Discours du trône, Québec, 10 janvier 1911

Lomer Gouin, 1905-1920

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Bien qu’il me soit agréable d’avoir à saluer votre rentrée, je ne puis cependant m’empêcher de regretter avec vous l’absence de monsieur le lieutenant-gouverneur, et je serai sans doute l’interprète des sentiments de tous en lui souhaitant un prompt retour à la santé.

Nous avons raison de nous réjouir de l’éclatant succès des fêtes qui ont eu lieu à Montréal à l’occasion du dernier congrès eucharistique international. En effet, ce succès a démontré une fois de plus que la province de Québec est non seulement une terre de foi, mais qu’elle est aussi par excellence la terre de la liberté. La population protestante de notre métropole a particulièrement fait preuve en cette circonstance d’une bienveillance admirable et dont nous ne saurions trop la remercier.

Les gouvernements provinciaux se sont réunis à Ottawa en décembre dernier pour considérer s’il ne serait pas opportun de proposer des amendements à la loi qui détermine le chiffre de la représentation de chacune des provinces à la chambre fédérale. Cette conférence s’est ajournée sans prendre de décision.

Les commissaires royaux chargés de rechercher les meilleurs moyens de combattre la tuberculose ont terminé leur travail. Je suis persuadé que vous lirez avec intérêt le rapport qu’ils ont élaboré.

L’École des Hautes Études commerciales de Montréal est ouverte depuis quelques mois et tout fait prévoir que les jeunes gens qui se destinent au commerce sauront profiter de l’enseignement supérieur que donne cette institution.

L’inauguration des écoles techniques de Québec et de Montréal aura lieu en septembre prochain.

Six nouvelles écoles normales de filles ont été fondées pendant les cinq dernières années et c’est le désir du gouvernement d’en établir encore quelques-unes.

Vous serez appelés à augmenter plusieurs crédits du budget de l’instruction publique, entre autres celui de l’enseignement élémentaire, celui des écoles modèles et académiques, celui destiné à encourager la construction d’académies commerciales dans les campagnes.

Afin d’engager les commissions scolaires à confier l’instruction des garçons à des instituteurs plutôt qu’à des institutrices, on vous demandera d’accorder une allocation spéciale à toute commission de village ou de paroisse qui placera l’école modèle ou l’académie de garçons de la municipalité sous la direction d’un instituteur diplômé et payera à ce dernier un traiteraient convenable.

Un projet vous sera aussi soumis en vue d’assurer aux institutrices retraitées une pension plus élevée.

L’organisation de l’enseignement du dessin dans les écoles primaires est une mesure qui s’impose de plus en plus. Vous applaudirez, j’en suis sûr, à l’initiative que le gouvernement entend prendre à ce sujet.

Le département de l’agriculture subventionne actuellement quelques maisons d’éducation qui veulent bien ajouter à leur programme d’études l’enseignement de l’économie domestique et confier cet enseignement à des professeurs munis d’un certificat de compétence. C’est l’intention du ministère de continuer à favoriser la diffusion de l’instruction ménagère.

Bien que les cultivateurs soient prospères, il est indéniable que le mauvais état de nos routes carrossables est un sérieux obstacle au progrès de l’agriculture. Les encouragements que le gouvernement accorde depuis quelques années à l’amélioration de la voirie rurale sont de plus en plus appréciés et le moment paraît venu de donner un élan définitif à cette politique. Je compte donc que vous accueillerez favorablement les mesures nouvelles qui vous seront proposées à cet égard.

Le gouvernement vous demandera aussi de contribuer plus largement à la construction de ponts en fer.

La commission des chemins à barrières et de ponts de péage fera bientôt son rapport ; les données qu’elle a recueillies vous seront certainement d’un grand secours lorsque vous aborderez le problème de l’abolition des péages.

Nos terres à culture sont toujours très recherchées par les défricheurs. Les chemins de fer qui s’ouvrent en divers endroits de la province devront provoquer une recrudescence du mouvement colonisateur, et le gouvernement ne manquera pas de mettre à profit le concours de ces puissants agents de progrès.

Nous pouvons nous féliciter du développement que prend l’industrie minière. Le gouvernement aide puissamment à ce développement en faisant faire par les officiers du service des mines des études géologiques dont les résultats guident les prospecteurs dans leurs recherches et les capitalistes dans le placement de leurs fonds.

Les ingénieurs chargés d’explorer les terrains de Chibougamau ont déposé un rapport préliminaire de leurs constatations. Ce rapport vous sera distribué.

L’école forestière, dont vous avez autorisé la création, est maintenant établie, et plusieurs élèves suivent déjà ses cours.

Un service spécial dont l’office sera de mieux surveiller et diriger les opérations forestières a été organisé, et je compte que cette mesure recevra votre approbation.

La révision du code municipal se poursuit avec diligence et il y a lieu d’espérer qu’elle s’achèvera avant longtemps.

Pour donner suite à la loi que vous avez votée à la dernière session, le gouvernement ouvrira sous peu, à Québec et à Montréal, des bureaux de placement pour les ouvriers de ces villes.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les prévisions pour le prochain exercice et les comptes de l’année passée vous seront soumis.

Il vous sera sans doute agréable de constater que, l’an dernier encore, les revenus ont de beaucoup excédé la dépense.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur diverses matières d’intérêt général, notamment sur la chasse, la pêche, les mines, l’agriculture et les compagnies de fidéicommis.

J’ai confiance que vous étudierez avec soin les questions qui vous seront soumises et que vos décisions seront toutes inspirées par le souci de la justice et du bien public.

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