[(Treize heures quarante minutes)]
[M. Bédard: Chers amis, à l’occasion de cette fin de session, nous avons pensé faire un bilan ensemble – puisqu’il y a eu prorogation – non seulement sur la fin de session mais sur l’ensemble de la session qui s’est terminée hier. À cet effet, j’ai fait distribuer une liste des différentes mesures annoncées par le premier ministre lors du discours inaugural et également une liste qui fait état de la réalisation des principales perspectives qui avaient été évoquées du point de vue législatif à l’occasion de ce discours inaugural.
Vous serez en mesure de constater qu’en termes de dépôt de lois et d’adoption de lois, l’essentiel du contenu du message inaugural du premier ministre a été réalisé; au niveau de l’adoption de lois ou du dépôt de projets de loi ce contenu a été réalisé pour l’essentiel.
Pour ce qui est de la fin de la session, c’est-à-dire de la session du printemps, j’ai fait faire non pas un résumé mais une liste de toutes les lois qui ont été adoptées depuis le 13 mars 1984. L’ensemble de ces lois, carrément orientées vers les préoccupations économiques, adoptées au cours de la session du printemps… Je crois que nous pouvons dire que nous avons eu une session du printemps telle que nous l’avions programmée comme gouvernement, comme nous la voulions, et que nous avons atteint les deux objectifs que nous nous étions fixés comme gouvernement: des lois carrément à caractère économique et une session du printemps ou une fin de session qui s’est faite à un rythme de travaux humainement acceptable. C’était un autre défi que je m’étais fixé comme leader du gouvernement. Vous le savez, nous avons été habitués depuis toujours, quels que soient les gouvernements, à des fins de session qui se déroulaient à un rythme infernal, souvent inhumain. Nous avons fait en sorte de réaliser un objectif important du point de vue des lois et du travail parlementaire, à savoir fonctionner avec un rythme acceptable.
Le gouvernement a respecté scrupuleusement la nouvelle règle parlementaire qui veut que les projets de loi pour dépôt et adoption soient déposés devant l’Assemblée nationale au plus tard le 15 mai. Il y a toujours des exceptions, mais elles ont été rares et elles, concernaient des législations mineures ou urgentes. D’ailleurs, nous n’avons eu aucune difficulté à obtenir, dans la plupart des cas, le consentement de l’Opposition.
Je crois personnellement que la méthode a été très simple en dehors du dépôt des projets de loi dans les délais impartis par notre règlement: comme leader du gouvernement, j’ai joué cartes sur table avec le leader de l’Opposition, en ayant les discussions nécessaires pour faire connaître à l’avance le programme législatif, les lois auxquelles le gouvernement tenait en termes d’adoption, et ces échanges nous ont aussi permis de connaître les attitudes de l’Opposition face aux différents projets de loi.
Il y a cependant eu une exception, je dois le dire, au niveau du consentement, c’est la Loi concernant les travailleurs au pourboire. Je l’ai dit tout à l’heure, nous avons réussi les deux objectifs: une session à caractère économique, un rythme humainement acceptable, sauf une législation que nous voulions et que nous n’avons pas obtenue, étant donné le manque de consentement de l’Opposition, à savoir la Loi concernant les travailleurs au pourboire.
Personnellement, je crois que si on parle de la Loi concernant les travailleurs au pourboire, le Parti libéral, après avoir voté pour le principe en deuxième lecture, a refuseré délibérément d’améliorer la situation des travailleurs au pourboire, alors qu’il lui aurait été très facile de le faire, espérant que les difficultés vécues par les personnes touchées par cette loi se traduiront en votes libéraux. Je crois que c’est un mauvais calcul de la part de l’Opposition. Il s’agit d’un mauvais calcul politique à très moyen terme et d’un manque de sensibilité politique dont l’Opposition nous accuse souvent. Je dirais que c’est plus que de l’opportunisme politique. C’est miser à ce point sur les difficultés des gens pour récolter, en fin de compte, des dividendes en termes de votes politiques. Je crois que c’est un calcul politique qui relève du cynisme à l’état pur.
Effectivement, des projets de loi d’envergure ont été déposés ou avaient été déposés mais n’ont pas été adoptés. La décision n’est pas l’effet du hasard. Le gouvernement, après réflexion, a décidé que ces projets de loi – pour la plupart, vous les connaissez, et ils ne sont pas oubliés par le fait même – seraient reportés à l’automne, dans la plupart des cas. Sauf, probablement, le projet de loi 38, puisque celui ci n’est plus nécessaire, heureusement, étant donné le concordat qui vient d’être signé avec les municipalités, où le principe du projet de loi 38 a été respecté au niveau des termes mêmes ‘ du concordat. Nous étant rendu compte des difficultés d’application pratique, il était normal que le gouvernement fasse ce qu’il a fait – en tout cas, je le pense – à savoir renouer le contact avec les municipalités, les MRC pour essayer d’en arriver à un résultat aussi heureux que celui de la signature d’un concordat.
Pour l’essentiel, ce sont mes mots d’introduction comme leader, à la fin de cette session. Si vous n’avez pas d’objection, nous pourrions peut-être disposer, étant donné que nous avons la présence du premier ministre, dans un premier temps, de toutes les questions que vous pourriez avoir concernant la session elle même, le travail parlementaire, quitte après cela à aborder d’autres sujets que vous pourriez avoir à l’esprit ou d’autres questions que vous voudriez poser au premier ministre.
En ce qui a trait à la législation d’automne, dès maintenant, le comité de législation dont
j’assume la présidence est à travailler pour s’assurer qu’une longue préparation sera faite pour tout le menu législatif de l’automne. Ce qui veut dire que, de la même façon qu’il n’y aura. pas de vacances pour le Conseil du trésor, qui continuera à siéger tout l’été, et le Conseil des ministres, le Comité de législation travaillera à partir de maintenant en consultation avec les ministères, avec le comité des priorités à préparer le programme législatif de l’automne. .
M. Tourangeau: M. Rhéaume.
M. Rhéaume: J’ai une question pour vous, M. Bédard. Vous dites que les deux objectifs que vous poursuiviez étaient la présentation de lois à caractère économique et l’établissement d’un rythme humain, moins infernal, dans les travaux parlementaires. On ne peut penser qu’il y avait également un troisième objectif qui aurait été celui de « revamper » l’image de votre gouvernement dans l’opinion publique. Avec les récents sondages qui n’accordaient que 23% des voix à votre parti dans le cas d’une élection générale, compte tenu du balayage libéral aux dernières élections partielles, j’aimerais savoir le diagnostic que vous, vous posez. Qu’avez vous à faire sur le plan législatif pour remonter? Si vous dites que vos objectifs étaient ceux là, normalement ils vous auraient donné des dividendes sur le plan politique. Or, cela n’en a pas donné pour le moment.
