[(Onze heures dix-huit minutes)]
[M. L’HEUREUX: Nous allons commencer par-un-sujet particulier, celui du sommet économique. Nous allons liquider ce sujet, c’est-à-dire que nous allons passer les questions sur ce sujet, après quoi M. Lévesque a d’autres précisions è fournir sur le Conseil des ministres de cette semaine.]
[M. LEVESQUE:] Comme vous le savez, une bonne partie de l’information, qu’on pourrait appeler mécanique, est sortie de l’Assemblée nationale depuis le début de la semaine.
C’est juste un rappel, qui sera d’ailleurs accompagné dans quelques minutes d’un communiqué qui incorpore tout cela. Le rappel c’est que, du 24 au 26 mai, il est entendu qu’il y aura cette conférence des agents sociaux économiques qu’on a appelée, le Sommet et qui se tiendra au Manoir Richelieu, et où, semble t il, avec passablement sinon partout d’enthousiasme en tout cas d’unanimité, quatre grands secteurs sont particulièrement visés et ont accepté d’être représentés, c’est-à-dire, forcément le gouvernement,puisque c’est lui le convocateur, le monde syndical, le monde du secteur coopératif et une sélection substantielle du monde patronal.
De façon générale, le gouvernement voit cela venir, le mois prochain, avec une couple de certitudes, il y a au moins quelques certitudes avec lesquelles on peut partir. C’est-à-dire que premièrement, c’est une chance qui n’a jamais été offerte à ces quatre grands secteurs de briser un peu les compartiments qui, règle générale, les ont toujours séparés, les ont toujours gardés dans des discussions qu’on pourrait appeler bilatérales: L’Etat avec les compagnies, les syndicats, forcément, avec les employeurs. Cela à toujours été une certaine atomisation des relations. Pour le première fois, on n’invente pas le monde parceque cela se fait dans beaucoup de sociétés, mais pour la première fois au Québec, on essaie de décompartimenter cela pendant quelques jours pour voir s’il y a moyen de parler ensemble. C’est au moins une certitude. que cela va se faire. Bien ou mal, on verra.
Deuxièmement, une autre certitude, qui est très importante, c’est qu’il va se dégager de cela, grâce aux documents d’appui et aussi aux résultats de la discussion, il va se dégager de cela pas mal d’informations, peut-être même une certaine dimension éducative en ce qui concerne les réalités du Québec. d’aujourd’hui, dans les deux domaines essentiels, le domaine du climat social et celui de sa situation économique. Donc pas mal de prises de conscience, de perception sur ces réalités, sur les contraintes que cela nous impose et aussi sur les perspectives et les possibilités que cela laisse entrevoir pour l’avenir. Je crois que ce sont là des certitudes. C’est déjà quelque chose de pouvoir compter là-dessus. Il y a aussi un espoir. On verra si cela va se réaliser, un espoir qui pourrait se situer comme ceci, il y a bien des façons de l’exprimer, mais il y en a une qui m’a été suggérée et que j’accepte parcequ’il me semble qu’elle est logique, c’est qu’on puisse arriver à un certain consensus, sans exagérer l’ampleur du consensus possible. Il ne s’agit pas d’une concertation, je ne pense pas qu’on doive compter là-dessus, une concertation de tous ceux qui sont concernés, mais un consensus sur des zones où cela est possible. On pourrait, cela m’a été suggéré il y a quelques jours comme façon d’aborder cela, on pourrait peut-être parles de trois zones. Une où il peut y avoir des oppositions irréductibles. C’est normal dans toutes les sociétés modernes et qui sont exposées à tous les grands courants, où les intérêts sont irréductibles et où il ne faut pas rêver en couleur… Par exemple,. il y a des gens qui pensent à changer la société, c’est-à-dire à changer toutes les règles du jeu et il y en a d’autres qui veulent, au contraire, que les règles du jeu continuent. Il est évident. qu’entre des gens qui ont deux conceptions aussi complètement diamétralement opposées, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il y ait un consensus. Ceux qui disent: il faut balayer l’ordre, ou le désordre, peu importe, actuel,et ceux qui disent: c’est là-dedans qu’on veut fonctionner, c’est irréductible. Il ne faut pas s’imaginer qu’ils vont s’entendre.
Il y a également des zones où, forcément, les intérêts sont contraires et où il ne
s’agit pas de parler de partnership mais plutôt d’interlocuteurs de part et d’autre d’une table. Un exemple très simple: les salaires. Forcément, quand vient le moment de discuter de salaires, par rapport à la notion de profits, etc., c’est pour cela qu’il y a des négociations et très souvent des conflits, j’hypersimplifie le problème, mais ce sont les zones où les intérêts sont contraires. Mais il y a aussi des zones où les intérêts sont convergents. Par exemple, dans le contexte actuel de l’économie québécoise, comme elle est située, axée sur l’Amérique du Nord, et sur des échanges internationaux, il y a des zones où c’est très convergent. Par exemple, si on n’a pas une productivité une efficacité suffisantes pour que les entreprises soient rentables, en même temps ce sont les emplois qui sont menacés.
Il nous semble qu’il y a un espoir dans ces zones où des intérêts devraient converger,
doivent converger, il peut se dégager des consensus. Comme vous le savez,ce sommet sera divisé en deux blocs. L’essentiel de la conférence, les deux thèmes clés qui sont très globaux, c’est moitié d’abord – cela va s’interpénétrer évidemment – mais une moitié du travail serait axée sur les relations de travail et le climat sccial, l’autre moitié, sur la situation économique et ce qu’on peut en dégager. C’est pour cela qu’avec moi j’ai M. Marois, qui est le ministre d’Etat au développement social et qui va piloter, pour le gouvernement la partie qui le concerne, et M. Landry du côté économique. Il serait bon de leur demander, à l’un et à l’autre, comment ils voient,chacun dans leur secteur, la façon d’aborder cela ou les perspectives auxquelles ils s’attentent. M. Marois.
[M. MAROIS: Juste en enchaînant sur ce que M. Lévesque vient de dire, une des premières choses, de toute façon,,je pense que plus de détails vous seront communiqués, quant à la participation, je pense-au-bloc « social », il y aura autant-de représentants du monde syndical que du monde patronal. Ce qui veut dire-qu’on-reconnaît, qu’on veut reconnattre au départ, l’importance de ce qu’on appelle les agents « dits sociaux ».
Une des premières choses qui m’apparatt importante.si on part, c’est un peu la perspective à laquelle je m’accroche, si on part de la perception que les Quéhécois; eux mêmes, le monde en vie, ont de leurs problèmes et des possibilités de changements et des coins oû
dE ;
il y a/nécessité:,de changements au Québec,- je pense que-tous-les Québécois, sQrement nous en tout cas, nous sommes en droit de souhaiter une chose-et-d’espérer fortement une chose,
c’est que,peu importe comment certains l’abordent, on•a parlé de concertation, d’autres
les
ont parlé de confrontation, peu importent / mots, dans-et avec ce que M. Lévesque a ajouté,
les possibilités et de convergence et de divergence, une chose,-c’est que ce soit abordé par tout le monde, y compris nous, de la façon la plus franche et la plus honnête possible. Je pense que c’est une des choses essentielles.
Quant aux attentes, aux espoirs, pour l’instant,je pense qu’on doit modestement les formuler sous forme de questions plus que d’affirmations, il est possible que le sommet,
il est souhaitable que le sommet permette, non seulement à chacun des agents socio-économiques, mais aussi à l’ensemble des Québécois, de tirer des indications suffisamment claires sur
ce que j’appelle une possible jonction; entre des besoins sociaux d’une part, au sens
on
strict du mot, auxquels/ n’a pas le droit de ne pas répondre, et les exigences du développe
ment économique. C’est une des choses. Deux autres choses qui me semblent intimement liées une par rapport à l’autre, c’est d’évaluer dans quelle mesure les difficultés particulières du contexte actuel favorisent ou pas une jonction du genre de celle que j’ai évoquée entre
les besoins sociaux nécessaires, urgente dans certains coins, et les nécessités d’un déveet
loppement économique/ deuxièmement, raccrochés à cela, quels sont les changements,si
nécessaires, auxquels on n’a pas le droit, tous ensemble•,de ne pas s’arrêter, de ne pas..se pencl même d’en arriver à aboutir sur ces choix là.
