Conférence de presse du 30 avril 1981

[(Quatorze heures trente-quatre minutes).]

[M. Lévesque:] Éminence, M. le juge en chef du Québec, MM. les consuls généraux, M. le maire, mesdames et messieurs, vous tous et toutes qui êtes ici, vous tous et toutes aussi qui êtes avec nous de loin, en ce moment, mes chers collègues, le 13 avril dernier, le Parti québécois obtenait de l’électorat un renouvellement de mandat, ce qui veut dire essentiellement un renouvellement de responsabilités.
Ce qui a alors été jugé, c’est une équipe d’hommes d’abord et de femmes qui, sans prétendre tout faire, a tout de même fait de son mieux pendant quatre ans et demi. C’est aussi le bilan de toute une série de réformes profondes qui ont affecté la vie de nos concitoyens. C’est enfin la perspective ouverte par un programme d’action axé sur le développement économique, sur la famille et sur la défense des droits du Québec et comprenant un nombre limité d’engagements précis qui devront être réalisés au cours des toutes prochaines années.
C’est donc sous le double signe de la continuité et du renouveau qu’on doit envisager l’action du gouvernement qui sera assermenté aujourd’hui. D’abord, continuité dans la consolidation des réformes importantes mises en place depuis 1976, parcequ’un tel changement requiert du temps pour produire tous ses effets et ce n’est qu’avec les années qu’on pourra tirer tout le bénéfice des mesures prises, par exemple, pour protéger nos terres agricoles ou pour mettre sur pied des municipalités régionales de comté. D’ailleurs, cette tâche de mise en place et de rodage est loin d’être terminée. Nous comptons bien nous employer à la poursuivre avec la plus grande diligence.
J’ajoute que ces réformes, bien sûr, ne sont pas des monstres sacrés qu’on s’imaginerait à jamais intangibles. Au contraire, ce sont des programmes éminemment perfectibles et nous allons donc en surveiller de très près les résultats concrets et, au besoin, nous serons prêts à corriger le tir et à apporter les améliorations que l’expérience aura rendues nécessaires.
A cette tâche de consolidation s’ajoutera, évidemment, celle de mettre en oeuvre le programme d’action que nous avons proposé à nos concitoyens lors de la campagne électorale. Ce programme pour une société québécoise forte, comme nous disions, proposait justement un nouvel élan dans la continuité, axé sur ces trois axes prioritaires: l’économie, la famille et les droits et les pouvoirs du Québec.
A la base de ce programme, il y a une grande confiance dans la capacité des Québécoises et des Québécois d’assurer par eux mêmes leur propre développement dans tous les domaines. De cela, nous sommes profondément convaincus et nous allons faire tout ce qui est possible pour permettre à la capacité sans cesse croissante, sans cesse plus évidente des nôtres, partout au Québec, de se faire valoir au maximum, ce qui m’amène à dire un mot – juste un mot pour aujourd’hui – du principal défi auquel, comme gouvernement et comme société, nous aurons à faire face au cours des prochaines années. C’est ce qu’on peut appeler le défi du progrès dans des conditions difficiles, du progrès quand même, pour ainsi dire, parceque l’ère des ressources abondantes et de la croissance accélérée du secteur public, par exemple, est définitivement révolue, chacun doit le savoir. C’est avec des moyens strictement limités qu’il nous faudra, désormais, assurer le progrès et le développement de notre société.
