[CChrétien=19950701]
[lieu=ottawa]
Bienvenue sur la colline parlementaire, pour le plus grand rassemblement populaire de l’année.
Comme vous le savez, la Fête du Canada est pour nous tous un jour bien spécial. C’est la journée de l’année où nous exhibons notre nationalisme. Tous ces drapeaux, toutes ces fanfares, tous ces feux d’artifice. Ce jour là, nous fêtons.
Pendant le reste de l’année, nous avons le patriotisme discret, modeste, réservé et sans tapage. Un patriotisme bien canadien, quoi. Ne vous y trompez pas. Nous ne l’affichons peut-être pas, mais nous savons qui nous sommes.
Nous savons que le Canada est le meilleur pays au monde. Nous savons
que nous avons bâti un pays qui fait l’envie de toute la planète.
Nous sommes conscients de tout ce que le Canada nous offre. De
grandes possibilités pour l’avenir. Un esprit de générosité et de
partage. L’espoir. La liberté. Un sens profond d’entraide. La
tolérance et la compassion. Nous savons à quel point nous tenons à
ces valeurs. Nous savons aussi que pour rien au monde nous ne
voudrions les rejeter.
Les Canadiens et les Canadiennes ne veulent pas rejeter ces valeurs
qui font de nous l’envie du monde. Et même si nous n’affichons pas
constamment nos couleurs, nous les Canadiens, partout au Canada,
nous éprouvons tous une profonde, une très grande fierté pour ce que
nous avons bâti ensemble.
Les Canadiens sont fiers lorsqu’ils voient leur drapeau, notre
drapeau, flotter en haut d’un mât. Moi aussi, j’en suis très fier,
parce qu’il symbolise toutes nos valeurs et nos réalisations. Rien
ne nous rend plus fiers que de le voir flotter partout dans le
monde. Et cette année, en ce 30e anniversaire de notre drapeau, il y a eu bien des moments de grande fierté.
Nous étions fiers quand nous avons vu le drapeau canadien sur les
uniformes de nos valeureux casques bleus en Bosnie. Dans ce triste
coin du monde, notre drapeau est symbole d’espoir, de paix et
d’humanité pour tous ceux qui souffrent.
Nous étions fiers quand nous avons vu des milliers et des milliers
de drapeaux canadiens flotter sur la Hollande pour marquer le
cinquantième anniversaire de la libération de ce pays par les
Canadiens. En arborant notre drapeau, ils signifiaient leur
gratitude et leurs remerciements aux soldats canadiens qui avaient
fait tant de sacrifices pour mettre fin à l’occupation nazie et
redonner sa liberté à la Hollande.
Nous étions fiers aussi quand nous avons vu les bateaux des pêcheurs
britanniques arborer notre pavillon. Notre drapeau est devenu un
symbole pour tous ceux qui voulaient s’opposer à cette catastrophe
environnementale qu’est la surpêche.
C’est ça, le patriotisme canadien. C’est notre fierté dans ce que
nous avons accompli. Notre fierté dans ces valeurs qui nous
unissent. Notre fierté dans la place que nous occupons dans le
monde.
Célébrons donc la Fête du Canada avec tambours et trompettes.
Demain, nous pourrons reprendre nos bonnes vieilles habitudes de
Canadiens modestes et réservés.
Et rappelez-vous, durant la plus grande partie de l’année, nous
sommes peut-être comme Clark Kent, mais nous savons que nous avons
un pays super!
Bonne fête à tous les Canadiens! Vive le Canada!
[CChrétien=19950705]
[lieu=ottawa]
Je suis ravi d’accueillir dans la capitale de notre pays la
quatrième assemblée parlementaire annuelle de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe. Nous avons rarement au Canada
l’occasion d’être les hôtes d’une délégation aussi impressionnante
de dirigeants européens. Je suis particulièrement heureux de vous
recevoir à Ottawa si peu de temps après notre fête nationale. Samedi
dernier, en effet, le Canada a célébré son cent vingt-huitième
anniversaire, 128 années de démocratie parlementaire fondée sur le
principe «de la paix, de l’ordre et du bon gouvernement».
Mais nous avons également célébré d’autres événements mémorables en
1995. Comme vous, nous avons commémoré le cinquantième anniversaire
de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et le cinquantième
anniversaire de la fondation des Nations Unies.
Dans moins d’un mois, nous soulignerons par ailleurs le vingtième
anniversaire de la signature de l’Acte final d’Helsinki. Ces
événements revêtent une grande importance pour le Canada.
Des milliers de Canadiens ont donné leur vie pour sauvegarder la
démocratie lors des deux guerres mondiales. Et nous avons été parmi
les chefs de file des efforts déployés pour établir des mécanismes
de sécurité collective face à la menace nucléaire de l’époque de la
guerre froide.
Nous devons nous assurer que l’histoire ne se répétera pas.
Le Canada est résolu à travailler avec les autres pays pour garantir
le maintien de notre sécurité et de notre prospérité communes. Votre
présence à Ottawa aujourd’hui est un signe de notre engagement
soutenu à assurer la sécurité grâce à la coopération internationale.
La fin de la guerre froide a marqué le début d’une ère nouvelle,
une ère pleine de défis, mais également de possibilités.
Nous devons désormais repenser nos liens, y compris ceux qui nous
rattachent aux pays d’outre-Atlantique.
La division entre l’Est et l’Ouest est chose du passé.
Mais nous devons veiller à ne pas remplacer les anciens blocs de
sécurité par des blocs économiques. Nous devons faire face au
changement et en profiter en créant de nouveaux liens au lieu d’en
prendre prétexte pour creuser un fossé entre l’Europe et les
Amériques.
Une des grandes priorités de notre gouvernement a consisté à
accroître le commerce multilatéral et à le libéraliser davantage.
Nous avons cherché à renverser les obstacles à la circulation des
biens, des services et des personnes qui vont d’un pays à l’autre
pour fournir ces services. C’est pourquoi nous jouons un rôle majeur
afin d’établir des zones de libre-échange dans les deux Amériques et
dans la région du Pacifique. Collectivement, les pays intéressés ont
accompli des progrès réels et se sont fixé des buts et des échéances
concrets.
En même temps, les pays du centre et de l’est de l’Europe
accroissent leur intégration économique avec l’Europe de l’Ouest.
Non seulement ces liens apporteront la promesse d’une élévation du
niveau de vie, mais encore ils contribueront largement à la sécurité
et aux valeurs auxquelles l’OSCE est vouée.
Ces progrès qu’on observe de part et d’autre de l’Atlantique ne
devraient cependant pas se faire dans l’isolement. Si nous ne
faisons rien pour les relier, nos rapports dans la région de
l’Atlantique seront affaiblis. Comme toutes les bonnes relations de
longue date, il faut les cultiver et les entretenir.
Le Canada cherche à établir des liens économiques plus étroits et à
libéraliser davantage le commerce avec les pays d’Europe. Nous
allons poursuivre résolument ces efforts. Mais les gouvernements
peuvent seulement faciliter les choses dans le domaine économique,
et non pas jouer le rôle principal.
C’est pourquoi il appartiendra aux agents du secteur privé de
consolider nos liens avec les pays d’outre-Atlantique. Nous
disposons à cette fin de plusieurs atouts. Parce que notre pays a
ouvert ses portes aux populations captives de l’Europe centrale et
de l’Est après la Seconde Guerre mondiale, nous avons maintenant des
gens qui possèdent l’intérêt, les compétences linguistiques, les
connaissances et les contacts personnels nécessaires pour mener ce
travail à bien.
Grâce à la formation de nouveaux partenariats dans le secteur privé
et avec des organismes non gouvernementaux, nous renforçons
quotidiennement nos liens avec les pays d’Europe centrale et de
l’Est.
Mais ce renforcement ne saurait se limiter aux échanges commerciaux
ou à l’intégration économique. Notre sécurité reste indissociable de
la vôtre. En fait, il est encore plus important de protéger la paix
et la sécurité internationales du fait de cette plus grande
intégration économique.
C’est pourquoi notre contingent de gardiens de la paix dans
l’ancienne Yougoslavie est le troisième en importance parmi les pays
de l’OTAN.
C’est pourquoi également le renouvellement des conflits ethniques,
nationalistes et sectaires dont nous avons été témoins dans cette
région est si inquiétant. Dans l’ancienne Yougoslavie et certaines
autres régions, l’intégration mondiale semble s’être effectuée au
même rythme que la désintégration locale.
La communauté internationale doit s’occuper de conflits qui, par le
passé, étaient considérés comme des affaires internes. Ce ne peut
désormais plus être le cas. Ces conflits posent en effet des menaces
à la sécurité devant lesquelles on ne peut rester impassible.
Permettez-moi de parler brièvement du conflit en cours dans
l’ancienne Yougoslavie, qui ébranle nos institutions multilatérales.
Le conflit qui sévit en Bosnie remet en question notre capacité de
faire face à des menaces sérieuses à notre sécurité. Pourquoi en
est-il ainsi? La communauté mondiale a consacré des ressources
impressionnantes à ce conflit. Plus de 40000 soldats des Nations
Unies. Des quantités importantes d’aide humanitaire. Le Conseil de
sécurité des Nations Unies a adopté des dizaines de résolutions sur
cette question. Des organisations régionales comme l’OTAN et l’UEO
sont intervenues. Plusieurs groupes de négociateurs ont essayé en
vain d’y apporter une solution négociée à laquelle souscriraient
toutes les parties.
En un mot, la communauté internationale a consacré du temps et de
l’énergie pour tenter de résoudre ce conflit.
Malgré des efforts aussi considérables, nous éprouvons tous un
sentiment de frustration après trois années d’un conflit qui semble
insoluble et interminable.
Manifestement, cela n’est pas attribuable au manque de ressources.
Nous disposons de toute une gamme d’institutions multilatérales.
Mais les pays ont trop souvent utilisé ces institutions pour
défendre et promouvoir des intérêts nationaux au lieu de réaliser
des consensus véritables. D’où un manque de coordination des mesures
prises par les diverses parties. Nous devons tous tirer des
enseignements importants de cette situation. Par-dessus tout, nous
ne pouvons attendre de nos institutions multilatérales qu’elles
soient efficaces si elles sont toujours dominées par des intérêts
nationaux.
Nous devons prévenir la répétition de conflits du genre de celui qui
sévit en Bosnie. À cette fin, nous devons amplifier à la fois notre
définition des nouveaux défis posés à la sécurité et notre façon d’y
réagir. Et le besoin de renforcer nos institutions et nos accords
internationaux existe toujours. Nos institutions n’ont pas prouvé
leur capacité de prévenir la répétition de conflits semblables à
celui de la Bosnie.
Nous devons promouvoir l’ordre mondial. Et encourager les États à
adhérer à des structures larges qui favorisent la coopération
pacifique.
Le Canada est fermement résolu à réformer les institutions
internationales pour les rendre aptes à faire face aux nouvelles
réalités de l’heure. Les organisations régionales comme la vôtre, et
d’autres mécanismes officieux ou ad hoc, contribuent à susciter la
confiance chez des adversaires potentiels.
Ces efforts doivent être vraiment complets et répondre aux problèmes
politiques, militaires, sociaux et économiques.
Mais les institutions internationales ne peuvent être efficaces que
si les pays sont résolus à ce qu’elles le soient. Nous ne pouvons
pas perdre de vue le fait qu’il continue d’incomber principalement
aux États de veiller au maintien de la sécurité.
Chaque État a d’abord et avant tout la responsabilité d’assurer le
bien-être de sa population. Et chacun est comptable de ses actes
envers toute sa population.
C’est pourquoi les gouvernements élus démocratiquement offrent la
meilleure garantie de stabilité sur le plan tant intérieur
qu’extérieur. Des gouvernements attentifs aux besoins de leurs
citoyens. Des gouvernements transparents et responsables qui
respectent l’autorité de la loi, font preuve d’un respect profond
des droits de la personne et manifestent leur engagement à bien
gouverner. Des gouvernements qui sont capables de promouvoir et
d’assurer la sécurité de leurs citoyens et qui encouragent la
tolérance et le respect des minorités nationales. Car la sécurité
réelle ne va pas sans la sécurité des personnes.
Le succès ou l’échec des accords de sécurité internationale, quelle
qu’en soit la forme, dépend de l’engagement de chacun des États
membres à l’égard de ces principes.
Nous avons tous intérêt à protéger la stabilité et la sécurité de
tous les membres de l’OSCE.
Je sais que vous aurez ces principes présents à l’esprit au cours de
cette conférence. En votre qualité de représentants de vos
parlements nationaux, vous avez un rôle capital à jouer pour
accroître la stabilité et la sécurité du territoire qu’embrasse
l’OSCE, de Vancouver jusqu’à Vladivostok.
Je vous souhaite plein succès dans vos délibérations.
[CChrétien=19950606]
[lieu=USA]
Aujourd’hui, permettez-moi de vous parler de mon pays, des
orientations et des priorités que nous poursuivons, aussi bien pour
nous-mêmes qu’en tant que membre actif de cet hémisphère et de la
communauté des nations.
S’il peut sembler étrange de parler de l’identité canadienne en
plein coeur du Texas, je pense que cette réunion, ainsi que la
présence des chefs d’État et de gouvernement des trois pays qui
forment l’Amérique du Nord, nous offre une excellente tribune pour
parler de ce qui rapproche nos pays, et de nos différences.
Au Canada, notre Administration est arrivée au pouvoir il y a
maintenant un an et demi.
Un an et demi de changement. Mais également une période au cours de
laquelle nous avons insisté sur les valeurs canadiennes. Nous avons
des problèmes semblables à ceux qu’on retrouve dans d’autres
démocraties de l’hémisphère occidental. Et nous tentons de les
régler d’une façon appropriée pour le Canada, c’est-à-dire
en
respectant les valeurs canadiennes et en rassemblant les Canadiens.
À notre arrivée au pouvoir, nous avons hérité d’un pays à bout de
souffle, démoralisé et morcelé. Les Canadiens éprouvaient de la
méfiance à l’égard de la classe politique. Des années de
polarisation avaient laissé des cicatrices profondes. L’économie
venait de traverser la pire récession depuis les années 30. Les
coffres de l’État étaient vides.
Notre Administration n’a rien caché aux Canadiens. Elle n’a favorisé
aucune région ou segment de la société. Nous avons travaillé
d’arrache-pied pour restaurer l’intégrité dans la vie politique.
Nous gouvernons sans bruit, mais en préconisant la compétence,
l’équité et l’honnêteté.
En contrepartie, les Canadiens ont repris confiance en leurs moyens
et en leur pays.
Notre taux de croissance économique a surpassé celui de tous les
États membres du G7; s’établissant à 4.5 % l’an dernier, il devrait
se maintenir à ce niveau cette année. Le chômage est à la baisse et
nos exportations atteignent des niveaux records.
Je n’essaie pas de vous montrer un seul côté de la médaille. En
effet, nous éprouvons encore des problèmes financiers sérieux. Mais
nous tentons de les régler. Nous sommes arrivés au pouvoir avec un
programme de compression des dépenses axé sur la création d’emplois
et la croissance économique. Nous savons qu’une économie forte est
l’essence même d’une société forte. Comme il est tout aussi
essentiel de maintenir, et je l’espère, un jour, élargir les mesures
sociales qui font partie intégrante de la vie au Canada.
Pour cette raison, nous avons déposé en février le budget le plus
dur des 50 dernières années. Nous avons du réduire des mesures que
nous aurions préféré maintenir. Ce n’est jamais facile de faire des
compressions.
Nous avons réduit les dépenses de l’État parce que les déficits
successifs affaiblissent notre économie. Nous avons tenté d’être
équitables envers toutes les régions et envers chaque Canadien.
Nous avons établi des priorités qui respectent les valeurs
canadiennes.
Quelles sont ces valeurs ? Voici, il y a quelques années, un Texan
célèbre avait utilisé l’expression suivante pour décrire notre pays
« plus bienveillant, plus aimable ». C’est ce que nous sommes au
Canada et nous entendons bien le rester.
Les deux valeurs canadiennes les plus importantes sont certes la
tolérance et le partage. Nous savons qu’un gouvernement ne peut et
ne devrait pas tout faire. Mais nous savons également qu’il doit
agir pour le bien de la société.
Et en période de changements, le gouvernement a le devoir d’aider la
population à s’adapter.
Et plus important encore, nous savons que la citoyenneté est
assortie de responsabilités. Les droits individuels sont importants
au Canada. Très importants. J’étais le ministre de la Justice qui a
contribué à l’enchâssement de la Charte des droits dans la
Constitution. Et cela demeure un des grands moments de ma vie.
Mais nous accordons tout autant d’importance aux responsabilités que
nous avons les uns envers les autres et envers notre collectivité.
C’est pour cette raison que le dossier de la santé revêt une telle
importance au Canada.
Dans notre pays, il existe un large consensus sur le maintien de
notre régime public de soins de santé. En vertu de ce système, vous
pouvez vous rendre chez le médecin de votre choix. Et vous serez
admis à l’hôpital parce que vous en avez besoin, et non parce que
vous avez suffisamment d’argent ou que vous souscrivez à l’assurance
privée appropriée. Au Canada, personne ne se soucie des factures de
soins médicaux. C’est l’une de nos plus grandes réalisations. Les
Canadiens et Canadiennes veulent garder l’assurance-santé. Et c’est
ce que nous ferons.
Je crois que c’est ce qui nous rend notre société « plus
bienveillante, plus aimable ».
Au même titre que l’intérêt que nous attachons à vivre dans des
collectivités sûres et tranquilles.
Pouvoir nous promener dans nos quartiers, fréquenter l’école et les
parcs sans craindre la violence est important à nos yeux. Cette
donnée n’apparaît pas dans les états financiers ou les diagrammes,
mais elle constitue une dimension importante de notre société. Nous
sommes fiers de nos collectivités sûres et tranquilles. Et nous
voulons qu’elles le demeurent.
C’est pour cette raison, par exemple, que la Chambre des communes a
adopté, hier soir, le projet de loi réglementant l’utilisation des
armes à feu le plus musclé de notre histoire, qui compte parmi les
plus stricts au monde. Cette mesure législative recueille par
ailleurs un appui massif auprès de la population canadienne.
Je crois que notre caractère bilingue et la grande diversité
multiculturelle de notre population contribuent également à rendre
notre société « plus bienveillante, plus aimable ». Ils contribuent
évidemment à rendre notre pays plus intéressant et à le rendre
beaucoup plus concurrentiel sur le plan économique positionné
d’une façon qui en fait un attrait unique pour les marchés
internationaux.
Mais surtout, je crois que notre diversité et nos deux langues ont
largement contribué à nous donner une perspective globale. En raison
de notre histoire et de notre population, on décrit le Canada comme
le premier pays dit « post-nationaliste ».
Je sais que les efforts additionnels que nous avons dû consentir
pour arriver à mieux nous comprendre nous ont aidés à mieux
comprendre le monde. Et croyez-moi, le Canada est un pays dont
l’attention se porte bien au delà de ses frontières.
Le sens des responsabilités qui accompagne la citoyenneté, et que
j’évoquais tout à l’heure, s’étend également aux responsabilités que
nous assimilons au fait d’être des citoyens internationaux.
Cette responsabilité remonte à notre participation, il y a un
demi-siècle, à la Deuxième guerre mondiale. Nous avions alors
combattu avec les États-Unis et les autres pays alliés.
Notre contribution avait été très grande comparativement à la taille
de notre pays.
À l’instar du combat que nous avons mené avec d’autres pays pour
gagner la guerre contre le fascisme, nous avons également oeuvré
avec la communauté des nations pour maintenir la paix durant les
années qui ont immédiatement suivi la fin de la guerre.
Le Canada a été l’un des artisans de l’établissement des
organisations multilatérales qui ont vu le jour après la fin de la
guerre et qui existent encore aujourd’hui : les Nations Unies, les
institutions de Bretton Woods, l’OTAN.
Et, depuis 50 ans, nous contribuons activement à en assurer la
réussite.
Notre engagement est aujourd’hui plus fort que jamais. Le Canada
continue de participer à presque toutes les opérations
multilatérales de maintien de la paix dans le monde. Nous maintenons
une présence à Haïti. Et, la semaine dernière, nous avons renouvelé
notre engagement à maintenir des forces de maintien de la paix dans
l’ancienne Yougoslavie. Les Canadiens sont fiers, très fiers de
notre tradition de maintien de la paix, ainsi que des hommes et des
femmes qui y prennent part aujourd’hui. Le concept des casques bleus
de l’ONU est une invention canadienne mon prédécesseur Lester
Pearson avait d’ailleurs remporté le prix Nobel de la paix pour
cette invention.
Par contre, il est triste de constater que l’histoire semble aller à
contre-courant dans certains pays, notamment en Bosnie, au Rwanda,
en Somalie et en d’autres points chauds du globe.
Des endroits dont il serait raisonnable de se demander si nous
pouvons encore y faire quelque chose ou si nous devrions même nous
en soucier.
Je crois que nous devrions nous en soucier. Et je crois que nous
nous en soucions.
Je suis rassuré de voir que la souffrance humaine parvient encore à
émouvoir les Canadiens et Canadiennes. Et qu’ils demandent à leur
gouvernement d’intervenir. Nous n’arrivons pas toujours à arranger
les choses. Et nous n’avons pas les moyens d’intervenir seuls. Mais,
si nous ne tentions absolument rien, la situation se détériorerait
davantage. Si nous en venions collectivement à ne plus nous soucier
du sort des citoyens des autres pays, nous finirions par devenir
insensibles au sort de nos propres concitoyens.
Si nous croyons que les systèmes internationaux ne peuvent plus
régler les situations les plus épineuses et les plus urgentes, nous
finirons par cesser de croire à notre capacité de travailler
ensemble à la réalisation d’un objectif commun.
C’est pour cette raison que la présence des Nations Unies revêt
autant d’importance. Et pourquoi cette organisation doit être
réformée afin de jouer un rôle encore plus déterminant. Le Canada
appuie l’ONU car elle est une illustration de nos plus grands
idéaux. L’ONU représente la primauté du droit, la justice sociale,
économique et politique, le pouvoir de négociation et le règlement
pacifique des différends.
Je suis conscient des frustrations qui entourent l’ONU. C’est
d’ailleurs pourquoi le Canada pilote des initiatives visant à en
assurer la refonte. Mais pour reprendre les paroles de Winston
Churchill, l’ONU est la pire des tribunes internationales du monde
sauf les autres.
Nous avons le devoir d’en renouveler l’efficacité et la pertinence.
L’isolationnisme, peu importe son attrait, n’est plus une option.
L’histoire nous l’enseigne. Et ce qui était vrai il y a cinquante
ans, est encore plus vrai aujourd’hui, alors que nous vivons dans un
monde où la technologie rapproche encore davantage.
Cela n’est pas seulement vrai en terme de géopolitique, mais
également en ce qui a trait au commerce international.
Le protectionnisme est l’équivalent économique de l’isolationnisme.
Il n’a plus sa place dans le monde actuel. De fait, la
libéralisation des échanges est le meilleur moyen de créer les
emplois et la croissance économique que nous recherchons tous pour
nos pays respectifs.
Et cela est certainement le cas au Canada. Nous dépendons davantage
du commerce international que pratiquement tous les autres pays
industrialisés du globe. Pour cette raison, nous avons été des chefs
de file, et continuerons de l’être, en matière d’élimination des
barrières commerciales et de recherche active de nouveaux marchés.
C’est pour cette raison que le commerce international a été un des
dossiers prioritaires de notre gouvernement.
L’automne dernier, j’ai dirigé la mission commerciale la plus
réussie de l’histoire du Canada la mission commerciale de l’Équipe
Canada en Chine qui comprenait presque tous les premiers ministres
des provinces et des centaines de gens d’affaires. Nous avons conclu
des ententes qui créeront des milliers d’emplois au Canada. Il y a
deux mois à peine, j’ai dirigé une deuxième mission commerciale,
cette fois vers les économies dynamiques de l’Amérique latine.
Le commerce continuera d’être un dossier des plus prioritaires pour
nous. C’est pour cela que le démarrage de l’Organisation mondiale du
commerce revêt autant d’importance. C’est pour cette raison que
l’élargissement de l’ALENA pour permettre l’adhésion du Chili et,
éventuellement, l’établissement d’une zone de libre-échange des
Amériques qui s’étendra à tous les pays de l’hémisphère, revêt une
telle importance.
C’est pour cette raison que la décision de l’APEC de créer une zone
de libre-échange des pays du Pacifique revêt autant d’importance.
Le Canada a travaillé avec acharnement à tous ces progrès. Nous
avons été témoins de ce que la libéralisation des échanges peut
apporter à un pays relativement petit comme le nôtre. Et nous savons
ce que cela peut signifier ailleurs dans le monde, en termes
d’amélioration de la qualité de vie, d’épanouissement des
collectivités, d’accroissement de la stabilité et de garanties de
paix.
L’engagement que nous manifestons envers la communauté
internationale a rarement été aussi évident qu’au cours des
dernières semaines, soit depuis que nous sommes intervenus de façon
déterminante pour prévenir un désastre écologique dans
l’Atlantique-Nord.
Il y a plusieurs années que nous sommes préoccupés par la surpêche
étrangère pratiquée dans les eaux immédiatement à l’extérieur de
notre zone économique.
Nous avons déjà été témoins de la surpêche des stocks de morue. Et
nous subirons les conséquences de ce désastre pour des dizaines
d’années. Nous ne pouvions pas laisser cela se reproduire.
Nous voulons que le droit international aborde clairement la
responsabilité de tous les États en matière de préservation et de
gestion du patrimoine mondial. Comme vous le savez, les poissons
nagent de part et d’autre des limites territoriales sans
passeport, sans visa.
La façon de préserver les stocks de poissons qui nagent de part et
d’autre des limites territoriales les stocks chevauchants est de
conclure une Convention des Nations Unies sur cette question qui
obligera les États à promouvoir une gestion respectueuse de
l’environnement.
Mais vu l’absence d’une telle entente internationale, nous ne
pouvions pas permettre la surpêche qui aurait abouti à l’extinction
d’une autre espèce.
En tant que citoyen international responsable, nous devions
intervenir pour protéger une ressource qui appartient à la
collectivité mondiale. Et nous l’avons fait. Et nous croyons avoir
ainsi contribué à prévenir un autre désastre écologique.
Et nous avons impulsé la négociation, actuellement en cours, de ce
qui deviendra, nous l’éspérons, une entente historique entre le
Canada et l’Union européenne. Nous espérons que cette entente
servira de modèle pour la conservation des stocks de poissons
partout dans le monde dans l’intérêt de la communauté
internationale.
Notre rôle de citoyen mondial sera encore plus en évidence au mois
de juin alors que nous accueillerons le Sommet du G7. La Russie
participera également à certaines des réunions. Nombre des défis
dont j’ai parlé seront inscrits à notre ordre du jour.
S’il était possible de réunir la diversité des sujets traités sous
un seul thème, on pourrait alors dire que le sommet portera sur le
renforcement des institutions internationales en fonction du XXIe
siècle. Nous nous pencherons sur les institutions financières,
économiques, commerciales et politiques, pour veiller à ce qu’elles
soient en mesure de jouer leur rôle efficacement. Et pour cela, nous
devrons renouveler les institutions que nous avons mises sur pied
collectivement à Bretton Woods. Nous ne trouverons sans doute pas
toutes les solutions à Halifax, mais nous pouvons véritablement
entamer la recherche.
Le G-7 n’est pas une instance décisionnelle. Nous n’avons pas
compétence pour redéfinir les règles en matière d’engagement
économique ou politique.
Par contre, nous pouvons faire avancer les dossiers. Nous pouvons
tirer parti de compétences et d’expériences inégalées dans le monde,
et faire preuve de leadership véritable. Au lendemain du sommet de
Halifax, il appartiendra à la communauté et aux institutions
internationales de relever les défis.
Et vous pouvez avoir l’assurance que notre pays y prendra part. En
tant que citoyens responsables du Canada et de la collectivité
mondiale, nous continuerons à bâtir un pays et un monde cohérent
avec les valeurs auxquelles nous croyons.]
[CChrétien=19950506]
[lieu=paysbas]
Votre Altesse Royale, Monsieur le premier ministre, distingués
invités, mesdames et messieurs,
Au nom des Canadiens et des Canadiennes, je remercie Votre Altesse
Royale d’être parmi nous aujourd’hui à l’occasion de cette cérémonie
spéciale. La famille royale occupe une place toute particulière dans
le coeur des anciens combattants canadiens, et de tous les
Canadiens.
Lorsque ce pays est brutalement tombé aux mains de l’occupant, nous
sommes fiers que le Canada ait pu offrir un refuge à la famille
royale. En effet, Son Altesse Royale est née dans notre capitale
nationale. Votre famille royale était en sécurité de l’autre côté de
l’océan. Un symbole d’espoir et de défiance. C’est ainsi que
l’amitié entre nos deux pays a pris naissance.
Une amitié qui s’est forgée durant les heures les plus sombres du
XXe siècle. Une époque où un envahisseur exerçait son emprise sur ce
continent, lorsque régnait la haine et que l’avenir du monde était
remis en question.
Cela a été une époque de terreur et d’oppression, certes, mais
également une époque de grand courage et de sacrifice.
Aujourd’hui, nous rendons hommage au courage et au sacrifice de tous
ceux qui ont combattu pour la liberté. Les Canadiens qui reposent
ici et dans les autres cimetières militaires d’Europe. Et ceux qui
ont effectué un long voyage pour être aujourd’hui parmi nous.
Les manuels d’histoire ne nous donnent qu’un compte-rendu
impersonnel et des statistiques de guerre.
On y apprend, notamment que plus de 40000 Canadiens ont perdu la
vie durant la Seconde Guerre mondiale, que plus de 7000 Canadiens
sont morts durant la libération de la Hollande, et que plus de 2 300
Canadiens sont enterrés ici.
Les manuels d’histoire sont remplis de chiffres comme ceux là. Mais
ils ne nous disent pas à quoi ressemblaient les affrontements, au
cours de l’hiver froid et humide caractéristique des basses terres
de ce pays, contre un ennemi désespéré et repoussé dans ses derniers
retranchements.
Ces manuels ne nous enseignent pas ce qui se passait dans le coeur
et la tête d’Aubrey Cosens, durant la nuit du 25 février 1945. Cette
nuit là, il a pris d’assaut trois positions ennemies, à lui seul,
sous le feu nourri des mitrailleuses. Cette nuit là, il a été abattu
par un tireur d’élite ennemi.
Aubrey Cosens était âgé de 24 ans. Il n’est jamais rentré à
Latchford en Ontario. Sa vie a pris fin à l’âge où la plupart des
gens commencent à vivre pleinement. Il repose ici à Groesbeek. À
titre posthume, il a été décoré de la Croix de Victoria pour ce
qu’il a accompli cette nuit là.
Les livres d’histoire ne racontent pas ce que ressentaient les
blessés ou ceux qui ont été décorés par un pays étranger.
Jean-Charles Forbes, de Matane au Québec, est devenu lieutenant et
commandant de peloton avec le Régiment de Maisonneuve. À Groesbeek,
il a été atteint à l’oeil droit par un éclat d’obus.
Wilford Kirk, de Langenburg en Saskatchewan, membre des Queens Own
Cameron Highlanders, a été blessé à quatre reprises.
Ces deux hommes ont reçu la plus haute distinction de bravoure des
Pays-Bas. Ils sont les deux seuls récipiendaires canadiens toujours
vivants, et ils sont avec nous aujourd’hui.
Les manuels d’histoire ne disent pas ce qu’on ressent lorsqu’on perd
son fils, son père, son mari ou son frère.
La famille Halikowski de Saskatchewan sait ce que l’on éprouve.
Quatre frères se sont enrôlés. John est mort en France.
Son frère Joe, qui servait dans l’aviation, a été abattu au dessus
de l’Allemagne. Il repose ici à Groesbeek.
Leur frère, Edward Halikowski a également combattu aux Pays-Bas. Il
est parmi nous aujourd’hui.
Les manuels d’histoire ne peuvent raconter aucune de ces choses. Les
mots, les dates et les cartes ne donnent pas une mesure de la
souffrance, des sacrifices et de ce que l’on ressent lorsqu’on perd
un être cher.
Mais ce que ces Canadiens nous ont légué véritablement ne se
retrouve pas dans les livres d’histoire.
On le retrouve dans le sourire d’un enfant hollandais qui vit
décemment et en toute liberté aujourd’hui, grâce à ce que ces hommes
ont accompli il y a un demi-siècle.
Dans la gratitude qu’expriment les personnes qui vivaient ici alors.
Dans la chaleur de l’accueil que nous avons reçu dans ce pays.
On le retrouve au Canada également.
Dans les cours d’école, dans les éclats de rire d’enfants qui vivent
sans crainte ni souffrance.
Dans nos villes et collectivités, où les gens peuvent bâtir une vie
décente pour eux et leur famille.
Dans nos églises et synagogues, où les gens sont libres de croire et
de prier.
Dans nos quartiers, nos bibliothèques et nos assemblées législatives
où les gens sont libres de parler, d’écrire et de lire comme bon
leur semble.
Ceux de ma génération comme celle de nos enfants, qui n’ont jamais
connu toute l’horreur de la guerre.
Cet héritage se retrouve dans la lettre d’une jeune femme de
Montréal. Elle écrit :
« Je suis une Canadienne dont les parents hollandais ont survécu à
la guerre et à l’occupation de la Hollande… Il y a 50 ans, des
soldats canadiens venus les libérer de la tyrannie et de
l’oppression ont donné du pain à mes parents affamés. À mes yeux, ce
simple geste de bienveillance symbolise toute la fierté que
j’éprouve d’être Canadienne dans un monde où, pour un trop grand
nombre, la liberté est un luxe hors de portée… Les tulipes que
nous plantons chaque année ne sont qu’une façon toute simple
d’exprimer le souvenir que nous conservons et la gratitude que nous
éprouvons envers ce pays qui a accueilli ma famille comme des
millions d’autres personnes, et leur a donné la chance de vivre en
santé, en sécurité, et de prospérer. »
Ces paroles toutes simples, sont le véritable héritage que nous ont
légué les Canadiens qui reposent ici et dans les cimetières qui
jalonnent ce continent. C’est le véritable héritage de leurs
camarades qui sont rentrés au pays et de ceux qui reviennent ici
cinquante ans plus tard.
Et nous vous disons merci.
Merci de nous avoir donné la chance de bâtir un pays meilleur. Merci
de nous avoir donné la chance de vivre en paix. De croître et de
prospérer. De bâtir une société fondée sur la tolérance et le
partage, la compréhension et la liberté.
Vous nous avez légué cinquante années de paix et de stabilité.
Votre héritage, c’est un pays fier et indépendant, un jeune pays qui
a atteint sa maturité en traversant les épreuves de la guerre. Qui
occupe aujourd’hui une place de premier plan dans la communauté
internationale, et y joue un rôle important.
Votre héritage, c’est un pays de paix où tous les espoirs sont
permis, un pays qui a ouvert ses bras pour accueillir des personnes
provenant d’un peu partout dans le monde. Des personnes qui ont, par
ailleurs, contribué à bâtir un pays meilleur et plus fort.
Votre héritage, ce n’est rien de moins que le Canada tel que nous le
connaissons. Tout ce qui est nôtre aujourd’hui, nous le devons à ce
que vous avez accompli il y a un demi-siècle.
Nous continuerons à bâtir une société digne de votre sacrifice.
Une société fondée sur la liberté, l’égalité des chances et la
tolérance. Une société libre de la haine, de la peur et de la
tyrannie. Une société qui fait l’envie du monde entier.
Nous poursuivrons l’oeuvre que vous avez entreprise.
Nous n’oublierons jamais ce que vous avez fait.]
[CChrétien=19951006]
[lieu=qué]
Quand on m’a demandé où je voulais prononcer mon premier discours
durant la campagne référendaire, sans hésiter, j’ai répondu « chez
moi ». La décision que nous prendrons dans trois semaines est d’une
importance fondamentale pour chacun et chacune d’entre nous,
Mauriciens, Québécois, Canadiens.
Je sentais donc le besoin de retourner à mes racines, de regarder un
peu en arrière, de réfléchir sur mon cheminement personnel depuis ma
jeunesse ici en Mauricie.
Vous ne savez pas combien ça me fait plaisir d’être parmi les miens
ce soir, mes amis, mes voisins, ma famille. Vous me connaissez
bien. Je suis le fils de Wellie Chrétien et de Marie Boisvert.
Mes parents m’ont appris à être fier de ma région, la Mauricie et je
le suis. Ils m’ont appris à être fier d’être francophone et je le
suis. Ils m’ont appris à être fier d’être Québécois et je le suis.
Ils m’ont enfin appris à être fier de mon pays, le Canada, et j’en
suis très fier. L’idée de rejeter une partie de mon identité ne m’a
jamais effleuré l’esprit. Ne plus être Mauricien, Québécois ou
Canadien est pour moi impensable.
Mes parents m’ont transmis les valeurs qui m’ont guidé toute ma vie
, la famille, le travail, l’espoir d’une vie meilleure pour nos
enfants, la tolérance, l’ouverture, le respect pour les opinions des
autres, le partage et l’aide aux moins fortunés d’entre nous. Ce
sont des valeurs de la Mauricie, des valeurs du Québec.
Mais plus tard dans ma vie j’ai eu l’occasion de voyager partout au
Canada et j’ai appris que ces valeurs d’ici, ces valeurs du Québec,
sont des valeurs communes à tous les Canadiens.
Mes parents croyaient fermement que le Canada est un pays plein de
possibilités. Ils nous ont élevé, mes frères, mes soeurs et moi,
avec la conviction qu’au Canada, on peut non seulement rêver, mais
également réaliser ses rêves. On peut maîtriser son destin.
À 29 ans vous m’avez élu à la Chambre des Communes. À ce
moment là j’étais un francophone unilingue, qui ne connaissait pas
le Canada hors Québec. Vous m’avez envoyé vous représenter là où
l’administration fédérale était presque exclusivement anglophone. Il
y avait peu de Québécois francophones à la direction de la fonction
publique. Les ministères à vocation économique dans le Cabinet
étaient toujours dirigés par des anglophones.
Chez nous au Québec, une minorité anglophone contrôlait l’économie.
Les francophones gagnaient moins que les anglophones. On n’avait pas
de ministère de l’Éducation. Personne ne rêvait du jour où des
entrepreneurs francophones du Québec pourraient vendre leurs
produits et services à travers le monde.
Mes chers amis, c’était ça le Québec et le Canada, il y a trente
ans. Le Canada a profondément changé depuis cette époque,
parlons-en.
Le fait français est devenu une réalité à Ottawa. Les Québécois
francophones occupent les postes les plus élevés de l’administration
fédérale. Les ministères à vocation économique ne sont plus la
chasse gardée des anglophones.
Selon la déclaration d’indépendance de M. Parizeau, et je cite : «
persister à l’intérieur du Canada signifierait s’étioler et
dénaturer notre identité même.» Fin de la citation.
Mes chers amis, est-ce que notre identité est dénaturée parce
que le
gouverneur général du Canada est Acadien, le juge en chef de la Cour
Suprême du Canada est québécois, le Greffier du Conseil privé est
une Québécoise, le ministre des Finances est québécois, le président
de la Société d’expansion des exportations est québécois, le
ministre des Affaires étrangères est québécois, le premier ministre
est québécois.
Ce n’est pas seulement d’occuper des postes importants à Ottawa qui
compte. C’est de pouvoir s’en servir dans les meilleurs intérêts du
Québec et de tout le Canada. Depuis trente ans, M. Parizeau accuse
le gouvernement fédéral de tous les maux. C’est pourtant ce
gouvernement qui voté la Loi sur les langues officielles.
Guidé par des principes de justice sociale, ce gouvernement a
également développé un régime national d’assurance-maladie, le
supplément de revenu garanti pour les aînés et élaboré un programme
de péréquation qui permet d’atténuer les iniquités entre les
différentes régions du Canada. Le Québec en a largement profité.
Dans le secteur culturel, c’est ce gouvernement qui a créé entre
autres, la Société Radio-Canada, le Conseil des Arts et l’Office
national du film. Des milliers d’artistes et d’artisans québécois du
monde des communications en ont longtemps tiré leur gagne-pain.
Dans le secteur économique, il a créé l’Agence canadienne de
développement international, qui a joué un rôle clé pour aider les
entrepreneurs Québécois à trouver des marchés extérieurs. Il a
négocié l’accord de libre-échange nord-américain, l’ALENA. La
Société d’expansion des exportations, un autre produit de ce
gouvernement, finance des compagnies québécoises pour créer des
emplois chez nous et vendre nos produits et services à l’étranger.
On peut dire qu’ensemble nous avons démontré qu’on est capable de
bâtir un Québec fort dans un Canada uni.
La souplesse du cadre canadien a aussi permis au Québec de se doter
de politiques et d’institutions distinctes : Hydro-Québec, produit
de la nationalisation de l’électricité, la Caisse de dépôt et de
placement, la Régie des rentes du Québec, la Société de
développement industriel, la Société générale de financement et
Radio-Québec, pour n’en nommer que quelques-unes.
Il y a de nombreuses façons d’être différent comme il y a de
nombreuses façons d’être canadien et, à coup sûr, une façon d’être à
la fois différent et canadien, c’est d’être québécois.
Aujourd’hui, chacun constate le contrôle que les Québécois
francophones ont acquis sur leur économie. L’écart salarial entre
les groupes linguistiques a disparu. 60 % des
non-francophones du Québec parlent maintenant le français, et chez
les moins de vingt-quatre ans, la proportion s’élève à près de 90 %.
En fait, au Québec, la proportion de
francophones n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui.
Le Québec et le Canada ont effectivement beaucoup changé depuis les
années 60. Écoutez cette description du Québec moderne faite par un
observateur averti :
« Ce que notre peuple a accompli en trente ans est remarquable. Une
société qui n’avait pas de ministère de l’Éducation, produit
maintenant une technologie tellement avancée que ce qu’on exporte
maintenant le plus, c’est du matériel de télécommunications, et nos
logiciels sont utilisés de Tokyo à Hollywood.
Une société dont on disait qu’elle n’avait pas le don des affaires a
produit des géants industriels et financiers de renommée
internationale. Une société qu’on disait sans histoire et sans
littérature a maintenant des films, des chanteurs, des danseurs, des
dramaturges et des écrivains qui font le tour du monde. On ne s’en
étonne même plus. Une société qu’on disait frileuse et repliée sur
elle-même, a encouragé comme nulle autre sur le continent, le
libre-échange et l’ouverture des frontières. »
Mes chers amis, c’est M. Parizeau qui dit cela et il dit vrai. Mais
il oublie de dire que ces progrès extraordinaires du Québec, ont été
réalisés au sein du Canada. Il confirme qu’on est capable de bâtir
un Québec fort dans un Canada uni.
Si on a pu réussir tout cela depuis trente ans, comment peut-on
affirmer aujourd’hui que les changements ne sont pas possibles au
sein du Canada?
Si, en trente ans, on a pu faire tout ça ensemble, imaginons ce
qu’on peut réaliser ensemble au cours des trente prochaines années.
Parce que, ensemble on est capable de bâtir un Québec fort dans un
Canada uni.
Si le Canada et le Québec ont connu des changements remarquables
depuis trente ans, le monde aussi a changé.
Si, par le passé, nous avons pu protéger nos marchés sans égard à la
concurrence internationale, aujourd’hui nous ne pouvons plus le
faire. Si par le passé, nous pouvions compter nos concurrents sur
les doigts d’une seule main, aujourd’hui nous faisons face à une
concurrence qui vient de tous les continents, de tous les coins du
monde. Il y a trente ans on ne se préoccupait pas beaucoup de la
concurrence des pays du Pacifique. Vous conviendrez avec moi que ce
n’est pas en brisant le Canada qu’on pourra affronter cette
concurrence.
Le Canada tient une place importante dans le monde et nous devons
faire tout ce qui est possible pour construire sur ce que nous avons
déjà bâti.
Depuis deux ans, à titre de premier ministre du Canada, moi,
francophone québécois de la Mauricie, j’ai vécu, en votre nom, des
expériences extraordinaires sur la scène internationale. Je veux
aujourd’hui les partager avec vous.
Au mois de juin 1994, sur les plages de la Normandie, en votre nom,
j’ai rendu hommage aux soldats canadiens qui sont morts pour la
liberté au cours de la dernière guerre mondiale. J’ai été témoin de
la gratitude de la France pour les sacrifices des jeunes Canadiens,
Québécois, Ontariens, des jeunes de l’Ouest et de l’Atlantique, qui
ont démontré qu’ensemble, on est capable de faire notre marque dans
le monde.
Et la même semaine, j’ai eu le privilège de visiter des troupes
canadiennes qui portaient le casque bleu des Nations unies dans
l’ex-Yougoslavie. Elles travaillaient dans des conditions difficiles
pour aider une population déchirée et terrorisée.
Et j’ai réalisé encore une fois qu’ensemble et solidaires, on est
capable de faire notre marque dans le monde.
Et au mois de mai de cette année, je me suis rendu aux Pays-Bas pour
recevoir, en votre nom, comme premier ministre du Canada les
témoignages d’une population qui, il y a cinquante ans, a été
libérée par des soldats canadiens. Leur gratitude est sans fin, ils
n’ont pas oublié ce que les Canadiens peuvent faire ensemble.
Il y a un an, j’ai eu l’honneur de diriger une délégation de gens
d’affaires canadiens et de premiers ministres provinciaux en Chine.
Chacun se rappelle du succès d’équipe Canada. La mission d’équipe
Canada représente un exemple de ce que nous pouvons accomplir
ensemble. Il est dommage que M. Parizeau n’ait pas jugé bon de
s’associer à ce succès.
Cette mission nous a montré que la collaboration
fédérale-provinciale peut être très efficace lorsqu’on met nos
énergies sur les vrais priorités des gens pour créer des emplois ici
et ouvrir des horizons à tous les Canadiens. J’aurai d’ailleurs
l’occasion de faire le point sur les retombées de cette mission la
semaine prochaine à Montréal avec les membres d’équipe Canada et le
premier ministre chinois, Li Peng. Cette mission a démontré
qu’ensemble on est capable de faire notre marque dans le monde.
Au mois de juin, j’ai eu l’occasion de présider les réunions du
groupe des sept pays les plus industrialisés du monde, le G-7 dont
le Canada fait partie. Depuis ses débuts, il y a eu 21 sommets du
G-7 et c’est un Québécois qui a représenté le Canada pour 19 d’entre
eux. C’est également un Québécois qui en a présidé trois. Encore une
fois on a démontré qu’ensemble on est capable de faire notre marque
dans le monde.
Immédiatement après le référendum, je me rendrai au Japon pour la
réunion des chefs de gouvernement des pays du Pacifique. C’est là où
l’expansion économique sera la plus rapide au cours des prochaines
décennies. Et c’est en faisant partie du Canada que le Québec est
présent. Ensemble, on est capable de faire notre marque dans le
monde.
Mes chers amis, avec tous les autres Canadiens, nous Québécois, nous
avons bâti un grand pays, le Canada. Un pays qui n’est pas parfait,
c’est vrai; un pays qui doit continuer de s’adapter à la réalité
moderne, c’est vrai; un pays qui peut et qui doit s’améliorer, bien
sûr; mais un pays qui continue également de faire l’envie du monde
entier. Nous avons toutes les raisons d’en être extrêmement fiers.
Et pourtant, certains veulent nous faire rompre avec ce passé d’une
exceptionnelle richesse. Certains veulent séparer le Québec du
Canada. Si nous les écoutions, vous et moi ne serions bientôt plus
canadiens. C’est ça le véritable enjeu du référendum du trente
octobre.
Ceux qui prônent la séparation du Québec ont le fardeau de la preuve
:
Est-ce que la séparation améliorera le sort économique des
Québécois?
Y aura-t-il plus d’emplois dans un Québec séparé, de meilleures
occasions d’affaires?
Est-ce que la séparation améliorera la protection sociale des
Québécois?
Les retraités et les chômeurs seront-ils plus riches?
Est-ce qu’un Québec séparé protégera mieux la langue et la
culture françaises?
Est-ce que l’appartenance au Canada nuit au commerce du Québec?
Est-ce que l’appartenance au Canada nuit aux emplois au Québec?
Est-ce que l’appartenance au Canada nuit à l’investissement au
Québec?
Est-ce que l’appartenance au Canada nuit au système d’éducation
du Québec?
Est-ce que c’est à l’avantage du Québec de ne plus faire partie
d’un pays du Pacifique?
Le Québec serait-il économiquement plus concurrentiel s’il ne
faisait plus partie d’un pays membre du G-7?
Est-ce que le 1000000 de francophones hors-Québec vivraient
mieux dans un Canada sans le Québec?
Mesdames, Messieurs, les tenants de la séparation savent que nous
Québécois francophones sommes profondément attachés au Canada. Alors
au lieu de poser une question claire et nette, « voulez-vous que le
Québec devienne un pays séparé du Canada », ils essaient de
convaincre les Québécois qu’on pourrait à la fois séparer le Québec
et bâtir un nouveau partenariat économique et politique avec ce
qu’il resterait d’un Canada profondément meurtri par l’aventure.
Cette fois-ci, les tenants de la séparation veulent faire une offre
au reste du Canada qui est conçue pour être refusée. Ils savent fort
bien comme Paul Martin l’a démontré la semaine dernière, que leur
offre, leur proposition, d’association économique n’a aucun sens.
Et pour essayer de masquer leur option, ils proposent aussi un
partenariat politique. Ils veulent divorcer et se remarier. Mais les
conditions qu’ils posent pour le remariage insultent l’intelligence.
La proposition de partenariat politique défie le plus élémentaire
bon sens. Elle est irréaliste et illusoire et serait immédiatement
rejetée par le reste du Canada.
Elle serait rejetée parce qu’elle imposerait un autre niveau de
gouvernement au Canada, une représentation égale, même si le Canada
fait trois fois la taille du Québec et un droit de veto qui
mèneraient les deux pays brisés, à la paralysie. Mais ça, M.
Parizeau ne l’admettra pas avant le 31 octobre. C’est la surprise
des lendemains référendaires.
Donc le choix devant nous, lundi dans trois semaines, n’est pas le
choix d’un Québec souverain assorti d’un nouveau partenariat avec le
reste du Canada.
Le choix c’est un Québec séparé, qui ne fait plus partie du Canada,
où il n’y a plus de Québécois à la Chambre des communes, où il n’y a
plus de Québécois dans l’administration publique fédérale, où il n’y
a plus de Québécois dans le gouvernement du Canada, où le Québec
n’est plus une province du Canada, où les Québécois ne seront plus
citoyens canadiens, où les Québécois n’auraient plus droit au
passeport canadien.
Ça c’est l’option qui nous est proposée par M. Parizeau. C’est
l’option qui s’appelle la séparation, le vrai mot que nos
adversaires refusent d’utiliser parce qu’il est trop clair. C’est
l’option qui affaiblirait inévitablement et sans aucun doute le
Québec.
Il y a une autre option. C’est l’option qui nous permettra de
poursuivre ensemble la construction d’un pays avec une histoire
commune, des valeurs communes et des espoirs communs. C’est la
meilleure garantie d’un Québec fort.
Cette option, c’est le Canada.
Vraiment, on a raison de dire NON à la séparation.
Vive le Québec… Vive le Canada.
[CChrétien19950208]
[lieu=ottawa]
Excellence,
Je suis très heureux de vous adresser aujourd’hui les meilleurs
voeux des membres du gouvernement, des parlementaires et de toute la
population canadienne à l’occasion de votre installation.
En leur nom, je me permets de demander que votre premier geste
officiel soit d’adresser à Sa Majesté la Reine du Canada un message
exprimant notre loyauté et notre affection.
Je tiens aussi à offrir mes remerciements et ma plus sincère
reconnaissance à votre prédécesseur, le très honorable Ramon
Hnatyshyn, et à Madame Hnatyshyn, pour les services éminents qu’ils
ont longuement rendus au Canada.
C’est avec beaucoup de fierté et de plaisir, Excellence, que
j’accueille votre prise de fonction comme représentant de Sa
Majesté.
Vous êtes le premier Acadien et le premier citoyen de la région de
l’Atlantique à assumer cette importante fonction.
Il y a deux cents ans, vos ancêtres ont dû lutter pour assurer la
survie d’une petite collectivité acadienne après des années de
guerre et de terribles difficultés économiques. Ils ont souffert des
luttes que se livraient les empires européens. La plupart ont été
déportés. La faim et la maladie ont fauché beaucoup d’entre eux.
D’autres ont péri en mer lorsque les navires qui les menaient en
exil ont fait naufrage.
Mais quelques exilés déterminés ont réussi à s’échapper et à revenir
ici malgré les autorités coloniales qui tentaient de les disperser.
Finalement, ils ont non seulement survécu à ces terribles épreuves,
mais encore leurs descendants se sont développés et épanouis sur
cette terre dont ils ont fait leur patrie. Avec un courage
exceptionnel, ils ont préservé leur culture. Ils ont résolument mis
de côté les vieilles rancunes et choisi de vivre en paix et en
harmonie avec leurs concitoyens du Canada, en privilégiant ce qu’ils
avaient en commun avec eux, pas ce qui pouvait les diviser. C’est à
cause d’eux, nous le savons tous, que le Canada atlantique bénéficie
d’une culture acadienne remarquablement riche et dynamique.
Aujourd’hui, le représentant du chef de l’État au Canada est un
digne descendant de cette race de bâtisseurs. C’est un Acadien, une
des multiples façons d’être Canadien. C’est ça la réalité
canadienne.
Votre installation nous offre l’occasion de réfléchir à tout ce que
nous avons accompli ensemble dans ce pays. Elle nous rappelle que
nous formons une société d’immigrants qui, avec les Premières
nations, ont fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui. Que l’unité
de notre pays s’est construit dans la diversité, et que cette
diversité fait également notre force. C’est en fait une
caractéristique canadienne fondamentale.
Elle nous rappelle également tout ce que les francophones de chaque
région ont apporté à l’édification du Canada en préservant leur
culture particulière au sein du continent nord-américain. Et elle
nous rend fiers d’avoir assuré l’épanouissement du bilinguisme et de
la dualité linguistique canadienne.
Les gouvernements auxquels j’ai participé se sont toujours fait un
point d’honneur de protéger les minorités de langues officielles
partout au Canada, les francophones hors-Québec et les anglophones
au Québec. J’ai eu l’occasion de rencontrer récemment les
représentants de plus de 1000000 de francophones qui vivent à
l’extérieur du Québec. J’ai pu ainsi réitérer l’engagement du
gouvernement fédéral de continuer à défendre et promouvoir les
droits des minorités de langues officielles partout au Canada.
C’est un des grands principes que j’ai défendus durant toute ma
carrière politique. Et il continuera d’être au premier plan dans le
gouvernement que je dirige. Le gouvernement veillera par ailleurs à
ce que toutes les institutions fédérales susceptibles de jouer un
rôle dans le développement des communautés francophones tiennent
compte de leurs besoins particuliers.
Notre pays a connu de profondes transformations, qu’il a intégrées
de manière typiquement canadienne. Tranquillement. Sans tapage. Une
étape à la fois. Parce que le Canada, c’est aussi cela : un pays en
constante évolution. Un pays qui dispose de toute la souplesse
nécessaire pour aller là où il le veut.
Excellence, vous serez notre gouverneur général à l’approche du
nouveau millénaire. Profitons-en pour réfléchir au siècle
extraordinaire que nous venons de vivre, et n’ayons pas peur
d’afficher notre fierté de ce que nous avons réussi à bâtir
ensemble.
De petite colonie que nous étions, nous sommes devenus un membre à
part entière de la collectivité internationale. Nous avons largement
contribué à la défense de la liberté et de la démocratie pendant les
deux guerres mondiales. Nous avons inventé la notion de maintien de
la paix et avons témoigné à cet égard d’un engagement inégalé. Nos
chefs d’entreprise, nos scientifiques, nos savants, nos athlètes et
nos artistes sont connus d’un bout à l’autre de la planète. Des
Canadiens ont gagné des prix Nobel et voyagé dans l’espace. Nous
avons osé rêver et nous avons oeuvré ensemble pour que nos rêves se
réalisent.
Nous avons accueilli des gens de tous les coins de la terre, et nous
avons montré au monde comment bâtir une société pacifique, prospère,
tolérante et généreuse. Notre qualité de vie est sans égale et nous
faisons l’envie du monde entier.
Le Canada, nous le bâtissons ensemble, selon nos valeurs. Comme nos
prédédesseurs l’ont fait, nous cherchons nous aussi à doter notre
pays d’un système qui procure à chaque personne, les moyens
indispensables à son épanouissement. Si notre pays demeure
perfectible, il faut néanmoins reconnaître sa constante évolution.
Votre Excellence connaît très bien par exemple, les progrès réalisés
dans sa province natale, le Nouveau-Brunswick, au cours des trente
dernières années. En 1967, le premier ministre de cette province,
Louis Robichaud, s’est attaqué avec détermination au problème des
disparités régionales, en instaurant son ambitieux programme
d’égalité des chances. Ses réformes économiques et linguistiques ont
profondément modifié les institutions de la province, et amorcé un
processus visant à procurer à chaque citoyen de meilleurs services
en matière d’éducation, de soins de santé, et de soutien du revenu.
En poursuivant ces réformes, les premiers ministres Hatfield et
McKenna ont fait en sorte que les progrès réalisés soient
remarquables et s’inscrivent dans la continuité. Ainsi, depuis mars
1993, la volonté des deux principales communautés linguistiques du
Nouveau-Brunswick, française et anglaise, est inscrite dans la
Charte canadienne des droits et libertés : on leur reconnaît des
droits et privilèges égaux.
Votre excellence, à l’aube d’un siècle nouveau, cet exemple comme
beaucoup d’autres, nous permet d’envisager l’avenir avec optimisme.
Certes, nous venons de subir une pénible récession, mais notre
économie se rétablit actuellement avec plus de vigueur que celle des
autres grands pays industriels. Bien sûr, nous avons encore des
défis difficiles à relever, mais nous saurons le faire avec un
nouveau sentiment d’espoir et de confiance en nous-mêmes.
Excellence, j’ai l’honneur de vous connaître depuis longtemps et je
sais que, loin de rechercher la gloire, simplement, vous vous êtes
toujours efforcé de servir la population canadienne.
Enseignant, journaliste, député fédéral, ministre, sénateur et
président du Sénat, vous avez largement démontré votre attachement
indéfectible à ce pays et à son peuple. Et vous vous êtes ainsi
assuré le respect et l’affection de vos collègues et de vos
concitoyens. Votre carrière est un exemple d’engagement social et
une source d’inspiration pour tous les habitants de ce pays.
Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, je vous remercie
d’avoir accepté cette nouvelle fonction. Et j’adresse aussi mes
remerciements et mes meilleurs voeux à votre épouse et à votre
famille, car je sais qu’ils partagent votre dévouement à la chose
publique.
Les Canadiens sont souvent trop timides pour dire toute la fierté
qu’ils éprouvent à l’égard de leur pays. Mais je vous connais bien,
Excellence, et je sais que ce n’est pas votre cas.
Je sais de plus que vous rendrez d’inestimables services à la
population dans votre nouvelle fonction parce que, d’abord et avant
tout, vous aimez profondément votre patrie. Je vous souhaite donc
tout le succès possible, dans l’intérêt de notre grand pays, le
Canada.
[CChrétien=1995111]
[lieu=onu]
L’appui au Commonwealth est un pilier de la politique étrangère du
Canada depuis plus de cinquante ans
Le monde a évolué, le Commonwealth s’est élargi et adapté.
Mais l’essentiel n’a pas changé : un groupe de pays, partageant des
valeurs communes, situés dans toutes les régions du globe,
représentant toutes les religions, pratiquement tous les groupes
ethniques et plusieurs formes de gouvernement.
Les Canadiens et Canadiennes croient fermement au Commonwealth. Une
des raisons en est que le Canada est unique dans la communauté
internationale. Notre population est, en quelque sorte, un
microcosme de l’humanité elle-même. Les Canadiens comprennent bien
l’importance de la démocratie, de la tolérance, du dialogue et de la
compréhension qui sont nécessaires pour coexister paisiblement.
La foi au multiculturalisme et la conviction que nous devons
surmonter les obstacles économiques, politiques et culturels sont,
pour nous, des questions qui vont de soi.
Il n’y a qu’un monde.
Et cela nous le ressentons fortement au Canada. Le sens des
responsabilités internationales est d’ailleurs l’une des valeurs
dont nous sommes les plus fiers. Et les tribunes où nous assumons
ces responsabilités se retrouvent au sein d’organisations
multilatérales et de séances comme celle d’aujourd’hui, les forums
politiques de la communauté internationale.
C’est dans ces forums que nous pouvons le mieux contribuer au
progrès de l’humanité. Par exemple, le Commonwealth a été aux
premières lignes dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Et, c’est un honneur pour moi de représenter le Canada à la
Conférence du Commonwealth qui accueille dans ses rangs l’Afrique du
Sud dirigée par le Président Nelson Mandela.
Nous, en tant que membres du Commonwealth, nous sommes engagés
envers le respect des valeurs politiques fondamentales. Nous nous
sommes également engagés à promouvoir le développement social et
économique. Ces deux principes sont indissociables et aucun ne peut
s’épanouir sans l’autre.
En 1991, à Harare, les dirigeants de nos pays se sont mis d’accord
sur un formidable document, la Déclaration de Harare, qui énonce
les objectifs fondamentaux.
La Déclaration de Harare a reconnu que la démocratie est l’une des
valeurs fondamentales du Commonwealth.
Les chefs de gouvernement ont promis que leurs pays et leur
organisation, le Commonwealth, travailleraient à promouvoir la
démocratie. Mais les déclarations, quelle que soit leur importance,
doivent être suivies de gestes concrets.
Le secrétaire général a agi courageusement en exprimant publiquement
les inquiétudes du Commonwealth devant des événements qui
contredisent nos valeurs fondamentales communes. Il a travaillé avec
acharnement et sans faire de bruit pour encourager et promouvoir le
respect des mécanismes et institutions démocratiques.
Il y a nombre de situations où les interventions discrètes et les
avis du secrétaire général du Commonwealth lui ont permis de jouer
un rôle déterminant.
Grâce à la crédibilité et à l’impartialité du Secrétariat, il a eu
recours aux principes de la « diplomatie discrète » pour servir de
médiateur à l’intérieur de plusieurs États membres, et ainsi éviter
l’aggravation de conflits.
Le soutien du Commonwealth envers les principes démocratiques doit
également être transparent et public. L’observation du déroulement
des élections encourage les populations à croire aux résultats de
cet exercice démocratique.
Les mesures d’aide aux institutions et aux processus en cours sont
indispensables au fonctionnement des démocraties.
Bien que nous nous réjouissions de ces succès, nous devons étendre
la gamme des options possibles pour le Commonwealth. Nous devrions
nous entendre sur un mandat qui améliore l’efficacité du secrétaire
général, et notre efficacité collective, à oeuvrer en faveur de la
démocratie.
Nous devrions soutenir plus énergiquement les processus et
institutions démocratiques. Nous devons également être en mesure de
réagir plus efficacement aux situations où nos valeurs fondamentales
sont mises en cause. Et notre réponse devrait comprendre des mesures
pratiques pour contribuer au rétablissement de régimes
démocratiques.
Et nous avons le devoir, aussi bien envers le monde qu’ envers
nous-mêmes en tant qu’organisation internationale, de dénoncer
publiquement les cas de violation graves des principes démocratiques
fondamentaux et des principes les plus élémentaires de la justice.
La peine de mort de Ken Saro-Wiwa est un exemple des comportements
que nous souhaitons tous voir disparaître.
Cela va à l’encontre des principes auxquels nous adhérons, cela va à
l’encontre de l’esprit de la Déclaration de Harare.
Nous, les chefs des États membres du Commonwealth, pouvons également
jouer un rôle important dans le renouveau des Nations unies.
Nous avons déjà entrepris la tâche importante qui consiste à
redéfinir le Commonwealth à l’aube du XXIe siècle. J’espère que nous
parviendrons, ici à Auckland, à nous entendre sur la priorité que
tous nos gouvernements doivent accorder au renforcement des Nations
unies.
Je propose que les représentants aux Nations unies de tous les pays
du Commonwealth se réunissent pour aider le secrétaire général des
Nations unies à poursuivre le processus.
Il y a cinquante ans, dans les cendres du conflit le plus terrible
que l’humanité ait connu, la communauté internationale a commencé à
se redéfinir et à mettre en place un cadre qui lui permettrait de
relever les défis de l’après-guerre telles la paix mondiale et la
décolonisation.
Les résultats de leurs efforts nous ont portés pendant un
demi-siècle. C’est maintenant nous, individuellement et
collectivement, qui devons manifester le courage et le leadership de
nos prédécesseurs pour poursuivre leurs réalisations en fonction des
réalités d’aujourd’hui et du XXIe siècle.]
[CChrétien=19950511]
[lieu=fran]
Je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour inaugurer ce
magnifique jardin un vibrant témoignage qui perpétue le souvenir
des Canadiens ayant pris part à la campagne de Normandie, il y a
plus de 50 ans.
Depuis une semaine, nous marquons le cinquantième anniversaire de la
fin de la guerre en Europe. Nous célébrons un demi-siècle de paix et
de stabilité. Nous rendons hommage à ceux qui sont tombés au combat
qui ont fait le sacrifice ultime pour que nous connaissions la
liberté. Nous exprimons notre plus profonde gratitude envers les
anciens combattants qui manifestent une nouvelle forme de courage en
revenant à ces champs de bataille de leur jeunesse.
Il est de mise que les cérémonies entourant ce cinquantième
anniversaire prennent fin ici même en Normandie.
C’est ici qu’a commencé la libération de l’Europe. C’est ici que le
vent a tourné dans la lutte contre la tyrannie du régime nazi.
Pour les Canadiens, la Normandie a acquis un sens bien particulier.
C’est le début de la fin de la guerre certes mais c’est également
le commencement d’un Canada nouveau. Le Canada est, en effet,
débarqué sur les plages normandes à titre de partenaire à part
entière avec les États-Unis et le Royaume-Uni, et non plus sous un
commandement étranger. À la fin de la première journée
d’affrontements, le 6 juin 1944, les troupes canadiennes avaient
avancé en sol français davantage que les troupes de toutes les
autres nations alliées.
Dans le feu du combat, le Canada a grandi. Et cela s’est produit de
façon typiquement canadienne. Tranquillement, sans fanfare. Il y
avait un travail à faire et nous l’avons effectué. C’est aussi
simple que cela.
Mais notre passage à la maturité s’est accompagné d’un très lourd
tribut à payer : 45000 jeunes Canadiens fauchés, la souffrance
infligée à leurs familles et à leurs camarades, et la perte de
l’innocence devant les atrocités de la guerre.
Mais en libérant les autres, nous nous sommes affranchis nous-mêmes.
De notre dépendance envers ceux dont nous étions séparés par un
océan au profit de notre propre identité. Nous avons cessé de nous
percevoir comme partie d’un empire et commencé à agir comme un pays.
Cela a débuté sur les côtes normandes et dans la campagne
avoisinante. Pour la première fois de l’histoire, un pays du
Nouveau-Monde se portait à la défense d’une des mères patries. Les
résidents de cette région s’étonnaient d’entendre leurs libérateurs
s’exprimer en français. De fait, nombre des libérateurs canadiens
qui ont débarqué sur ces plages pourraient retrouver des ancêtres
normands.
L’histoire a bouclé la boucle lorsque les descendants de la Nouvelle
France ont débarqué sur ces côtes pour aider le pays à repousser un
envahisseur brutal.
Mais ils ne sont pas arrivés seuls. Ils étaient accompagnés de gens
provenant de tous les coins du Canada. Des gens qui s’exprimaient
dans des langues différentes, pratiquaient des religions différentes
et possédaient des origines très diverses. Nous avons, pour la
première fois, compris que nous représentions plus que la somme de
nos parties. Nous avons, pour la première fois, commencé à agir en
véritable nation.
Mais le travail de la génération de la Seconde guerre mondiale ne
s’est pas terminé dans les champs de bataille de l’Europe. Après
avoir remporté la guerre, ils sont rentrés au pays pour y instaurer
la paix pour tous les Canadiens et Canadiennes. Cette réalisation
a été tout aussi impressionnante.
Armés de la confiance et de la maturité issues du combat, cette
génération de Canadiens a su bâtir les institutions durables et
modernes du Canada d’aujourd’hui. Ils ont construit des universités
et mis en place des mesures sociales. Ils sont à l’origine d’une
prospérité et d’opportunités sans précédent. Avec la sagesse acquise
durant la guerre, ils ont fait en sorte que le Canada devienne un
acteur international positif, une force du bien dans le monde, pour
empêcher qu’une telle catastrophe ne s’abatte à nouveau sur
l’humanité.
Ils ont été d’excellents bâtisseurs. Sans doute meilleurs qu’ils ne
l’espéraient. Et nous n’oublierons jamais ce qu’ils ont accompli
en temps de guerre comme en temps de paix.
Ce monument symbolise bien le sacrifice consenti par les Canadiens
pendant la libération de la Normandie. Comme le souvenir de ces
valeureux Canadiens, il est vibrant et vivant. C’est un symbole de
l’espoir et de l’humanité qui arrivent à s’épanouir et à croître
même durant l’horreur d’une guerre. C’est également un symbole de la
paix et de la société qui se sont épanouies au Canada grâce au
sacrifice de ces jeunes Canadiens.
Il est tout aussi symbolique d’avoir confié la conception de ce
monument à de jeunes Canadiens qui ont le même âge que ceux qui
ont perdu la vie, il y a plus de cinquante ans. Je les salue pour la
beauté de leur plan d’aménagement ainsi que pour leur appréciation
du prix très élevé qu’une génération précédente a dû payer.
Je salue également la Fondation canadienne de la bataille de
Normandie qui a conçu ce monument vivant et qui, grâce à sa
détermination et son travail acharné, en a permis la réalisation. Je
salue la ville et la population de Caen qui ont su reconnaître de
façon soutenue le sacrifice fait par ces jeunes Canadiens.
Pardessus tout, je salue les anciens combattants qui sont parmi nous
aujourd’hui. Nous vous devons tellement. Nous avons envers vous une
dette que nous ne parviendrons jamais à combler. Mais sachez que
nous n’oublierons jamais ce que vous avez accompli.
Nous vous promettons, qu’à chaque jour, nous essaierons d’être à la
hauteur des idéaux pour lesquels vous et vos camarades vous êtes
battus.]
[CChrétien=19950911]
[lieu=ont]
Je tiens à vous remercier tous d’être venus ici aujourd’hui ‹ ainsi
que de votre engagement et de votre participation à la politique
étrangère du Canada. Vous alliez une expérience et des connaissances
qui constituent un des grands atouts du Canada.
J’aimerais remercier tout spécialement les deux coprésidents, Lorna
Marsden et Jean Monty, ainsi que Janice Stein et son comité de
programme.
À mon avis, vous ne pourriez pas avoir mieux choisi le moment de
votre participation.
Dans le Livre rouge, nous avions promis un processus plus
démocratique et plus transparent pour l’élaboration de la politique
étrangère.
Nous avons tenu parole.
Nous avons suscité des discussions en Chambre sur les grands
dossiers comme le maintien de la paix ‹ et nous avons tendu une
oreille attentive et réagi lors de ces discussions.
Nous avons réservé un accueil favorable au rapport du Comité
parlementaire spécial mixte. Nous y avons donné suite en publiant le
Livre blanc sur la politique étrangère.
Nous rencontrons régulièrement des Canadiennes et des Canadiens ‹ y
compris bon nombre d’entre vous présents ici ‹ pour discuter de
dossiers particuliers : aide, commerce, droits de la personne,
contrôle des armes, pour n’en nommer que quelques-uns.
Comme promis dans le Livre rouge, nous avons instauré ce forum
national pour permettre à divers groupes et particuliers de
participer à l’élaboration de la politique étrangère.
Nous recherchons votre collaboration parce que la nature de la
politique étrangère évolue.
Partout dans le monde, les obstacles s’estompent ou se font de moins
en moins nombreux. Parfois, ce sont des obstacles physiques, comme
le Mur de Berlin. D’autres obstacles comme les barrières
commerciales diminuent. Et puis, les technologies nous donnent des
moyens d’aplanir les difficultés, moyens dont nous ne pouvions que
rêver il y a quelques années.
Il est maintenant plus facile de se parler en dépit des frontières;
de voyager dans des pays lointains; de vivre, de travailler et
d’étudier à l’étranger.
Le résultat, c’est que les relations entre pays se retrouvent
principalement entre les mains des particuliers. Le gouvernement
n’est pas le seul à faire la promotion du Canada à l’étranger ‹ les
Canadiennes et les Canadiens aussi s’en chargent. C’est cela la
politique étrangère les millions de contacts personnels entre les
Canadiens et leurs congénères partout dans le monde.
Il se forme de nouveaux réseaux qui échappent aux contrôles directs
exercés par l’État et où les organisations non gouvernementales
jouent un rôle important.
À mon avis, c’est une très bonne chose, parce les ONG s’acquittent
parfois avec brio de leurs tâches ‹ souvent mieux que l’État ‹ par
exemple fournir de l’aide ou préserver des espèces et des habitats
menacés, ou sensibiliser le public aux dossiers internationaux.
Les intérêts canadiens à l’étranger reflètent la complexité du pays
que nous habitons.
Personne, ni aucun État, ne peut tout faire. Personne n’a toutes les
réponses.
Mais en conjuguant leurs efforts, les Canadiennes et Canadiens
peuvent exercer une action efficace ‹ au Canada, et dans le monde.
Notre Livre blanc décrit les trois grands objectifs de la politique
étrangère du Canada, à savoir :
l’emploi et la prospérité;
la sécurité dans un cadre mondial stable;
la projection des valeurs et de la culture canadiennes.
Je crois que nos efforts en vue de la réalisation de ces objectifs
ont donné des résultats. Le Canada a connu une bonne année sur la
scène internationale.
Comme vous le savez, la promotion du commerce est pour moi une
priorité personnelle. Le Canada est, depuis toujours, une nation
commerçante. Notre succès remarquable en matière d’exportation de
biens et services a été un facteur clé de la reprise économique.
J’ai eu l’honneur de diriger des missions commerciales historiques
en Asie et en Amérique latine. Comme nous l’avons indiqué dans le
Livre rouge, l’expansion du commerce avec ces régions est
prioritaire pour notre gouvernement. Et j’ai été ravi que les gens
d’affaires canadiens y aient participé avec autant d’enthousiasme.
Ces missions ont rapporté au Canada 11000000000 $ de
contrats et d’ententes diverses, ainsi que des milliers de nouveaux
emplois pour des Canadiennes et des Canadiens.
Au mois de juin dernier, nous avons accueilli le Sommet du G-7 à
Halifax. Et je crois que les Canadiennes et les Canadiens ont été
très fiers de nous voir accueillir les leaders des plus grands pays
développés du monde.
Nous avons dit que nous voulions que ce soit une rencontre
terre-à-terre et productive, un sommet « Chevrolet ». Nous avions
dit que nous chercherions surtout à raffermir les institutions
internationales en prévision du XXIe siècle. Et j’ai été ravi de
constater nos progrès à cet égard.
Le G-7 n’est pas un organe décideur. Nous, du Groupe des Sept, ne
sommes pas habilités à réviser les règles du FMI et de la Banque
mondiale. Nous pouvons par contre faire avancer les dossiers,
encourager les pays du monde à se joindre à nous pour relever les
défis. C’est ce que nous avons accompli à Halifax.
Depuis un an, j’ai également assisté en Europe aux cérémonies
marquant le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale
‹ la pire guerre de l’histoire. J’ai été particulièrement ému par
l’immense gratitude que manifestent, encore aujourd’hui, les
Européens à l’égard des Canadiens, qui ont joué un rôle important
dans la libération de leurs pays il y a cinquante ans.
Ce retour en arrière a de quoi susciter la fierté des Canadiennes et
des Canadiens. Nous avons fait plus que notre part pour remporter
les victoires de 1945. Nous avons également joué un rôle clé dans la
création de nouvelles institutions conçues pour favoriser
l’établissement d’un monde meilleur dans l’après-guerre.
Cette année aussi, les Nations unies marquent leur 50e anniversaire
‹ un autre événement auquel le Canada a largement participé.
Les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont été
déterminantes pour le Canada qui s’est éloigné du rôle hésitant
qu’il avait joué entre les deux guerres. Nous avons débouché sur un
nouveau rôle international, un rôle conçu et mis de l’avant par une
remarquable génération de Canadiens, sous la direction de mon
premier patron, Mike Pearson.
L’architecture fondamentale de notre système international a été
conçue au cours de ces années. Depuis lors, nous avons créé un vaste
réseau d’organisations, de traités et de règlements. Pas seulement
les Nations unies, mais aussi le FMI, le GATT, l’OTAN et NORAD.
Nous adhérons fermement aux principes du multilatéralisme. Les
guerres commerciales, les guerres chaudes et les guerres froides
sont le fait de mesures arbitraires et unilatérales; nous en avons
de nombreuses preuves.
Nos institutions nous ont cependant permis d’accroître la souplesse,
la prévisibilité et la sécurité des relations internationales.
Elles demeurent les meilleures instances pour dégager un consensus
dans certains dossiers et pour formuler les règles qui les
concrétisent.
Nous avons parlé longuement des Nations unies à Halifax. Et nous
avons constaté que, dans l’ensemble, nous étions d’accord sur
l’importance du rôle de cet organisme sur le plan de l’ordre et de
la stabilité internationales.
Il est vrai que l’ONU éprouve de nombreuses difficultés. On y
éprouve souvent un sentiment de contrariété. De grandes déceptions
internationales auraient pu être évitées. Nous ne sommes pas sans le
savoir.
Mais nous ne devons pas perdre de vue l’essentiel.
En effet, c’est grâce aux Nations unies que les pays sont sur un
pied d’égalité. Ce sont les Nations unies qui ont supervisé la
décolonisation. Ce sont elles qui ont donné une voix aux femmes, aux
autochtones et aux enfants.
Ce sont les organisations de la famille onusienne qui ont établi une
approche mondiale de la pauvreté, des réfugiés et du développement
durable. C’est grâce à l’Organisation mondiale de la santé que les
Nations unies ont joué un rôle déterminant dans l’éradication de la
variole. Et les programmes d’alphabétisation de l’UNICEF apportent,
chaque année, un rayon d’espoir à des millions d’enfants.
Les Nations unies ont soutenu le développement du droit
international. Le Canada peut être particulièrement ravi de
l’évolution du droit de la mer, et plus récemment des règles en
matière de gestion des pêches.
Ce sont les Nations unies qui ont mené la lutte contre le racisme,
contre l’apartheid, et défini des normes universelles en ce qui
concerne les droits de la personne. À maints égards, les Nations
unies sont devenues la conscience du monde.
Mais l’ONU éprouve des difficultés. Sa présence en Somalie, au
Rwanda et dans l’ex-Yougoslavie a soulevé de nombreuses questions
quant à sa capacité d’affronter les problèmes de l’après-guerre
froide.
L’ONU doit améliorer sa gestion et éliminer le double emploi ainsi
que les chevauchements qui existent dans les organisations
onusiennes.
Les Nations unies traversent une crise financière. Il se pourrait
que les États-Unis, son principal bailleur de fonds, abaissent
considérablement leur quote-part. En outre, d’autres membres
n’assument pas leur juste part du fardeau financier parce que le
système d’établissement des cotisations est périmé.
Pour ma part, je trouve de plus en plus irritant qu’on dénigre sans
cesse les Nations unies. Et surtout quand les commentaires
proviennent de ceux qui ne paient pas leur quote-part.
Aujourd’hui, les Nations unies ont besoin d’aide. Et le Canada
devrait les soutenir. Nous l’avons fait et nous continuerons à le
faire.
L’ONU est au centre de la politique étrangère du Canada depuis
l’époque de Louis Saint-Laurent et de Lester Pearson.
Je crois que des réformes judicieuses devraient permettre de
surmonter une partie de ces difficultés.
Nous savons qu’il y a des problèmes; cela ne dégage pas les États
membres de leurs responsabilités. Les citoyens de tous les pays
doivent assumer leur juste part du fardeau financier et verser leur
quote-part, à temps et au complet, comme le fait le Canada.
Notre gouvernement est très ferme sur ce point. Nous croyons que le
Canada, compte tenu de l’estime dont il jouit, peut faire valoir que
la réforme et le règlement des cotisations vont de pair.
Le Canada tient à ce que s’opère la réforme, non seulement sur le
plan des cotisations, mais aussi en matière de mesures novatrices
nous permettant d’obtenir un meilleur rapport qualité-prix.
C’est pourquoi depuis un an le Canada réunit des experts de niveau
international pour étudier les moyens d’améliorer la capacité
d’intervention rapide de l’ONU. Nous sommes d’avis que les services
de l’ONU dans les dossiers de la paix et de la sécurité demeurent
les mieux adaptés. Plus tard ce mois-ci, André Ouellet présentera
des propositions précises lors de son intervention à l’Assemblée
générale à New York.
Si la fin de la guerre froide a peut-être gonflé les attentes quant
à l’avenir des Nations unies, il n’y a toutefois pas de doute que
cela a véritablement renouvelé les espoirs. Cela est renforcé par la
diffusion des principes libéraux en matière d’économie et de
politique dans les pays en développement. À plus long terme, les
perspectives d’avenir des Nations unies sont probablement meilleures
qu’il y a cinquante ans.
Par ailleurs, nous reconnaissons que des organisations non affiliées
à l’ONU pourraient jouer un rôle accru au regard du maintien de la
stabilité et de la sécurité. Ces organisations ont souvent
l’expérience locale qui permet d’éviter les échecs.
À la conférence qui se tiendra à la fin du mois, le Canada
accueillera des experts de la Francophonie qui se pencheront sur la
perspective africaine de la prévention des conflits. Nous espérons
que quelques-unes des conclusions de cette rencontre alimenteront
directement le Sommet de la Francophonie, auquel j’assisterai au
Bénin au mois de décembre.
Nous organisons des colloques semblables avec nos collègues de l’OEA
et de l’ASEAN. Nous avons aussi fait la promotion de l’ordre du jour
du Commonwealth afin d’obtenir un appui actif à l’égard de la
démocratie et de la saine gestion des affaires publiques.
Voilà un exemple de réglementation multilatérale. Certains pays
prennent l’initiative, formulent des propositions et encouragent la
communauté internationale à les adopter.
En matière de conservation des ressources halieutiques, le Canada a
notamment donné l’exemple. Dans d’autres dossiers, ce sont d’autres
pays qui portent le fardeau.
Ce genre de progrès nous porte à accorder à nouveau notre confiance
aux institutions internationales. Notre tâche consiste à choisir les
dossiers, à formuler les propositions, à trouver des partenaires,
puis à influencer d’autres nations, une tâche qui n’est pas
particulièrement facile.
Malheureusement, plusieurs autres pays, même certains de nos
partenaires les plus proches, ne partagent pas toujours notre point
de vue quant à la valeur des institutions internationales. Aux
États-Unis, on réclame avec plus d’insistance un retrait du
multilatéralisme. En Europe, les priorités semblent être davantage
de portée régionale. La Chine, qui siège pourtant au Conseil de
sécurité et s’apprête à devenir une puissance économique, manifeste
jusqu’à présent bien peu d’intérêt à apporter une contribution
positive à l’établissement d’institutions internationales.
Malgré tout, je demeure optimiste. Nous devons traiter les entraves
comme des défis à relever. Et pour le Canada, l’anniversaire que
nous célébrons cette année devrait servir de prétexte pour
promouvoir des solutions réalistes dans un monde en transition.
Les questions sur lesquelles vous vous pencherez aujourd’hui ont un
lien entre elles. La stabilité, la prospérité et la sécurité se
renforcent mutuellement. Je crois que plus les pays uniront leurs
efforts pour atteindre les objectifs vers lesquels ils tendent, plus
leurs relations seront stables. Et plus les citoyens des divers pays
communiqueront entre eux par-delà les frontières, mieux ils se
comprendront et s’apprécieront.
