Conférence de presse du 10 septembre 1979

[CONFÉRENCE DE PRESSE DE MM. RENÉ LEVESQUE ET BERNARD LANDRY Le lundi 10 septembre 1979]

[M. On va commencer dans quelques instants. parceque nous sommes hors
`..,:s murs de la cité parlementaire, c’était difficile d’obtenir un représentant de l’exécutif de la Tribune de la presse pour être modérateur, je m’improvise donc dans cette fonction aujourd’hui.
La scéance se déroulera de la façon suivante: le premier ministre va faire un court exposé, suivi du ministre d’Etat au développement économique. Les précisions. quant à la présence du premier ministre vous seront données par le premier ministre lui même.
Je demanderais à tot.s les journalistes, lorsque ce sera la période de questions, de bien s’identifier. La période des questions sera ouverte, c’est-à-dire qu’on ne
commencera pas par une période de questions francophones et ensuite anglophones, ce]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, Mesdames et Messieurs, les précisions sur ma présence,
cela nous paraît quand même quelque chose d’assez important. Je ne savais pas que cela aurait l’ampleur que cela a pris quand j’annonçais qu’on ferait une sorte d’exposé ou d’énoncé, si vous voulez, de politique économique dans le discours inaugural, au mois de mars. Mais je pense que si on regarde simplement l’ampleur qu’a pris le travail, tous ceux que la question intéresse – là, je ne parle pas de ceux qui cherchent le changement du monde ou une autre planète – mais ceux que la question économique fondamentale intéresse sérieusement,que ce soit des étudiants, des économistes, des agents économiques – comme on dit dans le jargon d’aujourd’hui – des universitaires qui ont à travailler sur des questions comme celle là, tous ceux là vont trouver, dans cet ouvrage – parcequ’il n’y a pas d’autres mots – toutes les facettes de l’économie du Québec, autant qu’il était humainement possible de le faire, mise à jour, c’est-à-dire au moment d’aujourd’hui, à peu près tel que c’est, tel que c’est, tel que ça se présente. Il est évident que l’économie évolue vite,ces années ci. Beaucoup de choses qui sont là-dedans, qui sont conjoncturelles, jusqu’à un certain point, on ne peut pas l’éviter, peuvent devenir périmées avant longtemps. Il y a des données fondamentales dans tous les domaines,que ce soit sur les ressources, sur la population, etc. Les données fondamentales vont demeurer, vont continuer tout simplement à se confirmer.
Avec ces données fondamentales et l’étude de la situation, enfin le tableau de la situation économique du Québec, il y a vraiment une chose qui est, pour la première fois
– première fois au Québec, mais peut-être , première fois au Canada aussi – clairement expliqué, c’est-à-dire l’exposé, aussi clair et complet que possible, de ce qu’entend prendre comme orientation, entend élaborer,comme programme ou comme législation économique, le gouvernement actuel.
Tous ceux que cela intéresse pourront y trouver indiquées ces lignes de forces,
si vous voulez, qui, dans certains cas, recoupent des choses qui étaient déjà connues, mais qui les placent dans un ensemble, qui leur donnent une certaine cohérence, de
l’attitude ou de la position économique du gouvernement dans le contexte actuel. Evidemment, si le contexte changeait, – et cela reste aux citoyens du Québec de décider mais si le contexte change, politiquement, il est évident que cela va amener des changements économiques. On n’est pas rendu là.
Tout ce que je voudrais ajouter, simplement, avant de terminer – parceque c’est à
M. Landry d’expliquer le travail qu’il a piloté, qu’il a coordonné,d’ailleurs avec tous ses collègues du secteur économique du gouvernement, qui, il me semble, mérite – Bernard va répéter, tant mieux, cela fera deux fois – d’être souligné – c’est les extraordinaires atouts économiques dont le Québec dispose. Ils sont clairement indiqués dans l’énoncé que vous avez lu, que certains d’entre vous ont lu, depuis quelques heures. D’abord, on a une population qui est jeune, cela va durer encore quelques années, un certain nombre d’années et c’est stratégique à l’époque où nous vivons extraordinairement même, et qui est plus instruite et plus compétente que jamais. En fait, la moyenne de scolarité des jeunes québécois est aujourd’hui la plus haute, sauf erreur, en Amérique du Nord. Il y a eu un rattrapage extraordinaire. Il y a plein de trous, si on veut, dans cette formation là – on s’en rend compte des fois – mais il reste que, si on tient compte de ce que c’est une moyenne, la plus haute moyenne de scolarité, avec en même temps, tout compris, la population la plus jeune pendant un certain nombre d’années de tout le continent, c’est au Québec que vous la trouvez. Cela est un atout extraordinaire.
Deuxièmement, ce n’est pas les capitaux qui manquent. Avec la tradition du Québec, l’accumulation de capitaux – en fait, on dit souvent une chose, c’est que quand il y a des projets valables, les capitaux se trouvent tout seuls – le réservoir de capitaux
du Québec, le réservoir disponible, avec la réputation du Québec, aussi bien à l’extérieur que chez nous, mais chez nous, l’accumulation de capitaux fait que le développement,
quand il y a des projets valables, n’a pas de problème de financement. Et puis il y
a un réservoir formidable de ressources matérielles au sens physique du mot, et cela comprend l’énergie. Vous savez, dans cent ans, les 25000 mégawatts d’électricité
ce sera le total du Québec au milieu des années quatre-vingt, 50000 mégawatts qui seront probablement développés autour de l’an 2000, parceque c’est à peu près cela qui est
l’horizon possible de développement, cela, c’est de l’énergie qui, dans 100 ans ou
150 ans, sera encore la et continuera dans un monde qui, a ce moment là sera dans l’état
où il sera – on n’est pas prophète – continuera d’être perpétuel. À ce moment, tous les
puits de pétrole de l’Alberta et d’ailleurs auront été épuisés depuis longtemps. Il est
même possible que les sables bitumineux aient fini leur carrière. Ça, ce sera toujours là
et je ne mentionne pas les forêts, les mines et tout le reste du potentiel du Québec donc les atouts du Québec sont extraordinaires. Ce qui veut dire que le vrai développement, au sens du progrès solide, et non pas du progrès parachuté qui est toujours fragile, le véritable développement, cela dépend de nous. Il y en a d’autres dans le monde qui sont moins bien pourvus, on peut parler des miracles comme le Japon, l’Allemagne etc. il ne s’agit pas de commencer à établir des comparaisons, mais il y en a d’autres dans le
monde qui sont extraordinairement moins bien pourvus que nous le sommes et qui passent à travers ce défi du développement. Il n’y a pas de raison et il n’y a pas d’excuse. possibles si le Québec, au point de vue économique, n’est pas capable de se donner une vocation extraordinairement marquée par la plénitude et la polyvalence, on a tous les atouts qu’il faut.
Le document qui vous est présenté, c’est une sorte d’appel à tous les citoyens et a ceux, dans le jargon encore une fois, qu’on appelle les agents économiques, un appel pour qu’ils plongent dans le développement. Une fois qu’on voit ce que c’est la réalité la mieux étudiée possible, il n’est pas possible, pour des gens qui ont de l’initiative, qui ont le goût de le faire, dans le secteur public, dans le secteur privé, peu importe, dans les coopératives, de ne pas plonger. D’ailleurs c’est ce qui se passe dans certaines régions.
Il y a un dynamisme extraordinaire qui vient de cette perception de nos possibilités
nomie mixte.peu importe,/coopératives,de ne pas plonger. D’ailleurs, c’est ce qui se
fondamentalement de cette perception de nos possibilités dans des régions comme le
passe dans certaines de nos régions comme le Nord-Ouest on l’a dit, mais c’est bon de le répéter – dans la Beauce, dans d’autres coins du Québec. Il faudrait que cela se généralise.

