Conférence de presse du 19 décembre 1980

[(Seize heures vingt-cinq minutes)]

[M. Lévesque.] On va l’avoir d’ici l’ajournement et aussi certaines choses qui sont en train de se régler, d’après ce qu’on m’a dit.
Je voudrais d’abord, si vous me le permettez – vous devez avoir les copies des trois communiqués qu’on a recueillis en Europe – juste aller un tout petit peu plus loin que ce que j’ai raconté à M. Ryan aujourd’hui parcequ’il n’a pas insisté beaucoup. Je voudrais quand même faire le point rapidement là-dessus.
Comme vous le savez, on a fait deux pays, ce qui est assez rare, mais il y avait des invitations de Belgique qui s’ajoutaient à ce qui est une sorte d’invitation statutaire en France. Avec mes collègues, MM. Morin et Landry, on a fait sept jours plein de voyage. En Belgique où la coopération est plus récente, vous savez peut-être que, contrairement à le France, les liens précis avec la Belgique ont à peu près une dizaine d’années, donc, c’est plus récent, et évidemment, jusqu’à nouvel ordre, c’est plus modeste qu’en France. Aussi bien du côté francophone, c’est-à-dire wallon – comme on dit en Belgique – que du côté flamand, on a eu seulement une demi-journée, mais une demi-journée extrêmement chargée. Je crois qu’on peut dire que les résultats ont été positifs et qu’ils ont été plus que prometteurs. Sur le plan politique, cela nous permettait de renouer des liens qui existent quand même depuis pas mal d’années avec surtout le peuple wallon, principalement avec ses représentants à Bruxelles, à Namur et à Liège. Namur est maintenant la capitale des institutions wallonnes. Vous savez peut-être que, depuis une couple de mois, ils ont des nouvelles institutions politiques qui sont comme une sorte de compromis de décentralisation et, d’une certaine façon, une sorte de préfédéralisme et cela s’appelle communauté française, communauté flamande et région – c’est au point de vue décentralisation – wallonne et région flamande. Le représentant, à la fois de la communauté française et de la région wallonne, qu’on a rencontré à Bruxelles, à Namur et à Liège successivement, cela nous a permis partout, je pense, d’élargir des liens qui sont… On se comprend beaucoup mieux, on comprend mieux leurs institutions aussi et probablement la meilleure preuve, vous le trouvez dans les deux communiqués, celui où, au point de vue politique, la communauté française qui était représentée par le ministre français, M. Michel Hansen, a signé avec nous un paragraphe en particulier, le troisième, c’est un communiqué d’une page, qui a beaucoup d’importance parceque cela veut dire que les trois communautés francophones, celle de Belgique, celle de France depuis un bon bout de temps et celle du Québec pour des raisons évidentes, sont d’accord en ce qui concerne tout ce qui peut de près ou de loin toucher la francophonie.
Sur le plan économique, je pense que le communiqué qui s’intitule « Wallonie » est assez éloquent là-dessus. On a passé deux séances de travail intenses qui avaient été bien préparées d’ailleurs des deux côtés, et les dossiers nous ont permis d’amener la formation immédiate d’un groupe de travail conjoint – cela va être mis en marche, autant que possible, avant même la période des Fêtes, du moins de notre côté, et on va s’entendre avec eux – qui va explorer les grands secteurs qui sont mentionnés, en cherchant le plus vite possible non seulement des échanges d’information, de dossiers, mais aussi des projets de coopération, donc dans le domaine de la recherche, surtout du côté de l’énergie, dans le domaine des sociétés publiques, cela c’est très intéressant. Ils ont, en Wallonie, maintenant qu’ils ont une région administrative à eux, ils ont une société d’investissement et une société de développement qui correspondent assez bien à la SOI chez nous et à la SGF. On va les mettre en contact le plus vite possible, au maximum, pour voir ce que cela peut donner comme résultat.
J’ajouterais simplement ceci; à Liège, on a eu des contacts nouveaux qui, je crois, peuvent être extrêmement prometteurs pour nous aider de part et d’autre; il y a des SIDBEC aussi qui, comme on le sait, ont des difficultés.
On a eu des contacts avec le groupe sidérurgique qui s’appelle COCKERILL, le groupe COCKERILL qui est un des plus grands de toute l’Europe et, technologiquement, un des plus avancés de l’Europe aussi. Les quelques heures que M. Landry surtout et ensuite votre serviteur aussi qu’on a passées avec les gens de COCKERILL, cela donne des perspectives de coopération qui peuvent être sacrement intéressantes et assez bientôt.
Comme vous le savez, les quatre jours de séjour en France ont commencé tragiquement parcequ’il y avait déjà la mort de M. Lesage ici qu’on venait d’apprendre et puis s’est ajoutée la disparition subite, dans la nuit du samedi au dimanche, de celui qui devait nous accueillir chez lui, M. Le Thuule, qui avait récemment été promu ministre de la Défense, le numéro 4 du gouvernement français.
Pas besoin de vous dire que ça faisait deux chocs, un par-dessus l’autre. Là, il y a une chose sur laquelle je voudrais quand même qu’on finisse par comprendre quelque chose chez ceux qui ne veulent pas comprendre et peut-être que ce serait un enseignement sur ce que c’est que les affaires de l’État. Nous, on a spontanément, après deux chocs de suite, offert d’annuler le reste du voyage en disant: Après tout, tout le monde est un peu mal pris, et de reporter cela à plus tard, surtout qu’il y avait en plus les funérailles de M. Lesage le lundi. Mais, même si tout le monde avait beaucoup de sympathie de part et d’autre, on nous a fait savoir d’une façon amicale, mais très fermement aussi, que les affaires de l’État continuaient en France et que cela devait continuer. À Paris, comme dans toutes les grandes capitales, il y a littéralement des
recherches. Tout cela étant relativement modeste, mais quand même, il y a des choses où le Québec a réussi à mettre au point, dans le domaine de la recherche appliquée, RND, comme on dit en anglais, pas mal de choses inédites. Pour ceux que cela intéresserait, cela a été rappelé en France, il ne faut pas sous-estimer ce que représente la technologie française et les progrès qu’elle a faits parcequ’il y a 1% de la population du monde en France, mais, chaque année, la moyenne est de 8% des découvertes ou des inventions qui sont mises au point dans le monde en France. 1% de la population et 8% de ce qui se produit de nouveau et de valable au point de vue inventions qui découlent de la recherche ou des mises au point. Pour nous, c’est plus que prometteur dans les deux cas. Je dois dire une chose, peut-être que cela vaudrait la peine pour quelques uns d’entre vous de le souligner, mais, quels que soient nos liens personnels, je dois dire que nos deux délégués généraux, M. Léger à Bruxelles et M. Michaud à Paris, et toutes leurs équipes avaient travaillé d’une façon qui, je crois, se reflète dans les résultats. C’est tout pour cette partie.
Maintenant, un peu comme on l’a fait ce matin, en Chambre, je saute à un sujet complètement différent; il irait même dans le terre-à-terre. Je voudrais vous communiquer – je n’ai pas eu le temps de le faire en Chambre; je ne les avais pas; je vais, tout à l’heure, si on me permet, par consentement, déposer cela – tous les renseignements qu’on a obtenus sur M. Yvan Guérin. Je vois que vous écrivez plus là-dessus, c’est curieux. M. Yvan Guérin, comme vous le savez – cela a été mentionné en Chambre – a été mon agent officiel, en 1976, dans le comté de Taillon. Son nom a été mentionné à une ou deux reprises, encore de nouveau ce matin, sauf erreur, ici, en Chambre, au cours du débat qui tourne autour de la SHQ.
Je tiens d’abord à souligner que les recherches ont été aussi exhaustives que possible. Je pense que rien n’a été oublié. Je ne pense pas qu’il y ait rien d’autre que ce qui est là, non plus. J’aimerais bien que, de bonne foi, on note une chose, à la page 2 du texte qui vous est remis, c’est que la firme à laquelle appartient M. Guérin, premièrement, a attendu, avant de solliciter quoi que ce soit, du côté des engagements de fonds publics, que soit établi, en 1978, le système de fichiers des fournisseurs, qui fonctionne depuis ce temps et, deuxièmement, que cette firme s’est présentée régulièrement comme candidate – ce qui est permis aux gens, quelle que soit leur appartenance politique ou selon leur compétence – et qu’elle a été retenue 57 fois comme fournisseur possible de services dans les éliminations qui se font régulièrement, et qu’elle a réussi à émerger avec des contrats relativement très modestes, à deux reprises et une troisième fois, plus que mineur, par un engagement additionnel de la Commission de protection du territoire agricole. Cela, c’est une chose. Alors, vous avez tout, avec les annexes nécessaires.
Je voudrais insister sur ceci, à cause de la façon dont on a relié tout cela gratuitement – M. Guérin, comme certains autres – à la soi-disant caisse électorale du Parti québécois. Je me
souviens de certaines manchettes sur la caisse électorale du Parti québécois.
Je voudrais simplement rappeler que depuis qu’on a adopté la Loi sur le financement des partis politiques – c’est nous qui l’avons adoptée – le Parti québécois continue – comme les autres sont maintenant tenus de le faire également – à publier chaque année l’état détaillé de ses revenus et les noms de chaque souscripteur qui a pu donner $ 100 ou plus, si j’ai bonne mémoire. S’il y en a que cela intéresse, vous pourrez obtenir du parti un relevé détaillé des contributions de toutes et chacune des personnes qui ont pu être mentionnées dans le roman feuilleton de M. Lalonde et compagnie.
Pour vous fournir – puisqu’on a parlé de caisse électorale et je termine là-dessus – une indication sur l’enrichissement vraiment extravagant de notre parti, après quatre ans au pouvoir, si, demain matin, nous devions entrer en campagne électorale, nous disposerions au grand total, d’une réserve électorale, donc une caisse, d’environ plus ou moins $ 400,000 qui a été constituée de peine et de misère, à même de ce qu’on peut mettre de côté avec nos campagnes de financement. $ 400,000, c’est-à-dire la moitié, à peu près, de la seule petite partie de la banquise olympique libérale qui est connue, les $ 750,000 dont M. Ryan a hérité confortablement. C’est cela, l’enrichissement électoral du Parti québécois, après quatre ans de gouvernement.
M. Charron doit venir nous rejoindre dans un instant. Ce serait intéressant… Il est là. Peut-être qu’on pourrait filer tout de suite sur l’autre partie, Claude, et ensuite, s’il y a des questions, tu aviseras… D’accord? Ce sont les trois sujets, mais vous pouvez en avoir d’autres.