Un autre élément qui est relié aux autres, c’est jusqu’où il est possible, et là je rejoins ce que M. Lévesque appelait les convergences, il est extrêmement important qu’on
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puisse tous ensemble, à partir de ces faits, de la réalité, en partant du monde en vie, en partant des Québécois, il faut les retourner, parceque ,finalement,c’est ce qui est important, jusqu’oû est il possible de travailler ensemble? OS est le consensus minimum, les zones Où
c’est possible dans la définition des conditions de développement social et économique parce ]e
que c’est en jonction l’un et l’autre? On/sait bien, évidemment,il y a plusieurs problèmes
qui vont être discutés, abordée à l’occasion,
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Je parle du bloc relations de travail,au sens très large, aussi bien, je présume les relations de travail dans le secteur public, dans le secteur privé, etc. Mais juste pour prendre un exemple qui, lui aussi, sQrement, va être évoqué: tout » le domaine de la santé et de le sécurité au travail. Je pense qu’en prenant cet exemple, on voit bien de quelle façon se pose, en même temps la nécessité – parceque c’est lié – d’évaluer en même temps les coQts sociaux et les coQts économiques.
Quel est le consensus? Il y a sQrement, au minimum, un consensus, je présume, pour admettre qu’il y a là un problème • très sérieux et qu’il va falloir franchir des étapes. Jusqu’où se situe le consensus? Jusqu’où l’ensemble des agents sont ils prêts à faire un bout de chemin pour apporter des réponses à ce problème? Ce n’est qu’un exemple, je pourrais en prendre d’autres.
Je terminerais simplement en me raccrochant à ce que j’ai évoqué au début. C’est ce que M. Lévesque aussi appelle la partie pédagogique ou éducative. Il me semble, encore une
fois, excessivement important que dans cette perspective de développement,où dés :gens je moment ci
pense•â .ce/au Québec il me semble plue c’est une attente profonde des Québécois. À partir du
moment où les gens acceptent de se parler franchement, honnêtement, de voir dans quelle mesure on est capable, aussi, de se raccrocher au monde1’ee vie »,â partir des besoins réels des Québécois, la façon dont ils le voient, de se le dire autant que possible dans un langage que les Québécois comprennent et vont comprendre, donok::pai+tir d’eux pour que finalement, cela retourne aussi à eux . Cela neuppareft.&tre•une dimension importante. Pour l’instant…]
[M. LEVESQUE:] M. Landry, du côté économique, a été, depuis le début, avec, au départ, M. Parizeau et ensuite, dans la réalisation, ce qu’on peut désigner sous le nom de maître d’oeuvre, avec toute une équipe, de l’organisation de la conférence. Il pourrait peut-être, à la fois parler de l’économique et de l’organisation elle-même.
[M. LANDRY: Dans la foulée de ce qui a été dit, ja vais ooaroencer par la partie économie que. Vous savez, cela & .été dit à l’Assemblée nationale, en réponse à des questions, que des documents d’appui seront déposés d’abord à l’Assemblée nationale et ensuite, rendus disponibles au public en général.
Je voudrais vous donner un aperçu-de!-là façon dont ont été abordées la• facture; et la confection du document économique de base. Premièrement, nous l’avons voulus le plus neutre possible et le plus désamorcé-. en tannes de prise de position, toujours, comme l’ont dit ü. le premier ministre et M. Marois, dans l’optique de cette recherche des zor-_•s de possible accord.
Dans ce document, il y aura une partie problématique et une partie statistique.
Dans la problématique, nous allons aborder quatre grands sujets, peut-être un certain nombre
d’autres, c’est à la phase finale de réalisation… Premièrement, la nécessité pour l’économie québécoise de faire un effort beaucoup plus substantiel à l:exportation: diversification de nos marchés, . également diversification de nos produits et dynamisation de l’appareil de production secondaire, en termes d’innovation, d’efforts particuliers, de nouvelles formules de financement, avec cette optique que l’économie québécoise, comme toutes les grandes économies occidentales, doit s’inscrire dans le grand réseau des échanges commerciaux mondiaux.
Second asepot de la problématique, celui qui tourne autour des richesses naturelles et
de leur utilisation. Premiérement,un aspect qui est classiq&ie,ces••temps-ci, celui de la conservation de la-ressource et de la considération-du fait que la ressource n’est pas inépuisable. On pense que nos ressources de zinc, par exemple, seraient encore exploitables pendant dix ans. C’est à y réfléchir. Dans le cuir, des délais qui ne sont pas tellement plus longs dans l’état actuel du patrimoine découvert. C’est une problématique qui intéresse tous les agents de l’économie. Egalement, toujours au sujet des richesses naturelles, la problématique est que les plus
Québécois doivent profiter beaucoupiqu’ils ne l’ont fait par le passé de la présence de
ces richesses sur leur territoire, soit en termes de redevances fiscales, sait en termes surtout – c’est l’impact économique majeur – de transformation de ces ressources dans le périmètre québécois, avec tous les effets économiques que cela peut entraîner.
Egalement, troisième grand secteur abordé, la question des investissements et des grands choix des investissements productifs par rapport aux investissements somptuaires. Ce n’est un secret pour personne que le Québec doit faire un examen de conscience assez serieux en regard de ce que nous avons fait au coure des dernières années dans l’arbitrage entre ce qui doit produire des biens et des services et ce qui peut être considéré comme des investissements moins essentiels et plus somptuaires. Enfin, je ne veux pas vous donner d’exemple. Il y a certains ministres qui se spécialisent dans l’analyse de cela, mon collègue Charron en particulier, avec ses troupeaux d’éléphants.
Quatrième aspect, ce qui touche au management québécois, à la gestion de l’économie québécoise, soit dans le secteur privé, soit dans le secteur public, on commence à se
rendre compte que nous avons de bon techniciens, de bons ingénieurs et, assez paradoxalement1
un grand nombre d’entrepreneurs, mais c’est quand arrive le moment de décider et de gérer que
une séance privee ou publique / les plus grands écueils se font sentir. Ce sera mis
la portée des participants dans une forme plus élaborée.
Enfin, toute l’approche statistique traditionnelle, nous mettrons le plus de chiffres possible concernant l’économie québécoise,en rétrospective et en prospective, jusque vers 1980,des grands indicateurs réels ou projetés.
C’est dans ces grandi axes que le document économique sera conçu et sera mis à la disposition de l’ensemble des participants et largement diffusé dans la population.
Je passe maintenant à l’aspect de l’organisation du sommet économique comme tel. Plusieurs données vous ont déjà été communiquées. Tout le monde sait que c’est à Pointeau-Pie et que c’est au manoir Richelieu. Cet endroit a été choisi pour que les participants au sommet s’engagent vraiment dans le sommet et que ce ne soit pas une rupture à l’heure du lunch pour venir au sommet et retourner à son siège social ou au bureau de sa centrale syndicale.
Les dates arrêtées: du 24 mai,au soir, jusqu’au 26 mai, vers 2 heur’s de l’après-midi.
Les participants y sont invités par le premier ministre et y représentent le monde patronal, environ 45 personnes; le monde syndical, autant, c’est-à-dire 45; les coopératives, 10; le gouvernement, 9; l’Opposition, 3; les sociétés d’État, 3; les municipalités, 4; les
8 commissions scolaires, 2; un certain nombre d’universitaires et d’observateurs et il y
a encore – je ne veux pas faire de publicité, parcequ’il y a une ruée pour être invité au sommet – quelque flexibilité et il y a des gens dont la décision d’invitation n’est pas prise, mais qui seront vraisemblablement invités.
Les critères de sélection: On a voulu une représentativité horizontale par association
et par secteur industriel. On a voulu avoir surtout des chefs d’entrepriseset non pas
pi
uniquement des porte-parole élus par les chefs d’entreprises/ qui n’en sont pas eux-mêmes.