La libre circulation des idées partout dans le monde favorise les
changements positifs dans les pays. Au fur et à mesure que nous
réajustons des partenariats de longue date et que nous en formons de
nouveaux, le monde se transforme en une communauté de nations plus
intégrée. Cette transformation nous avantage tous.
Voilà donc une perspective très canadienne du monde, qui ne devrait
surprendre personne. Parce que cette perspective est un reflet
fidèle de notre façon d’agir. De la façon dont nous tentons
d’équilibrer la diversité et l’unité, la tolérance et l’ordre, la
liberté et la loyauté. De la façon dont nous cherchons à concilier
les points de vue de différentes régions, de divers groupes
linguistiques et de plusieurs communautés culturelles, au lieu de
les isoler.
Ce qui n’est pas toujours tâche facile. Croyez-moi, j’en sais
quelque chose. Mais aucun pays ne met plus d’ardeur à la tâche et
aucun pays n’y réussit mieux que le Canada.
C’est pourquoi notre attachement aux valeurs canadiennes constitue
la trame de notre politique étrangère.
Le Canada touche à de nombreux dossiers dans le cadre de ses
relations internationales. Les autres pays nous reconnaissent
cependant des aptitudes particulières pour ce que l’on qualifie
parfois de « renforcement de la société civile ».
Cela est l’une de nos plus importantes contributions pour favoriser
les principes démocratiques et les droits de la personne dans les
autres pays.
Et nous le faisons de façon typiquement canadienne. Tranquillement
et de façon compétente. Davantage soucieux des résultats que des
beaux discours.
Nous savons diriger une force policière dans une société
démocratique. Les membres de la GRC sont considérés comme les
meilleurs formateurs de policiers du monde; ils sont constamment
sollicités par des pays qui, comme Haïti, sont en voie de restaurer
leur régime démocratique.
Nous avons une magistrature renommée pour son indépendance et son
caractère professionnel. C’est pourquoi les juristes canadiens sont
accueillis par tous les pays du Commonwealth et de la Francophonie
qui cherchent à améliorer leur propre appareil judiciaire.
Nous possédons un record hors pair pour la tenue d’élections
impartiales. C’est pourquoi Élections Canada a aidé des dizaines de
pays à améliorer leur système électoral. C’est pourquoi les
observateurs canadiens, reconnus pour leur impartialité, sont de
plus en plus sollicités.
Nous savons favoriser et défendre la liberté d’expression des
médias. C’est pourquoi j’ai proposé au Sommet de l’OSCE, à Budapest,
que l’organisation se dote de la capacité de reconnaître les
premiers signes d’abus dans les communications publiques. Nous
collaborons également avec les pays de l’Europe centrale et de
l’Europe de l’Est sur les questions relatives aux médias, parce que
ces pays savent que nous possédons de l’expérience dans ce domaine.
Et, évidemment, notre réputation en matière de maintien de la paix
n’est plus à faire. Aucun pays n’a contribué autant à l’effort
international de maintien de la paix que le Canada. Nos casques
bleus sont renommés non seulement à cause de leur excellente
formation, mais aussi parce que, tout comme leurs compatriotes, ils
sont tolérants et respectent le point de vue d’autrui.
La semaine dernière, j’ai eu l’honneur d’accueillir personnellement
un groupe de casques bleus canadiens du Deuxième Bataillon du Royal
22e Régiment qui rentraient au pays après avoir été stationnés en
Croatie.
Malgré les difficultés auxquelles nos troupes doivent faire face
dans l’ancienne Yougoslavie, nous pouvons être très fiers de la
contribution qu’elles apportent afin de promouvoir la fin de ce
conflit.
Pour toutes ces raisons, je suis particulièrement fier, en effet,
d’être le premier ministre d’un pays affichant ces valeurs qui
inspirent le respect partout dans le monde.
Les Canadiennes et les Canadiens sont fiers eux aussi de la
tradition honorable du Canada au plan des relations internationales.
Ils savent que cette tradition est l’un des éléments qui nous
distinguent en tant que pays et en tant que peuple.
C’est là un des aspects qui classent le Canada au premier rang des
pays où il fait bon vivre.
Vous n’avez pas à me croire sur parole. Les Nations unies l’ont
confirmé pour la deuxième année d’affilée.
Toutes les enquêtes indiquent qu’une vaste majorité des Canadiennes
et des Canadiens d’un bout à l’autre du pays sont d’accord : il n’y
a pas meilleur pays au monde que le Canada!
En conjuguant leurs efforts, les Canadiennes et les Canadiens ont
mérité une réputation internationale exceptionnelle ‹ une réputation
d’impartialité, de tolérance, de paix, de prospérité, de diversité
et de compassion.
Avec votre collaboration, nous maintiendrons cette fière tradition
devant les défis qu’il nous faudra relever à l’échelle
internationale.
Je vous remercie.
[CChrétien=19950813]
[lieu=ottawa]
Il y a cinquante ans, au Canada comme à l’étranger, les Canadiens et
Canadiennes célébraient le retour de la paix après six longues
années de guerre. Ils comprenaient le sens de cette journée.
Le général McNaughton, qui était ministre de la Défense à l’époque,
l’a résumé ainsi : « Pour les Canadiens et Canadiennes comme pour
nos combattants, c’est le jour de la victoire. Finale. Décisive. »
Vous, les Canadiens qui avez combattu dans le Pacifique et êtes avec
nous aujourd’hui, vous en compreniez tout le sens.
Tout comme vos compagnons d’armes de 1945 qui, pour une quatrième
année, étaient prisonniers dans les camps.
Tout comme les aviateurs des escadrilles des Forces aériennes du
Canada qui opéraient en Birmanie en août 1945.
Tout comme ces Canadiens, anciens combattants d’Europe toujours en
uniforme qui auraient combattu aussi dans le Pacifique si la guerre
s’était poursuivie.
Tout comme leurs familles.
En ce jour, il y a 50 ans, des centaines de milliers de Canadiens et
Canadiennes ont envahi les rues pour y accueillir la paix.
Pour beaucoup d’autres, la journée du 15 août a été bien différente.
C’était une journée du souvenir. Une journée pour pleurer ceux et
celles qui ne reviendraient pas. Les maris, les pères, les fils et
les filles, les frères, les soeurs, les amis.
Cela est pareil en 1995. Oui, nous sommes réunis ici pour célébrer
notre victoire et notre libération.
Mais nous sommes également ici pour nous souvenir.
Aujourd’hui, nous reconnaissons que la paix et la liberté qui sont
nôtres aujourd’hui ont été acquises au prix des sacrifices consentis
par les Canadiens, il y a un demi-siècle, par ces jeunes hommes et
femmes représentant toute la jeunesse des années 40.
L’an dernier, j’étais au cimetière Saiwan, à Hong Kong, lors du Jour
du Souvenir, là-même où reposent 283 Canadiens de cette génération.
Ils faisaient partie d’un contingent de deux mille soldats provenant
du Winnipeg Grenadiers et du Royal Rifles of Canada, de Québec.
Ils étaient encore des recrues lorsqu’ils sont arrivés dans la
région du Pacifique, ils croyaient avoir le temps d’y compléter leur
entraînement. Ils ont débarqué à Hong Kong en novembre 1941. La
guerre a éclaté trois semaines plus tard.
Ils ont affronté les troupes aguerries de l’armée impériale du
Japon. S’ils étaient déclassés sur le plan des armes, de
l’expérience et du nombre, ils ont compensé avec une large dose de
ce courage typiquement canadien.
Ils ont combattu avec beaucoup d’adresse et d’audace. Ils ont gagné
du temps au prix de leurs vies.
Aujourd’hui, nous rendons hommage à leur bravoure et à la bravoure
de ces autres Canadiens, 10000 au total, qui ont servi dans le
Pacifique, de l’océan Indien aux Aléoutiennes. Nous rendons hommage
à leurs compagnons d’armes qui ont combattu et qui ont laissé leur
vie sur d’autres champs de bataille.
Le monument élevé à leur mémoire est tout autour de nous. Leur
monument c’est le Canada.
Car un pays, c’est un ouvrage qu’on doit bâtir avec acharnement au
cours des siècles alors que chaque génération relève les défis de
son époque.
Vous, vos amis et vos camarades les jeunes Canadiens et
Canadiennes de 1939 à 1945 avez relevé le défi de votre époque.
En ce jour, nous vous disons que, par delà un demi-siècle, nous
n’avons pas oublié. Notre pays est devenu ce qu’ils est aujourd’hui,
et nous sommes qui nous sommes grâce à ce que vous avez accompli.
Nous vous rendons hommage.
Nous vous offrons notre gratitude.
Nous n’oublierons pas.
[CChrétien=19951013]
[lieu=qué]
Monsieur le premier ministre Li, votre visite revêt un caractère
d’autant plus historique qu’elle survient à une date très
particulière. Il s’agit en effet d’un anniversaire très important.
Il y a très exactement vingt-cinq ans aujourd’hui, soit le 13
octobre 1970, le Canada et la Chine établissaient des relations
diplomatiques.
Lorsqu’ils se tournent vers le passé, les historiens considèrent ce
jour comme une date charnière où la Chine a cessé d’être isolée du
reste du monde. Et on peut facilement comprendre pourquoi. Nos deux
pays sont unis par des liens historiques qui remontent aux tous
débuts du Canada.
La communauté chinoise joue depuis longtemps un rôle important à
l’égard de notre bien-être économique et culturel. En fait, elle a
contribué à la construction du pays d’un océan à l’autre. Et elle
contribue encore à enrichir le tissu social et la vitalité du pays.
Elle illustre la riche diversité qui caractérise si bien le Canada
et le fait d’être canadien. Mais ces liens historiques et ces
origines n’expliquent pas à eux seuls ce moment décisif survenu il y
a vingt-cinq ans. Notre reconnaissance mutuelle est un modèle que
les autres pays ont suivi. Elle a mené à l’adhésion de la Chine aux
Nations Unies l’année suivante.
Je suis fier d’avoir fait partie à l’époque du gouvernement canadien
qui a ouvert cette porte historique. Et ce soir, je tiens à rendre
hommage à ceux qui, grâce à leur vision et à leur détermination, ont
été les artisans de cette réalisation : le premier ministre de
l’époque, le très honorable Pierre Elliott Trudeau, et son ministre
des Affaires étrangères, l’honorable Mitchell Sharp.
Ils sont avec nous, ce soir, et je pense qu’il serait juste de dire
que sans eux, nous ne serions pas ici ce soir. Non seulement les
gestes qu’ils ont posés il y a vingt-cinq ans ont-ils contribué
à changer le cours de l’Histoire, mais ils prouvent également que le
Canada peut jouer un rôle important dans le monde.
Ils ont été guidés par de solides principes il y a vingt-cinq ans.
Et ces principes demeurent tout aussi valides et actuels
aujourd’hui.
Au Canada, nous croyons que la véritable sécurité ne peut se
développer que dans la stabilité.
Nous croyons que la stabilité mondiale s’accroît lorsque les pays
apprennent à se connaître, lorsque leurs leaders se rendent visite,
lorsqu’ils établissent entre eux des relations commerciales et se
montrent coopératifs.
Nous croyons que les pays ressentent une plus grande sécurité
lorsqu’ils s’aperçoivent que les innombrables liens qu’ils ont
tissés entre eux sont avantageux. Que l’engagement et le dialogue,
et non l’isolement et les gros mots, sont les points d’ancrage de
la paix et de la sécurité. Que les États responsables règlent leurs
différends paisiblement et discutent de leurs divergences dans le
respect mutuel.
Ces principes demeurent inchangés. Ils constituent les assises de
notre politique étrangère. Et ils sont tout aussi présents dans nos
relations actuelles avec la Chine qu’ils l’étaient il y a vingt=cinq
ans. De fait, ils constituent le fondement d’une nouvelle
renaissance entre nos deux pays.
Et il s’agit bien d’une renaissance. Ce dîner en fournit un
remarquable exemple.
L’organisation qui nous accueille, le Conseil commercial
Canada=Chine, ainsi que la composition de ses membres, soit des
milliers de gens d’affaires provenant d’un bout à l’autre du Canada,
sont deux preuves éloquentes de l’épanouissement de relations
établies il y a maintenant vingt=cinq ans.
Les liens économiques qu’ils ont forgés rapprochent nos deux pays
plus que jamais auparavant. La Chine se classe maintenant au
cinquième rang de nos partenaires commerciaux. Et nos liens
économiques se développent un peu plus chaque jour.
Et le développement de nos liens ne se limite pas au seul espace
économique. Il est désormais plus facile de communiquer de part et
d’autre des frontières, de voyager dans des pays lointains, de
vivre, de travailler et d’étudier à l’étranger.
Il existe des réseaux qui s’occupent de questions économiques,
sociales et politiques et qui échappent au contrôle direct du
gouvernement.
Écrivains et journalistes, acteurs et athlètes, tous ces gens nouent
et continuent d’entretenir des liens d’amitié à l’étranger, plus
facilement que jamais grâce au courrier électronique et à
l’Internet.
Plus les citoyens communiquent entre eux de chaque côté des
frontières, plus ils apprennent à se comprendre et à s’apprécier
mutuellement, et plus ils peuvent apprendre des valeurs des autres.
Et cela est bon pour nous tous. Nos gouvernements se doivent de
maintenir cette communication, de la soutenir et de faire en sorte
que les citoyens de nos deux pays en profitent.
Par exemple, l’an dernier, à Beijing, le premier ministre Li et
moi-même avons signé une lettre d’intention portant sur la mise au
point de six nouveaux projets de l’ACDI avec le concours de la
Chine. Certains de ces projets sont déjà en marche. Il s’agit
notamment de la formation de juges de rang supérieur en Chine et de
la promotion des droits de la femme.
Des travaux sont en cours à l’égard de dix-sept nouveaux projets de
développement axés sur le partenariat, l’environnement et une saine
gestion publique.
Ce sont des projets, petits et grands, qui définissent nos
relations quotidiennement. Et nos gouvernements contribuent à les
alimenter, à les soutenir, à les faire croître et s’épanouir.
Nos gouvernements collaborent également au sein de diverses
organisations multilatérales dans le but de resserrer davantage les
liens qui unissent non seulement nos deux pays, mais également ceux
du monde entier.
C’est pourquoi le Canada a déployé tant d’efforts à l’égard de la
création de l’Organisation mondiale du commerce et qu’il suit de si
près l’adhésion de la Chine à l’OMC.
L’an dernier en Indonésie, les chefs de gouvernement des pays
membres de l’APEC se sont engagés à créer une zone de libre=échange
dans la région d’Asie=Pacifique d’ici l’an 2020.
La Chine connaît le potentiel économique de la région du Pacifique
depuis fort longtemps. Mais pour leur part, les Canadiens et
Canadiennes ont maintenu longtemps leur regard fixé
presqu’exclusivement sur l’Europe et les États-Unis.
Nous avons commencé à nous tourner vers la zone Asie-Pacifique il y
a vingt=cinq ans à peine en posant ce geste historique de
reconnaissance officielle.
Et aujourd’hui, nous sommes devenu un membre actif à part entière de
la région du Pacifique.
Quand l’APEC négociera l’établissement de la plus vaste et la plus
dynamique zone de libre=échange au monde, le Canada sera présent,
parce que nous sommes un pays du Pacifique.
En tant que premier ministre, je peux vous dire que ces
développements éveillent non seulement nos connaissances et notre
intérêt pour l’Asie-Pacifique mais ils éveillent aussi notre
sentiment d’être canadien, notre confiance en nos moyens et en nos
compétences.
L’exemple le plus frappant est bien sûr la mission commerciale menée
par Équipe Canada en Chine l’an dernier. J’ai eu l’honneur de
diriger cette mission, en compagnie des premiers ministres
provinciaux et des leaders des territoires qui sont ici ce soir. Je
tiens à leur rendre hommage, car ils ont à coeur de travailler
ensemble pour le bénéfice des Canadiens.
En outre, le Conseil commercial Canada-Chine a joué un rôle
prépondérant dans le succès de la mission d’Équipe Canada. En fait,
bon nombre des gens d’affaires qui constituaient l’élément principal
d’Équipe Canada sont également avec nous ce soir.
Ce serait l’euphémisme de la décennie que de dire qu’Équipe Canada a
atteint son but. Elle a permis à des entreprises canadiennes et à
leurs partenaires chinois de conclure des ententes d’une valeur de
plus de 8000000000 $.
Et les répercussions de la mission se font encore sentir. Les
entreprises canadiennes font état de la conclusion de marchés
supplémentaires de 850000000 $ découlant
directement des initiatives de novembre dernier.
Qu’est=ce que cela signifie pour les Canadiens et Canadiennes ? Plus
que dans presque tout autre pays industrialisé, les emplois et la
croissance économique au Canada dépendent du succès de nos
exportations. Cela contribue à la croissance économique et procure
des emplois d’avenir bien rémunérés dans des industries d’avenir.
C’est pourquoi nous, Canadiens, cherchons à prendre notre place à
l’intérieur de marchés qui connaissent une expansion fulgurante,
comme la Chine. Il s’agit de marchés dont plusieurs rêvent… mais
que seuls les meilleurs arrivent à percer.
En fait, pour les Canadiens et Canadiennes, Équipe Canada représente
plus que des milliards de dollars de contrats, plus que des milliers
d’emplois et la qualité de vie qui vient avec. Équipe Canada a
suscité un nouveau sentiment de fierté nationale pour ce que nous
pouvons accomplir ensemble. Je sais à quel point les Canadiens et
Canadiennes étaient fiers d’Équipe Canada l’an dernier. Ils étaient
fiers de voir le premier ministre et les premiers ministres
provinciaux ainsi que les chefs des gouvernements territoriaux
travailler ensemble, en équipe, sans querelle et sans mésentente au
sujet des juridictions, et sans chercher à marquer des points
politiques.
Ils étaient fiers de les voir se concentrer sur la priorité numéro
un de tous les Canadiens : ramener des emplois au Canada.
Collaborer. Avoir un objectif commun. Travailler en équipe.
Je pense qu’on peut affirmer qu’en découvrant le potentiel de la
Chine, nous avons aussi redécouvert notre confiance en nous. Mais la
réussite du travail d’équipe et du partenariat d’Équipe Canada ne
tient pas seulement au partenariat qui s’est établi entre les
premiers ministres provinciaux et moi-même, mais aussi à celui qui
s’est établi entre les chefs de gouvernement et des centaines de
dirigeants d’entreprise dynamiques qui ont fait partie de l’équipe.
Par exemple, lorsqu’une importante société québécoise d’ingénierie a
fait équipe avec des concurrents de l’Ontario pour former un
partenariat spécial, ils ont battu de très grandes sociétés
américaines, japonaises et allemandes.
Si nos entreprises avaient été seules et qu’elles avaient dû
rivaliser entre elles et contre des sociétés étrangères, il aurait
été beaucoup plus difficile de réussir.
Dans un autre projet, nous avons vu une autre société d’ingénierie
québécoise établir un partenariat avec deux sociétés
hydroélectriques provinciales de deux provinces différentes.
L’entente qu’elles ont conclue en Chine leur permettra de réaliser
des ventes totalisant 500000000 $ en produits
canadiens, fournis par des entreprises situées dans au moins deux
provinces.
Pensez-y, deux services publics provinciaux formant un
partenariat
avec une société privée, avec l’appui du gouvernement fédéral…
Difficile d’être plus canadien que cela!
Et les succès se poursuivent. Une firme canadienne est sur le point
de mettre sur pied une coentreprise qui en fera l’une des trois
seules compagnies étrangères habilitées à offrir des polices
d’assurances en Chine. Nos banques établissent des bureaux en Chine
et aident leurs clients à mettre sur pied des coentreprises avec des
partenaires chinois.
Ces succès, les débouchés sans précédent qu’ils offrent et les
dizaines de milliers d’emplois qu’ils créent sont les retombées
réelles et durables de la mission d’Équipe Canada en Chine.
Les Canadiens sont fiers de la réussite de la mission d’Équipe
Canada et de l’esprit dans lequel elle a été menée. Et ils ont bien
le droit d’exiger que les gouvernements fédéral, provinciaux et
territoriaux répètent l’expérience, avec le concours du secteur
privé, afin de créer de nouveaux emplois et de nouveaux débouchés
pour les Canadiens oeuvrant dans le secteur des exportations.
C’est pourquoi je dirigerai une nouvelle mission commerciale en Inde
au début de la prochaine année.
Car, il ne faut pas s’y tromper, le Canada est un citoyen très actif
dans le monde. Et lorsque nous mettons tous l’épaule à la roue,
comme nous l’avons fait dans le cas d’Équipe Canada, nous sommes
capables de réussir et d’obtenir ce qu’il y a de mieux dans le
monde.
Un monde où les relations internationales ne sont plus symbolisées
par la diplomatie et ses pompes traditionnelles, mais bien par une
communication simple et directe entre des individus, par le libre
échange des idées et par les milliers et les millions d’amitiés qui
se nouent.
Il y a vingt-cinq ans, tout cela aurait semblé inimaginable, mais
c’est ce geste diplomatique osé à l’époque qui nous a menés
directement à ce que nous vivons en ce moment.
Ce soir, pendant que nous célébrons l’anniversaire de cette percée
phénoménale, rendons hommage aux milliers de Chinois et de Canadiens
qui, à leur façon, ont défini cette relation au cours des vingt-cinq
dernières années. Et tournons-nous maintenant vers les millions
de personnes qui feront la différence et qui permettront d’améliorer
la vie de leurs concitoyens au cours des 25 prochaines années.
[CChrétien=19950614]
[lieu=qué]
Demain, j’aurai l’honneur d’accueillir les chefs de gouvernement des
autres pays membres du Groupe des Sept au Sommet de Halifax.
Le Canada a, pour la troisième fois, l’occasion d’être l’hôte d’un
sommet du G-7. Et je pense que le Sommet de Halifax pourrait bien
être l’un des plus constructifs.
Nous avons convenu que l’examen des institutions internationales
serait l’élément clé du Sommet de Halifax. Il y a 50 ans, le Canada
participait activement à la mise en place des institutions de
Bretton Woods le Fond monétaire international et la Banque mondiale
ainsi que des
Nations Unies. Ces institutions de l’après-guerre ont évolué
positivement au fil des ans pour s’adapter aux nouvelles réalités
internationales.
La communauté internationale a le plus grand besoin d’institutions
multilatérales fortes, crédibles, et responsables. Bien sûr, nous ne
trouverons pas toutes les solutions, mais nous pouvons certainement
entamer une partie du travail et faire preuve d’un réel leadership.
Le G-7 ne désire pas se poser en directoire mais il reste un forum
unique qui permet des échanges essentiels pour faire face aux
importants changements qui nous attendent. Au lendemain du Sommet de
Halifax, nous travaillerons avec la communauté et les institutions
internationales pour relever ces nouveaux défis.
Les emplois et la croissance économique sont prioritaires pour tous
les pays du G7. Cela est évidemment la priorité au Canada. Notre
gouvernement a été élu sur un programme axé sur l’emploi et la
croissance. Et nous travaillons à sa mise en oeuvre depuis un an et
demi.
Les résultats sont encourageants. Nous avons assisté à la création
de plus de 430000 emplois, tandis que le taux de chômage est passé
de 11.5 % à 9,5 %, soit la première foi qu’il régressait sous la
barre des 10 % en quatre ans. En 1994, nous avons
enregistré le taux de croissance économique le plus élevé parmi les
pays du G-7 et, selon les prévisions, nous devrions faire aussi bien
cette année. Le taux d’inflation demeure faible. Nous avons
entrepris l’assainissement des finances publiques.
Nous avons parcouru beaucoup de chemin en un an et demi. En terme de
croissance et en terme de situation financière. Nous avons certes
passablement de travail devant nous. Mais tout ce que nous avons
accompli jusqu’à présent et le nouvel optimisme qui prévaut au
Canada me donnent confiance quant à notre réussite.
Je crois qu’il est juste d’affirmer que tous les pays du G-7
poursuivent la même direction et partagent les mêmes objectifs en
matière de croissance, de création d’emplois, de maîtrise de
l’inflation et des déficits budgétaires, en matière de réduction de
leur dette publique. Mais des économies nationales saines ne
sauraient exister lorsque l’économie mondiale est en mauvaise
posture. Pas dans les années 90. Une économie mondiale stable,
l’expansion des marchés étrangers, voilà autant de conditions
essentielles à nos économies nationales axées sur l’exportation. À
ce chapitre, je pense que le Sommet de Halifax peut apporter
beaucoup.
Notre gouvernement est persuadé que la libéralisation des échanges
est le levier international le plus efficace qui soit pour
promouvoir l’emploi et la croissance. Notre pays est tributaire de
ses exportations. Notre prospérité future dépend de la capacité
qu’ont les gens des autres pays d’acheter ce que nous produisons.
C’est pour cette raison que le commerce a été et continuera
d’être, tout aussi prioritaire pour nous. Et ce n’est pas
seulement prioritaire pour notre pays, pour les membres du G-7 ou
pour les pays industrialisés. Cela est prioritaire pour tous les
pays.
Au cours de mon mandat de premier ministre, j’ai littéralement
rencontré des douzaines de chefs de gouvernement de pays en voie de
développement. Ils m’ont pratiquement tous fait part de leur désir
de participer à l’économie mondiale et de profiter eux aussi des
avantages du commerce international dans leur pays.
À Halifax, le Canada veut tabler sur les succès internationaux en
matière de libéralisation des échanges.
Nous sortons à peine d’une intense ronde de négociations
commerciales multilatérales. Nous devons maintenant mettre en oeuvre
les résultats et mettre en place l’Organisation mondiale du commerce
(OMC).
Nous voulons que le G-7 réuni à Halifax devienne un chef de file
dans
la promotion de la coopération essentielle entre l’OMC et les autres
institutions économiques internationales.
Mes collègues du G-7 s’entendent sur le besoin d’étendre la
libéralisation des échanges. Nous avons encore passablement de
travail à faire, en particulier, dans le domaine des politiques en
matière de télécommunications, de services financiers,
d’investissements et de concurrence.
Le commerce international n’est toutefois qu’un aspect d’une
économie mondialisée. La technologie et l’intégration ont changé la
façon de faire des affaires. Les capitaux circulent d’un endroit du
globe à l’autre en quelques instants. Les décisions peuvent être
prises rapidement et leurs répercussions ressenties immédiatement.
Résultat. On peut observer, entre autres, un accroissement de la
circulation des capitaux privés. De bien des façons cela peut
s’avérer très bon, et promouvoir les investissements et la
croissance. Et redessiner le développement de plusieurs pays.
Cela a été un moteur de prospérité et de création d’emplois dans de
nombreux pays à travers le monde. Mais le volume, la rapidité et la
portée des mouvements de capitaux observés aujourd’hui
s’accompagnent également de risques. Aucun pays n’est à l’abri, et
l’onde de choc peut se répercuter instantanément autour du globe,
comme nous en avons été témoins de façon saisissante l’an dernier.
Le Mexique est une bonne illustration. La fuite de capitaux
totalisant plusieurs milliards de dollars a soudainement transformé
ce qui n’aurait dû être qu’un manque passager de liquidité en ce
qu’on a qualifié de première crise financière de l’ère nouvelle. Et
les répercussions, ou ce qu’on a appelé l’effet Tequila, ont été
ressenties un peu partout dans le monde.
Les marchés internationaux soumettent les économies nationales et
les responsables de l’élaboration des politiques à de nouvelles
formes de pressions. Si nous sommes en mesure de tenter de prévoir
ces pressions et d’y réagir lorsqu’elles se manifestent, il est
impossible de les contrôler.
C’est pour cette raison que je crois qu’à Halifax, le G-7 devrait
suggérer des moyens concrets pour accroître la stabilité et réduire
le risque.
En période de volatilité, on est toujours tenté de revenir en
Arrière, en imposant des barrières de nature à réduire l’accès aux
marchés. Cela peut sembler attrayant mais, même si nous le voulions,
cela serait impossible.
On ne peut pas faire fi de la technologie. On ne peut pas effacer
les trente dernières années. On ne peut pas avoir la nostalgie du
bon vieux temps. Il faut faire face aux réalités actuelles.
Une chose devient toutefois de plus en plus claire. C’est que nous
devons gérer très soigneusement le processus de libéralisation des
échanges.
Pour être en mesure de profiter pleinement de la libéralisation des
marchés financiers, les pays doivent moderniser leurs propres
secteurs financiers, y compris leurs mécanismes de réglementation.
Sinon, le processus de transformation peut provoquer des tensions
sociales et économiques qui, en bout de ligne, menacent même le
processus de développement.
En matière de libéralisation des marchés, l’étapisme, et non pas
le changement soudain et global, constitue l’approche de choix
pour nombre de pays qui entreprennent l’ouverture de leurs
économies.
Une autre réalité incontournable de l’économie mondialisée est la
rapidité, parfois, saisissante avec laquelle circulent les devises.
Il ne fait aucun doute que la volatilité des taux de change peut
entraîner des problèmes sérieux pour certains pays, comme on a déjà
pu l’observer. Mais je crois également que nous devons faire preuve
de réalisme en considérant nos options. Selon moi, le retour vers un
taux de change fixe ou des fourchettes cibles n’est plus une option
réaliste. Pour produire la stabilité, un système à taux de change
fixe requiert un très fort degré de convergence entre les économies
qui y participent. Même l’Union européenne, où l’on observe pourtant
un fort degré d’intégration, a énormément de difficulté à maintenir
un tel système.
Le Canada a été l’un des premiers pays à adopter un régime de change
flottant au début des années 70. Et ce système nous a fort bien
servis, nous permettant de nous adapter plus doucement aux
derniers développements.
Mais le fait demeure que ce régime peut s’accompagner d’une certaine
volatilité. Et que l’économie d’un pays comme le Mexique peut être
malmenée lorsque les gens se débarrassent massivement de leurs
devises.
Nous ne pouvons ni faire fi de la technologie ni revenir en arrière.
Nous ne pouvons pas nous attendre à voir ces spéculateurs notoires
éteindre leur ordinateur, accrocher leurs bretelles rouges et faire
autre chose.
Mais ce que nous pouvons, et devons, faire, c’est poser des
gestes efficaces et concrets afin de minimiser la vulnérabilité des
économies nationales. Des mesures d’assainissement des finances
publiques, comme celles mise en place au Canada. Des mesures qui
feront en sorte qu’en temps de crise, les institutions financières
internationales auront les moyens d’intervenir de façon
déterminante.
C’est pour cette raison que ma priorité, à titre de président du
Sommet, est de faire en sorte que le G-7 s’attarde au dossier de la
réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque
mondiale.
J’ai entrepris de vastes concertations quant au rôle du FMI et de la
Banque mondiale dans les économies mondialisées d’aujourd’hui. Non
seulement avec les autres chefs de gouvernement du G-7 mais avec des
chefs de gouvernement de notre hémisphère, de l’Asie et d’Europe.
Avec des pays en développement et de l’ancien bloc des pays de
l’Est. Avec les leaders internationaux du mouvement syndical et du
patronat. Enfin, avec les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale
eux-mêmes.
J’en ai conclu que, réunis à Halifax, nous devions profiter du
cinquantième anniversaire de ces institutions pour leur donner les
outils dont elles ont besoin aujourd’hui.
En premier lieu, nous devons améliorer les mécanismes de
surveillance et de pré-alerte du Fond monétaire international.
Cela commence par un meilleur suivi des politiques nationales des
États membres. Cela signifie notamment plus de transparence de la
part des administrations nationales et, en particulier, la
divulgation de renseignements pertinents sur les éléments clés de la
conjoncture économique.
La divulgation des renseignements ne plaît pas toujours aux
Bureaucrates, surtout quand les nouvelles pourraient être
meilleures. Mais cette activité va dans notre meilleur intérêt à
tous. En effet, des renseignements dignes de foi permettent de
prendre des décisions éclairées et d’informer les marchés qui auront
alors moins tendance à réagir brusquement.
Le FMI doit davantage prendre l’initiative, ne pas hésiter à
prodiguer des conseils essentiels en matière de programme lorsque
des gouvernements se refusent à poser des choix difficiles.
Ensuite, nous devons assortir de meilleurs systèmes de pré-alerte
d’une capacité d’intervention rapide lorsqu’une crise surgit.
Nous devons reconnaître qu’il est parfois indispensable d’intervenir
rapidement pour être efficace. Cela sous-entend la présence de
mécanismes d’intervention. Le Canada exprime le voeu que le Sommet
de Halifax apporte des propositions concrètes en ce sens.
Il est toutefois évident que la capacité d’intervention sera
tributaire des ressources disponibles. C’est pour cette raison que
le FMI doit avoir à sa disposition les ressources financières
nécessaires pour gérer efficacement les crises qui surgissent.
Permettez-moi de souligner que le Fonds n’éprouve pas de
difficultés
financières. Par exemple, il a été en mesure de consentir un prêt
considérable au Mexique lorsque le besoin s’est manifesté.
Cependant, il est absolument essentiel que le FMI ait l’assurance,
qu’en cas de besoin, il aura accès à des ressources additionnelles
considérables. À Halifax, le Canada cherchera là aussi à obtenir
l’accord de nos partenaires du G-7 pour arriver à des conclusions à
ce sujet.
Nous devons assurer un cadre réglementaire et de surveillance
adéquat pour les institutions financières et les marchés. La
surveillance est centralisée au niveau national, là où il y a
beaucoup d’améliorations à apporter. En effet, c’est très souvent à
l’intérieur d’un pays même que naissent les spéculations qui peuvent
nuire aux économies nationales. Il doit également y avoir un
engagement de plus en plus fort en faveur de la coopération
internationale.
Je soulèverai cette question à Halifax. Nous devons savoir si la
coopération internationale en la matière se situe à un niveau
adéquat.
Nous devons également savoir si le degré de transparence est
suffisant de part et d’autre et s’il est nécessaire, ou pas,
d’établir des normes internationales.
Les pays en développement ont réalisé des progrès remarquables pour
réduire leur endettement et adopter des politiques cohérentes avec
la stabilité macro-économique et une meilleure répartition des
ressources. Ils ont profité d’une plus grande intégration des
marchés financiers, mais ils en ont également souffert à l’occasion.
Malgré des progrès réels nombre de pays en développement ont
également besoin de l’aide financière des pays industrialisés et des
institutions financières internationales (IFI) pour assurer leur
croissance et leur développement.
Pour que cette aide soit efficace, nous devons cibler vers les pays
les plus pauvres les fonds encore disponibles dans les IFI. Nous
devons également concentrer notre aide sur la mise en place de biens
publics et sur une expansion saine du secteur privé.
Nous devons également améliorer la performance de l’ONU en matière
de développement. Il y a trop d’organismes et de programmes qui
entrent soit en conflit les uns avec les autres, ou dont le mandat
ne correspond plus aux problèmes actuels. Nous voulons nous assurer
que la Banque mondiale et l’ONU utilisent efficacement leurs
ressources financières.
En plus des questions d’ordre économique que j’ai mentionnées
aujourd’hui, le Sommet de Halifax portera sur d’autres enjeux
internationaux aussi variés que le mandat de l’ONU, la lutte contre
le terrorisme et le règlement de la crise qui sévit dans l’ancienne
Yougoslavie.
Le dénominateur commun de tous ces dossiers est le besoin d’une
meilleure compréhension et collaboration internationales pour faire
face au vent de scepticisme qui s’abat sur nos institutions
internationales. Nous, en tant que Canadiens, croyons profondément
aux approches coopératives qui vont au-delà des barrières
culturelles, économiques et politiques.
Aussi bien par tradition que conviction, les Canadiens sont de bons
citoyens internationaux engagés sur la voie de la coopération
multilatérale. À titre d’hôte du Sommet du G-7 à Halifax, le Canada
aura une occasion unique pour renforcer les qualités que nous
préconisons déjà au pays, soit la coopération, le travail d’équipe
et, pardessus tout, le progrès.
[CChrétien=19950215]
[lieu=ottawa]
Je suis très honoré de prendre part à cette cérémonie marquant le
30e anniversaire du drapeau du Canada.
Nombre de Canadiens, en particulier les plus jeunes, seront
surpris d’apprendre que ce drapeau n’a que 30 ans. Tellement il fait
partie du paysage canadien, de notre identité et de nos vies.
Il est difficile de croire que le concept même d’un drapeau national
ait pu soulever une vive controverse et donner lieu à un débat
orageux, qu’il ait divisé les Canadiens entre eux, et que des
députés en soient même venus aux coups.
C’est difficile à croire. Mais c’est pourtant vrai.
J’en ai été témoin alors que j’étais un simple député.
Et je n’oublierai ni l’émotivité ni l’argumentation du débat.
Des gens soutenaient que nous manquions à la tradition. Que ce geste
était une insulte à la mémoire des valeureux Canadiens qui, sous le
Red Ensign, ont combattu et sont morts durant les deux guerres
mondiales. D’autres encore soutenaient que cette question provoquait
trop de discorde pour être soulevée par le gouvernement, et que les
députés avaient des questions plus importantes à débattre que la
conception d’un drapeau.
Contre vents et marées, s’est élevé un groupe de Canadiens
déterminés sous la direction de Lester Pearson.
Des Canadiens comme mon ancien collègue, John Matheson, qui a relevé
ce défi de façon bien personnelle. C’est lui et George Stanley qui
ont effectivement conçu notre drapeau. Ils ont apporté une
remarquable contribution au Canada. Et ils sont ici aujourd’hui,
trente ans plus tard.
Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, je salue leurs efforts.
Ils avaient compris qu’un pays doit se doter de symboles de fierté.
De symboles qui nous rassemblent.
À l’époque, des gens racontaient que la Chambre des communes ne se
remettrait pas des divisions laissées par le débat sur le drapeau.
Que le pays ne serait plus jamais le même. Que ce drapeau ne ferait
jamais l’unanimité parmi les Canadiens.
Ils avaient tort.
Et je crois qu’il y avait de la magie dans l’air froid de cette
journée, il y a trente ans, lorsque Lester Pearson a hissé notre
drapeau pour la première fois.
Parce que ce drapeau a presque immédiatement rallié l’ensemble de la
population.
Il est devenu son symbole, et non pas celui d’un gouvernement, d’un
parti ou d’une quelconque élite. C’est la population canadienne qui,
tranquillement et tout naturellement, s’est approprié son drapeau.
Et depuis trente ans, notre attachement à l’unifolié devient de plus
en plus fort.
Notre drapeau est déployé d’un bout à l’autre du Canada, dans toutes
les villes, municipalités et villages. Il flotte devant des
résidences, des parcs publics et des écoles. Dans les lieux de
rassemblement, il prend immédiatement valeur de symbole : «c’est mon
pays et j’en suis fier.»
Il est également déployé ailleurs dans le monde. Au Rwanda et en
Bosnie, il est un emblème d’espoir et d’humanité au milieu des
souffrances et de l’horreur. Pour ces populations, il symbolise la
sécurité et la paix; il exprime une volonté de mettre fin aux
épreuves.
Cousu au sac à dos de jeunes Canadiens et Canadiennes partis
découvrir le monde, l’unifolié devient leur passeport vers un
accueil chaleureux.
Du débat orageux qui a soulevé tant de discorde il y a trente ans,
est issu cet emblème universellement reconnu de notre fierté.
Et cela, nous ne devons pas l’oublier. Car aujourd’hui, il y a
encore des gens qui prétendent que le pays ne se remettra sans doute
pas des débats actuels qui soulèvent trop de discorde.
Ils se trompent. Comme ceux qui prétendaient la même chose il y a
trente ans, il commettent l’erreur de sous-estimer la détermination
qu’ont les Canadiens et Canadiennes de bâtir un pays, de triompher
des obstacles historiques et géographiques, et de donner l’exemple.
Nous continuerons de donner l’exemple. Ensemble pour encore
longtemps, très longtemps.
Vive le Canada!
CChrétien=19950315]
[lieu=sask]
Je vous parlerai du Budget de 1995 de ce qu’il signifie pour le
Canada et, en particulier, pour l’Ouest.
La préparation de ce budget n’a pas été une tâche facile. Les
compressions ont été difficiles à faire. Et elles auront des
répercussions pour un grand nombre de personnes. Mais il est
essentiel d’assainir nos finances et d’atteindre notre objectif
intermédiaire en matière de réduction du déficit soit 3 % du PIB.
Il est tout aussi important d’y parvenir d’une façon qui est
équitable envers les Canadiens et envers toutes les régions du pays.
Si nous voulons que l ‘économie canadienne soit prospère au
Canada, dans l’Ouest, et en Saskatchewan nous n’avons plus les
moyens d’afficher ces énormes déficits budgétaires.
Par contre, après la dure récession que nous avons connue, la
situation économique s’améliore. L’an dernier, le taux de croissance
économique a atteint 4,5 %, soit la meilleure performance
enregistrée depuis six ans. Plus de 430000 emplois ont été créés au
cours de cette période. Pour la première fois en quatre ans, le taux
de chômage a baissé sous la barre des dix pour cent, soit 9,4 %.
La situation s’améliore. Il nous reste certes beaucoup de travail à
faire, mais au moins, nous allons dans la bonne direction.
Mais des mesures de redressement budgétaire vigoureuses sont
nécessaires, sans cela il n’y aurait plus de place pour
l’amélioration. En raison du poids des déficits et de la dette, les
Canadiens et Canadiennes paient les taux d’intérêt les plus élevés
du monde occidental. Cela freine l’expansion des entreprises
canadiennes et la création d’emplois, cela empêche les gens de
s’acheter une maison. Et cela impose d’énormes contraintes aux
agriculteurs également.
Sans des mesures de redressement budgétaire vigoureuses, notre
économie ne jouira pas de la confiance des investisseurs étrangers.
Or, nous avons besoin de ces capitaux pour stimuler la croissance et
la création d’emplois au Canada. Tous les pays ont besoin de ces
investissements. Cela est une réalité incontournable.
Sans des mesures de redressement budgétaire aussi vigoureuses, nous
continuerons à consacrer davantage au service de la dette. Nous
consacrons déjà presque 40000000000 $ par an pour
rembourser les frais intérêts sur l’énorme dette dont nous avons
hérité. C’est plus que ce que nous dépensons au titre de
l’assurance-chômage et des pensions.
Et si nous n’avions pas adopté des mesures énergiques, la situation
aurait empiré. Nous n’en avons pas les moyens. Aucun pays n’en a les
moyens.
Pour vous donner une idée des sommes en cause, permettez-moi de
dire
que le total du revenu net de tous les agriculteurs canadiens
pendant dix ans, ne suffirait pas à payer l’intérêt accumulé sur la
dette pendant une seule année.
Si les taux d’intérêt, qui fluctuent en relation avec le niveau
d’endettement, augmentaient de deux p. cent, les frais d’intérêt aux
agriculteurs canadiens pourraient grimper de 200000000 $
en une seule année. Et en tenant compte de la renégociation des
emprunts à terme, la hausse des frais d’intérêt pourrait dépasser
400000000 $.
Je pense que les Canadiens et Canadiennes reconnaissent que nous
n’avions d’autre choix que d’intervenir avec vigueur pour renverser
la tendance.
J’aurais préféré hériter d’une situation plus favorable. Mais dans
un gouvernement, le rêve n’a pas sa place. Nous devons composer avec
la réalité et faire de notre mieux pour améliorer les choses. C’est
ce que nous faisons.
La clé consiste à agir de façon responsable et équitable. C’est ce
que nous avons fait dans notre budget. Nous avons travaillé pour
élaborer un budget qui est le plus équitable possible pour les
Canadiens, le plus équitable possible pour toutes les régions.
C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas majorer
l’impôt sur le revenu des particuliers. Nous croyons que les
Canadiens ont essuyé suffisamment de hausses d’impôts ces dernières
années, alors que leurs revenus réels n’ont pas augmenté. Il ne faut
donc pas leur en demander davantage.
Et nous avons travaillé d’arrache-pied pour que le budget soit
équitable envers chaque région du Canada.
Je sais qu’ici en Saskatchewan, notre décision de faire disparaître
les subventions aux transports du Nid de corbeau n’a pas été facile
à accepter. Le fait que cela était nécessaire pour satisfaire aux
nouvelles exigences des accords du GATT n’a pas été d’un plus grand
réconfort que le fait de savoir que cela devait arriver un jour ou
l’autre.
Mais lorsque vous faites face à une dette de 500000000000 $, une
subvention de 560000000 $ par année n’est tout simplement plus
viable.
Je crois que si on leur en donne l’occasion, les agriculteurs ne
veulent pas de subventions, il veulent uniquement un meilleur accès
aux marchés. Ils veulent obtenir un bon prix pour leurs produits
agricoles.
C’est ce à quoi nous travaillons, aider les producteurs agricoles
des Prairies à faire ce qu’ils font de mieux que personne d’autre :
nourrir la planète, diversifier leurs productions, et être un moteur
de croissance économique tout en gagnant honnêtement leur vie
Je suis conscient qu’en Saskatchewan les gens s’inquiètent de voir
l’offre de 1600000000 $ du gouvernement bel et bien
profiter aux exploitations agricoles, soient-elles exploitées
par
leur propriétaire ou par un locataire. Et, que les institutions
financières et les propriétaires étrangers les laissent profiter de
ces retombées bénéfiques. Nous nous sommes engagés à faire tout
notre possible pour que cela se produise.
Je sais également, qu’à titre d’édiles municipaux, vous êtes
inquiets de l’accroissement du trafic routier qu’entraînera la fin
de la subvention du Nid de corbeau. C’est pour cette raison que nous
avons prévu un programme de transition qui vous aidera à améliorer
la chaussée, à construire de nouvelles routes, et à fournir de
nouvelles options de transport aux agriculteurs.
Je suis persuadé que Ralph Goodale travaillera pour vous faciliter
cette adaptation en faisant preuve de la même intensité qu’il
déploie pour défendre les intérêts des agriculteurs. Je vous
confierai que je suis en politique depuis longtemps et que je n’ai
jamais vu personne d’autre défendre avec autant d’intensité et
d’éloquence les intérêts des agriculteurs.
Le Budget a eu des répercussions à la grandeur du pays. Nous fermons
des bases militaires pas à Moose Jaw, et Ralph y a été pour
quelque chose. Nous supprimons 45000 postes dans la fonction
publique partout au Canada. Et nous mettons fin à des subventions au
transport qui touchent d’autres régions du pays, notamment la
subvention au transport des céréales fourragères et les aides au
transport des marchandises dans la région Atlantique.
Nous avons également éliminé les transferts aux entreprises
d’utilité publique dont ont surtout profité l’Alberta et la
Nouvelle-Écosse.
Chaque région écope. Mais chaque région fait sa juste part. Aucune
région n’a eu droit à un traitement de faveur. Aucune région n’a été
ciblée davantage que les autres. La situation nous affecte tous et
c’est ensemble que nous allons nous en sortir.
Ce que nous avons tenté de faire, c’est d’identifier les bonnes
priorités. Celles qui correspondent aux priorités des Canadiens et
Canadiennes. Cela aurait été facile d’utiliser la recette des
Conservateurs et de couper à l’aveuglette 15 ou 20 % des enveloppes
budgétaires. Il n’y a rien de compliqué la-dedans. Sauf que cela
n’aurait pas été la bonne façon d’agir.
Comparativement aux compressions de 7,3 %, en moyenne qui toucheront
les programmes fédéraux, nous avons moins comprimé les transferts
aux provinces soit une moyenne de 4,4 % seulement.
Mais nous ne pouvions pas soustraire ce secteur des compressions.
Votre gouvernement provincial sait à quel point il est important de
réduire le déficit. C’est ce que nous avons entrepris. Je suis
persuadé qu’ils ne s’attendaient pas à nous voir subventionner leur
déficit en maintenant le nôtre.
Mais nous avons donné un préavis aux provinces pour leur permettre
de se préparer à la baisse des transferts. Comme je l’ai dit, nous
avons moins comprimé les transferts aux provinces que nos
programmes. Cela, parce que ces transferts sont importants pour les
Canadiens et Canadiennes. Des mesures telles que l’assurance-santé
et l’enseignement postsecondaire sont prioritaires.
Quelqu’un a déjà dit que « gouverner c’est choisir. » Nous avons
fait nos choix. Nous avons choisi les priorités des Canadiens et
Canadiennes.
Nous croyons aux mesures sociales et nous en sommes tous fiers.
Notamment l’assurance-santé qui a pris naissance dans cette
province. Je siégeais au Parlement lorsque nous avons instauré le
régime d’assurance-santé à la grandeur du Canada dans les années 60.
Député du gouvernement de l’heure, j’ai eu l’honneur de voter en
faveur de l’assurance-santé. Et cela demeure un des moments les plus
mémorables de ma vie.
Et les gestes que nous posons aujourd’hui sont destinés à pérenniser
des mesures telles que l’assurance-santé pour les générations
futures.
Nous ne pouvons soutenir l’assurance-santé que si notre économie est
saine et que nous dépensons sagement. C’est pour assumer cette
responsabilité que nous avons annoncé les récentes mesures
budgétaires pas pour démanteler l’assurance-santé, mais pour en
assurer la survie. Et pas uniquement pour nous, mais également pour
nos petits-enfants et leurs petits-enfants.
Cela veut donc dire qu’il y a deux choses importantes pour nous, en
tant que Canadiens. D’une part, nous devons maintenir la croissance
économique une dimension indispensable pour maintenir des mesures
sociales telles que l’assurance-santé. D’autre part, nous devons
contenir toute hausse démesurée des coûts de l’assurance-santé.
Il y a dix ans, nous consacrions 8,7 % de notre PIB aux dépenses
publiques et privées en matière de santé. Aujourd’hui, nous y
consacrons plus de 10 %.
Mais la situation semble s’être calmée. Le taux d’accroissement
s’est stabilisé et les dépenses de santé on légèrement diminué dans
le secteur public. Dans l’ensemble, nous faisons du progrès. De
fait, au cours des trois dernières années, le coût des soins et de
l’hospitalisation par personne couverts par le système public ont
légèrement diminué Les provinces sont déterminées à maîtriser les
coûts de la santé tout en maintenant la même qualité de soins.
Nous devons poursuivre sur cette voie. Et cela ne veut pas dire des
compressions dans l’assurance-santé. Loin de là.
De fait, si nous parvenons à maintenir les dépenses au titre de la
santé au même niveau et à maintenir le taux de croissance
économique, les dépenses de santé diminueront en proportion du PIB,
sans affecter la qualité des soins offerts aux Canadiens et
Canadiennes.
C’est de cette façon qu’il faut assurer l’avenir de
l’assurance-santé, et non pas à coup de compressions ou de ticket
modérateur. Il faut chercher à accroître l’efficience du système. Et
ce, toujours en respectant cinq grands principes : les soins de
santé doivent être universels, transférables, complets, financés par
les fonds publics et administrés par les pouvoirs publics. Pour les
Canadiens, ces principes sont incontournables.
L’assurance-santé n’est pas la seule mesure sociale que les
Canadiens chérissent. Et ce budget ouvre la voie à une évolution des
mesures sociales grâce au nouveau Transfert social canadien.
En regroupant ainsi les transferts et en éliminant des contraintes
inutiles, nous donnons aux provinces l’occasion d’élaborer des
programmes qui aideront la population à vivre décemment et à être
productive.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Tous les spécialistes
affirment que les programmes d’alimentation prénatale et scolaire
favorisent le développement des enfants en particulier les plus
pauvres. C’est un investissement dans leur avenir. Mais, à l’heure
actuelle, les transferts versés en vertu du Régime d’assistance
publique ne peuvent servir au financement de programmes
d’alimentation scolaire.
La même contrainte s’applique dans le cas des travailleurs à faible
revenu. À l’heure actuelle, les fonds du RAPC ne peuvent être
utilisés pour complémenter leurs revenus ou pour leur offrir des
prestations couvrant le coûts des médicaments ou des prothèses des
initiatives qui favoriseraient l’autonomie de ces personnes. En
éliminant ces contraintes inutiles, nous pouvons réaliser de
nombreux progrès dans ces secteurs.
Nous n’avons ni besoin de méga projets ni de méga financement pour y
parvenir. De plus, nous n’avons pas les milliards additionnels à
injecter dans de tels programmes. De fait, nous avons déjà dépensé
des milliards de dollars pour faire tourner un système qui n’a pas
répondu aux attentes. Un système qui n’a pas aidé ceux et celles qui
en avaient besoin. Un système qui laisse tomber les Canadiens et les
Canadiennes.
La solution ne consiste pas à accroître les dépenses. Non. Nous n’en
avons tout simplement pas les moyens. Nous devons dépenser plus
intelligemment.
Et c’est ce que tout le pays doit faire travailler en
collaboration. Le Transfert social canadien donnera aux
gouvernements provinciaux les instruments pour faire ce qu’ils font
le mieux concevoir des programmes qui répondent aux besoins de
leurs populations. Et je tiens à assurer les provinces que nous les
aiderons, en collaborant à l’élaboration de principes mutuellement
convenus qui correspondent à la société que nous voulons tous bâtir
pour les Canadiens, des principes qui affirment que nous sommes
prêts à collaborer pour réussir.
Une économie en croissance qui se diversifie davantage, qui crée des
emplois pour les Canadiens et Canadiennes. Des mesures sociales qui
aident les gens à retrouver leur dignité et leur autonomie. Des
gouvernements souples et capables d’agir sans être à la merci des
créanciers ou des marchés financiers. C’est cela le Canada que nous
voulons bâtir.
Et le budget de monsieur Martin nous oriente définitivement dans
cette direction.
En remettant de l’ordre dans les finances publiques, nous faisons en
sorte que les valeurs et les priorités des Canadiens reçoivent
l’attention qu’elles méritent. Nous redressons l’économie pour
chaque région. Et nous agissons de façon responsable et équitable
envers tous les Canadiens.
[CChrétien=19951018]
[lieu=qué]
Dans à peine plus de quatre ans, nous serons au 21e siècle. Comment
s’y préparer? En continuant de bâtir un pays qui est sans doute une
des grandes réussites du vingtième siècle. Ou, comme les tenants de
la séparation le suggèrent, en reprenant tout à zéro avec les
morceaux de ce qu’on aurait détruit.
Et il ne doit faire aucun doute que peu importe celui qui conduit
l’autobus du OUI, la destination est toujours la même : c’est la
séparation.
Défaire un grand pays qui s’est taillé une place de choix dans le
monde moderne, n’est pas chose facile.
Les conséquences du démantèlement du Canada pourraient être
extrêmement sérieuses pour tous nos concitoyens au Québec comme
partout au pays. Et quel message serait envoyé au monde entier à
l’aube du troisième millénaire?
C’est mon devoir, comme premier ministre du Canada de le faire
savoir à ceux qui prendront une décision le 30 octobre prochain, une
décision qui pourrait avoir un caractère irréversible.
Quand j’entends et je vois avec quelle désinvolture les tenants de
la séparation parlent de briser ce pays extraordinaire, je me
demande s’ils réalisent vraiment les conséquences de leur projet.
Ils ont une facilité déconcertante pour écarter les réalités qui
contredisent leur démarche.
En les écoutant, vous apprendrez que la séparation se fera tout
seul, simplement, facilement, sans choc et sans difficulté, comme
par magie, comme par enchantement. Tout ira bien et ça ne coûtera
rien.
M. Bouchard disait en fin de semaine : « Un OUI, ça a quelque chose
de magique. D’un coup de baguette, ça transforme toute la situation.
» Ça me rappelle ce merveilleux conte de notre enfance : « Lucien au
pays des merveilles ». Il faut dire la vérité. Dans le monde réel,
il n’y a pas de baguette magique et les gens paient leurs factures.
Il faut dire aux gens ce qui arriverait si le projet de séparation
de M. Parizeau et son magicien se réalisait. Il faut dire que le
Québec ne ferait plus partie du Canada. Que les Québécois
n’éliraient plus de députés à la Chambre des Communes. Qu’il n’y
aurait plus de Québécois dans l’administration fédérale. Que les
Québécois ne seraient plus citoyens canadiens et n’auraient donc
plus droit au passeport canadien.
Parler des conséquences économiques de la séparation, ce n’est pas
faire peur au monde, c’est dire la vérité. Derrière les chiffres que
dédaignent M. Parizeau et son magicien, il y a des emplois, des
hommes et des femmes qui gagnent leur vie et celle de leurs enfants.
Et ce n’est pas la baguette magique de Lucien Bouchard qui va les
faire vivre. Les citoyens veulent savoir s’ils paieront plus ou
moins d’impôts. Est-ce qu’ils auront plus ou moins d’argent dans
leurs poches à la fin de l’année?
Toutes les études, même les études séparatistes, démontrent que la
séparation du Québec amènerait des augmentations d’impôts
substantielles et d’importantes compressions dans les services
gouvernementaux. C’est une réalité incontournable que des slogans
rassurants seuls ne peuvent camoufler. Et c’est mieux de le savoir
maintenant. Pensez y bien avant d’aller voter.
Ensuite, quoi de plus normal que de signer tous nos traités. En
apparence, c’est très bien, mais qu’est-ce que ça veut dire en
réalité?
Parlons par exemple de l’accord de libre-échange nord-américain,
l’ALENA.
En se séparant du Canada, le Québec sortirait de l’ALENA pour
ensuite tenter de renégocier son adhésion à titre de nouveau pays.
Une telle opération comporte des risques énormes pour le Québec.
Est-ce que M. Parizeau et son magicien peuvent garantir aux
travailleurs du textile, de l’agriculture, du secteur culturel et
des services financiers qu’il n’y aura pas de conséquences négatives
pour eux, pour leurs familles et pour leurs communautés? C’est mieux
de le savoir maintenant. Pensez-y bien avant d’aller voter.
On tente aussi de nous faire croire qu’après avoir dissous le
Canada, un Québec séparé pourra garder le dollar canadien et que les
Québécois pourront conserver la citoyenneté et le passeport
canadiens. C’est fantastique ce qu’on peut faire quand on a des
pouvoirs magiques. Il faut comprendre la portée de la proposition du
camp de la rupture. Pensez-y bien avant d’aller voter.
Est-ce que M. Parizeau et son magicien peuvent garantir qu’un
Québec
séparé garderait le dollar canadien plus de 39 jours, comme ce fut
le cas pour la Slovaquie après sa séparation de la Tchécoslovaquie.
Il y a deux semaines, le ministre des finances, Paul Martin a
clairement expliqué pourquoi il ne serait pas dans l’intérêt du
reste du Canada d’entamer des négociations avec un Québec séparé
pour établir une nouvelle union économique.
Cela disait-il, amènerait inévitablement les Américains à la
table
de négociation pour demander la révision d’un certain nombre de
clauses qui ne font pas leur affaire dans les accords commerciaux
que nous avons avec eux. Une nouvelle union économique ne serait pas
possible car le reste du Canada y perdrait trop au change. Pour
chaque concession consentie au Québec, le reste du Canada devrait en
faire autant pour les États-Unis. Pensez-y bien avant d’aller
voter.
Aucun des tenants de la séparation n’a pu contredire de façon
crédible la position de M. Martin.
La semaine dernière, le premier ministre de l’Ontario a donné
clairement non seulement des raisons économiques mais également des
raisons politiques pour rejeter la proposition de partenariat
politique entre le Québec et le reste du Canada. Cette proposition
qualifiée jusqu’ici d’irréaliste et illusoire, est maintenant jugée
irrecevable par l’ensemble des provinces. Et ce n’est pas du bluff
comme le suggèrent MM. Bouchard et Parizeau.
Sachant que l’union économique ne peut pas être négociée et que le
partenariat politique n’a pas de preneur, il ne resterait en fait
qu’une chose à négocier : la séparation pure et simple. Pensez-y
bien.
Encore faudrait-il qu’il se trouve un interlocuteur qui en ait
le mandat. Je vais vous montrer que ça prend plus qu’un coup de
baguette magique pour faire ça.
Le mandat du magicien au lendemain du référendum, serait d’essayer
de défaire l’omelette pour remettre les oeufs dans leur coquille. Et
je peux vous dire que ça prend toute une baguette magique pour faire
ça. Avec qui ce négociateur en chef pourrait-il s’asseoir le
lendemain d’un OUI. Pour les tenants de la séparation, la réponse
est très facile.
Il va s’asseoir avec le reste du Canada, présumément représenté par
le gouvernement fédéral.
Et là, il faut absolument mettre fin à un mythe entretenu depuis
fort longtemps par les tenants de la séparation.
Ils présentent le reste du Canada comme un bloc monolithique parlant
d’une seule voix. Rien n’est plus faux.
Le Canada n’est pas comme l’ancienne Tchécoslovaquie, composée de
deux républiques aux contours clairement définis.
Le Canada est une fédération composée de provinces qui ne sont pas
homogènes et dont les intérêts varient. Le Canada avec le Québec
forme un pays.
Personne ne sait ce qui en resterait sans le Québec. Nous devrions
savoir que le reste du Canada n’est pas un pays. Qui a le mandat
pour parler au nom du soi-disant reste du Canada? Est-ce que ce
sera
le parlement et le gouvernement du Canada avec une représentation du
Québec à 25 pour cent?
Compte tenue de l’étendue des conséquences de la séparation pour
chacune des autres provinces, rien ne porte à croire qu’elles
seraient disposées à donner carte blanche au gouvernement fédéral
pour établir les termes de la dissolution du pays.
Par définition, le reste du Canada ne pourrait même pas penser à
négocier les termes de la séparation du Québec avant de prendre la
décision de rester uni.
Qui peut prévoir les réactions des neuf autres provinces
canadiennes, et encore moins qui peut prédire que les provinces
restantes arriveraient à établir un consensus.
Et ça, contrairement à ce que prétendent M. Parizeau et son
magicien, ce n’est pas simple.
Non, ce n’est pas simple de faire du reste du Canada un nouveau pays
avec une nouvelle constitution, de nouvelles institutions et de
nouveaux arrangements économiques et politiques. Ça prend plus qu’un
coup de baguette magique.
En supposant que la partie restante du Canada décide de former un
pays coupé en deux par son milieu, il semble très clair qu’il
faudrait attendre longtemps avant de pouvoir amorcer des
négociations sérieuses simplement sur les termes de la séparation.
Ensuite, on entamerait des années de négociations sur les conditions
de la sécession; des années de négociations pour remplacer les
ententes fédérales-provinciales et des années de négociations pour
remplacer les accords internationaux.
Et au bout de tout cela, personne ne sait ce que les Québécois
obtiendraient. Et, à part ceux qui pratiquent la pensée magique,
nous savons tous que le Québec et le reste du Canada seraient
perdants dans l’opération.
Entre temps, qu’arriverait-il au dollar? Qu’arriverait-il à
l’investissement au Québec et partout au Canada?
Qu’arriverait-il aux emplois et aux familles qui en dépendent?
Qu’arriverait-il au niveau de vie de nos concitoyens et
concitoyennes? Quelles garanties pourraient alors nous donner les
tenants de la séparation? Ni M. Parizeau, ni son magicien, n’ont
donné de réponses à ces questions.
Les Québécois sont en droit d’obtenir des réponses claires et
d’avoir accès au maximum d’information, afin d’être en mesure de
décider où se trouve leur meilleur intérêt.
Renier des études qui ont coûté 10000000 $ aux
contribuables québécois parce qu’on en aime pas les conclusions,
étouffer les discussions et refuser de répondre aux questions
difficiles ne sert les intérêts de personne.
Peut-on imaginer toute l’énergie, tout le temps et tous les
efforts
qu’il faudra mettre à résoudre les problèmes liés au démantèlement
d’une des plus grandes puissances industrielles du monde?
Peut-on imaginer toute l’amertume et la colère qui marquerait ce
processus? Et peut-on imaginer que nos concurrents vont se
montrer
prêts à nous attendre pendant que nous réglons nos affaires?
Pensez-y bien avant d’aller voter.
Pouvez-vous imaginer que des investisseurs qui cherchent la
stabilité et qui ne manquent pas d’endroits où placer leur argent
vont nous dire : « Faites-vous en pas! Nous n’avons pas peur
d’investir chez vous parce qu’un bon jour, qui sait, vous allez
peut-être réussir à vous sortir du pétrin. »
Par contre, ce qui est immédiatement garanti au lendemain d’un NON,
c’est que nous conservons un pays souverain.
Un pays qui nous garantit la citoyenneté canadienne, le passeport
canadien et la monnaie canadienne.
Un pays qui nous garantit instantanément un partenariat économique
et politique qui nous permet de rayonner tant sur l’Atlantique que
sur le Pacifique.
Un pays concret, tangible, que nous connaissons depuis longtemps. Un
pays que personne ne peut nous enlever. Ce pays, le Canada, n’est
pas le fruit de marchands de rêve et de magiciens, mais celui du
travail et de la sueur de tous ceux qui ont contribué à le bâtir
depuis plus d’un siècle.
Au lendemain d’un NON, nous pourrions ensemble mobiliser toute
l’énergie et toute l’intelligence qui sont aujourd’hui consacrées à
la séparation afin de voir aux véritables préoccupations des
citoyens.
Une fois disparue cette menace de séparation, et toute l’incertitude
qu’elle implique, le Québec et tout le Canada peuvent s’attendre à
des taux d’intérêt plus bas, une amélioration qui signifie des
emplois, des investissements et la croissance.
Un vote pour le NON permettra enfin aux Québécois et aux autres
Canadiens de bénéficier d’une économie qui a pour elle tous les
atouts, d’une productivité qui atteint des records, d’un taux
d’inflation qui est le plus bas parmi les pays du G-7 et un des plus
bas parmi les pays de l’OCDE. Ils auront un pays qui est en train de
régler son problème de dette et de déficit. Ce n’est pas de la
magie, mais c’est le progrès et le changement sans rupture.
Les Québécois pourront se joindre aux autres Canadiens lorsqu’il
s’agira de mettre en place de nouvelles ententes commerciales avec
l’étranger, outre celles que nous avons déjà établies sur ce
continent.
Au lieu de déchirer les accords existants et de tout recommencer, le
Québec pourra, en votant NON, bénéficier de nouvelles ententes
commerciales, partout dans le Pacifique, avec le Japon, Singapour,
l’Australie et la Chine, des initiatives que nous poursuivons déjà.
Il ne faut surtout pas sous-estimer l’importance de faire partie
d’un pays du Pacifique à l’aube du 21e siècle.
À l’échelle du globe, le Québec pourra continuer d’exercer avec le
Canada l’influence d’une grande nation qui a accès aux autres
grandes nations.
Nous méritons de continuer à faire partie d’un pays qui est membre
du G-7, de l’APEC, de la Quadrilatérale, où le Japon, les États-Unis
et l’Europe sont les partenaires du Canada. Nous méritons d’exercer
une influence auprès des puissants de ce monde, au lieu de rester en
marge des décisions. C’est ça le progrès et le changement sans
rupture.
Ce dont les gens veulent que leurs gouvernements leur parlent
maintenant , c’est de la façon dont ils entendent s’y prendre pour
aider les petites entreprises à créer des emplois d’avenir.
Ils veulent voir leurs gouvernements à Ottawa et à Québec travailler
ensemble à conquérir les marchés étrangers pour ouvrir les
perspectives d’emploi aux gens d’ici.
Pendant que nous perdons un temps précieux, nos concurrents
s’attaquent quant à eux aux vrais préoccupations des gens.
Il faut sortir de cette crise existentielle et ensemble redonner de
l’espoir aux jeunes en se concentrant sur les moyens de créer de
l’emploi pour qu’ils voient concrètement où est leur avenir. Et je
peux vous garantir que mon gouvernement y met toutes ses énergies.
Le Canada continuera d’évoluer selon une approche modérée pour
répondre de manière plus fonctionnelle et efficace aux besoins des
citoyens.
Nous avons l’habitude de faire les choses en douceur, sans cris ni
grands déchirements et dans un esprit pratique et efficace.
L’état des finances publiques est tel que le gouvernement fédéral et
les gouvernements provinciaux sont actuellement engagés dans une
remise en question en profondeur de leurs rôles respectifs de
manière à mieux définir leurs responsabilités à l’égard de leurs
commettants.
Depuis 1993, nous avons commencé à développer des plans d’action
communs avec neuf des dix provinces pour réduire les dédoublements
et chevauchements inutiles.
Nous avons souvent combiné nos ressources pour offrir à meilleur
coût de meilleurs services aux contribuables.
Seul le gouvernement du Québec a refusé de s’associer au
gouvernement fédéral pour éliminer les chevauchements et le
gaspillage et rationaliser les services.
Mais malheureusement, pour ceux qui veulent quitter le Canada, il
est stratégiquement plus important de miner son fonctionnement, même
si cela doit se faire aux dépens des contribuables.
Les rapports entre les gouvernements fédéral et provinciaux ont
néanmoins beaucoup évolué depuis les débuts de la Confédération, en
réponse aux besoins réels des Canadiens et des Canadiennes. Dans un
monde qui se transforme rapidement, nos institutions doivent
continuer à s’adapter. Elles le font et elles vont continuer à le
faire.
Dans moins de deux semaines maintenant, ce sera l’heure des choix.
Méfiez-vous des magiciens.
Rappelez-vous que ce référendum n’est pas une élection où on
choisit
un gouvernement et un premier ministre qu’on peut remplacer dans
quatre ans. C’est le choix définitif et sans retour d’un pays.
Pensez-y bien.
MM. Bouchard et Parizeau ne veulent pas renouveler le Canada. Ce
qu’ils veulent, c’est en sortir et faire du Québec un pays étranger
du Canada comme le sont les États-Unis ou le Mexique. Ils offrent un
aller-simple pour la séparation. Le prix du billet : votre passeport
et tous les avantages qui y sont rattachés. L’enjeu est d’une
exceptionnelle gravité. Pensez-y bien avant d’aller voter.
D’un côté, la séparation, qui nous projetterait collectivement dans
l’inconnu avec tous les risques que cela comporte.
C’est une invitation à une aventure dont personne, y compris ceux
qui y croient, ne sortiraient gagnants. De l’autre, un Québec
économiquement et politiquement fort qui poursuit sa formidable
évolution au sein du Canada.
Ce pays, nous l’avons construit et assis sur les valeurs de liberté
et de paix, de tolérance, de générosité, d’ouverture à la
différence, de partage et de compassion à l’égard des moins nantis
de notre société.
Il ne faut pas sous-estimer la réputation enviable du Canada partout
dans le monde.
À l’aube du troisième millénaire, essayez d’imaginer un seul instant
le message qui serait envoyé au monde entier en démantelant un pays
bâti sur des valeurs dont rêvent tant d’habitants de notre planète.
Je vais dire NON à la séparation. Je vais le faire avec fierté. La
fierté d’un Québécois qui croit dans ce pays que nous avons bâti
ensemble. La fierté d’un Québécois qui croit profondément à
l’extraordinaire potentiel du Canada.
La fierté d’un Québécois qui croit à la place essentielle du Québec
dans le Canada.
Une place qu’il s’est forgé par son travail acharné et que personne
ne pourra lui enlever. Et la fierté que j’éprouve d’être Québécois
ne contredit en rien cette autre immense fierté que j’ai : celle
d’être Canadien.
Les leaders séparatistes, qui ne manquent jamais une occasion de se
réclamer de la tradition de ceux qui ont fait la Révolution
tranquille dans le Québec des années 60, devraient se rappeler ceci
: au cours de la campagne référendaire de 1980, celui que l’on a
surnommé le père de la Révolution tranquille, Jean Lesage, avait
déclaré, et je le cite :
« Pour ma part, je n’ai jamais envisagé le Québec séparé du
Canada…
Le Canada c’est mon pays, j’en suis fier, le Québec c’est ma patrie
et j’en suis fier, mais mon pays c’est le Canada, je veux y
demeurer, je ne veux pas restreindre mes horizons, revenir au temps
où le Québec était replié sui lui-même…
Nous avons déclenché à partir de 1960 une explosion de liberté et de
progrès au Québec afin que ce dernier ait vraiment la place qui lui
revient au sein du Canada… Personne n’a prêché plus que moi la
fierté du Québec, mais l’indépendance politique, ce n’est plus de la
fierté, c’est de la présomption et de l’inconscience. »
Ces paroles sont toujours valables aujourd’hui.
[CChrétien=19950521]
[lieu=qué]
Au nom de tous les Canadiens, je suis heureux de vous souhaiter
chaleureusement la bienvenue au Canada et à Québec, l’une de nos
plus belles villes. En ce 50e anniversaire des Nations Unies, les
Canadiens sont très honorés de votre présence dans cette ville
historique pour participer au premier Forum mondial de l’activité
physique et du sport.
Permettez-moi tout d’abord de souligner le leadership et
l’esprit
visionnaire des quatre partenaires qui ont fait une réalité de ce
Forum mondial. Ils sont représentés ici par M. Federico Mayor,
directeur général de l’UNESCO; M. Hiroshi Nakajima, directeur
général de l’Organisation mondiale de la santé; Mme Anita DeFrantz,
membre du conseil exécutif du Comité international olympique, et M.
Kihachiro Onitsuka, président de la Fédération mondiale de
l’industrie d’articles de sport. Je vous transmets les sincères
félicitations de mon gouvernement pour tout le travail que vous et
vos organisations avez accompli en vue de la tenue de ce Forum
mondial.
Je suis particulièrement heureux d’accueillir M. Mayor ici à Québec,
une ville désignée «site du patrimoine mondial» par l’UNESCO, la
seule institution spécialisée des Nations Unies dont le mandat porte
spécifiquement sur la culture. Je profite de l’occasion pour
souligner aujourd’hui, en ce 21 mai, la Journée mondiale du
développement culturel. De plus, l’UNESCO a fait de 1995, l’Année de
la tolérance. Aujourd’hui, ce rassemblement de participants de
cultures différentes nous apporte, encore une fois, le témoignage de
la solidarité dans l’accomplissement d’un idéal commun et de la
volonté d’agir pour faire disparaître l’exclusion sous toutes ses
formes.
Je tiens également à souhaiter la bienvenue à Québec aux
représentants de divers gouvernements et aux nombreuses
personnalités du sport, de la condition physique et de la santé.
Nous sommes heureux de vous voir arriver de partout sur la planète
pour faire profiter les participants au Forum de vos connaissances
et pour faire prendre conscience au monde entier de l’importance de
l’activité physique, du sport et de la santé.
Le Canada a été très actif dans la promotion de l’activité physique
non seulement à l’intérieur de ses frontières, mais également à
l’échelle internationale. En 1978, nous avons participé activement à
la rédaction de la Charte internationale de l’éducation physique et
du sport, et il continue de lui donner son appui.
L’activité physique et le sport sont profondément enracinés dans la
culture canadienne. Que ce soit en goûtant la tranquillité d’un lac
en canot ou la rapidité du hockey sur glace, les Canadiens
connaissent bien les plaisirs et les récompenses de la vie active.
L’activité physique et le sport transcendent les différences
linguistiques et culturelles, ils véhiculent des valeurs qui
contribuent à donner de la vigueur à nos sociétés, nommément la
discipline, le travail d’équipe et le fair-play. Depuis quelques
années, les Canadiens sont de plus en plus conscients des avantages
de l’activité physique pour la santé. Ils sont de plus en plus
nombreux à mener une vie en général plus active. Nos gouvernements
unissent leurs efforts afin d’inciter davantage les Canadiens à
faire de l’exercice physique et à pratiquer des sports.
Le Canada s’est également fait une solide réputation en ce qui a
trait à l’organisation de réunions sportives internationales. Nous
avons démontré notre savoir-faire à l’occasion des Jeux olympiques
de Montréal et de Calgary. L’été dernier, nous avons organisé à
Victoria les Jeux du Commonwealth qui ont remporté un vif succès. En
1999, nous aurons une fois de plus le privilège d’accueillir les
Jeux panaméricains à Winnipeg. Et nous sommes vraiment très heureux
de figurer parmi les quatre finalistes pour la présentation des Jeux
olympiques d’hiver de 2002, qui, s’ils sont accordés au Canada, se
dérouleront ici même à Québec.
Comme vous tous, mon gouvernement sait qu’une société active
favorise la réduction des maladies graves et des problèmes de santé.
Une société active peut également contribuer à réduire de façon
importante les coûts des régimes de santé et ainsi assurer leur
survie. Nous savons que le sport et l’activité physique en général
peuvent aider à prévenir la criminalité chez les jeunes, avoir une
incidence positive sur la productivité en milieu de travail, et
contribuer avantageusement à l’environnement. Mais, chose plus
importante encore, nous croyons que tous et chacun peuvent et
doivent être en mesure de tirer profit des avantages de l’activité
physique et du sport.
Voilà pourquoi les objectifs de ce Forum mondial de l’activité
physique et du sport sont si importants. L’activité physique et le
sport pour tous peuvent devenir le complément des objectifs
humanitaires et socio-économiques du développement international et
servir à promouvoir la paix et la coopération dans le monde.
Pour que cela se réalise, il est vital que tous ceux qui oeuvrent
dans les domaines de la condition physique, du sport et de la santé,
que ce soit dans le secteur privé, à titre de bénévoles ou au sein
du gouvernement, unissent leurs efforts pour aider ceux qui en ont
le plus grand besoin à tirer davantage profit des bienfaits de cette
activité. Il est essentiel à cet égard d’améliorer la collaboration
internationale pour atteindre cet objectif.
En votre qualité de délégués, vous avez un travail important à
accomplir. Vous avez une occasion unique de vous pencher sur des
questions qui touchent personnellement les gens, où qu’ils vivent.
Je vous souhaite de relever ce défi avec beaucoup de succès.
Et maintenant, en tant que premier ministre du Canada, j’ai le grand
plaisir de déclarer officiellement ouvert le premier Forum mondial
de l’activité physique et du sport.
[CChrétien=19951022]
[lieu=usa]
Pour le Canada les Nations unies représentent, depuis cinquante ans,
notre plus bel espoir de connaître la paix dans le monde.
Je crois que la raison de notre attachement est simple. Les Nations
unies représentent la primauté du droit, la justice sociale et
politique, ainsi que le règlement pacifique des différends.
Ces principes sont importants aux yeux des Canadiennes et des
Canadiens. Ils sont au coeur de notre identité. Et, même s’il leur
arrive parfois de l’oublier, les Canadiens ont acquis pour eux mêmes
ce à quoi la communauté internationale aspire : une façon de vivre
ensemble, en paix, et de se comprendre mutuellement. Si nous n’avons
pas réponse à tous les problèmes, nous avons néanmoins les moyens de
chercher ces réponses ensemble, dans le respect, la tolérance, et
la recherche de compromis.
Durant cinquante ans, l’ONU a lutté contre le racisme et le
colonialisme, contre la maladie et l’analphabétisme. Elle s’est
portée à la défense de ceux et celles qui n’ont pas voix au
chapitre, des opprimés, et des millions de femmes et d’enfants du
monde entier.
Elle a contenu de nombreux conflits et apporté un soulagement à
nombre de victimes.
Mais il y a encore beaucoup de choses à accomplir.
La paix n’est toujours qu’un rêve pour des millions de personnes
dans le monde.
Il faut encore défendre les droits des nations et les droits
individuels tels que définis en droit international.
L’écart est beaucoup trop grand entre les pays riches et pauvres.
L’équilibre entre le développement économique et la santé écologique
reste à atteindre.
Nous avons tant à faire. Mais maintenant, même les Nations unies
subissent de fortes pressions.
On l’observe dans la crise financière que traverse l’organisation.
Un trop grand nombre d’États membres ne paient pas leur quote-part à
temps ou intégralement.
Mais l’aspect financier n’est que le symptôme d’une crise beaucoup
plus profonde… la conviction de plus en plus répandue que les
nations ne peuvent collaborer efficacement à résoudre leurs
préoccupations communes.
Certains prétendent que les actions globales sont trop complexes.
D’autres prétendent que les coûts rattachés à l’ONU sont trop élevés
et que cela n’en vaut pas la peine.
Ces raisonnements trahissent un manque de confiance en l’avenir. Ce
à quoi le Canada n’adhérera pas.
Aujourd’hui, encore plus qu’il y a cinquante ans, le monde forme un
seul tout.
Nous avons plus que jamais besoin des Nation unies .
Nous en avons besoin pour maintenir la stabilité internationale.
Nous en avons besoin pour nous attaquer aux problèmes qui font fi
des frontières, le sida, les drogues, le terrorisme.
Nous pouvons améliorer l’ONU.
Les États peuvent payer leur quote-part, ils doivent le faire.
Maintenant.
Nous pouvons réviser le barème des quotes-parts pour tenir compte
des réalités économiques actuelles, et nous devons le faire sans
tarder.
Le Conseil de sécurité peut être plus représentatif. Il peut faire
preuve d’une plus grande transparence et améliorer ses concertations
et ses mandats de maintien de la paix. Des améliorations ont été
entreprises. Complétons le travail.
Nous pouvons intervenir plus rapidement en situation de crise. Le
Canada a déposé une étude sur les moyens d’améliorer le déploiement
rapide des personnels militaires et civils des Nations unies. Nous
sommes encouragés de voir que l’ONU étudie sérieusement ces
propositions.
Nous pouvons revoir le mandat des institutions spécialisées et nous
assurer qu’elles traitent les bons dossiers de la bonne façon.
Le Secrétaire général a entrepris de s’attaquer aux gaspillages et
aux pratiques non efficaces au sein de l’ONU.
C’est ce que nous avons entrepris dans nos pays. Nous ne devons pas
en faire moins pour l’ONU.
Il y a cinquante ans, dans les cendres d’une guerre mondiale, dans
l’ombre de 50000000 de morts, nos prédécesseurs ont eu la
force de croire à un avenir meilleur. Et le courage et la
détermination de le bâtir. Le résultat a été la création des Nations
unies .
Nous, les leaders de 1995, devrions sûrement en faire autant.
Je vous promets que le Canada s’est engagé sur cette voie. Les
Canadiennes et les Canadiens croient en l’avenir. Sans cette
conviction à la fois profonde et inébranlable, nous n’aurions pas
bâti le pays que les Nations unies ont identifié comme étant le
meilleur endroit où vivre dans le monde.
C’est cette inébranlable conviction que nous avons apportée aux
Nations unies . C’est ce que nous nous engageons à y apporter pour
les cinquante prochaines années.]
[CChrétien=19950423]
[lieu=ottawa]
Je suis heureux que de pouvoir vous accueillir officiellement à
Ottawa et fier que le Canada ait été choisi pour la tenue de cet
événement historique.
Il s’agit réellement d’une nouvelle page d’histoire. C’est en effet
la première fois que sont réunis les regroupements internationaux
des partis conservateurs, libéraux et sociaux-démocrates.
Je tiens à saluer le sénateur Robert Hill de l’Union démocratique
internationale, Sir David Steele de l’Internationale libérale, ainsi
que Peter Jankowitsch de l’Internationale socialiste qui
représentent leurs organisations respectives à cette importante
réunion. Je tiens à remercier Ed Broadbent et le Centre
international des droits de la personne et du développement
démocratique qui a préparé cette conférence. Et je veux rendre
hommage à mon collègue, le sénateur Al Graham, qui a consacré
beaucoup de temps et d’énergies à promouvoir la croissance de
l’Internationale libérale et l’établissement de liens avec d’autres
partis nationaux.
Il est tout à fait de circonstance d’avoir choisi un édifice qui
porte le nom de Lester Pearson pour cette conférence. Après tout,
notre ancien premier ministre a remporté le prix Nobel de la paix
pour avoir trouvé un terrain d’entente entre des factions
belligérantes. Nous, de tous partis et de toutes allégeances,
mettons nos guerres politiques de côté durant les trois prochains
jours.
D’ordinaire, nous débattons des questions qui nous divisent,
libéraux, conservateurs et sociaux-démocrates. + cette conférence,
nous discuterons plutôt de dossiers auxquels nous croyons fermement
: la démocratie et des droits de la personne.
Et nous n’aurions pu choisir meilleur moment de nous réunir pour
réaffirmer cette conviction.