Déjà, la pénible réalité des contraintes nouvelles et, au besoin, des coupures budgétaires a fait son apparition. Ce n’est pas un malaise passager appelé à disparaître prochainement; c’est, au contraire, une situation permanente à laquelle il nous faudra tous nous habituer en perdant, en cours de route, douloureusement parfois, certaines illusions de l’époque encore toute récente ou l’on croyait à l’abondance illimitée. Nous devons non seulement surveiller nos coûts et éviter le gaspillage, mais nous devons également fournir un effort additionnel pour faire davantage avec les mêmes ressources. D’ailleurs, ce défi n’est pas uniquement celui du secteur public, c’est le défi de toute notre société et, à travers le monde, désormais, de toutes les sociétés. Dans le monde d’aujourd’hui, seules ces sociétés qui sont travailleuses réussiront à surnager. Si nous voulons demeurer dans le peloton de tête, nous devons accepter de faire les efforts additionnels qui seront nécessaires pour soutenir la comparaison avec nos voisins et avec nos concurrents. Depuis les
années soixante, le Québec s’est largement attaché à transformer sa réalité sociale et culturelle ainsi qu’il en avait besoin. Il faut maintenant qu’il s’attaque à sa réalité économique et qu’il en fasse l’une des très grandes priorités sinon la priorité des années quatre-vingt. Sans négliger pour autant les autres aspects, l’essentiel de nos énergies serait canalisé sur la prise en main et le développement de notre vie économique. Ce réveil et cet élan économique, je crois que tout le monde le constate, ils sont déjà commencés. Partout dans toutes nos régions, comme dans la métropole, on sent que ça grouille, si vous me passez l’expression. Nos industries traditionnelles sont revitalisées. Nos petites et nos moyennes entreprises se multiplient. Notre agriculture prospère et se diversifie. Nos industries de pointe dans l’aéronautique, le matériel de transport et la transformation des métaux, par exemple, sont en pleine expansion. Le gouvernement entend aider constamment à maintenir et à accélérer ce mouvement.
Pour y arriver, nous pouvons heureusement compter sur des moyens qui nous sont propres et que nous avons développés avec les années. Je pense en particulier au mouvement coopératif, à nos sociétés d’État, à nos petites et moyennes entreprises. C’est là que nous trouverons la base de notre développement comme la source de ces milliers d’emplois nouveaux qui sont nécessaires pour donner du travail à nos jeunes.
Cet effort, il devra sans doute porter surtout sur le développement économique.
Nous devons également pouvoir compter sur un effort aussi bien concerté que possible de
développement du Québec. Nous devons donc trouver les moyens et nous donner le goût tous ensemble et, si possible, un jour l’habitude d’y travailler conjointement de concert.
Depuis quelque temps, le climat d’affrontement que nous avions connu fait place progressivement, lentement – mais il me semble que c’est de plus en plus perceptible – à tout le moins à un climat de dialogue. Personnellement, je crois que la concertation sociale est possible – vu que, de plus, elle est nécessaire – et nous allons, de toute façon, continuer à nous employer sans relâche, comme gouvernement, à en faciliter le plus possible l’exercice.
En quelques mots, voilà donc la perspective d’ensemble dans laquelle s’inscrira l’action du nouveau gouvernement qui sera assermenté aujourd’hui pour diriger à nouveau les affaires publiques du Québec. Cette équipe, vous me permettrez maintenant de vous la présenter brièvement. Elle reflète, je crois, ce besoin de continuité et de renouveau dont j’ai parlé au début. Naturellement, on retrouve dans cette équipe une majorité de visages connus. Le travail accompli depuis 1976 et le jugement favorable de la population justifient, je crois, très clairement cette continuité fondamentale.
Pour préparer les nouvelles années et pour les affronter comme il le faut, il fallait également renouveler les défis et ajouter du sang neuf, c’est pourquoi j’ai demandé à plusieurs de mes collègues d’accepter la charge de nouveaux ministères; j’ai dû également demander à d’autres d’accepter de céder leur place ministérielle à des nouveaux venus. Il y a continuité et renouveau aussi dans la structure des ministères. Après avoir analysé les résultats qu’on a obtenus depuis quatre ans, j’ai décidé de conserver la structure des ministres d’État que nous avions mise à l’essai en 1976. L’existence du Comité des priorités, que cela permet de maintenir, et des comités permanents du Conseil des ministres permet une coordination qui, je crois, aujourd’hui, est essentielle à la cohérence de toute action gouvernementale.
Par ailleurs, certaines modifications seront apportées à la structure des ministères. Ainsi, on créera bientôt un ministère de l’Habitation et de la Protection du consommateur; le ministère de l’Immigration sera transformé en un ministère des Communautés culturelles et de l’Immigration. La responsabilité de la sécurité du revenu sera transférée des Affaires sociales au ministère du Travail qui. deviendra ainsi le ministère du Travail, de la Main-d’Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Enfin, le poste de président du Conseil du trésor sera confié à un ministre n’exerçant pas d’autres fonctions.