Nous avons recherché aussi la présence des »décideursv,ceux qui prennent véritablement les décisions, soit parcequ’ils sont les chefs de l’entreprise ou parceque , dans leur syndicat, ils ont été élus pour prendre des décisions, une variété de petites,/moyennes et de grandes.
Les documents de travail, vous savez, il y en a deux,et la situation dans les relations de travail et la situation économique sont les grands thèmes majeurs. Ils seront déposés à l’Assemblée nationale à la mi-mai. Ils seront disponibles aux participants vers la même date.
Le programme des activités. Nous avons privilégié la formule de plénière pour avoir la plus grande homogénéité possible et faire que les participants soient tous en meure temps en présence les uns des autres, plut8t que d’aller vers des ateliers où on aurait
pu s’engager dans des discussions sectorielles qui n’auraient pas profité à tout le monde.
Nous avons conçu l’horaire aussi de façon telle qu’il soit suffisamment aéré pour
qu’une partie du sommet se fasse en dehors des séances officielles, mais par les rencontres que les participants ont entre eux. C’est la théorie des corridors que vous connaissez bien.
Nous amorcerons les discussions à l’aide de ce qu’on appelle panel, faute de mieux, mais ce ne sont pas de vrais panels; il s’agira simplement de mise en jeu par des participants qui interviendront en début de séance, mais qui retourneront dans la salle après. On ne veut pas un panel écrasant et qui discute entre eux, après avoir fait son exposé d’ouverture. C’est un animateur professionnel qui sera responsable des délibérations. Le gouvernement n’a pas voulu se charger de cette tâche,pour des raisons qui ont déjà été dites. Le gouvernement ne veut pas avoir une présence écrasante et veut se comporter, dans toute la mesure du possible, même s’il est l’hôte, comme un agent ordinaire, bien que chacun sache que c’est un agent extraordinaire, mais dans toute la mesure du possible.
Le premier ministre lui-même est l’hôte du sommet, et à ce titre, il ouvrira
les délibérations par un exposé initial et fera également la synthèse de clôture,
la matinée du troisième jour. En termes de communications nous sommes bien conscients qu’il est important que non seulement les participants au sommet y soient intéressés, mais les plus vastes couches possible de la population québécoise. Des efforts considérables ont été faits dans ce sens. Ce sommet n’est d’aucune manière à huis clos. C’est une activité publique. En termes méthodologiques, il sera public comme n’importe quelle autre activité pour l’ouverture et la fermeture. Qpant aux séances de travail, dans le but de les rendre le plus intensespossible et permettre la plus grande concentration possible des participants, en `évitant ceux d’entre eux qui sont moins spectaculaires que d’autres d’être pénalisés, nous vous avons déjà proposé une formule,des moyens d’information, à l’effet que des grands rapporteurs, pour les séances qui, encore une fois, ne sont pas à huis’ clos, mais ne sont pas ouvertes à la presse, puissent vous rendre compte de ce qui s’est
dit en dehors de votre présence, et tous les autres lieux, évidemment, de la conférence vous sont accessibles constamment.
Deux derniers points qui ne sont pas sans intérêt: On a porté une grande attention à la logistique, l’accueil, le secrétariat, -la rest’auration,,le sport, la signalisation. Tout cela est fait de façon soignée. Tout cela va eoôter autour de $ 140000.]
[M. LEVESQUE:] M. Marois, voulez-vous ajouter quelque chose?
[M..MAROIS: Pour vous indiquer une chose additionnelle, comme Bernard Landry l’a évoqué, il y a un document d’appui pour le bloc économiqua,qui’a l’équivalent
du côté des relations de travail au sens très large, qui a été conçu de la même façon. exactement que le document économique, donc, à partir d’une base très factuelle, la plus factuelle possible et cernant un certain nombre de thèmes, notamment des choses, je pense, qui sautent aux yeux, qu’il est peut-être bon de mentionner quand même, en particulier, trois choses: Tout le domaine des relations de travail dans le secteur public, qui est à riévaluer, je pense bien, là aussi oû il faut gratter possiblement des avenues nouvelles. Deuxièmement aussi, mais là, au sens large, le domaine des relations de travail dans le secteur privé, c’est-àdire. le problème des travailleurs qui ne bénéficient pas de la protéction des conventions collectives, les non-syndiqués et toute la question de ce qu’on appelle les conditions minimales de travail, grefféa.à cela la question du salaire minimum, les formules possibles d’indexation et le reste, qu’on doit brasser ensemble, les
étapes aussi, depuis le temps qu’on en parle au Québec, de réexamen du Code du
va
travail, quelles sont les étapes possibles. Là, cela/de ce qu’on peut appeler la
réforme d’un Code du travail, en partant de choses plus modestes, de premières étapes qui peuvent toucher les~problèmes de formule Rand, les problèmes de lois anti-casseur, des mesures susceptibles de favoriser une plus grande accessibilité au syndicalisme. Le troisième thème que j’ai évoqué tout à l’heure, qui est
celui de tout le domaine de la santé et de la sécurité au travail oû là, vraiment,
il y a un problème qui est plus que sérieux, parcequ’il y a une chose qu’il faut qu’or a peut-être rappeler, c’est une donnée de fait, c’est / contrairement à ce qu’on
pense bien souvent, eu, malgré ce qu’on a appelé la détérioration du climat social, l’évaluant à partir de conflits de travail, de grèves beaucoup plus de journées
de travail perdues suite à des accidents déclarés qu’à des journées de grève. (:’e.-t t iic?
M. L’HEUREUX:/ D’accord.. On va commencer par Jacques L’Archevêque
UNE VOIX: Il n’est pas là?
M. L’HEUREUX: Alors, Gisèle Gallichan.
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MLLE GALLICHAH: Ma question s’adresse à M. Marois. Dans quelle mesure, M. le ministre, avez-vous pu jauger, si je puis me permettre, la motivation de vos invités, de telle sorte que cette espèce de sommet et de conférence économique ne soit pas comme bien des congrès qu’on connaît où ça palabre et, finalement, il n’y a rien de concret vraiment et il n’y a rien de sûr qui en ressort?:!-* »
M. MAROIS: Écoutez ! Les contacts avec les participants possibles ont été faits par M. mais par
Bernard Landry, principalement, par M. Lévesque aussi,/ principalement /_.;M-. Bernard Landry qui én
est le coordonnateur et M. Parizeau aussi. Comme j’ai participé partiellement à ces contacts, quee
je pense / M,.Bernard Landry serait mieux placé pour répondre à votre question, parceque la
motivation et jusqu’où ça va… parceque c’est presque tenter de sonder les reins et les coeurs.
M. LANDRY: Oui, et dans certains cas, c’est plus difficile que dans d’autres cas. On
a rencontré tous les participants assez longuement, et certains d’entre eux à plusieurs reprises. Chez plusieurs d’entre eux, cela allait de soi que cette rencontre devait avoir lieu. Ceux-là, disons, étaient plus nombreux c6té coopération et patronal que côté syndical, et côté syndical certains d’entre eux, aussi, disaient que cela allait de soi. Certains autres abordaient cela de façon plus nuancée, mais, enfin, les échos que vous en avez euspar l’information et les contacts qu’on a eus, par la suite, le premier ministre et moi-même, nous démontrent que l’ensemble des invités jugent la chose, au moins, utile et devant la peine d’être essayée.
M. L’HEUREUX: M. Piché, de Montréal-Matin.
M. PICHE: Je sais que la question n’est pas nouvelle; elle vous a déjà ét4 posée, M. le premier ministre, mais j’aimerais y revenir, parcequ’il y a des choses qui m’échappent.
Le gouvernement fédéral n’est pas invité. Or, c’est un agent économique. Ne serait-ce
que par le biais de l’administration de la voie maritime, le port de Montréal, Air Canada,
le CN, et tout ça, j’aimerais savoir pourquoi la gouvernement fédéral n’est pas invité. Pouvezvous m’expliquer la raison?
Deuxièmement, si vous n’invitez pas le gouvernement lui même, vous pouvez quand même dire pourquoi les sociétés d’Etat, comme Air Canada et le CH, tout ça, ne sont pas invitées.]
[M. LEVESQUE:] Écoutez: Je pense que la réponse à la deuxième question se trouve plus ou moins entraînée par la première, parceque ce sont des agents du gouvernement fédéral. Alors, dans notre. optique, ça forme un bloc, un tout.