Nous avons tous constaté les progrès réalisés par la démocratie dans
le monde depuis quelques années. Ainsi, un plus grand nombre de pays
tiennent des élections multipartites et un plus grand nombre de
gouvernements démocratiquement élus arrivent au pouvoir. Et, ce qui
encore plus encourageant, nous assistons à un accroissement du
nombre de gouvernements élus qui sont remplacés par d’autres
gouvernements élus équitablement et librement.
Mais nous savons également à quel point la démocratie et le respect
des droits sont fragiles. Et comment, pour trop de personnes dans le
monde, ils ne sont qu’un objectif bien lointain.
Ceux qui parmi nous formons le gouvernement, avons le devoir de
promouvoir la démocratie et les droits de la personne dans nos pays
comme à l’étranger.
Sur la scène internationale, la collaboration entre les
gouvernements peut faire toute la différence.
Au cours des derniers mois, nous en avons servi un bel exemple au
monde entier : des gouvernements de toutes allégeances politiques
ont en effet collaboré à rétablir le gouvernement démocratiquement
élu d’Haïti.
Et je crois que, sauf dans les cas les plus extrêmes, les
gouvernements ont le devoir d’ouvrir des avenues de dialogue et
d’échanger avec les autres pays. Les communications, la technologie,
les voyages, le commerce et les idées rendent l’isolationnisme
impossible. Par voie de conséquence, l’oppression se perpétue de
plus en plus difficilement. Il suffit d’observer l’effondrement du
communisme en Europe de l’Est.
Bien entendu, soutenir la démocratie et les droits de la personne
est bien plus qu’une simple préoccupation en matière de politique
étrangère ou d’administration gouvernementale.
Quelle que soit notre allégeance politique, toutes les personnes
présentes aujourd’hui croient au pluralisme. De plus, nous savons
tous que des valeurs telles que la tolérance et le respect de
l’autre, qu’il ne faut par ailleurs jamais prendre pour acquises,
sont la base même du pluralisme. Tandis que les manifestations de
haine et d’intolérance constituent des menaces pour la démocratie.
Cela s’observe dans l’extrémisme politique qu’on voit poindre un peu
partout dans le monde. Les nationalismes ethniques, le fanatisme
religieux, le racisme et, enfin, leur expression ultime : le
terrorisme.
Ces sortes de politique n’ont que faire de la démocratie, des droits
de la personne et de la vie elle-même; elles les méprisent. Elles
n’ont rien d’autre à offrir que haine et violence. Et elles ne
doivent pas être tolérées.
Elles essaient de détruire les fruits mêmes de la démocratie, soit
la liberté et le respect de l’autre, et de nous réduire à une
société fermée, repliée sur elle-même, où règnent la peur, le doute
et la violence. En guise de symbole, elles nous ont légué les corps
mutilés des nourrissons qu’on a retirés sans vie des décombres dans
l’Oklahoma au cours des derniers jours. Des vies qui se sont
éteintes sans jamais avoir eu la chance de vivre. Des promesses
d’avenir fauchées par la violence qui accompagne l’extrémisme.
L’avenir anéanti.
De telles images nous ont tous choqués et mis en colère. De voir des
populations qui coexistaient se soulever les unes contre les autres
en Afrique et en Europe. De voir les auteurs de massacres se faire
passer pour des martyrs au Moyen-Orient. De voir des Skinheads
attaquer des immigrants et perpétrer des attentats à la bombe en
Europe occidentale. De voir des médecins devenir la cible ou les
victimes d’attentats en Amérique du Nord.
Nous, qui représentons un très large éventail politique, avons la
responsabilité de dénoncer l’extrémisme.
Et nous devons assumer avec encore plus d’empressement la
responsabilité de le combattre avant qu’il ne se manifeste sous
forme de terrorisme, de refuser qu’il puisse faire partie des
courants politiques dans nos pays, et de le dénoncer à chaque
occasion.
D’affirmer clairement que nous, libéraux, conservateurs,
sociaux-démocrates, bien que nous ne soyons pas d’accord sur tout,
de fait, que nous ne soyons pas d’accord sur grand-chose, nous
entendons toutefois pour dire que, dans l’activité politique de nos
pays, il n’y a pas de place pour semer la haine ou chercher des
boucs émissaires. Et que nous sommes déterminés à ne pas laisser ces
tendances nous empoisonner l’existence.
J’espère que vous en tiendrez compte durant vos délibérations des
deux prochains jours. Et que vous lancerez ce message avec fierté et
clarté aux populations du globe.
Plus important encore, prenons tous l’engagement de le mettre en
pratique à chaque jour de notre carrière politique.
Dans un monde où nous sommes témoins de trop d’exemples de violence
et d’extrémisme, nous devons également nous rappeler que nous
offrent ceux et celles qui luttent pour améliorer la qualité de vie
de leur semblable et qui, de ce fait, sont de véritables promoteurs
de la démocratie et des droits de la personne.
Un de ces exemples remarquables, un Canadien du nom de John
Humphrey, a perdu la vie le mois dernier. Il a joué un rôle clé dans
la promotion des droits de la personne durant plus de 50 ans. Ses
efforts sont à jamais gravés dans la Déclaration universelle des
droits de l’homme des Nations unies, dont il est le co-auteur. Alors
que vous amorcez vos travaux ici à Ottawa pour les deux prochains
jours, j’aimerais vous quitter en lisant quelques mots de cette
Déclaration, des mots dont l’importance est tout aussi vitale
aujourd’hui que lorsqu’ils ont été écrits en 1948 :
[traduction] « l’inhérente dignité et les droits égaux et
inaliénables de tous les membres de la grande famille humaine sont
le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le
monde. »
[CChrétien=19950223]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de vous souhaiter
la bienvenue au Parlement au nom de tous les Canadiens et
Canadiennes.
Je dois d’abord dire qu’avant même d’avoir prononcé un seul mot en
cette chambre, vous avez déjà fourni une preuve éloquente de
l’amitié qui lie nos deux pays en acceptant de venir visiter Ottawa
en février!
Monsieur le Président, le temps froid qui sévit à l’extérieur est
peut-être typiquement canadien, mais il en est de même de l’accueil
chaleureux que nous vous réservons à l’intérieur. Cette chaleur nous
la réservons à nos amis les plus chers.
Il s’est dit et écrit beaucoup de choses au sujet de l’amitié qui
lie nos deux pays. Cette amitié n’a pas toujours été facile à vivre,
ce qui est normal étant donné que l’un est un pays relativement
petit et que l’autre est la plus puissante nation au monde. Comme
l’a déjà dit un député de cette Chambre, il y a une trentaine
d’années, les Américains sont nos meilleurs amis, qu’on le veuille
ou non.
Mais notre relation s’est épanouie et a évolué au fil des ans.
Aujourd’hui, comme dans toute amitié saine et solide, notre relation
se déroule d’égal à égal.
En tant qu’amis et voisins, nous sommes capables de faire la
distinction entre les affaires et l’amitié lorsque cela s’impose. Et
dans la grande majorité des cas, nous somme en mesure de collaborer,
comme depuis toujours, à la réalisation des objectifs communs.
Le fait est, Monsieur le Président, que nos deux gouvernements ont
été élus en fonction de leurs programmes d’emploi et de croissance.
Et tous deux ont mis l’accent sur ces programmes depuis leur arrivée
au pouvoir, avec succès dans les deux cas : le Canada et les
États-Unis connaissent une relance économique forte, solide et
durable.
Nos économies sont étroitement liées. Il se fait plus de commerce
entre nos deux pays qu’entre n’importe quel autre pays dans le
monde, soit près de 1000000000 $ par jour, tous les jours.
Lorsqu’un des deux pays va bien, l’autre en profite. Et lorsque nos
deux économies sont fortes, rien ne peut nous arrêter. Des emplois
en Colombie-Britannique signifient des emplois dans l’État de
Washington. Des emplois au Michigan se traduisent par des emplois en
Ontario. Des emplois au Québec entraînent des emplois dans l’État de
New York.
Mais nos objectifs communs vont au-delà de notre relation immédiate.
Nos deux administrations comprennent que l’accroissement et la
libéralisation du commerce sont garants de la création d’emplois et
de la croissance dans nos pays respectifs. Nous étions ensemble à
Jakarta, en novembre dernier, lorsque les pays de l’Asie du
Pacifique se sont engagés à créer une zone de libre-échange d’ici
l’an 2010. Et aussi à la conférence que vous avez présidée à Miami,
en décembre, au cours de laquelle tous les pays de l’hémisphère se
sont entendus sur une zone de libre-échange des Amériques pour l’an
2005.
Je tiens à souligner, Monsieur le Président, le rôle que vous avez
joué à l’égard de la concrétisation de cette vision nouvelle.
D’ailleurs, vous n’avez pas limité cette vision aux questions
économiques. Vous avez agi de façon décisive à l’égard du
rétablissement de la démocratie en Haïti. Et vous avez joué un rôle
de premier plan en ce qui a trait aux progrès remarquables qui ont
été réalisés dans le processus de paix aux Moyen-Orient.
Monsieur le Président, vous avez compris les forces qui régissent
l’économie de la planète. Vous vous êtes employé à établir une
nouvelle unité et un nouvel optimisme dans l’hémisphère. Vous vous
êtes efforcé d’unir les populations et les pays. Ce sont là des
objectifs que cette Chambre et la population du Canada ont en commun
avec vous. Et nous sommes déterminés à travailler avec les
États-Unis et les autres pays en vue de les réaliser.
Mes récentes visites en Asie et en Amérique latine m’ont rappelé
qu’il est plus important que jamais de pouvoir compter sur une
présence forte des États-Unis dans le monde. Les bouleversements
survenus depuis la fin de la guerre froide indiquent que les
États-Unis peuvent et doivent jouer un plus grand rôle sur la scène
internationale.
Notre propre gouvernement a tracé les nouvelles orientations de
notre politique étrangère. Nous voulons maintenir la tradition
canadienne qui consiste
à promouvoir la paix et la sécurité. Nous savons tous depuis
longtemps que l’isolationnisme est assorti d’un prix et d’un danger
beaucoup plus lourd que la collaboration internationale.
Monsieur le président, vous ne le savez peut-être pas, mais parmi
vos prédécesseurs qui ont pris la parole au Parlement du Canada au
cours de votre vie, il y a les Harry Truman, Dwight Eisenhower,
Richard Nixon et Ronald Reagan qui ont tous une chose en commun :
ils ont été élus pour un deuxième mandat.
Cette coïncidence ne semble peut-être pas si remarquable. Mais si
l’on considère les présidents récents qui n’ont pas pris la parole
devant le Parlement canadien, on trouve les Gerald Ford, Jimmy
Carter et George Bush.
Et je me garde bien de tirer quelque conclusion que ce soit, M. le
Président, car comme vous le savez, le Canada applique une politique
stricte de non ingérence, mais de non-indifférence.
De toutes façon, Monsieur le Président, nous sommes enchantés que
vous ayez accepté notre invitation.
Monsieur le président de la Chambre, Mesdames et Messieurs les
députés et sénateurs et chers invités, je vous laisse notre ami et
voisin, le Président des États-Unis, Bill Clinton.
[CChrétien=19950123]
[lieu=argen]
Mesdames et messieurs:
Je suis très heureux d’être ici aujourd’hui, à Buenos Aires. Je me
réjouis tout particulièrement, quoiqu’en tant que golfeur cela me
désole un peu aussi, de constater, en cette période de vacances, la
présence d’autant d’Argentins distingués.
Cette mission commerciale est la plus importante que le Canada ait
jamais envoyée en Amérique du Sud. Dans le jargon du hockey, ou du
soccer, me direz-vous, nous parlerions d’une équipe d’étoiles.
Comme en témoigne notre délégation, les Canadiens découvrent petit à
petit les innombrables possibilités qui nous entourent. Fixés
pendant la plus grande partie de notre histoire sur l’Europe et les
États-Unis, nos regards sont maintenant attirés par l’expansion
économique rapide que connaissent les pays d’Asie et d’Amérique du
Sud. Les liens très forts qui nous attachent à l’Europe et aux
États-Unis continueront d’exister, mais ils n’auront rien de
limitatif. Nous sommes déterminés à établir des rapports solides et
durables avec nos partenaires des Amériques.
Nous sommes très impressionnés par les mesures prises par des pays
comme l’Argentine pour instaurer une plus grande stabilité
économique et libéraliser les échanges commerciaux, mesures qui se
sont traduites par une croissance remarquable et ont ouvert
d’énormes perspectives de coopération commerciale.
La signature de l’Accord de libre-échange nord-américain atteste de
notre volonté de libéraliser les échanges commerciaux dans cet
hémisphère. Il s’agit de la première entente du genre à comprendre à
la fois des pays développés et des pays en développement. Le Canada
a insisté pour qu’on y inclue une clause d’accession, afin que
d’autres pays puissent y adhérer à l’avenir. C’est naturellement à
l’Amérique latine que nous pensions. Comme vous le savez, des
négociations ont déjà été amorcées en vue de permettre au Chili de
devenir membre de ce bloc commercial.
Le Sommet des Amériques qui a eu lieu récemment à Miami a constitué
pour le Canada une étape importante sur la voie de relations plus
étroites avec les pays d’Amérique latine. La déclaration de
principes ainsi que le plan d’action rendus publics à cette occasion
permettent d’espérer des progrès sensibles sur la voie du
renforcement de la démocratie, de la libéralisation du commerce et
de la promotion du développement durable.
Je suis fier que le Canada ait pris part à la conception d’un
programme aussi ambitieux. Si je me trouve parmi vous aujourd’hui,
c’est pour vous dire que le Canada est maintenant prêt à donner
suite à ce sommet en tissant des liens directs avec les pays avec
lesquels nous nous sentons une affinité particulière.
Les échanges commerciaux constituent l’un des principaux thèmes de
ma visite. Les Canadiens savent bien, en effet, que le commerce avec
l’étranger est un gage de création d’emplois et de croissance
économique.
L’Argentine a un rôle spécial à jouer dans le cadre du MERCOSUR. Le
Canada se réjouit de la décision que vous avez prise de joindre vos
efforts à ceux d’autres pays en vue d’abattre les barrières
commerciales. C’est là, pour cette région, une initiative audacieuse
et imaginative.
Nous croyons que l’ALENA et le MERCOSUR sont les deux piliers sur
lesquels s’érigera le libre échange à la largeur de l’hémisphère. Il
est essentiel que ces deux regroupements amorcent immédiatement un
dialogue aux plus hauts niveaux en vue de faciliter une meilleure
compréhension des besoins de chacun.
Il y a deux jours, le ministre du Commerce canadien, Roy Maclaren,
et moi-même étions à Montevideo pour lancer ce dialogue.
Aujourd’hui, je proposerai au Président Menem que des représentants
des pays membres de l’ALENA et de MERCOSUR ainsi que du secrétariat
de l’OÉA collaborent étroitement afin de déterminer comment intégrer
les deux accords et de rendre compte de leurs conclusions aux
ministres du Commerce. Ces derniers se rencontreraient au plus tard
en juin afin d’examiner les progrès accomplis, tel que convenu à
Miami.
Pourquoi tant insister sur le commerce? Parce qu’on se rend compte
de plus en plus que, pour un pays, l’accroissement des échanges
commerciaux et des mouvements d’investissements sont les moteurs de
la croissance économique et de la prospérité, sans lesquels la
démocratie demeurera toujours fragile.
En s’ouvrant aux technologies étrangères, le Canada s’est donné la
possibilité de se développer rapidement. En les adaptant à ses
conditions propres, il est parvenu à l’un des plus hauts niveaux de
vie de la planète et il dispose maintenant de ses propres
technologies de pointe.
Le Canada continue d’être ouvert aux technologies nouvelles et
novatrices. Vos investissements et votre coopération dans ce secteur
seront toujours bien accueillis chez nous.
Parallèlement, grâce à la libéralisation de son économie et à la
privatisation massive qu’elle a entreprise, l’Argentine attire
maintenant les meilleures technologies de la planète.
Je tiens à féliciter le Président Menem et son équipe pour la
remarquable modernisation économique qu’ils sont parvenus à
réaliser. Cela ne s’est pas fait sans peine, j’en conviens. Le
Canada s’est vu forcé lui aussi de procéder à de difficiles
ajustements. Mais pour nos deux pays, la récolte ne peut qu’être
bonne si nous continuons dans cette veine.
Lorsque le Président Menem est venu au Canada en juin dernier, il
était accompagné par quelques-uns des principaux entrepreneurs de
l’Argentine. Cette visite nous a permis, à moi et aux milieux
d’affaires canadiens, de nous rendre compte des progrès économiques
impressionnants accomplis par l’Argentine et des énormes
possibilités de coopération qui s’offraient à nous.
Bien que les échanges commerciaux entre nos deux pays soient encore
modestes, les exportations canadiennes vers l’Argentine ont triplé
au cours des trois dernières années. Après ce déjeuner, nous
signerons de contrats et des ententes totalisant *** dollars. Indice
sûr des liens qui nous unissent, ces contrats attestent du succès de
cette mission et représenteront des milliers de nouveaux emplois
tant en Argentine qu’au Canada.
Mais il ne s’agit là que d’un début. Une occasion extraordinaire se
présente à nous de profiter de nos avantages et de nos moyens
respectifs. Les Canadiens sont sans rival au monde dans les domaines
de l’exploitation des ressources naturelles et des communications.
Leurs technologies répondent parfaitement aux besoins de
l’Argentine.
Les exportations ne constituent toutefois qu’un volet de nos
rapports mutuels. Les investissements en sont un deuxième. Il y a
cinq ans, les investissements directs canadiens en Argentine étaient
insignifiants. Aujourd’hui, ils représentent au-delà de 1000000000 $
canadiens, et ils continuent de se multiplier, sans cesse
plus rapidement.
L’initiative appartient au secteur privé, mais les gouvernements
peuvent joindre leurs efforts aux siens. La Société d’expansion des
exportations a déjà accordé trois lignes de crédit pour du
financement à moyen et à long termes, et elle en annoncera trois
autres aujourd’hui.
Au cours de la visite du Président Menem au Canada, nous avons signé
une entente destinée à aider les exportateurs argentins à faire
affaire sur le marché canadien.
Nous pouvons nous appuyer sur un accord de protection contre
l’investissement étranger depuis 1993. Il y a quelques semaines,
nous avons également conclu une entente sur la double imposition.
Je tiens à encourager les entreprises argentines à considérer le
Canada comme une porte d’accès à l’ALENA, c’est-à-dire au
plus gros
marché du monde. Je vous invite à vous joindre à des entreprises
canadiennes pour vous lancer à l’assaut de l’ensemble du marché
nord-américain avec vos produits et vos technologies.
J’encouragerai les entreprises canadiennes à faire de même en ce qui
concerne l’Argentine et le MERCOSUR. D’ailleurs, deux d’entre elles,
McCain’s et Canada Malting l’ont déjà fait, avec un grand succès.
Mes amis, nous vivons à une époque riche en possibilités de toutes
sortes. Tout comme l’Argentine s’est vu offrir un avenir rempli
d’espoir et de promesses, je crois qu’une aube nouvelle est en train
de se lever sur la communauté des pays américains. J’y vois des
liens étroits. Une prospérité sans précédent. Des emplois
convenables pour tous et toutes, un avenir assuré pour nos enfants.
Un rapprochement de nos pays, de nos populations.
Nous avons vu les premières lueurs de cette aube nouvelle en
décembre dernier, lors du Sommet de Miami. Notre visite aujourd’hui
marque un nouveau pas dans cette direction.
Je vous invite tous à faire davantage pour stimuler la coopération
entre nos deux pays. J’ai pris aujourd’hui beaucoup de plaisir à
célébrer l’amitié qui unit l’Argentine et le Canada ‹ une amitié
déjà solide et qui ne cesse de grandir.]
[CChrétien=19951124]
[lieu=qué]
Je me présente devant vous ce soir parce que, comme vous, fier
Québécois et fier Canadien, je crois de toute mon âme et de tout mon
coeur en notre grand pays. À titre de premier ministre du Canada, je
porte une lourde responsabilité, une responsabilité que nous
partageons tous, en fait.
Mes amis, l’avenir de notre pays se jouera dans moins d’une semaine.
Lundi, nous aurons à décider si le Canada que nous, Québécois, avons
bâti ensemble continuera d’évoluer ou sera brisé. Nous aurons à
choisir entre l’espoir et l’abandon, entre continuer ou décrocher.
Rester ou partir, voilà l’enjeu du référendum. Serons-nous
encore
des Canadiens? Un choix lourd de conséquences. Pensez-y bien
avant
d’aller voter.
Le choix qui nous est proposé n’est pas celui d’un gouvernement ou
d’un premier ministre dont on pourra se défaire dans quatre ans. Ce
n’est pas un concours de popularité où l’on préfère certains
individus plutôt que d’autres.
C’est le choix fondamental et irréversible d’un pays. D’un côté, les
tenants de la séparation proposent un Québec qui rejette le Canada.
De l’autre, nous proposons un Québec ouvert et fort dans un Canada
uni.
Pour nous, tout est possible, nous ne rejetons qu’une chose : la
séparation. Mes amis, c’est le Canada et notre héritage qui sont en
jeu. Pensez-y bien avant d’aller voter.
Pour préserver notre pays au cours des jours qui viennent, nous
aurons besoin d’autant de courage et de détermination que nos
ancêtres en ont mis à le bâtir.
Nous devons donner le meilleur de nous-mêmes pour nous assurer que
chacun comprend l’enjeu et les conséquences de ce référendum.
Aujourd’hui, partout au Québec, les gens réfléchissent, ils pensent
à leur avenir, à celui de leurs enfants et de leurs familles. Ils
pensent à l’importance cruciale de la décision qu’ils ont à prendre
et se posent des questions légitimes :
Pouvons-nous mieux réaliser nos espoirs et nos rêves en
bâtissant le Canada ou en le détruisant?
Pouvons-nous mieux réaliser des changements positifs et
réalistes en bâtissant le Canada ou en le détruisant?
Il n’y a qu’une réponse à ces questions, c’est de continuer à bâtir
le Canada.
Je sais que certains s’apprêtent à voter OUI à une question ambiguë,
parce qu’ils pensent que c’est la meilleure façon d’amener des
changements au Canada. Ils pensent qu’un nouveau rapport de force
serait établi de cette façon.
Ils pensent que tout ce que cherchent les séparatistes, c’est un
mandat pour négocier à l’intérieur du Canada. Je leur dis qu’ils se
trompent.
À ceux qui pensent que l’ont peut voter OUI et rester dans le
Canada, je vous demande d’écouter attentivement ce que disent MM.
Parizeau et Bouchard. Il n’est pas question pour eux de renouveler
le fédéralisme ou d’obtenir la reconnaissance du Québec comme
société distincte.
Ce qu’ils veulent, c’est un pays séparé. Le pays qu’ils préparent,
ce n’est pas un Canada amélioré, c’est un Québec séparé. Pensez-
y bien avant d’aller voter.
Depuis le début de cette campagne, nous demandons aux séparatistes
de nous dire ce qu’il y aurait à gagner de la dissolution de notre
pays?
Cela affectera profondément la vie de chacun d’entre nous, celle de
nos enfants et de nos petits-enfants. C’est le devoir des gens
responsables d’en parler.
Comment notre niveau et notre qualité de vie seraient-ils
affectés?
Quelles seraient les conséquences de la séparation sur l’emploi et
la croissance économique? Comment les familles qui dépendent de ces
emplois seraient-elles affectées? Toutes ces questions ont été
rejetées du revers de la main. Pourquoi? Pensez-y bien avant
d’aller voter.
La santé économique constitue une préoccupation constante des
gouvernements.
Les Canadiens ont toutes les raisons d’être fiers de leur pays à cet
égard. Mais, le bien-être que ressentent les Québécois et les autres
Canadiens envers leur pays va bien au delà de son succès économique.
Ceux qui ont voyagé à l’étranger savent ce que représente la
citoyenneté canadienne sur la scène internationale. Ils savent que
le Canada symbolise la paix, la prospérité et la fraternité.
Pensez-y bien, parlez-en dans vos familles et avec vos collègues
de
travail. Pensez à toutes les expériences de votre vie où le nom du
Canada est associé.
Pensez-y, c’est un pays qui est en jeu, et pas n’importe quel
pays.
Le Canada est un pays unique au monde, le meilleur. Et le Canada est
ce qu’il est aujourd’hui parce que le Québec y tient une place
unique.
La dissolution du Canada serait l’échec d’un rêve. Ce serait la fin
d’un pays qui fait l’envie du monde entier. Ce serait l’échec d’un
pays qui constitue un modèle pour ceux qui bâtissent leurs
institutions.
Le Canada s’est bâtis sur des valeurs que vous connaissez bien. La
tolérance, la générosité, le respect de la différence, la justice
sociale et la compassion. Ces valeurs, les Québécois les partagent
avec tous les autres Canadiens.
Lundi prochain, il faudra décider si nous sommes prêts à laisser
tomber le pays qui les incarne comme aucun autre au monde. Pensez-y bien avant d’aller voter.
Hier, j’étais à New York aux Nations unies où le Canada s’est taillé
une place et un rôle extraordinaires. J’ai eu l’occasion de parler
avec des chefs de gouvernement venant de tous les coins du monde.
Aucun d’entre eux ne comprend que l’on puisse même songer à détruire
le pays que les Nations unies classent au premier rang pour sa
qualité de vie.
Chers amis, je suis un Québécois fier de ma langue, de ma culture et
de mon héritage. Et je suis également un Canadien qui se sent chez
lui partout au pays.
Nos ancêtres, les vôtres et les miens, ont bâti un pays où la
langue, la culture et l’identité françaises ont pu s’épanouir et
s’affirmer.
Ils ont bâti un pays où les Québécois, quelles que soient les
injustices du passé, ont maintenant les instruments et le pouvoir
pour se réaliser.
Ce grand pays n’est pas parfait, c’est vrai.
C’est un pays qui doit continuer à s’adapter à la réalité moderne,
c’est vrai; un pays qui peut et qui doit encore s’améliorer, c’est
vrai. Mais c’est un pays qui mérite qu’on se batte pour lui, qu’on
fasse l’impossible pour le préserver.
Connaissez-vous une seule raison valable pour justifier qu’on
lui tourne le dos? Pensez-y bien avant d’aller voter.
Pour ceux qui cherchent de bonnes raisons pour dire NON à l’inconnu,
et bien regardez autour de vous. Regardez ce que vous êtes. Regardez
ce que vous avez au lendemain d’un NON.
Vous avez la garantie d’un pays souverain avec la citoyenneté
canadienne, le passeport canadien et la monnaie canadienne. Un pays
qui nous garantit instantanément un partenariat économique et
politique qui nous permet de rayonner tant sur l’Atlantique que sur
le Pacifique.
Un pays concret, tangible, que nous connaissons depuis longtemps et
dont la principale constante tout au long de son histoire, c’est le
changement.
Pendant cette campagne, j’ai écouté mes compatriotes du Québec dire
qu’ils sont profondément attachés au Canada.
Cela dit, ils ont également indiqué, qu’ils désirent voir ce pays
changer et évoluer dans le sens de leurs aspirations. Ils veulent
voir le Québec reconnu au sein du Canada comme une société distincte
par sa langue, sa culture et ses institutions.
Je l’ai dit et je le répète : je suis d’accord. J’ai appuyé cette
position dans le passé, je l’appuie aujourd’hui et je l’appuierai
dans l’avenir, en toute circonstance.
En 1960, il y avait une extraordinaire volonté de changement au
Québec. Ce fut la révolution tranquille qui a débouché sur 35 années
de changement sans interruption au Québec. Tout cela s’est fait dans
la continuité, sans rupture, sans déchirement, et à l’intérieur du
Canada.
À l’aube du 21e siècle, au Canada, comme partout dans le monde, des
changements sans précédent se profilent à l’horizon.
Des changements économiques en raison de la mondialisation des
marchés. Et des changements politiques découlant de la volonté des
citoyens d’exercer plus de pouvoir au niveau local.
Tous les Canadiens veulent que leur pays change en profondeur pour
répondre à leurs aspirations. De fait, le Canada bouge et change de
manière à maintenir et améliorer la qualité de vie de nos
concitoyens.
C’est ainsi que nous faisons des changements pour stimuler la
création d’emplois et la croissance économique;
Des changements pour assainir nos finances publiques et protéger nos
programmes sociaux pour les générations à venir;
Des changements pour s’assurer que ce pays qui s’est construit sur
des principes d’équité et de justice sociale continue de protéger à
l’avenir ceux de notre société qui en ont le plus besoin.
Des changements pour promouvoir le commerce international, ce qui se
traduit par des emplois pour les gens d’ici.
Des changements pour promouvoir l’investissement, ce qui se traduit
également par des emplois pour les gens d’ici.
Des changements pour donner plus de flexibilité à notre fédération
et bâtir une coopération efficace entre les gouvernements.
Partout dans les pays les plus industrialisés, les citoyens
expriment leur volonté d’exercer plus d’influence sur les décisions
qui affectent leur vie de tous les jours. Tous les niveaux de
gouvernement doivent trouver les moyens de rapprocher la prise de
décision des citoyens.
Ce désir des citoyens pour une plus grande décentralisation est un
défi auquel tous nos gouvernements, fédéral et provinciaux, doivent
s’attaquer. Cette réalité est encore plus pressante à cause des
contraintes budgétaires des gouvernements.
Il faut voir si les services sont dispensés au bon niveau de
gouvernement. Il faut également évaluer si certains services ne
seraient pas mieux livrés par le secteur privé.
J’espère d’ailleurs que dès le lendemain du référendum, le
gouvernement de M. Parizeau acceptera enfin de s’asseoir avec nous
pour travailler à éliminer les chevauchements et les dédoublements
de nos services. Des dix provinces, Québec est la seule qui ait
refusé de procéder à cet exercice nécessaire pour éviter le
gaspillage.
Pour assurer le changement et la modernisation du Canada, aucun
moyen n’est exclu. Ce qui compte, c’est que ces changements soient
réalistes et correspondent à la volonté des citoyens.
En votant NON, nous rejetons l’option de la séparation. Un NON
n’équivaut pas à renoncer à quelque position que ce soit relative à
la constitution canadienne.
Nous garderons ouvertes toutes les autres voies de changement, y
compris les voies administrative et constitutionnelle. Tout
changement des compétences constitutionnelles du Québec ne se fera
qu’avec le consentement des Québécois.
Ce qui importe, c’est que nous pourrons réaliser nos aspirations
d’aujourd’hui et celles des générations à venir de façon pratique et
réaliste.
Nous pouvons déployer toutes nos énergies pour continuer à relever
les défis d’aujourd’hui et de demain dans le Canada que nous
connaissons, et où le Québec tient une place essentielle : ça, c’est
l’espoir.
Ou nous pouvons orienter nos efforts vers le démembrement d’un pays
qui représente l’une des grandes puissances industrielles les plus
avancées du monde moderne. Ça, je l’avoue, c’est désespérant.
Pensez-y bien avant d’aller voter.
Je pense que c’est très clair, un Non ne signifie qu’une chose: le
rejet du projet séparatiste de démantèlement du Canada. Un geste aux
conséquences incalculables
Et je répète avec fierté les mots prononcés il y a 15 ans par Jean
Lesage, le père de la Révolution tranquille: « Le Canada c’est mon
pays, le Québec c’est ma patrie. »
[CChrétien=19950125]
[lieu=chili]
Nous vivons des temps particulièrement difficiles. La presse nous
apprend chaque jour des évènements que nous n’aurions pu imaginer il
y a dix ans. Le communisme s’est effondré, le mur de Berlin est
tombé, l’Union soviétique a éclaté.
Pour beaucoup de gens, ces changements ne sont pas nécessairement
que positifs. Certes, nous sommes moins exposés à un risque de
conflit militaire Est-Ouest. Mais nous constatons aussi la montée de
tensions nouvelles, surtout en Europe où se manifestent à nouveau
les forces de destruction que maîtrisait le communisme.
Le monde a besoin de bonnes nouvelles pour lui rappeler que la lutte
pour la liberté peut faire de grands progrès.
Et à ceux qui cherchent ces bonnes nouvelles, je ne peux que dire :
«Venez voir le Chili».
Monsieur le président,
Ce que vous bâtissez au Chili est une bouée d’espoir dans un monde
fatigué par les crises. Le Chili doit être un exemple pour la
planète. Car il nous prouve que l’on peut réussir la transition vers
la démocratie, rétablir le respect des droits de la personne et
connaître la prospérité et la croissance économique.
Permettez-moi donc de vous communiquer, monsieur le président,
l’admiration et le respect sincères du peuple canadien.
La communauté mondiale montrera pendant longtemps le Chili comme
exemple brillant d’un pays qui a réussi sa transition. Cet été,
quand j’accueillerai le sommet du G-7 au Canada, je ne manquerai pas
d’évoquer le succès du Chili et des autres pays d’Amérique latine
pendant nos débats sur l’évolution du monde.
Le Canada, lui aussi, est un succès politique. Aucun autre pays n’a
autant fait que le Canada pour accueillir des peuples d’origines
aussi différentes. Nous avons prouvé que l’on peut forger l’unité
nationale dans le respect de la diversité. Certes, nous ne sommes
pas parfaits et nous avons encore beaucoup à faire. Mais, pour le
reste du monde, ce que nous avons accompli est sans équivalent.
C’est cela que nous avons à offrir au monde du point de vue
politique, et c’est cela que le monde attend désormais de nous.
Pour des pays comme le Chili ou le Canada, le succès s’accompagne de
responsabilités spéciales. Ici, sur le continent des Amériques, nous
pouvons collaborer pour tirer le meilleur parti possible de nos
atouts respectifs afin de renforcer la région, de favoriser la
prospérité et de consolider la démocratie.
En bref, nous pouvons essayer de faire des Amériques une région de
sécurité durable, une zone de paix et de prospérité.
Or, nous croyons que la vraie sécurité, politique, économique et
Sociale, ne peut venir que de la stabilité.
La stabilité, c’est le fruit de la compréhension mutuelle et de la
coopération, c’est le résultat des liens innombrables que forgent
deux peuples dans leur intérêt mutuel.
Tel est l’objectif que nous nous étions fixés au Sommet des
Amériques, à Miami. La Déclaration de principe et le Plan d’action
du Sommet constituent le programme ambitieux qui a été proposé à
l’hémisphère pour assurer le progrès de la démocratie, libéraliser
les échanges et promouvoir le développement durable.
Notre principal instrument économique sera l’ALENA. C’est le Canada
qui avait insisté pour inclure dans l’ALENA une clause sur
l’intégration de nouveaux pays, parce que nous considérions cet
accord comme la fondation d’un éventuel accord de libre-échange
couvrant toutes les Amériques.
Nous sommes heureux que le Chili devienne le prochain partenaire de
l’Accord, le «quatrième amigo», comme je le disais à Miami. Comme
vous le savez, voilà longtemps que le Canada favorise l’adhésion
rapide du Chili à l’ALENA, et nous avons la conviction que vous en
ferez bientôt partie.
C’est là un engagement ferme du Canada que je renouvelle devant vous
aujourd’hui.
Les générations futures verront là un tournant dans l’histoire de
notre continent.
Ici en Amérique latine, Mercosur représente aussi une initiative
audacieuse que le Canada approuve vigoureusement. Il est clair en
effet que l’ALENA et Mercosur sont les deux piliers sur lesquels
s’appuiera le libre-échange dans l’hémisphère. Et il nous semble
important que ces deux regroupements engagent immédiatement un
dialogue au niveau de leurs hauts fonctionnaires afin de favoriser
la compréhension mutuelle en vue d’une fusion ultérieure. Le
ministre canadien du Commerce extérieur, Roy MacLaren, et moi-même
avons déjà abordé cette question avec les dirigeants de Mercosur.
Le Canada et le Chili sont également partenaires au sein de l’APEC,
l’organisation de coopération économique de l’Asie et du Pacifique.
Le président Frei et moi-même avons rencontré en novembre dernier
les autres dirigeants de l’APEC lors du sommet tenu en Indonésie. Et
je sais que le Président Frei partage mon optimisme suite à ces
rencontres. L’APEC permet d’envisager l’établissement d’une zone de
libre-échange entre les pays situés des deux côtés du Pacifique.
Les gouvernements ne peuvent cependant pas tout faire tout seuls.
Ils peuvent établir des structures, éliminer des obstacles, faire de
la promotion et donner des appuis, mais c’est en fin de compte le
secteur privé qui doit se charger du travail nécessaire pour assurer
la croissance des économies. Ce sont en effet les entreprises
privées qui fabriquent, vendent, investissent et créent des emplois.
Voilà pourquoi je suis tellement optimiste au sujet du Canada et du
Chili.
En 1986, les investissements canadiens au Chili s’élevaient à
60000000 $. En quelques années, ils ont atteint plusieurs
milliards. Et l’on estime que ceux qui sont prévus aujourd’hui
s’élèvent à 5000000000 $. Nous sommes le deuxième
investisseur étranger au Chili, et le premier dans le secteur
minier.
Ce sont là des faits précis, pas des discours de politicien essayant
de soulever des foules. Et ces investissements ne concernent pas des
capitaux fébriles qui cherchent le profit immédiat. Ils résultent
des décisions mûrement réfléchies de dirigeants d’entreprises ayant
conclu qu’ils peuvent faire confiance au Chili et y jouer leur
avenir. Le verdict des entrepreneurs canadiens est donc parfaitement
clair : ils croient au Chili et ils sont ici pour longtemps.
On dénombre aujourd’hui plus d’une cinquantaine de projets en
participation canado-chiliens, dans des secteurs aussi variés que la
lutte contre les incendies de forêt et la construction de bateaux
patrouille et de machinerie pour l’exploitation minière.
Le gouvernement a aidé bon nombre de ces projets à voir le jour, et
je suis particulièrement heureux d’apprendre que des sociétés
minières canadiennes collaborent avec des université canadiennes et
chiliennes pour mettre sur pied un programme de formation
d’ingénieurs miniers de haut niveau. Investir dans l’éducation,
c’est verser des arrhes pour l’avenir.
Je vois dans cette salle de nombreux dirigeants d’entreprises. En
deux ans, votre Chambre de commerce a fait des pas de géant, tout
comme les relations commerciales entre nos deux pays. Nos échanges
bilatéraux dépassent 400000000 $ canadiens, à peu près
également répartis de part et d’autre, et j’en suis heureux. Par
habitant, ce chiffre représente pour le Canada l’une des relations
commerciales les plus dynamiques dans les Amériques. Et je sais que
nous pouvons le faire augmenter rapidement.
Je tiens cependant à préciser que n’agissons pas que dans le domaine
des relations économiques. Nous nous efforçons en effet d’élargir
nos relations dans d’autres domaines. Par exemple, l’accord que nous
venons de ratifier sur la coproduction cinématographique contribuera
à renforcer nos relations culturelles. La Red, votre quatrième
chaîne, fonctionne déjà avec une forte participation canadienne.
Et nous faisons aussi des progrès au sujet d’une éventuelle entente
sur la sécurité sociale. J’espère que nous pourrons la ratifier
avant la fin de l’année de façon à permettre aux Chiliens et aux
Canadiens de transférer leurs avantages sociaux d’un pays à l’autre.
+ mesure que se resserrent les liens entre nos deux pays, il nous
appartient de faciliter, pas de compliquer, la mobilité de nos
concitoyens. C’est d’ailleurs dans ce but que nous abolirons bientôt
l’exigence de visa pour les Chiliens voulant visiter le Canada.
Monsieur le président, honorables invités,
Je suis très heureux d’avoir pu m’adresser à vous aujourd’hui dans
un pays qui, comme le Canada, ne recule pas d’effroi devant le
changement et envisage l’avenir avec enthousiasme. Aujourd’hui,
célébrons notre amitié. Demain, continuons d’oeuvrer au succès de
nos deux nations.
Merci]
[CChrétien=19950127]
[lieu=brésil]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, c’est un honneur pour
moi d’être avec vous ce soir. Cela fait quatorze ans qu’un premier
ministre canadien n’est pas venu au Brésil en voyage officiel. C’est
trop long pour de bons amis.
Les Canadiens suivent avec beaucoup d’intérêt l’évolution du Brésil
depuis quelques années. Nous vous avons vu faire d’énormes progrès
depuis six ans pour instaurer un régime pleinement démocratique dans
votre pays et, depuis six mois, pour opérer un remarquable
rétablissement économique. Je ne parlerai cependant pas ici de
retour du «miracle économique» des années passées, car vous et moi
savons bien, monsieur le président, que les pays qui attendent des
miracles risquent d’être fort déçus. Les vrais changements ne
proviennent en effet que du travail acharné, de la détermination et
de la persévérance. Et c’est ce que je vois dans le Brésil
d’aujourd’hui.
On parle beaucoup en ce moment de partenariat et d’intégration
hémisphériques. Le Sommet des Amériques, qui s’est tenu à Miami le
mois dernier, a permis de mieux focaliser nos efforts sur l’avenir.
Le Canada continuera d’être un chef de file à cet égard. Nous
croyons en effet que cette nouvelle communauté des Amériques
permettra d’améliorer les conditions d’existence de nos populations.
Grâce à nos efforts communs, nous disposons déjà d’une base solide.
L’Organisation des États américains constitue l’assise de la
coopération politique, économique et sociale dans la région. Certes,
comme toute institution, elle doit s’adapter aux nouveaux besoins,
mais elle a déjà fait preuve de son efficacité face aux défis
difficiles que doit relever la région, par exemple lorsqu’il s’est
agi de rétablir la démocratie en Haïti.
Parmi les autres succès notables de l’OAS, nous pouvons mentionner
la création d’une unité de promotion de la démocratie ainsi que de
nombreuses initiatives visant à étudier des questions telles que
l’éthique publique, l’environnement, la participation des ONG et une
coopération accrue en matière de politique commerciale. Et bien
d’autres mesures ont été prises aussi en matière de sécurité
collective.
Nous faisons tous de grands pas en avant en ce qui concerne nos
échanges commerciaux et la manière dont nous appuyons notre
développement économique respectif.
L’Accord de libre-échange nord-américain est entré en vigueur il y a
à peine un peu plus d’un an et, déjà, nous nous apprêtons à
accueillir un nouveau partenaire, un quatrième amigo. Pour sa
part, Mercosul est devenue une véritable union douanière entre le
Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Et les chefs d’états
des Amériques sont tous convenus le mois dernier d’oeuvrer ensemble
à l’instauration d’une zone de libre-échange qui s’étendra à tout
l’hémisphère d’ici à l’an 2005.
C’est là, chacun en conviendra, un succès remarquable.
Pour ce qui est du Canada, le partenariat avec l’Amérique latine est
étroitement lié au partenariat avec le Brésil. Nos deux pays sont
des pivots de l’hémisphère. Ce sont deux des pays les plus vastes
non seulement des Amériques, mais aussi de la planète, et qui ont en
commun beaucoup plus qu’on ne le pense généralement.
Nos intérêts communs nous ont souvent amenés à collaborer au sein
des organisations internationales sur des questions telles que le
désarmement, les droits de la personne, la réforme des Nations
Unies, le rôle de la femme, le maintien de la paix et
l’environnement.
Je tiens absolument à élargir et à renforcer ce type de partenariat.
Nous pourrions faire beaucoup plus ensemble.
Pour relever les défis de demain, nous savons qu’il ne faut pas
rester passif, mais qu’il faut aussi agir ensemble.
Nos partenariats commerciaux respectifs au sein de l’ALENA et de
Mercosul, du Groupe de Rio et du G-7, peuvent nous ouvrir des
marchés et contribuer à notre prospérité. Le Canada attache beaucoup
d’importance aux pays du Groupe de Rio et de Mercosul. Nos principes
communs de démocratie, de sécurité, de justice sociale et de
développement durable sont les solides piliers sur lesquels nous
pouvons bâtir pour relever les futurs défis de la région.
Par exemple, le gouvernement du Canada envisage déjà le jour, sans
doute très proche, où nous pourrons accueillir à nouveau Cuba au
sein de notre collectivité hémisphérique. Nous continuerons aussi
d’appuyer un nouveau régime stable et démocratique à Haïti suite au
retour du président Aristide, en octobre dernier.
Je dois admettre, monsieur le président, que je suis enthousiasmé
par mon premier voyage au Brésil. Je perçois en effet énormément de
potentiel dans votre pays et, sous votre présidence, beaucoup
d’optimisme pour l’avenir. Et sachez que le Canada est résolu à
faire tout son possible pour transformer notre longue relation
d’amitié en un partenariat dynamique.
Je ne manquerai pas de dire aux gens d’affaires canadiens tout ce
que j’ai vu de remarquable au Brésil, où surgissent de nouvelles
possibilités d’échanges commerciaux et d’investissement. Je leur
dirai que notre objectif est de faire du Canada un partenaire
important de la renaissance économique du Brésil.
Le Canada participe depuis déjà près d’un siècle à l’expansion
économique du Brésil; en effet, il y a une centaine d’années déjà,
nous avons apporté l’électricité et le tramway à Rio.
Votre pays est aujourd’hui notre premier partenaire commercial en
Amérique latine, avant l’Argentine et le Chili pris ensemble. Il
est aussi l’un de nos plus importants partenaires au chapitre des
investissements.
Et je puis vous garantir que le volume de nos échanges commerciaux
aura déjà augmenté lorsque mon voyage s’achèvera. Plus de 100 chefs
d’entreprises canadiennes font ce voyage avec moi et ils entendent
bien tirer parti des énormes possibilités qu’offre votre pays. Et le
ministre canadien du Commerce extérieur et moi-même devons
rencontrer demain vos chefs d’industrie à Rio de Janeiro.
Aujourd’hui marque donc le début d’une nouvelle ère dans nos
relations bilatérales. Ce matin, nos gouvernements respectifs ont
ratifié des ententes et des traités sur la coproduction
cinématographique, l’aide juridique mutuelle et l’extradition. Nous
allons mettre sur pied un conseil économique et commercial mixte.
Nous sommes convenus d’entretenir un dialogue beaucoup plus étroit
au moyen de consultations politiques annuelles. Et, plus tard cette
année, nous tiendrons des pourparlers sur un large éventail de
questions de sécurité.
Nous tenons tous à favoriser le développement durable. Le programme
canadien de coopération économique avec le Brésil est spécialement
axé sur l’environnement. Nous lancerons bientôt deux nouveaux
projets visant à renforcer notre coopération dans le secteur des
technologies environnementales. Et nous avons inauguré la nouvelle
année par une visite au Brésil de notre ministre de l’Environnement.
D’autres dignitaires canadiens feront des voyages officiels au
Brésil plus tard cette année. Nous espérons également avoir le
plaisir de vous accueillir bientôt au Canada, monsieur le président,
avec des membres de votre cabinet.
Les relations d’amitié enrichissantes doivent être entretenues si
l’on ne veut pas qu’elles se distendent et s’étiolent. Et cela vaut
autant pour les nations que pour les personnes. Certes, le Brésil et
le Canada sont quasiment aux extrêmes opposés de la planète, ce qui
est sans doute fort loin pour des amis. Mais cela veut simplement
dire que, si nous acceptons de faire des efforts un peu plus
soutenus, les récompenses que nous en tirerons seront d’autant plus
agréables. Et l’accueil que vous m’avez réservé aujourd’hui fait
précisément partie de ces récompenses.
Les rencontres que nous avons eues aujourd’hui, monsieur le
président, m’ont permis de mieux saisir votre vision du Brésil. J’ai
compris aussi pourquoi tant de Brésiliens vous font confiance, à
vous et à votre gouvernement, pour les guider vers le XXIe siècle.
Je sais qu’aucun pays ne fêtera l’arrivée de ce nouveau siècle, si
riche de promesses et d’espoir, avec plus de faste et d’enthousiasme
que le Brésil… et j’espère qu’il s’agira d’une grande fête de
quartier et que le Canada, en bon voisin et en partenaire fidèle,
sera invité aux célébrations.
Monsieur le président, honorables invités, veuillez vous joindre à
moi pour porter un toast à l’amitié canado-brésilienne et à notre
avenir commun.]
[CChrétien=19950128]
[lieu=brésil]
Rio de Janeiro, Brésil
Mesdames et messieurs,
Pendant les élections canadiennes de 1993, mon parti a pris à
l’égard de la population canadienne une série d’engagements connus
sous le nom de Livre rouge. Nous avons employé les 14 mois qui se
sont écoulés depuis à concrétiser ces engagements.
L’un de ces engagements était de favoriser l’expansion de nos
échanges commerciaux avec les Amériques. Nous avions dit aussi que
le gouvernement s’efforcerait de renforcer les institutions de
l’hémisphère, comme l’Organisation des États américains, afin que
des pays comme le Canada et le Brésil puissent jouer pleinement leur
rôle pour orienter l’avenir de la région.
Ma présence au Brésil fait suite à ces promesses.
Si nous voulons que le Canada réalise pleinement son potentiel de
nation des Amériques, nous devons bâtir un solide pont politique et
économique avec le Brésil, le géant de l’Amérique latine.
Il y a 100 ans, des entreprises canadiennes aidaient à construire
le premier tramway de Rio. Depuis, nos liens commerciaux avec le
Brésil n’ont cessé de se resserrer, dans notre intérêt mutuel.
J’aimerais d’ailleurs à cette occasion rendre un hommage spécial à
l’honorable Mitchell Sharp qui, lorsqu’il détenait le portefeuille
des Affaires extérieures du Canada, à la fin des années soixante, a
consacré beaucoup de temps et d’énergie au renforcement de notre
relation bilatérale. Cela a été une source d’inspiration pour
beaucoup de gens, moi compris.
L’heure est maintenant venue de tirer pleinement partie des
nouvelles possibilités qui s’offrent à nous en matière de commerce
et d’investissement.
Le président Cardoso s’emploie à faire en sorte que le dynamisme
exceptionnel des Brésiliens puisse s’exprimer sans entraves, par une
participation accrue à l’économie régionale et mondiale. Un Brésil
dynamique pourrait être à l’avant-garde du mouvement en faveur du
libre-échange continental.
Et nous avançons certainement dans cette voie.
Il y un an, le Canada, les États-Unis et le Mexique mettaient en
oeuvre l’Accord de libre-échange nord-américain, qui faisait
suite à l’Accord de libre-échange entre le Canada et les
États-Unis. Nous espérons que le Chili deviendra sous peu le
quatrième amigo à adhérer à cette entente.
Le Mexique vient de ratifier un accord de libre-échange avec le
Venezuela et la Colombie, sous l’égide du G-3.
La relance du Pacte andin favorisera la libéralisation des
échanges entre le Pérou, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur et le
Venezuela.
Le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay ont fait de
Mercosul un véritable marché commun.
Ces accords commerciaux régionaux témoignent de notre désir commun
de croissance, d’efficacité accrue et de compétitivité.
Heureusement, cette vague continue de nous porter vers une
intégration commerciale et économique encore plus soutenue, comme
l’a prouvé le Sommet des Amériques, qui s’est tenu à Miami en
décembre dernier.
Permettez-moi de rappeler quelques-uns des principes
fondamentaux exprimés à Miami.
«La démocratie et le développement se renforcent mutuellement».
«L’une des clés de la prospérité est le commerce sans barrières,
sans subventions, sans pratiques déloyales, et avec un flux
croissant d’investissements productifs».
«Le libre-échange et l’intégration économique accrue sont les
facteurs clés de la hausse du niveau de vie, de l’amélioration des
conditions de travail dans les Amériques, et d’une meilleure
protection de l’environnement».
Ce dernier principe vient à point pour nous rappeler que notre
évolution vers des économies plus ouvertes doit profiter à toute la
société. La lutte contre la pauvreté est la clé d’une plus grande
sécurité et de la stabilité dans l’ensemble de l’hémisphère.
Permettez-moi de vous rappeler aussi les principales résolutions
adoptées au Sommet de Miami.
Nous sommes convenus de commencer immédiatement le processus
d’instauration de la «zone de libre-échange des Amériques», afin
d’éliminer progressivement les obstacles au commerce et à
l’investissement dans tout l’hémisphère.
Nous sommes convenus que ces négociations devront s’achever au plus
tard en l’an 2005, et que des progrès tangibles seront réalisés
avant l’an 2000.
Et nous avons déclaré que cette nouvelle ouverture devra reposer sur
les accords régionaux et bilatéraux existants.
Le Canada et le Brésil peuvent montrer la voie. L’Alena et le
Mercosul seront les deux piliers sur lesquels s’érigera le
libre-échange à l’échelle de l’hémisphère. Le Canada est d’avis que
des discussions doivent s’amorcer aux plus haut niveau en vue d’une
fusion des deux regroupements commerciaux.
L’accroissement des investissements et du commerce entre le Canada
et le Brésil ne fera pas que contribuer à la création d’emplois et
stimuler nos deux économies, elle aidera également tous les pays
d’Amérique du Nord, du Centre et du Sud, ainsi que ceux des
Caraïbes, à évoluer vers un hémisphère plus intégré et plus
prospère.
Le Brésil est déjà le troisième marché d’exportation du Canada dans
l’hémisphère occidental, après les États-Unis et le Mexique. Les
exportations canadiennes au Brésil ont augmenté de plus de 30 %
depuis 1990. La valeur des échanges entre les deux pays dépasse
1500000000 $ depuis quelques années, et ces échanges sont
très équilibrés. Les investissements canadiens au Brésil s’élèvent à
plus de 3000000000 $.
L’année 1995 devrait par ailleurs nous offrir des possibilités
exceptionnelles d’expansion de nos échanges commerciaux. Situé à
l’extrémité nord, le Canada peut constituer pour les entreprises
brésiliennes une extraordinaire tête de pont pour avoir accès au
marché de l’ALENA, en leur donnant la possibilité d’investir chez
nous ou de lancer des projets en participation avec des entreprises
canadiennes.
À l’autre extrémité, le président Cardoso a pris la tête d’un pays
qui connaît actuellement une forte expansion économique et plus de
stabilité. Il a promis de faire du Brésil un lieu encore plus
accueillant aux investissements étrangers.
J’invite donc les entreprises canadiennes à voir dans le Mercosul un
mécanisme précieux d’accès aux marchés en expansion rapide de
l’hémisphère sud.
Le président Cardoso et moi-même avons pris l’engagement que nos
gouvernements respectifs négocieront des ententes dans des domaines
comme la protection des investissements étrangers et la coproduction
cinématographique.
L’abaissement progressif des barrières tarifaires et non tarifaires
dans les années 1990 a offert aux Canadiens de nouvelles
possibilités d’expansion dans des domaines tels que l’agriculture,
l’informatique, les produits de consommation et la technologie
manufacturière. Et d’autres possibilités fort intéressantes risquent
d’apparaître aussi dans les secteurs du pétrole et du gaz naturel.
Les chefs d’entreprises canadiens qui m’accompagnent pendant ce
voyage officiel ont exprimé le désir d’investir dans maints secteurs
différents au Brésil.
Ils sont très heureux que le président Cardoso se soit engagé à
ouvrir de nouveaux secteurs de l’industrie brésilienne à
l’investissement étranger. Nous espérons que cela fera surgir de
nouvelles occasions d’affaires dans les secteurs des
télécommunications, des mines et de l’énergie, secteurs où le
savoir-faire canadien jouit d’une réputation mondiale.
Le président Cardoso m’a dit qu’il s’efforcera d’éliminer les
dispositions discriminatoires du Brésil concernant l’investissement
étranger, y compris dans le secteur minier, ce qui sera
particulièrement bien vu au Canada, où les mines sont l’assise du
développement économique depuis les années 1800.
Certes, ce ne sera pas le paradis du jour au lendemain. Comme je
suis politicien, je sais bien que le président Cardoso n’a pas de
baguette magique à sa disposition.
De plus, au Canada comme au Brésil, les changements n’interviennent
pas toujours aussi vite que le souhaiteraient sans doute les gens
d’affaires. Je ne doute cependant pas que le président Cardoso
s’efforcera d’avancer aussi vite qu’il le pourra. Le passage du
Brésil à la démocratie et à la libéralisation de l’économie se sont
faits de manière très impressionnante. Il appartient maintenant aux
Canadiens et aux Brésiliens de retrousser leurs manches pour tirer
parti des nouvelles possibilités qui leur seront offertes.
Je suis sûr que vous conviendrez tous avec moi, que votre devise
soit le dollar ou le real, que le moment est idéal pour tisser des
liens économiques plus étroits entre le Canada et le Brésil.
Les Canadiens et les Brésiliens ont déjà fait de fort bonnes choses
ensemble au cours des années. Je compte maintenant sur vous tous ici
pour faire des choses extraordinaires.
Au nom de tous les Canadiens, je remercie le gouvernement et le
peuple du Brésil de m’avoir aussi bien accueilli pendant ce voyage.
Le Canada et le Brésil sont sur la même longueur d’ondes. Nous
croyons en nous-mêmes, et nous croyons en nos partenaires. À nous
maintenant d’aller résolument de l’avant.]
[CChrétien=19951030]
[lieu=ottawa]
Chers concitoyens, chers concitoyennes,
Je veux d’abord remercier tous ceux qui ont travaillé avec
acharnement, dans une campagne difficile, dont l’avenir de notre
pays était l’enjeu.
Je tiens toutefois à remercier particulièrement Monsieur Daniel
Johnson, pour le travail exceptionnel qu’il a effectué à titre de
chef des Québécoises et des Québécois pour le NON.
Ses qualités de leader, son intégrité et sa détermination ont été
une source d’inspiration constante pour tous ceux et celles qui
l’ont suivi dans cette campagne éprouvante. Le Québec et le Canada
lui doivent énormément.
Je tiens également à remercier ma collègue, Madame Lucienne
Robillard, dont le dynamisme et l’énergie ont encore une fois
confirmé sa réputation de travailleuse infatigable et Monsieur Jean
Charest pour la vigueur et la conviction avec lesquelles il a
participé à cette grande et difficile campagne.
En démocratie le peuple a toujours raison. Ce soir il n’y a qu’un
seul gagnant, c’est lui le peuple. Ce soir, plus que jamais, nous
avons toutes les raisons d’être fiers de la démocratie canadienne.
Vous le savez, il n’y a pas beaucoup de pays au monde où l’on peut
débattre paisiblement, sereinement et sans violence, d’un enjeu
aussi important que l’existence même du pays.
Encore une fois, nous avons montré au monde entier les grandes
valeurs de tolérance, d’ouverture et de respect mutuel qui animent
notre pays, le Canada.
Nous arrivons au terme d’une campagne longue et émotive. Les
divisions ne sont jamais faciles, elles ne sont jamais sans douleur.
Mais nous pouvons en sortir plus forts. À mes concitoyens et
concitoyennes du Québec qui ont appuyé le OUI, je dis que je
comprends votre profonde volonté de changement.
Pour la deuxième fois en 15 ans nous venons de traverser une période
difficile dans une atmosphère très émotive. Il nous faut maintenant
envisager des solutions innovatrices pour ne plus jamais retomber
dans pareille crise existentielle.
L’heure est maintenant venue de la réconciliation.
Il est temps de mettre de côté nos divisions.
Au gouvernement du Québec, je dis que le moment est venu de
travailler ensemble. Les Québécois et Québécoises se sont exprimés.
Nous devons respecter leur verdict. Le moment est venu de tourner la
page.
La population du Québec souhaite que nous travaillions ensemble.
Elle veut que nous poursuivions dans la voie du changement,
ensemble.
Ce soir, je demande au premier ministre du Québec de joindre les
efforts de son gouvernement à ceux du gouvernement du Canada pour
répondre ensemble aux besoins réels et pressants des citoyens du
Québec.
C’est à nous à Ottawa et à Québec que revient la responsabilité de
répondre à leurs attentes. M. le premier ministre du Québec, je vous
tends la main.
Travaillons ensemble pour le bien-être de nos concitoyens qui ne
demandent que ça.
Tous les niveaux de gouvernement doivent maintenant orienter leur
énergie vers les priorités immédiates des citoyens. Ces priorités,
nous le savons tous, tournent autour de l’emploi et de la croissance
économique si nécessaire pour améliorer la situation globale de nos
concitoyens.
L’avenir de tous les Canadiens est réuni autour des valeurs qu’ils
partagent.
Où les possibilités et la foi en un avenir meilleur pour nous et nos
enfants, nous unissent tous. Où, ensemble, nous pouvons nous tourner
vers l’extérieur et affronter le monde entier avec confiance et
fierté.
À tous les Canadiens, je dis qu’une majorité de Québécois ont choisi
le Canada en partie grâce à l’extraordinaire témoignage d’amitié et
de bonne volonté que vous avez manifesté la semaine dernière. Des
Canadiens comme vous et moi, du Québec et de tout le Canada, se sont
levés et nous ont montré ce que représente ce pays. De façon
spontanée. Avec beaucoup d’émotion et de fierté.
Gardons la même attitude au cours des semaines, des mois et des
années à venir.
C’est l’attitude que nous devons adopter, pas seulement en période
de crise, mais également pour bâtir collectivement notre avenir en
faisant preuve de respect mutuel, de générosité et d’une capacité à
comprendre le point de vue de l’autre.
Aux Canadiens et Canadiennes qui ont manifesté leur attachement au
Québec, nous avons tous promis que le Canada changerait. Vous avez
demandé aux Québécois de ne pas laisser tomber le Canada. Vous avez
été entendus. Maintenant, c’est à vous de ne pas les laisser tomber.
Travaillons ensemble pour apporter les changements nécessaires pour
garder notre pays uni. En particulier, cela comprend la
reconnaissance du caractère distinct de la société québécoise.
Ce soir les Québécois et Québécoises ont réaffirmé la valeur de tout
ce que nous avons bâti ensemble. Nous devons dès demain poursuivre
la réalisation de notre grand pays. Continuons d’apporter ce qui lui
est nécessaire à l’aube du 21e siècle. Continuons à bâtir ce pays
qui fait l’envie du monde entier. Nous avons du pain sur la planche.
Il est temps de nous remettre au travail.
Bonsoir.
[CChrétien=19960701]
[lieu=ottawa]
Aujourd’hui, c’est la journée de tous les Canadiens, de Victoria à
St-Jean/Terre-Neuve, des Grands lacs à l’île Ellesmere. C’est une
journée pour célébrer la fierté que nous éprouvons à l’égard de
notre grand pays.
C’est une période très excitante pour les Canadiens. Dans quelques
semaines, nos meilleurs athlètes se rendront aux Jeux Olympiques
pour représenter notre pays. Ils constituent un remarquable exemple
du travail acharné, de la détermination et de l’esprit d’équipe qui
ont aidé à construire ce pays.
Dans quelques jours seulement, nous allons fêter le centième
anniversaire de l’assermentation de Wilfrid Laurier comme premier
ministre du Canada. C’était un homme qui croyait profondément au
Canada. De fait, il symbolisait l’optimisme et l’enthousiasme d’une
jeune nation à l’aube d’un siècle nouveau. Il avait prédit que le
XXe siècle serait celui du Canada, et 100 ans plus tard, nous
pouvons voir qu’il avait raison!
En effet, quelle autre nation a accompli ce que nous avons accompli
au cours des 100 dernières années? Quel autre pays connaît une
prospérité plus grande ou une meilleure qualité de vie? Quel autre
pays a réussi à créer une société où des hommes et des femmes aux
origines les plus diverses cohabitent paisiblement dans une esprit
de tolérance et de générosité? Quel autre pays est aussi
profondément engagé sur la voie de la paix, de la liberté, de la
démocratie, de la compassion et de la justice? Mes amis, savez-
vous
ce que nous avons fait au cours des 129 dernières années? Nous avons
construit le meilleur pays au monde!
Ce n’était pas toujours facile. Nous avons eu des temps difficiles.
Mais nous avons survécu et prospéré, ensemble.
Et, ce qui est le plus excitant, c’est que le meilleur est encore à
venir alors que nous nous apprêtons à entamer un siècle nouveau.
Quand je vois la jeune génération d’athlètes et d’astronautes, j’en
suis absolument convaincu. Merci pour la détermination et le travail
acharné de ceux qui nous ont précédé. Grâce à eux et au patrimoine
qu’ils ont accumulé, le Canada est en excellente position pour
relever les défis du prochain millénaire.
C’est un monde que Wilfrid Laurier aurait difficilement pu imaginer.
Aurait-il pu rêver du jour ou un Canadien parlerait à son pays à
partir de l’espace? Il en serait probablement étonné, mais il
saurait également qu’il avait raison d’avoir confiance, d’être
optimiste et de fonder d’aussi grands espoirs pour son pays.
Vous savez, le Canada est un peu comme les édifices du Parlement
derrière nous. Ils ont été bâtis avec soin, habileté et amour par
ceux qui sont passés avant nous. Comme le Canada. Mais même les
meilleurs bâtiments du monde doivent être entretenus pour préserver
leur grandeur. Il faut les rénover. Ils ont constamment besoin de
restauration. Pour que ces magnifiques édifices parlementaires
conservent leur éclat, il faut continuer à travailler sur eux. Et
c’est la même chose pour le Canada, il faut continuer à y
travailler, chaque jour, chaque année, parce que nous voulons
qu’il conserve son prestige. Nous voulons que le meilleur pays du
monde soit encore meilleur.
Ensemble, pierre par pierre, nous avons bâti un pays qui fait
l’envie du monde, un pays pour lequel nous éprouvons tous une grande
fierté. Et en continuant à travailler ensemble, nous allons entrer
dans le XXIe siècle avec confiance et espoir, en sachant que nous
continuons de vivre dans le meilleur pays au monde!
Vive le Canada! Bonne fête Canada!
[CChrétien=19961202]
[lieu=Portugal]
Je veux tout d’abord féliciter le président actuel, M. Flavio Cotti,
qui a si bien servi cette organisation pendant l’année la plus
difficile de son histoire. Et je souhaite la bienvenue au nouveau
secrétaire général, M. Giancarlo Aragona, ainsi qu’à M. Petersen et
à son équipe, qui prendront la relève l’année prochaine.
Lorsque nous nous sommes réunis à Budapest, il y a deux ans, les
perspectives d’intégration en Europe et dans la région de
l’Atlantique paraissaient encore éloignées. Aujourd’hui, cette
intégration est imminente.
Nous avons là une occasion unique de renverser les vieilles
barrières et d’éliminer les tensions et les divisions qui ont nui à
notre stabilité et à notre développement pendant plus de cinquante
ans.
Au cours de la présente décennie, nous avons réorienté notre façon
d’envisager la sécurité en Europe.
Nous avons effectué des changements fondamentaux. L’OTAN est devenue
une tribune de coopération. Elle dirige actuellement une opération
de maintien de la paix en Bosnie. Des militaires d’Amérique du Nord,
d’Europe occidentale et d’Europe orientale travaillent côte à côte
ainsi qu’avec des soldats de toutes les autres régions du monde. Qui
aurait imaginé cela en 1990?
Cette transformation n’a nulle part été plus grande qu’au sein de
l’OSCE.
Nous en avons fait une organisation d’action. Une organisation qui
encadre le processus électoral dans la plus difficile des
situations. Une organisation engagée dans un des travaux de
prévention des crises parmi les plus efficaces jamais effectués.
Le dynamisme et la flexibilité sont, je crois, les plus grandes
qualités de l’OSCE. Nous devons nous assurer que rien ne viendra
limiter son potentiel.
Nous ne devons jamais oublier que la force réelle de l’OSCE réside
dans son respect pour la primauté du droit, la démocratie et les
droits de la personne. Nous devons veiller à ce que chacun d’entre
nous applique ces principes. À cet égard, je félicite le président
sortant pour les avoir rappelés dans son communiqué de presse du 30
novembre au sujet du Belarus.
Le Canada a participé activement à ce processus, et va continuer de
le faire. Notre engagement en Europe est un élément essentiel de la
sécurité du Canada.
Cependant, la définition même de la sécurité a changé. Aujourd’hui,
nous ne pensons plus en termes de murs, de haies barbelées, de files
de chars d’assaut, ni de missiles.
Souvent, les menaces à la sécurité d’un pays se trouvent à
l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur de ses frontières. Les
souffrances humaines fréquemment causées par des conflits civils et
ethniques sont notre plus grand ennemi et constituent le plus
important défi pour les valeurs dont nous nous réclamons tous.
Aujourd’hui, on voit non pas des armées de soldats, mais des armées
de personnes déplacées et de réfugiés, de gens affamés, de malades
et d’apatrides.
Est-ce que notre façon d’envisager la sécurité et les principes
qui la sous-tendent reflète cette réalité?
À mon sens, la sécurité n’est plus principalement fonction des
événements qui se produisent de Vancouver à Vladivostok. Nous vivons
dans un monde où l’interdépendance et l’intégration sont de plus en
plus grandes et où la mondialisation fait qu’aucun pays, fût-il
aussi bien situé que le Canada, ne peut rester indifférent aux
événements qui se produisent bien au delà de ses frontières.
La situation dans la région des grands lacs africains est un cas
d’espèce. Pendant des années, la communauté internationale a observé
la situation évoluer de crise prévisible en crise prévisible, avec
d’énormes pertes de vie et une très grande souffrance humaine.
De meilleurs mécanismes de prévention des conflits et, de la part de
la communauté internationale, une plus ferme volonté d’intervenir
dans une région où peu d’intérêts nationaux sont en cause, auraient
bien pu éviter ces désastres.
Il y a tout juste deux semaines, le Canada a pris l’initiative de
mettre sur pied une coalition ad hoc de pays désireux de venir en
aide aux réfugiés coincés entre deux feux.
Cela a largement précipité la série d’événements qui ont conduit une
véritable marée humaine vers le Rwanda.
La crise n’est pas terminée. Nous sommes toujours déterminés à
travailler avec nos partenaires, dont beaucoup sont représentés
autour de cette table, afin de faire en sorte que les organismes
d’aide humanitaire aient les outils voulus pour finir la besogne
qu’ils ont entreprise.
Je soulève la question du Zaïre en sachant parfaitement que l’OSCE
n’est pas habilitée à opérer hors de ses limites géographiques.
Cependant, nous devons pouvoir tirer des leçons de la façon dont des
crises de nature semblable ont été résolues dans le rayon d’action
de l’OSCE, afin de les appliquer au reste du monde.
L’ancienne Yougoslavie au cours de la période initiale où les
Casques bleus opéraient en vertu d’un mandat découlant du chapitre
VI de la Charte des Nations unies pour porter secours à la
population civile, en fournit un exemple.
Nous devrions également tirer des enseignements de nos expériences à
l’extérieur du cadre géographique de l’OSCE, comme en Somalie et
dans le nord de l’Iraq, où des coalitions autorisées par les Nations
unies ont déployé des forces militaires pour appuyer des missions
humanitaires.
Nous devrions nous consacrer à trouver de meilleurs moyens d’assurer
que nous n’aurons pas à nous en remettre à des solutions ad hoc à
l’avenir.
Il faut trouver de meilleurs moyens d’assurer que les ressources
militaires de la communauté internationale sont mobilisées pour
soulager les souffrances des populations civiles dans les zones de
conflit et d’instabilité.
Les gouvernements et les militaires abordent les crises de caractère
humanitaire d’une manière différente. Les ONG et les organismes
d’aide humanitaire aussi. Ces différences paraissent considérables,
mais je ne suis pas certain qu’elles soient réelles.
Nous devons harmoniser notre façon de faire face aux crises et ce,
parce que nous sommes partenaires. Nos buts sont complémentaires,
notre objectif final est d’accroître la sécurité.
Nous devons reconnaître qu’à l’avenir nous compterons encore souvent
sur nos militaires pour apporter leur aide à l’occasion de ces
crises.
Je propose que l’OSCE collabore avec les autres institutions vouées
à la sécurité pour s’attaquer à ce problème en priorité. Nous devons
établir les mécanismes qui nous aideront à l’avenir à réagir de
façon plus rapide et mieux organisée aux crises semblables à celle
du Zaïre.]
[CChrétien=19960303]
[lieu=grenad]
C’est un plaisir d’être ici dans cette merveilleuse île de Grenade
et de rencontrer des dirigeants de pays qui sont de vieux amis du
Canada. En fait, dans le cas des provinces de l’Atlantique, ces
amitiés remontent à une époque où aucun de nous n’était encore
devenu un pays indépendant.
Nous avons un ordre du jour ambitieux et je sais qu’il donnera lieu
à des échanges de vues francs et détaillés.
J’aimerais maintenant vous brosser un tableau de l’approche
internationale du Canada et vous dire où se situent les Caraïbes
dans ce tableau.
Les Canadiens voient leur pays comme un participant actif sur
l’échiquier international, un pays qui sait nouer des liens solides
un peu partout dans le monde.
Cela s’explique du fait que nous sommes une nation commerçante, et
du fait aussi que nous accueillons des gens de tous les coins du
monde en travaillant fort pour qu’ils se sentent chez eux au Canada.
Cette ouverture d’esprit, ces ponts que nous bâtissons entre les
peuples et les pays, ce sont là nos principaux atouts.
Et cela m’amène à parler des Amériques. Notre gouvernement est
arrivé au pouvoir en 1993 en promettant d’ouvrer à l’édification
d’une grande communauté occidentale.
Nous honorons donc cette promesse. Le Sommet des Amériques à Miami a
établi un programme ambitieux pour notre hémisphère et nous sommes
en train de donner suite à ce programme. Notre appartenance à
l’Organisation des États américains nous permet de bien cibler nos
efforts.
Sur le plan économique, le Canada veut garantir la prospérité à tout
le monde en établissant une zone de libre-échange à l’échelle des
Amériques.
Sur le plan politique, nous voulons que la démocratie et des
sociétés civiles plus fortes prennent racine et s’épanouissent
partout dans les Amériques, et nous souhaitons que les droits de la
personne y soient respectés.
Notre engagement face à l’hémisphère occidental nous a obligés à
repenser nos perceptions de l’avenir. Nous savons que vous aussi,
vous réfléchissez à votre avenir au sein de cet hémisphère et nous
vous invitons à suivre le même chemin que nous.
C’est vrai que nous devons travailler ensemble pour façonner
l’avenir des Amériques.
Pendant des décennies, le Canada a cherché l’appui des États des
Caraïbes aux Nations unies et au Commonwealth, pour défendre la
démocratie et les libertés individuelles.
Aujourd’hui, nous poursuivons également cette tâche au sein de
l’Organisation des États américains.
Depuis 1990, date de la dernière rencontre, 13 des 15 pays
représentés ici ont changé de gouvernement de manière démocratique
et pacifique. Pendant des années, vous avez prouvé que la démocratie
peut réussir à s’implanter dans les petits pays comme dans les
grands, dans les pays en développement comme dans les pays
industrialisés. La liberté, ce n’est pas quelque chose qui vient
après coup, une fois qu’on a fait tout le reste.
C’est là une leçon qui a été comprise partout dans le monde et qui
finira par s’imposer partout dans l’hémisphère occidental, en raison
du vent de développement démocratique qui souffle sur les Amériques.
C’est une leçon que la communauté des Caraïbes peut et devrait
mettre à profit en participant à la consolidation de notre
hémisphère.
Les pays des Caraïbes sont pour nous de vieux amis et de précieux
partenaires. Notre engagement à votre égard est un engagement bien
ferme. Vous vous en rendrez compte au cours des entretiens que nous
aurons.
Même si le Canada a dû réduire son aide au développement, c’est
encore aux Caraïbes que cette aide fait le plus de bénéficiaires si
on fait le calcul par habitant. Les nouvelles compressions
budgétaires et les nouvelles priorités en matière de développement
nous obligent à maximiser l’impact de nos programmes.
C’est pourquoi nous travaillons avec vous à des projets qui
permettent de développer l’expertise et le talent dont vous aurez
besoin pour relever les défis du siècle prochain.
La réunion des ministres du commerce à Cartagena dans quelques
semaines nous rapprochera du but que nous nous sommes fixé d’avoir
une zone de libre-échange du nord au sud des Amériques d’ici l’an
2005. Nous sommes conscients que ce projet soulève des
préoccupations dans les Caraïbes et que certains se soucient des
coûts. Le Canada a lui-même dû s’ajuster à de nouveaux régimes
commerciaux, mais notre expérience révèle que les avantages
dépassent de beaucoup les inconvénients lorsqu’on procède comme il
faut.
Nous vous encourageons à aborder les questions commerciales avec
confiance. Nous sommes disposés à vous aider à résoudre les
questions de politique commerciale qui ne manqueront pas de surgir.
En tant que dirigeants politiques et en tant qu’individus, nous
partageons la même inquiétude au sujet de la drogue et des ravages
qu’elle cause dans nos sociétés. Je suis ici pour écouter, mais je
peux vous promettre que le Canada continuera à coopérer avec vous
bilatéralement et par le biais de l’OEA et de l’ONU pour venir à
bout de cette menace à la santé de nos citoyens et à l’intégrité de
nos systèmes politiques et judiciaires.
Si nous voulons bâtir des pays forts pour les générations à venir,
nous devons nous doter de politiques environnementales sensées.
Voilà pourquoi la protection de l’environnement constitue la pierre
angulaire de notre cadre stratégique pour le développement des
Caraïbes.
Nous reviendrons sur ces questions plus tard, mais je veux vous
exprimer notre gratitude pour votre appui pendant les négociations
de la convention de l’ONU sur les stocks chevauchants. J’espère que
vous ne tarderez pas à ratifier cette convention.
La dette internationale est une autre de vos préoccupations, j’en
suis convaincu. Ces dernières années, le Canada et les Caraïbes se
sont attaqués à la question, et je veux discuter de la façon dont
nous pouvons poursuivre notre coopération, notamment dans les
banques de développement multilatérales.
Je crois que nous avons tout un programme sur la table : commerce,
démocratie, droits de la personne, développement, coopération,
stupéfiants, environnement, endettement.
En terminant, je tiens à vous faire savoir que les pays des Caraïbes
sont toujours aussi importants pour le Canada. Nous sommes tous
confrontés aux énormes bouleversements qui transforment notre monde.
Mais le changement ne viendra jamais à bout des amitiés qui se sont
forgées au fil des ans. Nous comptons sur votre amitié à l’endroit
du Canada. Et sachez qu’en retour vous pouvez compter sur nous, sur
l’estime que nous vous portons et sur l’engagement actif qui nous
lie aux pays des Caraïbes.]
[CChrétien=19960110]
[lieu=Inde]
Permettez-moi de dire à quel point je suis enchanté d’être en
Inde
en compagnie des autres membres d’Équipe Canada. À ce plaisir
s’ajoute celui de se trouver dans une ville aussi dynamique que
Mumbai.
Je me sens par ailleurs honoré d’être invité à prendre la parole au
nom d’Équipe Canada à l’occasion du sommet du partenariat de la
confédération de l’industrie indienne (CII). Il y a déjà longtemps
que le Canada entretient des rapports avec la CII.
De fait, tout dernièrement, l’Agence canadienne de développement
international a signé un accord pour établir une division de la
gestion de l’environnement au sein de la CII. Nous espérons qu’il y
aura d’autres gestes de collaboration de cette nature à l’avenir.
L’Inde et le Canada ont de nombreuses valeurs en commun. Notre
amitié remonte bien avant l’indépendance de l’Inde et elle s’est
développée dans les décennies qui ont suivi.
Dès cette époque, nos relations bilatérales étaient très bonnes en
dépit de la distance qui séparait les deux pays.
Ainsi, le Canada a été l’un des premiers à mettre sur pied pour
l’Inde un programme substantiel de coopération au développement dans
le cadre du plan de Colombo. Dans les années 50 et 60, le Canada se
classait parmi les trois plus grands fournisseurs de produits
d’importation à l’Inde.
Nos rapports se sont développés davantage à la faveur de notre
participation commune à des organismes internationaux comme le
Commonwealth et les Nations unies.
L’Inde sortait d’une longue et difficile lutte pour l’indépendance
et revendiquait la place qui lui revient dans l’assemblée des
nations.
Le Canada sortait quant à lui aussi de l’enfance. À la fin de la
Seconde guerre mondiale, le Canada est entré dans l’âge adulte.
Les luttes du peuple indien ont été une source d’inspiration pour
les Canadiens.
L’exemple du Mahatma Gandhi a exercé une influence sur une
génération de Canadiens. Et il a fait une forte impression sur les
personnes qui dirigeaient mon pays à cette époque.
De fait, les liens étroits qu’entretenaient les premiers ministres
Saint-Laurent, Diefenbaker et Pearson avec le premier ministre Nehru
témoignent de la sincérité de ce partenariat qui, dès les premières
années, s’est établi entre nos deux pays.
Mais soyons tout à fait honnêtes. Au cours des dernières décennies
nos rapports n’ont pas été les mêmes. Les liens étroits et
chaleureux qui ont marqué les premières décennies brillent
maintenant par leur absence.
Plusieurs raisons expliquent ce relâchement. Mais aujourd’hui, il
nous faut retisser nos liens.
Le Canada est classé au septième rang parmi les pays commerçants du
monde. Tandis que l’Inde semble s’affirmer comme l’un des géants
économiques du siècle prochain.
Le Canada prend enfin conscience qu’il est un pays du Pacifique et,
à ce titre, accorde une plus grande priorité aux échanges
commerciaux avec l’Asie. Nous sommes un membre à part entière de
l’APEC. Et nous tissons des liens étroits avec les principaux pays
du Pacifique.
Le Canada veut intensifier ses rapports avec l’Inde. C’est la raison
d’être de cette mission d’Équipe Canada ici. Et croyez-moi, ceux
et celles qui connaissent la politique canadienne savent que le
premier ministre du Canada et les premiers ministres des provinces
n’arrivent pas toujours à s’entendre aussi bien sur chaque dossier.
Le fait que nous soyons tous ici et que nous formions équipe
illustre à quel point il est important pour nous de relancer
l’amitié qui lie nos deux pays.
Et je crois que l’Inde est également prête.
Les changements qui se produisent ici contribuent également à
intensifier nos rapports. L’Inde est en voie de réaliser son vaste
potentiel en ouvrant son marché.
Le Canada appuie fermement les mesures audacieuses prises par le
gouvernement indien. Ces politiques sont les assises d’une nouvelle
relation bilatérale dynamique et mutuellement avantageuse.
Le Canada et les entreprises canadiennes visent également de
nouveaux marchés et, pour se faire, nous mettons en oeuvre des
stratégies nouvelles qui dépassent le cadre des exportations pour
incorporer les investissements, les coentreprises et les transferts
de technologie.
Les gouvernements et le secteur privé au Canada ont, par ailleurs,
collaboré à l’élaboration d’une nouvelle stratégie qui se nomme
Pleins feux sur l’Inde. Cette stratégie permettra de coordonner les
efforts des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que du
secteur privé pour profiter de nouveaux débouchés économiques.
Les activités d’affaires seront étayées par des visites de haut
niveau à destination ou en provenance de l’Inde ainsi que par des
séminaires, des ateliers et d’autres initiatives. La présence
d’Équipe Canada ici aujourd’hui est un signe éloquent de
l’engagement du Canada à l’égard du programme Pleins feux sur l’Inde
et de l’élargissement des relations bilatérales.
Il reste beaucoup à faire en matière de commerce bilatéral. En 1994,
nos échanges bilatéraux ont totalisé seulement 723000000 $. Je pense
que nous pouvons faire beaucoup mieux que cela.
C’est pourquoi j’ai été extrêmement encouragé de constater que les
résultats pour les huit premiers mois de 1995 révèlent un
accroissement important des échanges, soit une hausse de 64 % des
exportations canadiennes vers l’Inde de même qu’une hausse de près
de 25 % des exportations indiennes vers le Canada. Nous franchirons
vraisemblablement la barre du milliard de dollars cette année.
Ces progrès sont impressionnants, mais je crois qu’il reste beaucoup
à faire. C’est pourquoi Équipe Canada est en Inde.
Nous pouvons toutefois compter sur des liens très importants qui
n’existaient tout simplement pas dans les premières années de notre
partenariat. Des liens qui se sont développés au cours des récentes
décennies et qui peuvent et doivent servir de point d’ancrage à une
véritable renaissance des relations entre nos deux pays.
