[(Quatorze heures seize minutes)]
[M. D’ANJOU: Le premier ministre du Québec, M. René Lévesque, s’est rendu, en début de semaine, rencontrer les représentants de la haute finance américaine. Au cours de ce voyage, M. Lévesque s’est également adressé aux membres du Economic Club.
M. Lévesque rencontre aujourd’hui les journalistes de la Tribune de la presse au parlement de Québec pour faire le point sur cette visite. M. Lévesque est accompagné du ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, du ministre responsable de l’Énergie, M. Guy Joron. Ces deux derniers faisaient également partie de la délégation québécoise qui s’est rendue à New York. Voici donc la conférence de presse de M. René Lévesque.]
[M. LEVESQUE:] Je n’ai pas besoin de vous présenter mes collègues qui viennent de faire avec moi une – M. Claude Morin. M. Parizeau, M. Joron – brève incursion chez nos voisins américains. C’est un peu à cause de cela, et je m’en excuse, que la conférence de presse qui suit normalement le conseil des ministres de mercredi a été remise à aujourd’hui. D’ailleurs, on était à peine rentré de New York – dont on reparlera, si vous voulez – que je suis immédiatement tombé sur une séance particulièrement fournie du Cabinet qui a durée jusqu’à la fin de la journée.
Au cours de cette séance, pour vous résumer, comme d’habitude, ce dont il a été question surtout, on a parlé, entre autres choses – cela n’a pas été le sujet principal, je ne crois pas que c’était indiqué – d’une récente lettre plus ou moins hypothétique du premier ministre fédéral à propos de la perpétuelle question constitutionnelle, mais comme d’habitude… D’abord et avant tout, on a parlé, on s’est préoccupé de nos problèmes ici au Québec. Il en est sorti, par exemple, et c’est la principale décision qu’on a prise hier, une approbation d’un projet de politique des achats dans toutes les grandes lignes et ces grandes lignes sont passablement concrètes. Vous savez qu’il s’agit là d’un engagement qu’on avait pris pendant la campagne électorale. C’est un des premiers mandats qui avait été confié au ministre d’État au développement économique, M. Landry, et il vous fera part, dans tous les détails disponibles, de cette décision d’ici deux ou trois jours. Tout ce que je peux vous dire, pour l’instant. c’est que c’est réalisé au moins comme une amorce essentielle d’un instrument de maintien économique et même de développement économique extrêmement important pour le Québec. Je ne veux pas entrer dans les précisions que M. Landry et son équipe vous donneront d’ici deux ou trois jours, mais je vous rappelle
simplement qu’il s’agit quand même d’un enjeu économique dont le total global dépasse les $ 2 milliards chaque année au Québec et où on voit très clairement la possibilité de consacrer à notre développement et à notre économie quelques centaines de millions additionnels chaque année.
Je m’arrête là et je vous engagerais, si vous voulez bien, à assister à la conférence au de presse que donnera M. Landry au plus tard, au début de la semaine prochaine.
On a également eu à traiter de deux graves problèmes qui font partie des problèmes dont on a hérité et qu’on doit assumer, parcequ’ils durent depuis très longtemps et ils se sont aggravés depuis des mois. Deux problèmes régionaux dont l’un se situe à Thedford et il s’agit, dans une ville ou une région particulièrement éprouvée à bien des points de vue ces dernières années, il s’agit d’une entreprise qui est la plus grosse de transformation manufacturière du coin, c’est-à-dire Les Maisons Bellevue. Elles s’adonnent à être, en plus d’être plongées dans un tiraillement qui dure depuis très longtemps, aussi sur un des marchés les plus difficiles, à certains points de vue, très fragiles aussi, de toute l’industrie québécoise, celui des maisons mobiles, des tentes roulottes, etc.
Seulement, il s’agit quand même d’une des usines les plus modernes du Québec et il s’agit de quelques centaines d’emplois pour des gens qui en ont terriblement besoin. Je vous fais grâce des détails, des tensions et de tous les problèmes qu’il y a eu dans ce autour de cette entreprise depuis quelque temps, mais je peux vous dire ceci, c’est que le ministre de l’Industrie et du Commerce, après avoir exposé la situation, on en a longuement discuté, peut, je crois, dire d’ici quelques jours, que tout a été mis en oeuvre. On verra quelle solution tangible se dessinera concrètement, mais tout a été mis en oeuvre pour voir ce qui peut être fait pour renflouer ou en tout cas, sauver ces emplois.
Maintenant, il y a un autre problème, si vous voulez, au point de vue politique, qui
me touche parmi d’autres, parceque je suis député de la rive sud de Montréal, on m’a posé des questions là-dessus à deux ou trois reprises, c’est celui du Métropolitain provincial. Cette compagnie de transport en commun est paralysée depuis bientôt six mois, après lock-out, il y a quand même eu entente à la fin de l’année entre le syndicat et l’entreprise, mais où il y a tout un problème financier qui se pose à l’entreprise. C’est relié au problème assez général des transports en commun et le fait qu’il y a un problème général ne console pas et ne facilite pas la vie de quelque 250000 ou 300000 citoyens, dont 15000 usagers quotidiens qui sont privés de ces services depuis bientôt six mois.
La décision, après une longue discussion, a été prise hier et il y a eu pas mal d’approches qui ont été faites ces derniers temps, de confier au ministre du Transport, la suite et on l’espère, la conclusion rapide d’une absolument indispensable remise en service de ce transport en commun par des moyens juridiques au besoin qui seront pris si le besoin s’en fait sentir.
Si vous permettez, je vais dire quelques mots du voyage à New York. C’est pour cela surtout que MM. Parizeau et Joron sont avec moi, parcequ’ils ont participé à des aspects de ce voyage additionnel à ceux que vous connaissez.
Je voudrais dire d’abord que le but de ce voyage – pour le résumer très simplement, mais concrètement – c’était de faire un effort, un premier effort, mais très public, pour asseoir, sur la franchise et sur le plus d’objectivité possible, les relations extrêmement importantes qui le sont déjà et qui le seront toujours, entre le Québec et l’immense république qui est notre voisin du sud et qui continuera de l’être pendant un bon bout de temps. Donc, cela nous paraissait plus qu’indiqué d’essayer le mieux possible, de réaliser ce but qui est d’établir sur une base de franchise, les relations qui, au niveau que nous représentons, c’est-à-dire de la direction politique, doivent être, là comme ailleurs, le plus possible, empreintes de transparence. On n’a pas à se déguiser.
L’impression générale qu’on retire de ces quelques 36 heures pas mal trépidantes dans la métropole des États-Unis; je dis pas mal trépidante, parceque cela s’est déroulé sur deux plans. Je vais vous donner cette impression générale sur les deux plans. Je dis deux plans, parcequ’en plus des présences publiques qu’on a rendues très spectaculaires, il y en a eu aussi un bon nombre sur le plan privé, un bon nombre de rencontres avec des institutions et groupements financiers qui sont impliqués ou bien dans l’investissement américain chez nous, au Québec qui, vous savez, a pas mal de substance, ou encore dans les opérations régulières du gouvernement du Québec, de l’Hydro-Québec ou de la ville de Montréal, en particulier, chez eux, sur leur marché financier.
Ce qui se dégage, quant à nous, c’est qu’il y avait beaucoup de curiosité, on s’y attendait, et dans l’ensemble, dans ces milieux plus restreints, ces rencontres privées, dans l’ensemble, un effort extrêmement sympathique pour comprendre la situation québécoise et pour comprendre aussi ce que nous représentons qui avait toujours un petit air mystérieux, qui l’est encore d’ailleurs pour quelque temps, pour eux – comme gouvernement dans l’évolution sociale et politique du Québec.
Je dirais que de toute façon, cette approche correspondait à un besoin classique – on ne l’a pas inventé le 15 novembre – de ces milieux extrêmement sensibles que sont les milieux, financiers. Ce besoin classique, c’est de faire connaissance, aussi rapidement que possible, avec les nouveaux dirigeants quand il y a un changement de gouvernement.
Vous savez, une bonne partie de l’incertitude dont on a tant parlé et qui est devenue presque un mot rebattu dans les dépêches, à propos de ces relations et de ces milieux financiers, depuis deux mois, cela vient de là tout simplement, c’est-à-dire du fait qu’un nouveau gouvernement,quel qu’il soit, cela a été vrai à peu près autant qu’aujourd’hui sur ce plan, dans le temps où c’était le nouveau gouvernement de Daniel Johnson ou, plus loin, le nouveau gouvernement de Lesage dont je me souviens,
c’est qu’un nouveau gouvernement, pour ces milieux, c’est une quantité inconnue, et comme leurs opérations vis-à-vis du Québec sont quand même une part importante de leurs activités, ils veulent avoir la connaissance, le plus vite possible, de cette quantité au départ inconnue.
Je pense que,sur ce plan, celui des rencontres assez nombreuses qui ont eu lieu – et je pense que c’est l’opinion, je dirais aussi de M. Parizeau et de M. Joron – c’est que cela s’est déroulé non seulement normalement, mais, je pense, très cordialement dans l’ensemble et que cela a contribué, je crois, à les éclairer sur bien des points, parcequ’il y avait beaucoup de questions. Autant qu’on le pouvait, on fournissait les réponses. Il n’y a pas de cachette dans notre affaire.
