Conférence de presse du 26 novembre 1976

[(Dix-sept heures)]

[M. LEVESQUE:] Chers amis, j’ai un rôle aujourd’hui pour lequel personne n’a une préparation; heureusement, j’aurai seulement à le jouer une fois, j’espère bien. Je voudrais commencer par remercier tous les citoyens québécois qui assistent à ce lancement officiel d’un nouveau gouvernement. Je voudrais remercier, par anticipation, étant donné qu’ici il n’y avait pas suffisamment d’espace pour tous ceux qui avaient manifesté l’intention de venir, ceux qui, ce soir, ont accepté de se déplacer pour venir faire connaissance, eux aussi, avec le nouveau gouvernement à la salle des congrès, ici, à Québec. Je veux d’abord saluer ceux que leur rôle dans la société nous indiquait d’inviter et qui nous ont fait l’honneur d’accepter cette invitation. D’abord, Son Eminence le cardinal primat, archevêque de Québec, que je remercie infiniment d’être venu; MM. les juges en chef et MM. les juges qui sont également avec nous; le Très Révérend M. Matthews, l’évêque anglican de Québec; M. le maire de Québec; M. le doyen du corps consulaire; les sous-ministres et présidents de commissions; et, bien sûr, les membres présents de l’Assemblée nationale. C’est par là que je voudrais commencer ce que j’ai à dire, très rapidement, sur le nouveau gouvernement. Je veux vous présenter ceux qui sont assis avec moi, autour de cette table, et vous les présenter d’abord en fonction de leur titre essentiel, et le seul qui demeure essentiel, nous sommes des députés.
Tous ceux qui sont ici, aussi bien autour de la table que les autres membres de l’Assemblée nationale qui nous accompagnent dans cette salle, qui vont jouer un rôle parlementaire, ont d’abord un premier mandat qui est leur mandat fondamental; c’est celui que nous avons vraiment reçu, c’est celui de siéger à l’Assemblée nationale comme représentants directs des citoyens de nos comtés.

MM. les consuls généraux de France, des États-Unis, d’Angleterre; mesdames
et messieurs;

Tous, et votre serviteur le premier, nous sommes d’abord et avant tout – on emploie une expression qui est injustement péjorative dans certaines bouches à l’occasion; elle ne devrait pas être péjorative, au contraire – de simples députés. Ce n’est pas simple. C’est une fonction que notre société, que l’évolution de la société a rendue très complexe, très exigeante et qui a pour objet non seulement de participer à l’autorité
suprême du Parlement, mais aussi – et je dirais autant, sinon plus – de venir à l’aide de citoyens trop souvent perdus dans les dédales de l’administration et la facilité avec laquelle l’administration tombe périodiquement, trop souvent, dans l’injustice.

La première tâche de tous ceux qui sont ici, aussi bien ceux qui sont autour de la table que les autres qui nous accompagnent au Parlement, sera donc d’acccmplir au maximum leur fonction de député et de participer, avec tous nos autres collègues, à une réforme en profondeur de la vie parlementaire. Cela fait longtemps qu’on en parle. Une partie, encore superficielle, a été mise en marche ces dernières années. Il s’agit de valoriser définitivement, par tous les moyens, le travail des députés, des commissions et de l’Assemblée nationale tout entière. Les Québécois se reconnaissent naturellement dans leurs députés réunis en assemblée. Il importe de faire en sorte qu’ils puissent continuer à se reconnaitre et qu’ils puissent avoir ainsi, collectivement d’eux-mêmes, comme peuple, une image politique dont ils soient fiers.

Il arrive aussi, dans notre système parlementaire, que certains députés reçoivent un mandat additionnel de fonctionnaires de l’Etat. C’est d’ailleurs la loi elle-même qui le dit: Le ministre est un député fonctionnaire.

Ce mandat additionnel est essentiellement temporaire, puisqu’il est accordé, comme le dit aussi la loi, selon le bon plaisir. D’ailleurs,cela s’applique aussi au gouvernement qui dure selon le bon plaisir de la population. Mais tout ministre peut vouloir lui-même, en cours de route, revenir à son mandat qui demeure essentiel, celui de député. Il peut être indiqué et il sera indiqué, dans certains cas, que de tels changements s’accomplissent de toute façon, même si – et on le sait – ils ne sont pas tellement entrés dans nos moeurs.

Pour parler en language très simple de tous les jours, on n’est pas ministre de façon permanente et il faut que tout le monde le comprenne parmi nos collègues qui sont ici devant vous. Je crois que tout le monde l’a très bien compris.

Au cours des quatre prochaines années, il faudra donc s’attendre – il n’est pas question de parler de choses qui arrivent à tout bout de champ – mais, à l’occasion et de façon rationnelle, à ce que des députés qui sont aujourd’hui nommés au Conseil exécutif soient appelés à revenir à leur tâche première de législateurs, de représentants des citoyens de façon à faire place à d’autres de leurs collègues. On remarquera de toute façon, entre parenthèses, que, dans le Conseil des ministres qui constitue la première de gouvernement de notre parti politique après l’élection, il y a un certain nombre de, postes importants dans plusieurs cas qui sont cumulés,ce qui ne s’aurait durer indéfiniment mais qui pourrait durer pendant un certain temps, parceque je n’apprendrai rien à personne en vous disant qu’un parti qui arrive au pouvoir pour la première fois, qui forme son premier gouvernement,est fait de gens qui n’ont pas encore eu le temps de s’évaluer complètement. Il a fallu, en une dizaine de jours, essayer de faire une première évaluation qui est nettement insuffisante, qui est nettement aussi en partie provisoire.

Dans le même ordre d’idée qui est celui du changement, il y en a un changement fondamental que,mes collègues et moi,nous avons décidé de mettre à l’essai dans le fonctionnement interne du Conseil des ministres afin d’en améliorer l’efficacité et la capacité de répondre plus adéquatement à l’évolution de la société.

Vous savez, dans une société qui change aussi rapidement que la nôtre, comme les autres, le gouvernement a comme tâche fondamentale de réussir autant que possible, autant qu’il est de son ressort en tout cas, à orienter le changement, plutôt que d’être à sa remorque tout le temps; autrement dit de prévoir les événements plutôt que de les subir autant qu’il est humainement possible. On dit que gouverner.c’est prévoir ou, en
tout cas, essayer de prévoir. En tout cas, il faut essayer à tout prix d’éviter de gouverner d’une crise à l’autre et d’improviser des solutions de dernière minute à des problèmes qui souvent, à ce moment, pourrissent depuis longtemps, parce que des problèmes qui pourrissent,cela fait mal à beaucoup de gens et surtout à ceux qui sont moins bien placés pour les endurer dans la société. Il faut donc non seulement essayer de prévoir, mais tout le temps essayer d’être conscient de ce qui cloche dans le présent, d’être disponible pour aller voir et de garder contact non pas seulement avec les problèmes dans les dossiers, mais avec les problèmes dans la vie aussi, chez ceux qui ont à les subir. Pour cela, il nous a semblé important que le Conseil des ministres soit organisé de façon à mettre l’accent sur la présence maximale sur le plan humain en même temps que sur l’établissement des priorités futures et la planification des changements qui doivent venir.
Cette nécessité.qui est commune à tous les gouvernements modernes,s’impose avec encore plus d’acuité à l’équipe nouvelle qui prend aujourd’hui les leviers politiques de l’Etat québécois. Son programme d’action lui fait une obligation absolue, je dirais,de diriger le Québec progressivement et avec pondération dans la voie d’un changement pas mal plus global que d’habitude. Le 15 novembre dernier, les Québécois ont dit clairement qu’ils n’avaient pas peur du changement et qu’ils faisaient confiance au Parti québécois pour les y conduire d’une manière efficace, intègre et démocratique.