[M. Charron: Je vais faire cela, si vous me permettez, brièvement, parceque c’est en cours et il est possible que je sois obligé de retourner plus rapidement que prévu. Personnellement, j’ai bon espoir que soient adoptés tous les projets de loi que nous voulions et souhaitions voir adopter dans cette très courte session législative. Même si elle a débuté le 5 novembre, nous ne sommes sur le travail législatif que depuis le début de ce mois ci, donc, moins de 20 jours. Nous verrons, en une vingtaine de jours, à adopter une vingtaine de lois qui sont de nature et d’importance différentes.
Je pense que j’avais indiqué déjà, à l’ajournement de juin, que si c’était le désir du premier ministre, comme cela l’a été, que nous revenions en session, je pense bien que l’époque des grandes réformes administratives au niveau de l’État était terminée, ce qui ne veut pas dire que d’importants changements n’allaient pas avoir lieu, mais sans doute pas ceux qui allaient dans le sens de création de ministères ou création de régie, bien au contraire.
Mais, il y a quand même une mesure législative extrêmement importante et qui est venue après un extrêmement long cheminement aussi, comme il se doit dans cette matière, qui constitue, je dirais, le morceau principal de cette toute courte et première partie de cette nouvelle session, c’est celle du Code civil. Je dois vous en informer à ce moment ci, d’une manière très franche, je crois, et qui peut s’avérer contraire demain matin, lorsque la réalité sera autre. L’Opposition officielle, malgré le travail remarquable en commission parlementaire, depuis deux semaines, et très assidu – je dois le dire en hommage, si cela doit être interprété comme cela, tant mieux, à ses intervenants, M. Forget et Mme Lavoie-Roux, absolument non partisans – qu’ils ont mené à la table de la commission parlementaire, nous ne savions toujours pas, à midi, s’ils allaient consentir à ce que nous fassions la troisième lecture de ce projet de loi qui a été étudié sans bousculade, avec toutes les ressources techniques qu’ils avaient demandées et que nous avons mises à leur disposition. Encore ce midi, ils nous disaient qu’ils n’avaient rien à redire contre cela.
Il n’y a pas eu de vote en commission parlementaire sur pourtant des sujets qui touchent la vie de tout le monde, qui a divisé d’une manière profonde. On a cherché, selon la bonne méthode de travail du ministre de la Justice, à arriver à des consensus plutôt qu’à des majorités qui s’imposent à une minorité. Dès ce midi encore, on nous disait qu’on n’avait rien à redire contre le travail de la commission parlementaire et que si ce n’était que de cela et de l’attitude du gouvernement dans ce projet de loi, ils voteraient sans ambage la troisième lecture de cette nécessaire et importante modification au Code civil.
Ce qui les amènerait – pour le moment, je vous laisse en suspens, vous verrez comme moi la suite – à refuser leur consentement et inutilement, à mon avis, à rappeler l’Assemblée quelque part vers la fin de janvier ou le début de février, pour faire la troisième lecture de ce projet de loi, c’est, selon leurs dires, de laisser le temps à cet important projet de loi de faire son bonhomme de chemin dans la population, comme il concerne tout le monde, de laisser tout le monde en prendre connaissance. Et si jamais il y avait tollé, on ajusterait; s’il n’y avait pas tollé, on ratifierait, lors d’une troisième lecture.
Je vous dis tout de suite ce que je leur ai proposé en échange. Il y a un bien-fondé à cette opinion, mais qui ne nécessite pas le comportement qu’ils proposent, à mon avis. Comme il s’agit d’une loi importante, comme elle a été bien étudiée par l’Assemblée nationale, d’une manière exemplaire, je crois – il y a des projets de loi qui se véhiculent beaucoup moins bien en étant même beaucoup moins importants – comme parlementaires, terminons notre travail, faisons la troisième lecture aujourd’hui – c’est ce que je leur ai proposé – présentons donc à la population du Québec un produit fini. Diffusons le – j’espère qu’on ne nous fera pas le reproche par la suite de le diffuser, il ne faudrait pas être contradictoires par la suite – pour que les citoyens sachent la modernisation du Code civil qui touche, encore une fois, la vie de chacun des citoyens dès qu’il est en rapport avec un autre citoyen dans cette société – et cela arrive à tout le monde – et le gouvernement est prêt à prendre l’engagement qu’il ne proclamera pas cette loi avant, par exemple, le 28 février prochain. Autrement dit, elle sera adoptée mais ne sera pas en vigueur. Ce qui fait que s’il y a un tollé quelconque qu’aucun parlementaire – je dis bien aucun d’aucun parti – n’aura vu venir, lors de la discussion, on ajustera, il n’y aura pas de catastrophe, on ne proclamera que quelques articles, on ne proclamera pas celui qui se sera
avéré une erreur de parcours.
Je les ai laissés là-dessus tantôt, c’est un peu drôle de vous retrouver à ce moment ci. Ce n’est pas une raison pour ne pas achever notre travail en ce sens, vous le verrez comme moi. J’ai bon espoir que ce soir on aura effectivement la troisième lecture de ce projet de loi, mais qu’il n’entrera pas en vigueur.
Pour une partie, vous savez d’avance qu’il ne peut pas entrer en vigueur, c’est la partie qui concerne le divorce. Cela ne peut pas entrer en vigueur, parcequ’on n’a pas encore la juridiction constitutionnelle dans ce domaine.
Dans d’autres parties, c’est parcequ’effectivement le tribunaux ne sont pas encore tout à
sit avisés des nouvelles dispositions législatives et qu’il serait enfantin de faire entrer ce Code civil en vigueur demain matin. Cela n’a jamais été l’intention du gouvernement. Ce que je suis prêt à offrir, ce que le ministre de la Justice veut offrir, c’est une date comme celle du 28 février. S’ils nous disent le 15 mars, mon Dieu, on ne chiquera pas la guenille pour quinze jours, mais ce sur quoi il y a un dilemme, c’est plutôt de savoir si, comme parlementaires, on finit bien un travail qui a été bien fait. L’autobus est arrivé au terminus. Ce n’est pas le temps de se poser la question si on descend ou si on ne descend pas. On l’a fait, le chemin est parcouru.
Pour le reste, je ne peux pas le passer sous silence – mais je ne veux pas allonger non plus – les autres mesures législatives, mais elles ont encore le caractère de couvrir à peu près tous les sentiers d’activité d’une société moderne. Il y a des projets de loi d’ordre économique curieusement concentrés dans le secteur de l’énergie et des ressources, le nouveau Code de la construction pour la protection de l’énergie, le nouveau capital à SOQUEM, le nouveau capital à SOQUIP avec un mandat très précis et la permission pour la première fois d’aller nous approvisionner sur le marché international, ce qui, dans les circonstances, est loin d’être un handicap, mais plutôt un outil de plus pour la société québécoise.
Dans le domaine social, nous avons modifié et amélioré, je crois, la Loi sur le supplément au revenu de travail pour permettre à plus de citoyens de s’en prévaloir. J’oubliais le secteur économique. C’est peut-être parceque je suis député de centre-ville que j’ai tendance à l’oublier, mais je sais son importance pour plusieurs de nos concitoyens, c’est la Loi qui modifie la Loi sur le crédit forestier, qui a aussi pour effet de permettre, dans ce secteur important de notre économie, un développement accru à la suite de certaines représentations que nous avions reçues.
Nous avons ajusté, comme nous l’avions dit l’année dernière, c’était une surprise – on ne pensait pas avoir fait les pyramides d’Égypte intouchables – les dispositions législatives concernant la réforme de la fiscalité municipale. On avait dit, garanti, je l’avais répété ici même au moment de l’étude du bilan l’année dernière, que la réforme de la fiscalité municipale serait mise en pratique et que si, au bout d’un an, il y avait des retouches à faire, on les ferait. On les a faites et, je pense, à la satisfaction de tout le monde, puisque nous avons eu un vote unanime de l’Assemblée sur ce sujet alors que sous la loi 57 même, nous ne l’avions pas eu.
Ce sont à peu près en tout cas les autres projets de loi qui ont été déposés ces derniers jours et qui sont à être étudiés.
Sur le chapitre économique aussi, la loi adoptée hier soir de la Société générale de financement constitue aussi un nouveau capital à cette société qui, pour la première fois depuis deux ans, est une société d’État rentable. Cela devient d’autant plus intéressant d’ajouter à son capital, puisqu’elle contribue d’une manière indubitable au développement économique du Québec maintenant.