Sur le plan public, évidemment,,c’était la soirée au Economic Club autour de laquelle les circonstances politiques avaient créé une sorte d’effervescence quant à moi, un peu excessive. De toute façon – et je répète ce que j’avais dit avant de partir – on n’allait pas là-bas pour déguiser quoi que ce soit, pas plus en public qu’en privé d’ailleurs, et encore moins pour mendier ou pour provoquer, ni un extrême, ni l’autre. On allait là pour dire aussi exactement que possible, en assez peu de temps, sur cette tribune, comme on le fait ici chez nous, en traduisant, mais en essayant de ramasser les mêmes concepts et les mêmes objectifs,pour qu’il n’y ait pas de trahison, même dans la traduction, leur dire ce que nous sommes d’abord comme gouvernement, depuis le 15 novembre et pour l’avenir des quelques prochaines années en tout cas, ce que nous entendons être, à ce point de vue là, administrativement parlant, au point de vue économique et social, dire aussi ce qui nous semble, quant à nous – on n’a pas la vérité révélée, mais on est quand même un interprète autorisé, comme gouvernement – être l’évolution courante du Québec et ce que nous en espérons pour l’avenir.
Premièrement, partant de ces prémisses, je leur ai parlé du fait que, sur le plan de l’option politique, nous sommes issus, nous, comme gouvernement, d’un parti dont le but est la souveraineté politique du Québec. Dans le peu de temps dont je
disposais, j’ai essayé de leur dire pourquoi on est comme cela, de mon mieux,et aussi
que nous n’avions absolument pas l’intention de renoncer à cet objectif, ce qui n’empêche pas de répéter – et c’est bien la moindre des choses au point de vue de l’éclairage, si vous voulez – que nous allons travailler à le faire, de tout notre coeur, mais démocratiquement, comme on s’y est engagé et par la voie du référendum,qui est une absolue assurance qui a été donnée, non seulement avant, pendant, mais aussi après les élections,et aussi. qu’on va faire cela en continuant de prévoir sur le plan économique ce que dicte aussi bien le bons sens que la géographie, c’est-à-dire une association d’égal à égal, d’abord avec le Canada.
Évidemment, et c’est normal, surtout pour ceux qui ne sont pas d’accord, il y en a qui auraient préféré qu’on n’en parle pas à New York. Bien, c’est leur droit de le penser, mais vu ce que nous sommes, ce qu’on n’a jamais caché non plus, comme gouvernement, ça aurait été, quand même, à la fois vain et ridicule de ne pas en parler. On se serait fait demander immédiatement si on essayait de se camoufler, et je suis sûr que les citoyens québécois, le 15 novembre, n’ont pas voulu élire des caméléons il y en a déjà eu assez dans le passé qui changent de couleur selon les circonstances.
Deuxièmement, sur le plan, si vous voulez, des politiques et de l’administration
courante, aussi concrètement que possible, j’ai résumé les grandes lignes de nos objectifs et de ce qu’on essaie déjà de faire, c’est-à-dire, d’arriver à un gouvernement aussi responsable, aussi antigaspillage, et aussi soucieux d’intégrité administrative qu’il est humainement possible de l’espérer, et aussi à ce qu’on appelle,dans le jargon, si vous voulez, des étiquettes, à un gouvernement social-démocrate, mais qui est pris dans une situation économique et budgétaire extrêmement difficile, et malgré cela, qui travaille déjà d’arrache-pied, et j’espère que la session le prouvera et certains aspects du budget aussi, sans entrer dans les prévisions, et qu’on travaille déjà d’arrache-pied sur ces deux plans à essayer de réaliser nos objectifs et nos engagements, ou du moins, en amorcer le plus vite possible la réalisation.
En un mot, là aussi sur ce plan du gouvernement courant, en le traduisant aussi clairement que possible, j’ai répété là-bas, très précisément, ce que nous disons ici. Là-dessus, en deux jours, ce qui est encore le lendemain de la veille, les impressions qui se dégagent, bien chacun peut avoir les siennes, j’en ai lu de toutes les couleurs, pour ma part, grosso modo, je crois que la plupart de ceux qui étaient là, qu’on a rencontré, une bonne partie aussi de ceux qui sont venus au Economic Club, ont quand même retenu la conclusion, et je pense qu’ils en était foncièrement satisfait, qu’on n’était pas des gens qui étaient venus leur cacher des choses, et aussi, ils sont sortis très conscients du fait que pour nous c’est très sérieux, qu’il ne s’agissait pas de « ballounes » électorales ou politiciennes, mais que nos objectifs sont des choses auxquelles nous croyons profondément.
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Pour ce qui est du contenu, je pense qu’ils ont apprécié beaucoup ce que pouvaient avoir, entre guillemets, de rassurant les choses qu’ont leur a dites sur les objectifs et la façon de procéder du gouvernement, son choix de priorités, sa perspective économique, si vous voulez. Je dis rassurant, entre guillemets, parcequ’il y a eu pas mal de distorsions dans la presse anglo-nord-américaine, si vous voulez, qui nous donnait des images quasiment de fin du monde dans certains articles, tout cela. Alors, cela leur a quand même prouvé qu’on est un parti qui n’est évidemment pas un parti conservateur à l’ancienne mode, mais qui n’est pas non plus un parti extrémiste, qu’on est des progressistes, mais des progressistes qui savent calculer et qui vont faire bien attention à la santé du budget et à la santé, si vous voulez, des opérations courantes du Québec. Cela, je crois qu’ils l’ont vivement apprécié et tous ceux que j’ai entendus et dont on m’a parlé, en tout cas, le répétaient.
Maintenant, sur la souveraineté politique du Québec, tous les Américains qui en
ont parlé, que je sache, commencent d’abord par un principe normal, un principe démocratique, ils disent que c’est notre affaire à nous autres, les Québécois et qu’ils n’ont pas à s’en mêler. Mais, il faut bien se dire ceci: Ça n’empêche pas, surtout dans ces milieux financiers, économiques, pour qui le synonyme de changements c’est quasiment toujours ennuis, embêtements, ça n’empêche pas qu’un changement comme ça, c’est assez difficile, l’opportunité de ce changement ou même sa raison d’être de ce qu’on propose, c’est assez difficile à faire comprendre dans ces milieux. Je pense que ça s’explique facilement. Je vais donner justement deux raisons qui nous ont sauté aux yeux.
D’abord, il y a la mentalité normale du « melting pot » aux États-Unis. Alors, ça leur rend extrêmement difficile de saisir l’importance qu’on donne, nous, parcequ’il faut la vivre pour le savoir et le sentir, et qu’on doit donner à la dimension culturelle. Pour eux, j’ai entendu, par exemple, dans la conversation, des gens qui disaient à un certain moment: Bien, après tout, nous autres on a des Allemands à Milwaukee, et on a des, comment on dirait donc, des [« wetbacks »], c’est-à-dire, c’est comme cela qu’ils le disent des fois, mais ce n’est pas gentil, des Mexico-Américains, si vous voulez, dans le Sud-Ouest et puis ils se sont assimilés, tout ça. Alors, voyez vous la perception de ce que c’est qu’un autre groupe national, un peuple avec toutes ses racines et la continuité qu’on a et les espoirs pour l’avenir, c’est difficile pour eux d’en percevoir l’ampleur quant à nous.
Puis, il y a une chose que je veux dire comme je le pense, parcequ’on l’a constatée, cela fait longtemps qu’on le sait, mais là,c’était très clair. Un autre facteur qui rend difficile la compréhension, au sud, de la question de la souveraineté du Québec et même de son évolution quelle qu’elle soit. Je vais le dire amicalement, mais très franchement aussi.
C’est ce que j’appellerais une cinquième colonne anglo-canadienne à New York, en particulier, c’est-à-dire de très nombreux Canadiens anglophones de Montréal, d’Ottawa ou de Toronto qui font carrière là-bas ou en tout cas, qui font moitié moitié, moitié carrière disons à Toronto ou à Montréal et moitié carrière à New York, qui s’installent là-bas, qui reviennent et y retournent et à qui leur langue permet d’être comme un poisson dans l’eau dans les milieux américains, en particulier le milieu économique et financier. Ce qui ne les empêche pas de garder aussi bien leurs idées que leurs préjugés les plus solides sur le Québec et le Canada.
L’autre soir, c’était facile à constater. Il y en avait au moins quelques centaines dans la salle de l’Economic Club et on en a vu plusieurs après. Là comme ailleurs, on a vu que la réaction était plus viscérale, forcément,que chez les Américains, plus hargneuse aussi, dans certains cas. Et le malheur veut qu’une longue pratique en fait, de ces gens, les informateurs les plus proches et, en ce qui nous concerne, les plus écoutés, même sur le Québec et même quand ils ne comprennent rien. Pour nous, pour l’avenir, quel qu’il soit, des relations très importantes entre un Québec adulte et l ’opinion américaine, cela constitue un gros handicap. Il n’y a pas de recette magique. Je ne sais pas comment on pourrait le surmonter, mais une chose certaine, c’est qu’il faut essayer.
Avant de terminer, un mot sur les résultats tangibles de ces 36 heures de présence à New York, en particulier les résultats, dans le domaine dont on parlait surtout, c’est-à-dire les marchés financiers. Je peux vous dire tout de suite qu’il est encore bien trop tôt pour essayer de les évaluer. On est encore vraiment au lendemain de la veille. Dans quelques semaines, peut-être qu’on verra plus clair.
Une première impression, en tout cas, c’est que, même s’il y a des choses qui nous apparaissent difficiles à saisir ou à comprendre comme nous les voyons, ils sont satisfaits et cela, c’est une façon d’être rassuré au sens honnête du mot ils sont satisfaits de nous avoir entendus leur dire la vérité. Et non seulement j’ai l’impression que cela ne les rend pas – je ne parle pas des 24 ou 48 heures plus nerveux qu’avant, mais j’ai l’impression qu’une fois que c’est digéré cette vérité ou cette actualité, si vous le voulez, il y a des chances pour que cela puisse améliorer et assainir le climat. Il n’y a rien comme l’hypocrisie et les déguisements pour, à plus ou moins long terme, gâter n’importe quel climat. Les Américains, je crois que c’est l’une de leurs caractéristiques, finalement, ce sont des gens qui aiment une certaine franchise, même brutale, quand il
s’agit de leurs relations avec les autres.
