[(Onze heures quarante-deux minutes)]
[M. MORIN (Gilles): M. Lévesque.]
[M. LEVESQUE:] Je suis essentiellement venu vous dire d’abord, parcequ’on se voit si peu souvent, Joyeux Noël et Bonne Année pour l’année qui vient.
Plus sérieusement, si cela vous va, il y aura une autre conférence de presse où on essaiera de faire le bilan, quel qu’il soit, de la session la semaine prochaine. Aujourd’hui, je suis plutôt venu répondre aux questions, si vous en avez, parceque cela fait déjà un bout de temps qu’on ne s’est pas rencontré. Je voudrais commencer par une mise au point à propos des histoires concernant notre collègue, M. Burns, et la réforme électorale. Cela part dans toutes les directions, depuis quelques jours.
La première chose: Le président de la Chambre, M. Richard, ne m’a pas envoyé de démission. Il n’a pas caché non plus – on en a parlé depuis déjà plusieurs semaines – si on peut dire, qu’il ne voulait pas faire carrière à la présidence de l’Assemblée nationale. À ce moment, pendant la conversation que nous avons eue une fois, il a.
mentionné comme un successeur possible M. Burns, M. Richard lui même. J’ai noté la suggestion, à ce moment. Il s’agissait d’une conversation toute simple, où j’avais
noté simplement ce que disait le président de la Chambre sur lui même et sur une
éventuelle succession. Je n’ai pas besoin de vous dire que je regrette vivement – je n’ai pas envie de faire des enquêtes – que ce soit devenu une espèce de rumeur ou de potin insistant. Il n’y a pas la moindre décision qui a été prise de ce côté. Robert Burns, qui est membre de l’équipe parlementaire du parti depuis neuf ans à peu près et qui est membre de l’équipe ministérielle depuis deux ans, a encore du travail important à faire, et on s’en est parlé ces jours derniers, comme ministre d’Etat à la réforme électorale et parlementaire. Robert a piloté la loi no 2 sur le financement des partis, qui était notre premier engagement électoral. Ensuite, longuement, comme vous le savez, la loi no 92 sur les référendums, les consultations populaires. La semaine dernière, on
s’est entendu sur ceci: D’ici le 19 ou le 20 décembre je ne me souviens plus exactement – alors qu’il doit prendre deux ou trois semaines de repos, M. Burns et son équipe vont rencontrer tous ceux qui s’intéressent à la réforme électorale, de façon à organiser le mieux possible l’étape finale, pour qu’à son retour, en janvier, on puisse mettre cela dans la machine, comme on dit, pour la prochaine session.
Maintenant, contrairement à ce que j’ai pu lire, la réforme électorale n’a jamais été bloquée par ses collègues du cabinet, seulement, il y a une chose qu’on semble oublier un peu, c’est que c’est très complexe, c’est très fondamental et cela implique une série de mesures interreliées avec lesquelles on ne peut pas jouer.
Vous avez déjà devant l’Assemblée nationale ce qui s’appelle la loi 123, c’est-à-dire tout simplement un amendement de parcours à la Loi électorale qui va permettre d’établir une liste permanente d’électeurs, qui est un de nos engagements. Une fois que cela sera fait, il va falloir prévoir ce qu’on appelle couramment la loi des registres, c’est-à-dire la liste permanente des électeurs. Il va falloir aussi une réforme assez substantielle de la loi électorale elle même, qui va concerner par exemple la question des cautionnements, du jour du scrutin, des présidents d’élection dont on a parlé depuis quelque temps, etc. C’est en marche mais ce n’était pas complet et ça n’a pas passé à travers toutes les étapes de mise au point de révision qu’il fallait.
Il y a également la loi qui est requise pour ure nouvelle carte électorale. On a examiné, comme vous le savez, les recommandations de changements de la Commission permanente de révision des districts électoraux qui, en même temps qu’il faudra finaliser la carte, sera peut-être appelée a être modifiée, cela reste à étudier.
Reliée à la carte, finalement, il y a la question du mode de scrutin. Comme vous le savez, on a prôné dans notre programme politique comme parti, une réforme du mode de scrutin un peu selon ce qui a été fait en Allemagne de l’Ouest en particulier, c’est-à-dire l’introduction – pas nécessairement comme en Allemagne de l’Ouest, mais enfin sur la même lancée de principe – d’une certaine forme de proportionnel qui compléterait la représentation par comté. Cela reste à discuter, on en a parlé à quelques reprises depuis deux ans, mais nous ne sommes pas allés au fond du sujet. On connaît les avantages mais on a demandé que soit établie une balance des avantages et des inconvénients.
Or, pour tout cela, en janvier ou en février au plus tard, avant la prochaine session, il va falloir qu’on se trace une perspective définitive sur cet ensemble de changements. C’est très complexe, c’est très fondamental aussi, parcequ’après tout, dans une démocratie de représentation, ce sont les instruments clé, ils ont besoin d’être ajustés à l’évolution, aux exigences d’aujourd’hui, mais on n’improvise pas là-dessus comme je l’ai dit en Chambre. Ni de près, ni de loin, le travail déjà pas mal avancé, mais encore préliminaire en grande partie qui a été fait par M. Robert Burns et son equipe, n’a jamais été rejeté. Je ne sais pas où on a pêché cela.
[M. MORIN (Gilles). Alors, messieurs, pour avoir un minimum d’ordre, on va procéder par sujet et j’ai déjà une bonne liste d’épicerie sur le même sujet. Je commence par MM. Saint-Louis et Girard. M. Saint-Louis!
M. SAINT-LOUIS: M. Lévesque, vous avez dit qu’au cours. d’une conversation que vous avez eue avec le président M. Richard il y a quelques semaines, ce dernier vous a mentionné son intention de ne pas passer le reste de ses j,urs à la présidence. I1 aimerait peut]
[M. LEVESQUE (René):] Son désir de ne pas faire carrière, si on veut …
[M. SAINT-LOUIS: Il y a des nouvelles qui ont circulé sur le ministre Burns. Vous avez appelé M. Burns jeudi,en fin d’après-midi.]
[M. LEVESQUE (René):] Je lui ai parlé la semaine dernière, oui…
[M. SAINT-LOUIS: Jeudi après midi…]
[ M. LEVESQUE (René):] Quand j’ai vu que les rumeurs se promenaient beaucoup.
[M. SAINT-LOUIS: Bon, c’est cela. Est ce qu’a ce moment là, il vous a demandé
lui même de clarifier cette situation? Est ce qu’il vous a fait part de son intention
d’être un candidat a la présidence de l’Assemblée nationale, si jamais le poste lui était
offert?]
[M. LEVESQUE (René)] Non, ni dans un cas ni dans l’autre, la réponse est autre chose que négative, c’est-à-dire qu’il ne m’a pas demandé de l’éclaircir, c’est moi qui lui ai dit que s’il n’avait pas d’objection, je l’éclaircirais au plus sacrant, parcequ’il ne sert à rien de laisser courir des rumeurs. Deuxièmement, il ne m’a pas parlé de la présidence de la Chambre. Je lui en ai parlé en disant tout simplement: Écoute, c’est une idée qui est venue de Clément Richard et je pensais que c’était confidentiel. Je l’avais noté et c’est tout, on n’avait pas à s’en parler. Je lui ai dit: De toute façon, quand on aura fini d’essayer au moins d’arrimer notre ensemble de réforme électorale, on pourra peut-être en parler, de son avenir à Robert Burns, mais pas spécifiquement de cela.
[
M. SAINT-LOUIS: Si, pour M. Richard, Robert Burns était un candidat logique,
` est ce que, pour le premier ministre, c’est un candidat logique également, M. Burns?
être faire un
retour en politique active…
I]
[M. LEVESQUE (René).] Pour tout ce qui touche de près ou de loin les remaniements, j’ai déjà dit que, quand ce sera prêt à être annoncé, ce sera annoncé. Il est évident que M. Burns, à cause de sa formation et de son expérience parlementaire, pourrait être un bon candidat à la présidence de la Chambre, mais c’est loin d’avoir été étudié et cela n’a pas été discuté avec lui, sauf au téléphone pour lui dire. On continue jusqu’en janvier et, si on doit parler de l’avenir de Robert, on en parlera ensemble et on se consultera.
[M. SAINT-LOUIS: Donc, si en janvier vous parlez de l’avenir de Robert Burns et de l’avenir de Clément Richard, cela signifie que vous pourriez peut-être nous annoncer un
remaniement à la fin de janvier.]
[M. LEVESQUE (René):] Commençons par passer les fêtes tranquillement et on verra
aprés.
[M. MORIN (Gilles): M. Girard.
M. GIRARD: M. Lévesque, vous avez dit que…]
[M. LÉVESQUE (René):] Non, cela ne va pas plus loin que cela pour l’instant et c’est aussi précisément ce qui s’est passé que le pouvais le dire.
[M. GIRARD: M. Lévesque, vous nous aviez déjà dit que,lorsque vous feriez un remaniement ministériel, si jamais vous en faisiez un, il n’y aurait plus de spéculations qui courraient la rue la-dessus et que…]
[M. LEVESQUE (René):] Vous admettrez une chose; cette fois là, ce n’est pas moi qui l’ai partie. Il y a des gens qui parlent trop, c’est tout; je ne vois pas d’où cela vient. Ils parlent de leurs idées et pas nécessairement des miennes.
[M. GIRARD: Ma question est la suivante: Vous nous confirmez donc maintenant qu’il y aura un remaniement ministériel quelque part en janvier?]
[M. LEVESQUE (René):] Non, j’ai dit que,dans le cas spécifique de M. Burns – pas nécessairement relié à celui de M. Richard – la semaine derniére, on s’étaient entendus pour en reparler; comment il voit les choses et comment il voit la suite, au mois de janvier ou au mois de février, quand on aura mis au point, le mieux possible, l’ensemble des réformes électorales touchant tout le processus d’élection dont j’ai parlé tout à l’heure.
[M. GIRARD Alors, si vous nous dites que cela ne confirme pas qu’il y aura un rema
niement ministériel en janvier, est ce que vous nous dites qu’il n’y en aura pas en 1979?]
[M. LEVESQUE (René):] Je ne dis ni l’un ni l’autre!
[M. MORIN (Gilles): M. Brosseau.
M. BROSSEAU: M. Lévesque, pensez vous que la réforme électorale va s’appliquer pour le référendum ou pour la prochaine élection? Quelle est votre préférence?]
