[Conseil des ministres spécial- Manoir Richelieu, Pointe-au-Pic.]
Vous m’excuserez de vous avoir fait attendre un petit peu. Ça a fait du bien quand même de pouvoir se détendre à bord du bateau … nous en tous cas ça nous a fait du bien parceque ça faisait deux jours et demi qu’on travaillait sur des sujets qui ne sont pas parmi les plus faciles, c’est-à-dire tout ce qui dans la complexité invraisemblable des sociétés d’aujourd’hui affecte la situation économique et sociale.
Pour nous, cette réunion de deux jours a été, je dois dire, extrêmement pleine de lucidité, de perceptions extrêmement claires de la situation, y compris ses côtés sombres, de franchise et puis aussi tout un jaillissement d’idées et de projets. On a même en réserve beaucoup de notes pour étayer cela , au moins trois pages qui sont simplement l’énumération des idées, des projets qui ont été évoqués pendant ces deux jours et demi.
Cela a commencé c’est normal, je vous l’avais dit dès le début, par cet exercice inévitable que l’on fait, je pense que tout le monde fait ça, c’est un peu comme les retraites fermées qu’on faisait au collège à la rentrée une fois ou deux par année c’est-à-dire faire le point: où est ce qu’on en est?
Tout d’abord évidemment en scrutant le mieux possible l’action du gouvernement, les résultats qu’elle a pu avoir dans le domaine de l’emploi, du développement économique ou de la reprise économique comme on dit couramment, surtout depuis six mois c’est-à-dire depuis les orientations très précises du plan de relance qu’on s’était donné au Mont Ste-Anne au mois de mars si j’ai bonne mémoire. On a constaté que plusieurs – un bon nombre en tous cas sûrement des éléments majeurs de ces décisions du mois de mars et qui ont été non seulement suivies mais réalisées le mieux possible et intensément depuis la fin du printemps, que cela a donné des résultats.
Tout le monde sent qu’il y a un climat de reprise dans l’économie en ce moment et sûrement c’est dû à beaucoup de facteurs dont certains, on le sait tout le monde, sont extérieurs. Par exemple l’état de santé de l’économie américaine, également la confiance qui revient dans le milieu qui sent un peu partout au Québec, comme je pense que c’est de plus en plus vrai en Amérique du Nord, que le bout du tunnel n’est pas loin maintenant. Mais je crois qu’il n’a pas été indifférent – en tous cas nous nous le croyons qu’il n’a pas été indifférent dans tout ça que le gouvernement travaille d’arrache-pied aussi fort qu’il l’a fait depuis six ou huit mois. Cet effort, cette action gouvernementale a affecté des résultats entre autres ceux de la création d’emplois: depuis le début de l’année il y a eu proportionnellement beaucoup plus d’emplois retrouvés ou crées au Québec que dans le reste du Canada, les chiffres du mois d’août c’est 85,000 emplois pour le Québec depuis le début de l’année c’est-à-dire 1/3 de tout le total canadien.
Cela a affecté aussi, je pense, cette action gouvernementale – là je ne pense pas j’en suis absolument sûr – tout le domaine, on dit toujours même si ce n’est pas nécessairement totalement vrai que quand le bâtiment va tout va, tout le domaine de la construction domiciliaire. Le Québec, et je pense que ça c’est assez saisissant, le Québec a vu une augmentation de 74% des mises en chantier dans le domaine résidentiel. Récemment l’Ontario a eu une augmentation de 25% et l’ensemble pan-canadien de 8%, je pense que cela suffit pour montrer de façon dramatique ce que cela représente, c’est-à-dire neuf fois plus au Québec que dans l’ensemble canadien, puis trois fois plus qu’en Ontario. Et un des facteurs, pas un des facteurs mais le facteur déterminant, cela a été cette opération extraordinaire, sans précédent, qui est Corvée-Habitation, qui vient de célébrer son premier anniversaire et qui a été responsable, on peut dire directement, d’à peu près la moitié de ces mises en chantier.
Et puis il y a également l’accélération de l’investissement industriel et cela a toujours été – tous les analystes ou les observateurs de la situation nous le disentle secteur problème enfin le secteur qui est le plus fragile au Québec, où on a beaucoup de pain sur la planche pour rattraper un certain déclin dans certains de nos secteurs industriels et puis émerger là le mieux possible dans un nouveau dynamisme de production, de fabrication. Par exemple la politique très précise de rabais d’électricité a permis deux énormes investissements qui sont comme vous le savez ceux de Reynolds sur la Côte Nord, à Baie Comeau, et de Péchiney qui sera le plus gros investissement industriel qu’on ait vu jusqu’à présent au Québec et dont le chantier est ouvert. Je dois dire que dans ce domaine qui touche directement l’aluminium ce n’est pas fini, je ne peux pas en dire davantage mais ce n’est pas fini, il se confirme de plus en plus que – et vous allez peut-être en avoir des illustrations dramatiques d’ici quelques semaines seulement se confirme de plus en plus que si on joue bien nos cartes qui sont des cartes d’une extraordinaire importance du côté de l’énergie, ça va devenir de plus en plus vrai que le Québec avec l’Australie c’est aux antipodes et le Brésil, va être un des grands pays producteurs de l’aluminium qui est quand même un message d’avenir, dans n’importe quelle économie le moindrement dynamisme. Il y a également $ 90000000 de projets, 4 projets pour l’instant, et là non plus ce n’est pas fin, que certaines politiques de subvention, d’accélération des investissements ont réussi à faire surgir, ou à accélérer dans le domaine minier et je pourrais en citer d’autres exemples mais c’est peut-être ceux les plus concrets, les plus faciles à saisir immédiatement.