Il y a un autre élément positif qui s’est dégagé clairement des conversations et de certaines choses, même que le gouverneur de New York a mentionné maintes fois, c’est qu’il y a un intérêt plus grand qu’avant, je crois, dans les relations nord-sud, dans cette partie est des États-Unis.
C’est manifeste, en ce qui concerne les liens dans le domaine de l’électricité. Il y a également toute une perspective complémentaire qui existe depuis longtemps, qui semble être devenue plus sensible, je crois, ces derniers temps, ces dernières années, et qui
est quand même quelque chose de prometteur pour l’avenir. Cela n’empêche pas nos relations est-ouest de continuer dans un nouveau contexte si c’est comme cela que les citoyens le décident. Mais une chose certaine, c’est qu’on n’a jamais développé, comme il le fallait, puis on en est conscient au sud aussi, la complémentarité évidente sur plusieurs plans, de Montréal à New York, à travers la Nouvelle-Angleterre vers le sud, que le climat, que les ressources, les modes de développement rendent, il me semble, font sauter aux yeux, cet intérêt complémentaire qu’on peut avoir à des liens nord-sud.
De toute façon, cela, je me permets de le dire en terminant, mais ce que je retire
comme conclusions provisoires, en tout cas, mais qui quant à moi devrait être une chose permanente, c’est que le fait d’avoir, je crois, découvert – ils nous l’ont dit, en tout cas, ils ont été bien gentils – des gens qui étaient capables de faire un gouvernement sérieux, qui pouvaient en parler déjà avec une certaine compétence, après deux mois, et qu’ils faisaient dans une société dont la stabilité est quand même quelque chose d’important, d’impressionnant et qu’on n’a pas envie de bousculer, une société qui est capable d’aborder le changement, d’une façon calme et démocratique, tout cela, pour eux, c’est une meilleure perspective que des autruches politiques qui se cachent la tête dans le statu quo, pour essayer de ne pas voir l’évolution qui les entoure.
Et là, je ne veux pas faire le moindre lien logique – cela arrive comme cela dans la conversation – avec ce que je viens de dire, mais je voudrais noter brièvement
une seule réaction négative, mais parcequ’elle a son impact dans les manchettes, c’est celle de M. Trudeau, par ce voyage è New York et à ce discours. Un réaction négative normale, j’aurais été saprement surpris qu’elle fut positive, mais je voudrais juste en souligner deux petits points qui sont censés étoffer l’argumentation de M. Trudeau, à ce point de vue.
Premièrement, je ne sais pas si on a remarqué sa façon désinvolte de fausser les choses et même de fausser les propos très précis que j’ai pu tenir à New York. Et je dois dire que cette façon désinvolte, même son assurance bien connue, cela ne rend pas cela plus solide. Je donne un exemple: il a cité, hier, paraît il quelques petits extraits bien choisis de ce qu’on disait è New York, pour en conclure avec une facilité déconcertante que tous nos objectifs seraient compatibles, au fond, avec le vieux cadre fédéral qu’il défend de toutes ses forces, alors qu’en réalité, à New York comme ailleurs, et très spécialement à New York,
j’ai pris soin, à deux ou trois reprises, de distinguer clairement entre ce qui peut être fait dans des limites vite atteintes, par un gouvernement provincial traditionnel,
domaine de développement du Québec que pourrait rejoindre un gouvernement souverain et qu’un gouvernement provincial ne peut même pas toucher.
J’ai des exemples. Aussi bien la dimension culturelle, représentée par les gens de l’air et tant d’autres secteurs de notre dignité fondamentale que le développement économique dans ce qu’il y a de plus important. Cela passe par le retour des impôts, cela passe par le droit de dépenser tous nos fonds publics québécois pour nos priorités, pas pour celles des autres. Cela passe par le rapatriement de nos institutions bancaires et du fondement de nos circuits financiers, cela passe par les leviers essentiels d’une vraie politique de développement économique. On a juste à penser à l’état de l’agriculture avec les politiques fédérales actuelles. Cela passe etc., etc., etc.
Tout cela, M. Trudeau l’escamotte pour dire qu’il semble qu’il a eu l’impression, assez désinvolte, que tout ce qu’on avait dit à New York cela pouvait se réaliser dans le cadre fédéral. Je pense que les auditeurs, là-bas, ont compris autrement. Une deuxième chose, dans les réactions de M. Trudeau, un certain contraste – que,moi, je trouve assez amusant, d’ailleurs – entre la superbe confiance avec laquelle le chef fédéral libéral dit: De toute façon, l’indépendance, ça ne se fera jamais, et puis l’espèce d’astuce, assez comique, avec laquelle il tâche, ensuite,
De ranimer une vieille farce qui serait le référendum [ »coast to coast »]
en reliant cela à notre objectif d’association économique avec le Canada. Quand on aboutit à une logique aussi fragile que cela et aussi abusive, il me semble qu’il faut qu’on soit un peu moins sûr qu’on prétend l’être. Cela, de toute façon, c’était ce qu’il y a de plus prévisible dans toutes les retombées de ce voyage de 36 heures qui, dans l’ensemble, je
crois, a des chances d’avoir été utile pour non seulement le gouvernement du Québec, pour l’Hydro-Québec, mais aussi, éventuellement, pour les relations extrêmement importantes – on peut même dire vitales et ce sera toujours vrai, on est sur le même continent – entre nous et nos voisins américains.
Que ce soit sur cela ou sur d’autres sujets, si vous avez des questions… À propos de New York, si vous permettez, je passerais leur large part à M. Parizeau et à M. Joron. Oui, monsieur.
[M. GIRARD: J’aurais une question. Cela concernerait…
M. L’HEUREUX: Un instant, M. Girard, je m’excuse. M. GIRARD: Ah oui!’
M. L’HEUREUX: Alors, avant d’entamer la période des questions, je voudrais souligner la présence,parmi nous,d’un groupe de journalistes, pour la plupart américains, qui sont en visite chez nous aujourd’hui, qui sont en visite au Québec. Ce sont des boursiers de la Nemen Foundation.
La première question à M. Réal Pelletier, de la Presse.]
[M. LEVESQUE:] J’aurais un tout petit commentaire, si vous me permettez?
C’est une heureuse coincidence, parcequ’on a été reçu, en dehors de tout le reste, avec une chaleur assez extraordinaire par les gens qui nous ont accueillis à New York. Je voudrais souhaiter le même climat, le plus cordial possible, à nos visiteurs américains.
[M. L’HEUREUX: M. Pelletier.
M. PELLETIER: M. Lévesque, au plan politique, il s’est établi des rapports directs, entre votre gouvernement et les milieux d’affaires aux Etats-Unis. Il y a quand même une autre donnée,qui est importante aux Etats-Unis, qui s’appelle le State Department. On se rend compte que M. Trudeau vient d’être invité à s’adresser au congrès américain, un geste qui est plutôt rare, je pense bien. Est ce que, compte tenu de ce M. James Reston, par exemple, qui n’est qu’un journaliste, mais quand même fort prestigieux, et qui est quand même très prés des milieux comme ceux du State Department, est ce que vous n’avez pas l’impression que sa déclaration sur la foi qu’a le gouvernement américain dans le Canada et aussi le fait que M. Trudeau aille s’adresser au congrès, n’est pas déjà une indication de l’approche que pourrait avoir Washington à l’endroit de votre gouvernement, à ce moment ci?]
[M. LEVESQUE:] Non, je crois qu’on voit, c’est une espèce de maintien normal, équilibré, puis on voit cela aussi dans plusieurs milieux politiques européens, puis c’est parfaitement logique, un espèce de maintien équilibré des relations que prévoit le statu quo actuel, mais sans… plutôt que cela signifie une ingérante quelconque.
Qu’il y ait une préférence pour les choses comme elles sont, je pense que c’est vrai, un peu toujours, dans tous. les contextes internationaux. Écoutez, on est toujours, jusqu’à un certain point, des empêcheurs de danser en rond quand on
parle de changements pour des gouvernements ou des états, qui eux mêmes, se croient
Alors, cela c’est normal. Je ne vois absolument rien là, ni d’inquiétant, ni quoi
que ce soit. J’ai même remarqué qu’on laisse entendre là, ce n’est pas à moi de parler pour lui, qu’aujourd’hui même, le président Carter voudrait bien parler à M. Trudeau, le rencontrer, ce qui est normal, c’est un nouveau président. Mais ne tenant pas spécialement à parler du Québec. Alors, vous voyez déjà là, cette espèce de prudence, normale d’ailleurs, vis-à-vis des possibilités de changements.
Je crois que c’est à peu près ce qu’on a constaté aussi dans les milieux économiques et financiers,qui,comme vous le savez, conjointement bien sûr avec le State Department, et tellement d’autres influences dans une immense république comme celle des États-Unis, ont toujours une partie du, si vous voulez,de l’influence qui finit par créer les climats.
[M. PELLETIER: En sous-question, est ce que de votre c8té il y a eu, jusqu’à maintenant, des démarches, ne serait ce qu’officieuses de la part soit de votre bureau, de votre cabinet ou. soit au niveau du ministère des Affaires intergouvernementales pour entrer en contact, d’une façon ou d’une autre, avec des gens du State Department?]
[M. LEVESQUE:] Non. Très simplement, non. Mais je vous ferais remarquer, tout de même, qu’au niveau des relations personnelles – et là, il ne s’agit pas de viser seulement le State Department, comme un symbole – comme je vous ai dit, dans le domaine politique, dans le domaine économique, dans le domaine qu’on peut appeler administratif que représentent les grands ministères américains, il y a toute une série de personnes qui ont quand même une connaissance assez avancée du Québec et,dans bien des cas, très avancée, qui sont très conscientes de ce qui se passe, de ce que l’évolution est en train de faire.