Tout ce que je voudrais ajouter en terminant, c’est qu’il y a huit ministères, tous à vocation économiques soit directement ou complémentairement économique qui ont travaillé, avec leurs équipes sur la mise au point de ce travail, cela a été – je le répète de nouveau piloté et coordonné par le ministre d’Etat au développement économique avec son équipe, dont. M. Vézina et tous les autres qui ont travaillé ensemble. J’aimerais bien que M. Landry puisse profiter de l’occasion pour élaborer un peu plus longuement et donner un peu plus de détails sur l’ensemble de ce document, sur ses perspectives, sur ce que cela représente comme effort.

[M. LEVESQUE; M.I LANDRY:
A vous. Bernard.
Merci, M. le premier ministre. Bon- après-midi mesdames, ;gesdemoiselles
et messieurs. Je voudrais signaler,avant que nous entrions dans le vif du sujet, que deux de mes collègues sectoriels sont présents parmi nous, le ministre de l’agriculture, M. Jean Garon et le ministre délégué à l’énergie, M. Guy Joron, qui sont à l’arrière de la salle.

Sans vous imposer à nouveau sous forme d’exposé ce que vous avez déjà eu l’occasion vous de lire, non pas très longuement, mais suffisamment pour / faire une idée, je voudrais
me permettre d’insister sur quelques points concernant la facture de l’ouvrage que vous avez entre les mains et également quelques points majeurs de son contenu.

Vous vous êtes sans doute rendu compte que l’approche de cet ouvrage est une approche globale. Ce qui est un fait nouveau en soi. Il nous est arrivé,comme gouvernement,et il est arrivé à certains gouvernement précédents de publier des documents sectoriels, mais celui ci dépasse de beaucoup le cadre de chaque secteur d’activité. Tant du point de vue du diagnostic que du point de vue des moyens d’action,il embrasse l’ensemble de l’activité économique au Québec et contient aussi des développements sectoriels.

\_ Ce document n’est pas un document académique. Vous vous en rendrez compte, bien qu’il comporte des orientations de philosophie économique. Dans la synthèse, en particulier, et dans les orientations, vous vous rendrez compte que chaque train de mesures est précédé d’un énoncé de principe qui donne la philosophie du gouvernement en la matière visée. Mais cette orientation est immédiatement suivie des moyens d’action préconisés.
Il s’agit donc, non pas d’un plan économique, même pas d’un plan indicatif, mais il s’agit d’un plan d’action qui comporte plus d’une centaine de gestes que le gouvernement,

,Lorsque cela relève de sa juridiction, s’engage à poser dans les 15, 18 mois à venir. la
Dej façon dont Ce document a été réalisé, il a mis à contribution, non seulement

les ressources internes du gouvernement, mais également les ressources du milieu économique québecois. Deux sommets économiques, Pointe-au-Pic et Montebello, une dizaine de sommets sectoriels, de mini..sommets, desx mémoires. nombreux qui nous ont été véhiculés à chaque année, pratiquement par les divers agents socio-économiques, ont constitué l’apport du milieu québécois et en ce sens, la consultation sur ce document a été faite au cours des deux années précédentes.

A l’intérieur du gouvernement maintenant, comme le premier ministre a souligne,

tous les ministères sectoriels à vocation économique. ont travaillé en étroite coopération ‘~,_iec le secrétariat général au développement économique, de façon que: et la politique globale et la politique sectorielle, soient connues par tout le monde. Au comité de développement économique, comme vous le savez, chaque ministre sectoriel doit confronter sa politique sectorielle avec celle des autres. C’est ce qui nous a permis d’arriver à l’approche intégrée que nous vous livrons aujourd’hui.

C’est un précédent, au Québec, vous vous en êtes déjà rendu compte, cela ne lui donne pas de vertus particulières parceque c’est un précédent, mais il est bon de souligner que le gouvernement conforme à son approche de.concertation et de dialogues

avec les agents économiques met ses cartes sur la table. Cela représente certains
ont été faites
risques. Des tentatives/dans le passé,par d’autres gouvernements, de mettre: les cartes

;sur la table ont été faites, sauf que les cartes n’ont jamais franchi la table du Conseil des ministres. Quand vous en avez entendu parler, en général, c’était par des fuites, dites des faites journalistiques.

Aujourd’hui, avant que quelques fuites n’interviennent, le Conseil des ministres s’est longuement penché sur ce document et en a fait la politique économique du gouvernement du Québec que vous nous livrons aujourd’hui.

Vous vous rendez compte que dans les orientations que nous prenons. certaines sont beaucoup plus « micro », comme on dit, mais d’autres sont majeures. Dans les approches majeures et macro précisément, je voudrais vous en signaler trois.

La première, c’est notre profession de foi renouve]éer dans la marche vers la conceptation, vers le dialogue entre les agents économiques dans la foulée des minisommets, des grands sommets et d’institutions nouvelles que nous proposons aux agents comme le conseil du développement économique et social.