Cela dit, une fois qu’on a eu fait le tour de cela puis qu’on s’est dit: cette orientation pour ces grands éléments d’impulsion économique elle est bonne dans l’ensemble et il n’est pas question de commencer à virailler en disant: ce qui va bien on va tout le changer. Cela dit, il reste beaucoup de travail à faire, beaucoup, beaucoup. Il y a 14% de chômeurs au Québec, chômage officiel, ce n’est pas acceptable on le sait tous mais enfin quand on a fini de dire ça qu’est ce qu’on peut faire? Si on veut vraiment rétablir la situation puis, si vous me passez l’expression, redynamiser le développement du Québec il y a un défi qui est énorme et qui va exiger, qui exige déjà et je pense que tout le monde doit le comprendre ça parceque le gouvernement ne peut pas être tout seul à faire face à des défis, loin de là, un défi comme probablement jamais on en a connu dans l’histoire du développement du Québec. Un exemple simple, et aussi bien se le dire comme c’est, on est autour de 14% de chômage, officiel, homologué. Pour réduire ce chômage à
107. d’ici trois ans et Dieu sait que ce n’est pas imaginer le Pérou – il faudra, il faudrait – espérons qu’on peut dire il faudra – il faudra créer 125,000 nouveaux emplois chaque année. Alors pensez à ça et pensons que ça implique immédiatement qu’il y a beaucoup de gens qui vont être obligés de mettre la main à la pâte et pas seulement l’équipe du gouvernement.
Quant à nous en tout cas on va faire l’effort maximum parceque c’est le genre d’effort qui est autrement exaltant que les défis qu’on a eu à relever pendant les deux années du plus creux de la crise. C’est comme des gens ont dit: gérer la décroissance parcequ’ elle était fatale pendant le temps que ça durait, gérer le moins mal possible la sorte de compression tragique des ressources disponibles qui s’est produite depuis l’été de 1981 jusqu’à ces derniers temps, ce n’est pas un cadeau, il a fallu faire face à ça, je pense tous les gouvernements ont eu à faire face plus ou moins vite, plus ou moins intensément c’est le même genre de défi et c’est évident que ce n’est pas ce qu’il y a de plus inspirant mais ça fait partie d’un devoir d’Etat quand on est pogné dans une crise comme celle là.
Au plus creux de tout ça on avait l’impression que les coupures dont on parlait c’était presque des coupures de l’espoir lui même, on le sentait dans le paysage. Désormais on a l’impression que c’est un chemin montant qui est devant nous mais ce chemin montant il ne sera pas facile, il va être exigeant comme jamais et c’est dans ce climat qu’on sent nous autres aussi qui est un climat de reprise, dans cette perspective où de nouveau les horizons commencent à s’élargir – ils ne sont pas bouchés comme ils l’étaient jusqu’à il n’y a pas longtemps – qu’on a tenu ces deux jours de réunion. Et comme je disais il y a une foule – et le climat stimule à ce point de vue là – il y a une foule sans précédent d’idées, d’amorces de projets, de projets déjà mâchés, d’hypothèses de travail qui ont été mises sur la table et d’ailleurs ça complétait un travail de prospection du même genre qui avait été fait par un certain nombre de députés à Catineau quand on a réuni le caucus il y a quelques jours.
Seulement même si dans beaucoup de cas il y a des idées vraiment renversantes d’originalité et en même temps de bon sens, un peu comme l’oeuf de Christophe Colomb, ce n’est pas en deux jours qu’on peut raccorder, arrimer tout ça pour que ça donne une action efficace parcequ’ on ne peut pas s’en aller émiettés comme le cavalier de Mark Twain qui montait sur son cheval et qui s’en allait dans toutes les directions en même temps. Il faut que ce soit centré, parceque si ce n’est pas centré, coordonné convenablement on risque toujouts de ne pas employer au maximum les ressources, les énergies qui sont toujours comptées, parceque je pense que je vous l’avais dit quand on est arrivé – comme toute la société, comme les problèmes qui sont extraordinairement complexes les solutions ça ne peut pas être des recettes magiques dans le genre voici l’alpha et l’omega des solutions. Il va falloir que ce soit, excusez l’expression, un «kit» comme on en a fait un au printemps mais qui élargisse et approfondisse les efforts et introduise des notions nouvelles et ça c’est complexe. Alors il nous faut une feuille de route à travers tout ce qui a été évoqué puis ce qu’on veut aller chercher aussi dans le milieu. parceque le gouvernement ne s’imagine pas qu’il a la vérité révélée, il nous faut un peu de temps pour ajuster ça. Alors le conseil des ministres a décidé non pas de clôturer sa réunion spéciale mais de l’ajourner jusqu’à la fin d’octobre ou début novembre tout en maintenant puis en intensifiant – puis ça c’est au jour le jour, aujourd’hui comme demain tout ce qui est valable et productif dans l’action des six derniers mois puis les orientations qu’on s’est donné. Il n’est pas question de dire on fait un iholdr on met ça sur une tablette, tout ça doit continuer tout ce qui a été prouvé valable mais il nous faut aussi mettre au point pendant ce temps là d’ici six ou sept semaines cette feuille de route dont on a besoin. Alors on a constitué deux groupes de travail, [ «task-force»] si vous voulez, qui vont remplacer jusqu’à nouvel ordre le comité de priorité et que votre serviteur va présider.
Le premier c’est sur l’emploi, l’économie bien sûr, enfin tous les éléments qui sont là, que vous connaissez aussi bien que moi avec un accent particulier sur le problème des jeunes. I1 y a déjà certains éléments d’action qui sont en train de se mettre en marche mais enfin on sait qu’il y a des dizaines de milliers de jeunes qui ont absolument besoin d’un effort encore plus intensif et plus rapide, alors ça va être un des points sur lesquels on va mettre
l’accent comme jamais. Ce comité, ce [«task-force»] si vous voulez, comme on dit en anglais, sera composé avec votre serviteur de monsieur Parizeau, monsieur Marois, monsieur Bérubé, monsieur Johnson, monsieur Duhaime et madame Pauline Marois. Ça c’est pour essayer de nous centrer une feuille de route pour idéalement deux ans,
ce qui est à peu près l’horizon auquel on fait face comme gouvernement mais en tous cas sûrement comme première étape avec un déclenchement au maximum de toutes les ressources disponibles puis des meilleures idées qui peuvent se greffer à ce qui est déjà en marche d’ici la mi-novembre à peu près.