M. Bédard. Voilà: Je pense que vous répondez à votre… M. Rhéaume: Quel est le diagostic…?
M. Bédard: …propre question. Pour le moment, cela n’a peut-être pas donné les résultats que nous escomptions, quoique nous ne comptions pas sur la marche des travaux législatifs de la session du printemps pour en arriver tellement que cela à de meilleurs résultats aux élections partielles. Il y a tout un ensemble de facteurs sur lesquels le premier ministre pourra répondre tout à l’heure. Il est évident – je l’ai dit – les élections… En politique il n’y a que deux choses: perdre ou gagner. Nous avons perdu. Nous avions dit que nous redoublerions d’ardeur. Nous devrons tripler et quadrupler nos efforts pour faire en sorte’ que l’action gouvernementale soit mieux sentie que ce n’est le cas présentement par l’ensemble de la. population de manière à regagner sa confiance. Je vous le dis comme je le pense: quand on voit que du point de vue économique, depuis deux ans, les performances du gouvernement sont les meilleures en comparaison avec les autres provinces, le reste du Canada… Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont les résultats d’analyses faites par des gens expérimentés en la matière. Malgré cette performance du point de vue économique, nous ne réussissons pas à remonter la côte autant que
nous le voudrions. Il y a peut-être certaines interrogations qui se posent. Peut-être que notre message, peut-être que le travail que fait le gouvernement du Québec ou que le gouvernement du Québec a fait pour que cette situation avantageusement comparable aux autres provinces soit bien comprise… peut-être que le gouvernement du Québec n’a pas un système de communication adéquat pour bien faire sentir à la population le rôle qui a été joué par le gouvernement dans ce qu’on peut appeler cette reprise économique. Un secteur en particulier, celui de l’aluminium: le Québec est le seul pays au monde où il se construit trois alumineries; le Québec est en train de devenir, non seulement en train de devenir, est définitivement sur la voie de devenir le centre mondial de l’aluminium. Il me semble que c’est une réalisation très importante du point de vue économique pour l’ensemble de nos concitoyens et concitoyennes.
Est ce que le gouvernement a failli, non pas dans les résultats, mais dans la manière de faire valoir ces résultats là? Le gouvernement a t il assez bien identifié pour la population les efforts qui ont d0 être faits pour en arriver à ces résultats là? Peut-être que non. Donc, sur ce plan il faudra trouver les moyens de mieux identifier l’action du gouvernement ou le rôle joué par le gouvernement pour en arriver à ces résultats.
Je prends juste un projet de loi concernant l’aluminium: le renouvellement des baux à l’Alcan, qui se traduit non seulement, par la construction d’une aluminerie de 1000000000 $ dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean mais la promesse de construction de deux autres alumineries au Québec. C’est un projet de loi de quelques articles qui n’a pas fait de vagues. Ce qu’on oublie… Peut-être qu’on n’a pas passé le message. On n’a pas à blâmer la population. C’est au gouvernement à faire connaître ses actions, à faire connaître de qu’il a fait dans des dossiers comme ceux là. Ce qu’on oublie c’est que ce petit projet de loi, qui n’a pas fait de vagues, donne des résultats économiques fantastiques. Il a été précédé… Ce qui n’a peut-être pas été suffisamment connu, ce projet de loi, pour en arriver à son adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale, a été précédé d’un travail de négociation par le ministre de l’Énergie et des Ressources et même l’ensemble du gouvernement de pas moins de deux ans, négociations qui ont eu lieu avec l’Alcan pour effectivement en arriver à la signature d’un bail qui ouvre des perspectives économiques et des résultats intéressants.
Je pourrais vous citer une dizaine de dossiers comme celui ci. Peut-être à cause de la crise, parceque lorsque les gens ont de la difficulté – c’est normal – ils sont moins intéressés à entendre les efforts qui peuvent être faits par leur gouvernement pour en arriver à la conclusion des dossiers. Je pourrais vous citer une dizaine de… Presque toutes les lois à caractère économique qui n’ont pas fait de vague, qui ont été adoptées à l’occasion de la présente session du printemps, sont des lois qui ont été précédées de consultations, d’un travail d’arrache-pied fait par les ministres, par le gouvernement pour en arriver au dépôt du projet de loi et à son adoption à l’unanimité. Il n’y a pas de reproche à faire à la population. Je pense que si on regarde simplement les choses, quand on parle que le gouvernement a à faire une réflexion… personnellement, c’est un des secteurs où le gouvernement et c’est normal – et ce n’est pas un mauvais calcul politique – essaie de trouver, parcequ’ on ne les a pas trouvés, les moyens de mieux faire connaître le travail fait par le gouvernement, les différents ministres, le premier ministre dans chacun des dossiers qui ont amené des résultats heureux.
M. Rhéaume: Est ce que vous pensez que n’avez pas dépassé le point de non-retour et que
c’est encore possible?
M. Bédard: Personnellement, en politique, je crois qu’il n’y a jamais de point de non-retour. Il y a des situations qui obligent à la réflexion. On en connaît une. Des élections partielles qui se perdent, on n’a quand même pas inventé cette réalité. Je n’ai pas les chiffres, mais le Parti libéral fédéral en a tenu des élections partielles et à un moment il les a toutes perdues, ce qui ne l’a pas empêché d’effectuer une remontée. Les sondages, je ne vous dirai pas qu’on en est heureux, mais je pense que si nous avions, dans les derniers sondages, obtenu une remontée de deux ou trois points, cela aurait été plus nocif dans un sens parceque plusieurs auraient pensé qu’en continuant comme cela, il y a moyen de remonter la côte, alors que les sondages sont tout simplement l’expression de la fin des réflexions, des analyses. C’est un portrait très clair. Il s’agit de s’orienter maintenant vers les solutions. Je suis convaincu que nous les trouverons. Il y en a qui sont toutes simples, comme celle dont je viens de vous parler: faire connaître, parceque cela n’a pas été le cas, l’action du gouvernement, le rôle joué par le gouvernement dans cette reprise économique. Tout ce dont on a entendu parler au niveau de la reprise économique, peut-être, hélas à cause de nous, c’est plutôt des aspects les plus contentieux ou des mesures les plus contentieuses mises de l’avant par le gouvernement. Je pense à toute la discussion qui a été faite sur la réorientation de l’Aide sociale. C’est quand même, une décision fondamentale très importante pour l’avenir que de penser à donner plus aux jeunes, aux assistés sociaux, à la condition qu’il y ait des activités au bout.
Mais avant de passer un message aussi fondamental, il: y a des fois où cela prend du temps, surtout au niveau de l’ensemble d’une population. Il y a plusieurs secteurs d’activité où nous avons un an pour faire passer des messages. Je ne parle pas de faire de la propagande, parceque je pense que la propagande c’est toujours contre-reproductif au bout de la ligne. Quand un gouvernement fait des efforts, est capable de très bien identifier les efforts qu’il a faits pour que l’essor économique soit meilleur, qu’il les fasse connaître c’est un des moyens, je pense, de retrouver la confiance de la population.
On peut parler de réalisation économique, de reprise économique, mais quand la population ne sait pas exactement identifier ce qu’a fait notre gouvernement du Québec pour qu’on en arrive là, à ce moment là il est évident qu’on n’a pas la relation de cause à effet au niveau de la connaissance. Il faut que les gens sachent pour apprécier.
M. Rhéaume: Une dernière complémentaire là-dessus, cette critique vous l’adressez à qui? M. Bédard: Ah…
M. Rhéaume: Aux membres du gouvernement ou à l’appareil des communications?
M. Bédard: Je pense qu’on n’en est pas au stade d’adresser des critiquesFs à qui que ce soit. On en est au stade de faire les analyses qui sont nécessaires, commeVdu gouvernement, pour atteindre un objectif, qui est l’objectif important en politique: retrouver la confiance de la population. Comment la retrouver? Je pense que c’est en essayant de mieux faire connaître les actions que nous avons posées, les gestes que nous avons posés, les énergies que nous avons déployées pour en arriver à des résultats au Québec, du point de vue économique, qui se comparent avantageusement ceux de toutes les autres provinces.
M. Tourangeau: Sans vouloir prendre le temps de l’Assemblée nationale, y a t il moyen de raccourcir les réponses comme les questions, s’il vous plaît?