C’est pour répondre à cette aspiration,le mieux possible, que, de concert avec les collègues qui ont accepté de former ce premier cabinet, j’ai décidé de modifier, au départ, certains aspects importants du fonctionnement même du cabinet, en dégageant quatre Ministres séniors, quatre vrais séniors de notre équipe, de toute responsabilité administrative pour leur permettre de consacrer tout leur temps à l’établissement des priorités, au pilotage des réformes qui nous paraissent essentielles et à la coordination des dossiers qui intéressent, de plus en plus souvent, plus qu’un seul ministère.

Ces ministres seront appelés à présider les comités interministériels qui existent déjà, qui peuvent évoluer, qui doivent évoluer avec les situations, et à siéger aussi à un comité des priorités du gouvernement avec le premier ministre, avec le ministre des Affaires intergouvernementales, le ministre des Finances et le leader parlementaire. Donc, un amendement à la loi de l’exécutif sera proposé lors de la mini-session que nous tiendrons vers la mi-décembre pour donner effet à ces modifications.

Cette réforme – je voudrais le souligner, il n’est pas question de superministres – du fonctionnement interne du cabinet ne touche en rien la structure actuelle des ministères, qui reste inchangée. Je souligne donc que cela n’a pas pour objet et cela n’aura pas pour effet de créer un,cabinet restreint, ce qu’on appelle en Angleterre un « innercabinet », avec des ministres qui sont plus ministres que les autres, et par conséquent, je souligne que le Conseil des ministres, dans son ensemble, continuera à pouvoir agir au niveau de l’Etat et de lui seul. Le but que nous poursuivons par cette réforme que nous mettons à l’essai dès aujourd’hui, c’est de libérer un certain nombre de ministres seniors pour qu’ils puissent aider le premier ministre – il va en avoir besoin – dans sa tâche qu’on appelle le « leadership » et sa tâche de présence aussi, dans l’établissement des priorités et la mise en marche des réformes.

Vous allez remarquer sans doute que le bon fonctionnement d’une structure comme celle-là, cela va exiger de tous les ministres beaucoup d’esprit d’équipe et une extraordinaire solidarité. C’est un pari que nous prenons et nous l’avons pris ensemble. Je suis très heureux que tous mes collègues aient accepté au moment de la consultation d’y jouer un rôle actif et un rôle qui finalement sera celui d’un membre d’une équipe complètement interreliée.

Il est évident que nous n’avons pas eu le temps que nous aurions pu souhaiter pour discuter pour raffiner les changements que nous proposons aujourd’hui. Une dizaine de jours pour essayer de se retrouver dans tout cela, c’est extrêmement court. Nous comptons cependant sur l’expérience pour nous amener, s’il y a lieu, à ajuster tout cela de mieux en mieux aux besoins du Québec dont – cela est très clair – nous sommes conscients d’avoir une équipe politique comme elle doit l’être. Nous sommes arrivés avec cette conscience. Il s’agit de ne pas la perdre et de s’en servir comme instrument pour les changements essentiels. Personnellement, je souhaite que tous ceux qui sont conscients des complexités et des difficultés de la gestion gouvernementale nous aident, selon leurs moyens, selon leur disponibilité, dans la définition des mécanismes – parcequ’ il en faut – capables de donner aux Québécois un gouvernement qui soit vraiment efficace et vraiment proche des besoins des gens.

La tâche qui nous attend est immense. Jamais, peut-être – c’est lourd à porter, c’est un phénomène qui s’est produit comme cela et il est là – un groupe d’hommes et de femmes n’aura été porteur, en tout cas de mémoire d’homme politique dans le Québec.. d’autant d’espoir en même temps. Nous nous sommes volontairement fixé depuis plusieurs années des objectifs élevés, très exigeants. Nous serons, après cette période normale, qui ne doit pas trop durer, que j’ai appelé déjà l’autre jour, le lendemain des élections, « la chance au coureur », mais nous serons et nous devons être jugés très sévèrement. S’il fallait que nous décevions les Québécois, ce serait collectivement notre confiance en nous-mêmes comme peuple qui risquerait d’être atteinte. Nous n’avons, autrement dit, c’est simple, pas le droit de manquer notre coup.

Mais je suis certain que tous les Québécois de toutes les classes, tous les milieux et de toutes les origines voudront faire toute leur part eux aussi pour nous aider à réussir, ce qui n’oblige pas à être d’accord sur tous les aspects de la politique.

Je fais appel à tous et à chacun d’entre vous pour faire l’effort requis, non seulement pour sortir le Québec des difficultés économiques et sociales que nous connaissons trop bien, mais également pour assurer à tous nos concitoyens la paix, le mieux-être et la fierté, qui est une denrée essentielle aussi, auxquels ils ont droit.

Si tous font leur effort de leur mieux, nous pouvons faire du Québec un pays où on est heureux de vivre, un pays qui entretient des relations harmonieuses avec ses voisins, un pays qui traite ses minorités avec justice et avec équité, un pays qui développe ses ressources dans le respect de son environnement et au profit d’abord
de ses habitants, un pays qui traite ses aînés qui l’ont bien gagné pendant une longue vie, avec reconnaissance et une reconnaissance tangible et qui traite ses plus démunis avec un soin constant parce qu’ ils en ont besoin, un pays qui loge ses familles avec décence et qui assure à ses travailleurs, non seulement un emploi, mais des conditions de travail adéquates. Je peux m’engager, je crois, après leur avoir parlé, au nom de mes collègues comme en mon nom personnel, à ne ménager aucun effort dans ce sens très exigeants. Je demande à tous les Québécois, s’ils voient que c’est dans ce sens que nous allons, de nous donner la main. Là-dessus, je vous présente ceux qui vont faire cet effort autour de moi, c’est-à-dire cette équipe du gouvernement que nous formons à compter d’aujourd’hui.

Le premier que je vous présente est celui qui a fait un effort surhumain, avec un tout petit groupe de députés, depuis 1973 au Parlement, pour diriger l’action, qui est un juriste éminent, et cela est reconnu en dehors de nos frontières, mais qui est également un éducateur de carrière. Le député de Sauvé sera vice-premier ministre du cabinet et ministre de l’Éducation, M. Jacques-Yvan Morin.

Il y a un autre vétéran qui a été six ans et demi sur la brèche, qui est devenu, tout le monde le sait, un maître de la vie parlementaire, mais qui est également un homme qui a, je crois, un souci constant de la réforme, et il y en a beaucoup besoin, non seulement au Parlement, mais autour du Parlement, législation, etc. Alors, le député de Maisonneuve, M. Robert Burns, sera leader parlementaire de nouveau, et aussi ministre d’Etat à la réforme parlementaire.