Et par ailleurs comme laquestion nationale, pour employer l’expression courante, c’est la constitution, l’évolution de tout ce dossier là, c’est ce que ça touche dans l’économie, c’est intimement relié à l’économie on le sait, vous avez seulement à examiner le mandat de la commission MacDonald pour voir à quel point c’est terriblement relié ces choses là. Alors comme la question nationale est au coeur de nos préoccupations – et éventuellement on va revenir au coeur de toutes les préoccupations de l’opinion publique même si ça ne parrait pas dans le contexte actuel – il y aura un autre comité ministériel que je vais présider également sur l’ensemble de cette question de l’avenir national et de la situation de la société, son identité aussi, afin de mieux intégrer aussi, que tout cela se rejoigne à la mi-novembre, de mieux intégrer cette dimension à notre action des deux prochaines années. Ce comité sera composé de monsieur Morin, du docteur Laurin, de monsieur Bédard, de monsieur Landry, de monsieur Garon et de monsieur Michel Clair.
Il va falloir que ces deux comités et certains, évidemment tous nos collègues vont être appelé à l’occasion à donner un coup de main et leur éclairage sectoriel particulier parcequ’ on va tirer sur tout le monde, mais ces comités devront avoir terminé leur travail l’un et l’autre avant la reprise du conseil des ministres spécial parcequ’ il pour idéalement quelques mois et même deux ans comme perspective, vers la fin d’octobre donc au début novembre. Il va y avoir également un effort spécial, je ne vous le dessinerai pas
aujourd’hui parcequ’ il ne s’agit pas d’inventer le monde mais de voir qu’elles sont les
meilleures occasions les plus rapides possibles pour consulter tous nos principaux partenaires sociaux-économiques parcequ’ évidemment ce n’est pas le gouvernement tout seul qui peut assumer les tâches qui se profilent à l’horizon. On n’a pas la vérité révélée puis Dieu sait qu’on n’a pas tous les moyens qu’il faut non plus pour rejoindre les milieux concernés. Il va falloir comme on dit qu’on tire sur les autres, et tirer dans le sens de demander et en fait je profite de l’occasion pour le demander: tous ceux qui pensent qu’ils peuvent donner un coup de main, qui ont des compétences particulières dans le contexte actuel, il y en a beaucoup dans le Québec qui croient qu’ils peuvent être utiles dans cet effort qui est celui de la collectivité et représentée par le gouvernement. S’ils veulent donner un coup de main on ne demande pas mieux, des idées mais également des rencontres qu’il va falloir organiser très rapidement.
Dans ces circonstances et je pense que c’est logique parceque sinon on s’émietterait et je ne crois pas qu’il y ait péril en la demeure, nous avons décidé de reporter de quelques semaines, à peu près un mois, jusqu’à la minovembre la reprise des travaux parlementaires qui était prévue pour la mi-octobre.
En terminant je dois dire deux choses: il y avait un climat d’équipe, d’équipe je ne dirais pas reconstituée parceque ce sont les mêmes personnes autour de la table mais d’équipe renouvellée, on aurait dit, dans sa façon de voir les choses parcequ’ il y a à la fois un sentiment d’urgence puis dans cette urgence il y a quelque chose d’encourageant qu’on n’avait pas vécu depuis deux ans, c’està-dire un climat qui a maintenant du ressort et on le sent autour de nous. Donc cette équipe restera la même, je regrette pour les fabriquants de remaniement, cette équipe restera la même au moins tant que nos conclusions sur nos perspectives d’action et tout ce qu’il faut dessiner et pousser concrètement, tous les contenus qui doivent ressortir de ces six ou sept semaines de travail tant que tout ça n’aura pas été établi il n’est pas question de remaniement peut-être pas à ce moment là non plus. Une chose est certaine c’est qu’on peut ranger ça sur les tablettes si vous voulez bien, pendant un certain nombre de mois parceque le jeu des chaises musicales, je sais qu’il y en a qui pensent que j’ai de la misère à remanier quoi que ce soit, le jeu des chaises musicales là j’ai toujours trouvé que c’était un jeu plutôt puéril, Et quant à votre serviteur lui même tout en remerciant tout ceux qui ont…
Je vous remercie beaucoup, si vous avez des questions…
[Question: Monsieur Lévesque vous avez parlé au début de 125,000 emplois par année, si j’ai bien compris c’est le nombre d’emplois qui est nécessaire pour maintenir…]
[M. Lévesque:] Je regrette qu’on n’ait pas eu … comme c’est un rapport d’étape qu’on vous fait, le vrai rapport je pense définitif – enfin aussi définitif qu’on peut le dire dans les affaires humaines – sur l’action qu’on entend accentuer et renouveller là où ça paraît devoir être renouvellé, ça va être fin octobre, début novembre, on n’a pas préparé de communiqué on n’a pas eu le temps alors, je ne voudrais pas qu’il y ait de confusion. J’ai mentionné 125,000 emplois comme un exemple de ce qu’il faudrait, vous vous souvenez peut-être de quelqu’un qui avait comme slogan: 100,000 emplois. Il faudrait 125,000 emplois par année, nouveaux, pendant trois ans pour réduire de 14 où il est actuellement (C’est le chiffre officiel) à à peu près 10% – plus ou moins 10% – de chômage au Québec. Alors ça donne simplement une idée de l’ampleur du défi qui est devant notre société.
[Question: Est ce que c’est un objectif que vous vous fixez?]
[M. Lévesque:] Écoutez , je viens de le dire. Il y a déjà des gens qui se sont fait des slogans avec des objectifs numérotés qui étaient parfaitement artificiels. Non, ce n’est par un objectif qu’on se fixe sauf dans le sens suivant, c’est que tous les efforts doivent converger pour réaliser des choses comme ça. Maintenant comme on ne dépend pas uniquement de nos efforts, je pense que j’ai répété deux, trois fois à quel point cela demande – je pense que ça va demander – un effort collectif probablement sans précédent si on veut vraiment avancer et ne pas se contenter de dire «bon bien écoutez, le crise, le pire est passé puis on revient à la normale». Ce n’est pas normal 14% de chômage.
