Adélard Godbout, 1939-1944
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Au moment où Leurs Majestés, le roi George VI et la reine Elizabeth, s’attirent l’admiration du monde entier en restant dans leur Capitale, sous le coup des bombes incendiaires, le Canada est particulièrement honoré d’avoir, comme successeur du regretté lord Tweedsmuir, un gouverneur général qui tient de très près à la famille royale. L’accueil que notre province a fait au distingué Comte d’Athlone atteste les sentiments que notre population entretient à l’égard du représentant du Roi.
L’horrible guerre qui a ravagé les plus beaux pays d’Europe entre dans sa phase définitive. Les malheurs de la France, qui nous touchent si profondément, nous portent à redouter davantage l’odieuse hégémonie de l’Allemagne. L’Empire britannique apparaît comme le dernier rempart des libertés humaines. Le peuple de la Grande-Bretagne a conquis le cœur de toutes les nations par sa vaillance à endurer les pires souffrances et les plus lourdes épreuves.
Cette ténacité à triompher de la barbarie trouve un écho au Canada, où chacune des provinces s’empresse à donner sa pleine mesure. L’enthousiasme avec lequel notre jeunesse s’est livrée à l’entraînement militaire, le nombre sans cesse croissant de nos volontaires, le concours de notre classe ouvrière et de nos agriculteurs pour activer la production servant aux fins de guerre, sont autant d’indices de l’esprit qui règne dans Québec.
Notre population a compris que la Trésorerie ne peut équilibrer son budget sans qu’une politique d’économies s’ajoute au prélèvement d’impôts. C’est en procédant de la sorte que la Province fera honneur à ses obligations et ne grèvera pas trop lourdement les générations futures.
Mon Gouvernement est désireux de collaborer avec les autorités fédérales en participant à la prochaine conférence interprovinciale. Le Premier Ministre et plusieurs de ses collègues assisteront à cette conférence. Tout en se prêtant à une coopération indispensable au maintien et au progrès de la Confédération canadienne, ils verront d’un commun accord à conserver intégralement les droits et privilèges sur lesquels repose l’autonomie de la Province.
En des temps difficiles comme ceux que nous traversons, et avec les changements rapides qui s’opèrent au sein des grandes agglomérations, le bien-être social devient un problème de premier ordre. Pour répondre à des besoins urgents, le Gouvernement a cru devoir confier au ministre de la Santé le soin d’apporter l’assistance voulue. Un projet de loi vous sera soumis pour prévenir l’expansion de certaines maladies contagieuses.
Les conditions de l’heure présente, et celles que fera fatalement surgir l’après-guerre, exigent un enseignement pratique et réaliste qui mettra notre jeunesse en état de conquérir une place plus importante dans la vie économique de notre pays. Le nouveau Secrétaire possède une longue expérience dans le domaine de l’instruction publique. Son concours sera donc fort utile pour l’étude et la mise en vigueur des modifications que l’on réclame.
Plusieurs commissions scolaires se trouvent dans une situation financière inquiétante. Il vous sera suggéré certains moyens d’y remédier.
Non content d’encourager l’établissement d’industries propres à améliorer le sort de nos agriculteurs, telles que la culture du lin et de la betterave à sucre, et la fabrication du cidre, le Gouvernement vous proposera d’adopter une loi destinée à assurer un meilleur drainage des terres. Il vous invitera, en outre, à réviser les lois concernant la colonisation, de façon à en réduire la complexité et à les rendre d’application plus facile.
L’utilisation de la force motrice pour le défrichement libère le colon de sa tâche la plus pénible et accélère la mise en culture des terres nouvelles. Mon Gouvernement a l’intention de généraliser ce procédé moderne, dont l’essai a donné des résultats entièrement satisfaisants.
L’inauguration de la route reliant Montréal, Mont-Laurier, Amos et Senneterre, a révélé les avantages que retireront nos districts miniers, nos régions de colonisation et notre métropole d’une voie directe de communication. Le ministère de la Voirie s’occupera en particulier cette année d’améliorer la route qui rattache les principaux centres de la Province à l’État de New-York, d’où nous vient un flot constant de touristes.
La forêt, qui sert actuellement à hâter la victoire de nos armes, restera une de nos plus importantes sources de richesse dès que la paix sera rétablie. Il convient d’amener l’industrie à tirer parti de tous nos bois et à créer plus d’emplois pour nos ouvriers. Des lois vous seront présentées à cette fin.
Il paraît opportun de modifier plusieurs articles du Code municipal et de la Loi des cités et villes. Votre attention y sera attirée.
Des amendements devront également être apportés à la Loi des liqueurs pour favoriser la tempérance et pour enrayer le commerce clandestin, grandement responsable des abus qui se commettent dans la consommation de l’alcool.
L’heure semble venue d’étendre aux employés permanents du service extérieur les privilèges dont bénéficient nos employés permanents du service intérieur. Il vous appartiendra de donner votre assentiment à ce projet.
Tous les membres de notre classe ouvrière, nos pêcheurs de la Côte-Nord et de la Gaspésie, et ceux qui accomplissent un si dur labeur dans nos mines, continueront de faire l’objet de la sollicitude de mon Gouvernement.
Messieurs de l’Assemblée législative,
Les comptes du dernier exercice seront déposés devant vous. Vous serez priés de voter les crédits requis pour la prochaine année fiscale.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Vous aurez à légiférer sur diverses matières d’ordre public.
Je demande à la divine Providence de guider vos délibérations et de vous aider à faire régner la justice et le bien-être parmi notre population.