[M. PICHE: Je posais la question, parceque vous même, vous faites une distinction entre le gouvernement et vos sociétés d’Etat.]
[M. LEVESQUE:] Écoutez! Il est inévitable que l’intervention ou la présence du fédéral va être évoquée. On ne peut pas en faire abstraction si on parle, en particulier, de grands secteurs comme ceux là où la présence du fédéral, que ce soit dans le domaine social, par des législations ou des mesures quelles qu’elles soient, ou dans le domaine économique. est évidente, même dans certains cas, trop évidente. Cela ne peut pas être exclu. Par ailleurs, je ne sais pas, mais sans même en faire une longue discussion philosophique, qu’on ait exclu toute invitation au secteur gouvernemental fédéral pour sortir, au moins pendant deux jours – ce n’est pas la findu monde. Il n’y a pas de secret. Ils seront au courant de cette espèce d’ambiguïté et; jusqu’à un certain point, de chevauchement, même dans les idées, il s’agit du Québec représenté,au niveau gouvernemental par l’Etat québécois et des agents économiques qui fonctionnent dans le périmètre, comme disait M. Landry, québécois, et on voudrait garder ça, si vous voulez, sans idée d’exclusivisme pour l’instant, mais en famille, quoi, en fonction des perspectives qu’on peut examiner nous mêmes. Autrement dit, ce n’est pas une approche séparatiste, pour parler comme nos amis anglophones, c’est simplement une approche purement québécoise, qui n’exclura pas, forcément, qu’intervienne dans la discussion l’impact des politiques ou des absences de politique, dans certains cas, du gouvernement fédéral.
[M. L’HEUREUX: Sur le même sujet, je voudrais savoir s’il y a des agents économiques du fédéral, commission anti-inflationniste, je ne sais quoi, qui ont essayé de se faire inviter. Vous avez parlé tantôt d’une ruée. Est ce qu’il y a des agents fédéraux qui ont essayé de se faire inviter?]
[M. LEVESQUE:] Je pense que la ruée n’était pas de ce côté là, mais peut-être que M. Landry…
[M. LANDRY: Ils n’ont pas participé à cette ruée, mais parmiles observateurs, il y a quelques représentants de grands organismes fédéraux qui sont sur place. Mais non, il n’y a eu aucune pression de leur part. Cela a été une ruée provenant du Québec.
M. L’HEUREUX: Pouvez vous préciser, chez les observateurs, qui a demandé à être là? Est ce que cela vous est possible?
M. LANDRY: C’est assez délicat, parceque la liste n’est pas absolument complète, et ce serait vous révéler en même temps ceux qui sont invités et ceux qui ne le sont pas. M. L’HEUREUX: Charles DeBlôis, TVA.
M. DEBLOIS: M. Landry, tenant compte du fait »que.’ quand mêmel1a majorité des gens au Québec; ` ne sont pas syndiqués, des salariés ne sont pas syndiqués, il y a également tout le monde des corporations professionnelles…
M. CHATILLON: Monsieur le président…
M. LANDRY: Le président lui même.
M. CHATILLON: … W intérim du conseil d’administration.
M. LANDRY: Peut-être que l’Opposition décidera de noue envoyer l’ancien
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aussi!
M. CHATILLON: Ce nom faisait partie de la liste qui a été proposée au comité qui a sélectionné les participants.
M. L’HEUREUX: M. Jean-Paul Gagné du Soleil.
M. GAGNE: M. Landry, j’aimerais savoir combien d’anglophones sont invités parmi les preneurs de décisions et dans quelle langue se feront les délibérations? Pourra t on faire les délibérations dans les deux langues?
M. LANDRY: Les délibérations se feront principalement en français, mais il y a un assez nombre significatif de « décideurs » côté patronal qui sont des anglophones. C’est/difficile
â définir parceque souvent ces gens parlent français aussi. Alors, ils sont francophones opérationels. Il n’y e pas de doute et s’il y en a qui vraiment ont des difficultés, on va les aborder d’une façon technique de façon à leur donner satisfaction pour qu’ils comprennent ce qui se passe là.
M. L’HEUREUX: M. Lévesque, je sais que ce n’est pas dans cet esprit qu’il faut sans doute aborder le sommet économique, mais si cela devait être un échec total, c’est-à-dire que si on devait se retrouver en présence de parties qui veulent tirer leurs intérêts ._chacun de leur cêté et qu’il n’y aurait pas de consensus qui se dégage, vous avez quand même dû ‘imaginercette perspective. Quelle position dégageriez vous comme gouvernement?]
[M. LEVESQUE:] Non. On n’a pas envisagé la perspective d’un échec vraiment total parcequ’il reste certaines certitudes évoquées au début qui font que cela ne peut pas être un échec total. Par exemple, une sorte de perception bien meilleure et je pense, des agents eux mêmes parcequ’il y aura, pour la première fois, cette espèce d’interaction conjointe du gouvernement, du monde des décisions patronales, si vous voulez, du monde des décisions syndicales, du monde coopératif avec des observateurs qui peuvent également faire sentir leur poids par leur présence et aussi dans la politique des corridors dont parle M. Landry.
Donc, c’est impossible que cela soit un échec total dans cette perspective, d’autant plus qu’on ne s’est pas donné des objectifs particulièrement ambitieux.
[Il y a également tout le monde des corporations professionnelles. Je pense aux médecins, etc. qui eux aussi …On dit parfois qu’ils sont responsables de la hausse des coûts de santé. Ne pensez vous pas que dans la composition des gens qui sont invités, il y a quand même des catégories de gens qui ne semblent pas âvoir été dans la liste des invités?
M. LANDRY: C’est exact et pour que cela reste opérable, il ne fallait pas dépasser une certaine taille. C’est la première fatalité à laquelle on s’est buté et un des paliatifs c’est la présence d’un agent assez universel, avec une certaine neutralité, bien qu’il ait’ une tendance progressiste, c’est le gros bloc coopération.
Comme le disaient les représentants du Mouvement Desjardins, à peu près tous ceux
que vous invitez , de toute façon, sont de nos membres. À peu près. Je pense qu’ils
sont quelques millions de membres. C’est le paliatif qu’on a trouvé, mais on s’est buté à use fatalité de devoir clore la liste, à un certain moment, et choisir ce qui nous apparaissait comme étant plus significatif et le plus directement relié aux objectifs économiques et sociaux.]
[M. LEVESQUE:] Il faudrait peut-être mettre des points de suspension parceque , évidemment, ce n’est pas une annonce. Il peut y avoir un espoir quand même qui se dégage de ces deux jours que cela soit la première d’une série de rencontres qui pourraient, à ce moment, périodiquement, revenir peut-être de façon plus précise sur certains aspects de la société québécoise et cela peut inclure les groupes comme ceux que vous mentionnez, éventuellement, mais il fallait commencer quelque part et comme dit M. Landry, il y a des limites si on veut que cela soit quand même manoeuvrable à tout le monde.
[M. L’HEUREUX: M. Stan Osiecxic.
M. O IECWIC: Je voudrais retourner aux questions de M. L’Heureux. Même si la liste des invités n’est pas complète, vous ne pouvez pas nous dire qui voudrait être invité.]
[M. LEVESQUE:] Pardon?
[M. OZIECWIC:…ceux /•. voudraient être invités?
M. LANDRY: Comme je vous ai dit, on n’a pas eu de demandes particulières du gouvernement du Canada. Quand j’ai parlé de ruée, elle est venue d’ailleurs plutôt que de là, mais nous avons inclus dans la liste quelques représentants de grands organismes fédéraux, significatifs et qui se préoccupent, au moins sur le plan intellectuel de ces genres de problèmes, le Conseil économique du Canada, en particulier, M. Châtillon? Le Conseil économique du Canada aur. son représentant.
Ecoutez, il s’agit d’une première expérience. On sait qu’ailleurs, parceque cela a étè
fait dans bien des coins du monde, cela a été fait, il n’y a pas si longtemps, en Ontario. a
Ailleurs, ce n’est pas ça qui/Changé le cours de l’histoire, une première rencontre comme ça, donc on ne s’y attend pas.
