Conférence de presse du 9 mars 1978

[(Onze heures trente-quatre minutes)]

[M. MORIN: M. Lévesque va faire un exposé d’une durée qu’il jugera bonne.. La conférence de presse doit être terminée à 12 h 30.]

[M. LEVESQUE:] Je m’excuse pour ceux qui écrivent plus laborieusement, mais j’ai pas mal de matériel ce matin sur divers sujets sans compter ceux que vous pouvez soulever. Je voudrais dire tout de suite que le 23 mars, c’est-à-dire le Jeudi saint, au moment de l’ajournement de Pâques – on ne sait pas jusqu’où on ajournera, mais enfin c’est pas mal décidé que ce sera le 23 mars – on se reverra, si vous permettez, dans deux semaines, à moins qu’il n’y ait des imprévus, pour faire un peu le point juste au moment de l’ajournement.
Pour aujourd’hui, mes premières remarques sont des choses qui découlent du Conseil des ministres d’hier. Il y a un nouveau sous-ministre adjoint qui a été nommé, ce qui lui donne le statut de sous-ministre adjoint, mais cela ne change pas son poste. Il s’agit de M. Ghislain Laflamme qui est déjà directeur du Bureau des véhicules automobiles, du BVA, depuis septembre 1970. Un peu dans le même sens que le Surintendant aux assurances dans un autre ministère, il acquiert le statut de sous-ministre. Mme O’Leary peut vous donner les notes biographiques de M. Laflamme.
Hier aussi – il y en a eu un petit écho en Chambre à la suite d’une question que se disputaient les députés de Verchères et de Saint-hyacinthe à propos de la betterave à sucre, la décision a été prise de garantir jusqu’à $ 24 le prix de la betterave à sucre pour cette année. C’est $ 24 la tonne pour 1978 seulement. J’ai parlé, dans le discours inaugural, de l’amorce d’une politique sucrière. Ce n’est peut-être pas contre-indiqué – j’espère que le Dr Lazure ne me fera pas de chicane parcequ’il s’occupe de la santé – quand on sait, d’après les chiffres, qu’on est à peu prés les champions du monde mangeurs de sucre. C’est quelque chose comme 100 livres par année. On n’a pas de raison, tant qu’on maintient des consommations pareilles, de ne pas en produire le plus possible comme d’autres pays à partir de la betterave. Il y a des pays européens, avec des dizaines de millions d’habitants qui réussissent à suffire ou presque à leurs besoins.
Comme vous le savez, il y a des problèmes d’ajustement à la Raffinerie de sucre du
Québec qui génère, même en dépit d’une gestion qui était absolument désuète, d’une certaine désuétude des équipements, de l’activité économique importante dans sa région.
Il y a 49 personnes à plein temps actuellement; saisonnièrement, il y a une main-d’oeuvre évidemment plus importante, et tout cela, dans l’état actuel des choses, rapporte, bon an mal an, quelque chose comme $ 2000000 de revenus à environ 325 producteurs agricoles. Il faut faire mieux et pour commencer il fallait, cette année, donner un prix de stabilisation garanti au moment où, comme le ministre de l’Agriculture nous le rappelle périodiquement,les gens sont en train d’acheter les graines, les semences pour la prochaine saison. En plus du fait que cela rejoint un des domaines de consommation importants au Québec, le sucre via la betterave est très bon pour les sols – je ne veux pas que vous m’embarquiez dans les détails techniques mais c’est une des choses qui, paraît il, est très remarquable à cause de ses racines, etc.; c’est une plante qui, en plus d’avoir une valeur économique très réelle, améliore la qualité du sol simplement en étant plantée et aide à éliminer ou à contrôler les mauvaises herbes. Donc, à tous points de vue, c’est quelque chose sur lequel on doit faire un effort sérieux. Il y avait déjà été question d’un plan de stabilisation des revenus en 1976, il n’a jamais été présenté, il n’est pas encore mûr mais il y a du travail qui se fait, il y a également des rapports avec la nouvelle administration qui vont venir bientôt sur la raffinerie de sucre elle même et la façon dont on peut lui donner son élan pour l’avenir.
Alors, sur les deux plans, aussi bien celui des revenus des producteurs que celui de la transformation par la raffinerie, on espère bien avoir de bonnes hypothèses de travail permanentes très bientôt et, en attendant, ce dont il s’agissait pour la saison 1978, c’était de garantir un prix convenable, et cela a été accepté hier par le Conseil des ministres.
Maintenant, encore dans le domaine des choses alimentaires, il a aussi été décidé hier que, vers la fin d’avril, en Gaspésie, fort probablement à Gaspé, il y aura un colloque ou une conférence avec les gens du milieu impliqué en ce qui concerne les pêcheries maritimes. Là encore, il s’agit de quelque chose qui, dans la région concernée, est très important; quand on parle des Îles-de-la-Madeleine, d’une bonne partie de la Côte-Nord et d’une bonne partie de la Gaspésie, on parle en même temps – sur la base d’il y a une couple d’années, on n’a pas les chiffres plus récents – de 6500 pêcheurs de toutes catégories: côtiers, moins côtiers, etc. qui donnaient, en plus de leur propre emploi, de l’emploi à environ 1500 personnes saisonnières évidemment dans les usines de transformation, et c’est important de noter qu’il y a 112 communautés: des petits villages, des moins petits villages, etc. modestes pour la plupart évidemment le long du territoire maritime qui ont la pêche et ses dérivés comme principale source d’emploi.
On sait que depuis quelques années, depuis cinq ans surtout, il y a eu une surexploitation dans les eaux du golfe, les eaux côtières, qui fait que c’est seulement à peu prés 30%
de la capacité, dans le cas des usines, par exemple, qui servent en ce moment. C’est un problème. Deuxièmement, il y a aussi qu’avec la nouvelle limite de 200 milles cela va nous amener à parier et à penser sérieusement, et j’espère à agir avant longtemps, en ce qui concerne une flotte de grande pêche. parceque 200 milles ce n’est plus du côtier, et puis il y a le vieillissement aussi qui est un problème de la flotte actuelle de pêche du Québec.
Quant aux unités moyennes, de65 pieds et plus, comme on les appelle, 105 sur un total de 141 de ces unités, en 1976, avaient déjà plus de dix ans d’opération, ce qui est un vieillissement assez dangereux, si on le laissait s’accentuer. Il y a une dizaine d’unités, je pense, qui sont commandées, qui ont été approuvées. Cela implique des subventions, évidemment, dès cette année, mais il va falloir regarder quand même une perspective à moyen terme, disons sur cinq ans. J’en ai parlé aussi dans le message inaugural, il faut faire cela avec les gens concernés.

Donc, il y a un problème de perspective avec les 200 milles, de reconstitution des stocks dans le golfe, la participation des gens à l’idée d’une flotte de haute mer, d’une flotte de grande pêche, et la reconstitution des unités actuelles. Il y a la question des équipements portuaires, parcequ’on sait que cela crée des problèmes sociaux, puis pourtant il y a aussi des impératifs économiques, problèmes sociaux, parceque si on concentre ou on vise à concentrer certains des équipements, évidemment, cela peut débalancer socialement. certains coins des régions concernées. Puis il y a, évidemment, toute la question de la mise en marché.

Alors, autour de tout cela, à la fin d’avril, sans que ce soit nécessairement la forme classique des mini-sommets, on verra, mais la décision c’est qu’il y aura des rencontres pendant une couple de jours en Gaspésie pour les gens des régions concernées, probablement à Gaspé.

