Conférences de presse (2003-2004)

[QCHRS20030514cp]

[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec, et de M. Edmund Stoiber, ministre-président de l’État de Bavière Hôtel du Parlement mercredi 14 mai 2003]
[(Seize heures cinquante-deux minutes)]
[ Le Modérateur: Alors, juste avant de commencer, je voudrais vous indiquer la procédure pour le point de presse qui va suivre. Alors, on va avoir tout d’abord une brève déclaration de M. Charest et de M. Stoiber suivie d’une brève période de questions divisée en deux volets: le premier volet sera pour les questions en français et le deuxième volet sera pour les questions en allemand et en anglais. Et je rappelle que la période des questions portera uniquement et exclusivement sur les relations Québec-Bavière. Alors, on va commencer dans quelques instants.]
[ M. Charest:] Alors, bienvenue mesdames et messieurs. Nous allons, suite à la remise de l’Ordre national du Québec au Dr Edmund Stoiber et également ministre-président, faire quelques commentaires.
D’abord, je veux souligner, parce que ce n’est pas très connu et malheureusement pas assez connu au Québec, cette relation exceptionnelle que nous entretenons avec la Bavière, entre autres, depuis 1989, mais ça précède 1989, une relation d’une telle importance que tous les premiers ministres du Québec qui se sont succédé depuis 1989 ont tous, sans exception, dévoué une attention particulière à cette relation. Mais il n’y a pas de coïncidence, s’il est vrai qu’au Québec il s’est succédé quelques premiers ministres depuis ce temps-là, il n’y a que deux leaders en Bavière qui ont eu l’occasion de justement faire des visites soutenues au Québec, M. Streible dont on parlait il y a quelques minutes, en 1989, suivi du ministre-président Stoiber.
Cette semaine, il y a la Semaine de la Bavière ici, au Québec. Ce sera l’occasion justement de mettre en relief les relations que nous avons avec la Bavière qui sont soutenues à la fois dans le domaine économie, dans le domaine culturel également académique, universitaire. Je pense, entre autres, à des projets dans le domaine de l’hydrogène qui se font avec l’Université du Québec à Trois-Rivières, par exemple. C’est pour vous dire à quel point ça s’étend sur tout le territoire québécois. Et je veux terminer mes remarques en vous réitérant que les relations de nature exceptionnelle ne se font pas sans qu’il y ait une très grande complicité et une volonté venant, entre autres, de la Bavière pour que nous puissions justement jouir de cette relation privilégiée. C’est pour cette raison-là que nous tenions absolument aujourd’hui à honorer le ministre-président Stoiber, parce qu’il est beaucoup l’artisan de cette relation.
Je vous réitère, M. le Président, que ça a été une des premières choses que j’ai faites suite à mon élection, c’était de demander à mon prédécesseur, M. Landry, avec qui vous avez eu d’excellentes relations aussi, je le sais, de vous réitérer l’invitation qui vous avait été faite, parce que je voulais, moi, profiter de votre visite, tôt dans le mandat du gouvernement actuel, pour que nous puissions vous dire notre appréciation et vous dire que le gouvernement actuel a l’intention de s’inscrire dans cette lignée historique et de non seulement poursuivre mais également accroître cette relation avec la Bavière.
Je vais maintenant vous demander de dire quelques mots et ensuite on prendra les questions.
[ M. Stoiber (Edmund): [Interprétation] Que chaque région, chaque pays a besoin de partenaires dans ce monde de mondialisation dans lequel nous vivons aujourd’hui et plus particulièrement dans le cadre des échanges économiques. Et le Québec a une structure semblable à celle de la Bavière, une position dans l’agriculture considérable, dans le passé, mais aussi un développement étonnant vers un État de services et de sciences technologiques. Et je pense que les échanges intenses dans le domaine de nouvelles technologies, nanotechnologies, biotechnologies, du nouveau matériau, ce sont les développements dont pourra bénéficier votre pays et le mien, dans l’avenir. Et de procéder en concurrence mais aussi en partenariat profitera aussi bien au Québec qu’à la Bavière. Et le fait de pouvoir vivre ce partenariat de façon aussi étroite, aussi rapprochée, malgré la distance, c’est quelque chose que nous devons… entre autres, la nouvelle technologie des transports. En à peine 8 heures, j’ai pu me rendre de Munich à Montréal. Et, en descendant, j’ai pu sans problèmes téléphoner à Munich. C’est ça, la technologie moderne des transports et des télécommunications, de maintenir des partenariats étroits au-delà de milliers de kilomètres de distance et de réaliser des projets en commun.
Je pense qu’il est important de garder le rythme. Et, au cours de nos conversations, nous avons pu développer quelque chose qu’il faut encore consolider davantage: la question des identités qui doivent être entretenues dans un monde qui se modifie. Et je suis tout à fait de votre avis que, grâce à des productions… que, sur les productions culturelles, les accords doivent être exclus des accords commerciaux, car les productions culturelles ne sont pas de l’économie mais du domaine de la culture. Et il faut les… ça doit être géré par les États et non pas pressé dans un moule qui se prête après l’Accord mondial du libre-échange. C’est bon pour l’économie, mais ce n’est pas bon pour la culture. Et je pense que nous deux allons aller dans le même sens. Et, si le Canada et l’Allemagne parlent d’une même voix dans ce domaine, je pense que nous réussirons, que, dans ce cas-là, nous aurons avancé d’un grand pas. Et, par ailleurs, j’ai invité mon collègue à venir à Munich car ce sera encore plus facile dans l’avenir: fin mai, début juin, il y aura un vol direct entre Munich et Montréal et retour de Montréal à Munich, et cela illustre à quel point notre rapprochement a mûri. Je quitterai avec de très, très bonnes impressions demain soir, et je voudrais souligner à nouveau à quel point j’apprécie d’avoir reçu l’Ordre national du Québec. Je crois que tous les Bavarois pourront être fiers d’avoir une aussi bonne relation avec le Québec. [Fin de l’interprétation]] [ Le Modérateur: Alors, on va commencer avec les questions en français, en utilisant les microphones, question de…]
[ M. Charest:] Je vais vous demander d’aller au microphone. Comme ça, les gens qui font l’interprétation pourront vous entendre et interpréter.
[ Journaliste: M. le premier ministre, qu’est-ce que vous pouvez faire ensemble pour renforcer les régions dans un monde de globalisation?]
[ M. Charest:] Bien, la Bavière et le Québec ont beaucoup en commun. D’abord, sur le plan économique, nous avons ici deux économies qui dépendent beaucoup des marchés extérieurs, qui ont donc intérêt à ce que les marchés s’ouvrent, ont donc intérêt à poursuivre cette ouverture sur le monde. D’autre part, sur le plan de la culture, nous avons aussi, dans un contexte d’ouverture, intérêt à défendre, à préserver les cultures qui nous sont propres. Ici au Québec, eh bien, c’est une situation absolument unique, hein. Vous êtes dans le Parlement, le seul Parlement d’Amérique qui représente une majorité de citoyens qui parlent français. Il y a donc, pour nous, un devoir, une mission qui touche directement le rôle de l’État, celui de faire la promotion et la défense de cette culture dans une mer nord-américaine de gens qui parlent anglais. Et c’est pour cette raison-là que, dans notre entretien de cet après-midi, on a assez longuement parlé de la question de la diversité culturelle, où à la fois la Bavière et le Québec se rejoignent. Et cette volonté commune que nous avons dans un contexte d’ouverture où nous dépendons des marchés extérieurs… parce que le pendant économique au Québec, c’est que nous dépendons aussi beaucoup des marchés extérieurs pour gagner notre vie. C’est 60 % de notre produit intérieur brut qui dépend directement de ce que nous exportons à l’extérieur, à la fois dans le reste du Canada et en particulier aux États-Unis.
Alors, dans ce contexte, il y a là un intérêt commun. Et nous pouvons nous assister mutuellement, à la fois en Europe, ici, en Amérique du Nord, pour défendre ce principe de la diversité culturelle.
Maintenant, les liens économiques entre la Bavière, l’Allemagne et le Québec et le Canada sont beaucoup plus importants que ce que les gens soupçonnent. La Bavière, pour l’année 2002, a été le deuxième marché d’exportation, c’est-à-dire l’Allemagne a été le deuxième marché d’exportation pour le Québec pour l’année 2002, et il y a des compagnies très connues comme Alcan, Bombardier, CAE qui sont établies en Allemagne et en Bavière aussi. Il y a trois usines de Bombardier, je crois, en Bavière, et cela illustre à quel point des liens économiques se sont tissés au fil des ans.
Il y a une coopération. Il y a 250 projets, au fil des ans, depuis une quinzaine d’années, qui se sont réalisés entre la Bavière et le Québec. C’est donc dire que, bien au-delà des déclarations et des discours, il y a des projets très concrets qui se sont réalisés entre les deux États, et on veut, dans le fond, s’offrir un peu en exemple de ce qu’on peut voir ailleurs dans le monde, alors que les régions, comme le ministre-président l’a dit dans sa déclaration, les régions soient appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans les relations qu’auront les peuples.
[ M. Stoiber (Edmund): [Interprétation] Permettez-moi de rajouter peut-être quelques mots. La Bavière a un taux d’exportation de plus de 40 %, et ce n’est pas seulement lié à l’économie, mais également à la politique qui tente bien sûr de donner des bases à l’économie, afin que les exportations puissent bien se dérouler.
Vous venez d’entendre aussi que 40 % du commerce entre l’Allemagne et le Canada, en fait, aussi est effectué avec la Bavière. Je pense qu’on peut comprendre que les beaux contacts sur le plan politique, sur le plan culturel des deux pays bien sûr profitent également à nos économies nationales, au Québec, en Bavière, et ceci profite bien sûr à nos deux populations, et ça explique sans doute aussi la très grande part des exportations québécoises vers l’Allemagne.[Fin de l’interprétation] ]
[ M. Gauthier: Oui. Est-ce qu’il est question, au cours de ces deux jours de visite, de l’intérêt de certaines alumineries allemandes pour le Québec?]
[ M. Charest:] On n’en a pas discuté directement, mais la Semaine de la Bavière, ce sera l’occasion sans doute de faire des rapprochements. Je sais qu’il y a des forums d’organisés entre les gens d’affaires, et ce sera toujours l’occasion pour nous d’explorer des occasions d’investissement.
[ M. Gauthier: Est-ce que les membres de cette industrie qui sont présentement dans la délégation peuvent avoir…]
[ M. Stoiber (Edmund): [Interprétation] Non, ils ne font pas partie de la délégation. Mais, s’il pouvait y avoir des contacts ou s’il y aura des contacts, c’est M. Spitzner qui s’en chargera au nom de l’économie bavaroise. [Fin de l’interprétation]
Mme Langlois (Sophie): La structure européenne, nous apprenaient vos fonctionnaires hier… Il y a des nations et il y a des régions. La Bavière siège comme région, comme la Catalogne, à l’Assemblée des régions d’Europe. Et ils nous apprenaient aussi que le ministre-président de la Bavière avait même réussi à obtenir pour le Québec un genre de statut d’observateur à cette Assemblée des régions. Est-ce que le Québec pourrait être éventuellement intéressé à avoir ce genre de statut de région dans une assemblée des Amériques qui compléterait une ZLEA, par exemple?]
[ M. Charest:] Ça se présente différemment pour nous, parce que notre structure politique est telle – et ça ressemble peut-être un peu à ce qu’on retrouve en Allemagne – mais, lorsque nos compétences à nous sont interpellées, prenons par exemple dans le cadre de la ZLEA et de l’Organisation des États d’Amérique, lorsqu’il s’agit de questions d’éducation ou de santé, normalement, le Québec devrait pouvoir être à la table et s’entendre avec l’État fédéral, avec le gouvernement fédéral pour que nous puissions exprimer nos intérêts et défendre nos intérêts.
Alors, je n’ai pas, moi, dans le contexte de la ZLEA, été mis au fait d’un projet de développement de forum pour les régions. Ce n’est pas exclu, ça pourrait arriver. Là où on a un privilège, par contre, qui nous arrive grâce au ministre-président Stoiber, c’est d’être présent comme observateur dans ce forum des régions européennes. C’est pour nous extrêmement important pour la raison suivante: c’est que nous avons fait de la question de la diversité culturelle un enjeu majeur. En nous donnant accès à ce forum, même à titre d’observateur, l’État de la Bavière et son ministre- président nous permettent de faire avancer ce dossier de façon très substantielle. Et, pour vous dire à quel point on est dans le concret, dès le mois d’octobre, à l’UNESCO, il y aura un premier débat et une tentative, si vous voulez, de faire avancer le dossier pour que nous puissions conclure une convention internationale sur la question de la diversité culturelle. Alors, si on essayait de comprendre et de décoder pourquoi le gouvernement du Québec, aujourd’hui, reconnaît au président Stoiber cette contribution exceptionnelle, lui accorde l’Ordre national du Québec, ne serait- ce que pour cette raison-là, nous lui sommes très, très, très reconnaissants de cette porte qu’il nous a ouverte, et maintenant ça nous permet de défendre notre point de vue.
Mais, dans son discours – je ne veux pas être trop long – il évoque effectivement ce lien entre les régions, entre les nations, entre les peuples. J’ai remarqué, quand le ministre-président Stoiber parle de nation, il parle, je crois – sous réserve, je ne veux pas parler à votre place – mais de l’État fédéral allemand. Nous, lorsqu’on parle de nation, au Québec, on parle aussi de la nation québécoise, et ce qui n’exclut en rien notre participation au Canada.
Mais il y aura de plus en plus, à l’avenir, dans ce contexte de maillage entre les cultures, cette volonté de se parler directement entre régions et entre cultures. Mais, pour y arriver, encore faut- il faire cette étape de la reconnaissance de la diversité culturelle.
[ Mme Langlois (Sophie): Question à M. Stoiber, si je ne massacre pas votre nom: Vous faites un discours demain midi, qu’on nous dit important, sur des thèmes qui vous sont chers dont celui du rôle de l’État, parlez-nous un peu de votre conception de la souveraineté dans le fédéralisme européen.]
[ M. Charest:] Vous avez jusqu’à demain matin…
[ M. Stoiber (Edmund): [Interprétation] Oui. En fait, c’est la grande question dont on discute actuellement en Europe. Nous sommes à la veille d’une constitution européenne. Et l’état d’avancement de ce projet, dans le document, qui sera adopté par 25 pays veut dire que des compétences nationales seront reportées au niveau européen.
Ainsi, la politique étrangère en Europe sera conduite au niveau communautaire. Et cette constitution dira certainement que l’Europe aura un ministre des Affaires étrangères qui remplacera en partie les ministres des Affaires étrangères des pays. Donc, c’est un grand pas d’intégration.
Et imaginez-vous un ministre des Affaires européennes qui représentera l’Europe à l’étranger! C’est quelque chose qui était inimaginable il y a 50 ans.
Mais, d’un autre côté – et je veux compléter ce que mon collègue vient de dire – il y a la coopération entre les nations: entre les Canadiens avec les Américains, les Canadiens avec les Français, les Anglais, les Allemands.
Mais je pense que cela ne suffit pas pour rapprocher les peuples. Il faut, en fait, qu’en dessous de ce niveau-là, il y ait un maillage plus étroit entre les régions. L’Allemagne et le Canada, c’est une chose, mais le Québec et la Bavière, c’est autre chose. Cela démontre qu’une partie de ces peuples se rapprochent davantage, apprennent à mieux se comprendre, et cela bien sûr favorise également les échanges au niveau national. Ça renforce, complète l’action des pays et ça donne des impulsions pour que les nations arrivent à se rencontrer lorsque certaines régions ont déjà des rapports étroits. Et, dans un monde de globalisation, il est très important que, à côté du niveau national et d’échanges nationaux, ces régions puissent se rapprocher davantage. Ça oeuvre dans le sens d’un rapprochement mondial. C’est un projet gigantesque qui a été entamé ici au cours des dernières années, des dernières décennies. Et l’exemple montre que, en 1989, le Québec et la Bavière – on a un exemple – ont certainement influencé les rapports entre le Canada et l’Allemagne. C’est une idée formidable qu’ont eue nos prédécesseurs, et nous voulons continuer dans ce sens. Et il y a aussi d’autres partenaires, Shandong, une très grande province en Chine où le Cap occidental, en Afrique, ou que ce soient d’autres pays ou régions européennes.
Donc, le fait de pouvoir se rencontrer à cinq, à six, à 10 et de discuter de problèmes communs, cela veut dire que le monde se rapproche. C’est notre vision, c’est la vision qui nous anime, qui nous fait travailler ensemble de cette manière. [Fin de l’interprétation]
(Fin à 17 h 14)]
[QCHRS20030523cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec, et de M. Jean-Pierre Raffarin, premier ministre de la République française Hôtel du Parlement, Québec Le vendredi 23 mai 2003
(Quinze heures cinquante-sept minutes)]
[ Le modérateur: Alors, M. Charest va procéder à sa déclaration.]
[ M. Charest:] Alors, bienvenue, mesdames et messieurs, ministres, collègues ministres et députés, M. le délégué général, M. le consul, M. le premier ministre Raffarin. Nous recevons aujourd’hui le premier ministre de la République française pour la première fois depuis que nous avons été respectivement élus, et l’histoire a voulu faire en sorte que nous nous rencontrions alors que M. le premier ministre Raffarin assume la première année de son mandat, et nous, bien, c’est à peu près le premier mois de notre mandat. Alors, on est tous les deux très jeunes dans nos mandats respectifs. Mais nos rencontres s’inscrivent dans une histoire qui est centenaire entre la France et le Québec. D’ailleurs, demain, nous allons, le 24 mai, souligner l’arrivée de Champlain à Baie- Sainte-Catherine, qui arrivait le 24 mai 1608, et c’est donc dire à quel point il y a là une relation qui ne s’est pas démentie depuis tout ce temps.
On a souligné récemment le 40e anniversaire de l’ouverture de la Délégation générale du Québec à Paris, et l’année prochaine ce sera l’occasion de souligner le 40e anniversaire des relations privilégiées entre le Québec et la France. On a voulu donner à cette rencontre tout son sens surtout dans la continuité de l’histoire, mais aussi en soulignant les 40 premières années on a voulu marquer une nouvelle ère dans les relations France-Québec. C’est donc l’occasion pour nous de faire l’inventaire et de jeter un coup d’oeil vers l’avenir.
Et l’histoire a voulu aussi que M. Raffarin et moi partagions beaucoup en commun, à ce point où M. Raffarin a visité ma région natale de l’Estrie, Sherbrooke, à trois reprises dans les dernières années, qu’il est le fondateur de Futurallia où nous étions hier, et que Futurallia a fait sa première visite à l’extérieur de la France dans ma région de Sherbrooke en l’an 2000. Et c’est donc dire à quel point il y a des liens qui dépassent, soit dit en passant, ce projet fantastique que vous aviez initié et qui vont même plus loin que ça puisque l’Université de Sherbrooke a, depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, une entente de double diplomation avec l’École supérieure de commerce de Poitiers. Alors, il y a là, donc, des relations qui personnellement nous interpellent tous les deux. M. Raffarin a eu l’occasion de participer à la réunion des premiers ministres, évidemment. Nos collègues ministres ont beaucoup travaillé dans la continuité de ce qui s’était fait et, sans repasser en détail la déclaration que nous avons signée il y a quelques minutes, cette nouvelle alliance franco-québécoise, permettez-moi de relever certains éléments qui me paraissent très importants.
Un élément qui est toujours d’actualité, c’est celui de la diversité culturelle. Pour le Québec, c’est un dossier extrêmement important. Nous nous réjouissons du partenariat que nous avons avec le gouvernement français, du travail qui a été fait, entre autres à l’UNESCO, à l’OMC pour que nous puissions défendre notre droit de défendre… c’est-à-dire de maintenir notre culture et surtout défendre le droit des États d’intervenir directement en soutien à la culture, que ce soit les médias électroniques, que ce soit les publications ou autrement. Il y aura donc des étapes très importantes à venir, entre autres à l’UNESCO, dans le cadre de l’OMC et on s’est engagés à travailler et à continuer à travailler en étroite collaboration. Deuxième élément que je relève c’est, évidemment, la défense et la promotion de la langue française, de notre culture, ou notre travail sur les stratégies conjointes qui est absolument vital. Troisième élément que je relève, c’est celui du développement économique. Et là, il y a un aspect qui est tout à fait nouveau et qui rejoint les mandats respectifs que nous avons demandés à nos populations. Si vous connaissez un peu l’histoire politique de M. Raffarin, vous savez qu’il est beaucoup… qu’il se présente comme étant un homme des régions et il se fait défenseur des régions. Et, si vous connaissez un peu l’histoire de la campagne électorale que nous venons de vivre au Québec, vous savez aussi que cette campagne s’est faite beaucoup en mettant l’accent sur l’importance du développement des régions. Or, pour l’avenir, dans la perspective de notre développement, nous avons convenu que ce développement passe de part et d’autre par nos régions respectives et que Futurallia est un excellent exemple de ce que nous pouvons réaliser ensemble. Nous y croyons tellement que nous avons aussi décidé aujourd’hui, dans le cadre de nos échanges, et ce depuis hier, de préparer un projet-pilote, la France et le Québec ensemble qui seraient appelés à se déplacer à l’extérieur possiblement – je vous dis possiblement parce que c’est à l’état de projet – vers le Mexique dès l’année 2004 pour réaliser un déplacement de prospection de PME, de réseautage d’entreprises un peu sur le modèle de ce qu’a réalisé Futurallia. C’est donc dire qu’il y a une nouvelle perspective qui s’ouvre dorénavant dans nos relations. Dans nos échanges, cet après-midi, même si ce n’est pas prévu dans le détail de la déclaration qu’on vous a remise, on a même poussé un petit peu plus loin, à la suggestion du premier ministre, pour justement faire la même chose dans le domaine de l’éducation, et puisque nous avons cet exemple de double diplômation de l’Université de Sherbrooke et qu’il y a là une tendance qui se confirme, pourquoi ne pas pousser plus loin, pourquoi ne pas faire en sorte que nous puissions également, également, travailler ensemble pour que nous puissions aller vers d’autres territoires, d’autres pays, et recruter des étudiants qui seraient intéressés à des programmes de double diplômation qui touchent à la fois le Québec et la France.
Et finalement, je vous dirais qu’un des projets qui nous interpellent également au niveau de l’administration publique, c’est celui de la mise en place d’un gouvernement en ligne. Chez nous, au Québec, c’est un projet qui me tient personnellement à coeur. J’y vois là une occasion de conjuguer nos efforts dans la révision du rôle de l’État qui sera le grand projet de la prochaine année du gouvernement du Québec, en même temps qu’il y a chez nous des mises à la retraite assez importantes. Il y a 40 % de la fonction publique québécoise appelée à prendre sa retraite d’ici les 10 prochaines années. C’est beaucoup, beaucoup de personnes et, en même temps, l’émergence de nouvelles technologies. Il y a donc trois éléments qui se conjuguent et qui, de notre point de vue à nous, présentent une occasion absolument unique de mettre en place de nouvelles façons de faire pour rapprocher les services des citoyens, et la création de gouvernement en ligne, pour nous, c’est le véhicule que nous avons privilégié pour livrer ces services, et nous sommes très intéressés à collaborer ensemble pour que nous puissions livrer cette nouvelle façon d’offrir des services à nos citoyens.
Alors, je termine là-dessus, et je vous donne maintenant la parole, M. Raffarin, en vous réitérant à quel point nous sommes heureux de vous avoir avec nous, au Québec.
[ M. Raffarin: Merci, M. le premier ministre. Je suis moi-même très heureux d’avoir pu participer à cette visite alternée des premiers ministres québécois et français et que nous ayons pu dégager un projet articulé autour de quatre grandes priorités pour les années qui viennent en ce qui concerne le renforcement de la coopération des initiatives entre le Québec et la France.
Je crois que les premiers bénéficiaires de l’amitié franco- québécoise, ce sont les jeunes. Nous avons engagé un certain nombre d’initiatives pour que les jeunes soient vraiment au coeur même de la réflexion stratégique qu’est la nôtre, d’abord pour l’emploi, ensuite pour la formation. Nous voulons faire en sorte que des initiatives soient multipliées en matière d’emploi, en matière de création d’entreprises, en matière d’échange d’entreprises, de développement d’entreprises. Nous avons organisé d’ores et déjà des partenariats économiques et nous avons des projets pour, ensemble, être, l’un et l’autre, des animateurs pour le continent dont nous avons l’un et l’autre le privilège de l’enracinement. C’est pour ça que nous envisageons une action commune au Mexique, avec des entreprises québécoises et françaises, pour aller chercher des projets, construire des alliances, bâtir des emplois qui seront utiles à nos pays. Je pense que nous aurons aussi, sur le continent européen, ensuite, une étape prochaine, on pense peut-être à Bruxelles. Nous verrons ensemble comment nous allons construire finalement le fait que nous dépassons maintenant, simplement, les accords entre entreprises québécoises et entreprises françaises pour qu’ensemble, Québec et la France, nous puissions mener des initiatives entrepreneuriales dans le continent de l’autre, au Mexique d’abord, en Europe ensuite.
Nous voulons également valoriser la mobilité des jeunes et faire en sorte qu’on puisse multiplier l’accueil des jeunes. C’est le rôle renforcé de l’Office franco-québécois pour la jeunesse. C’est le rôle dynamique de la création, ensemble, d’un effort international, là aussi, pour ouvrir des places dans nos universités pour valoriser, dans l’ensemble du système éducatif, l’accueil des jeunes. C’est, je crois, très important. Et, vraiment, c’est une étape essentielle dans notre coopération que d’essayer de faire en sorte que les jeunesses du Québec et de France aient envie de changer de continent et de faire vivre la relation transatlantique. Nous nous sommes donné des moyens pour que les jeunes du Québec et de France puissent avoir des possibilités économiques, éducatives, de renforcer la mobilité.
Évidemment, deuxième grand sujet, la diversité culturelle. La diversité culturelle, c’est, pour nous, un projet politique. Nous l’avons même dit, et clairement, dans le monde, à une période de tension très forte. Récemment, nous avons expliqué pourquoi nous voulions un monde multipolaire, pourquoi nous voulions un monde qui respecte les diversités des uns et des autres. Nous ne pensons pas que l’avenir du monde, ce soit le choc des civilisations. Nous ne pensons pas que l’avenir du monde, c’est le combat des riches contre les pauvres, du Nord contre le Sud. C’est la reconnaissance de la spécificité des uns et des autres, le respect de la culture des uns et des autres. Cette diversité culturelle est au coeur de notre combat. Nous sommes très attachés à cela et nous voulons valoriser par un certain nombre d’initiatives, notamment, prochainement, à l’UNESCO, la diversité culturelle comme un véritable projet politique de la mondialisation qui est aujourd’hui en développement.
Sur les autres sujets, autres commentaires que je voudrais formuler, en effet, nous sommes très attachés au fait régional. Je suis très attentif à la politique nouvelle menée par le Québec pour bâtir un réseau de structures infraquébécoises, donc avec des régions, avec des territoires organisés. C’est très important. Et, à la mi-novembre, comme nous l’avions fait il y a deux ans ici, à Québec, à Bordeaux, nous réunirons toutes les collectivités territoriales, québécoises et françaises qui participent à des jumelages, à des initiatives et à un certain nombre de partenariats qui sont essentiels dans cette organisation en réseau de notre dynamique de projets communs. C’est un élément, je crois, fort de notre coopération, de passer aussi la main un peu à la société civile, aux territoires pour qu’ils puissent partager des initiatives et bâtir ensemble des projets de développement, et notamment des projets de coopération culturels, économiques ou sociaux.
Enfin, ce qui me paraît très important – et je termine par ce point – c’est que, quand on regarde bien l’évolution de nos sociétés, nous voyons bien que nous sommes confrontés strictement aux mêmes problèmes: le vieillissement de la population, la nécessité d’organiser mieux nos services publics, au fond d’être dans la situation d’adaptation permanente pour faire en sorte que les citoyens aient, de leurs pouvoirs publics, les services modernes et justes qu’ils attendent. C’est pour ça que nous avons besoin de travailler ensemble, et sur les méthodes de réforme de l’État, et sur les gouvernements, c’est-à-dire toute la capacité de l’administration en ligne. On voit que nous avons besoin d’un développement de nouvelles technologies pour faire en sorte que les services soient accessibles avec de meilleures qualités et de meilleures normes qualitatives pour les citoyens de nos deux pays.
Donc, nous avons un grand nombre de sujets sur lesquels nous voulons travailler. Je pense à la fiscalité, je pense à la création d’entreprises, aux systèmes sociaux, au tourisme, à un grand nombre de services où le citoyen a besoin d’informations. Il est clair que les nouvelles technologies demandent aujourd’hui de la concertation pour pouvoir fournir ce service en ligne, qui est une perspective nouvelle de l’administration publique, et je suis très heureux qu’un grand nombre de parlementaires français ici présents – une douzaine d’entre eux sont ici – vont participer à toute cette dynamique, parce qu’il ne s’agit pas simplement d’une décision de deux gouvernements, il s’agit vraiment d’une décision qui doit être partagée par nos majorités respectives, par la société civile et par les territoires pour vraiment faire vivre l’amitié franco- québécoise. J’avais eu l’occasion de le dire: l’amitié, c’est bien, les preuves d’amitié, c’est encore mieux, et c’est ce que nous avons fait aujourd’hui.]
[ M. Charest:] Alors là, on va avoir beaucoup de preuves d’amitié, on va avoir la période de questions, monsieur.
[ Le Modérateur: Qui est consacrée, je le rappelle, uniquement aux questions de relations bilatérales, en utilisant les microphones pour les questions, en français tout d’abord.
Journaliste: M. le premier ministre Raffarin, vous avez dit en entrevue au journal Le Soleil, et je cite: «Je pense que l’architecture canadienne telle qu’elle est bâtie est destinée à concilier identité et solidarité.» En tenant compte de l’expérience en Europe, en quoi le rôle du Québec, l’importance du Québec dans cet effort de concilier la solidarité et l’identité canadiennes?
M. Raffarin: C’est la capacité formidable qu’a eue le Québec de mettre sa culture en avant et de résister quatre siècles durant pour ses valeurs, pour sa langue, pour sa culture. Cette force, c’est la force du temps, c’est la force, aujourd’hui, qui s’affirme avec fierté, qui est pour nous tous un exemple extraordinaire. Nous sommes en train de construire une nouvelle constitution européenne. Nous voulons que cette nouvelle constitution européenne soit capable de défendre les identités, mais aussi capable d’affirmer l’unité, car il faut une capacité stratégique, il faut une capacité de décision et, notamment au niveau européen, nous souhaitons une stabilisation de notre pluralisme national. Donc, je trouve qu’il y a au Québec… et, auprès de Jean Charest, nous avons eu beaucoup de discussions, j’ai trouvé cette fermeté dans la capacité de défendre l’identité comme un élément moteur d’avenir, pas une force nostalgique, mais une force de création, tout en acceptant les exigences de l’unité et de la capacité stratégique.
Journaliste: Donc, selon vous, l’unité canadienne est une clé importante pour la réussite du Québec en ce qui touche la diversité culturelle?
M. Raffarin: Je ne suis pas un spécialiste constitutionnel du Québec, du Canada et de l’Amérique du Nord en général. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis admiratif sur la capacité qu’a eue le Québec de défendre ses valeurs, ses convictions, et je crois qu’aujourd’hui, dans le monde dans lequel nous sommes, où la banalisation et la standardisation est une menace permanente, l’exemple québécois mérite d’être médité.
Journaliste: M. Raffarin, pour défendre la diversité culturelle sur la scène internationale, le Québec a un handicap: ce n’est pas un pays, c’est une province. Qu’êtes-vous prêt à faire pour soutenir le Québec sur la scène internationale afin de défendre ses idées?
M. Raffarin: Nous sommes tout à fait attentifs à respecter le choix de nos amis, et quel que soit le choix des Québécois, nous l’approuvons. Et nous avons, de tous temps et depuis que le général de Gaulle a exprimé un certain nombre de messages forts… De tous temps la République française a décidé d’être l’ami du peuple québécois avec le respect de ses choix.
Journaliste: Permettez-moi de vous poser ma question autrement. Le Québec au sein…
Une voix: Deuxième essai.