Partant de là, les membres du nouveau gouvernement, que j’ai le plaisir et, je dois dire, l’honneur aussi de vous présenter, seront d’abord celui qui a accepté de nouveau d’agir comme vice-premier ministre et également comme ministre d’État au Développement culturel et scientifique, le député de Sauvé, M. Jacques-Yvan Morin. Cet éminent universitaire – il s’en souvient encore – est tout de même devenu, depuis 1973, un de nos hommes politiques – je le crois sans conteste – les plus respectés. Après avoir rempli jusqu’en 1976 la charge écrasante de chef d’une toute petite Opposition officielle, il a tenu ensuite, jusqu’à la toute fin de l’an dernier, la barre de ce ministère exigeant entre tous, celui de l’Éducation; après quoi il a mis – et je suis heureux qu’il ait accepté de les mettre à nouveau – cette vaste expérience et son jugement toujours sûr au service de notre développement culturel et scientifique et aussi à la vice-présidence du Conseil des ministres.
Celui, maintenant, qui reprend dès aujourd’hui le lourd portefeuille de l’Éducation est, lui aussi, un homme qui ajoute à ses vastes capacités, y compris une incroyable capacité de travail, des états de service politiques et parlementaires parmi les plus impressionnants qui soient. Dès 1970, il devenait le premier chef parlementaire de notre parti à l’Assemblée nationale et, depuis 1976, je n’ai, je pense, à rappeler à personne la fécondité de sa carrière ministérielle. Je suis très heureux que le père de la loi 101 ait accepté de continuer de piloter ce grand service essentiel qu’est notre éducation nationale, le député de Bourget.
Un troisième collègue qui a accepté de rester au poste, un poste où il a été, en quelque sorte, le fondateur, comme sous-ministre dans les années soixante, un ministère qui s’appelait alors les Affaires fédérales-provinciales, et qui dirige, depuis 1976, ce même département stratégique qui est devenu, en cours de route, celui des Affaires intergouvernementales, un rôle dans lequel, en plus d’élargir substantiellement notre nécessaire présence internationale, il a eu à coordonner toutes les épuisantes et, malheureusement, plutôt vaines jusqu’à présent, en tout cas, rondes de négociation que nous avons connues. Il continuera de nous aviser dans ce domaine qui concerne de si près la défense des droits collectifs et des intérêts fondamentaux du Québec. Le député de Louis-Hébert, M. Claude Morin.
Et maintenant, peu de gens seront surpris – j’en suis certain – d’apprendre que j’ai demandé au député de L’Assomption, M. Jacques Parizeau, de continuer à gérer les finances du Québec parceque l’excellence et l’ardeur au travail avec lesquelles il s’est acquitté de cette tâche non seulement difficile, mais éreintante ont été reconnues par tous aussi bien ici qu’à l’extérieur de nos frontières. Inutile de dire que je suis très heureux qu’il ait accepté de poursuivre le tâche d’assainissement de nos finances publiques et d’allégement du fardeau fiscal des contribuables qu’il a menée avec succès et dont nous lui sommes tous grandement redevables. D’autant plus qu’il devra négocier bientôt le renouvellement pour le Québec des arrangements fiscaux qui viennent à échéance le 31 mars prochain. C’est une tâche dont les résultats engageront notre avenir et pour laquelle nul autre n’est aussi bien préparé que lui.
Mais c’est également en raison de sa compétence indiscutée que j’ai demandé à M. Parizeau d’accepter aussi la direction du ministère des Institutions financières et Coopératives à un moment qui est un point tournant pour ce ministère. Il faut, en effet, préparer un train de mesures importantes pour donner suite au rapport sur l’épargne qui a été rendu public l’an dernier. C’est toute la configuration de nos institutions financières qui en sera transformée pour les années à venir. Donc, en assurant d’abord la solidité financière de nos institutions, puis en leur donnant les moyens de poursuivre leur expansion, nous assurerons aux Québécois les moyens de financer toujours mieux et davantage leur propre développement. C’est une tâche complexe et technique, mais qui est vitale pour notre avenir. Avec à la barre le député de L’Assomption, ministre des Finances et ministre des Institutions financières et Coopératives, nous savons que la besogne sera faite rapidement et qu’elle sera bien faite.