Pour la suite, le Code de la route est actuellement, au moment où je vous parle, en discussion et il devrait se terminer pour 18 heures en deuxième lecture. Vous savez que c’est un projet de loi très volumineux et qui touche aussi l’ensemble des citoyens. Cela n’a jamais été notre intention de l’avoir pour Noël. 572 articles seront étudiés en commission parlementaire à compter du 3 février par la commission des transports. Cela prendra le temps que cela prendra, mais je pense qu’il est important que tous et chacun en aient une parfaite connaissance.
Dans un si court laps de temps, il ne faudrait pas s’attendre à un bilan législatif beaucoup plus gros que celui que je suis quand même fier de vous apporter, parcequ’en vingt jours, on avait touché à un certain nombre de lois qui le nécessitaient et mis en place un certain nombre de réformes que le premier ministre avait annoncées dans le discours Inaugural.
Une voix: La Loi sur le cinéma.
M. Charron: La loi sur le cinéma, j’ai répété ce matin qu’elle n’ira pas en commission parlementaire. J’ai expliqué pourquoi. C’est que nous nous sommes précisément efforcés de n’inclure dans ce projet de loi que ce qui avait, lors des consultations publiques avec le milieu, alentour de ce qui s’appelait le livre bleu sur le cinéma, fait l’objet d’un consensus.
M. Charron: Tout ce qui était – Dieu sait que ce milieu là n’hésite pas à le dire bien
continuera à être étudié, mais n’est pas contenu dans le projet de loi. Quand on s’efforce de ne retenir dans un projet de loi que ce qui est un consensus, je ne vois pas pourquoi on prendrait la peine d’aller revoir à nouveau s’il s’agit toujours d’un consensus. Il reste quand même – je le dis franchement – des dispositions dans ce projet de loi qui vont, au cours des prochaines semaines, puisqu’il ne sera pas appelé avant la reprise de la session, susciter des commentaires dans l’opinion publique, des opinions personnelles ou des opinions de groupe; nous serons loin d’être sourds à ce genre de représentations, je suis moi même très ouvert à certaines représentations, sur certains sujets à l’intérieur de la loi sur le cinéma – je vais les écouter – mais je ne pense pas que nous ayons besoin d’aller en commission parlementaire.
M. Harris: La loi ne sera pas adoptée au cours de cette session?
haut – « divisif » dans ce groupe, tout ce
qui laissait plusieurs écoles de pensée différentes
M. Charron: Pas avant le mois de mars.
Une voix: Est ce qu’on peut savoir les autres commissions parlementaires?
M. Charron: Je me suis aperçu que j’ai oublié mon papier en venant ici. Il y a le projet de loi sur la constitution, il y a une vingtaine d’organismes qui ont demandé à être entendus, alors on les convoquera sans aucun doute quelque part vers la fin janvier. De manière très précise, autant que possible ce soir, j’indiquerai les dates de réunion de ces commissions parlementaires en janvier et février. Il y a la commission des transports, comme je viens de l’indiquer, sur le Code de la route et il y a l’importante commission de l’énergie et des ressources sur HydroQuébec, il y a la commission du travail et de la main-d’oeuvre à double mandat, d’abord le décret de la construction qu’elle doit regarder avant de proclamer et mettre en vigueur et, d’autre part, le droit de grève dans les secteurs public et parapublic, parceque nous avons l’intention de respecter cet ordre de la Chambre, comme le premier ministre l’a indiqué dans le discours inaugural. La plupart de celles là, je vous le dis tout de suite avant de donner les dates précises, auront plutôt lieu au début de février qu’en janvier puisque le règlement nous interdit de réunir les commissions parlementaires ou l’Assemblée avant le 21 janvier. Il faut plutôt s’attendre à ce que ce soit dans les premiers jours de février.
M. Gauthier Pour ce qui est de la troisième lecture du code, ce sera plutôt vers février que vers janvier?
M. Charron: Les tout premiers jours de février. J’espère encore qu’on évitera ce retour inutile.
M. Vernon: Ma question s’adresse peut-être plus à M. Lévesque comme premier ministre.
M. Descôteaux: Si vous avez des questions pour M. Charron, parceque j’aimerais
M. Vernon: C’est sur la reprise éventuelle de la session; c’est un ajournement?
M. Charron: La date à laquelle on avait convenu, M. Bédard et moi, on n’a pas eu le
temps de s’en parler depuis qu’il est revenu, j’ose la dire pour voir si ça marche, ce serait le
10 mars. Nous ajournerions…
M. Vernon: C’est une date pro forma comme toujours. On a le droit de l’avancer au besoin.
M. Charron: On n’a pas le droit de la reculer, c’est pour cela qu’il faut absolument que l’Assemblée se réunisse au plus tard le 10 mars. Il est entendu que, si jamais quelque chose se
présentait, au choix du gouvernement ou selon les urgences de la société, revenir à la mi-février, nous le ferions, mais au plus tard le 10 mars.
M. Saint-Laurent: C’est une question en anglais, M. Charron.
What is going to happen to bill 20, the proposed Cinéma Act?
M. Charron: The proposed Cinéma Act is first of all given to the public attention, as it has to be, for a good while, at least for two months. There would not be any parliamentary
bien…
nous obligeait à
committee on that because this bill has been written with consensus that has been made in this
they have something like two months, two months and a half, to make it heard through public media and the bill will not be called for second reading in the National Assembly before mid March, not before that.
M. Saint-Laurent: There has been a massive outcry in Montreal against one specific article of the bill, article 73, how will public opinion have to express itself to get this position changed?
M. Charron: For one, I will be very attentive to any letter to editors that will come on that topic in any newspapers and what will be said around it because I think that it is a point where the Government had to make up its mind on one thing and to propose it to the public attention before, but that does not mean that we are unable to move on that topic. We had to add something and to propose something in the bill.
We had to write something and to propose something in the Bill but before calling it and voting it, we will have time to change it if we need so.
M. Leguerrier. M. Charron, just before you leave, could you tell me if you are satisfied with the amount of legislation that was passed in the month of December.
M. Charron: Yes, because it was such a short time of session. The session was back on the 5th of November, we would have liked it to be back to work around the 24th or 25th of October but the Opposition asked to delay it to the 5th of November. They then asked that the debate on the inaugural speech was to last 25 hours instead of 20 hours, we agreed to that, so all of this had an effect that the time for the legislation was shorter then usual. In 20 days we made 20 laws. Some of them of importance In the economic gesture of Quebec and I am glad of this first part of the session.
M. Harris: Est-ce que la Loi sur les amendements de la Charte des droits et libertés de la personne est adoptée?
M. Charron: En mars. Pas avant mars.
M. Harris: Les quatre lois de M. Bérubé traitant sur l’énergie y compris l’isolation vontelles être adoptées?
M. Charron: Nous devrions normalement les avoir toutes les quatre ce soir. M. Harris: Toutes les quatre.
M. Descoteaux: Est-ce qu’il y a une raison pour laquelle, si jamais le projet de loi no 89 n’était pas adopté en troisième lecture, on n’attendrait pas la reprise de la session au début du mois de mars pour faire la troisième lecture?
M. Charron: parceque le consensus social là-dessus et les demandes vont beaucoup, plutôt, dans le sens contraire des représentations. C’est que depuis le matin, depuis qu’hier soir, à la
area of the society. But if public opinion agrees
or disagrees on one point, specially on this,
J
commission parlementaire, le député de Saint-Laurent a laissé entendre au ministre de la Justice que son parti hésiterait peut-être à donner son consentement aujourd’hui, un grand nombre de groupes ont communiqué autant avec l’Opposition qu’avec nous pour peser dans le sens contraire et dire: Non, au contraire, nous apprécions cette modification, nous apprécions la qualité du travail qui a été fait en commission parlementaire et terminez votre travail. S’ils refusent leur consentement, je ne peux rien y faire, mais nous en avons besoin pour terminer cette loi. Il est entendu que le gouvernement a plutôt l’intention de se rendre à la demande unanime. J’ai demandé à l’Opposition officielle ce midi, dans le discussion: Est-ce qu’un groupe quelconque, depuis les dernières heures, vous a dit: Je vous en prie, ne mettez pas la touche finale à ce projet de loi avant Noël? Au contraire, ils m’ont avoué que c’était une démarche contraire. Il nous apparaîtrait utile, d’en conséquence, en finir le plus rapidement possible. C’est une loi attendue depuis des années. Depuis 25 ans. Notre société l’a revirée sur tous les bords et sur tous les côtés. Il n’y a pas de raison de retarder plus longtemps. Cela va? Merci beaucoup.]