L’analyse, de ce coté là, on ne la connaît pas en détail, mais on en a suffisamment d’aperçus par des relations de gens du Québec, ici, avec des Américains qui sont leurs homologues, pour savoir que les opinions sont partagées, c’est le moins que je puisse dire. Mais tout cela n’influerait pas normalement sur des comportements politiques qui sont stables pour l’instant.
[M. D’ANJOU: M. Normand Girard,du Journal de Québec.
sur
M. GIRARD: M. Lévesque, pour continuer/votre voyage à New York, comment interprétez vous,
â la suite des propos que vous venez de tenir, le fait que les obligations du Québec se vendent depuis mardi moins bien sur ce marché, sur lé marché américain et à un coût plus cher et que les actions de la Johns Manville Co soient tombées, immédiatement après, de prés de $ 4?]
[M. LEVESQUE:] Pour ce qui est de la Johns Manville, je vais vous répondre très simplement. Je pense que,d’ici quelques jours. Cela a eu un effet un peu spectaculaire, parcequ’on a répété, là-bas, à propos de l’amiante, exclusivement ce qu’on a eu à dire très clairement ici depuis au moins deux ou trois ans. Cela a eu un effet au moins utile, cette chute provisoire, c’est qu’on a accepté, quelques uns d’entre nous, une. invitation, c’est-à-dire, pas une invitation, mais une demande de rencontre qui autrement aurait pu prendre un certain temps à se manifester de la part de certains dirigeants de cette industrie.
Maintenant, pour ce qui est des obligations, je vais laisser à M. Parizeau le soin de vous en parler, pour autant qu’on en sache quelque chose de précis, après 48 heures.
[M. PARIZEAU: Sur le plan des marchés financiers, la situation se présente, à l’heure actuelle, à peu près de la façon suivante. Sur le marché américain, les obligations de la plupart des gouvernements canadiens ont reculé, depuis deux jours, sur un marché qui était légèrement à la baisse. Les obligations du Québec ont baissé, hier, un peu plus que les autres, mais avec presque pas de transactions. Cela remontait légèrement ce matin en date des cotes
17
de 10 h 30, c’est vrai, légèrement.
Alors qu’il y a eu un mouvement, enfin, de pas très grande ampleur hier, mais significatif malgré tout sur peu de transaction, donc, une légère amélioration, ce matin, en date de ce matin à 10 heures et demie.
18
de faible ampleur oû le
gouvernement fédéral reculait autant que les cotes québécoises.
Pour ce qui a trait au marché canadien, tout le marché reculait hier et aujourd’hui et le gouvernement de Québec, les taux d’intérêt du gouvernement de Québec, si vous voulez, ont monté; donc, les cotes ont baissé à peu prés autant que celles du gouvernement fédéral. C’est finalement la Nouvelle-Ecosse qui se tenait le mieux. Je ne sais pas exactement comment vous interpréter cela, mais c’est un mouvement, en somme,
Québec, comme vous savez, a placé, le nouveau gouvernement
a fait sa première émission
Quant au marché européen, j’en tiens compte ici parceque le gouvernement de
publique sur le marché allemand et ces obligations du gouvernement de Québec sont listées à la Bourse de Düsseldorf et à la Bourse de Francfort. Les cotes du gouvernement de Québec, depuis 24 heures, reculaient sur un marché à la baisse, mais moins. que les cotes de gouvernements étrangers qui sont aussi listés sur ces deux bourses. Alors, manifestement, c’était le calme le plus imperturbable en Europe. Voilà.
Je veux ajouter une chose au sujet de Johns Manville. Il s’est produit
un curieux phénomène hier. En ce sens que les cotes de la John s Manville, effecti
vement, ont reculé de presque $ 4, alors que les cotes d’Asbestos Corporation, â
d% jà
Montréal, ne reculaient que de $ 1 et reprenaient/un peu de terrain ce matin. Il est
possible…
M. LEVESQUE: Pourtant, on avait plus parlé d’Asbestos que de Johns Manville, en tout cas.
M. PARIZEAU: Alors, il est possible que ce qui s’est produit, c’est que,
dans un milieu canadien qui est au courant de nos déclarations à ce sujet, le marché ait déjà escompté cela dans les cotes d’Asbestos Corporation, alors qu’il est possible que le 15 novembre, dans le cas de la Johns Manville, cela s’estproduit le 25 janvier, aux Etats-Unis. Si vous comprenez ce que je veux dire.
M. L’HEUREUX: Une deuxième question?
M. GIRARD: Ma deuxième question s’adresse au premier ministre encore. Elle concerne ses propos du début de cette conférence de presse concernant l’invitation de M. Trudeau, lancée par lettre à tous les premiers ministres,pour une éventuelle discussion du problème constitutionnel québécois et canadien. Votre Conseil des ministres en a discuté hier. Est ce qu’il a arrêté une position quant à la réponse à donner, à ce sujet, à M. Trudeau?]
[M. LEVESQUE:] Non, d’abord, notre position, sauf, tout simplement, une impression préliminaire, il n’était pas question d’en arrêter. Il ne faut pas oublier que c’est une
vieille histoire qui, sauf M. Trudeau, peut-être pour des raison de conjoncture, ne passionne vraiment pas grand monde.
Il ne faut pas oublier que là, il s’agissait d’une lettre à M. Lougheed qui, au nom d’une espèce de front commun, comme il y en avait eu, auquel le gouvernement du Québec actuel n’avait absolument pas participé, M. Lougheed avait écrit à M. Trudeau, le 14 octobre dernier. Je ne sais pas si vous vous souvenez que la réponse préliminaire de M. Trudeau avait été escamotée un peu, parcequ’il s’en allait au Japon, je ne sais pas pour quelle raison, mais en tout cas, il partait pour le Japon. Il a dite Un de ces jours, je vous répondrai plus amplement. Alors, il a répondu à M. Lougheed, il a envoyé des copies à tout le monde. Jusqu’ici, je n’ai pas vu de réaction officielle, et pour ce qu’on en sait, il n’y a pas vraiment beaucoup de réaction à l’intérieur non plus chez les gens des autres provinces qui ont été rejoints. Il y a eu plus de commentaires dans les journaux où on est même allé jusqu’à parler d’un déblocage de M. Trudeau. C’est peut-être à cause d’une certaine image du gouvernement fédéral qu’il me semble que quelques mots un peu plus flexibles, autrement dit, que des paroles flexible: donnent tout de suite l’impression d’un déblocage, parceque quand on la lit, on voit ce déblocage vraiment nulle part. Vous savez, un vrai déblocage, ça se prouve autrement que par des paroles. Cela pourrait se débloquer, par exemple, s’il s’agissait des gens de l’air, ce serait quelque chose de concret, ou s’il s’agissait du déficit olympique, ce serait quelque chose de tangible, ou s’il s’agissait des services de police et des sommes qui sont dues pas seulement au Québec, mais aussi ailleurs. Cela pourrait au moins se toucher du doigt et ça signifierait quelque chose, au moins, comme attitude concrète, ou alors de la politique agricole, et ça, c’est extraordinairement et terriblement concret. Franchement, sauf une flexibilité apparente de style, on ne voit pas grand chose là-dedans quand on l’analyse comme il faut, sauf des choses, peut-être… Il semble – même là, on est obligé de dire il semble, parceque la pensée s’enroule sur les phrases d’une façon extrêmement sinueuse – il semble que M. Trudeau pourrait renoncer à son idée de rapatriement unilatéral, régalien et magistral de la vieille constitution. Il y en a qui ont retiré cette impression de la lettre, et j’avoue qu’il faut faire pas mal d’impressionisme pour en être sûr, et puis, il y a une chose, c’est que pour la première fois, à notre connaissance, M. Trudeau serait disposé, en paroles, à aller jusqu’à une révision globale de la constitution, globale. Bien, ça voudrait dire aussi que, pour la première fois – c’est sous-entendu – il vient de reconnaître que le régime politique actuel fonctionne mal et qu’il est complètement dépassé, sinon ça n’aurait pas de sens, même d’évoquer une perspective comme celle là.
Alors, sur ce point là, en tout cas, si c’est bien ça que ça veut dire, et si ça ne veut vous pas dire ça je me demande ce que ça signifie, là, il nous rejoint. Mais, je ne sais pas si vous
avez remarqué, il s’empresse de dire qu’il aime mieux une approche beaucoup plus limitée, que ça, ce serait en dernière extrémité, etc., etc. Il n’a pas besoin de faire de gros efforts pour nous convaincre, parcequ’après tout le verbiage qu’il y avait eu dans les années 60 autour du statut particulier et des États associés et toute une série d’approximation, il y a quand même eu, de 1968 à 1971, un grand exercice de révision constitutionnelle qui, à Victoria, comme vous le savez, a abouti à l’échec le plus lamentable, le plus complet.
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Alors, le passé étant souvent garant de l’avenir dans ces grands maquis constitutionnels, franchement, cela ne nous a pas donné l’impression qu’il y avait quelque ouverture que ce soit là-dedans qui soit vraiment importante. Cela ne veut pas dire qu’on n’est pas prêt à dialoguer. Jusqu’à nouvel ordre, dans la perspective, à court terme, dans laquelle nous sommes, il n’y a jamais rien à perdre à dialoguer avec les autres provinces et les autres gouvernements du Canada qui sont quand même nos amis, nos voisins, avec un gouvernement fédé »al qui, je le pense bien, n’a pas vraiment l’intention de changer ses attitudes. Pour vous le souligner un peu, en terminant, je vous référerais à la conférence de presse que, sauf erreur, M. Trudeau, a donnée hier à ce sujet là et dans laquelle il dit, à propos des révisions constitutionnelles dont il vient lui même de parler, il se demande si c’est vraiment possible, dans les circonstances actuelles. Autrement dit, il semble qu’il pourrait avoir fait un exercice d’une quinzaine de pages, plus une lettre de rafistolage des positions traditionnelles en ouvrant des perspectives verbales, mais qu’il n’y croit pas lui même. C’est à lui de dire ce qu’il en pense. Seulement,il nous semble qu’il y a une chose évidente, c’est que dans le contexte politique extrêmement difficile où se trouve le gouvernement libéral de M. Trudeau, avec les quelques élections partielles extrêmement stratégiques qui lui pendent au bout du nez et qui sont son problème, il y a peut-être là beaucoup plus de tactique préélectorale que de véritable presse. Cela est une hypothèse de travail.
