
frontière fermée aux terroristes et aux criminels de toute sorte,
mais ouverte, comme c’est le cas depuis toujours, aux affaires et au
tourisme.
Avec l’attention renouvelée que suscite notre frontière, nous avons
l’occasion et le devoir d’en améliorer le fonctionnement.
Et compte tenu du rythme et du volume élevé des échanges qui
traversent la frontière canado-américaine, le moment est venu pour
nos deux pays d’effectuer conjointement des investissements
stratégiques dans les infrastructures de manière à mettre fin aux
goulots d’étranglement aux postes frontières achalandés, ainsi qu’à
aplanir les problèmes dans les principaux corridors commerciaux.
Cela s’imposait avant le 11 septembre et c’est encore plus important
maintenant.
Le gouvernement du Canada s’est engagé à effectuer ces
investissements.
Alors même que nous composons avec les nouvelles réalités auxquelles
les événements du 11 septembre ont donné naissance, le gouvernement
du Canada compte poursuivre les politiques financières et
économiques qui permettront aux entreprises de planifier leurs
activités avec optimisme et confiance. Des politiques axées sur
l’équilibre budgétaire, la réduction de la dette publique et
l’allégement de l’impôt sur le revenu des particuliers et des
sociétés. Des politiques grâce auxquelles l’inflation est modérée et
les taux d’intérêt ont atteint leurs plus bas niveaux depuis 40 ans.
Des politiques qui ont bien positionné le Canada pour traverser
cette période d’incertitude économique.
Nous continuerons aussi à investir dans des secteurs qui vont
contribuer à assurer la santé de notre économie à long terme. À
bâtir une infrastructure avancée de recherche et d’apprentissage. Et
à faire en sorte que tous les Canadiens aient une chance de réaliser
leur potentiel.
La recherche de solutions aux problèmes des pays en voie de
développement continuera de compter parmi les priorités du Canada.
Les pays industrialisés ont l’obligation morale d’accroître l’aide
au développement. C’est aussi dans leur intérêt économique. Le
gouvernement du Canada s’acquittera de cette obligation.
L’approvisionnement énergétique est également essentiel à notre
prospérité. Là encore, nous sommes partenaires depuis longtemps. Des
compagnies du Texas ont beaucoup investi au Canada. À l’inverse, des
entreprises canadiennes ont fait des investissements ici. Le Canada
est le premier fournisseur de gaz naturel et de pétrole aux
États-Unis et apporte une importante contribution au réseau
hydroélectrique américain.
D’ailleurs, je dois rencontrer pendant notre séjour des chefs
d’entreprise du secteur de l’énergie afin de leur faire découvrir
notre immense potentiel énergétique et notre savoir-faire dans le
domaine des technologies énergétiques de pointe. Notre territoire
vaste et divers a mis notre ingéniosité à rude épreuve au fil des
ans. Nous avons démontré et raffiné nos compétences et nos
savoir-faire de sorte que nous constituons un excellent endroit où
investir et nouer des alliances stratégiques.
Il est également essentiel pour notre prospérité de faire en sorte
que l’Amérique du Nord demeure un terreau fertile pour la nouvelle
économie du 21e siècle.
L’esprit innovateur et pionnier pour lequel le Texas est reconnu
fleurit aussi à travers l’Ouest du Canada. Dans cette région, les
Canadiens travaillent ensemble à faire fructifier nos richesses
naturelles inouïes, à développer de nouvelles compétences dans les
technologies de l’information et des communications et à créer une
économie avancée et diversifiée pour le 21e siècle.
Équipe Canada Ouest réunit des représentants de 60 entreprises
provenant de tous les secteurs de l’économie de l’Ouest du Canada.
Bon nombre de ces entreprises sont des leaders dans leur domaine.
Pas seulement au Canada, mais à l’échelle mondiale. Elles offrent un
savoir-faire exceptionnel dans des secteurs comme l’agroalimentaire,
les matériaux de construction, les communications et la
biotechnologie.
Elles sont à la recherche de nouveaux partenaires, de nouveaux
clients et de nouveaux investisseurs. Elles veulent que vous pensiez
à l’Ouest du Canada quand vous cherchez des idées et des
infrastructures à la fine pointe. Que vous voyiez dans l’Ouest du
Canada une source d’alliances stratégiques.
Et surtout que vous y voyiez un endroit où investir et faire des
affaires.
Mes amis, nous vivons des temps difficiles. Le Canada et les
États-Unis voient une grave menace peser sur leur mode de vie et
compromettre notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs.
Équipe Canada Ouest montre que nous ne nous laisserons pas
intimider. Que le partenariat pour la prospérité qui est au coeur de
l’amitié canado-américaine ne sera jamais rompu.
Au nom d’Équipe Canada Ouest, je vous remercie d’être venus. Et
maintenant, passons aux affaires.]

[CChrétien=20011130]
[lieu=usa]
Los Angeles et la Californie sont l’incarnation de l’énergie et de
la vitalité exceptionnelles des États-Unis. Vous possédez une
extraordinaire diversité culturelle. Vous continuez de miser sur vos
atouts économiques traditionnels et d’en acquérir d’autres en
faisant place aux nouvelles idées et à la nouvelle économie.
En ce sens, la Californie et le Canada se ressemblent. Équipe Canada
Ouest en est la preuve.
L’Ouest du Canada forme l’une des régions les plus dynamiques et en
pleine croissance du Canada. Presque toutes les cultures et
nationalités de la terre s’y côtoient. C’est une région en marche et
en transition. Où les Canadiens travaillent de concert pour faire
fructifier l’abondance inouïe de nos ressources naturelles, pour
développer des compétences de pointe dans les technologies de
l’information et des communications et pour créer une économie
moderne, avancée et diversifiée.
J’ai le grand privilège d’être le capitaine d’Équipe Canada Ouest.
Je suis accompagné des premiers ministres de nos quatre provinces de
l’Ouest et des chefs de gouvernement de nos trois territoires du
Nord. Mais surtout, nous vous avons amené certains de nos meilleurs
entrepreneurs de l’Ouest. Des hommes et des femmes qui sont venus
vous faire découvrir leur créativité et leur savoir-faire, dans le
but d’établir de nouvelles relations et d’explorer de nouvelles
opportunités.