Journaliste: Au sein de certaines instances internationales, le Québec ne peut pas être présenté, ou le Québec n’agit parfois qu’à titre d’observateur. Comment alors une province peut défendre fermement la diversité culturelle et comment cette province peut compter sur la France?
M. Raffarin: Il y a naturellement deux questions dans la vôtre. La première, c’est: comment le Québec peut être présent. Ça, c’est une question qui concerne le Québec. Comment est-ce que le Québec peut compter sur la France, c’est une question qui concerne la France. Je crois que la meilleure façon de travailler, ce n’est pas simplement de ressasser une nostalgie ou de ressasser des relations anciennes, historiques, c’est de construire ce que nous avons fait aujourd’hui, un programme pluriannuel avec des priorités en ayant mis en place les structures capables de mettre dans le concret ces choix politiques. Et le Québec peut compter sur la France pour être fidèle à la lettre, à l’ensemble des décisions que nous avons prises en commun. C’est ça la véritable amitié, c’est non seulement de prendre des engagements, mais c’est de s’engager dans la tenue de ces engagements.]
[ M. Charest:] Peut-être juste une précision pour ceux qui sont moins familiers avec notre système politique. Le gouvernement fédéral a en principe la capacité de conclure des ententes, des traités, sauf que dans notre régime juridique à nous, notre système de droit, il ne peut pas s’engager dans des domaines de compétence qui relèvent de l’Assemblée nationale du Québec. Ils ne peuvent pas le faire sans notre autorisation. Et le système fédéral est fait de façon telle à ce que nous puissions utiliser cette flexibilité pour que nous puissions parler en notre nom à l’UNESCO. Ça a déjà été fait. Et nous, nous allons beaucoup insister pour parler en notre nom.
D’ailleurs, juste pour aussi ajouter un élément de contexte qui est très important, le gouvernement fédéral et le gouvernement actuel, le gouvernement précédent étaient sur la même longueur d’onde sur la question de la diversité culturelle. Il n’y a pas de désaccord. Et ça remonte même – j’ai eu l’occasion de le dire lors de la réunion des premiers ministres – ça remonte à 1988 lors de la négociation de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis où nous avons fait une bataille en règle pour exclure les questions de culture de l’Accord commercial. C’est donc un sujet que nous connaissons très bien, et nous allons effectivement, comme M. Raffarin vient de le dire, profiter des alliances pour continuer à défendre, avec beaucoup, beaucoup de fermeté, cette exclusion.
[ Journaliste: J’ai une question, en fait, qui se rattache un peu à ça. Le Canada et la France ont des problèmes communs et notamment un particulier, c’est une certaine détérioration des relations avec les États-Unis. Est-ce que, en fait, vous avez abordé cette question-là lors de votre voyage? Et est-ce que les ententes signées aujourd’hui font partie d’une espèce de stratégie visant peut-être à contrer cette détérioration, et détérioration qui pourrait être accentuée par votre décision justement de faire la promotion d’une diversité culturelle?
M. Raffarin: Excellente question. Next one!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Raffarin: Non, excusez-moi, je me suis pris pour un Américain quelques instants. Juste un mot pour vous répondre sérieusement. Nous sommes les amis des Américains. Nous avons des relations historiques avec les États-Unis, et je crois vraiment qu’il est très important de réaffirmer ce que le peuple de France, et ce que l’Europe, pour sa liberté, doit aux États-Unis, mais aussi d’ailleurs au peuple canadien qui a donné son sang pour notre liberté. Donc, nous sommes très attachés à cette histoire. Et notre camp, qui est le camp de la démocratie, n’est pas ambigu. Et nous sommes évidemment très déterminés à ce que la démocratie progresse en permanence dans le monde. Et nous n’avons aucun regret pour le régime de Saddam Hussein. Ce que nous disons avec clarté, c’est que nous voulons, pour ce qui est de la situation en Irak, à la fois la restauration de la souveraineté de l’Irak, mais aussi la reconstruction rapide, économique et sociale, de ce pays. Et c’est pour ça que, de manière positive et constructive, la France s’est comportée, au Conseil de sécurité, comme un partenaire loyal, ces dernières heures, pour approuver la résolution qui a été votée. C’est donc en partenaire loyal, en ami fidèle que nous parlons.
Mais nous parlons avec franchise. Et nous nous apprêtons à accueillir, à Évian, le G8 et donc le président Bush dans quelques semaines, dans quelques jours même. Et nous disons clairement que nous sommes très attachés à une vision du monde qui ne soit pas une vision bipolaire mais une vision ouverte, une vision humaine de la mondialisation. Et, comme à Kananaskis, on a placé l’Afrique comme dossier très important, nous placerons, à Évian, le dossier du développement comme un dossier essentiel de l’avenir de la mondialisation. Et le président français Jacques Chirac mène ce combat avec détermination, notre ambition, c’est l’humanisation de la mondialisation. Ceci ne nous paraît pas contraire aux convictions de nos amis américains.]
[ M. Charest:] Si vous me permettez, je ne vous cacherai pas qu’il y a une préoccupation du côté québécois – vous l’avez noté au moment où j’ai fait un déplacement vers les États-Unis il n’y a pas très longtemps, après notre élection – au sujet des relations que nous avons avec nos voisins américains, et j’ai eu l’occasion de recevoir, cette semaine, l’ambassadeur américain, M. Celluci. Avec un peu de recul, ce qui en ressort, c’est que, de temps en temps, il est arrivé dans notre histoire que nous ne soyons pas du même avis. C’est tout à fait normal. Au-delà de ces différences, il y a des liens qui sont tissés très serrés entre nous, comme c’est le cas entre nous et la France et nous et nos voisins du Sud. Alors, il faut respecter les différences d’opinion. Et tant du côté américain que du côté québécois de la frontière, les gens, avec un peu de recul, reconnaissent que les choses vont reprendre leur cours normal et que ce n’est pas anormal que nous puissions…
Et je pense que les Américains ont bien compris du côté québécois que notre opposition à l’intervention en Irak était le reflet de nos valeurs, qu’il y a chez nous un courant pacifiste. C’est vrai, il est là depuis toujours. Mais ce n’est pas un courant anti- américain et ça ne l’a jamais été et, en ce sens-là, la France et nous, on se rejoint beaucoup sur ces valeurs. Et même, avec un peu de recul, je suis convaincu qu’il y a quelqu’un aux États-Unis qui va se rappeler d’où vient la Statue de la Liberté. Ils ont beaucoup voulu, hein, mettre en lumière, suite aux événements du 11 septembre et par la suite… et en se rappelant un petit peu leur histoire, je pense que chacun découvrira que les liens qui nous unissent sont beaucoup plus profonds que les désaccords qui peuvent de temps en temps se présenter.
[ M. Raffarin: Pour les amateurs d’histoire d’ailleurs, un des points de départ de Samuel de Champlain aujourd’hui est le lieu de la reconstruction de l’Ermione.
Journaliste: Justement, je voudrais vous amener sur des enjeux plus locaux. Vous parlez de Champlain, la ville de Québec va fêter 400 ans d’histoire en 2008, vous avez dit aujourd’hui à l’hôtel de ville que la France allait appuyer un projet ou les projets. Voulez- vous nous dire ce que vous avez l’intention d’appuyer? Et est-ce qu’on vous demande des appuis financiers? De quel type exactement?
M. Raffarin: J’ai reçu comme un grand honneur que la ville de Québec demandait à la France de participer aux cérémonies du 40e centenaire de l’installation de la population à Québec à la suite, donc, du voyage de Champlain. Vous savez, donc, depuis… entre 2004 et 2008, un certain nombre d’événements pourront être célébrés, mais l’implantation fixe est celle de 2008. La ville de Québec a demandé à la France de travailler avec elle sur un projet de célébration et un projet lié à l’urbanisme de la ville, et j’ai tout à fait donné mon accord pour qu’une mission de préfiguration puisse travailler sur ce dossier et qu’on puisse expertiser les conditions d’intervention. Mais je crois qu’il y a là un événement historique qu’il nous faut célébrer en France, et la mémoire du Québec nous touche, et la mémoire de la ville de Québec nous a touchés et nous répondrons à cette demande.]
[ M. Charest:] Vous permettez, juste dans la même veine, j’ai eu l’occasion de réitérer au premier ministre Raffarin ce que j’avais eu l’occasion de demander à M. Abdou Diouf lorsque je l’ai vu au mois de février, c’est-à-dire que la ville de Québec aimerait beaucoup recevoir le Sommet des chefs de gouvernements de la francophonie en 2008 justement pour souligner le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec.
Alors, évidemment, le gouvernement de M. Raffarin ne vous donnera pas une réponse aujourd’hui parce que ce n’est pas à eux de toute façon à prendre la décision, c’est une décision qui se prend dans les instances de la Francophonie, mais on a voulu réitérer à nouveau notre volonté de recevoir le Sommet en espérant recevoir l’appui du plus grand nombre de pays [ Journaliste: Vous allez rencontrer tout à l’heure M. Landry, et vous avez tous les deux dit que vous étiez portés sur la régionalisation. Et M. Landry, justement, M. Charest, ce matin a dit justement que depuis un mois, depuis votre gouvernement, vous vous êtes surtout permis de détruire ce que eux avaient bâti plutôt que de construire, et il vous accuse de semer la panique dans les régions en freinant des projets de développement économique. Qu’est- ce que vous répondez à M. Landry?]
[ M. Charest:] Il parlait à M. Raffarin ou à moi? [ Journaliste: Il vous parlait à vous, hélas.] [ M. Charest:] Ah bon. Écoutez, je n’ai pas l’intention de reprendre les propos de M. Landry et je ne voudrais surtout pas vous priver de l’occasion d’entendre M. Raffarin, alors on va répondre aux questions qui touchent nos relations, et on aura l’occasion de revenir là-dessus pendant les quatre prochaines années.
[ Journaliste: Oui, mais moi, je n’aurai pas d’autre occasion aujourd’hui de vous poser la question, M. Charest.]
[ M. Charest:] Oui, je comprends que vous n’en aurez pas d’autre, mais il faudra malheureusement vous priver de réplique.
[ Le Modérateur: On va prendre une dernière en français.
Journaliste: M. Raffarin, vous avez dit, hier, vous l’avez répété tout à l’heure: L’amitié, ça se trouve. Vous êtes venu chercher en quelque sorte certaines preuves d’amitié. Or, on ne peut pas dire que vous repartez les poches pleines d’investissements ou d’engagements d’investissements. Est-ce que vous avez eu des rencontres peut-être qui ne paraissent pas sur votre agenda officiel avec soit des entreprises québécoises qui vous permettent d’espérer des engagements, des investissements, l’installation de nouvelles entreprises québécoises? Et, surtout, il y a de grosses sociétés d’État, Hydro-Québec, la SGF, Investissement Québec, est-ce qu’il y a des rencontres et des possibilités de ce côté-là? Et je poserais la même question à M. Charest, est-ce que la nouvelle SGF et Investissement Québec pourraient toujours être intéressées à des investissements en France?
M. Raffarin: Comme on dit en québécois: Ou vous êtes chanceuse, ou vous êtes bien informée, hein. J’ai eu, en effet, des contacts sur des projets significatifs avec des industries d’envergure ici à Québec et j’ai confiance en quelques grands projets sur lesquels nous travaillons de part et d’autre de l’Atlantique.
Journaliste: Par exemple?
M. Raffarin: Mais il est trop tôt pour en parler parce que, par définition, ce sont des projets à la fois stratégiques et qui sont fondés sur des dossiers de recherche et, sur ces questions-là, mieux vaut être discret tant que les projets ne sont pas finalisés. Mais je tiens à vous dire que, d’ores et déjà, quand nous avons 55000000 $ d’échanges entre les petites et moyennes entreprises, je crois que c’est aussi un des éléments très importants. Et quand on compte maintenant les accords qui sont entrepris chaque année qui se comptent pratiquement par centaines entre la France et le Québec, ce sont des formes nouvelles de développement et qui ne sont pas toujours celles des grands contrats et des grandes entreprises. Mais je crois vraiment que l’avenir de nos relations ce n’est pas seulement les grands contrats et les grandes entreprises, c’est aussi une implantation permanente de petites et moyennes entreprises qui apprennent à travailler quotidiennement. ]
[ M. Charest:] Et c’est important de se rappeler que ce sont surtout les PME qui sont générateurs d’emplois, hein! 85 %, je crois, des emplois créés au Québec dans les dernières années sont créés par les petites et moyennes entreprises. C’est bien connu que les grandes entreprises font beaucoup de gain d’efficacité lorsqu’ils font des investissements, mais souvent au détriment de l’emploi. Et on ne cherche pas à les décourager, au contraire, on veut qu’ils puissent faire des gains de productivité. Alors, il faut faire très attention lorsqu’on mesure les investissements dans les grands parce que ce n’est pas toujours synonyme de création d’emplois, tandis que du côté des PME c’est toujours synonyme de création d’emplois.
[ Journaliste: Mais Investissement Québec, par le biais du programme FAIRE, aide beaucoup les PME qui ont des partenariats avec des entreprises françaises. Est-ce que Investissement Québec va continuer d’être intéressée à investir à l’étranger et en France? ]
[ M. Charest:] Mais, voilà, je vais faire plaisir à M. Plouffe, puis je rejoins un petit peu sa question, on a reçu un mandat, nous, le 14 avril dernier, de faire différemment, hein, de changer justement la façon dont le gouvernement choisit d’intervenir auprès des entreprises. Or, il s’avère qu’au Québec nous dépensons quatre fois plus que l’Ontario, plus que toutes les autres provinces mises ensemble en termes d’intervention pour l’État. Les crédits d’impôt, les subventions aux entreprises, c’est plus de 4000000000 $ de dépenses dans une seule année. Alors, on va évidemment revoir l’utilisation des instruments.
Est-ce qu’il y aura une SGF? La réponse, c’est oui; est-ce que Investissement Québec va exister? La réponse, c’est oui, mais elle n’existera pas dans la forme où elle existe actuellement.
[ Le Modérateur: On va passer en anglais. Sophie.]
[ M. Charest:] Ah, pour les… oui, il y aura toujours des collaborations. On l’espère.
[ Journaliste: O.K. On avait rendez-vous hier…
Une voix: En anglais.
Journaliste: Attendez, parce que je vous ai posé une question, M. Raffarin, hier, et vous m’avez dit: On va se revoir demain. Alors, aujourd’hui, je vous repose la question, et je vous ai demandé: Qu’est-ce que vous aimez tant du Québec?
M. Raffarin: Je veux dire, ce que je trouve vraiment extraordinaire, c’est que nous avons de vraies différences. Nous avons des géographies, des éléments structurants de nos sociétés qui sont très différents, mais nous nous comprenons. Nous parlons la même langue, nous avons un patrimoine commun. Et donc, je connais peu d’échanges aussi fertiles que celui du Québec et de la France, parce que nous ne sommes pas identiques. Ce n’est pas le dialogue avec un miroir. Nous sommes ici avec des Nord-Américains qui ont avec nous une énorme proximité, mais aussi d’immenses différences, et je crois que le dialogue entre Nord-Américains et Européens est un dialogue d’avenir. Et je trouve qu’il y a cette proximité, cette sympathie, cette affection entre les peuples qui nous rend curieux l’un de l’autre, et nous ne sommes pas déçus par cette curiosité, parce que nous ne nous regardons pas nous-mêmes, et nous sommes vraiment, sur un grand nombre de sujets, je pense, par exemple, à la Société de l’information, ce sont des sujets très importants pour lesquels je trouve que nous avons aujourd’hui des approches différentes et pour lesquels je trouve que la France et l’Europe ont intérêt à prendre modèle sur ce qui se passe ici.
Le Modérateur: En anglais.
Journaliste: Oui, il y a une question pour vous deux. First, M. Charest. Given that you’ve recently met Secretariat of State Collin Powell, you spoke to M. Celluci earlier this week, and there seems to be a sensus of both sides in Canada that they want to repair the relations with the United States, can you directly play a role in that? Et deuxièmement, M. Raffarin, si vous pouvez également répondre en écoutant, puisque vous et M. Chrétien avez dit hier, à Ottawa, il me semble que vous voulez tous les deux réparer vos relations avec les États-Unis, est-ce que M. Charest, avec ses bonnes relations avec les Américains, peut jouer un rôle direct à assister le processus?]
[ M. Charest:] Bon. Est-ce que vous voulez la réponse en anglais ou en français ou…
[ Des voix: Ha, ha, ha!]
[ M. Raffarin: Je vous remercie de m’avoir demandé ma réponse en français. Nous n’avons pas ni à nous faire pardonner ni à chercher à raccommoder quelque relation que ce soit. Nous avons agi avec conviction dans la tradition de nos valeurs, et notamment de cette pensée universelle pour laquelle la France s’est toujours battue, la défense des droits de l’homme et l’idée que tous les conflits qui sont ceux de la planète doivent d’abord être traités avec des solutions politiques et que la guerre reste et doit rester toujours que l’ultime solution. Nous avons défendu cette conviction et nous n’en avons pas aujourd’hui de regrets. Le fond est que nous sommes tournés vers l’avenir et que, pour ce qui est de l’avenir – et nous aurons l’occasion de le dire au G8, au rassemblement d’Évian – nous avons la conviction qu’il faut construire cet avenir autour des valeurs du développement avec un équilibre dans le monde, et ceci se fera avec l’appui des Américains. Il est clair que l’ensemble des grands pays du monde doivent se sentir concernés par cet équilibre que nous voulons développer pour une mondialisation humanisée.
Journaliste: Moi aussi, j’ai une question pour vous deux, mais je voulais poser en anglais aussi. Prime Minister, the Prime Minister spoke a lot about leaving behind the nostalgic aspect of the relationship between Québec and France, I’m wondering though how you do that and whether you’re worried that the relationship between Québec and France would be less passionate because there is a federalist government in power. Est-ce que ça va, M. le premier ministre, ou est-ce que je répète en français?
M. Raffarin: I shall try. You want…
Journaliste: Bien, moi, je vais peut-être poser la question en français. Je voudrais juste savoir, je sais que vous avez parlé de laisser la nostalgie de l’amité entre le Québec et la France, mais comment est-ce que vous voulez procéder à bâtir la nouvelle amitié entre Québec et la France? Et est-ce que vous pensez que la relation risque d’être moins passionnée parce qu’il y a un gouvernement fédéraliste maintenant en place?]
[ M. Charest:] Vous voulez que je commence ou…
[ Journaliste: …]
[ M. Charest:] Alors, même si le gouvernement français est fédéraliste, nous, on va être aussi passionnés qu’on l’était. D’abord, lorsque, je pense, on évoque la nostalgie, ce que nous évoquons, c’est 40 ans d’histoire dans l’histoire moderne…
[ M. Raffarin: I do love our past. I do really love our past. But we have to built the future. Et je crois vraiment qu’il est nécessaire, pour nous, aujourd’hui, de construire l’avenir. Et on construira l’avenir avec la capacité d’avoir des projets en commun. Nous avons une histoire en commun. Nous avons une sensibilité commune. Nous avons des éléments culturels qui sont communs. Mais, si on veut que cette culture, ce patrimoine commun vive et soit présent quand on fêtera le quatrième centenaire de Québec, il faut avoir construit des projets, des projets de formation, des projets de technologie, des projets d’avenir. Et ce que nous faisons ensemble aujourd’hui, c’est de construire ces projets pour faire vivre ce qu’est notre culture commune. Et nous ne voulons pas rester enfermés dans la satisfaction que nous avons évidemment d’être proches, d’être sensibles. Et, quand on nous parle du Saint-Laurent, quand on voit les chanteurs québécois venir enflammer les foules françaises, nous nous disons: Nous avons des choses formidables ensemble. Mais ça, c’est le patrimoine des générations d’avant.
Nos générations ont à construire l’amitié entre le Québec et la France des siècles qui viennent, et pour cela, il faut bâtir des initiatives dans le domaine économique, dans le domaine social, mais aussi dans le domaine culturel, que les créateurs de nos deux pays se sentent concernés par l’amitié de ces deux peuples pour qu’on invente des projets d’avenir. C’est ça, le choix du futur. Ce n’est pas un mépris pour la nostalgie. La nostalgie est une consolation, et cette consolation… il y a un philosophe, qui n’était pas forcément de mes amis, et d’ailleurs pas très philosophe, qui s’appelait Lénine, il disait: «Toute consolation est réactionnaire». Nous sommes des gens d’avenir et nous voulons bâtir des projets pour vivre cette communauté d’amitié dans le futur. Merci.
(Fin à 16 h 41)]
[QCHRS20031023cp]
[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre Le lundi 20 octobre 2003 (Dix-neuf heures deux minutes)]
[ M. Charest: Je vais vous faire une longue déclaration. J’ai eu l’occasion de rencontrer cet après-midi le premier ministre élu de l’Ontario, M. McGuinty. Évidemment, ils sont en transition, eux, alors ils sont en plein dans le milieu de la planification et la mise en place du nouveau gouvernement qui sera assermenté jeudi, la journée même où les premiers ministres seront appelés à venir sur Québec; ils arrivent en soirée pour la plupart et seront là le lendemain.
Donc, ça a été l’occasion pour nous de discuter d’un certain nombre de dossiers, d’abord la relation Québec-Ontario, qui est une relation très importante. On fait pour 60000000000 $ d’affaires par année ensemble, alors c’est une relation qui est de premier niveau pour nous, évidemment, et on va en profiter, avec l’élection de deux nouveaux gouvernements, pour aborder l’ensemble de nos relations. Il y a des ententes-cadres qui ont été signées, la première, je pense, en 1989 ou dans les années quatre-vingt, renouvelée en 1994, mais il n’y a pas eu beaucoup de mouvement depuis ce temps-là.
En plus, on a discuté de dossiers plus pointus: le dossier de l’énergie, où l’Ontario a des demandes, a des besoins qui sont très importants – alors, évidemment, on va être à l’écoute, mais on s’est entendus pour qu’ils nous reviennent là-dessus. Il y a le dossier de la main-d’oeuvre et la mobilité de la main-d’oeuvre qui est un dossier très important, entre autres pour l’Outaouais. Et, là-dessus, on s’est entendus mutuellement pour mandater nos ministres du Travail. Moi, j’en ai un ministre du Travail; lui en aura un à partir de jeudi, dès qu’il l’aura assermenté. Et dès que la nouvelle personne assumera ses responsabilités, bien, ils seront appelés à travailler ensemble pour faire avancer le dossier pour qu’on puisse avoir davantage de mobilité de main-d’oeuvre pour les deux, mais surtout pour la région de l’Outaouais.
Finalement, il y a le dossier du Conseil de la fédération. Comme c’est une année exceptionnelle sur le plan électoral, là – il y a des élections demain à Terre-Neuve-Labrador; il y a des élections en Saskatchewan le 5 novembre; un nouveau gouvernement ontarien assermenté jeudi – on a décidé de diviser l’agenda de vendredi en deux: la première partie sur le Conseil de la fédération, on va faire avancer les discussions, mais on ne sera pas en mesure de conclure, vu les absences; et la deuxième partie de notre réunion sera consacrée à la réunion que nous aurons au mois de novembre, le 16 novembre, avec Paul Martin. Alors, on a discuté de tout ça.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] On procède dans l’ordre avec la réorganisation. On a fait, nous, à l’interne, une première étape, là, en faisant l’inventaire, en revoyant nos façons de fonctionner, en annonçant les grands travaux. On va procéder éventuellement par des travaux parlementaires. Mais c’est… remarquez, là, c’est très gros ce qu’on propose. Il y a beaucoup de questions qui seront abordées. Alors, les commissions parlementaires seront mises à contribution, il n’y a pas de doute là-dessus. Maintenant, il s’agit qu’on procède par étapes.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Bien, on verra à ce moment-là. Vous savez, ça dépend… il y a des ministres qui sont responsables de leurs dossiers, ils sont porteurs de cela. Nous, on est dans un système parlementaire où ce sont les ministres qui sont les responsables de leurs dossiers respectifs. S’il y a des dossiers qui me touchent plus particulièrement, bien, évidemment on verra à ce moment-là.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Bien, je n’ai pas vu la motion encore. Puis, j’ai appris depuis longtemps à l’Assemblée nationale à lire les libellés de motions avant de me prononcer.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] C’est une affaire continue, là, ce n’est pas une affaire linéaire dans le sens où tout arrive à une date entendue puis ensuite tous les changements ont lieu pour telle date. L’État québécois, c’est quand même une entreprise, une institution d’envergure. Alors, on va procéder au 30 décembre à une première étape, là, où il y aura des rapports qui seront remis par les comités de pilotage, puis ensuite, on va procéder selon les secteurs. Mais ça va être assez élaboré comme exercice puisque ça touche toutes sortes de domaines d’activité. Et on aura le budget au printemps, mais ça va continuer au-delà du budget aussi parce que tout ça ne va pas s’opérer, comme je le disais, d’un seul coup, là. Bien sûr, la première année est importante parce qu’on va avancer sur bien des choses, mais après ça, on va y aller graduellement, puis on veut y aller dans l’ordre puis on est sensibles aux leçons qu’on a tirées du passé, alors que le gouvernement précédent avait fait des changements assez importants rapidement, et ça a causé un certain nombre de problèmes par la suite. Alors, on veut essayer d’être sensibles à cela et de faire en sorte qu’on puisse livrer ça dans l’ordre.
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] Le mandat au complet, ce serait, je pense, peut- être un peu long, mais il y a des choses qui vont se faire graduellement. Et il ne s’agit pas de tout livrer d’un coup sec, ce serait impossible de le faire. Il y a des changements qui vont être faits graduellement.
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] Bien, il y a la question de démocratie municipale qui est à l’ordre du jour évidemment, il y a les questions qui touchent l’organisation du travail dans le réseau de la santé, ça aussi, c’est important de toucher à cela parce qu’il y a là un enjeu qui touche très directement la qualité des services que les citoyens du Québec reçoivent, entre autres les personnes qui ont des services de soins de santé, il y a la question de l’organisation du réseau de la santé, la santé demeure évidemment notre première priorité, tout ce qui touche le réseau de la santé, pour nous c’est très important.
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] Non, pas du tout. Les journalistes, vous le savez, des fois, posent des questions dans le but de provoquer des réactions. Vous, ça ne vous arrive pas, mais quand je vais en Ontario, je vois ça souvent et… Juste pour que vous le sachiez, là, parce que vous allez peut-être être avec eux, des fois, puis ils vont faire ça, des fois, ils le font en anglais, des fois, ils le font en français. Ils disent des choses incroyables, puis après ça ils s’attendent à ce qu’on… ils regardent voir si on va réagir, on va faire quelque chose. Vous avez dû remarquer, hein, je n’ai pas réagi, hein, je n’ai pas réagi, je n’ai pas dit un mot. Vous étiez contents, hein? Moi aussi, j’étais content.
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] Non. Non, non, ce genre de déclaration là ne me fait pas réagir parce que c’est faux, puis, ces choses-là, il y a des gens qui vont dire ça, hein, puis il n’y a pas juste les journalistes, il y a d’autres personnes qui vont essayer de dire des choses comme ça. Il reste qu’au Québec on a un contexte dont les Québécois sont assez informés, ils le vivent à tous les jours, où on a les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord, on a un gouvernement qui est lourd à opérer, qui a besoin d’être revu et changé. C’est en plein le sens du mandat qu’on a reçu. On a aussi un État endetté. Alors, là-dessus aussi… Et on a un gouvernement qui s’est éparpillé partout dans toutes sortes de domaines. Alors, tu sais, quand on cherche à faire des comparaisons, il faut faire très attention.
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] L’impression que j’ai laissée, c’est celle qu’ils ont captée puis reçue le 14 avril, puis qu’ils nous ont laissée et qui n’est pas juste le fruit d’une journée, là. Je sais que je parle beaucoup du 14 avril, mais, le 14 avril, c’est précédé de cinq ans de travail sur le terrain que le Parti libéral du Québec a fait, que j’ai fait dans les régions à sillonner, à rencontrer les groupes, là, c’est cinq ans de travail, là, qui culminait finalement cette journée-là dans ce qu’on avait de proposé. Alors, ce qu’on présente, là, c’est vraiment le reflet de ce que les Québécois nous ont présenté comme volonté de changement sur une période de cinq ans. Alors là-dessus, on est très confiants de ce qu’on entreprend, puis on sait que ce n’est pas facile, mais on va le réussir, parce que c’est exactement le sens du mandat que souhaitent les Québécois, puis c’est ce que vous souhaitez aussi.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Il faut faire attention à qui vous dessinez le consensus. C’est comme invoquer la solidarité, hein, quand votre adversaire politique – j’ai vu ça de temps en temps – dit: Il faut être solidaires. Ce n’est pas parce qu’il a l’intention d’adopter votre point de vue, à vous, hein. Quand les gens parlent de consensus, comme mot, pour essayer de dire: Je ne suis pas d’accord avec vous, il faut faire attention. Il y a la population, il y a la classe moyenne aussi au Québec. Nous, on avait beaucoup en tête, puis on l’a toujours, cette classe moyenne qui est beaucoup taxée actuellement, qui ne reçoit pas les services qu’ils devraient recevoir et qui méritent mieux. Et on s’est fixé, nous autres, comme mandat de leur livrer un gouvernement qui va être plus efficace, qui va mettre l’accent sur des missions essentielles de santé et d’éducation, qui va mettre de l’ordre dans les finances publiques. Moi, je ne trouve pas ça acceptable, au Québec, que l’État soit toujours à l’ultime limite de son budget, plus taxé, plus endetté, les services ne sont pas livrés puis le budget est toujours étiré, là, tiens, au coton, là, on est au maximum, là, année après année, après année. Moi, je veux revenir à une situation où on aura des marges de manoeuvre, où on va pouvoir fonctionner adéquatement. Bien, qu’on arrête de blâmer les autres, qu’on fasse les affaires dans notre cour, que les autres assument leurs responsabilités. On s’en va vers un changement qui reflète ce que les Québécois veulent. [ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Non, ils n’ont pas raison d’avoir peur. Au contraire, je pense qu’ils savent très bien qu’au Québec il n’y a jamais puis il n’y a pas… Ce gouvernement là n’est pas antisyndical, ne l’a jamais été. Ça ne fait pas partie de notre discours, pas plus qu’envers la fonction publique où on a toujours eu un discours très valorisant pour la fonction publique québécoise, parce qu’on y croit. On sait à quel point c’est important. Mais le changement, lui, nous attend puis je pense que c’est très important de tenir acte de ce qui s’est passé le 14 avril, de tout le travail qu’on a fait avant puis qu’on puisse entreprendre le changement ensemble.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Pardon! Mais ils vont sans doute exprimer leur point de vue. Ça, je n’ai pas besoin de les encourager à le faire, ils ont l’habitude de se défendre puis d’exprimer leur point de vue. Mais quand arrivent, finalement, les décisions de gouvernement, c’est l’intérêt des citoyens du Québec qui doit primer puis, entre autres, de cette classe moyenne qui est au centre de nos préoccupations.
[ (Fin à 19 h 17) ]
[QCHRS20031202cp]
[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec Le mardi 2 décembre 2003 Neuf heures cinquante et une minutes)]
[ M. Charest:] Bon. Alors, mesdames et messieurs, hier, il s’est commis des actes condamnables qui n’ont pas leur place dans une société démocratique comme le Québec. Il n’existe aucune raison valable, aucune excuse pour débarquer en rugissant dans un hôpital pour enfants. Il est tout aussi intolérable de saccager les bureaux d’un élu. Des gestes d’intimidation et de brutalité sont, il faut le dire, indignes du mouvement syndical. J’attends aujourd’hui d’ailleurs des leaders syndicaux qu’ils condamnent ces dérapages aussi fermement que je le fais devant vous.
Quelle que soit la cause que l’on défend, quelles que soient les convictions qui nous animent, l’injure, l’intimidation et le vandalisme sont toujours une disgrâce en démocratie. Le gouvernement n’est pas antisyndical. Mais il y a des organisations syndicales qui sont en train d’agir de façon antidémocratique. Posons-nous la question suivante: ceux qui ont joué les matamores hier, ils défendaient quoi, au juste? Croyez-vous vraiment qu’ils défendaient des services publics? Croit-on vraiment que ces gens-là défendaient la solidarité dont ils se réclament? De toute évidence, la réponse est non.
Le gouvernement qui s’est fait élire le 14 avril dernier s’est fait élire sur la foi de cinq ans de travail très intense à travers le Québec. On a présenté une vision de l’avenir du Québec qui est fondée sur notre volonté de faire reprendre la place de leadership que les Québécois veulent pour l’ensemble de notre société. Placés devant des défis qui sont énormes, que ce soit la démographie, l’endettement public, les finances publiques, la prestation des services publics, on a proposé des solutions. Et on est en train de mettre en place les solutions qu’on avait proposées et défendues. Je pense entre autres dans le réseau de la santé, où on est en train de réduire le nombre d’unités d’accréditation. Encore faut-il rappeler qu’il n’y aura pas un seul syndiqué de moins. Il s’agit tout simplement pour nous d’organiser le travail de façon à ce que toutes nos énergies puissent être consacrées aux soins qu’on livre aux patients et non pas à l’administration publique. C’est ça, l’objectif qui est poursuivi. C’est clair comme ça.
Pourtant, à écouter le discours de certains représentants syndicaux, même des fois le chef de l’opposition officielle, qui, hier, émettait un communiqué de presse que je salue, mais qui en même temps doit reconnaître que son propre niveau de langage, celui de certains leaders syndicaux est complètement contraire à ce que le gouvernement propose, quand on parle, par exemple, du mot «démolition», de toute évidence, il y a là une enflure qui n’est pas justifiée en rien, en rien, au contraire, alors qu’on est en train de faire des changements qui sont importants pour qu’on puisse donner à l’économie de la société québécoise les outils qu’il lui faut pour pouvoir se développer.
Alors, là-dessus, le gouvernement n’a pas l’intention de céder à de l’intimidation ou du chantage ou du vandalisme. Au contraire, on va continuer à écouter et on va continuer dans la voie que nous a tracée la population du Québec le 14 avril dernier.
[ Journaliste: M. Charest, quand vous voyez des événements comme hier, est-ce que vous sentez que paix sociale est fragile au Québec?]
[ M. Charest:] Non, je ne sens pas que la paix sociale est fragile. Je vois des gens qui ont des responsabilités syndicales, qui sont allés trop loin, et qui, je pense, sont rappelés à l’ordre. Et je m’attends à ce que ces gens-là agissent de façon responsable.
[ Journaliste: Mais pour que vous ayez senti le besoin de faire cet appel au calme ce matin, c’est que vous devez craindre un dérapage.]
[ M. Charest:] C’est un appel à la raison qu’on fait aujourd’hui.
C’est un appel à la raison pour ceux qui, hier, ont commis, ont fait les gestes qu’ils ont faits. De toute évidence, quatre autobus, là, de personnes qui se transportent à un hôpital pour enfants, qui rentrent dans l’hôpital, tout ça, ce n’est pas organisé spontanément. Parce qu’il y a des gens qui ont choisi de poser ces gestes-là. C’est inadmissible, ce qu’ils ont fait, hier.
[ Journaliste: …entendu hier le président de la FTQ… Ce n’est pas suffisant pour vous que ce que M. Massé…]
[ M. Charest:] Je pense qu’il n’y a aucune place pour l’équivoque dans ces affaires-là. Quand M. Massé dit: Ah, vous savez, je sais que vous n’aimez pas ça quand je vous le dis, moi, je pense qu’il n’y a aucune espèce de place pour l’équivoque. Et il n’y a pas que M. Massé là, il y a d’autres leaders, là, syndicaux qui étaient présents, sur place, dans certains cas hier qui défendaient le comportement de ces personnes-là. Ça, c’est inacceptable, c’est inadmissible. Et ce n’est pas juste les gestes qui sont posés, c’est le niveau de langage. Franchement, quand on parle de démolition, de toute évidence il y a là une enflure qui dépasse les bornes. Ça ne reflète en aucune façon ce qui est en train de se faire. Et le but poursuivi par le gouvernement du Québec, c’est de faire en sorte qu’on puisse livrer des meilleurs services à la population, qu’on puisse créer des emplois au Québec. On peut ne pas être d’accord avec ce qu’on fait puis nous, on va écouter puis on le fait en ce moment. Mais, de là à prendre le discours qu’ils ont pris, ça, c’est inacceptable.
[ Journaliste: M. Charest, est-ce qu’il y a une possibilité que les projets de loi, l’adoption des projets de loi qui sont sur la table soit retardée pour obtenir un consensus?]
[ M. Charest:] On écoute beaucoup puis on travaille beaucoup avec les gens qui viennent en commission parlementaire. On ne prévoit pas retarder l’adoption des projets de loi parce qu’on a depuis cinq ans préparé tout ça, alors on est, nous, sur une piste, là, qui nous amène à l’adoption avant la fin du mois de décembre et cela n’empêche pas que nous puissions travailler avec les gens qui sont concernés par les projets de loi.
[ Journaliste: …n’avez-vous pas vous-même jeté de l’huile sur le feu un peu lorsque vous avez évoqué le fait que, selon vous, certains dirigeants syndicaux mentent? On vous a entendu la semaine dernière en Chambre. Est-ce que ça n’a pas contribué à créer le climat dans lequel on est maintenant?]
[ M. Charest:] Il y a certains commentaires qui dépassent les bornes, et nous, quand on arrive, on ne fait pas exprès pour essayer d’en ajouter, au contraire. Mais, à un moment donné, il faut remettre les pendules à l’heure aussi, là. Entre autres avec ce qui s’est passé dans le domaine de la santé, avec ce qu’on est en train de faire, je pense que c’est extrêmement important qu’on ramène ça au but poursuivi. Par exemple, il n’y aura pas un syndiqué de moins à l’intérieur du réseau de la santé suite à ce qu’on est en train de faire. Par contre, il y aura une meilleure organisation du travail puis il y a des gens qui consacraient beaucoup d’heures et d’énergie à travailler sur des listes de rappel ou de l’organisation du travail qui auront plus de temps pour donner des soins à des patients qui en ont beaucoup besoin au Québec. Là dessus, c’est clair comme de l’eau de roche, ce qu’on est en train de faire, c’est très, très clair. Et quand j’entends des gens présenter exactement le contraire, bien là, il faut remettre les pendules à l’heure. Et on le fait, nous, dans un contexte où on a aussi reçu un mandat, mais ce n’est pas juste l’idée de recevoir le mandat, c’est tout le travail qui s’est fait avant et tout ce qui s’est fait après, et l’objectif poursuivi, parce que ce qu’il y a de fondamental, c’est l’objectif poursuivi par le gouvernement qui est de livrer les meilleurs services, de faire en sorte que les gens qui sont malades puissent recevoir des soins, qu’on puisse créer de l’emploi au Québec, c’est ça qu’il y a derrière tout ça puis…
[ Journaliste: Donc, vous n’avez rien à vous reprocher, M. le premier ministre.]
[ M. Charest:] Moi, je poursuis dans la voie qu’on s’est tracée depuis les cinq dernières années. On peut toujours essayer de faire mieux, là, tu sais, il n’y a personne qui est parfait, on peut toujours faire mieux. Mais quand on est placé dans une situation comme celle où on est placé devant les événements comme on a vu hier, moi, je pense que c’est très important que ceux et celles qui ont des responsabilités se lèvent et parlent et qu’on puisse dire clairement que ces gestes-là, ces comportements-là sont inadmissibles.
[ Journaliste: …Ce n’est pas un problème de communication, comme le disait le ministre Audet. Je n’est pas juste un problème de communication…]
[ M. Charest:] C’est, je pense, le fait qu’il y a certaines personnes qui n’acceptent pas ce que la population du Québec a décidé le 14 avril dernier. Il y a peut-être des gens qui ne l’acceptent pas, mais il y a des façons de débattre ces choses-là. S’il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec ce que le gouvernement fait, il y a des moyens de s’exprimer, des moyens qui sont légitimes, qui sont à la portée de tous et qui certainement ne justifient en rien les actes qu’on a vus hier.
[ (Fin à 10 h 2)]
[QCHRS20031211cp]
[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec Le jeudi 11 décembre 2003(Dix-sept heures dix minutes)]
[ M. Charest:] D’abord, d’emblée, j’aimerais rappeler que les centrales syndicales ont le droit de s’exprimer et que le gouvernement du Québec, lui, a le devoir de gouverner dans l’intérêt de l’ensemble de nos citoyens pour livrer des services de soins de santé, livrer des services de soins de garderie et des services qu’on livre à tous les niveaux. Alors, aujourd’hui, c’était l’occasion pour les centrales syndicales d’exprimer leur point de vue. Dans l’ensemble, malgré le fait qu’il y ait eu des inconvénients, ça s’est assez bien passé. Il y a eu malheureusement des exceptions, avec des blocages de routes à quelques endroits et des blocages dans les ports. Là où il y a eu des situations qui étaient des situations où les gens agissaient en dehors de l’ordre public, évidemment, il y a eu une surveillance très étroite pour s’assurer qu’il y avait le moins d’inconvénients possible.
Cela étant dit, le gouvernement est très sensible à ce que les représentants syndicaux ont eu à dire, on maintient les ponts de communication ouverts, on communique régulièrement. Hier, il y a eu une rencontre avec Mme Carbonneau, elle a fait des suggestions, la FTQ a fait des suggestions. Alors, on considère toujours ce qui nous est présenté comme étant des suggestions pour améliorer les projets que nous avons soumis à l’Assemblée nationale du Québec. Mais, cela étant dit aussi, on est dans un environnement où on a reçu un mandat très clair de la population d’entreprendre un certain nombre de changements pour qu’on puisse livrer les services qui sont attendus et pour lesquels les gens paient des impôts.
Que ce soit, entre autres, dans le domaine de la santé, que ce soit des services en garderie, le mandat et la mission du gouvernement, c’est de faire en sorte qu’on puisse livrer ces services, et les changements qu’on propose vont dans ce sens-là. Prenons, par exemple, le projet de loi n 25 sur la mise en réseau du système de soins de santé, c’est un changement qui est attendu et qui est très important pour qu’on puisse offrir des soins de façon continue aux patients du Québec.
Le projet de loi n 30, qui change l’organisation du travail, est un projet de loi qui est souhaité depuis très longtemps. Sur le fond, là, il n’y a personne qui remet en question l’objectif, ce serait aller contre le gros bon sens. Dans le cas du projet de loi n 31, sur l’article 45, il y a derrière ça un objectif qui réunit tous les Québécois, celui de créer davantage d’emplois puis de permettre la création d’entreprises, d’avoir la flexibilité qu’il nous faut dans notre économie pour qu’on puisse faire travailler le plus de Québécois et Québécoises possible, qu’on puisse également générer de la prospérité. Et, en ce sens-là, on s’est fait un plan, on a reçu un mandat très solide pour le mettre en vigueur, on va continuer à être très attentifs et ouverts et le gouvernement va continuer à remplir le mandat qui lui a été confié.
[ Journaliste: M. le premier ministre, voulez-vous nous dire, s’il vous plaît, aujourd’hui, il n’y avait pas juste des syndicats dans la rue, il y avait également des parents qui étaient dans la rue. M. Massé a parlé de coup de semonce. Est-ce que vous avez compris le message aujourd’hui? Allez-vous fléchir ou reculer sur vos projets de loi? ]
[ M. Charest:] Nous, on est toujours à l’écoute puis on est en contact constant, d’ailleurs, avec les instances syndicales, ils nous font des suggestions, ils ont d’ailleurs corroboré… M. Massé, Mme Carbonneau ont tous les deux corroboré qu’il y avait un dialogue, alors le dialogue continue. Là-dessus, ça n’a pas changé. Et j’étais content d’entendre de leur part que ce dialogue allait continuer. Mais le gouvernement s’est fait donner, là, un mandat, on a reçu, nous, une mission puis on est en train de la remplir.
Oui.
[ Journaliste: M. Charest, à Montréal, ce n’était pas seulement que des syndicats, il y avait énormément de parents dans la rue pour la manifestation des CPE. Qu’est-ce que vous… Qu’est-ce que ça veut dire, selon vous, ce message-là? ]
[ M. Charest:] Mais, dans le cas des services de garde, là, l’objectif poursuivi, c’est de créer des places et faire en sorte qu’on ait un système de services de garde qui n’est pas seulement virtuel pour un trop grand nombre…
[ Journaliste: …des parents, quand même, qui n’étaient pas d’accord. ]
[ M. Charest:] Bien, on a fait une rencontre, pas plus tard qu’hier, avec l’Association québécoises des CPE et Mme Potvin, on leur a proposé, justement, une table de travail pour qu’on puisse, ensemble, s’assurer de la mise en oeuvre, là, du plan et qu’on puisse créer des places. Alors, on est en plein dans le travail, là, nécessaire du côté des…
[ Journaliste: …ces parents-là qui étaient dans la rue aujourd’hui? ]
[ M. Charest:] Bien, nous, on travaille pour tous les parents qui souhaitent recevoir des services de garderie aussi. Il y en a beaucoup qui n’en reçoivent pas et qui paient des impôts. Et rappelons-nous qu’il n’y a pas un endroit au monde où les parents paient 7 $ par jour et l’État paie en moyenne 8000 $ par année, par enfant, pour des services de garde.
[ Journaliste: M. Charest, vous dites que vous écoutez, ils l’admettent. Mais ils disent aussi que vous n’entendez pas le message. Quel est le message que vous retenez de ces manifestations aujourd’hui? Est-ce que vous reconnaissez qu’il y a un vrai mécontentement, une vraie inquiétude dans la population?]
[ M. Charest:] Il y a, du côté des leaders syndicaux, là, un discours qui, il faut le dire, là, dépasse la réalité dans beaucoup de cas. Quand on parle, là, de démolition, et qu’on vient de vivre, au Québec, dans les deux derniers mois, une période sans précédent dans la création d’emplois – il y en a eu 80000 – avouons que ça ne correspond pas à la réalité.
Alors, on est à l’écoute des changements qui nous sont proposés, je comprends que c’est un changement important, mais c’est un changement qui a été insufflé, là, par une volonté clairement exprimée de la population du Québec de faire les choses différemment. Pourquoi? Parce que, au Québec, on ne peut pas continuer à fonctionner comme on fonctionne aujourd’hui. On ne peut pas continuer avec un État qui nous coûte beaucoup plus cher que partout ailleurs en Amérique du Nord. On ne peut pas continuer à taxer nos citoyens à l’ultime limite et, en même temps, dire: On va livrer des services de garde, des services de santé. Il faut faire les choses différemment. Et je comprends que ça vient changer les façons de faire de certaines autorités au niveau syndical, mais ces changements-là relèvent d’une nécessité qui a été clairement exprimée dans la dernière année.
[ Journaliste: …vous dites que le mécontentement il vient juste des autorités syndicales.]
[ M. Charest:] Bien, moi, je vois dans ce qui a été fait aujourd’hui une organisation, des organisations syndicales qui ont voulu exprimer puis organiser leur mécontentement à eux, mais en même temps, je ne peux pas faire fi de ce qui est arrivé dans la
dernière année au Québec. On ne peut pas non plus mettre de côté tout ce qui s’est débattu dans la dernière année au Québec. Et rappelez-vous le travail qui a été fait par nous pour annoncer aussi clairement que possible – ça n’avait jamais été fait comme ça dans l’histoire du Québec – les intentions que nous avions pour les changements proposés. Alors, on ne peut pas mettre de côté, non plus, le débat démocratique qui s’est fait au Québec dans la dernière année.
[ Journaliste: …que l’affrontement continue, M. le premier ministre. L’affrontement continue.]
[ Journaliste: …journée qui est marquée par les syndicats et non par la population?]
[ M. Charest:] La population a eu l’occasion de se prononcer de façon démocratique dans la dernière année. Moi, je pense qu’ils ont exprimé très clairement une volonté de changement, et je pense que les gens comprennent que les changements que nous sommes appelés à mettre en place ne feront pas l’affaire de tout le monde – on ne peut pas, malheureusement, satisfaire tout le monde – mais ça représente néanmoins les changements qui sont nécessaires pour qu’on puisse livrer des services, des services de santé et des services à l’ensemble de nos citoyens.
[ Journaliste: Au-delà de l’écoute, est-ce que vous êtes prêt à des actions pour démontrer que le dialogue peut aboutir, évidemment, à des changements ou des modifications?]
[ M. Charest:] Bien, nous, on est en dialogue aussi avec les leaders syndicaux. On va continuer à l’être.
[ Journaliste: …des actions, est-ce que vous êtes…]
[ M. Charest:] Bien, au niveau des actions, ils nous ont proposé des choses qu’on est en train d’étudier actuellement. Ça fait partie des choses que nous faisons, puis ça, ça ne se fait pas une seule fois, ça se fait à tous les jours. Alors, c’est un dialogue qui va continuer.
[ Journaliste: Là, c’est un affrontement. Vous dites que vous ne changerez pas vos… pas question pour vous de reculer sur vos projets de loi. Et M. Massé, il dit: Nous autres, si vous ne reculez pas, on va continuer. Donc, vous nous dites aujourd’hui: L’affrontement continue.]
[ M. Charest:] Le dialogue continue. Nous, on a reçu un mandat très clair de procéder. La population du Québec, je sais, s’est exprimée dans la dernière année de façon très claire pour que nous puissions entreprendre les changements que nous sommes en train de mettre en oeuvre. Et on le fait dans un esprit d’ouverture, mais on le fait aussi avec un objectif, là, qu’on n’a jamais perdu de vue, celui de livrer des services à la population du Québec. C’est ça, l’objectif qu’on poursuit.
[ Le modérateur: Une dernière en français.
Journaliste: Au moment où on se parle, il y a encore des routes de bloquées. Est-ce que votre gouvernement entend faire quelque chose pour que la situation revienne à la normale?]
[ M. Charest:] On suit ça de très près et il y a des échanges avec les gens qui sont actuellement en train de manifester, pour s’assurer qu’on puisse laisser passer les gens à chaque endroit. Puis il ne reste pas beaucoup d’endroits, actuellement – où on me dit, moi, aux dernières nouvelles – où il y a des difficultés. Mais là où il y en a, bien, on est là pour encourager et faire en sorte que les gens puissent circuler.
[ Le modérateur: En anglais…
Journaliste: …les moyens de pression pourraient vous faire bouger? Une escalade des moyens de pression, est-ce que c’est une voie… une voie à envisager?]
[ M. Charest:] Il n’y a personne qui a annoncé ça, bien au contraire, d’autant plus…
[ Journaliste: Il y a une annonce de grève générale dans l’air,
quand même.]
[ M. Charest:] D’autant plus, d’autant plus qu’il s’est quand même passé quelque chose de très important cette année, rappelons- nous. Je reviens là-dessus, mais c’est quand même fondamental. La population du Québec a eu l’occasion cette année aussi de dire des choses. La population, elle, s’est exprimée sur des changements qui sont importants, sur des services qu’elle veut recevoir.
Et quand vous énumérez les projets de loi les uns après les autres, difficile de trouver des choses sur lesquelles les gens peuvent s’objecter en termes d’objectifs poursuivis, que ce soit mise en réseau du système, l’organisation du travail, tout ça, même l’article 45. Quand on fait un peu l’analyse de tout ça, il y a derrière ça une volonté très nette de faire davantage pour le Québec.
[ (Fin à 17 h 25)]
[QCHRS20031218cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre, et de M. Jacques P. Dupuis, leader du gouvernement Bilan de la session parlementaire Le jeudi 18 décembre 2003 (Quatorze heures vingt- trois minutes) ]
[ M. Séguin (Rhéal): Est-ce que vous êtes prêts? M. le premier ministre va faire une déclaration sur les questions des journalistes, d’abord en français et ensuite en anglais. M. le premier ministre.]
[ M. Charest:] Merci, M. Séguin, M. le président. Et je n’ai pas besoin de vous présenter le leader du gouvernement, M. Dupuis, qui sera également disponible pour répondre à vos questions. Alors, mesdames et messieurs, il y a plus de huit mois maintenant que le nouveau gouvernement libéral s’est fait élire et, dans les huit mois depuis notre élection, on est passés à l’action. Toutes les décisions que nous avons prises sont des décisions qui ont été prises avec un objectif, celui d’améliorer la qualité des services que nous livrons aux citoyens, en particulier dans le domaine de la santé.
Vous avez vu que nous étions déterminés de mettre en oeuvre notre plan pour le Québec. Nous le faisons en écoutant également les Québécois et sur la foi du travail qui a été fait dans les cinq dernières années, et on l’a fait en écoutant non seulement ceux qui parlent fort, mais également les citoyens et citoyennes du Québec qui, dans certains cas, ne peuvent pas s’exprimer.
Un premier budget a été livré et ce premier budget a donné le ton. Notre première priorité demeure toujours la même, c’est la santé, et, dans le premier budget, malgré une situation financière extrêmement difficile que nous a léguée le gouvernement précédent et qui a été largement rapportée dans le rapport Breton – un trou de 4300000000 $ pour l’année en cours et 3000000000 $ pour l’année suivante – malgré cela, on a augmenté les dépenses dans le domaine de la santé de l’ordre de 7,2 %. C’est 1300000000 $ de plus qu’on a mis dans le réseau de la santé. C’est 250000000 $ d’entrée de jeu qu’on a réinvestis pour réduire les listes d’attente, pour s’assurer que les salles d’urgence puissent mieux fonctionner. On a bougé dès l’élection du gouvernement là-dessus.
On a réinvesti dans la deuxième priorité, la santé. C’est 400000000 $ de plus, dans le domaine de l’éducation, qu’on a réinvestis. C’est 3,6 % d’augmentation sur le budget précédent, la plus forte augmentation depuis neuf ans. Et dans ce premier budget aussi, on a commencé à rationaliser des dépenses en subventions puis en crédits d’impôt aux entreprises. C’est 500000000 $ par année de façon récurrente qui a été coupé, de sorte qu’on puisse ramener un peu de rationalité dans ce système de subventions puis de crédits d’impôt qu’avait mis en place le gouvernement précédent. Dans la session d’automne que nous venons de terminer aujourd’hui, on est passé à l’action. On a adopté un certain nombre de projets de loi qui justement ont pour objectif de livrer des services aux citoyens. Dans le domaine de la santé, on a livré le projet de loi qui va mettre en réseau le système de santé, que ce soit les CLSC, les hôpitaux, les CHSLD, conformément à une recommandation, entre autres, qu’avait faite le rapport Clair, rappelons-nous, je pense que c’était la recommandation numéro 33 qui, en toutes lettres, reprenait un engagement qu’on avait pris, nous, pendant la campagne électorale justement, de mettre le système de soins de santé en réseau.
On a changé l’organisation du travail. Encore là, vous avez l’illustration du choix que nous avons fait au nom de la population du Québec. L’organisation du travail, ça va nous permettre de réinjecter à peu près 45000000 $ d’argent neuf dans le réseau de la santé, qui allait en bureaucratie pour gérer l’organisation du travail. Ça va nous permettre de simplifier l’organisation du travail, parce que le choix que nous avons fait, nous, c’est de subordonner justement cette organisation du travail à la prestation de services que doivent recevoir les hommes et les femmes qui fréquentent le réseau de la santé québécois…
Nous avons également mis en place une commission d’enquête technique sur les deux nouveaux centres hospitaliers universitaires qui seront construits à Montréal: celui du CHUM et du Centre universitaire de santé McGill. On a mis en place également des réseaux universitaires intégrés de santé pour qu’on puisse, dans le même esprit, offrir des meilleurs services.
Dans le domaine de l’éducation, il y a également une convergence de nos deux premiers objectifs avec des investissements importants annoncés à l’Université Laval, à l’Université de Sherbrooke, pour former plus de médecins et d’infirmières et commencer à combler les pénuries qui auront été créées par le gouvernement précédent.
Sur le plan de l’éducation, dans le domaine de l’éducation, on a confirmé le gel des frais de scolarité pour la durée du mandat, et dans la session actuelle, on a adopté une loi qui va nous permettre de simplifier l’attribution des prêts et bourses. Pour l’année 2004, dans le domaine de l’éducation, il y aura la commission parlementaire sur l’avenir des universités, sur la question de la qualité de l’enseignement, de l’accessibilité et du financement. Il y aura également le forum sur l’avenir des cégeps.
Sur le plan économique, le gouvernement est également passé à l’action. On a présenté le projet de loi n 31, maintenant adopté, qui va permettre maintenant, dans beaucoup d’instances où ce n’était pas le cas, de faire de la sous-traitance. Sur cette question-là, il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites. Tout ça me rappelle un débat que j’ai déjà vécu, moi, en 1988, à peu près la même chose. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à l’avoir relevé, Pierre Fortin, l’économiste, dans sa présentation en commission parlementaire, d’entrée de jeu, soulignait à quel point il y avait des parallèles que lui relevait dans ce débat et celui qu’on a vécu avec le libre-échange alors que, à ce moment-là, à peu près les mêmes acteurs nous annonçaient la fin du monde, et Dieu sait qu’on avait eu raison en 1988 de procéder avec le libre- échange et tous les emplois que ça nous a permis de créer. Bien, justement, dans ce cas-là, Pierre Fortin évalue, lui, de 25 à 30000 emplois potentiels qui peuvent être créés à la condition qu’on ait un environnement économique qui le permette. Il ne s’agit pas de favoriser ou de défavoriser, il s’agit de permettre à ceux et celles qui sont le moteur de l’économie québécoise, les PME, d’avoir l’occasion justement de créer des emplois. C’est ça. C’est la raison qui nous a amenés à faire ce changement qui va avoir des effets très bénéfiques pour les travailleurs du Québec, comme les changements qu’on a prévus également dans l’industrie du vêtement. On est passés à l’action aussi pour les services de garde et, là- dessus, je vous avoue qu’il s’est dit beaucoup de choses et que c’est très important de replacer les affaires dans leur contexte. D’abord, le problème des services de garde au Québec, c’est d’abord une absence de places pour des citoyens québécois qui paient des impôts pour des services de garde. C’est le premier problème. Rappelons-nous, là, parce que c’est encore le cas, là, qu’il y a des enfants et des parents qui ne réussissent pas à obtenir des places dans les services de garde à 7 $ par jour. Sur le plan financier, en 2002-2003, l’État québécois investissait 974,3000000 $ dans les services de garde. Ça, c’était pour les budgets de fonctionnement des CPE. En 2003-2004, c’est 1 066 800000 $, une augmentation de 9,5 % dans les services de garde. Pendant ce temps- là, la contribution des parents est passée de 5 $ à 7 $. Alors, le budget de fonctionnement total, là, est passé de quoi? Le budget de fonctionnement des CPE est passé de 144900000 $ à 173900000 $, soit une progression de 20 % si on fait référence du 5 $ à 7 $. Au total, si on inclut la contribution parentale puis la contribution de l’État au budget de fonctionnement des CPE, c’est 1200000000 $ en 2002-2003 et c’est 1240000000 $ en 2003-2004, ce qui représente une augmentation du budget de 10,9 %.
Mais ce qu’il y a de plus important encore, parce qu’il y a certains qui disent on augmente les frais, c’est qu’il y a 13000 places de plus en garderies. Ça, c’est des places où dans beaucoup de cas les parents payaient entre 20 $ et 30 $ par jour pour des services de garde, alors que maintenant ils pourront payer 7 $ par jour. Voilà le noeud de tout le débat, là, qui s’est fait sur les services de garde et le sens des choix qu’on a proposés à la population du Québec, encore une fois dans un contexte budgétaire où le gouvernement précédent nous a laissé un trou de 4300000000 $. On est aussi passé à l’action sur la question de la modernisation de l’État. Dès l’été dernier, on a mis sur pied les groupes de travail sur toute cette question de modernisation qui est fondamentale pour l’avenir de l’État québécois. Sur la modernisation de l’État, on également adopté la loi 34 sur la décentralisation, conformément aux engagements qu’on avait pris. Une décentralisation dont on parle depuis à peu près 20 ans au Québec. Depuis que je suis en politique, moi, qu’on en parle de décentralisation vers les régions, ça ne c’est jamais fait, l’objectif étant évidemment de faire en sorte que chacune des régions puisse assumer sa spécificité et son autonomie et qu’on redonne aux citoyens des régions des outils nécessaires pour leur développement. Bien, pour la première fois, moi, depuis que je suis en politique, il y a un gouvernement qui a posé de vrais gestes et qui va permettre une vraie décentralisation vers les régions du Québec. Cette réforme, ça inclut également la démocratie municipale. On va permettre aux citoyens qui ont été, eux, l’objet de fusions forcées de se prononcer sur l’avenir de leur municipalité, et ça aussi ça va faire partie de la mise en oeuvre de nos politiques en 2004.
En terminant, je vous dirais ceci. Pendant trop d’années les Québécois et Québécoises ont attendu. Ils ont attendu des services dans le domaine de la santé, pour des garderies, devant les tribunaux administratifs, où on a également déposé un projet de loi qui va améliorer sensiblement la prestation de services pour les tribunaux administratifs, pendant trop d’années les Québécois et Québécoises se sont fait mettre en mode «attente». Et le mandat que nous avons reçu, la volonté de changement exprimée par la population du Québec cette année, en 2003, c’était de sortir de ce mode d’attente et de passer à l’action, et c’est exactement ce que le gouvernement a fait dans tous les domaines où on livre des services à la population. On est très fier de ce bilan, c’est un bilan substantiel après seulement huit mois de gouvernement. L’année 2004, ce sera l’occasion pour nous de continuer la mise en oeuvre, de mettre la priorité encore une fois sur la santé, sur l’éducation, sur une politique familiale, le dépôt d’un budget, la réduction de l’allégement, l’allégement fiscal également, la réduction des impôts, ça fait partie de ce qu’on doit faire en 2004, on garde le cap sur le plan qu’on s’est donné. Ce sera une année très importante, mais ce sera l’année du citoyen, l’année où le gouvernement va continuer encore une fois à garder en tête, garder à l’esprit et comme objectif l’amélioration des services aux citoyens.
Peut-être juste un dernier mot aussi sur la prochaine année et les débats à venir, juste pour placer les choses dans leur perspective et rappeler pourquoi c’est important de passer à l’action. C’est parce qu’on vit également des changements très intenses dans la société québécoise, à la fois à l’extérieur et à l’interne. Sur le plan économique, il y a des changements importants qui se vivent partout, mais, à l’interne, sur le plan démographique, là, il y avait au Québec huit travailleurs pour un retraité dans les années soixante. Aujourd’hui, il y a cinq travailleurs pour un retraité et, en 2030, il va y avoir deux travailleurs pour un retraité. En soi, ça nous annonce l’intensité des changements, qui vont nous arriver à une vitesse, là, qu’on n’aura pas vue ou que certains ont de la difficulté peut-être à mesurer, mais 30 ans, 27 ans, c’est très vite pour vivre les changements que nous serons appelés à vivre. Il faut donc se préparer pour qu’on puisse, nous, comme État, livrer des services aux citoyens et des services pour lesquels ils paient.
[ M. Séguin (Rhéal): Paul Larocque.
M. Larocque (Paul): M. le premier ministre, est-ce que vous êtes fier de ce que vous avez fait ces derniers jours?]
[ M. Charest:] Moi, je suis très fier de ce qu’on a réalisé depuis les huit derniers mois, incluant les derniers jours. Je suis très fier. On a reçu un mandat très important et la volonté de changement au Québec était clairement exprimée, et quand je fais le bilan de ce qu’on a réalisé, que ce soit dans les derniers jours ou du premier au dernier jour, je suis très fier du bilan du gouvernement.
[ M. Larocque (Paul): N’avez-vous pas sous-évalué, à un certain moment, le ton ou l’intensité de la réplique syndicale? Est-ce qu’il n’y a pas eu une erreur, une mauvaise lecture en partant et certaines choses auraient pu être faites sans provoquer la levée de boucliers que vous avez vue dans le monde syndical?]
[ M. Charest:] D’abord, on a toujours maintenu de très bons ponts de communications avec les leaders syndicaux. Ça, ça a toujours été le cas du début du mandat jusqu’à aujourd’hui. On s’est parlé constamment, j’ai parlé à M. Massé en fin de semaine. Lui, et les gens à la FTQ, par exemple, ou à la CSN, ont des contacts constants avec les représentants du gouvernement, les gens de mon bureau. On s’est même entendu pour se voir dans la nouvelle année. Rappelez- vous que Mme Carbonneau et moi, de la CSN, Mme Carbonneau, on s’est entendu pour se voir en 2004 pas juste sur les questions de la mise en oeuvre de nos politiques, mais également sur la question de la modernisation de l’État, et c’est la même chose pour M. Massé. Maintenant, il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec ce qu’on a, nous, mis de l’avant comme changements, et ça, je le savais au moment où j’ai choisi d’écrire une lettre qui a été rendue publique et qui annonçait que le gouvernement allait procéder et avait la détermination de procéder avec les changements que voulaient les Québécois. Puis, il y a des gens qui se sont prononcés, mais ils auront aussi à répondre de leurs décisions. Je vais vous donner un exemple. Du côté des CPE, ils proposent, si j’ai bien compris, une journée de grève du côté de la CSN, le 16 janvier prochain. Mais, c’est drôle, moi, quand je fais le tour de ce qu’on a fait pour les CPE, on a augmenté les budgets de 9,5 %. Il n’y a pas un endroit au monde, à ma connaissance, où les parents paient ce qu’ils paient au Québec pour des services de garde. En moyenne, c’est 8000 $ par enfant par année, et la CSN voudrait faire une journée de grève parce qu’on a augmenté les budgets de 9,5 %. Moi, je pense que c’est difficile à expliquer, surtout difficile à justifier.
[ M. Séguin (Rhéal): Claude Brunet.
M. Brunet (Claude): Dans le passé, M. Charest, j’ai souvent entendu des premiers ministres dire qu’ils gouvernent pour tous les Québécois. Pourquoi ce n’est pas le cas? Pourquoi, dans votre cas, pourquoi ce n’est pas le cas? Pourquoi vous gouvernez uniquement pour les électeurs libéraux?]
[ M. Charest:] Nous gouvernons pour absolument tous les Québécois, sans exception.
[ M. Brunet (Claude): Alors, pourquoi ne pas tenir compte des dizaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue pour s’opposer à la sous-traitance, aux augmentations de tarifs dans les garderies, notamment? ]
[ M. Charest:] Nous tenons compte des opinions exprimées par ceux et celles qui choisissent de s’exprimer incluant ceux et celles qui ne peuvent pas s’exprimer dans certains cas, les gens qui sont, par exemple, dans le réseau de la santé et qui sont des gens malades et qui ont le droit de recevoir des soins. Et on a fait… Nous, ce qu’on a fait sur la base de ce qu’on a constaté pendant les cinq ans où nous étions dans l’opposition – où, moi, je l’étais – et on l’a fait aussi en continuant à écouter tout le monde. La preuve, c’est que, au moment où on a proposé nos lois, il y a eu des recommandations de faites, puis on a fait un certain nombre d’amendements qui tenaient compte justement des recommandations qui nous ont été faites. Et ça, ça témoigne de l’ouverture du gouvernement sur ces questions-là.
En même temps, en même temps par contre, on est passés à l’action. Il y a des débats qui se sont faits encore pendant plusieurs années au Québec. Dans le domaine de l’organisation du travail, ça fait 10 ans qu’on en parle. Sur la mise en réseau du système, si la commission Clair avait fait une recommandation à ce moment-là pour dire: Ce serait bon de mettre le système en réseau, c’est donc dire que ça avait déjà été longuement débattu. Même chose du côté de la sous-traitance. L’objectif, c’est de faire en sorte qu’on puisse créer de l’emploi. Alors, nous, on a écouté. Mais on reconnaît aussi que le temps est venu de passer à l’action, et c’est ce qu’on a fait.
[ M. Brunet (Claude): Une dernière chose si vous me permettez. On nous disait, plus tôt, qu’en 1997 vous avez dit que votre politicien que vous admiriez le plus au Québec, c’était Maurice Duplessis. Est-ce que c’est toujours le cas?]
[ M. Charest:] Je ne me rappelle pas d’avoir dit ça. Je ne sais pas. Je ne sais pas où vous prenez ça, là.
[ M. Brunet (Claude): …tantôt.]
[ M. Charest:] C’est-tu vrai?
[ M. Brunet (Claude): Oui.]
[ M. Charest:] Qui a osé vous dire ça? Je suis sûr que c’est une source objective, M. Brunet.
[ Des voix: Ha, ha, ha!] [ M. Charest:] D’ailleurs, le dernier que je connais, politicien québécois à avoir cité Maurice Duplessis, c’était Lucien Bouchard. Lui, il l’a mis dans un texte. Alors, ça, vous jugerez vous-même de la citation.
[ M. Latreille (Christian): M. Charest, avez-vous l’impression que le pire est à venir en termes de contestation des syndiqués, avec les premiers résultats de la réingénierie qui sont prévus pour le début de l’année prochaine, les négociations dans le secteur public et dans un contexte de crise budgétaire? Est-ce que la contestation ne va pas aller croissante en 2004?]
[ M. Charest:] Il n’y a pas de raison pour qu’il y ait une contestation croissante. Les ponts de communication sont ouverts. On va avoir une négociation. Mais, à chaque négociation, il faut prendre le temps de s’asseoir, de faire un peu l’inventaire, de part et d’autre, des demandes qui nous arrivent du côté des leaders syndicaux puis la capacité de l’État. Ça, c’est tout à fait normal. Il y a des choses par contre – je le souligne, là – dans le cas des CPE, quand on vous annonce une journée de grève parce qu’on augmente les budgets de 10 %, moi, je pense qu’il y a des gens qui auraient intérêt à s’interroger sur ce genre de décision-là.
[ M. Latreille (Christian): Vous dites que vous tentez en ce moment de créer un environnement économique sain, propice à la croissance…]
[ M. Charest:] Oui.
[ M. Latreille (Christian): …propice à la création d’emplois.
Avez-vous l’impression que ce qui se passe à l’extérieur, ce qu’on voit depuis plusieurs semaines au Québec, la contestation sociale et tout ça, c’est vraiment propice à attirer des investisseurs de l’étranger et à créer un environnement économique propre à la création d’emplois?]
[ M. Charest:] Les gens font la part des choses. Vous savez, quelqu’un qui investit au Québec, qui vient ici, les gens des milieux d’affaires, les gens des milieux syndicaux, les gens sont bien capables de faire la part des choses.
[ Le Modérateur: Gérard Deltell.
M. Deltell (Gérard): M. le premier ministre, vous dites que les ponts de communication sont toujours établis et ont toujours existé avec les centrales syndicales, mais moi, il y a de la friture sur la ligne parce que ça a brassé pas mal au cours des dernières semaines, et vous le savez, les manifestations, à un certain moment même parfois violentes, qu’on n’avait pas vues depuis des années au Québec. L’année qui s’en vient, comme disait M. Latreille tantôt, il y a des négociations avec le monde syndical et on sent une escalade aussi du mouvement syndical, des gens qui nous prévoient des grèves générales et tout ça pour cet hiver. Comment vous allez réussir à améliorer ces relations de communication avec le monde syndical qui est vraiment à bout?]
[ M. Charest:] On s’est déjà entendus, M. Massé, Mme Carbonneau et moi-même pour se voir pendant l’année 2004, et tôt dans l’année. Alors, c’est déjà, c’est déjà conclu. Alors déjà, on va s’asseoir ensemble. Pour le reste, écoutez, les gens auront à justifier les décisions puis les recommandations qu’ils font, et les leaders syndicaux auront à répondre aussi de leurs décisions puis de leurs recommandations à leurs membres.
Mais en même temps, moi, je peux vous dire, là, prenons le domaine de la santé, là, puis la mise en réseau puis ensuite le changement de l’organisation du travail, c’est une affaire de gros bon sens. Quand on économise… quand on est capable d’économiser 45000000 $ et le réinvestir en soins parce qu’on réduit la bureaucratie, difficile, moi, de trouver quelqu’un de raisonnable qui me dit que c’est une mauvaise décision puis que c’est une décision qu’on devrait retarder. Bien au contraire, il faut bouger là-dessus, il faut avancer, il y a derrière ça une volonté, là, de livrer des services, mais surtout un besoin de livrer des services à la population.
[ Le Modérateur: Gilbert Lavoie.
M. Lavoie (Gilbert): M. le premier ministre, vous avez promis la transparence et l’intégrité. Or, on n’a toujours pas de commissaire à l’éthique, on a une Vérificatrice générale intérimaire à qui on demande de nous dire si le gouvernement a raison ou tort dans la SGF, par exemple, on a aujourd’hui une présidente de l’accès à l’information qui est intérimaire, et on a un commissaire à la santé qui ne sera pas indépendant du gouvernement. Vous ne trouvez pas qu’il y a un certain retard de la part du gouvernement dans ces dossiers-là?]
[ M. Charest:] Alors, voilà, il y a des gens qui vont trouver qu’on ne va pas assez vite, puis dans certains cas que le gouvernement procède trop rapidement, on procède le plus rapidement possible. Dans le cas du commissaire à la santé, ce qu’il faut relever d’important, c’est qu’on veut que le commissaire à la santé puisse faire des recommandations du côté des politiques du gouvernement, ce qui n’est pas le propre d’une personne qui est un commissaire qui fait un rapport à l’Assemblée nationale du Québec sur une évaluation des politiques du gouvernement. Il y a une distinction fondamentale et majeure. Mais on va procéder là-dessus, et, en même temps, le ministre de la Santé a annoncé qu’il y aurait une évaluation faite de tout le système de plaintes et d’imputabilité à l’intérieur du réseau de la santé, ce qui est aussi extrêmement important.
Alors, on va procéder le plus rapidement possible avec les nominations effectivement, et ça n’empêche pas du tout le gouvernement de fonctionner, au contraire, mais on ne peut pas, comme vous le réalisez, là, tout faire en même temps, ni dans la première année ni dans les premiers huit mois.
[ M. Lavoie (Gilbert): Mais la Vérificatrice, quand même, ça fait longtemps cela.]
[ M. Charest:] Oui, c’est vrai que, la Vérificatrice, Mme Paradis, est intérimaire depuis déjà un bon moment, et on va travailler avec l’opposition, avec les oppositions, devrais-je dire, pour qu’on puisse nommer quelqu’un en permanence, et c’est une décision qui doit être prise aux deux tiers de l’Assemblée nationale du Québec. Il y a donc une exigence et il faut la respecter.
[ M. Séguin (Rhéal): Sophie Langlois.
Mme Langlois (Sophie): M. Charest, ça fait huit mois qu’on vous pose, qu’on a dû vous poser des centaines et des centaines de questions, nous, les journalistes, l’opposition, et presque à chaque réponse, la réponse est presque toujours la même ou, enfin, quelque part dans votre réponse, c’est: On a été élu pour faire ça. C’est dans notre programme.
Par contre, vous n’avez pas été élus pour faire ça dans les huit premiers mois, et, des fois, à vous entendre répéter tout le temps ça, on a l’impression que votre vision de la démocratie, ça s’exerce un jour aux quatre ans. Souvent, on a l’impression que vous ne vous sentez pas le besoin de justifier ou d’expliquer vos décisions autre que…]
[ M. Charest:] Vous devriez parler à M. Lavoie.
[ Mme Langlois (Sophie): …qu’en disant: C’est dans notre programme.
Moi, j’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi, sur l’article 45, par exemple, où était l’urgence d’agir si rapidement, au risque de rompre le fragile équilibre du marché du travail et de la paix sociale, alors que vous n’avez pas fait, vous, comme gouvernement, depuis huit mois, d’études et d’examens approfondis de la question.]
[ M. Charest:] D’abord, je note, comme tous ceux et celles qui sont dans la salle, la question de votre voisin de droite, qui, lui, dit: Vous n’allez pas assez vite pour certaines choses, puis vous, si j’ai compris, vous posez votre question avec une prémisse à l’effet qu’on va peut-être un peu trop vite. Alors, vous savez, on ne peut pas tout faire dans les huit premiers mois. Sur les questions sur lesquelles on avait beaucoup travaillé depuis les dernières années et sur lesquelles on s’était penchés aussi, à l’Assemblée nationale puis ailleurs, et pour lesquelles on était prêts à tirer des conclusions, on a procédé, puis on a procédé dans un esprit d’ouverture aussi. La preuve, c’est qu’on a reçu, dans beaucoup de commissions, dans les études des projets de loi, des recommandations que le gouvernement a acceptées.
Maintenant, question de la sous-traitance, ça fait des années qu’on en parle au Québec, et le gouvernement était prêt à bouger là- dessus. Et je veux reprendre la prémisse de votre question. Nous, on a reçu, oui, c’est vrai, un mandat de changement qui a été clairement exprimé dans l’année, mais qui n’est pas arrivé spontanément, là. Ce n’est pas tombé, ça, du ciel le 14 avril dernier, c’est vrai. C’est également une chose qui était exprimée suite à tout ce que j’ai constaté, moi, pendant les cinq dernières années. Et en démocratie, effectivement, quand on reçoit un mandat, il faut tenir compte de ce que ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec nous peuvent nous dire et comme recommandations, et on le fait, nous le faisons.
Mais, dans l’ensemble, il y a une chose qui me paraît parfaitement claire, nous sommes en train de réaliser l’essentiel de cette volonté de changement qui n’est pas née le 14 avril mais qui est née de plusieurs années de débat au Québec dans certains cas. On le fait avec détermination et on le fait avec clarté parce qu’on sait où on va.
[ Mme Langlois (Sophie): Article 45. Vous dites qu’il y a urgence d’agir maintenant. Le Québec est la province qui a créé le plus d’emplois ces derniers mois, sous votre gouverne d’ailleurs, et vous dites que c’est pour créer plus… Trois, quatre mois de plus, là, de débat, là, dans la société québécoise, sur des modifications majeures au Code du travail, en quoi est-ce que ça aurait ralenti l’économie du Québec?]
[ M. Charest:] Bien d’abord, merci d’avoir rappelé que, effectivement, c’est sous notre gouverne qu’il s’est créé le plus d’emplois au Québec, dans l’histoire du Québec, dans les deux derniers mois. Si je l’avais dit, moi, ça aurait eu moins de portée, mais je suis sûr qu’on va vouloir vous citer là-dessus. D’ailleurs, en passant, pour tout dire, même si les deux derniers mois ont été des mois records, ça ne veut pas dire que ça va être comme…
[ Mme Langlois (Sophie): …article 45, l’ancien, là, non modifié.]
[ M. Charest:] Oui, sauf que le problème, c’est qu’on peut faire plus. Il faut évaluer la performance de l’économie québécoise sur une longue période de temps. Quand on fait le portrait sur une période de 10 ans, il y a une sous-performance de l’économie québécoise par rapport à l’économie nord-américaine. La croissance économique a été plus faible, la création d’emplois a été plus faible, le niveau de revenu disponible est plus faible également. Alors, c’est dans ce contexte-là qu’il faut voir.
Et dans le cas de l’article 45, on a eu de longs débats au Québec. Le gouvernement était prêt à bouger là-dessus. Alors, nous, on a bougé parce qu’on avait tiré une conclusion… On l’avait annoncé longtemps à l’avance, en passant. Il n’y a pas eu de surprise là. Personne peut prétendre être surpris de ce que nous avons fait quand on a pris la peine de dire, le 12 septembre 2002, que nous allions dans ce sens-là. Il me semble que personne aujourd’hui peut prétendre être surpris.
[ Mme Langlois (Sophie): Quand vous dites que vous faites des changements en écoutant non seulement ceux qui crient fort mais ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, est-ce que ce n’est pas un peu méprisant pour les dizaines de milliers de Québécois qui sont descendus dans la rue depuis quelques semaines pour exprimer, des fois, ne serait-ce qu’une inquiétude, là? Ce n’est pas nécessairement tous des gens qui sont manipulés par les syndicats là, c’est un peu ce que vous semblez dire quand vous dites: C’est pas grave, les gens qui s’expriment dans la rue; nous, on a l’appui de la majorité silencieuse.]
[ M. Charest:] J’ai un devoir, moi, d’agir dans le sens des intérêts de tous les citoyens et citoyennes du Québec. Et j’ai pour chacun et chacune d’entre elles un très grand respect, incluant ceux qui ne sont pas d’accord avec moi. Ça fait 20 ans que je fais de la politique. Croyez-moi, quand il y a des gens qui s’expriment puis qui ne sont pas d’accord avec moi, je peux vous dire que j’ai une très grande… puis j’écoute, puis il m’arrive de pouvoir, oui, changer d’idée. Ça arrive. Je l’admets.
[ Mme Langlois (Sophie): Ah oui?]
[ M. Charest:] Bien certainement. Certainement.
[ M. Brunet (Claude): Pas depuis huit mois.]
[ M. Charest:] Oui. Sauf que, quand on prend la peine de préparer soigneusement les choix… Puis ce n’est pas toujours… ce n’est jamais un parcours parfait mais, vous le savez, on a préparé soigneusement, on a écouté, on a pris la peine de dire, on fait tout ça, et qu’on est prêt à passer à l’action. Et quand on se fait donner un mandat de changement et qu’il y a des gens qui vivent le régime des listes d’attente trop longtemps – puis il y en a encore trop de listes d’attente, là, dans beaucoup trop de domaines –
bien, et qu’on est prêt à passer à l’action, je pense que la population du Québec souhaite que, justement, son gouvernement icoute mais qu’il puisse aussi passer à l’action.
[ M. Séguin (Rhéal): Robert Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert): Oui, M. Charest, bon, l’ancien modèle péquiste était basé sur une proximité entre le gouvernement et les centrales syndicales, les groupes de pression, etc. Est-ce que vous pensez, vous, en huit mois avoir réussi à briser ce modèle-là pour en imposer un nouveau?]
[ M. Charest:] Je cherche à construire, et la construction que j’entreprends, je la fais avec les 7000000 de Québécois, là, à partir des ambitions des 7000000 de Québécois qui veulent construire avec nous. Alors, lorsque je construis, évidemment, je travaille avec ceux et celles qui ont des mandats chez des leaders syndicaux, d’autres groupes, mais je construis avec ces gens-là et je ne cherche pas à diminuer leur importance, je cherche à travailler avec eux puis avec tous les citoyens.
[ M. Dutrisac (Robert): Mais est-ce que, dans les circonstances, l’impopularité croissante de votre gouvernement vous inquiète après huit mois?]
[ M. Charest:] Après l’année, après les deux ans qu’on a vécues puis tous les sondages qu’on a vécus, ce n’est pas à partir de sondages qu’on va gouverner, ça, je pense, c’est devenu très clair, puis ce n’est pas là-dessus non plus qu’on va faire ou défaire la volonté du gouvernement.
[ M. Dutrisac (Robert): Mais, selon vous, est-ce que le pire est passé? Est-ce que finalement les remèdes, si on veut, qui sont parfois détestables au goût sont donnés et que les choses devraient être plus douces un peu pour la population?]
[ M. Charest:] On ne le voit pas comme ça, nous. On le voit dans la mesure où on veut bouger, passer à l’action pour qu’on puisse livrer des services, entre autres, je reviens toujours au domaine de la santé parce que c’est notre première priorité, c’est la première priorité des Québécois, où on veut arriver à la mise en oeuvre de ces changements-là aussi.
Puis, 2004, c’est ça, hein. Le réseau de la santé, c’est la mise en oeuvre, c’est l’application pratique. Et c’est gros, c’est un gros réseau de santé. Ce n’est pas facile, faire ces changements-là, et donc il faut prendre le temps et il faut agir pour qu’on puisse arriver à la mise en oeuvre. Alors, c’est dans cette perspective-là qu’on le fait.
Je vous ferais remarquer qu’il y a des choses qu’on fait en ce moment, où on avait dit noir sur blanc aussi qu’on voulait faire ça dans la première année du premier mandat. Pour quelle raison? Pas par l’automatisme de l’élection mais parce que notre vision à nous des choses, c’est que, si on voulait atteindre cet objectif-là de livrer des services, il fallait commencer à faire ces choses-là pour qu’on puisse traduire ça en services qui ne sont plus disponibles pour les citoyens. Alors, c’est comme ça qu’on le voit.
[ Mme Moisan (Mylène): …clarifier les chiffres sur l’augmentation des budgets des CPE. Vous dites que le budget est passé de 1200000000 $ à 1240000000 $. Ça fait 40000000 $. 10 %, c’est 120000000 $ 40 000000, c’est 3 %.]
[ M. Charest:] J’ai le total de budget de fonctionnement des CPE.
Contribution gouvernementale et parentale est passée de 1,200000000 en 2002-2003 à 1240000000 $, d’accord? 2003-2004. Alors, ça c’est les chiffres que j’ai. On pourra refaire les chiffres après, mais ça, c’est des chiffres qu’on m’a fournis.
[ Mme Moisan (Mylène): Alors, votre 10 %, vous le prenez où?]
[ M. Charest:] Ah bien, c’est le total… Ça doit être… excusez, c’est peut-être le total des budgets de fonctionnement des CPE, la contribution du gouvernement qui est 9,5 %, 974000000 $ à 1066800000 $.
[ M. Nadeau (Rémi): Vous vous êtes dépêchés à adopter des mesures controversées, alors que pour certaines autres mesures moins délicates vous prenez votre temps, c’est ce qu’on a vu tantôt. Donc, votre urgence d’agir, est-ce que ce n’est pas plutôt de vous débarrasser des éléments plus controversés pour que vers la fin du mandat vous terminiez sur une note plus positive et ainsi charmez l’électorat. Est-ce que ce n’est pas vraiment ça, l’urgence d’agir dans ce cas-ci?]
[ M. Charest:] Dans un monde parfait, là, tous les gouvernements voudraient charmer l’électorat à la fin de son mandat. Moi, je pense qu’on va vraiment être jugés à partir de ce qu’on aura nous- mêmes établi comme étant les critères d’évaluation du gouvernement
puis ça, on l’a exprimé le 12 septembre 2002. Évidemment, on a nous- mêmes, là, fixé un certain nombre de critères d’évaluation: Est-ce que le système de santé va mieux fonctionner? Est-ce qu’on aura réussi à s’attaquer avec succès au problème de l’attente? Est-ce qu’on aura réussi à augmenter le niveau de vie des gens? Ça, c’est des critères qu’on s’est fixés. Maintenant, pour y arriver, dans le domaine de la santé, là, il faut qu’on puisse agir aujourd’hui pour arriver à des résultats à ce moment-là. Mais on ne voit pas ça dans une perspective électorale aujourd’hui, on n’est pas rendus là, loin de là.
[ M. Séguin (Rhéal): M. Charest, ce matin, M. Séguin a encore reconnu qu’il y avait un déséquilibre fiscal avec Ottawa, il l’a dit en Chambre, bon notamment dans sa synthèse cette semaine, il a parlé de 700000000 $, là, qui manquaient du fédéral. Quel rythme que vous allez donner pour aller chercher cet argent-là? Vous en donnez beaucoup pour les législations ici, mais il y a un des problèmes qui est vraiment important qui est à Ottawa. Quand comptez-vous avoir des résultats à Ottawa sur le déséquilibre fiscal?]
[ M. Charest:] On a, dans nos relations avec les autres gouvernements, fait des progrès très importants aussi. On a signé le cadre stratégique agricole, par exemple, ce qui est très significatif pour le domaine des producteurs, pour tout ce qui touche les producteurs agricoles.
Il y a deux choses qui se sont passées. On a créé, à notre suggestion, comme on s’est engagé à le faire, ce Secrétariat sur le déséquilibre fiscal. Ça, ça a été fait, si ma mémoire est fidèle, au mois de juin, suivi de la création du Conseil de fédération qui représente un changement très important dans la façon dont le Québec sera appelé à gérer ses relations intergouvernementales non seulement avec le fédéral, mais avec ses voisins. Et ça va nous donner des instruments supplémentaires pour qu’on puisse faire avancer les choses. Alors, on est là-dedans en ce moment. On est en discussion avec le gouvernement fédéral sur ces questions- là, et je m’attends à ce qu’on puisse bouger assez…
[ M. Chartrand (Yves): Vous vous attendez à pouvoir régler l’impasse budgétaire avec Ottawa pour le mois de mars?]
[ M. Charest:] On est optimistes dans nos discussions avec le gouvernement fédéral. En même temps, je vous rappellerai que le Québec a également piloté la rédaction d’un document sur la question de la péréquation parce que le cadre actuel de négociation, le cadre… c’est-à-dire l’entente actuelle arrive à échéance le 1er avril 2004.
Le gouvernement fédéral a légiféré pour qu’il puisse se continuer dans l’hypothèse où il n’y aurait pas de négociation, la négociation n’aurait pas réussi d’ici là. Il est possible évidemment qu’il y ait une élection générale. Mais ça, ça vous dit l’importance de bien se préparer pour les discussions sur la question de la péréquation.
Sur la question du budget, les discussions vont bon train puis…
[ M. Chartrand (Yves): …la trouver drôle, le gel des dépenses ce matin.]
[ M. Charest:] Pardon? Moi, je suis optimiste. Moi, je suis optimiste dans les discussions qu’on a avec le gouvernement fédéral. Ça se présente bien. Ça ne nous donne pas un résultat, mais ça va… ça va bien.
[ M. Séguin (Rhéal): Le premier ministre doit quitter dans une quinzaine de minutes. On passe aux questions en anglais. Si on a le temps, on prendra les dernières questions en français. Les Perreaux.]
[ M. Larocque (Paul): M. Charest, quand même quelques voeux. Qu’est-ce que vous souhaitez en 2004 pour Henri Massé, Claudette Carbonneau et Réjean Parent?]
[ M. Charest:] Je leur souhaite de me rencontrer le plus rapidement possible pour qu’on puisse ensemble bien préparer l’année 2004 et qu’on puisse travailler ensemble.
[ M. Larocque (Paul): La grève, vous prenez ça au sérieux? C’est quand même grave comme question, est-ce que vous prenez ça au sérieux les menaces de grève?]
[ M. Charest:] Moi, je… Écoutez, nous on travaille avec des gens qui, je pense, sont responsables. Je m’attends à ce que les leaders syndicaux agissent aussi en conformité avec les voeux de la population du Québec. Ils sont capables, je pense, de voir ça pareil comme tout le monde. Il faut faire la part des choses quand on s’engage dans ce débat.
Je reviens sur la question des CPE. Moi, je pense que, quand on fait la somme totale de ce que le gouvernement a fait, l’augmentation des déboursés, vous savez, c’est une chose de faire un argument puis de dire ça passe de 5 $ à 7 $, mais c’est drôle qu,on ne parle pas beaucoup des parents qui payaient 20 $ à 30 $ par jour qui n’avaient pas de place en garderie, qui, grâce à ces décisions-là, ont 13000 places supplémentaires pour qu’ils puissent justement eux aussi avoir droit à des services de garde. Alors ça, ça fait partie des choses qu’il faut inclure dans le débat actuel. Mais je veux quand même vous formulez des voeux à chacun chacune d’entre vous. On vous promet une année 2004 qui va être excitante et on promet de vous faire travailler beaucoup. Bonne année.
[(Fin à 15 h 12)]
[QCHRS20040206cp]
[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre Le vendredi 6 février 2004(Douze heures trente-quatre minutes) ]
[ M. Charest:] Alors, vous êtes prêts? Mon gouvernement a décidé aujourd’hui de donner un mandat à la Régie de l’énergie sur la question du Suroît. Et, avant de parler plus spécifiquement du mandat, permettez-moi de vous situer pour ce qui touche ce projet- là, le contexte de la décision. Le contexte de la décision, c’est un contexte de sécurité énergétique. Hydro-Québec n’a pas fait de développement au Québec dans les années 1994 à 1996, ce qui nous amène à une situation, dans les projections, en 2007-2008, il y aurait au Québec une situation où on serait déficitaire sur le plan de l’alimentation énergétique. Donc, Le Suroît est présenté dans ce contexte-là comme étant un projet qui nous permet d’assurer la sécurité énergétique à la population du Québec. Et c’est le contexte dans lequel ce projet- là est présenté. Inutile de vous dire à quel point c’est un sujet qui est extrêmement important, surtout pour mon gouvernement, compte tenu du fait que c’est notre responsabilité ultimement d’assurer à la population la sécurité énergétique.
Depuis l’annonce, la population du Québec, elle, réclame qu’il y ait un débat plus large, non seulement sur la question de la sécurité énergétique, mais qu’elle puisse se faire aussi sur le sens des choix qui sont proposés et les alternatives rejoignant ainsi cette préoccupation de développement durable qui nous anime au Québec. Alors, est-ce que le choix du Suroît est le seul choix présenté? Est-ce que c’est la seule alternative? Est-ce que, sur la question de la sécurité, on a convaincu la population que c’était effectivement un enjeu important, une réalité? Est-ce qu’il y a autre chose qui peut être fait? Est-ce qu’il y a d’autres centrales, par exemple, qui pourraient être affectées? Est-ce qu’on peut faire des gains? Est-ce que, sur le plan de l’efficacité énergétique, on ne peut pas faire davantage?
Et, pour cette raison-là et parce que la population se pose ces questions-là, le gouvernement va donner à la Régie de l’énergie un mandat afin que nous puissions revoir les données qui permettent d’établir la situation exacte quant au déficit énergétique appréhendé, d’examiner les options possibles quant à la mise en place de véritables programmes d’économie d’énergie, envisager l’ensemble des options de production d’électricité et s’assurer que, quelles que soient les solutions proposées, elles devront se faire aussi dans l’esprit et dans le respect du Protocole de Kyoto, qui est le Protocole qui émane de la Convention sur les changements climatiques. La Régie de l’énergie devra produire son rapport au ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs dans un délai de 60 jours, évidemment on va le rendre public, et ça va nous permettre de faire le débat dans un contexte où on pourra avoir une vision large, une vision complète des choix qui se présentent à nous.
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] La population, depuis l’annonce de cette décision- là, a manifesté une préoccupation très évidente sur l’ensemble du dossier, pas juste la question de la sécurité énergétique. Parce que la décision telle qu’elle a été présentée touchait surtout la question de la sécurité, mais là je pense qu’avec raison la population du Québec veut qu’on déborde cette question-là pour qu’on puisse aller voir les alternatives puis toute la question de nos préoccupations environnementales, puis qu’on le fasse dans un esprit de développement durable.
[ Journaliste: …par déduction, si les questions sont bonnes aujourd’hui, elles l’étaient il y a un mois ou deux, quand vous avez annoncé le projet comme tel. Donc, l’annonce était prématurée?]
[ M. Charest:] L’annonce tenait compte du fait qu’il y a une question de sécurité énergétique au Québec et, là-dessus, mon gouvernement a une responsabilité, un impératif extrêmement important de s’assurer de la sécurité énergétique. Mais la population, de toute évidence, se pose des questions sur tous les choix qui se présentent devant nous, et je pense que c’est sain que nous pussions, au Québec, faire ce débat, et que nous puissions publiquement explorer l’ensemble des choix et être mieux situés sur ce qui a été proposé. Moi, je vois là-dedans quelque chose de très positif, quelque chose d’important pour la population.