[M. L’HEUREUX: M. Allan Freeman.
M. FREEMAN: Vous avez mentionné l’effet de vos propos sur l’amiante. Quand même, de ce qu’on peut comprendre de ce que vous avez dit, vous avez dit – je peux le dire en anglais – « Nationalization if necessary but not necessarily nationalization. » Cela veut dire: Quand avez-vous l’intention de préciser cette politique 3 savoir si cela va être quelques années ou quoi? Pensez vous que le gouvernement a les fonds nécessaires ou aura les fonds nécessaires pour une nationalisation? Quel est…]
[M. LEVESQUE:] D’abord, il ne faudrait pas en faire un monstre inouï. Au point
de vue des fonds nécessaires, je vais laisser M. Parizeau vous en dire un mot, mais je
vous dirai simplement ceci. Ce n’est pas [« Nationalization if necessary »] et pas nécessairement [« nationalization ».]
On a toujours dit, on a parlé, par exemple, de la compagnie Asbestos Corporation et de son [« track record’] pour employer l’expression anglaise; on a parlé de l’ensemble de l’industrie de l’amiante, on a parlé soit d’un secteur témoin, soit d’une prise de contr8le général de l’industrie. Cela ne signifie pas des expropriations totales, ça veut dire que, de toute façon, la perspective qui nous paraît inévitable dans un domaine comme celui là, vu la tradition assez empoisonnée dans tous les sens du mot, les conditions de travail, vu les exportations permanentes des emplois que représente la sortie essentiellement brute d’une ressource comme celle là, vu la position du Québec comme premier producteur et premier exportateur mondial, à cause de tous ces facteurs, ce que nous avons toujours évoqué, c’est qu’il faut que le contr8le essentiel, donc le contrôle dominant, pas nécessairement exclusif, il peut y avoir des « partnerships »,mais le contrôle dominant de cette industrie, de cette ressource, de son avenir et des emplois qu’elle peut créer, soit sous juridiction québécoise.
Cela fait partie de notre patrimoine et cela fait assez longtemps qu’il a été totalement
aliéné, d’une façon qui a mené à une sorte de climat d’irresponsabilité permanente et
littéralement délétère dans ce domaine, et là encore, délétère dans plusieurs sens du mot.
Maintenant, vous savez, cette perspective n’implique pas quelque chose de ruineux. Il ne s’agit pas de fixer des dates, on est déjà en train de travailler sur le dossier, au ministère des Richesses naturelles et ailleurs dans le gouvernement, pour le mettre à jour. Pour ce qui est des chiffres concevables, je pense qu’il y a déjà des hypothèses qui n’ont jamais été démenties, si vous voulez les rappeler partiellement.
simplenen
[M. PARIZEAU: Je pense que là, autant on a été amené à’poser des hypothèses là-dessus
quant au coQt, autant maintenant, je pense qu’il ne serait pas particulièrement utile
de lâcher des chiffres, tant que les études que nous pouvons faire maintenant, simplement parcequ’on a des dossiers et qu’on ne les avait pas avant, ne seront pas terminées. Cela, ce n’est pas très long. Il faut bien s’entendre que ce n’est pas une question d’années. Normalement, en l’espace de quelques semaines, il y a moyen d’avoir autre chose que le genre d’approximation sur lequel on a fonctionné jusqu’à maintenant.
On a,bien sûr, des « bail park figures », des espèces d’approximations générales.
D’autre part, le montant peut varier beaucoup selon qu’on prendrait la totalité du enc :rc
contr8le de ces compagnies ou bien/un contrôle majoritaire, las compagnies gardant
des intérêts minoritaires importants. Cela non plus, on ne peut pas, à l’heure actuelle, en avoir une idée très précise, sauf que des conversations, dans les jounsqui viennent,
vont s’amorcer avec certaines de ces compagnies à ce sujet. Là,encore une fois, on ne
jours.
parle pas de mois ou d’années. Les premières conversations vont avoir lieu d’ici quelques/
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M. L’HEUREUX: M. Freeman, est ce que vous avez une deuxième question? M. FREEMAN: Non.
M. L’HEUREUX: Alors, M. Jean-V. Dufresne.
M. DUFRESNE: M. Lévesque, M. le premier ministre, après deux mois et demi et compte tenu du fait que maintenant, à cause du discours de New York, le débat a été quand même placé sur la scène internationale, compte tenu du fait aussi que personne n’ignore qu’il y a des intérêts anglo-canadiens et américains qui s’inquiètent que l’attitude du Québec ait des aspects également nocifs sur l’ensemble de l’économie du Canada, est ce que vous sentez que vous allez être peut-être bientôt contraint à accélérer le processus d’accession à l’indépendance? Est ce que vous pensez que le point s’approche où il faudra peut-être réexaminer un calendrier pour dissiper une incertitude, à tort ou à raison, mais si les gens reconnaissent qu’il y en a une et qu’on la prend pour acquise….]
[M. LEVESQUE:] Je ne crois pas qu’on doive accélérer, parcequ’il vient d’y avoir 36
heures à New York et que pendant quelques jours on va poser cette question de nouveau. Je ne crois pas qu’on doive accélérer, pour les raisons suivantes: Cela ne veut pas dire qu’on tient
à s’éterniser non plus et je peux vous dire qu’on y pense plus que sérieusement. Mais il reste qu’on n’est pas pour se faire charrier simplement parcequ’il y a quelques manchette qui ont provoqué de nouveau la question de l’incertitude.
L’incertitude, je l’ai dit à nos interlocuteurs américains, en ce qui concerne l’évolution nationale de toute une société, c’est le genre d’incertitude qui doit quand même faire son temps, qui est moins grave que cette espèce d’incertitude qu’entretient un maintien d’un statu quo quand, en fait, il est en train de craquer de tous les côtés. Mais c’est une incertitude qui, foncièrement, est saine dans la perspective de l’avenir et elle doit. durer au moins aussi longtemps que certaines choses.
Par exemple, il y a une remise en marche de nos affaires québécoises telles qu’elles sont, qui s’est amorçée et qui va au moins nous conduire comme une préoccupation absolument intense jusqu’au prochain budget, à sa mise en opération et jusqu’à la session et au programme législatif et à la réalisation des engagements les plus pressants du gouvernement. C’est une première étape qu’on ne nous pardonnerait pas de négliger pour autre chose, parceque c’est essentiel, comme gouvernement.
Il y a aussi la mise en place du mécanisme d’un référendum qui doit prendre le temps honnêtement nécessaire pour être effectué. Il ne faut pas oublier qu’on ne peut pas… Personne ne se lancerait dans un référendum, sauf peut-être ceux qui aimeraient bien cela
le voir se tenir dans la plus belle confusion – et je comprends un peu leur attitude – pour eux autres, ce serait mieux hier soir que demain matin, sauf des farfelus comme cela, ou des gens qui ont des gens qui ont des intérêts qui dépassent plus que tous les jupons de l’histoire, il est évident qu’un référendum, une question aussi centrale que cela, cela doit se tenir avec un cadre de conditions, de règlements que tout le monde a eu le temps de comprendre. Il faut qu’il y ait ce qu’on appelle une loi cadre. Vous savez qu’on en parlait déjà dans le temps de M. Jean-Jacques Bertrand, parceque l’idée était dans l’air.
Il s’agit ce compléter et, au besoin, d’ajuster tout ce travail, d’être bien sûr
que les conditions sont équitables. Vous verriez cela,un référendum où n’importe quel groupe d’intérêts, où n’importe quelle bande de manipulateurs d’opinion publique pourraient noyer la population sous n’importe quelle propagande, sans qu’il n’y ait des balises. On ne le tolère pas dans les élections; on ne le tolérerait pas dans cette espèce d’élection concentrée, mais extrêmement importante que constitue un référendum.
On veut, nous, en dépit de toutes les provocations, préparer suffisamment des conditions comme celles là, préparer aussi notre part de l’information qu’on doit donner dans le débat fondamental et la préparer en dépit de telle ou telle effervescence qui se passe à tel ou tel moment. ou tel moment. Cela, on ne peut pas l’éviter. Sinon, on ne ferait pas notre travail convenablement.
[M. L’HEUREUX: M. Dufresne, avez vous une autre question?]
[M. LEVESQUE:] Si vous permettez, M. Parizeau aurait quelque chose à ajouter.
[M. PARIZEAU: Le terme même d’incertitude commence à changer de sens depuis deux
mais. Je ne suis pas toujours certain que ce terme ne sert pas à l’heure actuelle fins
davantage des / politiques dans certains quartiers que, comment dire, des fins
d’exploration intellectuelle légitime. Ce que je veux dire,c’est ceci: Il y a deux mois, on pouvait clairement se poser la question: Sur le plan économique, est ce que c’est vrai que ces gens là veulent tout nationaliser, y compris les…
C’était légitime de poser la question. On était perçu par passablement de milieux comme un parti ayant eu des orientations radicales. Il fallait préciser cela. Il y avait incertitude là-dessus. Je vous rappelle qu’après deux mois il y en a pas mal moins. C’est assez remarquable à quel point ce gouvernement, depuis deux mois, a précisé bien plus de choses dans ses orientations à venir que d’autres gouvernements que j’ai connus dans leurs deux premiers mois.