Équipe Canada Ouest est venue à Los Angeles pour faire des affaires,
et ces temps-ci, il est plus important que jamais en Amérique du
Nord et dans le monde de continuer de faire des affaires comme
avant.
L’amitié qui unit nos deux nations est sortie renforcée du choc des
atrocités du 11 septembre 2001.
Cette amitié est caractérisée par un respect, une courtoisie et une
ouverture inégalés. Nous sommes des partenaires dans le monde et
dans notre hémisphère. Des partenaires qui attachent le même prix à
la liberté, à la justice et à la dignité humaine. Nos fils et nos
filles ont d’ailleurs été nombreux à risquer leur vie sur les champs
de bataille pour les protéger et les défendre.
Nous sommes aussi des partenaires au service de la prospérité.
Celle-ci passe par l’ouverture des marchés au commerce et à
l’investissement et par la circulation libre et sûre des produits,
des services et des personnes. Le Canada et les États-Unis partagent
non seulement la plus longue frontière non militarisée au monde,
mais aussi une relation commerciale unique par son ampleur et par sa
valeur. Le 49e parallèle est franchi plus de 200000000 de fois
chaque année. 87 % des exportations
canadiennes sont destinées aux États-Unis, et le volume des
exportations américaines vers le Canada représente 25 % du
total.
Les échanges entre nos deux pays seulement atteignent plus de
475000000 $ US par année. C’est donc, de loin, la plus
importante relation commerciale au monde. L’an dernier, le Canada a
acheté plus de produits américains que les 15 pays de l’Union
européenne tous ensemble et trois fois plus que le Japon. De plus,
le Canada est le plus grand marché d’exportation de 38 États
américains.
Dans les jours qui ont suivi le 11 septembre, je crois pouvoir
affirmer que les Canadiens ont réagi non seulement en voisins, mais
en membres d’une même grande famille.
Ils ont multiplié les gestes bienveillants envers les 35000
passagers américains des avions qui ont dû atterrir dans des
aéroports canadiens quand la FAA a fermé l’espace aérien aux
États-Unis. Ils ont été 100000 à envahir la colline du Parlement à
Ottawa afin de témoigner leur sympathie et leur solidarité aux
États-Unis.
Dès les premiers instants, le Canada a compris que les attentats
perpétrés contre le World Trade Center et le Pentagone ne visaient
pas seulement les États-Unis, mais toutes les nations et tous les
peuples civilisés de la terre. C’est pourquoi nous avons entrepris
le plus grand déploiement international de troupes canadiennes
depuis la guerre de Corée à l’appui de la campagne internationale
contre le terrorisme.
Pour ma part, je tiens à souligner que tous les Américains peuvent
être très fiers du leadership dont le Président George Bush a fait
preuve pendant cette période difficile. Chaque fois que nous nous
sommes parlés depuis le 11 septembre, j’ai été très impressionné par
sa détermination. Au nom du peuple canadien, je lui offre notre
soutien.
Le Président et moi reconnaissons tous les deux la menace plus vaste
que pose le terrorisme pour nos sociétés.
Pendant la majeure partie de notre histoire, en Amérique du Nord,
nous avons eu la chance de vivre en paix, à l’abri des attaques. Les
choses ont changé. Mais n’oublions jamais que l’objectif ultime des
terroristes n’est pas de nous capturer par la force des armes, mais
bien par la force de la terreur. Ils ne veulent pas occuper notre
territoire, ils veulent nous paralyser!
Mesdames et Messieurs, le Canada et les États-Unis ne les laisseront
pas faire.
Au Canada, nous avons pris des mesures énergiques. Nous avons adopté
de nouvelles lois antiterroristes sévères. Nous affectons des fonds
au renforcement des mesures de sécurité et à l’amélioration des
moyens d’enquête. Un plus grand nombre d’agents de la GRC, des
services d’immigration et des douanes sont affectés aux postes
frontières que nous équipons rapidement des dispositifs de sécurité
les plus perfectionnés.
Nous travaillons à élaborer un plan d’action en matière de sécurité
à plus long terme que nous pourrons présenter en même temps que le
budget dans deux semaines. Nos ministres responsables de la sécurité
publique travaillent en collaboration étroite avec le gouverneur
Ridge. Et notre comité de la sécurité publique poursuivra son
travail.
Le Canada et les États-Unis travaillent aussi de concert pour rendre
la frontière canado-américaine non seulement plus sûre, mais aussi
plus efficace aux fins du commerce.
Dans la foulée des attentats, les inquiétudes bien naturelles à
propos de la sécurité nous ont incités tous les deux à durcir les
contrôles à la frontière. Jugulant du même coup le commerce. Dans
les jours qui ont suivi, le Président Bush et moi avons tous les
deux accordé une très haute priorité à la normalisation rapide du
mouvement transfrontalier des marchandises et des personnes.
Notre objectif est de mettre en place une frontière efficace. Une
frontière fermée aux terroristes et aux criminels de toute sorte,
mais ouverte, comme c’est le cas depuis toujours, aux affaires et au
tourisme.
Avec l’attention renouvelée que suscite notre frontière, nous avons
l’occasion et le devoir d’en améliorer le fonctionnement. Et compte
tenu du rythme et du volume élevé des échanges qui traversent la
frontière canado-américaine, le moment est venu pour nos deux pays
d’effectuer conjointement des investissements stratégiques dans les
infrastructures de manière à mettre fin aux goulots d’étranglement
aux postes frontières achalandés, ainsi qu’à aplanir les problèmes
dans les principaux corridors commerciaux. Cela s’imposait avant le
11 septembre et c’est encore plus important maintenant.
Le gouvernement du Canada s’est engagé à effectuer ces
investissements.