[ Journaliste: …à Hydro-Québec, parce qu’on a l’impression que vous avez peut-être subi trop de pression d’Hydro-Québec, vous avez pris une décision juste avant Noël dans le brouhaha de la fin de session. Aujourd’hui, je vais être obligé de dire que, bon, cette fois-ci, les éléments pour prendre cette décision-là, il faut continuer d’aller voir si vraiment on fait … à la Régie de l’énergie.]
[ M. Charest:] Bien moi, je vois ça très positivement, dans le sens où on va avoir un débat qui va être beaucoup plus complet que celui de la question de la sécurité énergétique. Et si on a un débat qui est plus complet, ça va nous permettre d’être beaucoup mieux fixés sur nos choix comme société. Et moi, je l’aborde de cette façon-là, moi, je prends ça comme étant un signal de la part de la population du Québec d’une préoccupation environnementale qui les anime. Et, comme c’est effectivement ce que les Québécois veulent, moi, je pense que c’est important qu’on fasse ce débat-là ensemble.
[ Journaliste: Ce n’est pas de l’improvisation, ça, M. Charest?
Journaliste: …le ministre de l’Environnement?
M. Mulcair: Le ministre de l’Environnement est ravi de cette décision.
Journaliste: Pourquoi le ministre de l’Environnement a recommandé, justement… Pourquoi est-ce que le ministre…]
[ M. Charest:] Alors, merci beaucoup.
[ Journaliste: Pourquoi est-ce que le ministre de l’Environnement a recommandé l’adoption, l’autorisation du Suroît? Parce que c’est sur cette recommandation, votre recommandation à vous.
M. Mulcair: Absolument. C’était la même analyse que le gouvernement antérieur en ce qui concerne le projet lui-même et, si vous regardez notre projet, il y avait une diminution des GES, et on avait obvié à certaines difficultés. Cependant, la décision le dit aussi très clairement, c’était basé sur l’analyse d’Hydro- Québec à l’effet qu’il allait y avoir une pénurie d’électricité. Ce que nous sommes en train de dire aujourd’hui et ce que le premier ministre vient de vous dire, c’est que nous allons demander à une autorité hautement compétente, autonome et crédible de regarder l’ensemble des chiffres, parce que la population est en train de nous communiquer le message suivant: On veut du développement au Québec, on le veut dans le respect de l’environnement et on veut que ce soit du développement durable. Et non, personne n’accepterait qu’on tombe en pénurie d’électricité au Québec. Mais, maintenant, on va avoir un mot qui vient d’une autre autorité qu’Hydro-Québec. Toutes les données d’Hydro-Québec et tout ce qui est disponible va être mis sur la table, et le public et le gouvernement vont recevoir en même temps cet avis neutre, objectif et hautement authentique de la part de la Régie de l’énergie.
Journaliste: C’est parce que c’est la première fois, M. Mulcair, qu’on vous entend, M. Mulcair…
Journaliste: M. Hamad, j’aimerais savoir ce qui s’est passé depuis hier, parce qu’on disait que, hier, bon, il y avait des groupes de pression, il y avait des groupes qui étaient mécontents, mais que ce n’était pas l’ensemble de la population. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée depuis hier? Parce que, M. Hamad, vous n’êtes pas…]
[ M. Charest:] Bien, ce n’est pas juste une question d’hier. Depuis qu’on en parle, depuis que la décision a été annoncée, on a senti dans la population une volonté d’aller beaucoup plus loin que juste le projet du Suroît, puis ça, il faut voir ça positivement. Moi, comme ancien ministre fédéral de l’Environnement, surtout que c’est moi qui étais le ministre au moment où on s’est engagés dans la Convention sur les changements climatiques, dont le Protocole de Kyoto est issu, moi, je pense qu’il faut prendre le ballon au vol, il faut effectivement faire ce débat. Et, comme la population nous le dit, dans le fond, c’est beaucoup plus que Suroît dont il faut parler. Parlons…
[ Journaliste: (Question inaudible)]
[ M. Charest:] Bien, on a reçu ce message-là suite à la décision.
La décision qui a été prise était basée sur toute la question de la sécurité énergétique. Et moi, je pense qu’il faut aller plus loin, surtout compte tenu de ce que les gens ont comme préoccupations. Moi, je reçois ça très bien et je le reçois ouvertement. Faisons ce débat, et tout le monde, on va en être gagnants, les premiers à en être gagnants sont les citoyens du Québec.
[ Journaliste: …fait changer d’idée aujourd’hui? Est-ce que les gens du caucus ne sont pas divisés à l’intérieur? Ils vous ont dit: On n’a jamais été consultés avant que vous preniez votre décision au Conseil des ministres.]
[ M. Charest:] C’est une décision qui a cheminé à l’intérieur des instances. Le caucus a participé, mais le caucus a eu l’occasion aussi, à travers différentes instances, de contribuer à la réflexion du gouvernement ce qui a mené à la décision. Mais le caucus aussi appuie totalement la décision qu’on prend aujourd’hui, il n’y a pas de doute là-dessus.
[ Journaliste: Ma question s’adresserait plus à M. Mulcair. Est- ce que cette décision-là pourrait également toucher Bécancour?
M. Mulcair: Le mandat que le premier ministre vous a lu tantôt et dont vous avez obtenu copie est très clair, on est en train de regarder le besoin énergétique du Québec dans une perspective de développement durable, et le tout va être sur la table. Alors, c’est…
Journaliste: Incluant Bécancour?
M. Mulcair: Oui. Bien, on parle de l’offre et de la demande puis la meilleure manière de la fournir puis c’est quoi, les délais. Vous savez, quand on nous dit que, à l’intérieur d’un horizon de trois ans, il va manquer d’électricité, la moins mauvaise manière de le faire, c’était avec du gaz naturel. D’ailleurs, en Ontario puis en Alberta, quand on veut faire de l’énergie verte, on remplace le charbon par du gaz naturel. Donc, ça, ça faisait partie du topo, c’était la seule manière. Mais la vraie question qu’on pose à la Régie de l’énergie c’est: Regardez l’horizon 2010, dites-nous c’est quoi. Est-ce qu’il va en manquer sur cet horizon-là? Et, si oui, c’est quoi les options? Et sinon… parce qu’on peut y parvenir par des économies d’énergie ou par d’autres sources que du thermique, et ça va être aussi dans leur réponse. C’est le rapport de la Régie de l’énergie qui déterminera la suite des choses.
M. Plouffe (Robert): M. Mulcair, ça fait votre affaire, parce qu’on ne vous a pas entendu beaucoup parler sur le dossier.
M. Mulcair: Ah, ce n’est pas parce que je ne vous ai pas parlé beaucoup que je ne pensais pas à vous, M. Plouffe.