Il y a en ce moment 500000 de Canadiens d’origine indienne
qui vivent au Canada et ils prennent une part très active aux
affaires et à la vie publique. Ils participent à part entière à la
vie économique et publique de leurs collectivités et de l’ensemble
du pays.
Nombre de ces Canadiens font partie de la mission d’Équipe Canada en
Inde, dont de nombreux gens d’affaires de notre délégation. Deux
députés du Parlement canadien, Herb Dhaliwal et Gurbax Malhi en
font également partie.
Les Canadiens d’origine indienne contribuent à la qualité de vie au
Canada en incorporant une riche fibre à notre tissu national. Ils
contribuent, chaque jour et de milliers de façons différentes à
rendre le Canada encore meilleur.
Ils représentent également le principal lien entre le Canada et
l’Inde. Grâce à la technologie moderne, ils sont capables de
communiquer et d’entretenir des contacts étroits avec leurs
familles, amis et partenaires d’affaires en Inde.
C’est là l’élément le plus important de notre relation bilatérale,
les contacts quotidiens entre les individus.
Grâce à des initiatives telles que cette mission d’Équipe Canada,
nous arriverons à développer ces bases pour insuffler un dynamisme
renouvelé et une plus grande pertinence à nos rapports.
Mes coéquipiers d’Équipe Canada sont des premiers ministres
provinciaux, des ministres fédéraux et les centaines de gens
d’affaires canadiens qui prennent part à cette mission commerciale.
Je vous invite à les considérer comme 250 partenaires d’affaires en
puissance. Ils sont prêts à nouer des liens qui porteront nos
relations commerciales à un niveau encore inégalé.
Nous en voyons déjà de nombreux exemples. C’est ainsi que j’ai
assisté à la signature de 31 ententes commerciales évaluées à
444000000 $ entre des sociétés canadiennes et indiennes.
Ces marchés représentent des emplois, des milliers d’emplois, et
une croissance économique pour nos deux pays pendant de nombreuses
années.
Et ce n’est que le début. J’encourage chacun d’entre vous à profiter
de ce Sommet pour raffermir des rapports, développer des stratégies
et donner suite à des possibilités d’affaires.
Les relations entre nos deux pays se sont forgées pendant les années
palpitantes de l’après-guerre. Les valeurs communes que nous
partageons, le grand nombre de Canadiens d’origine indienne, les
réformes économiques et commerciales que nous avons tous deux
entreprises… tout cela augure bien pour l’instauration d’un
nouveau partenariat entre nos deux pays.
Laissons Équipe Canada devenir le catalyseur qui nous fera entrer
dans cette ère nouvelle. Une ère nouvelle qui commence aujourd’hui.]
[CChrétien=19960610A]
[lieu=ottawa]
Monsieur le premier ministre, Madame Juppé
Mesdames et Messieurs,
C’est avec grand plaisir que je vous accueille ici, au Musée des
beaux-arts, en compagnie de votre délégation.
Ce musée aura le privilège de recevoir bientôt la prestigieuse
rétrospective de l’un des plus influents peintres français du 19e
siècle, Jean-Baptiste Corot, celle là même qui était au Grand-Palais
à Paris il y a peu de temps.
Vous représentez un pays qui nous est cher et avec lequel nous
possédons des liens exceptionnels. Les Canadiens connaissent la
contribution de la France à la culture, à l’industrie et aux
technologies et ils savent qu’elle a été le berceau des droits de la
personne.
La France a laissé en terre d’Amérique des racines qui ont poussé,
fortes et solides. Elles se sont étendues à toutes les régions du
Canada comme en témoignent ceux qui ont en commun la langue
française de Vancouver à St. John’s. Ainsi que ceux de langue
anglaise qui ont visité votre pays, qui s’intéressent à votre
culture ou qui, comme des dizaines de milliers de jeunes Canadiens,
apprennent le français dans des classes d’immersion.
La relation entre nos deux pays se vit avec le coeur mais aussi avec
la raison. Le Canada et la France partagent des valeurs et une
vision communes. Nous sommes heureux de constater, par exemple, que
la littérature canadienne connaît en France une reconnaissance
exceptionnelle, comme l’hommage rendu récemment à un groupe de nos
écrivains de langue anglaise dans le cadre de la manifestation «Les
belles étrangères».
Lorsque l’on décrit les liens qui nous unissent, on évoque tout
naturellement ces liens historiques et culturels. Il ne faut pas
seulement en faire état, mais s’en servir pour développer notre
relation.
La délégation qui vous accompagne le démontre à merveille. Ses
membres couvrent un large éventail de nos intérêts, que ce soient la
Francophonie, nos relations économiques et politiques ou nos
échanges dans le domaine de la jeunesse et des sports.
La dimension économique de notre relation a connu une progression
remarquable. Elle se caractérise par une maturité accrue qui se
manifeste par une augmentation marquée des investissements et des
partenariats stratégiques.
Votre séjour en terre canadienne contribuera au renforcement de nos
relations.
Je vous sais un homme de décision et d’action. Votre bilan personnel
nous le démontre. Vous recevrez demain un Doctorat honorifique de
l’Université d’Ottawa en reconnaissance de votre contribution à
l’achèvement de la paix en ex-Yougoslavie alors que vous étiez
ministre des Affaires étrangères. Cette distinction vous reviendra à
titre personnel mais c’est aussi tout le travail de la diplomatie
française qui sera ainsi reconnu.
Plus récemment, vous vous êtes attaqué avec détermination à un vaste
programme de réformes sociales et fiscales qui aideront la France à
garder sa place de grande nation commerçante et industrielle.
Le troisième millénaire est à nos portes. Le Canada et la France s’y
préparent.
Nous sommes bien équipés pour y faire notre entrée. Nous faisons
partie l’un et l’autre des plus grands ensembles économiques du
monde actuel : l’ALENA et l’APEC pour le Canada et l’Union
européenne pour la France.
Récemment, votre ministre délégué au Commerce extérieur M. Yves
Galland, en visite au Canada, déclarait vouloir que la France
rejoigne le premier rang des partenaires commerciaux européens du
Canada.
Nos échanges commerciaux et nos investissements portent de plus en
plus sur des domaines de pointe dont les communications,
l’informatique, l’avionique et le matériel de transport. C’est une
rencontre technologique et scientifique que nous célébrons désormais
sur une base quotidienne.
Nos partenariats politiques, au plan international, eux aussi se
multiplient.
La liste des réussites que nos alliances internationales auront
permises est longue. Je mentionnais précédemment vos réalisations
dans le dossier yougoslave.
Le Canada avec la France et d’autres alliés ont travaillé sans
relâche pour que ce conflit cruel et sanglant cesse. Trop de nos
soldats y ont d’ailleurs laissé leur vie.
Il nous reste cependant à construire la paix. Nos deux pays s’y
activent avec d’autres alliés pour reconstruire physiquement et
moralement la Bosnie. La tâche est lourde. Il en va de notre avenir
démocratique.
Le Canada et la France ont aussi joué un rôle important dans le
retour du Président Aristide au pouvoir à Port-au-Prince. Ce sont
nos efforts communs aux Nations unies qui ont permis de réaliser cet
objectif.
L’élection récente de M. Préval a démontré la vitalité de cette
démocratie. La présence de troupes canadiennes et de policiers
français travaillant ensemble est un gage de stabilité.
Récemment le Président Chirac annonçait la fin des essais nucléaires
français ainsi qu’un impressionnant train de mesures en matière de
désarmement. Cette initiative est importante et je tiens à vous en
féliciter.
Le Canada est un chef de file dans le domaine du désarmement tant
nucléaire que conventionnel, y compris dans le dossier des mines
antipersonnel.
Autant de sujets sur lesquels nous mettrons nos expertises à
contribution dans le but de promouvoir un monde plus sûr.
Monsieur le premier ministre, dans quinze jours, votre pays sera
l’hôte du Sommet du G-7 à Lyon. Dans la foulée de celui d’Halifax, il
s’agira d’une occasion unique de concertation entre dirigeants des
pays les plus industrialisés et de la Russie pour trouver des
solutions aux grands problèmes politiques et économiques de l’heure.
Je sais qu’un des sujets qui tient à coeur au Président Chirac et
aux autorités gouvernementales françaises est celui de l’aide au
développement. La relation entre pays riches et pauvres est un
domaine qui préoccupe aussi les Canadiens et Canadiennes.
Nous profitons d’ailleurs de notre appartenance aux grandes
organisations et conférences internationales pour faire la promotion
du dialogue Nord-Sud.
En ce sens la Francophonie est un puissant instrument dans lequel la
France et le Canada, en tant que premier et deuxième bailleur de
fonds, investissent beaucoup d’énergies. Nous avons rendu la
Francophonie encore plus efficace en décembre dernier à Cotonou. Le
volet politique que nous avons renforcé devrait nous permettre de
faire de ce forum un lieu de partage où l’action conjuguée de nos
pays créera une véritable solidarité sur laquelle la société
internationale pourra compter.
Certains s’inquiètent de l’avenir de l’héritage culturel français au
Canada et dans le monde.
Votre séjour au Canada ne vous permettra pas de visiter diverses
régions de notre pays où se trouvent de vigoureuses communautés de
langue française que ce soit en Acadie, au Manitoba ou en Ontario.
Je tiens toutefois à ce que vous sachiez que leur dynamisme
constitue une facette bien ancrée dans notre vitalité nationale.
Ce dynamisme nous permet d’accueillir à bras ouverts les nouvelles
technologies qui permettent de propager le savoir à une vitesse et
avec une dimension inconnues jusqu’à maintenant. L’inforoute, le
multimédia font déjà partie de notre vie quotidienne.
Les effets que ces nouveaux types de loisirs et d’apprentissage
auront sur nos sociétés sont encore difficiles à évaluer.
Une chose est certaine toutefois ; c’est par la créativité et
l’adaptation que nous resterons dans le peloton de tête et serons en
mesure d’influencer ces développements au bénéfice également du
monde francophone.
L’anglais se taille la part du lion dans ce nouvel environnement. Il
est impératif que le français s’affiche aussi comme source de
création et de communication.
Voilà pourquoi le Canada et la France s’allient dans cette vaste
entreprise de faire du français une langue sur laquelle les
internautes pourront naviguer.
Dans un monde menacé d’uniformité, il devient très important
d’appuyer les groupes minoritaires dans leur affirmation culturelle.
Notre dualité linguistique et notre diversité culturelle qui sont au
centre de nos institutions nous confèrent un avantage lorsque vient
le temps de nous adapter à un monde en constante évolution.
Bien sûr que rien n’est parfait. Nous avons aussi nos problèmes de
sociétés. Chômage, exclusion sociale, décrochage scolaire. Les
transformations que connaissent nos économies ont un profond impact
sur nos populations.
Il nous incombe de répondre aux inquiétudes de nos concitoyens qui
sont le plus durement affectés par ces changements.
À cet égard, en octobre dernier la population du Québec s’est
prononcée sur son appartenance au Canada. Pour la deuxième fois en
quinze ans, elle a choisi d’y demeurer. Les Québécois ont passé à
cette occasion un message de changement. Nous l’avons entendu.
Le concept de la société distincte et d’autres mesures du même ordre
ont été adoptées par le Parlement du Canada. D’autres sont en
préparation. Elles viseront à rendre notre pays plus efficace tout
en répondant aux attentes de nos populations, y compris celle du
Québec.
Monsieur le premier ministre, nos deux pays se sont bien sûr
développés de part et d’autre de l’Atlantique. Nos ancêtres se sont
adaptés aux conditions qui leur étaient particulières, dans des
environnements politiques, économiques et culturels propres. Des
ponts se sont bâtis grâce à notre langue commune, et à notre combat
pour la liberté.
Votre visite au Canada, et celle des membres de votre importante
délégation illustrent une fois de plus notre désir réciproque de
poursuivre nos efforts afin de développer toujours davantage les
liens privilégiés qui unissent nos deux grands pays.
Je n’ai aucun doute qu’ils continueront de s’accroître pour le
bénéfice de nos populations.
Je vous souhaite un séjour fructueux et agréable chez nous au
Canada.
[CChrétien=19960611]
[lieu=ottawa]
Monsieur le Président,
Au nom de tous les Canadiens, j’ai l’honneur de vous accueillir à
cette séance mixte spéciale du Parlement.
Je voudrais profiter de cette occasion pour raconter un chapitre
méconnu des relations entre nos deux pays.
On raconte qu’à l’été de 1861, quelques années avant la
Confédération ici au Canada, une mission commerciale a quitté le
port de Montréal pour chercher de nouveaux marchés pour nos
produits. La nouvelle s’était répandue dans le Nord que le Mexique
constituait une destination prometteuse. La petite délégation
d’entrepreneurs est arrivée dans le port de Veracruz quelques mois
plus tard.
Ils tombaient très mal. Quelques semaines auparavant, l’Angleterre,
la France et l’Espagne avaient fait débarquer des troupes dans la
ville. En mai 1862, le Mexique a livré une bataille aux abords de la
ville de Puebla. Nos invités mexicains savent évidemment que le
Mexique a remporté cette bataille. D’ailleurs, le 5 mai est encore
un jour férié national. Mais ils ne savent peut-être pas
qu’entre-temps, les Canadiens étaient partis et avaient décidé de
tenter plutôt leur chance au Brésil.
Nos relations bilatérales ont peut-être été retardées quelque peu à
cette époque, mais nous nous sommes repris depuis. En 1905, le
Canada a envoyé son premier délégué commercial au Mexique. Il y a
quelques années, nous avons célébré le cinquantenaire des relations
diplomatiques officielles. Au fil des années, nous avons noué de
nombreux liens politiques et économiques et un nombre infini de
liens personnels entre nos citoyens. Récemment, nos relations
commerciales ont été stimulées par l’Accord de libre-échange
nord-américain.
Le commerce est un aspect important de nos relations. Depuis la
première année de l’ALENA, nous avons constaté une hausse
spectaculaire du commerce bilatéral entre le Canada et le Mexique,
ainsi qu’une expansion du commerce et de l’investissement dans
l’ensemble du continent. Nous devons continuer sur cette lancée.
Nos échanges bilatéraux stimulent la croissance économique et créent
des emplois dans nos deux pays. Les possibilités d’accroître le
commerce et l’investissement sont énormes. L’impressionnante
délégation d’affaires qui vous accompagne se rendra dans certains
des principaux centres économiques du Canada et rencontrera nos gens
d’affaires. Nous avons l’intention de faire grandir notre
partenariat.
Mais notre amitié va bien sûr au-delà du commerce. Depuis mars 1990,
plus de 35 accords bilatéraux ont été conclus avec le Mexique dans
des domaines qui vont de la coopération environnementale et de
l’éducation aux mines et à l’énergie. D’autres accords seront signés
au cours de votre visite, notamment un accord de coopération
technique entre Élections Canada et votre institut électoral
fédéral.
Votre visite survient aussi à un moment où le Mexique subit des
transformations profondes. Sous votre direction, le Mexique se
prépare à relever les défis du XXIe siècle.
Comme vous le savez, Monsieur le Président, je suis déjà allé au
Mexique. Ma visite, en mars 1994, a coïncidé avec l’un des
événements les plus tragiques de votre histoire. Ce fut une année
difficile pour votre pays, et certains ont craint pour l’avenir du
Mexique à ce moment là.
Pas moi. J’ai déclaré alors que j’avais foi en la capacité de votre
démocratie de survivre à ces chocs difficiles. Aujourd’hui, je suis
très content de voir que j’avais raison. Deux ans plus tard, votre
gouvernement procède rapidement à d’importantes réformes politiques
et économiques. Le virage que vous avez réalisé au cours des
derniers mois est spectaculaire. Le Mexique est en voie de connaître
une solide croissance cette année et est devenu une économie de
marché avec laquelle il faut compter. Je vous félicite pour ces
résultats remarquables.
Monsieur le Président, vous conviendrez, je crois, que le Canada et
le Mexique ont plus en commun que ce que bien des gens imaginent.
Comme le Mexique, le Canada est un pays fier de son passé indigène
et fier des traditions que nous avons héritées des colons européens
qui sont venus s’établir sur ce continent. Nous apprécions aussi les
contributions des immigrants récents.
Les Mexicains et les Canadiens sont fiers d’avoir bâti des pays
uniques et indépendants en Amérique du Nord.
Comme le Mexique, nous partageons une frontière avec un grand et
puissant voisin, les États-Unis. Nos deux pays ont avec ce voisin
des relations bilatérales parfois frustrantes, souvent
enrichissantes et toujours complexes.
Au cours de votre visite, Monsieur le Président, vous parcourrez
5000 kilomètres et j’espère que vous aurez ainsi une meilleure idée
de qui nous sommes et du pays dans lequel nous vivons. Parce que
l’amitié entre nos deux pays est importante pour le Canada à l’aube
du XXIe siècle. Votre venue nous donne l’occasion de réfléchir à
notre avenir commun, de déterminer comment nous pouvons travailler
ensemble à notre avantage mutuel et d’aller de l’avant.
Je suis ravi que vous ayez accepté notre invitation à vous adresser
au Parlement du Canada aujourd’hui.
Chers collègues parlementaires et distingués invités, veuillez vous
joindre à moi pour accueillir notre voisin et notre bon ami, le président du Mexique, M. Ernesto
Zedillo.
[CChrétien=19961213]
[lieu=ottawa]
Je me réjouis d’être ici aujourd’hui, en compagnie du premier
ministre Frank McKenna, pour signer cette entente historique.
Cette entente, et celle que nous avons signée avec le gouvernement
de l’Alberta la semaine dernière, sont des pas importants dans la
bonne direction.
Elles aideront les Canadiens et les Canadiennes sans emploi à
retourner sur le marché du travail. Elles montrent que les deux
niveaux de gouvernement peuvent unir leurs efforts pour créer des
partenariats dans l’intérêt de la population canadienne.
Enfin, elles permettent à mon gouvernement de remplir des promesses
faites à la population canadienne.
Les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick collaborent
depuis longtemps dans le secteur du marché du travail. Ces dernières
années, nous avons prouvé que cette collaboration fonctionne, grâce
à des programmes novateurs qui aident des travailleurs du
Nouveau-Brunswick à réintégrer le marché du travail.
L’Entente Canada-Nouveau-Brunswick et l’Entente Canada-Alberta ont
été négociées afin de donner à ces provinces la marge de manoeuvre
qui leur permettra de répondre aux besoins de leurs sansemploi.
Ces ententes témoignent d’une forme de collaboration pragmatique et
innovatrice.
Elles permettront aux deux niveaux de gouvernement de travailler
plus intelligemment en conjuguant leurs efforts, et ce sont les
chômeurs qui en sortiront gagnants.
Au cours des trois dernières années, le gouvernement a montré à quel
point le fédéralisme canadien est flexible et dynamique. Par ces
ententes, il témoigne une fois encore de sa volonté de renouveler
progressivement la fédération, une étape à la fois.
Notre gouvernement est prêt à instaurer de nouveaux mécanismes pour
mettre un terme aux chevauchements et mieux servir la population
canadienne.
En mai dernier, nous avons présenté aux provinces et aux territoires
une offre pratique. Nous leur avons proposé de concevoir des
prestations d’emploi et des mesures actives de soutien adaptées aux
besoins et aux priorités de leur marché du travail.
En novembre 1995, j’ai moimême promis que le gouvernement fédéral se
retirerait du secteur de la formation professionnelle sur une
période de trois ans.
Au cours des semaines et des mois à venir, nous continuerons de
négocier des ententes relatives au marché du travail avec d’autres
provinces et les territoires.
Nous sommes prêts à transférer 2000000000 $ à l’ensemble
des provinces et des territoires, ce qui permettra d’améliorer les
mesures de retour au travail; 2000000000 $ qui tendent
vers un but supérieur : redonner des emplois aux Canadiens et aux
Canadiennes.
Les Canadiens et Canadiennes ont besoin d’emplois. Je comprends ce
besoin. L’objectif de tous les gouvernements est le même, soit créer
un climat économique et social procurant des perspectives d’avenir
et des emplois aux Canadiens et aux Canadiennes.
Nous entrons dans une ère de nouveaux liens et de nouveaux
partenariats entre les gouvernements en vue de fournir à la
population canadienne les services et les résultats dont elle a
besoin.
Dans le Discours du Trône, le gouvernement a répondu à la volonté
des Canadiens en s’engageant à renouveler la fédération canadienne.
En juin, mes homologues provinciaux et moimême avons tracé les
grandes lignes de mesures concrètes et pratiques destinées à mieux
définir le partage des responsabilités de chaque ordre de
gouvernement, ainsi qu’à réduire les chevauchements et le double
emploi. Nous reconnaissons tous que les services à la population
doivent être offerts par le niveau de gouvernement le plus apte à y
répondre efficacement.
Nous entrons dans une ère de nouveaux liens et de nouveaux
partenariats entre les gouvernements en vue de fournir à la
population canadienne les services et les résultats dont elle a
besoin.
Le gouvernement fédéral s’est retiré des domaines forestier, minier
et des activités récréatives. Il y a quelques semaines à peine, les
ministres de l’Environnement ont signé une entente de principe en
vue d’une harmonisation qui nous permettrait de mettre en place les
normes écologiques les plus strictes.
M. Pettigrew a aussi ouvert le dialogue avec ses homologues des
provinces et des territoires dans le but de renforcer l’union
sociale.
Ces gestes concrets comme la signature des ententes sur le
développement du marché du travail avec l’Alberta et le
Nouveau-Brunswick montrent que nous tenons nos promesses.
Je suis persuadé que ces deux nouvelles ententes seront les
premières d’une série d’ententes qui seront signées à l’échelle du
pays dans les mois à venir.
Ensemble, nous aiderons plus de Canadiens et de Canadiennes sans
emploi à réintégrer le marché du travail.
Merci.
[CChrétien=19960113]
[lieu=inde]
Au nom de l’Équipe Canada, je suis heureux de participer à cette
réunion spéciale du Conseil commercial conjoint (Joint Business
Council). Le Conseil commercial conjoint et le Conseil de commerce
Canada-Inde accomplissent un travail important, c’est-à-dire réunir
des dirigeants d’entreprise et conseiller judicieusement les
gouvernements.
La longue histoire des relations entre l’Inde et le Canada est
fondée sur la coopération et reflète des valeurs communes. Nous
partageons un engagement envers les principes démocratiques, l’unité
dans la diversité, la primauté du droit, et l’appartenance au
Commonwealth.
Dans les années 50, les premiers ministres Nehru et Saint-Laurent
étaient de grands amis et ensemble ils ont été cofondateurs du Plan
Colombo destiné à soutenir le développement économique des nouveaux
pays indépendants du Commonwealth. À cette époque le Canada se
comptait parmi les trois principaux fournisseurs de produits
d’importation à l’Inde. Dans les années qui ont suivi, notre
coopération au sein des Nations unies et d’autres organisations a
davantage renforcé nos liens.
Au fil des ans, les programmes d’aide à l’Inde ont servi au
financement de plus de 10 % de sa puissance hydroélectrique. Ils ont
permis à des milliers d’universitaires indiens de poursuivre leur
formation ou leurs études en Inde, et ont soutenu financièrement la
plantation de plus de 190000000 d’arbres dans des terres
incultes.
Le Canada a, en quelque sorte, « assisté à la naissance », à la
création de l’Inde moderne.
Mais comme nous le savons tous, l’élargissement de nos rapports ne
s’est pas poursuivi au cours des dernières décennies. Et même si
cela tenait à des raisons bien tangibles, la conséquence aura tout
de même été une amitié en suspens. Tel est le prix que nos deux pays
ont eu à payer.
C’est pour cela qu’Équipe Canada est ici en Inde : pour insuffler
dans nos relations le regain de vie et le nouveau dynamisme dont
elles ont besoin. Pour renouer cette amitié au moment où nos pays
traversent une période de changements spectaculaires.
Pour la plus longue partie de notre histoire, le Canada a privilégié
ses relations avec l’Europe et les États-Unis. Le Canada a d’abord
été une colonie française, puis britannique. La plupart des
Canadiens étaient soit d’origine britannique, soit d’origine
française. Pendant nombre d’années, les États-Unis et l’Europe ont
été nos principaux partenaires commerciaux. Nous portions davantage
notre regard vers l’Atlantique que le Pacifique.
Toutefois, le Canada a considérablement changé au fil des ans. Les
Canadiens reconnaissent que nous sommes également un pays du
Pacifique et ils se réjouissent des horizons que cela leur ouvre.
Les données les plus récentes indiquent que les Canadiens d’origine
britannique et française représentent moins de 50 % de notre
population. Au cours des dix dernières années, la région
Asie-Pacifique est devenue la principale source d’immigration au
Canada. Cette région est également devenue, après les États-Unis,
notre deuxième plus important partenaire commercial.
Aujourd’hui, plus d’un demi-million de Canadiens d’origine indienne
apportent une contribution importante au monde des affaires et à la
vie publique au Canada. Ils jouent également un rôle très important
dans l’élargissement de nos relations avec l’Inde et les autres pays
d’Asie. De fait, on retrouve deux députés canadiens nés en Inde au
sein de cette délégation d’Équipe Canada : Herb Dhaliwal et Gurbax
Malhi.
Lors de l’accession au pouvoir de notre gouvernement en novembre
1993, j’ai nommé Raymond Chan au poste de secrétaire d’État pour la
région Asie-Pacifique, une première visant à reconnaître
l’importance grandissante de cette région pour le Canada. Il est
également avec nous aujourd’hui.
Je suis très honoré d’être accompagné par la plupart des premiers
ministres des provinces canadiennes, par des ministres du
gouvernement fédéral, ainsi que par des centaines de dirigeants
d’entreprise canadiens. Notre concept d’Équipe Canada vise à montrer
au monde entier, en particulier à l’Asie, que les gouvernements
fédéral et provinciaux du Canada collaborent entre eux et avec les
milieux d’affaires pour soutenir les investissements et renforcer
nos liens commerciaux avec l’étranger.
Les Canadiens sont enthousiastes devant les perspectives que leur
offre la région Asie-Pacifique. C’est avec ce même enthousiasme
qu’ils accueillent la mise en place de politiques axées sur la
libéralisation des échanges. Nous félicitons votre gouvernement
d’avoir fait preuve de discernement en amorçant ces réformes.
Le Canada appuie ces efforts et encourage l’Inde à poursuivre dans
cette voie. Dans une large mesure, ces réformes ont joué un rôle
catalyseur pour l’essor de la collaboration économique et
commerciale entre nos deux pays.
Nos sommes conscients que, dans un pays qui compte 900000000
d’habitants, les défis de nature économique à relever sont
colossaux. L’ardeur et l’énergie avec lesquelles la population
indienne s’y est attaquée ont d’ailleurs fait une très forte
impression sur nous.
Par exemple, lors de mes discussions avec les dirigeants indiens,
ils m’ont souligné leurs efforts pour mettre fin à cette tragédie
humaine que représente l’exploitation économique des enfants. Le
Canada, au même titre que d’autres pays, tente d’apporter son aide
au moyen de programmes de développement ciblés de façon
particulière. Et, bien entendu, nous devons tous travailler pour
enrayer les causes profondes de ce terrible problème, soit la
pauvreté et le sous-développement.
Nombre de représentants des milieux d’affaires relèvent ce défi. Le
logo Rugmark est un témoignage important des efforts qui sont faits
pour lutter contre l’exploitation des enfants.
Il en va de même des efforts de nombreuses sociétés canadiennes qui
s’interdisent l’importation de produits fabriqués par la
main-d’oeuvre enfantine.
Le Gouvernement du Canada est disposé à chercher de nouveaux moyens
pour combattre l’exploitation des enfants en resserrant ses propres
restrictions à l’importation.
Et, nous sommes fermement engagés à soutenir la croissance
économique, ainsi que les initiatives de développement,
d’alphabétisation et d’éducation qui finiront par venir à bout de ce
fléau.
Cette question illustre comment un accroissement des échanges et des
liens commerciaux… et un élargissement des tous nos liens peuvent
améliorer la qualité de vie dans l’un et l’autre pays. Et cela c’est
la raison d’être d’Équipe Canada.
Les gouvernements et le secteur privé au Canada ont collaboré à
l’élaboration d’une nouvelle stratégie qui se nomme Pleins feux sur
l’Inde. Cette stratégie permettra de coordonner les efforts des
gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que du secteur privé pour
profiter des nouveaux débouchés.
Des visites de haut niveau de délégations canadiennes et indiennes,
des séminaires, des ateliers et autres initiatives appuieront les
activités commerciales.
Et les résultats sont probants. Pour les huit premiers mois de 1995,
on note un accroissement de 64 % des exportations canadiennes vers
l’Inde, de même qu’un accroissement de 25 % des exportations
indiennes vers le Canada.
Par ailleurs, selon le ministère indien de l’Industrie, pour le
premier semestre de 1995, les investissements canadiens en Inde ont
été huit fois plus élevés qu’au semestre correspondant l’an dernier.
De fait, le Canada est le quatrième plus important investisseur
direct en Inde.
Tout cela sert de toile de fond à cette Équipe Canada dont la
représentation impressionnante comprend des premiers ministres
provinciaux, des ministres fédéraux et des centaines de gens
d’affaires représentant des sociétés canadiennes parmi les plus
prestigieuses et les plus prospères des sociétés désireuses de faire
affaire avec des sociétés indiennes et de participer à l’expansion
des échanges et des investissements.
Nombre de ces sociétés représentent les secteurs de l’énergie, des
télécommunications, des services environnementaux, de
l’agroalimentaire, des services financiers et des transports. C’est
dans ces secteurs que nous croyons être en mesure d’étendre nos
relations commerciales. Ces entreprises veulent forger des liens qui
propulseront nos intérêts commerciaux vers de nouvelles cimes.
Nous pouvons déjà en observer plusieurs exemples. Au cours de ma
visite, j’ai assisté à la signature d’ententes entre des sociétés
canadiennes et indiennes totalisant 444000000 $. Ces
ententes étaient de toutes sortes grandes et petites et visaient
plusieurs secteurs d’activité.
Il s’agissait tantôt de déclarations d’intention, de lettres
d’intérêt ou de protocoles d’entente qui sont la promesse d’une
collaboration prochaine et de retombées avantageuses pour chacune
des deux parties.
Ces accords soutiendront la création d’emplois et la croissance
économique tant pour les Indiens que les Canadiens, et ce, pour de
nombreuses années.
C’est pourquoi, j’aimerais annoncer aujourd’hui un nouvel objectif
en matière d’échanges commerciaux entre nos deux pays un objectif
dont j’ai fait part aux dirigeants de votre gouvernement lors de nos
discussions. Un objectif que je pose en défi à relever aux gens
d’affaires de nos deux pays.
Je crois que nous pouvons et que nous devrions doubler le volume des
échanges entre le Canada et l’Inde au cours des deux prochaines
années. Et que nous devrions le quadrupler au cours des cinq
prochaines années.
Compte tenu du dynamisme de nos économies, de notre savoir-faire, de
nos valeurs communes, et de notre engagement envers la
libéralisation des échanges, l’emploi et la croissance, je crois que
ces objectifs sont plus que réalisables. Par ailleurs, la qualité de
vie de nos populations respectives demande à ce que nous nous
mettions au travail.
Je crois qu’Équipe Canada a jeté des bases sur lesquelles nous
pouvons bâtir. Bâtir de nouveaux liens et renforcer les liens entre
nos deux pays. Inaugurer une renaissance des rapports entre l’Inde
et le Canada. Un partenariat qui améliore la prospérité et la
qualité de vie des citoyens de nos deux pays.
Et je crois que, de la même manière dont nous identifions les
décennies suivant l’indépendance comme les beaux jours de nos
relations, nous nous souviendrons d’Équipe Canada et de cette
mission comme d’un point tournant qui nous a fait entrer dans une
nouvelle ère de coopération entre nos deux pays.]
[CChrétien=19960713]
[lieu=ottawa]
Il y a deux jours, en présence de tous les ministres, j’ai participé
à une cérémonie commémorative sur la colline du Parlement pour
souligner le 100e anniversaire de l’assermentation de Wilfrid
Laurier à titre de premier ministre du Canada.
Ce jour là, il y 100 ans, à 11 heure, Wilfrid Laurier sortit de son
domicile pour se rendre à Rideau Hall dans une voiture tirée par des
chevaux. Il était seul. (À l’époque, il n’était pas nécessaire de se
faire escorter par la GRC!). Il passa une heure et demie en
compagnie du gouverneur général, et revint de Rideau Hall investi
des pouvoirs de premier ministre. Il entra en fonction l’après-midi
même et le resta pendant 15 ans.
La chose importante que les gens oublient souvent à propos de
Laurier, c’est que, au début, il était contre la Confédération. Mais
il était un homme ouvert, et il devint vite convaincu de ses
avantages. En fait, il fut le partisan le plus enthousiaste du
Canada de son temps.
Laurier avait de grandes vues pour son pays. Aussi souhaitait-il
que
le XXe siècle soit celui du Canada. Il voulait que nous soyons un
pays fort et indépendant dont la voix serait entendue sur la scène
internationale. Et il souhaitait aussi que le Canada devienne le
premier pays moderne à proclamer sa diversité, à faire preuve de
tolérance, de grandeur d’âme et d’ouverture.
Avons-nous réalisé le rêve de Laurier? Avons-nous réussi
l’épreuve de l’histoire?
Il y a toujours des prophètes de malheur qui veulent rabaisser nos
réalisations. Mais je dis que nous avons réussi, haut la main. Il
suffit pour le voir de regarder un instant le Canada avec les yeux
de Wilfrid Laurier et de ses contemporains.
Qu’était le Canada au début de ce siècle? Nous disposions d’une
autonomie restreinte au sein de l’Empire britannique. Le Canada ne
comptait que sept provinces. Il avait moins de 6000000
d’habitants. Notre prospérité reposait alors principalement sur
l’exportation de produits bruts, comme le bois d’oeuvre et les
céréales. Nous ne pouvions siéger de façon indépendante aux grands
conseils internationaux. La notion même de filet de sécurité sociale
était inconnue.
Et maintenant, regardez tout le chemin que nous avons parcouru
depuis.
Nous avons joué un rôle clé durant les deux Grandes Guerres, un rôle
qui était sans commune mesure avec notre population. Nous avons
alors fourni la troisième marine marchande et la quatrième force
aérienne en importance. Nos soldats se sont distingués par leur
bravoure.
Vers le milieu du XXe siècle, le Canada s’est taillé une place de
puissance moyenne dans le monde des affaires. Les premiers ministres
Mackenzie King et Louis Saint-Laurent ont joué un rôle dans la
création des Nations Unies et de l’OTAN, et dans la transformation
de l’Empire britannique en Commonwealth. Le premier ministre Pearson
fut à l’origine de la force de maintien de la paix des Nations
Unies, ce qui lui valut le Prix Nobel. Le premier ministre Trudeau
fit entrer le Canada dans le G7, établissant de ce fait la
reconnaissance du Canada comme une grande puissance parmi les pays
industrialisés du monde.
Wilfrid Laurier serait heureux de savoir que, à présent, le Canada
possède la septième économie mondiale, que nous sommes les sixièmes
plus grands exportateurs et importateurs, que nous constituons le
septième plus important soutien financier des Nations Unies et que
nous comptons parmi les donateurs les plus généreux vis-à-vis les
pays en développement.
Il serait fier de voir que nous avons établi un système de
protection sociale à nul autre pareil.
Défenseur de l’harmonie dans la diversité culturelle, Laurier serait
content de voir que le Canada moderne est un modèle de tolérance et
d’ouverture pour les gens dans le monde entier. Il se réjouirait de
constater que nous reconnaissons notre patrimoine culturel, que les
droits des autochtones sont protégés, que le statut de nos langues
officielles est garanti et que le Canada joue un rôle de premier
plan au sein de la Francophonie mondiale.
Oui, nous avons réussi l’épreuve. Laurier se réjouirait de constater
que le Canada est devenu une grande société dans tous les sens du
terme. J’en veux pour preuve les Nations Unies qui, à trois
reprises, ont classé le Canada au premier rang des pays où il fait
bon vivre. Mais ce qui est plus important encore, c’est que les
Canadiens, dans chaque région, le savent. Dans leur coeur et dans
leur tête, ils savent que le Canada est le meilleur pays au monde.
Laurier était nettement en avance sur son temps en 1900 lorsqu’il
imaginait le Canada d’aujourd’hui comme une cathédrale gothique :
Je veux que le marbre demeure le marbre; que le granit demeure le
granit; que le chêne demeure le chêne… Je veux réunir tous ces
éléments et bâtir une nation qui deviendra une grande puissance du
monde.
C’est chose faite, Monsieur Laurier. La cathédrale canadienne a pour
pierre d’assise les visions et actions de nos prédécesseurs.
Laurier était un homme qui voyait loin, très loin. Il avait deviné
le potentiel de notre grand pays avec un flair remarquable.
Laissez-moi vous citer ses paroles une fois de plus :
… même si César disait qu’il aimait mieux être le maître d’un
village que valet à Rome, j’ai l’ambition d’appartenir à un grand
pays. J’entrevois le jour où le Canada comptera 30, 40000000
d’habitants, et où sa voix pèsera dans la destinée du monde.
En ce centenaire de l’assermentation de Laurier, ce jour est arrivé.
Nous sommes maintenant 30000000 de Canadiens. Nous avons été
fidèles à l’héritage laissé par Laurier. Profitons donc de cette
occasion qui nous est donnée aujourd’hui pour nous réjouir de nos
réalisations et trouver, en ce lieu où vécut Laurier, l’inspiration
d’un avenir meilleur pour nous tous.
Merci.
[CChrétien=19960313]
[lieu=afri]
Au nom des Canadiens et des Canadiennes, j’apporte un message très
simple aux populations de cette région. Non pas aux dirigeants ou
aux gouvernements mais aux Israéliens et aux Palestiniens eux-mêmes.
+ la population de cette région. Nous sommes conscients que votre
détermination est soumise à rude épreuve. Mais nous vous demandons
de ne pas perdre espoir. De ne pas céder à la peur et au terrorisme.
Continuez de croire à la paix.
Nous posons ici un geste de solidarité. Nous sommes venus nous
réunir avec les représentants de cette région et du monde entier.
Pour appuyer la paix. Pour dénoncer la violence et le terrorisme. La
paix doit réussir. La paix réussira. La violence et le terrorisme
des ennemis de la paix échoueront.
Ce sommet a été convoqué dans le prolongement des événements
tragiques qui ont récemment secoué Israël. Nous offrons au peuple
d’Israël nos plus sincères condoléances et notre solidarité face au
terrorisme. Et nous renouvelons notre appui au premier ministre
Peres et à Ra’ees Arafat dans leurs efforts pour mettre un terme à
ces gestes criminels d’une telle lâcheté.
Le Canada fait sa part pour combattre le terrorisme. Et ce qui est
très important pour nous, nous le faisons dans le respect des normes
internationales en matière de droits de la personne et du droit
international. Nous croyons que la coopération internationale est le
facteur indispensable qui nous permettra de vaincre le terrorisme.
Le partage de renseignements et d’expertise nous aidera à combattre
le terrorisme.
Nous devons tous être d’accord pour prendre les mesures nécessaires,
quelles qu’elles soient, pour faire en sorte qu’aucun pays ne puisse
impunément soutenir le terrorisme ou abriter des terroristes.
En décembre 1995, le Canada a été l’hôte de la première réunion
ministérielle sur le terrorisme des pays du P8. La Déclaration
d’Ottawa qui a été émise à l’issue de la réunion énonce les actions
à entreprendre pour combattre le terrorisme à l’échelle
internationale. Le Canada poursuit les objectifs de la déclaration
d’Ottawa dans chaque tribune internationale dont il est membre.
Mais il ne suffit pas de combattre le terrorisme, tous les pays de
la planète doivent également s’engager à rechercher la paix. Les
réalisations du processus de Madrid sont tout à fait remarquables.
Afin de nous assurer que ce mouvement se poursuive, la communauté
internationale doit montrer son appui soutenu pour le Conseil
palestinien nouvellement élu et pour les populations de la
Cisjordanie et de la bande de Gaza. De grands défis nous attendent.
Nous ne pouvons pas nous permettre de faillir à la tâche. Les
avantages de la paix représentent bien plus que la simple absence de
violence. Ces avantages sont bien tangibles. Ils sont concrets. Ils
représentent une meilleure qualité de vie, et une plus grande
prospérité pour ceux et celles qui en ont le plus besoin dans cette
région du globe.
La paix est une valeur précieuse. Tout particulièrement dans cette
région qui possède tant de choses qui nous sont tous chères. Elle y
est absente depuis trop longtemps.
Alors que nous nous tenons si près du mont Sinaï, à l’ombre de cette
tradition de droit et de promesse d’avenir, engageons-nous une
fois pour toutes à éliminer le terrorisme et à réaliser une paix
complète, juste et durable.
Nous avons fait trop de progrès, nous nous sommes trop avancés sur
cette voie pour permettre au concert de la haine, et à ses armes que
sont la peur et la terreur, de nous faire revenir en arrière.
Nous sommes à l’aube d’un nouveau millénaire. Les gestes que nous
poserons aujourd’hui ainsi que dans les jours et les mois à venir
seront décisifs quant à ce que sera ce millénaire : pacifique et
prometteur ou violent et chargé de haine. Notre choix est sans
équivoque. Tout comme notre responsabilité.]
[CChrétien=19961014]
[lieu=qué]
Au nom de tous les Canadiens, j’ai le plaisir de vous souhaiter la
bienvenue au Congrès mondial de conservation. Le Canada est honoré
d’être l’hôte de la plus importante rencontre mondiale sur
l’environnement depuis le Sommet de la Terre qui a eu lieu à Rio, en
1992.
Ce n’est pas la première fois que j’ai l’honneur d’accueillir au
Canada les membres de l’UICN. J’ai en effet prononcé un discours à
l’occasion de l’Assemblée générale que vous aviez organisée à Banff,
en Alberta, en 1972. À cette époque, j’étais le ministre responsable
de Parcs Canada.
Les choses ont bien changé depuis. Votre organisation est maintenant
devenue le plus important regroupement international de
conservation. Le monde se trouve actuellement devant des défis que
bien peu de gens auraient pu prévoir il y a vingt ans. Et notre
façon d’aborder les défis de la conservation a considérablement
changé. Nous reconnaissons maintenant la nécessité d’une
collaboration mondiale, car tous les pays sont touchés par ce que
font les autres. C’est pourquoi ils doivent tous travailler ensemble
afin de trouver des solutions à des problèmes d’envergure mondiale.
Tous les secteurs de la société doivent également unir leurs
efforts. J’ai toujours pensé que le gouvernement pouvait et devait
être une force constructive dans la société. Il est clair qu’on ne
peut laisser aux seules forces du marché les défis que présente la
conservation.
Au cours de la dernière décennie, le Canada a déployé de grands
efforts pour que soient conclus des accords et des conventions
d’importance. Le Sommet de la Terre a donné naissance à trois
grandes conventions. Je tiens d’ailleurs à féliciter l’UICN pour sa
précieuse contribution à l’élaboration, en particulier, de la
Convention sur la biodiversité. Le Canada a été l’un des premiers à
favoriser la conclusion de pareille convention et à la ratifier.
J’ai été heureux, il y a quelques mois de participer à
l’inauguration du Secrétariat de la Convention, ici même à Montréal.
Et je suis aussi très fier du fait que Montréal soit devenue un
important centre du mouvement environnemental mondial.
Bien entendu, la protection des espèces menacées d’extinction est un
aspect essentiel de la protection de la biodiversité. Chaque pays
doit faire sa part. Et j’ai le plaisir de vous annoncer que le
ministre de l’Environnement du Canada déposera bientôt au Parlement
une loi sur la protection des espèces menacées d’extinction. Les
gouvernements provinciaux et territoriaux ont également convenu en
principe d’un cadre national qui les engage à faire de même dans
leurs sphères de compétence. Il s’agit là d’un grand pas en avant.
Ici, au Canada, nous avons durement appris certaines leçons de
conservation et de viabilité. Il ne s’agit pas de choisir entre
d’une part, l’économie et les emplois, et d’autre part,
l’environnement. Une économie saine repose sur la conservation à
long terme de nos industries reposant sur les ressources
renouvelables, comme les pêches et l’exploitation forestière.
Au cours du présent congrès, vous ferez part de vos expériences,
tant positives que négatives. Le Canada a lui-même vécu l’expérience
des répercussions dévastatrices d’une utilisation non viable des
ressources. Il y a trois ans, lorsque mon gouvernement est arrivé au
pouvoir, il s’est vu confronté à l’effondrement possible des pêches
de l’Atlantique après des années de surpêche. Des milliers d’emplois
étaient alors en jeu. Le Canada a donc pris des mesures sévères pour
mettre fin à cette surpêche. Nous avons travaillé avec acharnement
pour que soit conclu un nouvel accord de l’ONU sur les stocks de
poissons migrateurs. Nous devons maintenant concentrer nos efforts
sur les 30 ratifications nécessaires pour faire mettre cet accord en
vigueur le plus tôt possible. Je veux que L’UICN sache qu’il s’agit
là d’une grande priorité pour le Canada. Nous espérons que tous les
autres pays en feront également leur priorité.
J’aimerais maintenant aborder un sujet qui me tient beaucoup à
coeur, le réseau des parcs nationaux du Canada.
Au cours de ma carrière politique qui a débuté il y a plus de 30
ans, rien ne m’a donné plus de satisfaction que ma participation à
la création de dix nouveaux parcs nationaux lorsque j’étais ministre
responsable de Parcs Canada.
Depuis la création du parc de Banff en 1885, nos parcs nationaux
sont le symbole du Canada. En 1911, le gouvernement fédéral a établi
la première direction générale des parcs dans le monde. Aujourd’hui,
Parcs Canada s’occupe de nos parcs et lieux historiques nationaux,
situés dans chaque province et territoire. Nous sommes très fiers de
cet organisme. Nous veillerons à ce que Parcs Canada ait les
pouvoirs et la souplesse nécessaires pour relever les défis du XXIe
siècle.
Il convenait tout à fait que l’UICN se réunisse à Banff en 1972.
Banff est peut-être notre parc national le plus célèbre, un endroit
unique au monde, dont la beauté et la grandeur coupent le souffle.
Le parc de Banff est très important pour les Canadiens et pour notre
gouvernement. Nous nous considérons comme les gardiens de ce site du
Patrimoine mondial. Lorsque nous avons pris le pouvoir, il y a trois
ans, nous avons reconnu que Banff était en danger. Nous avons mis
sur pied un groupe de travail pour examiner la situation. Il a
présenté ses recommandations la semaine dernière, et la
vice-première ministre a immédiatement annoncé des mesures
vigoureuses pour limiter le développement. Nous sommes déterminés à
protéger, pour toujours, l’intégrité écologique de Banff pour les
Canadiens et les citoyens du monde entier.
Notre gouvernement a aussi créé deux nouveaux parcs nationaux cette
année. Le parc national Wapusk, dans le Nord du Manitoba, compte
plus de 11000 kilomètres carrés et constitue l’un des plus grands
sites de naissance de l’ours polaire au monde. Nous avons aussi créé
le parc national Tuktut Nogait, qui s’étend sur plus de 16000
kilomètres carrés dans l’Ouest de l’Arctique.
Je suis très heureux d’annoncer aujourd’hui que le gouvernement du
Canada créera deux nouveaux parcs dans l’Arctique canadien. Le
premier sera établi dans un vaste bassin versant autour de la baie
Wager et représentera l’écosystème de la toundra. Le deuxième, sur
l’île Bathurst, comprend le site de mise bas d’une population
menacée de caribous Peary.
Cela signifie que, depuis six mois, le gouvernement du Canada a
réservé plus de 60000 kilomètres carrés en vue de la création de
nouveaux parcs nationaux, soit une superficie plus grande que la
Suisse et que la Nouvelle-Écosse.
Je suis également heureux d’annoncer aujourd’hui que notre
gouvernement déposera bientôt un projet de loi en vue de la création
d’un réseau d’aires marines nationales de conservation,
l’équivalent marin de notre réseau de parcs nationaux terrestres.
Créer de nouveaux parcs nationaux et protéger l’intégrité écologique
des parcs existants demeurera une grande priorité pour mon
gouvernement et pour moi-même.
Il convient tout à fait que le premier congrès mondial de la
conservation se déroule durant la fin de semaine de l’Action de
grâces, au cours de laquelle les Canadiens ont l’habitude de se
réunir pour remercier la nature de ses largesses.
Ce congrès témoigne du souci de protéger la planète et ses habitants
à l’aube du XXIe siècle. Les Canadiens et le gouvernement du Canada
appuient le travail important que vous accomplissez. Je souhaite que
vos délibérations soient productives. Merci.
[CChrétien=19960117]
[lieu=indonésie]
Je suis ravi de pouvoir aujourd’hui rencontrer les membres du Forum
des affaires Canada-Indonésie.
J’en suis à ma deuxième visite en Indonésie en 14 mois.
En novembre 1994, alors que j’assistais à la réunion des dirigeants
de l’APEC à Bogor, nous avons convenu de réaliser le libre-échange
entre les pays du Pacifique d’ici l’an 2020.
Il y a deux mois à Osaka, les leaders de l’APEC ont pris des mesures
concrètes pour que cette vision devienne une réalité.
Nous avons adopté un plan d’action clair en matière de
libéralisation des échanges et des investissements, en vue de
soutenir la croissance de nos relations économiques.
Lorsque j’ai rencontré le président Suharto en octobre, aux
célébrations du 50e anniversaire des Nations unies, il a eu la
gentillesse de m’inviter en Indonésie. J’ai accepté sa gracieuse
hospitalité, et j’ai amené de la compagnie avec moi. Je suis ici
aujourd’hui à Jakarta avec l’Équipe Canada, la plus importante
délégation de dirigeants politiques et de gens d’affaires canadiens
qui soit jamais venue en Indonésie. Nous voulons ainsi tabler sur la
vision de l’APEC et renforcer les liens commerciaux que nous
entretenons avec l’Indonésie.
L’Équipe Canada se compose de premiers ministres provinciaux, de
ministres fédéraux et de cadres supérieurs de nombre des plus
importantes entreprises de notre pays. Et nous sommes entourés d’un
nombre encore plus important de petites et de moyennes entreprises
des quatre coins du Canada.
Pourquoi les Canadiens sont-ils venus en aussi grand nombre à
Jakarta?
Nous sommes ici parce que nous attachons une grande importance aux
rapports économiques qui unissent nos deux pays.
Nous voulons accroître nos échanges commerciaux, nos investissements
et nos programmes de coopération technologique, afin de créer des
emplois et de générer des richesses pour les citoyens de nos deux
pays.
L’Indonésie est déjà le plus gros marché d’exportation du Canada en
Asie du Sud-Est. Nos échanges bilatéraux ont doublé depuis quatre
ans, et ils s’intensifieront encore grâce à la mission d’Équipe
Canada.
L’Indonésie a accueilli beaucoup d’investissements directs de la
part d’entreprises canadiennes, évalués à 6000000000 $
canadiens. Actuellement, plus de 80 sociétés canadiennes ont des
bureaux ici.
De nombreuses autres sociétés envisagent de leur emboîter le pas
dans les mois qui viennent. Et, encore une fois, cette mission
commerciale ne fera qu’accroître le nombre d’entreprises intéressées
par l’Indonésie.
Ce matin, nous avons assisté à la signature d’accords bilatéraux
importants entre nos gouvernements.
Grâce à une nouvelle entente sur les services aériens, il y aura
dorénavant un vol direct entre Jakarta et Vancouver.
Air Canada deviendra ainsi le premier transporteur nord-américain à
assurer une liaison directe avec l’Indonésie. De plus, cette entente
consolide le rôle grandissant de Vancouver comme porte d’entrée de
l’Amérique du Nord pour les pays du Pacifique.
Nous avons également signé des ententes destinées à cimenter les
liens qui unissent nos deux pays dans les domaines de l’éducation et
de la culture.
Ces ententes aideront nos jeunes à apprendre et à s’épanouir. Nous
connaissons l’importance que revêt l’apprentissage dans la nouvelle
économie mondiale.
Demain, nous inaugurerons un nouveau Centre canadien d’éducation à
Jakarta. Nous croyons qu’il deviendra une nouvelle ressource
importante pour les Indonésiens en leur permettant de découvrir les
immenses possibilités d’éducation qu’offre notre pays.
Toutes ces initiatives vont nous aider à grandir et prospérer comme
partenaires de la région Asie-Pacifique. Nous avons déjà d’ailleurs
beaucoup de choses en commun.
Et aujourd’hui nous annoncerons l’octroi d’une contribution du
Canada à la Commission des droits de la personne de l’Indonésie,
en témoignage de l’importance prioritaire que les Canadiens
attachent à cette question.
Nos deux pays ont beaucoup en commun. Ils doivent tous deux relever
les défis que représentent leurs vastes étendues géographiques. Et
trouver des moyens de mettre en valeur leurs richesses naturelles de
façon durable, dans l’intérêt de tous leurs citoyens.
Dans de nombreux domaines, que ce soit l’énergie, les transports,
les télécommunications ou l’environnement, le Canada et l’Indonésie
doivent mettre au point une infrastructure et des services «d’un
océan à l’autre».
Immédiatement après ce déjeuner, nous aurons l’occasion de nous
mettre au travail afin de relever ces défis.
Nos deux pays signeront des contrats commerciaux de plus de
2500000000 $. Il y a à peine quelques semaines, nous
n’osions espérer des résultats aussi élevés.
C’est là la magie d’Équipe Canada. Nous l’avions constaté en Chine,
l’année dernière, lors de la toute première mission de l’Équipe.
Pour la première fois de l’histoire canadienne, des premiers
ministres provinciaux et des chefs d’entreprises participaient à une
mission commerciale d’envergure. Et les résultats ont dépassé nos
meilleures attentes.
De tous les accords que nous avons signés l’an dernier en Chine,
plus de 95 % sont toujours en vigueur. L’année suivante, nous en
avons conclu d’autres pour une valeur dépassant 1000000000 $.
L’Équipe Canada témoigne de l’engagement du Canada à l’égard du
commerce international. Et l’Équipe est également la preuve que nous
comprenons l’importante réalité du monde d’aujourd’hui : c’est par
les échanges commerciaux qu’on crée des emplois. Des emplois et des
débouchés. La croissance de notre économie. Un meilleur avenir pour
nos enfants. La prospérité chez nous et à l’étranger.
Et l’Équipe Canada est aussi la preuve que, lorsqu’il est question
de concurrence sur les marchés dynamiques et florissants de
l’Asie-Pacifique, vous devez faire les choses en grand ou faire
demi-tour.
Toutes les grandes puissances économiques du monde comprennent cette
réalité. Et le Canada en est conscient lui aussi. C’est d’ailleurs
la raison pour laquelle nous avons créé l’Équipe Canada. Et c’est la
raison pour laquelle nous avons déjà la certitude que l’Équipe
Canada reprendra la route.
Après le déjeuner, vous aurez l’occasion de voir que l’Équipe Canada
sait faire les choses en grand, alors que des entreprises
canadiennes et indonésiennes signeront de nouveaux contrats d’une
valeur supérieure à 2500000000 $. Des contrats qui
créeront des emplois et qui favoriseront la croissance économique de
nos deux pays.
Dans le domaine de la fabrication. Dans le secteur des ressources et
de l’agriculture. Dans le domaine des services financiers. Dans
l’industrie des transports et des communications. Et pour tous les
types d’entreprises, les petites comme les grandes.
Tous ces accords témoignent de la solidité de notre coopération
économique.
Ils illustrent aussi dans quelle mesure le Canada est déjà présent
sur le marché indonésien.
Des entreprises venant de partout au Canada, petites, moyennes et
grandes, s’établissent en sol indonésien, appuyées par des
mécanismes de financement compétitifs des secteurs public et privé.
Elles entendent bien jouer un rôle dans la forte croissance
économique qui existe aujourd’hui et qui se poursuivra dans le
siècle prochain.
Les ententes commerciales signées aujourd’hui des ententes évaluées
à plus de 1000000000 $ canadiens font suite aux accords sur
le commerce et les investissements conclus en 1994 avec l’Indonésie.
Fait encore plus important, ces transactions constituent
l’aboutissement immédiat des objectifs que s’efforcent d’atteindre
le Canada et l’Indonésie dans le cadre de l’APEC :
Favoriser la libre circulation des marchandises, des capitaux et des
compétences entre nos économies, au profit de tous;
Créer une situation où tous sont gagnants et peuvent profiter de la
croissance économique ainsi que des possibilités qui s’offrent, dans
un climat qui favorise la création d’emplois et la stabilité
sociale.
Le Canada et l’Indonésie partagent à cet égard la même vision depuis
longtemps.
J’ai été frappé par cette similarité de vues durant mes discussions
avec le président Suharto et les dirigeants indonésiens durant les
réunions de l’APEC, à l’ONU et dans d’autres organisations
internationales.
Nous sommes déterminés à améliorer le niveau de vie et les
conditions d’existence de toutes les couches de nos sociétés. Nous
sommes conscients que le commerce international et les
investissements se traduisent par des emplois et par la croissance
économique.
Nous partageons un même engagement envers notre propre diversité
culturelle et linguistique.
Mesdames et Messieurs, je suis convaincu que les Canadiens font
bonne équipe avec les Indonésiens.
Le Canada possède les compétences, les produits, les technologies et
les capitaux nécessaires pour répondre aux besoins de l’Indonésie,
aujourd’hui comme demain.
L’Indonésie est importante pour le Canada.
Et nous voulons transformer ces liens que nous entretenons en un
partenariat fort et durable.
Je crois que c’est ce qui restera du passage d’Équipe Canada en
Indonésie. C’est aussi une réalisation dont nous pouvons tous être
très fiers.]
[CChrétien=19960618]
[lieu=ottawa]
À la fin de la semaine, je présiderai une réunion des premiers
ministres à Ottawa.
Cette réunion des premiers ministres ne sera pas dramatique. Nous ne
jouerons pas à la roulette l’avenir du Canada. Ce ne sera pas une
rencontre où l’on joue le tout pour le tout et qui tiendra les
Canadiens rivés à leur téléviseur. Et ce ne devrait pas l’être.
Cette réunion sera une étape, une étape dans ce long périple qu’est
le Canada. Notre pays se construit au jour le jour, une étape après
l’autre. Cela a toujours été comme cela et il continuera d’en être
ainsi. Les grandes initiatives ont leur place, mais l’édification
d’un pays ne défraie pas souvent les pages mondaines. Et vous savez
tous que je ne suis pas porté sur les pages mondaines.
C’est la technique des petits pas, des changements graduels. C’est
la démarche que nous avons adoptée à nos deux autres réunions des
premiers ministres. Et les deux ont été couronnées de succès. La
première a débouché sur le programme de travaux d’infrastructure et
le concept d’Équipe Canada. La seconde a abouti à un accord visant à
réduire les entraves au commerce intérieur.
Les Canadiens sont plus intéressés à voir leurs premiers ministres
travailler ensemble pour régler les vrais problèmes qui touchent
leur vie. Des questions comme promouvoir les emplois et la
croissance, protéger notre environnement, protéger nos programmes
sociaux, mettre fin au gaspillage et au double emploi dans
l’administration gouvernementale.
Il suffit de voir le succès remporté par l’Équipe Canada. Les
Canadiens aiment cette approche. Ils ont vu leurs dirigeants
politiques et les milieux d’affaires collaborer étroitement pour
promouvoir nos intérêts collectifs, notamment pour ouvrir des
marchés et stimuler des investissements qui seront synonymes
d’emplois et de prospérité pour tous. Je crois que c’est cet esprit
qui devra animer notre rencontre à la fin de la semaine.
La Réunion des premiers ministres devrait avoir trois grands thèmes
:
renforcer notre économie et promouvoir de bons emplois;
coopérer pour protéger et développer nos programmes sociaux;
rendre nos gouvernements fédéral et provinciaux plus efficaces, dans
le cadre du renouvellement du fédéralisme.
Pour une raison quelconque, certains croient que cette réunion des
premiers ministres ne portera pas assez sur l’économie. Cela est
faux. Tout ce que nous allons y discuter a pour objectif de
favoriser le renforcement de l’économie et d’améliorer le climat
d’investissement. Si à l’issue de la réunion tous les premiers
ministres sont parvenus à montrer que nous pouvons collaborer, cela
sera très bénéfique pour l’économie, le climat d’investissement et
la création d’emplois.
De fait, les gouvernements fédéral et provinciaux ont travaillé sans
relâche pour renforcer l’économie. Chacun des gouvernements
contribue à l’assainissement des finances publiques. La performance
économique du gouvernement du Canada qui était parmi les pires du
Groupe des Sept, il y a un peu moins de trois ans, compte
aujourd’hui parmi les meilleures. Il y a deux semaines, les premiers
ministres des provinces de l’Ouest ont souligné qu’en un peu plus de
quatre ans, leur bilan collectif est passé d’un déficit de
6000000000 $ à un excédent de 600000000 $. Ce
sont là des progrès remarquables. À la réunion des premiers
ministres, je crois que nous devrions nous engager à poursuivre dans
cette voie.
Mais une économie forte est une économie en croissance. Et au Canada
la croissance repose de plus en plus sur les exportations. Depuis
1993, depuis le début du mandat de notre gouvernement, les
exportations du Canada sont passées de 209 à 289000000000 $ par
année, ce qui représente une hausse de 38 % en
trois ans seulement. De fait, nos ventes sur les marchés étrangers
représentent désormais 37 % de notre produit intérieur brut, ce
qui veut dire que nous sommes devenus le pays du G-7 le plus
fortement axé sur les exportations.
Nous savons que les débouchés dans les pays en croissance rapide de
l’Asie et de l’Amérique latine sont énormes. C’est pourquoi j’ai
dirigé trois missions commerciales depuis trois ans, dont deux avec
les premiers ministres des provinces à la tête d’Équipe Canada.
C’est pourquoi nous avons vu nos entreprises conclure des marchés de
plus de 20000000000 $ durant ces missions. Posez la
question aux gens d’affaires qui y ont participé. Ils vous diront
que la formule d’Équipe Canada les a aidés à décrocher ces marchés.
Et plus important encore, il y a ces milliers de Canadiens qui
occupent de nouveaux emplois parce que les gouvernements fédéral et
provinciaux et le secteur privé ont travaillé ensemble.
Cette semaine, je proposerai de nouvelles possibilités pour l’Équipe
Canada avec les premiers ministres des provinces. J’espère que nous
serons en mesure d’annoncer notre prochaine mission.
Mais notre marché intérieur est la source principale d’affaires
ainsi qu’un tremplin vers le succès. Pour cette raison, nous devons
continuer d’éliminer les entraves au commerce intérieur qui imposent
des coûts inutiles aux consommateurs canadiens et qui sapent la
capacité concurrentielle de nos entreprises au pays. Nous avons
amorcé ce processus à la dernière réunion des premiers ministres, il
y a deux ans. Nous avons depuis résolu des questions importantes.
Mais les progrès se font attendre dans certains domaines. Je crois
que les premiers ministres devront faire un bilan sérieux de la
situation et se demander ce qu’il convient de faire pour aller de
l’avant. Nous avons besoin de nous fixer des objectifs et des
échéanciers bien précis en matière de libéralisation du commerce
intérieur.
Et nous nous devons de clarifier et de moderniser les rôles et les
responsabilités du gouvernement pour mieux servir la population
canadienne. Le gouvernement canadien a donc décidé de se retirer des
activités dont la responsabilité convient mieux au secteur privé ou
aux provinces dans les secteurs des mines, des forêts et des
loisirs.
C’est pourquoi nous adoptons une attitude semblable pour la pêche en
eau douce, secteur où nous offrons de déléguer certaines
responsabilités aux provinces. Et c’est aussi pourquoi nous nous
employons à céder aux provinces la responsabilité de
l’administration de notre parc de logements sociaux.
Nous voulons aussi instituer des partenariats avec les provinces et
le secteur privé dans les domaines qui ont une dimension à la fois
nationale et provinciale. Le modèle de la Commission canadienne du
tourisme, mise sur pied non seulement avec les provinces mais aussi
avec le secteur privé, montre bien qu’un peu d’imagination et de
souplesse peut rapporter beaucoup. Dans ce secteur, qui crée tant
d’emplois, tous les principaux intéressés au Canada mettent
désormais l’épaule à la roue.
Ce genre de partenariat est sensé. Aucun des partenaires n’est plus
important que les autres. L’organisme n’est ni fédéral, ni
provincial. Il s’agit d’un véritable effort conjoint. Et toute la
population peut en profiter. C’est aussi beaucoup plus logique.
C’est pourquoi nous proposons des partenariats dans les secteurs de
l’inspection des aliments, de la réglementation des valeurs
mobilières et de l’administration fiscale. Nous avons fait ces
propositions dans le discours du Trône de février et je veux en
discuter cette semaine avec les premiers ministres.
Je sais bien que l’idée d’un système national d’inspection des
aliments n’a rien de particulièrement excitant. Il est évident que
ce n’est pas la solution magique au problème de l’unité nationale.
Si cette proposition n’est pas tout à fait spectaculaire, elle peut
tout de même contribuer à moderniser la fédération, en donnant un
bon exemple de ce que cela signifie.
Les ministres de l’Agriculture des provinces se sont montrés
intéressés récemment par un système national d’inspection des
aliments. Un système qui ne serait ni fédéral ni provincial mais qui
reposerait sur le principe de la cogestion. J’ai hâte d’entendre les
points de vue des premiers ministres sur cette question plus tard
cette semaine.
Les deux ordres de gouvernement devraient coopérer pour clarifier
les rôles et les responsabilités de chacun. C’est ce que les
ministres de l’Environnement, y compris celui du Québec, ont convenu
de faire lorsqu’ils se sont rencontrés le mois dernier. Ils
élaboreront ensemble un accord-cadre qui permettra d’atteindre le
plus haut niveau de qualité environnementale au Canada et qui
orientera des accords ultérieurs plus précis.
Les ministres se sont engagés à travailler avec diligence à
l’élaboration d’ententes sur les normes environnementales, un
service d’inspection et l’évaluation environnementale. Le fait de
clarifier les rôles et les responsabilités permettra de réduire les
coûts et permettra au secteur privé de se conformer plus aisément
aux normes environnementales. Et réduire les frais des entreprises
tout en garantissant le respect des normes environnementales les
plus exigeantes qui soient constitue une façon pragmatique et
pratique de créer un climat favorable à la création d’emplois.
J’espère que les premiers ministres appuieront le travail des
ministres de l’environnement et leur diront de poursuivre et de
terminer ce qu’ils ont entrepris.
Toutes ces questions, qui font intervenir la clarification des rôles
et des responsabilités du gouvernement fédéral et des
administrations provinciales, seront inscrites à l’ordre du jour de
notre réunion de vendredi. Elles sont regroupées sous la rubrique du
«renouvellement de la fédération».
Dans chaque cas, il s’agit de prendre un dossier, de trouver
différentes façons de travailler ensemble pour le régler, pour
ensuite passer au suivant. C’est à cela que correspond le
renouvellement efficace de la fédération. Cela ne semble pas très
excitant. Certainement pas autant qu’une bonne bataille
constitutionnelle agrémentée de menaces et d’ultimatums. Mais je
crois que c’est le genre d’excitation dont les Canadiens peuvent
très bien se passer maintenant.
C’est pourquoi nous allons passer très peu de temps à discuter de
l’article 49 de la Loi constitutionnelle. Le mieux que nous pouvons
faire pour l’instant est d’éliminer cette échéance d’une conférence
constitutionnelle d’ici avril prochain.
Certains disent que les négociations constitutionnelles du lac Meech
et de Charlottetown nous ont déjà libérés de cette obligation
juridique, d’autres affirment le contraire. Je ne veux rien laisser
au hasard. Je veux être certain que nous nous sommes acquittés de
notre obligation. Je donnerai donc aux premiers ministres l’occasion
d’exprimer leur point de vue et ainsi, nous nous serons acquittés de
cette obligation. Il est évident que certains premiers ministres ne
veulent pas de longue discussion sur le mode de révision à la
réunion. Je n’ai rien contre. La discussion viendra plus tard, quand
tout le monde en voudra. Cela vaut beaucoup mieux que de plonger le
pays dans un exercice constitutionnel stérile et inutile.
Les Canadiens et Canadiennes veulent que nous nous concentrions
maintenant sur la création d’emplois. J’étais premier ministre
depuis six mois quand j’ai convoqué la première réunion des premiers
ministres. Nous avons alors décidé d’aller de l’avant avec le
programme fédéral-provincial-municipal de travaux d’infrastructure
que nous avions promis dans le Livre rouge, un programme d’une
valeur de 6000000000$.
Depuis deux ans et demi, ce programme a entraîné la création de plus
de 100000 emplois et permis de doter nos collectivités
d’installations améliorées qui dureront des années. Cela a été un
modèle de coopération entre les trois ordres de gouvernement.
J’ai l’intention de parler de la réussite de ce programme avec les
premiers ministres quand ils viendront à Ottawa. Et de la
possibilité de mettre sur pied un nouveau programme
d’infrastructure. Ce ne sera pas nécessairement une copie conforme
du programme qui s’achève maintenant. Il pourrait viser des secteurs
bien particuliers, dans la technologie de pointe ou dans la
technologie rudimentaire; les premiers ministres de l’Ouest ont
réclamé un programme routier national lorsqu’ils se sont rencontrés
il y a deux semaines. Il pourrait aussi servir à renforcer un
secteur économique en pleine croissance, comme celui du tourisme.
Les possibilités ne manquent pas. L’important, c’est de nous
inspirer de la réussite de notre partenariat concernant
l’infrastructure. De créer des emplois. D’investir dans la
croissance économique à long terme et dans une meilleure qualité de
vie pour tous les Canadiens tout en faisant preuve de responsabilité
budgétaire.
Lorsque nous parlerons d’emploi, nous pourrons être encouragés par
le fait que, depuis novembre 1993, quand ce gouvernement est arrivé
au pouvoir, le Canada a créé plus de 600000 emplois, soit plus que
l’Allemagne et la France réunies.
Mais nous devons également reconnaître que trop de jeunes Canadiens
ne profitent pas de cette croissance de l’emploi. Il nous appartient
de faire quelque chose. Notre gouvernement a doublé le nombre
d’emplois d’été cette année. Et plusieurs provinces ont agi dans le
même sens. À mon avis, il serait bon que les premiers ministres
trouvent des moyens par lesquels ils pourraient collaborer davantage
pour aider les jeunes Canadiens. Et nous devrions collectivement
inciter le secteur privé à accroître ses efforts dans ce sens.
La formation en vue du marché du travail est un autre domaine où
beaucoup pensent qu’un rééquilibrage des rôles profiterait à notre
économie. Nous les avons écoutés. Le gouvernement fédéral se retire
du secteur de la formation pour laisser les provinces libres de se
doter de programmes et de pratiques conformes aux besoins de leurs
citoyens.
Le gouvernement fédéral a offert aux provinces la possibilité
d’assurer l’exécution de mesures financées à même le compte de
l’assurance-emploi dans des domaines autres que la formation, comme
les subventions salariales, les suppléments de rémunération, l’aide
au travail indépendant et les partenariats pour la création
d’emplois. Cette proposition fédérale a généralement été bien reçue.
Nous allons en parler à la réunion. Les commentaires le plus souvent
positifs des gouvernements provinciaux m’encouragent grandement.
La réunion des premiers ministres offrira aussi l’occasion de
discuter d’un important document produit par neuf provinces, le
rapport du Conseil ministériel sur la politique sociale.
Ce rapport mérite notre attention. Nous avons tous l’obligation de
travailler ensemble pour assurer le maintien du filet de sécurité
sociale du Canada.
Nous devons tous prendre les choses en main et assumer nos
responsabilités.
En fait, le gouvernement fédéral est déjà intervenu dans le cas de
certains de ces dossiers, J’ai déjà parlé de la formation de la
main-d’oeuvre. Nous nous sommes déjà attaqués à une autre question
mentionnée dans le rapport du Conseil ministériel lorsque nous avons
stabilisé, dans le Budget de 1996, la composante en espèces du
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux.
Par ailleurs, nous avons aussi annoncé dans le discours du Trône que
dorénavant, le gouvernement fédéral n’utilisera pas son pouvoir de
dépenser pour mettre en place de nouveaux programmes à frais
partagés dans les sphères de compétence provinciale exclusive, sans
le consentement de la majorité des provinces, et en donnant à
chacune la possibilité de ne pas adhérer à de tels programmes.
C’est la première fois dans l’histoire canadienne qu’un tel
engagement est pris hors du cadre d’un accord constitutionnel. Et
cet engagement va encore plus loin que ce qu’on retrouvait dans
l’accord du lac Meech, que M. Bouchard a appuyé.
Nous avons donc fait la preuve de notre détermination dans ces
domaines et nous prouvons maintenant que nous prenons très au
sérieux les conclusions du rapport du Conseil ministériel même si
nous ne sommes pas d’accord avec tout ce qu’il contient.
Les premiers ministres de l’Ouest, lors de leur récente rencontre,
ont recommandé que nous nous mettions d’accord sur un objectif
national de réduction de la pauvreté chez les enfants. Je suis
d’accord et j’espère que tous les premiers ministres le seront
également.
Les premiers ministres de l’Ouest ont proposé une prestation
nationale pour enfant qui regrouperait tous les programmes fédéraux
et provinciaux destinés à venir en aide aux familles à faible
revenu. C’est un sujet qui mérite qu’on s’y arrête sérieusement.
J’espère que nous pourrons confier à des ministres le mandat de
chercher dès à présent des moyens concrets nous permettant de
réduire la pauvreté des enfants au Canada.
Mesdames et Messieurs, comme vous pouvez le constater, notre
programme est très chargé cette semaine.
Mais en retroussant nos manches et en nous mettant au travail, nous
pourrons faire des progrès. Ce que veulent les Canadiens, c’est
qu’on fasse un effort et qu’on travaille en équipe. Ce qu’ils
désirent, ce sont des changements qui profiteront à la population,
et pas simplement à la classe politique ou aux bureaucrates. Ce
qu’ils souhaitent, ce sont des progrès concrets, pas des batailles
de clocher.
Ce dont ils ne veulent pas, c’est du tordage de bras, des menaces et
des ultimatums, des crises de colère et des accusations, des accès
de jalousie et des gesticulations pour la galerie. Ce serait trop
facile, tant pour les autres premiers ministres que pour moi. Ce
n’est pas ainsi que je dirige une réunion. Et, si je me fie à ce que
m’ont dit tous les premiers ministres ces derniers jours, ce n’est
pas ce qu’ils désirent non plus.
Nous avons connu deux tentatives infructueuses de révision
constitutionnelle au cours des dix dernières années. Chaque fois, on
avait mis sur la table un ensemble complexe et important de
propositions qu’il fallait accepter ou rejeter en bloc. Et chaque
fois, malgré les meilleures intentions, l’opération a échoué. Le
pays n’était pas plus avancé, et le renouvellement de la fédération
non plus.
S’il y a un enseignement à retirer de ces expériences, c’est bien le
besoin d’adopter une nouvelle approche. Une approche étape par
étape, une approche pragmatique. Identifier un problème, s’entendre
et le régler. Puis s’attaquer au problème suivant.
Cette approche a l’avantage de bâtir petit à petit. Si nous voulons
réellement renouveler la fédération, et je crois que mes homologues
et moi le voulons réellement, alors le moment est venu d’adopter
cette nouvelle approche. Une approche qui fonctionne.
[CChrétien=19961118]
[lieu=ottawa]
Monsieur le président,
Je veux vous rendre compte ainsi qu’à la Chambre, des événements
remarquables de la semaine dernière. Je veux aussi expliquer les
raisons qui ont incité le Canada à prendre les devants pour mettre
sur pied une mission d’aide aux masses de réfugiés affamés d’Afrique
centrale.
Comme chacun sait maintenant, la situation s’est grandement
améliorée au Zaïre depuis que nous avons lancé notre initiative la
semaine dernière. De retour au Rwanda, les réfugiés ont croisé la
frontière par centaines de milliers. Ce changement serait dû à la
détermination démontrée par la communauté internationale sous
l’impulsion du Canada.
Beaucoup a été dit et écrit sur les gestes de notre gouvernement,
sur notre décision de briser l’impasse aux Nations unies, sur notre
effort de mobilisation de la communauté internationale, et sur
l’offre canadienne de diriger une mission multinationale dangereuse,
mais combien essentielle.
Cela étant dit, le Canada est passé à l’action parce que, en toute
conscience et par respect pour la dignité humaine, c’est ce qu’il
fallait faire. Nous avons agi parce que deux guerres mondiales et 40
ans de maintien de la paix, nous ont appris que le monde ne peut
simplement détourner le regard lorsque le désastre et la catastrophe
surviennent. Nous avons agi parce que, dans la profondeur de leur
âme, les Canadiens ont une conscience aiguë d’être des citoyens du
monde, qu’ils prennent cette responsabilité très au sérieux, et que
lorsque vient le temps de se tenir debout, le Canada est là.
Cette conviction nous a animé à travers deux guerres mondiales et 40
ans de maintien de la paix. Comme pays le plus privilégié au monde,
nous avons compris et mis en valeur la responsabilité qui découle de
notre citoyenneté mondiale.
Il n’y a aucun mystère dans notre impulsion, aucun calcul, aucune
arrière-pensée. Le gouvernement l’a ressentie. Les chefs des quatre
partis d’opposition, que nous avons consultés, l’ont ressentie. Les
hommes et les femmes des forces armées, qui, sans hésitation,
étaient prêts à se mobiliser, l’ont ressentie. Nos diplomates en
poste dans le monde entier, ainsi que des fonctionnaires des
ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’ACDI, qui
ont contribué à planifier et à organiser cette mission, l’ont
ressentie. Les Canadiens d’un bout à l’autre du pays l’ont
ressentie.
Alors la décision du gouvernement d’agir, d’en appeler à la
communauté internationale, n’a pas été difficile à prendre. Mais
elle n’a pas été prise à la légère, on ne décide jamais à la
légère de mettre des hommes et des femmes dans des situations
dangereuses, même quand ils font partie d’une grande force
internationale.
Mais cette décision allait de soi. Elle a été prise sans tambour ni
trompette, sans dramatisation et sans prétention. Nous avons plutôt
agi avec la discrétion typique et le pragmatisme qui caractérisent
les Canadiens ; il y avait un travail à faire et nous étions prêts à
nous en charger.
En soi, notre décision n’était donc pas remarquable. Ce qui l’était
cependant, c’est la réaction de la communauté internationale.
J’aurais souhaité que chaque Canadien puisse entendre les
conversations téléphoniques que j’ai eues la semaine dernière avec
les dirigeants d’autres pays.
Des dirigeants des pays les plus riches et puissants, à ceux des
plus petits pays en développement, en passant par le secrétaire
général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali, la réaction était
forte et allait dans le même sens : le Canada est un fidèle gardien
de la paix, un médiateur honnête, une force morale et humanitaire
qui rayonne autour du monde, encore et encore, c’est ce que les
chefs d’État et de gouvernement du monde entier m’ont répété.
Il est parfois utile de relever la tête, de faire le vide un
instant, et de se regarder à travers les yeux des autres. La semaine
dernière, dans nos appels aux pays du monde entier, dans notre
présence aux Nations unies, dans l’engagement rapide et approprié du
général Baril et de ses collègues, le monde a entendu la voix de la
raison et de la compassion. La voix d’un pays jeune qui ne porte pas
le poids d’une histoire si lourde pour tant d’autres pays. Un pays
bilingue et diversifié qui connaît l’importance du compromis et de
la compréhension mutuelle.
Ils ont vu un pays qui n’avait aucun intérêt personnel à défendre
dans son appel à l’action. Un pays qui a fait ses preuves dans des
opérations de maintien de la paix et des opérations militaires
délicates. Un pays qui a la crédibilité voulue pour organiser
l’effort international et la capacité de l’exécuter.
Ils ont compris que notre histoire, notre expérience et notre
réalité font de nous un pays unique pour accomplir cette tâche
urgente. Un pays sans passé colonial en Afrique. Un pays bilingue
qui a des liens avec cette région francophone du monde et qui est
capable d’y fonctionner. Un acteur sur la scène internationale, à la
fois membre du G-7 et puissance moyenne.
Monsieur le président, voici les raisons pour lesquelles nous avons
lancé notre initiative la semaine dernière. Voilà pourquoi nous
avons réussi à convaincre la communauté internationale de se joindre
à nous.
Mais il ne s’agit que d’un prologue à l’opération humanitaire
proprement dite. Les Canadiens ont le droit de savoir dans quoi nous
nous sommes engagés et ce à quoi nous pouvons raisonnablement nous
attendre.
En ce moment, plus de 400000 réfugiés sont rentrés au Rwanda, dans
la région de Goma. On s’attend à ce que 150000 autres traversent la
frontière au cours des deux prochains jours.
Ce sont là de bonnes nouvelles mais on ne doit pas perdre de vue que
les affrontements continuent dans la région et que la situation est
très volatile.
Nous savons que l’évolution de la situation va affecter la mission.
Laissez-moi vous dire ce qui a été fait pour en tenir compte.
Hier,
nous avons annoncé une nouvelle aide humanitaire pour répondre aux
besoins changeants sur place. Et nous avons envoyé le général Baril
dans la région pour évaluer la situation.
Le Canada et tous les pays engagés dans cet effort humanitaire sont
en contact étroit. Nous nous réunirons avec les représentants
d’autres pays à Stuttgart, jeudi, pour discuter des répercussions de
ces événements sur la mission militaire proposée. Le secrétaire
d’État pour l’Afrique se rendra sur le continent africain au cours
de la semaine pour y consulter des gouvernements. Et au cours des
prochains jours, le Canada convoquera une réunion des pays qui
apportent une aide humanitaire dans le but de mobiliser les appuis
en faveur des réfugiés qui rentrent.
Mais la communauté internationale doit poursuivre ses efforts pour
faciliter la tâche des organisations civiles de secours qui
dispensent l’aide humanitaire à ceux et celles qui souffrent, ce
dont nous sommes témoins tous les soirs à la télévision.
Et pour faciliter le retour des réfugiés qui veulent rentrer dans
leurs foyers au Rwanda.
Le Canada continuera donc de diriger les efforts de la communauté
internationale. Tous ensemble pour mettre un terme à la souffrance.
Pour le Canada, la semaine dernière a été un moment très spécial. Un
moment dont nous pouvons tous être fiers. Nous ne savons pas
exactement ce que les jours et les semaines à venir nous réservent.
Et au cours de ces moments difficiles, nous devons nous rappeler le
but de cette mission. Dans un siècle ravagé par les guerres et les
agressions diverses, cet engagement n’a rien à voir avec la conquête
ou la gloire.
Nous n’engageons pas le combat contre un ennemi. Notre seul ennemi,
c’est la souffrance humaine. Nous combattons la faim et la maladie.
Notre seul adversaire, c’est la douleur et la misère.
Nous avons déjà gagné une première bataille contre l’aveuglement
moral et l’égoïsme en mobilisant la communauté internationale autour
d’une action commune. Faisons maintenant ce qu’il faut pour
compléter notre tâche.
[CChrétien=19960519]
[lieu=cb]
C’est avec grand plaisir que je profite de cette occasion pour
m’adresser à un groupe aussi distingué sur une question aussi
importante.
Nous avons tous vécu une période de changements remarquables dans le
système financier international. La mondialisation et la technologie
rapprochent toujours davantage les marchés nationaux. Les mouvements
de capitaux ont augmenté de façon considérable, et les hauts et les
bas d’un marché se transmettent aux autres marchés par quelques
frappes sur un clavier.
Lorsque le Canada a accueilli le Sommet de Halifax l’été dernier,
ces changements étaient très présents à l’esprit des chefs du G7.
Nos économies dépendent de plus en plus de capitaux qui viennent de
l’extérieur de nos frontières. Au point en fait que bien des gens
croient que la souveraineté économique de l’État-nation est remise
en question.