Une autre chose, c’est que le mardi 21 mars – je vous le dis simplement comme préannonce – je vais avoir l’honneur d’assister, en compagnie du Dr Laurin et peut-être de quelques autres, à la première réunion du Conseil de la langue française dont les douze membres ont été nommés tout récemment. Le président, comme vous le
savez, c’est M. Gendron; le secrétaire, c’est Marcel Dubé, avec assermentation, réception, première réunion, etc. Ce sera le 21 mars, commençant au palais de justice pour l’assermentation; soit dit en passant, 10 heures du matin, c’est prévu pour l’assermentation, mais pour le reste de la journée vous aurez sûrement le détail
très bientôt.
Pour ce qui est du déclubbage, vous savez que le premier avril – d’ailleurs, je pense qu’il y a un débat du vendredi qui vient demain à ce sujet; cela sera sûrement évoqué. Je ne sais pas si le ministre l’a annoncé, mais hier il a été décidé – les clubs privés seront abolis et que, par ailleurs, il y a une incertitude certaine – pour employer le mot favori de nos amis de l’Opposition – chez les gens qui se trouvent à être dépouillés d’un vieux privilège, mais qui ont des établissements, des chalets, des dépendances, etc. et il y avait une espèce de flottement. La décision a été prise hier de confirmer, au moins pour les 36 mois qui commencent le premier avril – c’est-à-dire pour trois ans – des baux provisoires qui n’ont rien à voir avec des lettres patentes – il n’est pas question de vendre les terrains – qui leur permettront d’attendre que les cadastrages, enfin toutes les choses qui vont être requises puissent être mises au point. Ils ne seront pas dérangés à condition de payer la somme vraiment modeste, une rente minimale de $ 40 par année, à compter du premier avril.
Cela veut dire que tous les gens qui, participant à des clubs privés, avaient des emplacements où ils avaient établi depuis des années des chalets, des dépendances, pour $ 40 par année, – au moins pour les 36 mois qui viennent, évidemment, c’est provisoire – ils ont légalement le droit d’y rester à condition de payer cette rente minimale et d’ici trois ans on espère bien – peut-être avant, j’espère – que la régularisation, les cadastrages, enfin toutes les histoires nécessaires juridiquement seront complétées.
Bien entendu, au-delà des terrains qu’ils occupent personnellement, tout le reste des droits reviennent au public. Il ne s’agissait pas d’exproprier des gens manu militari il faut les laisser respirer et profiter de leurs sports des lacs et des sous-bois qui sont ainsi libérés, mais le reste – il n’y a plus de droits exclusifs – appartiendra aux citoyens.
Il y a une chose aussi qui accompagne le départ de M. Desmeules prématurément, quelque trois ans avant la fin de son mandat comme président de la Société des alcools. Je pense que le ministre responsable, M. Tremblay, a dû dire qu’on regrettait son départ – je le répète – parcequ’il a donné une relance, si vous voulez, du côté des ventes, du côté de l’organisation aussi depuis quelque sept ans à la Société des alcools dont tout le monde est conscient. Il a préféré après ce long bail retourner à la pratique privée, mais juste avant de partir, on peut dire que c’est sa dernière réalisation dans ce domaine. Il nous a présenté, on l’a approuvé hier, cela va paraître dans la Gazette officielle, une politique de mise en marché de la Société des alcools du Québec,qui n’avait jamais eu de politique cohérente de ce côté.
Alors, en particulier, vous y verrez, par exemple, réglée, je crois, d’une façon très précise, dans le sens de l’équité et de la moralité aussi qui doit accompagner la gestion des fonds publics, parcequ’il y a des centaines de millions dans le problème de l’alcool, la question des représentants, des démarcheurs, etc. Tout cela, je vous le dis simplement en passant, puisque ce sera dans la Gazette officielle très bientôt, constitue la dernière réalisation très importante, on peut dire,de l’administration Desmeules et la première, je crois, politique cohérente de gestion et de mise en marché de la Société des alcools.

Maintenant, deux dernières choses que je soulève, parceque je crois que c’est indiqué, simplement pour faire le point. La première,c’est la question de la publicité du gouvernement et la deuxième, c’est la question de l’amiante. Je voudrais faire le point, parceque dans le cas de l’amiante je dois dire je pense qu’on est tous pareils, j’ai déjà fait le métier c’est dur de lire que le journal des Débats et après la période des questions il n’y en a plus parmi vous beaucoup qui suivent les débats. Alors,il y a beaucoup de choses qui se perdent en cours de route et c’est accompagné en ce moment d’un certain délire dans certains médias d’information qui n’est vraiment pas équilibré.