Donc, il ne peut pas y avoir d’échec total. Premièrement, le simple fait que’ cela ait
lieu, pour nous, c’est déjà un succès, et que pas mal de gens s’ajoutent même « par une sorte de ruée qui s’amplifie » à ceux qui étaient déjà identifiés comme des invités ou des participants. Cela, c’est déjà un succès. Deuxièmement, il y a la certitude aussi que ça va donner une meilleure perception de nos réalités, non seulement aux participants, ce qui est déjà beaucoup, y compris même une meilleure perception des conflits, des divergences et sème des visages. C’est important de se connaître et tous ensemble.
Deuxié~ement, ça va donner, c’est très important aussi, une meilleure perception, si
la couverture est convenable, et on fait tout ce qu’on peut pour qu’elle le soit, à l’ensemble des citoyens. Voici le Québec de 1977, voici ses problèmes, voici sest possibilités, et bot, Dieu, voici ses perspectives aussi. Il ne faut pas que ça débouche sur le noir et je pense que les documents d’appui ne sont pas faits pour ça.
Est ce qu’on peut ajouter à ça certains amorces de consensus, au moins sur ces faits tttU que tout le monde doit accepter et comment les traiter ensemble?,C’est un espoir. Pour hoti8, ce serait un succès phénoménal que ça débouche là-dessus. Mais même si on n’y arrive pas tout à fait, ce ne sera pas un échec total. Quant à nous, ça ne se peut pas.
M. L’HEUREUX: M. Descoteaux,du Devoir.
M. DESCOTEAUX: M. Lévesque, quand on parle de succès phénoménal, quand vous parlez de
vos espoirs, j’aimerais savoir dans quelle mesure, comme gouvernement, vous allez tenir
compte des résultats ou d’un possible consensus en vue d’un programme législatif. Par exemple, on peut penser au projet de loi sur la langue, aussi à tous les projets de loi sur les conditions minimales de travail, la réforme du Code du travail…A un moment-donné, est ce que ça ne peut pas créer une opposition avec le programme du parti?’]
[M. LEVESQUE:] Sur ce plan, qui pourrait éclairer ou affecter le programme législatif du gouvernement, il est évident que ça peut avoir une utilité énorme. C’est quasiment comme d’avoir un conseil économique et social pendant deux jours qui va quand même nous donner une perception beaucoup plus claire que celle qu’on peut avoir dans certains cas, y compris taux que vous mentionnez, des réalités, des possibles approches et aussi des actions.
C’est évident.
Donc, à ce point de vue là, écoutez, on se dit: Nous aussi, ça va nous aider, on n’y va pas pour que ce soit stérile pour nous, ça va nous aider à une meilleure conception des difficultés de parcours et des approches possibles,dans le domaine législatif comme dans: les autres, c’est sûr.
[M. L’HEUREUX: Je ne voudrais pas avoir l’air de profiter de mon poste pour prendre la parole plus souvent qu’à mon tour, mais il n’y a aucun collègue qui s’est inscrit. Je voudrais demander à M..Landry, vous avez parlé tantôt des rapporteurs, la séance va être à huis clos, est ce que vous pourriez fournier des précisions, parceque c’est un domaine qui va sûrement intéresser ceux qui vont couvrir cet événement?
M. LANDRY: Bien sûr. Comme je dis, il n’y a pas de huis clos en ce sens que personne n’est tenu au secret, on ne veut pas que ces délibérations soient gardées sous le boisseau.
Les gens qui s’occupent des communications ont fait, auprès des medias, je ne sais pas si sur
c’est rendu/le plan institutionnel ou si c’est encore sur le plan dndividuel,des sondages,
pour dégager une formule satisfaisante pour que vous soyez informés de tous les détails sans que 75 journalistes pu 100 journalistes soient présents au moment même oû la délibération se fait dans une salle relativement exiguè, exigu6y c’est peut-être un peu fort, mais quand même, les participants à leur table et leurs papiers, et aussi le fait que certains agents étant désavantagés sur le plan de l’expression, se sentiraient peut-être un peu limités devant une telle batterie avec laquelle ils :ne sont pas familiers. On va essayer de trouver une formule qui vous permette d’avoir toute l’information possible sans aucun inconvénient de cette pré&
„n sur
sence, mais on/est encore/la plan dessuggestions là-dessus. Les décisions ne sont pas priSYe,
on est à la recherche d’une formule.]
[M. LEVESQUE:] Une chose qui est claire, c’est peut-être bon de l’ajouter c’est que la séance d’ouverture, le 24 au soir, et qui va impliquer, je crois, des réactions des participants, pas seulement une allocution de la part de votre serviteur, mais aussi une possible réaction, des interventions et la séance qu’on appelle de synthèse, c’est-à-dire le 26, vont toutes les deux être totalement publiques.
Le reste, c’est la journée du 25, les deux grandes séances sectorielles. Pour
ce qui est de ces deux là, il est évident que comme le manoir est ouvert à tout le monde, y compris très spécifiquement aux médias d’information, la politique de corridor dont parlait Bernard, plus les reporters font que, je ne pense pas, il va y avoir grand chose de caché, mais je pense que c’est assez important que pendant les séances qu’on dit de travail, il y a des anglophones, il y a des francophones, il peut y avoir des problèmes de gaucherie d’expression, etc., si par dessus le marché on se sent la cible de trois ou quatre caméras en même temps et de preneurs de notes qui vont aller dans les journaux, cela peut paralyser un peu le travail. On cherche la meilleure formule.
[M. LANDRY: Sur les reporters,je voudrais ajouter une précision. Dans les suggestions que nous faisons,c’est que les reporters soient choisis par vous, par les gens de la presse.
M. L’HEUREUX: 14. L’Archevêque, il vient de répondre.
M. OZIECWIC: Si vous me permettez de changer le sujet pour un moment, dans la Presse d’hier, il y avait un texte à la première page qui dit que pour chaque siège social qui déménage au Québec, il y en avait 5 ou 23 qui quittent la province.]
[M. LEVESQUE:] Non, deux contre 23, d’après les calculs que j’ai eus.
[M. OZIECWIC: En tout cas, est ce que cela ne vous inquiète pas?]
[M. LEVESQUE:] Il y a une question de taille. parceque c’est facile de faire de
la propagande. Autrement dit, s’il y a – je m’excuse de l’expression – une « binnerie » qui s’en va avec son siège social, c’est moins important qu’un siège social substantiel qui arrive au Québec. C’est une question qu’il faut se poser, parceque c’est bien beau de faire des manchettes avec des chiffres qui n’ont pas été étudiés. Donc, il y a une question de taille et il y a une chose qu’il faut toujours rappeler c’est qu’il y a une question de tendance, à long terme, qui est là de toute façon. Depuis 20 ou 25 ans, il y a une dérive constante, non seulement du Québec ou de Montréal, mais de l’ensemble de l’est du Canada vers Toronto et vers essentiellement le sud de l’Ontario. Cela n’a pas été inventé le 15 novembre. Pour être plus spécifique, je ne sais pas si M. Landry a eu le temps de vérifier cela, parceque dans la préparation de ces aperçus économiques pour le mois de mai et pour toute l’année qui vient, le comité de développement économique s’intéresse à cette question parmi d’autres. Alors, peut-être que vous pourriez voir un peu ce que cela vous a dit depuis hier, cette annonce.
[M. LANDRY: On a, effectivement, une étude préliminaire qui nous a confirmé ce qui était déjà connu, peut-être en ajoutant certains détails, de la tendance qui acommencée sous Maurice Duplessis, à cause de facteurs purement économiques, de polarisation de l’économie canadienne et en pure rationalité, certains décideurs, certains sièges sociaux veulent être prés des autres sièges sociaux et des grands services financiers, mais on s’est rendu compte aussi de la limitation de nos moyens d’analyse en sur le plan qualitatif, c’est le problème des « binneries ».,/fait. On a localisé les grands, ceux qui sont là et pourquoi ils sont là et pourquoi ils sont encore là et il faudrait maintenant élucider, sur le plan statistique, 22, 23, ce qu’il y avait dans ces 22, 23. C’est difficile sur le plan méthodologique, mais on a une équipe là-dessus de l’OPDQ.