M. Bédard: Probablement que cela va répondre à toutes vos questions.
M. Tourangeau: Mme Thellier. Le modérateur. Mme Thellier.
Mme Thelller J’ai une précision à vous demander sur les commissions parlementaires. Estce que les dates sont fixées pour les deux commissions parlementaires qui ont été annoncées, celles sur la réforme électorale et sur les négociations dans la construction?
M. Bédard: Les dates…
Mme Thellier: Ensuite, est ce qu’il y en aura d’autres, notamment sur les deux projets de loi un peu contestés qui sont encore à votre programme, c’est-à-dire le projet de loi 42, Loi sur les accidents du travail et le projet de loi 43, Loi concernant les travailleurs au pourboire?
M. Bédard: Concernant les deux commissions que vous évoquez, les dates n’ont pas été
fixées, pour une raison très simple, il faut quand même un peu de consultation avec l’Opposition afin de connaître les disponibilités – je pense, entre autres, è la commission parlementaire des institutions, qui aura à étudier le rapport du président de la représentation électorale, lequel a été déposé è l’Assemblée nationale – des uns et des autres et que celles ci soient bien éclaircies.
Mme Thellier: Avant la mi-septembre, est ce que c’est plausible?
M. Bédard: Ce n’est pas une date improbable, loin de là.
Mme Thetier: Et pour les projets de loi concernant les accidents du travail et les
travailleurs au pourboire?
M. Bédard: Il y a eu prorogation. Lorsqu’il y a prorogation, comme vous le savez, à part les commissions parlementaires qui sont ordonnées par l’Assemblée nationale malgré l’application de l’article 47, la réintroduction des projets de loi que le gouvernement veut ramener devra se faire à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle session, sauf pour les deux commissions qui siégeront avec un ordre de l’Assemblée nationale.
M. Tourangeau: M. Van de Walle.
M. Van de Walle: M. Bédard, c’est à propos de la réforme du mode de scrutin. Il y a une commission parlementaire cet été, dont le rapport a été remis il y a au moins trois mois. Un autre ministre ou vous, je ne me rappelle plus exactement, avez dit que vous n’aviez pas besoin de l’Opposition pour faire adopter une réforme de cet ordre là.
Je voudrais savoir si, vous avez toujours l’intention de la faire adopter avant la prochaine élection; est ce qu’il y a une volonté politique de faire adopter ou si, entre-temps, vous essayez de tenir le temps jusqu’à la prochaine élection?
M. Bédard: Non. Personnellement, je suis convaincu qu’à partir du moment où il y a un consensus acceptable au niveau de l’Assemblée nationale, il y a toujours la possibilité d’introduire la réforme du mode de scrutin, quelle que soit son ampleur, et de faire en sorte que ce nouveau mode de scrutin soit appliqué pour la prochaine élection. Il y a là les délais nécessaires pour l’adoption de la loi et l’information de la population, de telle sorte que le tout se déroule bien et que ce soit efficace.
Maintenant, il est évident que c’est toujours très agréable, surtout pour des lois majeures
comme celle ci, d’en arriver à un consensus avec l’Opposition. Maintenant, un gouvernement est un gouvernement et si sa conviction, après les travaux de le commission parlementaire, est en ce sens qu’il devrait y avoir une réforme du mode de scrutin, je pense que ce serait à celui ci de piloter la législation en conséquence. Il est évident que le rapport du président général des élections est un rapport très sérieux, un travail formidable y a été accompli. Vous avez pu le remarquer à la fin de nos travaux, la proposition, c’est-à-dire la motion que j’ai faite pour qu’il y ait une commission parlementaire sur le rapport du président des élections a été adoptée à l’unanimité et je dirais même avec enthousiasme, parceque je pense que, de part et d’autre, on sait très bien qu’il faut une réforme du mode de scrutin.
Sans prétendre qu’il n’a que des défauts, il reste quand même que, fondamentalement, le mode de scrutin que nous avons est une botte à surprises qui, à un moment donné, peut amener des distorsions inacceptables au niveau des résultats électoraux qui ne respectent en rien la volonté exprimée par la population. En fin de compte, non seulement c’est mauvais démocratiquement parlant, mais c est aussi mauvais socialement parlant. Je pense que cette conviction – je crois que cela a fait du chemin – tous les membres de l’Assemblée nationale, à quelques exceptions près peut-être, l’ont. Ce qui me fait croire qu’à la commission parlementaire, lorsque les députés, à visage découvert, les formations politiques auront à discuter avec des experts, avec les experts que représentent à l’heure actuelle les membres de la Commission de la représentation électorale qui ont présenté le rapport, la discussion, je crois, ne peut être que productive, dans le sens de faire avancer le dossier d’une façon appréciable et, je l’espère, d’une façon définitive, pour des améliorations majeures à notre réforme du mode de scrutin.
M. David. Dans les deux cas, la loi 43 et le mode de scrutin, est ce que les commissions parlementaires vont être ouvertes ou si ce sera strictement limité, comme de le cas cas que vous évoquiez, aux membres de la Commission de la représentation? Dans le cas de la loi 43, est ce que ce sera une commission ouverte aux audiences publiques?
M. Bédard Je ne suis pas fixé sur ce point.
M. David: Ni dans l’un ni dans l’autre cas, vous êtes fixé.
M. Bédard. Non, dans un cas. Concernant la réforme du mode de scrutin, la motion est très claire. Ce sont les membres de l’Assemblée nationale, par la commission des institutions, qui vont engager la discussion de fond avec les représentants de la Commission de la représentation électorale, le Président général des élections qui a été chargé de faire l’étude que nous savons et qui a abouti à un rapport.
M. David: Dans le cas de la loi 43?
M. Bédard: Je ne suis pas en mesure de le dire résentement.
st
M. Tourangeau: M. Millette. M. Millette: M. Bédard…
M. Bédard: C’est parceque je m’interroge. Pour la loi 43 il n’y a pas de commission parlementaire.
Une voix: C’est la construction.
M. Bédard: Pour la loi 43, il n’y a pas de commission… Pardon? Parlez vous de la loi 42 ou de la loi 43?
M. David: La loi 43, les pourboires.
M. Bédard: Les pourboires. Il n’ a pas de commission parlementaire.
M. David: Cela a été réclamé. Hier, la réponse de M. Dean a été interprétée comme prévoyant une commission, alors que lui parlait d’un comité de travail, ce qui n’était pas la même chose. Mon impression était que l’Opposition pensait qu’il y parlementaire d’ici l’automne.
M. Bédard L’Opposition pouvait penser ce qu’elle voulait, mais je vous redis sincèrement, parceque j’en suis convaincu: pour l’Opposition libérale, refuser délibérément d’améliorer la situation des travailleurs et travailleuses au pourboire, alors que c’était facile de le faire, en espérant par là que les difficultés que vont vivre ces personnes pour quelques mois, d’ici l’automne, vont se traduire par des votes pour le Parti libéral, c’est, à mon sens, un calcul politique qui relève du cynisme à l’état pur, parceque cela s’appelle miser sur les difficultés des gens facilement identifiables, difficultés qu’on ne veut pas corriger. On dit à ces gens là: par calcul politique, ce n’est peut-être pas mauvais pour le Parti libéral que vous, travailleurs et travailleuses au pourboire, continuiez d’avoir des difficultés, même si le Parti libéral est
avait une commission
d’accord pour le principe. Ce qu’ils disent à ces travailleurs et travailleuses au pourboire, c’est: Continuez d’avoir des difficultés et nous espérons que cela va vous amener à voter contre le Parti québécois. Eh bien, je pense qu’une Opposition qui fait ce genre de calcul est une Opposition cynique et non responsable. C’est ce que je crois.
