Discours du trône, Québec, 7 janvier 1930

Louis-Alexandre Taschereau, 1920-1936

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

En présidant pour la première fois l’ouverture de la Législature et avant de vous inviter à commencer vos travaux, je désire vous offrir, ainsi qu’à vos familles, mes meilleurs vœux à l’occasion de la nouvelle année. Puisse la Providence vous combler de ses bienfaits et continuer à. se montrer généreuse envers notre province.

Nous avons lieu d’être reconnaissants pour l’année qui vient de s’écouler. Une abondante récolte a couronné les efforts de nos cultivateurs. Pendant la saison active, nos ouvriers ont trouvé un travail abondant et rémunérateur. Les touristes ont envahi notre province en plus grand nombre que jamais, grâce à nos bonnes routes et à l’amélioration de notre hôtellerie. Au cours du dernier exercice financier, les recettes ont atteint un chiffre sans précédent, qui a permis à mon gouvernement de multiplier ses octrois à l’assistance publique, à l’hygiène, à l’instruction publique, à l’agriculture, à la voirie et à la colonisation.

Rien n’atteste mieux le prodigieux développement de notre province, sa prospérité et sa richesse, que l’accroissement de ses revenus sans augmentation d’impôts.

Cette marche ascendante fait nécessairement surgir de nouveaux problèmes, et crée des besoins auxquels mon gouvernement doit faire face. La province n’est réfractaire à aucun progrès. Elle est prête à toutes les initiatives, en restant cependant dans les bornes que lui dictent la prudence et ses moyens financiers.

L’agriculture et la colonisation étant la base de notre prospérité, mon gouvernement croit qu’il est nécessaire d’augmenter le nombre de nos comtés agricoles. Plusieurs circonscriptions électorales actuelles sont trop étendues pour qu’un député puisse donner à ceux qui les habitent l’attention voulue.

En vue de mieux protéger l’épargne populaire, mon gouvernement vous demandera de remettre à l’étude le projet de loi qui vous a été soumis l’année dernière relativement à la vente des actions obligations de certaines compagnies.

Les dispositions de nos lois qui règlent les droits auxquelles sont assujetties les successions demandent à être révisées. Vous serez appelés à étudier un projet de loi visant à diminuer les impôts sur les successions modeste afin de favoriser les familles nombreuses et d’exempter de tout impôt les legs destinés à certains hôpitaux.

Après avoir pris à sa charge tout l’entretien des grandes routes de la province et avoir ainsi soulagé les contribuables d’un fardeau parfois très lourd, mon gouvernement désire faire encore davantage. Il se propose d’assumer maintenant à ses frais l’entretien des ponts situés sur ces grandes routes.

Plusieurs problèmes sociaux d’une grande importance sont à l’ordre du jour. Dans les autres provinces et à l’étranger, on a tenté, avec plus ou moins de succès, d’en résoudre quelques-uns. Mon gouvernement n’entend pas se soustraire à son devoir. Il a l’intention de vous soumettre un projet de loi créant une commission composée d’économistes pour étudier les divers systèmes d’assurance sociale, de placement familial, de pension de vieillesse, et certains autres problèmes sociaux de cet ordre. Il croit qu’une étude complète de ces différentes questions, faite à la lumière de l’expérience acquise ailleurs, nous vaudra une solution satisfaisante.

Mon gouvernement se propose de faire immédiatement l’essai du système Grancher, qui réussit fort bien en France, pour le placement des enfants débiles et menacés de contagion. Il fera également un vigoureux effort pour prendre soin des personnes âgées et des enfants indigents.

Diverses autres mesures vous seront soumises, dont les unes sont destinées à protéger et répandre l’élevage du renard et des animaux à fourrure, et dont les autres visent à fournir des octrois additionnels à nos écoles d’agriculture, à encourager nos petites industries domestiques, tout particulièrement la mise en conserve des fruits et légumes, et à favoriser 1′ agriculture en général.

On vous demandera également de légiférer pour assurer une coopération plus étroite entre les cultivateurs, mon gouvernement étant convaincu que le succès de l’agriculture dépend d’une telle coopération.

Messieurs de l’Assemblée législative,

L’étude des comptes publics vous démontrera l’état florissant de nos finances. L’excédent budgétaire du dernier exercice, est un des plus considérables que nous ayons enregistrés. Nos revenus n’ont jamais atteint un chiffre aussi élevé depuis la Confédération. Obtenus sans surcroît d’impôts, ils sont un indice manifeste des progrès que notre province a réalisés.

Il vous incombera de voter les crédits nécessaires à l’administration pour le prochain exercice.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur diverses questions d’intérêt général. Je prie Dieu de vous éclairer et de bénir vos travaux au cours de cette session que j’ai l’honneur d’inaugurer au nom de Sa Majesté le Roi.

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