[Question: Mais avec 85,000 emplois qui sont déjà créés au Québec cette année, ce n’est pas un objectif qui est immense à atteindre…]
[M. Lévesque:] Non mais soyons de bon compte. 85,000 emplois avec tous les efforts qui ont été faits mais qui étaient pendant les mois où c’était encore le plus creux, c’étaient des emplois dans pas mal de cas qui étaient des emplois temporaires il faut bien l’admettre, ça n’a jamais été caché c’est-à-dire un total de 85,000 emplois en gros dont une bonne partie sont maintenant des emplois retrouvés de plus en plus, c’est-à-dire qu’il y a des rappels, vous le savez aussi bien que moi que des entreprises rappellent des gens qu’ils avaient dû mettre à pied. Dans le domaine commercial aussi c’est la même chose. Donc tout ça c’est un total qui est statistiquement officel de 85,000 emplois mais là ce à quoi il faut penser c’est au maximum. Tout en maintenant des programmes de création d’emplois, on va travailler là-dessus, d’ailleurs ce n’est pas une grosse annonce mais on a finalisé pour les quelques mois qui viennent jusqu’à la fin de l’année, une trentaine de millions de plus dans les programmes de création d’emplois, comme le bon
d’emploi pour les jeunes parceque ça la demande dépassait les disponibilités et aussi dans un ou deux autres secteurs de ces programmes de crétion d’emplois qui sont directement reliés aux disponibilités budgétaires, alors on a approuvé une trentaine de millions d’addition de fonds qui vont nous mener jusqu’en décembre. Mais tout ça doit être rebrassé si vous voulez pendant les 6, 7 semaines qui viennent comme un ensemble. Qu’est ce que doit être la part de ces programmes d’emplois? Quel accent on doit mettre et dans quel secteur particulier sur l’investissement? Evidemment tout le monde le sait mais concrètement, dans le domaine de recherche et développement, dans le domaine des exportations. Tout ça est en marche. Qu’est ce que l’on peut ajouter et qu’est ce qu’on peut trouver de nouveau comme organisations de nos ressources et nos efforts?
[Question: Monsieur Lévesque, qu’est ce qui va être exigeant pour créer ces emplois là? Ça va prendre quelle forme d’exigence..]
[M. Lévesque:] l y a d’abord une chose qui je crois est la moitié de n’importe quelle évolution économique dans le sens positif du mot, c’est-à-dire développement, c’est la confiance. Je pense que les médias d’information pourraient jouer un rôle, ce n’est peut-être pas dans les cordes de l’information parceque ça implique des bonnes choses et forcément l’information est souvent basée surtout sur les accidents, mais enfin il demeure c’est sûr, que les médias, le gouvernement, les milieux économiques, l’ensemble de l’opinion publique ont un rôle à jouer qui n’est pas un rôle conscient. C’est simplement que la confiance on ne sait pas pourquoi ça vient, comme on ne sait pas pourquoi ça part, on sait tout à coup que ça a craqué et on sait que ça revient. Il faut d’abord et avant tout que les gestes que l’on pose, là je parle pour vous, ça devrait être vrai pour tout le monde, les attitudes que l’on développe soient conformes à ce qui est devant nous mais à condition que l’on aide tout le monde à le sentir. C’est que maintenant le chemin remonte et il faut embarquer sur ce chemin là au maximum. La première chose c’est que l’ensemble de notre société ait de nouveau ça n’a pas été cassé, mais ça été quelque peu atténué, c’est le moins que l’on puisse dire, pendant le pire de la crise – ait de nouveau ce sentiment de confiance en soi. On n’a pas de raison de douter, ce ne sont pas les talents qui manquent au Québec, ce ne sont pas les compétences, on en a de plus
plus; si j’ai l’occasion, comme c’est prévu, possiblement – ça dépend de ce que l’on pourrait mettre comme contenu et si le temps le permet d’aller faire un tour en Algérie, je vais rencontrer notre ancien collègue, Monsieur de Belleval qui travaille dans un grand bureau d’ingénieurs comme vice-président extérieur là-bas. Il me disait qu’il
y a 1 800 Québécois, dans le seul pays qui est l’Algérie, qui travaillent au niveau professionnel, au niveau ouvrier dans des contrats qui ont comme point d’appui, le Québec, qui ont émané du Québec et vous en trouvez en Extrême-Orient, vous en trouvez en Amérique latine. Rien que ce fait prouve à quel point on est capable non seulement de répondre à nos besoins mais de répondre à des besoins des autres aussi avec compétence. Alors, c’est ça qu’il faut sentir et puis il faut que l’essentiel de nos politiques comme gouvernement – sinon on serait inexcusable – reflète ce genre de confiance et l’accentue. Maintenant, concrètement, ça veut dire au maximum de projets qui se développent et ça veut dire aussi des politiques qui soient le mieux coordonnées possibles. Il n’y a pas de recette magique, encore une fois il n’y a rien de plus complexe et qui demande autant de soin dans le détail que le développement économique.
[Question: Monsieur Lévesque, vous parlez de confiance et un des mots clé que vous utilisez, c’est le mot concertation, or, on sait que vis-à-vis les syndicats après les négociations dans le secteur public, vis-à-vis le monde patronal, industriel qui attendent de vous des mesures fiscales peut-être plus intéressantes. Si vous voulez les
amener à cette concertation là, est ce que vous avez l’intention dans les mois ou dans les semaines qui vont suivre de leur tendre des perches auxquelles elles vont mordre?]
[Monsieur Lévesque:] Écoutez du côté syndical comme du côté patronal il n’est pas question de tendre des perches, je pense que l’on a une responsabilité conjointe et je crois que nos interlocuteurs en sont conscients. Comme vous le savez, c’était plutôt des approches encore un peu balbutiantes entre nous, on a fait à huis-clos des rencontres – deux rencontres – juste avant les vacances avec nos principaux interlocuteurs représentatifs si vous voulez du monde syndical comme du monde patronal. Sur la lancée, il y a également eu – c’était une chose qui n’était pas reliée à ces rencontres là mais un exemple extraordinairement, je pense, éloquent des capacités de réactions du milieu dans le monde syndical – il y a eu le fond de solidarité que la FTQ avec l’appui du gouvernement, l’aide du gouvernement pour techniquement arrimer tout ça à la mettre en marche. C’est important ça, ça aussi c’est une première en Amérique du Nord, sinon dans le monde occidental, en tout cas sûrement en Amérique du Nord. De la même façon on a vu dans Corvée-Habitation, donnez vous la peine de lire le bilan de la première année, c’est assez époustouflant, on a vu dans Corvée-Habitation, des gens qui n’avaient travaillé ensemble de façon consistante parcequ’ ils n’en voyaient pas la nécessité, faire un effort dont on ne connait aucun autre exemple dans nos sociétés nord-américaines. Des entrepreneurs, des employeurs forcément et entre autres, je voudrais souligner la présence dès le départ, – parceque ça a aidé à consolider tout ça, – du Mouvement Desjardins, des institutions financières, un bon nombre de municipalités et forcément le sont comme maître-d’oeuvre des garanties, etc. de façon à ce que tout ça soit en sécurité. Ça a donné des résultats incroyables, donc il y a là-dedans sûrement l’amorce de ce que cela pourrait être mais il faudrait diversifier – il ne s’agit pas de singer des formules qui marchent mais elles ont sûrement une valeur d’inspiration – et c’est tout ça que l’on va gratter avec bien d’autres choses et autant que possible avec ceux qui voudront bien nous en reparler dans les quelques semaines qui viennent.