M. L’HEUREUX: Etant donné que M. Landry est ici, on va liquider ce sujet des sièges sociaux. Sur le même sujet, Jean-V.Dufresne.
M. DUFRESNE: M. Landry, est ce que c’est l’intention du gouvernement à un moment de divulguer les résultats de cette étude sur les sièges sociaux que vous avez entreprise?
M. LANDRY: Oui. Je pense que ce point est suffisamment important dans l’opinion publique. Quand on aura des recherches substantielles, nous les publierons.
14. DUFRESNE: Est ce qu’on peut avoir une vague idée,, quand vous compter terminer l’étude?
M. LANDRY: Ceux qui travaillent là-dessus nous ont dit qu’il y avait des problèmes méthodologiques graves. Cela va être une tâche ardue. Ce n’est pas juste du « clipping ». Il faut aller en profondeur, alors je ne peux pas le dire encore.]
[M. LEVESQUE:] Il y a seulement une chose qui vaudrait la peine de rappeler et de souligner et le contexte nous amène à cela, veux, veux pas. Dans la perspective duréférendum et d’une prise de possession officielle du Québec par les Québécois, autrement dit qu’on se branche dans le sens du self government, comme disent nos amis anglophones, toute cette question des sièges sociaux change de nature. Il ne faut pas oublier que c’est dans l’impuissance la plus totale que le Québec a vu dériver,en particulier vers Toronto, ses sièges sociaux avec lesquels on crée des espèces de « paniquages » psychologiques assez facilement dans certains milieux, pas dans toute la population, parcequ’il y a quand même un gros bon sens qui dit: Les opérations, ça continue quand même tant qu’on est des consommateurs, des producteurs, des exportateurs, etc.
Mais, il y a quand même, dans le régime dans lequel nous vivons, le régime fédéral, cette impuissance fondamentale des Québécois vis-à-vis d’un phénomène comme celui là. Si un gars décide de prendre ses petits, de paqueter ses petits, que ce soit à cause de la langue, qui peut souvent servir de prétexte, ou que ce soit à cause de cette tendance naturelle de concentrer les opérations là où c’est polarisé, on n’y peut rien, sauf de lui dire: [Good-bye] et de le regarder partir.
Dans un contexte d’indépendance où, fort possiblement, sept, ou huit, ou dix sièges
sociaux majeurs, dont on parle, qui s’en iraient – ça fait longtemps qu’on le dit – combien de sièges sociaux, combien de bureaux chefs et d’incorporations obligatoires se feraient dans le Québec? Le Québec ne serait pas abandonné, puisqu’il y a un marché ici. Il y a des gens qui mangent, qui consomment, etc., et les compagnies, les entreprises qui voudraient maintenir leurs activités dans le Québec ou celles qui voudraient y venir, là, des sièges sociaux, il s’agirait de savoir où se trouve la place pour… Ils seraient peut-être moins gros que la douzaine de mastodontes qu’on nous évoque tout le temps comme une espèce de, si vous voulez, chantage. Mais il y en aurait peut-être quelques centaines qu’on a jamais vus et qu’on ne peut pas imaginer voir dans le contexte actuel.
[M. L’HEUREUX: On revient au sommet… Non, il n’y a pas d’autres questions sur le sommet économique. Est ce qu’il y en a qui…]
[M. LEVESQUE:] Si vous permettez, MM. Landry et Marois vont s’excuser, parceque ce n’est peut-être pas tout sur le sommet. Je vais vous faire un bref rapport…
[M. L’HEUREUX: Une minute! Est ce qu’il y aurait quelqu’un qui aurait des questions en anglais pour MM. Landry et Marois. Il n’y a personne qui prend de chance en anglais avec M. Landry?
M. LANDRY: Vous me fendez le coeur. You break my heart. Il paraît qu’il s’am€lior’, au dire de certains d’entre vous.]
[M. LEVESQUE:] Sans autre transition, je vais simplement vous faire, comme d’habitude, un petit rapport très succinct sur l’activité du Conseil des ministres, hier. Cela s’enchaîne, d’abord, sur ce que disait M. Marois à propos du contexte social. Il ‘y a eu une discussion assez tous azimuts, axée sur la question du salaire minimum, de son indexation éventuelle et, d’ici quelque temps, très prochainement, sur cet ensemble, c’est-à-dire sur les liens qu’il peut y avoir entre la question d’une politique du salaire minimum, les conditions minimales de travail, etc., il y aura des annonces qui devront être faites, mais le Conseil des ministres a sérieusement avancé cette discussion. On a également longuement discuté, examiné un livre blanc sur la politique concernant les droits des personnes handicapées. Vous savez qu’au discours inaugural qui a ouvert la session, c’est une des priorités du gouvernement pour le programme de cette année. Alors, d’ici à très bientôt, peut-être quelques jours, ce livre blanc, qui devra être suivi assez rapidement d’une loi sur les droits des personnes handicapées sera entre vos mains et celles des citoyens.
On a également approuvé, après une bonne discussion, le budget d’équipement ou d’immobilisation, comme on dit couramment, de l’Hydro-Québec pour l’année 1977. Cela peut avoir l’air tardif, comme ça, rendu au quatrième mois de l’année, mais il reste que, à cause probablement un peu des circonstances, à cause aussi des arrêts de travail qu’il y a eus à l’Hydro, et d’un climat très tendu qu’il y a eu à l’Hydro pendant l’année 1976, les ébauches de budget n’étaient prêtes, si j’ai bonne mémoire, qu’à la fin de novembre ou au mois de décembre. Là, il y a eu changement de gouvernement. Ce n’est pas anormal que ça vienne en avril. C’est un budget d’équipement ou d’immobilisation sur lequel M. Joron pourra probablement vous donner plus de détails, mais qui est d’à peu près $ 950 millions. C’est le budget d’équipement de l’Hydro. J’insiste, parceque vous allez voir pourquoi dans un instant. Donc, à peu près $ 950 millions, du côté investissements de l’Hydro, directs, c’est-à-dire ses lignes de transport, ses sous stations, son équipement général, et $ 850 millions, budget d’opération courante, soit les salaires, etc., bon les dépenses courantes; donc, un total de $ 1800000000, 9 et 8, 17, c’est ça, plus ou moins des grenailles, là.
On a également eu pour information les prévisions de la Société d’énergie de la Baie James, filiale à 100% de l’Hydro, c’est-à-dire les constructeurs de la Baie James, qui représentent $ 1200000000 sur lesquels, dans le contexte actuel, le gouvernement n’a pas à se prononcer directement.
Autrement dit, en immobilisations,l’Hydro-Québec, puisque la SEBJ, la Société d’énergie de la Baie James, c’est sa filiale à 100%, en immobilisations,le total est au-delà de $ 2 milliards qui sont prévus pour l’année 1977. En fonction de la loi, le gouvernement, c’est-à-dire le porte-parole politique de l’Hydro,qui est M. Joron, le ministre délégué à l’énergie, le gouvernement n’approuve directement, ne ratifie, n’est appelé à approuver et au besoin en détail, que les $ 950 millions, à peu près, qui sont les investissements de l’Hydro, maison mère, mais la filiale, qui représente plus, $ 1,2 milliard en 1977, ce n’est pas normalement notre affaire. Là, il y a quelque chose qui… en tout cas, on ne peut pas aller plus loin pour l’instant, mais quelque chose qui mérite sérieusement d’être étudié et bientôt. C’est déjà en marche. Je pense qu’il y a quelque chose d’incohérent. Dans le domaine des grands travaux et des gros chiffres, on a aussi fait une longue étude qui est à l’échelle du Québec mais qui s’est centrée sur la région de Montréal, c’est la question de l’épuration des eaux. Vous savez que c’est un problème extrêmement massif ,où le Québec accuse des retards assez massifs aussi depuis pas mal d’années. Il y a toute une gamme de projets en marche ou projetés, c’est-à-dire soit en marche soit amorcés, soit conçus, en ce qui concerne la Yamaska. C’est en marche depuis quelque temps. En ce qui concerne la zone de la Communauté urbaine de Québec, la Communauté régionale de l’Outaouais, concernant l’Outaouais et les amonts du fleuve et de ce côté là, et aussi, concernent l’aval, ce qui veut dire les deux rivières du nord, essentiellement,et forcément l’ensemble de l’île de Montréal, la région métropolitaine. Dans le cas de Montréal, c’est connu qu’il y en a pour plus que $ 1 milliard de projeté. Une bonne partie est déjà en marche.