Deuxième virage important, l’approche entreprise, plutôt que l’approche par secteurs lisant plus ou moins toutes les entreprises du secteur.. Nous voulons que l’action gouvernementale porte surtout sur la dynamisation de l’unité de production fondamentale dans une société industrialisée comme la n8tre, c’est-à-dire l’entreprise, qu’elle
privée, publique, coopérative ou mixte et l’entreprise dans toutes ses fonctions. Le gouvernement et l’Etat en général se sont occupés de la fonction financement, ont donné
soit des subventions et par l’action de la SDI. ont fait des prêts à taux d’intérêts réduits, ou des prêts garantis, mais les batteries ont été portées sur le financement. Il y a d’autres fonctions de l’entreprise et on se rend compte que certaines entreprises n’ont .,,,a réellement besoin d’argent, Elles ont besoin d’une gestion plus solide. Elles ont besoin de marcher. Elles ont besoin d’être secondées dans leurs travaux d’innovation
~` de recherches.
Donc, virage de l’aide de l’Etat sans abandonner les formes traditionnelles, mais plutôt en y mettant de l’ordre, virage de l’Etat vers une approche par entreprise qui est la clé, selon nous, du développement économique.
Troisième point fondamental, nous voulons axer le développement, mais d’une manière, cette fois ci, systématique, après inventaire fouillé, sur la maximisation de la présence de richesses naturelles
richesses renouvelables,
mobiliser pour qu’elle donne tous ses fruits de développement.
Vous avez probablement vu un tableau qui fait la liste des industries.- c’est autour de la page 125 ou 126 dans la synthèse – qui sont hautement consommatrices d’électricité, celles qui y trouvent un intérêt moyen et celles qui y trouvent un
;érêt faible. Cela dépasse le stade des annonces générales. Cela devient un
outil de promotion majeur.~ui permet au ministère de l’Industrie et du Commerce de recenser dans le monde les industries qui sont dans cette position de dépendance visà-vis du courant de de faire en sorte qu’elles se développent plutôt sur le territoire du Québecique sur n’importe quel autre, donnant aussi aux entreprises déjà présentes sur notre territoire l’expansion maximale à l’aide de cette ressource. Pour cette r~ison, vous avez vu que les branchements de cinq mégawatts et plus sur le réseau de l’Hydro-Québec, cela reste des branchements importants. C’est le début du tarif
,;ande puissance.
Pour vous donner un exemple, Donohue-Saint-Félicien à moins de cinq mégawatts.
Les branchements de cinq mégawatts feront l’objet, maintenant, non pas d’un resserrement, mai’ feront l’objet d’une approbation du Conseil des ministres qui, lui même, se basera sur les travaux faits au comité de développement économique pour que ces cinq mégawatts sur lesquels l’entreprise pourra tirer donnent le nombre d’emplois maximal, les
sur notre territoire. Au nombre d’entre elles, un
certain nombre
comme l’agriculture, comme la forêt et, évidemment,l’hydro-élec
tricité et l’énergie sous toutes ses
de l’avenir. richesse sur systématique
C’est une banalité, un laquelle le Québec doit de cette richesse et de
formes, les formes contemporaines et les formes lieu commun de dire que l’électricité est une tabler. Nous avons essayé de faire l’approche faire l’approche systématique des moyens
possibilités d’exportations maximales et assurent les retombées les plus grandes pour territoire québécois.
Quand on a dit: C’est un précédent, je vous dis juste entre parenthèses qu’il y a
cent ans, sous Johnny MacDonald, le Canada édictait la !’National Policy ». Je ne veux
,pas vous dire que ce document est l’équivalent de la « National Policy », mais je veux vous moire que cent ans après, dans toute la mesure du possible, nous voulons que ce document soit faste autant que l’autre avait été néfaste pour l’économie québécoise.
Je voudrais insister maintenant ,mais rapidement,sur le fait que le volume 1 qui fait état de l’économie et de ses défis,est un diagnostic extrêmement fouillé qui, contrairement à plusieurs diagnostics antérieurs, ne reprend pas que les éléments négatifs. Le premier ministre l’a dit dans-son introduction, c’est un diagnostic équilibré et fouillé qui rait état de nos-faiblesses traditionnelles, les grands déséquilibres, offre et demande d’emplois, domination étrangère, prédominence du primaire. Toutes ces grandes faiblesses sont étudiées et analysées de nouveau, mais leur contrepartie, C’est-à-dire, les grandes forces de l’économie du Québec sont également fouillées, analysées et se traduisent en termes d’orientation concrète.
Pour cC qui est des-recommandations et des actions, je sais que certaines méritent peut-être des explications particulières. La recommandation B, l’orientation B, avec le train de mesures qui suit:– Appui au secteur privé comme agent économique de premier plan. D’autres y verront un aspect nouveau de la politique du gouvernement. Je voudrais insister sur le fait que le programme du Parti québecois comportait deux nâttionalisations ou soi-disant nationalisations ou nationalisations éventuelles,, l’assurance-automobile,dont le programme est déjà en vigueur depuis plus d’un an,et une partie de l’industrie de l’amiante dont,comme vous le savez, le dossier est en évolution. Il n’y a donc pas de virage majeur. L’économie québécoise est une économie décentralisée dont les agents sont, pour le très grand nombre, des agents privés. L’Etat n’entend pas assurer lui-même la production et la transformation des biens et services, mais entend jouer un rôle pour lequel, encore„une fois, il met ses cartes sur la table, tout en laissant aux agents privés l’essentiel de la
esponsabilité de la création d’emplois,des exportations, de la bonne gestion et de la profitabilité des firmes.
Nous avons déjà un secteur public développé qui nous permet, à peu près, toutes les interventions témoins et les interventions-motrices que nous pourrions souhaiter et qui peuvent être nécessaires. Nous entendons continuer à donner de l’expansion à ce
Le secteur public, comme nous le disons autant dans les politiques sectorielles, agriculture ou mines.,que dans des politiques d’industries de base comme SIDBEC, mais nous n’entendons pas remplacer l’appareil de production privé par un Etat producteur de biens et services ,.-..itaculaîre qui bouleverserait complètement le schéma de production, D’ailleurs, cela ne vous surprendra pas, nous qui avons employé tellement de fois l’exemple suédois, que
~~’us nous conformions d’une certaine manière au modale dont nous parlons depuis dix ans, et vous savez que dans ce pays, social-démocrate gouverné par des socio-démocrates et des socialistes pendant une quarantaine d’année, la participation du secteur public à l’économie, n’a jamais dépassé 5%, 6%, 7%, 8% de propriété du capital-actions des firmes.
Ces grandes caractéristiques ayant été rappelées, encore une fois, je sais que vous avez fait vos devoirs, que vous avez déjà vécu quelques heures avec le document
nous avons vécu quelques années avec le document, alors, je vais vous laisser maintenant poser vos questions et tenter d’y répondre le mieux possible avec l’aide du secrétaire général associé au développement économique, M. Jean Vézina,et également le premier mînistre,qui conna1t toutes ces questions et que chaque membre du cabinet considère comme arbitre expert sur tous les cas.
