Discours du trône, Québec, 11 novembre 1913

Lomer Gouin, 1905-1920

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

C’est avec plaisir que je vous vois reprendre vos travaux parlementaires et je vous souhaite cordialement la bienvenue.

Je dois d’abord me réjouir avec vous de ce que la Providence a daigné combler notre province d’une abondante récolte au cours de cette année.

Je suis certain d’être votre interprète à tous, en saluant le retour, au milieu du peuple canadien de Leurs Altesses Royales le Duc et la Duchesse de Connaught. Le rétablissement de la Duchesse n’a causé nulle part de joie plus sincère que dans cette province.

Vous serez sans doute heureux d’apprendre que l’essor que mon gouvernement a donné à l’amélioration de la voirie a produit des résultats qui dépassent toutes ses espérances. Non seulement les travaux des grandes routes qu’il a entreprises ont progressé d’une manière satisfaisante, mais les municipalités ont compris toute l’importance d’une vigoureuse initiative de leur part, et elles se sont prévalues en grand nombre de la loi des bons chemins. Ce mouvement est devenu si général et si accentué que mon gouvernement vous proposera de l’autoriser à nommer un ministre de la voirie, afin de permettre au ministre de l’agriculture de donner tout son temps et toute son énergie aux seules choses de l’agriculture.

Deux commissions, créées par la Législature ont présenté leurs rapports. Vous aurez à étudier le projet de Code municipal qui est déposé depuis l’an dernier. J’espère que nos institutions municipales bénéficieront largement du travail et de l’expérience des commissaires, aussi bien que du travail que vous aurez à faire à ce sujet.

Vous aurez également à étudier le rapport de la commission chargée de s’enquérir du commerce des liqueurs enivrantes et des modifications qu’il peut convenir d’apporter à la loi des licences. J’ai lieu de croire que ce rapport vous aidera à trouver une solution au problème si complexe et si difficile du débit des boissons alcooliques. Je reste convaincu que vous emploierez tous vos efforts à enrayer le fléau de l’intempérance tout en respectant la liberté légitime des citoyens.

Les progrès réalisés dans le domaine de l’instruction publique sont constants. Grâce aux subventions de mon gouvernement, un nombre considérable d’académies commerciales ont été construites cette année, une nouvelle école normale a ouvert ses portes aux jeunes personnes qui désirent se vouer à l’enseignement et un collège industriel a été fondé dans le comté de Beauce.

La colonisation a été très active. Elle aurait pu l’être bien davantage si la partie du Transcontinental qui sépare Québec de Cochrane avait été terminée. Malgré la longueur et les difficultés du trajet, quelques centaines de colons n’en sont pas moins allés s’établir sur les belles et riches terres de l’Abitibi, où mon gouvernement avait pris soin de faire exécuter certains travaux préliminaires pour faciliter la tâche aux nouveaux venus.

Si l’instruction publique, l’administration de la justice, la voirie, la colonisation, la construction de ponts en fer, l’agriculture, le service forestier ont fait des progrès marquants, et si mon gouvernement n’a reculé devant aucun sacrifice pour en assurer le développement, d’un autre côté, ces services requièrent toutes les ressources disponibles de la Province et en demandent tous les jours de nouvelles. C’est pourquoi mon gouvernement a pris une part active à la conférence interprovinciale tenue dernièrement à Ottawa. Les représentants des provinces ont demandé au gouvernement du Canada des subsides additionnels. J’espère que leurs réclamations seront favorablement accueillies et qu’un rajustement du subside fédéral permettra à la Province de réaliser d’une manière plus prompte et plus complète les travaux de voirie qu’elle a entrepris et de continuer sur une plus grande échelle ses subventions à l’instruction publique.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Le budget des dépenses pour l’année à venir vous sera soumis, ainsi que les comptes publics pour l’année écoulée. Vous constaterez sans doute avec plaisir que l’exercice financier terminé le 30 juin 1913 s’est soldé par un excédent de recettes.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous serez appelés à légiférer sur plusieurs matières d’ordre public, entre autres la voirie, la loi des licences, le Code municipal, l’inspection des hôtels, la construction de maisons salubres pour les ouvriers, l’établissement d’écoles industrielles dans les différentes centres de la Province.

Je suis persuadé que vous apporterez- à la discussion de ces questions l’attention et le soin qu’elles méritent et je demande à la Providence de bénir vos travaux et de répandre ses bienfaits sur notre province.

Share