[Question: Monsieur Lévesque, quel sera le mandat exact du comité de travail sur la question nationale?]
[Monsieur Lévesque:] Écoutez on le sait, tout le monde essaie de créer des ambiguités autour de notre perspective dans ce domaine là surtout en fonction des prochaines élections. Bien quant à nous, il n’est pas question d’aucune façon de remettre sur la table, pour jouer avec ou commencer à trouver ce que certains ont évoqué, je ne sais pas où ils ont pris cela, des espèces de portes de sortie ou des à côtés. On a dit que l’on mettrait notre tête sur le billot sur la question nationale, c’est-à-dire sur l’avenir national du peuple québécois aux prochaines élections et ça quant à nous ça demeure. Consensuel, unanimement l’opinion des membres du Conseil des ministres et je crois que ça réflète aussi celle des autres gens que nous connaissons dans notre Parti ou nos sympathisants. Partant de là, est ce que ce n’est pas le moment de commencer à explorer par exemple l’état de tout ce dossier constitutionnel, mais à tête reposée, à tête froide et non pas en créant des chicanes avec le fédéral. – on aurait bien des raisons, mais non – d’ici un certain nombre de semaines on va faire le point le mieux possible sur le dossier constitutionnel, ses relations avec l’économie, je vous rappelle de nouveau, c’est bon de relire le mandat de la commission Macdonald qui commence à se promener dans le paysage parceque c’est extraordinaire à quel point vous voyez comment il y a une intention très politique et très institutionnelle derrière cette commission Macdonald dont la façade est sensée s’occuper d’économie, il faut le lire le mandat. Alors toutes ces choses là doivent être évaluées avec beaucoup de soin pour nous permettre d’évaluer de nouveau nos positions par rapport à ça. Le fond il n’est pas question de le changer, la façon d’y arriver on verra. Il faut l’étudier, il faut le travailler en conscience.]
[Question: Monsieur Lévesque la part des fonds publics, il
est possible maintenant d’affecter à un programme d’emplois… Quelle estelle par rapport à ce qu’elle était l’an dernier?]
[Monsieur Lévesque:] Je ne peux pas donner des proportions, ce que je sais c’est que ça dépasse les 200… Si vous voulez, les programmes qu’on appelle de création d’emplois qui prennent beaucoup de forme, vous avez dans le domaine de création d’entreprises, et qui donne des résultats assez remarquables, un programme PECEC, le programme de création d’emplois communautaires, il y a le bon d’emploi pour les jeunes qui est une sorte de passeport pour le premier emploi autant que possible et qui fait beaucoup de chemin aussi, puis vous avez des programmes de remise au travail de gens qui sont sur l’aide sociale pour autant que les ministères peuvent y participer, de plus en plus les municipalités aussi dans le cas du programme prime. Alors tout ça ensemble je pense que ça a à peu près, un peu plus un peu moins, 1/4 de milliard $ , 250000000 $ . Maintenant dans quelle proportion cela représente dans l’ensemble des fonds publics disponibles? Ce calcul est facile à faire,… ça change aussi parcequ’ il y a des amditions qu’il faut faire. On ajoute comme décision des deux derniers jours, parcequ’ il fallait le faire il y avait urgence pour d’ici la fin de l’année, une trentiane de millions dans ces programmes là, alors le total je ne l’ai pas fait. D’autre part qu’est ce qui doit être éliminé ou enlevé du paysage à mesure que la reprise va se confirmer, parcequ’ il y avait un côté filet de sauvetage dans certains de ces programmes là. À mesure que la situation l’exigera moins on ne doit pas continuer parceque l’on risque toujours de faire une sorte de deuxième système un peu artificiel de sécurité sociale, ou d’aide sociale déguisée, alors il faut faire attention et ça va faire partie du travail des quelques prochaines semaines de voir quel doit être le nouveau «mix».
[Question: Mais c’est ce qui veut dire que cet élan ne se fera pas en fonction d’affecter plus de fonds à la création d’emplois.]
[Monsieur Lévesque:] Ah pas du tout, nécessairement. Ça ne pas, ou que peut-être il faudra réduire ou concentrer. C’est tout ça qu’on doit étudier en même temps que les problèmes d’investissements. Toute la complexité elle est là. Il y a des gens qui disent qu’une politique d’emploi ça veut dire créer des emplois avec des fonds publics, bien non, politique d’emploi ça veut dire que des emplois découlent quand c’est nécessaire de ça mais essentiellement de la création, autrement dit ce qui est permanent et doit avoir le plus de solidité possible alors, c’est là – j’écoute beaucoup de gens, d’éminents personnages, ou je les lis, pas seulement ici, à l’étranger, partout – c’est là que le problème est complexe et que le défi est extraordinaire parcequ’ il n’y a aucune société qui a trouvé une recette magique ces derniers temps. Alors n’imaginons nous pas qu’on va inventer le monde comme si on était une autre planète. Une chose certaine c’est qu’il y a moyen de coordonner comme mieux que jamais auparavant les énergies, les ressources disponibles et je pense qu’il y a dans notre milieu – les exemples que j’en ai donné sont assez éloquents – qu’il y a dans notre milieu une possibilité, une capacité d’imagination, d’originalité puis aussi de concertation, pour employer le mot à la mode, ou de
solidarité pour employer un mot bien plus simple qui dépasse ce que l’on voit dans d’autres pays, dans d’autres sociétés.