Sien sûr, il fallait préciser certaines choses. Je comprends très bien que ,dans les premiers jours qui ont suivi le 15 novembre, a la Bourse, les actions dans toute
espèce de directionsbaissaient. L’aluminium, je veux dire l’ALCAN, cela a baissé, de tous les diables.
cela a pris une chute/ Tout le monde se disait: Qu’est ce qu’ils vont faire avec
l’aluminium: Le Bell Téléphone, cela a perdu plusieurs dollars. Sur quel principe? Qu’est ce qu’ils vont faire avec le Beil Téléphone?
L’amiante, l’Asbestos Corporation dont je parlais tout à l’heure, à la Bourse de Montréal,a chuté de plusieurs points. Les gens se posaient des questions. Ils
ont eu pas mal de réponses. À l’heure actuelle, qu’on ne vienne pas nous dire qu’il y a incertitude quant à l’Alcan ou à Bell Téléphone. On a fait assez de déclarations depuis deux mois à ce sujet.]
[M. LEVESQUE:] Ce qui était conforme à ce qu’on disait avant.
[M. PARIZEAU: Ce qui était conforme à ce qu’on disait avant. Donc, il y a eu
pas mal de précisions apportées là-dessus. Sur le plan de l’incertitude quant aux politiques économiques à suivre, on n’a peut-être pas fait encore toutes les déclarations qu’on devrait faire, il y en aura d’autres qui viendront à l’occasion du discours du budget, mais il y a quand même bien des choses qui sont sorties.
Il y avait une deuxième incertitude, qui était la suivante et qui, compte tenu d’une certaine histoire politique au Québec, était probablement raisonnable: ces gens là
se sont faits, orl poussé leur action politique pendant plusieurs années sur le plan de de 1970 et d’
l’indépendance; ils ont fait l’élection !1973 là-dessus. Ils ont eu l’air d’insister un
peu moins là-dessus en 1976. Est ce qu’ils y tiennent vraiment?
Cela se comprend très bien que l’on pouvait s’imaginer qu’un parti politique arrive au pouvoir en disant, bon bien, on a utilisé certains arguments dans notre action politique quand on était dans l’Opposition, mais maintenant qu’on est au pouvoir, bon vous savez, on laisse tomber. Bien, cet aspect là est réglé depuis, je pense que tout le monde conviendra que depuis lundi, à New York, il est réglé. C’est clair, il est clarifié, il n’y a pas d’incertitude là-dessus. Les objectifs du gouvernement actuel, il me semble qu’ils sont clairs.
Il y a une troisième incertitude qui a trait à savoir si effectivement on va gagner le référendum ou non. Ca, évidemment, elle va demeurer. On ne peut pas, deux ans ou deux ans et demi à l’avance, annoncer qu’il est clair et déjà évident qu’on va le gagner. Tout le monde comprend très bien qu’on va faire l’impossible pour le gagner, qu’on va y aller de , qu’on va mettre toute l’énergie nécessaire pour le gagner.
Alors, donc, sur les trois types d’incertitudEg qui étaient toutes mêlées il y a deux mois, il en reste une. Alors, il faudrait faire attention maintenant de ne pas revenir constamment à la charge avec le terme incertitude, en l’appliquant à n’importe quoi. Encore une fois, ce gouvernement, sur le plan des précisions, sur les deux premiers plans, a apporté un nombre considérable de précisions depuis deux mois.
M. L’HEUREUX: M. Fraser.
M. FRASER: M. le premier ministre, si je comprends bien, il y a eu, au
Canada anglais, une espèce de choc vis-à-vis de votre discours par le découvert que vous êtes indépendantiste. Il y a aussi un peu un choc Ici face à la réaction négative au Canada anglais. Vous même, vous avez parlé de la réaction viscérale vous avez dit, peut-être vous auriez pu même dire amère parmi les Canadiens à New York. vous demande si vous envisagez, si vous pensé d’aller au Canada anglais faire un peu la même chose à Toronto ou à Vancouver que vous avez faite déjà à l’Economic Club à New York?]
[M. LEVESQUE:] Oui, je ferais remarquer, d’ailleurs, que c’est venu dans une espèce de séquence assez normale en deux mois. L’invitation de l’Economic Club, il y a des gens qui étaient surpris que cela vienne si vite. En fait, elle était arrivée
avant les Fêtes, cela nous paraissait, d’après les analyses qui ont été faites, une
tribune importante, c’est même une tribune impressionnante. Mais cela venait après, quand même, les rencontres qu’on avait eues ici publiquement avec l’UPA, avec les mineurs à Fermont, par exemple, dans le Grand-Nord, avec le public de l’Université de Montréal, les étudiants de l’Université de Montréal et cela se situait dans une séquence où, par rapport à votre question sur le reste du Canada, dans laquelle se trouve déjà – en tout cas, j’ai accepté, s’ils sont encore prêts à m’accepter – je me trouve déjà celui qui a accepté d’aller faire un tour dans les Maritimes à Charlottetown, probablement, Île-du-Prince-Edouard. C’était une invitation d’avant les élections et on l’a réacceptée pour quelque part, ce printemps, et aussi une invitation au Manitoba.
Il y a de mes collègues qui, forcément, vont aussi, à l’occasion sortir. Notre problème est d’abord dans Québec mais on… M. Parizeau doit aller à Toronto très bientôt. Je crois qu’il y a aussi une ou deux possibilités que j’aille à Toronto, mais pas en même temps, il faut ménager nos efforts, mais tout cela est relié, quand même, au fait que nos premières priorités, et ça ne peux pas être plus fréquent que ça, c’est ici dans Québec pour faire notre travail.
Maintenant, pour ce qui est de la réaction que vous avez notée, une certaine amertume ça au Canada anglais, j’ai des fois l’impression – je pense qu’il y a certains chiffres qui donnent l’impression que cette impression là n’est pas complètement fausse – que certaines vérités sur le Canada doivent passer par New York avant d’être entendues dans certains milieux anglo-canadiens.
[M. L’HEUREUX: John Wildgust du Montreal Star.
M. WILDGUST: Vous avez peut-être répondu déjà un peu à la question, mais vous avez parlé de la cinquième colonne, est ce qu’il s’agit là, d’après vous, d’un mouvement organisé?]
[M. LEVESQUE:] Non.
[M. WILDGUST: Dans quel but? Qu’est ce que vous allez faire? Quelles démarches
envisagez vous pour contrecarrer ce courant?]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, j’ai dit que c’était un gros handicap, pas seulement pour des gens qui prêchent l’indépendance du Québec, c’est un handicap pour la compréhension de toute l’évolution du Québec. Ce n’est quand même pas le même Québec qu’il y a 15 ou 20 ans, « cheap labor Quebec », et puis, vous savez, « basket weaving Quebec » etc. Or, il y a, dans certaines mentalités, malheureusement, je comprends, mais le fait est là, dans certaines mentalités anglo-canadiennes, une espèce de nostalgie de ce temps là. Or, à , New York,se trouvent très nombreux, soit périodiquement, soit, des fois, enracinés là, en fait, pas seulement dans les milieux financiers, mais souvent dans ces milieux là, à .,ause des relations traditionnelles entre les marchés, les places comme on dit, se trouvent un bon nombre de ces Anglo-Canadiens qui sont, dans bien des cas, ce qu’on appellerait un peu antédiluviens par rapport à l’évolution sociale, politique du Québec et du Canada. Or, malheureusement, à cause de leur familiarité avec le milieu., puis de leur enracinement et le fait qu’ils parlent anglais avec l’accent américain assez facilement, bien, ils sont comme des traducteurs traîtres, souvent objectivement traîtres, tu sais, « traduttore traditore », bon, de toutes les réalités et ils sont entendus.
Écoutez, il y a eu un article, dans un certain journal à New York, deux ou trois jours après les élections qui était une des plus belles distorsions, dans le Journal Economic de New York des plus invraisemblables sur bien des faits, qui ait paru après les élections. Tout de suite, il suffisait de vérifier, il s’agissait d’un monsieur de Toronto, qui est un [stranger] qui travaille à la pige, je suppose.
Qu’est ce qu’on peut faire contre cela? C’est d’essayer, si vous le voulez, de prendre notre meilleur anglais, régulièrement dans nos délégations générales ou partout et d’essayer, je pense bien, de contrer cela par des faits – cela ne se fait pas du jour au lendemain – et de ne pas faire faire nos messages par les autres.
[M. L’HEUREUX: Gilles Liboiron, de Radio-Canada.
M. LIBOIRON: M. Lévesque, avant, cela n’a pas une incidence directe sur votre voyage à New York, mais cela a plut6t une incidence corollaire au référendum dont on parlait tantôt. M. Trudeau, hier, a implicitement admis et d’autres libéraux fédéraux ont également déclaré,que pour eux, les éventuelles élections partielles dans les cinq comtés vacants du Québec seraient considérées comme des mini référendums d’une certaine façon.]
[M. LEVESQUE:] Si au cas où ils les gagneraient.
[M. LIBOIRON: Bien, c’est mini référendums de toute façon. Maintenant, vous rencontrez, è ce qu’on a appris, le 14 février, c’est la Saint-Valentin, M. Clark. M. Lasalle aussi a déclaré qu’il aimerait peut-être rencontrer, au cours des prochains jours, MM.Parizeau et Morin pour voir qu’est ce qui pourrait se passer peut-être à l’occasion de ces élections partielles. Je voudrais savoir si vous croyez en une possibilité d’alliance circonstancielle à la veille de ces élections partielles?]