Journaliste: …on doit comprendre, si vous êtes ravi aujourd’hui, M. Mulcair, vous ne l’étiez pas hier puis dans les semaines précédentes.
M. Mulcair: Non, vous faites une présomption qui n’est pas basée… mais je suis ravi de la décision d’aujourd’hui, mais je suis ravi de pouvoir mettre toutes les données sur la table et arriver, dans l’intérêt de la population, avec des chiffres que tout le monde va pouvoir comprendre, et il y aura un «buy-in» si vous me passez l’expression, de la part de la population. Il faut, dans ces matières-là, en environnement en particulier, que le public ait la conviction d’avoir une information transparente et complète, et c’est ce qu’on propose de faire en donnant ce mandat à la Régie.
Journaliste: Est-ce que le ministre de l’Environnement était isolé à l’intérieur… Est-ce que le ministre de l’Environnement était isolé dans…
M. Mulcair: M. Tourangeau.
M. Tourangeau (Pierre): Merci. M. Charest, dans ce dossier-là comme dans celui d’Alcan, par exemple, à Davos, ou dans celui de Gaspésia qu’on a eu récemment, on a l’impression que vous êtes à la remorque des événements, que vous improvisez des solutions à la dernière minute. Comment ça se fait?]
[ M. Charest:] Pas du tout. Vous savez, c’est très sain, en politique, et surtout en démocratie, quand les gens réagissent comme ils ont réagi au Québec en manifestant la volonté d’avoir un débat plus large que sur un simple projet, de répondre effectivement à cette demande. Moi, je suis très heureux de ce qu’on annonce aujourd’hui. Je pense que tout le monde en sort gagnant, et surtout venant de quelqu’un qui s’intéresse beaucoup aux questions d’environnement, de développement durable, et qui sait qu’au Québec c’est un enjeu extrêmement important parce que la nature de notre économie en dépend. Moi, je pense que c’est une très bonne nouvelle pour tout le monde.
[ M. Deltell (Gérard): M. Hamad, encore hier…
Des voix: …]
[ M. Charest:] M. Deltell.
[ M. Deltell (Gérard): M. Hamad. Encore hier, M. Hamad, vous défendiez le projet du Suroît, aujourd’hui, on sent que c’est sur la glace. Comment vous réagissez devant ce pas en arrière.
M. Hamad: Je suis élu pour aller servir la population et, pour moi, servir la population, c’est l’écouter. Et d’ailleurs, hier soir, je rencontrais un groupe de 25 jeunes, le président de l’association de écoles dans mon comté, et je voyais que les jeunes posaient des questions sur Suroît, pourquoi on le fait, etc. Donc, je me suis aperçu… J’ai demandé à Hydro-Québec de faire la présentation de Suroît, d’expliquer pourquoi. Je m’aperçois aujourd’hui que la population n’a pas reçu le message et, deuxième chose, la population pose des questions sur le choix énergétique et pose la question pour dire: Effectivement, y a-tu vraiment une sécurité énergétique, on va l’atteindre. Donc, je suis tout à fait d’accord avec le principe d’expliquer davantage à la population mais, maintenant, par un organisme qui est la Régie de l’énergie, un organisme qui est indépendant du gouvernement et faire le tour de la question effectivement, sur la sécurité énergétique, sur le choix énergétique au Québec et, finalement, dans le but finalement de voir avec la population, c’est quoi les choix qu’on a à faire.
M. Deltell (Gérard): Regrettez-vous d’être allé trop vite?]

[ M. Charest:] Je pense que la situation est… je ne le pense pas, je l’ai vu, là, la situation a changé, a évolué après l’annonce du Suroît, mais elle a changé dans un sens qui est très positif qui va nous permettre maintenant d’élargir le débat et d’aller rejoindre l’ensemble des préoccupations. Ça, il faut bien recevoir ça. Ça va nous permettre de parler non seulement de la question de la sécurité mais des alternatives eu égard à la sécurité. Ça va nous permettre de parler des économies d’énergie au Québec. Bien, on ne parle pas assez. Ça va nous permettre de parler de développement aussi pour l’avenir, et tout le monde en sort gagnant dans un environnement comme ça. [ Journaliste: M. Charest, est-ce que ça pourrait aller jusqu’à laisser tomber le projet du Suroît si les conclusions du…]
[ M. Charest:] De toute évidence, on demande à la Régie de l’énergie de se pencher là-dessus. On va attendre le rapport de la Régie de l’énergie.
[ Journaliste: Juste une petite précision, M. Charest, est-ce que, par ce rapport-là que vous demandez à la Régie, est-ce que vous avez des doutes sur le déficit énergétique au Québec? Puis, est-ce que le rapport va permettre de savoir le niveau des barrages également?]
[ M. Charest:] Moi, elle ne m’a pas présenté de raison, de preuve qui m’amènerait à douter sur cette question du déficit énergétique. Mais quand on aborde la question du déficit énergétique se pose ensuite la question des choix. Alors, un des choix, c’est le Suroît. Est-ce qu’il y a d’autres choix? Est-ce qu’il y a d’autres alternatives? Et là, c’est là où on déborde de la décision du Suroît, c’est là où la population nous demande d’aller explorer davantage le sens de ce que l’on leur propose, les conséquences des choix. Et ça, ça me paraît comme étant très important pour la population et une chose qu’on devrait faire… la population a raison de vouloir explorer ces questions-là. Allons-y, faisons-le.
[ Journaliste: Le niveau des barrages?]
[ M. Charest:] Bien, le niveau des barrages, Hydro-Québec choisira ou non de présenter de l’information sur cette question- là, si elle pense…
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Bien, ce n’est pas moi qui va décider pour les techniciens ou pour Hydro-Québec si cela est un enjeu ou non. Je ne suis pas rendu, moi, à dire à Hydro-Québec: Bien, allez mesurer le niveau des barrages pour les fins de ce genre de débat. Si eux autres pensent que c’est important, ils en parleront sans doute.
[ Journaliste: Une dernière, M. Mulcair, votre silence des dernières semaines, est-ce que ce n’était pas un aveu…]
[ M. Charest:] Excuse-moi, Sophie…
[ Mme Langlois (Sophie): M. Charest, ça fait trois semaines que votre ministre de l’Énergie répète… nécessaire que votre gouvernement ne reculera pas. Aujourd’hui, vous annoncez que peut- être que vous reculerez si la Régie de l’énergie en conclut qu’il n’y a pas un réel risque de pénurie d’énergie. Est-ce que vous avez un problème de communication? ]

[ M. Charest:] Il y a un problème de sécurité énergétique au Québec. Ça, là-dessus, Hydro-Québec a présenté un certain nombre de données qui pourront être revérifiées à nouveau par la Régie de l’énergie. Il y a une volonté au Québec d’élargir le débat à plus que la simple question stricte de sécurité énergétique, pour que nous puissions examiner les choix qui se présentent à nous dans… d’ici 2010 et comment on peut, de façon à ce qu’on respecte de développement durable, s’alimenter.
[ Journaliste: …]
[ M. Charest:] Et je pense qu’on répond tout à fait à ce que la population du Québec souhaite comme débat, et ce, je vois ça comme étant une situation très positive.
[ Journaliste: En anglais.
Journaliste: M. Mulcair, votre silence des dernières semaines, est-ce que ce n’était pas un aveu que vous êtes en désaccord avec le projet du Suroît?
M. Mulcair: Non, on a travaillé très fort vers le résultat qu’on a obtenu aujourd’hui: une analyse objective externe par un groupe de personnes que tout le monde va pouvoir regarder et dire: Oui, on va respecter et écouter le résultat. On a travaillé très fort, on a eu le résultat qu’on voulait. C’est pour ça que je peux vous dire que, comme ministre de l’Environnement, je suis très satisfait mais, mon collègue le ministre de l’Énergie est tout aussi satisfait de l’annonce faite par notre premier ministre aujourd’hui. ]
[ M. Charest:] Merci.
[(Fin à 12 h 55)]
[QCHRS20040311cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec Lancement d’un document gouvernemental de référence en vue des forums de discussions qui se tiendront au printemps Le jeudi 11 mars 2004(Quinze heures vingt-neuf minutes)]
[M. Charest:] Alors, bonjour, mesdames et messieurs. Aujourd’hui marque la première étape de notre démarche visant à amorcer un grand dialogue avec tous les Québécois sur les défis majeurs de notre société. Dans un premier temps, j’annonce que nous avons confié la coprésidence de l’ensemble de la démarche à Mme Line Beauchamp, ministre de la Culture et des Communications, et aussi à M. Pierre Shedleur, premier vice-président, ventes, grandes entreprises et secteur public, pour Bell Canada. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de rencontrer Pierre, il est également une personne qui a oeuvré dans l’administration publique, il est très impliqué au niveau communautaire. Il aura l’occasion de vous dire, avec Line, quelques mots, après ma déclaration. Je veux d’emblée les remercier d’avoir accepté ce mandat de la plus haute importance pour notre gouvernement, mais aussi pour le Québec. Mme Beauchamp et M. Shedleur rassemblent tous les deux un vaste univers d’intérêts qui leur permettront d’accueillir les opinions des Québécois avec une très grande ouverture.
Dans un deuxième temps, nous rendons public aujourd’hui le document de référence qui guidera notre démarche. C’est le cadre de réflexion à la base duquel les forums seront mis en place. Ce document intitulé Briller parmi les meilleurs constitue notre programme d’action gouvernemental et présente les priorités de notre gouvernement. Tous les citoyens désirant s’engager dans la discussion avec nous pourront y référer afin d’alimenter leur propre réflexion sur les défis et les orientations stratégiques du Québec. Briller parmi les meilleurs, c’est bâtir avec tous les Québécois un Québec qui est grand, qui réalisera les 7000000 d’ambitions qu’il porte. Briller parmi les meilleurs, ça veut dire une progression de la qualité de vie, du niveau de vie des Québécois, ça veut dire des soins de santé et des services sociaux de qualité accessibles, ça veut dire une éducation orientée vers la réussite, une économie prospère et un engagement dans le développement durable, des régions qui prennent leur avenir en main, des familles, des jeunes, des aînés mieux appuyés, un Québec qui est un leader au sein de la Fédération canadienne et un État québécois moderne et efficace.
Mais pour atteindre ces objectifs, le Québec doit se préparer à relever deux grands défis, la reprise en main de nos finances publiques et les changements démographiques. Je vous rappelle que la part de la dette publique supportée par chaque Québécois a augmenté de 40 % depuis 1995. D’autre part, la baisse de la natalité constante depuis presque 40 ans nous amènera d’ici sept ou huit ans au point de bascule où le nombre de travailleurs commencera à diminuer significativement. Ces défis commandent des choix. Et c’est à travers le prisme de ces défis que nous entamons ce dialogue avec la population du Québec puisqu’il est maintenant clair que le statu quo est inacceptable au Québec. S’il y a une chose sur laquelle nous sommes tous très clairs, c’est qu’on ne peut pas continuer dans le système actuel, le statu quo est inacceptable.
Ensemble, donc, nous discuterons du Québec que nous voulons. Nous déciderons ensemble de faire du Québec une société capable de briller parmi les meilleures. Pour que cette démarche porte ses fruits, nous proposons de mener ce dialogue sous quatre thèmes spécifiques: santé et services sociaux, éducation-formation-emploi, le développement économique régional et durable, la famille et le développement social. Ces thèmes seront discutés dans des forums qui se tiendront dans chacune des régions du Québec. Il y aura en tout 19 forums. Ils se dérouleront ce printemps et seront organisés en partenariat avec les conférences régionales des élus nouvellement mises en place. Chaque forum va durer une journée complète. Nous souhaitons que les gens viennent s’exprimer sur les orientations proposées par le gouvernement pour relever le défi de la démographie et le défi financier. Et je souhaite personnellement la plus grande participation possible de l’ensemble des citoyens et citoyennes du Québec. Finalement, ces forums thématiques mèneront, à l’automne, à un grand forum national qui permettra d’identifier des pistes de solution pour bâtir le Québec que nous voulons. Le processus de discussion que nous lançons aujourd’hui nous permettra de déterminer ensemble des actions prioritaires et de partager avec les Québécois notre détermination à revendiquer la place du Québec parmi les sociétés capables de briller, justement, parmi les meilleures. Comme je vous disais plus tôt, le statu quo est inacceptable pour le Québec. Nous sommes à l’heure des choix et nous allons faire ces choix avec tous les Québécois. Merci. M. Shedleur.
[ M. Shedleur (Pierre): Alors, merci beaucoup, M. le premier ministre. D’abord, lorsqu’on m’a demandé de coprésider ces forums, je me suis demandé à quel titre je devrais le faire et, après réflexion, je suis arrivé aux conclusions suivantes: d’abord, la première raison, c’est comme citoyen, et je vous dirais: comme citoyen engagé, compte tenu que je suis membre de plusieurs organisations sociales. Je préside la Cité de la santé de Laval et aussi la campagne de financement… je préside la campagne de financement de la Croix-Rouge, et plusieurs autres. Également, mon expérience gouvernementale comme ancien haut fonctionnaire, dont la présidence de la CSST, et je dirais mon expérience maintenant du secteur privé, ont fait que je me suis dit que si je pouvais apporter une petite contribution pour l’avenir du Québec, eh bien, je serais très fier pour mes enfants. Alors, donc, c’est un peu à ce titre que je me vois ici, là, venir participer et dialoguer avec la population. Et, d’ailleurs, j’invite la population à venir prendre connaissance de ces documents et de venir partager avec nous, dans les régions, un peu partout au Québec, leurs points de vue. Merci. M. Charest: Line.
Mme Beauchamp: Merci, M. le premier ministre. Bonjour à tous. Vous comprendrez, moi, que c’est avec vraiment beaucoup, beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté de relever ce défi parce que c’est un défi personnel, là, que me confie le premier ministre de coprésider avec M. Shedleur ce grand processus de dialogue avec la population sur deux grands enjeux incontournables. Je tiens à préciser que la démarche ne se veut pas partisane. On convie vraiment tous les Québécois, quelle que soit leur option politique, puisque les faits qui vont être débattus, pour lesquels on doit trouver… préciser notre démarche comme État du Québec, c’est que celles-là sont incontournables, ne peuvent pas être contestées. Les deux grands défis qui sont devant nous sont donc le défi, bien sûr, de cette impasse budgétaire qui fait en sorte que nous sommes les citoyens les plus taxés, imposés en Amérique du Nord, que le poids de la dette de l’État du Québec est plus lourd que jamais. Et, bien sûr, ce défi démographique qui fera en sorte que, alors qu’il y a une génération dans le passé, nous étions huit à travailler pour un citoyen à la retraite, que nous sommes maintenant cinq, dans une génération d’ici, il n’y aura plus que deux Québécois à travailler pour chaque citoyen à la retraite.
Le premier ministre nous a donc affirmé, et j’en ai la conviction, que le statu quo pour le Québec n’est pas une solution et qu’on doit donc procéder à des changements pour mieux encore baliser cette démarche de changement qui attend l’État du Québec. Je pense qu’il est opportun de poursuivre aussi ce travail de
dialogue qu’on avait entrepris, bien sûr, au cours des dernières années sous le leadership de Jean Charest dans toutes les régions du Québec, mais voilà que ce dialogue doit être balisé, là, vraiment à l’aune de ces deux grands défis qui sont devant la société québécoise. Nous allons donc parler d’un projet de société, pas juste à court terme, les impacts seront à court terme, la situation, elle est urgente.
Je relève ce défi-là avec la conviction que, si on veut vraiment préparer le Québec de demain, la situation est urgente, les choix doivent se faire dès maintenant, et que donc, par rapport à cette urgence, le dialogue doit se faire dès maintenant. Mais c’est un dialogue qui se poursuit avec les Québécois qui, au cours des dernières années, nous ont maintes et maintes fois réaffirmé leurs priorités d’action, tel que vous le voyez d’ailleurs dans le document qu’on vous livre aujourd’hui.
Je termine en disant que personnellement je suis en politique sur la scène québécoise parce que j’ai beaucoup d’ambition pour le Québec. Je suis consciente plus que jamais, maintenant que je suis membre du Conseil des ministres, des enjeux qui sont devant le Québec. Mais cette ambition-là, je suis sûre de la partager avec l’ensemble des Québécois, des Québécoises, et moi, également, je les convie vraiment à ce large dialogue qui pourra bien sûr, dans le cadre des forums… il y aura également d’autres moyens qu’on se donnera pour enclencher ce dialogue avec les Québécois sur ces grand défis. Et avec mon coprésident, M. Shedleur, au cours des prochains jours, très bientôt, on pourra également vous livrer plus les aspects, je dirais, techniques et formels de la démarche qu’on propose aux Québécois. Je vous remercie.

M. Larocque (Paul): On va maintenant amorcer la période des questions. Le temps est limité, il y a beaucoup de questions déjà, donc des questions courtes s’il vous plaît. Josée Thibeault de Radio-Canada.
Mme Thibeault (Josée): M. Charest, votre gouvernement a eu quand même son lot de difficultés à faire passer ses réformes et certains de ses projets de loi au cours des derniers mois. Est-ce que cette grande tournée qui va quand même vous mener à travers le Québec, ce n’est pas un peu une espèce d’opération de séduction un peu sophistiquée, assez élaborée pour contrer le mécontentement des dernières mois?]
[ M. Charest:] Ça s’inscrit dans la continuité de ce qu’on fait depuis plusieurs années. On a, rappelez-vous, on s’était engagés, nous, dans une démarche où on a été présents, très présents dans les régions du Québec. On a fait ça à travers les instances du parti, on a fait ça dans toutes sortes de forums pendant une longue période de temps pendant cinq ans. On a fait le travail rigoureux, qui était un précédent dans l’histoire politique du Québec, quand on a livré, le 12 septembre 2002, nos priorités, on a fait la campagne électorale, puis aujourd’hui, soit dit en passant, à ma connaissance c’est également un précédent, parce que c’est la première fois qu’un gouvernement qui est élu prend la peine de faire l’exercice de présenter à la population du Québec l’ensemble de la vision pour que les citoyens puissent le commenter, y contribuer, l’influencer. Donc, c’est dans une continuité, là, de ce qu’on a fait depuis les cinq dernières années. Et ça nous rappelle à quel point les gouvernements ont également une obligation d’aller vers les gens, de susciter les débats, d’aller présenter en quelque sorte les choix. Et s’il y a une chose qui me paraissait extrêmement importante, c’est de dire à quel point ces deux défis de la démographie puis les finances publiques vont conditionner tous les autres choix dans le domaine de la santé puis de l’éducation. Et si on cherche à illustrer à quel point il y a là une réalité incontournable, je vous invite à aller voir les pages 27, 28 et 29 du document qui, en quelques chiffres et quelques graphiques seulement, là, vous donnent une illustration de la situation, de la réalité québécoise.
Puis je veux les nommer rapidement: à la page 27, on évoque le fait que le Québec dépense plus en services publics que les autres provinces canadiennes, même si les Québécois sont collectivement moins riches; l’écart s’est accru au cours des dernières années parce que les dépenses ont augmenté plus rapidement au Québec qu’ailleurs; si on projette dans l’avenir, on prévoit que les coûts de reconduction des programmes actuels vont progresser plus rapidement que les revenus de l’État; et au cours des dernières années la dette publique s’est alourdie, 13800000000 $ sur six exercices financiers; et dans l’avenir, pour combler l’écart, l’État québécois ne peut accroître davantage les impôts ni augmenter la dette. En d’autres mots, la situation du Québec est à peu près la suivante: on est l’endroit en Amérique du Nord où on s’est donné les programmes sociaux les plus avancés, puis on a fait ça par choix. Il y a là un reflet de nos valeurs, mais il y a un coût associé à cela. D’un autre côté, on est les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord. Donc, si on est placés devant trois portes, on ne peut pas taxer davantage, ça, on le sait. La deuxième porte, c’est la porte de l’endettement, on est encore là parmi les plus endettés en Amérique du Nord, on ne peut pas s’endetter davantage, le deuxième choix, il est fermé. Ça nous amène à la troisième puis à la dernière porte, c’est de faire les choses différemment. Et, là-dessus, on est placés devant une réalité qui nous amène justement à vouloir discuter avec la population du Québec sur comment on va justement faire les choses différemment en fonction de nos missions, en fonction de nos valeurs, en fonction de nos orientations.
Je vais terminer, puis je m’excuse d’être un peu long, mais à la page 28 du document, on nous donne quelques chiffres ponctuels qui en disent très long sur notre situation: en 2002-2003, le Québec a dépensé, par personne, 715 $ de plus que les autres provinces en services publics, alors que la richesse par habitant, le PIB par habitant, il est inférieur de 4 960 $. D’un côté, on dépense en moyenne 700 $ de plus par personne, on a presque 5000 $ de moins en revenus par personne également. Par rapport à l’Ontario qui est notre voisin immédiat, l’écart est encore plus grand, c’est 1 457 $ de plus par personne qu’on dépense, alors que notre richesse est inférieure de 6 534 $. Vous voyez, dans ces tableaux-là, l’écart. Le dernier chiffre, c’est le rythme d’augmentation de nos dépenses. Dans les dernières années, de 1999 à 2000, les dépenses au Québec ont augmenté de 15 %; la moyenne, c’est 13 % pour le reste du Canada, 9,1 % pour l’Ontario. Voilà une réalité qui parle par elle- même.
[ M. Larocque (Paul): Robert Plouffe, de TVA.
M. Plouffe (Robert): M. Charest, je me demande pourquoi vous arrivez avec ça aujourd’hui. Votre slogan électoral, c’était: Nous sommes prêts, puis, un an plus tard, vous nous arrivez avec ça. On a l’impression justement que vous voulez réagir vraiment à la grogne. Là, vous nous tracez un portrait très sombre du Québec puis, dans votre ouverture, vous dites: Le Québec est une société des plus modernes, un chef de file, et franchement, j’ai de la misère à vous suivre. Ça va bien ou ça ne va pas bien au Québec? Pourquoi vous nous arrivez avec ça aujourd’hui?]
[ M. Charest:] Lisez le constat qu’on fait et relisez le document qu’a produit un groupe qu’avait mandaté le journal La Presse, et vous allez trouver des similitudes dans ce groupe qui ne représente pas des intérêts partisans, à l’intérieur duquel on retrouvait Robert Lacroix, recteur de l’Université de Montréal, Joseph Facal, qui est un ancien ministre du gouvernement Parti québécois, Clément Godbout, qui était un syndicaliste, et Raymond Royer, du milieu des affaires et un économiste de l’Université Laval, vous allez trouver un constat qui est à peu près similaire à ce qu’on vous décrit dans le document.
C’est que le Québec a réussi de grandes choses depuis la Révolution tranquille. Mais quand on arrête pour faire l’examen de notre réalité, puis on place ça dans le contexte de la démographie, et on place ça dans le contexte des finances publiques, on réalise que le statu quo ne peut plus continuer. Là-dessus, c’est très important qu’on ait un dialogue avec les Québécois, et c’est pour cette raison-là qu’on fait l’exercice qu’on fait actuellement. Deuxièmement, je vous rappelle que, ce n’est pas nouveau pour nous, il y a une continuité dans la démarche qu’on fait. Moi, je fais ça depuis les cinq dernières années puis on va continuer à le faire. Puis la troisième chose que je veux relever, c’est le fait qu’un gouvernement a justement comme devoir de porter ce débat, de le proposer puis de permettre aux citoyens de participer. Ce n’est pas parce qu’un gouvernement a été élu que, soudainement, du jour au lendemain, on doit arrêter les débats; on doit, au contraire, les permettre, encourager les gens à partager en quelque sorte l’information que nous avons et de partager également les choix que nous aurons à faire pour l’avenir.
Dernier élément, sur le plan de la démographie, s’il y a une chose, par exemple, qu’il faut faire, c’est de constater à quel point la démographie nous appelle à l’urgence parce que la réalité démographique est la suivante. Je vous décris les chiffres, là. Placez ça dans le contexte, les chiffres que je viens de vous décrire, d’augmentation des dépenses avec les moyens qu’on a, et placez ça ensuite dans le contexte de la démographie. Dans les années soixante, on était huit pour chaque personne à la retraite pour assumer les dépenses. Aujourd’hui, on est cinq pour une personne à la retraite. Très rapidement, il y en aura deux pour assumer, justement, les dépenses, pour chaque personne à la retraite. Les dépenses et les besoins vont aller en grandissant, et le nombre de personnes qui seront, elles, en position d’assumer les frais de tout ça va diminuer rapidement. Et quand on fait le bilan de tout ça, bien, ça nous permet, ensemble, comme Québécois, de réaliser l’urgence, pour nous, de prendre un certain nombre de décisions.
[ M. Larocque (Paul): Mylène Moisan du Soleil.
Mme Moisan (Mylène): …questions. Dans votre plan d’action, on relève l’annonce de 31 plans d’action, stratégies, plans quinquennaux, programmes à venir, sur différents sujets. Pour un gouvernement qui dit vouloir recentrer son action, ça n’envoie pas plutôt le message contraire?]
[ M. Charest:] L’État québécois n’arrêtera pas de fonctionner, aujourd’hui parce qu’on entame ce dialogue. Le budget va être livré le 30 mars prochain. Il y a un travail qui a été commencé, déjà, à l’intérieur du gouvernement sur la modernisation de l’État. Alors, ce travail-là continue, la décentralisation, la première étape a été franchie. Donc, l’État québécois, c’est 45000000000 $ de dépenses en programmes, par année. Évidemment, on n’arrêtera pas tout du jour au lendemain, puis notre action continue.
Maintenant, moi, j’ai demandé à ceux qui sont en mesure de le faire de mettre sur la table les plans d’action ou le travail qu’ils ont d’entamé pour qu’on puisse justement l’inclure dans le débat. Je veux qu’on soit le plus ouvert possible. Alors, dans la mesure du possible, là, pour ceux, dans les ministères, qui ont des plans, qui ont des choses à mettre de l’avant, je veux qu’ils le fassent le plus rapidement possible.
[ Mme Moisan (Mylène): On parle de plans d’action gouvernementaux, de programmes, de plan vert, politique jeunesse, stratégie jeunesse. C’est 31 choses qui s’en viennent dans l’année, sur différents sujets.]
[ M. Charest:] Oui, mais une politique jeunesse ne peut pas être en contradiction avec notre volonté de tenir compte des réalités démographiques et des contraintes financières pour l’avenir du Québec. Ça ne peut pas. Raison de plus, pour nous, de dire: Bien, si on a ce débat sur la réalité démographique puis les finances, puis on fait une politique jeunesse, avançons là-dedans en même temps. On n’arrêtera pas dans le travail qu’on s’est engagés à faire. Même chose pour un plan de développement durable. Juste là- dessus, pour ouvrir une parenthèse, le Québec, c’est la place au monde où on dépend le plus sur notre patrimoine naturel pour gagner notre pain puis notre beurre, là. Le patrimoine naturel, l’environnement québécois, c’est beaucoup de choses, d’où l’importance pour nous, justement, d’avancer sur ces dossiers-là, mais de le faire dans ce contexte où on veut encourager un dialogue sur les grands enjeux qui vont dominer les choix qu’on va faire pour la jeunesse, pour le plan vert, pour le domaine de la santé, pour le domaine de l’éducation.
[ M. Larocque (Paul): Maintenant…
Mme Moisan (Mylène): Pour le plan de lutte à la…
M. Larocque (Paul): Mylène, excuse, par respect pour tous ceux qui ont demandé… Il reste encore six personnes qui m’ont demandé… On va se limiter à une question chacun, si vous permettez. Yves Chartrand du Journal de Montréal.
M. Chartrand (Yves): M. Charest, est-ce que ça veut dire qu’on met toutes les décisions en attente pour la réingénierie, en attendant de connaître les conclusions de ces forums-là? Mais pratico-pratique, comment ça va être organisé? C’est quand, ces forums-là de rencontre? Ça va être… C’est quand, ça? Est-ce que…]
[ M. Charest:] D’abord, on met à contribution la Conférence régionale des élus, nous, on voit là-dedans une occasion en or pour valoriser les conférences régionales qui ont été créées. Et c’est un exercice qui, vous l’avez remarqué, part des régions, hein. Ça, pour nous, c’était fondamental sur le plan philosophique, là, sur le plan de l’approche. Pour moi, c’est extrêmement important qu’on parte des régions. Il y a 17 régions administratives au Québec, il y en a 19 pour la raison suivante, c’est que dans le territoire de la Montérégie, il y en a trois conférences régionales des élus, c’est pour ça qu’il y en a 19 par rapport à 17 régions administratives. Eux auront évidemment leur journée, il y aura un débat puis une présentation sur les enjeux de la démographie, des finances publiques. Ils pourront ensuite se diviser par thèmes, le groupe comme tel, aller dans les ateliers sur la santé, l’éducation, famille, également développement économique et durable. Il y a une plénière, les ministres régionaux vont participer puis les parlementaires vont participer, de tous les partis, je le présume, et il y aura ensuite le forum national qui va suivre.
[ M. Chartrand (Yves): Mais…
M. Larocque (Paul): Alors, Yves, je m’excuse. Denis Lessard de La Presse et ensuite Robert Dutrisac. Yves.
M. Lessard (Denis): Brièvement, si on compare… ça, c’est votre plan de match pour les trois prochaines années, pour la fin du mandat, c’est ce que vous soumettez à la population. Exact?]
[ M. Charest:] Oui.
[ M. Lessard (Denis): D’accord. Si on compare à votre document de l’automne 2002, il y a beaucoup de choses qui sont comme disparues, on ne parle plus, par exemple, du milliard de baisse d’impôt, on ne parle plus de la réduction d’impôt de 27 %…]
[ M. Charest:] Attends.
[ M. Lessard (Denis): …on ne parle plus de… l’anglais en première année, c’est disparu, on ne parle plus des services de santé sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Il y a des choses qui se sont comme volatilisées entre les deux dates.]
[ M. Charest:] On ne peut pas… Non, il n’y a pas de choses qui se sont volatilisées, là, entre les deux, là. Les services de santé sept jours sur sept, 24 heures sur 24, c’est une partie intégrante de notre politique dans le domaine de la santé. Alors, évidemment, on ne peut pas toujours toucher à l’ensemble des sujets dans l’ensemble des détails, mais vous avez dû remarquer une chose, c’est qu’il y a une continuité dans ce qu’on a dit et ce qu’on a proposé depuis les cinq dernières années. Là-dessus, c’est…
[ M. Lessard (Denis): …sur l’anglais en première année. Dans le document, ici, on dit l’anglais en première année, là, ici, on dit l’anglais au premier cycle du primaire, c’est-à-dire première, deuxième ou troisième année. Est-ce qu’il y a une continuité ou…]
[ M. Charest:] Bon, bien, si vous voyez là-dedans, là, vous, une grande contradiction, bien, vous…
[ M. Lessard (Denis): Bien, je vois…]
[ M. Charest:] Bien, en première année puis vous, vous dites au premier cycle, ce n’est pas tout à fait la même chose, je ne trouve pas ça très convaincant, je vais vous dire franchement, là. Il y a une continuité, là, dans ce qui a été fait. D’ailleurs, vous allez le retrouver dans le tableau, là, ici, à la fin où il y a un énoncé des missions essentielles de l’État, des orientations également et les actions du gouvernement, et il y a une parfaite continuité, là, dans ce qui a été fait, là, ce qui a été proposé…
[ M. Lessard (Denis): …]
[ M. Charest:] Même chose au niveau des baisses d’impôt. Vous allez trouver à l’intérieur du document beaucoup de références aux questions qui touchent les impôts. Allez lire.
[ M. Lessard (Denis): …milliards ne sont plus là.]
[ M. Charest:] Mais il y aura un premier budget qui va livrer le 30 mars. Là-dessus, le gouvernement est en continuité avec ce qu’on avait annoncé le 12 septembre dernier. Et allez voir le document sur la question des baisses d’impôt, vous allez y voir beaucoup de références et pas pour des raisons dogmatiques, c’est parce que, au Québec, on est les citoyens les plus taxés, d’une part, et, d’autre part, il y a là un problème important parce que, si on veut avoir de la croissance économique, de la création d’emplois, de la création de richesse, parce que c’est un enjeu central de tout ça, encore faut-il s’attaquer aux bons problèmes; ça inclut la question des impôts.
[ M. Larocque (Paul): Robert Dutrisac, du Devoir.
M. Dutrisac (Robert): Oui, Mme Beauchamp, vous avez parlé justement d’un exercice qui était non partisan. Je voulais savoir, d’une part, quel effort avait été fait justement pour faire en sorte que cet exercice-là soit non partisan. On sait qu’il y a eu déjà des commissions, comme Bélanger-Campeau, où il y avait vraiment un engagement qui était multiparti, ou plusieurs partis. Je voudrais savoir, de ce côté-là, qu’est-ce qui avait été fait. Et, d’autre part, la présence de M. Shedleur… je sais que, pour le gouvernement, c’est un projet très important que le gouvernement en ligne. Vous avez un des principaux fournisseurs dans le domaine, là, à vos côtés, est-ce que ce n’est pas un petit peu gênant, justement, pour la suite des choses et pour l’octroi de contrats gouvernementaux?]
[ M. Charest:] C’est à moi que la question se pose?
[ Une voix: Oui, oui.]
[ M. Charest:] La réponse, c’est non.
[ M. Shedleur (Pierre): Si vous permettez, je pourrais peut-être compléter. Le gouvernement en ligne, c’est plus des applications. Bell, c’est un réseau. Le réseau, on l’a déjà, le contrat avec le gouvernement, et tout le reste, c’est surtout des applications à 90 % où Bell ne soumissionnera même pas. C’est plus les CGI, les IBM, les LGS qui vont soumissionner à ce genre de contrats.
Une voix: Vous…
M. Shedleur (Pierre): Oui, mais là…

Des voix: …
Mme Beauchamp: Oui, en fait, c’est… quand je dis que c’est un exercice non partisan, c’est le fait que plusieurs moyens qu’on pourra préciser au cours d’une prochaine rencontre, au cours des prochains jours, seront pris pour interpeller l’ensemble des citoyens et citoyennes du Québec dans chaque région du Québec. C’est dans ce sens-là que l’exercice se veut non partisan, dans le sens que je vous disais. Le constat que l’on fait, les deux grands enjeux que l’on définit encore mieux grâce à ce document devant lequel sont des Québécois, ce ne sont pas des enjeux liés à une idéologie politique, c’est des constats inéluctables. C’est implacable, c’est le fait que l’impasse des finances publiques, nous sommes les plus imposés et taxés. Nous avons un poids de la dette plus élevé que jamais et on doit donc être appelés à faire des changements, et dans un contexte d’urgence, à mon sens, puisque je vous disais: Dans une génération d’ici, on ne sera que deux Québécois à payer pour un individu à la retraite. C’est dans sept, huit ans qu’il y aura ce point de bascule, qu’on appelle, où il y aura moins de Québécois qui travaillent que de Québécois qui auront besoin de prestations de services parce qu’ils sont à la retraite.
Donc, on voit là… Pour moi, c’est une situation d’urgence et c’est dans ce sens-là que, dès aujourd’hui, on interpelle l’ensemble des Québécois et des Québécois en disant: Voici, ce n’est pas sur la base d’une idéologie qu’on dit que le statu quo ne tient plus, qu’il faut procéder à des changements, je pense qu’il y a un fait inéluctable qui nous amène à interpeller l’ensemble des Québécois à identifier la démarche qui nous amènera à procéder à ces changements profonds.
Mme Rouleau (Marie-Paul): M. Charest, vous avez un plan ici d’action très détaillé pour votre mandat, qui est d’ailleurs assez fidèle à votre programme électoral. Alors, moi, je me demande; Un Québécois qui participe à un de ces forums-là, qu’est-ce qu’il peut espérer décider? Parce qu’on dirait que tous les choix sont déjà faits pour lui?]
[ M. Charest:] C’est une bonne question, puis la première chose que nous devons faire ensemble, nous, Québécois, c’est de s’asseoir pour qu’on puisse bien défricher cette réalité à laquelle nous faisons face, qu’on puisse bien comprendre les pressions, les facteurs déterminants pour notre avenir, là, qui vont peser sur l’ensemble des choix dans chaque domaine de notre vie, santé, éducation, travail, retraite, par exemple, tout ça, c’est un débat qui est extrêmement important. Puis ce que je constate, c’est à quel point notre devoir d’élus nous interpelle dans ce débat-là d’aller justement sur le terrain puis en parler de ces choses-là. Alors, c’est quoi le portrait du Québec aujourd’hui? Je vous ramène rapidement à ce que je disais il y a une minute. On a des programmes sociaux plus développés ailleurs par choix puis ça reflète nos valeurs, mais il y a un prix d’associé à ça. En même temps, on est plus taxés, on est plus endettés, en même temps, les dépenses augmentent plus rapidement qu’ailleurs, en même temps, les dépenses augmentent plus rapidement que les revenus. Ce n’est pas juste nous autres qui le dit, en passant. L’étude du Conference Board, la première version originale de 2002, puis la mise à jour de 2004, rendue publique il y a quelques jours, répète exactement la même chose, les dépenses vont augmenter plus rapidement que les revenus, puis c’est encore plus vrai au Québec, puis là on place ça dans le contexte de la démographie. Alors là, la première chose qui semble évidente, c’est que le statu quo ne peut pas continuer, là ça, c’est la première chose qu’il faut régler, puis après ça se poser la question: Comment on va faire pour l’avenir? Comment on va faire pour livrer ces services-là? Qui va payer? Comment on va les payer?
Alors là-dessus, c’est un débat où il n’y a personne qui a le monopole de vérité. Nous autres, on présente parce que c’est important, c’est notre responsabilité de dire aux gens: Voilà où on pense qu’on doit aller, voilà le sens de notre démarche, de tout ce qu’on a entendu depuis cinq ans. Venez donc nous dire, vous, comment vous voyez ça, de quelle façon on peut faire les choix. Dans le domaine de la santé, il y en a qui vont dire peut-être qu’on devrait financer ça autrement, domaine, par exemple… pour la population, est-ce qu’on devrait mettre davantage l’accent sur l’immigration ou est-ce que ça devrait être des politiques de natalité? Dans un paquet de domaines, sur beaucoup de sujets, bien, on aura justement l’occasion d’entendre les Québécois.
[ M. Larocque (Paul): Gérard Deltell de TQS.
M. Deltell (Gérard): M. le premier ministre, deux ministres de la région de Québec sont au coeur des inquiétudes ou des discussions. Tout d’abord, M. Hamad nous a offert tout à l’heure… J’ai calculé le sixième ajustement concernant le projet du Suroît. Comment peut-il encore garder votre confiance dans de telles circonstances? Et deuxièmement, Marc Bellemare, vous n’êtes pas inquiet, vous n’avez pas peur de perdre Marc Bellemare?]
[ M. Charest:] J’ai parlé à M. Bellemare ce matin. Les papiers qui ont été écrits et les rumeurs sont sans fondement.
[ M. Deltell (Gérard): Malgré le «no-fault» ou les ajustements?]
[ M. Charest:] M. Bellemare est là, il fait partie du gouvernement, et les papiers qui ont été écrits ce matin sont sans fondement.
[ M. Deltell (Gérard): Comment peut-il garder votre confiance après le sixième ajustement de tout à l’heure concernant le Suroît.]
[ M. Charest:] Bien, dans le cas du Suroît, on a voulu justement permettre à la population de débattre d’un enjeu majeur pour le Québec puis prendre les moyens pour qu’on puisse, dans un dossier qui est, remarquez, assez complexe, là, quand on parle de l’avenir énergétique du Québec, sur un sujet, d’ailleurs, qui nous tient à coeur parce que c’est aussi une source de fierté, ce qu’on a réalisé au Québec, on a voulu donner un mandat à la Régie de l’énergie pour qu’on puisse faire le débat, et, en ce sens-là, on a raison de le faire, et, en ce sens-là, on a raison aussi de permettre à la population de pouvoir se saisir des enjeux dans ce domaine-là parce qu’il nous est apparu, après la décision, qu’il y a beaucoup de gens qui s’interrogeaient sur le sens de ce choix. Et, moi, je pense qu’on ne peut pas se tromper dans la mesure où on fait ça, et M. Hamad a tout à fait raison de nous proposer la démarche qu’il a proposée.
[ M. Larocque (Paul): Michel Hébert.
M. Hébert (Michel): M. Charest, est-ce que j’ai bien compris que M. Bellemare est tout à fait heureux actuellement au Conseil des ministres? C’est ce que vous dites?]
[ M. Charest:] M. Bellemare est heureux. Moi, je lui ai parlé ce matin – parce que, évidemment, quand on lit ces choses-là on se parle et on pose les bonnes questions – j’ai parlé à M. Bellemare et il me semblait parfaitement heureux, d’une part, et, d’autre part, il n’a jamais été question de démission.
[ M. Hébert (Michel): Dans son esprit ou dans les conversations que vous avez eues avec lui?]