Je vais revenir sur la question de l’amiante rapidement, mais pour ce qui est de la publicité, à cause de l’histoire qu’on a faite autour de l’agence Cossette et de la Régie de l’assurance automobile, il y en a qui ont charrié. Je pense que c’est inévitable qu’il
ait des vieilles méfiances, mais je pense qu’il n’est quand même pas sans importance d’expliquer ce qui se passe depuis plusieurs mois et ce qui va se passer. D’abord, prenons le cas de l’agence Cossette, en ce qui concerne la Régie de l’assurance-automobile. Comme vous le savez, grâce à l’Opposition et c’est son droit le plus démocratique, toutes les approbations nécessaires qui permettaient d’engager des choses au point de vue fonds, au point de vue aussi effectifs, tout cela a dû traîner en grande partie jusqu’à la veille de Noël.
Il fallait tout de même se préparer. Alors, l’agence Cossette, qui est une agence de compétence reconnue, qui n’est pas une agence maison du gouvernement, quoi qu’on ait pu dire et je vais vous le démontrer, avait déjà fait du travail remarquablement
compétent, d’après les gens qui avaient évalué pour la Commission des accidents du travail. Ils étaient donc reliés au milieu et ils ont eu, sans soumission, comme un prolongement des engagements qu’ils avaient, ce contrat initial pour la régie de façon à mettre au point des perspectives publicitaires, si vous voulez plus d’explications, etc., pour le régime d’assurance-automobile et cela, on n’a pas à s’en excuser, il n’y avait pas beaucoup moyen de faire autrement, avec la presse qui avait…
Il ne faut pas oublier qu’il n’y a jamais eu, dans le gouvernement du Québec, d’obligation d’agir par soumission pour les contrats du publicité et qu’on a créé ainsi des agences maisons, pour reprendre l’expression à la mode, entre autres, celle bien connue de M. Pierre Tremblay et Associés. Or, ce qui arrive c’est ceci: depuis le mois de septembre et jusqu’à décembre, dans tous les cas où les délais le permettaient et où on pouvait commencer à fonctionner comme cela, 17 contrats pour une valeur totale de $ 3046200, pour être très précis, ont été accordés, 17 contrats, de septembre à décembre, d’une valeur totale de $ 3046200 ont été accordés à partir de soumissions, d’appels d’offres auxquels on était pas tenu, et le régime qui doit entrer en vigueur le premier mai, n’était pas encore finalisé. I1 y a eu une révision des formes d’engagements dans tous les domaines depuis 15 mois. On ne peut pas les faire tous en même temps. Cela est assez technique. Il s’agit d’un fichier essentiellement, dans ce cas, et je vais y arriver. Avant même que tout cela soit au point, septembre, octobre, novembre, décembre, donc $ 3046200 à partir d’appels d’offres. Pour ceux que cela intéresse, la maison Cossette, sur ces $ 3 millions, a obtenu un contrat de $ 270000, en occurrence à ce moment là avec BCP et Communiplex.
Depuis janvier jusqu’à ce jour 18 contrats additionnels ont été accordés pour un total de $ 3 725 100. On a appliqué, à partir du premier janvier, les normes d’un fichier qui n’était pas complètement au point, mais on en a fait le test, si vous voulez, en même temps – je vais en dire un mot tout de suite après et depuis le premier janvier donc, c’est à partir de ces normes que les 18 contrats en question ont été accordés, et la maison Cossette a obtenu un contrat encore d’une valeur de $ 40000, sur le total.
Maintenant, à compter du premier mai, cette procédure qui est en marche depuis le premier janvier sera institutionnalisée. Cela donnera ce qui suit: pour tout ce qui dépasse $ 2000, comme contrat de publicité, à $ 2000 et moins, je pense qu’on ne doit pas chinoiser, mais $ 2000 et plus, cela donnera ceci: il y a un fichier où toutes les firmes et tous les professionnels autonomes, parcequ’il y en a qui sont très compétents, mais qui sont des autonomes dans le milieu, donc, toutes les firmes et tous les professionnels autonomes qui ont leur place d’affaires au Québec, place d’affaires principale, sont invités à s’inscrire à ce fichier.
Toutes les entreprises seront classifiées dans ce domaine par catégories, par spécialités, autrement dit promotion publicitaire française ou anglaise, la création,comme on l’appelle dans le jargon, je pense, la création promotionnelle, les relations publiques. Ce sont les grandes catégories. La sélection se fera de la façon suivante, en gros; de $ 2000 jusqu’à $ 100000, selon la catégorie et selon la spécialité, bien sûr, à tour de rôle pour ceux qui seront inscrits, évidemment, en cours de route, selon les performances, ce qui permettra, éventuellement, si vous le permettez, d’éplucher les fichiers de gens qui n’ont pas d’affaire là parcequ’il peut toujours y en avoir, mais à tour de rôle, selon la spécialité et la catégorie; et à plus de $ 100000,c’est-à-dire les contrats importants. Les dix firmes qui seront en tête de liste au moment où les contrats viendront, le nom de ces dix firmes sera transmis à un comité et le comité sélectionnera à partir d’une table, je n’entrerai pas dans la technique, mais vous pouvez avoir toutes les explications possibles et impossibles là-dessus si vous vous intéressez à cela – à l’aide d’une table de décision, les trois firmes qui paraissent les plus aptes à réaliser le mandat. Alors, lés trois seront invitées a soumissionner, à faire une proposition détaillée selon la catégorie, le genre de travail, etc. Un jury d’au moins cinq membres, dont un de l’extérieur du gouvernement, un des autres ministères que les Communications, et jugera les solutions. Je dois dire ceci, c’est que tous les échos, c’est facile à vérifier, qu’on a reçus du milieu concerné, sauf erreur, sont favorables. C’est que pour la première fois, dans un domaine extrêmement délicat, et qui a toujours servi à bien des tripotages de favoritisme, ils ont l’impression qu’il y a un système équitable qui est en train de s’établir pour la première fois. Je dirais qu’en ce qui concerne les résultats depuis janvier…Là je n’aime pas beaucoup, je sais bien que cela fait des titres, qu’on parle de jouer avec des millions et jouer avec des honoraires, parceque ce qui arrive dans les soumissions qui ont été demandées et dont une vient de favoriser l’agence Pierre Tremblay et Associés, qui vient d’avoir, par ce système, un contrat d’un peu plus de $ 800000, ce qui arrive, c’est que les soumissions demandent…
Les honoraires, ç’a toujours été les 15% et les 15% ont presque toujours servi, en partie au moins, au patronage. Partant de ces 15%, on laisse les gens évaluer ce qu’ils doivent faire par rapport au travail à accomplir, mais s’ils veulent le baisser à 10%, à 9% ou à 8%, ou à 7%, c’est leur problème. parceque cela n’a jamais été complètement justifié, surtout pour un client institutionnel comme le gouvernement, ces 15%; cela fait longtemps que cela aurait dû être traité d’une façon qui soit plus équitable pour les contribuables.
Alors, c’est à partir de ces soumissions où les gens sont appelés à réduire, s’ils le veulent, enfin s’ils veulent les contrats, c’est à eux d’évaluer, des honoraires, si on peut appeler ça comme ça, 15%, le pourcentage, on économise des fonds publics et ça permet d’avoir les meilleurs prix. parceque 15%, c’est 15%. Quand il s’agit de centaines de milliers de dollars, plusieurs millions, on ne joue pas avec justement, on essaie de les attribuer le mieux possible. parceque dans le monde où nous vivons, le gouvernement comme les autres grandes institutions, il faut qu’il fasse savoir ce qu’il fait, qu’il fasse connaitre certaines choses dont le public a besoin. Donc, il faut de la publicité pour les communications.
Finalement, quelques mots, si vous permettez, sur l’amiante. Je m’excuse d’être aussi long, mais c’est quand même des choses qui ont surgi dans le paysage et qui n’ont pas été données bilatéralement, si vous voulez, dans bien des cas.
En ce qui concerne l’amiante, c’est grave, ce qui se passe aussi depuis quelque temps, surtout dans certains cas où, je dois le dire à regret, on ne se donne même pas la peine de vérifier, ce qui ne veut pas dire d’endosser les opinions, mais de vérifier quand même les faits et les opinions du côté du ministère concerné, dans la question de la politique d’amiante.
Le fond de la question, en deux mots, c’est que le Québec, depuis des années, c’est
connu, transforme à peine 3 % de la fibre qu’il produit. Le reste est exporté à l’état brut. Etant un des trois grands, probablement encore le premier producteur du monde avec l’URSS et l’Afrique du Sud, étant, de loin, le premier exportateur du monde, dans le domaine de l’amiante, depuis des générations, on reste dans ce statut particulièrement colonial dans le pire sens du mot,. de négligence de la santé même, négligence absolue de la création d’emplois de transformation au Québec par les sociétés qui contrôlent le domaine de l’amiante.
C’est pour amener cette transformation, pour nous entrer dans le club, comme on a dit, que la décision a été prise, qui était sur les tablettes du gouvernement du Québec depuis des années, la décision a été prise, annoncée équitablement, d’entrer dans le domaine, comme propriétaire, par l’achat d’Asbestos Corporation.
Là-dessus, parmi les choses récentes, deux choses ont émergé que je crois de notre devoir de corriger, pour autant qu’elles doivent être corrigées. Premièrement, une espèce d’affolement hyperdramatique autour des problèmes de sécurité.. reliés à l’amiante en ce qui concerne l’Europe. Cela a eu des échos très dramatiques – je ne l’ai pas vue, mais on m’a fait le rapport, je n’ai pas eu le temps de le voir – à une émission de Radio-Canada ces jours ci.
Cela part, sauf erreur, des études qu’on a faites pour le Parlement européen au niveau de son directorat – c’est un Parlement consultatif, comme vous le savez, pour les neuf membres de l’Europe des neuf, les neufs Etats membres – pour la santé et la sécurité.
De là ont découlé des projets de directives qu’on a dramatisés énormément et, sauf erreur, très exagérément sur les ondes, en particulier, depuis quelques jours. Ce que signifient ces projets de directives, si on se donne la peine de les lire, c’est que, cinq ans après les Etats-Unis, l’Europe des neuf se dirige tout bonnement vers l’interdiction
des produits où entre de l’amiante et qui émettent ou peuvent émettre des fibres dans l’air;
milieu ambiant. Il y a une interdiction de ces produits.
Le projet proposé, voici ce qu’il demande aux Etats membres. Le projet proposé, qui n’est pas définitif, mais qui est logique à notre point de vue, demande aux neuf Etats membres, à partir de ces recommandations du directorat de la santé et de la sécurité, de
la commission, d’interdire l’utilisation de l’amiante, celle qui vient du Québec, comme, plus sévèrement, celle qui vient de l’Afrique du Sud, la bleue, la blanche, dans les installations de filtration d’air et de liquides quand on ne peut pas assurer qu’il n’y aura pas d’émissions de fibres, donc, d’interdire dans les installations de filtration d’air et de liquides, dans les mousses a base d’amiante, et aussi dans l’isolation thermique, acoustique ou les revêtements de sols ou de routes, quand on ne peut pas, là encore, assurer qu’il n’y aura pas d’émissions, de mise en liberté de fibres d’amiante.
autrement dit, des produits dont l’amiante peut littéralement se détacher
Ce sont, sauf erreur, les trois cas précis de recommandations d’interdictions.
Ce que cela peut faire sur les ventes actuelles, c’est ceci: Cela ne touche pas l’amiante-ciment, c’est-à-dire 64% de la consommation du Marché commun européen; cela ne touche pas 64%. Cela ne touche pas les produits ou la fibre est liée – solidement liée, elle n’émet pas – au caoutchouc, au plastique, etc., par exemple, les feutres à linoléum, à toitures, les joints, etc., soit 15% de la consommation de l’Europe des neuf, soit 64%, plus 15% et cela ne touche pas le matériel de friction, soit 5% et un peu plus de la consommation d’amiante de l’Europe.
Cela touche, au maximum, si ce projet est adopté, si ce projet est adopté, ce qui ne serait pas illogique, 15% de l’amiante consommée par l’Europe des neuf, dont la moitié
de ces 15% à peu près vient du Québec. Cinq années après les Etats-Unis et après certaines choses qui sont en marche aussi pour essayer de rejoindre les normes américaines, ici au Québec, l’Europe des neuf, très logiquement, a étudié la question et s’aperçoit qu’ils y a certaines interdictions qu’il faut faire.
De là à dramatiser comme si l’avenir de l’amiante venait de disparaître, je crois qu’il y a quand même des limites à ne pas dépasser. J’ajoute que, sur cette question, il n’est pas besoin de dire que le gouvernement du Québec est parfaitement d’accord avec l’attitude qui sous-tend ces projets de directives, parceque , la seule chose à viser, ce sont des produits, pour employer un adjectif descriptif, d’amiante qui soient étanches, pour ce qui concerne la santé et la sécurité des gens. C’est d’ailleurs un des rôles essentiels qu’on prévoit, si le projet peut finir par sortir de l’Assemblée nationale, pour le Centre de recherche et d’application qui est prévu dans la lancée de la politique de l’amiante qui est discutée en ce moment.
Voilà les dimensions, telles qu’on les connaît et qui auraient pu facilement être vérifiées de ces projets d’interdictions partielles,en Europe.
Deuxièmement, très rapidement, pour ce qui est du prix à payer, là encore, il y a des choses qui charrient un peu et cela me rappelle des souvenirs. Par une erreur de calcul, qu’i1 a élégamment admise après, je pense que le chef de l’Opposition – je n’étais pas là
À ce moment là M. Gérard-D. Lévesque avait ajouté quelque chose comme $ 100 ou $ 150 millionscà la note, mais il s’est rendu compte qu’il avait fait une erreur de calcul. $ 100000000 ou $ 150000000, je ne sais pas trop, c’est de l’argent.

Dans la revue L’actualité du mois de mars, un titre sombrement interrogateur, qui dit: Est ce que le Québec achète un citron? Par-dessus le titre, il y a une grosse facture avec des petits calculs, qui arrive à $ 375000000. Evidemment, c’est une hypothèse de travail.
Franchement, les $ 375000000 se décomposent comme suit, dans la facture qui précède l’article: des actions à $ 45, ce qui fera à peu près $ 175000000 – je n’ai pas le chiffre devant moi -, $ 25000000 pour les amiantosés que laisserait derrière elle la compagnie, $ 80000000 sous deux titres, pour des déménagements de quartiers, de l’antipollution, du recyclage, de l’environnement, etc., et $ 135000000 pour des nouvelles usines.
Tout ce que je voudrais souligner, c’est que l’évaluation finale, quand elle sera prête – elle est en marche, je ne peux pas vous dire quand elle sera prête, parceque ce sont des experts qui travaillent pour les deux parties, comme cela se fait normalement dans ces cas – aura à tenir compte des éléments de vétusté qui peuvent entrer là-dedans, des contraintes et des servitudes dont la Société nationale de l’amiante héritera. Tout cela entrera dans la façon d’évaluer. Sans compter un autre facteur qu’on ne mentionne pas, qui est peut-être le plus délicat, qui est toujours stratégique, quand il s’agit de propriétés minières, c’est-à-dire le facteur des réserves, parceque cela fait partie, de façon stratégique, de l’importance d’une transaction comme celle là. De toute façon, et je pense qu’on doit insister là-dessus, quelles que soient les fluctuations,qui sont d’ailleurs plutôt très légères depuis quelque temps, en bourse des actions de la compagnie, cette cote en Bourse n’a et n’aura aucune influence sur le prix qui sera négocié. C’est central. Tous ceux qui connaissent le marché, qui savent ce qui se passe dans ce genre de transactions – je n’ai pas besoin de vous dire que la compagnie propriétaire actuelle est aussi au courant que n’importe qui savent cela, que la cote en Bourse, quelles que soient ses fluctuations, au moment où s’approchent des transactions commes celles là, n’a et ne peut avoir aucun rapport avec le prix qui doit être négocié.