Évidemment, d’autre part, on ne peut ajouter indéfiniment aux tâches d’un même homme. Aussi, j’ai cru que le temps était venu de suivre l’exemple d’autres gouvernements, notamment à Toronto et à Ottawa, et de placer les tâches de gestion quotidienne qui relèvent du Conseil du trésor, sous la direction d’un ministre spécialement et exclusivement affecté à cette fonction. Ceci m’amène à parler du député de Matane, M, Yves Bérubé, qui, à titre de ministre délégué à l’Administration, agira comme président à plein temps du Conseil du trésor.
En période de restrictions budgétaires, la qualité de la gestion des fonds publics doit devenir une préoccupation majeure du gouvernement. Que ce soit lors de la préparation détaillée des crédits budgétaires, ou dans l’approbation des procédures administratives, ou dans le contrôle des effectifs et des conditions de travail, ou dans la négociation des ententes avec les employés du secteur public, le gouvernement se doit d’éliminer le gaspillage, de remplacer les activités désuètes par des programmes qui répondent aux besoins nouveaux et d’obtenir des employés de l’État un rendement maximal. Il faut également s’assurer que les dépenses ne dépassent pas, en cours d’année, les enveloppes établies par le ministre des Finances, les budgets votés et, donc, les ressources disponibles du gouvernement.
C’est pour accentuer cet effort en vue d’une meilleure qualité de gestion et d’un meilleur contrôle sur la croissance des dépenses que j’ai demandé au député de Matane d’assumer cette tâche ingrate, mais essentielle. La rigueur et la compétence avec lesquelles ce bourreau de travail s’est acquitté de ses fonctions antérieures seront certainement mises à contribution comme jamais dans ce nouveau secteur où, faisant équipe avec le ministre des Finances, se retrouvera le ministre délégué à l’Administration et président du Conseil du trésor, M. Yves Bérubé.
Quant à votre serviteur, il aura le plaisir, pour sa part, de continuer à faire équipe, lui aussi, à l’Assemblée nationale, avec ce vétéran chevronné dont on oublie qu’il fut, en 1970, le plus jeune de nos parlementaires, le député de Saint-Jacques, M. Claude Charron. M. Charron dont tous reconnaissent la maîtrise et le brio, des deux côtés de la Chambre, comme on le dit dans le jargon parlementaire, tous ses collègues seront heureux comme moi, j’en suis sûr, d’apprendre qu’il accepte d’être à nouveau leader du gouvernement en même temps que ministre délégué aux Affaires parlementaires. M. Charron.
De même, je suis heureux de pouvoir annoncer qu’un autre pilier de notre équipe continuera d’occuper son poste de ministre de la Justice et également de ministre d’État à la Réforme électorale. À cette fonction particulièrement importante et délicate, nous retrouverons donc le doigté, le sens aigu des responsabilités et la qualité humaine dont a su faire preuve depuis 1976 le député de Chicoutimi, M. Marc-André Bédard.
La capacité et l’allant, aussi bien, maintenant, que l’expérience acquise m’imposaient également à l’évidence, me semble t il, de demander à un autre de mes collègues de continuer son travail. Tout l’acharnement et tout l’enthousiasme qu’il a dépensés ces dernières années pour animer et coordonner notre action économique seront, je répète ce que j’ai dit pour d’autres, mis à l’épreuve comme jamais pendant la période où nous entrons, dont je parlais il y a quelques instants et où, au Québec comme partout ailleurs – nous l’avons d’ailleurs dit de notre mieux pendant la campagne électorale – le défi économique devra être au coeur de nos préoccupations. Par conséquent, j’ai le plaisir d’offrir, et surtout le plaisir de voir accepter par le député du nouveau comté de Laval-des-Rapides, à nouveau, le poste de ministre d’État au Développement économique. M. Bernard Landry. Et, à propos de défis, parmi ceux que nous avons eu à relever pendant notre premier mandat aucun sans doute n’a été plus exigeant que celui imposé au député de cet autre nouveau comté, qui s’appelle le comté de Bertrand, le Dr Denis Lazure. Aux Affaires sociales, l’un des deux monstres du gouvernement comme on dit familièrement, il a su tenir le gouvernail avec le soin et la fermeté que la taille de l’appareil exige quotidiennement et aussi avec un sens du progrès social et de l’humanisme dont les résultats sont parmi ceux dont nous sommes les plus fiers. À compter d’aujourd’hui, M. Lazure mettra ce bagage d’expérience durement acquis et tout l’esprit progressiste aussi qu’on lui connaît dans ses nouvelles fonctions, qu’il assume à compter de maintenant, de ministre d’État au Développement social.