M. Tourangeau: M. Millette.
M. Millette: M. Bédard, pour quelles raisons vous sentez vous justifié ou obligé de faire siéger le comité de législation cet été? Est ce que c’est habituel, premièrement, que le comité de législation s’attelle à la tâche en période estivale?
M. Bédard: Ce n’est peut-être pas habituel mais j’espère que cela deviendra une habitude.
M. Millette: Pour quelle raison sentez vous…
M. Bédard: parceque je crois que lorsqu’on garde… D’abord, je crois qu’il y a un tour d’horizon à faire à nouveau sur l’ensemble… Comme on peut le voir, il y a plusieurs projets de loi d’importance qui n’ont pas été adoptés mais qui, conformément au discours inaugural, ont été déposés. Cela ne veut pas dire qu’ils sont oubliés, on le sait très bien. La plupart de ces lois – je pense à la loi 42 et à la loi 40, entre autres – reviendront avec la session d’automne.
Il faut que le comité de législation travaille à essayer de perfectionner le plus possible
lois déjà annoncées, dont le contenu est déjà connu, et ensuite essaie de faire la réflexion nécessaire avec le comité des priorités, le gouvernement, les ministères concernés, sur ce que pourrait être un programe législatif d’automne qui soit de nature à vraiment toucher les citoyens et les citoyennes dans leurs besoins immédiats.
M. Tourangeau: Une sous-question, M. L’Archevêque.
M. L’Archevêque: M. Bédard, la décision de maintenir en quelque sorte au travail, peutêtre pas au même rythme qu’en saison régulière mais quand, même au travail, le Conseil du trésor, le Conseil des ministres et le comité des priorités, est ce que cela vise deux objectifs, d’abord éviter que, comme l’an damier, la population ait l’impression que le gouvernement n’est plus là et, deuxièmement, éviter l’écueil auquel vous avez été confronté au moment de reprendre la session, ne pas être capable de livrer la marchandise?
ces
M. Bédard: Comme nouveau président du comité de législation, je crois que ce sera
sûrement très productif de travailler au cours de l’été, comme c’est le cas pour le Conseil du trésor qui continuera ses réunions, le Conseil des ministres, peut-être le comité des priorités également. En tout cas, pour moi, ce n’est pas une stratégie pour faire oublier une image qui a été accréditée l’an passé voulant que le gouvernement avait quitté, ce qui n’était pas le cas. Personnellement, je suis à même de dire, parceque j’ai eu l’occasion de remplacer M. le premier ministre durant trois semaines, il y avait toutes les possibilités de communiquer avec tous les ministères, avec tous les collègues et de faire avancer des dossiers, ce qui a été effectivement fait.
M. Tourangeau: En sous-question toujours, Mme Thompson.
M. Bédard: En termes d’image, je suis obligé d’être d’accord avec vous. Cela a donné cette impression. Encore une fois, on aurait peut-être dû la corriger rapidement. Il y a peut-être des gestes qu’on aurait dû poser pour informer les citoyens que, quand même, tout le monde continuait à travailler même s’il y en avait – et c’est normal durant l’été – qui s’accordaient quelques moments de répit, un peu de vacances. Je pense que c’est vrai pour tout le monde. Il reste que le travail continuait au niveau du gouvernement.
Mme Thompson (Marie] M. Bédard, pour revenir à l’automne, est ce qu’on peut s’attendre que des lois comme la loi 40 réapparaissent sous une autre forme? Est ce que cela doit subir une autre commission parlementaire?
M. Bédard: La loi 40 a fait l’objet de pas moins de cinq semaines de commission parlementaire. À l’issue des travaux de cette commission, le ministre d’alors, M. Laurin, avait déjà indiqué à ce moment qu’après avoir entendu les groupes, les organismes, les individus, il y aurait des amendements majeurs. On sait que « c’est une réforme d’une envergure remarquable et qui a des effets énormes au niveau de l’ensemble de la population concernée par le monde scolaire. Je crois qu’il était normal et nécessaire qu’il y ait une pause qui puisse permettre d’en arriver à acheminer tous les amendements qui pourraient s’imposer à la suite de cette commission parlementaire. Le travail est fait, ce qui veut dire qu’à l’automne, la loi 40 sera déposée à nouveau avec les amendements que le… Pardon?
Mme Thompson: Avec un autre numéro. M. Bédard Bon. En tout cas.
Mme Thompson: Y a t il beaucoup d’amendements, peu d’amendements? M. Lévesque: Écoutez, vous le verrez en temps et lieu.
Mme Thompson: Une autre commission parlementaire?
M. Bédard: D’ailleurs, M. Laurin…]
[M. Lévesque:] … reste à voir.
[M. Bédard: Dans le temps, M. Bérubé et M. Laurin ont déjà indiqué qu’il y aurait des amendements substantiels. Il y aura des amendements substantiels.
M. Tourangeau: Une question pour M. Falardeau. Après on passera aux questions en anglais.
M. Falardeau: Ma question s’adresse à M. Lévesque. Je voudrais savoir si vous avez choisi le successeur de M. Boivin comme chef de cabinet?]
[M. Lévesque:] Non, mais ce sera fait très bientôt.
[M. Falardeau: On recommence les questions en français à M. Lévesque. M. Lévesque: Je dois partir dans 20 minutes. Si vous avez des questions…
M. Tourangeau: Dix, dix, cela vous va? M. Falardeau, c’est terminé? Mme Tellier.
Mme Tellier. Vous avez entrepris énormément de réformes: fiscalité, rentes, famille, habitation, réforme électorale, réforme scolaire, produit de: travail, mode de négociation, décentralisation et autres, pensez vous que vous arriverez à faire cela d’ici la fin de votre mandat?]
[M. Lévesque:] Concrètement, pour autant que le travail sera accompli… Un exemple très simple: On va voir les résultats de la commission parlementaire en ce qui concerne le mode de scrutin, mais j’endosse à 100%, même à 150% ce que disait le leader du gouvernement. C’est que si on ne se rend pas compte des distorsions absolument inacceptables que peut produire et qu’a déjà produites, d’ailleurs, le mode de scrutin actuel… Vous savez, même en Angleterre – on dit toujours: la reine des parlements – la mère des parlements continue d’avoir un système unilatéral, uninominal. Oui, elle continue. Après la caricature des résultats qu’a donnés la complètement caricaturale, et où le parti qui a eu 24% des votes se trouve pratiquement relégué aux oubliettes… même en Angleterre… Vous savez combien cela prend de temps – ils conduisent encore à gauche – pour changer des choses en Angleterre.
Ils se rendent compte que leur système est devenu caricatural. C’est le cas du nôtre aussi. Ce que je veux dire, c’est que tout ce qui peut être fait, à partir de l’automne – parcequ’ on est conscient nous aussi que dans une fin de mandat ces choses doivent être faites dans l’intérêt général – tout ce qui peut être fait va être fait avant la fin du mandat.
[Mme Tellier: Y a t il des priorités?]
[M. Lévesque:] Oui, elles sont toutes prioritaires, en somme.
[M. Tourangeau: M. De Blois.