[M. LEVESQUE (René):] Il est évident que, quellez que soient évidemment les décisions qu’on aura à suggérer à l’Assemblée nationale, la carte serait pour les prochaines élections. D’autres amendements à la Loi électorale, par exemple, quand on va parler de la Loi électorale, on va parler aussi de ce problème de la carte qui a été bien souvent évoqué, sur lequel il n’y a pas de décision de prise encore, c’est-à-dire une carte d’électeur. Vous savez, on en a beaucoup parlé ces dernières années. Des choses comme cela peuvent, évidemment, si elles sont en vigueur, affecter le référendum puisqu’il s’agirait de l’identification des électeurs; c’est un exemple parmi d’autres.
[M. BROSSEAU: Mais, votre préférence?]
[M. LEVESQUE (René):] Préférence?
[M. BROSSEAU: Pour le moment de l’application de ces nouvelles dispositions?]
[M. LEVESQUE (M. René):] Pour toutes celles qui seront prêtes, ce serait le plus vite possible, mais il n’y a évidemment pas de péril en la demeure en ce qui concerne et la carte et le mode de scrutin, puisque cela s’appliquerait uniquement, le cas échéant, aux prochaines élections, qui ne seront quand même pas, normalement, avant tard en 1980 ou même en 1981. Mais, pour ce qui est des changements évidents, par exemple, la liste permanente, depuis le temps qu’on en parle, on aimerait bien que cela puisse se faire le plus vite possible pour qu’on s’habitue à cela. Certains changements substantiels à la Loi électorale elle même – avec ou sans la questicn de la carte – cela aussi, le plus vite ce sera fait, mieux c’est et,si cela améliore le processus du vote lui même, cela pourra sûrement servir utilement au moment du référendum, si c’est fait.
[M. MORIN (Gilles): M. Descateaux. Non, est ce qu’il y en a qui veulent poser des questions sur le même sujet?
M. L’ARCHEVEQUE: Oui, sur le même sujet.
M. MORIN (Gilles): Sur le même sujet, M. L’Archevêque.
M. L’ARCHEVEQUE: M. Lévesque, vous niez catégoriquement qu’il
Robert Burns et le Conseil des ministres.]
[M. LEVESQUE:] Oui, je le nie catégoriquement, ce n’est pas vrai.
[M. L’ARCHEVEQUE: Il faudrait peut-être dire à certains de vos ministres de ne pas
répandre la rumeur.]
[M. LEVESQUE:] Je ne suis pas tellement porté a courir les potins à gauche et à droite; s’il y en a qui répandent la rumeur, c’est malheureux parceque c’est faux; honnêtement, c’est vraiment faux. Je me souviens qu’au Conseil des ministres, il y a une semaine ou deux, il a été entendu – devant tout le conseil, il ne s’est pas révélé de grands secrets – que, tenant compte de l’ampleur de la matière, il fallait vraiment attendre la prochaine session pour arranger ce [kit] – comme dirait notre ami Garon – et c’était d’accord non seulement entre Burns et moi, mais le Conseil des ministres également et les équipes qui travaillent la-dessus étaient d’accord pour dire que ce n’était pas mur.
[M. MORIN (Gilles): Sur le même sujet, M. D’Amours.
M. D’AMOURS: M. Lévesque, pour en revenir à M. Burns, est il définitivement écarté de la présidence?]
[M. LEVESQUE:] Tout ce que je peux vous dire, c’est que, la semaine dernière, on n’en a même pas parlé. Robert m’a dit, simplement: S’il y a un poste
où je pourrais être plus utile, qu’on puisse en parler et que cela te paraisse indiqué, d’accord. C’est tout. Il n’a pas été question de l’écarter, ni de le nommer ou d’en discuter en détail. Je ne vais pas commencer à faire cela en fonction de certains potineurs qui lancent des choses.
[M. D’AMOURS: Il n’en demeure pas moins que M. Richard vous a fait une suggestion à savoir que…]
[M. LEVESQUE:] Oui.
[M. D’AMOURS: Le candidat numéro un, à ses yeux, c’est M. Burns.]
[M. LEVESQUE:] Ce n’est pas M. Richard qui va nommer le prochain président de la Chambre; sauf erreur, c’est encore votre serviteur. Quand il a fait sa suggestion, je l’ai notée, c’était une conversation privée etjquant à moi, cela ne devait pas aller plus loin jusqu’à ce qu’éventuellement, si le sujet devenait indiqué, on le discuterait. C’est tout. Je ne sais pas qui a répandu cette histoire, mais cela n’a pas été discuté ni par Burns, ni pas moi, ni par M. Richard de façon précise, aucune décision n’a été prise; ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère, quelle que soit la décision. Jusqu’ici, cela finit là.
[M. MORIN (Gilles): Quelques parenthèses que M. Saint-Louis et M. Girard veulent ajouter.
M. SAINT-LOUIS: M. Lévesque, vous parlez de potins, de rumeurs qu’on a propagées. Est ce que vous avez pris connaissance des déclarations de M. Burns lors d’une entrevue en fin de semaine dernière dans laquelle il disait qu’il serait intéressé à devenir président de l’Assemblée nationale?]
[M. LEVESQUE:] Oui. Je pense qu’il a dit, essentiellement, qu’il n’avait pas l’inten tion de quitter son siège et que, deuxièmement, il serait intéressé à un poste celui là comme un autre – qui lui paraîtrait indiqué dans le meilleur jugement que je puisse exercer et à la condition, évidemment, qu’on s’en parle. Cela me paraît normal. Burns est un gars d’équipe.
[M. SAINT-LOUIS: À ce moment là, pourquoi pariez vous de potins et de rumeurs si luimême se dit intéressé? Il a parlé pendant dix minutes de la présidence de l’Assemblée nationale.]
[M. LEVESQUE:] À supposer que cela l’intéresse – maintenant que c’est sorti – il a le droit de le dire; quant a moi, l’ai aussi le droit d’y penser.
[M. MORIN (Gilles): M. Girard.]
[M. LEVESQUE:] C’est évident, je trouve…
[M. SAINT-LOUIS: Ce ne sent ras des potins et des rumeurs, si M. Burns est interessé…]
[M. LEVESQUE:] Je trouve un peu indécent, quelle que soit la source – c’est une chose qui n’est sûrement pas sortie de chez moi et qui était purement et simplement une conversation avec le président de la Chambre et qui n’allait pas plus loin à ce moment là; on a une session à finir, on en a une autre à préparer – que ce soit devenu cette espèce de commérage persistant. Tout ce que je peux vous dire, maintenant qu’on en parle sans arrêt, c’est que Robert m’a dit – et je pense qu’il l’a dit dans une entrevue – que si jamais cela arrivait, j’ai cru comprendre qu’il accepterait C’est à peu près cela qu’il a confirmé lors de son entrevue, mais jusqu’ici, cela n’a pas été discuté et je n’ai pas encore examiné les tenants et les aboutissants parceque cela implique autre chose.
Comme je vous l’ai dit, si, pendant les Fêtes ou pendant la pose relative de janvier, il y avait moyen d’y voir clair sur les changements, s’il doit y avoir des changements, on verra, mais pour l’instant, rien de tout cela n’est décidé.
[M. SAINT-LOUIS: Rapidement, une très courte et dernière question. M. Richard m’a dit, hier, qu’il serait la le 6 mars comme président de l’Assemblée nationale. Est ce que c’est décidé? Avez vous décidé de cela ensemble?]
[M. LEVESQUE:] Non plus.
[M. MORIN (Gilles): Normand Girard.
M. GIRARD: M. Lévesque… M. le premier ministre… ]
[ LEVESQUE:] Oui.
[M. GIRARD: Une question d’appréciation. Pensez vous qu’on va finir par réussir à diviser notre cabinet uni?]
[M. LEVESQUE:] En tout cas, ce ne sont pas les efforts qui manquent.
[M. MORIN (Gilles): M. Laccmbe, sur le même sujet.
M. LACOMBE: Il n’y a pas d’autres sujets?
UNE VOIX: Sur le même sujet, mais un autre volet.]
[M. LEVESQUE:] Non, j’ai seulement dit que ie voulais commencer par une mise au point. J’ai fait de mon mieux, mais… D’accord, à vos ordres.
[M. LACOMBE (Michel): Sur la réforme électorale, M. Lévesque, est ce que vous vous engagez à ce que la réforme électorale soit entamée avant l’été, c’est-à-dire les projets de loi déposés et adoptés avant l’été?]
[M. LEVESQUE (René):] Oui, au moins ceux que j’ai indiqués tout a l’heure, là, a moins de circonstances absolument imprévisibles, la Loi des registres, c’est-à-dire celle qui devrait permettre la liste permanente, la Loi du registre, je pense, et des réformes substantielles, des changements substantiels qu’on espère bien être réformistes loi électorale: oui. La carte, le mode de scrutin si ce n’est pas mûr, cela ne le sera pas mal,on va essayer arrimer cela le mieux possible. Mais sûrement des éléments importants seront déposés et, on l’espère, votés, avant l’été.
[M. LACOMBE (Michel): Est ce qu’on va prendre pour acquis, de la même façon que les côtés délicats de l’affaire – pour ne pas être en reste avec mes collègues – les côtés qui divisent un peu votre cabinet, le mode de scrutin, la proportionnelle et le découpage de la carte électorale, cela, on peut prendre pour acquis que cela ne sera pas adopté avant l’été?]
[M. LEVESQUE (René): Non, on ne peut pas le prendre pour acquis. Si c’est possible de tout brancher et de le présenter en Chambre, on va le faire, on n’a pas de raison de traîner, mais on sait que l’urgence apparaît plus grande parcequ’il y a des éléments qui peuvent être utiles, si cela améliore le vote ou le processus de scrutin, qui pourraient être utiles en vue du référendum. La carte, je le répète pour la troisième fois,et le mode de scrutin, cela ne s’appliquerait qu’au moment des prochaines élections; il n’y a pas le même genre d’urgence. Mais si on peut présenter le [« kit »] complet, on le fera.
[M. MORIN (Gilles): Alors, M. Leblanc et M. Picard, est ce que c’est sur le même sujet ou si ce sont des questions principales? Alors, je reconnais d’abord M. Descoteaux ensuite M. Leblanc et M. Picard.]