Le troisième que j’ai à vous présenter,c’est un homme dont la carrière reprend une continuité qui, je crois, était très attendue. Il a déjà été conseiller de trois premiers ministres. J’espère qu’un quatrième pourra en profiter dans le poste qu’il va occuper. Le ministre des Affaires intergouvernementales qui est député de Louis-Hébert, M. Claude Morin.

Un autre vétéran qui est un économiste parmi les mieux connus, non seulement du Québec, mais du pays et même ailleurs et qui est aussi un vétéran non seulement de l’action politique, mais un des animateurs, des moteurs de plusieurs réformes qui ont été faites dans divers domaines de l’administration québécoise, qui lui aussi a conseillé les premiers ministres dans un domaine où ils ont toujours besoin de conseils et ils n’en ont jamais assez. Le député de l’Assomption, M. Jacques Parizeau sera ministre des Finances et ministre du Revenu,
Un des premiers députés du parti qui a fait l’étape de 1970-1973, qui l’a faite plus durement que n’importe qui parceque c’était la plus dure, C’était celle où il fallait tous commencer à apprendre le métier. Ils n’étaient pas nombreux. Il a été le premier chef parlementaire du parti. Il est un homme polyvalent, polyvalent au sens le plus noble et le plus éminent du mot. Le député de Bourget, M. Camille Laurin, sera ministre d’Etat au Développement culturel.

Un homme de la nouvelle génération, mature si l’on veut, des hommes publics, qui a été, en quelque sorte, sûrement une des consciences sociales du Parti québécois depuis le début, qui a d’ailleurs fait une carrière sociale qui a quelque chose d’assez exceptionnelle, je pense, tout le monde le sait, ceux qui ont suivi ses agissements, qui connaît déjà le gouvernement depuis longtemps, qui l’a fréquenté, qui connaît aussi la société de façon aussi humaine et aussi éclairée qu’on puisse imaginer, sera ministre d’Etat au développement social, le député de Laporte, M. Pierre Marois.

Un de nos députés que j’ai connu dans un autre rôle, comme beaucoup d’autres, lui aussi au fonctionnement de l’Etat dans divers ministères, qui a une expérience extraordinairement diversifiée de ce côté, qui s’est arraché le coeur politiquement depuis 1970, qui connaît en particulier les rouages de l’économie et les a surtout fréquentés, il sera ministre d’Etat au développement économique, le député de Fabre, M. Bernard Landry.

Enfin, il y a un député infiniment trop modeste et particulièrement doté de ce défaut, qui est d’une compétence rare et qui est aussi un homme d’un dévouement des plus solides qu’on ait connu dans le Parti québécois, qui sera maintenant député de Laurentide-Labelle mais aussi ministre d’Etat à l’aménagement, M. Jacques Léonard.

Un homme qui est député depuis 1973, qui a l’expérience parlementaire, mais qui est aussi un avocat de pratique réputé et en même temps un leader régional au niveau de notre parti, qui est un infatigable et c’est un poste où ça demande des infatigables, le député de Chicoutimi, M. Marc-André Bédard, sera ministre de la Justice.

Un homme qui, depuis six ans et demi, en première ligne, a porté plusieurs dossiers. à qui On va demander, au moins pendant une certaine période, de porter deux portefeuilles très lourds, qui ont quand même des relations entre eux, mais il s’agit de deux ministère; le député de Saguenay, un des vétérans de l’action parlementaire du parti, M. Lucien Lessard, sera ministre des Transports et ministre des Travaux publics et de l’Approvisionnement.

L’ex-whip en chef du parti, qui est aussi, paraît-il, un magicien de l’organisation, – il s’agira maintenant d’organiser des équipes de gouvernement – qui est très proche des problèmes qui lui sont confiés, parcequ’il en a fouillé les dossiers, le député de Lafontaine, un autre vétéran de notre action parlementaire, M. Marcel Léger, sera ministre délégué à l’environnement.

Un autre qui, même très jeune, depuis 1970, il a vécu tous les dossiers possibles et imaginables, parceque les députés étaient si peu nombreux qu’il fallait qu’il les fréquente tous; je crois que non seulement sa compétence mais son âge aussi l’appellent naturellement à remplir les fonctions qui lui ont été confiées, le député de Saint-Jacques, M. Claude Charron, sera ministre délégué au Haut Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports.

Un des députés aussi du premier bataillon de représentants du parti, de 1970 à 1973, qui a profité de ses loisirs plus récents avant la récente campagne électorale pour écrire un des livres, je crois, les plus remarqués qu’on ait publiés chez nous sur la perspective de l’avenir à partir d’une étude solide du présent et qui connaît également les implications financières et de l’action, en plus des perspectives qu’il faut ouvrir dans un domaine où depuis longtemps, je crois, il fallait y penser et ça presse de plus en plus, le député de Mille-Îles, M. Guy Joron, sera ministre délégué à l’énergie et responsable de l’Hydro-Québec au départ.
Il y a un député nouveau, mais assez remarqué, je crois qui a ajouté à sa carrière de vedette et à sa carrière électorale toute récente, mais assez marquante un souci que tout le monde connaît pour des problèmes sociaux aigus, je n’ai qu’à mentionner le cas de Tricofil, et aussi une capacité de travailler en équipe, je n’ai qu’à mentionner les fêtes de la Saint-Jean, celles qui ont marqué un nouveau départ. Alors, le député de Dorion, Mme Lise Payette, sera ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.

Il y a un vétéran de la pensée indépendantiste au Québec qui vient de devenir député, mais qui depuis toujours, bataille fermement dans cette optique, qui est un juriste de formation, mais dont l’intérêt pour la question dont il va être chargé, qui est une question absolument fondamentale et prioritaire méconnue, et sera bientôt connue de tous, un homme à qui on donne un défi véritable parmi d’autres défis, le député de Lévis, M. Jean Garon sera ministre de l’Agriculture.

Il y a un nouveau député aussi à qui une tâche écrasante va être confiée parcequ’il est équipé pour la rencontrer, aussi bien sur le plan administratif, et c’est un énorme poids administratif que sur le plan humain, et le plan des relations avec l’immensité du personnel et de la clientèle avec qui il va avoir à faire affaire, le député de Chambly, M. Denis Lazure sera ministre des Affaires sociales.

Le nouveau député de Crémazie, M. Guy Tardif, criminologue, qui a aussi une longue carrière derrière lui, jeune mais assez longue de fréquentations spécialisées, mais très intimes des milieux municipaux, un domaine où il faut quelqu’un qui non seulement a de la compétence mais beaucoup d’énergie; M. Guy Tardif, député de Crémazie, sera ministre des Affaires municipales.