On a fait le tour de cela le mieux possible, en tenant compte aussi du facteur du métro qui représente un énorme poids projeté aussi, les extensions du métro à Montréal, sans compter aussi $ 300000000 à $ 400 millions, cela a l’air de rien, pour une station qui s’appellerait la station DesBaillets, je crois, qui serait le complément de l’approvisionnement en eau: de l’île de Montréal, à cause de son développement, des besoins qui augmentent. Alors, il a fallu faire une espèce de synthèse de tout cela et des décisions ont été prises concernant en particulier la région de Montréal qui vous seront annoncés, je ne veux pas aller plus loin pour le moment, par le ministre délégué à l’environnement, qui, dans ce cas là, devient l’approvisionnement en eau, si l’on veut, M. Léger, qui était hier à la Baie James. Je ne sais pas s’il est entré, mais quand il sera rentré, il pourra vous donner cela beaucoup plus explicitement et plus techniquement que moi.
Il y a deux cas régionaux de difficultés économiques sur lesquels des décisions de principe, mais des décisions fermes, ont été prises de renflouement, dans le cas de SAMOCO à Sacré-Coeur, qui est maintenant propriété de Rexfor et qui était en grave difficulté la décision a été prise. Il reste les modalités à annoncer. Dans les deux
cas, M. Bérubé, qui est le ministre responsable, pourra vous en parler aussitôt que ce sera
clarifié, mais la décision a été prise de renflouer SAMOCO à Sacré-Coeur et aussi de repartir les opérations de James Richardson dont on parle depuis deux ans, parceque cela fait deux ans que cela a brillé à Cap-Chat, de repartir aussi, d’une façon qui reste encore à déterminer et à discuter éventuellement avec les citoyens de la région, les opérations qui étaient celles de la James Richardson, c’est-à-dire l’usine de Cap-Chat qui est disparue, celle, si j’ai bonne mémoire, de Grande-Vallée, autrement dit, voir comment on pourrait réintégrer, dans la production, dans le secteur productif, dans ces deux régions particulièrement éprouvées au point de vue économique, des opérations axées essentiellement sur le bois.
Finalement, je voudrais vous dire simplement ceci, c’est que je pense que M. Léonard, le ministre d’Etat à l’aménagement, devrait rencontrer, sinon vous tous, du moins certains d’entre vous, ceux qui seront intéressés, aujourd’hui, pour faire rapport ou discuter avec vous des résultats de la rencontre qui avait d’ailleurs été évoquée en Chambre hier, qu’il a eue avec le ministre fédéral, M. Marcel Lessard.
En ce qui concerne surtout les fameuses ententes dont le chef de l’Opposition parle assez régulièrement, parceque c’était son secteur, concernant les régions, les secteurs d’opération, etc. à l’intérieur de l’entente cadre, quelles seraient les tâches possibles pour les mois qui viennent, en gros c’est cela.
[M. L’HEUREUX: Dave Thomas.
de
M. THOMAS: M. Lévesque, parmi les projets d’immobilisations / l’Hydro-Québec, se trouve
t il celui d’une troisième centrale nucléaire au Québec?]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, franchement, je ne pense pas, parceque c’est pas mal un fouillis le budget de l’Hydro-Québec, fouillis,dans le sens que ce sont tellement des gros chiffres qui se décomposent. Ce que je peux vous dire par exemple, c’est que,comme il a été annoncé pour l’ensemble des sociétés d’Etat, l’Hydro-Québec en étant une aussi, même si c’est forcément le mastodonte de toutes, un programme de développement dans lequel il y aurait une perspective de quelques années, que ce soit trois ou cinq ans, peu importe, va maintenant être exigé, le plus vite possible, de toutes les sociétés.
Évidemment, l’Hydro-Québec a toujours ses perspectives de développement sur cinq ou dix ans et même davantage parfois. Ce qu’on veut, c’est avoir un programme de développement concret qui inclurait des réponses à des questions comme celles que vous posez, de façon qu’on ne soit pas pris, comme gouvernement responsable quand même, on représente les actionnaires, devant des choses qui, comme cela est arrivé assez souvent au cours des commissions parlementaires par exemple ou autrement, sont presque des découvertes.
Maintenant, je pense que M. Joron pourra entrer dans pas mal plus de détails que moi en ce moment. J’essaie de couvrir tous les sujets pour vous donner un rapport succinct, je n’ai pas apporté tous les dossiers et c’est au ministre responsable d’aller dans le détail au moment qu’il jugera opportun. Harcelez le et vous verrez.
[M. GIRARD: Il a . répondu non en’ commission parlementaire .]
[M. LEVESQUE:] Une chose certaine, c’est que ça ne me rappelle rien de concret. Donc, c’est probablement non. Écoutez, je n’ai pas regardé dans le détail la partie qui concernait les investissements de ce côté.
[M. GIRARD: Il est même allé plus loin que ça, il a dit que dorénavant les projets d’investissement de l’Hydro-Québec seront obligatoirement fixés et approuvés par le gouvernement.]
[ M. LEVESQUE:] C’est logique.
[M. GIRARD: C+lst ce qu’il a dit en commission parlementaire.]
[M. LEVESQUE:] Cela découle de la logique qui est devenue quelque peu râpée au cours des dernières années. La logique de la loi elle même, à condition que ce soit l’esprit de la loi et non pas la lettre très étroite qui soit appliquée, c’est que les projets d’investissement, de même que les tarifs et les projets d’emprunt de l’Hydro-Québec, c’est, en dernière analyse, la responsabilité finale du gouvernement de les approuver ou pas. Pour ça, il faut les connaître.
[M. L’HEUREUX: M. Piché, de Montréal-Matin.
M. PICHE: Juste quelques petites précisions au sujet de SAMOCO et Richardson? D’abord, SAMOCO, est ce que vous avez une idée des montants que ça peut mettre ne cause?]
[M. LEVESQUE:] J’ai une idée, mais j’aimerais mieux, je vous l’ai dit il y a un instant, justement ça implique des montants, un refinancement jusqu’à un certain point, pour un renflouement, ce qui veut dire du refinancement aussi, et comme les modalités n’ont pas été fixées, je ne voudrais pas m’avancer immédiatement. La décision ferme qui a été prise, c’est que ça va être renfloué, au moins pour une certaine période de temps, pour voir si on peut atteindre la rentabilité. Vous savez. que c’est une entreprise qui a eu plus que sa peur d’épreuves, les unes auto-infligées et les autres à cause du marché.
[M. PICHE: D’accord. Dans le cas de Richardson, je n’ai pas saisi si vous avez dit
que ce serait seulement ‘des études pour savoir…]
[M. LEVESQUE:] Non, non, pas d’études, une décision ferme a été prise là aussi…
[M. PICHE: D’accord.]
[M. LEVESQUE;] … et implique là aussi des chiffres qui doivent être ajustés et certaines modalités de formule d’opération, mais la décision ferme a été prise que des opérations s’enchaîneraient pour prendre la relève des opérations de la Richardson qui sont interrompues, à toutes fins utiles, en particulier depuis le feu qui avait eu lieu à Cap-Chat.
[M. PICHE: D’accord. Toutes les ententes…]
[M. LEVESQUE:] On en parle depuis deux ans. Vous savez qu’il y a eu des barrages de route, etc. alors c’était quand même une des priorités parcequ’il s’agit de toute une partie d’une région qui n’a pas été on peut le dire, traitée avec une générosité particulière depuis pas mal d’années; de ce côté, il faut qu’au moins on fasse un effort concret pour rétablir des emplois dans une région où ils ne sont pas plus nombreux qu’il faut dans le domaine industriel.