Alors même que nous composons avec les nouvelles réalités auxquelles
les événements du 11 septembre ont donné naissance, le gouvernement
du Canada compte poursuivre les politiques financières et
économiques qui permettront aux entreprises de planifier leurs
activités avec optimisme et confiance. Des politiques axées sur
l’équilibre budgétaire, la réduction de la dette publique et
l’allégement de l’impôt sur le revenu des particuliers et des
sociétés. Des politiques grâce auxquelles l’inflation est modérée et
les taux d’intérêt ont atteint leurs plus bas niveaux depuis 40 ans.
Des politiques qui ont bien positionné le Canada pour traverser
cette période d’incertitude économique.
Nous continuerons aussi à investir dans des secteurs qui vont
contribuer à assurer la santé de notre économie à long terme. À
bâtir une infrastructure avancée de recherche et d’apprentissage. Et
à faire en sorte que tous les Canadiens aient une chance de réaliser
leur potentiel.
La recherche de solutions aux problèmes des pays en voie de
développement continuera de compter parmi les priorités du Canada.
Les pays industrialisés ont l’obligation morale d’accroître l’aide
au développement. C’est aussi dans leur intérêt économique. Le
gouvernement du Canada s’acquittera de cette obligation.
Équipe Canada Ouest témoigne de la volonté du Canada de continuer à
enrichir notre partenariat en faveur de la prospérité avec les
États-Unis. Si nous avons choisi de venir en Californie, c’est tout
simplement parce que vous êtes l’un de nos meilleurs clients. Et
vice versa. L’an dernier, votre État a exporté des marchandises
d’une valeur de plus de 10000000000 $ US au Canada et en a
importé pour environ 16000000000 $ US. La gamme des
produits et services échangés est pour le moins impressionnante.
Le tourisme dans les deux sens est en plein essor. L’an dernier,
plus de 1000000 de Californiens ont visité le Canada. Et autant de
Canadiens sont venus profiter de votre chaleur et de votre soleil.
Par contre, selon nos chiffres, Monsieur le Gouverneur, les
Canadiens ont dépensé plus d’argent chez vous que les Californiens
n’en ont dépensé au Canada. Il faudra travailler là-dessus.
Attirées par une main-d’oeuvre canadienne hautement spécialisée et
par nos technologies de pointe, de grandes entreprises
californiennes comme Litton et Chevron ont établi des installations
au Canada. Parallèlement, des sociétés canadiennes comme Ballard
Power Systems et Methanex sont membres du California Fuel Cell
Partnership (partenariat dans le domaine des piles à combustible).
L’approvisionnement énergétique est également essentiel à notre
prospérité commune. Ici, encore, nous sommes des partenaires.
Le Canada fournit 26 % du gaz naturel de la Californie et
constitue une importante source de pétrole. De plus, grâce à la
disponibilité opportune de BC Hydro l’hiver dernier, la population
californienne sait que le Canada est un fournisseur d’électricité
très fiable.
Un autre aspect de nos relations qui offre des perspectives
prometteuses est celui de l’intégration croissante de nos industries
du divertissement. Le Canada offre des sites de production fiables
et économiques. L’Ouest du Canada possède l’avantage additionnel de
la proximité. La créativité et le savoir-faire technique d’un grand
nombre de nos plus grands talents ont trouvé leur nid à Hollywood.
Mesdames et Messieurs, Équipe Canada Ouest est venue tisser des
liens encore plus solides.
Notre délégation réunit des représentants de plus de 100 entreprises
provenant de tous les secteurs de l’économie de l’Ouest du Canada.
Bon nombre de ces entreprises sont des leaders dans leur domaine.
Pas seulement au Canada, mais à l’échelle mondiale. Elles offrent un
savoir-faire exceptionnel dans des secteurs comme l’agroalimentaire,
les matériaux de construction, les communications et la
biotechnologie.
Elles veulent que vous pensiez à l’Ouest du Canada quand vous
cherchez des idées et des infrastructures à la fine pointe. Que vous
voyiez dans l’Ouest du Canada une source d’alliances stratégiques.
Et surtout que vous y voyiez un endroit où investir et faire des
affaires.
Au nom d’Équipe Canada Ouest, je vous remercie d’être venus. Et
maintenant, mettons-nous à l’oeuvre.]

[CChrétien=20010131]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à vous féliciter pour
votre élection à titre de président de la Chambre des communes.
J’aimerais également féliciter les motionnaires de l’adresse en
réponse au discours du Trône. L’un et l’autre, le député de
Northumberland et la députée de Laval-Est, siègent à la Chambre pour
la première fois. Si j’en juge par les discours qu’ils ont prononcés
hier, ils sont tous les deux promis à un bel avenir.
En même temps, Monsieur le Président, ayant moi-même siégé dans
cette enceinte depuis un certain nombre d’années, je voudrais
souhaiter la bienvenue à tous les nouveaux députés, quelle que soit
leur allégeance politique, et les féliciter.
C’est un honneur et un privilège de siéger à la Chambre des
communes. Qu’il s’agisse de notre première élection ou de la
douzième, c’est toujours avec humilité que l’on reçoit le mandat de
ses concitoyens et concitoyennes de les représenter au Parlement du
Canada.
Personne n’est attiré ici par l’argent. Personne n’est attiré ici
par l’horaire de travail. Tous autant que nous sommes, quel que soit
notre parti, nous sommes ici pour la même raison : pour servir nos
commettants de notre mieux et pour contribuer autant que nous le
pouvons à rendre notre pays meilleur. Et nous avons tous
l’obligation, quel que soit le parti que nous représentons, de
veiller, par nos paroles et par nos actes, à bâtir la confiance dans
nos institutions et dans notre démocratie.
Rappelons-nous ce que Churchill disait au sujet de la démocratie
: «
Le pire système de gouvernement au monde, à l’exception de tous les
autres. » Bien sûr, des améliorations sont toujours possibles, mais
il ne devrait faire aucun doute que le Parlement du Canada sert très
bien notre pays.
Comme toute institution humaine, la Chambre des communes n’est pas
parfaite. Il est possible de la renforcer. Au fil des ans, de
nombreux changements ont été apportés pour améliorer le Parlement.
