Louis-Alexandre Taschereau, 1920-1936
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
La Providence nous a comblés de bienfaits durant l’année qui vient de se terminer. Il nous incombe de la remercier tout particulièrement de l’abondante récolte qui a couronné le travail de nos agriculteurs, et qui est de nature à les encourager à persister dans leur fidèle attachement au sol.
Un double deuil a profondément affligé notre population: la mort de la Reine-Mère Alexandra, et la mort de Son Éminence le Cardinal Bégin. Je nie fais un devoir de renouveler, en votre nom et au mien, l’expression des vifs regrets que nous avons ressentis.
Durant mon absence en Europe, le juge en chef de notre Cour supérieure, Sir François Lemieux, a bien voulu remplir les fonctions d’administrateur de notre province. Il s’en est acquitté avec le dévouement et la distinction qui le caractérisent. Vous me permettrez de lui exprimer toute ma reconnaissance.
Trois importantes commissions ont complété les travaux dont il vous avait été fait rapport à la dernière session: la Commission du service civil, la Commission chargée d’étudier la loi des accidents du travail, et la Commission de la refonte des statuts.
Mon gouvernement a donné suite au rapport de la Commission du service civil en effectuant une révision générale des traitements des fonctionnaires. Il a considérablement augmenté ces traitements, conformément à la promesse qu’il avait faite aux fonctionnaires d’améliorer leur sort, après leur avoir déjà assuré un excellent système de pension et une assurance de groupe dont la prime est entièrement payée par l’État.
Une nouvelle loi des accidents du travail vous sera bientôt soumise, et vous constaterez qu’elle vise à donner égale justice aux patrons et aux ouvriers.
Les nouveaux statuts refondus ont été mis en vigueur le 31 décembre dernier, et nous avons lieu d’espérer qu’ils faciliteront l’application de nos lois.
Jusqu’ici, comme vous le savez, mon gouvernement s’est appliqué soigneusement à conserver dans notre province nos ressources naturelles, tout spécialement nos forces hydrauliques. Il entend poursuivre cette politique dont dépend notre avenir industriel, et il se propose de vous inviter à édicter à cette fin des dispositions législatives permanentes sans toutefois soumettre les provinces sœurs à la prohibition qui frappe actuellement l’exportation de l’énergie électrique.
L’instruction publique ne cesse d’être le premier souci de mon gouvernement, qui désire lui apporter une aide de plus en plus grande, tant au point de vue de l’enseignement universitaire que de l’école primaire. Il invitera conséquemment la Chambre à créer de nouvelles sources de revenus, pour rendre possible les octrois additionnels qu’il destine à l’instruction des nôtres.
Mon gouvernement estime que le temps est aussi venu de modifier nos lois relatives aux écoles techniques, de façon à rendre ces écoles plus efficaces.
Nos mines sont en voie de prendre un essor prodigieux. En vue d’en favoriser le développement et l’exploitation, vous serez appelés à décider s’il ne serait pas à propos d’apporter certains changements à notre loi des mines.
Je suis heureux de vous informer que la construction du chemin de fer qui doit relier les mines de Rouyn à notre réseau national progresse rapidement.
Les dispositions actuelles de la loi relative aux enquêtes sur les affaires municipales ont soulevé nombre de difficultés. Vous aurez à étudier le meilleur moyen de remédier à ces difficultés.
Il vous appartiendra également de déterminer quelle réglementation doit régir les autobus affectés au service public.
Mon gouvernement vous priera de réorganiser et de mettre sur un meilleur pied notre agence de Londres. Nos relations commerciales avec la mère patrie prennent chaque jour plus d’extension, et nous pouvons trouver en Angleterre un marché fort avantageux pour les produits de notre province.
Vous serez priés d’autoriser mon gouvernement à participer à la construction d’un pont sur le Saint-Laurent, pour relier Longueuil à Montréal.
D’autres mesures, d’un intérêt moins général, réclameront de votre part une étude attentive.
Messieurs de l’Assemblée législative,
Vous constaterez dans l’examen des comptes qui vous seront distribués que le dernier exercice s’est soldé par un excédent des recettes sur les dépenses en dépit d’une augmentation générale des octrois publics. Vous serez invités à voter les crédits du prochain exercice.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Pour rester fidèles aux traditions de notre législature, vous devrez apporter le plus grand souci du bien public dans l’étude des questions qui vous seront soumises. Il me fera plaisir de suivre vos délibérations et vos travaux au cours de la session que j’ai l’honneur d’inaugurer au nom de Sa Majesté.