Et un autre nouveau député dont toute la carrière pourrait être résumée, je pense, au sens le plus complet du mot par l’expression « travailleur social » et qui est resté très proche, il l’a prouvé tout le long du chemin et jusqu’à tout récemment encore, des problèmes humains et des problèmes humains collectifs. Le député de Saint-Henri, M. Jacques Couture, est ministre du Travail, de la Main-d’oeuvre et de l’ Immigration.
Au député de Chauveau, M. Louis O’Neil qui est un universitaire de carrière mais aussi, à mon humble avis, un de nos meilleurs animateurs de fierté nationale, on a confié deux ministères dans le gouvernement qui rejoignent ses préoccupations et où les dossiers sont directement en prise avec notre identité; M. Louis O’Neil, député de Chauveau, sera ministre des Affaires culturelles et ministre des Communications.
Arrivant de la Gaspésie qui est un coin d’où on arrive à l’occasion, mais tout jeune en politique et tout jeune tout court, mais avec une carrière qui est déjà extraordinairement remplie et avec une très grande précision dans des domaines tout proches des ministères qui lui sont confiés, le député de Matane, M. Yves Bérubé sera ministre des Richesses naturelles et ministre des Terres et Forêts.

Un de nos économistes le mieux connu, non seulement au pays mais à l’étranger, qui est aussi chargé de la direction du plus important département de sciences économiques du pays à l’Université de Montréal, a montré qu’il était aussi un chef d’équipe, le député de Gouin, M. Rodrigue Tremblay est ministre de l’Industrie et du Commerce.

Et puis, un vétéran de l’action politique, qui s’est également révélé comme un des leaders régionaux de notre action politique, dans une des plus belles régions du Québec, à part cela. Je crois que non seulement ses goûts, mais presque le décor qui l’entoure l’appelait à ce poste: le député de Saint-Maurice, M. Yves Duhaime, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.

Enfin, tout nouveau en politique, mais s’il me permet l’expression, presque élevé dans le sérail dont il va avoir à s’occuper avec d’autres, un homme qui connaît à fond l’administration et qui n’a pas eu le temps de l’oublier: le nouveau député de Charlesbourg, M. Denis De Belleval, sera ministre de la Fonction publique et vice-président du Conseil du trésor.

Maintenant, si vous me permettez de passer à d’autres plans de nominations essentielles pour le bon fonctionnement du Parlement et du gouvernement, je voudrais vous présenter aussi, d’abord, parmi nos députés, celui que j’ai l’intention de proposer à la Chambre, à l’Assemblée nationale, comme président de l’Assemblée nationale: le député de Montmorency, M. Clément.Richard.

Pour l’assister comme un des vice-présidents de la Chambre, de l’Assemblée nationale, un vétéran de l’action politique, non seulement au Parlement, mais au gouvernement, qui connait par conséquent tous les rouages et qui a accepté, lui aussi, d’être proposé à l’Assemblée nationale comme vice-président: le nouveau député de Prévost, M. Jean-Guy Cardinal.

Le nouveau whip en chef du parti, au niveau de l’harmonie parlementaire, un ancien député qui connaît l’Assemblée nationale, mais qui est aussi l’un des hommes les plus dévoués, nous pouvons le dire parceque nous le savons, nous tous, un des hommes les plus dévoués que nous ayons connus dans notre action politique et qui saura mettre ses qualités au service de ses collègues, le whip en chef, donc, sera le député de Saint-Jean, M. Jérôme Proulx.

Il sera assisté au départ par deux nouveaux députés de régions différentes qui tous deux, je crois, ont accepté en pesant bien la responsabilité du climat parlementaire, non seulement de l’intégrité, mais de la dignité du Parlement qu’ils auront à assumer avec tous leurs collègues, des postes d’adjoints au whip en chef ont été confiés au député de Terrebonne, M. Elie Fallu,et au député d’Abitibi-Ouest, M. François Gendron.
Enfin, comme vous le savez, je pense, ceux d’entre vous qui avez fréquenté le Parlement, son action, il est bon qu’un certain nombre de ministres, en particulier ceux qui portent des charges très lourdes,aient au Parlement des adjoints parlementaires, comme on les appelle couramment, qui sont des députés qui acceptent de coopérer, de collaborer, à l’occasion, de faire du remplacement au niveau de la Chambre, de s’intéresser de près, en plus de leur travail de députés, au travail des ministères pour lesquels ils sont désignés au poste d’adjoints parlementaires. Parmi ces postes à combler et que nous n’avons pas décidé de remplir tous, un certain nombre se détachait. Les nominations ont été faites – et je remercie les titulaires de les avoir acceptées – et ce sont donc: comme adjoint parlementaire aux Richesses naturelles, le député de Frontenac, M. Gilles Grégoire; comme adjoint parlementaire au très lourd ministère des Affaires sociales, un autre ancien parlementaire qui connaît le domaine, le député de Richelieu, M. Maurice Martel.

Au ministère des Communications, où il se trouve tout de suite en terrain de connaissance, le député de Taschereau, M. Richard Guay.

Au ministère du Travail,- je crois que cela se passe de toute explication – le nouveau député de Joliette, M. Guy Chevrette.

Au ministère des Affaires culturelles, un homme dont toute la carrière représente une préoccupation, un souci pour ces questions, le nouveau député de Deux-Montagnes, M. Pierre de Bellefeuille.

Je pourrais donner la même recommandation, si vous le voulez, très rapide, lapidaire et facile à comprendre pour le nouvel adjoint aux affaires intergouvernementales, le nouveau député de Trois-Rivières, M. Denis Vaugeois.

Un de nos collègues parlementaires qui vient du milieu des producteurs agricoles, qui vient aussi d’une région où ces problèmes sont particulièrement nombreux et cuisants et qui sera adjoint à l’agriculture, le député de Saint-François, M. Réal Rancourt.

Enfin, la benjamine de la nouvelle Assemblée nationale qui a contribué jusqu’au milieu du golfe Saint-Laurent aux événements du 15 novembre et je crois que tout le monde va comprendre sa nomination tout de suite comme adjointe parlementaire – si cela se dit au féminin – au ministère de l’Industrie et du Commerce pour les pêcheries, Mme Denise Leblanc, député des Îles-de-la-Madeleine.

Là-dessus, avec beaucoup de témoins, c’est non seulement impressionnant, mais cela nous rend quelque peu nerveux les uns et les autres, et vous le comprendrez. Là-dessus doit s’enchaîner – pas seulement pour les besoins de la télévision, mais aussi pour nos amis de la presse écrite – une brève conférence de presse qui, je crois, était indiquée et qui sera dirigée par le président intérimaire de la tribune de la presse, M. Lacombe, correspondant du Nouvelliste, à qui je cède l’ordonnance.

[M. LACOMBE : Je dois vous faire remarquer que cette conférence de presse durera environ 30 minutes et toutes les questions seront dirigées exclusivement vers le premier ministre. En premier lieu, j’ai le correspondant de Radio-Canada, M. Gilles Liboiron.

M. LIBOIRON (Gilles): M. Lévesque, ma question a d’abord deux volets. Depuis le 15 novembre, le premier ministre Trudeau a fait un certain nombre de déclarations au sujet de l’élection de votre gouvernement. Les deux volets de ma question sont: D’abord, je voudrais savoir qu’est-ce que vous pensez du statu quo constitutionnel que M. Trudeau a semblé prendre, mercredi, dans son adresse à la nation et, d’autre part, sur le fait qu’hier, au cours de sa conférence de presse, il a dit qu’il considérait logique la possibilité de tenir un référendum au Canada après. Avant, cela a peu d’importance pour le référendum éventuel au Québec.]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, je vais répondre de mon mieux vos questions, mais en les replaçant dans un cadre qui, je crois, est nécessaire et qui est forcément encore préliminaire.