Et d’autres changements seront apportés pour moderniser
l’institution parlementaire à l’aube du XXIe siècle. Le leader en
Chambre travaille avec ses collègues des différents partis sur des
réformes qui vont permettre à cette chambre de servir encore mieux
les intérêts de tous les Canadiens. Le vote électronique par
exemple. Un meilleur soutien en recherche pour les comités. Le
renvoi d’un plus grand nombre de projets de loi en comité après la
première lecture.
Le 27 novembre dernier, la population du Canada a confié un nouveau
mandat au gouvernement. Je suis particulièrement fier du fait que
les libéraux de ce côté-ci et en face, dans le coin, viennent de
toutes les provinces et de chacun des territoires; que nous formons
un gouvernement véritablement national.
Je reconnais, comme c’est le cas dans toute démocratie, que beaucoup
de Canadiens ont voté pour d’autres partis. Dans certaines
provinces, nous ne comptons pas autant de membres que nous le
souhaiterions. Nous allons travailler très fort comme gouvernement
pour nous assurer que les députés libéraux de l’Ouest du Canada
seront beaucoup plus nombreux après les prochaines élections.
Je vous promets aujourd’hui que ce gouvernement va écouter tous les
Canadiens, où qu’ils habitent au Canada. Nous allons gouverner dans
l’intérêt de tous les Canadiens, sans égard au parti pour lequel ils
ont voté.
Nous avons reçu de la population canadienne le mandat de laisser de
côté les vieilles querelles, les vieux problèmes et les vieilles
solutions. Le mandat de fixer des buts et des objectifs ambitieux
pour un Canada fort et uni au cours des années à venir.
Le mandat de construire sur les fondations solides que nous avons
mises en place depuis que nous avons formé le gouvernement. Le
mandat de préparer le pays à suivre le rythme accéléré des
changements qu’exige la nouvelle économie. Le mandat de faire entrer
ce que le Canada offre de mieux dans le XXIe siècle en bâtissant une
économie innovatrice, en veillant à l’inclusion sociale et en
faisant mieux entendre notre voix collective sur la scène mondiale.
Voilà les thèmes que j’aborderai aujourd’hui. Mes ministres
entreront dans les détails des autres éléments du programme d’action
du gouvernement au cours de ce débat.
Aucun autre pays ne peut envisager le siècle qui débute avec plus de
confiance que le Canada. Nous allons faire de la première décennie
du XXIe siècle, la décennie du Canada. Une décennie placée sous le
signe de la poursuite de l’excellence et de l’égalité des chances.
Quand nous avons formé le gouvernement, il y a plus de sept ans,
nous avions une vision du pays à bâtir. Des valeurs et des principes
qui allaient guider notre action. En suivant une voie bien
canadienne. Selon un modèle bien canadien. Notre vision et notre
objectif n’ont pas changé.
Une société vouée à l’excellence et déterminée à favoriser le
succès. Où la prospérité ne se limite pas à quelques-uns, mais est
partagée – et créée en fait – par le plus grand nombre. Une société
où tous les enfants profitent d’un bon départ dans la vie. Où les
jeunes ont la possibilité de s’épanouir et de devenir les meilleurs
dans le domaine de leur choix. Où les citoyens ont accès aux
compétences et aux connaissances dont ils ont besoin pour exceller.
Où les citoyens, quel que soit leur revenu, reçoivent des soins de
santé de qualité. Où les familles jouissent de collectivités sûres
et dynamiques et d’un environnement sain. Où les Canadiens
travaillent de concert avec d’autres pays à promouvoir la paix, la
diversité culturelle et la réalisation des bienfaits pour l’humanité
de la nouvelle économie mondiale.
Nous avons compris qu’il n’est pas possible de tout accomplir d’un
seul coup. Que pour gouverner avec succès, le secret est de
progresser de manière pragmatique, une étape à la fois et de manière
audacieuse au besoin. De fixer des objectifs d’ensemble. De faire
des choix en fonction des valeurs qui font la force du Canada.
D’effectuer de grands changements durables selon nos moyens.
C’est précisément ce que nous faisons depuis sept ans. C’est la
manière de gouverner que les électeurs du Canada ont approuvé trois
fois de suite. Et c’est l’approche que nous allons continuer de
suivre.
Nous avons entrepris de rétablir notre souveraineté financière afin
de nous redonner les moyens de faire des choix pour l’avenir. Nous
avons réussi au-delà des plus grandes espérances. Et notre
engagement reste inébranlable envers l’équilibre budgétaire, la
réduction de la dette et une fiscalité concurrentielle pour les
investisseurs et les entrepreneurs.
Monsieur le Président, il va sans dire qu’il règne aujourd’hui une
certaine incertitude quant aux perspectives à court terme de
l’économie américaine. Le gouvernement suivra de près l’évolution de
la situation aux États-Unis et dans l’économie mondiale et il
examinera son incidence possible sur le Canada. Cela dit, le succès
de nos politiques économiques nous place dans une meilleure position
que jamais pour traverser une période de ralentissement temporaire
de l’économie américaine. Nous avons toutes les raisons de croire
que la performance de notre économie sera meilleure que celle de nos
principaux concurrents et partenaires commerciaux cette année.
Monsieur le Président, un climat financier sain n’est pas une fin en
soi, mais plutôt la condition essentielle sans laquelle un
gouvernement ne pourrait effectuer tous les investissements
socio-économiques qu’il doit faire en collaboration avec ses
partenaires. Afin de bâtir un pays prospère où tous peuvent partager
les fruits de la croissance.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons qu’un gouvernement peut
contribuer activement au mieux-être de la société. Pour ce faire, il
doit pouvoir compter sur une fonction publique de haut niveau. Je
suis fier de notre fonction publique. Le gouvernement prendra toutes
les mesures nécessaires pour que la fonction publique continue de
disposer des talents dont elle a besoin dans sa poursuite de
l’excellence. Nous procéderons aussi aux réformes qui s’imposent
pour moderniser la fonction publique en fonction des besoins du XXIe
siècle.