Au groupe des ministres d’État et, par conséquent, au comité des priorités aussi, se joindra également le député d’Abitibi-Ouest, M. François Gendron. Le caractère même de l’immense région qu’il représente lui donne pour ainsi dire naturellement le sens de l’importance du territoire et de ses ressources et de la nécessité de bien aménager et de bien utiliser ce patrimoine fondamental. Je suis sûr que le député d’Abitibi-Ouest manifestera la même conscience du devoir et le même esprit d’équipe qu’on lui a connus dans ses fonctions antérieures maintenant qu’il deviendra, aujourd’hui, ministre d’État à l’Aménagement.
Et maintenant, à titre également de ministre d’État et de membre du comité des priorités – et je crois que la raison saute aux yeux de ces deux nominations – j’ai le plaisir de vous
présenter la première de nos nouvelles collègues le ou la député – il y a toute
une querelle linguistique autour de ce mot – du nouveau comté de La Peltrie, Mme Pauline Marois. Jusqu’à tout récemment, elle était le bras droit de cette remarquable et dynamique collègue qu’a été pour nous Mme Lise Payette et à compter d’aujourd’hui, après avoir mené avec un égal succès les tâches rarement conjuguées de réussir brillamment sa campagne électorale et tout de suite après de mettre au monde son deuxième enfant, elle occupera à son tour le poste de ministre d’État à la condition féminine, c’est-à-dire l’un des secteurs les plus stratégiques de la société et celui aussi où se situent certains des plus importants de nos récents engagements. Député de La Peltrie, ministre d’État à la Condition féminine.
D’un nouveau comté lui aussi, celui de Marie-Victorin, sur la rive sud de Montréal, mais dans son cas membre de l’équipe qui, depuis les tout débuts, nous a permis d’organiser et d’enraciner notre action politique, M. Pierre Marois a été, depuis 1976, concepteur et pilote de certaines des réformes les plus marquantes que nous ayons mises en oeuvre sur le plan social. Aux responsabilités nouvelles qu’il acceptait tout récemment, désormais, afin de commencer à rationaliser le plus clairement possible nos politiques en matière de ressources humaines, celles qui feront partie de son ministère seront non seulement le travail et la main-d’oeuvre, mais également la sécurité du revenu. Donc, le député de Marie-Victorin, M. Pierre Marois, ministre du Travail, de la Main-d’Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Resteront également aux postes qu’ils occupaient déjà avant le récent scrutin quatre de nos collègues, dont la compétence et les états de service ont rendu la décision éminemment facile. Aux Affaires municipales, où il entrait récemment après quelques années extrêmement productives comme ministre d’État à l’Aménagement, on retrouvera donc le député de Labelle, M. Jacques Léonard, qui assurera la continuité et l’assouplissement, le cas échéant, des réformes qui ont été mises en place dans ce secteur. Le député de Labelle, M. Jacques Léonard, ministre des Affaires municipales.
Quant au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, je suis assez sûr de ne pas causer beaucoup d’étonnement en annonçant que le député de Lévis, M. Jean Garon, poursuivra à ce ministère, avec le même entrain contagieux, ses efforts constants – et dont le succès est sans cesse plus marqué, d’ailleurs – de développement accéléré de nos productions et de pénétration des marchés, avec aussi cette sollicitude, si j’ose dire, qu’il a su manifester sans cesse à l’endroit de ces Québécois qui nous font vivre en même temps qu’ils assurent l’équilibre humain et régional de notre société. Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, le député de Lévis, M. Jean Garon.
A l’un de nos ministères qui est justement un pilier de cet équilibre général qui est nécessaire, un pilier qui a été trop longtemps négligé et qu’on appelle couramment maintenant l’Environnement, le député de Lafontaine, M. Marcel Léger, vétéran de notre équipe parlementaire depuis 1970, a accepté de poursuivre la tâche d’assainissement et de « vivabilité » de ce ministère dont il est d’ailleurs, si on peut dire, le ministre fondateur. Le député de Lafontaine, M. Marcel Léger, ministre de l’Environnement.