Lorsqu’on a le sentiment de ne pas être en mesure de contrôler notre
destinée économique, cela ajoute à l’anxiété générale au sujet de la
sécurité d’emploi, de notre niveau de vie, et du monde qui sera
celui de nos enfants.
Pour ma part, je crois que nous devons faire face au changement, et
ne pas chercher à nous y soustraire. Nous devons préparer nos
citoyens non seulement à faire face au changement, mais aussi à
saisir les magnifiques possibilités qu’il présente.
Nous devons voir le changement dans une perspective plus large. Je
suis convaincu que le changement nous mènera vers un monde meilleur,
tant pour les pays en voie de développement que pour les pays
développés.
Au fur et à mesure de l’intégration de la communauté des
États-nations, les gens prennent connaissance de points de vue
différents. Et plus il devient difficile pour les gouvernements
autoritaires de réprimer la dissidence et d’étouffer la démocratie.
Les conséquences pour les droits humains et la qualité de la vie
sont profondes.
+ Halifax, les chefs du G-7 se sont interrogés pour savoir si les
institutions économiques mondiales telles que le FMI et la Banque
mondiale sont à la hauteur des nouveaux défis posés par l’économie
mondiale.
Alors que nous nous préparons pour le Sommet de Lyon le mois
prochain, les leaders politiques s’interrogeront pour savoir comment
nous pouvons améliorer les possibilités tant pour les pays en voie
de développement que pour les pays développés dans cette économie
mondiale en transformation rapide. L’objectif des décideurs doit
être de s’assurer que la mondialisation se fait à l’avantage de tous
les citoyens.
Les finances internationales ne connaissent pas de frontières. Les
transferts d’argent vont et viennent sans effort, bousculant les
taux d’intérêt et les taux de change. Et nous savons tous les
conséquences que cela peut avoir pour les plans les mieux tracés des
gouvernements.
Ces vagues financières semblent souvent causées par les sentiments
changeants ou les attentes à court terme des proverbiaux jeunes
ambitieux sur le parquet de la Bourse. Lorsqu’une crise se déclare,
un État-nation peut sembler impuissant.
+ mon avis, l’État-nation n’est pas impuissant. Il peut influencer
ces flux même s’il ne peut pas les contrôler.
Les décideurs peuvent travailler à rendre le système financier
mondial plus sûr en améliorant les mesures prises par les
gouvernements à l’échelle mondiale.
Fondamentalement cependant, les mouvements de capitaux sont à la
source même de la prospérité et du bien-être.
Au cours des années 90, nous avons observé un accroissement
phénoménal des mouvements de capitaux entre les pays. Ainsi les flux
de capitaux des pays industrialisés vers les pays en développement
ont triplé, passant de 40000000000 $ en 1990 à 125000000000 $ en
1994.
J’ai moi-même pu observer en Asie et en Amérique latine les effets
très positifs de cette tendance : de nouvelles infrastructures, de
nouveaux équipements et installations industrielles, ainsi qu’une
plus grande compétitivité. Nous assistons à un remarquable
renforcement du processus de libéralisation des échanges.
De la même manière, lorsqu’on analyse la performance économique,
tant des pays industrialisés qu’en développement, on voit très
clairement que ceux qui ont libéralisé leurs échanges, ouvert leurs
frontières à l’épargne étrangère, et ont travaillé pour favoriser
une plus grande intégration de leurs économies connaissent une
croissance plus vigoureuse.
Bien sûr que tout ne tourne pas toujours sur des roulettes dans
cette course à la mondialisation. Les conditions économiques et
politiques qui prévalaient au Mexique à la fin de 1994 ont coïncidé
avec un affaiblissement du climat d’investissement dans les pays
industrialisés. Résultat : la crise de change qui a secoué le
Mexique.
Je me suis rendu en Amérique du Sud dans les semaines qui ont suivi
la crise mexicaine. Je me souviens des graves inquiétudes qu’avaient
les dirigeants au Brésil, en Argentine et au Chili. Si ces pays
commercent très peu avec le Mexique, la crise eut un effet
instantané sur leurs taux de change.
Ces événements nous ont montré que les mouvements de capitaux, tant
par leur importance que par leur rapidité et leur ampleur, étaient à
la fois porteurs de menaces et d’avantages. L’information économique
voyage à la vitesse de l’éclair. Les réactions peuvent être
imprévues et brutales.
Le principal enseignement que nous puissions tirer de cette réaction
des marchés est d’une grande simplicité : lorsque ses finances
publiques sont saines, un État parvient à mieux absorber de tels
chocs.
Tous les pays emprunteurs, petits et grands, doivent prendre note de
ces enseignements. De nombreux pays industrialisés, y compris le
Canada, ont choisi de compter sur les marchés financiers
internationaux pour contribuer au financement non seulement des
investissements, mais également des mesures gouvernementales. Si
cela peut être un choix viable à court terme, le fardeau croissant
de la dette publique et des déficits budgétaires devient
éventuellement insoutenable. Cela se traduit par des taux d’intérêt
de plus en plus élevés et une plus grande insécurité au chapitre des
mouvements de capitaux; ce qui peut parfois entraîner une plus
grande volatilité des taux de change.
Tous les pays industrialisés ont dû apprendre leurs leçons de façon
pénible, et ont dû payer le prix.
Mais maintenant, nous avons compris les fondements. Nous sommes en
train de rétablir notre santé financière, et nous sommes en train de
regagner notre flexibilité financière. Cela nous permettra de
diriger nos ressources financières limitées vers ceux qui en ont le
plus besoin.
Nous pouvons déjà faire état de certains succès dans l’atteinte de
ces buts au Canada. Nous avons été en mesure de juguler l’inflation,
et les sommes d’argent que le gouvernement canadien est obligé
d’emprunter diminuent rapidement.
D’ici l’année 1997-1998, les besoins financiers du Canada se
situeront bien en bas de 1 % du PIB, comparativement à 2,6 % en
1995-1996. Sur cette base, le Canada connaîtra son déficit financier
le plus bas depuis 30 ans, et le plus bas parmi nos partenaires du
G7.
Il est vrai que la remise en ordre de nos finances limite ce qu’un
gouvernement peut faire à court terme. Cela ne signifie pas
cependant que nous cédons notre souveraineté aux marchés. En fait,
meilleure sera notre situation financière, moins nous serons
vulnérables aux lubies de ces jeunes ambitieux sur le parquet de la
Bourse.
Au niveau international, la clé, c’est de voir venir une crise comme
celle que nous avons vue au Mexique avant qu’elle ne se déclare.
Puis, de pouvoir nous mobiliser et agir rapidement.
Depuis la conférence de Bretton Woods en 1944, nous avons
constamment amélioré le filet de sécurité du système financier
mondial. En 1994 et 1995, nous avons constaté que le filet avait
quelques nouveaux trous. Lors du Sommet de Halifax, le G-7 a lancé un
certain nombre d’initiatives destinées à améliorer les mécanismes de
notre filet de sécurité.
Depuis, nous avons amélioré la capacité avec laquelle le FMI peut
prévoir les crises, nous avons mis au point de meilleures normes en
matière de traitement des données, nous avons mis en place un
dispositif de financement d’urgence, et nous travaillons
actuellement à doubler les ressources d’appoint qui sont à la
disposition du FMI en cas de crise.
Le Sommet de Lyon tablera sur les progrès réalisés lors du Sommet
d’Halifax en abordant le thème des moyens qui permettaient une
meilleure intégration des pays en développement à l’économie
mondialisée. L’un des problèmes qui ralentit l’intégration de
certains des pays les plus pauvres est leur niveau d’endettement.
Nous avons demandé avec insistance à la Banque mondiale et au FMI de
s’attaquer au problème de l’endettement des pays en développement
qui sont parmi les plus pauvres et les plus endettés.
Le Canada et d’autres pays créanciers ont fait énormément de progrès
dans le but d’alléger le fardeau de la dette de ces pays par la
réduction de la dette bilatérale au Club de Paris. Nous sommes
disposés à en faire davantage. Mais nous croyons que les problèmes
de dette multilatérale pourraient se régler en ayant recours dans
une large mesure aux dispositifs multilatéraux et non pas aux
dispositifs bilatéraux.
Je viens d’évoquer le risque rattaché à la mondialisation de
l’économie et ce que nous pouvons faire pour le réduire.
Mais je crois fermement et sincèrement que les avantages potentiels
d’une économie mondialisée l’emportent largement sur les risques
qu’elle représente.
Je n’ai jamais caché qu’à mon avis, le commerce accru avec la Chine,
l’Inde et avec d’autres pays en voie de développement est l’une des
meilleures façons d’apporter des améliorations à la vie des gens
ordinaires sur notre planète.
Je crois fermement qu’il s’agit là de la clé qui nous ouvrira les
portes d’un ordre économique et politique international offrant à
tous davantage de sécurité. La libéralisation du commerce et des
investissements rapproche les pays et accroît la prospérité
économique. Elle ouvre également le dialogue au sujet des problèmes
de tous les jours.
Traditionnellement, le Canada a toujours cru fermement au
multilatéralisme. Nous croyons que la meilleure façon d’amener les
autres pays à effectuer des changements positifs est de les faire
participer, et non pas de les isoler.
Pour nous, cette expérience internationale représente un actif
important. Le Canada est une société bilingue et multiculturelle, un
pays qui a participé de façon active aux affaires mondiales. En
conséquence, nous sommes en mesure de créer des liens avec les
cultures sur tous les continents. Dans un monde qui s’achemine vers
une mondialisation toujours accrue, il s’agit là d’un avantage
majeur.
Je sais cependant que cette nouvelle ouverture, que ces nouvelles
occasions mondiales et ces nouveaux marchés, peuvent également
susciter des inquiétudes. Je sais que dans les économies plus
développées, les gens s’inquiètent de l’ampleur et de la rapidité
des changements. Cela est vrai au Canada, comme aussi dans bien
d’autres endroits à travers le monde.
Les gens s’inquiètent de leur emploi; ils s’inquiètent aussi des
possibilités d’emploi pour leurs enfants. Ils ne sont pas sûrs
qu’ils peuvent vraiment envisager une vie plus sûre et plus
prospère. Il est difficile pour les gens de comprendre et d’accepter
les forces économiques beaucoup plus vastes qui transforment nos
vies aujourd’hui.
La sécurité d’emploi ne peut être garantie en fermant la porte aux
forces du changement. Ce n’est pas en se mettant la tête dans le
sable que l’autruche peut se défendre ou tirer avantage des
nouvelles possibilités. La sécurité, cela signifie avoir confiance
en nous-mêmes pour faire face à une communauté mondiale dynamique en
évolution.
Les enjeux et les défis sont nombreux et complexes. Ainsi,
l’expansion rapide des activités dans le domaine des
télécommunications ouvre bien des perspectives enthousiasmantes,
particulièrement pour les pays tels que le Canada qui font preuve
d’un leadership innovateur dans ce domaine. Cette expansion
rapproche également les gens et les pays dans une communauté
mondiale et ouvre la porte à de nouvelles idées, à de nouvelles
valeurs, et à de nouvelles créations. Oui, bien sûr, il s’agit d’une
remise en question du statu quo, et de nos identités culturelles
distinctes. Il nous faut trouver une approche équilibrée.
Il n’y a pas de façon facile de nous adapter aux nombreux défis qui
se posent à nous.
Certains voudraient remonter le temps pour retrouver des jours plus
tranquilles.
Cela est impossible. Nous ne pouvons éviter le changement. Nous ne
pouvons pas arrêter les progrès techniques. Nous ne pouvons pas non
plus arrêter la mondialisation. Nous devons faire face au
changement, et nous devons nous y ajuster. Nous avons la
responsabilité à l’égard des pauvres de ce monde que tous ces
progrès se révèlent à leur avantage.
N’oublions pas que le système financier mondial fait ce qu’il est
censé faire : un grand flux de capitaux, qui va des investisseurs
aux pays développés et en voie de développement.
Quel est l’effet de la mondialisation sur les valeurs humaines? De
toute évidence, à cet égard, le dossier est bien ambigu. Mais je
suis convaincu que dans l’ensemble, la mondialisation entraîne bien
des changements positifs, y compris une plus grande prospérité pour
plus de gens dans un plus grand nombre de pays, et l’ouverture de
sociétés qui jusqu’ici étaient très fermées.
Si nous regardons autour de nous dans le monde, et particulièrement
dans des régions telles que l’Amérique centrale et l’Afrique, nous
constatons maintenant la présence de plus en plus de gouvernements
démocratiques, qui sont maintenant la norme plutôt que l’exception.
Je crois qu’il ne s’agit pas là d’une coïncidence, mais que la
mondialisation s’est accompagnée d’un mouvement vers la démocratie
dans bien des États-nations.
Le problème, c’est que bien des pays parmi les plus pauvres ne
peuvent soutenir le rythme. Ils sont en train de se faire
marginaliser. Nous le voyons dans l’Afrique du sud du Sahara, dans
les Antilles, comme aussi en Amérique centrale. J’ai parlé de ces
préoccupations avec bien des chefs politiques de ces régions au
cours des derniers six mois : au Sommet de la Francophonie au Bénin,
au Sommet des Antilles Canada-Commonwealth à Grenade, et au cours de
la semaine dernière à Ottawa avec six leaders de l’Amérique
centrale.
Ce qui m’a frappé, c’est le fait que la préoccupation principale de
ces leaders ne soit pas l’aide. Leurs économies peu robustes sont
assaillies par des forces sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle.
Ce qu’ils veulent, c’est de l’aide pour s’adapter à ces changements
rapides.
Nous ne pouvons négliger ces appels à l’aide. Déjà, nous permettons
à 90 % des marchandises en provenance de ces pays d’entrer au Canada
en franchise de droits. Nous continuerons à travailler avec ces
gouvernements afin de les aider à préparer leurs économies à faire
face aux changements auxquels elles devront s’adapter.
Dans nos propres pays, les gouvernements ont un rôle très important
à jouer afin de s’assurer que les gens pourront saisir les avantages
du changement, tout en aidant ceux qui ne peuvent s’adapter aussi
rapidement.
Si nous voulons que nos citoyens puissent s’adapter dans ce monde en
évolution rapide, nous devons être prêts à leur fournir la formation
et l’éducation appropriées pour les aider. Car nous savons qu’il est
impossible de garantir de bons emplois aux générations futures dans
une économie mondialisée sans une éducation supérieure. Nous devons
également maintenir un filet de sécurité sociale adéquat,
particulièrement à l’intention des plus vulnérables, et les rassurer
que ceux qui ne peuvent s’adapter pourront pourtant disposer d’une
certaine protection.
La remise en ordre des finances publiques nous assurera les
ressources qui nous permettront de remplir cette responsabilité.
Une distribution équitable des fruits d’un commerce accru au sein
des nations du globe nous assurera de la stabilité à long terme
nécessaire pour le progrès et la prospérité futurs.
Bien des gens pensent que la mondialisation nous impose une saine
discipline qui mènera à des économies plus fortes à long terme. Je
pense qu’il y a une bonne part de vérité dans cette idée.
Mais comme le faisait remarquer l’économiste John Maynard Keynes,
rien ni personne n’est éternel.
En tant qu’hommes politiques, nous savons que les électeurs sont
beaucoup plus préoccupés par le temps présent et l’avenir immédiat
que par le siècle prochain. Nous savons également que les jeunes
ambitieux sur le parquet de la Bourse peuvent causer des dégâts
considérables à court terme.
En tant qu’anciens leaders, vous profitez d’une perspective unique.
Vous comprenez les facteurs économiques et politiques immédiats qui
sont en jeu probablement mieux que quiconque. Mais dans ce forum,
vous avez l’occasion d’examiner les enjeux à long terme dans un
environnement qui est relativement à l’abri des distractions
quotidiennes de la vie politique. C’est pourquoi je serai très
intéressé d’avoir vos avis sur ces sujets importants.
Comme je l’ai dit plus tôt, je crois que nous devons faire face au
changement, et non pas lui tourner le dos. J’ai pleine confiance que
nous saurons relever ces nouveaux défis en harnachant la dynamique
du changement, tout comme nos ancêtres l’ont fait avant nous.
[CChrétien=19960320]
[lieu=ottawa]
Je suis très heureux d’être ici avec vous aujourd’hui pour souligner
la Journée internationale de la Francophonie.
Je pense que toutes les personnes ici présentes connaissent
l’attachement de mon gouvernement à la Francophonie, à son
développement et à son renforcement. Les Canadiennes et les
Canadiens sont plus conscients que jamais de l’importance d’une
présence dynamique de notre pays au sein de la grande famille
francophone.
En fait, la participation du Canada à la Francophonie internationale
est le prolongement logique de la composition linguistique de notre
pays. En effet, plus de 8500000 personnes parlent
français au Canada et c’est la langue maternelle de près de 7000000
d’entre elles. Pendant l’année scolaire en cours, 305000
élèves non francophones suivent des cours d’immersion en français,
un chiffre record, et plus de 2000000 d’autres étudient le
français comme langue seconde.
Comme la majorité d’entre vous le sait sans doute, j’ai eu le
plaisir et l’honneur de diriger la délégation canadienne au sixième
Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Cotonou, au Bénin, en
décembre dernier. Ce fut une expérience mémorable. J’aimerais
d’ailleurs vous parler brièvement des objectifs que le Canada a
atteints à cette réunion des 49 chefs d’État et de gouvernement de
la communauté francophone.
C’était mon premier sommet francophone et ce qui m’a
particulièrement frappé, c’est la franchise et la cordialité des
échanges entre les chefs d’État et de gouvernement ainsi que
l’esprit constructif dans lequel le sommet s’est déroulé.
Je crois pouvoir dire que le Canada a atteint les trois objectifs
principaux qu’il s’était fixés.
Le premier correspondait à la nécessité de donner suite aux
recommandations du Sommet de Halifax en faveur de la réforme des
Nations unies et des institutions économiques internationales. Le
Sommet de Cotonou a adopté une résolution sur l’efficacité de l’aide
au développement et le renforcement des institutions économiques
multilatérales de développement.
Nous nous étions également fixé comme but de donner une dimension
plus politique à la Francophonie. Nous y sommes arrivés en adoptant
une série de résolutions de nature politique et en créant le poste
de Secrétaire général de la Francophonie, poste qui trouvera un
titulaire à l’occasion du Sommet de Hanoï en 1997. Il faut aussi
souligner l’engagement de la Francophonie dans la prévention des
conflits au sein des pays qui la composent, engagement relié
directement à la solidarité qui s’est développée au cours des ans
entre ces pays.
Le troisième objectif que nous nous étions fixé correspond à un défi
qui se pose pour tous les pays de la Francophonie. Il s’agit de la
consolidation, de l’épanouissement et du rayonnement de cette langue
«que nous avons en partage» et, à travers elle, de la promotion des
grandes valeurs d’humanisme et de solidarité.
Bien sûr, nous avons déjà de bons outils à ces fins, comme TV5,
l’Agence de coopération culturelle et technique et l’Association des
universités francophones, tous des outils que la Francophonie
s’efforce de rendre encore plus dynamiques, efficaces et
innovateurs. Il faut cependant faire encore plus si nous ne voulons
pas que notre langue soit marginalisée.
La langue française est en effet un véhicule avec lequel de nombreux
peuples ont tracé le chemin de leur histoire. À l’heure de la
mondialisation, ce chemin est devenu une autoroute, celle de
l’information. Le Sommet de Cotonou a répondu à ce défi et il a
engagé résolument la communauté francophone mondiale sur l’autoroute
de l’information.
Par cette action, la Francophonie multiplie son potentiel
d’interaction avec le reste de la planète en se donnant un meilleur
accès à ce que d’autres ont à nous offrir, et en leur offrant en
retour ce que nous avons de mieux. Notre langue pourra ainsi prendre
la place qui lui revient.
Vous me direz que la Francophonie s’est donné tout un programme.
C’est vrai et, d’après moi, c’est la seule façon d’aller de l’avant
dans le monde qui est le nôtre et, d’ailleurs, je suis persuadé que
nous aurons des résultats concrets à présenter au prochain sommet.
Chers amis, voilà ce que je voulais vous dire du Sommet de Cotonou.
La Francophonie est encore bien jeune, mais elle est très consciente
de ses responsabilités. Je suis persuadé qu’un brillant avenir
l’attend et qu’elle saura le saisir.
En terminant, je m’en voudrais de ne pas saluer l’engagement
exceptionnel envers la francophonie du sénateur Jean-Robert Gauthier
qui ne peut malheureusement être avec nous aujourd’hui. Ce grand
francophile est président de la section canadienne et vice-président
international de l’Assemblée internationale des parlementaires de
langue française. Sa ténacité et son apport à la communauté
franco-ontarienne lui ont d’ailleurs valu de nombreuses
distinctions.
Merci.
[CChrétien=19961121]
[lieu=cb]
C’est toujours avec plaisir que je m’arrête à Vancouver et en
Colombie-Britannique. Mais c’est encore plus approprié aujourd’hui
alors que je suis en route vers la réunion des dirigeants
économiques de l’APEC à Manille, aux Philippines.
Notre appartenance à l’APEC est la manifestation de notre identité
en tant que pays du Pacifique. Nous faisons partie d’une région où
l’on retrouve les marchés les plus dynamiques et en pleine
croissance. C’est la région par laquelle passera le prochain
millénaire. Et ce qui nous arrime avec cette région, ce n’est pas
seulement la géographie, c’est une certaine attitude, une certaine
façon de penser et d’envisager l’avenir… c’est la
Colombie-Britannique.
Il n’y a rien de nouveau là-dedans pour les Britanno-Colombiens.
C’est quelque chose qu’ils ont compris depuis longtemps. C’est pour
cette raison que les gens d’affaires de Colombie-Britannique sont
parmi les plus déterminés à conquérir de nouveaux marchés de l’autre
côté du Pacifique. Mais comme c’est souvent le cas avec les bonnes
idées qui naissent sur la côte ouest, elles mettent parfois un peu
de temps avant de se répandre dans l’est.
De fait, nous avons été un pays du Pacifique pour la plus grande
partie de notre histoire, soit depuis l’adhésion de la
Colombie-Britannique à la Confédération en 1871. Et nous ne nous en
étions même pas aperçus. Nous nous préoccupions davantage de nos
liens transatlantiques et continentaux.
Lors de l’accession au pouvoir de notre gouvernement, nous étions
déterminés à changer cela. Dans le Livre rouge, nous affirmons que
le Canada renforcerait ses relations commerciales avec les pays de
l’Asie-Pacifique. Nous n’avons pas changé d’orientation depuis. Pour
la première fois de notre histoire, nous avons nommé un membre du
conseil des ministres responsable uniquement des questions relatives
à l’Asie-Pacifique, Raymond Chan, secrétaire d’État pour
l’Asie-Pacifique. Et deux semaines seulement après l’élection de
notre gouvernement, mon premier voyage à l’étranger en tant que
premier ministre aura été de participer à la première réunion des
dirigeants économiques de l’APEC à Seattle.
Et nous ne nous sommes pas arrêtés là. J’ai eu le privilège de
diriger deux des missions commerciales les mieux réussies de
l’histoire du Canada, soit les deux missions d’Équipe Canada en
Asie. Avec une prestigieuse délégation de premiers ministres
provinciaux et de gens d’affaires, nous avons montré aux pays de
l’Asie-Pacifique qu’après des années de tergiversations et
d’hésitations, le Canada prenait désormais la région du Pacifique au
sérieux.
Il y aura deux ans ce mois-ci que nous avons complété la première
mission d’Équipe Canada en Chine. En janvier dernier, Équipe Canada
reprenait la route, cette fois à destination de l’Inde, du Pakistan,
de l’Indonésie et de la Malaisie. Résultats : des ententes évaluées
à plusieurs milliards de dollars pour les entreprises canadiennes,
des milliers de nouveaux emplois pour les Canadiens, ainsi qu’une
nouvelle visibilité et un plus grand rayonnement du Canada en Asie.
Comme vous pouvez le constater, notre gouvernement a accordé une
importance prioritaire au développement de l’identité du Canada en
tant que pays du Pacifique. Et en ce qui me concerne cela demeure
prioritaire.
C’est pour cette raison que notre plus ambitieux projet tourné vers
le Pacifique se déroulera en 1997 soit l’Année canadienne de
l’Asie-Pacifique. Cette année soulignera l’engagement et la
participation du Canada dans cette région.
Nous aurons ainsi l’occasion de faire le point sur nos réalisations
et montrer notre attachement envers la communauté de
l’Asie-Pacifique. Ce sera aussi l’occasion de propulser nos
relations vers de nouveaux sommets.
Le point culminant de l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique sera la
réunion des dirigeants économiques de l’APEC, qui aura lieu ici, à
Vancouver, en novembre prochain.
Le Canada assumera la présidence de l’APEC après la réunion de
Manille. Notre priorité sera de contribuer à l’avancement de l’APEC
en fonction de l’objectif de créer une zone de libre-échange et
d’investissement pour les pays industrialisés d’ici l’an 2010 et
d’ici l’an 2020 pour les pays en voie de développement.
Bien que notre programme économique soit d’une très grande
importance, l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique déborde du cadre
de l’APEC.
La semaine dernière, ici même à Vancouver, mes collègues David
Anderson et Raymond Chan ont annoncé que cette année spéciale
soulignera la place importante que les Canadiens occupent dans la
communauté de l’Asie-Pacifique. Ils ont encouragé les entreprises,
ainsi que les organismes voués à la jeunesse et les organisations
culturelles à lancer des activités qui mettront l’accent sur la
diversité et l’ampleur des relations du Canada avec nos partenaires
de l’Asie-Pacifique, et nous aideront à étendre davantage nos
relations.
Des projets d’activités commencent à voir le jour et, permettez-
moi de vous assurer dès aujourd’hui que l’Année canadienne de
l’Asie-Pacifique sera une remarquable célébration du commerce, de la
culture et de l’avancement. Je vous encourage donc tous à y
participer. Nous avons beaucoup de choses à célébrer.
Prenons Vancouver, par exemple. Au cours de ma vie, j’ai souvent eu
l’occasion de visiter la grande ville de Vancouver, dont plusieurs
fois à titre de premier ministre. Chaque fois, je suis frappé par la
dimension internationale des activités commerciales.
Je suis impressionné par le nombre de navires de charge ancrés dans
la Baie English, qui attendent de passer sous le pont Lion’s Gate
pour charger ou décharger leurs marchandises. Lors d’une de mes
récentes visites, j’ai assisté à l’inauguration de la nouvelle
expansion de l’aéroport international de Vancouver. Selon les lignes
aériennes Canadien, la hausse du nombre de voyageurs entre l’Asie et
le Canada compte pour 75 % dans la hausse enregistrée ici depuis
1991.
La prospérité de la Colombie-Britannique repose en grande partie sur
le commerce et les investissements avec la région de
l’Asie-Pacifique. Bien entendu, les grandes sociétés minières et
forestières de la province occupent d’importants marchés au Japon,
en Chine et en Indonésie.
Mais ce que j’ai vu lors des missions d’Équipe Canada en Asie m’a
aussi assuré qu’un grand nombre de petites et de moyennes
entreprises créent des emplois ici, à la suite d’ententes conclues à
l’étranger. Et que les retombées sont tout aussi positives pour
leurs fournisseurs locaux.
Vancouver bénéficie également d’importants investissements provenant
de l’Asie-Pacifique. Pour se rendre compte de l’importance des
investissements étrangers, il suffit d’observer la transformation de
False Creek. Les sociétés asiatiques ont joué un rôle de premier
plan dans le développement des industries traditionnelles du secteur
primaire.
Vancouver est allée de l’avant et le reste du Canada lui a emboîté
le pas. Les partenariats avec l’Asie-Pacifique sont maintenant un
phénomène répandu d’un bout à l’autre du pays.
Les entreprises qui ont participé aux missions d’Équipe Canada en
compagnie des premiers ministres provinciaux, et qui ont conclu des
ententes évaluées à plusieurs milliards de dollars se retrouvent
dans pratiquement toutes les provinces canadiennes.
Les données brutes sont éloquentes en terme de réussite commerciale.
Les exportations canadiennes vers l’Asie-Pacifique ont grimpé de 32
% entre 1994 et 1995, pour atteindre la somme de 27100000000 $. Nos
exportations vers le Japon ont grimpé de 24 %,
et celles vers l’Asie du Sud-Est Singapour, la Malaisie, la
Thaïlande et l’Indonésie ont fait un bond de 47 %.
Parallèlement à ce phénomène, on peut observer que les
investissements en provenance de l’Asie contribuent à la croissance
économique dans nombre de régions au pays, en passant par les usines
de traitement de sables bitumineux à Fort MacMurray, en Alberta; les
usines d’assemblage d’automobiles à Cambridge, en Ontario; et les
fonderies de Sydney, en Nouvelle-Écosse.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, l’appartenance du Canada à
la communauté de l’Asie-Pacifique est très riche, diversifiée,
dynamique et elle s’accroît sans cesse. En 1997, nous célébrerons
cette appartenance ainsi que notre engagement à favoriser son
développement.
L’année canadienne de l’Asie-Pacifique sera une grande fête. Mais ce
sera bien plus encore. Depuis la mise sur pied de l’APEC en 1989,
les efforts du Canada ont visé une meilleure collaboration avec nos
partenaires pour assurer une croissance soutenue ainsi qu’un
meilleur accès aux marchés.
Pour atteindre cet objectif, il est impératif d’éliminer les
barrières au commerce qui nuisent à la croissance économique et à la
création d’emplois.
Nous avons parcouru beaucoup de chemin en quelques années à peine.
Il y a deux ans, en Indonésie, les dirigeants économiques de l’APEC
ont appuyé le principe d’une zone de libre-échange dans la région.
Nous avons établi un calendrier relatif à la libéralisation des
échanges et des investissements. L’an dernier, au Japon, chacun de
nous a accepté de produire un Programme d’action énonçant les grands
gestes que nous poserions pour atteindre l’objectif visé.
Cette année, aux Philippines, je dresserai, avec les autres
dirigeants économiques de l’APEC, un tableau des progrès réalisés et
nous discuterons des moyens à prendre pour favoriser un meilleur
accès aux marchés et pour soutenir la croissance économique.
Il est primordial que le Canada, en tant que président de l’APEC,
maintienne l’impulsion qui a été donnée en faveur de la
libéralisation des échanges. Nous affichons quelques belles
réussites à ce chapitre, notamment par la mise en place de l’Accord
nord-américain de libre-échange et de l’Organisation mondiale du
commerce. Les avantages que nous retirons de l’élimination des
barrières commerciales se manifestent dans la croissance de nos
exportations.
L’échéancier prévu par l’APEC pour la libéralisation des échanges et
des investissements a été fixé au siècle prochain, mais nous
n’attendrons pas jusque là. La plupart des choses que nous
souhaitons sont à portée de la main dès aujourd’hui en améliorant
les conditions d’affaires dans la région.
Par exemple, une collaboration plus étroite entre les membres de
l’APEC permettrait d’améliorer les opérations douanières par la mise
en place de systèmes entièrement informatisés. Nous pourrions ainsi
faciliter les échanges dans la région.
Les idées que nous mettons de l’avant ne sont pas produites en vase
clos. L’APEC reconnaît le rôle que le secteur privé doit jouer pour
stimuler la croissance économique. Les dirigeants économiques de
l’APEC ont amorcé un dialogue avec le Conseil commercial consultatif
de l’APEC. En 1997, le Conseil sera présidé par le Canada, et je
suis fier de souligner que deux des membres canadiens sont de
Vancouver : Dorothy Riddle et Terry Hui.
Également aux Philippines, je m’adresserai aux participants d’une
importante conférence de l’APEC sur le commerce international. Au
cours de la conférence, les représentants des milieux d’affaires
canadiens discuteront des possibilités commerciales avec leurs
homologues provenant des 18 pays membres de l’APEC.
Pendant l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique, le Canada organisera
une série de forums d’affaires qui exploreront les perspectives
commerciales dans la région. Nombre d’entre eux seront présidés par
des ministres canadiens qui inviteront leurs homologues de
l’Asie-Pacifique à encourager la formation de nouveaux liens de
coopération dans des domaines tels que l’énergie, les transports,
l’environnement et les petites et moyennes entreprises.
Je suis très heureux de l’engagement affiché par un aussi grand
nombre de Canadiens désireux d’améliorer nos partenariats avec
l’Asie-Pacifique. Les succès remportés lors des missions d’Équipe
Canada en donnent un bon exemple.
Un succès qui ne se limite pas aux seules missions commerciales,
mais qui se manifeste dans la qualité soutenue des relations
d’affaires que ces missions ont permis d’établir.
J’ai eu l’occasion de visiter certaines des entreprises canadiennes
qui avaient pris part à des missions d’Équipe Canada. Et j’avoue que
ce que j’y ai vu m’a fortement impressionné.
Les entreprises ne se limitent pas seulement à répondre aux
premières commandes effectuées lors des missions, elles ajoutent à
leur carnet de commandes et transigent avec de nouveaux clients. Et
pas seulement dans les pays que nous avions visités ensemble, mais
également dans d’autres pays.
Lorsque j’ai assisté à la signature d’ententes commerciales pendant
les missions d’Équipe Canada, j’ai su que nous avions posé les bons
gestes, que nous établissions de solides relations commerciales et
préparions le terrain pour une croissance soutenue.
Par conséquent, j’étais enchanté cet été de voir les carnets de
commande se remplir et d’observer la création de nouveaux emplois.
Il est évident que l’approche active d’Équipe Canada, fondée sur la
collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi
que les administrations municipales et le secteur privé, a réussi à
créer de bons emplois rémunérateurs dans des secteurs qui sont en
croissance au Canada et qui le demeureront dans l’avenir.
Je ne vais pas me battre contre pareille évidence. C’est pourquoi,
dans six semaines, les premiers ministres et moi, accompagnés de
gens d’affaires des quatre coins du pays, nous amorcerons une
nouvelle mission d’Équipe Canada en direction de la Corée du Sud, de
la Thaïlande et des Philippines.
Les possibilités d’affaires qui s’ouvrent aux Canadiens dans ces
marchés sont excellentes. Comme vous le savez, les entreprises
canadiennes sont des leaders mondiaux dans le secteur des produits
et des services qui aident à bâtir l’infrastructure économique en
d’autres termes, les produits et les services qui aident les
économies à tourner.
Les technologies de l’information, les transports, les services
financiers, l’éducation et la construction sont quelques uns des
secteurs que nous mettrons de l’avant. Nous ferons également la
promotion de nos produits dans les secteurs forestier, minier,
énergétique et agroalimentaire.
Vu la qualité des produits et des services offerts par les
entreprises canadiennes, j’ai d’excellentes raisons d’être
optimiste.
À l’occasion de mon départ vers Manille, je ressens le dynamisme et
l’énergie avec lesquels les Canadiens ont bâti des partenariats
solides avec la région de l’Asie-Pacifique. Au cours des prochains
mois, pendant l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique et au-delà,
notre gouvernement fera de son mieux pour créer un climat favorisant
le développement de ces partenariats.
L’Année canadienne de l’Asie-Pacifique ne marquera ni le
commencement ni la fin de nos efforts dans cette région, Elle
constituera néanmoins une étape importante. Une reconnaissance de
l’existence du Canada en tant que pays du Pacifique. Et nous le
soulignerons avec fierté d’un océan, à l’autre.
[CChrétien=199602222]
[lieu=ont]
C’est pour moi un honneur et un plaisir de rendre hommage, ce soir,
au grand Canadien qu’était Lester B. Pearson.
Je dis un honneur parce que je pense qu’il a su comme nul autre
amener les Canadiens à prendre conscience de l’importance des
affaires internationales dans leurs vies.
Les Canadiens ont répondu à son appel en relevant hardiment les
défis de l’internationalisme. En outre, M. Pearson a consacré le
Canada sur la scène internationale, auprès de tous ceux qui
valorisent, comme lui, la paix plus que la guerre, la tolérance plus
que la haine et la coopération plus que le conflit.
Il a prouvé à chacun d’entre nous que le Canada peut faire la
différence au sein d’un groupe de pays axés sur la coopération et
des objectifs communs.
Enfin, si je dis plaisir, c’est aussi parce que le ministre Pearson
a été mon premier patron, à Ottawa, en 1965, alors que j’étais son
secrétaire parlementaire. La création d’une chaire Lester B. Pearson
des relations internationales à l’université d’Oxford est un hommage
à l’homme que j’ai connu, à son intelligence, à son amour des
universités et à sa profonde affection pour la Grande-Bretagne et le
collège St. Johns où il a étudié en tant que lauréat de la bourse
Massey dans les années vingt.
Pragmatique, Lester B. Pearson était davantage tourné vers l’avenir
que vers le passé. Il aurait été très heureux d’apprendre la
création de cette chaire qui devient un témoignage vivant de trois
de ses plus grandes passions, le Canada, les affaires
internationales et l’acquisition des connaissances. Il ne manque
plus que le baseball.
La juxtaposition des termes « passion » et « pragmatisme » peut
paraître étrange, mais, dans le cas de Lester Pearson, elle ne
l’était pas du tout.
Il était un internationaliste passionné. Sa passion ne reposait pas
simplement sur son désir de stimuler la coopération entre les États,
mais aussi et surtout sur sa compréhension de l’importance de cette
coopération pour le Canada.
En 1948, il a déclaré : « Le Canada, qui a souffert de deux guerres
mondiales et d’une grave dépression, mondiale aussi, n’échappe pas à
la règle. Même les décisions prises très loin de chez lui peuvent
avoir des répercussions vitales sur la vie de ses habitants. C’est
simple, personne ne peut échapper aujourd’hui aux résultats et aux
obligations qui découlent de l’interdépendance des États…»
Cependant, même si aucun État n’échappe à cette interdépendance,
elle est malgré tout plus marquée à l’égard de certains pays que
d’autres et M. Pearson comprenait que le Canada occupait une place
trop centrale dans les affaires du monde pour s’isoler « des
conséquences des décisions collectives prises à l’échelle
internationale ».
En revanche, il affirmait aussi que nous n’exercions pas
suffisamment d’influence pour « donner un poids déterminant à nos
interventions au moment des prises de décisions ».
À partir de cette seule observation, il a défini l’orientation de la
politique étrangère canadienne de l’après-guerre. Celle-ci devait
viser l’établissement d’un système de règles dans le cadre duquel
les rapports d’interdépendance seraient « civilisés », et où tous
les pays, petits et grands, pourraient faire valoir le droit
international pour protéger leurs intérêts.
M. Pearson comprenait la nécessité d’un idéal dans la politique
étrangère, mais son idéal à lui ne restait pas abstrait. C’était un
homme pratique, qui avait bien les pieds sur terre. Durant toute sa
vie, il a souligné les liens qui existent entre les besoins
immédiats du Canada et nos idéaux en faveur d’un monde paisible,
prospère et juste.
En 1953, il a déclaré devant un public américain que l’intérêt
premier du Canada était la paix, parce que « la paix au Canada
dépendait de la paix dans le monde ».
« Ensuite, a-t-il affirmé, venait le bien-être et la prospérité
de la population canadienne, inséparables du bien-être et de la
prospérité des autres. »
Notre troisième centre d’intérêt, a-t-il conclu, est « moins
tangible que la paix et le bien-être économique mais non moins
important, il s’agit de notre attachement à certains principes
profondément enracinés dans notre histoire et dans notre expérience
en tant que Canadiens »
Rétrospectivement, il n’est pas si difficile d’être sage. Mais
Lester B. Pearson se démarquait par une capacité admirable
d’entrevoir l’avenir à partir des détails révélés par le présent.
À l’époque de M. Pearson, le Canada était une puissance moyenne qui
s’efforçait de jouer un rôle utile après la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, nous nous comportons de la même façon dans
l’après-guerre froide.
Bien entendu, nous avons été témoins de nombreux bouleversements au
cours des quarante dernières années. Le communisme s’est effondré.
Des États pauvres autrefois se sont hissés au rang de puissances
industrielles. Le marché s’est mondialisé et est axé sur la
technologie. Le pouvoir est moins concentré et tout autant
économique que politique.
De nos jours, les pays comme le Canada s’inquiètent de la
concurrence internationale, pas du communisme international.
Nous avons réalisé d’immenses progrès. Dans le monde entier, la
prospérité a gagné du terrain. Nous comprenons mieux les liens entre
la sécurité matérielle, sociale, économique, environnementale et
politique.
Le principe d’une citoyenneté mondiale n’a jamais été si près de se
réaliser.
Les défis d’aujourd’hui ne sont pas ce qu’ils étaient il y a
quarante ans. Par contre, et c’est triste à dire, les problèmes
restent souvent les mêmes.
Pour des millions de personnes dans le monde, la paix est toujours
aussi insaisissable.
La communauté internationale est toujours appelée à défendre les
droits des peuples et des gens.
Le fossé qui sépare les États riches des pauvres, les forts des
faibles, est toujours très profond.
Nous n’avons toujours pas réussi à établir l’équilibre entre le
développement économique et la salubrité de l’environnement.
Beaucoup reste à faire et nous voulons nous atteler à la tâche.
Pour cela, il nous faut le soutien et l’aide de tous les Canadiens.
Preuve s’il en est de sa clairvoyance, M. Pearson a prononcé en 1951
un discours où il affirmait :
« Les affaires étrangères sont maintenant les affaires de toutes
les familles canadiennes et la responsabilité de tous les
Canadiens. Cette vérité s’applique aussi bien à vous qu’au
ministre des Affaires extérieures. J’espère qu’ensemble, nous
saurons apporter notre jugement, notre calme objectivité et notre
sens profond des responsabilités à la résolution de ces problèmes
si pressants et si complexes. »
Ceci n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui.
C’est pour cette raison que notre gouvernement s’est efforcé de
consulter régulièrement les parlementaires sur les enjeux
internationaux. À l’avenir, nous voulons ouvrir encore davantage le
dialogue avec les Canadiens, le faire de nouvelles façons, y compris
en ayant recours aux technologies de pointe. Par exemple, à l’aide
d’un message affiché sur l’Internet, nous avons demandé aux
Canadiens de nous dire ce qu’ils penseraient de voir le Canada
diriger les opérations de maintien de la paix de l’ONU en Haïti.
Jusqu’à présent, nous avons obtenu une centaine de réponses et elles
sont favorables dans une proportion de 75 %.
Ensemble, les Canadiens ont véritablement fait la différence, pour
leur pays et pour le monde.
Ce ne sont pas des paroles en l’air. Lors de mes rencontres, aussi
bien avec des chefs d’État et de gouvernement, qu’avec de simples
citoyens de pays étrangers, je suis frappé de constater la haute
estime dont jouit le Canada. Souvent, nous agissons comme s’il
n’était pas canadien de se vanter. Mais qu’à cela ne tienne, un peu
partout dans le monde, nombreux sont ceux qui ne se gênent pas pour
le faire à notre place. Encore et encore, les étrangers de par le
monde voient en nous un rayon d’espoir sur cette terre où se
multiplient les échanges entre personnes de convictions, de races et
de religions différentes.
Quant à ceux qui se demandent ce que signifie le Canada ou encore
s’il s’agit d’un véritable pays, je les invite à voyager un peu, et
pas seulement dans notre pays où la diversité et la courtoisie sont
évidentes, mais ailleurs dans le monde, aux États-Unis, en Europe
de l’Ouest et dans des pays moins favorisés. Mieux comprendre les
perceptions qu’ont les autres à notre sujet est, à mon avis, le
meilleur antidote au cynisme.
Chacun d’entre nous, à sa façon, apporte une contribution à
l’édifice national. Nous savons que la stabilité politique, la
prospérité et la sécurité se renforcent mutuellement. Plus des pays
collaborent à l’atteinte d’objectifs communs, plus leurs relations
sont stables. Plus des citoyens font des affaires de part et d’autre
des frontières, plus ils apprennent à se comprendre et à
s’apprécier. À mesure que de nouveaux partenariats se développent,
le monde devient davantage une véritable communauté des nations. Et
cela est bénéfique pour chacun d’entre nous.
Nous avons vraiment lieu d’être optimistes. En Asie, en Amérique
latine, au Moyen-Orient et en Afrique, des pays sont en train de
prendre des mesures importantes pour changer des habitudes acquises
depuis des générations. Les nouvelles façons de faire sont mieux
accueillies, les initiatives davantage encouragées, et l’on a de
plus en plus conscience du coût prohibitif des conflits. Tous nous
devons appuyer ces changements.
Les Canadiens sont d’ailleurs prêts. À l’occasion des missions
commerciales que nous avons envoyées en Asie et en Amérique latine,
j’ai été très impressionné par le dynamisme et l’ouverture de nos
gens d’affaires. En étroite collaboration avec les gouvernements
fédéral et provinciaux, ils ont repéré de nouveaux marchés et amené
au Canada des dizaines de milliers de nouveaux emplois. Les
entreprises canadiennes qui, autrefois, se faisaient concurrence,
s’allient maintenant pour décrocher des contrats sur les marchés les
plus compétitifs du monde. Nos exportations ne se sont jamais si
bien portées et l’avenir paraît encore plus prometteur.
Politiquement, nous cherchons à répondre aux besoins de la
communauté internationale en mettant nos points forts en évidence.
C’est la raison pour laquelle les pays ont été si nombreux à nous
demander de l’aide dans l’établissement de leurs institutions
démocratiques. C’est que nous savons comment promouvoir et défendre
la liberté de presse, et administrer une force policière relevant
des autorités civiles. Notre système judiciaire est reconnu pour son
indépendance et son professionnalisme, et notre fiche en matière
d’élections est impressionnante.
Nous comptons aussi d’excellents gardiens de la paix. Cela ne tient
pas uniquement au fait qu’ils sont des professionnels très bien
formés. L’excellence de ces troupes tient aux qualités canadiennes
que sont la tolérance et le respect des points de vue divergents. Il
s’agit précisément des qualités dont le monde a besoin en matière de
maintien de la paix.
En Bosnie, des milliers de soldats et de civils canadiens ont
apporté des secours et un sentiment de sécurité aux victimes de
cette terrible guerre. Ce n’était pas une opération de maintien de
la paix au sens traditionnel, parce qu’il n’y avait pas de paix à
maintenir. Mais les cyniques qui se moquent de ces réalisations
méritent qu’on leur rappelle les milliers de personnes qui
attendaient des Canadiens les vivres et les médicaments qui allaient
les garder en vie.
Maintenant, dans la foulée de Dayton, nous assurons des services de
formation électorale et policière, et nous participons aux efforts
en vue de la reconstruction et du retour à la liberté de presse.
Et les Nations unies se tournent maintenant vers le Canada pour
qu’il prenne la direction des activités à Haïti.
Encore là, il ne s’agit pas, à Haïti, de maintien de la paix comme
on l’entend normalement. Ce qu’on demande au Canada de contribuer à
faire, c’est ni plus ni moins de bâtir une société civile qui
travaille pour ses gens et non pas contre eux. Les Canadiens peuvent
et souhaitent y contribuer, tout comme ils l’ont fait à l’époque de
Lester Pearson.
C’est un domaine où le Canada excelle, une vocation indissociable de
notre politique étrangère.
Quand Lester Pearson a gagné le prix Nobel de la paix, le monde
était sous la menace d’une guerre nucléaire mais il bénéficiait
également d’une stabilité attribuable à la concurrence est-ouest. La
crise de Suez a failli entraîner les grandes puissances dans une
guerre qui nous aurait tous engloutis. Heureusement, M. Pearson a
trouvé le moyen de désamorcer la situation. Mais il n’y est pas
parvenu seul. Ses efforts et ceux du Canada ont été faits dans le
cadre des Nations unies, ce qui s’explique en partie du fait qu’il a
toujours cru que la voie du multilatéralisme était la meilleure pour
le Canada.
Nous devons continuer de travailler d’arrache-pied à l’intérieur du
système multilatéral bâti par la génération de Pearson, afin
d’améliorer notre capacité à faire face aux problèmes d’aujourd’hui.
Le Canada est aussi un chef de file de pays qui veulent aider les
Nations unies à se préparer en vue des défis de demain. L’an
dernier, les participants au Sommet du G7, qui s’est tenu à Halifax,
ont élaboré un ambitieux programme de renouvellement. Entourés de
nos amis, nous efforçons de le mettre en oeuvre.
Le monde compte maintenant beaucoup plus de pays qu’il y a quarante
ans. Dans les circonstances, il faut du temps et de la patience,
encore plus que durant les premières années, pour arriver à un
consensus sur le changement.
Cependant, malgré les frustrations, l’isolement n’est pas une
solution et ne le sera jamais. M. Pearson a condamné
l’isolationnisme dans les années 50 pour exactement les mêmes
raisons qui nous incitent à le condamner aujourd’hui. Le Canada a
d’importants intérêts internationaux à défendre, ce qu’il ne peut
pas faire s’il se sauve et se cache. Ou nous restons dans les rangs
ou nous donnons à d’autres le pouvoir de décider de notre avenir à
notre place.
Tout comme Lester Pearson a combattu l’isolationnisme il y a
cinquante ans, nous devons nous élever contre les voix de
l’isolationnisme d’aujourd’hui, à l’étranger, mais aussi au
Canada.
La génération de M. Pearson, qui a vécu la guerre la plus meurtrière
que le monde ait connue, sait ce qu’il en coûte de pratiquer
l’isolationnisme. À tous ceux qui, au Canada, qu’ils soient de
droite ou de gauche, semblent crier « Arrêtez le monde, je veux
descendre! », je dis que cela fait peut-être un bon slogan à coller
aux pare-chocs des voitures, mais certainement pas une bonne
politique étrangère, peu importe le domaine d’intervention,
notamment les droits de la personne, le commerce ou nos
responsabilités multilatérales. Depuis cinquante ans que la Deuxième
Guerre s’est terminée, nous devrions au moins avoir appris à ne pas
répéter les erreurs tragiques du passé.
C’est là la responsabilité qui incombe à la nouvelle génération de
Canadiens, tout comme elle incombait auparavant à la génération de
Pearson.
Si, ensemble, nous mettons à contribution le pouvoir multiplicateur
que nous assure un Canada fort et uni, nous arriverons à mieux
servir nos intérêts et ceux de la communauté internationale au sens
large, laquelle veut d’un Canada ouvert et engagé dans la course.
Renouveler, c’est moins impressionnant que de construire, mais cela
n’est pas moins important pour autant. Pour percer sur les marchés
étrangers et créer des emplois chez soi, il faut du temps. Or, la
patience et la persévérance sont des qualités canadiennes que nous
ne sommes pas prêts à oublier aux premiers signes de difficultés.
Lester Pearson aurait très bien compris cela et c’est en cela que
son pragmatisme était à la mesure de sa passion.
Ce soir, nous rendons non seulement hommage à ses réalisations, mais
aussi à la volonté qu’il a déployée pour rendre ces réalisations
possibles.
La détermination de Lester Pearson est toujours parmi nous qui nous
guide. Les principes qu’il défendait sont encore les nôtres et nous
continuons de les défendre.
En tant que Canadiens!
En tant que citoyens du plus formidable pays du monde
[CChrétien=19961122]
[lieu=qué]
Je suis heureux d’être ici pour vous parler de ce que nous pouvons
et devons faire ensemble pour relancer Montréal. Quand je dis « nous
», je veux dire le gouvernement du Canada, le gouvernement du
Québec, l’administration municipale, le secteur privé, ainsi que
tous les autres citoyens du reste du pays.
Nous avons tous un rôle particulier à jouer et nous devons
travailler ensemble dans un esprit de coopération. Et comme
gouvernements, nous devons mettre de côté les considérations
partisanes et prendre des décisions dans le meilleur intérêt des
citoyens que nous servons.
Ville-Marie devenue Montréal a été la première ville du Canada.
Pendant longtemps, elle a été notre plus grande ville. Son économie,
ses services financiers et ses industries manufacturières
représentaient la locomotive de l’économie du Québec et de tout le
Canada.
Au Canada comme à l’étranger, Montréal a toujours été un symbole. Un
lieu où l’on parle deux langues, où se croisent de nombreuses
cultures et où tout le monde travaille et vit ensemble. Montréal,
c’était l’espoir et la confiance de ce que nous pouvons être
ensemble.
Aujourd’hui, toutefois, Montréal est en difficulté. Il y a trop de
chômage et trop de pauvreté. Et quand Montréal souffre, c’est tout
le Québec et tout le Canada qui souffrent également.
Que nous soyons de Shawinigan ou de Chicoutimi, de Halifax ou de
Vancouver, nous faisons tous partie de la même famille. Le temps est
venu pour tous, où que nous vivions au Canada, de dire que «nous
sommes tous des Montréalais». Nous avons tous l’obligation de
travailler fort ensemble pour que Montréal redevienne une ville
dynamique en pleine expansion et un foyer de la haute technologie.
Ce ne sera pas facile, il faudra fournir un effort exceptionnel.
Quant à moi, je suis un optimiste. Montréal a tellement d’avantages
qui jouent en sa faveur. À force de travail dans un esprit de
coopération, nous pouvons la remettre sur pieds. Ensemble, nous
pouvons réussir. En fait, nous n’avons pas le choix, nous devons
réussir.
Pour y arriver, voyons d’abord ce que le gouvernement fédéral fait
pour créer un climat d’investissement favorable à la création
d’emplois, à la croissance économique et à une économie dynamique
axée sur le savoir et les industries de haute technologie du XXIe
siècle.
Quand nous avons formé le gouvernement il y a trois ans, la
situation financière du Canada se détériorait rapidement. Nous
savions que si nous ne prenions pas les mesures nécessaires pour
restaurer la santé financière du pays, rien, absolument rien de ce
que nous pourrions faire pour stimuler la croissance de l’emploi, ou
encore préserver nos programmes sociaux, ne pourrait donner de
résultats.
Nous savions que pour assainir les finances de l’État, il fallait
absolument favoriser un climat propice à la baisse des taux
d’intérêt. Pour y parvenir, le gouvernement devait absolument
redonner confiance aux marchés en ses politiques budgétaires. Nous
savions qu’il fallait oser et prendre des décisions difficiles.
C’est ce que nous avons fait.
L’année précédant notre arrivée au gouvernement, le Canada affichait
le pire bilan des pays du G-7 en termes de besoins d’emprunt,
exception faite de l’Italie. À ce chapitre, notre santé financière
sera la meilleure du G-7 en 1997.
Notre gouvernement a remis de l’ordre dans les finances publiques.
Nous avons réduit les dépenses sans augmenter l’impôt des
particuliers et nous avons préservé notre filet de sécurité sociale.
En 1998-1999, le gouvernement fédéral n’aura plus à emprunter sur
les marchés. Ses nouveaux besoins d’emprunt seront éliminés. Ils
seront à zéro.
L’OCDE mesure les déficits d’après les comptes nationaux ou les
besoins d’emprunt. D’après ce critère le même qui s’applique aux
États-Unis, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Italie
notre budget de 1998-1999 sera équilibré.
Qu’est ce que ça veut dire pour les investisseurs que nos finances
publiques soient saines? Qu’est ce que ça veut dire pour les
Montréalais?
Ça veut dire les plus bas taux d’intérêt au Canada depuis près de 40
ans. Les taux d’intérêt à court terme ont chuté de 4,75 points
depuis le début de l’année dernière. Au début de 1995, les taux
d’intérêt au Canada étaient de presque 2,5 points supérieurs aux
taux américains. Aujourd’hui, ils sont inférieurs à ceux-ci de 1,75
point. Les taux d’intérêt canadiens de zéro à cinq ans sont
maintenant inférieurs aux taux américains, et hier, pour la première
fois depuis plus d’une décennie, les taux canadiens d’une durée de
dix ans sont tombés sous les taux américains. Et, à 5,25% le taux
préférentiel était de trois points inférieur au taux américain.
Concrètement, une personne qui négocie une hypothèque sur cinq ans
de 100000 dollars au taux actuel de 7,40 % paiera en moyenne, au
cours des cinq ans, près de 7000 dollars de moins par année en
frais d’intérêt qu’une autre personne qui aurait négocié une
hypothèque semblable il y a six ans, alors que le taux sur cinq ans
s’élevait à 14,25 %.
Remettre de l’ordre dans ses finances signifie aussi que le service
de la dette coûte moins cher aux provinces. Le Québec à lui seul a
pu économiser 625000000 $ en intérêt sur sa dette entre
janvier 1995 et juin 1996 parce que le Canada a mis de l’ordre dans
les finances publiques. C’est autant d’argent rendu disponible pour
les soins de santé, l’éducation ou d’autres services essentiels.
L’assainissement des finances du Canada favorise un climat propice à
l’investissement. De faibles taux d’intérêt et d’inflation devraient
encourager les investisseurs à créer des emplois, et les rassurer
quant au rendement du capital investi. Nous devons tous dès
maintenant commencer à tirer parti du succès des mesures budgétaires
prises par le gouvernement. Et je suis sûr que comme citoyens de ce
pays, de cette province et de cette ville, nous le ferons.
Remettre en bon état les finances publiques du Canada, constitue une
importante contribution du gouvernement fédéral à l’assainissement
du climat d’investissement à Montréal. Je profite d’ailleurs de
l’occasion pour remercier deux de mes ministres du Québec sans qui
cela n’aurait tout simplement pas été possible. Paul Martin, dont il
ne se passe pratiquement pas un jour sans que quelqu’un, partout au
pays et à l’étranger, me dise que j’ai eu la main heureuse en le
nommant ministre des Finances. Et Marcel Massé qui a dirigé l’Examen
des programmes pour permettre au gouvernement d’établir ses
priorités tout en maîtrisant ses dépenses.
Peut-il y avoir meilleure démonstration de l’influence positive à
Ottawa de puissants Québécois? Peut-il y avoir meilleure
démonstration du rôle que les Québécois peuvent jouer dans le
développement de tout le Canada?
Assainir les finances publiques était un préalable essentiel à la
relance de l’économie de Montréal, mais cela ne suffit pas en soi.
Répartir efficacement les responsabilités des différents ordres de
gouvernement est également une composante essentielle du cadre
global qui favorise la création d’emplois et la croissance
économique. Là encore, nous avons pris des mesures dont Montréal
peut bénéficier.
Mon gouvernement a jugé, par exemple, que des instruments de
développement économique aussi importants pour la ville de Montréal
que le port et les aéroports devaient être gérés localement. Nous
avons donc pris les mesures nécessaires pour transférer les pouvoirs
de décision d’Ottawa aux autorités locales. Je crois que ce
transfert de responsabilités que nous avons effectué à l’échelle du
Canada, dans le cas des ports et des aéroports, peut être très
bénéfique au développement économique de Montréal.
Rien n’est plus important dans une économie moderne qu’une
main-d’oeuvre compétente et bien formée. Il y a eu consensus par
exemple au Québec sur le fait que, considérant le lien étroit avec
l’éducation, la compétence sur la formation de la main-d’oeuvre
devrait relever du gouvernement provincial. Plus tôt cette année,
nous avons donc offert au Québec et aux autres gouvernements
provinciaux de céder cette activité à ceux qui le désirent.
J’espère que M. Pettigrew pourra conclure sous peu une entente avec
le Québec à ce sujet, car c’est grâce à des programmes de formation
efficaces qu’on pourra préparer le type de main-d’oeuvre dont
Montréal a besoin pour être compétitive et attirer des industries
axées sur le savoir.
Mais promouvoir la création d’emplois et la croissance économique va
plus loin que de seulement créer un climat propice à
l’investissement privé. À l’ère de la mondialisation, des flux de
capitaux instantanés, des communications ultra-rapides et du
changement technologique continuel, le gouvernement a le devoir
d’aider ses citoyens à relever les défis d’une économie moderne.
Notre gouvernement a établi un partenariat avec le secteur privé et
les provinces qui permet à ce pays de 30000000 d’habitants de
rivaliser sur la scène internationale au sein d’Équipe Canada.
Je n’ai pas à insister sur les avantages pour Montréal de faire
partie d’un pays du Pacifique. Vous les savez déjà. Vous connaissez
les succès d’Équipe Canada au cours des deux dernières années.
Maintenant et à l’avenir, vous savez que cela signifie des milliers
d’emplois ici même, dans cette ville. Je dois dire que je suis très
heureux du fait que le premier ministre Bouchard considère
sérieusement de participer à la prochaine mission d’Équipe Canada,
qui se déroulera en janvier en Corée, aux Philippines et en
Thaïlande. Ce serait de bonnes nouvelles pour Montréal.
Le mois prochain, je représenterai le Canada à la conférence de
l’APEC qui aura lieu à Manille. J’irai ensuite à Shanghaï pour
signer le contrat final de la construction de deux réacteurs
nucléaires canadiens en Chine. Ce contrat conclu avec Énergie
atomique du Canada limitée est le fruit de la mission commerciale
d’Équipe Canada en Chine il y a deux ans. Il en résultera de
multiples échanges commerciaux et de nombreux emplois un peu partout
au Canada. Pour les entreprises québécoises, dont la plupart sont
situées à Montréal, cela se traduira par un chiffre d’affaires
additionnel d’environ 275000000 $ et par de nombreux
emplois, surtout dans le secteur des technologies de pointe. Voilà,
en partie, ce qu’est Équipe Canada.
Le gouvernement a également la responsabilité de faire des
investissements clés qui favorisent la croissance économique et la
création d’emplois. Lorsqu’on regarde les principales forces de
l’économie de Montréal, il est remarquable de constater combien le
gouvernement fédéral y a joué un rôle déterminant : l’aérospatiale,
les biotechnologies, les produits pharmaceutiques, les
télécommunications et d’autres technologies nouvelles.
Le gouvernement fédéral a aidé ces industries montréalaises à
développer leur compétitivité à l’échelle mondiale grâce à divers
programmes, notamment les mesures fiscales d’incitation à la
recherche et au développement, et grâce à la Société pour
l’expansion des exportations. Et mieux encore, le gouvernement
fédéral doit et va aider ces industries à prendre de l’expansion à
Montréal à l’avenir. Le gouvernement du Canada est déterminé à
préparer ces industries montréalaises à prendre de l’expansion et
conquérir les marchés internationaux dans l’économie mondiale du
XXIe siècle.
Laissez-moi vous donner un exemple concret : conformément à l’un
des engagements que nous avons pris dans le Livre rouge, nous avons
mis
sur pied un programme appelé Partenariat technologique Canada. Ce
programme vise trois secteurs de croissance : l’aérospatiale et la
défense, les technologies nouvelles et les techniques
environnementales. Il est aussi doté d’un comité du secteur privé
pour conseiller sur les tendances du marché des technologies et ses
possibilités. Dans les cas qu’il juge appropriés, le gouvernement
fédéral partagera les risques et versera une contribution
remboursable destinée à encourager le secteur privé à investir dans
la recherche et le développement.
Hier, nous avons annoncé le versement d’une contribution fédérale à
la société Bombardier dans le cadre de ce programme. Le gouvernement
fédéral contribuera au financement de la conception et de la
fabrication d’un avion de transport régional à réaction, d’une
capacité de 70 sièges. Nous participons ainsi à la création et au
maintien de plusieurs centaines d’emplois à Montréal, sans compter
les emplois indirects chez les fournisseurs. De plus, nous aidons
Montréal à accroître son rôle essentiel dans le secteur canadien de
l’aérospatiale. Et nous faisons en sorte que le Canada conserve et
étende sa position de chef de file dans le secteur de l’aérospatiale
internationale.
Les entreprises et les travailleurs de tout le Canada profiteront de
ce nouveau programme fédéral. Je suis persuadé que, dans un avenir
rapproché, de plus en plus d’entreprises de Montréal profiteront du
programme Partenariat technologique Canada pour annoncer de nouveaux
investissements et créer de nouveaux emplois.
Ce que nous faisons comme gouvernement, c’est de cibler nos
investissements de manière à aider Montréal à devenir un chef de
file des nouvelles technologies de l’avenir.
Il y a seulement quelques semaines, le ministre fédéral de
l’Industrie, John Manley, annonçait avec le secteur privé un
investissement de 20000000 $ pour l’expansion de
l’Institut de recherches en biotechnologie. Vous connaissez
l’importance de cet Institut pour Montréal.
Vous savez également l’importance du rôle de la PME dans la création
d’emplois. Le gouvernement du Canada le sait également. C’est
pourquoi nous nous sommes associés à l’initiative du Centre
d’entreprise et d’innovation de Montréal (CEIM) qui, en fournissant
des services d’encadrement, consacre ses efforts au développement
des jeunes entreprises.
Nous savons que Montréal a ce qu’il faut pour réussir, et le
gouvernement du Canada fait sa part pour l’aider de plusieurs
façons. Je sais également que le maire Bourque ne manque pas non
plus d’idées pour soutenir le développement de sa ville, et de notre
côté, nous allons faire tout ce que nous pouvons pour l’aider. Je
demande également aujourd’hui aux investisseurs potentiels de
Montréal, ou d’ailleurs au Québec et dans le reste du Canada, de
travailler avec nous pour aider Montréal à se redresser et se
préparer au XXIe siècle.
Je vous ai parlé de ce que le gouvernement fédéral a pu faire pour
établir un climat globalement favorable aux investissements; de ce
qu’il peut faire avec ses propres programmes et enfin de ce que nous
pouvons réaliser en partenaires avec le secteur privé. Mais même
cela ne suffit pas.
Nous devons travailler avec le gouvernement du Québec, et il doit
travailler avec nous. Et même s’il est vrai que nous sommes parfois
en désaccord, nous avons également prouvé que nous pouvons
travailler ensemble. Le premier ministre Bouchard et moi nous sommes
rencontrés et nous avons discuté plusieurs fois de ce que nous
pouvons faire ensemble pour l’économie de Montréal.
Au cours des derniers mois, nos deux gouvernements ont établi une
collaboration qui, sans aucun doute, a permis et permettra de créer
des emplois.
Dans le cadre de l’Entente auxiliaire Canada-Québec sur le
développement industriel, nos deux gouvernements ont récemment aidé
toute une série d’entreprises à créer des emplois : Bell
Hélicoptères, Ericsson et Saturn Solutions, parmi d’autres.
La semaine prochaine, le premier ministre Bouchard présidera un
sommet économique. C’est très important pour Montréal et pour le
reste du Québec que des résultats tangibles en ressortent. Je
souhaite aux participants de réussir.
Voilà, je vous ai parlé aujourd’hui de ce que le gouvernement
fédéral peut faire pour aider au redressement de l’économie de
Montréal. Mais quels que soient la volonté et les efforts consentis
par les gouvernements, le secteur privé et les individus, il y a un
élément qui continue de miner le climat d’investissement à Montréal.
Un élément dont je n’aurais pas voulu parler, mais dont je sais
qu’il vous préoccupe tous.
Alors inutile de se cacher la tête dans le sable. Nous savons tous
que la menace d’un autre référendum sur la séparation rapidement
après la prochaine élection provinciale ne contribue pas
actuellement à retenir les investissements à Montréal et ne les
attire pas non plus. Tout cela sans compter les tensions que cette
situation entretient au sein de notre propre communauté.
Nous avons besoin de stabilité dans nos vies personnelles. Nous
avons besoin de stabilité dans nos vies professionnelles et dans nos
affaires. Personne ne devrait vivre dans une société privilégiée
comme la nôtre avec une épée de Damoclès constamment suspendue
au-dessus de sa tête. Nous avons besoin que nos gouvernements
travaillent ensemble à résoudre les vrais problèmes du vrai monde.
Pensez un peu à ce qui se passerait si, nous nous attaquions
ensemble à ce qui préoccupe véritablement la population, en
utilisant tout le talent, tout le savoir, toutes les énergies
actuellement consacrés dans les deux camps à un éventuel référendum
d’ici 3 ou 4 ans.
Imaginez un instant toutes ces ressources soudainement libérées et
réorientées vers des objectifs communs : créer un plus grand nombre
d’emplois, préparer les gens à la révolution informatique, aider nos
exportateurs à se faire une place sur les marchés internationaux,
gérer plus efficacement notre système de soins de santé, coordonner
la recherche médicale, libérer les générations futures du fardeau de
la dette et réduire la pauvreté chez les enfants. Ce n’est pas un
rêve impossible et les citoyens sont en droit d’exiger cela de leurs
dirigeants.
Avec la direction d’un gouvernement viennent les plus hautes
responsabilités. C’est vrai pour moi, et ça l’est également pour le
maire Bourque et le premier ministre Bouchard. Je suis prêt à faire
ma part, mon gouvernement également, mais nous savons tous que ce
n’est pas suffisant. Le redressement de Montréal est une
responsabilité que nous avons en commun.
Nous avons le devoir de nous attaquer en priorité aux problèmes
d’une ville qui compte 675000 pauvres, deux fois plus que dans
tout le Canada atlantique, et où vit un chômeur canadien sur sept.
On ne peut résoudre ces problèmes instantanément, ça prend du temps.
Devant une telle situation, notre responsabilité, et notre devoir de
dirigeants politiques nous incombe de mettre de côté tout ce qui est
profondément diviseur, pour consacrer toutes nos énergies à ce que
nous avons le devoir moral de faire ensemble. Nous devons chasser
l’incertitude et ramener l’espoir et la confiance. Nous le devons à
nos concitoyens.
L’été dernier, à la suite de la terrible catastrophe naturelle qui a
frappé surtout la population du Saguenay; des quatre coins du
Canada, les gens se sont serrés les coudes pour venir à la
rescousse. Nous avons vu que quand un membre de la grande famille
canadienne est en difficulté, c’est toute la famille qui se sent
interpellée et se mobilise pour porter secours. Nous avons vu que le
gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec et les autorités
municipales peuvent travailler ensemble. C’est ce même puissant
esprit de solidarité canadienne que je veux maintenant voir à
l’oeuvre pour remettre Montréal sur ses pieds et la préparer pour le
siècle prochain. Nous avons le devoir et la responsabilité de saisir
cette occasion. Avec tout ce qui joue en notre faveur, nous devons
réussir.
[CChrétien=19961123]
[lieu=philip]
C’est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous. Je comprends
maintenant pourquoi la générosité de l’hospitalité philippine est
légendaire.
Même le thème de la soirée, « Aurores boréales dans des cieux
méridionaux », fait délicatement allusion au Canada. Je crains que
l’an prochain, à la même époque, nous n’offrions à Vancouver des «
Aurores boréales dans des cieux plutôt froids »! J’espère,
néanmoins, que nous saurons vous réserver un accueil aussi
chaleureux que celui que nous avons reçu de nos hôtes philippins.
+ ceux d’entre vous qui n’ont jamais séjourné à Vancouver, je peux
donner l’assurance que le voyage en vaut la peine. Je ne puis me
résoudre à parler avec modestie de Vancouver, car je crois tout à
fait sincèrement qu’elle est devenue l’une des villes les plus
remarquables du monde. Son cadre naturel est d’une beauté à couper
le souffle. Ces dernières années, elle a connu un essor économique
digne de mention. En sa qualité d’important carrefour dans le
secteur des transports et de centre commercial international, elle
est devenue, pour le Canada comme pour une grande partie de
l’Amérique du Nord, le point d’accès aux pays du Pacifique.
J’espère pouvoir accueillir un grand nombre d’entre vous à Vancouver
en novembre prochain.
Ma présence aujourd’hui au Forum des gens d’affaires de l’APEC
suscite chez moi un grand enthousiasme. J’aimerais, pour commencer,
féliciter le président Ramos et la Fondation APEC des Philippines
d’avoir organisé la présente rencontre. Réunir des représentants de
haut niveau du monde des affaires des deux rives du Pacifique, ce
n’est pas une mince tâche. C’est, au contraire, une réalisation
d’une grande importance.
Sur le plan concret, bien évidemment, ces assises nous donnent
l’occasion de tenir des discussions et de développer des maillages
au plus haut niveau. Des rencontres comme celle-ci contribuent à
nourrir les amitiés et les relations nécessaires au renforcement la
communauté de l’Asie-Pacifique.
De la même manière, l’APEC ouvre aussi des possibilités de
diplomatie interpersonnelle entre dirigeants.
Si nous dressons le bilan des progrès rapides accomplis depuis la
première réunion des dirigeants de l’APEC, en 1993, nous pouvons
constater que nous avons beaucoup progressé. Après l’énoncé de
prospective économique de Seattle et le programme d’action d’Osaka,
nous passons maintenant au plan d’action de Manille.
Cela dit, il ne fait aucun doute que la réalisation dominante de
l’APEC réside dans l’engagement que nous avons pris à Bogor, en
Indonésie, d’arriver sans faute à une libéralisation des échanges et
de l’investissement dans la région d’ici à l’an 2010 pour les
économies industrialisées et d’ici 2020 pour les économies en
développement. J’ai la conviction que sans le vigoureux
encouragement des représentants du secteur privé, nous n’aurions pas
fait montre d’une pareille audace.
Demain, lorsque nous entamerons le programme officiel des leaders de
l’APEC, nous ferons un pas important en vue de cimenter le
partenariat entre les entreprises et les pouvoirs publics. + leur
toute première séance, les leaders de l’APEC débattront avec les
membres du Conseil consultatif des gens d’affaires les
recommandations, audacieuses et novatrices, que renferme leur
premier rapport.
Je crois savoir que les représentants du Conseil consultatif se
trouvent au sein des délégations présentes ici ce soir.
Permettez-moi de profiter de l’occasion pour vous féliciter de
la
manière impressionnante avec laquelle vous avez abordé le mandat qui
vous a été confié. Votre rapport marque l’aboutissement d’une somme
de travail incroyable de la part de tous les membres, depuis votre
première réunion, en juin. Je souhaiterais remercier en particulier
le président, M. Ramal, ainsi que les deux coprésidents, M.
Morufushi, du Japon, et M. Riddle, du Canada.
Le fait que vous consacriez à ce mandat une si grande partie de
votre temps et de votre énergie, aussi précieux l’un que l’autre,
démontre très clairement que le milieu des affaires voit dans l’APEC
un important moyen de soutenir la croissance et la prospérité.
Je le crois également.
En tant que dirigeants politiques, nous sommes prêts à faire de
sorte que les institutions, l’environnement et les mécanismes soient
en place pour favoriser la croissance économique de la région. Pour
cela vous devez continuer à nous expliquer quelles sont les entraves
à vos propres activités commerciales en Asie-Pacifique. Vous devez
nous dire ce que nous pouvons faire pour vous aider encore plus.
Le Canada assurera également, en 1997, la présidence du Conseil
consultatif des gens d’affaires de l’APEC. Je compterai alors sur
ses membres canadiens pour transmettre les avis provenant du secteur
privé aux dirigeants. Je chercherai des moyens pour développer les
échanges fructueux entre les milieux d’affaires et les
gouvernements. En bout de ligne, nos efforts doivent permettre
d’envisager un accroissement du commerce dans la région, ils doivent
favoriser la croissance économique et la création d’emplois. C’est
cela qui importe avant tout.
L’APEC est un forum encore bien jeune, mais pendant sa courte
histoire, il a parcouru un long chemin. Je dois dire que je suis
impressionné par les réalisations de mes prédécesseurs. Je le suis
surtout quand je vois l’ampleur des tâches qui attendent l’APEC et
les priorités cruciales auxquelles la région doit s’attaquer, les
infrastructures, l’environnement et le développement urbain, pour
n’en nommer que quelques-unes.
Et au moment où le Canada s’apprête à prendre la relève à la
direction de l’APEC, je ne perds pas de vue ses caractéristiques
fondamentales qui en font une organisation internationale notamment
son processus décisionnel qui s’appuie sur la recherche du
consensus. De toute évidence, quelles que soient les approches que
nous élaborerons, elles feront intégralement l’objet de
consultations au sein de l’APEC.
Dans ce contexte, nous ne devons pas oublier que la coopération
économique n’est pas une fin en soi. Notre objectif commun est
d’améliorer la qualité de vie des citoyens de nos pays. Nos
populations souhaitent une meilleure alimentation, une meilleure
éducation, un environnement plus propre, ils aspirent à une plus
grande justice sociale et à une meilleure administration publique.
La croissance économique contribue à l’amélioration de la qualité de
vie pour tous.
L’autre élément déterminant de l’APEC réside dans la diversité de
ses membres, qui représentent des pays industrialisés aussi bien que
des pays en voie de développement.
Je suis à la tête d’un pays fondé sur le principe voulant que des
peuples différents peuvent oeuvrer de concert au service des
objectifs communs que sont la sécurité et de la prospérité
nationales. Je suis donc convaincu que la diversité de l’APEC sera
pour nous une source de force.
+ la lumière de ces éléments, j’estime que le Canada possède une
expérience et des idées qui l’aideront à s’acquitter du rôle qu’il
aura bientôt à jouer.
De cette diversité, par exemple, nous tirons l’essence même des
échanges commerciaux : un avantage comparatif. Chacun de nous peut
ainsi vendre ce qu’il produit plus efficacement, à tous points de
vue.
De surcroît, à mesure que nous achetons des intrants à coût moindre
chez nos partenaires, nous pouvons produire et exporter des produits
plus concurrentiels.
Et ce, tant et aussi longtemps que les échanges commerciaux sont
réglementés. Tant et aussi longtemps que nous continuons d’éliminer
barrières tarifaires et non tarifaires.
Il importe que les membres de l’APEC agissent de manière concertée
afin d’accélérer le rythme des négociations globales. Il nous faut
maintenir la dynamique qui a marqué nos réunions de Bogor, d’Osaka
et de Manille, et étendre ses effets à l’échelle mondiale.
Selon le programme d’action d’Osaka, la mise en oeuvre de nos
engagements individuels et collectifs relativement à la
libéralisation commencera le 1er janvier 1997. J’ajoute que le
premier examen de cette mise en oeuvre se fera dans un an, à
Vancouver.
En préparant le plan d’action de Manille pour l’APEC, les
Philippines ont rendu un service essentiel à la région. En outre,
chacun des 18 membres de l’APEC a soumis un plan d’action individuel
dans lequel il met en relief les initiatives volontaires qu’il
entend prendre pour donner suite aux engagements pris à Bogor.
Je prends acte avec satisfaction de cet ensemble de mesures. Le
Canada a contribué pleinement. Le plan d’action de Manille n’est pas
loin de nous donner un instantané de l’énorme mouvement de
libéralisation et de déréglementation à l’oeuvre dans la région de
l’Asie-Pacifique.
Toutefois, il ne s’agit pas d’un document définitif. Il ne constitue
que la première étape d’un processus évolutif qui débouchera sur
l’élimination progressive des barrières d’ici l’an 2020.
Il y a un an, à Osaka, je me suis réjoui de voir reprise par la
Nouvelle-Zélande ma proposition voulant que les ministres du
Commerce des pays de l’APEC se rencontrent pour faire en sorte que
leurs pays se préparent ensemble à la première Conférence
ministérielle d’examen de l’OMC, qui se tiendra à Singapour le mois
prochain.
Le ministre canadien du Commerce international, M. Art Eggleton, a
proposé aux ministres du Commerce qu’ils se rencontrent de nouveau
l’an prochain, à Montréal, afin de continuer de faire progresser
cette cause. J’appuie vigoureusement cette initiative.
Rappelons-nous, enfin, que si l’élimination des droits de douane
est
importante pour le monde des affaires, les questions de transparence
et de tracasserie administrative détermineront, dans une proportion
aussi grande, si les milieux de l’entreprise pourront ou non
progresser.
Dans ses travaux sur les formalités douanières et sur
l’établissement de normes, l’APEC procure déjà des avantages très
concrets aux entreprises de la région.
Les autres principaux éléments de mon programme de l’an prochain
revêtent également une très grande importance pour l’ensemble de la
région. Comme vous vous en souviendrez, l’an dernier, à Osaka, les
leaders de l’APEC ont souligné l’importance de certains enjeux, en
mettant en particulier l’accent sur les répercussions de la
croissance démographique et des transformations de l’économie sur
l’environnement, ainsi que sur les approvisionnements en vivres et
en énergie.
Le Canada a accepté de jouer un rôle directeur pour ce qui est de
l’examen de ces questions au cours de l’année qui vient. Nous vous
demanderons de vous joindre à nous. Nous accueillerons à cette fin
un important colloque de représentants du monde des affaires, des
pouvoirs publics et des milieux universitaires. En effet, si le
secteur privé ne participe pas à l’examen de ces problèmes
fondamentaux d’infrastructures, il nous sera très difficile de
trouver des solutions.
Juste avant que je vienne à Manille, mon gouvernement a déclaré que
1997 serait l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique. Ce sera une
occasion pour les Canadiens d’un bout à l’autre du pays de souligner
les liens multiples que nous entretenons avec cette région.
Je veux maintenant vous dire combien nous avons hâte de vous
accueillir au Canada l’an prochain et pas seulement au mois de
novembre où nous comptons diriger le deuxième dialogue entre les
leaders de l’APEC et le Conseil consultatif de l’APEC.
J’espère que vous participerez également à la multitude de
manifestations que nous tiendrons pendant toute l’année.
Nous avons fait en sorte que chacune des réunions ministérielles
sectorielles de l’APEC prévues pour l’an prochain comportera un
colloque auquel participera le secteur privé, et donnera aux
dirigeants du monde des affaires une occasion d’établir des liens
directs avec des partenaires possibles, ainsi qu’avec les ministres
de l’APEC chargés des transports, de l’environnement, de l’énergie
ainsi que de la petite et moyenne entreprise. Ces réunions se
dérouleront d’un bout à l’autre du Canada.
L’année canadienne de l’Asie-Pacifique nous permettra de célébrer
comme il convient le commerce, la culture et l’élargissement des
horizons, et ce, dans toutes les collectivités de notre grand pays.
En effet, nous estimons que les rapports du Canada avec le Pacifique
méritent d’être célébrés. Mes compatriotes et moi-même avons hâte de
vous accueillir, de contribuer au succès de l’APEC, et de vous
montrer que de Vancouver, en Colombie-Britannique, à St. John’s, à
Terre-Neuve, le Canada tout entier est un pays du Pacifique, et fier
de l’être.
Je vous remercie. ]
[CChrétien=19961126]
[lieu=chine]
Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à notre invité spécial
d’aujourd’hui, le premier ministre, M. Li Peng.
L’an dernier, j’ai eu l’honneur d’accueillir le premier ministre Li
Peng au Canada et d’assister à la réunion du Conseil commercial
Canada-Chine, tenue le 13 octobre 1995 à Montréal. Cette journée
très spéciale marquait le 25e anniversaire de l’établissement de
relations diplomatiques entre le Canada et la Chine. La visite du
premier ministre Li témoignait de nos étroites relations bilatérales
et de l’expansion des rapports spéciaux que nous entretenons. Ce
matin, j’ai eu l’occasion de rencontrer à nouveau M. Li et de passer
en revue nos relations bilatérales, qui ne cessent de se renforcer.
C’est pour moi un grand plaisir de me retrouver à Shanghai deux ans
après la visite d’Équipe Canada, en 1994. Que de changements en deux
ans! Les plans qu’Équipe Canada a vus à ce moment là se sont
transformés en gratte-ciel, en ponts et en musées de première
qualité. Je félicite tous les citoyens de cette ville remarquable
qui sont ici aujourd’hui. Vous avez fait de vos rêves une réalité.
Je suis fier de savoir que des Canadiens sont venus partager vos
efforts et vos réalisations. Certains des Canadiens qui sont ici
aujourd’hui ont participé à la conception de votre nouveau centre
boursier et financier, doté d’une technologie de pointe. D’autres
ont aidé à planifier plus d’une douzaine de nouvelles tours de
bureaux et de complexes résidentiels. D’autres encore sont devenus
des investisseurs importants à Pudong. Vous avez démontré la qualité
du partenariat qui s’établit lorsque des Canadiens et des Chinois
travaillent ensemble. Dans quelques années, je sais que nous verrons
des réalisations encore plus impressionnantes. L’électricité,
l’énergie de toute économie moderne, illuminera Shanghai grâce aux
réacteurs nucléaires CANDU. Par ailleurs, les compagnies canadiennes
seront aussi largement présentes dans le secteur des assurances. Nos
vêtements seront offerts en plus grandes quantités, et les habitants
de la ville pourront déguster notre saumon et notre boeuf — les
meilleurs du monde — ainsi que d’autres aliments canadiens.