Monsieur le Président, nous avons entrepris il y a plus de sept ans
de faire notre part en tant que gouvernement pour bâtir une économie
plus innovatrice. La Fondation canadienne pour l’innovation. Les
réseaux de centres d’excellence. Les Instituts de recherche en santé
du Canada. Les 2000 Chaires de recherche du Canada. L’augmentation
des budgets des conseils subventionnaires. La modification des taux
d’imposition des sociétés et des taux d’imposition des gains en
capital. Le programme pour faire du Canada l’un des pays les plus
branchés au monde.
Nous avons posé des assises solides. Mais nous ne pouvons pas nous
reposer sur nos lauriers. Sinon, nous allons nous laisser devancer.
Au XXIe siècle, nous devons mener notre action à la fois sur les
fronts social et économique. Nous pourrons ainsi montrer au monde
entier un Canada dont la société est vouée à l’innovation comme à
l’inclusion, à l’excellence comme à la justice.
Pour y arriver, nous avons un plan d’action qui allie l’innovation,
les compétences et l’apprentissage ainsi que l’engagement de veiller
à ce que tous nos enfants aient la chance de réaliser leur
potentiel.
Commençons par l’innovation. Dans la nouvelle économie, le plus
rapide remporte la course. Celui qui fait les découvertes en premier
et qui les met en marché. Le premier à mettre au point de meilleurs
procédés. C’est vrai dans le secteur de la haute technologie, mais
c’est aussi vrai dans presque tous les secteurs – de l’extraction
des ressources à l’agriculture, en passant par la commercialisation.
Le Canada doit posséder l’une des économies les plus avant-gardistes
au monde. Un des éléments clés pour y parvenir, c’est de hisser
notre effort par habitant en recherche et développement au rang des
cinq premiers pays au monde.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a établi un plan
d’action à cinq volets.
Premièrement, doubler à tout le moins les fonds que le gouvernement
fédéral consacre déjà à la recherche et au développement d’ici 2010.
Au cours de son mandat, le gouvernement affectera davantage de fonds
aux conseils subventionnaires, à Génome Canada, aux Instituts de
recherche en santé du Canada de même qu’à la recherche
gouvernementale. Le Canada deviendra ainsi le lieu le plus propice
au monde à la recherche de premier plan. Cet effort renforcera notre
économie et notre société.
Deuxièmement, continuer de faire en sorte que les universités
canadiennes soient le lieu le plus propice à l’excellence en
recherche et un pôle d’attraction pour les meilleurs cerveaux. Le
gouvernement travaillera avec les milieux universitaires en vue
d’aider nos universités, afin qu’elles aient les ressources
nécessaires pour profiter pleinement des activités de recherche
parrainées par le gouvernement fédéral.
Troisièmement, accélérer notre capacité de mettre en marché les
découvertes canadiennes et d’offrir ainsi de nouveaux produits et
services.
Quatrièmement, poursuivre une stratégie globale en matière de
science et de technologie. Une stratégie qui favorise une
collaboration accrue à la recherche internationale aux frontières du
savoir.
Cinquièmement, travailler avec le secteur privé pour identifier les
meilleurs moyens de rendre accessibles les services Internet à large
bande dans toutes les collectivités du Canada d’ici 2004.
Toutefois, notre engagement envers la recherche dans ce pays ne doit
pas se limiter au gouvernement fédéral. Il faut que ce soit une
entreprise nationale. Par conséquent, aujourd’hui, je lance le défi
au secteur privé et aux provinces de consacrer davantage de
ressources au cours des prochaines années à faire du Canada l’un des
chefs de file mondiaux en recherche et développement.
Monsieur le Président, la transition vers la nouvelle économie
n’intéresse pas seulement un secteur économique en particulier. Le
succès économique dans tous les secteurs dépend plus que jamais de
l’esprit d’entreprise, de l’ingéniosité et de la créativité. Il
dépend, fondamentalement, de nos talents humains. Dans ce contexte,
nos investissements les plus importants sont ceux que nous
effectuons dans nos gens.
Je veux que le Canada soit perçu dans le monde entier comme le pays
qui possède la main-d’oeuvre la plus spécialisée et la plus douée
qui puisse se trouver. Il faut en faire un objectif national. Et y
consacrer un effort national.
L’apprentissage ne se déroule pas seulement à l’école. Avec les
programmes préscolaires, le réseau d’écoles publiques, les
établissements d’enseignement postsecondaire et la formation en
cours d’emploi, le Canada a déjà en mains tous les éléments d’une
infrastructure nationale pour l’apprentissage continu. Tous les
gouvernements, le secteur privé et les établissements d’enseignement
doivent travailler ensemble à l’amélioration de cette infrastructure
nationale pour le bien des Canadiens.
Pour sa part, le gouvernement du Canada a investi massivement au
cours de nos deux premiers mandats pour aider à préparer notre pays
à être le bassin par excellence de talents et de compétences. Que ce
soient les Subventions canadiennes pour l’épargne-études, qui aident
les parents à économiser pour l’éducation de leurs enfants.
L’augmentation du crédit d’impôt pour études. Les Bourses d’études
canadiennes du millénaire pour les étudiants d’aujourd’hui. Les
nouvelles règles relatives aux RÉER qui permettent aux Canadiens de
financer leur recyclage et leur perfectionnement. Ou les Subventions
canadiennes pour études à l’intention des étudiants ayant des
personnes à charge, des personnes handicapées ou des plus démunis.
Il reste encore du travail à faire, et ce gouvernement est prêt à
faire toute sa part dans cet effort national.
Nous voulons qu’au moins 1000000 d’adultes canadiens d’âge actif
de plus aient la possibilité de se perfectionner. À cette fin, nous
allons créer un Régime enregistré d’apprentissage personnel pour
permettre aux Canadiens de planifier et de financer plus facilement
leurs besoins d’apprentissage.
Nous veillerons à ce que nos programmes d’emploi pour les jeunes
permettent de venir en aide aux jeunes à risque qui ont le plus de
difficulté à réussir la transition entre l’école et le monde du
travail.
