Louis-Alexandre Taschereau, 1920-1936
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Au début de cette dix-septième législature, je suis heureux de souhaiter la bienvenue à tous les députés anciens et nouveaux. Je désire leur offrir, ainsi qu’aux membres du Conseil législatif, mes meilleurs vœux à l’occasion du nouvel an.
Deux événements importants ont marqué l’année qui vient de finir. Notre province a reçu la visite de Leurs Altesses Royales, le Prince de Galles et le Prince George, qui étaient accompagnés du Premier Ministre de la Grande-Bretagne, M. Baldwin. Ces distingués voyageurs ont été l’objet d’un accueil très sympathique, et notre population a tenu à leur montrer combien elle reste attachée aux institutions qui régissent notre pays. Tout récemment, l’archevêque de Québec, Monseigneur Rouleau, a été promu au cardinalat. C’est un grand honneur pour Québec, et je saisis cette première occasion de présenter au nouveau dignitaire, en votre nom et au mien, nos hommages respectueux.
La dernière récolte a été l’une des plus considérables dont nos agriculteurs aient bénéficié jusqu’ici, et notre domaine agricole s’est agrandi de plusieurs milliers d’acres.
Notre essor industriel s’est également accentué, et la création de nouveaux centres de production a fourni à nos ouvriers un travail abondant et rémunérateur. Ce développement s’est opéré tout particulièrement dans nos régions du Lac Saint-Jean, de Québec et de la Gatineau, de même que dans nos Cantons de l’Est. Il convient de l’attribuer à la politique qu’a adoptée mon gouvernement de ne pas exporter d’énergie électrique. Cette politique sera rigoureusement maintenue.
Les primes de défrichement et de premier labour ont produit d’excellents résultats, et la colonisation s’est poursuivie activement.
Nos régions minières ont révélé une richesse inespérée, et Rouyn est maintenant pourvu d’un haut fourneau où l’on a récemment commencé à traiter le minerai de cuivre. Notre province a pris une telle importance au point de vue minier que les Associations minières et métallurgiques de l’Empire britannique y ont tenu leur dernier congrès trisannuel.
Deux importants rapports vous seront soumis, celui de M. le juge Boyer concernant l’incendie du « Laurier Palace », et celui de la Commission chargée de faire enquête sur les écoles catholiques de Montréal.
M. le juge Boyer traite de l’admission des enfants aux spectacles cinématographiques et de l’ouverture des cinémas le dimanche. Vous aurez à étudier les conclusions de son rapport à ce double point de vue.
Pour ce qui est de l’observance du dimanche dans nos usines à pulpe et à papier, nous devons noter une amélioration considérable. Des abus existent encore, et mon gouvernement désire s’employer activement à les réprimer. Il ne peut cependant, à cette fin, assumer la police générale de la province. Il compte, pour que le jour du Seigneur soit fidèlement observé, sur le bon vouloir des patrons et des ouvriers, sur la collaboration de certaines associations, et sur le concours des autorités municipales, qui, trop souvent, lui fait défaut.
Une conférence interprovinciale a eu lieu à Ottawa, en novembre dernier. Toutes les provinces du Dominion y étaient représentées, et l’on a discuté des questions de la plus haute importance.
Mon gouvernement croit que le facteur qui assurera le mieux l’unité canadienne et qui sauvegardera l’avenir du Canada, réside dans le respect de l’autonomie provinciale et dans la fidélité à l’esprit comme à la lettre du pacte fédératif. Cette affirmation est d’autant plus opportune que notre Confédération canadienne a célébré en 1927 son soixantième anniversaire, et que les progrès réalisés jusqu’ici, et signalés par des fêtes splendides, doivent nous inciter à prévenir toute source de conflits.
Au cours de cette session qui commence, trois questions d’un intérêt primordial réclameront votre attention.
Nos ouvriers désirent, relativement aux accidents survenant au cours de leur travail, une loi de compensation plus généreuse que celle qui les régit maintenant. A la suite d’une enquête prolongée et d’une étude approfondie, mon gouvernement croit avoir trouvé un système qui réunira ce que notre propre législation et ce que les législations étrangères renferment de meilleur. Ce système donnera satisfaction aux patrons comme aux ouvriers. Indemniser généreusement l’ouvrier sans nuire à l’industrie, telle est l’idée maîtresse qui a présidé à la rédaction de la nouvelle loi que vous serez appelés à étudier.
Mon gouvernement attache une importance souveraine à l’hygiène publique, et en donnera de nouveau la preuve. Il est du devoir de tous de travailler à améliorer les conditions hygiéniques, pour conserver nos jeunes enfants et protéger notre population contre les maladies contagieuses.
L’établissement d’un crédit agricole, en coopération avec le gouvernement fédéral, démontrera l’intérêt constant que mon gouvernement porte à la population rurale.
En vue de rendre les établissements agricoles durables et profitables, le gouvernement s’efforcera de diriger les colons vers les véritables centres de colonisation, tels que l’Abitibi et le Témiscamingue. Il espère ainsi les empêcher de se disséminer dans des endroits peu favorables à la grande culture.
Une loi destinée à favoriser le rapatriement des Canadiens émigrés aux États-Unis vous sera soumise, pourvu que les autorités fédérales donnent suite au projet qu’elles ont conçu à cet égard, et dont elles ont fait part à mon gouvernement.
Messieurs de l’Assemblée législative,
Vous constaterez un état financier des plus satisfaisant dans les comptes publics qui vous seront présentés Vous serez invités à voter les crédits du prochain exercice.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Vous aurez à légiférer sur diverses matières d’intérêt général. Je prie Dieu de bénir vos travaux au cours de cette session que j’ai l’honneur d’inaugurer au nom de Sa Majesté le Roi.