[M. MORIN: Alors, on va procéder à la période des questions…]

[M. LEVESQUE:] Je m’excuse d’avoir été aussi long, mais il me semble qu’il y a certains faits qu’il faut rétablir pour donner un portrait équilibré.

[ MORIN: J’ai déjà retenu les noms de MM. Bamber, Lamarche, Lacombe et Thomas.
M. BAMBER: M. le premier ministre, il y a un article dans le Devoir de ce matin, à première vue, semblerait déboussoler un peu votre politique de l’amiante.
qui,
On dit que la compagnie Bendix Corporation va se lancer,et
fabrication de trains à carbone…]

[M. LEVESQUE:] Des garnitures au carbone.

[M. BAMBER: C’est cela oui. Et on dit également…]

[M. LEVESQUE:] On peut prendre une chose à la fois?

[M. BAMBER: Oui, il y en aura trois.]

[M. LEVESQUE:] Je ne sais pas quels sont, précisément, les projets de Bendix
parce que… je pense que c’est M. Vastel qui a écrit l’article. Je sais qu’il suit le dossier avec une attitude très éclairée, avec beaucoup de curiosité. Ce que nous savons en ce moment sur les garnitures au carbone – on vérifiera les faits qui sont évoqués à propos de Bendix – c’est que le Concorde, et comme dit l’article, peut-être le 747 Jumbo aérien, les voitures de course qu’on a oublié de mentionner et aussi peut-être certains mastodontes de la route, c’est-à-dire des véhicules qui ont particulièrement besoin pour le freinage, parfois, d’un effort très court mais violent, s’en vont vers les garnitures au carbone. Il
y a deux raisons pour lesquelles cela ne paraît pas, ni dans l’horizon 80 ni dans l’horizon 85, jusqu’à nouvel ordre, devoir remplacer les garnitures classiques pour l’ensemble des véhicules routiers, les garnitures à l’amiante, les deux raisons étant celles ci: c’est que pour un effort violent et court, jusqu’ici l’expertise prouve que c’est vrai, c’est très
efficace, mais qu’il y a une qualité mécanique de ces garnitures au carbone qui, sur le long usage est beaucoup moins bonne que celle des freins à l’amiante, autrement dit que la qualité mécanique de la transmission de l’effort et de l’effet que cela fait, est beaucoup moins bonne, en fait infiniment pire que celle des freins à l’amiante et un autre petit argument qu’il faudrait rencontrer aussi, que je pense qu’on ne rencontrera pas tout de suite, c’est que, à l’amiante cela coûte à peu près de $ 400 à $ 500 la tonne et au carbonne, $ 22000 la tonne. L’autre question, c’est quoi?

[M. BAMBER: Il y aura la mine Carey qui serait à vendre à cause de questions légales
aux Etats-Unis, est ce que ce ne serait pas en appel, cette affaire?]

[M. LEVESQUE:] Justement la Federal, je ne sais pas quoi – Commission, aux Etats-Unis, a obligé la Holding, je crois, Jim Walter, à se départir – enfin, un jugement l’obligerait à se départir de ses intérêts qui ont été acquis en 1972. À cause du fait qu’il a trop de liens étroits, apparemment, d’après le tribunal, avec des usines de construction, un ensemble dans la construction, et que cela peut risquer de devenir un peu trop monopolistique à certains points de vue. En effet, il semble que ce soit déjà rendu ou que l’appel soit déjà inscrit. Si l’appel est inscrit, si on sait à quelle vitesse vont ces genres de trucs, on en a pour quelques années avant que ce soit réglé. Quand viendra le moment, je crois que la Société nationale de l’amiante aura à aviser de le conduite à suivre, mais certainement pas ni la semaine prochaine ni le mois prochain, mais dans quelques années au moins.

[M. BAMBER: Une troisième et dernière question là-dessus. Je ne sais pas si c’est public, mais est ce que le ministère de l’Expansion régionale régionale n’aurait pas offert à l’ancienne administration du Québec d’acheter l’Asbestos Corporation et …]

[M. LEVESQUE:] Je ne sais pas où vous êtes allé pécher cela; je vais laisser cela à M. Bérubé pour sa réplique.

[M. BAMBER Jtai bien entendu parler de cela… d’acheter Asbestos Corporation et de remettre cela au gouvernement.]
[M. LEVESQUE:] M. Bérubé donnera les détails parceque c’est une chose qu’on a apprise en cours de route que, semble t il, en effet, il trouvait que c’était une excellente transaction à recommander il était prêt à donner un coup de main, mais il doutait aussi
très fortement que l’ancien gouvernement soit porté ou capable d’aller dans cette direction.
M. Bérubé a les détails de cette chose. Comme je ne voulais pas y toucher, parceque , après tout, il faut du nouveau dans une réplique, je le lui laissais. Il fallait que vous l’appreniez.

[M. MORIN: M. Lamarche, M. Lacombe.
M. LAMARCHE; Ma question porte sur la publicité; s’il y a d’autres questions
l’amiante, je peux passer mon tour si on peut revenir après.
M. MORIN: Est ce qu’il y a d’autres questions sur l’amiante? M. LACOMBE: Oui.
M. MORIN: M. Lacombe.
M. LACOMBE: Je comprends que l’histoire européenne, ce ne sont pas tous les produits de l’amiante qui sont en cause…]

[M. LEVESQUE:] C’est 15%.

[M. LACOMBE: … mais, d’autre part, on compte lourdement sur…]

[M. LEVESQUE:] Oui, mais il y a vraiment une différence entre tous les produits et 15%.

[M. LACOMBE: Mais, on compte lourdement sur l’amiante-ciment pour entretenir le marché
en Europe je dis bien lourdement, or, n’est pas un produit qui pourrait être fabriqué
au Québec et exporté en Europe.]

[M. LEVESQUE:] Non.

[M. LACOMBE: Donc, pour ce qui est de la fabrication et de la.transformation cela ne donne pas grand chose.]

[M. LEVESQUE:] Non, mais attendez…

[M. LACOMBE: Il semble que, pour la transformation sur place, autant que
sur place,
mes informations soient exactes auprès du Bureau de l’amiante, on compte sur le marché du Québec et peut-être sur le marché canadien.
Ma question est la suivante: À combien évaluez vous l’effort de recherche industrielle nécessaire, d’argent à mettre immédiatement dans la recherche industrielle par le gouvernement pour remplir votre ambition d’aboutir à 20% de transformation de l’amiante au Québec?]

[M. LEVESQUE:] Vous verrez quelle sera la dotation initiale du centre de recherche et d’application. Pour la première fois dans le domaine public – parcequ’il y a eu la recherche privée aux Etats-Unis, en Europe quelque peu, du groupe Eternit en Europe, de Johns Manville aux Etats-Unis, et d’autres – une institution de recherche publique…
Il semble que le premier producteur du monde – ce n’est pas bête d’y penser – va se mêler de cela. On verra la dotation. On verra le détail de la recherche. Je ne suis pas un homme de laboratoire, mais une chose certaine, c’est qu’on sait, sur deux plans, l’application vers des produits nouveaux ou améliorés et des questions de santé et de sécurité reliées à ces produits, que le Québec doit jouer son rôle. Il me semble que c’est la seule attitude honorable et rentable à prendre si on veut avoir une politique de l’amiante.
Quand vous parlez du marché, c’est vrai que 64% du marché européen est le
tuyau de l’amiante-ciment. On sait également que c’est une des raisons pour lesquelles il arrive à Nbrdlingen en Allemagne – qu’il y ait des filiales qui soient établies comme cela pour la transformation qui seraient autrement trop pondéreuses si vous voulez…
Cela, écoutez, les Québécois n’étant pas plus fous que les autres une fois propriétaires de leurs entreprises, il n’y a rien qui nous empêche de nous étendre sur les marchés. Les raisons de l’achat d’Asbestos, c’est d’entrer sur les marchés. C’est une des compagnies qui est le plus présente sur les marchés libres.
Etant particulièrement présente sur les marchés libres,cela lui donne aussi, une fois acquise, une chance exceptionnelle – comparée à d’autres comme justement Carey – de manœuvrer de la fibre vers la transformation puisqu’elle en a énormément plus que les autres dans cet état de marché libre.
Sur le marché québécois, là aussi dans des rayons concentriques qui, contrairement aux histoires qu’on nous a racontées depuis qu’on est au monde, peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines de milles à partir des usines ce qui peut couvrir les parties importantes de marché non seulement canadien, québécois, mais aussi américain le jour venu. Il y a une prospection et une présence sur les marchés qu’il faut développer. L’Europe n’est pas exclusive. Ce que je voulais souligner c’est que l’Europe, en ce qui concerne le marché des produits de l’amiante, n’interdit non seulement pas tous les produits, ne propose actuellement, dans une directive qui n’est pas encore acceptée, que d’interdire environ 158 des produits les plus dangereux comme les Etats-Unis l’ont fait depuis au moins cinq ans dont la moitié de ces 15% provenaient du Québec.