M. : Je vous rappelle qu’il est important de vous identifier afin de faciliter la tâche du personnel du Journal des débats qui va procéder à la transcription.
M. . M. Jean-Claude Picard, du Devoir. 1.. M. PICARD: Question inaudible.
M. LANDRY: Vous ne me surprenez pas en me parlant de l’intégrité de mon sousministre, d’abord en termes politiques,je suis heureux de vous l’entendre dire,et vais répondre brièvement et sur le mode politique à vos deux questions.
D’abord, vous avez vu que nous avons anplysé,en profondeur la politique fiscale
et nous,
I
concernant les firmes et les entreprises ,puisque notre approche principale est l’approche par la firme. Vous découvrirez dans le document, si ce n’est déjà fait, que les entreprises québécoises sont dans les moins taxées du continent et que l’impôt sur les corpora
..ons au Québec est à un niveau de deux points de pourcentage en dessous du niveau ontarien, par exemple, et qu’avec les dégrèvements spécifiques pour la PME, les
investissements,et l’exportation, la moyenne des impôts qu’ils paient est de 6%. Nous avons donc concentré, et ce 6%, sauf erreur – on a fait quand même un certain nombre de recherches – est un des niveaux le plus bas de notre continent. Comme cela correspondait
â notre approche par firme, nous avons approfondi cette question.
Quant a la question des personnes physiques, qui tient beaucoup plus a la redistribution sociale des revenus, nous n’avons jamais cru a un impact économique majeur de cette « elle fiscale. D’abord, cela touche un très petit nombre de salariés, comme vous le savez. Il profite et il profite dans de larges dimensions du programme d’épargne-actions, -ui a été mis sur pied et, ultimement, la partie la plus politique ou la moins politique
e ma réponse, c’est que je ne suis pas le ministre des Finances.
Deuxièmement, sur la canalisation des épargnes, nous nous sommes contentés d’évoquer les données, elles sont là-dedans, les données préliminaires d’une étude sur les épargnes, qui est une étude sui generis et qui sera déposée au cours de l’automne. C’est la raison pour laquelle le trou que vous signalez est réel et voulu parcequ’on veut aller plus
M. M. Charles DeBloîs, du réseau TVA.
M. DEBLOIS: M. Landry, est ce que vous pourriez être plus explicite… (Question inaudible).
M. LANDRY: Oui, je vais essayer d’illustrer ma pensée par un exemple qui est vécu dramatiquement presque toutes les semaines au Québec.
Nous connaissons, par expérience, un grand nombre de firmes qui ont un bon produit, une bonne technologie, des débouchés de marché, et qui sont quand même en faillite et en liquidation chez le syndic à cause d’erreurs de gestion, qu’il s’agisse de la comptabilité, de la comptabilité analytique, des prix de revient, du marketing, des apports a l’exportat-i-Qn, toute cette quincaillerie qui n’est pas la production, mais qui est-quand même la force d’une entreprise solide, fait défaut a nombre d’entreprises québécoises qui avaient toutes les raisons de rester en opération et qui ne le sont plus aujourd’hui.
La SDI arrive trop tard avec son financement préférentiel quand une entreprise est mal gérée depuis trois ans et que le patron n’a qu’une vague notion de ce qu’est le fonds de roulement. Nous voulons intensifier non pas notre effort financier, mais notre effort clinique, notre effort de formation des chefs d’entreprises, notre effort de recherches en gestion, de centralisation de l’information en gestion comme le CRIQ va s’en charger, -‘est dans le document, c’est une des mesures précises, un réseau d’information accessible
`-‘à la PME a travers tout le québec, en d’autres termes, consolider l’entrepreneur lui-même et consolider les techniques de gestion plutôt qu’élargir notre éventail d’interventions financières qui est déjà presque complet, sinon surabondant quand on rajoute ce que les
loin dans un document
sui generis.
fédéraux mettent par-dessus.
i
M. M. Gilles-André Gosselin, Radio-Canada.
10
M. GOSSELTN: M. V6zina noua a mentionné ce matin que le document rendu public aujourd’hui constitue un énoncé de la politique économique dans le cadre de la fédération canadienne actuelle. Peut-on conclure que la partie des consei s économiques qui serait appli(, e dans un Québec souverain…
J’aimerais savoir quelles sont les différences fondamentales entre cet énoncé de polique que et…
M. LANDRY: Premièrement, pour la partie diagnostic, elle est absolument indépendante sur le plan factuel du régime constitutionnel. Elle peut en être une résultante, par ailleurs. Et comme vous l’avez vu, on ne se gène pas pour dire que les éléments de la « National Policy », des politiques de stabilisation du’ gouvernement du Canada, la voie maritime, la concentration de l’industrie automobile, sont des éléments néfastes, factuels et historiques qui nous donnent le diagnostic que nous avons aujourd’hui. Mais le diagnostic lui-même est indépendant du cadre constitutionnel.
La plupart des orientations générales sont aussi les remèdes globaux préconisés. Elles sont aussi indépendantes du cadre constitutionnel, mais c’est dans l’opération véritable et dans les mesures de correction concrète que cela fait toute la différence.
Le gouverneur de l’Etat de New-York – je vous donne un exemple – peut faire un diagnostic de son Etat; mais il est loin de posséder les moyens de l’administration
de WAshington pour changer quoi que ce soit à la situation. Alors, la ligne passe au point o$ nous allons remplir, dans toute la mesure du possible, nos champs de juridiction et ceux que nous avons présentement durant les quinze ou dix-huit prochains mois.
Il est entendu que la portée de l’action sera extrêmement limitée parceque le gouvernement sénîor, en matière économique, dans l’Etat constitutionnel présent, est situé à Ottawa, c’est un fait inéluctable et qui ne permet aucune espèce de discussion. Tous les partis sont d’accord là-dessus. Les uns veulent que cela continue à être comme cela, les autres veulent le contraire et nous nous situons dans ceux qui veulent le contraire, évidemment.
Ce qui me permet, pour résumer ma pensée, d’affirmer que si le statut constitutionnel que cous préconisons, »qui donne au Québec, en commun avec des partenaires, l’essentiel ,ïs moyens d’intervention économique, était modifié dans le sens que nous voulons, l’échéancier de réalisation et d’efficacité des mesures que nous préconisons serait
radicalement différent. Nous le ferions plus vite, mieux et dans plus de secteurs. M. M. Graham Fraser, du quotidien The Gazette. M. FRASER: (Question inaudible).
M. LANDRY: Vous me replongez dans une actualité un peu ‘. « récurrente »
en me parlant de M. Scowen -, cela va me mettre en forme pour le 9 – ou je lui dirai qu’il s’est confirmé, durant le début de l’automne, de la fin de l’été, dans son rôle de ~,,.aque-mitaine en chef de ceux qui tirent d’un certain mouvement vers l’Ouestt des
~_)ronto métropolitain les ont avertis, il y a justement quinze jours, qu’il y avait mille entreprises qui avaient quitté le grand Toronto en trois ans, ce qui, évidemment, dépasse tris largement tous les chiffres Scowen, même les plus pessimistes, pour aller se localiser à l’ouest de la capitale de l’Ontario, dans la province de l’Ontario, en certains cas, dans d’autres provinces beaucoup plus à l’ouest. Cette problématique du déplacement vers l’ouest, nous l’avons admis, 1!OPDQ l’a étudié, le rapport Martin
1