[M. LEVESQUE:] Écoutez, d’abord, je dois vous préciser ceci, c’est que j’ai, à cause d’engagements, je pense, qui sont compréhensibles, parcequ’on va être assez proche des
un gros travail à essayer de mettre au point, puis la législation. J’ai été obligé,
à grands regrets, de remettre la rencontre qui était prévue avec M. Clark. Je pense qu’on ne s’en portera pas plus mal ni l’un ni l’autre. Je le regrette tout simplement et je n’ai pas, non plus, de rencontres prévues avec M. Trudeau. Comme cela, c’est équilibré.
Pour ce qui est de M. Davis, par ailleurs, je pense que je dois avoir une brève rencontre avec lui, reliée, plus ou moins à sa présence au carnaval, mais pour le reste, il n’y a rien de prévu. Je ne suis pas responsable des propos de M. Lasalle. Il n’y a rien de prévu en ce qui concerne une position précise. Là, il s’agirait du Parti québécois dans
ces élections partielles. Je crois que cela va rester comme cela. C’est-à-dire qu’officiellement, en tout cas, cela, c’est quand même important, ni le gouvernement, ni le parti ne devraient … c’est au citoyen de juger ce gouvernement là. Parmi les citoyens, il se trouve des gens qui peuvent, sur le plan provincial actuel,être avec nous, comme c’est déjà arrivé et avoir leur préférence et cela, c’est leur droit le plus divin, [the God given right], et cela,on n’est ni pour ni contre, parceque c’est le droit d’un citoyen qui paie encore des taxes à deux niveaux, jusqu’à nouvel ordre, et qui est aussi bien citoyen fédéral que citoyen provincial, jusqu’à nouvel ordre, d’avoir ses préférences
et d’exercer ses choix.
[M. LIBOIRON: Je m’excuse…
M. L’HEUREUX: M. Liboiron.
M. LIBOIRON: Ce que je cherchais à savoir, M. Lévesque, c’est puisqu’à Ottawa,on considère cela comme étant un mini référendum et,à partir de ce moment, c’est la même chose pour
vous, forcément, vous êtes entraîné un peu dans…]
[M. LEVESQUE:] Je n’entrerai pas nécessairement dans la dialectique de M. Trudeau. Je comprends M. Trudeau – je vais vous dire ce que j’en pense très simplement – dont le gouvernement, le moins qu’on puisse dire, est en grave danger sur le plan anglophone – et cela,je pourrais vous dire que l’impression que j’en ai eue, c’est que cela déborde même au sud des frontières, c’est que ce n’est pas précisément un gouvernement qui a l’image d’efficacité, de compétence, en particulier dans le domaine économique et dans d’autres domaines reliés, nulle part,que je sache, dans ce qu’on appelle l’Amérique du Nord anglophone avant et certainement pas au Canada anglais. Donc,ils sont en grave danger et cela, c’était bien avant
le 15 novembre. J’ai l’impression qu’ils ont cru voir – puis là, ils s’agitent frénétiquement avec toutes sortes de préparatifs verbaux et autrement – dans l’élection du 15 novembre une façon de surnager de nouveau comme des espèces de sauveurs du fédéralisme. Vous savez, le danger est à Québec et,si on maintient notre base québécoise, ils vont peut-être nous prendre, encore une fois, comme ils les ont pris en soixante-huit pour des sauveurs de la confédération. Écoutez, cela est le genre d’astuce électorale beaucoup plus pressante,je pense bien. que des grands desseins historiques et nationaux, qui semble assez évidente; c’est cousu de
fil blanc dans certaines des attitudes les plus récentes. Si c’est cela, cela se dégagera peut-être des préparatifs des élections partielles; on verra comment on doit percevoir cela, comment on doit le considérer. Il est évident que ce qui sous-tend cette histoire de miniréférendum et puis ces postures assez tendues des libéraux fédéraux, c’est que c’est le commencement de leur va-tout pour essayer de s’accrocher au pouvoir, en se servant du Québec,
comme ils l’ont fait en soixante-huit pour faire rentrer la trudeaumanie comme une espèce de morceau difficile à comprendre pour les autres et que,seuls les libéraux, presque à cause du testament d’Adam et Eve, sont capables de manipuler n’importe quand.
[M. L’HEUREUX: Lise Bissonnette du Devoir. Mme Bissonnette. MME BISSONNETTE: C’était la question de…
M. L’HEUREUX: M. Descêteaux, du Devoir.
M. DESCOTEAUX: M. le premier ministre, pour revenir à la lettre de M. Trudeau, tantôt, vous avez évoqué qu’il n’y a rien à perdre à dialoguer, mais vous avez aussi évoqué qu’avant d’avoir un dialogue, le gouvernement fédéral devrait poser des gestes prouvant sa bonne foi
en quelque sorte.
Dans quelles circonstances et à quelles conditions accepteriez vous de participer à un dialogue officiel avec les autres provinces?]
[M. LEVESQUE:] Je n’ai pas fait une condition. J’ai dit que s’il s’agissait de montrer que le gouvernement fédéral a vraiment compris que cela ne peut pas continuer comme cela. de toute façon, je pense que l’électorat va lui faire comprendre avant longtemps, s’il ne comprend pas – il pourrait peut-être régler des cas, des cas odieux comme celui des gens de l’air et comme celui du déficit olympique, comme celui de politiques agricoles particulièrement stérélisantes, qui sont même ruineuses pour l’agriculture québécoise, en particulier.
Et là, on se dirait: Ils ont peut-être vraiment commencé à comprendre quelque chose à ce qui se passe, à ce qui, vraiment, leur fait du tort et contribue à les couler, quoi! Mais cela, c’est leur problème. Quand je parlais de dialogue, ce n’était pas relié à cela comme une condition.
J’ai dit que de toute façon, avec les autres provinces, comme, à l’occasion, sur des
choses spécifiques, parceque ce peut être utile, dans la conjoncture
fédéral et tout le monde ensemble… On n’est pas fermé au dialogue, au contraire. Et on l’a
montré dés le lendemain de l’élection en assistant à une conférence fédérale-provinciale, qu’on n’avait pas préparée, dont on n’avait pas participé à l’établissement des conditions. Cela, c’est une chose. De là à croire, en relisant les nouveaux propos de M. Trudeau, qu’il y a une véritable ouverture sur l’avenir et les réajustements absolument fondamentaux que demande la situation québécoise et canadienne, vous me permettrez d’en douter tant qu’il s’agit de propos extrêmement hypothétiques et, à certains points de vue, contradictoires comme c’est le cas dans les textes de M. Trudeau.
[M. DESCOTEAUX: Deuxième question. Vous avez, à New York, parlé du référendum dans des termes un peu plus vagues que lors de la campagne électorale. Est ce que c’était voulu ou est ce que c’était pour ouvrir la porte, pour repousser le référendum plus loin qu’à une période de deux ans ?]
[M. Lévesque :] Non, non. N’oubliez pas qu’ils ont un système politique, présidentiel, contrairement au nôtre, prévoit des élections à date fixe, tandis que le nôtre, c’est toujours un peu flou. Je leur ai simplement fixé les limites extrêmes qui sont, actuellement, les limites légales, c’est-à-dire qu’à l’intérieur de notre mandat qui, légalement – et cela, dans la perception américaine, c’est une notion familière – est de cinq ans, il y aurait ce référendum. J’aurais pu dire: Qui, normalement, est de quatre ans. De toute façon, on ne le collera pas sur des élections parcequ’on ne veut pas confondre les élections et un référendum. C’est cela qu’on a voulu éviter au mois de novembre dernier et on a bien fait de le faire, je crois.
Quelque part là-dedans se situe le référendum. Je ne répéterai pas ce que je disais à M. Dufresne tout à l’heure, on ne fera pas exprès pour l’étirer, on ne fera pas exprès pour entretenir l’inévitable incertitude qu’il y a là, mais on ne se laissera pas charrier ou bousculer non plus dans des improvisations qui seraient, au fond, frauduleuses.
dre
purement énergétiques? J’imagine que vous avez abordé certains sujets
M. JORON: Il y a deux choses. D’abord, bien, une des raisons pour lesquelles j’étais à New York, c’est le fait, vous le savez, que la majeure partie des emprunts
québécois faits à New York sont des emprunts de l’Hydro•Québec.
Alors, évidemment, ces gens là étaient intéressés de savoir quelles étaient nos intentions vis-à-vis l’Hydro Québec, si on avait l’intention d’apporter des chambardements majeurs, des modifications radicales aux plans de développement de
l’Hydro Québec, et tout cela.
Alors, cela prendra le temps honnêtement requis pour que cela se fasse dans les meilleures conditions possible pour tout le monde.
[M. L’HEUREUX: Il nous reste à peine le temps pour deux brèves questions. La première de M. Lacombe, la deuxième de M. Dufresne.
M. LACOMBE: M. Lévesque, on a appris, au début de la semaine, que vous aviez expédié une lettre à une association acadienne du Nouveau Brunswick. Lst-ce qu’on pourrait savoir le contenu de la lettre que vous avez adressée à M. Blanchard, qui a fait une entrevue, entre autres, puis qui disait, justement, que vous les invitiez,apparemment,â discuter avec vous de la situation au Québec et au Nouveau Brunswick?]
[M. LEVESQUE: Écoutez, il y a peut-être un accusé de réception ou quelque chose de plus substantiel qui a été préparé que je dois avoir. Cela ne m’est pas… Je ne crois pas que cela me soit passé entre les mains. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour rattraper la correspondance depuis la fin de la semaine dernière, à cause du voyage à New York. Je m’excuse, cela ne me rappelle rien.
[M. LACOMBE: Je m’excuse, M. le premier ministre, mais on a dit que c’était vous qui aviez expédié cette lettre la à l’association acadienne en question.]