[M. Lévesque :] Je voudrais dire juste une chose, pendant que M. Charron est encore ici. Comme je suis un très grand parlementaire, vous savez, je suis parti avec beaucoup d’inquiétude, il y a une dizaine de jours, pour les Europes. Je crois qu’on peut remercier beaucoup le leader parlementaire, on le fera en Chambre, je pense que c’est non partisan, pour le travail qui a été fait de part et d’autre.
[M. Cowan: Est ce qu’il est possible qu’on ait une élection en hiver?
Cela fait partie des réflexions qu’on a normalement à la période des Fêtes pour voir comment l’avenir se profile à l’horizon, mais je n’ai pas la moindre Idée. Si j’avais même eu des discussions, des réflexions concrètes là-dessus, je ne sais pas si je vous le dirais, mais vous pouvez prendre me parole, il n’y en a pas eues. J’ai déjà dit qu’à partir du début de 1981, il n’y a pas de date qui peut être exclue a priori.
Une voix: Est-ce qu’on peut revenir au dossier de la SHQ? M. Saint-Laurent): M. Lévesque?]

[M. Lévesque:] J’ai l’impression que le climat est plutôt à le détente, même ici. Je pense que vous avez vous mêmes des engagements collectifs. Disons, au maximum, jusqu’à 17 h 15.