[M. LEVESQUE (René):] Vous prenez le jargon de la Chambre, maintenant?
[M. DESCOTEAUX: M. Lévesque, M. Burns, au Conseil des ministres, la semaine passée, vous dites qu’il n’a pas été bloqué…]
[M. LEVESQUE (René):] La semaine dernière ou il y a deux semaines. Je pense que c’est la semaine dernière.
[M. DESCOTEAUX: En fait, la semaine dernière, je crois. Mais j’aimerais savoir si M. Burns est arrivé avec des projets concrets ou est ce qu’il n’était tout simplement pas prêt?]
[M. LEVESQUE (René):] Non, il avait… Ah, écoutez, je ne sais pas, troisième, quatrième mémoire qui essayait de réconcilier encore une fois certaines divergences d’opinion dans les comités qui ont travaillé. Comme je l’ai dit tout à l’heure, le travail est sérieusement avancé, mais il y a encore des fils qui pendent, importants, et la perspective d’ensemble sur ce que j’ai expliqué tout à l’heure, registres, loi électorale elle même, carte, mode de scrutin, n’est pas encore finalisée. Parfaitement d’accord avec ses collègues et avec celui qui vous parle, M. Burns était – moi, il me semble en tout cas – sans réticences pour la proposition qui était que cela travaille au maximum dans les équipes concernées jusqu’au moment des fêtes, lui même devant partir, je pense, autour du 19 pour 3 semaines de repos, de façon à ce que le travail puisse être le mieux finalisé possible pour quelque part à la mi-janvier, où on reprendrait cela et puis la, en vue de la prochaine session, on essaierait de mettre cela en marche définitivement.
Je ne comprends honnêtement pas et je ne vois pas d’où peut venir cette histoire de division, de scission là-dessus.
[M. MORIN (Gilles): M. Desc6teaux.
M. DESCOTEAUX: M. Levesque, aujourd’hui, dans Le Devoir, il y a un article qui fait le aspects du point sur un des/dossier d’Asbestos, à savoir la hausse du prix des actions depuis que le gouvernement a annoncé son intention de se porter acquéreur de l’entreprise, et on démontre, en quelque sorte, que l’augmentation du prix des actions est due, en grande partie, à la volonté de la compagnie, par intérêt de voir le prix monter, pour qu’au moment où on achètera,
tion d’accepter cet état de fait et de payer en fonction de la hausse qui s’est faite assez phénoménale. Le prix des actions a, en quelque sorte…]
[M. LEVESQUE:] Non, il ne peut pas être question de payer en fonction de la hausse. Il
va être question éventuellement de payer en fonction d’évaluations qui ont été faites en dehors des jeux boursiers. Il est évident qu’il pouvait y avoir une sous-évaluation, cela fait souvent l’affaire des grandes entreprises, sur le marché. Delà à aller jusqu’à des chiffres délirants comme ceux que j’ai vu évoqués là, il y a eu par exemple, un moment donné, une rumeur dans Business Week, je pense, aux Etats-Unis, qui montait cela a des chiffres astronomiques. C’était une pure rumeur et cela s’est mis à circuler.
Actuellement, ce que nous avons, ce sont deux évaluations contradictoires, substantiellement contradictoires à cause de deux ou trois facteurs. Je n’entrerai pas la-dedans. À un moment donné, tout cela va être public, soit parcequ’il y aurait une décision d’acquisition qui voudrait dire que General Dynamics accepterait de vendre, soit parcequ’il y aurait expropriation. À ce moment, il faudra bien, de toute façon, que le prix soit sur la table. Mais les deux évaluations sont vraiment très loin l’une de l’autre. Elles ont été faites par deux maisons fiables qui, toutes les deux, d’ailleurs, sont américaines, exactement
avec des additions d’experts en fiscalité, etc., de façon à voir/où cela menait, tout cela.
Le temps que cela a pris – il fallait le faire convenablement parceque c’est quand même une grosse opération; cela prend des mois ces trucs là – cela n’a pas empêché les fluctuations sur la bourse; on n’y peut rien.
[M. DESCOTEAUX: Etant donne ]
[M. LEVESQUE (René):] Mais,comme il y a cette marge, il va falloir clairement, qu’on mette les cartes sur la table, c’est sûr. Parizeau, je pense, s’est engagé à commencer à éclairer le tableau solidement cette semaine, sauf erreur. Alors, c’est comme cela que le portrait se présente et je n’ai pas eu le compte rendu des dernières rencontres; il y avait des rencontres, je pense, avec des représentants importants de General Dynamics ces jours derniers et je n’ai pas eu le dernier rapport et ce que vous dites
ce matin, je ne l’ai pas vu non plus. Mais la situation se présente comme cela. Longuement, laborieusement, de part et d’autre, il y a eu des évaluations. Les évaluations se contredisent d’une façon qui est, en tout cas, qui était jusqu’à ces jours derniers – je n’ai pas eu les derniers rapports – irréconciliables. Si cela demeure irréconciliable, il faudra passer à l’expropriation.
[M. DESCOTEAUX: Justement, sur cet apect la, est ce que le dossier ne risque pas de traîne_ parcequ’actuellement, dans l’état actuel de la session,c’est impossible de faire adopter un projet de loi pour exproprier la compagnie…]
[M. LEVESQUE (René):] Oui, cela paraît peu probable qu’on le puisse; cela ne veut pas cire qu’il ne pourra pas être déposé, en tout cas, comme expression de volonté. Il faudra attendre un peu plus si on doit passer par là, c’est sûr.
[M. DESCOTEAUX: Cela veut dire que tout cela est reporté, donc, au début du mois de mars et…]
[M. LEVESQUE (René):] Si c’est absolument nécessaire, ce sera comme cela, c’est tout.
[M. DESCOTEAUX: Il n’est pas question d’avoir une session spéciale avant pour…]
[M. LEVESQUE (René):] Il n’en a pas été question jusqu’ici. Mais moi, je ne vois pas
quand même que, l’urgence absolue, pourvu que la volonté reste claire et que ce qu’on a prévu dans une politique de l’amiante, éventuellement, et sur quoi M. Bérubé et son équipe ont travaillé d’arrache-pied depuis un an, un an et demi, nous semble absolument, sur le fond, indiscutable. Alors, la volonté est là, il faut qu’on devienne partie prenante comme propriétaire dans l’industrie de l’amiante, contrairement à des rumeurs à la remise qui ont été gonflées démesurément. D’après ce qu’on sait des plus récentes nouvelles, c’est que ni aux EtatsUnis, ni dans la communauté européenne, l’avenir de l’amiante n’est menacé; les excès ou les abus de l’amiante devraient être réprimés, cela, tout le monde est d’accord la-dessus, mais, à cause des centaines et des centaines de produits dans lesquels entre l’amiante, la perspective d’avenir pour l’amiante nous semble solide, prometteuse et il n’y a pas de
[M. MORIN. Autres questions sur l’amiante? M. Girard, Mme Gagnon et M. Mackey.
M. GIRARD: M. Lévesque, quand est ce que M. Parizeau doit faire le point sur l’état…]
[M. LEVESQUE:] Je voulais lui demander ce matin s’il avait décidé quel jour lui paraissaît préférable et j’ai oublié de lui en parler. Mais il me semble, normalement – on en a parlé la semaine dernière – que cela devait venir et cela doit venir cette semaine, mais je ne suis pas sûr.
M. MORIN: Mme Gagnon.
MME GAGNON: M. Lévesque, est ce que vous pourriez expliciter davantage, quand vous dites que, contrairement à des remarques qui ont circulé partout, l’avenir de l’amiante est assuré et que les lobbies contre son utilisation ne seraient pas aussi forts qu’on le croyait? Est ce que vous pourriez expliciter davantage…]
[M. LEVESQUE:] Je vous donne un exemple: J’ai su, la semaine dernière, que notre collègue, M. Bérubé, qui est allé en Europe, comme vous le savez, entre autres choses pour recevoir un prix pour ses recherches antérieures, mais également pour vérifier ce climat là, parceque c’est lui qui a piloté tout le dossier de l’amiante. Bien, j’ai su à son retour, de lui directement, que, contrairement à toute une série de propos qui valaient quasiment la mise au ban de l’amiante… C’est dans l’imagination des gens. Il semble que les décisions du côté de la Communauté économique européenne et des pays concernés le plus directement soient d’être très sévères sur certains emplois abusifs comme ceux qui s’écaillent au qui peuvent éventuellement rentrer dans l’air parceque cela n’a pas été fait avec les soins nécessaires. Également, pour le travail de l’amiante, on s’en va vers quelque chose qui ressemblerait beaucoup à ce qui se généralise en Amérique du Ncrd, c’est-à-dire les deux fibres par – je ne sais pas quoi etc. Évidermment, tout le monde vise zéro éventuellement, mais progressivement, on veut resserrer les contrôles 1à-bas comme en l’a fait en Amérique du Nord. Je pense qu’a ce point de vue, l’Europe s’est rendue compte qu’elle était en retard. Cela est une chose, mais cela va vouloir dire un resserrement des contrôles et la mise au ban de certains emplois vraiment abusifs, dangereux de l’amiante, mais pas du tout des emplois fondamentaux qui vont demeurer.
M. MORIN (Gilles): M. Mackey.
M. MACKEY: M. Lévesque, j’aimerais en savoir un peu plus sur l’irréconciliabilité des évaluations. Est ce que vous êtes en mesure de nous dire si le reportage qui avait paru
dans le Northern Miner au mois d’aoUt sur les évaluations de $ 68 l’action de la part de Kidder, Peabody et de $ 108 de la part de Lazare Frères…]
[ M. LEVESQUE:] Non. Toute la négociation, c’est-à-dire la prénégociation,
discussions actuelles, etc., ont été menées par le ministre des Finances qui doit
le point la-dessus d’ici quelques jours. Je n’ai même pas les derniers chiffres et je n’ai pas non plus le compte rendu – je voulais le lui demander ce matin – des dernières réunions. Entre nous, il va le donner incessamment.
[M. MACKEY: Mais en général, sauf que M. Parizeau ne semble pas savoir encore
â quel moment il va faire sa déclaration. Du moins…]
[M. LEVESQUE:] Moi non plus. Je ne lui en ai pas parlé.
[M. MACKEY: Mais est ce que, généralement, vous pouvez nous donner un peu, en gros, en quoi consistent les points de divergence dans,..]