Un autre vétéran de 1970, qui a abattu pour sa part des besognes aussi exigeantes que diversifiées depuis quatre ans, restera également à son poste, c’est-à-dire celui de ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, où ses goûts personnels rejoignent admirablement
Sa compétence. Le député de Saguenay, M. Lucien Lessard, ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
C’est là encore à la compétence reconnue et à une expérience parmi les plus solides désormais en matière économique, accompagné d’un entrain qui ne se dément pas, c’est à tout cela que j’ai pu faire appel en demandant au député de Saint-Maurice, M. Yves Duhaime, de relever le défi redoutable que constitue le portefeuille de l’Énergie et des Ressources dont, heureusement, sa propre région du Saint-Maurice illustre bien à la fois toutes les difficultés et toutes les promesses. Je vous présente donc le député de Saint-Maurice, M. Yves Duhaime, ministre de l’Énergie et des Ressources.
Assumant lui aussi de nouvelles responsabilités, ce travailleur infatigable qu’est le député de Crémazie, M. Guy Tardif, sera désormais chargé d’un nouvel organisme où l’on regroupera progressivement certaines autres activités gouvernementales qui concernent les besoins quotidiens, y compris le besoin de défense des citoyens très souvent, une tâche qui fait de lui, dès le départ, le ministre délégué à l’Habitation et à la Protection du consommateur, le député de Crémazie M. Guy Tardif.
Un autre de nos collègues qui, depuis 1976, s’est dépensé sans compter dans deux fonctions successives et aussi exigeantes l’une que l’autre, le député d’Anjou, M. Pierre-Marc Johnson, assumera, à compter d’aujourd’hui, la très lourde tâche que constitue la direction du ministère des Affaires sociales où seront sollicités comme jamais le bagage de compétences et de capacité de travail ainsi que la sûreté de jugement que tous ont eu amplement loisir de lui reconnaître; voici le ministre des Affaires sociales, le député d’Anjou, M. Pierre-Marc Johnson.
Un autre très lourd fardeau qui lui aussi exige le maximum de son titulaire, c’est celui du ministère des Transports. Après avoir fait preuve à la fois d’esprit de rigueur et d’esprit de réforme au ministère du Revenu, le député de Drummond, M. Michel Clair, a accepté la demande que je lui ai faite de prendre la relève à ce poste qui est sûrement l’un des plus exigeants de toute l’administration publique, le député de Drummond, M. Michel Clair, ministre des Transports.
D’autre part, j’ai demandé à notre ancien président de l’Assemblée nationale, revenu pour ainsi dire à la politique active comme ministre des Communications, d’accepter lui aussi une nouvelle responsabilité stratégique dans toute société et particulièrement dans la nôtre, ce qui fait que le député de Montmorency, M. Clément Richard, aura ainsi à déployer toutes ses ressources à titre de ministre des Affaires culturelles.
Cependant, une part très importante de la vie culturelle du Québec sera désormais confiée à un autre de nos collègues. Enchaînant sur le travail déjà accompli et si bien lancé depuis quelque temps par le ministre d’État au Développement culturel et scientifique, c’est le député de Mercier, M. Gérald Godin, que des difficultés de voyage ont empêché de nous rejoindre dès aujourd’hui, mais c’est lui quand même qui assumera la direction d’un ministère qui s’appellera désormais celui des Communautés culturelles et de l’immigration.
J’ai le plaisir maintenant de vous présenter notre autre collègue ministérielle, députée des lointaines – et c’est pourtant si proche – Îles-de-la-Madeleine, Mme Denise LeBlanc, à un titre qui va solliciter toute l’ardeur au travail et tout l’entrain qu’elle a su démontrer comme députée et comme adjoint parlementaire, et qui vont lui être plus nécessaires que jamais, pour remplir un rôle à la fois central, quelque peu parsemé d’embûches, où devront aussi se réaliser les engagements que nous avons pris concernant l’assouplissement et l’humanisation, avec la coopération, bien sûr, des employés de l’État, du fonctionnement de notre administration publique. Alors, la députée des Îles-de-la-Madeleine, Mme Denise LeBlanc, ministre de la de Fonction publique.
Entrant lui aussi au Conseil des ministres après avoir fait preuve constamment depuis 1976 d’allant, d’initiative et d’un remarquable esprit d’équipe, le député de Vanier, M. Jean-François Bertrand, tout en demeurant notre leader adjoint à l’Assemblée nationale, devient, à compter d’aujourd’hui, ministre des Communications.