[M. Délisle: Vous étiez en Europe quand le ministre Tardif nous a révélé que c’était votre chef de cabinet qui avait conseillé l’engagement de M. Cyr à la SHQ. Est ce que je pourrais savoir les compétences particulières de M. Boivin en matière de construction ou de choix de personnel?]

[M. Lévesque:] Cela n’a aucun rapport. Je m’excuse, mais je vous réponds brutalement que cela n’a aucun rapport. M. Boivin a peut-être – mais, je ne m’en souviens pas; si M. Tardif s’en souvient, c’est sûrement vrai. Il n’y a rien d’impossible. Il n’y a
rien de prévu. Il n’y a rien de planifié.

communiqué la suggestion. Mais je le dis et je le répète pour la nième fois: J’étais au courant et j’étais d’accord. Cela aurait pu être n’importe qui qui aurait pris le téléphone, parceque le président de la SHQ demandait – c’était vraiment une demande expresse – d’aider à trouver quelqu’un qui pourrait essayer de corriger ce fouillis et quelqu’un qui devrait venir de l’extérieur, parceque personne ne pouvait avoir confiance – c’est aussi bien de le dire clairement – aux équipes internes de la SHQ qui avaient toléré et laissé passer comme des sapins, dans des conditions qui sont pour le moins troublantes, d’ailleurs, l’espèce de saloperie invraisemblable que représentaient ces 42 projets manqués.

[M. Delisle: Est ce que cela arrive souvent qu’il y a des présidents de sociétés d’État, comme cela, qui appellent au bureau du PM pour dire: Avez vous des noms à nous suggérer? Nous autres, on n’a pas de noms.]

[M. Lévesque (René):] Cela arrive régulièrement, d’autant plus que cela fait partie de nos devoirs d’État de suggérer et même, à l’occasion, de prendre des décisions. Vous le savez. Il y a – je pense que je vais être obligé d’attendre, parcequ’on n’a pas réussi à le compléter – des nominations à faire sur lesquelles on a demandé des suggestions. On a fourni les nôtres en ce qui concerne la Commission des droits de la personne, en ce moment. Cela va probablement être remis après les Fêtes. C’est constant. Aussitôt que c’est en dehors de la Fonction publique, et il y a plein de ces nominations sur lesquelles on fait ce qu’on peut, en conscience.

[M. Delisle: Mais dans le cas de la Commission des droits de la personne, ce sont les nominations en vertu de la constitution de la…]

[M. Lévesque (René):] Je vous donne cet exemple là…

[M. Delisle:…commission. Les nominations vous reviennent de droit à vous..]

[ M. Lévesque (René):] Je donne cet exemple là…

[M. Delisle: Dans le cas des entrepreneurs, Il me semble qu’il y a des règlements très stricts.]