Cela fait trois fois, en l’espace d’une dizaine de jours, depuis le 15 novembre, que le premier ministre fédéral, M. Trudeau, intervient à propos de la nouvelle situation au Québec. C’est beaucoup. C’est même plus que d’habitude. Cela dénote, à tout le moins, un intérêt très flatteur qui s’est brusquement intensifié à Ottawa, à propos de l’évolution du Québec.

Je n’ai pas envie d’entrer – je ne crois que ce soit le moment – dans tous les détails, avec toutes les nuances, assez mouvantes encore de ces attitudes qui sont évidemment en train de s’ajuster. On cherche, on dirait, ce qu’on peut appeler un nouveau style en fonction du changement très important qui est arrivé au Québec et en fonction de ce que, cela peut évoquer comme nouvelle perspective d’avenir.

J’ai remarqué une chose – tout le monde l’a remarquée – que ce changement a été accueilli d’abord, et encore quelque peu, avec une nervosité certaine et on dirait même une certaine inquiétude que je pourrais qualifier d’existentielle et qui contraste curieusement – je pense que tout le monde l’admettra – avec le calme et la sérénité générale avec lesquels les Québécois eux-mêmes ont accueilli les résultats du 15 novembre. Il semble que les Québécois sentaient, même ceux qui ne le voyaient pas, qu’un changement de cet ordre devait venir.
À Ottawa, au contraire, on a l’impression – ce qui montre, au moins, que le gouvernement fédéral n’était pas tout à fait au fait de ce qui se passe au Québec depuis un bon bout de temps – qu’il y a eu d’abord un choc; il est compréhensible. Diverses actions, ou dans certains cas des inactions, du gouvernement fédéral dénotaient déjà une perte de contact et un certain manque de compréhension de ce qui se passait au Québec. Les réactions assez échevelées, je crois, de ces derniers jours ne font que confirmer cela.

Il y a tout de même, dans les divers propos que M. Trudeau a tenus à trois reprises, des lignes de force qui nous semblent encourageantes parcequ’elles sont rassurantes sur un certain équilibre foncier du comportement démocratique du Canada fédéral tel qu’il est. Par exemple – je tiens à le dire – M. Trudeau a dit – il l’a répété aussi, sauf erreur – qu’on ne maintient pas par la force, dans un contexte comme le nôtre, des institutions politiques. Cela est exclu et cela me paraît, cela nous paraît à tous,essentiel. C’est une chose qui aurait dû, peut-être, aller sans dire, mais c’est peut-être mieux qu’elle ait été dite et même répétée.
Une chose importante aussi, et pour laquelle on peut remercier M. Trudeau, c’est qu’il a prononcé des choses très vraies sur l’effort et, jusqu’à un certain point, sur le renouveau démocratique qu’a représenté la victoire du Parti québécois à l’échelle, simplement, de la politique québécoise le 15 novembre. Il y a également une chose qui semble se dessiner. Je n’ai pas à l’interpréter, je dis simplement qu’elle semble se dessiner. C’est une ouverture relativement toute nouvelle, à mon humble avis, à propos de ce qu’on peut appeler le dossier héréditaire du gouvernement du Québec, c’est-à-dire la question d’un partage des pouvoirs.
Dans l’optique où nous sommes, cela peut sembler être quelque chose qui arrive vraiment dans le sens de trop peu et trop tard, pour parler familièrement, mais c’est peut-être aussi un signe des temps.

Pour ce qui est de la perspective fondamentale qu’évoque l’arrivée au pouvoir du Parti québécois, les dernières interventions de M. Trudeau, y compris à propos du référendum, de la façon dont il est revenu tout à coup, mais je crois d’une manière non insistante – du moins, je l’espère – sur une espèce de référendum global où deux peuples auraient à décider ensemble, par référendum, de l’avenir d’un seul, pour ce qui est de la façon d’approcher tentativement ces questions qui sont fondamentales, les dernières interventions de M. Trudeau apparaissent plutôt comme le début, vraiment très hâtif et qui risque d’être plutôt improvisé, de l’éventuel débat qui devra être très vigoureux, très démocratique, qui devra se tenir avant le référendum auquel nous sommes engagés autour du droit incontestable que le peuple québécois a de décider lui-même de son avenir.

Il y a ici un peuple qui n’est pas inventé, c’est un peuple réel et identifié, qui a ce droit et qui a le droit de l’exercer. Malheureusement, ce qui se dégage un peu, jusqu’à nouvel ordre, des propos du premier ministre fédéral, c’est une ignorance peut-être voulue, peut-être réelle, de ce fait central et incontestable qui correspond, d’ailleurs, à une pensée que je respecte mais qui ne s’est jamais démentie depuis trop d’années. C’est indiqué, cela, ce genre d’ignorance, par une expression aussi grotesque que celle qu’on pouvait lire ce matin, qui était peut-être une chose qui avait échappé en cours de route, une expression aussi grotesque que de qualifier la possibilité, pour le peuple du Québec, d’assumer sa souveraineté nationale un jour comme un retour en arrière qui nous plongerait dans le tribalisme. Non seulement, on doit dire que ce n’est pas vrai, mais on doit dire aussi, gentiment, que ce n’est pas gentil.

Il me semble qu’on devrait pouvoir défendre le fédéralisme, le fédéralisme qui est, en soi, une forme respectable, parmi d’autres, d’organisation politique, même si le modèle canadien, après 109 ou 110 ans, nous apparaît, à nous, désuet et dépassé. Il me semble qu’il y a moyen de défendre le fédéralisme sans caricaturer inutilement un des courants essentiels de notre époque, qui est celui de la souveraineté nationale des peuples, un courant dans lequel on admettra qu’il est quand même normal et plus que temps que les Québécois cherchent leur place, eux aussi. C’est à eux de décider. Le jour où ils auront décidé, tous autant que nous sommes, les Québécois, de quelque origine que ce soit, d’entrer dans ce courant un jour, après un référendum et les négociations requises, nous aussi, comme M. Trudeau l’a mentionné, on désire que ce soit en amitié, en amitié avec tout le monde, en amitié avec les autres.

Ce sont des valeurs auxquelles M. Trudeau, dans ses propos, semble tenir; nous également. Nous avons même prévu, dès le départ, que le jour éventuel où les Québécois décideraient de s’appartenir politiquement, ce serait également sur la base d’une amitié, mais d’une amitié adulte, une amitié vraie, une amitié de grandes personnes, collective, avec toutes les retombées nouvelles, extraordinairement stimulantes, si on s’y ouvre l’esprit, que cela peut amener du côté des associations, de nouveaux « partnerships » qui commenceraient évidemment avec nos voisins qui sont encore nos concitoyens du Canada.

Je ferais remarquer, d’ailleurs, que, si un des journaux quotidiens du Québec a bien rapporté ses propos, mon prédécesseur, M. Bourassa, a parlé, depuis l’élection, de la nécessité d’un marché commun ou de quelque chose d’équivalent, c’est sûr, mais aussi de l’impossibilité pratique de maintenir le style de fédéralisme et les structures actuelles. Cela vient d’une expérience toute récente et je crois, sérieusement approfondie.