[M. MORIN: Une autre question sur l’amiante. M. Freeman.
M. FREEMAN: Le rapport pas mal récentd’un b..iZz amiante, British Canadian,
numéro deux d’Asbestos Corporation confirme les soupçons que beaucoup avaient. Les
litions de travail, la poussière dans les moulins surtout ceux d’Asbestos Corporation sont parmi les pires des industries. La compagnie est maintenant embarquée dans un programme en vue d’améliorer la situation.
il arrive – c’est le cas d’Asbestos
Pensez vous que la possibilité, maintenant, c’est que le gouvernement achète ces moulins qui peut-être doivent être reconstruits juste au moment oû il y a un besoin important d’investissements pour l’assainissement du milieu de travail, etc.?]

[M. LEVCSQUE:] Je ne voudrais pas entrer dans plus détails parcequ’il est bien plus
près du dossier au jour le jour, je n’ajouterai pas grand chose à ce qu’a dit M. Bérubé hier, je crois, qui est dans les journaux de ce matin et qui résume cette situation telle qu’on peut la voir dans le ministère le plus directement concerné. Pour ce qui est du remplacement, c’est évident, je vous l’ai dit tout è l’heure premièrement, à cause des raisons économiques, des raisons de marché, etc. – et ce n’est pas d’hier puisqu’on vient d’évoquer la logique même d’un ministère fédéral qui n’en a pas toujours, tout le monde voyait clairement la logique de l’opération – que la vétusté, les besoins de remplacement vont entrer dans ce qu’on appelle l’évaluation générale en vue de l’acquisition, il est évident que cela va être escompté.

[M. MORIN: Etant donné qu’on a une bonne liste d’épicerie, on va passer à M. Lamarche sur un autre sujet.
M. LAMARCHE: M. le premier ministre, en admettant que le système qu’on a trouvé satisfasse à la fois les principes et le milieu de la philosophie…]

[ M. LEVESQUE:] C’est ce qu’on me dit!

[M. LAMARCHE: … est ce que, quand même, le gouvernement envisage d’aller un peu
plus loin et également de se mêler de l’essentiel finalement, c’est-à-dire de la forme et du contenu de cea messages publicitaires? Avec l’assurance automobile, quant à moi, j’ai remarqué et je ne suis pas le seul qu’on a peut-être tendance à utiliser beaucoup plus l’approche Proctor et Gamble et General Foods que l’approche de l’information gouvernementale dans ces contrats et è tel point qu’on a pu croire, à un moment donné, que Radio-Québec avait maintenant des commerciaux dans sa programmation alors que c’était présumément de
n’en a pas
l’information gouvernementale. Est ce que cela aussi fait partie de vos préoccupations en
matière d’information?]

[M. LEVESQUE:] Je ne peux pas juger techniquement de la valeur de la publicité, je ne peux pas la suivre tous les jours, j’en vois dans dos journaux, etc. Je sais qu’il y avait
deux ou trois étapes qui étaient prévues: la première, si j’ai bonne mémoire, c’était plus ou moins de répondre aux ABC, les questions et plus, ce qui flottait le plus dans la confusion de janvier et de février à mesure que le premier mars se rapprochait; la deuxième, je pense, il y a un chevauchement probable, était dans le sens d’expliquer les bénéfices,
quand même, ce que cela va rapporter au citoyen, où cela lui permet la couverture comme, par exemple, les voyages à l’extérieur, etc., c’était une question qui flottait partout dans l’air.
La troisième étape, j’avoue humblement que je ne m’en souviens plus. Mais, de toute façon, je pense qu’il y avait trois étapes qui étaient prévues. Le contrat va jusqu’à mai, je pense, quelque part par là, je l’ai en quelque part ici, je pense que c’est jusqu’à mai.
Moi, tel que cela se développe, il semble que les commanditaires qui sont d’abord et avant tout la régie et le ministère responsable, sont satisfaits. Je sais très bien, n’ayant. pas participé directement à ce métier, mais ayant été parallèle, jusqu’à un certain point, à quel point on peut chiquer la guenille sur la qualité, la compétence, etc., entre gens du milieu.
Moi, je ne veux pas me mêler de cela, mais les commanditaires, et jusqu’ici les réactions semblent au moins être que l’éclairage s’améliore dans l’opinion publique.
[M. LAMARCHE: Sans vouloir me bloquer sur l’exemple rigide de l’assurance automobile, ma question est vraiment de savoir: Est ce que le gouvernement envisage de transmettre aux maisons de publicité des normes de politique, pour que ces maisons n’aient pas le réflexe]

[M. LEVESQUE.] Oui, écoutez c’est évident. parceque le produit que vend le gouvernement – évidemment, là il faut faire attention produit entre beaucoup de guillemets – c’est essentiellement des services qui rejoignent la population, on l’espère, dont elle a le droit de savoir les tenants et les aboutissants, y compris toutes les choses pratiques, comme le numéro de téléphone à rejoindre, etc. Mais ce sont des services pour lesquels la population paie et la publicité n’est justifiable que si elle rejoint cette communication entre l’usager qui a payé pour et puis le distributeur de services qui était le ministère ou l’ensemble du gouvernement. Il faut que ce soit inscrit comme un principe fondamental dans n’importe quelle publicité gouvernementale. Est ce qu’on le rejoint toujours parfaitement, surtout avec un nouveau régime qui fait qu’il va y avoir une distribution plus large de ce genre de contrat? Cela va être un souci. Je ne peux pas vous donner techniquement les critères précis là-dessus. Je pense que le principe est évident.

[M. MOP1N: M. Thomas.
M. THOMAS: M. Lévesque, vous avez critiqué tantôt deux reportages, un au réseau de
Radio-Canada, et l’autre dans le …
qu’elles ont quelque chose à vendre, mais plutôt le réflexe qu’elles ont du monde
a informer.]

[M. LEVESQUE:] Sur la question d’un certain manque d’équilibre dans l’information, à point de vue, oui.

[M. THOMAS: Selon vous, s’agit il d’un complot?]

[ M. LEVESQUE:] Non.

[M. THOMAS: Deuxième question. Je veux avoir vos
commentaires sur…]

[M. LEVESQUE:] Je comprends un peu le [« background »] de votre question, mais j’ai
une petite feuille qui peut vous intéresser, simplement, j’ai fait cela spontanément, pour donner un coup de main puis éviter d’avoir à revenir sur un sujet qui devient un peu oiseux à la longue. Je vais vous en lire un bout à propos de Maclean et à propos de l’autre truc à la télévision qui a commencé tout le bal le plus récent.
C’est écrit par William Johnson,dans le Globe and Mail de Toronto. M. Johnson, je crois, est un journaliste compétent et il a un certain recul puisque…

[ M. THOMAS: C’est une question d’opinion.]

[M. LEVESQUE:] …non, mais il a un certain recul que moi, je n’ai pas, et peut-être
vous non plus, en ce qui concerne ce sujet puisqu’il écrit [« from the… »]
[M. THOMAS: Est ce que je peux vous interrompre. C’est une conférence de presse;
je suis journaliste et je ici depuis 55 minutes. On veut poser quelques questions… ]

[M. LEVESQUE:] Oui, mais moi, je veux donner quelques réponses.

[M. THOMAS: Mais je n’ai pas encore posé la question.]

[ M. LEVESQUE:] Oui, d’accord. Posez la question.

[M. THOMAS: Je veux avoir vos commentaires au sujet de l’article à la suite d’une entrevue accordée par M. Laurin dans la revue Ici Québec,oû vous vous êtes permis des sorties à propos d’un article dans le Maclean’s sans l’avoir lu; on l’a su par la suite. Mais je voudrais…]

[M. LEVESQUE:] Mais j’avais lu des passages.

[M. THOMAS: …â la lumière de l’article qui a paru dans Ici Québec, avoir vos commentaires sur les deux étant donné que M. Marcel Chaput, le journaliste en question,
a dit que,sur le fond les deux articles étaient en accord.]

[M. LEVESQUE:] Vous permettez que je vous lise M. Johnson , quand même, sur le fond de la question.

[M. THOMAS: Oui, si vous voulez.]

