Discours du trône, Québec, 17 novembre 1954

Maurice Duplessis, 1936-1939 et 1944-1959

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Au début de la troisième session de la vingt-quatrième Législature il nous est agréable de souligner la prospérité manifeste dont bénéficie largement notre province.

Ses progrès prodigieux indiquent, de toute évidence, qu’elle s’est engagée fermement sur le chemin d’une prospérité grandissante dont les effets bienfaisants apportent une précieuse contribution à la prospérité du Canada tout entier.

Cette situation avantageuse provient, en bonne partie, de la mise en application d’une politique basée sur un plan d’ensemble défini et sur des principes fondamentaux essentiels. La province est profondément attachée à ses traditions religieuses et nationales qui sont immuables mais ne sont pas immobiles.

Il est nécessaire au succès de toute économie, saine et réellement progressive, d’accorder à l’agriculture la place qui appartient à l’industrie fondamentale. En fait, elle constitue une excellente garantie de réelle stabilité, base de la véritable sécurité. C’est pourquoi mon gouvernement recommandera l’adoption de nouvelles lois destinées à propager les effets salutaires du prêt agricole, de l’électrification rurale, de la mécanisation des travaux de la ferme et du drainage des terres.

Mon gouvernement continuera de collaborer généreusement au succès et à la diffusion de l’enseignement agricole. Afin d’assurer davantage le bien-être du cultivateur et son maintien sur la terre, vous serez appelés à approuver une législation ayant pour objet de coopérer, de façon appropriée, à la construction d’aqueducs et à la protection contre l’incendie dévastateur. D’autres législations agricoles vous seront soumises.

Mon gouvernement, convaincu que la colonisation est un complément indispensable de l’agriculture, continuera de contribuer généreusement au succès et au progrès de cette grande œuvre.

Toujours désireux de procurer aux cultivateurs les marchés dont ils ont besoin, mon gouvernement activera davantage, de manière effective et opportune, la mise en valeur et l’utilisation adéquate de nos ressources forestières, minières et hydrauliques, lesquelles, en ces dernières années, ont été l’objet de développements féconds et remarquables.

Sachant la grande importance de nos pêcheries maritimes et sportives, mon gouvernement continuera d’apporter à leur développement un soin tout spécial.

C’est l’opinion définitive de mon gouvernement que l’initiative personnelle et l’entreprise privée sont nécessaires au progrès réel et fécond et que le paternalisme d’état ne peut engendrer que la paralysie économique et la diminution des libertés populaires auxquelles nous tenons. L’initiative privée, respectueuse des droits de chacun et soucieuse de ses obligations, demeure la meilleure garantie matérielle de l’établissement durable de notre jeunesse.

Il est évident que le capital humain est notre actif le plus riche et le plus précieux. Mon gouvernement continuera de coopérer et de contribuer au bien-être, au progrès et à la prospérité de notre population au moyen d’une saine législation sociale et en multipliant les facilités éducationnelles et les mesures de protection de la santé publique.

Mon gouvernement est intimement convaincu que le système scolaire de la province de Québec est le meilleur et, de concert avec les parents et le Conseil de l’instruction publique et dans l’exercice des droits exclusifs qui appartiennent à la province en cette matière d’importance primordiale, il entend augmenter les grandes améliorations réalisées depuis quelques années à tous les paliers de l’éducation, primaire, secondaire, spécialisé et universitaire. Il est conforme à la politique du gouvernement de coopérer généreusement à l’établissement profitable et permanent de notre jeunesse dont l’avenir lui tient bien à cœur.

Sans l’ombre d’un doute, la santé éducationnelle doit s’allier à la santé physique et c’est le désir de mon gouvernement d’accroître les progrès déjà très considérables qu’il a réalisés au sujet de la santé publique.

La coopération entre le capital et le travail est indispensable au véritable progrès; les employés et les employeurs ont des droits mais tous deux ont aussi des devoirs. Four aider à cette coopération désirée et désirable, les membres de l’Assemblée législative seront appelés à établir un comité de relations industrielles.

Nous savons que les facilités de communications entre toutes les régions de notre immense province sont nécessaires, d’abord à la population de la province et à ses activités et, ensuite, à l’importante industrie du tourisme. Mon gouvernement se propose d’effectuer de nouvelles améliorations en vue de faire bénéficier la province du meilleur système possible de voirie et qui tiendra compte non seulement des besoins des grands centres mais aussi de ceux des régions rurales.

Les remarquables progrès dont bénéficient notre immense province et, spécialement, de grandes régions autrefois peu favorisées, progrès qui s’avèrent grandissants, nécessitent des dépenses considérables qui exigent l’utilisation plus complète des sources de revenus que la constitution canadienne reconnaît aux provinces, à la province de Québec en particulier.

Mon gouvernement reconnaît les droits et les obligations de l’autorité fédérale; il réitère que la province ne demande pas de faveurs mais bien le respect intégral de ses droits, prérogatives et libertés.

Dans l’opinion définitive de mon gouvernement, les attributs essentiels du gouvernement responsable, qui a coûté très cher et que nous considérons très précieux, doivent être respectés et sauvegardés. Il est indéniable qu’au point de vue matériel un des éléments indispensables du gouvernement démocratique et responsable réside dans les pouvoirs fiscaux nécessaires à chaque autorité gouvernementale.

C’est notre intime désir de coopérer à la grandeur et à la prospérité du pays dans le respect des droits et des prérogatives de tous et chacun.

Mon gouvernement formule l’espoir que les pourparlers actuellement en cours, entre les autorités provinciales de Québec et les autorités fédérales, soient couronnés d’un entier succès auquel la Législature sera appelée à coopérer.

De multiples projets de loi d’intérêt privé et d’intérêt public vous seront soumis; ces derniers, entre autres, concerneront le travail parlementaire, l’augmentation des avantages accordés aux victimes d’accidents de travail la loi favorisant la conciliation entre locataires et propriétaires, le Code de procédure civile, la protection additionnelle de l’épargne populaire, l’utilisation plus rationnelle de nos chemins publics, la loi des cités et villes et le Code municipal et la Commission des eaux courantes de Québec.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les comptes publics de la dernière année fiscale vous seront communiqués avec diligence et vous voudrez bien voter les subsides nécessaires à l’administration de la province.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Je prie la divine Providence de bénir et féconder vos travaux au cours de cette session que j’ai l’honneur d’inaugurer au nom de Sa Majesté la Reine.

[Texte électronique établi par Denis Monière (Université de Montréal) 1999]

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