Ce que nous voulons dire par cela, et c’est fondamental, c’est que cette amitié dont on parle et qui doit être maintenue, qui doit s’amplifier, qui doit être plus réelle que jamais, parcequ’elle a beaucoup d’artificiel dans des propos faciles, cette amitié entre gens qui sont du même Canada en ce moment, dans l’avenir que nous prévoyons, s’il arrive, cela demande d’abord et avant tout l’égalité véritable des collectivités. Il s’agit de collectivités nationales, quant à nous. Ce n’est pas du tribalisme, ce n’est pas du retour en arrière. Il s’agit de collectivités qui, pour vivre en amitié, dans notre optique exigent l’égalité. Il s’agit de peuples distincts dont l’égalité, à notre avis, ne peut être assise solidement pour l’avenir que sur une éventuelle et le plus vite possible reconnaissance politique de ces deux identités.

Là-dessus, c’est le peuple québécois tout entier qui aura à se prononcer librement, selon les règles démocratiques, en temps et lieu, par un référendum du peuple québécois. On n’entrera pas, quant à nous, après une dizaine de jours, dans le vif de ce débat, où il y a beaucoup de choses à explorer. Il faut, de toute façon, que, lorsque viendra le moment du choix qui est prévu, mais sur lequel il n’y a pas de calendrier qui est établi, qui doit venir pendant un mandat de gouvernement, quand viendra ce moment du choix, il ait été le plus possible, autant qu’il est humainement possible, précédé d’un éclairage complet de la situation.

Un choix aussi important demande d’être fait librement. Pour être fait librement par des citoyens libres, il faut qu’un choix comme cela soit le plus possible un choix informé avant. Sauf tout le respect que je dois et que je porte au premier ministre fédéral, M. Trudeau, si j’en juge par ses interventions les plus récentes, il aurait peut-être, avec ses collègues, intérêt à faire ce que nous allons faire d’abord, c’est-à-dire, d’approfondir ces dossiers.

[M. LACOMBE: Je demanderais également aux journalistes de poser leurs questions un peu plus fort afin que tout le monde puisse comprendre la question. Maintenant, c’est le représentant de CBC.

MR MASCOVITH: Mr Premier, just to follow up on what you just said, how do you yourself see the next two or three years? Open negociations? Closed negociations? A very dirty kind of affair, with charges going back and forth? Is it going to be a public debate or a private debate between you and the Prime Minister?

MR LEVESQUE: To answer your question as best I can for the moment, without repeating .i t what I have just said in French, because I detailed/as much as I can for the moment, I would say that it would have to be when – and I think it will show – the government in Quebec has good possession, good knowledge of what we call the essential files for the future, based on the present federal system, the place of Quebec in it, the way we want to change it, then we will certainly, let us say, feed, from our end, a very full, a very strong and very, as much as possible, complete debate about the option we represent before the Quebec people are called upon to decide.

I was just hoping that,on the federal aide, including Mr Trudeau and his colleagues, they would do the saure kind of homework, a very basic homework, not just easy ploys or rather beaten expressions, sometimes purely sentimental,about the future or about the judgment on the present, and if we could go there without, you know, this beating around the question which means sometimes that you are trying to carry people irrationally, either in the statua quo or outside, then we could-have something very healthy, and, 1 think, very mature and we could be proud of doing it that way. I just hope it will be that way.

MR MASCOVITH: One brief question. You used the term « hope ». Is it what you believe is going to happen in the next two years, a very mature debate?

MR LEVESQUE: From first indications,.I am not so sure, but it seems to be growing more sezene,anyway.

M. LACOMBE: M. Hubert Gendron, du Montreal Star.

M. GENDRON: M. le premier ministre, vous avez mentionné, je crois que c’est à Chicoutimi, que le fédéralisme avait tout de même servi Québec, je crois, en 1973/74, lors de la crise du pétrole. Il semble se dessiner une autre crise semblable pour cet hiver. Les pays producteurs de pétrole vont probablement augmenter le prix de 8% à 20%.

Quelle sera la position du gouvernement québécois vis-à-vis du gouvernement fédéral dans ce dossier?]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, tout ce que je peux vous répondre pour le moment, c’est que c’est vrai. J’ai déjà dit, et je le répète, que le système fédéral, tel qu’il est, même si, dans son ensemble, il nous semble être depuis longtemps dépassé, ne pas répondre aux aspirations du Québec, répond de moins en moins, tel qu’il est constitué, aux aspirations de l’ensemble même des régions diverses du Canada. Cela n’empêche pas qu’il ne peut pas fait rien que du mal. Il faudrait être terriblement malhonnête pour prétendre ça. Dans ce cas-là, c’était ponctuel, pendant quelque chose comme un an, un an et demi, ii y en reste encore certaines retombées, mais, comme vous savez, elles diminuent de plus en plus, que ça puisse servir les intérêts au moins immédiats, dans des cas comme ça.

D’accord. C’est vrai. Pour ce qui est de l’avenir, qui est peut-être très proche, de nouveaux problèmes de ce côté, vous nous donnerez, j’espère, le temps de dégager ça comme priorités, aussitôt que ça se produira.
Vous avez remarqué que, en tout cas, du côté de l’énergie, pour marquer l’importance que le domaine – on en est très conscient – doit acquérir, et tout de suite, il y a déjà celui de mes collègues non plus, que j’ai consultés là-dessus. Cela ne veut pas dire qu’il est exclu qu’un jour on ait un régime présidentiel au Québec. Cela fait partie d’un programme que nous avons dessiné comme une perspective pour l’avenir. Mais, pour le moment, il s’agit d’un système parlementaire, dans lequel doit fonctionner un gouvernement de ministres égaux, hiérarchiquement , absolument égaux, qui vont former un cabinet d’égaux. Il n’y a pas de superministres, si c’est le sens profond de votre question que je crois déceler.

[M. LACOMBE: Roger Bellefeuille, du Soleil.

M. BELLEFEUILLE: M. le premier ministre, est ce structures du pouvoir exécutif que vous avez présenté vers un éventuel régime présidentiel?]

M. LEVESQUE: Je vous avoue humblement que ça ne m’est pas passé par l’esprit. Il s’agit de ministres, il n’y en a pas qui sont plus égaux que les autres parmi les ministres d’État. Vous avez remarqué qu’on essaie de rénover l’expression ministre d’État. Ce ne sont pas des ministres juniors, j’ai bien dit des ministres seniors. Le mot État et la connotation du travail qui leur est confié impliquent.qu’ils ont affaire aux priorités d’action de l’État pour les mâcher avec nous, pour essayer de dégager aussi la perspective de certains engagements que tout gouvernement doit prendre. Il y en a qu’on a déjà pris nous-mêmes, il faut que cela se réalise.