M. De Blois: J’ai une sous-question là-dessus, M. Lévesque. Étant donné qu’on sait que M. Bourassa avait dit à plusieurs reprises qu’il ne tenait pas à une modification du système de l’heure actuelle, on peut se demander s’il y a une réelle volonté politique du gouvernement d’agir et de mettre en oeuvre…]
[M. Lévesque:] Je pensais que vous parliez de la volonté politique de M. Bourassa. Nous, oui. D’ailleurs, le Conseil des ministres a été unanime en ce qui concerne une formule qui, à ce moment, était celle de la représentation proportionnelle régionale, modérée, comme on dit, qui est de très près reliée d’ailleurs à la recommandation – il y a des changements – de la commission présidée par M. Côté. À ce point de vue, au gouvernement, il n’y a eu pas de vote c’est le moins qu’on puisse dire, dans le caucus, mais je pense que le sujet a suffisamment progressé pour qu’on puisse peut-être avoir des surprises cet été.
[M. De Blois: Une dernière question. Si le Parti libéral persiste dans son refus de modifier le mode de scrutin, est ce que vous êtes prêt à agir et à mettre en oeuvre une réforme?
dernière élection où Mme Thatcher, avec pas mal moins que 50% des votes, a
eu une majorité
scrutin, il me semble que cette espèce de
recherche d’un consensus qu’évoquait M. Bédard à
au Conseil des ministres, mais on était
unanime. Il y avait, disons, certaines attitudes mixtes,]
[M. Lévesque:] Au besoin, oui. Il ne faut pas oublier que M. Bourassa, il faudrait – comme on dit en anglais – qu’ils arrangent un peu leurs numéros du côté des libéraux parceque , sauf erreur, ce que M. Bourassa a dit, paraît il, va à l’encontre de ce que son propre parti, au plan parlementaire en particulier, je pense à M. Ryan, des engagements qu’ils avaient déjà pris.
[M. Tourangeau: M. L’Archevêque.
M. L’Archevêque: M. Lévesque, au cours des quinze mois de la session il s’est passé toutes sortes de choses. Je déborde un peu les élections partielles, mais elles en sont quand même le reflet. Il y a les sondages aussi. M. Bédard dit: Dans un sens cela nous empêche de nous scléroser – est ce que cela vous oblige à revoir la cinquième session d’un point de vue différent?]
[M. Lévesque:] Il y a déjà tellement… Non. On ne peut pas la voir autrement qu’en fonction de ce qu’est notre devoir d’état, c’est-à-dire – pour enchaîner avec ce que disait Mme Tellier – qu’il y a un certain nombre de réformes qui, quant à nous, sont absolument essentielles. Donc, il faut absolumnent essayer de les mener à bon port. C’est déjà pas mal de travail qui est prévisible. Il y a des lois extrêmement importantes qui sont déjà devant la Chambre, c’est-à-dire qu’elles n’y sont plus parcequ’ on a prorogé, mais qui seront réintroduites. Les lois que mentionnait M. Bédard, ces lois très importantes au point de vue de l’intégrité de l’administration publique, c’est le vérificateur général. Tout cela est déjà un ensemble où il faut trouver d’ici à l’automne le fil conducteur pour une session absolument stratégique et qu’il faudra tenir en fonction d’une fin de mandat, parcequ’ on a en conscience le devoir de ne pas laisser traîner des choses sur la place, si on veut les réaliser et si on croit qu’elles sont requises par l’intérêt public.
[M. L’Archevêque: Vous venez de confirmer en quelque sorte l’impression que la prochaine session est la dernière avant les élections, peu importe la durée.]
[M. Lévesque:] Il est fort probable que oui, de toute façon.
[M. Tourangeau: M. Noseworthy, est ce que…]
[M. Lévesque:] Je ne sais pas combien de temps elle va durer, mais il y a des chances que ce soit la dernière.
[M. Noseworthy: Yesterday, the Transport Minister tabled a report on the traffic cycle signs there is going to be picture grants with red signs with white cross which will flash. But when we spoke with Mr. Godin, a month ago, he said that, because those deal with safety, under Bill 101 they could be in both languages French and English.
ago
M. Lévesque: We tried to dovetail two interesting opinions during the weeks or months M. Noseworthy: Are you saying that signs could be bilingual?
M. Lévesque: In some cases, there is no objection to that. On the other hand, the basic principle of Bill 101, which is that French is the official language of Québec, is going to be held down to.
M. Noseworthy: …
M. Lévesque: Because there are complaints that will require some sort of adjustment. What is the limit of adjustment? That is something we will consider.
M. Noseworthy: I have another topic.
M. Lévesque: Is that the one for TV or was it the first one?
M. Noseworthy: I think we will cover you from all angles, Sir.
M. Lévesque: It is because I know how technically proficient you are.
M. Noseworthy: Thank you very much. We saw your picture in the front page of a newspaper to-day, when you were having a drink with Mr. Jean-Roch Boivin and inside you were
behind the bars. Is that an indication you are looking for another job somewhere? Would you be reflecting on your future, would you be reflecting over the summer beark?
M. Lévesque: Do you have other questions? We have enough work to do. Reflection will come later.
M. Noseworthy: It that a serious answer?
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M. Lévesque: Of course, it is a serious answer.
M. Tourangeau: Mme Robinson
Mme Robinson: J’aimerais parler de M. Arthur pour savoir si… M. Tourangeau: You are in the English section.
M. Lévesque: It does not matter if we are in the English section, we are in the mix
section.
Une voix: We will speak Spanish.
Mme Robinson: I am sorry. This affair with Mr. Arthur has been going on for some time now, and I am wondering if you could tell me what is your goal in saying these things about that man?
M. Lévesque: … just you and I have had quite a few phone calls and conversations over the last few days with people in Québec. They said: you said what we mostly think. I was telling them that I was kind of curious to know why you did not say it. Things that should be said, and left unsaid for too long that is when they are unhealthy.
So what I said, as far as that goes, is my point of view and I hold on to it, that is it.
Mme Robinson: But it relates quite coincidentally to a document that was released not too long ago written by Laurent Emond and one other person, about …
M. Lévesque: That document from Mr. Bérubé’s cabinet? That was basically a document by young press attachés who, helping their minister, are saying that those are possible subjects for discussion. That never came up in any shape or form in government discussions, but as a citizen – and I am a citizen as well as any other Québec resident who has a voting right and pays his taxes – I have a right to my opinion and in some extreme cases, I do not see why … I have one principle in public life: I never say, if I can help it – unconciously it, could hapend – anything contrary to what I know, but I can’t always say everything I know. But sometimes, I feel the need to say it.
Mme Robinson: Is this a campaing or something against this individual? This is what I want
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to know.
M. Lévesque: It is not up to me. That individual is, I think, basically a responsibility of the listeners of Quebec and the area.
M. Tourangeau: En sous-question, brièvement, M. Noseworthy.
M. Noseworthy: Sir, do you regret becoming involved in this war of words especially since the Press Council issued a communiqué…
M. Lévesque: I will tell you one thing, I will not entertain the war of words even to make myself pleasant to any of the medias, because, I said what I have to say, and that is it.