[Question: Monsieur Lévesque, vous avez parlé d’une liste de
3 pages de projets de toute sorte, est ce que vous pourriez peut-être
nous donner les meilleures idées qui sont sorties?]
[Monsieur Lévesque:] Non, parcequ’ il va falloir évaluer ça. Moi, je suis, en tout cas, de plus en plus porté à dire que les choses que l’on annonce quand on n’est pas absolument sûr, Ca risque toujours de devenir des ballons ou de nous revenir dans la face. Mais quand on va les annoncer , c’est qu’on sera en train de les faire ou alors on pourra dire, ça commence incessamment ou ça commence demain matin, comme on l’a fait au mois de mars quand on était sûr de notre affaire. Alors ce qui a été amorcé au mois de mars bien c’est là dans le paysage. Ce n’est pas tout réussi mais ça a donné, je pense, de sacrés bons résultats et tout en maintenant ça, on va voir ce que l’on peut ajouter ou réorganiser ou imaginer, parcequ’ il y a beaucoup d’imagination dans certains cas des choses qui ont été dites et ça, bien, on s’est donné 6 semaines, un peu plus, pour y arriver en ajournant cette réunion en disant on va se retourver fin octobre, début novembre avec le résultat des 6 semaines de travail, en particulier des groupes de travail que j’ai désignés, et bien là on pourra vous en dire bien davantage.
[Question: Monsieur Lévesque, lorsque vous dites que vous allez mettre votre tête sur le billot sur la question nationale (Comme ç’avait été prévu) est ce que ça veut dire ça que vous renoncez finalement à cette idée que vous avez évoquée de deux cases sur un bulletin…]
[M. Lévesque:] Ce n’est pas moi, je m’excuse, qui ai évoqué cela. C’est pour la ènième fois que je vais le répéter – c’est curieux comme on prête la paternité facilement – moi je n’ai jamais dit autre chose, je pense, que ce qui est dans notre programme tel qu’il existe, c’est-à-dire que l’on doit centrer notre prochaine élection sur la question nationale, sur l’avenir du Québec, ce qui quant à nous cela veut dire: un Québec souverain. Et deuxièment, que ça exige forcément, parceque l’on est en démocratie puis que cela à toutes sortes d’implications, qu’on ait éventuellement un mandat majoritaire là-dessus. Des scénarios y compris deux bulletins et trois cases etc … ça été surtout évoqué par mon éminent et honorable ami monsieur Gérard D. Lévesque et je me suis tué à lui dire et je vous le dis à vous autres aussi, des scénarios on peut toujours en imaginer mais moi je ne vous donne pas de scénario: je vous dis le fond c’est important, c’est par là que l’on va, la façon dont on y arrivera de notre mieux, après ça on verra.
[Question: Est ce que vous calculez donc que si vous pro
cédiez de cette manière là avec deux questions, deux bulletins…]
[M. Lévesque:] Voulez vous tout de même dire: «comme moi j’en fais l’hypothèse, vous même, si on procédait comme ça», bien moi je vais vous dire: faites l’hypothèse puis amusez vous avec si vous voulez mais on n’a pas de scénario de ce genre là.
[Question: Ce que je voulais vous demander c’est que si vous procédiez de cette façon là est ce que vous calculez que vous êtes fidèle à un engagement de lier le sort du gouvernement à l’opinion lors des prochaines élections?]
[M. Lévesque:] Écoutez , je ne vous répondrai même pas pour la bonne et simple raison que je suis, vous me permettrez de le dire, un peu tanné de me voir véhiculer dans le visage des hypothèses de nos adversaires. Je veux bien moi qu’ils imaginent des trucs mais je me suis tué à leur dire – alors je ne vois pas pourquoi je vous répondrais autrement il n’y a en pas de scénario genre plomberie, ça a toujours été dangereux d’ailleurs les gens qui font les scénarios deux ans des fois trois ans avant l’échéance. Ce qui est important c’est que le direction soit, quoi? c’est qu’on va mettre notre sort en jeu, ça il y a un consensus, notre sort va être en jeu sur cette question absolument fondamentale qui est l’avenir d’un peuple et que ça demande éventuellement une décision majoritaire de ce peuple s’il veut en changer de statut.
[Question: Monsieur Lévesque, il y a un congrès à la fin 84vous l’avez évoqué au début de la rencontre de deux jours – est ce qu’il va y avoir à cet égard là sur la question nationale, le comité que vous voulez créer, va avoir des propositions à faire pour modifier le programme ou pour l’articuler, le développer, prévoir peut-être des scénarios à partir de ce moment là?]
[M. Lévesque:] Écoutez , une chose certaine c’est que ce comité, ce groupe de travail va très rapidement avoir à se relier bien forcément avec des éléments de notre caucus, de nos députés et puis aussi avec des gens du Parti, ça c’est normal dans ce contexte là alors à partir de là on verra ensemble. Là ce que l’on a décidé c’est qu’on concentrerait nos énergies d’une part d’abord et avant tout sur un groupe de travail dans le sens: qu’est ce qu’on peut ajouter, améliorer, rénover dans toutes les politiques d’action économique et du côté de l’emploi, avec tout ce que ça peut impliquer de ramifications, puis d’essayer de centrer ça pour que ce soit le plus efficace possible et qu’on puisse amorcer un nouvel élan là avant la fin de l’année. Deuxièmement sur cette question extrêmement complexe qui elle aussi est débattue et qui a des implications constantes aussi sur la vie économique sur la situation de notre société, un autre groupe de travail qui, lui, aura à faire en parallèle, à dessiner, une perspective de ce côté là. Je ne peux pas aller plus loin pour l’instant la décision a été prise ce matin.
[Question: Monsieur Lévesque, il y a quelque chose qui reste pas claire, est ce le comité politique va discuter les décisions de stratégie plutôt que les questions normales?]