[M. LEVESQUE:] Évidemment, ce sont des points de divergence sur le prix et ils
sont essentiellement reliés à deux ou trois facteurs. Comme c’est hautement technique, autrement dit des façons différentes d’évaluer deux ou trois, pas plus, mais ce sont de gros facteurs, je pense – laissons donc… Franchement, il n’y a pas de cachette là-dedans. Tout va être mis sur la table d’ici quelques jours, mais comme le dossier complet est au ministère des Finances, je n’ai pas eu de chance de faire le point avec Parizeau ce matin ou hier. On en a parlé la dernière fois la semaine dernière au moment où des rencontres devaient avoir lieu. Donnez nous une chance. Je ne crois pas que ce soit nécessaire que j’improvise autour et alentour. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a un écart – c’est clair – massif, qui n’avait pas été réconcilié jusqu’ici. S’il ne l’est pas éventuellement, comme notre volonté demeure très précise au point de vue de cette politique de l’amiante – dans l’intérêt du Québec, cela nous paraît évident il faudra passer à l’expropriation s’il n’y a pas d’entente.
[M. MORIN (Gilles): Un autre sujet. M. Jean-Claude Picard.
M. PICARD: M. Lévesque, les Cossette-Trudel rentrent demain, je pense, de Paris.]
[M. LEVESQUE:] Oui.
[M. PICARD: Ils seront traduits dés le surlendemain devant les tribunaux, semble t il. Je voudrais savoir si vous pouvez nous dire dés à présent si le ministère public va s’opposer à une demande de remise en liberté sous cautionnement jusqu’à leur procès qui devrait normalement avoir lieu, je présume, au début de l’année prochaine.]
[M. LEVESQUE:] Je ne le sais pas. Cela dépendra probablement du climat dans lequel tout cela va se dérouler. La seule chose qu’on sait, c’est qu’ils rentrent. Conformément à une procédure que le ministre de la Justice a expliquée, quelqu’un, la famille, je ne sais pas, va payer pour le retour des enfants, mais c’est la Sûreté qui va assurer le retour de M. et Mme Cossette-Trudel qui vont le plus vite possible aller devant les tribunaux et la.justice, normalement, devrait suivre son cours. Bon!
[M. PICARD: Vous ne savez pas…]
[M. LEVESQUE:] Non, je ne sais pas.
[M. PICARD: … si le ministere va s’opposer à la remise en liberté sous cautionnement.]
[M. LEVESQUE:] Non. Eh bien, cela va dépendre un peu, je pense bien, du climat. Normalement, dans un cas aussi flagrant que celui la, il ne serait pas tout à fait normal
si vous pensez aux procédures. Justement, quand je dis que la justice doit suivre son cours ,normal, il ne me paraîtrait pas tout à fait normal qu’il y ait une remise en liberté comme si c’était une affaire de rien. Ce n’est pas une affaire de rien. C’est une affaire importante. Je ne verrais pas facilement qu’il y ait des procédures exceptionnelles dans un tel cas; cela devrait normalement suivre son cours.
[M MORIN (Gilles): Sur le même sujet, M. Leblanc.]
[ M. LEVESQUE (René):] Maintenant, je n’ai pas…
[M. LEBLANC: Ma question…]
[M. LEVESQUE (René):] .., évalué le climat dans lequel cela va se présenter. C’est le ministère de la Justice et ses procureurs qui évalueront ce facteur comme les autres. Ce qui est important, c’est qu’une fois rentrés, il n’y ait pas de traînerie, et que cela aille devant le tribunal.
[M. LEBLANC: Il ne faut pas oublier la question principale, c’était sur le meme sujet. Je veux vous demander, M. Lévesque, ?’élaborer un peu sur la même question et aussi si ce retour d’acteurs importants, très importants, de la crise d’octobre, embarrasse votre gouvernement?]
[M. LEVESQUE (René):] Non, je trouve qu’ayant subi huit ans d’expatriation, quelque chose comme cela, cela me paraît non seulement normal mais, dans un sens, soulageant que la chose puisse être vidée et que c’est [motu proprio] qu’ils décident de revenir et de faire face à des accusations qui sont pendantes depuis huit ans. Après tout, il y a eu un enlèvement, il y a eu tout ce qui a accompagné cet enlèvement et si ce dossier peut se liquider et, éventuellement, qu’ils puissent reprendre leur vie de citoyens – une fois que les tribunaux auront prononcé leur sentence – pourquoi pas? Je ne trouve pas..celà du tout embarrassant. Je trouve cela normal.
[M. LEBLANC: Une autre sous-question, si vous me permettez, la dernière. Vous, et les autres dirigeants de votre parti, avez été parmi ceux qui ont dit le plus souvent et avec le plus d’insistance que la population du Québec, la population canadienne devrait savoir, connal.tre les dessous de la crise d’octobre, impliquant qu’on ne les connaissait pas et qu’il faudrait les connaître. Maintenant, vous êtes le gouvernement, est ce …]
[M. LEVESQUE (René):] J’ai souvent…
[M. LEBLANC: … qu’il y a des possibilités qu’avec cet incident du retour des Cossette-Trudel, on en connaisse un peu plus?]
[M. LEVESQUE (René):] Cela va sûrement… Devant le tribunal, il y a sûrement des choses, inévitablement, qui vont sortir. Je ne les connais pas d’avance, mais, enfin, c’est déjà, à toutes fins utiles, [sub judice]. Cela va nécessairement accélérer aussi, je pense bien, la publication, dans l’état où cela se trouve, du dossier qui a été constitué et – comme l’a dit Marc-André Bédard – qui est loin d’être complet, comme on le voudrait.
Quand on insistait beaucoup – je me souviens, entre autres, d’un homme dont on parle
un peu ces jours ci et que j’ai cité souvent, qui était à ce moment là ministre de la Justice, il s’appelait John Turner, et qui, en plein Parlement fédéral, en pleine crise d’octobre, si vous voulez, au milieu des retombées, avait dit, solennellement: Un jour, le peuple saura en détail ce qui s’est passé. Ils n’ont jamais été pressés, à l’autre bout; nous avons reconstitué ce que nous pouvions aussi. Il est évident qu’il y a une sorte de déclic, dans le retour de M. et Mme Cossette-Trudel, qui va probablement accélérer
la publication de ce qui est disponible.
[M. HOULE: Justement, la publication de ce qui est disponible, l’avenir de la commission Keable…]
[M. LEVESQUE:] Je dois vous dire que je n’ai pas lu le dossier, je n’ai pas demandé à le voir. J’attends que le ministre de la Justice, maintenant, il va peut-être falloir accélérer les choses, même si on n’est pas, c’est évident, satisfait…
[M. HOULE: Est-ce que Me Duchesne poursuit toujours son mandat, je suppose, et la commission Keable aussi? Je suppose qu’elle est en train, actuellement, de revoir son mandat. Est ce que vous pouvez faire le point où en sont rendus ces travaux…]
[M. LEVESQUE:] Non…
[M. HOULE: … et à quel point les démarches sont entreprises, par exemple, auprès du fédéral pour obtenir de plus amples informations qui manquent dans ce dossier?]
[M. LEVESQUE:] Les démarches qui ont été faites ont été expliquées par le ministre de la Justice en Chambre. Je n’en sais pas davantage parceque j’ai soigneusement pris comme principe que, lorsque j’ai des questions à poser au ministre de la Justice, on s’en parle très spécifiquement, mais je ne cours pas après des dossiers qui ne sont pas miens. Je n’ai pas de raison de faire le voyeur sur les dossiers.
[M. HOULE: Vous n’aimez pas tellement les commérages, mais il a circulé tout de même ,beaucoup d’informations sur certaines rumeurs, sur ce qui s’est passé ou ce qui a pu se passer durant les événements d’octobre…]
[M. LEVESQUE:] Oui.
[M. HOULE: … selon vous, quelles sont les questions qui se posent à l’égard des événements d’octobre et qui n’ont pas encore eu de réponse mais qui vous apparaissent importantes?]
[M. LEVESQUE:] J’ai toujours dit une chose: Au-delà des événements eux mêmes, c’est-à-dire des événements au sens des actes qui ont été commis par le groupes du FLQ, c’est-à-dire l’enlèvement de M. Laporte et ce qui a suivi et l’enlèvement de M. Cross, qui va probablement avoir son dénouement ces jours prochains, ou ces semaines qui viennent, au-delà de ces événements précis, il y avait une opération politique dont les tenants et les aboutissants n’ont jamais été expliqués, c’est-à-dire que, très clairement, le gouvernement fédéral du temps – c’est encore le même, pour l’essentiel – a sauté sur l’occasion pour faire une opération politique de matraquage, littéralement, de l’opinion publique au Québec.
Je me souviens, par exemple, d’un aveu extraordinairement honorable, de M. Stanfield, un an ou deux après, dans une revue qui n’a évidemment pas eu beaucoup d’écho mais qui était comme une sorte de confession. M. Stanfield disait – un exemple très simple: S’il n’y avait pas eu des élections au Nouveau-Brunswick qui impliquaient notre collègue conservateur, M. Hatfield, des élections qui étaient éminentes – je ne cite pas au texte, mais je me souviens très clairement de cette phrase – et si je ne m’étais pas senti emporté par cette espèce de terrorisation littérale de l’opinion publique, je n’aurais pas voté la Loi des mesures de guerre; et, si c’était à refaire, je ne le referais pas. C’était la conscience d’un homme que je respecte beaucoup qui s’exprimait. Toute
[M. MORIN (Gilles): Sur un autre suje-~, M. Beilemare.
M. BELLEMARE: M. Lévesque, il est grandement question ces jours ci que M. Zot+l Saindon quitte son siège d’Argenteuil demain :.u après-demain…]
[M. LEVESQUE:] Est ce qu’on peut lui donner le temps de se décider? Il y a une sorte de valse hésitation qui me rappelle une autre valse hésitation il n’y a pas tellement longtemps.
[M. BELLEMARE: Mais ce serait presque décidé, maintenant…]
[M. LEVESQUE:] On me dit que cela pourrait arriver cet après-midi, mais, laissons M. Saindon se brancher.
M. BELLEMARE: Avec l’hypothèse que cela arrive cet après-midi. ou demain, ce serait, dit on,un comté idéal pour M. Ryan…]
[M. LEVESQUE:] Les gens de notre parti – j’ai vu cela – l’attendent avec cordialité aussi; alors, on verra, éventuellement, mais la date restera à être fixée si cela se produit. On est dans le si.