Nous allons faire en sorte que ceux qui ont les plus grands besoins
de formation soient admissibles à des allocations de formation.
Un effort national en vue de nous doter de la main-d’oeuvre la plus
douée et la plus compétente exige l’appui et la collaboration des
provinces, du secteur privé et des organismes bénévoles. Nous
comptons les inviter à se joindre à nous pour lancer une initiative
nationale d’alphabétisation. Nous devons rehausser les compétences
en lecture et en écriture, car trop de Canadiens ne sont pas au
niveau qu’exige la nouvelle économie.
Le Canada a besoin d’un plus grand nombre de travailleurs qualifiés.
Notre pays doit mieux réussir à attirer les immigrants hautement
qualifiés, et le gouvernement fédéral prendra les moyens nécessaires
pour y arriver. Mais nous devons tous éviter de placer des obstacles
inutiles sur leur chemin. Dans une économie mondialisée, le Canada
doit s’efforcer de mieux reconnaître les titres de compétences
valables acquis à l’étranger.
J’exhorte les gouvernements provinciaux à revoir leurs politiques de
reconnaissance des titres de compétences acquis par les
néo-Canadiens à l’étranger. J’exhorte aussi les provinces à mettre
en oeuvre l’entente-cadre sur l’union sociale, et à prendre
rapidement les mesures nécessaires pour assurer la mobilité pleine
et entière des étudiants canadiens et des Canadiens munis de titres
de compétences acquis au pays, et ce d’un océan à l’autre.
Au Canada, l’enseignement primaire et secondaire relève de la
compétence exclusive des provinces. Tous les gouvernements
provinciaux prennent cette responsabilité très au sérieux. Et chacun
d’entre eux s’efforce d’offrir un enseignement public de qualité
supérieure.
Mais nous savons tous que dans l’économie du savoir, ceux qui
abandonnent le chemin de l’école perdent la possibilité d’emprunter
bien des voies de réussite. Le taux de décrochage demeure trop élevé
au Canada. Le découragement et le décrochage scolaire des jeunes
entraînent des coûts sociaux et économiques trop lourds. C’est
pourquoi je veux lancer aux gouvernements provinciaux le défi de
redoubler d’efforts pour que les jeunes qui fréquentent l’école y
restent, et pour que ceux qui ont abandonné en reprennent le chemin.
Monsieur le Président, une économie de classe mondiale exige des
travailleurs qualifiés de même qu’une population sachant lire et
écrire, instruite et en santé. Mais pour ce faire, nous devons avoir
une société qui ne laisse personne pour compte. Les priorités
économiques sont indissociables des priorités sociales. S’il est
vrai qu’une économie vigoureuse nous permet de concrétiser nos
valeurs sociales, il est aussi vrai que la solidarité sociale est à
la base de la vigueur économique.
Grâce à notre impôt progressif, à nos mesures actives et à notre
filet de sécurité sociale, le Canada a su éviter les pires coûts
sociaux et économiques de l’exclusion.
Même si les revenus de la plupart des familles sont maintenant à la
hausse, un trop grand nombre de familles monoparentales, de membres
des minorités visibles, de nouveaux immigrants et d’Autochtones
continuent de vivre dans la pauvreté. Et trop d’obstacles entravent
la participation des Canadiens handicapés à la vie collective.
Nous sommes déterminés à aider les familles à se libérer du piège de
la pauvreté. À briser le cycle de dépendance. À aider les parents à
concrétiser les espoirs et les rêves qu’ils ont pour leurs enfants.
La pauvreté chez les enfants entraîne des coûts moraux, humains et
économiques trop lourds.
La croissance économique et la création d’emplois sont les moyens
les plus sûrs de réduire la pauvreté. Les réductions d’impôt
laissent plus d’argent dans les poches des familles. Mais elles ne
sont pas la solution à tous nos problèmes sociaux. Les gouvernements
ont un rôle important à jouer. Il nous faut adopter une approche
équilibrée. Nous devons trouver des façons nouvelles et plus
efficaces de favoriser de meilleures perspectives et de répondre aux
besoins fondamentaux de tous.
À cet égard, la plus grande priorité doit être accordée à nos
enfants. C’est ainsi que nous pourrons agir le plus efficacement
pour bâtir un Canada fort qui ne laisse personne pour compte.
Mais le gouvernement fédéral ne peut y arriver seul; nous devons
tous y participer.
Nous avons fait des progrès considérables au cours des sept
dernières années en travaillant de concert avec les provinces. La
Prestation nationale pour enfants est le nouveau programme social le
plus important depuis la création de l’assurance-maladie. Avec
l’Accord sur le développement de la petite enfance conclu le 11
septembre dernier, nous avons fait un autre pas significatif dans la
bonne direction. Mais nous devons faire davantage. Et nous ferons
davantage.
Notre objectif doit être de faire en sorte qu’aucun enfant ne soit
privé de ses chances de réussir par les effets débilitants de la
pauvreté. Que tous les enfants puissent avoir un bon départ dans la
vie.
L’urgence d’agir se fait particulièrement sentir chez les enfants
autochtones. Bien franchement, en ce qui concerne les peuples
autochtones, j’ai bien peur que nous consacrons trop de temps, trop
d’énergie et trop d’argent sur le passé, et pas assez sur les
mesures nécessaires pour assurer un bel avenir aux enfants
d’aujourd’hui et de demain.
Trop souvent, nos investissements ne profitent pas à ceux qui en ont
le plus besoin. Cela doit changer. Nous devons tourner la page. À
partir de maintenant, nous devons orienter et cibler nos
investissements en fonction des plus grands bienfaits.
Il n’y a jamais assez de ressources pour tout faire. Notre approche
consistera à mettre l’accent sur l’avenir. Et, surtout, sur les
besoins des enfants. Pour commencer, nous augmenterons de façon
significative les ressources consacrées au Programme d’aide
préscolaire aux Autochtones, un programme créé par notre
gouvernement et qui produit d’excellents résultats.
Nous devons réduire de façon significative l’incidence du syndrome
d’alcoolisme foetal au sein de nos communautés autochtones. Et nous
nous engageons à participer à un effort national en vue d’atteindre
cet objectif.