[M. LEVESQUE:] Sur le plan que vous évoquez, cela ne me rappelle rien. Écoutez, il s’est passé tellement de choses depuis deux mois, c’est possible. Mais si cela ne me rappelle rien, je ne veux pas dire qu’il n’y avait rien là, mais il n’y a certainement pas, là, une grosse affaire.
[M. L’HEUREUX: M. Dufresne.
M. DUFRESNE: M. Joran, est ce que, au cours du voyage à New York, vous pourriez commenter ce qui a été discuté, s’il y a eu des discussions, dans le ca
M. DUFRESNE: Au sujet de la baie James, par exemple, avez vous,..
M. JORON: Non, il n’en a pas été question comme tel, parceque les questions qui pouvaient les inquiéter davantage,c’ert à savoir, par exemple, est ce qu’on veut ralentir ou diminuer la part de l’électricité dans notre bilan énergétique global? Est ce qu’on veut apporter des modifications substantielles, soit au tarif ou à la structure de l’Hydro Québec?
Bien bon, alors on a été en mesure, c’est normal en fait, les gens de l’Hydro Québec sont très bien connus, de longue date, sur les marchés new yorkais. Maintenant qu’il y a un ministre directement responsable de l’Hydro, celui là ne l’était pas, alors ils voulaient savoir s’il y avait concordance ou si l’Hydro s’en allait dans une voie entièrement nouvelle. On a été en mesure de leur dire que non. L’Hydro continue, en ligne générale, sur la voie qui lui a été tracée. Ce qui les a, évidemment, satisfaits parceque vous savez que l’Hydro est un petit peu le « darling » des marchés financiers à New York, à cause de l’excellente qualité de sa gestion, de ses résultats financiers.
Il est peut-être bon de souligner que jusqu’à un certain point des emprunts comme ceux de l’Hydro-Québec ne sont pas aussi directement reliés à l’ensemble de la question politique, parceque là, ce n’est pas un prêt fait à un gouvernement au sens très large, ce qui implique toujours quelque chose d’un peu flou, mais c’est un prêt fait à une corporation précise, un peu flou, dans le sens que… je le voyais sourire… cela couvre 40000 choses, un gouvernement, tandis qu’une utilité électrique, cela couvre la production, la vente de l’électricité.
Ils sont en mesure d’ouvrir les bilans, de regarder les états financiers, les comparer et de se que
rendre compte que quels /soient les critères employés, l’Hydro arrive en tête, à peu près à
tous égards,de toutes les utilités électriques en Amérique du Nord.
qu’ils
C’était une chose /voulaient savoir. La deuxième qui les intéressait, c’est la suivan
te, ce sont des échanges possibles d’électricité avec nos voisins du sud, parceque vous savez qu’on a notre pointe de demandes à une saison qui est l’inverse de celle de New York, par ex
emple. C’est-à-dire que nous, pour des raisons de chauffage, l’hiver, c’est décembre, janvier eux,
et/pour des raisons de climatisation,c’est juillet et aoGt. Lâ, cela saute aux yeux, c’est
la géographie qui l’a voulu ainsi, il y a un avantage réciproque très évident à s’échanger de l’électricité, en vendre au moment de l’année o3 nous avons des surplus et que si on ne la vendait pas, de toute façon, on n’en saurait que faire et la même chose pour eux.
Maintenant qu’il y a déjà un premier pas qui a été fait en ce sens, mais qui est quand même encore modeste, maintenant, l’interconnection est en train de se faire avec l’Etat de New York ;la gouverneur Carey, lui même, dans son discours, mentionnait son intérêt et son souhait qu’on développe cela plus loin. Moi, de mon côté, privément, j’ai été en mesure de dire que c’est également notre souhait, parceque c’est visiblement d’un intérêt réciproque et très substantiel.
M. L’HEUREUX: On nous accorde encore quelques minutes de grâce, M. Ralph Noseworthy, de CFCF,et M. Pelletier pour terminer.
M. NOSEWORTHY: I would like to direct my question tô the man who American télévision
stationsdescribed as the sexiest man in North America. M. Lévesque, a few days before the th, rd:;
November 15th élection, you said that a two-/ majority would be required to have a successful
référendum, has anything occurred to change this majority, do you still maintain you need a two-thirds majority.
M. LEVESQUE: I never said that, Mr Noseworthy,…
M. NOSEWORTHY: Two days before the élection, I heard you say it.
M. LEVESQUE: I dont know where you get your sources, but not for me, as far as I can
a
remember, all I said was that obviously the more/referendum would show a clear majority, the
two-thirds,
more it would be persuasive, that’s all. But, /i did say that some people were insisting
on creasy figures like a two-thirds condition and -chat was completely silly. Maybe that’s what you have got wrong.
M. NOSEWORTHY: What majority would you need?
M. LEVESQUE: Look, legally, it is obvious that a 50% plus one is a
majority. Politically, it is also obvions that you need a little more so that it is really convincing. How much? Look, I dont know but I do know that a referendum, like an election, if it is, you know, something which has rules, means a majority of 50% and more. But politically, well,anyone can have his own opinion because, depending on pressure groups and depending on which sida you sit on, you need more if you loose and you need less if you win.
M. NOSEWORTHY: The government’s opinion is what figure? M. LEVESQUE: Pardon?
M. NOSEWORTHY: The government’s opinion would be what? What percentage?
M. LEVESQUE: We haven’t discussed that. You know,. as I said recently,
one thing I read, you know, among other things, but with great interest, was the preparation, in book form or let’s say in collected paper form, of the referendum, a very recent one, a very important one, in England, in Great Britain in fact, about staying in the Common Market or opting out. It was over 200 pages and very intricate and very comprehensive. There were discussions on that,as there are in any referendum and obviously it is the saine thing all over.
Preliminary discussions were that people who were against the government position would say: Oh, well, you need something like 100% or else it’s not convincing. The other opinion was rather Gloser to what a majority is supposed to be. You know, we don’t invent anything with that kind of question.
M. GOLDSWORTHY: Thank you.
M. PELLETIER: Ma question est une suite à la question précédente. Elle s’adresse, si vous le permettez, M. le premier ministre, indifféremment, à M. Joron ou
â M. Parizeau ou aux deux. Un journal, aujourd’hui, évoque la possibilité que la cote de crédibilité de l’Hydro-Québec atteigne bientôt ce qu’on appelle les 3A. Est ce que vous avez des indices qui tendent à confirmer cette tendance qui est évoquée aujourd’hui par un journal de Québec?
M. JORON: Bien, c’est peut-être un peu anticipé encore parceque ce n’est pas fait, cette chose-1k, mais de certaines conversations qu’on a eues à New York, on a été en mesure de se rendre compte qu’il y a beaucoup de monde sur la rue, à New York, comme on dit, qui partage cette opinion là devant,d’une part, l’excellence des résultats financiers de l’Hydro-Québec,quoique ça pourrait mériter une cote plus élevée que celle qu’ils ont dans
le moment, qui est déjà bonne, mais cela pourrait être encore meilleur.
Je pense que les précisions qu’on a pu apporter quant à nos intentions de développement futur de l’Hydro-Québec qui vise, entre autres,à maintenir la santé financière de l’Hydro qui est déjà excellente, mais pour maintenir cette santé, ont peut-être été en mesure d’encourager ce phénomène.
M. LEVESQUE: M. Parizeau.
M. PARIZEAU: Seulement comme prolongement à ce que vient de dire M. Joron, d’après ce que je peux voir, ça reste au niveau de conversations.
M. JORON: C’est ça.
M. PARIZEAU: Cela n’a aucune espace de caractère officiel… En somme, il ne faut pas tabler dessus.
M. JORON: C’est ça.
M. PARIZEAU: Il y a des gens qui en parlent.]
[M. LEVESQUE:] Cela laisserait entendre, en tout cas, que l’image de l’Hydro n’est en train d’empirer.
[UNE VOIX: Pas exactement.
M. DUFRESNE: J’aurais seulement une petite question]
[M. LEVESQUE:] Si vous permettez, ce serait la dernière. On doit retourner à nos bureaux.
[M. DUFRESNE: Oui.]
[M. LEVESQUE:] … parceque …
[M. DUFRESNE: Certainement. D’ailleurs, lorsque vous avez participé à la nationalisation de l’électricité à l’époque, est ce que vous croyiez qu’un jour la performance de l’Hydro-Québec, institution publique, servirait si bien les vues que vous avez aujourd’hui?]
[M. LEVESQUE:] Écoutez! Je ne sais pas à quel point… Je n’ai pas fait de calcul comme ça, sûrement pas à cette époque, mais je ne sais pas à quel point c’est vrai ce que vous dites. Tout ce que je sais, par exemple, c’est qu’en dépit des difficultés de parcours – il y en a eu d’assez sérieuses et il y en aura encore. C’est une immense entreprise, l’Hydro, c’est la plus grande de tout le Québec et qui couvre tout le territoire – en dépit, forcément, de l’évolution nécessaire, moi, je n’ai jamais été plus fier, en y repensent – et je pense que Parizeau pourrait dire la même chose et quelques autres qui ont participé de près à ça – de ce qui a été fait pendant les années 60 pour donner à l’Hydro toute sa taille, que, quand, tout à coup, ça t’arrive comme ça, comme une perception à peu prés extraordinairement unanime de gens qui la connaissent très bien de l’extérieur, parceque là, ça confirme… Et à ce point de vue là, je peux vous dire que non seulement ça reste un bon souvenir, mais c’est vrai que dans le potentiel du Québec, y compris son potentiel à l’extérieur, la position de l’Hydro et sa santé, c’est quelque chose… un facteur extrêmement important.
[M. L’HEUREUX: Messieurs, je vous remercie. Je pense qu’il y en a qui voudraient vous demander des entrevues.]
[QLévsq19770127cp]