Nous faisons des progrès. Le Canada reconnaît, néanmoins, que cette
coopération avantageuse pour nos deux pays exigera un effort
soutenu. Il y a une présence canadienne ici depuis de nombreuses
années et elle y demeurera encore pendant longtemps, car il faut
laisser à nos efforts le temps de porter fruit. Nous sommes
fortement attirés, je vous l’assure, par cette région du monde. Et
nous avons à coeur d’effectuer le travail à long terme requis pour
maintenir tous les nouveaux liens que nous souhaitons établir.
Je m’adresse aux participants de l’assemblée générale annuelle du
Conseil commercial Canada-Chine pour la troisième année consécutive.
Il y a deux ans, j’ai dirigé la première mission d’Équipe Canada en
Chine, une formule que nous continuons à appliquer pour offrir aux
sociétés canadiennes de nouvelles occasions commerciales. Je serai
de nouveau à la tête d’une nouvelle mission d’Équipe Canada en
janvier. Il reste que la première de ces missions en Chine m’est
particulièrement chère — ainsi qu’à tous les Canadiens.
Le raffermissement de nos relations avec la Chine procède aussi de
la présence croissante des Canadiens dans la région de
l’Asie-Pacifique. J’arrive de la réunion de l’Organisation de
coopération économique Asie-Pacifique qui s’est tenue à Manille, et
où j’ai également eu l’occasion de discuter de questions bilatérales
avec le président Jiang Zemin. L’an prochain sera désignée l’année
canadienne de l’Asie-Pacifique, un jalon important de nos relations
avec la région. Tout au cours de l’année, diverses activités,
notamment des expositions d’art chinois et des concerts de musique
chinoise, feront ressortir l’importance de cette région partout au
Canada. Les relations entre les États ne sont pas seulement
constituées de traités et de commerce, la dimension humaine est
aussi essentielle. Traditionnellement axé sur l’Europe, le Canada se
tourne maintenant progressivement vers l’Asie. De nombreux faits
sont à la source de cette évolution de la conscience nationale. L’un
des plus importants est le nombre croissant de Canadiens dont les
racines historiques et culturelles sont ici. L’interaction de cette
communauté avec d’autres partout au pays nous a grandement aidé à
mieux saisir la manière asiatique de faire les choses.
Il y a dix ans, il n’y avait que quelques milliers de jeunes
Canadiens étudiant des langues asiatiques dans un petit nombre de
nos écoles offrant ces cours. Aujourd’hui, il y en a plus de 30 000,
et de nouveaux programmes d’étude font leur apparition partout au
pays.
La perception que les Canadiens ont d’eux-mêmes et de la place
qu’ils occupent dans le monde évolue profondément. Le Canada est
fier d’être un pays du Pacifique. Je peux vous affirmer que nos
liens avec la région de l’Asie-Pacifique suscitent un enthousiasme
croissant.
L’année canadienne de l’Asie-Pacifique se terminera par la réunion
des chefs de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique
à Vancouver, en novembre 1997. Je me réjouis à l’avance de pouvoir à
ce moment là accueillir le président Jiang Zemin au Canada.
Bien entendu, le commerce bilatéral entre le Canada et la Chine
augmente rapidement. De notre côté, cette augmentation a été
soutenue par un regain de vitalité de l’économie canadienne. Nous
avons mis de l’ordre dans nos finances publiques. Notre déficit a
été considérablement réduit et les taux d’intérêt n’ont pas été
aussi bas depuis des décennies. Notre croissance économique ne peut
sans doute pas se comparer au taux de croissance renversant que
connaît la Chine, mais tout de même, le FMI a prédit que le Canada
aurait le taux de croissance le plus élevé des pays du G-7 pendant
les deux prochaines années.
Ce renouveau économique s’est accompagné d’un changement d’attitudes
à l’égard du commerce. Un nouveau consensus s’est formé au Canada,
quelle que soit l’orientation politique ou la région. Les Canadiens
croient qu’ils peuvent et qu’ils doivent réussir sur la scène
internationale. Nous croyons que nos exportations peuvent rivaliser
avec les meilleures du monde. En outre, nous comprenons que la
libéralisation du commerce est notre plus grand espoir en matière de
création d’emplois et de croissance économique.
Tout cela s’est traduit par une hausse colossale de nos exportations
— y compris une augmentation considérable de celles qui sont
destinées aux marchés asiatiques. Votre présence ici aujourd’hui
illustre très clairement que les sociétés canadiennes ont bien
profité des possibilités offertes dans le Pacifique.
Il y a deux ans, le premier ministre Li Peng et moi-même avons lancé
un défi au CCCC et aux gens d’affaires de nos deux pays en leur
proposant un objectif de 20000000000 $ en matière de
commerce bilatéral d’ici l’an 2000. Je vois avec satisfaction que
nous nous rapprochons de plus en plus de cet objectif. L’année
dernière, le commerce a augmenté de 50 %. Notre commerce bilatéral
atteindra bientôt les 9000000000 $. Et comme ce commerce
n’est pas réservé aux grandes sociétés, nos petites et moyennes
entreprises se sont, elles aussi, taillé une place sur les marchés.
Toutefois, nous pouvons, ensemble, faire bien davantage.
Pendant la visite d’Équipe Canada en 1994, le premier ministre Li
Peng et moi-même avons fait avancer les négociations concernant la
vente de deux réacteurs CANDU à la Chine. Notre étroite
collaboration ressort très certainement du fait que nous ayons pu
assister ensemble à la signature de ce contrat important entre nos
deux pays — un contrat qui représente pour chacun de nouveaux
emplois et une meilleure croissance économique. Par ailleurs, les
premiers travaux de construction à Qinshan commenceront au début de
l’an prochain. Le premier ministre Li Peng et moi-même avons aussi
prié nos industries nucléaires respectives d’accélérer leur examen
de la prochaine phase des travaux de Qinshan.
Le projet CANDU n’est qu’un des grands projets d’infrastructure
entrepris en Chine. Nous travaillons ensemble dans les secteurs de
l’énergie hydroélectrique, du transport, des télécommunications et
de l’agriculture. Il existe une étroite correspondance entre les
besoins chinois et les compétences canadiennes.
Je suis aussi très heureux de pouvoir être témoin de la signature
d’un accord de coentreprise entre Manulife et son partenaire
chinois. Manulife devient ainsi un pionnier sur le marché chinois de
l’assurance. L’industrie canadienne des services possède
l’expérience et la technologie requises pour aider la Chine à
moderniser divers secteurs — qu’il s’agisse d’assurance, de services
bancaires ou de services juridiques. J’aimerais aussi féliciter la
Banque de Montréal, qui vient d’annoncer que son bureau de Beijing a
obtenu une licence d’exploitation. Nous espérons voir s’établir
encore d’autres coentreprises mutuellement avantageuses dans le
domaine des services financiers.
Les relations qui s’établissent entre le Canada et la Chine ne sont
pas limitées au domaine commercial. Les spécialistes canadiens de
l’environnement travaillent avec des industriels et décideurs
chinois afin d’aider à réduire l’impact de la pollution industrielle
— non seulement sur la Chine, mais sur le monde entier. Nous avons
partagé des expériences en matière de privatisation. Par ailleurs,
des spécialistes juridiques des deux pays travaillent ensemble sur
une série de projets pour renforcer le cadre juridique chinois. Il
est important, autant pour vos aspirations commerciales que pour la
population chinoise, que ce système soit transparent et fondé sur le
droit.
J’ai toujours cru que l’ouverture de la Chine sur le monde, et son
développement économique ne peut qu’être bon pour le peuple chinois,
autant sur le plan matériel que politique.
Mon gouvernement va travailler pour s’assurer que les relations
entre la Chine et le Canada continuent d’avoir des retombées
positives pour nos deux pays. L’importance du Conseil commercial
Canada-Chine dans le développement de nos liens va d’ailleurs
grandir à l’approche du nouveau siècle. Le commerce Canada-Chine a
déjà produit des milliers d’emplois pour nos citoyens. Et je veux
tous vous remercier pour l’important travail que vous avez avez
accompli dans la promotion d’occasions d’affaires entre le Canada et
ses partenaires chinois.
Au Canada, nous parlons souvent de la visite d’Équipe Canada en
1994, et de l’énorme succès qu’elle a représenté pour les Canadiens.
C’est avec grand plaisir que je constate ici les résultats de cette
visite. En parcourant cette salle du regard, je vois l’importance du
progrès accompli. Et le potentiel est encore plus grand. Il ne nous
reste plus qu’à nous atteler à la tâche et à faire appel aux talents
et à l’esprit d’iniative des Canadiens et des Chinois pour pouvoir
nous diriger vers une prospérité mutuellement profitable.]
[CChrétien=19961127]
[lieu=japon]
Je suis très heureux de me trouver ici aujourd’hui, et de
reconnaître parmi vous autant de visages bien connus.
J’aimerais d’abord féliciter M. Ejiri, qui a dirigé de main de
maître la récente mission de partenariat de la Keidanren au Canada.
Je tiens aussi à féliciter MM. Zaizen et Ihara d’avoir piloté les
deux équipes sectorielles qui ont traversé le Canada pour rencontrer
les gens d’affaires canadiens.
C’est ma première visite bilatérale officielle au Japon en tant que
premier ministre, bien que j’aie assisté au Sommet de l’APEC l’an
dernier, à Osaka, et que j’y aie séjourné souvent à d’autres titres.
Chaque fois que je suis venu dans votre merveilleux pays, j’ai été
frappé par le dynamisme, la vitalité et l’énergie débordante des
Japonais.
C’est avec surprise aussi que je constate à quel point nos relations
bilatérales se sont développées au fil des années.
Le Japon est notre plus important partenaire Outre-Pacifique. Le
Canada exporte autant vers votre pays que vers tout le reste de
l’Asie. Cela favorise bien sûr la création d’emplois au Canada, la
priorité numéro un de mon gouvernement.
Le Japon et le Canada collaborent dans de nombreux secteurs. Ils
participent, entre autres, au dialogue politique sur de grandes
questions internationales, ils entretiennent des relations
économiques solides et, si l’on se fie au mouvement croissant de
touristes et d’étudiants dans les deux directions, ils multiplient
les échanges culturels et tissent des liens durables.
Le festival «Today’s Japan», qui s’est échelonné sur dix semaines à
Toronto l’an dernier, est un bon exemple de ce rapprochement.
Inauguré par le prince et la princesse Takamado, il a connu un
immense succès comme en témoigne les 500000 visiteurs qu’il
a attirés.
Le Canada entretient avec le Japon des relations qu’il souhaiterait
avoir avec tous ses partenaires Outre-Pacifique. Nous sommes des
pays très différents, mais nous pouvons quand même travailler
ensemble et collaborer plus étroitement sans renier nos traditions
et nos modes de vie.
La collaboration croissante entre nos deux pays tient du fait que le
Canada est de plus en plus conscient de sa destinée de pays de
l’Asie-Pacifique. Quand nous regardons ce qui se passe
outre-frontières, nous nous rendons compte que cette région est
particulièrement à l’avant-plan.
Pour célébrer cette importante dimension de la vie canadienne, mon
gouvernement a donc déclaré 1997 l’Année canadienne de
l’Asie-Pacifique. Ce sera pour le Canada une excellente occasion de
resserrer les nombreux liens qu’il a avec cette région.
J’ai rencontré plus tôt aujourd’hui M. Ejiri et les membres de la
mission de partenariat de la Keidanren qui sont venus au Canada l’an
dernier. Ils ont eu des commentaires positifs sur les changements
importants qu’ils ont pu observer au Canada.
On me dit que de nombreux gens d’affaires japonais ont observé les
réformes fondamentales de l’économie canadienne. Au cours des trois
dernières années, mon gouvernement a procédé à des réformes
financières et à une restructuration économique fondamentales.
Quand il a été porté au pouvoir, il y a trois ans, mon gouvernement
a dû s’attaquer à une tâche gigantesque : Le déficit représentait 6
% du PIB, nous accusions la pire fiche au sein du G7. Nous
avons réalisé qu’il fallait absolument apporter des changements
fondamentaux.
Au cours des trois dernières années, nous avons assaini les finances
publiques. Cela n’a pas été facile, mais la population canadienne
nous appuie. Mon gouvernement lui en est très reconnaissant.
Nous avons jugulé nos dépenses. En 1996-1997, notre déficit
représentera moins de 3 % du PIB selon la méthode des
comptes nationaux. Et, plus important encore, les nouveaux besoins
financiers, soit la base sur laquelle tous les pays industrialisés
calculent leur déficit, s’élèveront à moins de 1 % du PIB
en 1997-1998. En 1998-1999, les nouveaux besoins d’emprunt du
gouvernement auront été ramenés à zéro.
En d’autres termes, en 1998-1999, selon la méthode des comptes
nationaux, le budget canadien sera équilibré. Cela constitue une
réalisation remarquable en quelques années à peine.
Et tous ces progrès ont pu être accomplis avec une inflation presque
nulle. L’économie canadienne a soutenu la création d’un plus grand
nombre d’emplois que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni
réunis.
Nous avons maintenu nos mesures de sécurité sociale. Les taux
d’intérêt sont à leur niveau le plus bas des quarante dernières
années. Les taux canadiens à court terme sont plus de trois points
moins élevés que les taux américains comparables.
Et pour la première fois depuis longtemps, les taux canadiens et
américains sur dix ans sont à peu près équivalents.
Des prévisionnistes indépendants, notamment l’OCDE et le FMI
prévoient que notre économie croîtra plus rapidement que tous les
autres pays du G-7 en 1997-1998
Nous avons d’énormes réserves de ressources naturelles, une
main-d’oeuvre scolarisée et compétente, et de nombreuses industries
à la fine pointe de la technologie.
L’économie du Canada n’a jamais offert climat plus propice aux
investisseurs du Japon.
La mise en application de l’ALENA est aussi importante pour les
membres du Keidanren qui pensent à investir au Canada ou à y prendre
de l’expansion. Selon cet accord, les entreprises installées au
Canada ont maintenant un accès plus fiable à un marché de plus de
360000000 de consommateurs.
L’ALENA renforce un dossier déjà convaincant pour investir au
Canada. Ce message est bien reçu au Japon.
Les investissements japonais sont essentiels à la prospérité
économique du Canada et constituent un facteur important de création
d’emplois pour les Canadiens. Le Japon est maintenant le troisième
plus gros investisseur étranger au Canada, avec 440 entreprises qui
emploient environ 50000 personnes.
De grandes sociétés comme Toyota et Honda trouvent le marché
canadien attrayant au point d’agrandir leurs usines en Ontario. Des
entreprises plus petites les imitent, par exemple, la Sakai Spice
qui construit une usine de triturage de graines de moutarde en
Alberta. Et il y a de nombreux autres exemples au cours de la
dernière année seulement.
Le Japon est aussi la deuxième source de placement de portefeuille
du Canada. Les investisseurs japonais n’ont pas été sans remarquer
la qualité et l’attrait croissants des actifs financiers canadiens.
Un récent sondage révèle que les institutions financières japonaises
détiennent plus de 40000000000 $ d’actifs canadiens.
Mais ce n’est pas là un mouvement à sens unique. Des entreprises
canadiennes, de plus en plus nombreuses, viennent s’installer au
Japon, Cognos, Northern Télécom, Newbridge Networks et Hôtels Quatre
Saisons, par exemple.
Des organisations tournées vers l’extérieur comme l’ALENA et l’APEC
favorisent la prospérité grâce à un accroissement du commerce et de
l’investissement.
J’ai été très heureux des progrès que les dirigeants de l’APEC ont
réalisés à la dernière rencontre à Manille concernant le
libre-échange dans la région de l’Asie-Pacifique.
Pour le Canada et le Japon, le commerce a été le pilier de nos
relations.
Plus de 37 % du PIB du Canada est tributaire des exportations. Le
Japon constitue, après les États-Unis, notre deuxième marché.
En 1995, nos exportations vers votre pays ont augmenté de 24 % pour
dépasser les 12000000000 $, tandis que les échanges entre
nos deux pays ont atteint un sommet de 24000000000 $.
En général, la valeur des exportations canadiennes vers le Japon ces
trois dernières années a augmenté de 61 %, ce qui est absolument
remarquable.
Le Canada est aussi un marché important pour vos biens manufacturés,
car vos exportations vers un Canada plus dynamique ont aussi
beaucoup augmenté ces dernières années.
Nous continuons d’être un fournisseur important de matières
premières et de produits semi-transformés, mais nous constatons que
nos exportations de produits manufacturés ont énormément augmenté.
Par exemple, à une certaine époque, nous ne vendions que du bois au
marché japonais de la construction; maintenant, nous lui vendons des
maisons préfabriquées dont les planchers sont couverts de tatamis,
et dont les portes et fenêtres sont prêtes à poser.
Je visiterai d’ailleurs certaines de ces maisons demain, lors de ma
visite à Nagoya.
Les exportations de logiciels canadiens dépassent maintenant les
100000000 $, et la programmation est expressément adaptée
aux clients japonais. Par exemple, le logiciel du système de
contrôle de la circulation de la ville de Tokyo a été conçu par une
firme de Montréal.
Je visiterai ce centre de contrôle plus tard cet après-midi.
Le Japon représente également la source numéro un de recettes
touristiques au Canada. Un nombre record de Japonais, 670000,
sont venus au Canada en 1995, soit une hausse de 19 % par rapport à
l’année précédente.
Les milieux d’affaires canadiens, soutenus par les gouvernements
fédéral et provinciaux, ont élaboré le Plan d’action du Canada pour
le Japon, pour mieux diversifier nos relations économiques. Une
nouvelle version du Plan a été distribuée plus tôt aujourd’hui.
Nous avons examiné attentivement les capacités et les technologies
canadiennes, et nous les avons appariées aux nouveaux secteurs
d’importation du Japon afin de trouver les entreprises canadiennes
les plus susceptibles de réussir ici.
Le Plan fonctionne : les entreprises connaissent de mieux en mieux
votre marché, elles adaptent leurs produits à vos goûts, et elles
sont systématiquement à l’affût d’autres débouchés.
La croissance des échanges et des investissements a été favorisée
par des institutions publiques et privées efficaces.
Ainsi, la Conférence des gens d’affaires Canada-Japon, à laquelle
beaucoup d’entre vous participent régulièrement, en est à sa
vingtième année.
Je suis fier d’avoir aidé à lancer la Conférence lorsque j’étais
ministre de l’Industrie et du Commerce.
Je suis également heureux de rencontrer aujourd’hui trois membres de
la Keidanren qui ont beaucoup contribué aux relations Canada-Japon,
soit M. Ejiri, président de Mitsui & Company; M. Morohashi,
président de Mitsubishi; et M. Okawara, conseiller exécutif auprès
de la Keidanren.
Avec le premier ministre Hashimoto, j’essaierai de voir comment les
consultations économiques de nos gouvernements peuvent être encore
plus réceptives à nos milieux d’affaires, afin de faciliter les
échanges et d’éviter les différends.
Aujourd’hui, j’ai parlé des nombreux liens qui nous unissent.
Les populations canadienne et japonaise sont plus prospères grâce
aux percées effectuées, et nos économies n’en sont que plus solides
aussi.
Mais nous ne devons pas nous asseoir sur nos lauriers. Il y a trop
d’enjeux. En tant que partenaires dans la région du Pacifique, nous
devons faire montre de leadership dans un monde qui change très
rapidement.
En travaillant ensemble, nous pouvons faire face à l’avenir avec
confiance et espoir.
Merci.]
[CChrétien=19960228]
[lieu=ottawa]
Cette nouvelle session du Parlement marque le début de la deuxième
moitié du mandat de notre gouvernement. Nous sommes à mi-chemin. Il
faut fixer de nouveaux objectifs. Relever de nouveaux défis. Et nous
appuyer sur ce que nous avons accompli depuis deux ans et quatre
mois.
On dit souvent que pour savoir où on va, il faut se rappeler par où
on est passé. J’ajouterais qu’il faut se rappeler d’où on est parti.
Monsieur le président, je me souviens très bien d’où est parti notre
gouvernement il y a un peu plus de deux ans.
Nous avons hérité d’un pays aux prises avec de graves difficultés
économiques. Le taux de chômage dépassait 11 %. Le déficit
atteignait 42000000000 $, et il se creusait d’année en
année.
Mais le malaise économique dont nous avons hérité ne montrait que la
moitié du tableau. La méfiance et le cynisme des Canadiens envers
leur gouvernement était tout aussi profonds et destructeurs. Des
ministres du gouvernement fédéral ne croyaient même pas au Canada.
Entachés par le scandale, des ministres démissionnaient l’un après
l’autre. Et les affaires du gouvernement étaient dominées par les
lobbyistes et les entremetteurs.
Telle était la situation quand nous avons pris le pouvoir en 1993.
Notre gouvernement s’est retroussé les manches et mis au travail
pour renverser la vapeur. Et nous avons réussi à la renverser.
Nous sommes arrivés avec un plan d’action, le Livre rouge.
Au cours de la dernière session, nous avons adopté près de 100
projets de loi d’initiative ministérielle et mis en oeuvre près des
trois quarts des engagements que nous avions pris dans le Livre
rouge.
Mais ces statistiques ne disent pas tout. Elles ne disent pas que
plus de 500000 emplois ont été créés dans l’économie
canadienne depuis que nous formons le gouvernement. Que le taux de
chômage a reculé de deux points, et est descendu sous la barre de
10 % pour la première fois depuis cinq ans. Qu’après des années
de promesses et de mesures reportées à plus tard, le gouvernement
fédéral a finalement entrepris l’assainissement des finances
publiques.
À la fin du nouvel exercice, nous aurons ramené le déficit de 6 à 3
% du PIB, comme nous l’avions promis dans le Livre rouge, de
42 à 24300000000 $. Et l’an prochain, nous l’aurons
réduit d’un autre point de pourcentage et ramené à 2 %, à son
niveau le plus bas en vingt ans. Et il continuera de descendre. Nous
y sommes parvenus, non pas contre la volonté des Canadiens, mais
plutôt grâce à leur soutien actif.
La tâche n’a pas été facile. Mais je tiens à souligner le travail du
ministre des Finances, qui a su faire accepter des budgets sévères
mais équitables. Et je veux remercier les Canadiens pour leur
compréhension et leur détermination.
Parce que nous avons expliqué clairement aux Canadiens, et les
Canadiens ont compris, que réduire le déficit n’est pas une fin en
soi. Que nous n’avons pas poursuivi cet objectif par caprice. Ni
pour des raisons idéologiques. Mais parce que c’est une étape
nécessaire pour restaurer la santé économique du Canada, pour
assurer une croissance durable et des emplois pour les Canadiens.
Accepter des déficits élevés année après année voulait dire accepter
des taux d’intérêt élevés. Cela voulait dire des taux hypothécaires
plus élevés pour les Canadiens propriétaires de leur maison. Cela
voulait dire d’autres sacrifices pour les jeunes familles qui
voulaient acheter leur première maison. Cela voulait dire que des
milliers de petites entreprises et de fermes ne pouvaient ni grandir
ni prendre de l’expansion, et créer des emplois.
Accepter des déficits élevés année après année nous a aussi forcés à
emprunter à l’étranger pour financer nos dettes. Cela nous a rendus
trop vulnérables face aux marchés financiers étrangers. Cela a
limité notre souveraineté économique. Et la note a été salée pour
tous les Canadiens.
Voilà pourquoi nous avons travaillé tellement fort, et nous
continuerons de travailler fort, pour réduire le déficit. Et nos
succès jusqu’ici sont en train de se transformer en avantages réels
et durables, pour tous les Canadiens. Nous avons parcouru beaucoup
de chemin. Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, mais
pour la première fois depuis longtemps, nous entrevoyons la lumière
au bout du tunnel, comme le ministre des Finances le montrera la
semaine prochaine dans son budget.
Dans le Livre rouge, nous écrivons ce qui suit : « notre politique
de relance économique et de responsabilité budgétaire nous permettra
de baisser les taux d’intérêt réels et de juguler l’inflation, ce
qui améliorera notre compétitivité face à nos principaux partenaires
commerciaux. »
C’est précisément ce qui arrive. Les taux d’intérêt ont grandement
baissé. L’inflation au Canada est à son niveau le plus bas depuis
des décennies, un niveau plus bas que dans pratiquement tout autre
pays industrialisé.
Depuis mars l’an dernier, les intérêts à court terme ont baissé de
trois points de pourcentage. Cela représente un fléchissement de 2,5
points de pourcentage de plus que ce qui a été observé aux
États-Unis. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus d’écart entre
les taux d’intérêt à court terme canadiens et américains.
La façon dont nous remettons de l’ordre dans les finances publiques
en dit long sur nos valeurs, celles du gouvernement et de la société
que nous formons. Nous aurions pu sabrer aveuglément dans les
dépenses, en frappant tous les citoyens indistinctement avec la
même intensité. Mais cela n’aurait pas été équitable. En tant que
Canadiens, nous chérissons les valeurs communautaires, telles que
l’égalité des chances, la tolérance et la compréhension, la
compassion et le soutien aux plus vulnérables. Nous croyons à la
notion de respect sous toutes ses formes. Les Canadiens sont
déterminés à remporter la lutte contre le déficit. Mais comme notre
gouvernement, ils refusent absolument de le faire sur le dos des
démunis, ce dont nous sommes fiers.
Pour cette raison, par exemple, nous avons réduit les dépenses
militaires et accru les dépenses liées aux programmes d’emploi pour
les jeunes. Nous avons comprimé les subventions aux entreprises de
plus de 50 %, mais nous avons investi dans un Programme
national d’infrastructure qui se traduit par des projets
d’investissement dans chaque province canadienne. Ce programme a
contribué à la création de dizaines de milliers d’emplois, et aura
des retombées économiques étalées sur les prochaines décennies. Pour
cette raison encore, nous avons éliminé les échappatoires comme les
fiducies familiales, mais financé de nouvelles mesures telles que le
programme de nutrition prénatale et le programme Bon départ pour les
Autochtones, et rétabli le programme national d’alphabétisation.
Toujours pour cette raison, nous avons éliminé l’exemption pour
gains en capital de 100000 dollars et relevé à 12000000 $ le plafond
prévu dans la Loi sur les prêts aux petites
entreprises. Nous avons instauré des compressions dans la fonction
publique fédérale mais lancé des mesures telles que le Service
Jeunesse Canada et le Programme jeunes stagiaires pour permettre à
des milliers de jeunes d’acquérir l’expérience nécessaire pour
décrocher, et conserver, leur premier emploi.
Monsieur le Président, c’est ce souci de l’équilibre et des
priorités qui est la marque de commerce de notre gouvernement. Une
lutte énergique et sérieuse contre le déficit. C’est ainsi que nous
avons réussi à renverser la vapeur. Mais avec compassion,
compréhension et désireux d’investir dans les gens, comme nous
l’avions proposé dans le Livre rouge. Nous avons prouvé qu’un
gouvernement peut être un gestionnaire économique et financier dur,
équitable et efficace tout en étant progressiste et humain. C’est
pour cela, plus que tout le reste, que les Canadiens ont voté quand
ils nous ont choisis pour diriger le Canada il y a un peu plus de
deux ans. Et c’est cela, plus que tout le reste et je le dis avec
fierté, qui constitue la grande réalisation de la première moitié de
notre mandat.
J’ai mentionné au début que notre gouvernement avait hérité d’un
déficit budgétaire de nos prédécesseurs, mais aussi d’un discrédit
politique. Les Canadiens désespéraient de leurs institutions
politiques. Ils ne croyaient plus en leur gouvernement. Ils ne
faisaient plus confiance aux représentants élus.
Monsieur le Président, on peut être d’accord ou pas avec nos
politiques. Mais après plus de deux ans au pouvoir, personne ne peut
mettre en doute l’honnêteté et l’intégrité de notre gouvernement et
de ses ministres. Personne. Et cela, Monsieur le Président, c’est
une réalisation dont je suis très fier, mais qui donne aussi aux
Canadiens une raison de croire à nouveau à leur gouvernement.
Les Canadiens savent que, quand notre gouvernement donne sa parole,
il tient promesse.
Avoir rétabli la réputation du gouvernement du Canada en tant que
gestionnaire financier et économique compétent. Avoir redonné à la
population le sentiment que le gouvernement est une institution
honnête. Voilà, je crois, nos réalisations à mi-mandat. Ce sont des
réalisations dont nous sommes très fiers.
Elles préparent le terrain pour la deuxième moitié de notre mandat.
Hier, le discours du Trône énonçait les grandes mesures que prendra
le gouvernement au cours de la session qui commence. Ces mesures
poursuivent le travail que nous avons amorcé il y a deux ans. Elles
étaient promises dans le Livre rouge. Elles favorisent la croissance
économique et la création d’emplois. Elles favorisent l’unité. Elles
favorisent la sécurité des Canadiens et de leurs familles.
Nous avons été élus pour restaurer la santé économique du Canada. Je
le répète, le chômage a beaucoup baissé depuis que nous avons pris
le pouvoir en 1993. Mais il n’est pas assez bas à notre goût, ni
au goût des Canadiens. Trop de Canadiens sont encore sans travail.
Beaucoup trop de Canadiens craignent encore de perdre leur emploi.
Par-dessus tout, nous voulons que les jeunes Canadiens participent
activement à notre économie. Ils veulent du travail. Ils méritent de
travailler. Les jeunes veulent espérer en l’avenir, pas craindre
l’avenir. C’est à nous tous de créer cet espoir et ces débouchés
pour eux.
Le chômage chez les jeunes n’afflige pas seulement le Canada. Il
existe partout dans le monde industrialisé, dans tous les pays. Dans
de nombreux pays, la situation est bien pire que chez nous. Mais
cette comparaison ne devrait pas nous consoler. Parce que nous ne
devrions pas mesurer le succès ou l’épanouissement de nos jeunes par
rapport à celui des jeunes d’autres pays. Nous devrions le mesurer
par rapport à nos propres espoirs et nos propres ambitions et par
rapport à notre sens du devoir en tant que gardiens de la société
dont ils hériteront. Si nous voulons que le Canada continue de
grandir et de prospérer, si nous voulons vraiment un pays d’espoir
et de confiance, notre seule garantie, c’est une jeunesse qui
travaille fort dans des emplois utiles, des emplois qui ont un
avenir.
Au cours des deux premières années de notre mandat, le gouvernement
a pris de nombreuses mesures pour promouvoir activement un climat
favorable à la création d’emplois. Et il a remporté des succès.
Mais un gouvernement ne crée pas des emplois, il crée un climat
qui permet au secteur privé de créer des emplois.
Et c’est ce que nous avons fait, et ce que nous continuons de
Faire, jeter les bases d’une croissance de l’emploi durable. Nous
avons maintenant besoin d’un partenariat, d’un partenariat actif
avec les autres gouvernements et le secteur privé pour que cette
croissance durable de l’emploi se concrétise.
Nous avons eu un avant-goût de ce partenariat. Nous savons qu’il
peut bien fonctionner, quand on y met la détermination et l’effort
voulus.
Depuis des années, rien n’avait donné aux Canadiens un sentiment de
fierté et d’accomplissement aussi grand que les missions
commerciales d’Équipe Canada dans des marchés étrangers comme la
Chine et l’Inde. Ces deux missions commerciales, conjuguées avec la
mission commerciale que j’ai dirigée en Amérique latine il y a un
an, ont rapporté 20000000000 $ de contrats commerciaux aux
entreprises canadiennes. Cela veut dire des milliers d’emplois pour
le Canada, et l’occasion de prendre pied sur certains des marchés
étrangers dont la croissance est la plus rapide au monde.
Mais je crois qu’au-delà des statistiques impressionnantes des
missions d’Équipe Canada, ce qui importe le plus c’est ce que
ressentent les Canadiens quand ils voient le premier ministre de
leur pays, les premiers ministres provinciaux et des chefs de
petites et grandes entreprises travailler ensemble pour créer des
emplois pour les Canadiens. Il y avait là des personnalités
politiques d’à peu près tous les partis, des représentants de
presque tous les types d’entreprises, petites et grandes, qui
oeuvraient tous dans le même sens. Pour une fois, la classe
politique a cessé de se pointer du doigt et les gens d’affaires ont
cessé de blâmer le gouvernement et tout le monde a mis l’épaule à la
roue, a travaillé au sein de la même équipe, pour atteindre les
mêmes buts.
Les Canadiens avaient l’habitude de voir les gouvernements se faire
concurrence et les premiers ministres se quereller, mais avec
Équipe Canada, ils nous ont vus travailler ensemble. Ils ont aimé ce
qu’ils ont vu. Ils en redemandent.
Je crois que nous pouvons et devons prouver aux Canadiens que nous
, le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et le
secteur privé, n’avons pas besoin d’aller à l’étranger pour
pouvoir travailler ensemble. Équipe Canada a bien travaillé à
Beijing, Mumbai ou Buenos Aires. Mais elle peut travailler tout
aussi bien à Burnaby, Brampton ou Bromont.
Nous devrions mettre le même esprit d’équipe à l’oeuvre ici, chez
nous, pour créer des emplois dans un vrai partenariat national. Je
m’engage, ici et maintenant, devant tout le pays, à consacrer toutes
les ressources du gouvernement fédéral à la création de ce
partenariat. Et j’invite le secteur privé et les gouvernements
provinciaux à se joindre à nous.
Au secteur privé, je propose un défi bien précis. Pendant des années
et des années, vous avez demandé au gouvernement fédéral de mettre
de l’ordre dans ses finances. Vous avez fait campagne contre les
déficits. Vous nous avez prévenus contre les incidences négatives
des dépenses publiques trop élevées sur l’économie. Vous nous avez
demandé de nous retirer des domaines dont le secteur privé s’occupe
mieux que nous.
Vous avez affirmé que, quand nous aurions fini ce travail, le
secteur privé créerait des emplois.
Je vous dis que le gouvernement fédéral a livré la marchandise.
Maintenant, les Canadiens demandent au secteur privé de faire sa
part.
C’est à votre tour maintenant de montrer que vous faites confiance
au Canada et aux Canadiens, surtout aux jeunes Canadiens. Vous
devez reconnaître, tout comme nous avons pris les devants pour
éliminer le déficit budgétaire, que vous avez une responsabilité
pour éliminer le déficit humain… du chômage. Aucun bilan fidèle ne
peut ignorer les coûts élevés et croissants du chômage chronique.
C’est mauvais du point de vue humain. C’est mauvais du point de vue
économique et c’est mauvais du point de vue commercial. C’est
mauvais du point de vue moral. Et vous avez la responsabilité,
tout comme moi et mes collègues du gouvernement, de déployer
l’énergie et les efforts qu’il faut pour résoudre ce problème.
Voilà pourquoi nous avons annoncé dans le discours du Trône d’hier
que le gouvernement doublerait, cette année, sa contribution à la
création d’emplois d’été dans les secteurs privé, public et sans but
lucratif, et pourquoi nous avons mis au défi le secteur privé, les
provinces et les municipalités d’en faire autant. Nous devons
encourager et aider les jeunes qui paient leurs études
universitaires, et c’est un moyen important pour y parvenir.
Je veux annoncer aujourd’hui une autre initiative. Dans les semaines
à venir, je vais demander aux milieux des affaires de se joindre au
gouvernement, pour lancer sur la scène nationale une mission
d’Équipe Canada, orientée vers la création d’emplois pour les jeunes
Canadiens principalement dans le secteur privé. Ce sera un appel aux
entreprises, grandes et petites, à investir dans l’emploi pour les
jeunes Canadiens. Cela pourrait créer plusieurs dizaines de milliers
de nouveaux emplois et stimuler la croissance économique et la
demande des consommateurs. Et surtout, cela prouverait aux millions
de Canadiens et de Canadiennes que leur pays fonctionne pour eux,
pas seulement pour les puissants et les privilégiés.
Et je lance également un défi aux provinces. Je les mets au défi de
retrouver le dynamisme et la volonté qui ont fait fonctionner Équipe
Canada, pour faire de ce concept quelque chose de permanent. Dans
nos efforts pour redéfinir et préciser nos responsabilités,
collaborons également à mettre en oeuvre ce programme axé sur la
création d’emplois. Ce n’est sans doute pas aussi exaltant que nos
querelles, et sûrement pas aussi facile. Mais nous avons déjà montré
que nous pouvons collaborer pour créer des emplois et assurer des
retombées économiques.
Les Canadiens méritent que nous fassions l’effort nécessaire.
Les Canadiens méritent aussi la sécurité que leur apportent nos
mesures sociales. Une économie forte et prospère assure la viabilité
de programmes sociaux de qualité. C’est pour cela que
l’assainissement des finances publiques est un élément indispensable
au maintien des programmes sociaux qui sont si chers aux Canadiens.
Mais l’engagement de notre gouvernement à l’égard des mesures
sociales ne s’arrête pas là. Nous sommes également conscients que
l’avenir à long terme des programmes sociaux, pas seulement l’avenir
immédiat, dépend de notre planification. C’est une responsabilité
que nous prenons très au sérieux.
Cette préoccupation est particulièrement aiguë en ce qui a trait aux
pensions de l’État. Tout le monde reconnaît que l’évolution
démographique de notre société nous force à faire des changements
pour assurer la viabilité de notre système de pensions de vieillesse
pour les futures générations de Canadiens.
Nous avons d’ailleurs amorcé des discussions avec les provinces pour
que le Régime de pensions du Canada, que nous gérons conjointement
avec les provinces, soit en mesure d’aider les travailleurs
canadiens qui y versent leurs cotisations. Nous avons également
invité la population à prendre part à ces discussions.
La prochaine étape consiste à nous assurer que les prestations
versées aux personnes âgées en vertu de la Sécurité de la vieillesse
et du Supplément de revenu garanti sont viables aujourd’hui et
qu’elles le seront dans l’avenir. Nous nous sommes engagés en ce
sens. Et nous agirons. Nous avons le devoir de planifier en fonction
de l’avenir, et nous prenons cela au sérieux.
Nous honorerons un autre engagement, un engagement que j’ai
moi-même pris en cette Chambre, au nom de ce gouvernement. J’ai fait
une promesse aux personnes âgées et je la répète aujourd’hui : vos
prestations de Sécurité de la vieillesse et de Supplément de revenu
garanti ne seront pas réduites.
Et nous continuerons d’assurer la santé et la viabilité de
l’assurance-maladie, la mesure sociale que nous chérissons le
plus. Ce gouvernement fera en sorte que le système de soins de santé
soit à la disposition de tous les Canadiens, sans distinction
entre riches et pauvres. Nous maintiendrons de façon significative
la composante en espèces au titre du Transfert canadien en matière
de santé et de programmes sociaux. Ainsi, nous conserverons une voix
forte en ce qui concerne l’assurance-maladie et pourrons ainsi
maintenir un système de soins de santé gratuit et universel partout
au Canada.
Parce que l’assurance-maladie est aussi canadienne que le sol sur
lequel nous marchons et que l’eau qui coule dans nos rivières et nos
lacs. Elle fait partie de notre identité actuelle et de nos
aspirations. Elle nous distingue des autres pays. Elle nous
rassemble quel que soit l’endroit où nous vivons au Canada. Nous
veillerons à ce qu’elle continue encore longtemps à rassembler les
Canadiens.
Parce que rassembler les Canadiens pour qu’ils fassent cause commune
et maintenir l’unité canadienne doit être prioritaire pour tout
gouvernement en cette Chambre.
Le référendum du 30 octobre dernier nous a montré que l’on ne peut
pas prendre notre pays, aussi magnifique soit-il, pour acquis.
Chaque jour, nous devons nous rappeler pourquoi il fait si bon vivre
au Canada. Nous devons nous rappeler ce que nous avons en commun ;
les valeurs que nous chérissons : la tolérance, le respect, la
générosité et le partage. Nous devons nous rappeler ce que des
générations de Canadiens ont accompli pour faire de notre pays
l’envie du monde. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons
continuer de croire en cette grande entreprise collective et forger
de nouveaux liens entre nous.
Un Canada uni est une plus noble entreprise que la vision étroite à
laquelle adhèrent ceux qui sont prêts à briser ce pays.
Le Canada est un grand pays au territoire vaste habité par une
population diversifiée. 30000000 d’habitants d’origines
diverses qui cohabitent paisiblement dans un pays dont l’ONU estime
qu’il est le meilleur pour sa qualité de vie. C’est un très grand
succès à l’échelle mondiale. Un succès sur lequel on ne peut
simplement s’asseoir. Un succès sur lequel il faut continuer à
bâtir.
À l’échelle des nations, le Canada est un pays encore bien jeune en
adaptation constante dans un environnement qui change rapidement.
L’économie mondiale se transforme et devient de plus en plus
interdépendante alors que de plus grands ensembles se forment comme
en Europe par exemple. À lui seul, le Canada constitue un grand
ensemble formé des provinces et des territoires qui sont venus
s’ajouter les uns aux autres au fil du temps pour en faire l’une des
sept puissances les plus industrialisées au monde. Le Canada a
grandi très vite. Il est maintenant tout à fait normal de
s’interroger sur son fonctionnement. La mondialisation de l’économie
force les gouvernements de par le monde à se redéfinir.
Ce qui demeure constant dans notre histoire, c’est notre capacité à
nous adapter à de nouvelles circonstances et aux nouvelles réalités
sans perdre de vue nos valeurs et nos principes. Les Pères de la
Confédération nous ont légué un cadre qui est toujours aussi valide
aujourd’hui qu’il l’était il y a 130 ans.
Ils ont prévu des dispositions pour que les provinces soient fortes,
autonomes et capables d’offrir des services et de les adapter aux
conditions locales. Ils ont prévu des dispositions pour que les
provinces puissent évoluer et s’épanouir d’une façon qui leur est
propre. L’ensemble du Canada bénéficie de la création par la
Saskatchewan d’un régime universel d’assurance-maladie. L’ensemble
du Canada bénéficie de la situation géographique de la
Colombie-Britannique qui en fait un pays du Pacifique. À une époque
où l’on demande aux gens de développer leur conscience planétaire et
d’intervenir localement, la notion de provinces fortes est plus
importante que jamais.
Mais les pères de la Confédération ont aussi prévu un gouvernement
national unique, élu directement par les Canadiens. Une instance qui
intervient directement au nom de tous les Canadiens sur les grands
enjeux de l’heure. Ce gouvernement sera encore tout aussi important
au XXIe siècle. Et nous préserverons le rôle de ce gouvernement
national :
par le renforcement de notre économie et de notre union
économique afin que notre pays connaisse la prospérité, pour
nous et pour nos enfants;
par une meilleure solidarité sociale au Canada, en préservant
et en modernisant l’union sociale pour que notre société demeure
bienveillante et généreuse à la grandeur du pays;
par la mise en commun de nos richesses nationales qui nous
permettront d’atteindre efficacement nos objectifs communs;
par la protection et la promotion des valeurs et de l’identité
canadiennes dans la fierté de notre diversité; et
par la défense de la souveraineté du Canada et une
représentation efficace des Canadiens sur la scène mondiale.
Ensemble, nous moderniserons notre fédération en tenant compte de
notre diversité, avec confiance en nos moyens à l’approche du XXIe
siècle.
[CChrétien=19960228]
[lieu=ottawa]
À l’évidence, les Canadiens font face à quelques difficultés à la
suite du résultat du référendum québécois. L’heure n’est pas aux
bouleversements constitutionnels. Nous devons poursuivre la démarche
d’adaptation et de modernisation de notre fédération. Je crois que
nous pourrons y arriver en nous concentrant sur quelques étapes
pratiques dans un esprit qui respecte les principes du fédéralisme.
Le fonctionnement de notre fédération doit répondre à nos besoins
collectifs et correspondre à notre diversité. Il doit être une
expression de respect réciproque et de respect envers nos
institutions. Il doit comprendre un partenariat et un dialogue entre
les pouvoirs publics et les citoyens. Il doit être souple. Il doit
chercher à répondre à nos besoins avec la plus grande efficacité.
De fait, le Canada a surtout fonctionné de cette façon dans le
passé. La fédération s’est montrée d’une souplesse et d’une
adaptabilité remarquables face aux attentes des Canadiens.
Ce que je propose aujourd’hui, c’est un effort concerté entre les
gouvernements fédéral et provinciaux pour résoudre plusieurs pommes
de discorde liées au fonctionnement de la fédération en nous
attardant en particulier au renforcement de notre union économique
et sociale. Nos efforts doivent surtout être concentrés sur des
étapes pratiques et concrètes, et non pas sur les grandes
définitions ou les symboles chargés d’émotivité qu’on associe
généralement à d’importants changements constitutionnels.
L’union économique du Canada représente l’une de nos grandes
réussites. Les Canadiens mésestiment le degré de notre intégration
économique qui dépasse, et de loin, le degré d’intégration
économique que nous avons atteint avec n’importe quel pays, y
compris les États-Unis.
Au cours d’une génération, nous avons pu observer un aplanissement
des disparités régionales. Nous avons à peu près comblé l’écart qui
existait entre le niveau de vie au Canada et aux États-Unis. Mais
nous n’exploitons pas encore tous les avantages que cette union
économique peut nous procurer. L’optimisation de cet avantage est la
clé de la compétitivité du Canada sur la scène internationale.
J’invite les provinces et tous les Canadiens à penser aux façons
dont nous pouvons améliorer notre union économique. Pour accroître
la mobilité de la main-d’oeuvre entre les provinces. Pour réduire
les entraves au commerce intérieur. Pour améliorer nos marchés
financiers domestiques. Pour accroître la diffusion de l’information
technologique. Et pour améliorer notre niveau de collaboration à
l’étranger.
Le Canada a développé un large consensus pour promouvoir notre union
sociale. Les citoyens désirent voir leurs gouvernements travailler
ensemble pour moderniser notre filet de sécurité sociale de manière
à ce qu’il demeure viable à long terme et continue de refléter les
valeurs que les Canadiens partagent d’un océan à l’autre. De concert
avec les provinces et les citoyens, et à partir des principes que
nous avons en commun, le gouvernement va explorer de nouvelles
approches en matière de politique sociale.
Le développement de notre union sociale doit respecter l’esprit de
la fédération aussi bien que les réalités financières qui nous
assaillent. Conscient de cet état de choses, le gouvernement
s’engage fermement à ce que la création de tout nouveau programme
national à frais partagés dans des domaines de compétence exclusive
des provinces, nécessite le consentement préalable de la majorité
des provinces. Ces programmes seront conçus de telle sorte que les
provinces qui choisiront de ne pas y participer seront indemnisées,
à condition de mettre en place des mesures équivalentes ou
compatibles avec les objectifs nationaux.
C’est la première fois qu’un gouvernement fédéral s’engage
officiellement et unilatéralement à restreindre son pouvoir de
dépenser ailleurs que dans le cadre de négociations
constitutionnelles. Par ce geste, nous reconnaissons que
l’utilisation de ce pouvoir en matière de programmes à frais
partagés suscite des tensions avec les provinces. Nous croyons être
en mesure de bâtir l’union sociale en faisant preuve de cette
volonté, et grâce à d’autres moyens de nature non financière.
Les Canadiens et les Canadiennes souhaitent que leurs gouvernements
soient flexibles et travaillent efficacement en partenaires de
manière à ce que le pays fonctionne bien. Nous allons travailler
avec les provinces pour nous assurer que la population est servie
par le niveau de gouvernement le mieux placé pour le faire.
Le gouvernement fédéral n’a plus à être présent dans un certain
nombre de domaines pour servir efficacement ses citoyens. Nous avons
d’ailleurs commencé à transférer les infrastructures de transport
aux autorités municipales et au secteur privé. Ensuite, dans le
secteur du tourisme, nous avions un programme géré par le ministère
de l’Industrie. L’an dernier, l’industrie touristique a recommandé
d’en confier l’administration au secteur privé en collaboration avec
le secteur public.
Nous avons accepté. En nous retirant de notre propre programme, la
Commission canadienne du tourisme a pu voir le jour. Elle est
dirigée par l’industrie touristique en collaboration avec les
gouvernements fédéral et provinciaux, travaillant tous ensemble.
C’est un remarquable succès qui tient lieu de modèle de partenariat
entre les différents niveaux de gouvernement et le secteur privé
pour le XXIe siècle.
Le gouvernement fédéral est également prêt à se retirer des
fonctions qu’il exerce dans des domaines tels la formation de la
main-d’oeuvre, les forêts, les mines et les activités récréatives
dont la responsabilité conviendra mieux à d’autres instances au XXIe
siècle, qu’il s’agisse des provinces, des municipalités ou du
secteur privé.
Il y a plusieurs domaines où les deux ordres de gouvernement ont un
rôle véritable à jouer. Dans ces secteurs, nous devons optimiser
l’efficacité de nos interventions pour que les contribuables en
aient pour leur argent. Le gouvernement invitera les provinces à
accentuer leurs efforts pour éliminer les chevauchements et les
doubles emplois qui existent et pour identifier d’autres zones
grises qui prêteraient à discussion.
Dans les mois à venir, nous examinerons au cours d’une conférence
des premiers ministres comment mieux travailler ensemble à la
création d’emplois au Canada; comment préserver le filet de sécurité
sociale et enfin, comment mettre en place un programme commun de
changement pour renouveler le Canada.
Préserver et améliorer l’unité canadienne exige plus qu’un
rééquilibrage des rôles et des responsabilités des gouvernements.
Cela exige que nous nous rappelions ce que nous avons en commun, en
faisant la promotion de la culture, des arts et de notre patrimoine.
Nous le ferons.
Préserver l’unité canadienne exige que nous offrions aux Québécois
qui sont tentés par une autre option un rêve plus noble, soit celui
d’un Canada où les Québécois, comme tous les Canadiens, se
sentent chez eux partout au pays; un Canada qui se veut le meilleur
garant du fait français en Amérique du Nord.
Les démocraties qui ont la richesse de compter plus d’une langue
officielle et jouissent donc par là même d’une ouverture plus large
sur l’univers des cultures, prévoient des aménagements particuliers
afin d’aider leurs groupes linguistiques à cohabiter dans
l’harmonie. Notre loi sur les langues officielles, ainsi que la
reconnaissance des droits linguistiques dans la Constitution,
forment un modèle du genre. Il nous suffit de pousser plus loin, et
de reconnaître comme une force, une chance pour le Canada, que dans
cette Amérique anglophone, il existe une société qui fonctionne en
français et qui prend les moyens pour continuer de le faire.
Sur un continent où un individu seulement sur quarante est
francophone, nous devons collectivement comprendre les inquiétudes
de beaucoup de nos concitoyens francophones. Ils se préoccupent non
seulement de la survie de leur langue et de leur culture, mais
également de son épanouissement.
Le Québec veut être reconnu comme une société distincte par sa
langue, sa culture et ses institutions. La Chambre des communes a
adopté une résolution en ce sens, et un droit de veto régional
garantissant qu’aucun changement constitutionnel ne se fera sans
l’accord d’une région du pays, a également été adopté.
Nous souhaitons l’enchâssement de ces changements dans la
Constitution et nous savons que ce ne sera pas facile. Il faudra
convaincre et expliquer que la reconnaissance du caractère distinct
de la société québécoise n’enlève rien à personne et reflète
simplement la réalité. Une réalité qui constitue un atout pour notre
pays.
Nous avons tous appris la semaine dernière ce que l’ancien premier
ministre du Québec aurait dit si le 30 octobre, le résultat lui
avait été favorable. Le résultat était irréversible; la démocratie
avait parlé; la page devait être tournée; tous devaient se rallier
au choix. Pourquoi ne pas accepter que les Québécois ont choisi le
Canada pour la deuxième fois en 15 ans? Pourquoi ne pas consacrer
maintenant toutes nos énergies et nos ressources à bâtir ensemble
l’avenir de notre pays ?
Le Canada a besoin de stabilité politique pour assurer sa stabilité
économique de façon à ce que Montréal retrouve la voie de la
prospérité, Toronto progresse de nouveau et Vancouver maintienne sa
croissance. En fait, toutes les villes et toutes les régions du pays
en ont besoin. La stabilité politique profite à tous les Canadiens.
Travailler ensemble pour préserver ce que nous avons bâti ensemble.
C’est un défi auquel je convie tous les Canadiens et les
Canadiennes. Certains diront que ce n’est pas facile. Je leur
répondrai que le pays dans lequel ils ont la chance extraordinaire
de vivre aujourd’hui ne s’est pas construit dans la facilité. Le
Canada est fait de courage et de détermination. Il est fait de la
volonté de vivre ensemble avec nos différences qui sont aussi nos
forces. C’est notre héritage. À nous de le préserver et de le faire
fructifier.
Monsieur le Président, la grandeur se mesure de plusieurs façons.
Pour certains, la mesure d’un pays n’est qu’une question de richesse
et de puissance. Pour ma part, je pense que le Canada a trouvé une
façon bien à lui de définir ce concept : le meilleur équilibre
possible entre la réussite économique et la justice sociale.
J’ai eu le privilège de voyager à l’étranger, de représenter le
Canada et la population canadienne sur la scène internationale. Et
j’ai aussi eu l’occasion d’observer comment le Canada est perçu dans
le monde. On voit ici un pays véritable, il n’y a pas à revenir
là-dessus. Mais il y a plus encore. On voit une société grande et
diversifiée qui a su transformer cette diversité en prospérité. On
voit une terre d’espoir et d’intégrité, un pays bâti par des gens
venus du monde entier. On voit un endroit où chaque citoyen a
l’occasion d’exploiter son potentiel, un endroit où règne également
un sens du partage et de l’entraide, un véritable sens
communautaire.
Monsieur le Président, nous voyons que lorsque le monde se mire dans
le Canada il aperçoit l’avenir, ou plutôt le meilleur avenir
possible, l’espoir le plus solide. Ensemble, bâtissons ce modèle
d’espoir et de confiance. Un modèle pour toute l’humanité.
[CChrétien=19961128]
[lieu=japon]
Vous me faites un grand honneur en me donnant l’occasion de prendre
la parole devant un auditoire aussi remarquable.
J’ai déjà eu le plaisir de séjourner dans votre pays à de nombreuses
reprises, mais il s’agit cette fois de ma première visite officielle
en ma qualité de premier ministre du Canada.
Je tenais, pendant ce voyage, à souligner que le Canada comprend
qu’on ne saurait limiter le Japon à Tokyo. En effet, notre
gouvernement a constaté, il y a déjà un certain temps, que le
dynamisme des régions, abstraction faite, donc, de la capitale, ne
cessait de croître.
La région entourant Nagoya en donne un exemple tout à fait éloquent.
On y retrouve de nombreux secteurs qui présentent un énorme intérêt
pour le Canada. Fait renversant, l’économie de votre région est plus
importante que celles de pays aussi importants que la Corée ou
l’Australie.
Le Canada a ouvert un consulat à Nagoya au début de la décennie.
Depuis, notre consul, Monsieur Bob Mason, et son équipe n’ont pas
ménagé leurs efforts afin de représenter toujours mieux les intérêts
du Canada ici.
Leur travail acharné porte ses fruits : grâce à eux, on connaît
mieux notre pays à l’échelle locale.
Aujourd’hui, j’aborderai le thème du commerce entre nos deux pays.
La raison est que je crois qu’une économie forte est l’essence même
d’une société forte. L’accroissement des échanges nous permet de
créer des emplois et des revenus pour nos populations. Et, en
retour, cela nous donne les moyens d’atteindre les objectifs que
nous poursuivons tous en matière de développement social, culturel
et environnemental. Demain, j’aborderai certains de ces grands
thèmes à l’Université de Meiji.
Notre action est axée sur certains secteurs présentés dans un Plan
d’action pour le Japon. Nous avons retenu sept secteurs, puis nous
avons préparé des stratégies commerciales correspondant à chacun
d’entre eux.
Ce plan donne des résultats : les entreprises canadiennes
connaissent mieux le marché japonais, elles adaptent leurs produits
en fonction des préférences de votre population, et elles
recherchent systématiquement de nouveaux débouchés commerciaux chez
vous, y compris dans la région du Chubu.
Le Japon est, en importance, notre deuxième partenaire commercial,
après les États-Unis. Nous exportons presque davantage vers votre
pays que vers tous les autres pays d’Asie réunis.
L’an dernier, nos exportations vers le Japon ont fait un bond de 24
% et ont dépassé le plateau des 12000000000 $, tandis
que le total de nos échanges bilatéraux a avoisiné les 24000000000
$. Ces échanges sont relativement équilibrés.
La région du Chubu est devenu un important marché d’exportation pour
le Canada. Nos exportations directes vers elle ont progressé de 77
% de 1992 à 1995, s’établissant ainsi à 2210000000 $.
Les échanges commerciaux bidirectionnels entre notre pays et la
région du Chubu dépassent maintenant les 5700000000 $.
Les produits destinés au secteur du bâtiment ont procuré au Canada
un succès d’une importance décisive dans votre région. Depuis 1993,
un nombre dépassant largement la trentaine d’entrepreneurs en
construction et de fournisseurs canadiens de matériaux dans ce
domaine ont établi des rapports commerciaux avec plus de 50
entrepreneurs sur place.
On a construit ici, l’an dernier, environ 300 maisons préfabriquées
au Canada à partir de produits fournis par des entreprises de
diverses provinces de notre pays.
Ces résultats constituent l’aboutissement d’efforts et de
détermination. Non seulement notre consul, Monsieur Bob Mason,
apporte-t-il du travail chez lui, mais sa maison a valeur de
vitrine
de la technologie canadienne du bâtiment. Je m’explique.
La construction de la maison du Canada à Nagoya, où Bob habite avec
son épouse Janette, a marqué le coup d’envoi de notre approche
vigoureuse du marché local des produits destinés au secteur du
bâtiment. Cette maison compte plus de 40 produits livrés par des
fournisseurs canadiens.
Au cours des deux années et demie qui se sont écoulées depuis que
Monsieur et Madame Mason ont emménagé dans la maison du Canada à
Nagoya, plus de 6 300 représentants d’entreprises y sont venus.
Imaginez un peu toutes ces paires de chaussures laissées au « genkan
» [hall d’entrée]!
Le parc des maisons d’importations du JETRO, l’Office japonais du
commerce extérieur, abrite des maisons-témoins fabriquées au Québec,
en Ontario et en Colombie-Britannique, ainsi qu’un immeuble de
bureaux en provenance de l’Alberta. Je me rendrai à ce parc dans le
courant de la journée.
Dans le domaine des produits alimentaires, on a vendu au détail pour
la première fois dans votre région, en 1993, du boeuf canadien. Nous
avons présenté sur votre marché un certain nombre de nos produits :
bière, jus et vins, dont nos vins de glace, célèbres dans le monde
entier, de même que l’huile de canola, des confitures, du miel et du
sirop d’érable. Des entreprises canadiennes ont également répondu à
l’attrait qu’exercent sur les consommateurs japonais les produits de
la pêche, notamment le homard, le saumon, le mactre d’Amérique et le
crabe.
Nos deux pays collaborent également dans les importants secteurs de
l’automobile et de l’aérospatiale.
Votre région est fière, à juste titre, d’abriter le siège du
constructeur Toyota. Le Canada est fier, lui aussi, de compter une
usine d’envergure mondiale de Toyota à Cambridge, en Ontario. Cette
usine a remporté à maintes reprises des prix pour l’excellence de sa
production, et son rendement à l’exportation est tout à fait
remarquable.
Toyota a accordé un autre de vote de confiance au Canada en
renforçant sa présence non seulement à Cambridge, mais aussi par le
biais de ses installations de fabrication de roues en aluminium
CAPTIN, à Delta, en Colombie-Britannique.
D’autres investisseurs de votre région ont récemment élargi leur
champ d’activité au Canada. Ces entreprises prennent acte du fait
que le Canada a la bonne fortune d’être plus que généreusement doté
en ressources naturelles, qu’il compte une population active
instruite et très qualifiée, ainsi qu’un secteur de la technologie
de pointe qui se trouve à l’avant-garde dans de nombreux secteurs
industriels.
Ce matin, j’ai également eu l’occasion, lors d’une visite, de mettre
en relief un autre exemple de la collaboration entre nos deux pays :
le partenariat entre votre société Mitsubishi Heavy Industries et
notre groupe Bombardier.
Cette collaboration va de la promotion des ventes du bombardier à
eau CL-415 à la production conjointe de l’appareil Dash 8-400 et de
l’avion à réaction d’affaires Global Express.
Dans le cas du Global Express, ces deux entreprises travaillent
ensemble à construire ce qu’on considère comme étant le meilleur
avion de sa catégorie dans le monde.
La coopération gagne également du terrain dans des domaines où le
Canada possède des atouts, comme ceux des télécommunications, de la
micro-électronique et des logiciels.
Le tourisme constitue, lui aussi, un important domaine en expansion.
10 % de tous les touristes japonais au Canada proviennent
de la région du Chubu.
Le Japon représente maintenant la première source de recettes
obtenues de touristes d’outre-mer au Canada. Un nombre de 670000
Japonais se sont rendus au Canada en 1995, une progression de 19 p.
100 par rapport à l’année précédente. Au cours du premier semestre
de l’année en cours, nous avons observé une nouvelle augmentation de
13 %, en comparaison de la même période, l’an dernier.
Hier, à Tokyo, j’ai fixé un objectif réaliste dans quelques années,
soit de 1000000 de touristes japonais chaque année au Canada.
Mon gouvernement voit dans le tourisme beaucoup plus qu’une simple
activité commerciale. Le fait que davantage de citoyens du Japon
visitent notre pays constitue un important facteur de renforcement
de nos rapports personnels avec votre pays.
Parmi ceux qui ont séjourné au Canada récemment, je mentionne la
mission commerciale des dirigeants du monde japonais des affaires,
sous l’égide de la Keidanren. J’ai eu l’honneur de rencontrer ce
groupe à Tokyo hier. C’est avec beaucoup de satisfaction que j’ai
entendu ses observations positives sur le renouveau de l’économie
canadienne.
L’économie canadienne est saine et vigoureuse. Le déficit a été
réduit de façon draconienne. Les taux d’intérêt sont à leur plus bas
niveau depuis quatre décennies. Il n’y a virtuellement pas
d’inflation.
Le Canada offre un climat accueillant et réceptif aux investisseurs
étrangers. L’esprit d’entreprise canadien est bien en vie et en
santé. À un rythme sans précédent, les Canadiens créent de nouvelles
compagnies, développent de nouveaux produits, et trouvent de
nouveaux marchés chez nous et à l’étranger.
Les investisseurs du Japon peuvent tirer parti de l’ALENA, qui
procure aux entreprises établies au Canada un accès plus sûr à un
marché de plus de 360000000 de consommateurs.
L’ALENA vient renforcer une argumentation déjà fort convaincante en
faveur de l’investissement au Canada. Nous constatons avec plaisir
que les investisseurs de votre région sont sensibles à ce message.
À l’échelle internationale, le Canada et le Japon sont des
défenseurs de premier plan de la libéralisation des échanges
commerciaux, que ce soit dans leur action individuelle ou par leur
coopération au sein d’instances comme le G7, l’OMC, l’OCDE et
l’APEC.
Cela dit, c’est à l’échelle des rapports bien précis en matière de
commerce et d’investissement, comme ceux qui unissent le Canada et
la région entourant Nagoya, qu’on peut vraiment constater et sentir
l’importance de la libéralisation du commerce et de
l’investissement.
La capacité de tenir ses promesses revêt une importance cruciale
pour les consommateurs exigeants comme le sont ceux du Japon. Nous
avons démontré à votre région que nous possédons cette capacité. Les
populations du Canada et de la région du Chubu sont plus prospères
grâce à notre coopération économique.
L’accroissement des échanges commerciaux avec la région de
l’Asie-Pacifique représente une priorité personnelle pour moi, en ma
qualité de premier ministre. Cela tient au fait que pour le Canada,
les exportations ont représenté le plus important élément
contribuant à la création d’emplois. Or, la création d’emplois et la
croissance économique sont prioritaires pour mon gouvernement.
La croissance des rapports entre nos deux pays suscite chez moi un
grand enthousiasme. Le Japon est le plus important partenaire du
Canada de ce côté-ci du Pacifique. Je vois dans les relations
canado-japonaises un modèle applicable à nos rapports avec nos
autres partenaires. J’ajoute que j’ai la conviction qu’il existe
encore de nombreuses autres possibilités de mener une action de
coopération mutuellement bénéfique.
Nous vivons dans un monde dont les composantes sont de plus en plus
liées les unes aux autres. Au moment où le XXIe se profile à
l’horizon, il ne fait aucun doute qu’aucun pays ne peut aller de
l’avant en faisant cavalier seul. Nous allons avancer ensemble.
Ce fut pour moi un honneur que de vous adresser la parole
aujourd’hui. Je vous remercie.]
[CChrétien=19960529]
[lieu=ottawa]
Pour ceux d’entre nous qui ont eu le grand privilège de siéger au
Parlement, la journée d’aujourd’hui revêt une importance toute
particulière. C’est un peu comme notre première réunion du collège.
Je vérifierai un peu plus tard s’il y en a d’autres que moi du
conventum de 1963.
Par le passé, lorsqu’on dévoilait le portrait d’un président de la
Chambre dans les édifices du Parlement, certains députés se
plaisaient à dire qu’ils avaient «pendu l’Orateur». C’est maintenant
à son tour de «pendre» des députés et sénateurs.
Je félicite le président Parent de cette initiative visant à rendre
hommage aux parlementaires canadiens.
En pensant aux milliers de noms inscrits sur ces plaques, je me
remémore les profonds changements qu’a connus notre démocratie
parlementaire depuis la Confédération.
N’oublions pas qu’au moment de l’élection du premier parlement
canadien, seuls avaient droit de vote les adultes de sexe masculin
ayant des biens fonciers, soit environ 15% de la population.
Les règles du scrutin étaient différentes d’une province à l’autre
et dans la plupart des cas, le vote n’était même pas secret. La
délimitation des circonscriptions ne se faisait pas toujours
équitablement. Le scrutin prenait parfois des semaines, voire des
mois. La fraude était endémique.
Il n’était pas rare qu’un député occupe simultanément un siège au
Parlement et dans une assemblée législative provinciale.
Aujourd’hui, notre régime électoral est reconnu comme étant l’un des
plus justes, efficaces, pacifiques et démocratiques de la planète.
Il a même été pris comme modèle par de nombreux autres pays. À
plusieurs reprises on a d’ailleurs fait appel à Élections Canada
pour la tenue d’élections à l’étranger.
Notre système démocratique ne fait pas que changer; il s’améliore
constamment.
Ainsi, ce n’est que vers la fin des années 60 que l’interprétation
simultanée a permis aux députés de suivre les débats dans les deux
langues officielles.
Ce n’est que dans les années 60 que le gouvernement s’est mis à
renvoyer systématiquement les projets de loi et prévisions
budgétaires devant des comités permanents pour qu’ils en fassent une
étude plus approfondie.
Ce n’est que dans les années 80 que le président de la Chambre des
communes a commencé à être élu par tous les députés réunis.
La tâche des parlementaires est devenue considérablement plus
complexe et exigeante.
Même se faire élire est plus difficile qu’autrefois. Il n’était pas
rare alors qu’on élise les notables par acclamation, ce qui est
extrêmement rare de nos jours.
Jusque dans les années 30, le Parlement ne siégeait que durant
quelques mois au printemps. Quand les parlementaires arrivaient à
Ottawa, ils y demeuraient la plupart du temps jusqu’à la fin de la
session.
Aujourd’hui, nous sommes conscients que la charge de parlementaire
est un travail à plein temps, durant toute l’année.
Ces plaques témoignent aussi de l’évolution de la population
canadienne. En effet, le Parlement est le reflet de la population
canadienne.
Le Parlement est davantage représentatif de la diversité ethnique
canadienne. Il n’en a pas toujours été ainsi.
Ainsi, ce n’est qu’en 1948 que les Canadiens d’origine asiatique ont
pu commencer à profiter de tous les droits démocratiques.
J’ai été très fier de pouvoir accueillir le premier Canadien
d’origine chinoise et la première femme autochtone à faire partie du
Conseil des ministres.
Sur ces plaques, nous pouvons également voir les noms des premières
femmes à devenir députée, sénatrice, ministre, chef de parti,
président de la Chambre et premier ministre.
À la 35e législature, on constate la présence d’un nombre record de
femmes, tant au Sénat qu’aux Communes. Et je suis très fier du fait
que les deux-tiers des personnes que j’ai nommées au Sénat sont des
femmes.
Au cours de ma carrière politique, je me suis rendu dans de
nombreuses capitales du monde et je demeure convaincu que les
édifices du Parlement canadien sont aussi splendides que n’importe
quel autre siège gouvernemental de par le monde.
Nous voulons encourager les citoyens à visiter le Parlement. Et il
me fait particulièrement plaisir de voir tant de jeunes étudiants
qui viennent ici en excursion scolaire, surtout en cette période de
l’année.
J’ai un message pour les jeunes qui regardent peut-être cette
cérémonie aujourd’hui.
Il est très facile d’être désabusé de la vie politique. La
désillusion est un fait de notre époque.
Peu de Canadiens peuvent se vanter d’avoir connu autant de
personnalités politiques que moi. J’ai servi avec des milliers
d’entre eux.
Ce sont des hommes et des femmes de toutes les régions du pays et de
tous les partis politiques. L’immense majorité sont intègres et
dévoués et sont venus ici pour construire un Canada encore meilleur.
Je suis fier de dire qu’ils étaient mes amis. Et je tiens à
souligner qu’ils venaient de tous les horizons politique. Aucun
parti n’a le monopole de la vertu.
Quand j’ai pris mon siège pour la première fois dans cette Chambre,
il y a 33 ans, cela a été un moment magique dans mon existence.
Ce l’est encore aujourd’hui.
Cette chambre est un lieu bien spécial, un endroit où chaque
génération a l’occasion de débattre les grandes idées de l’heure, un
endroit où se façonne l’orientation que prendra notre grand pays.
Je dis donc aux jeunes Canadiens que si ce qu’ils voient ici ne leur
plaît pas, ils n’ont qu’à venir et à le changer. Avec de la
persistance, n’importe quel Canadien peut décrocher un siège dans
cette chambre. Oui, il est possible de changer les choses.
J’ai toujours cru que la politique était une profession honorable et
c’est toujours ma conviction.
L’étude de ces noms et les services que ces parlementaires ont
rendus à leur pays en étonneront plus d’un:
Des personnalités politiques chevronnées, tels que Mackenzie Bowell
et Chubby Power qui comptaient chacun 50 ans de service à la Chambre
des communes et au Sénat ;
Sir Wilfrid Laurier qui a siégé à la Chambre des communes pendant 45
ans ;
des symboles de la démocratie parlementaire tels que John
Diefenbaker et Stanley Knowles, dont les réélections leur ont permis
de participer aux travaux de 13 législatures différentes.
Mais des fiches aussi impressionnantes que celles-ci ne diminuent en
rien les réalisations de ceux et celles qui ont servi le Parlement
pas même le pauvre Douglas Cunnington qui n’a servi la Chambre
que durant une seule journée!
Quelle qu’ait été la durée de sa carrière parlementaire, chacun des
noms gravés sur ces plaques est celui d’une personne au service de
ses concitoyens.
Certains diront que la cérémonie d’aujourd’hui est l’occasion pour
la classe politique de chanter ses propres louanges. J’y vois autre
chose. C’est vrai que nous honorons des individus, mais nous rendons
également hommage à une institution, le service au Parlement. Et
c’est quelque chose qui mérite d’être reconnu.
Merci.
[CChrétien=19961129]
[lieu=japon]
L’honneur que vous me faites aujourd’hui n’a d’égal que la
bienveillance avec laquelle vous m’avez accueilli dans votre grand
pays.
Je l’accepte avec fierté, pour moi-même, et au nom de tous les
Canadiens.
Je l’accepte comme un symbole des relations étroites et durables
qu’entretiennent nos deux pays.
Le Canada, tout comme le Japon, est un pays du Pacifique.
Nous vivons dans un monde dans lequel la connaissance est la clé de
la fraternité et de la coexistence pacifique, dans lequel les
ressources intellectuelles des nations ouvrent la voie à la
croissance économique, à la prospérité et au progrès social.
Nous ne saurions trouver meilleur endroit pour célébrer ce
partenariat qu’une des plus prestigieuses maisons du savoir au
Japon.
Je constate avec grand plaisir le succès que connaît le programme
d’Études canadiennes de l’Université Meiji.
Depuis 1989, votre Centre de programmes internationaux a collaboré
étroitement avec l’ambassade canadienne afin d’inviter d’éminents
universitaires canadiens à venir prononcer des conférences et animer
des séminaires.
Les liens qui se sont tissés entre votre université et des
institutions de haut savoir canadiennes comme l’Université de
Victoria, l’Université de l’Alberta et l’Université York sont d’une
valeur inestimable tant pour les étudiants japonais que canadiens.
Nous pourrions citer bien d’autres exemples illustrant comment nos
deux pays apprennent à mieux se connaître mutuellement.
Les scientifiques canadiens et japonais tiennent des rencontres
mutuellement profitables dans le cadre de programmes comme les
Japanese STA Fellowships et notre Fonds de coopération scientifique
et technologique avec le Japon.
Au cours des dix dernières années, plus de 3000 jeunes Canadiens
sont venus enseigner l’anglais dans les écoles japonaises. Depuis
1987, près de 10000 jeunes Canadiens et 25000 jeunes Japonais ont
pris part au Programme d’emploi d’été permettant à des jeunes
d’allier apprentissage et tourisme.
De plus, des milliers de touristes canadiens sont venus visiter
votre pays, et l’an dernier, à Toronto, plus de 500000 Canadiens
ont pu admirer la plus grande exposition d’art, de théâtre et de
danse japonais qui ait jamais été présentée en Amérique du Nord.
D’autre part, jamais les touristes japonais n’ont visité mon pays en
aussi grand nombre. Au cours de la dernière décennie, 5000000
de Japonais se sont rendus au Canada.
Vous constaterez que le Canada est une terre d’immigrants. Au fil
des ans, nos deux cultures fondatrices française et anglaise ont été
enrichies par des millions de gens venus de toutes les régions du
monde, y compris le Japon.
Ainsi, il y a soixante ans, un jeune homme appelé Umezuki est parti
pour le Canada. Aujourd’hui, sa petite-fille représente le Canada à
notre ambassade, ici, à Tokyo.
Il y a plus de quarante ans, un autre jeune homme, Nakamura,
quittait son pays pour le Canada. Il est devenu un maître du kendo,
et son art est reconnu au Canada et au Japon. Il vit aujourd’hui à
Tokyo et pratique le kendo avec le premier ministre Hashimoto. Sa
fille travaille également à notre ambassade.
L’édifice même de notre ambassade a été conçu par un éminent
Canadien d’origine japonaise, Raymond Moriyama. Son oeuvre
magnifique d’Akasaka allie les traditions architecturales japonaises
et canadiennes, et il représente à merveille l’étroite relation qui
unit nos deux pays.
Ces liens étroits touchent également aux secteurs des affaires et du
commerce. Le Japon est notre deuxième partenaire commercial après
les États-Unis.
Au cours des trois dernières années, la valeur de nos exportations
vers le Japon a augmenté de 61 %. Les exportations du Japon
vers le Canada ont également connu une augmentation spectaculaire.
En fait, les relations commerciales que nous entretenons avec votre
pays constituent un modèle des relations que nous voudrions établir
avec nos partenaires commerciaux de l’autre côté du Pacifique.
Nos pays aspirent à une plus grande coopération internationale
permettant la libre circulation des biens et des services entre tous
les pays.
Voilà pourquoi le Canada adhère, aux côtés du Japon, à des
organismes comme le Groupe des Sept, l’Organisation mondiale du
Commerce (OMC), l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) et l’Organisation de coopération économique
Asie-Pacifique (APEC).
Nous pensons qu’une plus libre circulation des produits et services
entre les pays constitue la meilleure assurance d’un partage
équitable de la croissance économique. Nous partageons avec le Japon
l’objectif d’amener les pays du monde à adopter un système
économique commun, fondé sur des règles, puisque cela apportera une
plus grande prospérité à tous les pays.
Le savoir combiné des entreprises canadiennes et japonaises du
secteur privé représente une présence commerciale exceptionnelle.
Les marchés asiatiques en expansion offrent d’énormes possibilités
de croissance.
Il me fait plaisir de vous annoncer qu’à la suite de ma visite dans
votre pays, nos gouvernements ont accepté de rechercher
conjointement des moyens de favoriser une plus grande coopération
entre nos entreprises du secteur privé afin qu’elles puissent
profiter des possibilités qu’offrent les marchés asiatiques et
d’autres marchés.
Nous pouvons apprendre beaucoup les uns des autres en partageant nos
expériences dans des domaines comme l’amélioration de nos propres
politiques financières.
Nous apprécions également la chance que nous avons d’apprendre de
vous, comment vous avez bâti une société juste et équitable, qui
valorise l’éducation et récompense l’innovation. Et comment votre
pays a réussi à édifier une des économies les plus puissantes au
monde à partir d’exportations qui ont défini les normes mondiales de
qualité et d’innovation technique.
Je crois qu’il est important que tous les citoyens du monde
comprennent que lorsque leurs dirigeants se rencontrent au sein des
divers organismes internationaux dont j’ai parlé plus tôt, leurs
discussions vont au-delà des statistiques arides sur le commerce et
les flux de capitaux. Nous parlons des gens dans leur vie de tous
les jours.
À cet égard, je ne peux que saluer l’Initiative for a Caring World
présentée par le premier ministre Hashimoto au sommet du Groupe des
Sept, qui s’est tenu à Lyon en juin dernier.
Sa proposition porte sur un des plus grands défis qui attendent les
gouvernements : comment faire en sorte que nos régimes de sécurité
sociale, de santé et de pension puissent parer au vieillissement
rapide de la population?
Les Canadiens se préoccupent aussi de cette question. Nous
travaillons sur la façon de maintenir l’autosuffisance de notre
régime de pension au cours du siècle prochain malgré le
vieillissement de la population.
L’une des principales préoccupations communes à nos deux pays est la
protection de l’environnement. Depuis le Sommet de Rio, le Japon et
le Canada ont collaboré étroitement à ce sujet.
Le Canada reconnaît que le Japon n’a pas son pareil en matière de
diplomatie environnementale. C’est sur la base de ce constat que se
développent nos relations bilatérales sur les questions
environnementales. La rencontre internationale sur les forêts
modèles, qui a eu lieu la semaine dernière sur l’île de Shikoku, a
été parrainée conjointement par le Japon et le Canada et constitue
un exemple éloquent de cette collaboration.
Nous souhaitons également poursuivre le dialogue avec le Japon quant
à cette autre préoccupation commune qu’est la sécurité personnelle
partout dans le monde.
À l’aube du XXIe siècle, maintenir la sécurité signifie préserver le
bien-être économique de nos citoyens. Cela signifie protéger notre
environnement mondial et faire en sorte que les laissés pour compte
du développement économique mondial aient une chance de rattraper
les autres pays.
Les Japonais peuvent être fiers de l’esprit d’initiative dont fait
preuve leur pays sur la scène internationale. Le Japon est le pays
qui contribue le plus aux Nations unies et qui se montre le plus
généreux en ce qui concerne l’aide extérieure. Il est devenu l’un
des plus importants promoteurs de la réforme et de l’évolution de
l’ONU et de l’amélioration des conditions de vie dans les pays en
développement.
Le Canada partage ces objectifs.
Notre pays est peut-être mieux connu au Japon et dans le monde
entier pour son rôle de gardien de la paix.
Depuis cinquante ans, plus de 100000 militaires canadiens hommes et
femmes ont participé à des missions à l’étranger.
Le Canada a participé à plus de 35 missions de paix dans le monde.
Les missions de paix que nous avons menées au fil des ans ont porté
fruit. Elles ont permis de sauver des vies et de reconstruire des
pays encore fragiles.
Nous sommes heureux de partager avec d’autres pays notre expérience
du maintien de la paix. Plus tôt cette année, un contingent de
casques bleus japonais a commencé à travailler avec un groupe
logistique canadien sur le plateau du Golan. Cette semaine, de
nombreux pays assistent à un séminaire animé par le Canada et
consacré à l’avenir des opérations de maintien de la paix et au rôle
essentiel qu’elles jouent dans le désamorçage des conflits
régionaux.
Nous sommes déterminés à inciter la communauté internationale à
accroître ses efforts en faveur de la paix.
Devant la guerre civile et les différends ethniques qui affligent
les Balkans, l’ancienne Union soviétique et l’Afrique depuis
plusieurs années, un nombre croissant de voix s’élèvent dans la
communauté internationale pour réclamer un effort plus grand en
faveur de la prévention des conflits et du maintien de la paix.
Nous devons passer de la parole aux actes pour relever ces défis.
Il est pressant de mettre au point des moyens qui permettent
d’apporter l’aide humanitaire aux populations dans les zones de
conflit, où les organismes d’aide humanitaire ne peuvent effectuer
leur travail en sécurité. Le besoin est encore plus aigu là où la
famine et la maladie menacent des populations civiles prises entre
des factions belligérantes.
En citoyens du monde responsables, nous avons l’obligation de tirer
des leçons de la situation dans la région des grands lacs africains,
qui est passée au cours des dernières années, de crise prévisible en
crise prévisible, avec d’énormes pertes de vie et une très grande
souffrance humaine.
De meilleurs mécanismes de prévention des conflits et, de la part de
la communauté internationale, une plus ferme volonté d’intervenir
dans une région où peu d’intérêts nationaux sont en cause, auraient
bien pu éviter ces désastres.
Il y a un peu moins de deux semaines, le Canada a pris l’initiative
de mettre sur pied une coalition de pays désireux de venir en aide
aux réfugiés de l’est du Zaïre. Cela a contribué à déclencher une
série d’événements qui ont conduit une véritable marée humaine de
l’est du Zaïre jusqu’au Rwanda.
Nous demeurons engagés à travailler avec les membres de la
communauté internationale, y compris le Japon, pour que les mesures
nécessaires soient prises afin que les organismes d’aide humanitaire
puissent venir en aide aux réfugiés de cette région de l’Afrique.
Nous devons également consacrer nos efforts à faire en sorte qu’il
ne soit plus nécessaire de recourir à des solutions improvisées à
l’avenir.
Il faut trouver de meilleurs moyens pour que les ressources
militaires de la communauté internationale puissent être mobilisées
dans le but de venir en aide aux populations civiles qui souffrent
dans les zones de conflit ou les régions instables.
Je tiens à exprimer ma gratitude à l’Université de Meiji qui m’a
donné l’occasion de lancer ce message à un moment où les citoyens de
nos deux pays sont fortement préoccupés par les difficultés qui
affligent les populations de l’est du Zaïre.
Pour terminer, je veux vous remercier encore une fois de l’honneur
que vous me faites et de l’occasion que vous m’offrez de partager
avec vous quelques-uns des espoirs qui animent le Canada à l’aube du
XXIe siècle.
Merci beaucoup ]
[CChrétien=19970701]
[lieu=ottawa]
Comment demander mieux?
Nous voici rassemblés. Des milliers de gens sur la colline du
Parlement et des millions d’autres suivant les activités partout au
pays. Sa Majesté la reine Elizabeth, son Altesse royale le duc
d’Édimbourg, et tous ces artistes de talent.
Nous sommes réunis ici pour célébrer le 130e anniversaire du Canada.
Pour célébrer nos réalisations communes et les avantages dont nous
bénéficions au pays.
Il y a 130 ans aujourd’hui, les Pères de la Confédération
ont conclu un accord avec l’arrière arrière grand-mère de sa majesté
la reine Victoria, par lequel naissait un nouveau pays sur le
continent nord-américain : un pays nommé Canada.
Si seulement ils pouvaient être parmi nous aujourd’hui pour
constater les choses formidables que nous avons accomplies ensemble.
Nous nous sommes développés, passant de la colonie que nous étions à
l’une des sept plus grandes démocraties du monde.
Nous avons acquis l’habileté remarquable de nous adapter aux
situations et aux réalités nouvelles sans pour autant sacrifier ce
qui nous tient à coeur.
Nous avons ouvert nos portes et nos coeurs aux gens du monde entier
en les invitant à venir au Canada pour édifier un pays d’un genre
nouveau. Un pays où la diversité et le pluralisme sont source de
force et d’unité, non de conflit et de division.