Le nombre de jeunes Autochtones au sein de notre système de justice
pénale est trop élevé. C’est une réalité que notre société doit
reconnaître. Autrement, ce serait se mettre la tête dans le sable.
Il nous faut prendre les mesures nécessaires dans le cadre de nos
politiques économiques et sociales afin de réduire ce nombre. Notre
objectif doit être de réduire le nombre d’Autochtones qui sont
incarcérés ou qui ont des démêlés avec la justice. D’ici une
génération, il ne devrait plus y avoir de différence entre le taux
d’incarcération des Autochtones et celui du reste de la société
canadienne.
Ces objectifs sont ambitieux. Ils seront difficiles à atteindre. Il
y aura des erreurs de parcours. Et ils ne pourront être atteints
dans l’espace d’un seul mandat. Mais nous devons participer à cet
effort national. Sa réussite – ou son échec – nous en dira long sur
le genre de pays que nous formons.
Monsieur le Président, le 11 septembre dernier, nous avons tenu une
rencontre des premiers ministres très fructueuse à Ottawa, où il a
été question de santé et de développement de la petite enfance. Par
la suite, nous avons conclu des ententes avec toutes les provinces
pour un programme d’infrastructures fédéral – provincial –
municipal. Depuis que nous formons le gouvernement, nous avons fait
la preuve à maintes reprises qu’il est possible de travailler
ensemble lorsque nous mettons l’accent sur les besoins de l’avenir.
Et que notre système fédéral fonctionne bien.
Les Canadiens portent leur regard au-delà des frontières de leur
province ou de leur région. Ils font partie d’une collectivité plus
large, et ils veulent que leurs gouvernements travaillent ensemble,
dans un esprit de collaboration, pour concrétiser nos valeurs
communes et donner vie à l’expérience canadienne. C’est un objectif
que nous pouvons et que nous devons atteindre, en travaillant dans
le respect de nos compétences respectives. Et dans le respect les
uns des autres.
Cet esprit de coopération et de collaboration me dit que nous
pouvons nous donner des objectifs ambitieux. Que nous pouvons les
atteindre ensemble. Qu’un effort national peut arriver à offrir à
tous les enfants un bon départ dans la vie et une véritable chance
de tirer profit des possibilités qu’offre la société canadienne.
Nous sommes prêts à faire notre part. Et je tends la main à mes
collègues des provinces pour qu’ils se joignent à ce grand effort
national.
Il nous a fallu travailler ensemble pendant toute une génération
pour réduire l’incidence de la pauvreté chez nos aînés. Nous y
sommes arrivés en procédant étape par étape. Mais nous avons franchi
bien des étapes ensemble. Il ne s’agit pas d’être suffisants, mais
de réaliser que nous avons fait de grands progrès. Nous pouvons et
nous devons faire des progrès semblables en faveur des enfants. Ce
ne sera pas l’affaire d’une journée. Il y aura des obstacles en
cours de route.
Les enfants doivent être une priorité nationale. Certes, comme
toujours, les ressources ne sont pas illimitées. Nous devons
toutefois orienter l’utilisation de nos ressources en fonction de ce
grand objectif national. Au cours de ce mandat, dans le cadre de nos
budgets, nous présenterons un calendrier d’investissements qui nous
permettra de faire des progrès réels en vue d’assurer un meilleur
avenir à tous les enfants du Canada.
Un système de santé moderne et de qualité est essentiel pour
l’avenir et le bien-être de tous les Canadiens, peu importe leur
âge. Il y a quelques instants, j’ai parlé de l’accord du 11
septembre sur la santé. Cet accord prévoit de nouveaux
investissements. Mais il comporte aussi un plan d’action. Au cours
des prochaines années, nous continuerons à travailler ensemble à la
mise en oeuvre de ce plan d’action. Notre collaboration nous
permettra d’atteindre nos objectifs, c’est-à-dire d’assurer
à tous
les Canadiens un accès en temps opportun à des soins de santé de
grande qualité, sans égard à leur revenu ou leur lieu de domicile.
Et nous ferons rapport aux Canadiens sur notre rendement et sur les
progrès accomplis.
Aujourd’hui, je réaffirme notre engagement de travailler avec les
provinces, ainsi qu’avec tous les Canadiens, pour faire entrer notre
système d’assurance-santé dans le XXIe siècle et faire en sorte
qu’il réponde aux besoins des Canadiens. Nous travaillerons avec les
provinces et nous leur donnerons notre appui pour que notre système
de santé soit mieux intégré, plus efficace, plus à l’écoute des
besoins des gens et plus transparent.
La santé des Autochtones sera l’objet d’efforts supplémentaires,
tout comme les nouvelles technologies et les autres stratégies pour
venir en aide aux personnes handicapées. Nous consacrerons aussi
plus d’efforts à la promotion d’habitudes de vie saine et au
renforcement de la recherche en santé. De plus, nous ferons le
nécessaire pour offrir un système d’assurance-santé moderne pour les
années à venir.
Un environnement sain et sécuritaire est essentiel à la santé des
Canadiens et à l’avenir de nos enfants. Nous déploierons encore plus
d’efforts, au Canada comme sur la scène internationale, pour
favoriser un environnement sain. Nous mettrons l’accent sur la
qualité de l’air, la salubrité de l’eau et la protection de notre
patrimoine naturel.
Monsieur le Président, nous avons encore frais à l’esprit les
souvenirs de la dernière campagne électorale. Les rassemblements
partisans. Les visites dans les foyers et dans les usines. Parmi
tous ces événements, il y en a un que je retiens tout
particulièrement. Il s’agit d’une visite que j’ai effectuée un beau
samedi matin au conservatoire de musique à Victoria. À cette
occasion, j’ai assisté à un récital offert par des jeunes musiciens
canadiens au talent extraordinaire. Et j’ai réfléchi à la place des
arts et de la culture. À leur importance vitale pour la société
canadienne.