Heagens -Raynauld en a fait état, nous en sommes conscients et nous avons mis en branle
des mécanismes pour en limiter les effets. Ces mécanismes sont, comme vous le savez, avec la communauté urbaine de Montréal, la mise sur pied d’un commissariat aux sièges sociaux et l’entrée en action d’un commissaire qui est à son poste de travail, déjà depuis quelques mois. Avec la ville de Montréal, maintenant, des efforts considérables de revitalisation de l’économie de Montréal, coordonnés par un organisme qui s’appelle la SIDEM. C’est une chose qu’on a dit dés le début. Cette responsabilité est celle du gouvernement du Québec, bien sfr, celle du gouvernement du Canada, bien sûr, mais d’abord celle de la communauté et de la ville de Montréal. Je me rend compte que les deux organismes semblent sensibilisés et semblent réveillés. Ils ont commencé l’action _.is ce domaine. Je vous répond ultimement, que, de toute manière. ma croyance profonde est que ce sont les Québécois et les Montréalais qui vont pour l’essentiel assurer la croissance de l’économie du Québec dans les années à venir et c’est déjà comme cela. La plupart des emplois créés au Québec. .- il en a 66000 cette année – sont créés
dans les PME auchtochtones,dans les diverses régions du Québec et dans la région de Montréal
M. M. John Wildgust.