[M. LEVESQUE:] Ce ne sera pas long, ensuite, je vais répondre à votre autre question. D’accord? De façon à ce qu’on mette les choses dans l’ordre. M. Johnson: [« From the view point of Toronto »], alors j’aimerais, s’il y en a parmi vous qui veulent voir qu’on n’est pas tout seul à penser certaines choses,dit ceci: [« Depuis le 15 novembre etc… »] Le début de l’article, on l’a laissé tomber, c’est que le Parti québécois, cela a créé toutes sortes de réactions. Alors, vous avez, là : [« In the English-language press of Montreal -The Montreal Star and The Gazette -the effect of the Parti Québecois victory was to change the style of political reporting. They formerly appeared relatively neutral , c’est vrai, or even favorable
to tjie
9arti Quebecois but both newspapers now are putting stress on « interpretative reporting ». »
« In practice, the result has been mixed. The Gazette, in particular, has favored almost daily « news analyses », often run on the front page, which have been not so much analysed as a running argument with the regime, a serialized attack on the Parti Quebecois Government and all its works.
« There is a point to Mr. Levesque’s charge about a « sort of common front ». Last weeks both Maclean’s and The Montreal Star ran articles that put the Government in a bad light. » O.K. « No one, knowing the two reporters in question, would suspect them of being out to you can read the rest for yourselves. C’est simplement pour souligner que, quand même, il y a des gens qui ont la même perception que nous pouvons avoir à l’occasion, et je ne vois rien là qui soit la fin du monde.
destroy the Parti Quebecois. But, in both cases, a reportorial fail-safe expression – « did not operate. I think, in the case of Maclean’s it has
mechanism » -lovely been admitted. ]
C’est simplement de percevoir des choses. Quant à M. Michel Roy, dans un article qui a paru lui aussi, c’est-à-dire hier, dans ce cas, je prends simplement le dernier des paragraphes concernant les Apôtres de la morosité comme il intitule son article. I1 y a eu, presque conjointement, deux présidents de compagnies de chemin de fer, M. Sinclair du CP et M. Bandeen du Canadien National qui ont eu à se prononcer sur le même sujet.
Alors, M. Roy finit comme ceci: [« Puisqu’une large fraction de la presse francophone est absente -espérons pour l’amour du ciel qu’elle va revenir très bientôt, il semble que puisse se rapprocher dans un cas nos amis du Montreal Star souffriront -c’est M. Roy
qui écrit -qu’on leur dise que l’éditorial de mardi,exaltant les déclarations de M. Sinclair qui était pessimistes sans faire une seule référence à la réplique de M. Bandeen qui était optimiste ast profondément indigne d’une presse anglophone que l’on avait cru honnête en dépit de son opposition souvent forcéné e au régime:]
Je n’ai pas d’autres commentaires sur le fond, sauf pour dire que cette perception que nous avons n’est quand même pas exclusive. Il y a des gens qui s’en rendent compte, je ne vois pas pourquoi encore une fois il serait inadmissible de le dire. Maintenant, pour ce qui est de Ici Québec, en ce qui concerne l’interview de monsieur … il y a trois points en ce qui concerne l’entrevue de M. Laurin, j’ai dit déjà et je le répèterai rapidement que, l’ayant
lue et relue, je trouve là deux choses essentielles, peu importe les provocations que peuvent constituer certaines questions. On sait qu’il y a des « radicaux » partout.
Dans le domaine de la langue, par exemple, il y a des radicaux chez les adversaires de toute législation sur la langue pour qui l’idéal ce serait qu’il n’y ait pas de loi
et il y en a d’autres de l’autre côté pour qui n’importe quelle loi ce n’est jamais assez,
à moins quasiment qu’on élimine l’anglais du Québec. Il y a de ce genre de radicalisme
qu’on n’admet pas, qui perce évidemment dans l’orientation de l’entrevue. Tout le monde sait les attitudes qu’on est responsable de Ici Québec sur certains points, entre autres celui là. Mais ce qui ressort des réponses de M. Laurin, à mon humble avis, c’est essentiellement qu’un effort doit être fait, cela fait dix ans qu’il en est question au Québec. Il y a eu des livres verts, il y a eu tout ce voudrez, il n’y a jamais eu de politique. Un effort doit être fait dans le sens du développement des instruments de production culturelle qui permettraient à nos producteurs, à nos créateurs d’affronter des marchés qui autrement sont complètement manipulés en dehors de la majorité francophone du Québec.

Je pense que je résume l’essentiel de l’article de l’entrevue, là, sauf pour ceux qui veulent voir s’il n’y a pas des virgules, des mots, etc., mais je dirais de nouveau ce qu’on
a dit à ce point de vue: attendons, si cela vous est possible, si cela nous est possible, que le livre blanc, qui est encore en gestation finale – c’est long parcequ’il y a beaucoup de choses délicates dans des domaines comme ceux là – attendons que le livre blanc éventuel soit publié.
Pour ce qui est de l’autre article qui concerne le sionisme et Israël et les Juifs, je pense que c’était l’autre partie de votre question…

[M. THOMAS: Ce n’est pas moi qui ai soulevé celle là.]

[M. LEVESQUE.] Vous n’avez pas soulevé celle là, d’autres la souleveront s’ils veulent.
J’aime autant répondre tout de suite parceque je sais que cela va venir. C’est malheureux
que cela ait coincidé dans le même numéro, mais il reste que, et je répète de nouveau qu’on n’est strictement, ni de près, ni de loin, ni directement, ni indirectement, ni le gouvernement, ni le Parti québécois, relié aux opérations d’Ici Québec. C’est aussi simple que cela. On peut donner des entrevues au Montreal Star ou à la Gazette, peu importe ce qui peut se passer, on n’hésite pas à le faire, on peut donner des entrevues à toute publication qui n’est pas interdite et qui a comme seule caractéristique qui peut, sur ce plan, rapprocher du gouvernement, qui a comme seule caractérïstique d’être, à sa façon, indépendantiste comme nous le sommes. On n’a à endosser ni les attitudes, ni les
préjugés qui peuvent à l’occasion passer dans cette revue. Ce n’est pas notre responsabilité.

[M. THOMAS. Ce que quelques un d’entre nous ne comprenons pas: Piurquoi permettez vous
des serties violentes contre une revue comme Maclean’s, qui est publiée en anglais, à propos d »:n article sur lë politique de développement culturel, et, une semaine plus tard, en zros, la méme chose est rapportée dans une revue française nui est Ici Québec: Et e n’est certainement pas la même tendance politique que le Maclean’s, je l’avoue. Pourquoi est ce que yc:~ acceptez comme vérité que M. Laurin dise:Fvidemment,je.confirme ce qu’il y a dedans?]

[M. LEVESQUE.] Non, je m’excuse, je dois vous dire ceci: Je ne trouve pas, et ce n’est pas à vous que je l’adresse parceque vous même avez déploré certaines choses, et la revue Maclean’s, sauf erreur, doit s’excuser dans le prochain numéro, le [« safe mechanism »] n’a pas marché. La simulation coercitive des minorités, à la place d’intégration, qui est un mot beaucoup plus souple et plus normal, c’est quand même quelque chose que vous ne retrouvez pas dans Ici Québec. Le [« new order »] avec [« capital letters »], qui a un relent de fascisme,c’est quelque chose que je pense, vous ne retrouverez pas non plus dans le revue Ici Québec. Ce sont deux choses qui créent un climat inadmissible dans un contexte anglophone où on sait, l’ensemble, à quoi cela peut servir continuellement.

[M. THOMAS: Mais pourquoi un complot,quand il s’agit de deux… S’il vous plaît, écoutez…]

[M. LEVESQUE:] Je n’en discute plus, M. Thomas, je regrette, j’ai fait mon seul commentaire sur l’ensemble du problème. Je rejoins très exactement l’opinion de M. Johnson et l’opinion de M. Michel Roy sur ce point là.

[M. MORIN: M. Mackey.

M. MACKEY: M. Lévesque, j’aimerais savoir, de façon aussi concise que possible
ce que vous allez faire à Terre-Neuve demain. Je pense surtout à la question des chutes. Churchill. Dans une réponse à une question à l’Assemblée, mardi, je crois, vous avez dit qu’il y avait une série de projets dont on pouvait discuter, à condition qu’on
laisse de côté les chutes Churchill , la question du contrat signé. Je me demande comment vous conciliez cela avec les déclarations de M. Joron, en décembre dernier, selon lesquelles en parlant
/du comité conjoint Québec-Terre-Neuve, il disait justement que les pourparlers en étaient arrivés à une phase cruciale oû cela allait nécessiter l’intervention des premier ministres, y.ustement sur la question des chutes.]

[M. LEVESQUE:] Non, c’est sur l’ensemble quant à nous. Evidemment, je ne peux pas parler pour M. Moores, c’est pour cela que je vais le voir demain, parcequ’on a convenu récemment qu’on se rencontrerait aussitôt qu’il serait revenu de son voyage à propos des loups-marins, essentiellement. Il est revenu, on s’est téléphoné. On s’est entendu pour se rencontrer essentiellement en tête-à-tête. Je le dis pour ne pas décevoir d’avance ceux d’entre vous qui, je crois, ont manifesté l’intention de venir. On aura à vous rencontrer après, mais ce ne sera pas une conférènce publique, genre Ottawa, grand spectacle pré électoral. On va se rencontrer en tête-à-tête avec peut-être une ou deux personnes
qui peuvent donner un coup de main technique, pour voir s’il y a moyen de débloquer, je crois. S’il n’y a pas moyen, on ne sera pas plus mauvais amis. Je crois. que c’est Terre-Neuve, à notre avis, qui a le plus besoin de déblocage de projets et le Québec peut intervenir de façon extrêmement utile pour les deux parties comme partie prenante, comme partenaire dans des projets. On met entre parenthèses, quant à nous, le contrat qui a été signé. Je vous répéterai pas ce que j’ai dit à Ottawa, ce qu’on m’a répété. Je le mets entre parenfhèses. Je n’ai pas dit que M. Moores va accepter de le mettre entre parenthèses.