[UNE VOIX: D’accordl]
[M. LEVESQUE:] Cela, c’est ferme. Les modalités, le prix, mais cela ne veut
pas dire que cela va très bien indéfiniment parcequ’il y a déjà des hypothèses de travail
Cela implique, forcément, une sorte de jonction entre le ministère des Richesses naturelles, Terres et forêts, des agents comme REXFOR; le ministère des Finances, parcequ’il s’agit d’opérations financières aussi. Cela va se finaliser d’ici quelques jours, au plus quelques semaines.
[M. GIRARD: M. Lévesque, une question vache. Les syndicats reviennent à la charge pour vous demander la nationalisation des compagnies d’amiante. Votre gouvernement s’est il penché à nouveau sur ce problème et avez vous l’intention de les nationaliser?]
[M. LEVESQUE:] Excusez moi, le retard… Je suis arrivé quinze minutes en retard avec M. Marois et M. Landry? Je m’en excuse. La raison était que, pour la deuxième fois en deux semaines, depuis 9 h ce matin,on était dans l’amiante jusqu’au cou. Avec bon nombre d’officiers, c’est-à-dire de cadres, d’au moins une couple de ministères, et un bon nombre de membres du Conseil des ministres aussi qui s’intéressent aux questions économiques.
[M. GIRARD: Et la réponse à ma question?]
[M. LEVESQUE:] Cela avance.
[M. GIRARD: Si je comprends bien, vous avez l’intention]
[M. LEVESQUE:] Il va y avoir une politique de l’amiante, cela c’est sûr.
[M. GIRARD: Il va y avoir une politique de l’amiante, ce sera nationalisation, ou à
moitié, oumixte, cela sera-annoncé-en temps et lieu.]
[M. LEVESQUE:] Je ne veux pas en faire un suspense; c’est simplement qu’on travaille là-dessus et il va y avoir une politique de l’amiante. Elle commence à déboucher concrètement sur des projets plutôt que des hypothèses.
[M. DESCOTEAUX: M. Lévesque, je voudrais savoir si le Conseil des ministres a de nouveau étudié les projets de règlements qui doivent accompagner. le projet de loi 1, et quand ils seront déposés?]
[M. LEVESQUE:] Non, on ne les a pas étudiés, sauf de façon… en évocation orale, mais sous la forme écrite, ils n’ont pas encore été étudiés parle Conseil des ministres. Cela devrait se faire très bientôt parcequ’un certain nombre…, le cabinet du Dr Laurin a préparé conjointement avec l’Éducation ou d’autres, et forcément la Régie de la langue française telle qu’elle existe, un certain nombre de règlements de base qui vont être disponibles très bientôt, autrement dit quine feront pas partie du même débat que la loi, ce qui serait incohérent, mais qui seront déposés devant l’Assemblée nationale le plus tôt possible et qui donneront la. perspective pour la discussion de la loi elle même. Plusieurs des projets de règlements qu’on pourrait appeler stratégiques, les plus centraux sont censés être déjà prêts. Nous n’en avons discuté qu’en perspective, nous ne les avons pas encore vus en détail.
[M. DESCOTEAUX: Serait ce déposé avant la commission parlementaire?]
[M. LEVESQUE:] Je ne veux pas m’engager sur un [« timing »] que je ne connais pas encore, Je crois que probablement oui, car cela pourrait d’ailleurs aidé aussi à ce travail. Autant que nous sachions, sauf des modifications de finition, un certain nombre sont prêts, ou sont censés l’être.
[M. THOMAS: Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression quand vous parlez de la
langue,du bill 1, vous perdez un peu-de votre enthousiame habituel. La semaine dernière, je me souviens. bien, vous avez dit qu’une langue.cela devrait être quelque chose qu’on respire, cela ne devrait pas être un sujet de législation.]
[M. LEVESQUE:] Je vais vous le répéter, avec l’espoir que la commission et des gens
du Québec rationnels, très convaincus mais rationnels, de tous les horizons
culturels vont nous aider à arriver à la meilleure des solutions. Je ne m’en suis pas
caché. Je suis tiraillé là-dessus. Je trouve cela fondamentalement humiliant pour un
peuple d’être obligé de légiférer sur quelque chose qui, normalement, est naturel. Qu’on
soit obligé, je pense que c’est un qui fait flagrant. Que cette obligation soit, en
soi, quelque chose c’est déjà un jugement sur le statut de la majorité francophone ou
française du Québec, c’est un fait aussi. Qu’en soi, cela soit quelque chose qui crée un
malaise, chez moi en tout cas, d’être obligé de faire des lois là-dessus, quand je me dis,
le jour où, bientôt espérons le, les Québécois,comme peuple, prendraient la décision de
s’appartenir politiquement, il est fort probable que les 9/10 des raisons pour lesquelles
nous sommes obligés de légiférer sur la langue, à ce moment disparaîtraient.
[M. THOMAS: C’est ma question justement. Voyez vous le jour oa peut-être un gouvernement nationaliste, je trouve que c’est le meilleur mot, pourrait demander au peuple tin mandat pour abolir toute législation. linguistique au Québec et de devenir un pays normal, sans une langue réglée par législation, mais une langue qu’on respire, comme vous l’avez dit vous mime?]
[M. LEVESQUE:] Oui. Ce n’est sûrement pas inconcevable, mais cela voudrait dire dans un contexte de souveraineté politique.
[M. THOMAS: Pensez vous que cela arriverait dans le cot,tunte…]
[M. LEVESQUE:] J’ai déjà dit devant les membres de notre parti que moi, après années de travail politique, après une carrière de journaliste, d’homme public après pas mal d’années, passé quarante ans, je suis devenu indépendantiste. Cela m’a pris un certain temps à me décider, mais une fois devenu indépendantiste, comme on dit couramment, souverainiste, pour employer un autre jargon, ayant fait cette étape, comme beaucoup d’autres, l’ayant fait à partir de pas mal d’années de travail, de carrière professionnelle, c’est cela qui m’intéresse. Le projet qui m’intéresse fondamentalement, c’est que le Québec sorte de cette sorte de sous-développement aussi bien psychologique, au point de vue de la collectivité, qu’économique etc., et de la responsabilité qui est un des éléments essentiels de n’importe quel progrès parceque cela a diminué notre capacité de responsabilité collective. Qu’on sorte de cela. C’est un objectif, un projet, quant à moi, en tout cas, et j’espère qu’il se réalisera un jour, le plus tôt possible. Mais à ce moment, la normalité reviendrait vite, à mon humble avis. Je l’ai déjà dit souvent à des membres de mon Parti qui sont, quant à moi, trop intensément préoccupés du moindre détail de la protection linguistique, que dans un sens, c’est comme s’ ils étaient résignés à être provinciaux à jamais. Si je pensais qu’on doive rester provincialisés à jamais, alors que dans quelques brèves années nous serions peut-être un pays, si je pensais que nous devons rester une minorité provinciale à jamais, je dirais O.K., faisons en trois ou quatre lois. Barricadons nous derrière un mur de papier ou de règlements. Mais je n’y crois pas. Le projet qui me paraît valable, c’est que, fondamentalement, le Québec s’appartienne. À partir de là, c’est moins une préoccupation que d’autres, je l’avoue, dans la perspective des quelques prochaines années sur tous les détails d’une politique linguistique. Là-dedans, forcément, je suis tiraillé. Je ne l’ai pas caché. Je l’ai dit et le dirai.
[M. L’HEUREUX: En terminant, e voudrais savoir si vous avez rencontré l’ambassadeur américain,ce matin?]
[M. LEVESQUE:] Non, l’ambassadeur, M. Anders …
[M. L’HEUREUX: Vous ne l’avez pas rencontré.]
[M. LEVESQUE:] Non, l’ambassadeur américain… Je vais le rencontrer. Il fait vraiment un tour de piste que je trouve intéressant, il marque quand même un intérêt très vif.
Il doit rencontrer, je pense que c’est en train de se faire, le ministre du Développement économique, M. Landry, les ministres M. Marois, M. Tremblay. Il rencontre un bon nombre des membres du Cabinet. Moi,je le rencontre à la fin de l’après-midi.
[(Fin à 12 h 25)]
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