M. WILDGUST: (Question inaudible.)
M. LANDRY: Cpuld you be more specific about those unfortunate experiences with…

M. WILDGUST: (Question inaudible.)
I
M. LANDRY: Before being more general /will review two specific exemples, expressly

described in the document.

First, as far as Asbestos is concerned our policy is clear that we are not longer interested in the future by any 100%,,foreing own adventures. We want to be involved,
arguments politiques, En rappelant que les conseillers économiques des maires
du
significantly, and when I say we, I mean Quebecers. Not government interest, but Quebecers in any new development in the Asbestos field.
The same approach is used for forestry, pulp and paper. We do not wish to have 100% feign owned concerns established in Quebec in the future. We want to be part of those adventures in a significant portion of the capital and the management of the firm to come.
For the other areas or sectors, we wish and we will be present by any incentive means be present in the development of Quebec. But first, because the constitutional situation does not allow us to go further in that direction, Quebec is still open to foreign capital, of course, that foreign capital is welcome provided it respects all’the legislation and behaves like a good corporate citizen.
We do not have a restrictive approach except for the two specific sectors I have mentioned and what I have said for the further implantation is also applicable to take over. It is just a consequence and it is not revolutionary. Mr Bill Bennet has exactly the same attitude as you have noticed a few months ago.
The other restriction is the one I have mentioned for any electricity user over five megawatts. He is welcome but we want to discuss with him in advance before he becomes connected to the Hydro grid, we want to discuss with him the number of jobs, the kind of down stream activities he would generate and so on. But we are still in
a market economy, in an open economy. It was true in the past and it is exactly stated that it will remain true.
M, WILDGUST: (Question inaudible)
M. LANDRY: Most of our strategies are in the direction of promoting Quebec interests to develop any sector of activity. Our main effort – and I want to be very clear about
but one of the aspects of the problematics of the Quebec economy is the domination effect which is – it is partly true for the rest of Canada – at an unbearable level, a record in the occidental world without any question, it is part of the problematic, it is part of the problem, we are not able to live back history, it is not possible. So, in a positive approach by helping and stimulating local interest, we want to be part
the growth and change little by little, step by step, change the ratio of what they call the domination effect.
M. : Ma liste est épuisée pour le moment. Jean-Claude Picard.
M. PICARD: (Question inaudible)
J’aimerais savoir si vous êtes en mesure de nous indiquer, aujourd’hui, ce que vous allez
to
that – is in favour of the firms that are already here.
We are not excluding anyone,
faire, ce que vous allez entreprendre dés maintenant pour essayer, dans les années ultérieures de réduire au mieux le taux de ch8mage…
M. LANDRY. Vous nous remettez dans le conjoncturel et vous avez parfaitement raison p.rce que ce n’est pas une chose dont on doit se désintéresser. Les signes de la récession américaine sont déjà en place ne se font pas encore sentir au Québec, mais il y a toujours
délai, il y a une espèce de fatalité que notre économie sera tôt ou tard atteinte par
ce qui se passe au sud présentement. C’est une chose qui n’est pas nouvelle, qui est prévue par nos analystes, déjà depuis plusieurs mois, et à cette fin, nous aurons trois trains de mesures conjoncturelles. Le premier qui tourne autour de l’opération solidarité économique phase 1I qui est un ensemble de mesures à court terme, comme vous le savez,
qui nous ont,-permis de.,créer,:•dans’la_pI1ase 1,.25000 emplois et qui devraient nous permettre dans la phase II,de soutenir une économie défaillante pour les raisons qu’on a dit.
Deuxièmement,nous allons poursuivre notre programme de stimulation des activités de construction dans le secteur public. Vous savez qu’au cours de la présente période nous allons dépenser $ 1 390100000, ce qui est un niveau record de dépenses, et nous entendons maintenir le même rythme pour l’autre année et demie et être capables de faire en deux ans ce qu’autrefois l’Etat québécois avait coutume de faire en trois.
Dans cet effort de construction, l’essentiel viendra du travail d’amélioration de l’environnement. Des budgets énormes sont maintenant négociés par entente avec les municipalités. La ville de Lavai, un cas que je donnais bien, a signé hier, par
exemple, avec le gouvernement du Québec. un programme d’environ $ 80 millions qui ~Nca un impact conjoncturel certain,
Le troisième point, c’est une série de mesures spécifiques pour deux clientèles, mais qui touche également la conjoncture, l’emploi des jeunes et l’emploi des femmes,
six ou des huit prochains mois,.mettre de l’argent, là-dedans?
~,_ ‘ M. LANDRY: Dans l’emploi des jeunes, par exemple, il y a $ 20 millions. Dans OSE,phase II,il y a environ $ 80 millions. Dans le programme de construction, je vous l’ai
dit, mises en chantier pour $ 1 390000000,plus ce qu’on entrevoit pour la prochaine période, plus ce qu’on entrevoit en matière de protection de l’environnement.
J’étais plutôt préparé sur la structure que la conjoncture. Mes additions ne sont pas
programmes qui sont présentement en voie d’élaboration et qui sont à la
de prédécision au Conseil des ministres.
M. PICARD: Est-ce que vous pouvez nous indiquer, au total, combien
Vous entendez, par exemple, au cours des
phase
faites, mais cela commence à faire un paquet de millions de dollars. M. (Question inaudible).
M. LANDRY: Cela va être mis en chantier pour les grandes usines d’épuration, mais `,jur l’emploi des jeunes, c’est un programme à court terme où il faudra dépenser l’argent. M. . Et pour les femmes?
M. LANDRY: Femmes et jeunes.
M. M. Alan Freeman.
M. FREEMAN: Question inaudible.
M. LANDRY: Nous, vous savez, nous sommes surtout scrupuleux sur les questions de juridiction en matière de richesses naturelles. Comme Pétro-Canada n’a fait aucun
forage au Québec et comme nous avons déjà notre propre agence pour ce genre d’exploration, le débat devient, pour le gouvernement du Québec, un peu académique. Si vous me demandez ce que j’en pense, comme citoyen canadien, je ne vous le dirai pas à cause des implications politiques sur un autre ordre de gouvernement, mais l’essentiel du message contenu à la page 123, c’est que nous pensons que quand le fédéral s’occupe de mines, il avait à s’en occuper uniquement dans les Territoires du Nord-Ouest. C’est le seul endroit où la constitution du Canada lui donne juridiction.
Nous avons ici nos agences. Nous avons SOQUEM, nous avons le ministère des Richesses naturelles, nous avons SOQUIP et nous ne pensons pas que les fédéraux doivent venir compliquer nos stratégies de développement en matière de richesses naturelles par des interventions de leurs sociétés d’Etat. Quand Texas Gulf fait un « smelter » de
_autre côté de la frontière du Québec en mettant en péril le « smelter » de Noranda à terme, c’est sOrement une stratégie antagoniste à la nôtre. Nous pensons que le gouvernement fédéral ne doit pas se mêler de ces choses-là.
M. : M. André Vermette.
M. VERMETTE: Ma question s’adresse à M. Lévesque. (Question inaudible).
M. LEVESQUE: I think this document should be taken, as M Landry has stressed a few times, at face value in the present context. Number one, I think it is probably the most exhaustive analysis and diagnosis of the economic situation of Quebec with its strength and
‘:s weaknesses, I think, well established.
Number two, it is a sort of situation report with a perspective of action in the present context. As Mr Landry said – if the context changes politically, constitutionally – a lot of things can be accelerated and all of that, and a lot of things can be amplified, a lot of that will be explained during the referendum campaign. This is not tied to the referendum
campaign.
By extrapolation and by further developments of of, let’s call it our thought and our prospectives, you will get more about the potential of Quebec under another political .,,.stem during the referendum campaign.
I will give just one example. Do you know that the Asbestos question, for the
,ment, is paralyzed by one thing, basically, the fact that bill 101, which is under
the sovereign jurisdiction of Quebec, which is – in the language field – approved, according to all polls and all perceptions by something like 75% to 80% of the population of Quebec. That bill 101 is the main reason why the Asbestos question has not been solved over the last six months, through court injuctions and things like that That is one example of things that could be accelerated and amplified dramatically by a change in institutions.
M. : M. Guy Lamarche.
M. LAMARCHE: M. Landry, je voudrais me ramener sur le rôle que vous attendez du gouvernement fédédral à la suite de l’application, par vous,d’un énoncé de politiques économique, politique et provinciale.
Est-ce qu’il y a des gestes que vous avez demandé au gouvernement fédéral de
poser parallèlement aux centaines de gestes que vous dites devoir poser d’ici quinze mois Je pense, en particulier, au commerce extérieur, où là, si vous voulez accélérer
ce développement, je pense bien que sans … les services des Affaires étrangères du Canada et d’autres services, vous dites déjà… j’imagine que vous ne voulez pas accentuer le double emploi.
M. LANDRY: Le gouvernement du Canada est déjà prévenu de la préparation de ce document.
doit l’avoir, mon collègue, M. De Cotret,l’a probablement en main aujourd’hui. v
Nous allons faire tout en notre pouvoir pour que les politiques fédérales antagonistes ou complémentaires soient ajustées dans le sens préconisé par les orientations de ce document. Il y a une espèce de fatalité que, quand notre pouvoir de conviction est épuisé, il se peut que les politiques soient encore antagonistes ou manquent de supplémenter les politiques que nous préconisons ici et cela va être l’effet de retardement de la réalisation de cet énoncé quand nous ne sommes pas les maîtres absolus de la ressource ou de la juridiction en question.
Si on se réfère au passé, dans le cas des secteurs traditionnels, à la suite des mini-sommets, avec les divers agents dans le textile, chaussure, meuble, vêtement, le
pour obtenir un contingentement. Nous l’avons obtenu. Donc, une politique fédérale
est allée dans le sens d’une orientation précise du gouvernement et des agents économiques
gouvernement s’est engagé à faire les pressions ultimes
auprès du gouvernement du Canada
québécois. Il est à souhaiter qu’on puisse reproduire le modèle. Rien ne nous le garantit, évidemment.
Il me semble que, pour la période oû la situation constitutionnelle restera ce qu’elle est, il est important pour le gouvernement du Canada, qui est un intervenant majeur, encore une-fois, de savoir quels sont les problèmes de l’économie du Québec é, oû le gouvernement du Québec veut aller, de manière à ajuster ces politiques, dans la mesure du possible, aux n8tres,,dans l’intérêt de tous les Québécois.
M. . Est-ce que vous croyez que cela devrait être une politique officielle du gouvernement fédéral de travailler à amener le niveau du développement du Québec au même niveau que celui de l’Ontario?
M. LANDRY: Ce n’est pas sa politique officielle qui est une catastrophe et qui est le résumé du paradoxe canadien. La « National policy » de MacDonald se fondait sur une prémisse majeure, qui était ce qui est bon pour l’Ontario finira par être bon pour tout le monde – la prospérité se transmettant en cercle concentré, mais ces cercles concentrés n’ont pas tellement franchi l’Outaouais depuis cent ans – c’est l’essentiel de la problématique économique canadienne.
Nous avons déjà demandé, dans le domaine de l’automobile, avec la dernière énergie, une décentralisation. Nous le demandons à nouveau dans ce bouquin. Une décentralisation même si c’est trop vite,, au moins pour les 30% que les Québécois consomment. Si le gouvernement du Canada se rendait vigoureusement à cette politique, il est possible que le taux de ch8mage au Québec serait radicalement diminué. Il l’aurait été, au tours des quarante années précédentes, si une telle décentalisation avait eu lieu. Donc, les politiques fédérales, pour aujourd’hui, ont une influence majeure au Québec et on espère qu’ils vont s’en rendre compte.
M. . M. Jean-François Lépine.
M. LEPINE: Ma question s’adresse à M. Lévesque, c’est une question de conjoncture politique, puisqu’on parlait du gouvernement fédéral, puisque le document auquel nous nous référons ici touche aux ressources naturelles, je voudrais savoir ce que vous pensez de la décision annoncée par M. Clark, hier, de reconnaître la juridiction de Terre-Neuve sur les res
,_,ources minières au Nord de l’Ungava.]