[M. MACKEY: Est ce que vous avez des indications…]

[M. LEVESQUE:] Mais je mets, moi, entre parenthèses, au nom de l’Hydro et du gouvernement du Québec, le contrat signé tel qu’il a été signé et qui est d’ailleurs devant les tribunaux en procédure préliminaire. Quant à nous, il n’y a pas de raison de ne pas
laisser les tribunaux faire leur travail et on verra ce que cela donnera. Pour le reste, il y a autour de 2000 mégawatts dans le cas de Lower Churchill Falls. Il y a des projets qui représentent, si on sait la consommation de Terre-Neuve et les projections de consommation des quelques prochaines années, Labrador et Terre-Neuve conjoints.
Rationnellement, si le développement qui a d’ailleurs été soutenu pour la première fois directement par Ottawa, récemment, s’amorce, il y a des choses dans lesquelles, dans ce vaste projet, le Québec pourrait intervenir conjointement avec Terre-Neuve d’une raçon mutuellement et réciproquement avantageuse.
Il y a également ce qui, éventuellement, parceque ce n’est pas pour demain, mais ce n’est pas mauvais d’en parler, arrivera aux quatre rivières de la Côte Nord dont les bassins sont partagés entre Terre-Neuve et le Québec. I1 y a encore quelques milliers de mégawatts additionnels dans un monde qui a soif d’énergie, qui traînent littéralement, je pense que M. Moores l’a dit lui aussi, au Labrador, ce sont des kilowatts par milliers qui coulent pendant que le monde a besoin d’énergie et qu’il a lui, besoin de projets économiques et d’une relance de son côté. Je crois qu’il y a suffisamment de choses là-dedans pour occuper quelques heures, pas nécessairement pour s’entendre sur tous les points, pour occuper quelques heures, voir s’il y a moyen de débloquer valablement des contacts qui, je crois, doivent être maintenus. C’est aussi à l’autre partie de décider.

[M. MACKEY: D’accord. Vous avez déjà connu des négociations avec Terre-Neuve sur Churchill Falls, est ce que vous pensez que ça va se passer comme les négociations des années soixante, encore une fois, le Gull island c’est encore ie même jeu des deux cStes? On parlait à ce moment là des cinq rivières de la Côte-!!ord, on parlait à un certain moment d’une route à travers le détroit de Belle-Isle et le détroit de Cabot, en Nouvelle-Fcosse, c’est
-dire que les lignes Terreneuve, a un certain moment, avaient sorti l’idée Smailwood de passer par la Nouvelle-Ecosse…]

[M. LEVESQUE:] Je sais ce qui s’appelait the « Anglo-Saxon Route ».

[M. MACKEY: C’est ça, oui.]

[M. LEVESQUE:] Oui, mais on n’est pas rendu là, vous savez. Même les 12 milles, je vais en parler avec M. Moores pour savoir comment ça se déroule de son côté. Même les 12 milles, à peu près, du tunnel, le détroit de Belle-Isle, ce serait le plus long tunnel de transport d’électricité au monde en partant. Alors, laissons de côté la Nouvelle-Ecosse pour l’instant, ça suffit comme ça, je ne sais pas quelles sont les perspectives, on va justement en parler.

[M. MORIN. Autre question en langue anglaise, M. D’Amours.
M. D’AMOURS: C’est une question additionnelle a celle de M. Mackey.]

[M. LEVESQUE:] J’ai peut-être été trop long, j’ai été sûrement trop long, mais il y avait des choses qui nous paraissaient importantes à préciser. En anglais, est ce qu’on pourrait aller jusqu’à 12 h 45 ou 12 h 50, c’est ma dernière limite. Je vais essayer d’être moins bavard.

[M. D’AMOURS: O.K. I will make it fast. Mr Joron said last year that he wanted to start from scratches as far as he Newfoundland discussions were concerned and, dust now, you told us again that as far as Newfoundland’s main argument is concerned, the Churchill Falls contract, anyway, a contract is a contract, and you are not budging from that what does this starting from scratch mean then?
27
M. LEVESQUE: It means, if possible, going back. at least to the starting point we had last year, after the first meeting I had with Mr Moores, where it was decided that in any way – nc• no way – it should be mutually advantageous to discuss a sort of package respective of development for Newfoundland and for its Quebec neighbour which can take in thousands of megawatts that are not developed, the new incipient hopefully, a project about Gull Island, which is the major case in point, some at least overview of what happens eventually,

certainly not for the coming few years, because it is not in the Quebec needs for the moment,
honest
and certainly not in the foreseeable future, but what eventually could happen to be an/ deal
about development of the North Shore rivers, the basins, the source is in Newfoundland, the outflow is in Quebec. There is an obvious mutual advantage there, and quite a few other things that neighbours can talk about. I would like to have a few moments with Mr Moores

about fisheries, for instance. We talked very briefly about the whole fisheries picture, even
practically a few minutes,/a few seconds, but there are questions that Newfoundland is asking

itself about fisheries and development in that field, and Quebec also can share.

There is no reason why there cannot be, let us say, periodical meetings for communications about various shared problems and various shared opportunities between Quebec and Newfoundland:

M. D’AMOURS: Very briefly, Sir. As far as Gull Island is concerned, the Hydro-Québec has said before, they would like to build, to develop that political project, first of all, and then, talk about redistribution of power, in a sort of long term contract. New, the 1969 agreement is a « long term contract », what kind of basic agreement are you looking for as far as Gull Island is concerned and how far are you prepared to go, as far as a flexible agreement is concerned?

. LEVESQUE: Look, I will tell you everything that can be told, except for technical uncertainties or economic uncertainties that we do not have to deal with for the moment. i will tell you everything that can tia told, after I have seen Mr Moores and I think he will have the same attitude.
}l. MORIN: Il y a encore cinq personnes, soit Fraser, Vermette, Saint-Laurent, Inwood et Grenier. Tout d’abord une sous-question à M. Inwood.
M. INWOOD: Mr Lévesque, the Upper Churchill rails, before the Courts and the Lower
i..
Churchill or Gull Island project, setting those things aside, the five North Shore rivers

specifically whose basins are on the Newfoundland-Labrador side of the border, have

you any concrete propositions to make to Mr Moores -+bout possible codevelopment or whatever?
28
M. LEVESQUL: No. Concrete, if you mean it in the sense of soon or immediate, certainly not; because,in the development perspective, as far as Quebec is concerned – because New

Foundland has its God- given right to use them from its side- we have no perspective of during
development, at least/most of the eighties, it seems, that is for sure, which, you know,

need for that, which means that,there, we can, with great serenity, because, after all, even ten or twelve years is a rather short term perspective, when you think about it, in developments of that size.

We can have the required serenity, if we want to talk about it, and we initiated some

of it, during the meetings, but without any urgency. Well, the Gull Island thing, I think, is rather more urgent, to say the least, for flew Foundland’s purposes. And the sort of

initial agreement that the Federal Government went into, you know, with the new Lower Churchill

Corporation or whatever it is, seems to be a possibility, at least, of development. As before,
you said, in the question mentioned/ Quebec is interested through Hydro-Quebec -if New

Foundland finds it advantageous of having some share in that development, if it is indicated –
negociations, if the project goes ahead, negociations indicated, as far as the border
crossing and the use of the power is
M. 14ORIN: M. Fraser…
M. INWOOD: If, anybody…
M. MORIN: … it faut accélérer, je m’excuse.
M. INWOOD: I am sorry… Concerning the Lower Churchill Falls Gull Island project, is Quebec considering, backing down on its position, that any power,. from that project, would be sold, for instance, to Ontario Hydro, would pass through Quebec, and Hydro-Quebec would insist on buying it at the Labrador border to resell it at the Ontario border? Is that still Quebec position?
M. LEVESQUE: It has to be. We are not a common carrier for everyone. This is our
territory; this is part of our basic resource development and for transmission are Quebec lines and they carry Quebec power. i M. MORIN: M. Fraser.

M. FRASER: C’est en anglais maintenant. Mr lévesque, you have dissoriated yourself,

the Government and your party totally from Ici Québec and yet, in the current issue at the
a
celebrations of its first anniversary, they had/picture of Dr Laurin which said: « Il a donné

à l’iquipe l’assurance de son appui » and they made a list of life-time subscribers
and certainly, eventually, for some of the power, if not all for
some time, there are
concerned.
the lines that go throug Quebec
whom they
present as urging people to give support to this magazine. They include several members of your cabinet.
You have quoted a number of articles that appeared before this hit the news stand in your continuing critique of the press, and you are still now on the record as being much more critical of Maclean’s than of « Ici Québec », despite your dissociation…
M. LEVESQUE: I think it is logical that we notice, and who would not, I do not think
it is a human feeling. It is a human normal reaction. We know there are more people who are literally beating us over the head systematically, practically all the time than people who, at least, in spite of their feelings, at least, on one very basic, to us, point which is self Government for Quebec, agree. Now, on a personal basis that people from the Government would say there is one « indépendantiste » as we say in French, for the moment, that is all I know of, one, since « Le Jour » disappeared, publication in Quebec which, on that score, is a help. There is no reason why people, on a personal basis, should not support it. On the other hand, if you look – let us face it – if you look at that article about Jews and Zionism, I think it is a lousy article and it is reeking of prejudism which we do not admit. Any guilt by association between the people who wrote that and the G(verr,ment would be just like McCarthy did years ago. We did not initiate the article, we are not responsible for the contents, especially international, etc. of that publication and all I can do, is deplore what could be taken as racism. As the Gazette wrote this morning, it is permissible to oppose Zionism, but there is a very delicate line there between anti-Zionism, and we all know it, and anti-Semitism. I cannot say, not having read it, I admit, but I have seen quotes from it – I will read it – and not having read it, I cannot say if it goes into outright racism but if it does, to me racism is refusal of someone because he is what he is, refusal of a Jew because he is a Jew, refusal of a French person because that person happens to be French, that is racism. That, I would not admit and no Government that I will be part of, would admit.

M. MORIN: M. Vermette.

M. VERMETTE: Just one small step a little further, Mr. Lévesque. My question would be a humble suggestion more than anything else. Would it not be more preferable if Québec cabinet ministers perhaps refrained from lending credence to a magazine which

states that « Zionism is the cancer of the worl? « ?