[ M. Charest:] Dans les conversations que j’ai eues avec lui, il n’a jamais été question de démission.
[ M. Hébert (Michel): Mais ça n’exclut pas qu’il y a peut-être pensé?]
[ M. Charest:] Bien, là, je vous laisse le soin de faire l’hypothèse, là. Si je devais vous dire tout ce que j’ai pensé…
[ M. Larocque (Paul): Martin Ouellet.]
[ M. Charest:] Vous savez, il y a une différence dans la vie entre…
[ M. Larocque (Paul): Allez-y, allez-y. On a du temps.]
[ M. Charest:] Non, non. Je pense que je vais me priver de ça.
[ M. Larocque (Paul): Martin Ouellet.
M. Ouellet (Martin): Pour revenir sur le Forum national, le grand Forum national de l’automne, quelle va être la différence entre cet événement-là, cette activité-là, avec… ça va être quoi, la différence entre le Forum et la bonne vieille recette d’un grand sommet où tous les groupes de pression vont défiler là pour imposer plus ou moins leur point de vue?]
[ M. Charest:] D’abord, c’est un précédent, à ma connaissance, qu’un gouvernement, dans le début d’un mandat, comme c’est le cas pour nous, fasse et propose l’exercice et fasse preuve de la transparence dont on fait preuve quand on met sur la table le programme d’action, puis on ouvre ça puis on dit aux gens: Écoutez, c’est le fruit de cinq ans de travail, puis on a progressé là- dedans, mais allons parler d’enjeux qui vont avoir un impact déterminant dans nos programmes et participez donc, comme citoyens, à ce débat, pour qu’on puisse avoir le bénéfice de, justement, de vos réflexions là-dessus. Si on compare ça au Rendez-vous des régions qui est arrivé juste avant l’élection générale, on a une approche très différente parce qu’on commence dans les régions. Ça n’a pas lieu à Québec ou à Montréal, on commence sur le terrain; on fait ça en début de mandat, ce n’est pas une affaire de fin de mandat alors qu’on prépare une campagne électorale, on fait ça dès le début.
L’autre chose qui nous paraît utile, c’est de centrer la discussion sur ces deux grands enjeux, parce qu’on ne veut pas une liste d’épicerie. C’est vrai qu’on ne veut pas s’embarquer dans une liste d’épicerie, on veut essayer de garder ça aussi concentré que possible sur les grands enjeux et comment ça se décline en termes d’impact dans les domaines de la santé, de l’éducation ou les finances publiques. Alors, on va faire, je peux vous dire, moi, un effort très important pour que nous puissions justement avoir ce bon débat avec la population du Québec.
[ M. Larocque (Paul): Dernière question en français, Norman Delisle de La Presse canadienne.
M. Delisle (Norman): …un sujet plus terre-à-terre, est-ce qu’on peut savoir pourquoi le député de Mégantic-Compton ne s’est pas expliqué aujourd’hui même à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire le jour même où la nouvelle a paru dans le principal quotidien vendu dans son comté? Et est-ce qu’on peut avoir l’assurance qu’il va le faire à l’Assemblée nationale?]
[ M. Charest:] Je ne vois pas pourquoi il ne le ferait pas à l’Assemblée nationale, mais, vous savez, il va s’expliquer aujourd’hui, là, il va faire une déclaration publique aujourd’hui, qu’il le fasse à un endroit ou à l’autre, il va faire une déclaration publique, puis il aura l’occasion de donner sa version des faits. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’a pas donné sa version des faits à ceux qui ont produit le rapport, d’une part. Alors, quand il aura fait ça, après ça, vous serez en position où on pourra juger. Mais je trouve déplorable que du côté de l’opposition on profite de l’immunité parlementaire pour avancer n’importe quoi, alors que s’il y a une règle fondamentale dans notre société, c’est que les gens devraient avoir l’occasion de donner leur version des faits.
[ M. Delisle (Norman): Quand vous avez été saisi de ces faits-là, est-ce que vous avez vous-même ordonné une petite enquête interne, là, pour savoir ce qui s’était passé?]
[ M. Charest:] Les gens dans mon bureau ont parlé à M. Bouchard, il a donné des explications, ce n’est pas à moi de les interpréter puis de les répéter à nouveau, c’est à lui de les donner sur la place publique puis de dire aux gens: Voilà ce qui s’est passé, puis d’avoir la chance justement d’être entendu. Et je vous réitère que ceux qui ont été appelés à faire le rapport en question n’ont pas entendu M. Bouchard, que lui-même il n’a pas vu le rapport avant qu’il soit rendu public. Alors, on va commencer au début, il va s’expliquer, et après ça, bien, les gens auront l’occasion de faire la part des choses.
[ (Fin à 16 h 13) ]
[QCHRS20040324cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre, et de M. Philippe Couillard, ministre de la Santé et des Services sociaux Entente intervenue entre le gouvernement du Québec et les personnes infectées par le virus de l’hépatite C Le mercredi 24 mars 2004 (Treize heures douze minutes) ]
[ M. Charest:] Merci. Alors, on est réunis pour annoncer que l’indemnité des personnes qui ont été infectées par le virus de l’hépatite C par suite d’une transfusion sanguine ou de l’administration de produits sanguins reçus au Québec avant le 1er janvier 1986 ou entre le 2 juillet 1990 et le 28 septembre 1998 va passer de 10000 $ à 24500 $.
Les personnes infectées par le système d’approvisionnement en sang au Canada, quel que soit le moment où cela s’est produit, vivent une véritable tragédie. La qualité de vie de ces personnes a été irrémédiablement affectée par ce qui leur est arrivé. L’indemnité plus élevée que toucheront ces personnes ne compensera pas les souffrances et les pertes subies par ces victimes du sang contaminé et leurs familles, mais nous estimons que le Québec avait la responsabilité de faire un effort additionnel afin d’en réduire les conséquences. Nous disons aujourd’hui à ces personnes et à leurs familles que notre gouvernement partage leur douleur et souhaite pouvoir réduire les répercussions de cette tragédie sur leurs vies. L’annonce que nous rendons officielle aujourd’hui survient à la suite d’une décision de la Cour supérieure du Québec qui a été rendue le 27 janvier dernier, de ratifier l’accord de principe intervenu entre le Procureur général du Québec et les représentants des personnes qui ont contracté le virus de l’hépatite C avant 1986, évidemment, ou après 1990 et qui, en avril 1998, avaient déposé une requête en vue d’être autorisés à exercer un recours collectif contre le gouvernement du Québec. En vertu de cette entente, le gouvernement du Québec versera aux personnes ayant déjà reçu un montant de 10000 $ une somme additionnelle de 14 500 $, et à celles n’ayant reçu aucune somme mais étant jugées admissibles au programme d’aide financière existant, une somme de 24 500 $.
Si l’annonce d’aujourd’hui est conforme à l’accord intervenu avec les représentants des personnes qui ont contracté le virus de l’hépatite C, elle est aussi conforme à ce que notre gouvernement a toujours dit qu’il ferait. Au cours des dernières années, nous nous sommes engagés à augmenter l’indemnité versée aux victimes de l’hépatite C qui ont contracté leur maladie par suite d’une transfusion sanguine ou de l’administration de produits sanguins reçus au Québec avant 1986 ou après 1990. Pour mémoire, rappelons- nous que le 2 décembre 1997, mon prédécesseur Daniel Johnson, alors chef de l’opposition, avait déposé une motion à l’Assemblée nationale du Québec sur cette question, motion qui avait reçu l’appui unanime de l’Assemblée nationale du Québec à ce moment-là. Et, fait à noter aussi, comme dernier geste à titre de chef de l’opposition officielle, il avait déposé une motion similaire le 28 avril 1998, à quelques jours de son départ de l’Assemblée nationale, pour demander à nouveau l’appui unanime des députés. Malgré le fait que le gouvernement du Québec n’ait pas de responsabilité ou d’obligation réelle de compenser ou d’indemniser ces victimes, nous estimons, pour des motifs humanitaires, que ces personnes ont droit à une aide financière décente. C’est pourquoi nous agissons aujourd’hui.
En terminant, je veux souligner le travail et la contribution exceptionnelle d’un autre collègue à l’Assemblée nationale. M. Johnson. J’en ai parlé, mais je veux prendre une minute pour souligner la contribution exceptionnelle de Russell Williams, le député du comté de Nelligan, qui a annoncé il y a quelques jours seulement son retrait de la vie politique, et dire à M. Williams à quel point il doit être fier aujourd’hui de cette annonce, puisque lui plus que quiconque à l’Assemblée nationale du Québec et qui, sur le plan politique, aura travaillé sans relâche et en étroite collaboration avec les victimes, l’association des victimes, pour que nous puissions faire l’annonce que nous faisons aujourd’hui. Alors, je tiens à lui rendre hommage et lui dire qu’il nous a certainement rendu honneur dans la façon dont il aura travaillé dans ce dossier.
Je vais maintenant, avec votre permission, demander à M. Couillard de vous faire quelques commentaires et ensuite M. Pontbriand.
[ M. Couillard: Merci, M. le premier ministre. M. Pontbriand, Bonjour à tous et à toutes. Je voudrais également témoigner à quel point c’est un grand jour aujourd’hui pour les victimes de l’hépatite C touchées par cette entente. Et moi aussi, avant de donner plus de détails sur les modifications relatives au versement de l’indemnité plus élevée que nous annonçons aujourd’hui, j’aimerais également souligner à quel point cette entente est étroitement liée au travail accompli par notre collègue Russell Williams qui, jusqu’à il y a quelques jours, était mon adjoint parlementaire. Je sais qu’il a multiplié les interventions en périodes de questions à l’Assemblée, questions lors des études de crédits successives, conférences de presse avec les victimes et leurs représentants et qui est certainement aujourd’hui très fier de savoir que nous donnons suite au travail qui a été fait et aux engagements qui ont été pris.
Nous devons rappeler que les décisions prises tout au long du processus qui a mené à l’entente de principe intervenue avec les représentants des victimes de l’hépatite C ont été guidées par la volonté de notre gouvernement de limiter un tant soit peu les répercussions de la tragédie que représente la contamination qu’elles ont subie par transfusion de sang ou l’administration d’autres produits sanguins. J’aimerais rappeler les différentes étapes franchies par le Québec afin de retracer les personnes infectées par le virus de l’hépatite C par du sang contaminé à l’occasion d’une transfusion sanguine ou de l’utilisation de produits sanguins. Le programme mis en place en mai 1999 supposait que l’on puisse rejoindre les personnes transfusées afin de leur permettre de toucher l’indemnité prévue – 10000 $ alors – mais également de leur offrir toute l’aide requise par leur état. Il fallait identifier les porteurs de l’hépatite C, tant pour leur propre bien-être que par souci préventif, puisqu’il s’agit, comme nous le savons, d’une maladie contagieuse.
Ainsi, entre 1999 et maintenant, près de 30000000 $ ont été consacrés aux diverses activités d’information, de formation, de retraçage, de dépistage et de recherche des donneurs. L’opération de retraçage, vraisemblablement la plus importante jamais réalisée au Canada, a été effectuée en collaboration avec les hôpitaux pour identifier les transfusions effectuées entre 1960 et juin 1990, à partir des registres des banques de sang. Afin de contacter les personnes concernées par le programme, la Régie de l’assurance maladie du Québec a procédé au recoupement de ses fichiers avec ceux des registres des hôpitaux. Cette opération de recherche systématique des personnes infectées par le virus de l’hépatite C par suite d’une transfusion sanguine ou de l’administration de produits sanguins au Québec avant le 1er juillet 1990 a permis d’identifier 864 victimes qui ont été indemnisées. Une importante campagne d’information a aussi été conduite afin de sensibiliser la population aux moyens de prévenir la propagation de cette maladie sérieuse.
Cela dit, je vous informe que la Régie de l’assurance maladie du Québec, qui administre déjà le programme d’aide financière adopté en faveur des personnes qui ont contracté le virus avant le 1er janvier 1986 ou entre le 2 juillet 1990 et le 28 septembre 1998, gérera la nouvelle indemnisation. En vertu de la décision annoncée aujourd’hui, les 864 personnes qui ont déjà reçu une aide financière de 10000 $ recevront un montant supplémentaire de 14 500 $, ce qui représente globalement 12528000 $. Ces personnes qui ont déjà reçu un premier paiement de 10000 $ étaient connues de la Régie de l’assurance maladie et n’auront donc pas à communiquer avec la régie. C’est la régie elle-même qui communiquera avec elles par écrit afin de valider leurs coordonnées avant de leur faire parvenir le second paiement correspondant à la hausse de l’indemnisation que nous annonçons aujourd’hui. Donc, un chèque de 14 500 $ leur sera envoyé par la suite. Mentionnons qu’il s’agit d’un montant non imposable.
Les personnes qui n’ont jamais fait de demande d’indemnisation et qui peuvent être concernées par l’accord intervenu entre le Procureur général du Québec et les représentants des personnes qui ont contracté le virus de l’hépatite C avant 1986 et après 1990 peuvent s’adresser à la régie. la RAMQ évaluera alors si elles sont admissibles au programme d’aide. Si c’est le cas, ces personnes recevront un chèque de 24 500 $ et, en vertu de l’entente intervenue, ces personnes ont jusqu’au 30 juin 2010 pour faire valoir leur droit.
Les personnes ayant déjà reçu un premier paiement devraient recevoir leur chèque d’ici deux à trois mois. Certains délais administratifs sont nécessaires pour s’assurer que les chèques sont acheminés à la bonne personne et surtout à la bonne adresse. Il est certain que la Régie de l’assurance maladie mettra tout en oeuvre afin d’émettre les chèques le plus tôt possible. L’entente dont se prévaudront les personnes infectées représentera également une quittance de la part des victimes à l’endroit du Procureur général du Québec. Mais, au-delà de toutes ces modalités, il faut d’abord retenir, suite à l’annonce aujourd’hui, la volonté du gouvernement de partager la douleur des victimes et celle de leurs familles. Nous souhaitons – et je reprends les propos du premier ministre – réduire les répercussions de la tragédie qui les touche, étant bien entendu qu’on ne peut annuler les répercussions tragiques auxquelles elles sont confrontées.
J’aimerais maintenant céder la parole à M. Pontbriand, après quoi nous serons disponibles pour la période des questions.
M. Pontbriand (Laurent): Merci, M. le ministre, M. le premier ministre. Un bonjour bien spécial à tous ceux qui se sont battus et défendus dans ce dossier avec moi: au départ, M. Russell Williams, qui l’a apporté à l’Assemblée nationale et qui, malheureusement, n’est plus député au Parti libéral; à Sylvie Surprenant, qui est absente pour cause de santé, mais qui n’a jamais hésité à intervenir au besoin, et à tous ceux qui n’ont jamais eu peur de revendiquer bien haut et bien fort. Je ne peux tous les nommer, mais tous y ont mis beaucoup de coeur et un peu de leur foi. C’est connu, le stress n’est bon pour personne. Un merci spécial aussi aux médias, qui ont toujours bien informé la population au sujet de ce dossier. En effet, après plusieurs années de combat, de demandes et de promesses, le dossier d’indemnisation semble sur le point de se terminer. Je dis bien «sur le point», car, pour moi, tant et aussi longtemps que toutes les personnes infectées n’auront pas toutes été indemnisées, le Comité restera actif.
Bref historique. En effet, ce dossier a commencé sous le règne de M. Lucien Bouchard, où il y a eu motion unanime à l’Assemblée nationale par M. Daniel Johnson d’indemniser les personnes infectées. Il s’est ensuite continué avec M. Bernard Landry, qui a ouvert le portefeuille et donné un premier 10000 $. Par la suite, le Parti québécois a mis en place le retraçage systématique pour fins d’intégrité, c’est-à-dire que toutes les personnes infectées ayant reçu une transfusion sanguine depuis 1962 sont supposées avoir reçu une lettre les avisant d’aller passer un test de dépistage de l’hépatite C. Cela a été plus long que prévu, mais ce n’était pas une mince tâche. Il y a eu changement de gouvernement et, 11 mois après, il y a eu un aboutissement, et c’est enfin l’annonce officielle, et j’espère que d’ici un mois ces personnes auront reçu leur montant. Un grand merci au Parti libéral de leur promptitude à conclure ce dossier.
Comme on le sait, au Québec, les médicaments sont défrayés par la RAMQ. Mais, lors de la prise des médicaments contre l’hépatite C, il y a beaucoup d’effets secondaires. Mais je suis sûr que le ministre de la Santé a pris ou prendra tous les moyens nécessaires pour que ces gens puissent prendre leurs médicaments en toute quiétude.
Deux sortes de notions m’habitent présentement: de la joie et de la tristesse. De la joie, parce que le gouvernement provincial a compris ce que nous vivons, et, même s’il n’a aucune responsabilité dans le drame du sang contaminé, il a bien voulu nous aider monétairement. De la tristesse, parce que le gouvernement fédéral a toujours nié sa responsabilité en dehors de la période 1986 à 1990, mais nous prouverons le contraire, et on finira par avoir l’équité pour toutes les personnes infectées.
Pour terminer, je demande 30 secondes de silence pour toutes les personnes décédées et qui auraient pu être des nôtres si les bonnes décisions avaient été prises par le gouvernement fédéral dans les années quatre-vingt.
(30 secondes de silence)
Merci de votre silence.
Dans le dernier budget fédéral, il n’y a rien pour la continuité, pour la stratégie pour contrer l’hépatite C au Canada. Alors, j’espère que le gouvernement fédéral va réviser ses positions et nous donner la chance de compléter ce dossier. Merci de votre attention et merci au gouvernement libéral au nom de toutes les personnes infectées. Merci beaucoup.
M. Larocque (Paul): Nous allons maintenant passer à la période de questions. Je vous informe que nous disposons au total d’une quinzaine de minutes, français et anglais également. Michel Corbeil du Soleil.
M. Corbeil (Michel): C’est à la suite de l’estimation voulant que 8000 personnes seraient infectées qu’on a limité le plafond à 10000 $. Vous le doublez maintenant. Est-ce que les fonctionnaires qui avaient prédit qu’il y aurait 8000 victimes qui seraient compensées auront des comptes à rendre?
M. Couillard: Il faut savoir qu’effectivement on avait fait une évaluation initiale d’un grand nombre de personnes, plusieurs milliers. En réalité, il semble que le nombre, heureusement – c’est une bonne nouvelle – soit moindre que ça. Il faut dire que cette erreur ou cette déviation ou cette prédiction trop optimiste a été faite non seulement au Québec, mais dans l’ensemble des juridictions. Alors, je pense qu’à l’époque les estimés et les projections ont été faits de bonne foi sur les données qui étaient disponibles à ce moment-là et qu’il faut accepter ça.
M. Larocque (Paul): Jean Thivierge de Radio-Canada.
M. Thivierge (Jean): Rapidement, M. Couillard – je m’excuse de mon ignorance – avant 1986 ou après 1990, pourquoi il y a une période, de 1986 à 1990, pas couverte?
M. Couillard: Alors, c’est la période durant laquelle, au sens strict, la responsabilité du gouvernement était engagée, parce que, avant 1986, il n’existait pas de test de dépistage. Après 1990 sont apparus donc les tests dont la fiabilité s’est accrue au cours des années. Donc, si on voulait stricto sensu, là, se limiter à la période de responsabilité nette du gouvernement, on ne pourrait que compenser les personnes de 1986 à 1990. Mais c’est par un souci d’étendre, par équité et par souci humanitaire, la compensation à toutes les personnes infectées qu’on fait l’annonce d’aujourd’hui.
M. Thivierge (Jean): Donc, on parle de 864 personnes qui ont déjà reçu 10000 $. Au total, est-ce qu’on est capable de faire une projection correcte maintenant du nombre total de personnes qui vont être indemnisées à ce moment-ci?
M. Couillard: Vous comprendrez qu’on sera prudent quant aux projections de nombre de personnes, mais, compte tenu de la réduction qui a déjà été notée entre le nombre projeté puis le nombre actuel, qui est de 864 personnes qui ont reçu le 10000 $, il est possible qu’il y ait quelques autres personnes qui n’ont pas encore été identifiées. On espère que l’annonce d’aujourd’hui va les amener à se présenter et à soumettre leur dossier à la Régie de l’assurance maladie du Québec.
M. Larocque (Paul): Norman Delisle de La Presse canadienne. M. Delisle (Norman): Oui, c’est sur un autre sujet.
M. Larocque (Paul): Est-ce qu’il y a d’autres questions sur le sujet du jour?
M. Séguin (Rhéal): Est-ce qu’on idée de comment ça va coûter au total, M. Couillard?
M. Couillard: Alors la première… la phase de la compensation de 1986 à 1990 a coûté jusqu’à maintenant… attends un peu, j’avais le montant. La nouvelle indemnisation, c’est-à-dire qu’on accorde aujourd’hui, pour répondre directement à votre question, le supplément pour les personnes qu’on connaît, ça représente 13460000 $. Et ça, c’est si le processus s’arrêtait maintenant. Il est certain qu’il va avoir d’autres personnes qui vont s’ajouter au nombre, mais ça, c’est le coût que ça représente jusqu’à maintenant.
Une voix: Et vous devez…

M. Couillard: D’ajouter les 14 500 $ pour chaque personne qui a déjà reçu 10000 $.
M. Plouffe (Robert): M. Pontbriand…
M. Pontbriand (Laurent): Oui.
M. Plouffe (Robert): 14 500 $, ça ne redonne pas la santé aux familles, aux gens, aux…
M. Pontbriand (Laurent): Non, effectivement, ça ne redonne pas la santé. Le 24 500 $ ça ne redonne pas la santé, mais je peux vous dire que ça va nous donner un bon coup de main, par exemple, pour continuer. Comme on l’a dit tout à l’heure, c’est le gouvernement fédéral qui en est responsable, si on veut, qui était responsable du sang, et alors, le gouvernement provincial nous a donné ça pour… comment on peut dire ça, question humanitaire. Mais c’est sûr que ce n’est pas 24 500 $ qui va nous redonner la santé, à bien des gens, là.
M. Séguin (Rhéal): …est-ce que vous intentez une poursuite contre le fédéral? Est-ce que vous allez poursuivre ça?
M. Pontbriand (Laurent): Oui. Le recours collectif contre le fédéral est enclenché. C’est parti, je veux dire… on continue parce que ce qu’on veut avoir, c’est le même «pattern», si on veut, comme les 1986-1990. Les mêmes virus, mêmes infectés… Les 1986- 1990 peuvent avoir jusqu’à 225000 $. Ça fait que c’est ce qu’on veut avoir nous autres.
M. Plouffe (Robert): …M. Charest…
M. Séguin (Rhéal): …225000 $ de…
M. Pontbriand (Laurent): Ça dépend du niveau, de la gravité de maladie de la personne.
M. Plouffe (Robert): M. Charest, si vous avez accepté d’augmenter justement de 14 500 $, est-ce que c’est parce que vous avez finalement constaté qu’il n’y aurait pas plus que 864 personnes et comme les chiffres ont été ramenés à 800… ou 800 quelque, vous aviez plus d’argent pour distribuer plus à…]
[ M. Charest:] La question du nombre de personnes infectées, elle est importante, mais c’est appelé à changer potentiellement aussi parce qu’il y a des gens qui peuvent aujourd’hui être infectées et ne pas le savoir ou ne pas encore être affectées par la maladie et qui pourront ou qui peuvent l’apprendre plus tard. Alors, c’est pour cette raison-là qu’il y a eu et qu’il peut encore y avoir des changements dans le nombre de personnes et… Alors, c’est pour ça qu’on est prudent. Maintenant, nous, sur le plan légal, ce n’était pas évident qu’il y avait un lien et on a choisi d’agir parce que depuis très longtemps, avant de former le gouvernement, on a toujours cru qu’il y avait là une obligation morale, humanitaire et c’est pour cette raison-là qu’on a conclu, on a proposé cette entente qu’on a conclue également via le recours collectif, et ça reflète, je pense, les valeurs de compassion de la société québécoise pour des gens pour qui leur vie a été bouleversée littéralement, suite à une infection pour laquelle ils n’ont aucune responsabilité, hein. Rappelons-nous que c’est une transfusion de sang ou un produit sanguin qui les a infectés et, en ce sens-là, on pense qu’on avait, nous, la responsabilité de leur venir en aide.
[ M. Larocque (Paul): Norman Delisle.