[M. LEVESQUE:] Écoutez, c’est une décision qui s’enchaîne assez clairement sur une
attitude qu’a déjà énoncée le premier ministre Clark qui est de respecter ce qui est un des fondements absolus du régime dans lequel nous sommes, c’est-à-dire la juridiction, le droit de propriété et les droits qui découlent du droit de propriété des provinces dans le domaine des richesses naturelles. Il semble que le seul qui recule la-dessus pour l’instant, c’est le chef libéral provincial du Québec, ce qui est une curieuse annonce sur ses attitudes éventuelles en matière de protection, même de ce qu’on pourrait appeler traditionnellement, l’autonomie du Québec.
I
[M. M. Bob Benedetti.
M. BENEDETTI: Ma question s’adresse à M. Landry. (Inaudible).]

[M. LEVESQUE: No, there is one good saying in private enterprise: Profits are private but losses are public. Never forget that!
M. BENEDETTI: How do you feel about setting up these various organisms… Can you be anymore successful than any other government in this country was, up until now, in encouraging the notably saving conscious Canadians to invest their money in sometimes somewhat risky enterprises?
M. LANDRY: First, there is no doubt, it is a kind of a paradox that you can read very easily in any brief submitted by the Chamber of Commerce or the Conseil du patronat, asking to be let alone on one part and asking for help in thousand of activities on the other hand.
This paradox is a constante of the attitude of business in Canada an in Québec, yes,
– Chrysler is a very good example – and I do not want to blame them for that. The situation can be really fundamentally paradoxical and they just reflect that. But.I think you have not read enough the document because when you have done that, you will realize that we are not adding structures. We are simplifying the existing structures. We are setting order in the various programs of -help that we have and we want to intervene in more vital sectors for Quebec like management, marketing, exportations, but is is a sort of a disengagement of many k’–rids of programs and help that are no longer useful, or less useful than in the past.
We just create one structure, I think, one new structure, which will be a little State owned corporation, Société québécoise.des exportations, under the provipion that this society will always be in a minority position in joint ventures with small business and small firms.
So, it is not an invasion at all. It is a rationalization of the kind of help we are already giving or the opening of new sectors where that help can be more useful than what we are doing now.
There are many paragraphs about the regulations, as an example, in the transportation industry, particularly because the regulations by sedimentation have now unbearable weight and burden on the firms. We are back tracking in that field.
M. . M. Rodrigue Bérubé,de Radio-Canada.
M. BERUBE: M. Landry, il y a dans les énoncés politiques plusieurs passages sur les disparités régionales au point de vue économique, Montréal et d’autres régions, cr`3yez-vous que ce qui est contenu dans votre énoncé de politique soit de nature
les politiques à caractère général que les politiques sectorielles, toutes les régions du Québec, en lisant systématiquement l’énoncé, y trouvent leur profit.
La pêche maritime touche la Gaspésie, la soudière touche la Gaspésie, la politique
des pâtes et papiers touche la Gaspésie. Le mot Gaspésie ne se retrouve pas une seule fois dans le bouquin. Si on fait un effort PME, consolidation de la gestion, la Beauce est touchée dans tous ses villages, parceque c’est la batterie de la PME. C’est la même chose pour Val-d’Or. Alors, nous n’avons voulu faire un ouvrage régionaliste, mais je ferai une tournée des régions,qui commence la semaine prochaine oû j’aiderai les
agents régionaux à lire que toutes les régions sont touchées et directement un aspect ou l’autre de l’énoncé de politique économique.
M. : Jean-François Lépine de Radio-Canada.
M. LEPINE: Ma question s’adresse soit à M. Landry ou peut-être plus à M. Lévesque, est ce qu’il est possible de profiter de l’occasion pour faire le point sur les négociations avec…]

[M. LEVESQUE:] Non. Vous allez en avoir des nouvelles très bientôt, mais ce n’est
pas le moment encore.

[M. LEPINE: Quand vous dites qu’on va en avoir des nouvelles très bientôt,
que vous pouvez nous dire comment M. Parizeau a fait, par exemple, le rapport au dernier ,conseil des ministres?]

[M. LEVESQUE:] Comme en général tout ce qui passe au Conseil des ministres est assez vite connu, oui, il y a eu un rapport sur l’état de la situation, mais on n’est pas prêt à aller plus loin que ce que vous avez pu apprendre par le télégraphe arabe. D’ici quelque temps, il va y avoir des mouvements.