Un pays où nos institutions et nos programmes reflètent les valeurs
communes qui unissent tous les Canadiens : la tolérance, la
générosité, la justice et le sens du partage.
Nous avons édifié une nation que les Nations Unies, pour la
quatrième année d’affilée, considèrent comme le pays ayant la
meilleure qualité de vie dans le monde.
Les mots me manquent pour énoncer tout ce qui me rend fier du Canada
et fier d’être Canadien. Pour moi, c’est une affaire de coeur.
Mais au-delà de ce que le Canada représente pour moi, il y a ce que
le Canada représente pour vous, mes chers amis canadiens. Car c’est
dans vos espoirs et dans vos coeurs que le rêve canadien prend tout
son sens.
Vous entendez le rêve canadien se manifester dans les voix
tremblantes d’émotion des nouveaux Canadiens qui prêtent leur
serment de citoyenneté.
Vous savez que le rêve canadien est en train de se réaliser quand
vous constatez qu’un nombre croissant d’enfants, partout au pays,
apprennent le français ou l’anglais comme langue seconde.
Vous ressentez la force du rêve canadien quand vous voyez
Autochtones et non-Autochtones se réunir en une assemblée sacrée.
Le rêve canadien, c’est une expression de solidarité. On n’a qu’à
penser à la générosité dont les Canadiens et Canadiennes ont fait
preuve cette année pour les victimes des inondations de la rivière
Rouge, la même qui avait été témoignée aux gens du Saguenay l’an
dernier.
Quand un de nos Casques bleus réunit une famille dans un pays
déchiré par la guerre, c’est le rêve canadien à l’oeuvre dans le
monde.
Nous voyons le rêve canadien se déployer dans l’oeuvre de nos
artistes. Roch Voisine, Margaret Atwood, Michel Tremblay, Shania
Twain et tant d’autres sont là pour donner une voix à notre identité
et révéler notre âme collective.
Nous voyons le rêve canadien se déployer dans l’espace quand un
Canadien comme Chris Hadfield est choisi pour poser le bras canadien
sur la Station spatiale internationale.
Nous voyons le rêve canadien se déployer dans le monde du sport
quand un jeune athlète d’origine jamaïcaine, maintenant établi à
Oakville, devient l’homme le plus rapide au monde.
Votre Majesté, ce sont des rêves tels que ceux-ci qui ont inspiré
des générations de Canadiens et de Canadiennes !
Depuis ses débuts, le Canada est synonyme de possibilités illimitées
et de lendemains meilleurs. Si les temps ont changé, cet optimisme
et cette foi en l’avenir ne se sont jamais démentis, et cela ne
changera pas. C’est ce qui nous distingue, c’est ce qui nous rend
Canadiens.
Le 1er juillet, c’est une journée qui prend son sens véritable en
chacun et en chacune de nous. C’est la journée qui nous rassemble,
dans chaque communauté, dans chaque province et dans chaque
territoire.
Aujourd’hui, 30000000 de personnes expriment la fierté de ce
pays, fières de ce que nous avons accompli ensemble et avec
l’assurance que le meilleur est encore à venir.
C’est avec fierté aujourd’hui que j’invite 30000000 de Canadiens
à se joindre à moi pour dire « Bonne fête, Canada ! »
Merci beaucoup. Longue vie au Canada !
[CChrétien=19971203]
[lieu=ottawa]
Distingués invités, Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour mettre fin à l’épidémie des
mines terrestres, ces engins mortels qui subsistent longtemps après
la fin des combats.
On parle et on discute toujours beaucoup aux conférences
internationales. Mais les voix les plus puissantes qui se feront
entendre ici, à Ottawa, ne seront pas celles des participants à
cette conférence. Ce seront les cris des victimes des mines
terrestres, des rizières du Cambodge aux banlieues de Kaboul, des
flancs des montagnes de Sarajevo aux plaines du Mozambique. Un
choeur de millions de voix, implorant le monde, demandant qu’on
élimine les mines terrestres antipersonnel.
Je vous souhaite la bienvenue à cet événement historique. Pour la
première fois, la majorité des pays du monde conviendront
d’interdire une arme d’utilisation militaire dans la plupart des
pays du globe. Pour la première fois, des gouvernements, des
institutions internationales et des groupes non gouvernementaux du
monde entier ont fait cause commune et oeuvré de concert, avec une
célérité et un esprit remarquables, pour rédiger le traité que nous
allons signer aujourd’hui. Pour la première fois, les gens qui
craignent de marcher dans leurs champs, ceux qui ne peuvent labourer
leurs terres, ceux qui ne peuvent retourner dans leurs propres
maisons, à cause des mines terrestres, peuvent commencer à espérer
de nouveau.
Pour eux tous, pour nous tous, il s’agira d’un événement
inoubliable.
C’est le travail de nombreux pays, de nombreux groupes et de
nombreuses personnes qui nous a réunis ici aujourd’hui. Le Comité
international de la Croix-Rouge, dont les chirurgiens ont vu trop de
corps mutilés par les mines terrestres, a pris la tête du mouvement.
La Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres
a suscité énormément d’appui à cette cause par son enthousiasme et
son dévouement. La regrettée Princesse de Galles a su capter
l’attention du monde entier lorsqu’elle a exposé le tribut en vies
humaines des mines terrestres. Et le Secrétaire général des Nations
unies, Kofi Annan, a courageusement reconnu que le Processus
d’Ottawa incarnait l’engagement pris en 1996 par 156 pays membres de
l’ONU à « s’appliquer énergiquement à conclure une entente
internationale efficace et exécutoire visant à interdire
l’utilisation, le stockage, la production et le transfert des mines
terrestres antipersonnel. »
Lors de ma première participation au Sommet des pays du G7, à Naples
en 1994, j’avais soulevé la préoccupation du Canada face à la
prolifération des mines terrestres. En 1995, notre ministre des
Affaires étrangères de l’époque, André Ouellet, a pris, au nom du
Canada, l’engagement nous ralliant à cette cause vouée à
l’interdiction des mines terrestres. En 1996, Lloyd Axworthy a
réitéré cet engagement avec une énergie nouvelle et donné une
urgence nouvelle à l’action mondiale. Il a convoqué une conférence à
Ottawa parce que nous n’étions pas satisfaits de ce qui avait été
fait jusque là pour mettre fin à la lente extermination causée par
les mines terrestres.
Nous savions qu’il ne suffirait pas d’adopter un calendrier vague et
lointain pour mettre un terme à l’épidémie des mines terrestres. Pas
avec la centaine de millions de mines enfouies partout dans le
monde. Pas quand des milliers de civils innocents, des hommes, des
femmes et des enfants, mouraient chaque année. Nous savions qu’il
fallait agir sur le champ. Et c’est ce que nous avons fait.
Au nom du Canada, à la fin de la conférence d’octobre 1996, Lloyd
Axworthy a invité le monde à revenir ici quatorze mois plus tard
pour signer un traité interdisant l’utilisation, le transfert, la
production et le stockage des mines terrestres antipersonnel. En
rétrospective, il apparaît évident que le fait d’avoir relevé ce
défi constitue une percée. Une percée décisive pour la réalisation
de cet événement historique. À ce moment là, nous pensions que si
seulement une poignée de pays répondaient à l’invitation, ce serait
une réalisation. Or, aujourd’hui et demain, plus de 100 pays
signeront ce traité. Je tiens à dire à Lloyd : votre gouvernement et
votre pays sont fiers de vous.
Comme vous tous qui êtes ici aujourd’hui, je garde plusieurs
souvenirs de la campagne contre les mines terrestres. Le mois
dernier, comme à tous les ans, nous avons honoré la mémoire de nos
soldats morts au combat, au cénotaphe qui est érigé à quelques
centaines de mètres d’ici. Alors que je m’y rendais, j’ai ressenti
une vive émotion à l’idée que nous allions, dans quelques semaines à
peine, interdire une arme qui a tué et mutilé des soldats canadiens
depuis la Première Guerre mondiale.
Je n’oublierai jamais mes discussions avec les premiers ministres et
les présidents lorsqu’ils se débattaient avec les conséquences
éventuelles de la signature de ce traité, et ma joie lorsqu’ils ont
déclaré que leurs gouvernements seraient représentés à Ottawa en
décembre. Bien sûr, ils n’y seront pas tous, mais nombre des absents
ont pris un engagement nouveau à interdire les exportations de mines
terrestres et à cesser d’en produire. Cet engagement n’aurait pas vu
le jour si cette conférence n’avait pas lieu.
Nous devrons toujours reconnaître que ce traité est ouvert à tous,
mais ne saurait être le jouet de personne. Je vous promets que le
Canada continuera à travailler pour persuader ceux qui ne sont pas
ici de signer le traité.
Mon pays, le Canada, n’a jamais eu de champs de mines meurtriers.
Mais, au cours du siècle qui s’achève, des soldats et casques bleus
canadiens ont traversé de tels champs et y ont perdu la vie. Comme
le sait si bien le Secrétaire général Annan, plus de 200 casques
bleus des Nations unies sont morts victimes des mines terrestres.
En juin 1994, le caporal-chef Mark Ifield, casque bleu canadien en
Croatie, a été tué par une mine terrestre. Nous rendons hommage
aujourd’hui à ces casques bleus et nous nous souvenons de toutes les
victimes de cette arme terrible.
Nous écoutons aussi ceux qui ont encore peur, comme Admir Mujkic,
élève de douzième année, à Tuzla-Est en Bosnie. Dans une
composition, il nous a raconté son rêve et sa crainte :
Je veux courir dans les champs avec ma petite amie. Je veux cueillir
pour elle la première violette et grimper aux arbres dans la
forêt… Toute ma vie sera-t-elle marquée en permanence par le
mot mine?
Non, Admir, elle ne le devrait pas. Disons à tous les enfants du
monde qu’ils marcheront encore dans les champs et grimperont aux
arbres dans la forêt, dans un monde où il n’y aura plus de mines.
Et promettons aux centaines de milliers de victimes des mines
terrestres que nous ne reviendrons pas en arrière. Aux enfants dont
l’avenir a été fauché. Aux familles détruites. À ceux et celles qui
ont été mutilés, qui ont perdu la vie… Le carnage doit prendre fin
et il prendra fin. Ottawa marque le début de la fin.
Vous quitterez Ottawa fiers de ce que nous aurons accompli ensemble,
mais aussi très conscients de ce qui reste à accomplir. Beaucoup
d’autres pays doivent encore se joindre à nous. Il faut encore
apporter de l’aide à des centaines de milliers de victimes. Il y a
encore des dizaines de millions de mines à enlever.
L’engagement du gouvernement du Canada ne prend évidemment pas fin
avec cette conférence. J’éprouve une grande fierté à déclarer
aujourd’hui que, par consentement unanime des deux Chambres du
Parlement, ce traité a été ratifié et promulgué à titre de loi,
faisant ainsi du Canada le premier pays à poser ce geste historique.
Au nom de notre gouvernement, je suis également fier d’annoncer
aujourd’hui la création d’un fonds de 100000000 $ pour
la mise en oeuvre de ce traité. Cela lui donnera son sens et son
universalité, soit le déminage et l’aide aux victimes. Aussi bien
pour les soins immédiats que pour aider ces personnes à refaire leur
vie.
Je suis conscient que d’autres pays font des contributions
semblables. Et je demanderais à tous les pays d’allouer les
ressources nécessaires pour débarrasser le monde, une fois pour
toutes, de ces engins de destruction enfouis dans le sol.
Jody Williams se rendra bientôt à Oslo pour recevoir le prix Nobel
de la paix. Il y a 40 ans, un Canadien entreprenait le même voyage.
En remettant le prix à Lester Pearson, l’Académie Nobel déclarait :
« Aussi sombre que puisse sembler l’avenir du monde, Lester Pearson
n’est pas pessimiste. Ses efforts n’auraient pas été possibles s’il
n’avait pas été fermement convaincu de la victoire finale des forces
du bien dans la vie. »
Distingués invités, mesdames et messieurs, nous avons encore
beaucoup du travail à faire, mais je ne suis pas pessimiste. Vous
non plus, de toute évidence. Aujourd’hui, Jody Williams triomphe.
Lloyd Axworthy aussi; le Secrétaire général Annan et les nombreux
autres qui méritent notre reconnaissance. Mais pour reprendre ces
paroles prononcées à Oslo il y a quarante ans, ce qui triomphe
aujourd’hui, c’est quelque chose d’encore plus grand: ce sont les
forces du bien qui triomphent. Célébrons dignement ce triomphe et
engageons-nous à en remporter d’autres encore plus grands à
l’avenir.
[CChrétien=19970305]
[lieu=ottawa]
J’ai eu l’occasion d’adresser la parole à votre association il y a
quelques années, au début de notre mandat. Il s’est passé beaucoup
de choses depuis lors.
Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, notre gouvernement a dû faire face
à plusieurs défis importants, dont la situation financière héritée
de nos prédécesseurs était de loin le plus considérable. La capacité
du gouvernement de relever les défis posés par un monde en mutation
était gravement limitée.
Le déficit était de 42000000000 $ et allait en augmentant.
Le Canada était sur le point de perdre sa souveraineté économique.
L’avenir de nos précieux programmes sociaux était menacé.
Nous avons agi avec détermination, mais aussi avec humanité,
pour rétablir la santé des finances du pays. Et nous pouvons
maintenant apercevoir le bout du tunnel. Nous pouvons maintenant
nous permettre de faire certains investissements dans une société
forte. Des investissements dans notre avenir. Des investissements
que nous n’aurions pu faire il y a à peine quelques années. Des
investissements rendus possibles grâce aux efforts consentis par les
Canadiens et les Canadiennes pour nous aider à redresser les
finances publiques.
Néanmoins, nous n’avons pas beaucoup d’argent à affecter à de
nouvelles dépenses. Nous devons sélectionner nos priorités de façon
très stratégique pour préparer notre pays en vue du prochain siècle.
Dans notre budget d’il y a quelques semaines et dans un discours que
j’ai prononcé à Ottawa quelques jours auparavant, nous avons énoncé
trois priorités impérieuses pour l’avenir immédiat et pour les
années à venir. L’une d’elles est la pauvreté des enfants. La
consolidation et la modernisation de notre régime de soins médicaux
en est une autre. Et la troisième, dont je vais vous entretenir
aujourd’hui, est la responsabilité que nous avons comme société et
comme gouvernement d’investir dans l’éducation, dans le savoir et
dans l’innovation.
L’une des choses les plus importantes que doit faire le gouvernement
du Canada pour préparer notre pays au XXIe siècle consiste à appuyer
l’effort national visant à donner aux Canadiens les moyens de
soutenir la concurrence dans un monde qui se transforme. Cet effort
doit constituer une priorité nationale si nous voulons que le Canada
continue à prospérer au sein de la nouvelle économie mondiale.
En tant que gouvernement, il ne nous suffit pas de planifier en vue
de la semaine prochaine, ni du mois prochain, ni de l’année
prochaine. Nous devons préparer le Canada pour les dix, vingt,
trente prochaines années.
Nous devons donner à nos jeunes la possibilité d’être productifs :
c’est de cela que dépend l’avenir du Canada. Les étudiants canadiens
sont en concurrence non seulement avec leurs voisins en classe, mais
aussi avec les étudiants de tous les autres pays du monde.
Une main-d’oeuvre très instruite et très qualifiée va constituer la
meilleure garantie de prospérité pour le Canada au cours du prochain
siècle.
Le gouvernement du Canada a la responsabilité de soutenir les
étudiants, d’aider à assurer l’accès à l’instruction postsecondaire,
de promouvoir notre communauté scientifique, et d’appuyer la
recherche et le développement. Depuis notre arrivée au pouvoir, nous
avons cherché à nous acquitter de ces responsabilités de manières
nouvelles. Nous pensons stratégiquement, nous cherchons à accroître
l’effet de levier et nous créons de nouvelles formes de masse
critique. Par-dessus tout, nous formons des partenariats. Notre
gouvernement veut travailler en partenariat avec vous pour aider nos
étudiants à obtenir la meilleure éducation possible.
Dans le budget de février, nous avons annoncé la création de la
Fondation canadienne pour l’innovation, à laquelle nous avons
affecté 800000000 $. Il s’agit d’un engagement majeur à
travailler en partenariat avec d’autres parties pour moderniser
l’infrastructure de recherche du Canada. C’est là, à mon avis, une
des mesures les plus importantes jamais prises par un gouvernement
fédéral pour aider à assurer la compétitivité internationale des
établissements d’enseignement postsecondaire du Canada.
Il s’agit de notre priorité en tant que gouvernement, et il doit
s’agir de notre priorité en tant que pays, de pouvoir rivaliser avec
les meilleurs éléments au monde en matière d’innovation, d’idées, de
recherche et de développement. Ou bien nous progresserons avec
conviction, ou bien nous resterons en arrière et nous verrons nos
meilleurs talents fuir vers d’autres pays.
La création de la Fondation canadienne pour l’innovation est le
fruit d’une collaboration préalable au budget entre l’Association
des universités et collèges du Canada et les ministres des Finances
et de l’Industrie. Vous méritez des félicitations pour l’excellent
travail que vous avez fait à cette occasion.
J’exhorte donc les établissements de recherche à profiter au maximum
de cette possibilité. Je pense que les collèges, les universités et
les hôpitaux de recherche sont bien conscients de l’importance de la
Fondation. Nous devons nous assurer que c’est également le cas de
vos partenaires éventuels, car le partenariat sera la clé du succès
de la Fondation.
La Fondation a la capacité de susciter jusqu’à 2000000000 $
d’investissements dans l’infrastructure de recherche de nos
universités, de nos collèges et de nos hôpitaux de recherche au
cours des cinq à sept prochaines années, grâce à des partenariats
entre les établissements de recherche, le monde des affaires, le
secteur bénévole, des particuliers et les gouvernements provinciaux.
Une autre des importantes responsabilités du gouvernement du Canada
consiste à aider les étudiants et à garantir l’accès à l’instruction
postsecondaire.
Les emplois nouveaux et plus rémunérateurs créés par l’innovation et
la restructuration économique exigent des compétences de plus en
plus grandes. Sans une main-d’oeuvre qualifiée, il est en effet
difficile de créer une technologie de pointe ou d’en utiliser les
derniers perfectionnements. Les Canadiens et les Canadiennes doivent
donc absolument acquérir des niveaux d’instruction plus élevés et
des compétences accrues s’ils veulent garantir leur avenir et celui
du Canada. Mais les coûts de l’instruction supérieure ne cessent
d’augmenter.
Le budget de 1997 propose d’enrichir considérablement l’aide
fédérale offerte à l’instruction supérieure par le truchement du
régime fiscal. Il prévoit de nouveaux crédits destinés à aider les
étudiants et leurs familles à faire face à l’augmentation de leurs
dépenses, à aider les travailleurs à améliorer leurs compétences, à
aider les étudiants aux prises avec des dettes plus élevées après
l’obtention de leur diplôme, et à encourager les parents à épargner
en vue des études de leurs enfants.
Notre gouvernement a en outre consacré des crédits supplémentaires
de 2500000000 $ au Programme canadien de prêts aux
étudiants sur une période de cinq ans.
Nous avons aussi annoncé dans le budget que le gouvernement du
Canada est prêt à instaurer, avec les provinces intéressées, les
prêteurs et d’autres parties, une formule additionnelle de
remboursement des prêts aux étudiants. Ceux-ci auraient le choix
entre les dispositions de remboursement actuelles et un calendrier
de remboursement lié à leur revenu. Je sais que votre association
préconise cette formule depuis un certain temps. Je tiens à vous
remercier, tous et toutes, de votre contribution à la préparation de
cette partie du budget.
Notre gouvernement est profondément conscient de l’importance des
sciences et de la technologie dans la création d’une économie
innovatrice. Après notre arrivée au pouvoir, en 1993, nous avons
entrepris un examen majeur de nos programmes de sciences et de
technologie. Cet examen a débouché sur une nouvelle stratégie
fédérale, rendue publique en mars 1996.
Nous canalisons plus soigneusement nos efforts et nous cherchons à
optimiser les résultats de nos investissements. Nous mettons
l’accent sur le partenariat, sur l’effet de levier et sur la
constitution de réseaux. Et nous avons établi clairement que le
gouvernement lui-même est très désireux de jouer un rôle de
partenaire actif.
Nous avons mis en train le programme dit Partenariat technologique
Canada afin d’aider à maintenir la compétitivité du Canada dans les
industries de pointe clés.
Nous avons établi le Réseau canadien de technologie pour aider à
améliorer l’accès des entreprises aux compétences des universités,
des collèges et d’autres établissements de recherche.
Notre récent budget a affecté des crédits à la poursuite du
fructueux Programme d’aide à la recherche industrielle, qui facilite
le transfert de technologie aux petites entreprises à l’échelle
nationale.
Le budget prévoit en outre l’intégration en permanence des réseaux
de centres d’excellence à notre système d’investissement dans la
recherche. Quand une chose fonctionne aussi bien, nous estimons
devoir la conserver. Ces réseaux relient les chercheurs du niveau
postsecondaire, les gouvernements et le secteur privé. Ils sont
uniques au monde et prouvent que, même dans un pays dont la
population est si dispersée, nous pouvons créer une masse critique
dans certains domaines de recherche importants.
Nous avons également investi dans le Réseau canadien pour
l’avancement de la recherche, de l’industrie et de l’enseignement,
ou CANARIE, qui regroupe les principaux agents du domaine de la
technologie de l’information. Cet investissement, d’un montant de
80000000 $, a suscité une mise de fonds de près de 600000000 $ de la
part des partenaires de CANARIE. Voilà le
genre d’effet multiplicateur et de coopération que nous voulons
encourager.
Tous ces faits stimulants traduisent l’engagement du Canada à rester
à la fine pointe de l’évolution technologique et à s’assurer que les
divers agents des domaines de la recherche, de l’éducation et de la
diffusion de la technologie travaillent ensemble.
Une autre des priorités de notre gouvernement a consisté à
promouvoir les établissements d’enseignement et les ressources
pédagogiques du Canada à l’échelle internationale.
J’ai eu le plaisir de voyager avec certains d’entre vous lors de la
récente mission d’Équipe Canada en Asie, qui a représenté la plus
importante mission commerciale de toute l’histoire du Canada. Des
représentants de 50 établissements d’enseignement canadiens se sont
joints à Équipe Canada, dont de nombreux présidents d’universités et
de collèges. En fait, l’éducation a été le deuxième secteur le plus
important représenté au sein de la délégation. Chose encore plus
importante, sur mon insistance, nous avons emmené un certain nombre
d’étudiants avec nous.
L’exportation de biens et de services pédagogiques représente un
commerce considérable pour le Canada. C’est pourquoi le gouvernement
fédéral a ouvert sept centres d’information sur les études
canadiennes dans les principales capitales de l’Asie pour aider à
promouvoir les établissements d’enseignement canadiens. Plus tard
cette année, nous ouvrirons de nouveaux centres à New Delhi, à
Beijing et à Mexico.
L’un des points saillants de notre tournée a été la Foire canadienne
de l’éducation, tenue à Bangkok. Plus de 5000 étudiants sont venus
de partout en Asie du Sud-Est en l’espace de trois jours pour se
renseigner plus à fond sur les établissements d’enseignement
canadiens.
J’ai été heureux de constater que plus d’une douzaine d’accords
relatifs à l’éducation avaient été signés au cours de notre voyage,
dont divers genres d’ententes d’échanges et de coopération. Cela
signifie qu’un plus grand nombre d’étudiants asiatiques apporteront
une contribution importante à l’économie canadienne. Les étudiants
des autres pays apportent également de nouveaux points de vue aux
discussions qui ont lieu en classe et aident les étudiants canadiens
à mieux comprendre le monde. Et, lorsque les étudiants étrangers
retournent dans leur pays, ils deviennent d’excellents ambassadeurs
pour le Canada.
Nous savons tous que les écoles du Canada ont beaucoup à offrir aux
étudiants des autres pays : nos normes pédagogiques sont élevées et
nos frais de scolarité sont relativement modiques. Mais nous devons
nous assurer que d’autres personnes savent cela également, car nous
faisons face à une vive concurrence de la part de pays comme
l’Australie, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Je
suis heureux de constater que le travail de commercialisation
efficace accompli par les Centres d’information sur les études
canadiennes a porté fruit.
Lors de la dernière mission d’Équipe Canada, un certain nombre de
premiers ministres provinciaux et d’éducateurs m’ont fait part de
leurs inquiétudes au sujet des problèmes inhérents au processus
canadien de délivrance de visas d’étudiant. À leur avis, le Canada
se trouve dans une situation défavorable par rapport aux autres pays
à cause des obstacles que comporte le système, en particulier la
double vérification des examens médicaux effectués dans les pays
étrangers.
À la suite de notre voyage, nous avons pris des mesures à ce sujet.
J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui que nous modifierons les
formalités médicales de manière à rationaliser le processus de
délivrance des visas d’étudiant tout en protégeant la santé des
Canadiens et des Canadiennes. Nous allons mettre à l’essai un
processus rationalisé d’examen médical dans quatre pays d’Asie, soit
la Corée, Taïwan, la Thaïlande et la Malaysia, ainsi qu’au Mexique.
Dans le cadre de ce projet pilote, les étudiants qui auront subi un
examen médical dans leur pays d’origine et satisferont aux exigences
médicales du Canada seront exemptés de la vérification par un
médecin canadien, sauf dans des circonstances exceptionnelles.
Nous devons continuer à collaborer pour réussir à recruter des
étudiants étrangers au Canada. Notre gouvernement intensifie ses
efforts. Et je sais que votre détermination à cet égard est
également ferme. Tout comme le gouvernement doit rationaliser ses
procédures administratives, je vous exhorte à rationaliser vos
politiques d’admission de façon à pouvoir informer en temps opportun
les étudiants étrangers admis dans nos établissements d’enseignement
postsecondaire.
Bien sûr, l’éducation internationale suppose beaucoup plus que le
recrutement d’étudiants étrangers.
Le Canada est fier de sa tradition de partage du savoir, en
particulier dans le domaine du développement international. Qu’il
s’agisse de former des policiers à Haïti ou des juges en Chine, nous
partageons nos valeurs et nos compétences avec d’autres.
Le fait que la Banque mondiale tiendra sa toute première conférence
sur le savoir mondial à Toronto, au mois de juin, n’est pas une
coïncidence. C’est une façon de reconnaître le rôle constructif joué
par le Canada en matière de partage des connaissances, par
l’entremise de ses écoles et d’une multitude d’organismes.
Le Canada a un avenir important au chapitre du partage des
connaissances. Et ses collèges et universités ont manifestement un
rôle capital à jouer à cet égard. Le rôle du Canada dans le monde se
fondera de plus en plus sur la façon dont nous diffuserons notre
culture, nos valeurs et notre savoir sur la scène internationale.
Nous voulons voir les Canadiens et les Canadiennes exporter nos
biens et services pédagogiques le plus largement possible, à l’aide
de toutes les technologies dont nous disposons.
Nous voulons que les collèges et les universités voient dans le
gouvernement un partenaire dans cette importante entreprise.
Donnons-nous comme priorité de nous organiser, et de nous mettre
à
l’oeuvre.
En travaillant en partenariat, faisons de notre mieux pour assurer à
tous les Canadiens l’instruction et les compétences dont ils ont
besoin pour s’engager dans le XXIe siècle avec espoir et confiance
en leur avenir.
[CChrétien19971106]
[lieu=ont]
Il y a quatre ans cette semaine que notre gouvernement a été
assermenté. À cette époque, on disait que le Canada allait très
bientôt se heurter à un mur de dettes. Aujourd’hui, on parle de la
taille du surplus budgétaire.
Il y a quatre ans, on discutait du besoin désespéré d’argent du
gouvernement. Aujourd’hui, on discute du meilleur moment pour
commencer à réduire les impôts et la dette.
Il y a quatre ans, nous étions préoccupés par le sauvetage de nos
programmes sociaux nationaux essentiels. Aujourd’hui, nous
commençons à investir dans ces programmes afin de les renforcer.
Il y a quatre ans, qui aurait cru que le Canada créerait près de
1000000 de nouveaux emplois entre octobre 1993 et octobre 1997? Qui
aurait cru que nos taux d’intérêt pourraient descendre plus bas que
ceux des États-Unis? Qui aurait cru que le taux d’inflation
s’établirait à moins de 2 %, la croissance à près de 4 %, et que
nous aurions le taux de création d’emplois le plus élevé du G7?
Il y a quatre ans, qui aurait cru que tous les conjoncturistes
internationaux prédiraient aujourd’hui que le Canada entamera le
prochain siècle avec le meilleur rendement économique des pays du
G7?
Qui aurait cru que le mois prochain j’irai rencontrer les premiers
ministres provinciaux dans un esprit de collaboration afin de
discuter des moyens à prendre pour renforcer les programmes sociaux
en cette époque de budgets équilibrés?
Il y a quatre ans, le Wall Street Journal écrivait que le Canada
pourrait éventuellement devenir un pays du Tiers-Monde. La semaine
dernière, on pouvait lire dans l’Economist, de Londres, que le
Canada est devenu un virtuose des finances parmi les pays
industrialisés.
Mesdames et messieurs, c’est là le résultat d’efforts soutenus, de
difficiles décisions, de l’appui et des sacrifices de la population
canadienne et de la volonté bien arrêtée de redresser les bases de
l’économie.
À l’étranger, on considère notre pays tout entier avec un nouvel
optimisme.
Je tiens à rendre hommage au ministre des Finances, Paul Martin, qui
est ici présent, pour le travail remarquable qu’il a accompli à
l’égard de la gestion des finances du pays. Je tiens à dire aux
Canadiens que jamais, plus jamais nous ne laisserons nos finances
publiques échapper à notre maîtrise.
Plus jamais nous ne laisserons aux générations futures le soin de
régler les problèmes d’aujourd’hui. Plus jamais nous n’aurons
l’important déficit qui a empêché les gouvernements précédents de
répondre aux besoins humains réels.
Nous avons levé le joug que le déficit faisait peser sur l’avenir.
Nous avons commencé à investir dans les besoins de notre population,
et je vous l’affirme, nous continuerons de le faire.
Nous avons déjà entrepris de réduire la dette en proportion de la
taille de l’économie. D’ailleurs, nous avons déjà commencé à
rembourser la partie négociable de la dette.
Il est maintenant temps que les Canadiens réalisent leur vaste
potentiel. Qu’ils profitent de ce nouvel optimisme. Qu’ils se
tournent vers le siècle qui vient. Qu’ils investissent habilement et
stratégiquement dans les gens et les idées. Qu’ils jouent un rôle de
leadership dans le monde. Qu’ils construisent une assise solide pour
l’avenir du Canada.
La lutte contre le déficit n’a pas été entreprise pour le simple
plaisir de réaliser un exploit de comptabilité. Nous avons lutté
pour réduire le fardeau d’une dette qui pendait comme une épée de
Damoclès sur toute une génération; nous avons lutté pour réduire les
paiements aux banquiers et nous avons commencé à investir dans
l’avenir de nos jeunes.
Le remboursement de la dette et la réduction des taxes et impôts
sont des objectifs importants du gouvernement. Au cours du présent
mandat, nous paierons la dette et nous réduirons les impôts. Mais là
ne s’arrête pas ce que doit faire le gouvernement.
La responsabilité première d’un gouvernement est de préparer
l’avenir. Pour nos enfants et pour leurs enfants. Pour construire
quelque chose de durable. De solide. Pour préparer l’arrivée du
prochain siècle.
Cela signifie qu’il faut reconnaître aujourd’hui que le gouvernement
ne peut plus jouer le rôle d’État providence.
Pareille démarche nous plongerait à nouveau dans le bourbier dont
nous venons tout juste de sortir. Loin de nous cette idée! Je n’irai
pas gaspiller nos dividendes financiers dans des solutions
politiques à courte vue.
Mais ce que le gouvernement peut faire, ce qu’il doit faire, c’est
d’investir judicieusement et stratégiquement dans les domaines qui
comptent le plus. Établir un petit nombre de priorités. S’y attaquer
avec une farouche détermination. Et agir avec fermeté là où nous
pouvons réellement faire une différence qui avantagera notre pays à
long terme.
Premièrement, nous maintiendrons les assises économiques bien en
place. Nous ne reviendrons jamais aux vieilles méthodes.
Dans le contexte d’une économie saine, d’une forte croissance, et
des centaines de milliers d’emplois créés annuellement par le
secteur privé, nous axerons notre travail, au cours du présent
mandat, sur quatre grandes priorités nationales afin de préparer le
pays à l’arrivée du XXIe siècle : les enfants, la santé, le savoir
et l’innovation, et enfin la réduction du fardeau fiscal des
Canadiens et de la dette.
Le pays qui décide d’investir dans ses enfants est un pays qui croit
en son avenir. Le pays qui aura investi avec succès dans ses enfants
sera un pays dont l’avenir est encore meilleur. En investissant dès
aujourd’hui dans le bien-être de nos enfants, nous améliorons pour
longtemps la santé de notre société.
C’est la raison pour laquelle la réponse aux besoins des familles à
faible revenu, qui ont des enfants, est une priorité à la fois
économique et sociale de notre gouvernement. Nous devons réduire la
pauvreté des enfants au Canada.
En travaillant avec les provinces, nous élaborerons un Régime
national de prestations pour enfants complet et efficace.
Ensemble, le gouvernement et les citoyens doivent parvenir à mettre
en place un plan d’action national en faveur des enfants, pour
améliorer le bien être des jeunes Canadiens et, à terme, le
bien-être de notre société.
Si nous voulons connaître la prospérité et une qualité de vie
supérieure au cours du prochain siècle, nous devons être prêts à
occuper les emplois de demain.
Il ne peut donc pas y avoir d’investissement plus sage dans l’avenir
qu’un investissement dans l’éducation, le savoir et l’innovation.
Dans notre dernier budget, nous avons effectué un énorme
investissement qui rapportera des dividendes considérables à long
terme. Nous voulons que nos universités et nos hôpitaux
d’enseignement disposent d’une capacité de recherche de qualité
supérieure. C’est pourquoi nous avons créé la plus grande fondation
au Canada et la dixième en importance en Amérique du Nord : la
Fondation canadienne pour l’innovation.
Nous avons effectué un investissement ponctuel de 800000000 $ pour
contribuer à rebâtir, au cours des cinq à sept
prochaines années, l’infrastructure de recherche de nos universités
et de nos hôpitaux d’enseignement.
Le Canada se trouvera ainsi à l’avant-garde de la nouvelle économie
du siècle prochain. Cependant, nous n’avons pas besoin uniquement
d’installations de recherche de premier ordre : nous avons aussi
besoin d’une population instruite. En septembre, à la rentrée
parlementaire, j’ai annoncé que nous établirions notre projet le
plus important pour le millénaire, un fonds canadien de bourses
d’études du millénaire, visant à récompenser l’excellence
universitaire et à aider les Canadiens à revenu faible ou modéré à
poursuivre des études collégiales ou universitaires.
La mise à jour de la situation financière, le mois dernier, nous a
appris qu’il sera possible pendant l’année financière 1997-1998 de
rembourser des milliards de dollars de notre dette négociable et
d’effectuer un investissement stratégique considérable dans un
domaine prioritaire. C’est à ce genre d’approche équilibrée que
notre gouvernement aura recours pour gérer notre dividende fiscal.
Un investissement ponctuel, qui est possible parce que nous avons
réussi à résorber le déficit, qui permettra de préparer les jeunes
Canadiens en vue de l’économie du savoir du XXIe siècle. Un
investissement qui rapportera des dividendes économiques et sociaux
considérables.
Le Fonds canadien de bourses d’études du millénaire ne sera pas un
monument fait de briques et de mortier. Mais les futures générations
de Canadiens en constateront les résultats à tous les points de vue.
Dans un pays axé sur l’excellence et l’accomplissement. Dans le
leadership qu’exercera le Canada dans l’économie mondiale du XXIe
siècle.
Et c’est ce qui me motive ainsi que mes collègues au cours du mandat
actuel. Nous visons à ouvrir des perspectives d’avenir intéressantes
dans un Canada fort et confiant. Dans un monde plus sûr et plus
sécuritaire.
Comme vous le savez, au début de la semaine, je me suis joint à la
lauréate du Prix Nobel de la paix, Jody Williams, pour détruire les
dernières mines antipersonnel du Canada.
Ce geste important et symbolique était la démonstration du
leadership du Canada, car le mois prochain, des représentants de
plus de cent pays viendront à Ottawa pour signer un traité
interdisant pour toujours l’utilisation des mines terrestres.
Nous avons collaboré avec ceux qui partagent nos idées et nous avons
montré à ceux qui en doutaient que le Canada peut jouer un rôle
important à titre de promoteur du bien dans le monde.
Notre ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, mérite notre
gratitude et nos félicitations. Il s’agit d’un bon point de départ,
mais nous n’aurons pas atteint notre but tant que nous n’aurons pas
persuadé les autres pays d’emboîter le pas. De plus, nous
continuerons de travailler jusqu’au dernier moment, et même après.
Les décisions que nous prendrons aujourd’hui détermineront le genre
de monde que nous léguerons au siècle prochain. C’est pourquoi il
est si urgent d’agir pour contrer le changement climatique. Nous
assistons au réchauffement de la planète, attribuable en grande
partie aux émissions de gaz à effet de serre. Nous nous entendons à
ce sujet.
Mais il nous incombe de faire notre possible pour contribuer à
trouver une solution au changement climatique. Nous en avons
l’obligation en tant que citoyen du monde. Nous satisferons à cette
obligation lorsque le Canada se joindra aux nations du monde à Kyoto
le mois prochain pour fixer de nouveaux objectifs mondiaux en
matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Et nous devons remplir une autre obligation, cette fois envers les
Canadiens. Le monde changera et s’adaptera pour relever ce défi de
taille. Nous pouvons être à l’avant-garde, ou rester à la traîne.
Souvenons-nous des leçons du début des années 70; les grands
fabricants d’automobiles d’Amérique du Nord avaient alors refusé de
tenir compte de la demande de voitures moins énergivores.
Souvenons-nous des milliers d’emplois perdus et du temps qu’il a
fallu à nos constructeurs d’automobiles pour rattraper leur retard.
Il faut tirer des leçons de cette erreur. En étant des chefs de file
mondiaux dans le domaine de la recherche sur les technologies
respectueuses de l’environnement ainsi que dans l’application et
l’exportation de ces technologies.
Par conséquent, loin de faire disparaître des emplois et de ralentir
la croissance économique, le fait de relever le défi du changement
climatique peut en fait créer des emplois et favoriser la croissance
et la prospérité au siècle prochain.
Ce soir, je tiens à vous parler d’une autre mesure importante que
nous prendrons pour préparer le Canada en vue du prochain siècle :
la réforme du Régime de pensions du Canada.
Parce que nous devons faire face aux grands enjeux que présente le
vieillissement de notre société.
Il suffit d’examiner les chiffres.
Lors de la création du Régime de pensions du Canada il y a trente
ans, il y avait huit personnes en âge de travailler au Canada pour
chaque personne à la retraite. Aujourd’hui, il y a cinq personnes en
âge de travailler pour chaque personne à la retraite. Dans trente
ans, il n’y en aura plus que trois. Cela représente un sérieux
problème.
Il n’est pas nécessaire d’être mathématicien pour comprendre que
nous devons apporter des modifications importantes afin que le
régime de pensions de l’État ne serve pas uniquement à vous et à
moi, mais à nos enfants et à leurs enfants lorsque le moment
viendra.
Il aurait été facile de ne rien changer, comme l’ont fait les
gouvernements par le passé.
Ils n’ont pas eu le courage d’apporter les modifications nécessaires
pour assurer la survie à long terme du régime de pensions. Ils l’ont
laissé aller à la dérive. Mais nous n’emprunterons pas la voie de la
facilité comme eux.
Nous avons donc décidé, le printemps dernier, de concert avec les
provinces, après avoir procédé à des consultations étendues dans
tout le Canada, d’apporter les changements nécessaires pour assurer
la survie et la santé du Régime de pensions du Canada au cours du
siècle prochain.
Lors de la dernière élection, les Canadiens nous ont confié le
mandat de procéder à ces modifications.
Dans quelques semaines, nous adopterons ces changements au
Parlement. Le Canada sera ainsi le premier grand pays industrialisé
du monde à assurer la survie de son régime public de pensions au
siècle prochain. Je sais que d’aucuns se plaignent de
l’accroissement des cotisations.
Certains, comme le Parti réformiste et des analystes du secteur
financier, ne croient pas que nous devrions avoir un régime public
de retraite. Ils aboliraient le Régime de pensions du Canada et le
remplaceraient par un super-régime enregistré d’épargne-retraite. À
mon avis, les régimes enregistrés d’épargne-retraite sont
importants. Je les appuie. Tout comme la plupart d’entre vous, je
suis en faveur, et lorsque j’ai de l’argent, j’y souscris. Il s’agit
d’investissements sages que je recommande. Mais ils ne pourront
jamais remplacer un régime public de retraite.
Les Canadiens veulent une rente de retraite de base sur laquelle ils
peuvent compter, qui ne dépend pas d’un marché soumis à des
fluctuations. Ils veulent une pension garantie par le gouvernement
canadien, et non pas une pension qui dépend du rendement du marché
boursier.
Pouvez-vous imaginer les sentiments qu’auraient éprouvés les
Canadiens si la totalité de leurs pensions de retraite avaient été
en jeu par suite de la baisse dramatique des marchés boursiers le 27
octobre dernier? Les personnes qui investissent à la bourse doivent
faire face à ce genre d’événement. Il y a un risque de pertes ou de
gains éventuels. Laissons faire ceux qui sont en mesure de courir
ces risques.
Mais laissons en paix les gens qui ne veulent que la sécurité et la
prévisibilité d’une pension de l’État. Ils ont travaillé fort, très
fort. Ils méritent mieux que cela.
Je dis au Parti réformiste et à ses alliés occasionnels des pages
d’affaires : ce n’est pas ça, le Canada; il ne s’agit pas d’un pays
où seuls les riches se tirent d’affaires. Il s’agit d’un pays où
règnent la dignité, le respect et une bonne qualité de vie. Il
s’agit d’un pays où les gens savent mettre en commun les risques et
s’entraider, et où il est normal de fournir le minimum à ceux qui
ont travaillé toute leur vie pour construire le grand pays qu’est le
Canada.
Nous n’abandonnerons pas cette responsabilité au prochain siècle.
[CChrétien=19970409]
[lieu=usa]
C’est pour moi un grand honneur et un grand privilège de prendre la
parole devant le National Press Club ici à Washington. Je suis sûr
que vous ne serez guère étonnés d’apprendre que je suis un mordu de
la politique américaine, moi qui ai passé la plus grande partie de
ma vie en politique et au gouvernement du Canada. Au fil des ans,
j’ai souvent eu l’occasion de lire, d’écouter et de regarder les
journalistes de Washington.
Parfois, je m’estime très chanceux que certains d’entre vous soient
en poste à Washington et non à Ottawa !
Il y a deux ans, le président Clinton a fait une visite très
fructueuse à Ottawa. Quand je l’ai présenté au Parlement, je lui ai
rappelé que chacun de ses prédécesseurs qui avait pris la parole à
la Chambre des communes avait été réélu pour un second mandat. Comme
je crois d’une foi profonde et inébranlable à la réciprocité, c’est
avec grand plaisir que j’ai accepté son invitation à Washington.
Mais il y a une autre raison pour laquelle je suis heureux d’être
ici aujourd’hui. C’est de pouvoir célébrer une relation
exceptionnelle, un partenariat qui sert de modèle au monde entier.
Le partenariat entre le Canada et les États-Unis est souvent tenu
pour acquis, et c’est malheureux. Il est important pour nos deux
pays. Et c’est pourquoi les visites de chefs de gouvernement sont si
constructives. Elles nous rappellent l’importance des valeurs et des
intérêts que nous avons en commun. Elles permettent de mettre en
lumière ce que nous pouvons apprendre les uns des autres. Et,
parfois, elles servent à expliquer nos différences.
Le commerce et l’économie sont au coeur de notre partenariat
continental. Vous êtes notre client le plus important. Plus de 80 %
des exportations canadiennes vont aux États-Unis. Mais, que vous le
saviez ou non, nous sommes également votre client le plus important.
Près du quart de vos exportations vont au Canada, ce qui dépasse
les exportations vers le Japon et vers l’Union européenne. Plusieurs
millions d’emplois de part et d’autre de la frontière dépendent de
ce commerce.
Il y a cinquante ans, le 11 juin 1947, le président Truman prenait
la parole à la Chambre des communes. Il était fier de pouvoir dire
que « l’an dernier, le flux des échanges commerciaux entre nos deux
pays atteignait 2250000000 $, ce qui est un record en
temps de paix ». Cinquante ans plus tard, je peux dire que le flux
de ces échanges dépassera 2250000000000 $ en moins de
temps que mes trois jours à Washington.
La relation économique entre nos deux pays est probablement la plus
fructueuse et la plus complète sur terre. Gestion de l’économie,
protection de l’environnement et collaboration en matière de
politique étrangère définissent une relation qui est unique en
importance et en qualité.
Aujourd’hui, je ne m’étendrai pas sur notre relation économique. Je
souhaite m’en tenir à nos valeurs, ce que nous avons en commun et
là où nous pouvons apprendre les uns des autres.
Nous partageons un continent ensemble. Champlain a fondé une colonie
à Québec quelques années avant l’arrivée des Pèlerins à Plymouth
Rock. Et, pourtant, nous nous considérons comme une jeune nation.
C’est près d’un siècle après que Jefferson eut rédigé la Déclaration
d’indépendance que les Canadiens se sont rassemblés au sein d’un
pays.
Votre pays est né d’une révolution menée sous l’étendard de la vie,
de la liberté et de la recherche du bonheur. Le nôtre, de colonie
qu’il était, s’est transformé tranquillement en un pays qui
privilégie la paix, l’ordre et le bon gouvernement. Nous partageons
néanmoins les mêmes valeurs fondamentales de démocratie, de liberté,
de tolérance, de respect de la primauté du droit, le respect de la
diversité et de la différence d’opinions. Et c’est pourquoi des
millions et des millions de personnes de par le monde sont venues
s’installer dans nos deux pays en quête d’une vie meilleure.
Nos pays offrent des chances à tous. À quel autre endroit un petit
garçon de Hope, en Arkansas, ou de Shawinigan, au Québec,
pourrait-il accéder à la charge élective la plus élevée de son
pays?
Et comme nous avons des valeurs communes, nous pouvons avoir des
héros communs. Mon héros politique a toujours été Harry Truman. Et,
quand le président Clinton est venu à Ottawa quelques mois après les
élections à mi-mandat de 1994, j’ai découvert qu’il avait aussi
Harry Truman pour héros!
Nos pays sont unis non seulement par une relation économique
exceptionnelle, mais par des liens personnels tout aussi
exceptionnels. Bon nombre d’entre nous avons des amis et des
connaissances de part et d’autre de la frontière. Et nous sommes
aussi nombreux à trouver tout naturel de prendre nos vacances dans
le pays voisin. Nos rapports sont non seulement politiques ou
commerciaux, mais également personnels.
Et pourtant, que de différences entre le creuset américain et la
mosaïque canadienne. Nos fondateurs ont exprimé une volonté claire
de préserver tout ce qui caractérise nos divers groupes
linguistiques, religieux et culturels; cette approche fondamentale
devait orienter toute notre histoire. Les Canadiens voient dans
leurs deux langues officielles et dans leur patrimoine multiculturel
une source d’enrichissement personnel aussi bien qu’un exemple à
suivre dans les régions déchirées par de trop nombreux conflits
raciaux. Comme le président Clinton l’a lui-même souligné dans le
discours qu’il prononçait il y a deux ans à la Chambre des communes,
à Ottawa : «Dans un monde où s’offre le spectacle affligeant de pays
détruits par des luttes interethniques, le Canada s’est imposé comme
un modèle de société où règne un climat de paix, de prospérité et de
respect mutuel qui favorise la coexistence.»
Après un peu plus de deux siècles d’histoire, les Américains ne font
aucun secret de cet attachement indéfectible qu’ils éprouvent pour
leur patrie. Plus réservés à cet égard, les Canadiens ne se laissent
pas aller aux mêmes élans. Nous pourrions certainement, je crois,
prendre exemple sur vous.
Par contre, il règne au Canada un esprit de communauté dont nous
sommes particulièrement fiers. Nous possédons un sens aigu des
valeurs sociales, de notre responsabilité collective. Chez nous, le
libéralisme n’est pas un mot à proscrire, ou encore un vestige d’un
lointain passé. C’est un gage d’honneur, une porte ouverte sur
l’avenir.
Les Canadiens et Canadiennes sont fiers des réalisations sociales de
leur pays. Nous avons mis au point un système universel de soins de
santé qui fait maintenant partie intégrante de ce qui nous
caractérise en tant que société. Nous ne croyons pas à un système de
soins de santé à deux vitesses, l’accès aux soins nous paraissant
devoir être déterminé strictement par les besoins médicaux de chacun
et non pas par l’importance du compte de banque ou par la couverture
prévue par la police d’assurance. Toutes les enquêtes montrent que
notre régime de soins de santé bénéficie de l’appui de 90 % de
la population; ce qui en fait la mesure sociale la plus populaire
auprès des Canadiens. Nous avons réussi à édifier un système qui
laisse au patient la possibilité de choisir son médecin, et dont le
coût total, si l’on considère le part de notre PIB qu’il représente,
est largement inférieur à ce que vous coûte votre propre régime. Et
nous mettrons tout en oeuvre, au cours des prochaines années, pour
le maintenir, le moderniser et le développer en prévision des
nouveaux besoins qu’il faudra satisfaire au XXIe siècle.
C’est ce même sens des responsabilités sociales qui nous pousse à ne
ménager aucun effort pour garantir à nos aînés une retraite
adéquate. Tout comme vous, nous reconnaissons que le vieillissement
des baby boomers mettra à rude épreuve les régimes publics de
pensions et les programmes de prestations pour personnes âgées. Bon
nombre de pays se sont révélés incapables de procéder aux réformes
nécessaires pour maintenir ce que l’on désigne chez vous sous le nom
d’Entitlement Programs. Je suis donc très fier de pouvoir affirmer
qu’au Canada, nous venons de franchir le cap difficile des choix à
faire pour adapter notre régime général de retraite aux exigences du
prochain millénaire.
Notre esprit de communauté se traduit également par le souci
d’assurer la sécurité de nos rues et de nos villes. Cela signifie,
entre autres, profiter des dures expériences qu’ont connues d’autres
pays. Tout récemment, nous avons adopté l’une des lois les plus
strictes qui puisse se trouver dans l’hémisphère occidental pour
réglementer l’utilisation des armes à feu. Et c’est avec beaucoup de
satisfaction que je peux dire aujourd’hui que même le libre-échange
entre nos deux pays n’a pas permis à la National Rifle Association
d’exporter une partie de son expertise vers le Canada.
Grâce à notre esprit de communauté, en raison aussi d’une population
relativement restreinte mais répartie sur un vaste territoire, le
gouvernement a pu jouer un rôle déterminant dans le développement de
notre pays. Nous croyons que le gouvernement peut exercer une
influence bénéfique sur la société, et qui plus est, il en a le
devoir. Mais nous savons aussi que le seul moyen dont il dispose
pour se préparer à répondre aux besoins de demain est de s’attaquer
résolument, et dès maintenant, aux problèmes financiers dont il a
hérité.
Notre gouvernement en est à la quatrième année de son mandat. À
notre arrivée au pouvoir, nous nous sommes retrouvés avec d’énormes
problèmes financiers. Un déficit approchant les 6 % de notre
produit intérieur brut et des paiements d’intérêt sur la dette
nationale qui ne faisaient que s’accroître nous laissaient une
faible marge de manoeuvre quant aux décisions que nous pouvions
prendre concernant notre avenir collectif. Une fois effectués les
paiements exigés par les banques, il nous restait à peine de quoi
répondre aux besoins que les Canadiens jugent prioritaires. Plus
nous nous enfoncions dans notre dette, plus les taux d’intérêt
grimpaient et plus les possibilités d’investissement du secteur
privé devenaient limitées; il devait d’ailleurs en résulter un taux
de chômage qui atteignait plus de 11 % au moment de notre
élection.
Des mesures draconiennes s’imposaient. Et ces mesures, nous les
avons prises avec l’appui de tous les Canadiens, car sans leur
appui, il nous aurait été impossible d’agir. Nous avons donc réduit
les dépenses gouvernementales, éliminé les programmes devenus
désuets, supprimé les subventions aux entreprises. Nous avons remis
en état notre appareil gouvernemental, nous avons mis de l’ordre
dans nos affaires; comme vous diriez, nous avons réinventé le
gouvernement.
Après avoir connu la pire situation financière de tous les pays du
G-7 après l’Italie, nous nous trouvons maintenant en tête de peloton.
D’ici la fin de l’exercice financier en cours, notre déficit ne
représentera plus que 2 % du produit intérieur brut. Et
d’ici 1998-1999, si nous tenons nos livres de la même façon que vous
le faites, et que le font les autres nations occidentales, nous
serons le seul parmi les pays du G-7 à faire montre d’un équilibre
budgétaire. De surcroît, les taux d’intérêt canadiens sont les plus
bas des 35 dernières années.
L’assainissement de ses finances ne dispense pas un gouvernement de
ses responsabilités. Au contraire, ça lui permet de les remplir. Je
crois que les gouvernements des pays les plus avancés seront jugés
non seulement sur leur capacité de remettre de l’ordre dans leur
finances, mais également sur les priorités qu’ils se fixent une fois
leur santé financière retrouvée. Les priorités que se donne un
gouvernement reflète les valeurs auxquelles il tient. En effet, les
choix prioritaires d’un gouvernement sont une bonne indication des
valeurs qu’il défend. Dans notre dernier budget, il y a seulement
quelques semaines, nous avons commencé à prendre des mesures dans
trois secteurs prioritaires pour préparer notre pays pour le
prochain siècle. D’abord, nous avons commencé à dégager des
ressources pour réduire la pauvreté des enfants, un phénomène qui
est clairement inacceptable dans des sociétés aussi prospères que la
nôtre. Ensuite, nous avons engagé des ressources substantielles dans
la recherche et le développement de l’infrastructure de notre pays,
dans les établissements post-secondaires, dans les centres
hospitaliers d’enseignement, dans le secteur environnemental, des
secteurs dans lesquels se trouvent les emplois du prochain siècle.
Troisièmement, nous avons affecté des ressources pour moderniser
notre système public de soins de santé auquel nous tenons tant. Ces
secteurs vont continuer d’être nos principales priorités au fur et à
mesure que nous allons regagner notre marge de manoeuvre financière.
Pour assainir nos finances, il a fallu créer un climat propice à une
forte croissance économique. En 1997, la croissance que connaîtra
notre PIB sera la plus marquée du G7. Aujourd’hui, nous assistons à
une forte croissance de l’emploi et tous les indicateurs donnent à
penser que nous continuerons à créer beaucoup d’emplois. Cependant,
il est évident que nous n’avons pas réussi autant que vous à
résorber le chômage. Nous devons tirer des leçons de votre succès,
car vous avez réussi à créer une économie qui peut soutenir la
concurrence de n’importe qui dans le monde en termes de nouveaux
produits et services et de nouvelles technologies. En tant que
premier ministre du Canada, je ne serai satisfait que le jour où
l’économie canadienne offrira de meilleures perspectives d’emploi à
tous ceux qui espèrent en trouver.
J’ai parlé précédemment de nos valeurs communes, mais je tiens à
préciser qu’elles ne se limitent pas aux questions intérieures. Il
arrive souvent que nos intérêts coïncident et que nos rôles se
complètent dans les affaires internationales. Nous avons été des
alliés en temps de guerre et nous sommes souvent des partenaires en
temps de paix, cherchant à implanter la démocratie, à promouvoir la
paix et à faire triompher les droits de l’homme partout dans le
monde. Nous avons travaillé ensemble en Bosnie et en Haïti. Tous
deux, nous nous sommes faits les champions d’échanges commerciaux
libéralisés à l’échelle de la planète, car nous voyons là un moyen
d’améliorer les conditions de vie et de contribuer en bout de ligne
à la sécurité et à stabilité de notre monde.
Nous avons bien sûr nos différends. Je sais que la question de Cuba
crée un contentieux; nous ne cachons pas notre profond désaccord au
sujet de la loi Helms-Burton et nous avons des divergences de vues
sur la nécessité de protéger les industries culturelles canadiennes
et sur les moyens à prendre à cette fin. L’amitié implique aussi
qu’il faut avoir assez d’honnêteté et de respect mutuel pour ne pas
être d’accord à l’occasion et pour faire face à de tels désaccords
sans essayer de se dérober. Et dans une relation commerciale comme
la nôtre, nous devons quelquefois séparer affaires et amitié et agir
chacun dans l’intérêt de notre pays. Mais si nous examinons notre
relation en général, il est difficile de ne pas constater à quel
point nos différends sont peu nombreux comparativement à tout ce que
nous avons en commun.
Le Canada comprend la position spéciale dans laquelle se trouvent
les États-Unis en tant que seule superpuissance de notre monde
moderne. Nous sommes conscients des attentes qu’une telle position
crée à l’étranger et des problèmes que cela engendre au niveau
national.
En tant qu’amis, nous vous exhortons à résister à la tentation de
l’isolationnisme et parfois même à celle de l’unilatéralisme. Le
Canada a toujours cru aux Nations Unies et aux solutions
multilatérales aux problèmes internationaux, qu’il s’agisse de
politique ou de commerce. Cette approche multilatérale est
particulièrement importante maintenant que la guerre froide est
terminée.
Nous devons travailler ensemble pour que se poursuive la
libéralisation des échanges commerciaux et pour que règne une
sécurité accrue, en particulier chez les plus démunis du monde.
En terminant, je voudrais parler brièvement du pont qui nous fera
entrer de plain-pied dans le XXIe siècle et dont vous avez souvent
entendu parler pendant votre dernière campagne électorale. Je crois
sincèrement que c’est un pont qui enjambera l’océan Pacifique. Le
Canada et les États-Unis se sont édifiés au XIXe et au XXe siècle
grâce à un pont sur l’Atlantique. Et nos deux pays ont travaillé
très fort après la Deuxième Guerre mondiale pour se rapprocher de
l’Europe. Or, nous avons également la chance d’être des pays du
Pacifique. En fait, mon gouvernement a décrété que 1997 serait
l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique. La région Asie-Pacifique
revêt une grande importance pour le Canada. Après les États-Unis,
cinq de nos dix plus grands partenaires commerciaux sont en Asie.
Plus de 2000000 de Canadiens sont d’origine asiatique. Nous
avons des liens très étroits avec Hong Kong.
Mais l’Asie-Pacifique est également d’une extraordinaire importance
pour les États-Unis.
Édifier l’APEC, abattre les barrières qui nuisent au commerce et à
l’investissement et créer une conjoncture plus propice aux affaires
: voilà des objectifs que partagent nos deux pays.
Je suis impatient d’accueillir les dirigeants de l’APEC à Vancouver
en novembre de cette année. Les Canadiens veulent que nos deux pays
renouvellent leur engagement de réduire les obstacles économiques et
commerciaux à l’échelle de la planète. La prospérité engendrée par
le libre-échange est réelle et visible partout. Ce serait vraiment
dommage si notre belle vision d’avenir était anéantie par le jeu des
intérêts spéciaux. Votre pays est vraiment indispensable à cet
égard; son leadership et sa participation sont absolument
essentiels.
Dans l’allocution qu’il prononçait à Ottawa il y a cinquante ans, le
président Truman déclarait ceci : « L’harmonie qui existe entre nos
deux pays ne s’est pas développée du seul fait d’une géographie
favorable. Il y a dans cette harmonie une partie de proximité contre
neuf parties de bon sens et de bonne volonté. »
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que notre relation bilatérale est
un modèle pour le monde.
Ensemble nous tendons la main au reste du monde en proposant une
vision commune de sociétés démocratiques, de justice sociale et de
préoccupations humanitaires.
Et ensemble, nous avons quelque chose d’unique à offrir à la
communauté internationale. ]
[CChrétien=19970213]
[lieu=ottawa]
Dans quelques jours, le gouvernement déposera le quatrième budget de
son mandat. Pour tous les gouvernements, les budgets sont des étapes
marquantes d’un mandat. Ils indiquent quelles sont ses priorités au
titre des dépenses. Quel est son plan d’action.
Il s’agit d’une bonne occasion pour partager avec vous, et avec
tous les Canadiens et toutes les Canadiennes, mes impressions sur
le chemin que nous avons parcouru durant ce mandat. Et sur la
direction que nous entendons prendre. Pas seulement en tant que
gouvernement, mais en tant que pays.
Lors de notre accession au pouvoir en 1993, le Canada avait perdu sa
souveraineté financière. Nous étions si endettés et si dépendants
des marchés financiers et des négociateurs d’obligations, que ces
derniers avaient plus à dire sur notre économie que les Canadiens
eux-mêmes. Notre avenir économique et social reposait sur leurs
humeurs et leurs opinions.
Le pays n’aurait pu se retrouver en plus fâcheuse position. En
janvier 1994, le taux de chômage s’élevait à 11,4 %, tandis que
le déficit a atteint un niveau record, soit 42000000000 $.
Les Canadiens avaient perdu espoir, ils ne croyaient plus qu’un
renversement économique soit possible. Nous devions leur redonner
espoir.
Il était très clair que si nous, en tant que gouvernement et en tant
que pays, n’avions pas commencé par assainir les finances publiques,
le déclin économique du pays se poursuivait et le chômage
continuerait à grimper. Et le gouvernement aurait ainsi perdu toute
marge de manoeuvre pour intervenir en faveur des Canadiens et des
Canadiennes.
Par conséquent, nous sommes intervenus. Nous avons posés les gestes
promis aux Canadiens dans le Livre rouge. Les chiffres, tout le
monde les connaît. Nous avons ramené le déficit de 6 % du
Produit intérieur brut, lorsque nous avons formé le
gouvernement à l’objectif provisoire inscrit dans le Livre rouge.
Nous atteindrons, voire dépasserons, l’objectif de 3 % du PIB
dans le budget qui sera déposé la semaine prochaine. Et au rythme où
vont les choses, nous sommes en bonne voie d’atteindre notre
objectif de 2 % en 1997-1998.
Je ne prétendrai pas que certaines compressions n’ont pas fait mal.
Mais nous avons tenté d’accomplir notre tâche sans renier les
valeurs qui sont chères aux Canadiens et aux Canadiennes. Des
valeurs comme l’équité, envers les régions et les personnes, la
compassion, la bienveillance. Ceci sans renier notre conviction en
des mesures sociales fortes qui peuvent contribuer à maintenir une
qualité de vie décente pour les Canadiens et les Canadiennes. C’est
pour cette raison que nous avons comprimé les dépenses au titre de
la Défense mais mis en place un Programme de nutrition prénatale et
de nouveaux Centres d’excellence en santé féminine. C’est pour cette
raison que nous avons réduit les subventions aux entreprises mais
accru les dépenses consacrées à la jeunesse. C’est pour cela que
nous avons éliminé des échappatoires fiscales pour les Canadiens
nantis, mais relevé le plafond admissible pour les parents qui
cotisent à un Régime d’épargne études pour leurs enfants.
La tâche n’est toutefois pas terminée, mais on commence à voir la
lumière au bout du couloir. Nous commençons déjà à bénéficier des
résultats, faible taux d’inflation, taux d’intérêt bas, des
conditions économiques qui favorisent une croissance soutenue et
plus vigoureuse, ainsi qu’une capacité accrue d’investir de façon
stratégique en fonction du prochain siècle.
Les taux d’intérêt sont à leur niveau le plus bas depuis 35 ans. Au
cours des deux dernières années, les taux d’intérêt ont baissé de
5,5 %. Les taux à court terme sont maintenant 2,25 % plus
bas que les taux américains, après avoir été en moyenne deux points
plus élevés au Canada qu’aux États-Unis pendant 20 ans.
C’est plus que la réalisation d’un gouvernement, c’est une
réalisation canadienne. Nous réussissons grâce à notre rigueur et
grâce à l’appui des Canadiens. Les Canadiens comprennent depuis le
début qu’il s’agit de rebâtir la crédibilité de notre pays. La
capacité de fixer des objectifs et de les atteindre relève la
confiance que les autres ont en notre pays. Et, par-dessus tout,
cela nous aide à reprendre confiance en nos moyens.
Les conjoncturistes du secteur privé prévoient que nous assisterons
à une véritable relance de l’économie en 1997 et 1998. Ils affirment
que nous devancerons la plupart des pays industrialisés en terme de
croissance économique. Ils affirment que l’économie créera 300000
emplois additionnels par an au cours des deux prochaines années, ce
qui s’ajoute aux 700000 emplois créés depuis que nous formons le
gouvernement.
Je sais que ces chiffres ne sont d’aucun réconfort pour ceux et
celles qui n’ont pas de travail. Mais je tiens à ce qu’ils
comprennent, ainsi que tous les Canadiens et Canadiennes, ce que
nous faisons pour combattre le chômage. Et comment je crois que nos
interventions vont créer une économie renforcée et plus d’emplois
pour tous les Canadiens.
Immédiatement après notre accession au pouvoir, nous avons honoré la
promesse du Livre rouge de mettre en place le programme de travaux
d’infrastructure du Canada en partenariat avec les provinces et les
municipalités. Cette mesure s’est traduite par la mise en oeuvre de
12000 projets d’immobilisation dans toutes les provinces
canadiennes, procurant ainsi du travail à plus de 100000 Canadiens
et Canadiennes. Et nous reconduisons ce programme pour une autre
année.
Nous avons saisi les occasions qu’offre une économie mondialisée à
un pays comme le Canada. Presque plus que tout autre pays
industrialisé, nos emplois dépendent des exportations. C’est pour
cette raison que nous avons joué un rôle de premier plan en matière
de libéralisation des échanges un peu partout dans le monde et que
nous avons appuyé activement la création de zones de libre-échange
dans la région du Pacifique et sur tout le continent américain. Nous
travaillons d’arrache pied pour aider les gens d’affaires canadiens
de la petite et de la grande entreprise à vendre les produits et le
savoir faire canadiens à l’étranger pour créer des emplois ici au
pays. C’est le sens qu’il faut donner aux succès remportés par les
missions d’Équipe Canada y compris celle d’il y a quelques semaines.
Ces activités et d’autres mesures de promotion du commerce se
poursuivront dans les mois et années qui viennent.
Nous avons utilisé la même approche, le partenariat, dans la
création de la Commission canadienne du tourisme avec les provinces
et le secteur privé. Les spécialistes s’accordent pour dire que ce
secteur pourrait, à lui seul, soutenir la création de 125000
emplois au cours des dix prochaines années. Les résultats indiquent
qu’une meilleure coordination des efforts porte déjà fruit, puisque
notre déficit touristique a été ramené de 8 à 2000000000 $.
Nous avons également investi dans d’autres secteurs d’avenir clés.
Des industries où le Canada peut rivaliser avec les meilleurs au
monde. C’est pourquoi nous avons mis en oeuvre la mesure Partenariat
technologique Canada. Pour investir dans les gagnants qui oeuvrent
dans des secteurs de pointe pas à renfort de subventions ou de
prêts, mais par des investissements commerciaux. Cela se traduira
par des milliers d’emplois pour les Canadiens et Canadiennes, de
bons emplois d’avenir. Ainsi, nous nous sommes engagés à aider
l’industrie aérospatiale à passer du sixième au quatrième rang
mondial. Avec les dizaines de milliers d’emplois que cela
entraînera.
Nous nous sommes également attaqués à certains obstacles structurels
qui nuisent à l’emploi. Nous avons transformé le programme
d’assurance-chômage en un programme d’assurance-emploi, en éliminant
les mesures non incitatives et en améliorant la pérennité du régime.
Nous avons réduit les cotisations à l’assurance-emploi. Elles sont
présentement de 14 % moins élevées que ce qu’avaient prévu le
gouvernement précédent. Et l’an dernier, nous avons mis en place un
Programme pour l’embauche de nouveaux travailleurs amélioré et
restructuré, qui éliminera pratiquement les cotisations à
l’assurance-emploi pour les nouveaux emplois pour près de 900000
entreprises admissibles qui recrutent de nouveaux employés.
Dans ces gestes comme dans tout ce que nous avons fait au cours des
quatre dernières années, nous avons toujours cherché à identifier
des priorités. De fait, nous avons complété l’examen des programmes
le plus exhaustif de l’histoire canadienne afin de consacrer nos
ressources limitées aux enjeux les plus importants pour les
Canadiens. Nous avons cherché à identifier les dossiers qui
serviraient le mieux les intérêts de la population canadienne. Où il
était raisonnable d’établir des partenariats avec les provinces, le
secteur privé ou les organismes communautaires et où il valait mieux
leur laisser le champ libre.
Notre approche sectorielle, étape par étape, nous permet d’avancer.
Le gouvernement ne peut pas tout faire seul. Il doit choisir ses
priorités et trouver des moyens pour encourager les autres à faire
leur part. Dans nos relations avec le secteur privé, nous sommes
passé des subventions au partenariat, et cela donne déjà de bons
résultats : nos gens d’affaires innovent aussi bien au pays qu’à
l’étranger. Pensez à Équipe Canada. Fondé sur des partenariats entre
les pouvoirs publics fédéral, provinciaux et municipaux, notre
programme d’infrastructure a permis d’effectuer des investissements
stratégiques dans nos collectivités et de créer des emplois. Les
nouvelles ententes en matière de main-d’oeuvre conclues avec le
Nouveau-Brunswick et l’Alberta démontrent que les gouvernements
peuvent collaborer d’une nouvelle façon dans l’intérêt des Canadiens
et des Canadiennes. Et notre entente avec les provinces de
travailler ensemble pour lutter contre la pauvreté de l’enfance
démontre que les gouvernements peuvent travailler ensemble pour
régler l’enjeu social le plus important de notre époque.
Le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux
et notre garantie de maintenir un plancher pour la contribution en
espèces… Notre réforme de l’Assurance-emploi et du régime de
prestations de la vieillesse… La création avec les provinces et
les territoires, d’un Conseil ministériel sur le renouvellement de
la politique sociale… Ainsi que la consultation nationale menée
dans le cadre des travaux du Forum national sur la santé ont tous
jeté les bases d’une nouvelle approche pour assurer l’avenir des
mesures sociales, notamment notre régime de soins de santé. Ces
interventions pérennisent ces programmes et nous assurent qu’ils
n’auront pas simplement été un droit acquis à la naissance pour la
génération actuelle… mais bel et bien un héritage que nous
pourrons léguer aux générations futures.
Je sais que l’avenir des programmes sociaux préoccupe les Canadiens
et Canadiennes. Je sais que certaines des réformes et compressions
ont été particulièrement difficiles pour certaines personnes. Mais
l’objectif de toutes nos interventions a été de faire en sorte que
ces programmes soient toujours là pour les générations futures. En
posant les gestes que nous devions poser de façon décente et dans le
respect de la personne nous sauvons le filet de sécurité sociale du
Canada. Ne vous y trompez pas, lorsqu’un pays doit chaque année
accroître les versements qu’il effectue à des banques étrangères et
réduire ses dépenses sociales, ces programmes n’en ont plus pour
très longtemps. C’est pour cette raison que nous avons dû mettre
autant d’acharnement à redresser les finances publiques. C’est
également pour cette raison que ces programmes pourront à nouveau
continuer de croître.
Notre prochain budget s’inscrira selon la même approche équilibrée.
Nous ne nous écarterons pas de notre rigueur budgétaire. Ce n’est
pas le temps d’abandonner. Pas après tant de sacrifices consentis
par tant de personnes. Pas après un aussi grand nombre d’années
d’échec de nos prédécesseurs. Pas quand nous touchons presqu’au but.
Pas si nous voulons que nos enfants puissent bénéficier des mêmes
chances que nous avons eues. Pas si nous voulons qu’ils aient à leur
disposition des outils et des choix pour bâtir leur avenir. Ce
serait une erreur de revenir à une période de déficits élevées et
d’espoirs anéantis. Ce serait une erreur de laisser s’envoler notre
avenir.
Dans notre prochain budget, à mesure que nous apercevons la lumière
au bout du couloir, nous pouvons commencer à investir sagement pour
l’avenir.
La technologie et la mondialisation transforment l’activité
économique. Les gouvernements ne peuvent rien y changer. Les nations
ne peuvent s’y soustraire. Par contre, ce que nous pouvons faire, et
c’est ce que nous faisons, c’est faire en sorte que le Canada et les
Canadiens se retrouvent parmi les gagnants de la nouvelle donne
économique. Une nouvelle économie qui sera, plus que jamais, une
économie du savoir et une économie fondée sur notre capacité
d’apprendre.
Cela signifie qu’il faut aider nos universités à moderniser et à
accroître leurs capacités scientifiques et aider nos hôpitaux
universitaires à améliorer leur capacité de recherche. Cela signifie
accroître nos investissements dans les technologies de pointe, dans
la recherche et dans le développement.
Investir dans l’avenir signifie investir dans la jeunesse. Hier, le
ministre du Développement des ressources humaines a annoncé une
stratégie d’emploi pour les jeunes qui s’étend à l’ensemble du
gouvernement. Elle ouvrira de nouveaux horizons d’emploi à 110000
jeunes Canadiens et Canadiennes et élargira nombre de mesures
existantes qui remportent du succès. Tout aussi important, cette
stratégie consolidera les instruments qui sont déjà à la portée des
jeunes Canadiens, en les rendant plus accessibles grâce à un plus
grand nombre de lignes sans frais, à un nouveau site Web et à des
salons de la jeunesse qui s’adresseront aux jeunes dans leur langage
et là où ils se trouvent.
Investir dans nos horizons économiques est certes important, mais
une économie saine n’est pas une fin en soi. Ce qui est important,
c’est une société saine. Et cela signifie une qualité de vie décente
pour tous les citoyens. Et un engagement à aider ceux et celles qui
en ont le plus besoin.
En juin dernier, dans cet hôtel, à la veille de la réunion des
premiers ministres, j’avais promis aux Canadiens et aux Canadiennes
que nous travaillerions de concert avec les provinces pour réduire
la pauvreté des enfants au Canada. Nous avons travaillé avec
acharnement. Nous avons montré qu’avec de la bonne volonté et des
objectifs communs, le fédéralisme canadien fonctionne. Je tiens à
féliciter Pierre Pettigrew et ses homologues provinciaux de
l’excellent travail qu’ils ont entrepris.
Le choix de cette priorité comme premier objectif poursuivi dans le
contexte d’une situation budgétaire plus favorable, est aussi
révélateur des valeurs d’un gouvernement, et d’un pays, que les
décisions relatives aux compressions quand la situation financière
devient difficile.
Au cours des prochains jours, nous annoncerons des gestes concrets
qui marqueront le début des efforts nous permettant d’élaborer une
approche efficace moderne et véritablement nationale en matière de
prestations et de services aux enfants et aux familles qui ont
besoin de notre aide. Ce ne sera pas la solution au problème. Ce
sera le début de la solution. L’investissement judicieux d’un des
nombreux avantages que nous procure le succès de notre lutte
collective aux déficits fédéral et provinciaux. Ce sera un versement
initial au moment où nous avons les moyens d’intervenir en faveur de
la justice sociale.
Tout comme la mise en place de notre régime de prestation aux aînés
s’est étalée sur plusieurs années, la mise en place d’une approche
nationale pour combattre la pauvreté de l’enfance ne se fera pas du
jour au lendemain, elle se fera étape par étape. Mais comme vous le
savez, la première étape est souvent la plus difficile et la plus
importante. C’est l’étape que nous franchirons au cours des
prochains jours. Nous développerons le système à partir de là, en
partenariat, aussi rapidement que notre situation financière le
permettra.
Investir dans la population signifie investir dans un pays sain. La
semaine dernière, le Forum national sur la santé a déposé son
rapport. Je suis fier du travail accompli par le Forum national. Il
s’agissait aussi d’un engagement du Livre rouge, soit voir plus
loin que les manchettes et entendre plus que les groupes de
pression, pour examiner en profondeur comment nous pouvons améliorer
notre système national de soins de santé. Il a réuni des
spécialistes réputés provenant de tous les horizons,et de tout le
pays. Et ils sont arrivés à un consensus, avant l’échéance et en
deçà du budget alloué.
Ils appuient à l’unanimité un régime de soins de santé universel,
accessible et financé par les pouvoirs publics. Et ils reconnaissent
que notre pays, sources publiques et privées de financement
confondues, consacre des sommes suffisantes au système de soins de
santé. Mais ces sommes ne sont pas dépensées de façon assez
judicieuse ou dans les bons secteurs. Nous nous sommes trop attardés
aux besoins des institutions, et pas assez à ceux des Canadiens et
des Canadiennes.
Le rapport du Forum national sur la santé n’est rien de moins qu’un
nouveau modèle pour les soins de santé au Canada. Une nouvelle façon
de relever le défi d’un pays sain tout en respectant les grands
principes de la Loi canadienne sur la santé.
Ce rapport ne s’empoussiérera pas sur les tablettes. Au nom du
gouvernement, le ministre de la Santé, David Dingwall, commence dès
maintenant à répondre aux recommandations qui y sont faites. Nous
aurons des mesures concrètes à annoncer au cours des prochains jours
et des prochaines semaines.
Mesdames et messieurs, nous sommes entrés dans la quatrième année de
notre mandat. Mais nous ne ralentirons pas, ni au cours des
prochains jours ou des prochaines semaines. Parce que la tâche qui
consiste à bâtir un pays uni et engagé ne peut jamais ralentir.
À plusieurs reprises, j’ai dit que bâtir le Canada est une tâche
quotidienne. On ne mesure pas la valeur de notre système avec de
beaux discours. Elle se mesure à notre capacité de travailler avec
les provinces et avec le secteur privé, avec les organismes locaux
et bénévoles… à l’atteinte d’objectifs communs.
À ceux qui parlent du statu quo, d’un fédéralisme rigide qui ne peut
pas changer, je leur demande de jeter un coup d’oeil au bilan des
trois dernières années et demie. Les gouvernements qui collaborent
au sein d’Équipe Canada pour ramener des emplois ici. Le programme
fédéral, provincial, municipal de travaux d’infrastructure. Notre
collaboration en matière de promotion touristique. La première
entente permettant de réduire des entraves au commerce intérieur.
Notre nouvelle initiative dans le dossier de la pauvreté de
l’enfance. Le transfert aux provinces de la formation de la
main-d’oeuvre. La reconnaissance par la Chambre des communes de la
société distincte pour le Québec. Les cinq vetos régionaux. Le
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux. Les
limites dans le recours unilatéral au pouvoir fédéral de dépenser.
Une meilleure collaboration dans des domaines de compétences
partagées tels l’environnement.
Voilà autant de preuves que nous formons un pays qui évolue et qui
progresse.
Nous donnons la preuve que le Canada fonctionne, que nos
gouvernements peuvent travailler en collaboration dans l’intérêt de
tous les citoyens sur les grands enjeux économiques et sociaux, en
matière d’environnement, et lorsque vient le temps de présenter le
visage du Canada au reste du monde. Nous montrons qu’il est possible
de moderniser le Canada et de le préparer à entrer dans le XXIe
siècle. Et nous continuerons à répondre aux besoins véritables de la
population. À diriger les affaires de l’État dans l’intérêt de
toutes les régions et parties du Canada. Nous continuerons à faire
ce qui a permis au Canada de devenir le meilleur pays au monde :
nous entendre, parvenir à des compromis, respecter la diversité
canadienne, être attentifs aux besoins des plus vulnérables et,
continuellement, bâtir l’avenir.
[CChrétien=19970113]
[lieu=corée]
Je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui, en compagnie des
membres d’Équipe Canada qui comprend les premiers ministres
provinciaux et des centaines de gens d’affaires canadiens. Nous
attendions cette visite avec grande impatience.
Les Canadiens entretiennent des liens d’amitié avec la population
coréenne depuis longtemps. Au cours des dernières années, quelques
unes des personnalités canadiennes les plus célèbres qui vous ont
rendu visite sont des vedettes de la musique rock telles Alanis
Morrissette et Bryan Adams. Mais la présence canadienne en Corée
remonte à bien plus longtemps et elle a joué un rôle important dans
votre histoire.
Oliver Avison a fondé ici un centre hospitalier important et a
participé à la formation des médecins coréens. Francis Schofield a
enseigné à l’université de Séoul, soutenu votre mouvement
d’indépendance, et s’est vu décerner le titre de « grand-père tigre
». James Gale a rédigé un livre d’histoire de la Corée ainsi qu’un
dictionnaire coréen-anglais. Sherwood Hall a lutté contre la
tuberculose. Ils ont tous contribué à bâtir la Corée, tous sont
canadiens.
Pendant la guerre froide, le Canada a déployé plus de 27000
militaires pour aider à repousser l’agresseur. Le contingent
canadien était le troisième plus important du Commandement unifié
des Nations unies en Corée. Au cours de ce conflit, plus de 500
Canadiens ont perdu la vie en se portant à la défense de la liberté
dont jouissent les Coréens aujourd’hui. Il y a 378 Canadiens qui
sont inhumés dans le cimetière des Nations unies à Pusan.
En effet, les liens qui nous unissent sont profonds et durables. Ils
sont renforcés par les sacrifices faits par de valeureux Canadiens
et Canadiennes il y a près d’un demi-siècle.
Nos relations évoluent au même rythme que nos deux pays. Les
échanges entre nos deux pays connaissent une croissance phénoménale.
Nos échanges bilatéraux ont augmenté de 20 % en 1994,
croissance qui s’est poursuivie au même rythme en 1995. Aujourd’hui
la Corée se classe au sixième rang parmi nos partenaires
commerciaux. Les entreprises canadiennes ont vendu pour quelque
2700000000 $ de produits à la Corée en 1995, soit une hausse
de 24 % comparativement à 1994, tandis que nous avons acheté
chez vous des produits dont la valeur totalise 3200000000 $. Cela
soutient la croissance économique dans nos deux pays
ainsi que des milliers d’emplois pour nos populations respectives.
À Vancouver, la porte d’accès du Canada à l’Asie-Pacifique, j’ai
récemment déclaré 1997 l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique. Tout
au long de l’année, nous soulignerons le fait que le Canada est un
pays du Pacifique ainsi que l’apport important de l’Asie à la vie
canadienne, tant aux niveaux social et culturel qu’en terme
d’échanges commerciaux.
Nous voulons sensibiliser davantage les Canadiens et Canadiennes à
la place importante qu’occupe l’Asie-Pacifique dans notre économie
et dans notre société.
Nous voulons resserrer davantage nos liens dans la région et
intensifier nos partenariats commerciaux et culturels.
Nous désirons ouvrir des horizons aux jeunes du Canada et de l’Asie
pour favoriser un échange d’idées et une exploration des nouvelles
perspectives d’avenir dans ce qui deviendra sans doute le siècle du
Pacifique.
Il y a plus de trois ans, soit lors de la réunion des dirigeants de
l’APEC à Seattle, le Président Kim et moi-même avons appuyé un plan
visant à étendre les relations entre nos deux pays pour mieux servir
nos intérêts mutuels.
Nous avons lancé l’initiative de Partenariat spécial entre la Corée
et le Canada, et réitéré notre engagement lors de la visite
effectuée au Canada par le Président Kim en octobre 1995. Selon les
dispositions prévues dans l’entente, nos deux gouvernements
travaillent d’arrache-pied pour promouvoir le commerce et les
investissements, pour collaborer en matière de technologies
industrielles, et pour soutenir l’aide au développement dans
d’autres pays asiatiques.
Comme le Président Kim et moi en avons discuté vendredi, nos efforts
au sein du partenariat spécial donnent de bons résultats. La
signature récente du projet de réacteur nucléaire CANDU 6 en Chine
constitue un bon exemple. La collaboration soutenue entre l’Énergie
atomique du Canada et HANJUNG en Corée se traduit maintenant par des
retombées favorables pour les deux sociétés.