[M. BELLEMARE Est ce que vous serez disposé à être aussi pressé que…]
[M. LEVESQUE:] Il n’y a pas nécessairement la même urgence, parceque , si on voulait faire des élections avant le pont de l’été et assez tard l’automne, il fallait les faire au tout début de l’été dans le cas de Notre-Dame-de-Grâce. Dans ce cas ci, on peut quand même y aller un peu plus à tête reposée, ce qui ne veut pas dire d’éterniser les délais.
[M. MORIN (Gilles): Sur le même sujet, M. Normand Girard et peut-être d’autres.
M. BELLEMARE: Cela mènerait à quel mois, à quelle année…]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, attendons que M. Saindon se décide, attendons pour voir si
M. Garneau prend la direction qui est déjà évoquée. Je pense que, pour cela aussi, le temps des fêtes devrait donner la chance de voir s’il s’est produit quelque chose et ensuite, comment on doit aviser, le mieux passible.
[M. GIRARD: Je n’ai plus de question.
M. LEBLANC: Sur le même sujet…]
[M. LEVESQUE:] Même réponse.
[M. LEBLANC. Peut-être une question différente: Est ce que,pour vous, c’est – bien
cette opération quasiment de dé:tabilisaticn psychologique du Québec événements très circonscrits, cela n’a jamais été expliqué.
Comment cela a été conçu, comment cela a été fricoté, à quel
point cela a été poussé
rape
enfin,
sûr,on déterminera les dates quand il y aura des vacances – exclu qu’on ait des élections durant l’hiver?
[M. LEVESQUE:] Ce n’est pas l’idéal.
[M. LEBLANC: C’est tout.]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, d’une part, on ne fera pas exprès pour éterniser les choses comme cela s’est déjà fait, entre autres, au fédéral, pendant un an et demi ou deux ans, cela n’a pas de sens, et d’autre part, on n’est pas nécessairement obligés d’aller aussi vite qu’au moment où il y avait la période d’été qui arrivait.
[M. MORIN (Gilles): M. flamber.
M. BANDER: M. le premier ministre, en avril dernier.vous rencontriez le premier ministre de Terre-Neuve pour parler de la mise en valeur de certaines rivieres de la Basse-Côte-Nord et, à ce moment là, si je me souviens bien, M. Moores devait consulter eon cabinet et recommuniquer avec vous. Depuis ce temps là, on n’en a pas entendu parler. Qu’est ce qui se passe dans ce dossier là?]
[M. LEVESQUE:] On en a eu un peu des échos à Ottawa au cours du forum économique qu’on a eu. C’était déjà invoqué, il y a une espèce de corporation conjointe fédérale-provinciale, Ottawa-Terre-Neuve,qui a été formée et dont la formation a été annoncée ces jours derniers ou enfin il y a quelques semaines. Donc, ils ont un instrument juridique de départ pour ce qu’on appelle Lower Churchill Falls, c’est-à-dire les Chutes Churchill inférieures, ce qu’on appelle aussi Gull Island, qui est un gros projet éventuel.
Il y a également l’ensemble du potentiel que Terre-Neuve veut légitimement voir développer entre autres Lower Churchill. Il y a évidemment la question des rivières de la Côte-Nord qui intervient dans cet ensemble énergétique et il y a également encore quelques milliers de mégawatts qui sont disponibles, non développés, dans le reste du Labrador.
La question qui se pose à Terre-Neuve comme elle s’est déjà posée au moment où les premières chutes Churchill ont été développées – c’est d’évacuer le courant. Il est évident qu’on a essayé – vous vous souvenez peut-être du temps de M. Smallwood, alors qu’on appelait cela [« the Anglo-Saxon bute »] – l’idée de voir s’il n’y avait pas moyen de faire passer, par câbles sous-marins ou par tranchées sous-marines, du courant vers Terre-Neuve et ensuite de l’acheminer vers les Maritimes; autrement dit, une espèce d’immense odyssée sous-marine du courant. Il semble que, techniquement, ce ne soit
pas réalisable; il y a déjà plusieurs millions qui ont été dépensés dans une tranchée qui a été commencée au détroit de Belle-Isle, mais on est loin d’avoir vu tous les problèmes que cela pose. Il semble bien qu’on se dirige de moins en moins de ce côté; ce qui confirme ce qu’on pensait déjà dans les années soixante, au temps où M. Smallwood en parlait; la technique existera peut-être un jour, mais elle n’existe pas actuellement. De toute façon, il s’agit de blocs de courant qui dépasseraient de loin, c’est sûr, les besoins directs de Terre-Neuve et, une fois sur TerreNeuve, c’est sur une île, alors…
Donc, c’est par le Québec que le courant devrait être évacué. L’Hydro-Québec a toujours dit – et le gouvernement l’endosse là-dessus – qu’on pouvait être acheteur de ce courant; pas question de le faire passer en transit comme s’il y avait une espèce de corridor exproprie chez nous, cela dépend du Québec, la juridiction, la compétence totale appartient au Québec. Donc, – mais très équitablement – en tenant compte des circonstances d’aujourd’hui,qui ne sont plus les mêmes que celles du premier contrat de Churchill, qui est devant les tribunaux, mais que, nous, nous avons signé de bonne foi que Terre-Neuve le considère comme un cobtrat contestable, c’est son droit, mais un contrat, c’est un contrat. Nous sommes maintenant en 1978, cela peut vouloir dire dire dans les années quatre-vingts, si jamais le courant est développé et veut sortir, à ce moment, l’Hydro-Québec serait acheteuse, à un prix équitable et serait, au besoin, revendeuse, parcequ’acheteuse pour nos besoins, on va toujours avoir besoin d’énergie additionnelle et s’il y a des surplus, on serait revendeur à l’autre bout, soit vers les Maritimes, qui en ont besoin, vers les Etats américains ou l’Ontario, peu importe, ceux qui s’offriront. Dieu sait que c’est une denrée assez rare et que ce ne sont pas les acheteurs qui manqueraient, mais le premier acheteur serait normalement l’Hydro-Québec, en fonction des besoins prévisibles.
[M. MORIN (Gilles): Je vous demanderais d’accélérer un peu,parce que…]
[M. LEVESQUE:] Comme vous le dites, il n’y a pas eu d’autres nouvelles précises de M. Moores depuis le printemps, parceque cela créait certaines tensions, je pense, dans
son gouvernement et on s’est dit: Si,un jour, cela se calme assez pour qu’on puisse s’en
reparler; la perspective avait l’air de le séduire, mais je ne sais pas où il en est avec ses consultations internes.
[M. MORIN (Gilles): Je vous demanderais d’accélérer, dans vos questions, parcequ’il y en a encore plusieurs en français et il y a évidemment la période en anglais. Sous-question, M. Mackey.
M. MACKEY: Une question très courte. Le comité qui avait été créé à l’été 1977, pour discuter de la question entre Terre-Neuve et Québec est il mort et enterré maintenant ou est ce qu’il est gelé temporairement?]
[M. LEVESQUE:] Non, mais disons qu’il est quelque peu dormant, jusqu’à nouvel ordre.
[M. MACKEY: Depuis le 10 mars?]
[M. LEVESQUE:] Il y a eu des rencontres, si j’ai bonne mémoire, avant l’été, qui impliquaient, entre autres, les Ministres de l’énergie M. Joron,et M. Peckford, je pense,
de l’autre côté, ainsi que les deux Hydro, si cela, mais, à un moment donné, qui a coincidé avec l’été, cela s’est interrompu et, autant que je sache, cela n’a pas repris, parcequ’il n’y a pas eu de signe de renouvellement d’intérêt de la part des Terreneuviens.
[M. MORIN (Gilles): Autre sujet, M. Brosseau?]
[M. BROSSEAU: OÙ en est rendu le projet de casino? En parlez vous au Conseil des
ministres?]
[M. LEVESQUE:] I1 est rendu nulle part. Il y a un monsieur – est ce que c’est M. Auger – représentant des intérêts qui contrôlent le France, qui a rencontré certains de nos collègues – essentiellement les ministres :économiques, le comité coordonné par Bernard Landry – et nous a exposé très préliminairement je n’ai pas lu tout le dossier – leurs intentions, mais, sans que cela ait été chiffré ou quoi que ce soit, de venir éventuellement arrimer le France dans le port de Montréal, évidemment avec, derrière la tête, l’idée que cela pourrait devenir un casino; autrement, cela n’a pas beaucoup de sens.
Or, il y a d’autres projet de casinos, qui ont émanés de groupes québécois. Par ailleurs, il y a le problème hôtelier, parcequ’il s’agit quand même d’entre 300 et 400 chambres
et on sait à quel point l’hôtellerie à Montréal est un secteur délicat, il faut faire attention de ne pas recréer l’encombrement qui a déjà existé et qui se résorbe difficilement.
Au-delà de tout cela, n’y a pas du tout de discussion concrète qui a été faite jusqu’ici au Conseil des minitres sur les impications de cette nouvelle forme de jeu qui est le casino. Je sais qu’en Floride, on a consulté la population et ils ont décidé qu’ils aimaient mieux se passer de cette addition spectaculaire. Est ce que ce serait une façon de procéder ici? On n’a pas abordé le dossier. Il me semble que les gens qui contrôlent le France ont annoncé qu’ils reviendraient peut-être avec des choses plus précises à dire au cours du mois de janvier. On n’est pas rendu plus loin que cela.
[M. MORIN (Gilles): M. Cowan,
mêmee sujet, est ce
M. COWAN: Sur le / que les ccnsei-lers juridiques du gouvernement ont étudié la
possibilité de mettre e:, marche un casino sans un amendement au Code pénal?]
[M. LEVESQUE:] Justement, c’est une des questionsque,de toute façon, préliminairement, de toute façon, on est en train de faire fouiller parcequ’à supposer que ce soit bloqué, au point de vue juridique, on n’en parlerait plus jusqu’à nouvel ordre, Je n’ai pas encore la réponse. Le Code pénal a certaines restrictions ou interdictions de ce côté là et cn est en train d’étudier cela.
[M. MORIN (Gilles): M• Laplante,]
[M. LAPLANTE: Pendant qu’on est dans le sport, mais sur un autre sujet, est ce que
le dossier qui vous a été présenté par Guy Bertrand et ses collègues a des perspectives d’avenir?]