M. Delisle (Norman): Oui. M. Charest, à la suite du budget fédéral d’hier, il y a eu une motion qui a été présentée ce matin à l’Assemblée nationale puis qui exige que le gouvernement libéral respecte son engagement et réinvestisse 2200000000 $ additionnels en santé pour l’année financière qui va commencer, là, dans quelques semaines. Je voudrais savoir, premièrement, si le gouvernement va voter en faveur de cette motion-là. Et si oui, est- ce que le voeu de l’Assemblée nationale, qui va alors être devenu unanime, est-ce que ce voeu-là va être respecté?]
[ M. Charest:] Bien, suite au budget d’hier, j’ai eu une conversation avec M. Martin hier soir, une conversation franche et honnête, et j’ai exprimé à M. Martin notre insatisfaction et notre déception.
On s’attendait, nous, à un effort véritable de la part du gouvernement fédéral lors de ce budget, et d’autant plus que, dans la dernière année, on a quand même fait des progrès importants dans plusieurs dossiers. Il faut le dire, au cours de la dernière année, il y a eu la création du Conseil de la fédération; il y a les négociations qui ont lieu actuellement sur le programme de congé parental; il y a une négociation qui se fait actuellement sur la place que doit occuper le Québec dans les forums internationaux; on a conclu le cadre stratégique agricole à la satisfaction du Québec. On a fait ça dans la dernière année puis je pense, moi, qu’on a fait la démonstration qu’on est capable de travailler ensemble, de le faire de façon constructive, puis on est capable d’obtenir aussi des résultats. Mais, là, au budget d’hier, rien de concret, et, pour nous – et je l’ai dit à M. Martin hier soir – ça a été une déception.
Maintenant, ce qu’on sait, c’est que, à terme, le gouvernement fédéral, avec son budget d’hier, s’est donné des marges de manoeuvre, et je m’attends à ce que nous ayons des résultats lorsque nous allons nous réunir, dans les prochains mois – on avait parlé, évoqué l’été – pour discuter justement de l’avenir de nos systèmes de soins de santé – je les mets au pluriel, là, pour être très clair – et que, à ce moment-là, tout va être sur la table, pas juste les transferts pour la santé, mais également la péréquation. Alors, de ce que je comprends de ma conversation avec M. Martin, il y a ces marges de manoeuvre, et moi, je m’attends à ce qu’il y ait des résultats concrets à ce moment-là…
[ M. Séguin (Rhéal): Est-ce que vous avez un engagement?
Une voix: Ce serait alors… excusez.
M. Delisle (Norman): Oui, est-ce que je peux quand même avoir réponse à mes deux questions? ]
[ M. Charest:] Bien, il y a eu… je vais demander à Philippe de compléter. D’abord, sur la santé, vous avez dû remarquer, lors du budget du 12 juin, une augmentation de 7,1 % des dépenses consacrées à la santé. Ce qui reflète le fait que c’est notre première priorité puis ça demeure toujours notre première priorité puis on va livrer un budget mardi prochain où on aura l’occasion de vous présenter l’ensemble de nos dépenses incluant la santé. On a pris de l’avance sur l’engagement qu’on avait pris d’une part. Et, pour ce qui est de la motion d’aujourd’hui, je crois qu’elle a été amendée et que, si elle est amendée à notre satisfaction – je n’ai pas vu la dernière version – que nous allons voter pour la motion. Philippe.
[ M. Couillard: Alors, l’amendement mentionne qu’on reconnaît…
l’Assemblée nationale reconnaît l’investissement de 2003-2004 donc ça précise le fait et ça confirme le fait que, dès l’arrivée au gouvernement, notre parti politique a d’emblée investi en santé. Et là, il y a un exercice de comparaison intéressant à faire, lorsque le Parti québécois a été confronté à des circonstances semblables entre 1995 et 1997, chute de transferts fédéraux – vous vous en souviendrez – la réponse du gouvernement a été de geler ou même de diminuer l’enveloppe de santé et services sociaux avec les conséquences dramatiques qu’on connaît. Alors, ce qu’on dit, nous, à la population, c’est que, malgré ces circonstances difficiles, il sera démontré, lorsque le budget sera déposé, que nous accordons véritablement un place prioritaire aux soins de santé qui sont effectivement la préoccupation première de nos concitoyens.
M. Larocque (Paul): Marie-Paul Rouleau.
Mme Rouleau (Marie-Paul): M. Charest, est-ce que vous avez l’impression que la relation, la nouvelle ère du fédéralisme que vous avez annoncée ou, enfin, dont vous avez parlé pendant la campagne électorale, c’est un échec au vu du budget d’hier? ]
[ M. Charest:] Il y a des preuves tangibles que la relation a évolué. La preuve, c’est la création du Conseil de fédération qui a été bien reçue, qui a été faite plus rapidement que ce que j’avais moi-même anticipé, d’une part. Il y a négociation sur les congés parentaux. Il y a une négociation sur la place du Québec dans les forums internationaux. Un autre exemple de ça, c’est le cadre stratégique agricole qu’on a négocié longuement, qui a été réglé. Maintenant, je m’attendais, moi, à ce qu’on en ait la démonstration dans le budget d’hier, entre autres, sur la question de la santé, parce que c’est la première priorité des Québécois, Québécoises et de tous les autres citoyens canadiens. Et on s’est exprimés là- dessus pas juste nous, Québécois mais les autres gouvernements ailleurs à plusieurs reprises. Alors, je suis déçu mais, en même temps, là, il y a une occasion qui se présente qui avait été annoncée avant le budget. Et de ce que je comprends, moi, de ce que le gouvernement fédéral veut faire, c’est qu’il veut voir l’ensemble du dossier mais, à ce moment-là, il va falloir qu’il nous livre des choses tangibles et, non seulement, pour les transferts pour la santé mais aussi pour la péréquation, parce que les deux dossiers sont liés. Sont liés, on ne peut pas les détacher un de l’autre, il y a là un tout. Et, nous, on s’attend à ce que l’été prochain il y ait des résultats tangibles. Et de ce que je comprends de ce que j’ai entendu de M. Martin, c’est qu’ils ont des marges de manoeuvre, maintenant ils auront l’occasion d’être mis à l’épreuve dès que nous nous réunirons l’été prochain.
[ M. Larocque (Paul): …rapide si vous permettez parce que là on n’aura pas le temps. Martin Ouellet, rapidement, et Robert Plouffe.
M. Ouellet (Martin): M. Charest, vous dites que les relations avec Ottawa ont évolué, mais le gouvernement fédéral avait l’occasion de poser un geste hier, un geste très concret qui aurait illustré cette nouvelle ère là, mais ça ne s’est pas produit. Est- ce qu’à quelque part vous ne vous sentez pas trahi?]
[ M. Charest:] Je suis déçu parce que, moi, je croyais que le meilleur choix, ça aurait été d’envoyer un signal que sur le dossier de la santé, là, il allait y avoir un mouvement, si ce n’est pas un geste concret, là. J’aurais souhaité qu’il y ait un geste concret pour indiquer qu’on allait rehausser le niveau de financement, d’autant plus qu’absolument tout le monde, incluant M. Martin, s’entend sur le fait que c’est la première priorité. Et ça ne s’est pas fait hier. Maintenant, M. Martin a lui-même suggéré qu’il y ait une réunion des premiers ministres au cours de l’été sur la question de la santé, et là ce sera l’occasion justement de faire preuve justement de gestes concrets qui soutiennent en quelque sorte le discours. Alors, ce sera à ce moment-là qu’on aura l’occasion de parler de ces choses-là, péréquation et transferts.
[ M. Ouellet (Martin): Est-ce que vous avez l’intention de demander à vos députés du caucus de se faire un petit peu plus discrets, là, sur la campagne du Parti libéral du Canada?]
[ M. Charest:] Rien ne change parce que le Parti libéral du Québec est dissocié du Parti libéral fédéral depuis 1955, et je n’ai pas l’intention de m’impliquer dans la campagne.
[ M. Plouffe (Robert): M. Charest, sur un autre sujet, s’il vous plaît. Il y a eu un reportage diffusé sur nos ondes en lien avec le procès sur la prostitution juvénile, et on parle donc d’une avocate qui soudoierait des juges. Est-ce que vous êtes en mesure de me dire si vous êtes inquiet pour l’intégrité de notre système de justice? Est-ce que vous allez demander qu’on pousse l’enquête pour savoir si effectivement il y a ce genre de pratiques là qui se fait dans nos tribunaux?]
[ M. Charest:] J’ai été informé de cette nouvelle information qui a été diffusée sur vos ondes quelques minutes avant de me rendre ici pour le point de presse. Alors, je ne vais pas commenter cette nouvelle-là, puisque je n’en connais pas les tenants et aboutissants. Vous allez comprendre qu’une affaire comme ça, on ne commente pas ça, d’autant plus qu’il y a des actions actuellement devant les tribunaux. Je pense que c’est important d’avoir une certaine réserve. Alors, quand on en saura davantage, on commentera.
[ M. Plouffe (Robert): Avez-vous demandé quand même qu’on pousse une enquête pour savoir si de telles pratiques se font dans nos palais de justice, monsieur?]
[ M. Charest:] J’ai reçu… Là, on m’a dit que vous aviez diffusé une nouvelle quelques minutes avant d’arriver ici. Alors, vous allez comprendre qu’avant d’aller plus loin, là, on va aller au fond des choses.
[ M. Hébert (Michel): On peut-tu s’attendre à quelque chose en fin de journée?]
[ M. Charest:] Je vais d’abord aller voir ce que c’est, cette nouvelle-là. Alors… Et, je vous rappelle, là, il y a une question, là, qui n’est pas une question de détail là-dedans, là. Quand il y a des procès devant les tribunaux, il faut faire preuve de prudence avant de faire des déclarations publiques. Alors, évidemment, c’est sérieux, cette nouvelle-là. En tout cas, ce qui est allégué est sérieux, et on va réagir, c’est évident, mais on va d’abord aller voir ce que c’est avant de réagir.
[(Fin à 13 h 46)]
[QCHRS20040617cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre, de M. Jacques P. Dupuis, leader du gouvernement, et de Mme Line Beauchamp, ministre de la Culture et des Communications Bilan de la session parlementaire Le mercredi 17 juin 2004 (Douze heures trente-quatre minutes)]
[ M. Charest:] Alors, mesdames et messieurs, on est un peu plus
d’un an après l’élection du gouvernement et on peut dire aujourd’hui que le Québec va bien, que le Québec va mieux. Au mois de mai, le taux de chômage au Québec était en baisse pour un cinquième mois consécutif à 8 %, son plus bas niveau depuis 1976. En mai, 3700000 de Québécois occupaient un emploi pour un taux de participation au marché du travail supérieur à 60 %. L’écart du taux de chômage au Québec, 8 % vis-à-vis celui de l’Ontario, qui est à 7 %, est réduit à un minimum historique de 1 %. Le Québec va recevoir en 2004 18,5 % des investissements privés, ce qui représente un sommet qu’on n’avait pas atteint depuis les 12 dernières années. Les fonds étrangers de capital de risque ont investi 10 fois plus d’argent au Québec au cours du premier trimestre de 2004 qu’au cours du premier trimestre de 2003. Après deux années de déclin, les exportations du Québec en 2004 augmenteront de 9 % alors que la moyenne canadienne est de 6 %. Pour la première fois en 30 ans, le Québec a un solde migratoire interprovincial positif. Le Québec affiche aujourd’hui un dynamisme économique impressionnant. Cette session a été marquée par la présentation d’un budget dont nous sommes également très fiers. On a agi dans le sens de nos priorités. Le budget, rappelons-nous-le, a porté à 2200000000 $ le réinvestissement en santé depuis l’élection de notre gouvernement. Et, au cours de la dernière session, il y a 36 nouveaux groupes de médecine familiale qui ont été accrédités. On a conclu deux accords avec les fédérations de médecins omnipraticiens et les fédérations de médecins spécialistes du Québec pour une meilleure répartition des effectifs médicaux en région. On va compléter dans quelques jours la mise en réseau des centres universitaires du Québec, ce qui va représenter un gain majeur en termes de recherche et d’enseignement et d’accessibilité à des soins spécialisés.
Et on a investi 30000000 $ pour aider les familles qui vivent avec l’autisme d’un des leurs ou avec des troubles envahissants du développement de leurs enfants. On a créé les agences et on est en train de les mettre en place, on a presque fini cette partie-là de la mise en oeuvre de nos politiques. Et il y a la mise en réseau du système qui devrait être complétée pendant l’été, on l’espère, au plus tard au mois de juillet.
En éducation, on a investi plus de 700000000 $, comme on s’était engagé à le faire. C’était notre deuxième priorité. On a donc réinvesti. On a tenu la commission parlementaire sur l’avenir de l’enseignement postsecondaire, on a gelé les frais de scolarité, on a fait le Forum sur l’enseignement collégial afin que les cégeps continuent d’assumer pleinement leur rôle, surtout en matière d’enseignement général professionnel et technique, et qu’ils puissent continuer à être des moteurs de développement pour les régions du Québec.
On a aussi commencé à investir dans le développement avec l’aide aux devoirs, 10000000 $, mais également dans l’aide aux enfants en difficulté avec une aide additionnelle de 10000000 $ pour des professionnels qui sont en mesure de venir prêter un coup de main à ces enfants.
Avec ce budget, on a aussi annoncé qu’on va retourner, dès le 1er janvier 2005, 1000000000 $ aux familles avec enfants et aux travailleurs à faibles revenus. Compte tenu des choix, du contexte dans lequel nous sommes, on a fait un choix qui favorise les familles avec enfants et aussi et surtout les familles à bas revenus. Puis on est très fier, entre autres, d’un nouveau programme de prime au travail qui est, quant à moi, une première en Amérique du Nord, qui fait en sorte que ce soit toujours clair au Québec qu’on a intérêt, on a un incitatif à être plein participant dans la société, à travailler plutôt que d’être obligé de se trouver sur un programme de soutien au revenu.
On a donc la famille au coeur de notre action. Et je souligne dans cet esprit la signature d’une entente de principe sur les congés parentaux avec le gouvernement fédéral. C’est un gain majeur pour les parents du Québec et pour les travailleurs autonomes qui auront bientôt droit à des congés parentaux. On veut, somme toute, faire du Québec le meilleur endroit en Amérique du Nord pour vivre, pour prospérer et également pour élever une famille.
Sur le plan économique, on a aussi changé des façons de faire, on a créé un Fonds d’investissement régional de 300000000 $, et on a fondu une multitude de programmes que nous avions à l’intérieur des ministères pour les rationaliser et ramener ça à une dizaine de programmes pour que les gens puissent s’y retrouver plus facilement. On a fait une rationalisation de ces programmes-là. Ça, il fallait le faire de toute urgence, surtout compte tenu de ce que la Vérificatrice générale a révélé dans le dossier de la SGF et, en ce sens-là, on offre maintenant à ceux et celles qui veulent investir au Québec, là, une approche qui est beaucoup plus accessible que ce que nous avions autrefois. D’ailleurs, le rapport Brunet en est le reflet avec ses recommandations pour la révision des mandats des sociétés d’État.
Ce budget véritablement équilibré montre le gouvernement que nous sommes, le Québec de l’ambition et aussi un Québec de compassion. Le Québec va bien, mais ce Québec qui va bien fait face aussi à des défis majeurs. Ces défis, vous les connaissez, c’est celui de l’assainissement des finances publiques mais aussi les changements démographiques.
Et dans la perspective de ces deux défis, on a présenté, au cours de la session, trois pièces maîtresses. La première, c’est le document Briller parmi les meilleurs, là, qui donne le cadre, le plan que le gouvernement actuel propose à la population du Québec, ce plan qui sert de base, là, dans les forums régionaux, et le Forum national qui aura lieu à l’automne. Alors, c’est l’occasion pour nous justement de faire participer le plus grand nombre de citoyens québécois sur la base de ce document à la construction du Québec moderne avec ce contexte de défi.
La deuxième pièce maîtresse, c’est le plan de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale. C’est un plan audacieux, c’est un plan qui est novateur. Je souligne à nouveau les primes au travail qui, à mon idée à moi, là, représentent justement un symbole important et une approche importante, nouvelle de ce qu’on doit faire pour les gens qui ont des problèmes de pauvreté. On veut faire de l’incitation et de la valorisation du travail un moyen concret et stimulant pour briser ce cercle vicieux de la pauvreté. Ce plan, coupé en investissements de 329000000 $ dans le logement social, affirme la détermination de notre gouvernement de lutter contre la pauvreté. Et pour relever le défi des finances publiques et le défi démographique, le Québec aura besoin, il faut le dire, de ses bonnes têtes et de tous ses bras forts si on veut réussir.
La troisième pièce maîtresse, c’est le plan de modernisation de l’État: un plan qui est ambitieux, rigoureux, qui prévoit un redéploiement patient mais déterminé de l’État québécois, avec la création de Services Québec, par exemple, et l’émergence du gouvernement en ligne qui changeront le visage du gouvernement. Et vous avez dû également noter le dépôt du rapport d’Henri-François Gautrin justement sur le déploiement du gouvernement en ligne. Après un an et quelques mois, notre gouvernement affiche des réalisations tangibles. On a repris le contrôle des dépenses publiques qui sont à 2,6 % cette année, elles étaient à 3,3 % l’année… sur une moyenne comparée à une moyenne des quatre années précédentes, qui était autour de 4,3 %. Notre économie va bien. On avait dit qu’on réinvestirait aussi en santé et en éducation, on l’a fait, et les citoyens s’engagent de plus en plus activement dans les débats que nous avons, comme en témoigne le succès des forums de discussions dont va vous parler Line Beauchamp dans une minute, mais après avoir écouté Jacques Dupuis nous parler de la session parlementaire.
[ M. Dupuis: Oui, en termes de travaux à l’Assemblée nationale au cours de la dernière session, disons donc… évidemment, la session n’est pas terminée au moment où nous nous parlons, mais nous avons bon espoir qu’au terme de la session il y aura, en tout et partout, 25 projets de loi qui auront été adoptés. Certains de ces projets de loi là, bien sûr, sont des projets de loi privés, ils sont au nombre de sept. Il y aura aussi, pendant l’ajournement sessionnel, environ une quinzaine de projets de loi qui seront à l’étude, soit en commission parlementaire ou autrement.
Les commissions parlementaires, vous le savez, ont siégé de façon importante au cours de la dernière session. Il y a eu beaucoup de consultations. il y a huit commissions parlementaires qui ont siégé, qui ont entendu 45 groupes qui sont venus se manifester sur l’un ou l’autre des sujets des différentes consultations et, pendant l’ajournement sessionnel, il y aura environ neuf consultations qui se tiendront. Quand je dis «l’ajournement sessionnel», bien sûr, ne soyez pas inquiets, il ne s’agit pas du mois de juillet, mais plutôt du mois d’août, septembre et octobre, avant la reprise parlementaire. Ça me fera plaisir bien sûr de vous donner les détails de ces différents projets de loi là si vous le souhaitez, là, après la conférence de presse.
M. Thivierge (Jean): Line.
Mme Beauchamp: Oui. Moi, je veux tout simplement vous rappeler que, déjà en 2001, le Vérificateur général du Québec, dans son rapport, interpellait le gouvernement du Québec pour lui indiquer qu’il fallait transmettre une information de qualité et permettre des débats non seulement entre parlementaires, mais aussi avec les citoyens du Québec, puisque les enjeux de démographie particulièrement, s’ils n’étaient pas bien campés, pouvaient représenter un risque majeur pour notre société. Également vous rappeler que, l’automne dernier, le chef de l’opposition officielle interpellait également le premier ministre du Québec pour qu’il y ait ce débat sur la démographie.
C’est vraiment dans ce contexte que le premier ministre du Québec a annoncé, il y a quelques semaines maintenant, la tenue des forums Place aux citoyens. Déjà, au moment où on se parle, huit forums ont été tenus dans différentes régions du Québec, avec la collaboration pleine et entière des conférences régionales des élus. Dans quelques heures, nous reprenons l’avion pour Chibougamau et Kuujjuaq où nous allons terminer cette première série de forums. Et donc, 10 forums auront été tenus ce printemps, et les 19 forums seront complétés à l’automne.
Ces forums permettent à des citoyens et des citoyennes, à des leaders, des élus des différentes régions, de s’approprier pleinement ces enjeux auxquels le premier ministre faisait allusion un peu plus tôt, des enjeux fort importants pour l’avenir du Québec. Ces enjeux de démographie, je vous les rappelle, hein. Au moment de la Révolution tranquille, lorsqu’on s’est donné ces grandes missions qui constituent l’État du Québec, nous étions huit personnes en âge de travailler pour une personne à la retraite. Aujourd’hui, nous sommes cinq personnes en âge de travailler pour une personne à la retraite. Or, ça craque un peu de partout. Donc, on est dans une situation où nous sommes, toutes proportions gardées, les plus endettés et, bien sûr, aussi les plus imposés en Amérique du Nord. Mais, dans 20 ans d’ici, nous ne serons plus que – je dis nous, là, enfin, oui, c’est ça – nous ne serons plus que deux personnes en âge de travailler pour chaque personne qui sera à la retraite. Ça fait en sorte, et je vous donne l’exemple du dernier forum qui s’est passé sur la Côte-Nord où, à la fois les citoyens dans la salle ou encore le maire de Sept-Îles, M. Lévesque, ont reconnu donc d’emblée, reconnu ces chiffres, reconnu que ça nous interpellait et que le statu quo n’était pas une option possible et qu’il fallait ensemble que nous fassions des changements au Québec, mais avec des valeurs qui doivent nous guider, ces valeurs de respect des bâtisseurs du Québec, mais aussi des valeurs d’équité envers les générations, je dis futures mais il y en a quelques-uns dans la salle, là, ces générations, où dans 20 ans d’ici, comme travailleurs, on ne sera plus que deux à devoir assumer ces choix collectifs que l’on fait au Québec.
Dans les forums jusqu’à maintenant, beaucoup de discussions et beaucoup de pistes de solution sur les thèmes, par exemple, de conciliation famille-travail, mais surtout et avant tout un grand appel au gouvernement du Québec pour qu’il y ait de la souplesse dans nos façons de faire et permettre vraiment à chaque région du Québec, les citoyens, les élus, les leaders, de pouvoir adapter leurs façons de faire à leurs propres réalités. Ce qui ressort de ces forums, c’est bien sûr, donc, le fait que, pour ces changements qui attendent le Québec, non seulement en ce moment, le gouvernement du Québec a pris ses responsabilités en apportant les changements que le premier ministre vient de vous décrire, mais les citoyens et citoyennes nous interpellent tous, disent que ces changements que doit vivre le Québec interpellent non seulement le gouvernement du Québec, mais également les autres partenaires. Eux, en premier lieu, les citoyens sont vraiment… parlent beaucoup de responsabilité mais également interpellent des partenaires comme le milieu du travail, le milieu des entreprises syndicales, communautaires, ils nous appellent à faire équipe pour qu’on puisse apporter ces changements dont le Québec a besoin.
Et c’est dans ce contexte que, le 29 septembre prochain, le premier ministre du Québec sera assis dans un premier temps – et ça démontre, je pense, de belle façon toute l’importance qu’on accorde aux régions et le fait que l’avenir du Québec passe par chacune de ces régions – le 29 septembre, le premier ministre du Québec sera assis avec un représentant de chacune des conférences régionales des élus pour que ces grandes orientations soient bien campées pour l’avenir de chacune des régions. Et ça se conclura par un forum national qui sera tenu les 13 et 14 octobre prochain où, de nouveau, le premier ministre du Québec, avec également des représentants des différentes formations de l’Assemblée nationale, avec de nouveau chacune des régions, mais également des partenaires que sont le milieu des employeurs, des syndicats, le milieu communautaire, tiendront donc un forum national où là, vraiment, les pistes d’action et chacune des responsabilités pourront être assumées par les différents partenaires, toujours au nom de l’avenir du Québec et de ce souci d’avoir le respect des bâtisseurs du Québec et l’équité envers les plus jeunes qui doivent également assumer ces valeurs collectives dont on s’est dotés.
Le Modérateur: Des questions en français, d’abord Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): M. Charest, la session passée, vous êtes parti dans la tempête, là on sent à peine la brise, est-ce que vous êtes en mesure de me dire si vous aviez commis une erreur à la session passée en adoptant par bâillon des projets de loi qui heurtaient visiblement des groupes sociaux? Est-ce que vous avez réajusté le tir pour cette session-ci?]
[ M. Charest:] Bien, on a eu une première session de gouvernement, l’automne dernier, hein. C’est typique d’une première session de gouvernement, qu’il y ait beaucoup d’activité, et que le gouvernement bouge sur les grands engagements que nous avions pris. Alors, en ce sens-là, je pense que c’est tout à fait normal qu’il y ait eu cette activité, quoique ce qu’on a comme bilan législatif se compare à la session actuelle.
Et là, c’est surtout de la mise en oeuvre, ou beaucoup de mise en oeuvre de politiques qui ont été proposées à l’automne, dont on a été… qu’on a faites pendant les derniers mois. Je pense aux agences sur le plan de la santé, ou mise en réseau du système; changement dans l’organisation du travail, ça se fait aussi. Et les réinvestissements dans le domaine de la santé.
Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est une première année où on a fait beaucoup, beaucoup. Il y a un grand changement qui a marqué la dernière année au Québec, puis on a voulu, nous, faire face aux grands défis. On n’a pas voulu tourner le dos à ça pendant trop longtemps. Le gouvernement précédent a tourné le dos à ces grands défis-là. Nous, on s’est engagés dans une démarche de changement. Et on a voulu aussi, avec la nouvelle année, impliquer le plus grand nombre de citoyens. Là-dessus, je pense qu’on avait raison de faire les forums. Le succès des forums en témoigne également. Mais le but poursuivi, là, c’est de pouvoir mettre à contribution, justement, le plus grand nombre de citoyens dans les changements qu’on est appelés à faire.
[ M. Plouffe (Robert): Une dernière question, si vous me permettez. Un des grands changements va avoir lieu dimanche, M. Charest. Et qu’est-ce que vous dites aujourd’hui aux citoyens qui vont se prononcer dimanche? Est-ce que vous êtes en faveur des grandes villes? Est-ce que vous souhaitez qu’il n’y ait pas de défusions?]
[ M. Charest:] Moi, j’applaudis le retour à la démocratie. Et c’est un débat qui définit, en quelque sorte, le Parti libéral du Québec par rapport aux deux autres partis à l’Assemblée nationale du Québec. M. Landry, lui, continue de dire – il l’a dit encore aujourd’hui, quant à moi – que ce n’est pas les citoyens qui doivent décider de l’avenir de leur communauté, c’est Québec. Si c’était lui qui était au gouvernement, il ferait comme ils ont fait dans le passé. Il n’exclut pas la possibilité même de faire des refusions puis de recommencer ce qu’il a fait dans le passé.
Moi, je pense que dimanche prochain, là, ce qu’on va vraiment marquer dans le calendrier, c’est le fait que jamais, à l’avenir, un gouvernement québécois n’osera faire ce que le gouvernement du Parti québécois aura fait, en piétinant les droits des citoyens sur ce choix d’avenir pour leur communauté. Et moi, je suis heureux qu’on ait retrouvé, qu’on ait rétabli ce droit, puis ce sera aux citoyens, chacun dans leur communauté, selon les circonstances de chacune des communautés, à faire le meilleur choix possible.
On a dit qu’on établirait un environnement dans lequel ils auraient un choix éclairé. On l’a fait. On a respecté notre engagement. J’ai dit qu’on était favorables, qu’on avait un préjugé favorable aux grandes villes. Et là, maintenant, c’est à chaque citoyen de porter son jugement.
[ M. Thivierge (Jean): Josée Thibeault.
Mme Thibeault (Josée): …questions. La première sur votre bilan de session. Si je regarde les 25 projets de loi qui ont été déposés, ce n’est pas très lourd en termes de législation, c’est… il n’y en a… ce n’est pas très consistant, si on peut dire, mais les principaux changements, ça va être cet automne. Le «no fault», la Loi sur la pauvreté, la politique familiale, le Commissaire à la santé. Bref, pourquoi avoir poussé tout ça en avant? Est-ce que c’était pour calmer le jeu, compte tenu de l’automne quand même assez difficile que vous avez passé?]
[ M. Dupuis: Oui. Une partie de la réponse, Mme Thibeault, ou enfin une partie de votre question peut se répondre de la façon suivante. Moi, je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous sur votre analyse des projets de loi qui ont été déposés à cette session-ci. Notamment, il y a eu la Loi sur l’immigration, qui est encore en train de se débattre à l’Assemblée nationale au moment où on parle et qui est une loi extrêmement importante. D’ailleurs, vous l’avez noté, là, au cours des débats qui ont eu lieu. Il y a des projets de loi qui sont extrêmement importants pour la population, pour les citoyens. Là, vous allez dire que je prêche pour ma paroisse, mais, avant de prêcher pour ma paroisse, je vais parler du projet de loi sur les artistes professionnels, de la ministre de la Culture, qui est attendu par le milieu, bien sûr.
Puis là, je vais prêcher pour ma paroisse: on a créé pour le justiciable des postes de juge de paix. Ça, ça va être des services qui vont être améliorés en région pour les justiciables. Le Code des professions va être amendé pour permettre qu’un professionnel qui est dans un état physique ou psychique difficile ne puisse plus pratiquer, là. Ça, c’est un projet de loi pour la protection du public.
Alors, il y a des projets de loi, plusieurs projets de loi qui ont été déposés qui sont de nature à favoriser les citoyens, favoriser le service aux citoyens, favoriser le traitement que les citoyens reçoivent de la part de l’État. Et, en ce sens-là, vous savez, c’est vrai qu’il y a des projets de loi qui sont plus mineurs puis il y a des projets de loi qui sont majeurs, mais, quand tous les projets de loi ont pour but… ou, en majorité, les projets de loi ont pour but d’améliorer le sort des citoyens, ce n’est jamais mineur.]
[ M. Charest:] Moi, j’ajouterais qu’il faut faire un examen de ce qui a été mis sur la table dans la session actuelle, parce qu’il y a là-dedans des changements de fond très importants. Et je vais vous donner un exemple: la modernisation de l’État, ça a été somme toute bien reçu. Je pense que la vaste majorité des gens qui analysent tout ça voient très bien que, au Québec, il faut que nous puissions changer nos façons de faire et que, dans cet esprit-là, il fallait prendre le temps de faire le travail de fond. Et Mme Monique Jérôme-Forget avait le mandat de le faire, elle l’a fait et donc elle a déposé… Mais il fallait le faire! La même chose pour le document qu’on a titré Briller parmi les meilleurs, là, c’est un document important, parce que ça dit où on s’en va, de quelle façon on propose d’y arriver, puis ça nous permet de recevoir de la part des citoyens du Québec leurs contributions à ce plan-là. Le plan de lutte à la pauvreté, ce n’était pas une affaire, ça, qui se réglait, là, juste en votant une loi, encore fallait-il donner à cette loi les outils, les décisions, les ressources nécessaires pour y arriver. Qu’on pense à l’assurance parentale. En tout cas, quand on fait le bilan… La Loi sur l’immigration – puis là j’en saute, là – le budget qu’on a livré, les primes au travail, les familles à faibles revenus, les familles avec enfants, le dépôt du document de Claude Béchard, hier, sur la conciliation travail- famille, je pense qu’il y a beaucoup de gens qui en viendraient à la conclusion qu’il y a là un gouvernement qui est très actif, hyperactif, peut-être. Mais il faut dire qu’il y a des dossiers qui avaient été mis de côté pendant très longtemps. L’autre gouvernement refusait, ou en tout cas, choisissait de ne pas faire face à ces problèmes-là, puis nous, on a pris tout ça et on a décidé d’agir, mais c’est pour ça qu’on bouge beaucoup dans ces affaires-là.
[ Mme Thibeault (Josée): Je vais y aller avec ma deuxième question, qui traite des élections fédérales: S’il y a un vide de représentation conservatrice, par exemple – parce que c’est un risque réel, au moment où on se parle – est-ce que vous seriez ouvert à l’élection de sénateurs, comme ça s’était fait?]
[ M. Charest:] Je ne veux même pas faire d’hypothèses sur l’élection fédérale. Alors, je vais laisser le soin aux gens d’écouter les débats puis de voter, le 28 juin prochain. Et les citoyens du Québec, comme ailleurs, font leurs choix, puis nous, on va vivre avec ça.
[ M. Thivierge (Jean): Gérard Deltell.
M. Deltell (Gérard): M. le premier ministre, deux questions. Dans la foulée des élections fédérales, vous ne pensez pas qu’il serait temps qu’il y ait des leaders fédéralistes qui se lèvent puis qui disent: Avec le bilan actuel – un parti qui reconnaît le déséquilibre fiscal, un autre qui ne le reconnaît pas… Et vers la possibilité d’un gouvernement conservateur sans député du Québec, il ne serait pas temps qu’un leader fédéraliste se lève puis dise: «O.K., les boys, si on croit au Canada, on vote conservateur»?]
[ M. Charest:] Moi, mon rôle, comme premier ministre du Québec, c’est d’identifier des enjeux qui touchent les intérêts immédiats des citoyens et citoyennes du Québec. Et je suis allé plus loin qu’aucun autre premier ministre du Québec aura fait dans le passé, parce qu’on a mis à contribution le Conseil de fédération pour que ce soit non seulement les Québécois qui soient parmi ceux et celles qui posent les bonnes questions, mais que tous les autres citoyens, ailleurs, puissent être les bénéficiaires de ce débat. Pour moi, c’est très important, dans la suite des choses, parce que là, on se donne beaucoup plus de chances d’atteindre nos objectifs et de pouvoir défendre les intérêts des citoyens du Québec, quand on est capables de justement travailler avec des alliés, sur des enjeux qui nous touchent de près.
Alors moi, mon rôle, je l’ai rempli. Je suis très fier du leadership que le Québec a pu jouer sur ces questions-là. Aux leaders fédéraux, maintenant, d’y répondre, puis aux citoyens de porter leurs jugements. Et dans la suite des choses, la volonté qu’on a exprimée avant l’élection sur ces questions-là ne se sera pas dissipée, et ce qu’on aura réussi à souder chez les premiers ministres, partout au Canada, ne disparaîtra pas le lendemain non plus. Ça, c’est un débat qu’on a fait, c’est maintenant un acquis, puis on va continuer sur cette lancée-là.
[ M. Thivierge (Jean): …
M. Deltell (Gérard): Deuxième…
M. Thivierge (Jean): Oui.
M. Deltell (Gérard): Deuxième question peut-être plus technique: Est-ce que vous vous dirigez vers un remaniement ministériel? Il y a des élections complémentaires, il y a trois comtés vacants, actuellement. Vers quoi se dirige-t-on?]
[ M. Charest:] Il n’y a pas de plan de remaniement ministériel, non.
[ M. Deltell (Gérard): Même pas pour l’automne?]
[ M. Charest:] Non.
[ M. Deltell (Gérard): Et concernant les élections complémentaires? il y a trois comtés vacants.]
[ M. Charest:] Oui. Bien, là, on va, le plus rapidement possible, là, prendre une décision sur les partielles. La première partielle, je crois que la date butoir est autour du 9 septembre, si ma mémoire est fidèle, donc on va probablement s’aligner autour de cette date butoir. Mais on va essayer, le plus rapidement possible, de combler les postes qui sont vides.
[ M. Deltell (Gérard): Pour les trois simultanément? Les trois?]
[ M. Charest:] Logiquement, oui, hein, tant qu’à en avoir trois, je pense que c’est probablement de bonne augure qu’on puisse les faire en même temps.
[ Mme Richer (Jocelyne): Oui. M. Charest, vous avez fait de la santé votre priorité numéro un durant la campagne électorale…]
[ M. Charest:] Oui.
[ Mme Richer (Jocelyne): …et vous aviez identifié les listes d’attente comme votre ennemi numéro un. Pourtant, les listes d’attente continuent de s’allonger, et il n’y a pas un mot sur ce sujet dans votre bilan. Pourquoi?]
[ M. Charest:] Les délais d’attente qui sont… parce que les listes, ça peut se définir différemment, c’est notre première priorité, ça va continuer à l’être. On est les seuls, à ce que je sache, à l’Assemblée nationale à le dire puis à le répéter parce qu’on y croit profondément. Puis, quand on fait le bilan des défis que nous avons, entre autres les pénuries d’effectifs médicaux… Parce que le premier problème qu’on a au Québec, c’est une pénurie d’effectifs médicaux, pas juste de médecins, là, d’infirmières, de technologues, d’administrateurs partout au Québec. D’ailleurs, j’ai trouvé incroyable aujourd’hui qu’au Parti québécois on affirme qu’il n’y a pas de pénurie. Ça, il faut vraiment, là, vivre sur une autre planète pour dire une affaire comme ça. J’ai hâte qu’ils aillent annoncer ça en Mauricie puis dans le Centre-du-Québec puis dans les régions du Québec qu’il n’y a pas de pénurie.
Alors, je ne sais pas si eux autres pensent que les statistiques, ça soigne le monde, mais je peux vous dire que, dans la réalité de tous les jours, il y a des pénuries. Puis rappelons-nous pourquoi, parce que, à deux niveaux, il y a eu des erreurs. Non seulement il y a eu les mises à la retraite, il y a eu les coupures de faites dans les facultés de médecine puis dans les cours de sciences infirmières. Alors, conjugué, là, ça nous a créé… Puis on vit les années, actuellement, où il y a les plus petites cohortes de gradués qui arrivent sur le marché, on a ça en ce moment dû aux décisions antérieures.
Parlons un petit peu du grand défi, parce que c’est un gros défi pour nous autres. En même temps qu’on veut s’attaquer aux délais d’attente, on a une population vieillissante, puis, dans certains cas, le groupe, les gens qui demandent des soins, le nombre de personnes augmente. Je suis allé voir un petit peu comment on progressait de ce côté-là, puis là ça fait l’objet d’un effort constant. Les données actuellement disponibles confirment qu’on atteint nos objectifs dans beaucoup de cas. Pour toutes les catégories de chirurgies, on note un accroissement. Alors, on opère plus qu’on opérait il y a un an. Il y a eu 1 933 interventions de plus en hémodynamie puis en angioplastie, 5 787 interventions de plus pour la cataracte, 910 pour l’arthroplastie du genou, 484 pour le remplacement de la hanche. Ces résultats ont été obtenus tout en augmentant le niveau de production pour les autres chirurgies. En effet, pour la même période, le nombre de chirurgies d’un jour a augmenté de 11 586, puis le nombre total de chirurgies avec hospitalisation s’est accru de 7 436. Dans le cas particulier de la chirurgie cardiaque, on note en plus une diminution de près de 50 % du nombre de patients hors délai.
Je vous souligne en passant que, s’il y en a encore qui sont hors délai, c’est de trop. Qu’il y en ait un, deux ou trois, c’est encore de trop, mais il y a une amélioration.
[ Mme Richer (Jocelyne): Dans les salles d’urgence?]
[ M. Charest:] Bien, dans les salles d’urgence aussi, il y a eu des améliorations. Là-dessus, il peut y avoir des moments, il y a des journées ponctuelles où il peut y avoir des dépassements, mais il y a eu des améliorations.
Alors, pour renforcer la première ligne, il y a 84 GMF qui ont été créés ou qui sont en cours d’accréditation. On estime qu’il y a 1400000 personnes qui seront couvertes par les GMF. Puis, au niveau des soins à domicile, le maintien à domicile pour les personnes âgées en perte d’autonomie, sur une base annuelle, c’est 11 500 personnes de plus qui auront reçu des services de maintien à domicile, soit une augmentation de 9 % comparativement à l’an passé. Et si on met ça sur une base annuelle, le nombre d’interventions auprès des personnes âgées en perte d’autonomie aura augmenté de 69000, soit une augmentation de 2,5 %. Alors, vous voyez qu’on a fait… Puis je pense aux troubles envahissants du développement pour lesquels j’avais un intérêt particulier quand on était dans l’opposition, où on a réussi à agir grâce, d’ailleurs, à l’ingéniosité des Québécois. La création d’un programme à l’Université Laval, l’Université de Montréal, à la mise en place de services, ça, c’est une chose dont on est très, très fiers parce que les Québécois ont démontré à quel point, sur un défi comme celui-là, on était capables de se revirer de bord rapidement.
Alors, les listes, vous voyez, c’est une chose, parce que ça peut s’allonger si le nombre total de gens qui demandent des soins augmente. Mais on opère plus, on avance plus, puis notre objectif, c’est de vraiment se centrer sur les délais hors normes. Quand c’est des délais hors normes, bien là on fait des efforts pour les réduire, ces délais-là, au maximum.
[ M. Thivierge (Jean): Claude Brunet. M. Brunet (Claude): En matière d’environnement, M. Charest, est- ce que M. Mulcair, actuellement, fait preuve d’imprudence en vantant les mérites de l’exportation d’eau potable?]
[ M. Charest:] Je n’ai aucune crainte sur le débat qu’on aura sur l’eau; aucune, mais absolument aucune, parce qu’il n’a jamais été question d’exportation massive d’eau. Moi, j’ai fait ce débat-là au fédéral, je l’ai fait chez nous.
Là-dessus, le gouvernement veut par contre qu’on puisse avoir un débat sur l’eau potable parce que ce n’est pas une ressource qui est gratuite et ce n’est pas inépuisable. Il y a encore trop de gens qui pensent que l’eau, c’est une ressource inépuisable au Québec alors que ce ne l’est pas. C’est renouvelable, mais ce n’est pas vrai qu’on peut gaspiller l’eau sans, un jour, en payer le prix. Alors, c’est normal qu’on puisse l’avoir.
Moi, je ne trouve pas normal, par exemple… D’ailleurs, j’ai entendu le député de Lac-Saint-Jean le dire à l’Assemblée nationale, qu’il n’y ait pas de redevances lorsqu’il s’agit de faire du captage d’eau pour la revendre. Alors, le débat que nous propose M. Mulcair, c’est un débat important.
[ M. Brunet (Claude): …une autre question. On a vu dans le passé d’autres chefs de parti devoir démissionner parce que leur formation était en perte de popularité. Est-ce que vous commencez à sentir la pression dans votre dos?]
[ M. Charest:] Pas du tout. Moi, ça va très bien, je n’ai jamais si heureux. Le Québec va bien, le Québec va mieux. On s’est fixé un plan très ambitieux de changement au Québec, et c’est des changements, on le sait, qui peuvent peut-être déranger certaines personnes, mais c’est des changements qui sont nécessaires puis on va faire tous les efforts nécessaires, nous, pour que le plus grand nombre de citoyens puissent participer à ce qu’on est en train de faire, mais on y croit profondément, et les chiffres qui m’intéressent, c’est ces chiffres-là. Moi, les chiffres qui m’intéressent aujourd’hui, là, c’est le fait qu’on soit à 8 % de taux de chômage, que l’écart entre le Québec et l’Ontario soit à son plus bas niveau historique, qu’il y ait plus de monde qui travaille aujourd’hui que presque jamais auparavant, qu’on réussit à repartir les exportations, que l’investissement privé au Québec progresse de 11 %. Ça, c’est les chiffres qui m’intéressent, ça, ça parle de vraies choses, de vraie vie. Un programme de prime au travail, c’est des vraies choses, un programme d’assurance parentale, c’est votre vie à vous, c’est la vie de plusieurs parents, la création de places en garderie, ça, c’est quelque chose qui fait une différence dans la vie des gens.
[ M. Thivierge (Jean): Bon, je m’étais inscrit. Alors, écoutez, je reprends sur ce que vous venez de dire. M. Charest, vous dites: le Québec va bien, mais il n’en demeure pas moins, vous dites: ça, c’est les chiffres qui m’intéressent, mais depuis six mois, les trois quarts des Québécois disent qu’ils sont insatisfaits ou très insatisfaits de votre gouvernement. Le Québec va bien, mais les Québécois ne sont pas au courant.]
[ M. Charest:] Je me fie sur vous.
[ M. Thivierge (Jean): Non, mais il y a un problème, M. Charest, de toute évidence, là. Je comprends…]
[ M. Charest:] Oui, M. Thivierge, vous n’êtes pas pour faire des reproches à vos collègues aujourd’hui parce que vous êtes assis en avant, là, si je comprends le sens de votre intervention. Les Québécois… Moi, ce que je souhaite, c’est que les Québécois puissent participer autant que possible et le plus grand nombre possible dans les débats que nous sommes en train de faire. Et les chiffres qui m’intéressent, c’est comme je l’ai dit il y a une minute, c’est vraiment les chiffres qui nous indiquent que le Québec va bien, va mieux, qu’on est en train de progresser. Et ça, dans la mesure où ça touche directement la vie des gens, moi, c’est ce qui compte.
[ M. Thivierge (Jean): Une deuxième question quant à moi, sur les défusions. Vous êtes allé voter par anticipation…]
[ M. Charest:] Oui.
[ M. Thivierge (Jean): …discrètement. Vous avez dit auparavant, vous le redites encore aujourd’hui: On souhaite le succès des grandes villes. Mais ce n’est pas une prise de position très, très costaude, et on n’a pas l’impression de voir une marque de courage politique quand le premier ministre s’en va voter par anticipation discrètement sans le dire à personne.]
[ M. Charest:] Si vous vous posez cette question-là, je suis très heureux que vous puissiez la dire à voix haute parce que ça va me permettre de donner une réponse très personnelle. Moi, ma famille m’ont informé que, le jour de la fête des Pères, on n’allait peut- être pas être à Montréal, alors c’est pour ça qu’on est allés voter. C’est simple comme ça. Voyez-vous, des fois, c’est banal comme ça, dans la vie. Mais vous avez votre réponse.
[ M. Thivierge (Jean): Merci. Alors, suivant: Robert Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert): Oui. Vous dites que le Québec va mieux. Justement, on se demande si le gouvernement, lui, Charest, votre gouvernement va mieux. Vous avez quand même amorcé, durant cette session-ci, un changement dans le ton, en nous disant que vous alliez consulter, etc.
Est-ce que pour vous, justement, vous avez réussi à revirer le navire, là, alors que le constat, à la fin de la dernière session, était assez difficile pour vous?]
[ M. Charest:] Les gens nous ont certainement dit qu’ils voulaient qu’on les fasse participer davantage, puis on a répondu à cet appel-là, d’où les forums. Et la meilleure personne pour vous dire la façon dont ça se déroule dans les forums, c’est Line Beauchamp.
[ Mme Beauchamp: Bien, M. Dutrisac est venu assister à un forum, donc il le sait fort bien.]
[ M. Charest:] Oui, c’est vrai.

[ Mme Beauchamp: Donc effectivement, je crois que les citoyens et citoyennes participent de belle façon. Juste vous faire remarquer que dans les huit forums tenus jusqu’à maintenant, sans aucune exception, les 60 à 65 citoyens invités, sélectionnés, ont été présents et ont participé, tout au long de la journée, aux débats sur les enjeux de démographie et de finances publiques.
Et effectivement, je le répète, autant le gouvernement du Québec a pris ses responsabilités pour amorcer ces changements qui étaient nécessaires – et le plan de modernisation de l’État a été rendu public, le document Briller parmi les meilleurs, en pleine transparence – autant maintenant, effectivement, les débats se font à la lumière de la responsabilité de chacun – citoyens, employeurs, travailleurs, gouvernement – dans ces changements qu’attend le Québec dans le futur.
M. Dutrisac (Robert): J’aurais une deuxième question: Les négociations dans cette offre publique s’amorcent et rentrent véritablement dans une période active, là. On sait que pour un gouvernement, n’importe lequel, c’est une période qui est difficile, c’est une période qui entame la popularité d’un gouvernement. Est-ce que… Quels risques le gouvernement coure-t- il avec ces négociations dans le secteur public?]
[ M. Charest:] Il faut être patient. Il faut être patient, puis nous le sommes. Et j’ai vu, d’ailleurs, que ce que nous avions proposé avait été bien reçu par certains éditorialistes – je ne les nommerai pas, au cas où vous les connaissez – et en ce sens-là, on est très conscients du fait qu’il faudra être patient, qu’il y aura beaucoup de discussions. Et je pense que la population fait la part des choses, aussi, la population comprend, parce que ce n’est pas la première fois qu’on vit des négociations, qu’il va y avoir beaucoup de tractations d’ici ce temps-là. Mais nous, on a présenté un cadre financier, on a fait ça de façon très ouverte, puis je m’attends à ce que ça se passe correctement.
[ M. Thivierge (Jean): Dernière question en français, Michel Corbeil.
M. Corbeil (Michel): D’abord, pour enchaîner sur la question de mon collègue, on a les négociations qui se dirigent un peu, un peu beaucoup, là, vers un cul-de-sac; on a également le lancement de l’Agence des PPP. Est-ce qu’on doit en conclure que les ponts sont toujours difficiles à établir avec les syndicats?]
[ M. Charest:] On a des contacts constamment avec les leaders syndicaux. Moi, quand ils font appel à moi, je leur parle. On discute. On l’a fait en début d’année, en passant. Dès le début de la nouvelle année 2004, j’ai rencontré les principaux chefs syndicaux puis on leur a parlé de comment on voyait la prochaine année. Ça a été une très bonne rencontre. Avec mon bureau, avec le gouvernement, avec les ministres, il y a plusieurs contacts et ça va continuer à être comme ça, peu importe les circonstances, parce que, bien au-delà du contexte, là, ponctuel de négos où on ne négocie pas ou de lois, nous, on a une responsabilité. C’est de travailler avec ces gens-là puis on y croit profondément, puis on va toujours être à la hauteur de notre responsabilité.
[ M. Corbeil (Michel): Pour terminer sur les élections fédérales, vous avez parlé de finances publiques. Une des difficultés, c’est évidemment le déséquilibre fiscal. S’il y a un gouvernement minoritaire ça aiderait la cause des provinces?]
[ M. Charest:] On a beaucoup débattu du déséquilibre fiscal dans la campagne fédérale. C’était l’objectif qu’on s’était fixé, non seulement nous, Québécois, mais de faire en sorte que ce soit un enjeu qui soit partagé ailleurs au Canada, parce que si on veut que le Québec puisse obtenir les résultats que nous recherchons, il faut que, ailleurs aussi, ça devienne un enjeu, et, en ce sens-là, on a fait déjà un pas très important.
Maintenant, le lendemain de l’élection, peu importent les circonstances, les gens auront eu l’occasion de se prononcer. Que ce soit majoritaire ou autrement, l’enjeu va être là, et les questions que nous aurons posées ensemble, tous les premiers ministres de tous les gouvernements du Canada sauf le fédéral évidemment, ne disparaîtront pas le lendemain de l’élection. L’enjeu est vraiment campé. Ça devient incontournable pour quiconque formera le prochain gouvernement fédéral.
[ Mme Thibeault (Josée): Vous partez en voyage cet été?]
[ M. Charest:] Bien, on négocie dans la famille un voyage, mais c’est des longues discussions, parce que, voyez-vous, la démocratie, c’est en famille aussi.
[ M. Delisle (Norman): Il paraît que vous allez en Russie.]
[ M. Charest:] Il était question d’un voyage en Russie, mais ça faisait partie des projets, parce qu’on a débattu des endroits où on veut aller, puis la famille s’intéresse beaucoup à la culture puis la politique, mais…
[ M. Corbeil (Michel): Êtes-vous minoritaire?]
[ M. Charest:] Oui, je suis actuellement… Non, je ne suis pas minoritaire, mais il y a plusieurs propositions sur la table. Merci beaucoup. Bonnes vacances!
[(Fin à 13 h 19)]
[QCHRS20040929cp]
[Conférence de presse M. Jean Charest, premier ministre du Québec Le mercredi 29 septembre 2004 (Seize heures vingt-huit minutes) ]
[ M. Charest:] On a fait les introductions ce matin, mais très rapidement M. le ministre Audet, M. le ministre Fournier, Jacques Pelletier de Chaudière-Appalaches, Robert Poirier, que vous connaissez déjà très bien, Gilles Vaillancourt, qui est avec nous également, M. Lagacé, Maurice Richard, Nathalie Normandeau, M. Shedleur, Mme Beauchamp. Merci beaucoup d’être venus, c’est terminé.
Mais aujourd’hui on a eu une rencontre qui a été précédée, vous le savez, par une consultation qu’avait faite Mme Normandeau, les forums régionaux, qui ont mis à contribution cette nouvelle institution qui a été créée avec la loi n 34, la conférence régionale des élus, qui a été mise au monde au mois d’avril et qui rapidement s’est vu confier le mandat d’organiser les forums. On voulait envoyer un signal, en agissant ainsi, qui disait l’importance qu’on accorde à la Conférence régionale des élus, et aujourd’hui c’était l’occasion de faire le bilan des forums et de prendre un premier contact avec les présidents des conférences régionales pour parler de la décentralisation, la régionalisation, l’adaptation et les partenariats. Et, suite aux discussions de la journée, bien on a conclu une première entente à l’effet qu’on va négocier un protocole d’ici les 12, 13 et 14 octobre prochain sur les principes qui vont nous guider dans cette nouvelle mouvance, sur également les façons dont on va procéder par la suite. On va procéder par la Table Québec-municipalités, sur la question de la décentralisation. Pourquoi cette table-là? Parce que c’est au niveau municipal que se trouvent actuellement les pouvoirs de taxation, et c’est donc à cette table-là que nous allons travailler avec, en appui, la Table Québec-régions. Il y aura une deuxième table, la Table Québec-régions, qui aura en appui la Table Québec- municipalités sur les questions de régionalisation, d’adaptation et également de partenariat.
Je souligne en passant que la Fédération québécoise des municipalités et l’UMQ seront également mises à contribution dans cet exercice-là, qu’il y a un comité de cabinets qui sera formé pour la question de la décentralisation et la régionalisation, présidé par Jean-Marc Fournier et dont la vice-présidente sera Nathalie Normandeau. Et donc on a, après 30 ans de discussions, on a mis en branle, on a mis en oeuvre une démarche de décentralisation qui va se traduire par des gestes concrets. L’objectif pour nous, ce n’est pas essayer de tout faire en même temps, mais c’est de vraiment actualiser, là, ce que représente pour nous un mouvement vers les régions puis un rapprochement avec les citoyens des régions du Québec. Et je pense que c’est… je ne le pense pas, je le crois fondamentalement, que c’est significatif que…
[ Journaliste: M. Charest…] [ M. Charest:] Si vous me permettez, je vais conclure rapidement – je sais que le temps compte – puis M. Vaillancourt va dire un mot, je crois, puis ensuite vous pourrez poser vos questions. Tout ça pour vous dire, en terminant, qu’il y a une fenêtre qui s’ouvre et qui représente pour nous une occasion unique dans l’histoire d’avancer sur ce chemin-là, et je veux réitérer devant mes collègues que le gouvernement est très déterminé, que ça rejoint nos convictions profondes et que nous voyons là-dedans une occasion de faire avancer le développement du Québec. M. Vaillancourt.
[ M. Vaillancourt (Gilles): Alors, je voudrais vous dire, au nom de mes collègues et le président, que finalement nous avons un projet commun, un projet qui est à la fois intéressant, emballant, qui est ambitieux, qui pourra se réaliser à la mesure de chacune des régions. Autrement dit, ce n’est pas un projet d’application universelle, mais c’est un projet dans lequel chaque région serait capable de faire valoir sa différence, enrichissant ainsi le tissu général du Québec. Ce qui a vraiment déclenché notre enthousiasme, c’est que ce n’est pas uniquement un projet ministériel, c’est un projet gouvernemental, c’est un projet qui fait en sorte que le premier ministre nous a indiqué que c’est une volonté gouvernementale d’aller dans cette direction-là.
Alors, dans le passé, nous avions connu une décentralisation au moins du discours, très peu de possibilités de vraie décentralisation, parce que c’étaient des projets ministériels. Et peu importe la qualité des ministres, quand c’est un projet ministériel, ce n’est pas la même chose qu’un projet gouvernemental. Alors, aujourd’hui ce qui nous a rassurés, ce qui nous a emballés, c’est que c’est un projet gouvernemental. La modernisation de la gestion en région, l’adaptation, la décentralisation, c’est des choses auxquelles nous avons consacré beaucoup de temps dans le passé, et maintenant on a un projet. C’est ce qui nous satisfait.
Journaliste: M. Charest, la décentralisation, ça fait longtemps qu’on en parle, ça fait longtemps que c’est promis et que c’est réclamé, mais, en termes concrets, ça veut dire pour les régions plus d’argent. Pas nécessairement plus de subventions, des programmes à terme, là, mais plus de moyens, par exemple des redevances sur les ressources naturelles pour les régions ressources. Est-ce que vous êtes prêt à aller jusque-là dans ce protocole, d’ici à la mi-octobre, mettre sur la table des moyens financiers?] [ M. Charest:] Tout va être sur la table, et c’est la raison pour laquelle on a formé cette Table Québec… c’est-à-dire, elle existe déjà, la Table Québec-municipalités, il faut s’entendre, mais on envoie le dossier de la décentralisation à cette table-là parce que le pacte fiscal qui actuellement est appliqué va arriver à expiration en décembre 2005, et donc c’est opportun pour nous de s’asseoir pour rediscuter maintenant de l’application du pacte fiscal dans un contexte de décentralisation et de ressources financières.
Le ministre des Finances va participer directement aux discussions, alors ce n’est pas juste les ministres qui sont directement concernés par les régions, et ça, ça témoigne du fait qu’on va tout mettre sur la table, on va regarder des scénarios, incluant celui des redevances sur les ressources naturelles.
[ Journaliste: J’aimerais entendre au moins deux présidents de CRE là-dessus, pas des régions ressources parce qu’on connaît assez bien leurs demandes, mais une région comme Laurentides ou Chaudière- Appalaches. Quels sont les moyens financiers que vous demandez pour assumer votre plus grande autonomie?
M. Poirier (Robert): Vous savez que ça fait plusieurs années que les Laurentides… mais pas juste les Laurentides, toutes les régions demandent la décentralisation. Il faut comprendre, quand on parle des Laurentides, on est aussi une région ressource. La Hautes- Laurentides, c’est une région ressource. Alors, à même les Laurentides, on a tous les problèmes du Québec, à même les Laurentides, et c’est pour ça que c’est motivant aujourd’hui. On ressort de cette rencontre-là très motivés parce que c’est un projet commun, c’est un projet de société où l’objectif, c’est de mieux servir nos citoyens. Et, à partir du moment que les principes de base sont très clairs pour tout le monde, puis c’est une adhésion de toutes les régions du Québec, c’est très, très motivant.
La Modératrice: Norman Delisle.
M. Delisle (Norman): M. Charest, qu’est-ce que les régions du Québec ont ce soir qu’elles n’avaient pas ce matin?]
[ M. Charest:] Elles ont un projet qui s’adresse directement à notre volonté de donner aux citoyens des régions plus de pouvoirs puis plus d’outils pour leur propre développement. Et ça, bien on a travaillé depuis l’élection du gouvernement pour arriver au point où on est ce soir, où là on va maintenant actualiser, on va donner forme à cette volonté politique qui a été clairement énoncée. Alors, moi, je pense que – je me mets à la place des citoyens – ça ne change pas les choses du jour au lendemain, mais je peux vous dire que ça change les choses comme jamais on l’aura fait auparavant, dans la mesure où on s’est donné un plan de travail qui va réussir et qui est fondé sur des constats qui sont partagés par tout le monde, et qui sont d’abord… et fondés sur une volonté politique d’aller jusqu’au bout de notre démarche, ce qu’on n’a pas eu pour toutes sortes de raisons dans le passé. M. Vaillancourt, vous alliez ajouter un commentaire?
[ M. Vaillancourt (Gilles): Je dirais qu’à votre question extrêmement intéressante: Quels seront les nouveaux revenus… Je vous dirais: D’abord, on va faire un premier exercice, déterminer ce que nous allons décentraliser et déterminer quelle est la valeur de la contrepartie dont on a besoin, et ensuite on regardera les différentes sources qui vont nous permettre de satisfaire ça. Alors, il y a un travail d’abord à faire, là.
Journaliste: Les points d’impôt, par exemple? Pourriez-vous demander…

M. Vaillancourt (Gilles): Regardez, madame, ça pourrait être n’importe quoi. On ne mentionnera rien de particulier. Je vous dis, il y a un premier travail à faire.
Journaliste: M. Charest, les deux grands défis que vous vous êtes fixés lorsque vous avez lancé vos forums régionaux, c’étaient démographie et finances publiques. En quoi la décentralisation vers les régions représente une solution à ces deux grands problèmes auxquels la société québécoise doit faire face?]
[ M. Charest:] Je vais prendre un exemple, le domaine de l’éducation et l’avenir dans nos écoles de villages, dans un contexte de démographie et de finances publiques. Quand on fait le tour du Québec, là, avec justement le niveau de natalité, le phénomène de dénatalité, il y a un questionnement sur l’avenir d’un certain nombre d’écoles. Ça rejoint les préoccupations des municipalités qui, elles, veulent la présence d’une école pour assurer leur développement et aussi le fait que les ressources financières sont limitées. Ça nous amène vers quoi ultimement? À examiner nos façons de faire dans la façon de gérer nos écoles et nos services municipaux, nos services de loisirs, nos services communautaires, et là je pourrais vous décliner ça dans toutes sortes d’exemples.
Alors, dans le concret, là, si on cherchait un domaine d’activité qui touche la vie des citoyens, c’est probablement un très bon exemple.
[ Journaliste: C’est écrit derrière vous Place aux citoyens. On a l’impression aujourd’hui qu’on n’a pas beaucoup entendu les citoyens, qu’on a beaucoup plus entendu les élus municipaux et les élus régionaux. Avez-vous l’impression qu’il va y avoir de la frustration de la part des citoyens après l’exercice d’aujourd’hui?
M. Poirier (Robert): Regardez, dans le forum des discussions qu’on a eu au cours de toute l’année, en tant que président de CRE des Laurentides, j’ai simplement écouté, je n’ai pas parlé à ces forums dans les Laurentides.
Journaliste: Mais vous avez négocié à huis clos?
M. Poirier (Robert): Regardez bien, j’ai écouté. On a eu un rapport qui a été endossé par tous les leaders des Laurentides, et aujourd’hui il faut comprendre que la réalité de chacune des régions va être respectée. C’est ça qu’on recherchait. Chacune des solutions à un problème va être amenée à même la région, c’est ça qu’on recherchait. Alors, quand on dit, est-ce que le citoyen est interpellé directement… Parce qu’il est venu avec des solutions, on a pris bonne note, et aujourd’hui on a l’aval du premier ministre comme quoi que ces solutions-là pourront être appliquées chez nous. Essai, erreur, mais on va les appliquer.
Journaliste: M. Charest, plus de pouvoirs, plus d’outils pour les régions, mais en pratique qu’est-ce que ça signifie? Par exemple quoi?]
[ M. Charest:] Ça veut dire, dans la modulation de programmes par exemple, plus de souplesse pour qu’une région puisse livrer, selon des normes qui sont adaptées, des programmes, comme le programme FIER, un programme de développement économique régional où il y aura des fonds de rendus disponibles. M. Audet planche là-dessus actuellement. Ça va se faire en collaboration avec Fondaction, avec le Fonds de solidarité de la FTQ, avec le Mouvement Desjardins. Et ce qu’on veut, c’est un instrument, un outil où les citoyens des régions auront davantage d’emprise dans la façon dont cet argent-là peut être investi.