[M. Lévesque (René):] Non, je m’excuse. Il n’y a pas de règlements très stricts. Il n’y en avait pas du tout et il n’y en aura jamais dans un domaine comme celui là. Il peut y avoir – et encore – des comparaisons d’expériences, si on veut. Il y a des gens qui nous reprochent essentiellement de ne pas avoir demandé de soumissions. Moi, je vous dirai une chose: Si vous vous donnez la peine de regarder le dossier – il a été déposé; je vous en souhaite, à part cela, ce sera intéressant comme étude – des 42 cas, il s’agissait d’aller littéralement à la découverte d’une sorte de malpropreté indescriptible, tout le long du chemin. L’équipe, finalement, qui a été constituée par M. Cyr, peu importent les critiques qu’on peut lui adresser sur les normes et procédures, a fait des découvertes invraisemblables.
Je vais vous donner un exemple bien simple – je ne sais pas si vous l’avez eu; c’est luimême qui me l’a compté – dans le cas de Trois-Rivières, je pense, les blocs de ciment sur le toit. On avait estimé, comme cela, à la SHO, que cela devait coûter $ 300,000 pour remplacer un toit qui, paraît il, allait s’effondrer et après trois ou quatre jours ou une semaine de blocs de ciment… Cela prend une sorte de cow-boy de la construction, mais c’est cela qu’il fallait pour démêler cela. Les blocs de ciment n’avaient pas réussi à faire bouger le toit, alors on a économisé $ 300,000 là-dessus et, sur celui là, je l’avais regardé comme il faut, parceque c’est un vrai roman-feuilleton. En même temps, on a découvert qu’il y avait des murs en tôle d’aluminium à l’intérieur où il y avait déjà plein de trous, parceque tout le monde qui se cognait dessus, cela créait automatiquement des bosses et des trous et cela n’avait aucun maudit bon sens comme décor de vie civilisée. Alors, on a profité de l’économie sur le toit – si j’ai bonne mémoire – pour essayer d’ajuster les murs.
Tout le long du chemin, c’étaient des découvertes comme cela. Si vous vous donnez la peine de regarder les dossiers, vous allez voir pourquoi, dans un cas comme cela, on peut difficilement demander des soumissions. J’ai déjà été ministre des Travaux publics et je me souviens d’un cas sur la rue Saint-Denis où il y avait le vieil édifice Saint-Vallier. On me disait: Peut-être que c’est réparable, etc. Voulez vous en faire des estimations? Finalement, quand tous les experts ont passé, on a dit: C’est mieux de le sacrer par terre et de construire quelque chose de nouveau. Tu ne sais jamais dans quoi tu t’embarques quand tu répares.
Même s’il y avait 25 fichiers, il faudrait quand même faire des choix dans des cas comme
cela.

[M. Gauthier. M. Lévesque, compte tenu des contrats – on est rendu à $ 31,000 accordés au fils de M. Cyr et à sa…]

[M. Lévesque (René):] Je m’excuse…

[M. Gauthier Mais ce que je veux dire, c’est qu’étant donné…]

[M. Lévesque (René):] Je vais vous avertir tout de suite que vous ne m’entrerez pas dans la plomberie. Je ne la connais pas en détail.

[M. Gauthier. Je ne veux pas entrer dans la plomberie.]

[M. Lévesque (René):] Posez une question générale, d’accord.

[M. Gauthier. C’est cela. Étant donné que vous avez votre mot à dire dans le choix des présidents de sociétés d’État, est ce que vous accordez encore votre confiance à M. Couture, malgré tout cela?]

[M. Lévesque (René):] Je n’ai pas de raison. J’ai parlé avec M.Tardif avant de partir en voyage. Je lui ai reparlé hier pour faire le point avec lui – évidemment, avec tous les sparages qu’il y a eus pendant une semaine – et je n’ai pas vu de raisons et M. Tardif ne m’en a donné aucune, d’avoir des doutes sur l’intégrité – de façon générale – sur la compétence du président de la SHO. Si vous en avez, vous me le direz.

[M. Harris: J’ai deux questions à poser.
Je pense que, dans l’Assemblée nationale – je ne peux pas citer vos mots exacts, parceque je ne les ai pas devant moi – vous avez dit que M. Guérin n’a jamais eu même un sou.]

[M. Lévesque:] Non, j’ai dit que je serais surpris s’il avait eu un sou de fonds publics sousentendus, parceque tout le monde parlait de patronage et de caisse électorale, d’une façon qui ne serait pas absolument correcte, mais je ne le savais pas, je l’ai dit en Chambre, je m’en souviens. J’ai dit: Je vais faire vérifier. Vous l’avez la vérification. Vous vous arrangerez avec cela.

[M. Harris: Deuxième question, je pense que vous avez répondu, mais j’aimerais la poser d’une façon différente.
Le mot « patronage » revient dans le vocabulaire politique ces jours ci. Pour vous, s’agit il d’une question de patronage comme tel? parceque , quand on dit que M. Boivin a suggéré M. Cyr, qui est connu comme étant du Parti québécois, cela laisse l’impression dans le grand public, en général, que c’était une question de patronage purement et simplement.]

[M. Lévesque :] Non, moi, je ne crois pas. Je crois que, quand on nous a demandé d’urgence s’il y avait quelqu’un qu’on pouvait suggérer et non pas imposer, ils ont même fait un test sur un certain nombre de dossiers; à partir de là, on n’en a plus entendu parler quant à nous, jusqu’à ce que M. Lalonde commence à faire ses ballounes en Chambre. Moi, je crois qu’on ne peut pas appeler cela du patronage, c’était vraiment un cas d’urgence et on a suggéré un nom. On a bien dit à la SHQ: Si vous en avez des meilleurs, trouvez les, parceque vous nous demandez d’urgence: Est ce qu’il y a quelqu’un à l’extérieur? On a dit, il y a cela.

[M. Harris: Quand la suggestion vient. du bureau du premier ministre, c’est plus qu’une suggestion.]

[M. Lévesque :] Écoutez, tout ce que je peux vous dire, c’est: Concluez donc comme vous voudrez. Ce n’était pas plus qu’une suggestion.

[M. Harris: D’accord.
M. Cowan: Peut-être que si je peux revenir à une question que M. Delisle a posée tantôt là-dessus, bon, on s’est adressé à vous, pas pour faire concurrence aux équipes intérieures…]

[ M. Lévesque :] C’était un fait.

[M. Cowan: Mais dans une affaire comme cela, est ce que cela n’aurait pas été plus normal pour le président de la société de s’adresser – je ne sais pas – au ministère des Travaux publics ou à un des ministères spécialisés?]