[M. LEVESQUE:] À propos des Nordiques?
[M. LAPLANTE: Oui. Est ce que cela a des perspectives d’avenir plus éloignées que la lecture que vous en avez faite?]
[M. LEVESQUE:] Je n’ai pas grand chose à ajouter à ce que je disais en Chambre, sauf ceci: J’ai eu un premier dossier la-dessus qui souligne l’importance de l’implantation
sportive que représentent les Nordiques à Québec. Le problème que cause le Colisée, tel qu’on peut le voir vis-à-vis d’une éventuelle adhésion à la Ligue nationale de hockey, évidemment, tout cela est relié à ce qui semble être la décomposition prochaine, sinon
imminente de ce qu’on appelait la Ligue mondiale.
C’est un document, d’après ce que j’ai vu qui serait récupéré, qui pourrait demeurer jusqu’ici, qui souligne aussi l’importance économique assez substantielle, par voie de salaires, d’entretien, de tourisme aussi, ou en fin de visiteurs, si vous voulez, de l’étranger, l’importance économique – il ne s’agit pas de la voir démesurée – qui est quand même réelle d’une implantation sportive comme celle là.
J’ai eu l’occasion d’en parler au maire Pelletier et je lui ai dit que,de toute façon, si on doit, à un moment donné, décider qu’il faut aller dans cette direction, il faudra avoir des
chiffres bien précis et il faudra qu’on s’en parle, lui et nous, et peut-être d’autres niveaux de gouvernements. On est présentement en train d’explorer comment cela s’est fait
ailleurs et aussi de gratter un peu plus profondément ce que cela peut signifier, ou bien le risque de perdre la franchise des Nordiques, ou bien ce que peut impliquer, éventuellement, l’engagement ou le maintien par le truchement de la Ligue nationale.
On est au moins rendu à gratter le dossier le mieux possible, mais, comme je l’ai dit
en Chambre, on a quand même un ensemble de priorités; c’est un peu la même chose que Jacques-Yvan se tue à répéter à propos des CEGEP, c’est un ensemble de priorités qu’il faut essayer d’ajuster. On a encore une réunion ce soir, on en aura d’autres pendant les fêtes ou tout de suite après et probablement au moins une ou deux autres avant l’ajournement. Ce n’est pas un mystère, pour toutes sortes de raisons – il faut projeter cela sur l’an prochain – les rentrées fiscales, entre autres du côté de l’impôt sur le revenu et du côté de certains ajustements – c’est le moins qu’on puisse dire – du fédéral, ont été inférieures à ce qui était prévu. Les dépenses se maintiennent parfaitement, les rentrées sont inférieures; c’est toute la conjoncture plus les imprévus émanant d’Ottawa qui ont fait cela. Forcément, cela comprime notre marge de manoeuvre.
Chaque année que le bon Dieu amène, l’essentiel de l’éducation qui est un monstre budgétaire, l’essentiel des affaires sociales qui est un autre monstre budgétaire… L’ensemble des programmes en cours est nécessairement ajusté puisqu’il y a l’augmentation des coûts; tout cela est incompressible, dans l’ensemble. Autrement dit, on part avec une obligation qu’on peut appeler statutaire ou absolue d’assurer cela. Ce qui reste au-delà et qui a été grugé par les choses dont je parlais il y a un instant, c’est ce qui nous reste de marge de manoeuvre. Une partie doit aller aux immobilisations, c’est de l’argent neuf, si vous voulez, aux investissements concrets,et une partie doit aller soit vers l’amélioration des programmes, comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire des services à la population ou de nouvelles choses.
Et tout cela est extrêmement serré. Il faut placer aussi bien le point d’interrogation Colisée Nordiques , le point d’interrogation amélioration qui va de toute façon, quand elle viendra, être très très modeste, du système de prêts-bourses et aussi des soins à domicile pour les vieillards, et aussi des garderies, et aussi tous les sujets dont on parle sans arrêt. Le gâteau, il n’est pas plus grand qu’il peut l’être, chaque année. Il s’agit d’essayer de le diviser, en conscience, de la façon qui nous paraît le mieux répondre aux besoins et aux urgences. C’est là-dedans que se situe ces deux dossiers: aussi bien les CEGEP que les Nordiques.
[M. MORIN (Michel): Une seule sous-question, M. Girard, j’ai deux questions principales en français et après cela, on passe en anglais, parceque la période de temps s’effrite.]
[M. GIRARD (Normand): M. le premier ministre, de la réponse que vous venez de donner â
M. Plante, est ce qu’on peut déduire que si un sport gouvernemental, après étude très approfondie du dossier comportant des chiffres précis sur les investissements et les retombées économiques)devenait indispensable pour conserver à Québec sa franchise, son équipe de hockey: d’abord et~ensuite, une adhésion éventuelle a la Lique nationale de hockey, le gouvernement ne serait pas réfractaire à contribuer pour maintenir ces deux choses?]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, si tous vos « si » sortent positivement, si on a des chiffres précis qui ne sont pas exorbitants; si l’importance sportive, qu’il ne faut pas sousestimer, mais économique aussi, de cette franchise éventuelle dans la Ligue nationale; si on ne nous demande pas de faire tout cela tout seuls; et si tous ces « si », éventuellement, donnent des réponses positives, il n’est pas exclu qu’on participe, tenant compte des autres priorités.
[M. MORIN (Michel): Deux questions principales, M. Descoteaux, M. Richer.
M. DESCOTEAUX: Comme op arrive à la fin de la session, il y a un paquet de projets de loi inscrits au feuilleton, est ce qu’on pourrait connaître rapidement,sans entrer dans les détails, la liste des priorités législatives du gouvernement, d’ici la fin de la session?]
[M, LEVESQUE:] Non. Écoutez, cela a l’air un peu baroque de vous dire cela. Je pourrais peut-être vous la donner d’ici une journée ou deux. Il y a des choses qui sont évidentes. Par exemple, je pense que – peu importe qu’il y ait beaucoup d’éloquence autour de cela encore – il est nécessaire que la protection du territoire agricole se fasse. Cela nous paraîtrait absurde, dans une période de gel temporaire, comme celle ou on se trouve, que les instruments, comme la commission, etc, ne puissent pas être juridiquement approuvés avant que l’hiver soit trop avancé, parceque si on arrivait au printemps, dans l’incertitude… Donc, cela, c’est un absolu, c’est un [« must »], comme on dit en anglais.
Il y a au moins des parties essentielles du [« bill »] 110, celui qui est comme une espèce de [« bill omnibus »] touchant la construction, où il s’agit de définir quand même, pour des négociations qui vont s’amorcer bientôt, la partie patronale, où il s’agit de nettoyer, au sens de préciser, de façon à leur donner une chance de vivre, quoi; le statut des artisans, c’est-à-dire des petits: menuisiers, charpentiers, etc, surtout dans les régions qu’on risquait d’égorger littéralement.
Certaines choses comme cela, cela ne veut pas dire que certaines ne peuvent pas être reportées. On doit en reparler avec le ministre du Travail, mais, pour ces parties essentielles il nous apparaît d’une urgence absolue, donc avant Noël; 84 aussi sur lequel il y a eu la commission parlementaire, c’est-à-dire autour de certains resserrements absolument nécessaires. Je pense que le docteur Laberge, de la Régie de l’assurance-maladie, a donné les explications qu’il fallait. Le ministre est prêt à assoupir. On doit examiner certains amendements demain, mais assouplir, sur des modalités d’accord, mais sur l’essentiel il faut, à notre avis, que ’84 soit passé avant la prorogation.
Je ne peux pas vous donner tous les détails, il y a un projet de loi, je me souviens du [« bill »] 100, l’an dernier qui gelait les revenus, si vous voulez les traitements des parlementaires, cela cela expire le 31 décembre.
S’il n’y avait pas pensé, on retomberait sous la formule d’indexation de la vieille loi, elle reprendrait vigueur puisque c’était pour un an ce qui seraitexorbitant. On parle déjà des salaires ministériel, y compris le mien, s’il fallait qu’on tombe sous la loi existante sans qu’i1y ait ce plafonnement et la modification de ce qu’on appelle le multiplicateur pour les traitements additionnels des ministres, cela n’aurait pas de sens, donc, à notre avis, il faut que cela passe. Je ne peux pas vous donner la liste complète, mais il y en a un certain nombre comme cela qui sont nécessaires. Il y a également … je ne sais pas si, à y penser, je m’excuse, on a perdu des bouts, parcequ’on travaillait sur autre chose à certains moments de la Chambre, mais il y a également la petite loi dont je parlais, de Robert Burns, qui permet d’ouvrir la porte vers la liste permanente. Il y a – c’est une petite loi, mais importante comme déclic – écoutez, je vais demander à M. Charron, il en a discuté avec nos amis d’en face, au besoin, de vous donner la liste de ce qui nous paraît absolument nécessaire, mais ce sont des choses qui se négocient.
[M. MORIN: M. Richer.
M. RICHER: Sur la même question…]
[M: LEVESQGL;] On le dit clairement, il n’y a pas de cachette là-dedans, aux gens ,de l’Opposition, voici ce à quoi on tient absolument et voici les raisons pour lesquelles il faut que cela passe. Voici des choses qu’on aimerait bien qu’elles passent, parceque , franchement, je ne vois pas pourquoi ça ne passerait pas, cela serait utile et voici les choses qui peuvent attendre, y compris des lois qui vont être déposées seulement comme celle sur l’aménagement et l’urbanisme; qui va être déposée de façon qu’elle puisse être discutée, s’en aller dans le paysage, si vous voulez, et avoir la chance de la discuter parceque cela, c’est le début de tout un processus éventuel de décentralisation qu’il ne faut pas bousculer.
[M. MORIN: Dernière question en français, M. Richer.