M. Noseworthy: Thank you.
M. Saint-Laurent: Mr. Lévesque, yesterday in your interview with the Canadian Press you suggested that advertisers should boycott that. You did not make it clear…
M. Lévesque: No, no. I said: it could be a legitimate thing. Et cela je le dis en francais et en anglais, parceque c’est la seule chose que je vais ajouter. Il me semble en tout cas que, autant la liberté de presse est un des fondements essentiels d’une démocratie, autant l’abus flagrant de cette liberté peut être un sabotage de la démocratie. De cela je suis profondément convaincu. Il n’y a pas beaucoup de recours contre ces abus flagrants. Le recours aux tribunaux, j’en sais quelque chose, est toujours très long, coûteux parfois jusqu’au point d’être ruineux, et de toute façon ne répare absolument pas les torts qui ont été causés. Quant au chien de garde que la presse elle même s’est donné, sauf tout le respect que je lui dois ce chien de garde, c’est un animal plutôt édenté. On n’y peut rien, c’est cela. Alors, il arrive des cas où le boycottage devient le seul recours véritable, solide, parcequ’ il. y a un signe de piastre au bout. Dieu sait qu’on est dans des sociétés où le signe de piastre a beaucoup d’importance. Cela devient le seul recours pour des citoyens qui ont la volonté d’effectuer certaines dépollutions qui leur paraissent nécessaires. Comme cela reste forcément précis, parceque cela doit viser des cibles précises, et que par conséquent de sa nature même un geste comme cela ne peut pas être généralisé, d’essayer d’en faire une menace à la liberté de la presse, c’est le moins que je puisse dire, c’est que c’est de la foutaise. D’autre part, depuis quand dans une société démocratique les citoyens seraient obligés d’avaler des produits, quels qu’ils soient, qu’ils ne désirent pas alors qu’ils ont plutôt le goût de se servir de leur pouvoir d’achat pour essayer de
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s’en débarasser. Cela est absolument fondamental dans une démocratie. Cela se fait sur n’importe lequel produit. II ne faut tout de même pas oublier qu’il y a certains critères aussi dans une démocratie qui font que le quatrième pouvoir, comme on dit, lui aussi est censé être responsable, qu’on le veuille ou non.
Very simply in English what I havé to say, and that is the only addition I make to what I had to say about Mr. Arthur, well, la liberté de la presse, the freedom of the press, is one of the basic foundations of democracy. On the other hand, any flagrant and continuing abuse of that freedom is also in a way a sabotage of democracy, and we have seen examples of that many times in not ancient history. There are not very many thinks that we can do about those abuses. You can go to the Courts but the Courts have a long drawn out process which car become so expensive and can literally ruin someone who has already been damaged by abuses and eventually does not repair the damage which was done. There is also a watchdog so called over the press, but to say the least and with due respect, it rather looks most of time like a watchdog without teeth; and a watchdog without teeth is not very efficient. So, sometimes a boycot becomes the only substantial and concrete recourse, and on account of the fact that it has to be directed to a precise target and cannot be generalized, talking about freedom of the press about such a measure is really imagining things. Because, after all, since when in a democratic society citizens should be forced, as if there were a sort of moral duty, to swallow any product whatever it is, if they do not want it and if they want to use their purchasing power to get rid of it. That is done in many cases, where the dignity of people is involved or their health or what have you, and it is part of democracy.
M. Tourangeau: Une question de M. Saint-Laurent d’abord, M. Fraser ensuite.
M. Saint-Laurent: Will you cut off Government advertising to Mr. Arthur’s radio station?
M. Lévesque: No, but I hope that some decency if not, it should be emphasized, would say that Government advertising should not go on the air during the time that individual is on the air. The station is not monopolized by that person.
M. Tourangeau: M. Fraser.
M. Fraser. Mr. Lévesque you referred to the Press Council, whitout naming it, as the watchdog of the press.
M. Lévesque: The only one that I know of.
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M. Fraser. In its most recent judgment, the Press Council has ruled that the word « watch dog » is pejorative. I was wondering what your reaction to this decision was. Do you feel…
M. Lévesque: To look at the way it goes and to look at the way it performs, I would say, I do not think it is offensive, but I think it is exagerated.
M. David: En sous-question: Vous dites que les citoyens doivent avaler des produits qu’ils ne désirent pas. Or, on constate que la station de M. Arthur défonce à peu près toutes les cotes d’écoute dans la région de Québec. Il faut en conclure que les gens désirent cette chose.]
[M. Lévesque:] Pas « les », mais « des » gens désirent. parceque vous examinerez comment sort établies les cotes d’écoute et ce que cela peut représenter, et vous allez voir que ce sont « des » gens qui désirent.
[M. David: Mais, la majorité des auditeurs…]
[M. Lévesque:] C’est vrai. Il y a des gens qui… Écoutez, c’est comme la drogue ou n’importe quoi, il y a des gens qui s’habituent à certains poisons.
[M. Tourangeau: Voulez vous respecter l’ordre? M. Lacombe.
M. Lacombe: M. Lévesque, j’aimerais savoir de quoi on parle précisément. Avez vous un
dossier précis d’inexactitudes ou de faussetés?]
[M. Lévesque:] Non, mais j’ai un dossier précis de choses sur lesquelles on s’est penché parcequ’ il y avait tellement matière à poursuite en diffamation que cela sautait aux yeux. Mais ces textes là étaient tellement bas et obscènes et ceux qui veulent les consulter… Je ne les citerai pas ici, c’est répugnant. C’est tellement obscène que cela devrait sauter aux yeux qu’un individu qui performe comme cela… Cela n’a pas de rapport avec des choses partisanes, car il y a bien des gens qui sont contre le gouvernement, qui sont contre un parti politique, etc., c’est normal; mais des obscénités vraiment, non seulement diffamantes, mais d’une bassesse que j’ai rarement vu atteindre où que ce soit dans le monde, tolérer ce genre de chose, c’est une maladie.
[M. Tourangeau: Y a t il d’autres questions sur le sujet?]
[M. Lévesque:] Sur le sujet? Je m’excuse, je ne répondrai plus à aucune question.
[M. Falardeau: Mais vous avez répondu en anglais, M. Lévesque. C’est une précision que je veux avoir. Vous avez dit en anglais que vous souhaitiez que la publicité gouvernementale ne soit plus donnée à cette station au moment où M. Arthur est en ondes?]
[M. Lévesque:] C’est-à-dire qu’ils aient la décence de la passer ailleurs. De cela on pourrait s’en reparler.
[M. Falardeau: Mais vous avez donné des ordres en ce sens là? M. Lévesque: Non.
M. Tourangeau: Mme Mesley, sur un autre sujet.
M. Lévesque: If it is on the same subject…
Mme Mesley: You are leaving something up in the air.
M. Lévesque: I know, but that is where it remains for the moment.
M. Saint-Laurent: What about the electoral reform, Mr. Lévesque? Are you committed?
M. Tourangeau: … Mme Mesley.
Mme Mesley: I have to come back to something that Normand Rhéaume and Mr.édard were
obviously are not getting credit for it. Your behavior and the Government’s communication system really has not changed so much. Maybe you need to do a better job. It is obviously and it must be an impression within the public. I am wondering how you interpret why the economy is getting better and yet you are going down in the polls. Whose fault is it? Is it something that can be turned around and how?
M. Lévesque: How? I do not know exactly. It is true what Mr. Bédard says, because, look,
legislation? No. That in some part is our fault because it is extremely important. Was there anything… I did not see anything rather interesting or certainly not dramatic about the fact
talking about earlier, which is that the Québec
economy is doing quite well and that you
let us face facts. Was there a very big publicity about Alcan’s development tied to
a
that REXFOR, getting quite a few millions more, will now, among other things, be able to initiate and complete the reorganization of the « industrie de sciage » the sawmills in the Lower
St. Lawrence and Gaspé. Mr. Bédard said: I could give you
ten or twelve examples of that.
Since it is good news, it is no news, and it is up to us to make the news and to explain the implications.
Mme Mesley: What is so phenomenal now? It has always been like that. M. Lévesque: That is part of the problem.