[M. Lévesque:] Tout le monde parle facilement d’un comité de stratégie je ne vois pas d’élection avant au moins deux ans, deux ans et demi enfin surement pas avant à peu près 2 ans, alors quand on sera rendu au mois de novembre et qu’on aura eu perspective valable sur l’ensemble des grands problèmes, peut-être qu’à ce moment là on commencera à parler d’un comité de stratégie pour l’instant on a deux groupes de travail qui vont travailler d’arrache-pied et c’est pas mal pour les six semaines qu’il y a …
[Question: Le Deuxième, le statut constitutionnel du Québec, est ce que ça va discuter plutôt les questions de stratégie constitutionnelles ou vraiment les questions de base sur l’avenir du Québec?]
[M. Lévesque:] Ça va discuter l’ensemble de la problématique, autrement dit, où est ce que l’on en est, quels sont les dangers qui se sont développés. Prenons par exemple le patau geage fédéral absolument invraisemblable avec S-31 qui touchait notre caisse de dépôt; dans le domaine de l’éducation pas seulement par la charte des droits mais aussi par certains trucs qui se sont passés devant les tribunaux; les municipalités récemment où l’on va amorcer, j’espère, les négociations pour voir si on peut s’entendre puisque monsieur Trudeau d’une façon qui n’était pas nécessairement claire a dit bon, on peut au moins amorcer des discussions là-dessus. Alors tout ça doit être évalué et également une perspective d’avenir pour les deux prochaines années.
[Question: Vous venez d’évoquer les élections pas avant deux ans, deux ans et demi ( Normalement pas avant une couple d’années ) est ce que vous allez être là pour les faire?]
[M. Lévesque:] Ah ça! je n’ai pas de réponse à cette question là. Ça dépend de l’avenir. L’avenir, Seigneur, est à personne
[Question: Mr. Lévesque, earlier,one of your ministers described your objectives as a motivation program, would your concentrated.efforts ever go so far that you hope to motivate management, unions, motivate people to get off social welfare
rolls?
Mr. Lévesque: A lot of that motivation is already there
because, in a nutshell, what we have accomplished, from our point of view, over the last couple of days, is that we have established where we are at as clearly as possible, especially with the action that we have to practically improvise in some ways during last
winter and especially as of last spring. We think the results, as job
or ‘job recuperation, as far as house or home building and as far
as some major industrial investments in the works or already in the field, as far as all that is concerned, it has been an effective and efficient plan and it is giving results, so we are not going to change what is working, but what we aim to do and it is an adjournment of this meeting and not a closing. What we aim to do, with two task forces especially, is to try to encompass as well as possible the problems that are facing us because there is an economic recovery
on the way. In other words, for the first time in two years, thank God, the road seems to be going up. Now, how can we push, propel, as much as possible, this upward direction and that has to be much more than the government. We are going to do our damn best and we are going to put more effort and for six or seven weeks we are going to be taskforcing all over the place, but there is required, as never before, a solidarity with the major agents in our society that have to do, especially with economics, with jobs. That has been the practice of our Government but it has to be intensified and has to be in a sense picked up with a renewed perspective . And we are going to try to contact our interlocutors as soon as possible.
Question: help spark job creation, invest
ment and will it not be necessary to perhaps alter,
change or Bill 17 and maybe 1017
Mr. Lévesque: Well, I may say one thing. There are things
that have to be looked over among the things that we are responsible for and that have to be adjusted. We all know Bill 101 will have to be reviewed. Will it be exactly on the dates mentioned or will we have to wait a little more. It doesn’t matter, it will be before the end of the year. That is for sure. And also things that have to do with, for instance, construction regulations, you know,Les reglements de placement and l’Office de Construction de Qu6bec, OCQ, there are some mandates like that we will ask the Minister of
creation
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Labor to look over very carefully and that also will be in the works in order to find some betterment anywhere where it is required. The same applies to agricultural zoning and environment procedures because sometimes they hamper development. They are basic because everybody has a perception now that environment, a well balanced environment, and the protection of what agricultural land we have. Those are basic things but in the application, in the implementation, some quirks have developed that have to be corrected. So, that is also a mandate to responsible ministers so that they have a better look at what has to be « aplani ». In other words, difficulties that have cropped up and that we have to feel we are responsible for and that we have to correct.
Question: How many jobs are you looking at?
Mr. Lévesque: I won’t try to give a figure. As many as possible.
Question: Can you give us some idea ….
Mr. Lévesque: Well, I have said just one thing, very simply, but it is an example and it is an example to make us think about
the amplitude of the effort which is required, that it would require 125,000 new jobs a year for three years stea4rto bring our official unemployment rate from 14 to about 10%. It gives you an idea. It has to be a goal and even more, if possible, but I won’t say, you know, as some people have said in contemporary Québec history that we are going to create 100,000 jobs in six months or ten months. I will say we will do our damn best to create or recuperate as many jobs as possible with not just, God knows, our efforts or public funds but with everything that we can bring into the climate as a sort of climate of cooperation and productivity in Quebec.
Question: Mr. Lévesque, two questions – first of all,
can I just ask you a quick teahnical one? The Legislative Committees will not be meeting until the Legislature commences, so they are also being delayed?
Mr. Lévesque: No, No, they will meet with the Leader,
Mr. Bertrand is here, but we have, in the next couple of days, to arrange the calendar so that what has to be done will be done anyway and what can be or should be delayed will be delayed. For instance, in the case of Bill 40 which is the school reform bill, there will be a delay until probably the end of November or thereabouts for one reason %ttsàt? we will be working very hard at what we designed as a task load, the work load, that we have given ourselves six or seven weeks. And also on account of the
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fact that quite a few people in that complex field of school reform have said that the delays were too short. So it will give them a breather and probably the Commission will be on around the end of November.
Question: How about the Bill 101 Commission, is that also delayed?
Mr. Lévesque, It may be delayed but certainly not in any substantial way and maybe it will be on. That has to be assessed this week.
Question: Okay, my second question, it sounds like, even after a long summer break, the Government is just not ready to reconvene the Legislature ….
Mr. Lévesque: I think we have looked at the Legislative program and we don’t think there is any kind of danger in giving ourselves something like a month more in order to do the job we have to do and not to be split apart by question periods and by legislation which, in any case, will not be very abundant. It will be strictly selective during the end of the year part of the sessions.
Question: You had the whole summer off, why the extra delay?