M. RICHER: M. Lévesque, la semaine dernière, la commission parlementaire de l’Industrie et du Commerce a longuement étudié le contrat gréco-panaméen qui a failli acculer Marine ilndustrie a la faillite. Il y a encore des millions que le gouvernement va injecter là’dedans en vertu d’un projet de loi qui est l!Assemblée; Le ministre n’a pas semblé intéressé à pousser plus. loin l’enquête sur les circonstances qui ont entouré l’octroi de ce contrat J’aimerais savoir de vous quelle est votre position à ce sujet. Est ce que le gouvernement entend enquêter plus loin sur la pé:ricde, les circcnstances du contrat et,si oui…]
[M. LEVESQUC:] Excusez moi, mais, parmi les lois qui sont à notre avis nécessaires, si on ne veut pas faire exprès pour – excusez moi – décrecrisser davantage la SCI, à cause de la situation dans laquelle se trouve cette filiale en particulier, Marine industrie, il faut que
la loi sur la SGF soit adoptée avant Noël. C’est plus important que d’aller faire la chasse aux sorcières, je m’excuse de reprendre cela. Si, à un moment donné, des faits nouveaux qui impliqueraient vraiment un besoin d’enquête, parcequ’il y aurait des allégations précises de fraude, etc., on n’a rien vu de précisément… On a vu de la mauvaise administration, c’est clair et des imprudences absolument invraisemblables autour de 1973 et 1974, mais je pense que cela est clairement établi que cela n’a pas été particulier autour et alentour de ce contrat avec l’armateur grec, administré avec une imprudence exemplaire, d’une façon qui n’est vraiment pas digne d’équipes responsables.
Seulement, ce qui presse, maintenant, parcequ’il fallait quand même le diagnostic de
la situation, c’est qu’après plusieurs mois où M. Coulombe, l’ancien secrétaire général a agi comme président-directeur général avec un conseil d’administration en bonne partie renouvelé pour lui donner le maximum d’expertise possible, ils nous ont fait un rapport il y a quelques semaines qui est un rapport littéralement catastrophique. On ne corrige pas la situation plus vite, parceque , M. Coulombe l’a dit, l’ensemble de la SGF, onze sur treize des filiales, ne sont pas en situation de déficit, seulement la plus grosse, qui s’adonne à être Marine, à cause de ces maudits bateaux, est mal prise, était même au bord de la faillite. Ils ont fait un rapport et des recommandations de reconversion douloureuse à Marine Industrie de refinancement relié à cette question des bateaux qui sont toujours là, les six, si j’ai bonne mémoire,qui attendent un refinancement au moins provisoire pour les deux ou trois ans qui viennent autour de ces bateaux, la reconversion de Marine, parceque même avec des bateaux polonais, ce n’est pas le succès économique du siècle, comme vous le savez, les quatre qui s’achèvent et, éventuellement, le plus vite possible, une intervention de relance à la fois du côté des wagons, si c’est possible, et forcément, de l’autre vocation beaucoup plus solide, celle là – parceque c’est un lien interquébécois – avec l’Hydro-Québec par rapport aux grands équipements de la Baie James et en même temps, de « redessiner » – parceque cela fait déjà quinze ou vingt ans – la vocation essentielle de Marine, de la SGF dans son ensemble, de « redessiner » ses objectifs – c’est dans la loi – de façon à viser une rentabilité beaucoup plus sûre sur un nombre beaucoup plus précis de secteurs.
Cela implique, comme vous le savez, une injection de capital nouveau. Cela presse quant à nous. La commission était là parceque vous vous souvenez que cela a été demandé en Chambre. Même M. Biron sortait des morceaux de dossier, C’était évident que c’était mieux avant la deuxième lecture que la situation soit clarifiée. C’est une chose. Je pense que cela a été fait suffisamment pour que tout le monde sache que c’est urgent et qu’il faut faire quelque chose. Cela presse. Toute la région de Sorel, en particulier, peut être affectée dangereusement et elle va l’être, de toute façon. Alors, réduisons les dégats. Cela presse. Si, éventuellement, il faut une enquête, eh bien, d’accord, on verra.
Mais je ne peux pas mêler les torchons et les serviettes. Ce qui presse, c’est d’organiser la relance de la SGF et de sauver Marine.
[M. MORIN (Gilles): Les questions en anglais maintenant. M. Inwood, M. Saint-Laurent.
M. INWOOD: Mr Lévesque, you have answered a number of questions about the Cossette-Trudelshere today and I am wondering about one thing that was not asked. A little over a year ago, in this very room, you suggested that eight years had gone by and perhaps it was time that authorities showed a little compassion for the Cossette-Trudels I am wondering,now that they are coming back to Québec, how you feel at this time.
M. LEVESQIJE: As I said in French a few moments ago, they are coming back. They have made the decision themselves. It was a free decision. They took it. After eight years of being expatriates with their kids overseas but yet facing an accusation which has never been dealt with normally by the court anything that has to do with the compassionate look at their case would be up to the courts. That is the first step. It has to go to the court. The moment they come back, as soon as possible, they have to be taken to court for kidnapping and everything that – it is very official – went along with that first criminal act. Will the courts – it is up to them – take into
account eight years? It is up to the courts first to decide and eventually, we will ,
see the judgment – there will have to be a judgment – and then if eventually there is something that the government should add or do, we will do that in due time. But for 4the moment, I think the normal, the wheels of justice should proceed normally.
M. INWOOD: Do you feel then – I am trying to interpret your words – that the eight years that they have spent in Cuba and in France are sort of, should be considered as part of the sentence, should they be, indeed…
M. LEVESQUE: The only thing I can say is that anyone, I think, with a sort of, let u.: say a basically equitable mind would take it into account. That is as much as I can say.
M. SAINT-LAURENT: Mr Lévesque, earlier during this news conference, you end: As has been the position of your government throughout this Cossette-Trudelle affair, you have
now, you have indicated that, you were saying that the eight years in exi e should be taken into consideration.
M. LEVESQUE: I think anyone would.
M. SAINT-LAURENT: Earlier in the news
pas normal qu’il y ait une remise en liberté dans le genre c’est une affaire de rien. Ce
n’est pas une affaire de rien, c’est une affaire importante. On ne devrait pas facil-iter des procédures exceptionnelles dans un cas comme celui-là. La justice devrait suivre son cours ».
What I want to know, Sir, is, are you saying there that you do not think that they should be released on bail?
M. LEVESQUE: It is up to the lawyers and the courts to decide about that, but in a case which is basically a very important case, that is kidnapping and holding in captivity a man for days and weeks on end, that is, on a wide scale, a criminal case and I think that normal procedures should be followed.
said: « We should let justice follow its
normal course ». However, in answer to Mr Inwood
conference, you said that: « Il ne me paraît
Depending on how the whole thing comes to court, it will be up to the department of Justice and the minister and his officers to suggest.
M. MORIN (Gilles): Sur le même sujet…
M. LEVESQUE: It is up to the courts to decide, I guess, but normal procedures, I think, in any case comparable, should be followed.
M. SAINT-LAURENT: I understand, Sir, how you can talk about normal procedures. At one point, you say that they should not be released on bail, and, on another point…
M. LEVESQUE: I think it is not normal that the regular procedure… I do not think it is normal in cases like that. This – you have to admit – is a rather special case,-they are not there yet. If you want, I will ask the minister of Justice to give you a learned opinion about that. I do not think, you know, it is deeply relevant to the basic, which is that they have to face a court.
M. 14ORIN (Gilles): 1.1. 14oscovitz.
14. MOSCOVITZ: Mr Levesque, do you have a personal hope that a possible trial, should they plead not guilty, would answer a lot of the questions which you…
M. LEVESQUE: It is up to them to decide whether they want to plead guilty or whether they want to plead not guilty. Would you let them come in, face the ccurt and decide on their plea? I am not going to start suggesting from Québec to people coming back after eight years and having to face court how they should plead, honestly.
M. V£RMETTE: M. Levesque, above aqd beyond the events, you have said early in French, concerning the events of 1970, that there was a political destabilisation and phychological terrorism on the part of the federal government. Are you hoping that their return will help shed some light on that?
M. LEVESQUE: It is bound to shed some light and it is one of the two major aspects of the events, the physical events that happened, the one affecting Mr Cross with, maybe – ;I do not know – interrelation links that may appear. That is one thing. The other thing – that, I suppose, we are going to wait for light for maybe some time yet – is the fact that
these events, the two kidnappings and what came out of them, brought about something which
Â
} was like a « matraquage » psychologically of the Québec population to the War Measures Act
to a sort of preoccupation through an incredible political exploitation of the situation. That has never been completely explained, I recalled, I said that in French a while ago that a man that is being mentioned a lot in the news nowadays, named John Turner, who, if I remember right, was sinister of Justice and had to say in the House, one day – I am not quoting verbatim, but I remember the exact sense of his sentence – someday, people of Canada
will know everything that really happened, but we are still waiting. We are trying, from cur end, to do our best. Maybe this imminent trial will help bring more light; we are certainly not satisfied generally with what we have reconstructed, it may accelerate the publication, even though it is far from being a perfect reconstruction of the whole thing, but, eventually, probably pretty soon now, this will hasten the publication of what we have.
M. VERMETTE: Sir, all this information that you do not have, all this « matraquage
and political terrorism », would apparently be contained in the part of the information that you would want from the Federal government. Now, you commissioned an inquiry on the events surrounding the 1970 October crisis. You have asked for information to complete your dossier from the Federal government; apparently, they are in no great hurry, they are certainly not demonstrating any zeal to give you that information. What is going to happen? Is the information going to come out of the trial or are you going to put pressure on the Federal government to get that information?
M. LEVESQUE: You know what the Supreme Court judgement was about the Keable Commission for instance. In a sense – I cannot start criticizing the justices about that, they seem to be follr-wing the letter of the whole thing – anything that has to do with the RCMP and dirty tricks which are well known by now, originating from that level, is something that we are not supposed to delve into, except, I think, on an individual basis if you catch a crook, you can always do something about it, but the procedures and they way they run their show, at the other end, is not supposed to be our business. I think that is suggestible. Right?
M. MORIN (Gilles): Monsieur Noseworthy.
M. VERMETTE: One more question. Are you saying that the return of the Cossette-Tr•udels could prove to be politically embarrassing for the Federal government?
M. LEVESQUE: I have not the slightest idea, because, do not forget, they committed, they perpetrated a kidnapping, they stayed, for obvious reasons, invisible for weeks on end and finally they were whisked with a car to an airplane and goodbye. How much they know apart fro°n
M. 14ORIN (Gilles): Monsieur Noseworthy.
M. NOSEWORTHY: Sir, a brief question with regards to the Asbestos situation.
The government is not quite ready to move in on the Asbestos situation. Are you concerned with the way the cost of the shares have been rising in the last year?