Mme Mesley: What is the other part, because it has always been like that: You do something good and good news are never…
M. Lévesque: That is what we are going to work on as of right now, because… Une voix: How?
M. Lévesque: Well, how? Ask Mr. Bourassa what his strategy is: apart from invisibility, he will not tell you. We are going to work as best we can because now is the time, about a year and a half before the elections to be in the pre-electoral mood and to stimulate our own imagination and our own members. I think our congress in spite of one incident which practically monopolizes everything, including headlines, was basically one of the healtiest preformances that our party has giving itself. That, I think, is basic and is going to be followed by different actions which are pre-electoral in the sense that, you know, media are very short term. That is normal. « You were – I have got a clipping on that which is so funny to read – burying, dead and buried the federal liberals about six or eight months ago. And you see what happened. Now prophets after the fact are saying different things. The clipping is wonderful to read.
I know how deeply you bury us, but should I say: wait and see?
M. Tourangeau: M. Saint-Laurent.
M. Saint-Laurent: Mr. Lévesque, I would like to ask you about the electoral reform. I believe it is important. I understood yourself and Mr. Bédard saying today you are now committed to introducing, to pass a legislation which will change the way we vote in the next election. In other words.
M. Lévesque: 1f it is humanly possible. There will be delays and everything but I think I agree with Mr. Bédard that it can be possible if we can get our act together. Hopefully, it has made some head way in the minds of the Opposition, but it is up to the Government first and our caucus to initiate that reform because it is a basic reform and it is required. So we will do our best to do it.
M. Saint-Laurent: Are the liberals systematically opposing?
M. Lévesque: Well’. If we are convinced, we will assume our own responsabilites. We are the Governemnt; they are not.
M. Tourangeau: Mme Thompson.
Mme Thompson: Mr. Lévesque, I would like to talk about medium term stories. La Caisse de dépôt tabled, released its cyclic tendances. I have got a copy of it yesterday, a few of us did, and it talks about a recession coming in 1986. The difference is that in the last one it was talking about a recession in 1987. What kind of prognossis… I mean things are going well…
M. Lévesque: Take your pick…
Mme Thompson: No. You are facing an election in April 1986. What kind of a prognostic are you facing with…
M. Lévesque: I know but… A recession comes from outside basically, OK? In anyway that I can imagine, I cannot influence what is going on in the United States. If you are a dedicated reader of economic news, you may have seen also that is part of today’s news, I think, that the countries that are most into debt, especially Brazil, Mexico, Argentina and quite a few others are getting together in order to put the pressure on, basically, the United States but also the Western world, or let us say the industrial world outside them, about that particularly strategic point which is interest rate, because this is murdering them and it is hurting all over. Will it bring a recession before people wake up? Can I answer you? Can you answer it? We do not. I cannot.
Mme Thompson: Would you be tempted to call an election earlier rather that later?
M. Lévesque: Who knows?
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M. Tourangeau: M. Grant,
M. Grant: Mr. Lévesque, to talk a fair bit about the mechanical problems of getting the Government’s messages across, you seem to agree you have got a problem there.
M. Lévesque: One very important…
M. Grant: Getting away for a moment from what you called often plumbing, where, after eight years of power, eight years of fighting the system if you will, as a Government, are you personally – the Government, the party – going to find the motivation to surmount the really very incredible difficulties it has right now with the polls, with the economy, with everything?
M. Lévesque: Yes, I know. To take cases where people have been in power for fifteen years and find the motivation… I think, contrary to some who find the motivation, like our friends in Ottawa, in a simple basic urge of all interest groups-and federal parties, both conservative and liberal are basically interest groups-contrary to them, who have a sort of
in our case, we are not neccessarily immuned to some of that, but the basic drive, the basic urge is Québec sovereignty and that will not be left aside. This gives us, I think, one basic motivation which is little higher than others and, I think, will be sufficient during the next year
and a half to do the best we can and hopefully to make you, eminent people, surprised.
Mr. Grant: Does it also give you the will to sacrifice power for your ideal, given the polls. Mr. Lévesque: To sacrifice power for you ideal, what do you mean? M. Grant: Well, in other words, it does not look like you are going to win.
M. Lévesque: As of now, you are absolutely right, I could not agree more. But, as of six or eight months from now, we will just wait and see. Look, you are observers. You sometimes come to conclusions because of your short-term vision, which is normal. After all, if you have to bring in papers every day or a few times a week, you do not exactly have the « recul », the perspective, which, I think, is obvious. But, eventually, we always find it together when things change.
inexhaustible appetite for holding on to power, to patronage and
to everything that goes with it,
M. Saint-Laurent: The polls went up when the other parties changed leaders, Mr. Lévesque.
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Does that weigh on you?
M. Lévesque: That is one of the things that, eventually, has to be weighed. But, for the moment, I tell you, until further notice – that means at least until, to say the least, throughout the fall and, hopefully, 1985 – there is no reason that I can see to leave ship.
M. Tourangeau: Mme Falardeau.
Mme Falardeau: Mr. Lévesque, you have delayed several major reforms, notably the one on taxation. Is there still a lot of work to do on these, or is it a question of presenting them in your throne speech in the fall, as part of your pre-electoral strategy to give the government’s program a little more…
M. Lévesque: I gave the two particular reasons why we did that last week and that is not too far away to remember. One, I think, very obviously, is a seasonal reason that, with the festivities starting this week-end and with the climate that is going to accompany us practically all summer, and with the very very great possibility, apparently, of a federal election thrown into the summer also, those are very major and substantial reforms that have to have at least a minimum of open-minded climate to discuss. That is one reason. It was the worst possible timing for that kind of major announcements.
Second, there is some work still to be done. In some cases, it is wrapped up as far as we are concerned. But, in some other cases, including taxation reform, including the pension where more work has been done in Québec already than anywhere else in Canada, but the links between some of those subjects among others pensions and personal taxation have not been put together in a way which is sufficiently clear for the people to see the perspective, the joint importance of the subject.
So, there was good reason to bat it out during the summer as best as we can, and be more ready, in better shape and in a climate which would be! open to that kind of discussion, sometime during late summer or in the fall.
M. Tourangeau: Une dernière question en anglais. M. Lévesque: Je suis obligé de quitter.
M. Noseworthy: Just one question, based on the decision you made some 40 years ago, when you were a war correspondent with the American Armed Forces. We read about it earlier
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this week. I would just like to know then, 40 years ago, what made you choose to go with the American Army as a war correspondent.
M. Lévesque: I think that I gave the answer in that interview, very briefly. There were two things. I did not feel at all… I hate anything that has to do with killing people, I think
that is quite a normal thing, and I was lucky in the sense that I had the beginning of a professional competence, to say, which gave me a chance – if you can call it that – of being more in an observer role than in a fighting role.
Second, I was not exactly – you have to go back to the times – enthusiastic about the idea of joining the Canadian Army such as it was then, because, a bit like you feel throughout the
Mme Thellier. …sur les jeunes, s’il vous plait. Vous êtes responsable des dossiers sur la jeunesse. Est-ce que vous ne vous sentez pas mal à l’aise quand on voit une grève de la faim de jeunes et est ce que vous ne pensez-pas que le gouvernement devrait prendre des mesures, quard même chose maintenant, pour les jeunes qui n’ont que 152 $ par mois.]
[M. Lévesque:] C’est ce qu’on fait sans arrêt. Écoutez, je trouve cela éminemment triste – c’est leur droit, hélas – ce qui se passe. J’espère que les supporteurs – il y en a qui sont éminents – des groupes que prétendent représenter ces deux jeunes vont les convaincre d’abandonner quelque chose qui peut être fatal et qui est foncièrement stérile, parceque c’est complètement disproportionné par rapport aux problèmes tels qu’ils se posent et aux enjeux qui sont sur la table.
