Discours du trône, Québec, 7 novembre 1916

Lomer Gouin, 1905-1920

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Il me fait plaisir de vous voir réunis pour commencer vos travaux parlementaires.

Le Duc et la Duchesse de Connaught, accompagnés de la Princesse Patricia, viennent de retourner en Angleterre après avoir fait leurs adieux au peuple canadien. Notre province, pour sa part, gardera un agréable souvenir ce leur séjour en ce pays, ainsi que de l’intérêt que Leurs Altesses ont bien voulu porter au Canada. Si leur départ est universellement regretté, on peut dire cependant que le choix du nouveau gouverneur a été une cause de satisfaction générale, et, au nom de tous, j’offre au Duc de Devonshire la pus cordiale bienvenue.

Il convient de se réjouir des succès que les Alliés ont si vaillamment remportés depuis la dernière session et de la part glorieuse que nos troupes y ont souvent prise. Avec vous, je salue avec fierté l’héroïsme des nôtres et je m’incline devant la mémoire de ceux qui sont tombés au champ d’honneur.

Pour enlever à nos volontaires le souci matériel de leurs familles et pour donner l’exemple à tous ses citoyens, mon gouvernement a décidé de contribuer pour une somme de un million de dollars au Fonds Patriotique, afin de l’inciter à continuer son œuvre si féconde. Un projet de loi vous sera soumis à l’effet d’autoriser cette donation.

Mon gouvernement s’est également fait un devoir de souscrire un demi-million au second emprunt national, et j’ai confiance que cet acte de patriotisme rencontrera votre approbation unanime.

J’attire votre attention sur l’importance de la commission qui a été créée par mes ministres dans le but de trouver de l’emploi aux soldats de retour du front. Grâce au dévouement des membres de cette commission et aux bonnes dispositions du public à leur égard, il a été possible à un grand nombre de militaires d’obtenir des situations à leur arrivée.

Les routes Québec-Montréal, Lévis-Jackman, Sherbrooke-DerbyLine et Montréal-Rouses Point constituent maintenant quatre des plus belles artères du Canada tout entier et il ne fait aucun doute qu’elles serviront largement à développer les régions qu’elles traversent.

Les travaux de voirie ont été si activement conduits dans à peu près tous les centres de la province qu’il est devenu nécessaire d’augmenter le montant que mon gouvernement était autorisé à mettre à la disposition des municipalités. Un projet de loi sera déposé devant vous à cet effet. On vous demandera également d’étudier une loi relative à l’entretien des chemins.

L’état de l’agriculture est des plus satisfaisantes, et je vous signale avec plaisir l’amélioration constante de nos produits laitiers et la bonne renommée dont ils jouissent maintenant sur tous les marchés. La législation que vous avez déjà adoptée au sujet de l’inspection des fabriques de beurre et de fromage a commencé à produire d’heureux résultats et laisse entrevoir les plus belles espérances pour l’avenir.

Les honneurs décernés par le Mérite Agricole sont de plus en plus appréciés par nos cultivateurs et le nombre de ceux qui concourent chaque année va toujours en augmentant.

Les barrages sur les rivières Saint-Maurice et Saint-François sont en bonne voie de construction. Mon gouvernement étudie en ce moment les avantages qu’il y aurait à entreprendre de semblables travaux ailleurs dans la province.

Il existe, dans plusieurs centres agricoles, de vastes concessions forestières dont le sol est absolument propre à la culture et que les propriétaires seraient disposés à échanger pour des terrains situés dans des régions plus éloignées. Une législation vous sera soumise à l’effet d’autoriser le gouvernement à opérer ces échanges lorsqu’il le jugera dans l’intérêt public.

La loi que vous avez adoptée à la dernière session relativement à la protection des forêts contre le feu a eu un effet des plus favorables.

Afin d’activer le mouvement si désirable du retour à la terre et de faciliter l’établissement des colons, le gouvernement a poussé avec vigueur la construction de nouveaux chemins dans les centres de colonisation. Grâce à l’augmentation des octrois, la longueur des routes construites ou améliorées est plus considérable cette année que jamais.

Tout porte à croire que de nombreuses familles européennes viendront s’établir en Amérique, et particulièrement au Canada, dès que la guerre actuelle aura pris fin. Mon gouvernement considère en ce moment les méthodes qu’il convient d’adopter pour faire profiter la province de Québec de ce courant d’émigration.

Notre province est pourvue de gisements d’une grande valeur, et je vous signale avec plaisir l’importance que l’industrie minière a déjà prise chez nous. Mes ministres ont toute raison de croire que des mines de cuivre, de plomb et de molybdenite seront exploitées avant longtemps, ainsi que de nouvelles mines d’amiante.

Mon gouvernement n’a pas manqué de donner sa meilleure attention aux besoins de l’instruction publique et c’est avec soin qu’il a distribué les crédits que vous avez votés à cette fin.

L’école normale de Sherbrooke est maintenant en construction et elle sera prête à recevoir dès le mois de septembre prochain.

La loi qui réglemente les privilèges des constructeurs et ouvriers donne lieu à des difficultés d’application qui la rendent parfois illusoire. Mon gouvernement vous soumettra une nouvelle loi qui donnera aux ouvriers toute la protection à laquelle ils ont droit.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les comptes de l’année passée vous seront distribués et vous constaterez avec plaisir, je n’en doute pas, que les recettes ont encore une fois excédé les dépenses. Vous serez appelés à approuver les prévisions pour l’exercice prochain.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur diverses matières d’intérêt général. J’ai confiance que vous étudierez avec soin les questions ainsi que les projets qui vous seront soumis, et je demande à la Providence de bénir vos travaux et de répandre ses bénédictions sur toute la population de notre chère province.

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