M. LEVESQUE: Well, we are always concerned a bit, because that fluctuation has been going on for months. I think it is more or less leveled off, but it was inevitable. We had t:; announce, I think, after a year’s work, months ago, that there would be a very definite Asbes__-= policy, including a take-over by purchase, if possible, by expropriation, if not, of one major Asbestos Company, the Asbestos Corporation. Obviously, this affected the price on the stock market. But we are not going to pay anything based on stock market plays. There has been a long, laborious evaluation from both sides. They are not reconciled, there is a big gap between them. If the gap is not closed and does not lead to a purchase, well then we will have to go to expropriation measures. I think you remember that a few days back, the Minister of Finance said hopefully that he would start painting the picture and painting in the details
their own thing, which the Court
will have to judge, is doubtful.
as much as possible this week. Either this week or certainly before
going to be further news and may be further action.
M. MORIN (Gilles): Une sous-question, M. D’Amour.
M. D’AMOUR: 1.1. Levesque, a while back you talked of irreconcilable positions. M. LEVESQUE: Such as there are now, yes.
M. D’AMOUR: Such as they are now.
M. LEVESQUE: Such as they were last time I consulted with the Minister of Finance,
f
sbme time in the middle of last week, but I think there were supposed to be other meetings,
I am sure there were supposed to be other meetings. Did they come about, what the results were? I did not get a chance to call Mr. Parizeau this morning, because I had not seen the latest news reports or news rumors about Asbestos, but that is the way the situation stood a few days back. If there had been a great big break, I suppose I would have been told. There was a huge gap, so huge that it was irreconcilable between the two expert evaluations.
adjournment, there is
14. D’AMOUR: Be that as it may, irreconcilable in lay terms, I think, in any man’s language usually means there is very little hope of anything. Does that…
14. LEVESQUE: 1•Tnere there is life and thought, there is always hope, and we might as well wait until we see our way cut of that hope, because I would rather hang on to it, if not, we will go to expropriation, I mean that…
M. D’AMOUR: That is what I am driving at. You know the meaning of the terms as well,if not better, than anyone. Using irreconcilable, you must have weighed the word. How close to expropriation or to a sale are you?
M. LEVESQUE: Well, you will certainly know that before the end of the year, that is as much as I can say for the moment. I am going to be much more apt to answer you after I
get a chance to talk to the Minister of Finance and find out when and how he to the House with it, because…
M. D’AMOUR: Has expropriation been discussed in Cabinet level?
M. MORIN (Gilles): Je m’excuse, M. D’Amour, avant d’aller plus loin, j’ai déjà quelques questions…
M. D’AMOUR: From the beginning, yes.
M. LEVESQUE: As the last resort. It has always been there. The decision is firm, that we should become at least part owners substantially of the Asbestos industry in Quebec and the eventual transformation of products more in Quebec than was ever done and also do our honorable share of research including on health problems and new products. That requires, after close to two years now of working on the file and proving it step by step, that requires the acquisition, either by purchase or by expropriation, of one major producer which is Asbestos Corporation, that does not change.
wants to go
M. DAIGNAULT: Mr Lévesque, has the government set a deadline as far as the expropriation is concerned? In other words…
M. LEVESQUE: No, except that we cannot wait eternally, we are coming to the crunch, I think, as far as possible narrowing of the gap I was talking about, as far as that is concerned, we are coming to the finish. If it does not work out, then,we will have to go to expropriation without undue delay. That is as much as I can say now, no date has been fixed.
M. DAIGNAULT: If the pinch comes and you do have to expropriate, how will this be seen, do you think, on an international point of view vis-â-vis…
M. LEVESQUE: It will not be seen as any kind of surprise; there was a general legislation about Portage in Saskatchewan, along the same general lines; it is no big news, as far as the Québec intention is concerned, you may remember, with or without rolling success, that, among the things I reaffirmed very clearly, setting the limits of our intentions, at the Economic Club, early in 1977, was the question of Asbestos and it has always been that clear that our intention was there, that, automobile insurance and no general policy of any
kind of take-ovor; we are not rabid radical socialists and know knows it. But, on Asbestos, it is firm.
M. MORIN (Gilles): Question principale.
M. ROGERS: Gilles.
M. MORIN (Gilles): Oui, M. Rogers.
M. ROGERS: Une question. I am a bit surprised…
M. LEVESQUE: Est-ce qu’on pourrait prendre encore deux questions, j’avais dit: Au
plus tard à 12 h 45; je fais mon possible, mais là, je suis déjà un quart d’heure en retard. M. ROGERS: I am a bit surprised that you said that the shares have levelled off; the
shares of Asbestos gained $ 5 last week, which is about 10% of their value…
M. LEVESQUE: I did not notice that last fluctuation.
M. ROGERS: … which is even large for… What makes you think that it would have… M. LEVESQUE: Anyway, I repeat what I said, it was inevitable that during a long,
necessary process of evaluation – because we cannot, at government level, play at take-overs
in the background; you cannot play hide-and-seek, when you are in government; there was a
political intention, we had to spell it out – that inevitably brought movement on the
stock exchange. All right, I am not even aware of who made a dollar, who lost, it was ine
vitable, but one thing I can repeat is that it will not be based on stock exchange flurries.
Eventually, the price that is set is going to be based on evaluation, as equitable,’ as
I think that everybody in the
honest as we can make it. Either, it is accepted and we purchase, or it is not accepted and we make a final assessment and go to expropriation.
M. MORI11 (Gilles): 1.1. Phizick.y.
M. PHIZICY,Y: Mr Lévesque, I have a question about municipal politics. The Montréal Urban Community budget was tabled yesterday, even though, whether it is passed by the members of the Council or not, it will become law and the same situation applies to the city budget and to the Public Security Council budget. Do you find this a proper way to conduct urban affairs, to have a budget created by bureaucrats, raising taxes, perhaps, passed automatically into law? ,
M. LEVESQUE: I think it is the tradition; I honestly have not thought about it recently on the plan of principle. It is a well established tradition that, with what opposition there is, the council, such as it is, the budget is supposed to be tabled, discussed, either voted or automatically be implemented, past a certain date. Is thatt the way it « should be?
On the other hand, a city has not got all the parliamentary tools of special funds, etc-,
are hampered, if they do not have a going budget.
I do not know; on the basis of principle, it may be worth taking a searching look at, but I have not done it. So, all I can say is that it is accepted practice, for the moment.
evolving structures, but I have not searched for that, I have not looked at it. We do not have a task force on that.
that you can always « play » with, at
real government law-making level. In their case, they
I do not see a way out, in present
structures; there may be a possibility, if we look at
M. MORIN: Il faudra peut-être tirer à la courte paille; it y a encore quatre nom b et M. Lévesque est déjà en retard, à ce qu’il me dit. Il y a MM. Saint-Laurent, lloscovitz, Ruimy et Inwood.]
[M. LEVESQUE:] D’accord, voulez-vous fermer la liste avec les cartes et je vais essayer de faire de mon mieux,vite, si je peux.
[M. SAINT-LAURENT: M. L6vesque, I would understand from what you said at this news conference that Mr Burns will stay on as Parliamentary Reform Minister until he has finished with his projects for electoral reform.
M. LEVESQUE: There was the understanding which was explained also to the whole Cabinet about the absence, contrary to some rumours, of any kind of wrangle about electoral reforms; it is a very complicated « kit », which takes in electoral law itself, the eventual perma:aent list of voters which should be adopted as soon as possible, plus the new electoral map, tied or not, to a reform in the « mode de scrutin, »the voting process or the representation process. All of that, Mr Burns and I agreed to put all the teams, including his own, first
of special. 42T,
and foremost, literally in the state of urgency to finish the job from that angle of the team; sometime before the end of the year so we can pick it up at a political decision level, in January, after he comes back from a few weeks’ rest which should take us to around the middle of January. lie would be in charge of the file up to then. We have not discussed his future in any kind of detail, in spite of all the rumours abounding. The only thing is that Mr Richard, as I said in French a while ago, the president of the Assembly, in a private conversation a few weeks back, told me that he did not intend to have his full career as president of the Assembly; so I rioted that. He also said, he mentioned in a private conversation that he thought maybe Mr. Burns would be a fit successor on account of his legal background and his parliamentary experience and I noted that too and that was it. How it came out as a leak and has been discussed over the last few days, I cannot imagine. It certainly did not come from my end.
f
M. SAINT-LAURENT: Is there going to be a Cabinet shuffle, Sir. M. LEVESQUE; When it comes, if it comes, you will know. M. MORIN. M. Mascovitz.
M. MASç.OVITZ: It is hypothetical for the moment that within a couple of hours, the
Liberal seat could become open presumably for Mr Ryan. Could you please give us some indication on your thoughts on when a byelection could possibly be held?
M. LEVESQUE: . On that easy question, my working hypothesis would be: We would not be in as much of a hurry as we were in the case of Notre-Dame-de-Grâce, because this
was facing summer. it had to be early July or some time, maybe, late in the fall. In this case, we have a few months to think it over, so we will take the time to think it over and fix the equitable date, if Mr. Saindon or anybody else has made up his mind. There is talk about Mr Saindon, there has been a lot of talk abcut Mr Garneau; who knows. Let us wait until Christmas and find out what the presents are that…
M. MASCOVI-TZ: But very briefly, you do not like *.he idea of a winter byelection? M. LEVESQUE: I am not exactly overly enthusiastic but… M. MORIN: M. Ruimy.
M. RUIMY: Sir, in Joliette, this weekend, by all accounts, you indicated that the sales*.ax exemptions on certain sectors of goods manufactured in Quebec might be continued pay. the %arch 31st extension date. What is the position on that, have you…
M. LEVESQUE: Thanks for the question because there was a rather too precise report on that. What I did, was sort of an instant poll of golden age people who were congregated there during that one-day tour and some representatives of women’s groups and I asked them about trying to explain some of the problems of the
prepare a budget. I explained the possibility which has to be exemption
but maybe partial prolongation of the sales tax/as one of many
binds we were in when we
envisaged of certainly not torn_
i
we have to deal with and I just asked them,I said: « How would
the response was rather a roaring approval of the possibility. of things, for instance, the movement of prices, what happened
yet, deal with other priorities and all of that is still up in the air.
M. MORIN: M. Inwood, dernière question.
M. INWOOD: Mr Ruimy just asked the question I wanted to ask.
M. MORIN: D’accord merci.
working hypothesis that you feel about it? » Well,
But there are still a lot and can we afford it and
,(Fin à 13 h 10)]
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