M. LEVESQUE: It might be envisaged but I still maintain that the personal adherence to subscription of Ministers of the cabinet will not be exposed to any kind of directive. I am not for top control in any way.

M. MORIN: M. Saint-Laurent.

M. SAINT-LAURENT: I have another question. You criticize the MacLean’s article, Mr. Lévesque, for the headline »New Order. » Mr. Chaput’s headline in Ici Québec read and I quote: »Un ministre qui entend faire ses se pt volontés », meaning he is going to have virtually a free hand in the cultural domaine. Do you think that that headline misinterprets the government’s intentions?

M. LEVESQUE: It certainly does for a very simple reason. There is a permanent committee of Ministers that have to do, in many ways, with cultural things,, and they are all co-responsible when they have to co-ordinate, but they are all responsible also of their various departments. For instance, in the strict sense of the word , Cultural Affairs is a department of the government under, quite recently, Mr Denis Vaugeois, the Member for Three Rivers . Fé is responsible for his department, nobody else is.

M. MORIN: M. Saint-Laurent.

M. SAINT-LAURENT: I have two brief questions: one of them is,again referring to the regardinv
Ici Québec article, /the statements you made earlier about giving francophone production

agencies the right or the mechanisms to gain their right for place on the market. I understand that but in the Ici Québec article, I got the impression,although it was not quite clear, that Dr. Laurin was also implying that there would be some form of indirect regulation over English media in the province, because direct regulation, of course, falls under jurisdiction of the CRTC. I was wondering, in fact, if the government is considering that.

M. LEVESQUE: No. The only thit.g which is an old standby of the party which has worked for ten years and will keep on working until the Québec people decide for selfgovernment, for political sovereignty, is part of our platform and it is public that, when

and if the jurisdiction is normal for Québec about communications, about outlets and things wha
like that, with growingly innumerable number of channels coming in from outside, there should

be a better and less dirtorted apportionment. There should be a number of channels coming in from outside.
30
M. MORIN: M. Vermette.
M. VEP14ETTE: Just one small step a little further, Mr. Lévesque. My question would be a humble suggestion more than anything else. Would it not be more preferable
if Québec cabinet ministers perhaps refrained from lending credence states that « Zionism is the cancer of the world « ?
M. LEVESQUE: It might be envisaged but I still maintain that the personal adherence to subscription of Ministers of the cabinet will not be exposed to any kind of directive. I am not for top control in any way.
M. MORI14: M. Saint-Laurent.
M. SAINT-LAURENT: I have another question. You criticize the MacLean’s article, Mr. Lévesque, for the headline »New Order. » Mr. Chaput’s headline in Ici Québec read and I quote: »Un ministre qui entend faire sessept Polontés », meaning he is going to have virtually a free hand in the cultural domaine. Do you think that that headline misinterprets the government’s intentions?
M. LEVESQUE: It certainly does for a very simple reason. There is a permanent committee of Ministers that have to do, in many ways, with cultural things, and they are all co-responsible when they have to co-ordinate, but they are all responsible also of their various departments. For instance, in the strict sense of the word , Cultural
Member for Three Rivers . It is responsible for his department, nobody else is. M. 140RIN: M. Saint-Laurent.
M. SAINT-LAURENT: I have two brief questions: one of them is, again referring to the regardird
Ici Québec article, /the statements you made earlier about giving francophone production
to a magazine which
Affairs is a department of the government under, quite recently,
Mr Denis Vaugeois, the
agencies the right or stand that but in the clear. that Dr. Laurin over English media in diction of the CRTC.
the
Ici
was the
mechanisms to gain their right for place on the market. I underQuébec article, I got the impression.although it was not quite also implying that there would be some form of indirect regulation province, because direct regulation, of course, falls under juris
I
M. LEVESQUE: No.
was wondering, in fact, if the government is considering that. The only thing which is an old standby of the party which has
t worked for ten years and will keep on working until the Québec people decide for selfgovernment, for political sovereignty, is part of our platform and it is public that, when

and if the jurisdiction is normal for Québec about communications, about outlets and things wha
like that, with growingly innumerable number of channels coming in from outside, there should
be a better and less dirtorted apportionment. There should be a number of channels coming in
from outside.
There should be a better apportionment, a less distorted apportionment of channels and wave lengths, both TV and radio, because in the metropolitan area of Montreal you have to admit that it is,to say the least, loaded in a sense of English outlets which has very serious economic consequences, not just cultural. That has been part of our program for years, but we are not there.
M. SAINT-LAURENT: What would it mean? Would it mean…
M. LEVESQUE: It would mean a better balance of english outlets, let us say
anglophone outlets, and french outlets, more or less relative to the two population g~’0′ M. SAINT-LAURENT: One final question, Sir. There is a… M. LEVESQUE: I think you would find the same preoccupation if ever that kind of
and after all,her »;it is quite the opposite. There is an excess in number which has,
I think, damaging economic and can have, we think, from our point of view, erosive cultural consequenc_s, between what would be an equitable share when Quebec can decide things like that and if it gets there, an equitable shar »_ and literally a number which is, you know, not related at all to the two populations, there is one hell of a gap.
M. MORIN: Rapidement, parcequ’il y a encore M. Grenier et…
M. LEVESQUE: That again is after a referendum if the Quebec population accepts the option and rejects the statu quo.
M. SAINT-LAURENT: One brief subquestion, Sir. This morning, the lawyers
matter is in the hands of the Quebec Government. I was wondering if you have anything to tell us about that.
M. LEVESQUE: No, I have not checked, except for reading the same or listening to the same news you have, but we are going to, as soon as we can. I hope it does that M. Bédard, who did not get holidays very much for the last fifteen months, practically none, will have to come back in a rush from the few days he has his present vacation, but if need be, well…
M. MORIN. Une dernière question, M. Grenier.
M. VERMETTE: Mr Levesque, does the Government have a fixed policy in hostage-taking incidents, in a case like that?
M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: M. Grenier.
M. GRENIER: Sir, the fact that…
distortion happened in Ontario, BC.
I remember squabbles in BC about one lone
outlet
involved in the mediation at the hostage-taking Incident in Saint-Jerôme
have said that now the
not mean in fact left in
Je m’excuse…
M. GRENIER: Sir, a subject which has not been approached yet, the visit of Mr Jenkins, whom you may or may not have been supposed to meet in Ottawa… Apparently there was some kind of hassle about meeting him in Montreal. I am wondering, first, what are your general feelings on the matter, and secondly, would it not have been fairly easy for you to take the 45 minute plane ride to Ottawa to meet him? Why would you not do that?
M. LEVESQUE: Because Wednesdays and Thursdays are, not just on account of our meetings, but also-on account of the load of work that comes out of the cabinet and the previews we have to make for the next week in Parliament, Wednesdays and Thursdays are the worst possible days for going out. It just happened that the invitation, which came very late and which was exactly the opposite of what we expected, because Mr Jenkins was invited and seemed to be very interested, months ago, if he came to Canada, if and when, to come through Montreal, as
I think he is doing, to other parts of Canada, Halifax, I think I was told about, and Vancouver to end. Montreal still happens to be the « Metropol.. » even though Toronto has done a lot of catching up, and even, in some cases, has gone ahead, but it is still the center of one of the two basic cultural national identities in Canada. We thought it was logical that Mr Jenkins, like his predecessor who did it, seemed to be interested, from the reports I got, that at the end of February, I cannot remember the exact day, we get a sort of dictat from Ottawa saying; Mr Davis and Mr Lévesque, if you want to meet him,come to the Foreign Office, the External Affairs, at such an hour, and that’s it. It just happened that my agenda was overfull already, and Thursdays, again, are days which cannot be used. I think that we could at least have been consulted. I do not see any great international incident in Mr Jenkins, who I think was interested in doing it, spending a few hours in Montreal.
M. GRENIER: Do you see it as an example of what Mr Morin calls sick distrust of the Federal External Affairs people.
M. LEVESQUE; All I can say on Mr Jenkins’s visit, on the Dakar thing which in principle had been accepted, even Presidcnt Sanghor in Dakar had been told that there was no obstacle there for the Quebec delegation, so on Mr Jenkins’s visit, on the Dakar hassle, on the seal hunt business, on a few other things, including the $ 64 million brought up in Ottawa in a certain, let us say, curious way by Mr Ouellet, I have the feeling, I do not know if it is distrust or just looking for a fight or trying to pick fights all over the place, but there is scmething curious in the kingdom of Denmark.
Ja
M MORIN: 11 n’y a pas d’autres questions. Terminé. Merci, M. Lévesque.
M. COWAN: Just very quickly on that last point that you raised about eventually the
so on in Montreal, would you say this is a case of where you would have to say: Look, we are going to have to close down number of I’M channels or TV channels, or whatever, or a case of lust saying: Let it work by attrition, in other words, what is there is there, but we do not add anything new.
M LEVESQUE: We have not figured out any kind of scenario, .t would be kind o presumptuous. The only thing is the basic principle, I think everybody will accept as equitable, is that there should be a better apportionment of channels and outlets; attrition would look to me as the best way of doing it, but there is no scenario there.
It is just a principle for a self-governing entity, which, I think,shculd have enough seirrespect to balance things better.
(r:n a 12 h 57)]

[QLévsq19780309cp]

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