[M. M. Graham Fraser.
M. FRASER: Inaudible.]

[M. LEVESQUE:] Je vous ferais remarquer une chose – excusez moi, juste une seconde on serait très intéressé, puisqu’on est dans le contexte actuel – et jusqu’à nouvel ordre on n’en sort pas – à ce que j’ai dit, tout à l’heure en anglais, pour autant qu’on
à maintenir des disparités…
[
M. LANDRY: Je pensé que
oui. Si vous
examinez la question de prêts, autant dans
est-ce
19
puisse voir l’essentiel du blocage qui concerne la question de Asbestos Corporation, c’est une manoeuvre oblique de la compagnie vis-à-vis des tribunaux, basée sur la constitutionnalité de la loi 101. Cela est, sauf erreur, devant la Cour suprême. On attend – et je I se que la courtoisie entre les pouvoirs distincts dans notre société, société de
, qui permet de dire cela.-on attend avec impatience que la Cour suprême se branche. ~_,•ce qu’en fait, le coeur actuel du problème se trouve là. Cela n’exclut pas qu’il y ait des développements additionnels d’ici quelque. temps, mais ce n’est pas le moment d’en parler.
M. . M. Fraser.
M. FRASER: Inaudible.
M. LANDRY: Il tombe sous le sens que,pendant qu’on rédige un énoncé de politique économique, si le travail s’étend sur 12, 15, 18 mois, le gouvernement n’arrête pas de gouverner. Alors, vous retrouvez là-dedans la politique des pâtes et papiers qui a déjà été annoncée parcequ’au fur et à mesure oû nous rédigions le document, les politiques continuaient à s’élaborer. Il y a des urgences auquels on devait faire
face. Quand on a déclenché notre opération « secteur mou », qui est un élément stratégique important, qui est repris là-dedans, si on avait attendu d’avoir mis le point final à ce document, on aurait eu cinquante ou soixante faillites industrielles entre-temps. C’est ce qui explique qu’il y a un certain nombre de reprises.
Ce qui est le plus nouveau, ce sont les orientations claires et précises qu’on
est en mesure de donner à nos agents. Le fait de mettre les cartes sur la table, c’est d’,.-.ie part un fait nouveau en soi, mais plusieurs de ces cartes sont également nouvelles. Notre approche de consolidation de la gestion des entreprises, en particulier, est un virage important dans une politique traditionnelle de 25 ans du ministère de l’Industrie et du Commerce et de la SDI. J’avais, d’une certaine manière, prévu votre question et sans faire catalogue, je voudrais vous dire ce qui est plus nouveau et qui était moins connu. Il y a des choses qui peuvent être discutées par la presse pendant des mois, mais cela devient nouveau quand le Conseil des ministres a vraiment dit.: Oui – et là, vous le savez dans la demi-heure qui suit.
Les exportations, Office québécois du commerce extérieur, Société québécoise des exportations. L’industrialisation par l’électricité, la règle de l’approbation par le Conseil des ministres des branchements de plus de cinq mégawatts, élargissement du CRIQ en matière de recherche et d’innovation et élargissement des moyens mis à la disposition de l’IREQ, propositions pour institutionnaliser la concertation, conseil économique et social, promotion des sociétés mixtes pour le développement économique,
principe express de la rentabilité des sociétés d’Etat, du pouvoir de directives sur chacune d’entre elles, coordonnées par un sous-ministre qui, comme vcus le savez, a
,été nommé, il s’agit de M. Deschamps. Codes sectoriels des investissements étrangers dans les cas de l’amiante et pâtes et papiers. Certains agents pouvaient se demander quelle
^tait notre attitude; ils ne peuvent plus se le demander, maintenant, c’est écrit
noir sur blanc. Approche nouvelle de l’aide à l’entreprise fondée sur l’amélioration de
téres. On a peu parlé de stratégie sectorielle, mais, maintenant, vous pouvez lire ladedans que les grandes orientations du ministère de l’Agriculture et ses grandes priorités, c’est la production bovine, c’est la marche de l’autosuffisance dans les provendes animales
de l’Agriculture l’a formulé maintenant et c’est clair. Tous les producteurs agricoles, l’UPA et les industriels agricoles ‘peuvent aller aux pages qui les concernent et savoir
â quoi s’en tenir. C’est la même chose pour le tourisme, pour reprendre le tourisme. La démonstration joue également pour le tourisme.
Je ne veux pas me laisser prendre dans l’approche catalogue, mais vous verrez, quand vous aurez eu les heures de lecture voulues, ce qui était en filigrane, ce qui est
vraiment nouveau et ce qui est la continuation
M. . M. Bob Benedetti.
M. BENEDETTI: (Inaudible)]

[M. LEVESQUE: (Inaudible) But they would not have that constitutional rather oblique chance to use another law which can be contested in the present federal system outside at
la gestion du marketing de l’innovation, stratégie sectorielle claire dans tous les
minis
et c’est l’horticulture. Cela a été discuté au sommet agro-alimentaire,
mais le ministère
de politiques existantes au préalable.
another level of government or let us say at another level of courts in this case. They would not have that chance to use this rather left curve of contesting the constitutionality of Quebec legislation which is approved by something – according to all polls – like 75% or 80% of the population and using that to stop, using that as a play, which is normal, legitimate, to stop the implementation of a policy which does not mean that, in another constitutional order, they would not have the legitimate recourse to courts but not that kind of a play. That is a possibility.
M. (Inaudible).
M. LEVESQUE: You can always take
any curve you want in a system of laws but that
kind of… A lot of things, you know, are basic in that. Pretty soon, I am going to use, because, apparently the media did not gather it,I am going to use some of the allegations that Asbestos Corporation made in their injunction demands
about what I brutally call this – it takes me back about twenty years – the incapacity
of Quebecers to run a business – I was about to say Shawinigan, that was 1962, you still have dodoes – and some of the allegations about Asbestos Corporation can be s,,,,,marized this way, that on account of the intricacy of accounting procedures, of marketing operations or things like that, it is doubtful whether Quebecers could run ^at show. Would you believe that? And it ties in with the use of bill 101 and everything else of that. I think it is a part of a past that should be eliminated as soon as possible, never eliminate the legitimate recourse to courts and any kind of curves you can use, but not that kind.
M, Alors, la période de questions est maintenant terminée et tout
en vous remerciant de votre collaboration, je vous rappelle que, pour les entrevues,
il y a deux petits studios au salon Buade.
(Fin de la conférence de presse)]

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