[M. Lévesque:] Vous demanderez à M. Couture s’il ne l’a pas fait, moi, je ne le sais pas. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on s’est fait demander une suggestion de l’extérieur: Est ce que vous connaissez des gens qui font cela? On a dit: Oui. Cela a été discuté. On avait le nom de M.Cyr, on le connaissait comme un gars qui s’était spécialisé en rénovation et en réparations, entre autres choses. On a dit: Il y a celui là. Si vous voulez le rencontrer, cela n’empêchait pas d’aller chercher ailleurs.

[M. Van de Walle: M. Lévesque, si je peux changer de sujet?]

[ M. Lévesque:] Oui, oui.

[M. Van de Walle: À la fin du débat sur toute la question constitutionnelle, vous aviez annoncé que l’Assemblée nationale serait appelée à se prononcer sur le droit du Québec à l’autodétermination et sur une société distincte. Moi, je voudrais savoir si cela s’est précisé avec le temps, à quel moment cela devrait se faire et quelle forme cela va prendre?]

[M. Lévesque:] Il est évident, il y a une chose qui est évidente, c’est qu’après le débat qu’il y a eu sur la motion où on n’a pas réussi à obtenir l’unanimité, hélas! je pense que M. Charron l’a dit tout à l’heure, il fallait absolument quand même revenir – parcequ’ils ont exigé 25 heures de débat sur le discours inaugural par-dessus le marché – au plus vite au budget supplémentaire et à la législation. Ce que j’ai annoncé, ce n’était pas à l’horizon d’avant Noël, je pense que cela aurait été considéré presque insensé de faire un débat de nouveau là-dessus, avant l’ajournement, qui est aujourd’hui, et d’autant plus, l’urgence a quelque peu diminué, parceque le train de M. Trudeau, son train constitutionnel, a déraillé jusqu’en février.
En temps et lieu, je suis obligé de vous le dire comme cela, Il y a deux sujets qu’on essaie, actuellement, d’arrimer d’une façon qui peut prendre une forme qui n’est pas nécessairement un projet de loi ou une motion – enfin il s’agira de voir – les deux sujets seront placés, non seulement devant l’Assemblée nationale mais devant le public, c’est-à-dire le caractère de société distincte du Québec et la réaffirmation, qui paraît utile, dans les circonstances, de son droit fondamental à l’autodétermination.

[M. Van de Walle: Pour compléter…]

[M. Lévesque:] Oui. Je ne peux pas présider là.

[M. Van de Walle: Dans votre esprit, puisque les principaux partis politiques québécois reconnaissent ces deux éléments, à quoi cela servirait que l’Assemblée nationale se prononce làdessus?]

[M. Lévesque:] Écoutez, il y a peut-être des gens qui ne sont pas ici à Québec. D’abord, ce serait bon de voir si les deux partis, parceque , moi, je suis convaincu que, enfin, il y a trois partis, et j’étais convaincu que les trois partis seraient d’accord sur le genre de motion qu’on avait présentée et vous avez vu les résultats.
Cela reste encore à vérifier. C’est une vérification importante pour les citoyens du Québec de savoir comment se comportent leurs partis politiques.
Deuxièmement, il y a aussi des gens dans une autre capitale qui, je crois, auraient grand avantage à se faire réaffirmer des choses fondamentales comme cela. M. Trudeau n’a pas perdu, je pense, les idées qui étaient dans son fameux projet de préambule, vous vous souvenez, qu’il avait mis sur la table au mois de juin et qui escamotait littéralement l’existence collective du Québec.

[M. Saint-Laurent: Mr premier, at the question period this morning, the liberal Fernand Lalonde said that, when you personally accepted responsibility for what Mr Boivin did in the hiring of Luc Cyr, you destroyed the last bit of integrity that the government had left and that you should call an election.
M. Lévesque: Now, Mr Lalonde is one of the most ill-placed characters to say things like that and I will not go any further. As far as Mr Boivin Is concerned, as I said in the House and I repeat it, I was not only aware but In agreement with the fact that if Mr Tardif remembers it that way, I suppose that is the way it was. I did not know who phoned Mr Couture at the Housing authority, but I was in agreement, because it was someone that we could suggest from good knowledge of his experience, especially in a field which is not that familiar to all contractors; I would say, in a field of repairs and « rénovation ». So, It made sense and that was it. It was suggested. The results, I think, are basically good, as far as saving money for the taxpayers is concerned. Some irregularities, I think, are pretty prevalent in private enterprises, you know tying in family and all that, merely something that can be criticized and was criticized, that is it. As far as anything illegal can be concerned, if there is anything – there have been allegations over the last few days – they have been sent immediately to the Justice Department. Anything in that vein would take exactly the same road and just as quick. We are not there to cover up anything, the job has been done basically right and saved $ 2,000,000, as far as I know, to the tax-payers.
M. Saint-Laurent: So, what- ate ‘the dhanc`es « of there » being -a’ general election called before the National ‘Assembly recorrvé~nos in Maf•ch?
;..i .
M. Lévesque: I do not know. As I -said in ‘French• a ‘few• moménts ago, I am not sure. I would tell you if .• we ‘have had any ddtalléd discussion among -üs, among ourselves about that subject, but I can tell you •- you ban take’my word fbr it – we- have, not had any and there will not • be any before after thé Christmas and New Years » holidayi. But, as I said and I repeat it, anytime in 1951 can be considered as potential election period,’but no choice has been made.
M. Le Guerrier. Just a couple of brief questions on two other subjects. Mr Ryan said that the past two months were lacking as far as new legislation is concerned. I would like your views on these last two months we have seen.
M. Lévesque: Well, bearing In mind the fact that they themselves insisted on 25 hours instead. of 20 for the inaugural speech debate, bearing in mind the fact that they extended in a rather, I think, basically repugnant way the debate on the motion about constitutional matters, something like an average of 20 pieces of legislation in all fields, some of it major, some
minor, in 20 days of actual parliamentary work is rather something. In case you have not
noticed, I think two minor pieces of legislation since the beginning of the Fall have been passed in another Parliament we have to pay for in Ottawa too. And things as important as the Bill about the right of the public to government information which has been hanging fire ever since first reading in July and the legislation about the courts which has been sitting there for months and months on end are all blocked, nothing is moving in that other place, as they say in Britain. And the sum totals, if I am well informed, by the time they adjourn for Christmas, there are going to be two minor pieces of legislation, everything else paralysed.
So, I think, you know, if you compare, it is a good performance.
M. Le Guerrier. One more – Just another second – a small question. You mentioned in the House, this morning, that you had a conversation with the premiers before you left for Paris and there was a reference to a possible comprise…
M. Lévesque (René):…a couple or three days before. I cannot remember exactly.
M. Leguerrier. There was a reference to a compromise formula. What would that compromise formula be?
M. Lévesque (René): Well, the thing that has been broached on that subject would be in this form, tentatively, and we will not make any decision on that or have any elaborate discussions. There may be some In the preliminary context, but not before the beginning of February, when we see exactly how Mr Trudeau’s rather unconscionable constitutional express train comes or does not come to the final station in Canada before leaving for overseas. So, it would be in February. There will be a meeting – that is set – In January, after the Christmas holidays, of Ministers and interested provinces that are responsible for intergovernmental or constitutional affairs. What has been advanced, as a possible compromise formula would be pure and simple patriation – that no one, basically, Is against – of the old document, plus – and that is a big « if’ – if there Is any kind of possible agreement, a definite agreement of an amending formula that everybody could live with, because the one that has been proposed in Mr Trudeau’s package is something out of this world. Nobody could live with that for long.
That could be the possible compromise to dicuss. As far as Québec is concerned, this would mean a very big compromise on traditional positions. You know, patriation was supposed to be, if not the crowning achievement of any kind of renewed « federalism », at least, a renewed federalism would be well enough on the rolls that everyone could have confidence in the ongoing process. To remit damages, Implied in Trudeau’s package, could be a sort of compromise that would have to be discussed. But, we will not touch that before some time, late in January, or at the meeting of the premiers in February.
Mme Clark: M. Lévesque, est ce qu’on pourrait simplement vous demander où…
M. Lévesque (René): For the moment, compromise should come from Ottawa, and fast.
Mme Clark: Où est ce que vous allez pour faire vos réflexions au temps de Noël?]