Succédant, d’autre part, à une collègue dont nous regrettons tous et très vivement le départ forcé, Mme Jocelyne Ouellette, c’est le député de Rimouski, M. Alain Marcoux, qui a accepté d’assumer la succession au ministère très concret et tout aussi exigeant des Travaux publics et de l’Approvisionnement, où se manifesteront sûrement cette même conscience du devoir et cette même disponibilité constante dont il a su faire preuve depuis quatre ans, le député de Rimouski, M. Alain Marcoux, ministre des Travaux publics et de l’Approvisionnement.
Ces qualités que je viens d’évoquer, on les retrouve aussi, d’ailleurs, chez cet autre nouveau collègue au Conseil des ministres, le député de Lotbinière, M. Rodrigue Biron, chez qui, de plus, on retrouve une large connaissance vécue du monde des entreprises et en particulier du monde particulièrement stratégique pour un développement équilibré de n’importe quelle société, celui des petites et moyennes entreprises. Tout ça m’ayant donné l’idée de lui faire accepter de prendre la relève au ministère de l’industrie, du Commerce et du Tourisme. M, Rodrigue Biron, député de Lotbinière.
Enfin, la dernière addition à notre équipe ministérielle, c’est un homme qui vient de
s’illustrer en remportant le siège stratégique de la reine des Cantons de l’Est. Le député de Sherbrooke, M. Raynald Fréchette, devient, pour sa part, ministre du Revenu.
Et voilà, sauf qu’on me permettra, j’en suis sûr, de remercier, pour tout ce qu’ils ont fait
à nos côtés avec autant de dévouement que de conscience professionnelle, deux collègues qui, de leur côté, doivent nous quitter aujourd’hui, MM. Denis Vaugeois et Denis de Belleval. Comme quelques autres le long du chemin depuis 1976 et mieux que certains, ils ont su accepter avec dignité et avec sérénité même ce retour, qui est fondamentalement normal, mais toujours difficile, à un rôle qu’on désigne, très mal et très injustement, comme celui de simple député, parceque ce rôle demeure et demeurera toujours le seul et le seul essentiel que les citoyens nous aient démocratiquement confié.
Et avant de terminer, on me permettra de souligner avec un plaisir qu’on comprendra que le député de Joliette, M. Guy Chevrette, a accepté de continuer à être notre très dévoué whip ministériel. D’autre part, c’est avec la plus entière confiance que je recommanderai, d’ici quelques jours, à l’Assemblée nationale de nommer à nouveau le député de Jonquière et celui de Laviolette, MM. Claude Vaillancourt et Jean-Pierre Jolivet, comme président et comme vice-président de l’Assemblée nationale.
Il me reste, très brièvement, à demander la collaboration de tous et de chacun pour que ce nouveau gouvernement puisse accomplir sa tâche avec le plus de succès possible. Comme toutes les entreprises humaines, cette équipe n’est pas parfaite, j’en suis bien conscient, on en est tous conscients, mais je ne doute pas, connaissant très bien ceux et celles qui m’accompagnent aujourd’hui, que cette équipe, comme celle qui l’a précédée, y compris les les anciens comme les nouveaux – se dépensera, encore une fois, sans compter, qu’elle ne ménagera aucun effort pour remplir sa tâche de son mieux. Mais il faut aussi souhaiter qu’elle puisse, quand elle le mérite, obtenir l’appui, par exemple, ou la collaboration, si l’on veut, de notre Assemblée nationale, bien sûr, du parti ministériel, mais aussi de l’Opposition officielle, quand elle le jugera approprié; qu’elle puisse compter aussi sur l’appui de nos dirigeants locaux et régionaux, de nos institutions, de nos corps constitués et de l’ensemble de nos concitoyens, parceque nous devons et nous voulons être, mieux encore – si nous avons quelque peu réussi à le faire depuis 1976 – cette fois ci, le gouvernement de tous les Québécois sans exception.
Avec la collaboration de tous, nous réussirons à donner à ce Québec que nous aimons un élan décisif vers l’accomplissement de son destin. Je vous remercie beaucoup.
[(Fin à 15 h 05)]

[QLévsq19810430cp]

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