Pour que cela se réalise, cela implique une coordination, et cette coordination ils en sont chargés, comme ministres intersectoriels, si vous voulez, mais il s’agit de dégagement de priorités et de coordination avec leurs collègues des Affaires intergouvernementales, des Finances, le leader et votre serviteur, de littéralement mâcher, ce coordonner, en pleine égalité de décision avec tous leurs collègues qui doit être l’action, dès maintenant, le plus vite possible, du gouvernement par rapport à ses engagements, par rapport à des choses qui auraient dû être faites depuis longtemps et qui n’ont pas débouché, mais dans un cabinet qui demeure un cabinet normal. C’est le pari que nous prenons.

[M. LACOMBE: Grant Fraser du MacLean.

M. FRASER: Je voudrais suivre la question sur les ministres d’Etat. On a vu en Ontario un système un peu semblable et je me demande si,par exemple, la législation qui sort des Affaires sociales va aller d’abord au ministre d’Etat avant de sortir au Parlement ou est ce que les ministres vont être indépendants pour faire sortir leur législation eux mîmes?]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, j’ai étudié très très peu ce qui était le schéma de l’expérience ontarienne. Je vous avoue que je n’ai pas eu l’occasion jusqu’ici de l’avoir en détail. J’aurai peut-être l’occasion d’en parler avec notre voisin, mon collègue, M. Davis, qui a eu l’amabilité de me téléphoner il y a quelques heures pour me souhaiter la bienvenue dans cette espèce, si vous voulez, de club que constitue, et j’aurai sûrement l’occasion de lui en parler à ce moment là. Tout ce que je peux vous dire, pour le moment, c’est que quand viendra l’instant ou le jour de piloter vers la Chambre des lois nouvelles qui peuvent découler de l’action aussi bien des comités, des ministres d’Etat. que des ministères eux mêmes, l’attribution la plus normale sera au ministère, au ministre aussi qui doit l’administrer après, mais il peut arriver, pour des raisons interdépartementales, que ce soit piloté par les ministres d’Etat. I1 n’y aura pas, j’en suis sûr, je connais mes collègues depuis longtemps, la plupart d’entre eux, pour ceux là surtout, il n’y aura pas de chasse au prestige à savoir qui va attacher son nom à telle chose, si c’est ce dont vous voulez parler.

[M. LACOMBE: M. Normand Girard du Journal de Montréal.

M. GIRARD: M. le premier ministre, comment va s’imbriquer, dans cette structure d’administration un peu nouvelle, l’influence que la base du Parti québécois, je parle de l’aile militante,a toujours voulu avoir sur son gouvernement? De quel mécanisme disposeront ces gens pour exprimer leurs priorités?]

[M. LEVESQUE:] Il y a déjà là-dessus, il va falloir le reviser en fonction des circonstances nouvelles, mais les articulations essentielles sont déjà là, il y a déjà là-dessus, pour employer un terme noble, un protocole qui a été dessiné. Remarquez qu’il va falloir maintenant le vivre dans ses articulations principales, l’adapter à la situation. Il y a également les instances du parti qui continuent à fonctionner, non seulement continuent mais vont avoir un rôle renouvelé à jouer, en particulier dès le 18 décembre. Le conseil national du parti est prévu en assemblée spéciale post-électorale, comme après toutes les élections, et cela vient très vite et, entretemps, je peux vous dire que le conseil exécutif du parti a tenu sa première réunion le surlendemain, je crois, à peine quelques heures après un minimum de repos, sa première réunion, qui a porté non seulement sur les résultats de la campagne, en particulier sur l’état financier dans lequel le parti en sortait, sur la façon dont on avait réussi à la maintenir jusqu’au bout, je crois, avec pas mal de vigueur dans tous les coins, mais cette réunion a porté aussi essentiellement sur l’avenir du parti qu’il ne s’agit pas de maintenir – ce n’est pas un mot convenable – qu’il s’agit littéralement d’intensifier dans sa vitalité comme jamais auparavant. Je peux vous dire que dans l’espèce de refuge qu’avec certains de mes collègues, d’autres conseillers là, j’ai trouvé pendant quelques jours, pour essayer de mettre au point nos premières étapes, il y avait un comité spécial auquel j’ai participé autant que je pouvais et qui déjà travaillait, à notre point de vue, sur les choses que nous aurions à proposer le plus vite possible et à discuter forcément avec les représentants militants du parti sur l’avenir justement et sur la façon de maintenir et, plus que cela, d’intensifier le rôle d’instrument démocratique, de chien de garde du gouvernement que doit jouer le parti.

[M. GIRARD: Justement à ce sujet, est ce que cela veut dire que tous les membres de l’exécutif actuel du parti,qui ont été portés à l’Assemblée nationale, devront abandonner ce poste là au sein de l’exécutif de l’aile militante de façon à faire entrer un plus grand nombre de militants maintenant?]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, on est dans une situation un peu spéciale, mais éminemment transitoire. C’est que si vous regardez les membres de l’exécutif qui sont devenus des élus, il est évident qu’il s’agirait là – et ce serait statutaire – d’un renversement complet de la situation. Est ce bon à quelques mois d’un congrès? C’est une question qu’on se pose et on la posera au Conseil national qui vient le 18 décembre et on verra leur réaction. C’est sûr qu’il y a des remplacements qui vont être obligatoirement faits. Est ce que cela doit être tout d’un bloc ou bien s’il doit y avoir, si vous voulez, une discussion sur la possibilité d’un moratoire, etc., pour ne pas déséquilibrer l’action du parti trop vite? C’est une question qu’on se pose et on va la poser au Conseil national du parti.

[M. LACOMBE: Jean-Claude Picard,du Devoir.

M. PICARD: M. le premier ministre, je me demande comment vous’ allez pouvoir, concrètement, mener les prochaines rondes de négociations avec le gouvernement fédéral. Je pense ‘d des dossiers que vous avez mentionnés pendant la campage électorale, le financement du déficit olympique ou encore la politique laitière alors que, de leur côté, les gens d’Ottawa savent que, de toute façon, le projet fondamental de votre gouvernement est de faire la souveraineté politique des Québécois.]

[M. LEVESQUE:] C’est vrai, cela va être un ajustement délicat, mais il n’y a absolument rien d’exclu parcequ’au fond il s’agit de jouer honnêtement et vigoureusement, pour l’essentiel, notre rôle de gouvernement provincial du Québec vis-à-vis de ce qu’on peut appeler des dossiers quasiment héréditaires et aussi des dossiers récents comme les olympiques etc. et de les jouer au maximum, de la force d’un gouvernement provincial qui est majoritaire et qui a un mandat très clair de ce côté là – à cela, il n’y a pas d’ambiguïté – et de préserver quand même l’essentiel de nos attitudes – on va en discuter dès les premières réunions du cabinet et des comités de priorités, etc.- fondamentales qu’on n’abandonnera pas et de trouver le moyen d’interrelier cela. Je ne pense pas que ce soit exclu.