Par ailleurs, si vous voulez parler des jeunes et de faire quelque chose pour les jeunes, il y a une analyse qu’il faudrait tout de même faire parcequ’ on devrait avoir une sorte de corvée nationale, à mon avis, là-dessus. L’analyse est très simple. Il y a un certain nombre de milliers de jeunes qui sont particulièrement mal pris, c’est vrai, et qui n’ont aucun horizon actuellement. Autrement dit, ils risquent d’être gaspillés; gaspiller du matériel humain, c’est sacrement plus important que de l’argent, même si cela représente aussi de l’argent. Où se trouvent ils ces jeunes? Pour l’essentiel, ils se trouvent parmi des jeunes qui sont sousinstruits et souséquipés pour la vie. Parmi les choses sur lesquelles on veut – c’est en train de se faire et c’est prêt – réorienter pour ces jeunes – d’abord et avant tout – des millions et des millions de dollars qui ont servi à faire des jobbines essentiellement et à les enfoncer littéralement dans une espèce de dépendance crucifiante à la longue.
Ce sont deux orientations fondamentales. D’abord, le retour aux études pour ceux pour qui c’est une planche de salut essentiel. Tout le monde, chez ces jeunes, ne veut pas retourner aux études, nous le savons très bien. Tous ceux qui le peuvent, par exemple, et qui en ont la volonté devraient le faire et on devrait les encourager et les pousser dans le dos littéralement. Deuxièmenent, ce programme massif d’apprentissage précis de métiers, non pas de métiers désuets mais de métiers qui sont vivants aujourd’hui parceque ce sont des entreprises qui les accepteraient dans ce contexte d’apprestissage, de façon à ce qu’ils puissent là aussi être équipés pour la vie. Il me semble que sur ces deux objectifs s’il y a une corvée, autrement dit une espèce de pression et de consensus qui devrait se dégager et qu’on devrait dramatiser, c’est bien là. J’entends des fois des larmes de crocodiles ou des beaux discours vides à propos des jeunes et cela me donne le frisson, parcequ’ on devrait tous être d’accord. Il faut pousser cela au maximum puisque c’est littéralement la seule bouée de sauvetage qu’il peut y avoir pour ces jeunes. Si on ne le croit pas, on n’a qu’à regarder ce qui se passe ailleurs. C’est la conclusion à laquelle on arrive à peu près dans toutes les sociétés industrielles. On n’est pas sur une autre planète. En plus, pour pouvoir garantir – je pense que d’ici quelques semaines ce sera fait – que tous les jeunes, en groupes ou seuls, sont capables de se joindre à des projets, tous les jeunes qui seront disponibles pour faire du travail utile sur le plan communautaire seront acceptés, c’est-à-dire qu’il n’y en aura aucun de refusé. Cela prend un certain temps avant de se mettre en marche. Tout cela implique aussi qu’ils vont recevoir plus d’argent, mais à condition qu’il y ait une implication de ce genre là dans une des trois orientations qui sont proposées. Est ce qu’on peut faire davantage? Donnez moi des recettes magiques et on le fera?
[Mme Theltier. Est ce que vous pensez…]
[M. Lévesque:] II y a également des choses positives sur lesquelles on a déjà commencé à piocher. Il s’agit de voir jusqu’à quel point cela peut être réalisable. Par exemple, cette suggestion qui a été faite pendant le congrès et qui a été votée, de voir s’il n’y a pas moyen de définir une allocation de logement qui pourrait très spécifiquement s’ajouter comme une espèce de minimum vital quelque part. On est en train de le regarder. On ne peut pas faire plus. Honnêtement, on ne peut pas faire plus. On pourrait faire une chose, c’est de doubler mécaniquement, pas de doubler mais même de donner une parité mécanique automatique aux jeunes qui sont concernés, sans demander quoi que ce soit comme contribution, en effort de bonification personnelle ou en effort de travail. Je pense que cela serait la pire des solutions.
[Mme Thellier. Est ce que vous pensez que l’immense majorité, sinon tous les jeunes pourront entrer en septembre soit à l’école, soit en travail communautaire, soit alors en stage en entreprise?]
[M. Lévesque:] Je crois que oui.
[Mme Thellier: La grande majorité?]
[M. Lévesque:] Enfin, la grande majorité de ceux qui en ont vraiment besoin je croirais que oui, au point où s’est rendu.
[Mrs. Mesley: … more money to open it to everyone, don’t you think?
M. Lévesque: Contrary to a lot of overdramatization the numbers are not all astronomical. It is possible.
Mrs Mesley: So, it will open every …7 You are saying that it could solve the problem of
everyone who is willing to try something new?
M. Lévesque: Yes. I think we can reach all of those that need it and who are ready to participate seriously in either of the three major directions that we have developed.
M. Rhéaume: Est ce que vous allez donner une chance à M. Bourassa de revenir à l’Assemblée nationale, par exemple, dans Saint-Jacques à l’automne à l’élection partielle?]
[M. Lévesque:] Une chance. D’abord, c’est évident que quelque part avant la fin de l’année il faut qu’il y ait une élection. Alors, des chances il en a eu trois récemment et c’était dans la région métropolitaine et il n’a pas voulu en profiter. Il est évident que cela va devenir de plus en plus gênant pour le Parti libéral et peut-être de plus en plus compliqué aussi d’avoir un chef extérieur parcequ’ ils ont un groupe d’une cinquantaine de députés maintenant. Je n’ai pas besoin de vous dire, quand je regarde leur état interné, pour autant qu’on l’apprenne. On a nos problèmes mais le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas l’harmonie parfaite à beaucoup de points de vue, surtout sur des choses essentielles. J’ai été obligé – parceque je n’ai pas eu d’occasion véritable – en 1976 de rester en dehors et je me suis rendu compte que cela créait des problèmes. Et pourtant vous n’étiez que 6, vous autres. Mais, entre nous, ils ne sont pas sortis du bois.
En plus, comme attitude responsable pour le chef d’un parti qui a une importance numérique comme la leur, je pense qu’une politique d’invisibilité stratégique n’est pas la trouvaille du siècle.
[ L’Archevêque: Un autre sujet, M. Lévesque, et une courte question. La réponse dépendra de vous. La FTQ, qui n’est pas très, très favorable au plan Clair pour la réouverture des négociations collectives, vous propose autre chose qui pourrait conduire à la signature d’une nouvelle convention de trois ans. Est ce que vous êtes prêt à accepter le plan FTQ?]
[M. Lévesque] Est ce qu’on est prêt à accepter…
[M. L’Archevêque: Est ce que vous êtes prêt à accepter la proposition de la FTQ?]
[M. Lévesque (Taillol):] Je vais vous dire une chose, sans qu’il y ait de grands secrets – c’est allé sur la place publique – on a eu une rencontre extrêmement intéressante avec M. Laberge et M. Daoust et quelques collaborateurs, M. Morrisseau, entre autres, M. Clair et moi et un ou deux de nos collaborateurs autour et alentour de cette proposition. On a gratté avec eux pendant deux ou trois heures et maintenant on est en train d’examiner cela. On va voir. On n’est pas pour devenir dogmatique parcequ’ il y a telle solution plutôt que telle autre; ce qui est important c’est d’arriver à un résultat qui amorce un nouveau régime de vie dans le secteur public. Si on voit que c’est une possibilité, bien sûr qu’on ne la rejetera pas comme cela.
[M. L’Archevêque: Est ce que vous êtes prêt à répondre avant la fête nationale, comme vous leur avez laissé entendre?]
[M. Lévesque (Tailldô):] Si vous le permettez, je vais surtout en parler avec nos
interlocuteurs.
(Fin à 14 h 52)
[QLévsq19840621cp]