Dans une société mondialisée, dans un univers qui comprend des
centaines de canaux télévisés et à l’ère de l’Internet, l’appui à la
culture canadienne est plus important que jamais.
Au cours de ce mandat, le gouvernement accroîtra de façon
significative son appui pour que nos institutions culturelles, nos
artistes et nos créateurs puissent jouer leur rôle. Un rôle
fondamental qui consiste à nous aider à mieux nous connaître. Et à
agir comme ambassadeurs du Canada à l’étranger pour partager ce que
notre pays a de meilleur à offrir.
Monsieur le Président, au cours de plus d’un siècle d’histoire, nous
avons développé une manière bien canadienne de faire les choses.
Nous avons adopté une approche flexible qui reconnaît l’importance
de l’action et des responsabilités tant individuelles que
collectives. Nous avons appris à apprécier la chance que nous avons
de pouvoir travailler ensemble à l’atteinte d’aspirations communes
dans le cadre d’un système fédéral qui s’accommode de la diversité
et de l’expérimentation. Nous avons pris conscience des avantages
que nous apportent notre dualité linguistique et notre société
multiculturelle. Nous avons nourri un engagement profond en faveur
de la démocratie et les droits de la personne. Nous sommes devenus
un modèle dont le monde entier peut s’inspirer.
Durant la vie de cette législature, nous serons actifs au sein de la
communauté internationale. Que ce soit à la présidence du G-20 ou à
titre d’hôtes du G-8 en 2002 et du très important Sommet des
Amériques d’avril prochain à Québec, nous oeuvrerons au renforcement
des institutions multilatérales pour favoriser le dialogue et la
coopération.
Nous allons accroître notre aide au développement international,
afin de permettre à un plus grand nombre de pays de tirer profit des
possibilités offertes par la mondialisation, et de promouvoir la
paix et la sécurité humaine dans le monde.
En Amérique du Nord, nous travaillerons de près avec les nouvelles
administrations des présidents Bush et Fox. Les États-Unis
constituent notre plus important partenaire commercial. Notre plus
proche allié. Je me rendrai à Washington la semaine prochaine pour
rencontrer le Président Bush et réaffirmer l’importance de notre
relation.
Je discuterai avec lui de l’importance de garantir de façon efficace
l’accès à nos marchés respectifs. Je soulèverai la possibilité
d’accélérer le travail que nous avons déjà entrepris conjointement
pour moderniser la frontière que nous partageons afin de faciliter
le commerce et les investissements tout en assurant la sécurité de
nos pays. Et j’exprimerai vigoureusement la position du Canada en
matière d’agriculture, à savoir que nos agriculteurs devraient
pouvoir bénéficier de règles de concurrence équitables, et que la
surenchère de subventions ne sert les intérêts de personne.
Nous voulons révéler aux investisseurs des États-Unis et d’ailleurs
dans le monde la réussite de l’économie canadienne. Leur donner le
goût d’investir au Canada. Stimuler leur enthousiasme pour le Canada
comme lieu débordant d’activité. Nous consacrerons beaucoup
d’efforts, avec l’aide et la coopération du secteur privé et des
provinces, à faire valoir le Canada en tant que pays doté d’une
main-d’oeuvre très qualifiée et d’une économie hautement novatrice,
capable d’attirer et de garder les gens les plus talentueux.
Monsieur le Président, notre gouvernement a un programme positif
pour cette législature. Un ordre du jour modéré et tourné vers
l’avenir. Équilibré, mais aussi ambitieux. Un programme qui prend
appui sur les réalisations qui ont fait du Canada le pays que nous
connaissons aujourd’hui.
Monsieur le Président, à la suite du décès de Pierre Elliott Trudeau
l’automne dernier, les Canadiens ont senti le besoin de discuter non
seulement de l’héritage de M. Trudeau, mais aussi de la
signification que revêt le Canada et notre attachement envers notre
pays. Sa vision était celle d’un Canada arrivé à maturité, confiant,
capable de bâtir lui-même sa destinée. Elle était celle d’un pays
uni par une citoyenneté commune fondée sur des droits et un sens des
responsabilités partagés par tous. D’un Canada bilingue où les
citoyens peuvent jouir et profiter de notre riche patrimoine
français et anglais. D’un pays qui respecte la place spéciale
qu’occupent les peuples autochtones. D’un Canada multiculturel
ouvert sur le monde et pleinement conscient de ses responsabilités à
l’échelle mondiale. Une société juste où les chances sont vraiment
égales. Nous prendrons les moyens pour commémorer son héritage d’une
façon qui à la fois reflète et fait avancer ces valeurs.
Cette vision a façonné l’image que le monde se fait du Canada. Elle
a contribué à définir le modèle canadien. Mais le monde découvre
aussi, de plus en plus, un nouveau Canada. Un Canada bâti sur cette
riche fondation, mais aussi un Canada aux possibilités fantastiques,
tourné vers la recherche avancée, au premier rang des nouvelles
technologies et engagé en faveur de l’excellence en éducation. Un
pays doté d’une main-d’oeuvre qualifiée et novatrice. Un endroit de
choix pour les investissements et les affaires. C’est le Canada que
nous devrons aussi bâtir au cours des semaines, des mois et des
années à venir. Un Canada doté d’une nouvelle économie dynamique et
de collectivités saines et fortes. Un Canada qui évolue sous le
signe de l’innovation et de l’inclusion.
Monsieur le Président, nous sommes davantage que les citoyens d’une
seule province ou d’une seule région. Nous sommes davantage que des
contribuables. Nous sommes les citoyens d’un grand pays. Nous avons
des responsabilités les uns envers les autres. Nous avons besoin
d’un gouvernement national qui travaille en partenariat avec tous
les Canadiens pour bien faire entendre notre voix dans le monde.
Pour veiller à la vigueur économique. Pour protéger et renforcer le
tissu social et l’unité nationale. Voilà le gouvernement que nous,
de ce côté de la Chambre, offrirons aux Canadiens.
Quant à moi, Monsieur le Président, j’ai consacré ma vie à faire
avancer le Canada… et ce n’est qu’un début.

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