[ Journaliste: Quel pouvoir?]
[ M. Charest:] Mais ce pouvoir de décider de quelle façon l’argent va être investi. Je pourrais vous donner un autre exemple dans un contexte plus urbain. La ville de Montréal, par exemple, administre avec nous des programmes de logement: logement social, logement abordable. Aujourd’hui, M. Bossé nous faisait remarquer qu’ils ont, eux, les ressources nécessaires, la capacité de livrer le programme sans que Québec soit toujours obligé de regarder par- dessus leur épaule. Alors, c’est ce genre de chose là que nous pouvons effectivement changer pour donner plus d’autonomie, plus d’outils aux gens qui habitent les régions.
[ Journaliste: M. Charest, je voudrais revenir à la question de mon collègue. Vous aviez au départ dit: On va aller faire un forum; vous aviez même appelé ça le Forum des générations. Là, on est rendus dans une décentralisation, puis une dérégionalisation, puis tout ce que vous voulez. Est-ce que ce n’est pas justement un détournement du sens de votre exercice que vous vouliez faire? Est- ce que ce n’est pas un peu l’expression d’une improvisation dans ce que vous aviez l’intention de faire au gouvernement?]
[ M. Charest:] Il y a une cohésion là-dedans. Il y a un travail qui se fait en tenant compte justement de deux grands défis, celui de la démographie puis celui des finances publiques qui affectent tous les choix que nous sommes appelés à faire, incluant celui de la décentralisation et de la régionalisation.
Et, si on avait fait le contraire, c’est là où on nous aurait reproché avec raison de manquer de cohésion ou d’improviser. Au contraire, on a joint les deux parce qu’on voulait que, dans le résultat, il y ait un reflet justement de la réalité des régions et de l’importance pour nous d’agir en fonction des réalités des régions.
[ Une voix: Essentiellement, si vous me permettez, effectivement moi, je pense qu’il y a eu là une cohérence. Quand on parle de convergence, les rapports qui ont été amenés, les discussions qui ont eu lieu ici aujourd’hui, essentiellement c’est les préoccupations de nos citoyens et de nos citoyennes. Et ce qui a été amené, c’est effectivement leurs inquiétudes par rapport aux masses critiques au niveau de l’éducation, la santé, de quelle façon les gens vont pouvoir occuper de façon dynamique le territoire dans l’ensemble des régions du Québec.
Donc, moi, je pense que les gens qui étaient ici aujourd’hui représentent aussi effectivement chaque citoyen de leurs régions, et ce qu’on a amené, c’est la volonté et les intérêts régionaux.
La Modératrice: Robert Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert): …j’aurais une question puis j’aurais peut-être une question sur le Suroît. Peut-être qu’on…
La Modératrice: Après les questions en anglais.]
[ M. Charest:] Allez-y. Après ça, on prendra des questions sur d’autres sujets.
[ M. Dutrisac (Robert): Très bien. Est-ce qu’il faut comprendre aujourd’hui que la solution aux problèmes démographiques qui s’en viennent, au problème des finances publiques, etc., réside dans la décentralisation essentiellement? Est-ce que tout l’exercice de plusieurs mois, qui a réuni, je ne sais pas, 2 500 personnes, aboutit finalement à ce «climax» là, à cette décentralisation? Est- ce que c’est ça, l’exercice? Et qu’est-ce que vous répondez aux citoyens, aux 2 500 citoyens qui sont venus exprimer leurs idées sur la santé, sur toutes sortes de sujets qui ne cadrent pas avec cette décentralisation? En tout cas, ils peuvent se demander quel est le rapport.]
[ M. Charest:] Ce qu’il faut dire, c’est que ça fait partie des solutions, mais que ce n’est pas l’ensemble des réponses qu’on va donner, mais ça fait certainement partie des solutions. On ne peut pas aborder la question de la démographie au Québec sans parler des régions, impossible de parler d’un sans parler de l’autre et de l’impact que ça a dans les régions et ce qu’on doit faire dans les régions du Québec pour s’assurer qu’on puisse maintenir occupé le territoire et répondre aux besoins des populations des régions, qui prennent, eux, des décisions en fonction des services qui sont disponibles. Vous savez, si vous vivez en quelque part puis il n’y a pas d’école à proximité, il n’y a pas de services de santé à proximité, ça a un impact très important sur le développement des régions. L’avenir du Québec, ça passe également par des régions qui sont fortes, alors on ne fait pas un à l’exclusion de l’autre, mais ça fait partie certainement des réponses.
[ Journaliste: Est-ce qu’on doit s’attendre à d’autres annonces…]
[ M. Charest:] Bien, rendu au 12, 13, 14 octobre, lors du forum national qui va être un forum avec toile de fond, là, Line le décrivait ce matin, des générations, là effectivement, là, on arrive avec l’ensemble des débats qui se sont faits puis on va effectivement aborder toutes ces questions-là de santé, d’éducation puis on va le faire dans un contexte qui déborde la dimension régionale pour qu’on puisse également l’aborder sur un plan national, un plan québécois.
[ Journaliste: M. Charest, si vous me permettez une dernière question, vous avez beaucoup coupé au cours des deux derniers budgets dans le développement régional, je pense que c’est presque 30 %, là, des subventions au développement régional. Avez-vous l’intention, à la lumière de l’exercice que vous avez fait aujourd’hui avec les élus régionaux, d’augmenter ces budgets-là pour les aider à se développer?]
[ M. Charest:] Il faut faire attention. Nous, on fait un ménage, là, dans les programmes qui étaient des programmes extrêmement dispendieux. Gardons à l’esprit que le Québec dépensait 4000000000 $, bon an mal an, en crédits d’impôt puis en subventions aux entreprises, ce qui représente à peu près cinq fois plus que ce l’Ontario dépensait, alors qu’on a 75000000 d’habitants puis l’Ontario en a environ 125000000. Alors, c’était attendu depuis très longtemps qu’on fasse le ménage là-dedans et, quand on fait le ménage là-dedans, ça n’enlève rien à notre engagement d’appuyer les régions dans leur développement, puis la preuve, c’est qu’on a effectivement conclu plusieurs dossiers en région depuis ce temps- là. Alors, on va se garder des moyens, puis l’État québécois va toujours se garder des moyens pour son développement.
Maintenant, ce qu’on conclut aussi après 30 ans de débats puis de discours sur la décentralisation, c’est que le moyen le plus efficace pour qu’une région se développe, c’est que les citoyens puissent avoir les outils nécessaires pour qu’eux se développent parce que ça ne se fera pas à partir de Québec. Robert Poirier est mieux placé dans les Laurentides pour faire ces choix-là que quelqu’un à Québec. Et ça ne veut pas dire qu’on fait ça indépendamment un de l’autre, mais on veut, que ce soit Jacques Pelletier ou quelqu’un d’autre, on veut retourner aux citoyens des régions le plus d’outils possible pour leur propre développement. On va faire l’anglais sur le sujet, puis ensuite le Suroît. Où est- ce que vous voulez que j’aille, au juste?
[ La modératrice: Alors, sur d’autres sujets en français.
Journaliste: …le Suroît, M. Charest. Est-ce qu’Hydro-Québec conclut que le projet n’est plus nécessaire parce que le contexte a changé? Est-ce que vous allez l’annoncer tout de suite plutôt que de mener la commission parlementaire et l’annoncer après?]
[ M. Charest:] La commission parlementaire a lieu pour que nous puissions débattre des besoins énergétiques futurs du Québec, et le Suroît s’inscrit là-dedans. Mais ce n’est pas l’inverse, là, ce n’est pas une commission parlementaire sur le Suroît, c’est une commission parlementaire sur nos besoins énergétiques. Alors, ce sera l’occasion justement d’évaluer le projet du Suroît dans ce contexte, et de le faire surtout à la lumière du rapport de la Régie de l’énergie qui, pour ne pas faire un jeu de mots, est assez éclairant sur les enjeux énergétiques au Québec et sur les grands défis.
[ Journaliste: Mais si vous savez d’avance que ce n’est pas nécessaire, vous pouvez tenir quand même la commission parlementaire, puisque, vous le dites vous-même, la commission n’est pas que sur le Suroît, vous pouvez dire d’avance: On écarte le Suroît, mais on tient la commission sur le reste…]
[ M. Charest:] On ne veut pas présupposer des conclusions, on veut surtout que la commission parlementaire puisse justement débattre des besoins énergétiques futurs…
[ M. Charest:] On ne veut pas présupposer des conclusions. On veut surtout que la commission parlementaire puisse justement débattre des besoins énergétiques futurs. Puis, là, bien le Suroît va s’inscrire dans ce contexte parce que le Suroît s’inscrit effectivement dans un contexte beaucoup plus large. Ça n’arrive pas tout seul. Ce n’est pas apparu juste par magie, c’est apparu dans un contexte où Hydro-Québec faisait ce choix puis proposait ce choix dans un contexte particulier.
Mais parlons d’abord du contexte, puis ensuite on sera mieux éclairés sur le sens du projet.
[ Journaliste: Est-ce exact que les pluies de l’été auraient changé les calculs sur lesquels Hydro-Québec s’est basé pour établir son besoin du Suroît?]
[ M. Charest:] Pour moi vous avez été en vacances à l’extérieur du Québec, vous, cet été, si vous posez cette question-là. Ceux que je connais qui ont été au Québec cet été n’ont aucune espèce de doute que les réservoirs sont pleins à craquer, aucune espèce de doute.
[ Journaliste: Est-ce que ça change la donne pour le Suroît?]
[ M. Charest:] Bien, ce serait à Hydro-Québec de nous le dire. Il y a eu des pluies abondantes, puis Hydro-Québec pourra nous dire de quelle façon ça change la donne.
[ Journaliste: On comprend: Pas question de fermer la porte complètement…]
[ M. Charest:] On veut que la commission parlementaire fasse son travail. Puis le rapport de la Régie de l’énergie est un excellent rapport. Moi, je pense que ça vaut la peine… Je ne voudrais pas que le rapport de la Régie de l’énergie soit tabletté sans qu’on ait vraiment l’occasion de partager autant que possible ses conclusions, parce qu’il y a des affaires là-dedans qui valent vraiment la peine de reprendre pour qu’on puisse, nous, comme Québécois, avoir là une appréciation de nos choix sur le plan énergétique.
Et gardons à l’esprit que, pour nous, l’énergie ça a été un outil de développement économique très fort au Québec. Et quand, moi, je fais un peu le tour de nos bilans puis de nos forces puis nos faiblesses au Québec, je peux vous dire, je suis allé à l’extérieur, l’énergie, c’est un argument de taille. On a de l’énergie à coût très raisonnable, de l’énergie propre, de l’énergie fiable. Moi, je veux que ce soit vrai pour l’avenir du Québec, alors la commission pour moi est très importante.
[ Journaliste: Quel est, selon vous, l’impact pour le Québec, et également quel avenir vous voyez pour le stade du Parc olympique?]
[ M. Charest:] Je pensais que vous alliez demander si c’était une décision de décentralisation, et c’était prévisible évidemment. On sait depuis quelques années maintenant, depuis qu’il y a eu des tentatives très louables de sauver les Expos, que ce jour allait arriver. Alors, on aurait préféré que les Expos restent à Montréal, mais on est devant une situation où évidemment les décisions étaient prises depuis déjà un bon moment.
Pour ce qui est du Stade olympique, bien là, la RIO aura l’occasion de vous dire comment ils voient les choses. Mais, moi, dans l’information que j’ai eue, la RIO continue de valoriser cette installation dans une perspective de foire, par exemple, d’événements majeurs. Alors, la RIO va continuer à opérer puis le stade va continuer à être utilisé comme lieu d’événements majeurs.
[ Journaliste: …pour le Québec, le départ des Expos?]
[ M. Charest:] C’est une perte. Moi, j’aurais aimé mieux que les Expos restent, franchement, tu sais, pas parce que je suis un grand amateur de baseball, mais on aurait tous préféré que les Expos restent. Mais, à un moment donné, il y a des réalités qui sont incontournables. Si malheureusement l’équipe ne fait pas ses frais, bien là… Et je peux vous dire qu’à chaque fois que le gouvernement du Québec a abordé le dossier, sous l’ancien gouvernement, puis qu’on était dans l’opposition, on a toujours eu, quant à nous, la même perspective: si l’État devait intervenir dans un dossier comme ça, il devait le faire sur une base d’affaires. Une base d’affaires. Puis dans le cas des Expos, malheureusement, les chiffres n’étaient pas au rendez-vous.
[ Journaliste: Sur la hausse du prix de l’essence, M. Charest, est-ce que justement il y a des régions qui vous ont demandé peut- être de baisser votre taxe sur l’essence, pour les aider ou…]
[ M. Charest:] On n’a pas discuté de ça aujourd’hui, mais si le point de presse se prolonge encore très longtemps, là, je ne serais pas étonné qu’il y en ait un qui le soulève, alors si ça ne vous fait rien, on va…
[ Une voix: On va demander une concession américaine aussi.]
[ M. Charest:] Oui, c’est…
Merci.
[(Fin à 16 h 56)]