Mr. Lévesque: Because we find out that we need a few more weeks in order to put our house in order as much as possible and make it more productive than ever before.
Question: Sir, this whole concept oMask forces, is
it not , if I can use the expression, sir, a way of buying time, given the budgetary restrictions and financial problems that the Government has, because there really isn’t much room for the Government to move?
Mr. Lévesque: Well, that has been the story of our Government, except those that can afford to go into $ 30-billion dollar deficits that we shall eventually pay for, but any Provincial Government has that basic duty of not going into deficit too much, so we have been in straightened circumstances for two years. We may, I am not any kind of prophet, but since there is an economic recovery, we may find that we have more leeway over the next few months and we will use it as best we can, certainly. No, that is one of the reasons at all because
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there will be supplementary estimates or supplementary budgets somewhere the end of the year, as usual, and then you will see what the financial situation is. I think, basically, throughout one of the worst recessions, one of the deepest recessions, in the last half century, Québec’s financial situation has been more healthy than most of the Governments that I know of, that are comparable, and God knows the kind of effort it required. Now, we may have a more promising horizon but that we will see before the end of the year. In the meantime, the reason for buying a few weeks’ time,which I will admit is a good expression, is that we find out that it would be more productive to concentrate our energies there and not have a mix of like I was saying in French, like Mark Twain’s horseman, getting on his horse and going off in all directions at once. We have to concentrate.
Question: In English, could you just describe what is the mandate of the committee to look at the whole national political question?
Mr. Lévesque: Two basic mandates: one, a committee based
on the action over the last six months , as a sort of floor
on studying, because sometimes there is inspiration there, often, the best formulas that have been working and giving results and adding ideas and projects that have been especially evoked over the last couple of days by a lot of our colleagues and trying to make a mix there that will be coordinated and will give us a new push ahead. And that requires at least a few weeks and that has to be very dedicatedly one-track mind on that because it is complex enough. And the other one, is a task force on what we call in French the national question, in other words, the future of Québec, starting from where we are at constitutional-wise , all the rampages that we have had to suffer, and starting from there, what we can develop, because we are staunchly attached as never before, in fact, to the idea that Québec’s future does not lie in the direction that we have had to suffer over the last couple of years. So,assess the basic stance of our Government, the political stance, is unchanged and that is unanimous, that the next election, from our point of view, will have as its key piece, from our point of view, the future of Québec and what we propose for it. But in the meantime we have to assess our perspectives, find out how we get to it and that is part of our job also, politically.
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Question: But, if there won’t be two ballots in the next election, that is to say one on the Government and one on independence, how will you present it, will it be a mandate ,,,
Mr. Lévesque: May I repeat, that the idea of two ballots, three ballots, I suppose some day someone is going to come up with two voting days, one after the other, that is part of the imagination of our opponents which I have been handed as a present to assess. Well, you can ask them, they devised that kind of contraption. What we have said, and if you look at our party program, that is what I hold on to, is simple and direct. The Government will not go into the next election neglecting or putting on a back burner that central question and, second, any fundamental change will have to come through a/majority of voters in Québec. That will be our stance – it is our stance.
Question: But in the last election, it was put on a back burner, and before that we had a referendum ….
Mr. Lévesque: You can assess it that way but it was not
put on a back burner, but it was, in a sense, that we went into that election,and I think we haven’t lied to people. In ’76 we said there will be a referendum – come hell or high water, there was a referendum, and the results are not as simple, to say the least, as some people asses them. Second, in ’81, just barely a year and a half later, not wanting to be silly, I think that
is a good reason, we said that there will be no referendum because it is too close, so if you reelect us, the mandate will not entail any new consultation on that. And now, as of our last party congress, it is very clear, what we are going to do is that in the next election, in other words, our heads will be on the block, those of us who will be there, as a Government, as a Party, in the election itself, but how, how to design the ballot and all that, we haven’t looked at that. People can invent things but
it is not part of our invention. We have a name, we are dedicated to it and the way to get to it, well that will be part of the job of this working group that we have just formed.
Question: Will you be there and what happened to the idea of a cabinet shuffle?
Mr. Lévesque: As far as the cabinet shuffle is concerned, there won’t be any cabinet shuffle which would be basically a musical chair operation and I don’t believe in that very much.
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Until such time, if and when, the result of the next couple of months of intensive work that we have to do about the contents of our action, in other words, what will be in there, will tell us whether we need either team or even structural changes in the Government organization. Then, if and when, we will see.
Question: Will you have your head on the block in the next election?
Mr. Lévesque: I don’t know. All I can say is that with heartfelt thanks to some people who, with different motivation, have been worrying about my modest future, I won’t have time to think about that in the next few months, for obvious reasons.
Question: Mr. Lévesque, can I ask you what you think
about Mr. Mulroney’s dilemma in Ottawa about Manitoba bilingualism? Do you think the episode reflects more on Mr. Mulroney for his hesitation or more on
Mr. Lévesque: I didn’t have much time to think about it, but my feeling is that Mr. Trudeau’s Government is trying to hand him a first banana peel in a sense that they haven’t got much to lose on Mr. Trudeau’s side and Mr. Mulroney is backpeddling like mad because he doesn’t want to lose votes in English Canada.
Question: Do you think that it will end up hurting him in
Mr. Lévesque: I don’t know – I am no tactician in Federal politics, we have enough problems here, but I know that, obviously, the Liberals are going to try to make him lose votes in the West and, if possible, in Ontario. It is supposed to be part of the game and Mr. Mulroney has to remain, as much as possible, outside any concrete commitment that would erode even so little …
Question: How do you feel about anyone playing games with Francophones outside Québec?
Mr. Lévesque: Without being cynical, I am not exactly surprised, you know. That is part of Canadian political and social history.
Question: One short technical question, while sailing on the schooner today, we couldn’t notice a Canadian flag flying was that an oversight?
Mr. Lëvesque: Well, I don’t think we were in international waters and I think it was a very modest but rather pleasant coastal cruise which I don’t think requires any kind of flag complication.
Question: But when a ship is registered,shé usually flies the flag of the country. I think she is registered in Canada and not Bermudu.
Mr. Lëvesque: Well, look, I’ll wait and see if maybe the new C.I.A. in Ottawa thinks that is a subversive act.
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