Lomer Gouin, 1905-1920
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
J’éprouve un vif sentiment de plaisir à vous voir commencer les travaux de ce nouveau parlement.
Vous serez sans doute heureux d’apprendre que les efforts tentés par mon gouvernement pour la diffusion de l’instruction publique produisent de bons résultats. Deux écoles normales, l’une à Saint-Hyacinthe et l’autre à Joliette, viennent d’ouvrir leurs portes aux personnes qui désirent se vouer à l’enseignement dans cette province. Au delà de quarante commissions scolaires se sont partagé le crédit dévolu à celles qui construisent de nouvelles académies commerciales. L’encouragement donné aux municipalités qui augmentent le salaire de leurs instituteurs et de leurs institutrices commence à porter ses fruits et laisse déjà entrevoir les meilleurs effets pour l’avenir. C’est le ferme désir de mon gouvernement de poursuivre la politique qu’il a inaugurée et de faire tout en son possible pour améliorer davantage notre système d’enseignement.
Le premier congrès de langue française a eu lieu à Québec en juin dernier et c’est avec joie que nous y avons salué la présence de personnages marquants. Il est à souhaiter que l’étude qu’on y a faite de certains problèmes contribue à développer de plus en plus l’instruction en notre province.
Des monuments, élevés à la mémoire de deux fils de notre sol, ornent maintenant les parterres du Parlement. Espérons que ce généreux mouvement se continuera et que d’autres monuments seront érigés par toute la province pour rappeler le souvenir aussi bien que le patriotisme des grands des morts de l’histoire canadienne.
Des milliers de pères et de mères de famille ont visité l’exposition pour le bien-être de l’enfance qui a été tenue à Montréal. Cette exposition eut beaucoup de succès et ne peut manquer de contribuer à réduire la mortalité infantile. Mon gouvernement s’est rendu compte avec plaisir de l’intérêt qu’elle a suscité et il se propose d’attirer votre attention sur les moyens à prendre pour la rendre le plus efficace possible.
Une commission a été instituée aux fins de s’enquérir de la vente des liqueurs, ainsi que des modifications qu’il convient d’apporter aux lois qui s’y appliquent. Cette commission a commencé son travail et elle le poursuivra sans retard.
La colonisation se développe considérablement et les lettres patentes, émises chaque année, sont de plus en plus nombreuses. Les terres de l’Abitibi semblent particulièrement recherchées par les colons et déjà, malgré les difficultés de transport, plusieurs billets de location ont été accordés sur la lisière que traverse le Transcontinental. Mon gouvernement s’intéresse vivement à l’œuvre de nos pionniers et il désire construire de nouveaux chemins afin de rendre cette fertile contrée d’un accès plus facile.
La température de la dernière saison n’a pas été très favorable à l’agriculture; toutefois, l’industrie laitière a certainement été plus rémunératrice que jamais. Il est agréable de constater que le soin apporté à la classification des produits laitiers a aidé, dans une large mesure, à augmenter les revenus des bons producteurs; le gouvernement a l’intention de continuer à surveiller attentivement cette classification dans les limites de sa juridiction.
La commission, chargée de la refonte des lois municipales, a terminé ses travaux. Son rapport sera soumis à votre considération, et vous aurez à décider jusqu’à quel point il convient d’accepter les suggestions qui y sont faites.
L’instruction ménagère est en grande faveur auprès de notre population rurale et plusieurs nouvelles écoles ménagères ont en conséquence été ouvertes pendant l’année.
Les bâtiments du collège d’agriculture de Sainte-Anne de la Pocatière sont maintenant terminés. Un grand nombre d’élèves vont puiser à cette école des connaissances pratiques et théoriques, en même temps qu’ils apprennent à aimer la terre.
La commission des eaux courantes a préparé un rapport qui sera déposé devant les chambres.
Les travaux de l’amélioration de la voirie ont été activement conduits. Plusieurs municipalités ont jusqu’ici profité des avantages qui leur sont offerts et beaucoup d’autres en profiteront dès le printemps prochain. Le gouvernement se propose de donner une attention toute spéciale à nos chemins ruraux.
Tous les ans, des dommages considérables sont causés par le feu dans les petites villes et les villages. Le gouvernement présentera un projet de loi ayant pour objet de faciliter l’organisation, dans ces municipalités, d’un système de protection contre les incendies.
Nos richesses forestières, minières et giboyeuses, dans le sud de l’Ungava et dans le nord de l’ancienne province de Québec, sont souvent menacées par l’imprévoyance et la mauvaise volonté des prospecteurs. Mon gouvernement verra à ce que toutes les richesses de cette région soient protégées.
Comme la chose se pratique en certains pays, le gouvernement entend favoriser la création de parcs publics et privés où le gibier et les animaux à fourrure puissent se multiplier.
Messieurs de l’Assemblée législative,
Le budget des dépenses pour l’année à venir vous sera soumis, ainsi que les comptes publics pour l’année écoulée. Vous constaterez avec plaisir, dans ces derniers, que la province a remboursé au premier juillet la balance de l’emprunt de 1882, savoir : $2,405,580.00, sans contracter de nouvelles obligations.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Vous devrez légiférer sur plusieurs matières d’ordre public. Vous aurez, en particulier, à adopter une loi pourvoyant l’Ungava d’une organisation administrative, à amender la « Loi des bons chemins, 1912 », pour la rendre plus efficace et activer davantage l’amélioration de notre voirie, à étudier un projet de loi concernant la création d’un bureau de statistiques.
Je suis persuadé que vous apporterez, dans la discussion de ces questions, l’attention et le soin qu’il convient et que vous n’aurez en vue que l’intérêt du peuple et de la province.