[QCHRS20041018cp]
[Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec Le lundi 18 octobre 2004(Quatorze heures cinquante-six minutes)]
[ M. Charest:] Oui, bien, c’est une belle journée aujourd’hui, on va assermenter Mme Yolande James, députée du comté de Nelligan, et c’est pour nous une journée importante, une belle journée parce qu’on marque l’histoire, mais surtout elle est jeune et elle incarne la relève pour nous à la fois dans le parti et à l’Assemblée nationale. Alors, c’est une belle journée aujourd’hui.
[ Journaliste: …de la fin de semaine des événements au Parti québécois était la stratégie nouvelle de Bernard Landry.]
[ M. Charest:] Je constate qu’en sortant d’un forum où les Québécois plus que jamais veulent que nous fassions équipe, le Parti québécois a décidé de faire cavalier seul et donc de se marginaliser. On a débattu pendant des mois et surtout pendant trois jours des enjeux de la santé, de l’éducation, de la famille, au Parti québécois, bien, ils ont choisi de rester sur un seul sujet qui est le leur.
[ Journaliste: Une opposition affaiblie, est-ce que ça vous convient?]
[ M. Charest:] Je vous laisse l’analyse, nous, on va continuer avec un programme législatif qui est quand même assez ambitieux. On a eu… on a un automne qui a déjà été chargé avec les conférences fédérales-provinciales, l’opposition fera son travail, et je ne m’attends pas à ce qu’on me donne congé.
[ Journaliste: Justement, Jean-François Lisée a dit que c’était un passeport – on sait que vous vous êtes servi de votre passeport pendant la campagne référendaire – mais est-ce que pour vous, c’est vraiment un passeport pour un deuxième mandat?]
[ M. Charest:] Je ne tiens rien pour acquis, moi, je vous laisse l’analyse. Ce que je sais, c’est que les Québécois, eux, ont souhaité ardemment qu’on fasse équipe au Québec, qu’on travaille ensemble sur les priorités de la santé, de l’éducation, de la famille et, au Parti québécois et chez M. Landry, ils ont décidé de faire cavalier seul et de parler de souveraineté et de stratégies référendaires.
[ Journaliste: Ce n’est pas des mauvaises nouvelles au plan électoral…]
[ M. Charest:] Moi, je n’essaie pas de départager tout ça, ce que je sais, c’est, nous, on s’est orienté vers des priorités qui sont autres et on veut le faire en équipe avec les Québécois, on veut travailler avec les Québécois, ça a été le sens des trois jours de dialogue que nous avons eus au Forum des générations. Pour moi, ça incarne très bien l’état d’esprit de la population du Québec et de ses leaders qui n’ont pas demandé qu’on refasse des stratégies référendaires, ils ont voulu qu’on fasse équipe, et qu’on se concentre sur les enjeux qui les touchent dans leur vie de tous les jours.
[ Journaliste: …M. Charest, ils sont nombreux, les Québécois, à vouloir la souveraineté?]
[ M. Charest:] Pardon?
[ Journaliste: Vous dites «cavalier seul», mais les Québécois sont nombreux à vouloir la souveraineté.]
[ M. Charest:] Je parle du Parti québécois, moi, je respecte le choix de ceux qui proposent la souveraineté. Moi, je n’ai rien à redire là-dessus depuis le temps qu’on fait le débat au Québec, ils ont parfaitement le droit de le faire. Maintenant, politiquement, au Québec, moi, ma lecture est différente évidemment de celle du Parti québécois et de M. Landry, moi, je pense et je pense que surtout le Forum des générations l’aura démontré, la population veut qu’on fasse équipe, parler d’autres enjeux qui touchent la santé, l’éducation, la famille.
[ Journaliste: M. le premier ministre, à la dernière élection, vous parliez d’agenda caché, là, l’agenda n’est plus caché, il ne peut pas être plus clair que ça.]
[ M. Charest:] Ah bien, dans la mesure effectivement où ils disent ces choses-là, ils les proposent, bien là, les Québécois auront à apprécier le choix, qui leur est présenté lors de la prochaine élection générale, mais on est encore à quelques années, là, d’une élection générale, on a un mandat, nous, qui est loin d’être terminé.
[ Journaliste: Vous dites que vous avez un programme législatif ambitieux. En quoi il est ambitieux, votre programme législatif?]
[ M. Charest:] Services Québec, il y a une commission parlementaire sur la sécurité énergétique qui, surtout dans un contexte où le baril de pétrole se vend à plus de 50 $, prend toute son importance; il y a les partenariats public-privé qui seront débattus également en commission parlementaire; enfin, on a des morceaux qui seront quand même…
Journaliste: Vous reconnaissez quand même que les choses se présentent de façon un peu différente de l’automne 2003, là. Ça va être un peu plus calme?¸]
[ M. Charest:] Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. Ça, ça va de soi, la vie est comme ça.
[ Journaliste: M. le premier ministre, les choses semblent s’envenimer avec les cols bleus de Montréal. M. Massé a dit que la décision arbitrale était un torchon. Est-ce qu’il y a des choses que Québec entend faire pour essayer de calmer le jeu ou de régulariser la situation?]
[ M. Charest:] Le gouvernement n’a rien à voir de près ni de loin avec la décision rendue par l’arbitre, rien. C’est les deux parties qui ont décidé de soumettre à un arbitre cette question. Il a rendu sa décision. Maintenant, je veux être très, très, très clair là- dessus, parce que j’ai vu des propos qui semblaient faire le lien, un lien possible entre mon gouvernement puis la décision, mais il n’y a rien, rien, rien, on n’a rien à voir là-dedans.
Cela étant dit, j’ai compris aussi qu’ils allaient faire des recours devant les tribunaux. Je laisse le soin aux parties de discuter et de vider des recours qu’ils feront devant les tribunaux.
[ Journaliste: Est-ce que le ministère du Travail peut agir comme médiateur…]
[ M. Charest:] On suit tout ça, ces dossiers-là, on les suit forcément parce que c’est des dossiers de relations de travail, et on essaie d’être utiles mais, en même temps, on ne peut pas se substituer aux parties qui négocient, alors on va suivre le dossier. On n’a rien à voir avec la décision rendue.
[ Journaliste: M. Landry a dit hier, pour revenir là-dessus, a dit hier, et je le cite, que «le dernier référendum avait été volé par le gouvernement fédéral» dont il veut limiter considérablement l’action dans un éventuel prochain référendum. Qu’est-ce que vous en dites?]
[ M. Charest:] D’abord, premièrement, c’est insulter l’intelligence des Québécois que de prétendre que, lors du dernier référendum, ils ne se sont pas exprimés librement, parce que c’est l’équivalent de dire que la population ne s’est pas exprimée librement. Rappelez-vous que le taux de participation était à son maximum, il me semble que c’était autour de 94 %, c’est record en termes de taux de participation. Et là M. Landry, du même souffle, dit: Bien, moi, je veux dépenser l’argent des contribuables pour préparer le prochain référendum. Bien, voyons! C’est comme si…
[ Journaliste: M. Charest, est-ce que deux ministres dans la région de Québec, c’est toujours suffisant pour vous?]
[ M. Charest:] Pardon?
[ Journaliste: Deux ministres dans la région de Québec, est-ce que c’est toujours suffisant pour vous?]
[ M. Charest:] On veut donner le plus grand rôle possible à tous les députés de la région, là, parce qu’il n’y a pas juste des ministres, il y a également des députés puis il y a une très bonne députation dans la région de la Capitale-Nationale.
[ Journaliste: Est-ce qu’il y a un poids politique au sein du Conseil des ministres?]
[ M. Charest:] Le poids politique ne se mesure pas seulement au nombre, ça se mesure aussi de toutes sortes d’autres façons, et la région de la Capitale-Nationale a un poids politique important dans le gouvernement et tire bien son épingle du jeu. Et voyez l’économie de la région de la Capitale, avec un taux de chômage qui est en deçà de 5 %, c’est… ça ne s’est pas vu souvent dans la région de la Capitale-Nationale.
[ Journaliste: …M. Landry, de vouloir utiliser les fonds publics…]
[ M. Charest:] Moi, je pense qu’utiliser les fonds publics pour une mission comme celle-là, c’est une chose que la population du Québec n’acceptera pas. Moi, je pense qu’utiliser les fonds publics pour faire la promotion de la souveraineté est…
[ Journaliste: …]
[ M. Charest:] Parce que ça ne tombe pas sous le sens de ce qu’on attend du gouvernement du Québec et je pense que le gouvernement du Québec a d’autres priorités incluant la santé, l’éducation et les familles.
[ Journaliste: M. Bourassa l’a fait…]
[ M. Charest:] …et voyez le résultat.
[(Fin à 15 h 6)]
[QCHRS20041028cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec Annonce d’un important don à la population de la ville de Québec – «Fontaine de Tourny»Le jeudi 28 octobre 2004
(Neuf heures trente-cinq minutes)]
[ Mme Magnan (Marie-Christine): Alors, bonjour, mesdames et messieurs. Merci d’être présents. Bienvenue à cet événement. Je vous présente les trois intervenants qui vont vous adresser la parole ainsi que les invités qui sont à l’avant. Alors: M. le premier ministre Jean Charest; M. le président de l’Assemblée nationale du Québec, M. Michel Bissonet; M. Jean-Paul L’Allier, maire de Québec; M. Peter Simons, président de la Maison Simons; le député de Louis-Hébert, M. Sam Hamad; M. le président-directeur général de la Commission de la capitale nationale, M. Pierre Boulanger; et Mme Margaret Delisle, députée de Jean-Talon. Alors, je m’appelle Marie-Christine Magnan, je suis au Service des communications de la ville de Québec. J’animerai cet événement.
Alors, sans plus tarder, j’inviterais M. Peter Simons à vous adresser la parole. M. Simons.
M. Simons (Peter): M. le premier ministre, M. le maire, M. Boulanger, représentants des médias, mesdames, messieurs, c’est avec une certaine émotion que je m’adresse à vous ce matin, en mon nom et en celui de mon frère Richard et de mon père Donald Simons avec qui je fais équipe au sein de la Maison Simons depuis maintenant 19 ans. Je me fais également le porte-parole de mes ancêtres qui, depuis cinq générations, ont participé activement à la vie de notre magnifique ville. Je parle également au nom des personnes exceptionnelles qui ont travaillé quotidiennement à offrir à notre clientèle un service distinctif. Je peux affirmer avec fierté que ces individus ont contribué à bâtir l’histoire de notre succès, depuis 164 ans, à Québec.
Comme nous avons été un peu discrets au sujet de notre histoire familiale, je crois que le moment est bien choisi de vous livrer quelques faits historiques. Évidemment, cette histoire n’aurait pas eu lieu sans mon ancêtre Peter qui a quitté l’Écosse à la recherche d’opportunités et d’aventures pour s’installer à Lac-Beauport, il y a plus que 200 ans. En 1840, son fils, âgé de 17 ans, John Simons, est le premier à établir les bases de notre entreprise en nourrissant des grands rêves pour son tout petit commerce au coeur de la ville de Québec sur la côte de la Fabrique. Se joindra à lui mon arrière-grand-père, Archibald, qui a oeuvré au sein de la Maison Simons pendant 64 ans. Il était un homme déterminé qui a poussé l’audace jusqu’à traverser l’Atlantique 70 fois, par bateau, pour procurer les meilleurs produits à offrir à sa clientèle. Vient ensuite mon grand-père Gordon, que je n’ai malheureusement jamais connu car il est décédé très jeune, à 54 ans. Malgré ce fait, il a quand même su transmettre à mon père Donald, ce visionnaire créatif et attentionné, cette même passion du travail et des valeurs qu’il nous a également transmise à moi et mon frère.
Notre histoire familiale démontre sans équivoque notre loyauté et notre attachement envers une ville unique au monde qui nous a accueillis et qui nous a permis à la fois de profiter et d’apprécier une qualité de vie et un milieu de travail exceptionnels. Pour toutes ces raisons, il était évident que notre famille participerait à un événement aussi important que le 400e anniversaire de la ville de Québec. J’invite donc M. le premier ministre et M. le maire de me joindre pour le dévoilement.
Mesdames messieurs, voici la fontaine de Tourny. Ouf! Je vous parle un petit peu d’amour présentement parce que ça fait 18 mois que je travaille sur ce projet, et je peux vous dire aujourd’hui, ce n’est pas la fin, mais c’est quand même une étape importante dans un projet qui m’a occupé passionnément pendant ces 18 mois. Cette magnifique fontaine urbaine, médaillée d’or à l’Exposition universelle de Paris, en 1855, est l’oeuvre de sculpteurs animaliers Alexandre Lambert Léonard et Mathurin Moreau, l’un des maîtres sculpteurs de renommée internationale des plus brillants de son époque. On doit cette célèbre fontaine à la fonderie Barbezat. Cette fontaine et la maison Simons ont une longue, une commune et longue histoire. À l’origine, elle a été commandée par le maire de Bordeaux afin de marquer l’arrivée des eaux de source au coeur de sa ville. Elle évoque les fleuves, les rivières, ce qui correspond bien à la géographie et l’histoire de la ville de Québec.
Après une restauration complète qui est présentement en cours, c’est à Québec qu’elle terminera son voyage pour renaître devant le Parlement en 2008. Depuis 18 mois maintenant, ce projet est le fruit d’une logistique incroyable qui réunit des membres d’une équipe de Québec et de Paris. Je suis fier d’offrir la fontaine de Tourny aux citoyens de la ville de Québec, en hommage à leur fidélité depuis 1840. Merci beaucoup à tout le monde. Mme Magnan (Marie-Christine): Alors, merci M. Simons. Permettez- moi de reprendre. M. le ministre responsable de la Capitale- nationale, Sam Hamad, est avec nous ce matin. Alors, maintenant, mais sans plus tarder, j’invite M. le maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, à vous adresser la parole. M. L’Allier.
M. L’Allier (Jean-Paul): M. le premier ministre, M. le
président de l’Assemblée nationale, M. Simons, M. le ministre responsable de la région, Mme la députée, aussi le président de la Commission de la capitale nationale, membres du conseil municipal, députés qui sont présents, membres de l’Assemblée nationale, chers collègues, si je fais une longue introduction, c’est pour un peu contrôler mes émotions. Nous vivons maintenant un moment qui est beau à plus d’un titre. D’abord, le témoignage qui vient d’être rendu à la ville de Québec par Peter Simons, au nom de ses ancêtres et au nom de sa famille, est unique. Il faut nous souvenir de la place que cette famille a occupée non seulement dans les affaires, dans le commerce de la ville, mais dans la vie culturelle, sociale, communautaire, avec une discrétion qui fait qu’on les a vus partout sans les voir nulle part. Ils ont été présents par leurs ressources, par leur appui, par leur engagement, par leur influence dans la vie culturelle de Québec depuis toujours. Aujourd’hui, c’est la première entreprise privée, c’est la première grande famille écossaise d’origine qui vient se joindre à nous tous et à nous toutes, M. le premier ministre, pour souligner le 400e anniversaire de naissance de cette ville qui est née française et qui a évolué, qui s’est développée en s’enracinant précisément dans plusieurs rivières culturelles.
La fontaine qui nous est léguée, je le dis pour les journalistes du Soleil: N’allez pas à Bordeaux pour savoir s’ils l’ont vue partir, ça fait 40 ans qu’elle n’est plus là. Et elle n’a rien à voir avec l’escalier, incidemment. Aussi, je reprends un peu mon souffle, là, parce que j’aurais tendance à continuer à casser un ou deux blocs de sucre sur cet…
Journaliste: …M. le maire.
M. L’Allier (Jean-Paul): Non, non, non. Mais, je… uniquement pour dire qu’il y a des choses plus importantes que la nouvelle du matin qu’on a voulu faire avant le journal d’à côté. Bon, bref, quand elle est exacte, ça va, mais quand c’est plein d’erreurs, ça ne va pas.
M. le premier ministre, cette fontaine est le symbole, qu’a indiqué M. Simons, le symbole de cette ville, elle devient le symbole de cette ville parce qu’elle est effectivement un objet culturel de rassemblement qui a gagné la médaille d’or à la fin du siècle dernier, du précédent siècle, à Paris, en 1855, à l’exposition universelle, tel que l’a dit M. Simons. En fait, il y en a eu d’autres et la ville de Bordeaux, dans un moment de… je ne sais pas pourquoi, a décidé de les laisser partir. Une est à Genève, l’autre est au Portugal, deux sont en France et nous avons la nôtre ici, maintenant.
Dans cette fontaine, il est important de noter qu’elle est composée de quatre statues et de quatre figures au pied de la fontaine. Le chiffre quatre est dans la fontaine. Quatre siècles, c’est une coïncidence, mais c’est quand même une coïncidence heureuse qu’on le fasse.
Mon propos n’est pas de vous parler de la fontaine, mais de vous parler de toute l’admiration que l’on doit avoir pour la famille Simons qui décide de poser ce geste gratuitement. La famille n’a pas été sollicitée par la ville ou par qui que ce soit. Le premier contact, c’est Peter Simons qui l’a fait en me téléphonant, en me disant: Je veux vous rencontrer, j’ai un projet à vous proposer. Quand on est maire d’une ville, quand les gens veulent nous proposer des projets, on a tendance à dire, M. le premier ministre, vous le savez: Ça va me coûter combien? J’en ai à vous proposer, incidemment.]
[ M. Charest:] Ça va coûter combien?
[ M. L’Allier (Jean-Paul): M. Simons est arrivé en me disant: Voici…Il avait un carton devant lui, la fontaine était dessinée, il avait un historique de la fontaine depuis sa création en 1855 et il m’a dit, avec beaucoup de candeur, simplement: La famille Simons voudrait offrir à la population de Québec cette fontaine, à la condition de l’installer dans un endroit prestigieux, parce que c’est un objet culturel prestigieux. Tout de suite, ça a été oui avec le coeur, mais comment on fait ça? Et, pendant 18 mois, M. Simons a fait travailler ses architectes, ses designers avec les gens de la ville à l’occasion… avec les gens de la Commission de la Capitale nationale et nous en sommes arrivés à un consensus grâce à la collaboration du président de l’Assemblée nationale et de son comité du parlement.
La fontaine sera donc installée ici, dans le rond-point, en face du parlement. Elle sera installée à frais partagés entre le gouvernement du Québec et la ville de Québec. Ces frais partagés, on les assume avec d’autant plus de fierté que le coût total, qui est supporté par la famille Simons, est près de 4000000 de dollars, ce n’est pas rien comme legs. C’est donc pour dire merci, Peter, que je prends la parole, pour vous dire merci à vous, à votre famille, à vos employés qui vous appuient dans ce commerce qui est le fleuron de la ville de Québec, qui a choisi de se développer ailleurs, mais en gardant résolument son siège ici, qui actuellement, sur la côte de la Fabrique, lieu où il est né, s’agrandit dans le grand respect des façades historiques de cette rue, en sachant aussi ce que ça suppose comme coûts de construire dans une construction existante. Vous le faites et vous êtes un exemple que l’on doit citer dans la ville de Québec pour votre respect de la population, pour votre association depuis toujours à cette population et pour le témoignage que vous donnez que Québec n’est pas une ville fermée, mais une ville ouverte qui est, après quatre siècles, le résultat de cette rencontre heureuse de plusieurs cultures. Merci.
Mme Magnan (Marie-Christiane): Merci, M. L’Allier. Alors, maintenant, j’inviterais le premier ministre du Québec, M. Jean Charest, à vous parler.]
[ M. Charest:] Merci. M. le Président de l’Assemblée nationale, M. le maire de Québec, M. Simons, M. Hamad, chers collègues de l’Assemblée, M. Boulanger, qui est le président de la Commission de la capitale, et je veux saluer également M. Lesage, qui est le commissaire pour les fêtes du 400e anniversaire, mesdames et messieurs conseillers également, bienvenue à l’Assemblée nationale du Québec, quoiqu’il revient davantage au président de l’Assemblée nationale, qui est en quelque sorte le maire ou l’équivalent du maire de cette ville parlementaire qui a le très grand privilège de se situer dans la Capitale-Nationale, à cet endroit magnifique, qui aura bientôt l’occasion, pendant les mois qui viennent et surtout en 2008, de célébrer son histoire, une histoire que nous partageons avec l’ensemble des Amériques. C’est une histoire qui fait le pont aussi avec l’Europe, une histoire qui sera davantage symbolisée avec cette magnifique fontaine que nous recevons aujourd’hui, au nom de la population du Québec, de la famille Simons. Et tout comme le maire L’Allier, je veux vous dire à quel point j’ai été, moi, impressionné par ce geste que vous posez, M. Simons.
Lorsque M. le maire L’Allier et moi, on s’est rencontrés pour la première, pour discuter des fêtes du 400e anniversaire, M. le maire L’Allier, dans sa présentation, parce que vous savez comment il est très timide, hein, il hésite toujours à… On a discuté d’un certain nombre de sujets, vous ne vous rappelez peut-être pas, vous, M. le maire L’Allier, mais il m’avait dit: Je vous réserve pour la fin une surprise, une belle surprise. Et je voyais sincèrement dans ses yeux l’enthousiasme, le bonheur d’une personne qui a le sentiment d’avoir reçu une chose qu’il ne s’attendait pas de recevoir et qui recevait un cadeau qui, en quelque sorte, venait consacrer un geste, consacrer une relation.
Alors, à la toute fin de notre rencontre, il m’a sorti cette maquette, cette fontaine magnifique. Il m’a raconté la très belle histoire de votre rencontre, M. Simons, et ce qu’il m’a surtout rappelé, c’est l’histoire de la famille Simons et de la ville de Québec, l’histoire qui nous lie, l’histoire qui incarne en quelque sorte cette relation exceptionnelle que nous avons avec l’Europe, vous qui êtes d’origine écossaise dans cette ville qui a reçu des citoyens qui sont venus de partout dans le monde, hein. Quand on évoque l’histoire de la ville de Québec, c’est aussi l’histoire des Écossais, c’est l’histoire, vous me pardonnerez de le dire, aussi des Irlandais beaucoup – et pas assez d’Irlandais mais enfin, ça, c’est une autre histoire – et c’est l’histoire d’un peuple qui a su inclure, qui a su recevoir des gens qui sont justement de ces courants de culture qui font l’originalité du Québec et qui font que nous sommes, nous, Québécois, Québécoises, très fiers de ce que nous avons réalisé.
Mais en plus, la Maison Simons, c’est une maison qui s’est construite ici à Québec et qui rayonne maintenant sur tout le territoire. C’est tellement fort, la Maison Simons, qu’ils ont pignon sur rue à Sherbrooke, dans mon comté, et ce que vous nous offrez aujourd’hui, ce sera un symbole fort des fêtes du 400e anniversaire. Cette fontaine qui nous arrive de la France et qui incarne cette relation entre la France et le Québec, cette fontaine qui n’aura pas de cloche lorsque l’eau coulera, cette fontaine qui évidemment va évoquer pour nous la source de vie, l’eau, et l’eau, on le sait, ce fleuve incarne ce symbole fort aussi de ces courants de culture, d’hommes et de femmes qui sont venus au Québec de partout sur la planète pour se joindre à la société québécoise.
Je vous rappelle que le 400e anniversaire de la ville de Québec, c’est une fête non seulement pour les habitants de la ville de Québec mais également pour tout le Québec, pour le Canada et pour les Amériques et, M. le maire et moi, et le gouvernement, M. Simons, nous nous entendons sur cette volonté commune que nous avons de faire rayonner en quelque sorte notre langue et notre culture et d’en faire une très, très grande fête entre autres de la Francophonie.
Alors, M. Simons, je veux aujourd’hui vous remercier de ce geste que vous posez au nom de la famille Simons, de vos employés, de ceux et celles qui vous ont appuyé. Et ce symbole sera un symbole éternel du geste posé par vos ancêtres, mais aussi un geste qui nous rappellera votre générosité, qui nous rappellera que la famille Simons est venue ici construire le Québec. Merci.
[ Mme Magnan (Marie-Christine): Alors, merci beaucoup. Merci à M. Charest. Alors, maintenant, nous allons procéder à la période de conférence de presse animée par l’attachée de presse du premier ministre, Mme Marie-Claude Champoux. Merci.
Mme Champoux (Marie-Claude): Question en anglais.]
[ M. Charest:] Oui?
[Journaliste: C’est un message que vous envoyez aux autres… de la région de Québec, de s’engager comme vous, vous le faites?
M. Simons (Peter D.): Loin de moi… Ce n’est pas… l’intention n’était pas d’envoyer un message. Par contre, évidemment j’espère que d’autres entreprises suivront pour qu’on puisse faire un genre de masse critique du 400e. C’est à chaque entreprise à trouver la façon qui les représente pour leur participation.
Vous savez, il y a beaucoup de focus sur des grands projets. Ce n’est pas mauvais. Par contre, je crois fondamentalement qu’une ville se crée par des plus petits actes quotidiennement et, si vous avez une masse critique de gens qui participent, ça va surpasser, avec tout le respect, des grands projets, ça va les surpasser en importance et ça va amener une certaine vérité à la fête, finalement, qui pourrait être appréciée par tout le monde.
Journaliste: J’aurais une question pour M. Charest, s’il vous plaît.]
[ M. Charest:] Oui.
[ Journaliste: M. Charest, où en est votre gouvernement dans la préparation, là, de sa participation aux fêtes du 400e?]
[ M. Charest:] On prépare avec M. le maire, avec les comités du 400e, les festivités. On aura à décider de quelle façon nous allons aborder la question du legs, la question des projets d’opération. À court terme, le projet le plus important pour nous, c’est d’obtenir au Sommet de la francophonie à Ouagadougou, la recommandation des chefs d’État et de gouvernement pour que nous puissions tenir ici, en 2008, le Sommet de la francophonie, ce qui viendrait en quelque sorte consacrer l’événement pour nous et, sur le plan de la francophonie, serait aussi l’occasion pour nous de rappeler à quel point la ville de Québec, et le Québec, et le Canada, a un rôle extrêmement important à jouer au nom de la francophonie. Ça, c’est au mois de novembre, ça arrive donc très rapidement.
Mais, M. le maire L’Allier, moi-même, M. Hamad, nous sommes tous sur la même longueur d’onde: nous voulons que le 400e anniversaire soit un événement grandiose pour les habitants de la ville de Québec, pour tout le Québec aussi, et pour le Canada et pour les Amériques. Parce que ça rejoint, là, des citoyens, là, des gens qui aujourd’hui ont peut-être le goût de retracer un peu leur histoire et qui se retrouveront ici, à Québec, s’ils prennent la peine de retourner un peu visiter ce que leurs ancêtres ont fait et le cheminement et le chemin qu’ont suivi leurs ancêtres.
[ Journaliste: Le gouvernement va-t-il demander à la France de créer une place de France à Québec?]
[ M. Charest:] On va travailler avec le gouvernement français. On a eu quelques projets et on prend ça, vous savez, un escalier à la fois. Et on… Ah, j’ai-tu dit un escalier? Ah, c’est vrai, c’est une marche maintenant. Et on a eu des projets. Il ne faut pas se gêner, en passant, pour rêver, hein? Moi, j’ai suivi… je suis le dossier de près, M. le maire a eu des projets qu’il a présentés, et il ne faut pas, surtout à ce moment-ci, avoir d’inhibitions, et il ne faut se gêner de présenter des projets et de vouloir rêver, puis de rêver grand. Alors, on est en lien avec la France, on s’apprête à communiquer avec le gouvernement français pour essayer de travailler avec eux sur ce que pourrait être la contribution française. Mais il n’y a pas que la France, hein, il y a également, du côté américain, il y a d’autres gouvernements qui vont s’intéresser au 400e.
[ Journaliste: Qu’est-ce que vous privilégiez? Allez-vous privilégier des grands projets de type escalier ou encore des projets plus modestes mais quand même plus présents, comme celui présenté par M. Simons?]
[ M. Charest:] On veut laisser aux Québécois un legs, on veut qu’il y ait une partie de tout ce qui se fera autour du 400e qui sera un legs, un souvenir durable pour la ville de Québec, bien au- delà du 400e, et nous voulons aussi des événements qui vont en quelque sorte souligner l’événement. Il y a deux parties à ce que nous voulons réaliser. On ne s’est pas fixé de limites, quoiqu’on a tous des contraintes budgétaires, vous les connaissez.
[ Journaliste: Avez-vous l’impression que le temps presse? On est en 2004.]
[ M. Charest:] Le temps, on a du temps, on n’en a pas trop, on a du temps. Mais on va… on suit ça de près parce que nous savons qu’il faut préparer avec beaucoup de soin certains événements. Un Sommet des chefs de gouvernement, chefs d’État de la francophonie, ça ne s’improvise pas, ça se prépare. Il y aura d’autres événements pour le legs.
Alors, aujourd’hui, le geste que pose M. Simons et sa famille, par contre, même si M. Simons n’a pas voulu le dire, ce n’est pas un message que la famille Simons envoie à d’autres du secteur privé, mais ça a quand même de l’effet, hein, un effet, c’est celui de dire à tous ceux et celles qui ont pu faire un passage dans la ville de Québec, ils ont une occasion de marquer leur passage et de fêter, de partager leur présence à Québec en posant un geste qui va nous rappeler leur contribution.
[ Journaliste: M. L’Allier, est-ce que c’est le seul projet jusqu’à maintenant, concret, qui se concrétise?
M. L’Allier (Jean-Paul): Bien, c’est le seul projet qu’on veuille que vous connaissiez, mais on va vous les donner un par un, hein.
Journaliste: Mais on est à quatre ans de l’événement. Ça ne vous inquiète pas?
M. L’Allier (Jean-Paul): Ça commence toujours par une caricature dans Le Soleil puis ensuite le projet arrive. L’escalier, ça a été ça.
Journaliste: Mais vous, à la ville de Québec, quels projets avez-vous en tête?
M. L’Allier (Jean-Paul): On va vous le dire, vous allez voir. Journaliste: M. le premier ministre, j’aurais eu une question sur un autre sujet.]
[ M. Charest:] Pas vraiment.
[ Journaliste: O.K. Je vais vous la poser quand même. M. le premier ministre, j’aimerais ça savoir ce que vous pensez vraiment de la stratégie, de l’attitude du gouvernement fédéral. On a vu les propos de M. Séguin dans les journaux ce matin. Qu’est-ce que vous, vous en avez pensé vraiment?]
[ M. Charest:] Moi, j’ai toujours pensé que, dans un dossier comme celui-là, comme le fédéralisme asymétrique, on est dans du long terme, on n’est pas dans le court terme, et, quand on veut des changements de fond, ça n’arrive pas du jour au lendemain, il faut être persévérant, il faut avoir beaucoup de détermination, et le Conseil de la fédération a pris les moyens pour que le débat continue. Moi, c’est ça qui compte. Alors, on a fait des progrès. Ce n’est pas ce qu’on voulait. Nous, on pense que le gouvernement fédéral avait des moyens supplémentaires, puis là on veut aller de l’avant, on veut que le débat continue, puis le Conseil de la fédération va assumer sa part de responsabilités, puis nous aussi, puis on va continuer à travailler pour arriver au résultat que nous croyons être le bon. C’est comme ça qu’on réussit à faire des changements.
[ Journaliste: Mais, quand Dracula est dans la salle, ce n’est pas inquiétant?]
[ M. Charest:] Bien, écoutez, on peut choisir d’écrire ça comme on veut, on n’en est pas là-dessus. Nous, c’est l’avenir qui compte. L’avenir, c’est le travail qui va se continuer dans le Conseil de la fédération. Ça, c’est extrêmement important pour nous. Moi, ce qui compte, c’est les résultats, et on a fait mieux qu’on avait avant le 26 octobre, hein, on revient quand même avec des ressources financières supplémentaires. Mais c’est un dossier qui est complexe, et on ne peut pas tout régler du jour au lendemain, mais il faut continuer, il faut être persévérant, il faut être déterminé. C’est dans cet esprit-là qu’on l’aborde.
[ Journaliste: Est-ce que ce serait plus facile avec un gouvernement conservateur de Stephen Harper?]
[ M. Charest:] Je ne fais pas et je ne définis pas les intérêts du Québec à partir des autres gouvernements. Moi, je définis les intérêts du Québec à partir de nos données à nous, notre réalité à nous, Québécois, Québécoises, et, peu importe qui sera au fédéral, la stratégie québécoise va demeurer la même.
[ M. Delisle (Norman): Est-ce que la conférence a donné lieu à du «Québec bashing», comme le prétend M. Séguin?]
[ M. Charest:] Il y a une réaction, évidemment, à toute cette question d’asymétrie, puis le voyage au Mexique, qui fait partie du contexte, mais je crois à la bonne foi de ceux qui participent à ces discussions. Ce n’est quand même pas des discussions qui sont faites sur la foi d’un contexte de deux jours, trois jours, quatre jours. Il y a tout un environnement, il y a des données qui débordent quand même la perception que peut avoir une, ou deux, ou trois journalistes sur des accords qu’on a conclus au mois de septembre. Quand même, on est en train de régler des choses, là, qui touchent très directement les services que reçoivent les citoyens du Québec, raison de plus pour nous d’aller sur le terrain partout ailleurs pour qu’on puisse bien saisir l’importance des transferts fédéraux et l’impact que ça a sur l’ensemble des services. Nous, on en est là-dessus, et, pour l’avenir, on veut se concentrer là-dessus pour qu’on puisse obtenir des bons résultats.
[ M. Delisle (Norman): Mais Séguin n’est pas un journaliste, ce n’est pas lui qui a parlé de «Québec bashing»?]
[ M. Charest:] La stratégie du Québec demeure toujours axée sur l’avenir. C’est l’avenir, c’est de faire en sorte qu’on continue à faire progresser le débat, et le gouvernement libéral a voulu marquer un changement, de telle sorte que, dans chaque dossier, on puisse toujours avancer. C’est exactement ce que nous avons fait depuis notre élection, que ce soit l’assurance parentale, les services de garde, que ce soit le dossier de la santé, puis la même chose va être vraie dans le cas du déséquilibre fiscal.
[ Journaliste: Est-ce que je peux vous poser une question, s’il vous plaît, sur les PPP? Les syndicats vont passer leur journée aujourd’hui à dénoncer ces intentions du gouvernement Charest concernant ce qu’eux craignent être la lente privatisation des services publics au Québec.]
[ M. Charest:] Il faut avoir de l’ouverture sur les nouvelles façons de faire au Québec, surtout quand on fait un peu le bilan de notre… des finances publiques, l’endettement, le niveau de taxation. Quand on fait le tour des coûts de tous les programmes du gouvernement du Québec, on se pose la question suivante: Si nous voulons développer au Québec, quels moyens avons-nous à notre disposition pour pouvoir se développer? Et c’est dans ce contexte que se pose la question des PPP qui, soit dit en passant, n’est pas une formule nouvelle pour beaucoup d’autres endroits dans le monde, et ça a été fait ailleurs. Ça a été fait dans un contexte où on a respecté en quelque sorte tous les critères de transparence de l’administration publique. Je pense au rapport coûts-bénéfices, à la capacité du gouvernement de contrôler les projets.
Il faut l’aborder comme ça, mais il faut l’aborder aussi dans le contexte où, au Québec, on veut se développer. Et posons-nous la question suivante: Comment allons-nous y arriver avec les moyens que nous avons? Est-ce qu’il y a de nouvelles façons de faire que nous pouvons aborder? Et, dans cette ouverture d’esprit, je pense que les PPP paraissent…
[ Journaliste: (Question inaudible) ]
[ M. Charest:] Je veux qu’ils s’expriment puis je veux que nous puissions avoir un débat de fond. C’est pour ça que la commission parlementaire siège, pour qu’on puisse aller au fond de ces questions-là. [In english.]
[(Fin à 10 h 8) ]
[QCHRS20041217cp]
[Conférence de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec, et de M. Jacques P. Dupuis, leader du gouvernement Bilan de la session parlementaire Le vendredi 17 décembre 2004 Dix heures quarante minutes)]
[ M. Charest:] Alors, mesdames et messieurs, l’année 2004 aura été une année charnière pour le Québec, une année de changements et une année où le gouvernement libéral aura trouvé en quelque sorte son erre d’aller. Je n’ai pas l’intention de relever tout ce qui a été fait en 2004, mais je veux quand même relever les principaux événements qui auront marqué l’année.
Dans les changements très importants que nous aurons vécus, évidemment, il y a l’entente sur la santé, à la fois sur le financement et sur notre régime fédéral, le soutien aux familles, qui est substantiel et qui inclut, soit dit en passant, le programme de primes au travail, qui va entrer en fonction en 2005 et qui va toucher très directement les citoyens, les personnes à bas revenus, et le développement durable, que je retiens également comme étant un changement très, très important pour l’avenir de la population du Québec. Dans les changements, également, la décentralisation est maintenant mise en marche, c’est un mouvement irréversible. Deux ententes ont été conclues à la faveur du Forum des générations. J’ai rencontré les présidents de CRE en forum à l’automne, et, avec l’UMQ, la FQM, on a mis en marche maintenant un processus de décentralisation qui va marquer le fonctionnement du Québec et qui aura un impact très important dans les régions du Québec. Il y a également les changements proposés au mode de scrutin déposés par Jacques Dupuis, qui vont avoir un impact très important sur la société québécoise. Parmi les changements au niveau économique et de nos instruments économiques, je vous rappelle les changements qu’on a faits à Investissement Québec, changements de fonctionnement à la SGF, le rapport Brunet, entre autres, qui nous aura permis de recentrer l’action du gouvernement sur le plan économique, les changements de la gouvernance de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, qui représentent un changement majeur pour le Québec, et entre autres pour les citoyens du Québec qui comptent sur la gouvernance de la Caisse de dépôt et de placement pour protéger les épargnes des Québécois et Québécoises. Il y a également l’annonce du fonds FIER, qui est en lien direct avec la volonté de décentralisation et de régionalisation du gouvernement du Québec, 300000000 de dollars, la privatisation de la Société Innovatech de Montréal.
Alors, vous avez là quelques exemples des changements très importants sur le plan du fonctionnement économique. Mais, à cela j’ajouterais aussi l’effort très important que nous faisons au niveau réglementaire, qui a été très bien reçu entre autres par les intervenants économiques parce qu’il y a une réduction substantielle de l’effort demandé aux gens dans le secteur privé sur le plan réglementaire, ce qui en soi est substantiel. Et là- dessus, je vous rappelle qu’on a réduit le nombre de programmes au MDERR, par exemple, de 160 à une dizaine de programmes, qu’on a réduit le nombre de formulaires de façon substantielle. Alors, sur le plan économique, ça représente également des changements très importants.
Finalement, au niveau du fonctionnement de l’État, et ça rejoint parce qu’il y a un pont, il y a un croisement entre ces changements- là qui sont à la fois économiques mais dans le fonctionnement de l’État, la mise en place de Services Québec – la loi a été votée, elle sera mise en vigueur en 2005 – les partenariats public-privé – ça va dans le sens de ce qui se fait partout ailleurs dans le monde, ça nous donne un instrument de développement qui ne nous était pas accessible mais qui va le devenir maintenant, des conditions qui sont établies de transparence, d’imputabilité, de rapport de coût qui va nous permettre, nous, au Québec, de continuer notre développement – également le gouvernement en ligne, où on aura fait des progrès importants dans la dernière année aussi.
Alors, vous avez là un bilan de gouvernement qui reflète les engagements que nous avions pris et qui reflète également les priorités. Pour revenir là-dessus, en conclusion: santé, éducation, c’est les deux grandes priorités qu’on s’était fixées. Dans le domaine de la santé, nous sommes très fiers du fait qu’on a renversé une tendance qui s’était installée au Québec depuis les 10 dernières années. Et la santé, c’est 20000000000 $ de dépenses par année, c’est 42 % du budget de l’État québécois, en programmes, là, qui est dépensé pour la santé. On a augmenté le budget de 2200000000 $, on a, rappelez-vous, là, dès le début de notre mandat, pris le taureau par les cornes pour faire des changements très importants pour rendre ce système de santé très fonctionnel pour faire en sorte qu’il réponde d’abord aux besoins des patients, on a créé les agences, on a réduit le nombre d’établissements pour les mettre en réseau, on a réduit le nombre d’unités d’accréditation pour organiser le travail en fonction des patients, et aujourd’hui on voit déjà des résultats avec la réduction des délais d’attente et des listes d’attente.
Alors, la tendance, elle est renversée. Ça ne veut pas dire que le travail est terminé, là, c’est bien clair, là, le réseau de la santé québécois, c’est très gros. Mais, dorénavant, on peut dire que ce qui était une tendance vers la détérioration est maintenant devenue une tendance d’amélioration dans le réseau de la santé, et ça, c’est une chose sur laquelle on s’était engagé dès le début de notre mandat, puis on commence à voir des résultats très importants.
Au niveau de l’éducation, on a réinvesti 700000000 de dollars également, et ça aussi, ça représente toujours un changement. Mais dans un contexte aussi de région, d’amélioration de qualité de vie suite au Forum des générations, l’engagement est pris maintenant pour une heure et demie de plus d’enseignement au niveau primaire avec au minimum deux heures d’enseignement d’éducation physique dans les écoles primaires du Québec.
Sur le plan économique, le Québec également tire son épingle du jeu. Notre performance, elle est au-delà de ce qu’on voit ailleurs au Canada sur bien des indicateurs. Les exportations ont repris, la construction est restée à un niveau très performant, et ça, c’est en soi une bonne nouvelle. Mais également au niveau des investissements privés, le Québec va recevoir cette année 18,5 % des investissements privés au Canada. C’est un sommet depuis les 10 dernières années.
Au niveau de l’emploi, on est actuellement, en termes de taux d’emploi, à des niveaux presque historiques. Le niveau que nous avons actuellement s’approche, là, du niveau historique que nous avions au mois de novembre dernier. C’est donc dire que, malgré les changements profonds dans l’économie que ce soit le prix du pétrole, la valeur du dollar canadien, les exportations, l’économie américaine, l’économie québécoise tire son épingle du jeu.
Un des indicateurs de cela, entre autres, du changement qu’on a fait, c’est que les capitaux de risque ont augmenté substantiellement. Et ça, ça s’est fait en parallèle avec les changements qu’on a faits aussi dans les instruments économiques. C’est des millions de dollars de plus que nous retrouvons. Pourquoi? Bien, parce que les investisseurs étrangers trouvent maintenant au Québec un endroit intéressant, un endroit fertile pour faire des investissements.
Alors, j’arrête là, et Jacques Dupuis va vous parler du bilan législatif, et ensuite les questions.
[ M. Dupuis: Oui, rapidement. Évidemment, le premier ministre a mentionné un certain nombre de projets de loi qui ont été adoptés au cours de la session, mais le bilan objectif de la session, c’est: 22 projets de loi publics adoptés; en plus, 10 projets de loi d’intérêt privé, des commissions parlementaires qui ont siégé sur des sujets qui sont d’importance pour la société québécoise, notamment le projet de loi n 57, l’aide aux personnes et aux familles.
Vous avez eu une première partie de la commission parlementaire sur la sécurité énergétique qui a siégé, qui va continuer à siéger au printemps prochain.
Vous avez eu des dépôts de projets de loi qui seront discutés au cours du printemps, notamment en matière de santé, la Loi sur les services de santé, qui est une loi extrêmement importante; la politique du médicament qui a été déposée hier et qui va être discutée.
La commission sur la sécurité énergétique, tel que je l’ai mentionné, qui va continuer de siéger au printemps.
Vous avez évidemment le dépôt de l’avant-projet de loi sur la réforme du mode de scrutin et les modifications à la Loi électorale, commission parlementaire très importante, qui va siéger au printemps. Et je sais que vous êtes particulièrement intéressés par la réforme parlementaire, notamment l’heure de la période des questions, au moment où ça serait adopté – je vois John qui réagit tout de suite. Je me suis engagé à faire tous les efforts nécessaires parce que je ne peux que faire tous les efforts nécessaires, puisque j’ai besoin du concours des députés indépendants et de l’opposition officielle. Mais nous avons déjà tenu des réunions avec la présidence de l’Assemblée nationale, les trois partis représentés à l’Assemblée, et donc les travaux avancent. Le président de l’Assemblée hier nous a soumis un calendrier de travail pour le printemps qui est assez chargé, on va le suivre. Moi, j’aurais l’intention, et je vais faire tous les efforts nécessaires pour que la réforme parlementaire soit adoptée en juin 2005. C’est mon objectif, et c’est rare que je m’enferme dans des échéances, parce qu’un ministre qui ne rencontre pas ses échéances est un ministre qui a failli à la tâche. Mais sur la réforme parlementaire, les conversations avec les deux partis, avec les députés indépendants et le PQ vont très bien. La volonté de réaliser la réforme parlementaire, j’en suis persuadé, est là, et donc j’espère être en mesure de vous annoncer la bonne nouvelle pour la période de questions à la session d’automne qui suivra la prochaine. Je vous remercie.
M. Larocque (Paul): En parlant de questions, on va commencer tout de suite. Il y a déjà neuf personnes qui ont demandé la parole. Le temps est quand même limité, donc je vous demanderais d’être assez brefs dans vos questions. D’abord, Robert Plouffe, de TVA.
M. Plouffe (Robert): M. le premier ministre, vous avez
promis… En campagne électorale vous avez répété, répété, répété: Nous sommes les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord. Vous avez dégelé les tarifs d’électricité, vous avez haussé les tarifs des garderies, vous dites aux municipalités aujourd’hui: taxez et tarifez pour assumer vos responsabilités. Et puis la baisse de 1000000000 $ par année pour tous les citoyens, là, de baisse d’impôts, ça, on ne l’a pas vu. Votre bilan, pour moi, en tant que contribuable, là, c’est plus d’argent qui sort de ma poche présentement.]
[ M. Charest:] Puis le vrai bilan, c’est quoi? Le bilan, c’est 550000000 de dollars en 2005 qui retournent dans les poches des contribuables et en particulier les familles avec enfants à bas revenus. C’est les citoyens québécois qui vont être les premiers gagnants des efforts du gouvernement, là, pour rétablir justement de l’équité sur le plan des impôts. C’est les familles avec enfants à bas revenus, la classe moyenne également. Et c’est 550000000 $. Juste pour vous donner une illustration, là, de ce que ça veut dire, là, il y a quoi, il y a plus de 800000 familles, là, qui vont recevoir plus de 2000 $ pour l’année 2005 et ça, ça représente un retour très important d’argent dans leurs poches.
[ M. Plouffe (Robert): Qui va servir à payer les hausses de garderie et les hausses de frais d’électricité, M. Charest.]
[ M. Charest:] Bien, je vous renvoie à l’étude du Conference Board du Canada qui a fait une évaluation, au niveau du Canada, du revenu et qui a conclu que le revenu per capita va augmenter plus rapidement au Québec que la moyenne canadienne et l’Ontario. Pourquoi? En partie dû aux décisions de mon gouvernement de retourner de l’argent dans les poches des contribuables. Pour ce qui est des tarifs, on a les tarifs les plus bas en Amérique du Nord au niveau de l’énergie actuellement. Bernard Landry ne s’oppose pas à l’augmentation des tarifs. Bernard Landry disait que les tarifs en garderie, qu’il fallait être stupide pour penser que ça n’allait pas augmenter. Henri Massé non plus ne s’oppose pas à ça. C’est la Régie de l’énergie qui détermine, après un processus ouvert de délibérations, ce que doivent être les tarifs et à ce moment-là ils nous rendent des décisions.
Mais quand on fait le net des finances des familles québécoises, entre autres des familles avec enfants, familles de classe moyenne, ils sont gagnants. Et le gouvernement a l’intention de continuer sur la voie qu’on s’est tracée de faire en sorte qu’on puisse redonner, entre autres à la classe moyenne parce qu’on est les seuls à parler au nom de la classe moyenne… C’est mon gouvernement qui défend la classe moyenne, et on va continuer à le faire – c’est notre marque de commerce – et à prioriser, entre autres, les familles avec enfants.
[ M. Larocque (Paul): Jocelyn Ouellet de CKAC Radiomédia.
M. Ouellet (Jocelyn): En matière de modernisation de l’État, j’aimerais savoir si vous êtes rendu aussi loin que vous souhaitiez l’être et, plus particulièrement, plus précisément en ce qui a trait à la réduction du nombre de ministères, d’organismes publics ou encore de sociétés d’État. Parce qu’on n’a rien vu ou à peu près cette année.]
[ M. Charest:] Il y a eu des changements. En termes de réduction, je vais vous donner des exemples. On a réduit le nombre d’unités d’accréditation à travers le réseau de la santé pour améliorer le travail et le rendre plus souple, améliorer les services de 3 200 à environ 1 200 unités d’accréditation.
On a réduit de plus de moitié le nombre d’établissements de santé pour les mettre en réseau les uns avec les autres. Au niveau réglementaire, on a réduit aussi… On a agi de façon assez agressive. Par exemple, on a réduit le nombre de programmes au ministère de Développement économique de 160 à 10, le nombre de formulaires de 160 à seulement trois pour les individus, les entreprises, les organismes.
On a fait des réductions très importantes à ce niveau-là, et le gouvernement est très centré sur cette volonté de moderniser l’État en fonction des besoins des citoyens. Le gouvernement en ligne, par exemple, on a fait des avancées importantes là-dessus. Mais, si vous faites un peu le bilan de 2004, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de gouvernements qui sont allés aussi rapidement que, nous, on l’a fait dans les efforts de modernisation. C’est assez impressionnant comme résultat.
[ M. Ouellet (Jocelyn): Il y a 60 organismes qui ont fait l’objet cette année d’une révision. Est-ce qu’il y en a qui risquent de disparaître?]
[ M. Charest:] On est là-dedans actuellement. On a annoncé la première ronde de révision du rôle des 60 organismes. On va les prendre par tranches parce qu’il y a une méthodologie là-dedans aussi, là.
Juste pour vous rappeler, peut-être que ce n’est pas nécessaire de le dire, mais je vais quand même le dire à voix haute. Il ne s’agit pas de prendre une approche qui est simplement mathématique. Encore faut-il prendre des décisions en fonction d’un résultat final qui est d’améliorer la qualité de services aux citoyens.
Alors, il y a une volonté très marquée chez nous de changer nos façons de faire, de les améliorer, toujours en fonction de l’objectif. Pour y arriver, nous savons qu’on doit réduire la taille de l’État. Mais on va y aller de façon à ce qu’on puisse arriver au bon résultat. Alors, il n’y aura pas de dogmatisme dans cette affaire-là. On révise les 60 premiers organismes puis là on est là-dedans en ce moment. Les premiers résultats vont arriver dans les prochains mois.
[ M. Larocque (Paul): Gérard Deltell de Quatre Saisons.
M. Deltell (Gérard): Deux questions. M. le premier ministre, il y a six mois, vous nous aviez dit de façon très directe: Il n’y a pas de remaniement ministériel en vue. Mine de rien, quand la Chambre va reprendre, on va déjà être rendu à mi-mandat, bientôt deux ans que vous avez été élus. Est-ce que vous envisagez un remaniement, un brassage de cartes?]
[ M. Charest:] Il n’y a pas de plan de remaniement ministériel.
Vous remarquez que M. Dupuis écoute très attentivement ma réponse.
[ M. Deltell (Gérard): …là-dedans, par exemple, là?]
[ M. Charest:] Bien, on ne sait jamais, hein? Il n’y a pas de plan de remaniement ministériel.
[ M. Deltell (Gérard): Deuxième question. M. Dupuis, je vous interpelle comme ministre responsable de la région de Lanaudière. Hier, le projet de loi concernant la motoneige a été adopté. Bien, mais les gens qui sont ciblés directement par le jugement, le 38 km, nous disent, ce matin, qu’ils sont complètement outrés parce qu’il n’y a strictement rien qui est prévu pour eux, et on parle de pertes de 10000000 $. Qu’est-ce que vous avez à leur dire?]
[ M. Dupuis: Écoutez, d’une part, il y a évidemment des répercussions à tous égards sur ce dossier-là. Le premier, c’est: Est-ce que le gouvernement… ou est-ce qu’il va y avoir un appel ou non? Cette décision-là, on a jusqu’au 30 décembre pour la prendre, et on va voir éventuellement. Et je sais qu’il y a, au ministère des Transports, par la ministre déléguée aux Transports et Mme Normandeau, un certain nombre de discussions pour voir ce qui peut survenir au sujet du 38 km. Je ne veux pas annoncer des choses qui ne sont pas encore attachées, mais il y a un travail très intense qui se fait pour voir quels seront les effets pour la population sur ce 38 km.
M. Larocque (Paul): Claude Brunet de Radio-Canada.
M. Deltell (Gérard): Avant Noël?
M. Dupuis: Je m’excuse, Gérard. Claude Brunet.
M. Brunet (Claude): Votre dernier geste, M. Charest, en Chambre a été de suspendre les droits des citoyens au profit des motoneigistes. Est-ce que ce n’est pas un précédent dangereux?]
[ M. Charest:] C’est un principe de développement durable que nous voulons mettre en application dans le cas de l’industrie de la motoneige. On a du droit nouveau, on a un jugement qui a des conséquences très importantes sur la vie des citoyens et la quiétude des citoyens, leur droit d’avoir une certaine quiétude, et il faut concilier ce droit avec la pratique de la motoneige au Québec. C’est pour ça que c’est important de prendre du temps pour pouvoir concilier les deux, parce que les réponses n’apparaissent pas évidentes en partant. Alors, on va faire ça.
Mais vous avez dû remarquer aussi, dans la décision qu’a prise le gouvernement, avec l’appui, soit dit en passant, des deux autres partis d’opposition, qu’on balise la pratique de la motoneige de façon à ce qu’on puisse s’assurer qu’il y ait un respect des droits des citoyens.
[ M. Brunet (Claude): Quelle serait votre conception du développement durable?]
[ M. Charest:] Ma conception du développement durable reflète la définition de ce qu’est le développement durable. Le développement durable, c’est une obligation de concilier développement économique et le respect du patrimoine et de le faire dans une perspective de générations futures. C’est ce qu’est le développement durable. On s’est engagé là-dessus, et ça signifie que, dans chaque décision, on doit rechercher cette conciliation. On s’oblige à aller chercher la meilleure solution possible. Donc, placés devant une situation de droit nouveau, c’est exactement ce que nous allons faire.
[ M. Larocque (Paul): Josée Thibault, de Radio-Canada. Mme Thibeault (Josée): Oui. M. Charest, sur quoi comptez-vous pour tenter – j’imagine que c’est un objectif d’un gouvernement qui rentre à sa deuxième moitié de mandat – d’améliorer l’amour, si on peut dire, que les citoyens vont vous porter, parce que disons que ça n’a pas été très, très élevé au cours des derniers mois. Encore ce matin, il y a un sondage qui dit que, si on avait voté au début du mois de décembre, ni vous ni les péquistes n’auraient été dans la mire du tiers de la population.]
[ M. Charest:] L’amour, entre vous et moi, ce n’est pas une affaire publique, là. Je suis un petit peu embarrassé par votre question.
[ Mme Thibeault (Josée): Ne soyez pas embarrassé, allez-y.]
[ M. Charest:] Oui? Vas-y.
[ Mme Thibeault (Josée): Faites-le pour vous, tiens.]
[ M. Charest:] J’accepte d’emblée qu’un gouvernement est jugé sur l’ensemble de son oeuvre. Et j’ai eu l’occasion de vous le dire, puis on l’a vécu dans le passé, faites très attention aux sondages puis à ce que ça veut dire puis ça ne veut pas dire. On dit en anglais – moi, je le dis souvent à des collègues, hein: Ça dit une histoire, ça raconte une histoire, mais jamais toute l’histoire, un sondage, hein, ça peut être un indice, puis nous… Je ne vous cache pas le fait, les partis politiques utilisent les sondages, là, incluant le Parti libéral du Québec, puis ça fait partie des instruments que nous avons, mais Dieu sait que j’ai retenu plusieurs leçons de ce qu’on peut ou ne peut pas retenir des sondages, que ce soit l’élection générale de 1998 ou après.
Alors, nous autres, on continue sur le plan qu’on s’est donné, et on s’est mis beaucoup à l’écoute des citoyens. Ça, on est sensibles à cela. D’ailleurs, 2004, ça a été l’occasion pour nous de faire le forum, hein, les 19 forums à travers le Québec, faire le Forum des générations, de mettre à l’avant-plan le programme, le plan qu’on a livré à l’automne, Briller parmi les meilleurs, pour bien expliquer à la population du Québec vers quoi on s’oriente et ensuite de se mettre à l’écoute, et le Forum des générations est un bon exemple, je pense, d’écoute qu’a voulue notre gouvernement pour qu’on puisse rallier le plus grand nombre possible à débattre des grands enjeux pour l’avenir du Québec. Puis, quant on arrive sur la fin du mandat, les gens peuvent juger de ce qu’on a fait.
Mais on est restés sur nos engagements. Vous voyez que 2004, ça a été une année très, très importante pour le Québec, une année charnière, et je suis très fier de ce qu’on a accompli.
[ Mme Thibeault (Josée): Donc, ce que vous dites aux gens, c’est: Attendez, on n’a pas terminé, et vous verrez que ça va s’améliorer? Parce que c’est ça, les changements…]
[ M. Charest:] Ça s’améliore. Ça s’améliore. Écoutez, le réseau de la santé, on a renversé la tendance. Sur le plan économique, le Québec tire son épingle du jeu. Les Québécois et Québécoises, sur le plan économique, savent très bien à quel point on vit des changements qui transforment l’ensemble de l’économie mondiale, et on a tiré notre épingle du jeu. On a entrepris des changements de fond très importants au niveau de la santé, le fonctionnement du fédéralisme, le rôle du Québec à l’international, le mode de scrutin, fonctionnement de l’État. Un après l’autre, là, en 2004, c’est une année où on aura, en tout cas, nous comme gouvernement, fait des changements avec les Québécois qui sont très importants et qui sont faits vraiment dans le but d’améliorer les services aux citoyens. Alors… Mais ces changements-là, pour vous donner un exemple, dans le domaine de la santé, ce n’est pas vrai que, du jour au lendemain, on change une situation qui était dramatique. Juste pour vous rappeler une réalité québécoise – c’est une réalité mondiale en fait, mais, au Québec, c’est particulier – toute la question de la mise à la retraite de médecins puis d’infirmières, ce n’est pas vrai que, du jour au lendemain, on va régler tous ces problèmes-là. On va vivre avec ça pendant plusieurs années. Mais notre gouvernement a fait quoi pour changer la situation? Il y a une faculté de médecine en Mauricie maintenant, la Mauricie, c’est une de régions du Québec où il y a une plus forte pénurie de médecins – ce n’était pas là avant; ça, ça fait partie de notre approche – il y a une affiliation maintenant à l’Hôpital de Saguenay avec l’Université de Sherbrooke sur le plan de l’enseignement universitaire, puis on va pousser ça encore plus loin, les GMF, il y en a plus en ce moment qu’il y en avait, on a réinvesti 60000000 $ par année récurrents pour réduire les délais d’attente. Ça, ça fait partie des choses qu’on a faites. Et les résultats n’arrivent pas demain, mais la tendance, elle, a changé.
[ M. Larocque (Paul): Andrée Brassard, de Radio-Canada.
Mme Brassard (Andrée): Une question, M. Charest. Les élus municipaux de Lévis sont de plus en plus fermes dans leur opposition au projet dirigé par Gaz Métro de construction d’un terminal méthanier. Compte tenu de l’importance du projet qu’a décrit le ministre Hamad, là, importance pour le Québec, est-ce que vous souhaitez que ce soit la population de Lévis, par voie référendaire, qui tranche la question?]
[ M. Charest:] Pour tous les grands projets, il y a deux conditions. Il y a l’acceptation au niveau environnemental puis il y a des processus d’évaluation environnementale prévus justement pour évaluer des projets qu’on doit respecter, d’une part, et l’autre critère, c’est l’acceptabilité à l’intérieur des communautés. Alors, on veut que les projets soient acceptés par les communautés, puis on veut laisser aux gens le soin de faire leur évaluation puis ensuite d’arriver à des décisions. C’est comme ça que se vit le développement durable, c’est vrai pour les projets de ce type-là.
[ Mme Brassard (Andrée): L’acceptabilité par le milieu, est-ce que vous vous limitez à la décision ou au voeu du conseil municipal ou si vous vous voulez qu’on aille plus loin?]
[ M. Charest:] Bien, ça peut s’exprimer de différentes façons. Ça peut être effectivement par un référendum ou autrement, mais on ne va pas limiter les façons de le mesurer. Mais, à un moment donné, là, raisonnablement, on est capable de déterminer si, oui ou non, les gens souhaitent le projet. Mais on veut surtout que les gens puissent évaluer les projets, qu’ils aient l’occasion de regarder ce que ça signifie, les conséquences, l’impact que ça a sur l’environnement. Mais il y a une chose que je veux vous rappeler entre autres, là, parce qu’on va entrer dans une période où on va parler beaucoup de développement durable, toute activité humaine a un impact sur l’environnement. Il faut faire attention, là, parce que j’entends des fois des gens dire: Oui, mais il y a des entreprises. Toute activité humaine a un impact. L’important, c’est de faire en sorte que nous puissions minimiser l’impact que ça a sur l’environnement. C’est ça…
[ Mme Brassard (Andrée): On veut faire une zone verte, on veut que ce soit complètement vert tout le long du fleuve. C’est le choix qui a été fait par Lévis. Lequel est-ce que vous privilégiez?]
[ M. Charest:] Bien, on va permettre aux gens, de justement à travers les processus, de s’exprimer, puis ensuite on fera les choix.
[ M. Larocque (Paul): Tommy Chouinard du Devoir.
M. Chouinard (Tommy): Pour les motoneiges, je veux bien comprendre: Est-ce que ça a passé, les droits des promoteurs touristiques et de lobby organisé, devant la qualité de vie et la santé des citoyens qui ont été reconnus par le jugement d’un tribunal, respecte le principe de développement durable préconisé par votre gouvernement?]
[ M. Charest:] Il ne s’agit pas de faire passer les droits du citoyen au deuxième rang. Il s’agit de reconnaître qu’il y a une pratique de motoneige au Québec, qu’il y a des motoneiges au Québec. Et il y a des gens qui pratiquent la motoneige puis qui le font… la vaste majorité le font correctement dans le respect des droits des autres citoyens. Il fait faire attention pour ne pas démoniser personne. Maintenant, ça a un impact sur la quiétude de certains citoyens, puis il faut respecter le droit de ces citoyens d’avoir accès à leur propriété en toute quiétude, puis de concilier les deux, et c’est exactement ce que nous visons. Mais pour arriver à la bonne solution, en fonction de ce principe de développement durable, il va falloir prendre le temps d’examiner les solutions. Par exemple, comment balisons-nous la pratique de la motoneige sur les heures où les gens sont dans les sentiers, sur les vitesses, sur le son, sur les décibels? Toutes ces questions-là, on doit pouvoir les examiner dans un contexte où on a le temps d’arriver aux bonnes réponses.
[ M. Larocque (Paul): Robert Houle de Radio-Canada.
M. Houle (Robert): Moi, je voudrais revenir sur deux épisodes de la façon dont le gouvernement a réglé certains problèmes: la vache folle d’une part et le Suroît.
La vache folle, comment expliquer que la ministre ait pu annoncer des ententes et régler le problème sans l’avoir vraiment réglé? On ne sait pas encore combien ça va coûter aux contribuables. Il n’y a pas d’entente, à ma connaissance, avec Ottawa encore. Les producteurs ne reçoivent toujours pas les 0,42 $ promis. Il y a ça d’une part.
Le SuroÎt, ça a été abandonné, mais en catastrophe. Hydro- Québec Production avec la bénédiction du ministre Hamad annonce un projet d’éoliennes à Rivière-du-Loup sans soumission avec une compagnie qui vient de l’Ontario, qui n’a pas, à ma connaissance, une grande expertise, c’est un consortium financier, point, sans soumission.
Est-ce que vous trouvez normal qu’on règle des problèmes sans les régler et qu’on annonce en catastrophe pour de bonnes raisons des projets sans soumission alors qu’on parle de transparence?]
[ M. Charest:] D’abord, dans le dossier de la vache folle, je vous rappelle qu’on est dans un environnement où il y a au Québec un seul abattoir et que l’UPA a manifesté la volonté d’acheter l’abattoir, et que c’est une transaction entre l’UPA et l’abattoir en question, et que le gouvernement du Québec, dans un contexte comme celui-là, joue un rôle qui n’est pas un rôle de premier plan dans la transaction, alors évidemment.
[ M. Houle (Robert): …]
[ M. Charest:] Oui, mais on va appuyer les producteurs, on appuie les producteurs, nous, là-dedans. L’idée, là, c’est de voir de quelle façon on peut jouer un rôle utile pour appuyer les producteurs dans une période difficile pour eux puisque la vache de réforme n’est pas à la veille d’avoir accès au marché. Et c’est un marché intégré qu’il y avait avant. Il faut rappeler le contexte, là, pourquoi on s’est trouvé là où on est. C’est parce qu’il y avait un marché intégré pour la vache de réforme où les producteurs pouvaient envoyer leurs vaches de réforme aux États-Unis ou ailleurs, et là, bon, on s’est retrouvé dans une situation de fermeture de frontières.
Alors, on est là-dedans, nous, pour appuyer puis on va le faire avec le gouvernement fédéral, puis le gouvernement fédéral, lui, on ne peut pas décider à sa place, mais on est en discussion avec le gouvernement fédéral pour qu’il joue son rôle. Sur la question…
[ M. Houle (Robert): Mais il n’y a pas d’entente.]
[ M. Charest:] Bien, on est en train de discuter. Je peux vous dire que Mme Gauthier était hier avec M. Pellerin puis ils sont en train de discuter ça. Sur le Suroît, bien, là, on est dans un environnement qui a changé, hein, pour ne pas faire de jeu de mots, là, qui a changé assez rapidement. D’ailleurs, les réservoirs d’eau d’Hydro-Québec n’étaient pas au même niveau à l’été 2003 qu’ils le sont à l’été 2004, le prix du pétrole a augmenté. On a aussi, vous le savez, j’ai manifesté une volonté, moi, très nette du gouvernement du Québec qu’on puisse développer davantage la filière hydroélectrique et que nous puissions aussi être dans une situation où on peut exporter pour faire de l’argent pour qu’on puisse profiter de cette ressource-là pour que les citoyens du Québec puissent en profiter.
Alors, on va avoir une commission parlementaire qui va nous permettre de faire le point sur une question qui est névralgique pour l’avenir du Québec dans un contexte qui évolue beaucoup, et, moi, je pense que c’est important. Mais ce qui m’encourage, ce qui m’encourage beaucoup, plaçons ça dans le contexte du Suroît, on a demandé à la Régie de l’énergie de se pencher, ils nous ont produit un très bon rapport. Je vous le recommande à nouveau parce que, moi, je pense que le rapport de la Régie de juin dernier, là, c’est une référence pour ceux qui s’intéressent aux questions énergétiques au Québec. Et dans le rapport en question, ils nous recommandaient d’aller chercher 1000 MW d’éolien, de le faire le plus vite possible, on l’a fait, puis c’est le plus gros bloc jamais annoncé. Ça va avoir un impact majeur sur le développement de la Gaspésie puis le Bas-Saint-Laurent.
L’efficacité énergétique est incluse dans le rapport de la Régie de l’énergie. On a bougé là-dessus aussi.
[ M. Houle (Robert): Mais ce n’est pas ma question. Ma question: Est-ce que vous trouvez normal qu’Hydro-Québec Production ait accordé un contrat sans soumission à une société qui s’appelle Sky Power. C’est la seule question que…]
[ M. Charest:] Écoutez, c’est Hydro-Québec de répondre de ses pratiques, mais, à ce que je sache, moi, Hydro-Québec a des processus transparents puis quand ils évaluent les soumissions, ils le font dans un contexte…
[ M. Houle (Robert): …soumissions?]
[ M. Charest:] Bien, ou des appels d’offres. Ils ont fait un appel d’offres…
[ M. Houle (Robert): Il n’y en a pas eu d’appel d’offres dans le cas de Rivière-du-Loup.]
[ M. Charest:] Bien, c’est à Hydro-Québec de répondre de ses décisions là-dessus, mais, à ce que je sache, ça a été fait correctement.
[ M. Larocque (Paul): Rémi Nadeau de NTR.
M. Nadeau (Rémi): Vous envisagez pas de remaniement, M. Charest. Est-ce que vous ne reconnaissez pas que, au cours des derniers mois, il y a certains de vos ministres qui ont vraiment peiné, là, dans leurs dossiers? Il y en a quelques-uns qui se sont retrouvés au centre de controverses et qu’il y a peut-être là un lien justement entre entre ces difficultés-là et votre cote d’amour dans les sondages et que peut-être qu’un coup de barre donnerait une espèce de second souffle. Vous ne voyez pas ça comme ça?]
[ M. Charest:] Le gouvernement a un projet, des projets très ambitieux pour le Québec. On est, nous… Et puis 2004 en témoigne. Quand on fait rapidement la nomenclature de tout ce qu’on a fait comme changements là, on est dans une démarche de changements intenses actuellement.
Alors, il est normal qu’il y ait des débats, mais l’équipe fonctionne bien. Je suis très fier de ce qu’on a réalisé. Moi, je vois, dans l’année 2004 qu’on vient de passer, un gouvernement qui a trouvé son erre d’aller, qui est très à l’aise, qui est bien dans sa peau, dans ce qu’il fait et qui sait qu’il est en train de réaliser, pour le Québec puis pour les citoyens du Québec, des changements importants. Alors, qu’il y ait des débats, ça, c’est normal.
[ M. Larocque (Paul): Simon Boivin du Soleil.
M. Boivin (Simon): M. Charest, sur la décentralisation, vous avez promis que les régions auraient les moyens d’assumer les nouvelles responsabilités et de nouveaux pouvoirs.
Or, ce qui se dégage des premières discussions sur le pacte fiscal, c’est que votre gouvernement n’a pas l’intention de transférer de son argent. Est-ce que les seuls outils dont les municipalités vont disposer pour diversifier leurs sources de revenus, ça va être les capacités de taxer davantage les citoyens?]
[ M. Charest:] On a, depuis le début, des discussions avec les instances, avec nos partenaires à la fois du niveau municipal puis des régions. Et il faut aborder la discussion dans ce contexte-là. On est vraiment au début.
On a voulu faire quoi? D’abord, on a voulu éviter le piège des gouvernements passés – je mets ça au pluriel – où on abordait une décentralisation là qui était tellement ambitieuse qu’on finissait dans le mur-à-mur puis on ne décentralisait pas. Alors, on s’est entendu avec les présidents de CRE, avec la FQM, avec l’UMQ pour faire quoi? Pour faire une table Québec-régions-municipalités pour créer un comité interministériel qui est présidé par Jean-Marc Fournier.
Ça paraît un détail. Ça peut paraître de l’interne puis c’est de l’interne, oui. Mais c’est très important pour ceux qui connaissent le sujet pour la raison suivante. Si on veut faire de la décentralisation, il faut que ça parte du haut vers le bas. Il faut qu’il y ait une volonté politique en haut pour que ça puisse se traduire par des résultats concrets.
L’autre chose sur laquelle on s’est entendu, c’est qu’on va y aller étape par étape. On ne va pas essayer de tout faire en même temps, mais on va essayer de rester dans le concret puis s’assurer que le mouvement qui est engagé est irréversible. Alors, il y a la Table
Québec-municipalités-régions et il y a le pacte fiscal. Le pont, là- dedans, c’est le pacte fiscal qui expire au mois de décembre 2005. On a joint les deux puis on s’est dit: On va s’asseoir ensemble puis on va regarder de quelle façon cette décentralisation va se faire en y associant les ressources financières nécessaires. On va regarder le menu de ce qu’il y a de disponible puis on va arriver aux meilleures conclusions possibles. Mais on est au début des discussions. Alors, il est normal que chacun tire un petit peu la couverte de son côté.
[ M. Larocque (Paul): Nous en sommes maintenant à la dernière question en français. Le droit d’aînesse oblige, Norman Delisle de La Presse canadienne.]
[ M. Charest:] Moi, je n’accepterais pas ce commentaire-là. Non. On loge une plainte.
[ M. Delisle (Norman): M. Charest, j’aimerais ça aborder un problème qui touche la presse québécoise. Il y a un problème de concentration: il y a deux propriétaires qui possèdent 98 % du tirage des journaux francophones en plus de postes de radio et de télé, des hebdos régionaux. Quand le Parti libéral était dans l’opposition, la députée de Bourassa-Sauvé avait pris des engagements précis. Elle avait promis notamment un observatoire des médias, elle avait promis la comparution annuelle des magnats de la presse devant une commission parlementaire. Depuis deux ans, il n’y a pas eu rien de fait là-dessus. Je voudrais savoir, premièrement, si vous croyez toujours à ces engagements-là puis, deuxièmement, quand est-ce que vous allez les tenir.]
[ M. Charest:] Il faut être vigilant sur ces questions-là. Et Mme Beauchamp a été en lien avec sa vis-à-vis fédérale, Mme Frulla, sur cette question-là. Je pense qu’ils ont eu une communication parce qu’il y a aussi des compétences fédérales qui entrent en jeu. L’autre exemple que je pourrais vous donner d’une action du gouvernement sur cette question-là, c’est dans le dossier Corus. Pour la première fois de l’histoire, le gouvernement du Québec est intervenu devant le CRTC, dans une transaction privée. Je souligne que le gouvernement était déjà intervenu auparavant lors de débats sur des principes de politiques mais jamais dans une transaction privée. Et on a choisi de le faire pour la première fois dans le dossier Corus, pour réitérer à nouveau les principes qui nous semblaient importants à nos yeux, pour respecter justement cette diversité, cette présence des médias dans les régions du Québec. Alors, c’est un dossier sur lequel on agit, et on va continuer à suivre ça de très près parce que c’est une question de démocratie puis de faire en sorte qu’il y ait une diversité de l’information, de le faire dans un environnement qui est changeant également, là. Vous parlez d’une concentration, mais en même temps il y a toute la prolifération de sources qui nous arrivent via l’Internet, vers d’autres sources. Alors, c’est dans cet environnement-là qu’on doit juger.
[ M. Delisle (Norman): Est-ce que les recommandations de la commission parlementaire qu’avait entérinées le Parti libéral, est- ce qu’on peut mettre un x dessus tout de suite?]
[ M. Charest:] Non. Mme Beauchamp va continuer à suivre ce dossier de très près puis à agir quand les circonstances l’exigeront. Mais c’est pour cette raison-là et dans ce contexte-là qu’elle a eu une communication avec Mme Frulla sur ce sujet-là, d’une part, et que, d’autre part, on a agi puis qu’on a posé ce précédent sur lequel on s’est interrogé, soit dit en passant. Ça n’a pas été une décision qui a été prise à la légère, que le gouvernement du Québec intervienne devant le CRTC dans le dossier Corus. C’est la première fois que ça se faisait parce que c’est une transaction privée. On dit: C’était la bonne décision à prendre, compte tenu de l’impact qu’aura la décision du CRTC sur l’avenir de ce réseau radiophonique. Et ça témoigne en quelque sorte de la volonté du gouvernement d’être vigilant sur cette question-là. Donc, ce n’est pas vrai qu’on a mis un x là-dessus. On va continuer à être vigilants.
[ M. Larocque (Paul): Voilà. Merci beaucoup, tout le monde. Joyeuses Fêtes à tous.]
[ M. Charest:] Joyeuses Fêtes. Oui. Merci.
[(Fin à 11 h 24) ]

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