En tout cas, on va avoir une première occasion dès la semaine du 6 décembre où maintenant que le gouvernement est formé, il y aura des présences évidentes à la conférence qui était prévue pour les ministres des Finances. J’ai reçu un message de M. Trudeau – j’ai à peine eu le temps de le lire – adressé à tous les premiers ministres pour la suite qui est prévue pour les 13 et 14 décembre. Cela peut créer certaines difficultés, c’est évident, parceque cela vient très vite après. Je pense que tout le monde, pas seulement nous, toutes les provinces peuvent avoir le besoin de faire le point après la conférence des ministres des Finances. Mais M. Trudeau m’apprend une chose, c’est que – je pense que d’autres le savaient, mais enfin on le redécouvre – il va s’agir d’abord et avant tout, à la conférence des premiers ministres, si elle a lieu les 13 et 14 décembre – et on ne voit pas de raisons spéciales de faire des difficultés; on note simplement qu’il y en a; on les partage avec d’autres, très vite après – il va s’agir de reprendre et de compléter justement des accords qui touchent d’abord la situation financière, la situation fiscale. La question constitutionnelle est devenue en tout cas, pour avant les fêtes, si j’ai bien lu, relativement accessoire ou en tout cas moins pressante.

[M. LACOMBE: Il nous reste encore dix minutes. Est ce qu’il y aurait quelqu’un qui aurait d’autres questions?

M. MURRAY: Mr Lévesque, Mr Trudeau seems to be changing hie position. You suggested that, following the election, the Federal Government seemed a little out of touch with Quebec. You saw that he la changing his position but you still have some 1 major criticismaof his recent commenta, particularly you described him as describing Quebec as a foret of tribalism. I am wcndering if you could expand for us in English.

M. LEVESQUE: Just very briefly, because I will not impose on you strict translation of what I said in French. What I did note is that in the three interventions – and you will admit that it was rather flattering, not just for us but for the whole population of Quebec to have the Federal Prime Minister, three times in ten days cake interventions adapt up to a point hie attitude and hie position about this change in Quebec.

In those remarks of Mr Trudeau’s, there are things that we noted that we think are comforting and represent at least elements of change that we think are very good. One is not an element of change, but is a reiteration of the obvious, because it should be obvious, in a democratic context like ours- but it was good. I think, that Mr Trudeau repeated it – that it is excluded for the defence of political institutions as such to use force or violence against the democratic will of people. That is one thing.

Another thing which we thought we should thank him for was that he seems to have noticed, and did it publicly, the fact that the Parti québécois’ victory, whether we agree or not on the essential objectives, is also a remarkable exemple of not just a democratic effort, but, up to a point, a democratic renewal of political life in Québec. Apart from that, there seems to be a certain opening of minds maybe on what I call the traditional file of Québec requests, in some cases demanda, about varlous fields that are implicated in the question of powers, the attribution of powers. It may be too little too lots. I think it is. But it does, maybe, represent an opening, as far as the fundamental question of the future is concem ed,what I have to say about the referendum we propose and about the fact that we have to discuss the future of Québec as a national entity, i felt, and I think most people have felt, that there was an exaggerate nervousness at federal political levels, while there seemed to be much calm and serenity about the results overall in the Québec population.

I think we noticed that it means there was a loss of touch, a loss of contact,and it was a shock to find out, between the federal authorities,end the federal politicians and the Québec reality and its evoluticn. In that context, well, we can understand the changing attitudes, in some cases, that have been manifested in Ottawa, but on the fundamental question of the identity of the people of Québec, when Mr Trudeau talks about a return to tribalism or something like that, I have to say we feel he has not understood the basic question.

He seems to be hanging on, for the moment, to a set of institutions such as they even toid in are, much more thon /Mr Bourassa,who apparently, as / one of the daily newspapers,that he

sees the future now, after six and a half years of experience, rather tough experience, more in the direction we propose, economic association, thon the maintenance of what we aall a calcified, stultified federal system which should be changed, and,in our case, we think we should opt out.

On that basis, there should be a good debate before a referendum, and 1 think Mr Trudeau,and ourselves, and his colleagues, and others, we should try and become as rational, as passionate, as honest as we can in due time about the relative merits, and I hope that is something which will corne from the federal level and others related to it. For the moment, it is not sure.

M. LACOMBE: Deux dernières questions. M. Serge Rivest, CHRC, et,ensuite, M. Normand Girard, du Journal de Montréal.

M. RIVEST: M. le premier ministre, je voudrais demander,à vous ou à votre ministre à la réforme parlementaire, si vous avez déjà tiré les grandes lignes de cette réforme parlementaire que vous préconisez, compte tenu du fait qu’il y a déjà un de vos députés qui a dit qu’il n’y aurait pas de back-benchers à l’Assemblée nationale.]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, il est évident que M. Burns pourrait vous parler de son expérience et de ce qu’il a accumulé non seulement comme frustrations, mais comme espoirs pour l’avenir. Il va avoir à plonger là-dedans, c’est évident, parceque ça fait partie des priorités d’action d’essayer de dégager le maximum d’efficacité, le maximum de dignité aussi et le maximum de rendement de l’institution parlementaire.

Je vous rappellerai aussi que, parmi les engagements du parti qui ont directement à voir avec le fonctionnement de notre régime et qui sont directement, je crois, reliés à des intérêts non seulement personnels, mais professionnels dans le rôle de ministre de M. Burns, il y a tout ce qui concerne le grand sujet de la réforme électorale aussi et de la réforme dans la vie des partis,etc., pour laquelle on n’a pas besoin de vous dire qu’on compte non seulement sur sa coopération, mais sur son travail du côté des priorités aussi.

Il est inutile d’ajouter, je pense, mais ce n’est pas mauvais de le dire, que c’est le genre de chose… Écoutez, je le dis à des journalistes, entre ex-collègues, on peut se dire ça. Tout ce qui concerne la réforme électorale, c’est quelque chose qui est très difficile à remettre dans l’intérêt non seulement des media, mais de l’opinion publique, souvent quand ce n’est pas à la veille même d’une élection ou pas trop loin le lendemain.

Parce qu’au bout de deux ou trois ans, j’ai fait l’expérience, et d’autres aussi, on peut répéter vingt fois, parceque c’est fondamental et on le sent que c’est nécessaire, qu’il faut refaire la carte électorale pour suivre la loi et pour éviter d’avoir à nouveau des comtés caricaturaux par rapport à d’autres. On a beaucoup de misère à y arriver, parceque cela a été oublié et cela redevient chaud quand il y a une élection. Travailler à chaud sur des choses fondamentales, c’est mauvais. Il y a des priorités qui devront venir assez vite.

[M. LACOMBE: Dernière question, M. Girard.

M. GIRARD: M. le premier ministre, j’ai noté dans la composition de votre cabinet que le ministère de la Justice était redevenu ce qu’il était avant qu’on le scinde en deux, c’est-à-dire Solliciteur général et ministère de la Justice. Est ce quo cela veut dire que le tout est regroupé dorénavant?]

[M. LEVESQUE:] Le tout est regroupé dorénavant. Il y aura un ministère de la Justice. S’il doit y avoir des changements dans le sens de ce qui avait été fait jusqu’ici, ce que nous voudrions étudier le plus vite possible, c’est que ces changements qui pourraient être, si vous voulez, des paliers d’activité du ministère, ne soient pas faits en fonction de la politique, surtout pas de la politique partisane, mais en fonction d’une administration permanente de la justice, sous direction politique tout de même.

[M. LACOMBE: M. le premier ministre, on vous remercie.]

[ M. LEVESQUE:] C’est moi qui vous remercie.

[QLévsq19761126cp]

Share