[M. Lévesque (René):] Je ne sais pas.

[Mme Clark: Mais vous ne prenez pas de vacances?]

[M. Lévesque (René):] Oui, c’est-à-dire, on va prendre quelques jours de repos, en tout cas, au moins. D’abord, le Parlement va être ajourné et, deuxièmement, au moins une semaine – à moins qu’il y ait des urgences qu’on ne peut pas prévoir – il n’y aura pas de Conseil des ministres. On va faire un Conseil des ministres complet lundi, le 22. Ensuite, on va ajourner jusqu’après le jour de l’an, enfin, le lendemain ou le surlendemain du jour de l’an. On va se donner une semaine ou dix jours où cela va nous permettre de regarder un peu les choses qu’on n’a pas eu le temps de regarder avant et peut-être relaxer un peu comme tout le monde.
Pour l’instant, je sais que je peux retourner à Montréal tranquillement, chez moi et si une idée mirobolante arrive dans le genre ski ou quelque chose comme cela, peut-être que j’en profiterai, je ne sais pas.

[M. Cowan. On peut écarter Old Orchard.]

[M. Lévesque (René):] Cette saison ci, oui. On peut écarter le Sud aussi parceque je n’aurai pas le temps. .

[M. Descôteaux: Est ce que peux vous demander, M. Lévesque, en terminant, pour. faire un bilan rapide de l’année sur le plan politique…]

[M. Lévesque (René):] Des espèces de capsules qu’on invente, comme cela. Moi, je vous dirais très simplement ceci – mais je suis obligé de penser presque tout haut – c’est une année qui a été extrêment stressante, très tendue, pour nous surtout – on n’a pas besoin de faire de dessins – pendant les six premiers mois, à cause du référendum, la campagne qui, dans un sens, a duré quasiment tous les premiers mois de l’année, jusqu’au mois de mai. Inutile de vous dire qu’on était, comme ils disent dans la boxe, plutôt « groggy », après le référendum, très décus. Cela a été assez dur de remonter le moral, le nôtre, d’abord, et celui de tout le monde, de notre côté. Ensuite, Il a fallu se plonger – cela a été extrêmement confus et dur – tout l’été dans les pseudo négociations de M. Trudeau et vous savez les résultats.
D’une certaine façon, l’extraordinaire mauvaise foi et le côté buté et irréaliste des projets fédéraux, si je voulais être cynique et faire de la politique du pire, je dirais que cela a été quand même une sorte d’occasion, une sorte de nouvelle mobilisation différente, évidemment, de l’autre.
Pour la plupart des gens, en tout cas, de qui j’ai eu les réactions, cela a vraiment servi à relancer la question fondamentale du statut politique du Québec, si vous voulez, mais d’une autre façon, bien sûr. Comme cela se présente en ce moment, à la veille des Fêtes, toutes les indications que nous avons c’est que, sans se réjouir de ce que Trudeau a fait, ça et pas mal d’autres choses ont fait que, à mesure que les mois passent, la polarisation réfédérendaire qui était en grande partie artificielle, à grands coups de propagande, est en train de s’en aller, de s’émietter peu à peu. Moi, cela me donne confiance aussi pour les échéances électorales qui vont venir. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant. Pardon?
[M. Gauthier. Est ce que votre sondage est terminé?]

[M. Lévesque:] Celui qui était en marche en décembre, oui.

[M. Gauthier. Cela donne quoi?]

[M. Lévesque:] Cela donne ce que vous savez: 72% des francophones du Québec sont opposés au projet fédéral et à peine 13% l’appuient. Cela donne aussi d’autres renseignements, mais comme d’habitude on va les garder pour nous, si vous permettez. Ce ne sont pas des instruments de publication, ce sont des instruments de travail. Je crois que c’est important et il est assez curieux que, deux jours après, on ait eu le sondage Gallup qui correspondait exactement parceque si autour de 70% des francophones sont contre le projet Trudeau, cela explique très clairement que 55% au Québec soient contre le projet Trudeau, quand on sait que le groupe anglophone est assez massivement collé au statu quo ou quelque chose de plus statu quo que le statu quo. Écoutez, si vous le permettez, je vais souhaiter un Joyeux Noël et une Bonne année à ceux que je ne reverrai pas. À vous autres, je vous le souhaite sur tous les plans. Mme ChaputRolland m’a accroché tout à l’heure et on s’est souhaité une Bonne année, mais je lui ai dit: Bonne année sur tout excepté une chose.

[(Fin de la conférence à 17 h 22)]

[QLévsq19801219cp]

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