Cela aide la Corée à répondre à ses propres besoins en matière
d’énergie nucléaire. Il y a maintenant quatre réacteurs CANDU en
opération ou en construction en Corée. Nous espérons que le nouveau
réacteur CANDU 9 fera partie de votre planification énergétique. La
technologie des réacteurs CANDU est la plus sûre au monde, elle a
fait ses preuves, ici en Corée, au Canada et dans plusieurs autres
pays.
Vendredi, nous avons assisté à la ratification d’accords bilatéraux
importants entre nos deux gouvernements. Ces accords amélioreront et
étendront notre collaboration dans les domaines des
télécommunications et de la sécurité sociale.
Un autre accord accroîtra les échanges jeunesse entre le Canada et
la Corée.
On compte maintenant plus de 5 500 étudiants coréens au Canada, soit
l’un des plus importants groupes d’étudiants étrangers dans notre
pays aujourd’hui. Et nous voulons que ce nombre s’accroisse.
Je me réjouis de la réussite du Centre d’éducation canadien établi à
Séoul. Pour le Canada, l’exportation de produits et de services
éducatifs est un secteur commercial important au Canada. En 1994,
ces exportations ont injecté 2300000000 $ dans
l’économie canadienne et créé 21000 emplois pour les Canadiens et
Canadiennes.
Nous désirons également continuer de travailler avec la Corée sur la
scène internationale. Par exemple, nous avons été très heureux de
voir la Corée se joindre à l’OCDE récemment, un geste que le Canada
a fortement appuyé. Il est approprié que la Corée joue un plus grand
rôle au sein d’organismes internationaux tels l’OCDE, après tout,
vous vous classez, aujourd’hui, au 10e rang des pays commerçants et
représentez la 11e plus importante économie. Nous comptons
poursuivre nos collaborations pour accroître la coopération
économique dans notre intérêt mutuel.
À la présidence de l’APEC cette année, le Canada entend travailler
avec la Corée pour faire avancer le dossier de la libéralisation des
échanges et de l’investissement, ainsi que pour explorer de
nouvelles façons de faire des affaires. Avec les autres pays
industrialisés de l’APEC, nous devons poursuivre les efforts
entrepris pour atteindre notre objectif d’ouvrir et de libéraliser
les échanges et l’investissement d’ici l’an 2010 pour les pays
industrialisés et d’ici l’an 2020 pour les économies en voie de
développement.
Par les efforts que nous avons déployés conjointement lors des
négociation de l’Uruguay Round qui ont abouti à la création de
l’Organisation mondiale du commerce, nous avons démontré que le
Canada et la Corée peuvent apporter une contribution constructive
pour éliminer les entraves au commerce qui ralentissent la
croissance et nuisent à la création d’emplois. La libéralisation des
échanges soutient la création d’emplois et la croissance et elle
ouvre des perspectives d’avenir aux jeunes. Cela nos deux pays en
sont conscients. Et nous avons le devoir de collaborer pour faire
avancer ce message au sein de l’APEC.
C’est dans cet esprit que le Canada assume la présidence de l’APEC
en 1997 et que nous accueillerons des conférences ministérielles
dans les domaines des transports, de l’énergie, de l’environnement,
du commerce ainsi que des petites et des moyennes entreprises. Il en
sera de même à la Réunion des dirigeants de l’APEC dont je serai
l’hôte à Vancouver en novembre.
Parallèlement à ces réunions, nous organiserons d’importants forums
pour les gens d’affaires. Je vous invite à assister à ces réunions
et à participer activement à la planification de notre avenir
commun.
Avec la visite d’Équipe Canada ici cette semaine, on ne pouvait
demander mieux pour débuter l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique.
Il s’agit de la plus imposante délégation composée de représentants
des pouvoirs publics et des milieux d’affaires canadiens à avoir
jamais été en mission à l’étranger. Pourquoi les Canadiens
viennent-ils à Séoul en aussi grand nombre ? La raison en est
bien simple. Les gens d’affaires qui se sont joints aux premiers
ministres provinciaux et à moi même sont confiants de trouver
d’excellents partenaires auprès des sociétés coréennes. Elles sont
de bons partenaires aussi bien à titre de client que d’investisseur.
Et dès qu’on trouve de bons partenaires, il devient possible de
faire des affaires.
Au cours des derniers jours, vous avez reconnu certains des géants
de l’industrie canadienne au sein d’Équipe Canada. Mais, fait tout
aussi important, ils sont accompagnés d’un groupe dynamique de
petites et de moyennes entreprises qui sont tournées vers
l’exportation et désireuses d’étendre leurs activités commerciales à
la Corée.
Dans leurs rangs, vous avez également reconnu nombre de jeunes
entrepreneurs. De même que des représentants canadiens du secteur de
l’éducation qui sont conscients que le développement des
connaissances, des compétences et de l’expertise compte parmi les
services commerciaux les plus utiles qu’on puisse offrir dans nos
économies modernes.
Ce que vous pouvez observer d’Équipe Canada donne un aperçu de
certains des éléments les plus dynamiques que l’on retrouve
aujourd’hui dans le monde des affaires au Canada. De petites
compagnies qui découvrent de vastes possibilités. Des jeunes hommes
et femmes qui transforment de nouvelles idées en applications
commerciales. Des établissements d’enseignement modernes qui offrent
des formations pertinentes dans le contexte d’une économie axée sur
l’information. De même que certaines des sociétés canadiennes les
plus solides et possédant le plus d’expérience dans les secteurs des
ressources et de la fabrication.
Voilà autant de facettes du Canada que nous voulons vous faire
connaître. Car elles représentent les visages du Canada de demain.
Ce sont ces visages qui ont conclu les ententes signées vendredi
lorsqu’Équipe Canada s’est attaquée à la tâche de renforcer le
partenariat économique entre la Corée et le Canada. Les sociétés
canadiennes et coréennes ont conclu des ententes commerciales
évaluées à plus de 600000000 $, soit plus que nous
n’espérions il y a quelques semaines.
Ces ententes se traduiront par des emplois et elles soutiendront la
croissance économique dans nos deux pays. Dans les secteurs de la
fabrication, du transport, des communications et des ressources. Et
ce pour des entreprises de toutes tailles, grandes et petites.
Équipe Canada est déterminée à voir s’épanouir les relations
économiques dont ces nouvelles ententes sont un symbole. Cette
visite ouvre un nouveau chapitre dans les relations commerciales
Canada-Corée. Pour y parvenir, il aura fallu un effort concerté, et
pour pousser plus loin, nous devrons planifier encore davantage.
Plus tôt dans la journée, le ministre du Commerce international, Art
Eggleton a annoncé le plan d’action du Canada pour la Corée. Ce plan
complet et intégré prévoit une démarche pour aider le Canada à tirer
parti des perspectives offertes par le marché coréen. Il aidera les
partenaires d’affaires canadiens et coréens à profiter au maximum
des nouveaux horizons commerciaux.
À mesure que les sociétés coréennes explorent la planète à la
recherche de nouvelles possibilités d’affaires, je suis confiant
qu’elles découvriront ce que les sociétés américaines, européennes
et japonaises savent depuis plusieurs années : il est rentable
d’investir au Canada.
Le Canada est un endroit très concurrentiel donnant accès à
l’ensemble du marché nord-américain.
Que ce soit pour la qualité de la main-d’oeuvre, de la recherche et
développement, de l’infrastructure ou de l’ensemble des coûts
relatifs à la conduite des affaires, le Canada est très
concurrentiel à tous points de vue.
La Corée est importante pour les Canadiens et Canadiennes. Nous
voulons que la relation que nous avons développée avec beaucoup de
détermination devienne encore plus forte. La visite d’Équipe Canada
en Corée ajoute un autre chapitre à l’histoire de ce Partenariat
vraiment spécial.]
[CChrétien=19970114]
[lieu=phillip]
La visite d’Équipe Canada aux Philippines s’effectue à l’enseigne de
l’amitié et du partenariat commercial. Nous sommes ici pour
souligner les relations chaleureuses et fructueuses dont nous
bénéficions. Nous sommes ici pour faire en sorte que ces relations
continuent de croître.
Nous avons suivi avec beaucoup d’émotion la démarche de Mme Aquino
qui, avec vous à ses côtés, M. le Président a dirigé les Philippins
sur la voie de la démocratie, il y a un peu plus d’une décennie. Le
«pouvoir du peuple» n’a pas seulement été une inspiration pour les
gens de votre pays, mais pour tous les Canadiens. C’est avec
beaucoup d’intérêt que nous avons suivi les progrès des Philippines,
sa croissance et sa prospérité, jusqu’à ce qu’elles deviennent l’un
des leaders de la communauté asiatique.
Le Canada n’a pas été qu’un simple observateur de ce processus. Le
Canada a été l’un des premiers pays à reconnaître officiellement la
nouvelle administration en 1986. Et notre pays a été le premier à
lui offrir des crédits à l’exportation.
Depuis, le Canada et les Philippines sont devenus des partenaires en
matière de coopération au développement, d’échanges commerciaux et,
de plus en plus, en matière de questions internationales, notamment
au sein de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique.
Les Canadiens et Canadiennes ont suivi avec beaucoup d’intérêt le
programme de réforme économique mis en oeuvre par le Président
Ramos. Ces réformes ont impulsé votre croissance, accru la
prospérité de votre population, et ferons certainement des
Philippines l’une des dynamos de l’économie internationale.
Je salue le courage du Président Ramos qui n’a pas hésité à
emprunter cette voie ; il est facile de remettre les décisions
difficiles à plus tard. Il ne l’a pas fait. Aujourd’hui, les
Philippins bénéficient de sa prévoyance et de sa direction.
Je veux également rendre hommage au leadership remarquable dont a
fait preuve le Président Ramos en présidant l’APEC en 1996. Il a
guidé l’APEC pendant une année charnière de son évolution, et il est
parvenu à maintenir la volonté de l’APEC de poursuivre son programme
axé sur la libéralisation des échanges et de l’investissement, ainsi
que sur la coopération économique et technique.
Il a contribué au rapprochement de l’APEC et des gens d’affaires. Le
Président Ramos a en effet ouvert un dialogue important entre les
dirigeants de l’APEC et la communauté d’affaires grâce au forum
commercial de l’APEC devant lequel j’ai d’ailleurs pris la parole à
Manille, en novembre, lors de la réunion des dirigeants de l’APEC.
Alors que la direction de l’APEC passe des Philippines au Canada
cette année, je me rends compte à quel point lui succéder ne sera
pas une mince tâche.
Équipe Canada est à Manille pour souligner et marquer l’association
Canada-Philippines. Nous voulons étendre nos relations commerciales.
Nous voulons qu’elles créent plus d’emplois et de prospérité
économique pour les citoyens de nos deux pays.
Dans de nombreux secteurs, notamment ceux des télécommunications et
de l’infrastructure des transports, on note une grande concordance
entre les besoins des Philippines et le savoir-faire canadien.
Les nouvelles ententes commerciales et les nouveaux accords
bilatéraux qui seront signés pendant cette visite auront pour effet
de resserrer davantage les relations entre nos deux pays.
La mission d’Équipe Canada est la première activité officielle de
l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique en 1997. Notre visite la
troisième mission canadienne en Asie en moins de trois ans indique
bien quelle priorité les pouvoirs publics et les dirigeants
d’entreprise accordent au renforcement de nos relations dans la
région.
Et pendant toute l’année 1997, les Canadiens et Canadiennes
souligneront les liens qui nous unissent à l’Asie-Pacifique, la
région la plus dynamique du monde.
En novembre 1997, je serai l’hôte de la réunion des dirigeants de
l’APEC à Vancouver, la porte d’accès du Canada sur le Pacifique. Je
me réjouis de pouvoir alors accueillir le Président Ramos au Canada.
Mesdames et messieurs, lorsqu’on décrit les relations entre le
Canada et les Philippines, il faut avouer que nous jouissons d’un
trésor caché soit la présence de plus de 200000 Canadiens d’origine
philippine. Ces Canadiens, qu’ils vivent à Winnipeg, Toronto,
Vancouver ou Calgary ont apporté une très grande contribution à
notre pays et au tissu multiculturel de la vie canadienne.
Je n’ai pas besoin de regarder plus loin que la banquette
immédiatement derrière la mienne à la Chambre des communes pour
trouver un exemple remarquable de la contribution des Canadiens
d’origine philippine, le Docteur Rey Pagtakhan, né à Cavite, un
député respecté et l’un des membres de la mission d’Équipe Canada et
le secrétaire parlementaire du premier ministre du Canada. C’est un
exemple du rôle important que jouent les Canadiens d’origine
philippine dans la société canadienne. Il y a des milliers de Rey
Pagtakhan d’un bout à l’autre du Canada.
Mesdames et messieurs, célébrons l’amitié, l’harmonie et la bonne
volonté qui caractérisent les relations entre nos deux pays. Portons
un toast au Président de la République des Philippines.]
[CChrétien=19971114]
[lieu=viet]
Je voudrais d’abord remercier les autorités et le peuple de la
République socialiste du Vietnam pour leur accueil chaleureux. Je
voudrais également souligner par la même occasion le très grand soin
que nos hôtes ont apporté à la préparation de ce Sommet. Cela augure
bien pour le succès de nos discussions et nous leur en sommes très
reconnaissants.
Partout où elle se manifeste, la Francophonie est porteuse de
valeurs qui lui sont propres. Elle se nourrit et s’enrichit de
l’apport unique de chacun de ses partenaires. À Hanoï, nous nous
sommes mis à l’écoute des préoccupations de nos hôtes vietnamiens
qui ont souhaité accentuer le volet économique de nos travaux.
Nous appuyons leur initiative. L’Asie a connu un essor économique
important auquel le Vietnam a pris une part active. Nul doute que
nous pouvons, comme communauté et individuellement, tirer des
enseignements précieux de ces expériences. Le bien-être et la
prospérité de nos sociétés, la consolidation de la démocratie et le
rayonnement de notre espace francophone sont en effet inséparables
d’un développement économique soutenu.
Je vous invite tous à voir avec moi, dans notre décision de nous
réunir en terre d’Asie, un triple symbole.
Symbole d’abord de la consécration, si besoin en était, à la fois du
caractère universel et de la vocation globale de ce qui sous-tend
notre communauté.
Symbole ensuite de notre attachement à la langue française et notre
volonté de nous y appuyer pour resserrer toujours davantage nos
liens, quel que soit le continent qui nous héberge.
Symbole, enfin, non seulement du droit à la différence, mais
également du respect de cette différence qui est une source de
richesses pour tous.
Hanoï va marquer une étape importante dans le développement de cette
Francophonie des Sommets née à Versailles, il y a à peine douze ans.
Car c’est ici que nous donnerons plein effet à la « Charte de la
Francophonie ».
Lorsque nous nous sommes réunis la dernière fois à Cotonou, nous
avions marqué notre volonté de rendre la Francophonie plus
dynamique, de la consolider davantage comme instrument de dialogue
et de coopération.
Plus spécialement, nous avons voulu assurer la promotion politique
de la Francophonie pour qu’elle soit plus visible, plus crédible et
plus agissante. C’était là un voeu que le Canada formulait depuis
longtemps.
Ici à Hanoï, nous élirons un premier Secrétaire général de la
Francophonie toute entière, qui sera à la fois porte-parole
politique de notre communauté et grand coordonnateur de la
coopération francophone multilatérale.
Nous consacrerons la dimension politique de notre institution en
élargissant cette vocation à des missions d’arbitrage, de
négociation et de prévention des conflits tout en continuant à
promouvoir ses actions traditionnelles de promotion de l’État de
droit.
Nous enracinerons enfin le passage de la Francophonie dans l’ère de
la modernité, par un accent accru mis sur les Inforoutes et le
développement économique, faisant ainsi pendant à une dimension
politique renforcée.
La dimension politique de la Francophonie nous en avons beaucoup
parlé. Mais comment la traduire dans les faits ? Notre monde en
mutation a besoin de l’aide et de la solidarité de ses proches.
L’ONU ne peut pas tout faire ; nous le savons.
Depuis 1989, il y a eu 101 conflits armés dans le monde dont plus de
90 % ont été des conflits internes. Dans cette ère de
mondialisation, il y a une place pour des regroupements comme le
nôtre, plus sensibles à la préservation des identités de chacun,
plus près des acteurs et décideurs, et mieux disposés aux compromis.
Je rentre à peine du Sommet du Commonwealth où j’ai senti les mêmes
inquiétudes et les mêmes attentes.
C’est dans cet esprit que nous devons aborder les crises qui
secouent parfois notre Communauté. La situation dans la région des
Grands Lacs africains est à cet égard, hautement préoccupante. Notre
Plan d’Action nous invite, à bon droit, à oeuvrer et à participer
aux efforts de réconciliation entrepris sous l’égide de l’ONU et de
l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Et que faire des
situations qui mettent en péril certains acquis démocratiques ? La
Francophonie doit s’en préoccuper, avec franchise et générosité. La
prévention des conflits et la consolidation de la paix doivent
prendre racine dans le raffermissement de la démocratie et le
renforcement du respect des droits de la personne. Il est essentiel
de protéger les groupes les plus vulnérables par l’adoption rapide
d’une convention de l’Organisation internationale du Travail visant
à éliminer les terribles abus du travail des enfants.
Autre drame intolérable, celui des mines terrestres antipersonnel
dont les effets dévastateurs, au-delà de sa dimension humanitaire,
s’opposent aux efforts de reconstruction et de développement. Vous
savez l’engagement du Canada dans ce processus ; nous savons, de
notre côté, pouvoir compter sur nos partenaires de la Francophonie
pour le conduire à bien.
Dans moins de trois semaines, des représentants de plus d’une
centaine de pays vont venir à Ottawa pour signer un traité
interdisant pour toujours l’utilisation de ces engins meurtriers. Je
suis encouragé par les efforts soutenus des dernières semaines qui
m’ont permis d’attirer quelques pays de plus à la table des
signataires. Mais il en reste encore à convaincre et je compte m’y
employer avec toute l’énergie dont je suis capable d’ici là. Et je
me permets de vous demander de m’aider à y arriver.
Le changement climatique à l’échelle planétaire est un autre dossier
qui devrait attirer notre attention car il comporte des conséquences
dramatiques pour nous tous. En effet, plusieurs d’entre nous luttent
contre la désertification. D’autres sont menacés par la crue du
niveau des océans.
Dans trois semaines, plus de 150 pays se réuniront à Kyoto, au
Japon, pour arrêter une stratégie globale afin de réduire les
émissions de gaz à effet de serre. Le succès n’est pas assuré, car
des divisions importantes persistent au sein de la communauté
internationale. Il n’y aura pas de solution au problème du
réchauffement mondial sans participation pleine et entière de tous
les pays, car ce fléau planétaire doit nécessairement trouver une
solution planétaire.
Le Canada, pour sa part, croit qu’il existe des éléments de solution
autour desquels les pays de la Francophonie peuvent se rallier. Nous
appuyons fermement la création d’un système de partage des émissions
des gaz à effet de serre dont la mise en oeuvre reviendrait à tous
les membres de la communauté internationale, développés et en voie
de développement.
Ce système permettrait aux participants d’échanger des crédits
d’émissions jusqu’à concurrence d’un plafond maximal applicable à
l’ensemble des pays. Il encouragerait le transfert des technologies
environnementales et offrirait l’occasion à tous les pays, de
capitaliser sur leurs propres réductions. J’encourage les pays de la
Francophonie à considérer sérieusement une telle option. C’est dans
la réflexion sur des moyens pratiques et flexibles que nous
trouverons une solution.
Tous nos débats sur la dimension politique de la Francophonie nous
renvoient à la discussion que nous aurons sur le mandat que nous
voulons confier à notre nouveau Secrétaire général. Il faudra un
mandat fort et clair. Il devra encourager la poursuite et le
renforcement des actions entreprises par divers opérateurs, au
premier titre l’Agence de la Francophonie, en matière de
consolidation de l’État de droit. Au-delà de la coopération, son
statut de porte-parole politique de la Francophonie lui conférera
l’autorité morale requise pour se poser en véritable interlocuteur.
Un cran plus haut se situera son mandat de développer des
initiatives politiques susceptibles de contribuer au règlement
pacifique des conflits en cours. Ce qui est sûr, c’est que nous
devrons éviter que notre nouveau porte-parole se retrouve en
contradiction avec la volonté réelle des États ; sinon, sa
crédibilité personnelle s’en ressentirait, et avec elle, celle de
notre mouvement.
Nos partenaires vietnamiens ont voulu que ce VIIe Sommet porte sur
l’économie. Nous partageons cette préoccupation et nous les aiderons
à la transcrire dans la réalité. Il faut en effet une dimension
économique crédible qui aille de pair avec la nouvelle vocation
politique de nos Sommets.
Cela dit, la Francophonie a déjà fait beaucoup pour l’économie. Ses
programmes d’éducation et de formation ou la distribution de banques
de données et de moyens d’échange d’information constituent de
puissants ingrédients de développement économique. Bien sûr, il y a
les inévitables enjeux macro-économiques globaux qu’aucun de nous ne
maîtrise totalement. Cependant, l’ouverture et l’intégration plus
poussée à l’économie mondiale portent aussi la promesse d’une plus
grande prospérité. C’est là une raison de plus pour renforcer les
institutions qui ont été créées à cet effet.
Sur ces enjeux économiques, la Francophonie doit parler fort. Déjà
le message est passé au G7. L’objectif d’un partenariat pour le
développement en Afrique vise non seulement à faciliter
l’intégration des pays d’Afrique à l’économie mondiale, mais aussi à
faciliter l’insertion des plus démunis dans la vie économique,
sociale et politique de leur pays.
Au plan commercial, les pays d’Afrique seront les principaux
bénéficiaires des efforts déployés à l’Organisation mondiale du
commerce pour assurer aux pays les moins avancés des conditions
prévisibles et favorables d’accès aux marchés.
Le développement dépend aussi de la mise en place de politiques
saines, d’un système juridique stable et de l’investissement dans
les ressources humaines. Sur ces plans, la Francophonie dispose
d’avantages comparatifs de taille, en s’appuyant sur ses assises de
formation, d’information et de concertation.
Si la Francophonie tend à devenir plus politique, nous devons
néanmoins comprendre que la coopération demeurera toujours son
assise fondamentale et l’une de ses principales raison d’être. Les
cinq grands axes de coopération dont nous avons décidé la priorité à
Cotonou, doivent continuer de guider nos actions. Ces programmes
mobilisateurs constituent le fruit d’une réflexion et d’une démarche
de coopération longue de 25 ans. J’espère que nous serons en mesure
de donner dès demain notre approbation aux grandes orientations de
la programmation de ce Sommet de Hanoï. Quant à lui, le Canada
n’aura aucune hésitation à le faire.
Je voudrais ici souligner la qualité des programmes qui nous ont été
présentés par l’Agence de la Francophonie et saluer celui qui a
présidé à ses destinées pendant plus de huit ans. À la veille de son
départ, Jean-Louis Roy a droit à nos remerciements et à notre
reconnaissance pour avoir transcrit la solidarité francophone en une
action pertinente, moderne, dynamique et agissante. Bravo !
Dans le cadre de la coopération, les projets canadiens conçus pour
le biennum de Hanoï représentent un dosage équilibré de continuité
et de nouveauté reposant sur trois axes d’intervention majeurs. Il
s’agit d’abord de la poursuite et de la consolidation de certains
projets du précédent Sommet de Cotonou, particulièrement ceux visant
à la consolidation de l’État de droit, à la promotion des droits de
la personne et à la prévention des conflits. Puis, de la mise en
oeuvre du Plan d’Action de Montréal de la Conférence ministérielle
sur les Inforoutes, où il y va de la crédibilité du Canada qui avait
suscité et accueilli cette initiative.
Il s’agit aussi de faire passer la Francophonie dans la modernité
tout en tirant profit de cet outil essentiel de formation,
d’information et de développement. Il s’agit enfin du lancement
d’initiatives répondant au thème du développement économique à
l’intérieur de la sphère de compétence de la Francophonie et
conformes à ses moyens. Je sais que la signification et la portée
des engagements pris à l’occasion des Sommets ont fait l’objet de
récents débats au sein de nos instances. Je voudrais réitérer que
les annonces faites lors de nos rencontres ont valeur d’engagement
solennel et irréversible.
Nos opérateurs doivent pouvoir compter sur des financements
prévisibles et assurés. Nos contributions statutaires doivent être
versées en totalité, à temps et sans condition ; ce n’est d’ailleurs
pas une politique nouvelle pour le Canada qui prêche, depuis
plusieurs années, la même approche, aux Nations unies.
En terminant, Monsieur le Président, je rappellerai une autre
décision importante que nous aurons à prendre, soit celle du lieu du
prochain Sommet. Douze ans après le Sommet de Québec, je crois que
le tour de l’Amérique est à nouveau venu. Le Canada vous accueillera
cette fois au Nouveau-Brunswick où les Acadiens seront en mesure de
faire la preuve de la vitalité de leur communauté, de la solidarité
qui les anime et du sens de l’accueil qui les caractérise.
Merci, Monsieur le Président.
[CChrétien=19970115]
[lieu=phillip]
Au nom d’Équipe Canada, permettez-moi de vous dire avec quel
plaisir
nous nous arrêtons dans votre beau pays. Au Canada, les Philippins
sont reconnus pour leur chaleureuse hospitalité, et cela s’est
confirmé au cours de notre visite ici. Je vous remercie de votre
accueil chaleureux.
Les Canadiens et Canadiennes sont enthousiasmés par les
développements aux Philippines. La révolution du « pouvoir du peuple
», il y a dix ans, a été une inspiration pour tous les Canadiens,
ainsi qu’une leçon de la détermination et du courage de la
population philippine. Le Président Ramos a fait preuve de cette
même détermination. Il a travaillé d’arrache-pied pour résoudre les
problèmes de société et de développement de votre pays. Et dans le
processus de paix, il a obtenu des résultats historiques qui ont
abouti à la réconciliation politique dans votre pays.
Ces réformes ont fait renaître l’espoir et l’optimisme aux
Philippines. Et les réformes économiques mises en oeuvre par le
Président Ramos et son gouvernement ont jeté les bases nécessaires
pour assurer la croissance à long terme. Et le Canada tient à y
être.
En 1995, votre taux de croissance a atteint 5,5 % et, en 1996,
il a franchi les 7 % soit la cinquième année de suite où la
croissance économique s’est accélérée. Bien que je sois en visite
aux Philippines pour promouvoir les exportations canadiennes,
j’aimerais bien pouvoir importer ces taux de croissance au Canada.
Les potentialités des Philippines se concrétisent et le monde en
prend bonne note les médias appellent maintenant les Philippines le
« nouveau tigre ». Et son rugissement est impressionnant.
Équipe Canada se trouve aux Philippines pour aider à faire en sorte
que ce progrès se poursuive et que le partenariat entre le Canada et
les Philippines continue de croître.
Ce partenariat repose sur des bases solides. Le Canada a été l’un
des premiers gouvernements à reconnaître l’administration Aquino en
1986 et notre ambassadeur a été le premier représentant étranger à
présenter ses lettres de créances à la nouvelle administration. Nous
avons été le premier pays à offrir des crédits à l’exportation au
nouveau gouvernement.
Depuis lors, la valeur de nos échanges bilatéraux s’est accrue d’un
facteur six, et elle d’élevait à 825000000 $ en 1995. Au
cours de la même période la valeur des exportations canadiennes a
été multipliée par sept, passant de 46000000 $ en 1985
pour atteindre 328000000 $ en 1995. Le Canada est un
important investisseur dans votre pays où l’on note la présence de
sociétés telles la Sun Life, la Manulife et la Banque de
Nouvelle-Écosse qui sont implantées ici depuis longtemps. Plus de
vingt sociétés canadiennes ont ouvert des bureaux ici.
Mais les meilleurs partenariats peuvent encore s’améliorer. Et c’est
la mission d’Équipe Canada. Nous sommes plus de 400
représentants canadiens les dirigeants politiques du pays, des
dirigeants municipaux, des représentants des milieux de
l’enseignement et des centaines de gens d’affaires. Nous sommes tous
porteurs du même message : nous voulons voir croître le partenariat
Canada-Philippines.
Le Canada est un chef de file dans l’édification et la conception
d’infrastructure économique. Dans les domaines du transport, des
télécommunications, des technologies de l’information, de l’énergie,
de la construction et matériaux de construction. Par exemple, la
déréglementation du secteur des télécommunications a permis à des
sociétés canadiennes de décocher un grand nombre de contrats
d’équipement. Bon nombre de ces entreprises sont représentées au
sein d’Équipe Canada.
Nous offrons également d’excellents produits de consommation.
Aujourd’hui, aux Philippines, il y a des épiceries qui vendent des
produits canadiens : des pommes, du porc et du boeuf, des aliments
congelés, de l’huile de canola, des croustilles et des pâtes
alimentaires, même de la gomme et de la bière !
Le Canada est également concurrentiel dans certains importants
créneaux du marché philippin. Permettez-moi de vous donner deux
exemples. Les Philippines, avec leur main-d’oeuvre compétente et
talentueuse, sont un centre de production de dessins animés. Or,
dans le domaine de l’animation, le Collège Sheridan de Toronto
produit des diplômés spécialisés en animation qui travaillent aux
Philippines à titre de dessinateurs et d’illustrateurs. Ils
produisent des dessins animés pour des clients tels Disney.
Un autre exemple est la société Sea Form Systems Asia Inc, une
entreprise de services commerciaux de plongée et de construction
spécialisée dans la restauration de quais et de jetées. Grâce à une
technologie mise au point au Canada, cette entreprise est très
active aux Philippines et ailleurs en Asie. Le président de la
compagnie, M. Dan Young, est également président de la Chambre de
commerce canadienne aux Philippines.
Un autre secteur en croissance pour le Canada aux Philippines, et un
secteur prioritaire d’Équipe Canada, est celui des services
éducatifs. Le Canada dispose d’établissements d’enseignement et de
services de formation spécialisée de premier ordre, et serait prêt à
accueillir un plus grand nombre d’étudiants philippins au Canada.
Les représentants de plusieurs établissements d’enseignement nous
accompagnent au cours de cette mission d’Équipe Canada.
Nombre des membres d’Équipe Canada représentent des petites et des
moyennes entreprises. Ce secteur est le moteur de l’économie
canadienne. Leur présence témoigne de la volonté des entreprises
canadiennes de plus petite taille d’exporter leurs compétences et
leur savoir-faire outre-mer, et de se tailler une place dans le
marché mondial.
Équipe Canada compte également dans ses rangs cette année nombre de
jeunes entrepreneurs. Et cela parce que nous accordons une grande
priorité à la création d’emplois chez les jeunes, ainsi qu’à
l’amélioration de leurs perspectives d’avenir.
De petites entreprises à la recherche de débouchés importants. De
jeunes hommes et femmes qui transforment des idées nouvelles en
applications commerciales. Des établissements d’enseignement
modernes qui offrent des formations nécessaires pour réussir dans
une économie de l’ère de l’information. Et certaines des sociétés
parmi les plus fortes et les plus réputées dans les secteurs des
ressources et de la fabrication.
C’est cela Équipe Canada. Et sa mission consiste à élargir le
partenariat entre les Philippines et le Canada à atteindre de
nouveaux sommets dans un nouveau millénaire.
Une chose est indispensable à tout partenariat véritable: des
valeurs communes. Et les valeurs que nous partageons sont évidentes
dans la façon dont nous abordons un des plus difficiles et des plus
tragiques problèmes rattachés à la pauvreté et au développement :
soit l’exploitation des enfants et la main-d’oeuvre enfantine.
J’applaudis le gouvernement du Président Ramos qui a mis en oeuvre
un plan quinquennal pour lutter contre l’exploitation sexuelle des
enfants et d’autres formes d’exploitation de l’enfance. Je salue
également l’adoption de la nouvelle législation pour lutter contre
les mauvais traitements infligés aux enfants, l’exploitation et la
discrimination, ainsi que la prostitution. Les Philippines sont l’un
des pays qui bénéficiera d’un programme de l’Organisation
internationale du Travail (OIT) qui a pour objectif d’éliminer le
travail des enfants un programme où le Canada a joué un rôle de
premier plan.
De fait, nous avons travaillé de concert avec les Philippines dans
ce domaine de façon concrète, tangible. Comme le programme que
subventionne le Canada pour éduquer et donner plus de pouvoir aux
enfants de la rue de même qu’aux parents qui dirigent des comités
locaux de protection de l’enfance, et pour former de jeunes
défenseurs des droits des enfants de la rue. Ces enfants éduquent
d’autres enfants, tissent un réseau d’entraide et aident ces
derniers à mieux comprendre leurs droits ainsi qu’à mieux les faire
respecter.
Nous cherchons à faire reconnaître la question des droits de
l’enfant comme un dossier prioritaire des affaires étrangères. Et
nous avons présenté un projet de loi qui servirait un avertissement
sans équivoque aux Canadiens qui pourraient être poursuivis s’ils
participent, à l’étranger, à des activités commerciales à caractère
sexuel avec des enfants.
Par l’entremise de l’Agence canadienne de développement
international, nous appuyons nombre de mesures mises en oeuvre dans
plusieurs pays pour favoriser un accès abordable à l’éducation
primaire, en particulier pour les filles, pour améliorer le statut
et le rôle de la femme en tant que partenaire à part entière dans le
développement, et pour soutenir le bon gouvernement et les droits de
la personne.
Notre engagement en faveur du développement n’est qu’une des
nombreuses valeurs que nous partageons. De fait, nous appartenons
tous les deux à ce qui devient rapidement une communauté la
communauté d’Asie-Pacifique. Et le Canada compte bien en être un
membre actif et à part entière.
Il y a quelques semaines à Vancouver, la porte d’accès du Canada au
Pacifique, j’ai déclaré 1997 l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique.
Tout au long de l’année, le Canada soulignera son appartenance au
Pacifique ainsi que la contribution remarquable des Canadiens
d’origine asiatique.
Nous voulons sensibiliser davantage les Canadiens et Canadiennes à
l’importance de l’Asie-Pacifique pour notre économie et notre
société.
Le point saillant de l’Année de l’Asie-Pacifique sera la présidence
canadienne du forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC),
un honneur par lequel nous succéderons aux Philippines. Il ne sera
pas facile de succéder au Président Ramos. Il a imprimé une
direction forte en faisant progresser le programme de libéralisation
du commerce et de l’investissement. Je compte poursuivre dans cette
voie et, partant de ses succès, faire avancer le programme.
Nous pouvons, par la collaboration, préparer un avenir où la
croissance économique conduira à la prospérité et au bien-être des
populations de la région. Avec les autres membres de l’APEC, nous
devons faire en sorte d’atteindre notre objectif de libéralisation
des échanges et de l’investissement d’ici l’an 2010 pour les pays
industrialisés et d’ici l’an 2020 pour les pays en développement.
Grâce à ces initiatives et aux autres activités prévues pendant
l’Année canadienne de l’Asie-Pacifique, le Canada veut montrer
l’importance que revêt à nos yeux la communauté du Pacifique, aussi
bien aujourd’hui que demain.
Nous soulignerons aussi le rôle de premier plan joué par les
Philippins dans la société canadienne. Les Canadiens d’origine
philippine ont contribué au resserrement des échanges bilatéraux et
de l’investissement, aussi bien grâce à leurs liens familiaux aux
Philippines qu’à leur grande connaissance des pratiques d’affaires
dans nos deux pays. Selon moi, il s’agit de notre carte caché dans
les relations avec les Philippines. Il y a plus de 250000 Canadiens
d’origine philippine. Ils apportent à la société canadienne leur
vitalité et leur esprit d’entreprise.
De fait, le secrétaire parlementaire du premier ministre du Canada
est un Canadien d’origine philippine. Le Docteur Rey Pagtakhan, né à
Cavite, est aujourd’hui un député respecté du Parlement canadien. Je
suis heureux de pouvoir compter sur ses conseils judicieux à la
Chambre des communes. Et tous les membres d’Équipe Canada peuvent se
réjouir de sa présence parmi nous au cours de cette mission.
Rey est un résidant de Winnipeg, une grande ville de l’Ouest
canadien. Les Philippins contribuent à la vie canadienne à Winnipeg
depuis plusieurs années, tout comme à Toronto, Vancouver, Calgary,
Montréal et Edmonton. De plus, ils maintiennent des rapports très
forts et très humains avec les Philippines.
Et ces rapports humains sont le fondement de relations solides entre
les personnes et entre les pays. Ce sera le thème principal de notre
année de l’Asie-Pacifique. Et c’est aussi le point fort de cette
mission d’Équipe Canada. Rassembler et mieux comprendre l’autre.
Ouvrir des horizons et créer des emplois pour nos populations
respectives. Former une véritable communauté des nations du
Pacifique.
C’est le sens à donner à Équipe Canada. C’est l’expression d’une
volonté qui continuera de croître pendant de nombreuses années.]
[CChrétien=19970117]
[lieu=thai]
Le Canada et la Thaïlande sont devenus deux partenaires importants
de l’Asie-Pacifique au cours des 20 dernières années. Comme les
Canadiens et les Thaïlandais devront bientôt relever les défis du
XXIe siècle, c’est un partenariat que nous, d’Équipe Canada, voulons
élargir et améliorer.
Je serai très franc avec vous, un des principaux objectifs de cette
visite est de sensibiliser les Canadiens et Canadiennes aux
nombreuses occasions d’affaires qu’offre la transformation
économique de la Thaïlande.
Nous voulons aussi montrer aux gens d’affaires thaïlandais que le
Canada est le partenaire idéal pour les défis auxquels la Thaïlande
fait face aujourd’hui. Il y a une concordance naturelle entre le
savoir-faire des entreprises canadiennes et vos besoins dans
certains secteurs clés.
Les Canadiens doivent être conscients que la Thaïlande est une
plaque tournante régionale en Asie. En effet, plus de la moitié de
la population planétaire vit à mois de cinq heures d’avion de la
Thaïlande. Cela offre des possibilités de coentreprises canadiennes
dans la région avec des sociétés thaïlandaises d’expérience.
Afin de poursuivre ces objectifs, je suis accompagné en Thaïlande
par une délégation d’Équipe Canada composée de premiers ministres,
de dirigeants municipaux, de dirigeants d’entreprise, de
représentants du monde de l’enseignement et de jeunes entrepreneurs.
Il s’agit de la plus imposante délégation commerciale de l’histoire
du Canada.
Notre décision d’effectuer à Bangkok un arrêt clé de la mission
témoigne de notre engagement à établir un nouveau partenariat
économique avec la Thaïlande. Pour moi, comme pour plusieurs membres
de notre délégation, il s’agit de notre première visite en
Thaïlande. Nous avons une occasion unique de goûter la légendaire et
gracieuse hospitalité thaïlandaise.
Nous sommes surtout impressionnés par le processus de modernisation
qui est partout en cours autour de nous dans la ville débordante
d’activité qu’est Bangkok.
Cette transformation dynamique de votre capitale est une preuve
éloquente que vous connaissez une croissance économique qui s’est
classée parmi les meilleures au monde au cours des dix dernières
années. La Thaïlande bénéficie aujourd’hui des avantages découlant
du processus de libéralisation des échanges qui a accompagné son
développement démocratique.
Mais je me réjouis de constater que les impressionnantes
réalisations économiques de la Thaïlande n’aient pas été accomplies
au détriment des libertés individuelles et du développement
démocratique.
Nous avons assisté à un transfert pacifique du pouvoir politique au
cours des trois dernières élections nationales, une démarche par
laquelle la Thaïlande se distingue de nombreux pays d’Asie. La
Thaïlande bénéficie également de médias qui comptent parmi les plus
libéraux et les plus ouverts à l’information de toute la région.
Tous ces facteurs se conjuguent pour faire de la Thaïlande un pays
d’avenir, dans la région de l’avenir. Et croyez moi, en tant que
pays du Pacifique, le Canada veut jouer un rôle actif dans cette
région. C’est pour cette raison que j’ai déclaré, il y a quelques
semaines, à Vancouver, que 1997 sera l’Année canadienne de
l’Asie-Pacifique. Pendant toute l’année, les Canadiens et
Canadiennes souligneront le fait que nous sommes un pays du
Pacifique, à l’aube du siècle du Pacifique.
Cette année nous donne l’occasion de bâtir l’avenir sur les bases
historiques de notre présence dans la région. L’histoire de notre
engagement et de notre participation dans l’ensemble de la région,
et ici en Thaïlande.
Il y a plusieurs décennies, nos pays ont travaillé ensemble pour
favoriser la paix et réduire la souffrance humaine en Indochine. Le
Canada s’était alors inspiré de son expérience de plus de 20 ans
acquise dans la région par sa participation aux travaux de la
Commission internationale de contrôle. Nos gouvernements se sont
rencontrés à maintes reprises pour discuter de la situation
régionale, alors que le point de vue du Canada était fortement
apprécié par la Thaïlande.
Par nos efforts, nous avons démontré notre engagement commun à
favoriser la paix et une meilleure compréhension. Nos efforts
témoignaient des valeurs que nous partageons.
Les ravages de la guerre ont déplacé des centaines de milliers de
réfugiés d’Indochine; le Canada avait alors offert une terre
d’accueil à 100000 d’entre eux, dont 48000 personnes de la
Thaïlande. Aujourd’hui ces réfugiés d’alors sont devenus des
citoyens canadiens qui contribuent à l’évolution de leur pays
d’adoption.
Il y a plus de 15 ans, le Canada et la Thaïlande sont devenus
partenaires en matière de coopération au développement. Grâce à
nombre de projets soutenus par l’Agence canadienne de développement
international, nous avons contribué à accroître les capacités
technologiques de la Thaïlande dans certains secteurs économiques
clés.
Nous avons soutenu le développement de la situation de la femme
ainsi que les programmes sociaux et de formation. Nous avons soutenu
le secteur environnemental.
Notre intérêt commun envers le développement durable a impulsé la
mise en oeuvre du projet de gestion des richesses naturelles et
écologiques, qui aide les pouvoirs publics de votre pays à répondre
de façon équilibrée aux besoins actuels du développement et aux
préoccupation futures de la conservation.
Et à mesure que la Thaïlande rattrape les pays les plus
industrialisés, notre partenariat axé sur le développement évolue
graduellement vers un véritable partenariat commercial.
Au cours des cinq dernières années, les échanges bilatéraux se sont
accrus rapidement pour atteindre 1600000000 $ en 1995.
Aujourd’hui, la Thaïlande est devenue notre deuxième plus important
marché d’exportation parmi les pays membres de l’ASEAN. Les
exportations du Canada vers la Thaïlande ont totalisé la somme
impressionnante de 580000000 $ en 1995. Mais cette
performance peut s’améliorer beaucoup. Les investissements directs
du Canada en Thaïlande se sont également accrus pour atteindre
359000000 $ en 1995.
Il y a deux ans, lors de la visite du premier ministre Chuan au
Canada, nous avions tous deux lancé un défi aux gens d’affaires,
soit d’accroître nos échanges bilatéraux à 2000000000 $
d’ici l’an 2000. Aujourd’hui, je réitère l’engagement du Canada à
atteindre cet objectif.
Nous pourrons compter sur le regain de la vigueur de l’économie
canadienne. Au cours des trois dernières années, notre gouvernement
a en effet travaillé à l’assainissement des finances publiques. Les
gouvernements provinciaux ont fait de même. Résultats : une très
grande baisse de notre déficit, des taux d’intérêt parmi les plus
bas depuis des décennies, et une reprise de la confiance, tant au
pays qu’à l’étranger, en l’économie canadienne.
Toutefois, nous ne sommes pas arrivés au point où, comme dans votre
pays, le gouvernement est la cible de critiques parce que le taux de
croissance est de 7 % par année et qu’on l’accuse d’être la
cause de ce « ralentissement économique ». Croyez-moi, c’est le
genre de problèmes que les premiers ministres provinciaux et
moi-même aimerions bien avoir !
La croissance économique du Canada n’est peut être pas aussi
impressionnante que la croissance enregistrée en Thaïlande mais,
tout de même, le FMI et l’OCDE prévoient tous deux que le Canada
connaîtra une croissance économique qui sera supérieure à tous les
autres pays du G-7 au cours des deux prochaines années.
Au cours des trois derniers mois, il y a eu 83000 créations
d’emplois au Canada. Des conjoncturistes du secteur privé prévoient
qu’il y aura 350000 créations d’emplois en 1997 et une croissance
semblable en 1998.
Ce regain de vigueur de l’économie canadienne s’accompagne d’un
changement d’attitude relativement au commerce sur les marchés
étrangers. Les Canadiens et Canadiennes croient que nous pouvons et
devons réussir sur la scène internationale. Et ils cherchent
activement à faire des affaires à l’étranger. Au Canada comme en
Thaïlande, les exportations sont le moteur de l’économie. Les
exportations pèsent désormais pour 40 % de notre PIB,
comparativement à 25 %, il y a cinq ans seulement. Et cela se
traduit par des millions d’emplois pour les Canadiens et
Canadiennes.
C’est pour cette raison qu’il y a eu trois missions d’Équipe Canada
et que la libéralisation des échanges est l’une de nos grandes
priorités. Parce qu’elles sont la clé de la croissance de notre
économie, de la création d’emplois et de débouchés pour la
population canadienne.
C’est cette détermination qui est à la base de nos relations
commerciales avec la Thaïlande. Au cours de la dernière année
seulement, cinq ministres canadiens ont visité votre pays. Les
nouveaux accords bilatéraux signés ce matin sont le résultat du
travail acharné des ministres de l’environnement et des finances de
nos deux pays.
Lors de nos entretiens de ce matin avec le premier ministre Chavalit
et les membres de son Cabinet, nous nous sommes entendus pour
chercher à conclure un accord sur la protection des investissements
étrangers. Cet accord protégerait davantage les investisseurs
thaïlandais et canadiens. Cela indiquera aux investisseurs de la
communauté internationale que nos deux pays sont ouverts au défi de
la mondialisation.
Plus tard dans la journée, nous assisterons à la signature de
plusieurs ententes commerciales. Certaines seront très grandes et
d’autres seront à la mesure de sociétés plus petites. Ces ententes
mettront en évidence la diversité de la coopération économique entre
nos deux pays.
Pour le Canada, les débouchés en Thaïlande ne se limitent pas
seulement aux grands projets d’infrastructure. De fait, nombre des
entreprises signataires d’ententes sont des petites et des moyennes
entreprises de nos deux pays. Des entreprises comme celles là sont
le meilleur moteur de croissance et de création d’emplois dans nos
pays respectifs, C’est pour cette raison qu’elles représentent plus
de 50 % de la délégation de gens d’affaires d’Équipe
Canada cette année.
Les sociétés canadiennes sont de bons partenaires pour les
Thaïlandais. Nous possédons un savoir-faire, des produits, des
technologies et des capitaux qui nous rendent concurrentiels sur la
scène internationale et qui peuvent répondre à vos besoins actuels
et futurs.
La présence d’entreprises canadiennes n’est pas nouvelle en
Thaïlande, des sociétés telles le fabricant de chaussures Bata y
est implanté depuis plus de 50 ans et fait partie du paysage local,
tandis que les sociétés Seagram, Northern Telecom et Champthai Co.
Ltée sont présentes depuis plusieurs années.
Par le passé, nous ressentions l’absence d’une composante de nos
relations commerciales, soit une présence financière du Canada en
Thaïlande. Aujourd’hui nous sommes heureux de compter sur la
présence de deux institutions financières. Nous accueillons avec
plaisir la récente décision du gouvernement thaïlandais d’accorder à
la Banque de Nouvelle-Écosse un permis d’exploitation de services
bancaires au détail, et d’accorder à la Banque royale du Canada le
privilège d’ouvrir un centre bancaire international.
L’engagement de ces deux grandes banques canadiennes en Asie, en
particulier en Thaïlande, est un exemple à suivre pour les autres.
Nous espérons que leurs succès paveront la voie à des réussites
semblables dans le secteur des services.
Et le Canada s’intéresse également aux infrastructures. Nous sommes
des chefs de file en matière d’édification et de conception
d’infrastructure économique. Qu’il s’agisse de transports, des
technologies de l’information, de l’énergie, de la construction et
des matériaux de construction, nos entreprises sont parmi les
meilleures au monde. Nous offrons également le savoir-faire
nécessaire pour assurer le fonctionnement de ces infrastructures.
Et n’oublions pas nos forces dans les secteurs de l’agroalimentaire
et des produits de base. Je suis heureux de voir la conclusion d’une
nouvelle entente entre la Commission canadienne du blé et la
Thaïlande.
Ce sont des secteurs dans lesquels le Canada excelle. Ce sont
également des secteurs dont les produits et services sont fortement
en demande dans l’économie dynamique de la Thaïlande.
Par exemple, la demande énergétique de la Thaïlande s’accroîtra
énormément dans l’avenir. Une des options envisagées est la
production d’énergie nucléaire. Si la Thaïlande choisit d’explorer
cette solution, je pense que la technologie nucléaire du Canada
pourrait répondre à ses attentes. Au Canada, comme ailleurs dans le
monde, la technologie CANDU a fait ses preuves.
Il y a également des perspectives de collaboration en matière de
services éducatifs. Plus de 10000 Thaïlandais viennent étudier au
Canada chaque année. Le Thailand Development Research Institute
évalue que, d’ici l’an 2000 en Thaïlande, la demande pour des
diplômés en sciences et en génie sera deux fois plus grande que le
nombre de diplômés disponibles. Cela représente un écart de 14000
personnes. Nos établissements d’enseignement peuvent vous aider à
combler cet écart.
Le Canada a appuyé la création de bourses d’études et soutenu la
formation des jeunes Thaïlandais. Et nous avons récemment ouvert un
Centre canadien d’éducation qui aide les étudiants thaïlandais
intéressés à étudier au Canada. Faire ses études au Canada signifie
recevoir un enseignement de qualité à des prix concurrentiels, dans
un environnement sûr, propre et amical. Demain, j’inaugurerai le
Salon canadien de l’éducation à Bangkok en compagnie de plusieurs
représentants des milieux de l’éducation membres d’Équipe Canada.
Nous espérons que de telles activités sensibiliseront un plus grand
nombre de Thaïlandais à la qualité des services éducatifs offerts au
Canada.
Plus de 10000 Canadiens et Canadiennes visitent la Thaïlande chaque
année et les touristes thaïlandais visitent le Canada en nombre
croissant. La Thaïlande est devenue un des marchés touristiques du
Canada qui connaissent une forte croissance. Durant ma visite à
Bangkok, j’inaugurerai le Salon canadien du tourisme qui mettra en
valeur l’offre touristique du Canada.
Chers amis, cette visite en Thaïlande est fertile et bien remplie
pour la délégation d’Équipe Canada. Comme c’est toujours le cas
entre bons amis. Nous devons rattraper le temps perdu et nous avons
beaucoup à célébrer. Nous avons beaucoup de choses à planifier pour
l’avenir. C’est ainsi entre amis véritables. C’est ainsi que les
choses se passent au cours de notre visite en Thaïlande.
Et je sais que tout ce que nous accomplissons ensemble pendant cette
visite resserrera encore davantage nos relations amicales.]
[CChrétien=19970320]
[lieu=ottawa]
C’est avec grand plaisir que j’ai accepté l’invitation du ministre
responsable de la Francophonie, M. Don Boudria, et du Président de
la section canadienne de l’Assemblée Internationale des
parlementaires de langue française (AIPLF), le sénateur Jean-Robert
Gauthier, à vous adresser la parole à l’occasion de la Journée
internationale de la Francophonie.
Je voudrais saluer ici les représentants de la section canadienne de
l’AIPLF, qui remettront dans quelques minutes les décorations de
l’Ordre de la Pléiade, Ordre dont j’ai eu l’honneur d’être décoré il
y a quelques années.
Je veux également saluer leur président, le sénateur Jean-Robert
Gauthier. C’est un ami et collègue de longue date, qui est
malheureusement retenu chez lui par une maladie contre laquelle il
lutte, avec le courage qu’on lui connaît, depuis plusieurs mois. Le
dynamisme de M. Gauthier a beaucoup à voir avec l’importante
collaboration de l’AIPLF aux entreprises de la Francophonie. Je
pense particulièrement aux nombreuses missions d’observation
d’élections auxquelles les parlementaires canadiens participent et
au programme de documentation pour les parlementaires des pays du
Sud.
Je veux aussi remercier l’Association canadienne d’éducation de
langue française, le maître d’oeuvre de la Semaine nationale de la
Francophonie. C’est un événement qui vise à célébrer et mettre en
valeur la langue et la culture d’expression française dans toutes
les régions du pays.
Ce sont bien cette culture et cette langue françaises, partagées par
plus de 8500000 de Canadiennes et de Canadiens dans tout
le pays, qui sont d’abord à l’origine de la participation canadienne
à la Francophonie depuis ses tout débuts.
La Francophonie est une zone d’influence naturelle pour le Canada.
Elle constitue une tribune multilatérale où le Canada est à même de
jouer pleinement son rôle. Elle est aussi une enceinte de
concertation et de dialogue sur les problèmes qui nous préoccupent
et sur les valeurs que nous souhaitons partager.
Sous l’impulsion des Sommets, la Francophonie, dont la vocation
était traditionnellement culturelle, a beaucoup évolué au cours des
dernières années. Le Canada s’est fait l’ardent promoteur de cette
évolution car il voyait une occasion de rendre la Francophonie plus
pertinente, crédible et performante. Nous avons vu la possibilité
d’en faire un véritable outil multilatéral de concertation,
d’échanges et de coopération.
La Francophonie est devenue un outil de coopération oeuvrant dans
des domaines hautement techniques. Elle a effectué un virage vers la
modernité et elle a mis les communications au service du
développement.
Dans ce domaine, les principales réalisations qui nous viennent à
l’esprit sont la télévision internationale francophone TV5, la
production audiovisuelle des pays du Sud, les radios communautaires,
la formation à distance, l’information scientifique et technique, et
l’accès aux inforoutes. Cette évolution ne s’est pas faite dans le
seul domaine de la coopération.
L’accentuation du caractère politique de la Francophonie constitue
également un développement important, car si elle veut asseoir son
autorité, elle doit renforcer sa capacité d’intervention politique
et de diplomatie préventive. Dans ce contexte, la prévention des
conflits nous paraît être un domaine d’intervention important. Nous
avons tous à l’esprit les crises très graves qui ont secoué le
Rwanda et le Burundi, et celle qui aujourd’hui fait rage au Zaïre.
Ces crises ont souligné l’importance pour la Francophonie de
renforcer sa capacité de contribuer à leur résolution, en tenant
compte du rôle primordial et des initiatives d’autres organisations
multilatérales comme l’ONU et l’OUA.
La Francophonie a évolué au fil des sommets et il en sera de même au
Sommet de Hanoï en novembre prochain. Ce VIIe Sommet présidera à
l’adoption d’une nouvelle Charte de la Francophonie qui redessinera
la structure de l’organisation, notamment par la création de la
fonction de Secrétaire général de la Francophonie, qui va de pair
avec le désir de rendre la Francophonie plus politique. Ce nouveau
porte-parole sera élu par les chefs d’État et de gouvernement
eux-mêmes, et apportera à la Francophonie une visibilité et un
impact accrus.
La dimension économique du développement en est une importante. Il
ne faut pas se surprendre que nos partenaires vietnamiens, comme
hôtes du prochain sommet, aient proposé un thème à caractère
économique. En fait, le thème sera le Renforcement de la coopération
et de la solidarité francophone pour la paix et le développement
économique et social.
Nous croyons que nous pouvons suivre nos amis vietnamiens dans cette
voie et que des percées peuvent être réalisées. Nous devrons faire
preuve d’imagination pour trouver, malgré nos moyens modestes, un
domaine d’intervention susceptible de générer un impact économique
et un développement durable, tout en favorisant le développement des
ressources humaines. Il faudra bien sûr accorder aux échanges
commerciaux et aux transferts de technologie toute l’importance
qu’ils méritent.
Chers amis de la Francophonie, vous vous souvenez certainement tous
que le deuxième Sommet de la Francophonie, en 1987, avait eu lieu à
Québec et qu’il avait connu un succès éclatant. Douze ans après
Québec, nous avons décidé de récidiver. En effet, au moment du
Sommet de Hanoï, nous serons de nouveau candidat pour accueillir le
VIIIe Sommet en 1999, cette fois à Moncton, au Nouveau-Brunswick.
Ce sommet, tout en confirmant le rôle important que joue le Canada
en Francophonie, permettra au Nouveau-Brunswick de mieux se faire
connaître dans le monde entier. Il semble que M. McKenna mobilisera
toute la population acadienne, et, quand on connaît le sens de
l’accueil et de la fête qui caractérise les Acadiens, il ne faudra
pas se surprendre si certains de nos visiteurs décident de rester au
Nouveau-Brunswick.
En terminant, je veux vous dire toute la fierté que j’éprouve de
participer à cette Journée internationale de la Francophonie. Comme
Canadien francophone, et aussi comme premier ministre, je suis
heureux que le Canada appartienne à la grande famille francophone
universelle qui, j’en suis persuadé, va prendre de plus en plus
d’importance dans le village virtuel qu’est devenu le monde moderne.
Je vous remercie.
[CChrétien=19970920]
[lieu=qué]
C’est un grand plaisir pour moi, comme premier ministre du Canada,
de vous accueillir à Québec pour la toute première conférence
parlementaire des Amériques.
Cette conférence nous offre l’occasion de développer et d’améliorer
les relations entre les pays de notre continent. Je tiens d’ailleurs
à exprimer ma gratitude envers l’Assemblée nationale du Québec qui
l’a organisée.
Notre histoire commune est placée sous le signe de la découverte.
Tout d’abord, celle du Nouveau Monde par l’Ancien. Puis, maintenant
que nous avons acquis un sens plus profond de notre identité, nous
sommes prêts à élargir encore nos horizons, pour en apprendre
davantage les uns sur les autres. Pour comprendre et apprécier nos
différences. Et pour célébrer nos valeurs communes.
À mon avis, Québec est la ville tout indiquée pour cette rencontre.
Vous le savez déjà, j’en suis sûr, c’est l’une des plus belles
villes du Canada. Mais il s’agit d’une beauté d’un type particulier
dans lequel l’ancien s’allie au nouveau.
Québec a été l’un des premiers établissements européens de notre
pays. Les pionniers qui sont venus ici étaient inspirés par leur
vision d’une vie nouvelle et meilleure. Et c’est de cet endroit, et
d’autres semblables de l’île de Baffin jusqu’à la Terre de Feu, que
notre aventure commune de la découverte du continent a tout d’abord
commencé.
Je suis heureux que vous vous trouviez ici à ce moment particulier
de notre histoire. Cela vous permet, chers voisins, de constater le
nouvel optimisme qui nous anime maintenant que nous sommes en voie
d’éliminer notre déficit et que notre économie connaît une impulsion
nouvelle.
Une fois encore, confiant et tourné vers l’extérieur, le Canada
prend sa place dans la communauté des nations et dans l’économie
mondiale. Nous cherchons de nouvelles relations qui reposent sur les
liens historiques avec l’Ancien Monde et avec nos puissants voisins
et amis, les États-Unis. Nous explorons de nouveaux liens avec
l’Asie. Et, de plus en plus, nous cherchons de nouveaux débouchés
dans les Amériques.
La géographie a fait du Canada un pays des Amériques. Au cours de
l’histoire, et spécialement dans l’histoire contemporaine, les
Canadiens se sont constamment rendu compte que leur avenir était
étroitement lié à celui de leurs voisins du continent.
Nous avons des attaches culturelles de longue date. Elles sont dues
à l’établissement au Canada de populations provenant de tout le
continent, et aussi à des échanges éducatifs, aux compétitions
sportives et au tourisme. Tous les Canadiens attendent d’ailleurs
avec impatience les Jeux panaméricains de 1999 qui se dérouleront à
Winnipeg.
La décision que nous avons prise en 1990 d’adhérer à l’Organisation
des États américains (OEA) indiquait notre vif désir de jouer un
rôle plus actif au niveau continental. Et, à ce propos, je suis
heureux de savoir que nous accueillerons l’Assemblée générale de
l’OEA en l’an 2000.
En 1994, j’ai eu le privilège de représenter le Canada au Sommet des
Amériques de Miami. Cette rencontre a permis d’esquisser l’ébauche
historique d’une profonde intégration de tout le continent.
Votre présence ici fait avancer ce processus. Elle montre que les
principes de base que nous endossions fermement à Miami sont bien
établis et portent fruit.
Au cours de vos travaux de cette semaine, vous échangerez des
informations et développerez des amitiés. Vous chercherez à faire
fructifier de diverses façons ce qui a été réalisé à Miami,
c’est-à-dire :
préserver et renforcer la démocratie et le respect des droits de
la personne;
promouvoir la prospérité par l’intégration économique et le
libre-échange;
vaincre la pauvreté et la discrimination;
et parvenir au développement durable en tant qu’assise de la
stabilité sociale et de la prospérité économique.
Pour le Canada, le renforcement de la démocratie, sous tous ses
Aspects, passe par la création d’un cadre capable d’assurer la
prospérité économique. L’histoire nous apprend que la liberté est
toujours en péril quand on manque de l’essentiel. La pauvreté et
le désespoir ne sont que trop propices aux forces réactionnaires
et au despotisme.
Avec la mondialisation inexorable de l’économie, tout le monde se
rend compte, sur notre continent comme ailleurs, que des
échanges commerciaux et des investissements plus soutenus sont le
moteur de la croissance économique et de la prospérité. Le Canada
est la preuve éclatante de cette réalité.
Nous avons toujours été une nation commerçante. Notre
développement a été rapide parce que nous avons ouvert nos portes
aux techniques étrangères. En adaptant ces techniques à notre
environnement bien particulier, nous avons fini par avoir l’un des
meilleurs niveaux de vie au monde. À partir de cette prospérité
relative et de notre sens de l’entraide, nous nous sommes dotés
d’un filet de sécurité sociale qui compte parmi nos plus belles
réalisations nationales.
Nous avons bénéficié de la libéralisation des échanges. Et c’est
pourquoi nous avons activement fait la promotion de la
libéralisation du commerce à l’échelle mondiale et dans la région.
Je crois fermement que les ententes de libre-échange que nous
avons déjà signées avec les États-Unis, le Mexique et le Chili ne
sont qu’un début.
Nous tenons à donner suite à l’engagement pris à Miami d’établir
une zone de libre-échange des Amériques.
Le Canada croit fermement à la nécessité d’établir une zone de
libre-échange panaméricain qui regrouperait plusieurs des amigos
présents ici aujourd’hui. Nous tenons à entamer des négociations
officielles en avril au deuxième Sommet des Amériques au Chili.
Nous voulons consolider cette zone de libre-échange panaméricain
et nous explorons aussi un resserrement de nos liens commerciaux
avec les pays d’Amérique latine qui forment le MERCOSUR.
Il importe de continuer sur notre lancée. Le Canada est convaincu
qu’un système commercial global réglementé, dont tous nos voisins
du continent seraient membres, fera considérablement progresser
le commerce. Nous croyons qu’un tel système ancrera davantage le
commerce, les investissements et les transferts de technologie.
Et, ce qui est le plus important, nous croyons qu’il améliorera
les conditions de vie de tous nos peuples.
Le continent où nous vivons connaît un dynamisme économique
croissant.
C’est donc avec un immense plaisir que je vous annonce aujourd’hui
que je dirigerai, au début de la prochaine année, une mission
d’Équipe Canada dans la région.
Des premiers ministres provinciaux, des leaders territoriaux et
des dirigeants de municipalités canadiennes m’accompagneront,
ainsi qu’une impressionnante délégation de chefs d’entreprises
canadiennes. Ensemble, du 11 au 23 janvier, nous nous rendrons au
Mexique, au Brésil, en Argentine et au Chili. Notre ministre du
Commerce international, qui est avec nous aujourd’hui, vient
d’avoir des entretiens avec ses homologues de trois des quatre
pays qu’Équipe Canada s’apprête à visiter.
La formule Équipe Canada s’est avérée avantageuse jusqu’ici pour
notre pays. Les trois missions que j’ai dirigées en Asie, ainsi
qu’une autre mission commerciale en Amérique latine, se sont
traduites par de nouvelles ententes totalisant plus de 20000000000
$ pour les entreprises canadiennes.
Elles ont montré aux leaders gouvernementaux et économiques d’Asie
l’importance que nous accordons aux marchés asiatiques. Elles ont
permis au savoir-faire canadien de retenir davantage l’attention
dans les pays de l’Asie-Pacifique et ailleurs dans le monde.
Je suis persuadé que la prochaine mission d’Équipe Canada aura un
impact tout aussi positif sur les relations à l’échelle du
continent. Tout comme votre présence à cette conférence, ce sera
une étape de cette grande aventure qui, chaque jour, nous
rapproche davantage en tant qu’amis et voisins.
Bon séjour à tous à Québec!
[CChrétien=19970421]
[lieu=qué]
L’entente de principe historique que nous signons aujourd’hui avec
le gouvernement du Québec, relativement au marché du travail,
bénéficiera à toutes les travailleuses et tous les travailleurs du
Québec qui sont à la recherche d’un emploi.
C’est un pas de plus dans la direction que nous nous sommes engagés
à suivre : celle d’aider les Canadiens à trouver un emploi. Car plus
que jamais, l’emploi est une priorité pour notre gouvernement et
pour tous les citoyens.
Je suis fier de donner suite aujourd’hui à l’engagement que j’ai
pris en novembre 1995 et qui a été réitéré dans le discours du Trône
de 1996. Cette entente montre que nos gouvernements peuvent
travailler ensemble, pour trouver des solutions pratiques et
adaptées aux problèmes concrets des Québécoises et des Québécois.
Elle démontre également la détermination du gouvernement du Canada
de renouveler la fédération, étape par étape, dans la stabilité et
l’intérêt de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes.
En mai dernier, nous avons offert aux provinces et aux territoires
la possibilité d’assumer la responsabilité des services et des
programmes liés à l’emploi, et ainsi de les adapter à leurs besoins
et circonstances particuliers.
Notre approche souple nous aura permis de conclure une entente
adaptée aux préoccupations et besoins spécifiques du Québec, et j’en
suis heureux.
L’initiative du gouvernement du Canada qui a donné lieu à cette
entente Canada-Québec répond à un consensus exprimé par les
intervenants et partenaires québécois dans ce domaine d’activité.
Ainsi, c’est presque 3000000000 $ que nous garantissons au
gouvernement du Québec au cours des cinq prochaines années. Cet
argent permettra de mettre en place les services et programmes que
la province juge les plus pertinents pour répondre aux besoins des
citoyens du Québec.
De plus, les Québécoises et les Québécois qui le demandent
continueront d’avoir accès à ces programmes et services en anglais.
Ce sont toutes les travailleuses et tous les travailleurs du Québec
à la recherche d’un emploi qui bénéficieront des retombées positives
de cette entente de principe. Sur le plan de l’efficacité, tout le
Québec y gagnera.
Cela porte à cinq les ententes signées. L’entente de principe
Canada-Québec vient s’ajouter aux ententes déjà conclues avec le
Manitoba, il y a quelques jours, avec Terre-Neuve il y a quelques
semaines ainsi qu’avec l’Alberta et le Nouveau-Brunswick en décembre
dernier. L’offre que nous avons faite aux provinces se caractérise
par sa grande flexibilité. Chaque entente est différente et répond
aux réalités et besoins de chacune des provinces.
Les discussions progressent avec les autres gouvernements
provinciaux et je suis confiant que d’autres accords seront conclus
prochainement dans le meilleur intérêt de tous les Canadiens.
Les ententes conclues sont des exemples concrets de notre volonté de
travailler ensemble pour rapprocher les services et les décisions
des citoyens, comme je m’y étais d’ailleurs engagé à Verdun, le 24
octobre 1995.
C’est dans l’optique de la qualité des services publics que mon
gouvernement a entrepris avec la collaboration des provinces et des
territoires, de clarifier les rôles et responsabilités des
gouvernements, de réduire les dédoublements et chevauchements
inutiles, de simplifier et de rendre plus accessibles les services
gouvernementaux. Cette collaboration est en train de donner des
résultats concrets.
L’entente de principe Canada-Québec s’inscrit d’ailleurs dans cette
optique d’une plus grande collaboration et d’un meilleur service aux
citoyens. Elle repose également sur un cadre national fourni par la
loi sur l’assurance-emploi.
Je m’en voudrais en cette occasion de ne pas souligner l’effort et
le travail accompli par mon collègue, le ministre Pierre Pettigrew.
Les ententes conclues jusqu’à maintenant et surtout celle que nous
signons aujourd’hui sont le résultat de sa détermination.
Je sais qu’il n’est pas facile pour bon nombre de Canadiens de
trouver du travail. C’est pourquoi nous faisons tout ce qui est
possible pour aider ceux qui connaissent des difficultés à trouver
un emploi.
L’entente de principe relative au marché du travail que nous signons
aujourd’hui répond à des préoccupations majeures des Québécoises et
des Québécois. C’est la plus récente d’un ensemble de réalisations
qui visent à renouveler notre fédération.
Nous avons également réalisé des progrès dans une multitude de
dossiers tels l’initiative anti-gang, le programme d’infrastructure,
les commissions scolaires linguistiques, pour en nommer quelques
uns. Cela démontre que lorsque nous avons à coeur l’intérêt des
Québécoises et des Québécois et que nous mettons nos différends
politiques de côté, nous pouvons collaborer et nous entendre afin de
mieux servir les intérêts de tous les citoyens du Québec.
[CChrétien19970122A]
[lieu=fran]
C’est un grand honneur que vous nous faites ce matin en nous
permettant d’amorcer notre visite officielle en France à l’Hôtel de
Ville de Paris.
Au cours des années, nous avons construit une histoire ensemble,
une histoire de coopération qui a grandement contribué à la
croissance de nos deux peuples. Nos villes, nos institutions, nos
pays font face à de nouveaux défis qui demandent une réorganisation
de nos ressources, de nouveaux efforts, et surtout, de la créativité
et de l’imagination.
On le voit, Monsieur le Maire, les liens que l’histoire a tissés
entre nos concitoyens sont uniques. Cet attachement profond explique
les multiples réseaux qui se sont constitués au fil des ans dans
tous les domaines de l’activité humaine. Des réseaux qui seront très
utiles pour s’attaquer aux défis nombreux que pose notre époque.
Parmi eux, l’emploi, surtout chez les jeunes, est au centre des
principales préoccupations que nous partageons.
Et une partie de la solution réside dans notre capacité d’augmenter
notre coopération économique et commerciale. C’est là un thème
important que j’aurai l’occasion de soulever à plusieurs reprises au
cours de ma visite. Je viens tout juste de terminer dans
l’enthousiasme la troisième tournée d’Équipe Canada en Asie. Avec
presque tous les premiers ministres des provinces, des maires et
environ 450 gens d’affaires, le Canada y a mené la plus importante
mission économique de son histoire. C’est une région du monde qui
connaît actuellement un développement économique accéléré et où
Français et Canadiens pourraient travailler ensemble.
Lors de mon voyage à Paris en décembre 1994, j’avais profité de la
tribune que m’offrait le Sénat pour promouvoir le renforcement des
liens économiques et commerciaux qui nous unissent. J’avais alors
proposé que nous examinions ensemble les avenues susceptibles de
stimuler les échanges entre nos pays et de libéraliser le commerce
entre l’Europe et l’Amérique.
Mes propositions, reçues d’abord avec un certain scepticisme, ont
fait leur chemin depuis et reçu des appuis solides en France,
ailleurs en Europe et aux États-Unis. Je note d’ailleurs avec
satisfaction que nos gouvernements se sont donnés l’objectif
d’accroître le commerce bilatéral, voire de le doubler d’ici l’an
2000. La libéralisation des échanges, l’élimination des barrières
tarifaires et non tarifaires occupent une place centrale dans le
Plan d’Action que le Canada a signé, grâce à l’appui de la France,
avec l’Union européenne le 17 décembre dernier.
Mais n’oublions pas que le développement économique doit s’inscrire
dans un cadre respectueux de l’environnement. Il s’agit là d’un
autre défi que nous devons relever avec détermination. Ceci est
particulièrement vrai pour nos grandes villes qui doivent assurer la
qualité de vie de leurs citoyens. Je sais, Monsieur le Maire, que
vous partagez ce souci. Dans un contexte de restrictions budgétaires
souvent sévères, nos grandes agglomérations comme Paris, Montréal,
Toronto, Lyon ou Vancouver sont aux prises avec les difficultés
d’assainir l’environnement.
Comment concilier la protection de l’environnement avec
l’intensification de l’activité économique urbaine, souvent source
de pollution, mais également d’une certaine prospérité pour nos
concitoyens? Comment assurer des services de haute qualité à des
coûts raisonnables pour le contribuable? Comment assurer le bien
vivre collectif, tout en respectant la liberté de chacun? Les
réponses à ces questions ne sont pas simples mais elles passent de
plus en plus par le biais d’innovations technologiques moins
polluantes. Dans l’intérêt de nos municipalités et de nos campagnes
nous devons encourager une coopération accrue entre chercheurs
canadiens et français, entre sociétés qui peuvent former des
alliances stratégiques pour assurer un développement durable. Cette
coopération existe déjà mais mérite l’appui des milieux politiques.
La sécurité dans les rues de nos villes pose également un autre
défi. De plus en plus, les grandes villes sont confrontées à la
montée de la violence gratuite, et certaines d’entre elles aux
horreurs du terrorisme aveugle. À cet égard, ce n’est pas sans peine
que j’évoquerai le récent attentat commis dans le métro parisien.
Des innocents ont été blessés. Il y a eu perte de vie. Parmi eux,
des Canadiens. Cette tragédie illustre bien la fragilité de notre
vie en commun dans les grandes villes, la fragilité de la liberté et
du destin. Il nous appartient de chercher ensemble des solutions
pour assurer la sécurité du village global, tout en évitant de
l’emprisonner. La liberté, le plaisir de déambuler sur les quais de
la Seine ou de magasiner sur la rue Sainte-Catherine à Montréal font
partie de cette qualité de vie qu’il nous appartient de préserver.
Sur le plan de la coopération internationale, il est utile de
rappeler que votre prédécesseur, M. Jacques Chirac et l’ancien maire
de Québec, M. Jean Pelletier ont fondé ensemble en 1979
l’Association internationale des Maires francophones (l’A.I.M.F.).
Depuis, cette Association s’est développée pour devenir un réseau
décentralisé de coopération très efficace.
L’A.I.M.F. fournit un cadre aux villes riches et pauvres pour
s’entraider, partager leurs expertises, et mettre en commun leurs
ressources. Je note avec plaisir que l’Agence canadienne de
développement international (ACDI) s’est associée aux projets de
coopération en milieu urbain dans l’hémisphère Sud, notamment en
Afrique.
La Francophonie est un autre exemple de coopération internationale
fructueuse. Montréal sera d’ailleurs l’hôte en mai prochain, d’une
importante conférence du monde francophone sur le thème des
inforoutes. Et après Hanoï, nous espérons voir se tenir à Moncton en
1999, le prochain Sommet de la Francophonie. Le Canada et les
gouvernements participants du Québec et du Nouveau-Brunswick sont
résolument engagés au sein de la Francophonie, et nous nous
réjouissons du rôle encore plus politique que l’organisation sera
appelée à jouer à l’avenir.
Votre ville, Monsieur le Maire, offre un exemple de convivialité, de
tolérance, et de généreuse ouverture sur le monde. À l’échelle
internationale, Paris est depuis toujours une référence obligée dans
de nombreux secteurs de l’activité humaine. Pensons aux arts, aux
sciences, à l’architecture et à la gastronomie par exemple. C’est
également un phare lorsqu’on parle du respect de l’individu et de
ses valeurs fondamentales. La Déclaration universelle des Droits de
l’Homme y a trouvé naissance et demeure aujourd’hui encore cet idéal
que poursuit l’humanité.
En terminant, Monsieur le Maire, et en accord avec la tradition,
permettez-moi au nom du Canada de rendre hommage à Paris et à
ses dirigeants.]
[CChrétien=19970122Bn]
[lieu=fran]
Je voudrais d’abord vous exprimer ma reconnaissance, celle de mon
épouse et des membres de ma délégation pour votre généreuse et
chaleureuse hospitalité. Je ne doute pas que je parle également au
nom des gens d’affaires canadiens qui sont venus à Paris pour cette
occasion.
Aujourd’hui, au terme de nos travaux, nous nous sommes entendus sur
une Déclaration de partenariat. C’est un ambitieux programme de
travail qui devrait baliser l’action de nos deux gouvernements à
l’approche du 21e siècle. Nous nous sommes fixé des objectifs non
seulement ambitieux mais réalistes compte tenu du savoir-faire et de
la volonté de coopération qui existe entre nos deux pays.
Nous sommes prêts à relever un tel défi. D’ailleurs les défis ne
nous font pas peur. Les Canadiens sont en effet en train d’en
relever un de taille. Depuis son élection en 1993, mon gouvernement
a mené une politique très stricte de rigueur budgétaire et de
redressement financier, accompagnée d’initiatives importantes
touchant à la redéfinition du rôle du gouvernement. Cela n’a pas
toujours été facile et a exigé des sacrifices de tous les Canadiens,
mais je dois dire que leur appui n’a jamais manqué.
Maintenant, nous nous apprêtons enfin à en récolter les résultats.
Notre confiance en nous-mêmes et notre optimisme sont revenus. Notre
croissance économique pourrait être de plus de 3 à 4 % cette année
et notre déficit en 1997-1998 sera de moins de 2 % du PIB. La
vitalité du commerce extérieur demeure le moteur de notre économie.
Nous constatons une saine reprise de la demande intérieure. Le
Canada suscite maintenant les commentaires élogieux de la presse
financière internationale, mais le tout ne s’est pas fait sans
peine. Et je veux d’ailleurs rendre hommage à mes compatriotes qui
ont fait preuve de beaucoup de compréhension et de discipline au
cours de cette période difficile.
Nous sommes ici aujourd’hui pour approfondir et moderniser les
relations entre nos pays. D’un commun accord, il faut tourner nos
énergies vers l’avenir et miser sur la confiance entre partenaires
privés et publics. Le dynamisme que vous, monsieur le premier
ministre et les autres membres du gouvernement, avez inspiré au
renouveau de nos relations lors de votre trop bref séjour au Canada
l’été dernier demeure une source d’inspiration pour faire plus et
mieux.
L’entreprise privée témoigne de ce nouveau dynamisme. La délégation
de gens d’affaires canadiens, qui sont ici pour cette visite,
regroupe une bonne vingtaine de chefs d’entreprises. Elles sont
grandes, moyennes et petites, et évoluent dans les secteurs des
technologies de l’information, de l’aéronautique, du tourisme et des
finances. Demain, au moins six d’entre elles vont signer des
ententes commerciales et des contrats, ou vont annoncer une
acquisition ou un nouveau partenariat.
Voilà l’une des formes de coopération les plus dynamiques et c’est
sur ce genre de formules que nous devrons compter à l’avenir. J’ai
aussi été frappé par la visite de pas moins de 700 gens d’affaires
canadiens à Paris en octobre, à l’occasion du Salon de
l’alimentation. Ils étaient là non seulement pour acheter vos
produits fins, mais aussi pour vous vendre les nôtres.
Grâce au tout nouveau cadre de coopération qui vient d’être annoncé
dans le Plan d’action entre le Canada et l’Union européenne, un
dialogue va s’engager entre les gens d’affaires des deux côtés de
l’Atlantique.
Nous allons leur demander d’identifier les axes de coopération à
approfondir et les barrières tarifaires et non tarifaires qui
continuent d’entraver leurs efforts de coopération.
Lors d’une visite antérieure à Paris en décembre 1994, j’avais
formulé le souhait d’une libéralisation accélérée des échanges entre
l’Union européenne et l’ALENA. Cette idée a avancé depuis et je
crois toujours que c’est une formule gagnante, car elle vise à nous
rapprocher et à développer un modèle de coopération qui pourra
inspirer d’autres régions du monde.
En parlant d’Union européenne, on ne peut éviter de parler de blocs,
d’ensembles commerciaux. Nous sommes tous deux membres d’entités
très dynamiques, l’Union européenne et l’ALENA, qui absorbent une
part de plus en plus grande de nos échanges.
Ces entités ont globalement une influence bénéfique réelle dans la
mesure où elles n’entravent pas la libéralisation du commerce
international poursuivie par l’Organisation mondiale du commerce.
1996 a été une année favorable à la libéralisation des échanges.
Nous avons eu la réunion ministérielle de l’OMC à Singapour qui a
été un succès. Le Canada a signé des accords de libre-échange avec
Israël et le Chili. Dans le cas du Chili, nous voulions éviter
d’être à la remorque du calendrier électoral américain. Nous avons
mis les bouchées doubles et nous avons réussi.
Permettez-moi maintenant de dire quelques mots sur nos voisins
du Pacifique et de vous parler d’Équipe Canada. Je viens de visiter
la Corée, les Philippines et la Thaïlande avec mes collègues
premiers ministres des provinces et plus de 450 chefs d’entreprise.
Équipe
Canada nous a permis d’indiquer de façon percutante l’intérêt que
nous portons à cette région en pleine expansion. La synergie créée
par une telle représentation a permis aux gens d’affaires de tisser
des liens plus étroits entre eux et bien entendu avec leurs
partenaires asiatiques. Ces liens commerciaux permettront aux gens
de mieux se connaître et contribueront à faire accepter les valeurs
fondamentales liées au respect des droits de la personne.
En associant l’Asie à la libéralisation des échanges, nous
contribuons à la mondialisation transparente des règles du marché.
Cette région du monde est à ce point importante pour nous que nous
avons décidé de faire de 1997 l’Année canadienne de
l’Asie-Pacifique.
Compte tenu de la complémentarité de nos expertises, je crois que
nous pourrions y travailler ensemble.
Par ailleurs, l’entreprise canadienne a fortement augmenté ses
investissements en France.
L’investissement est devenu le moteur principal du commerce
international. De plus en plus, le commerce suit l’investissement.
Comme nous souscrivons à l’objectif de doubler notre commerce
bilatéral, nous devons trouver des initiatives pour stimuler
l’investissement.
Le Canada considère la France comme un marché prioritaire avec
lequel nous chercherons à accroître les échanges, le partage de
technologies et les investissements. Nous élaborons en ce moment un
plan stratégique en vue de stimuler le commerce avec la France, plan
qui s’inscrit parfaitement dans le cadre des initiatives issues de
notre Déclaration de partenariat.
L’inauguration aujourd’hui même du nouveau Centre culturel canadien
avec son Centre des nouveaux médias m’amène à souligner le rôle des
échanges culturels et, de plus en plus, de nos industries
culturelles dans nos relations.
Je tiens aussi à vous remercier personnellement, Monsieur le premier
ministre, de tous vos efforts pour faciliter la réouverture du
Centre culturel canadien à Paris. Le Canada et la France ont la
sagesse d’avoir en commun la profonde conviction que les
gouvernements ont un rôle à jouer dans la protection et la promotion
de la culture et de ses industries. Cela nous met en position de
jouer un rôle loin d’être négligeable dans les échanges
internationaux de produits culturels.
Nous coproduisons et nous coopérons, mais là aussi nous pouvons et
devons faire plus. Je compte beaucoup sur notre Centre des nouveaux
médias pour ouvrir de nouvelles voies, créer de nouveaux
partenariats.
Laissez-moi conclure en vous disant que l’accélération du
rapprochement canado-français que nous connaissons depuis quelques
années est pour moi et l’ensemble des Canadiens fort stimulant. Dans
toute sa diversité, le Canada est un pays profondément attaché à son
identité européenne. Et si nous nous rapprochons de l’Asie et du
Pacifique, ce n’est pas pour nous éloigner de vous et nous pensons
qu’il en est de même pour vous.
La mondialisation des échanges et l’explosion des communications ont
profondément modifié nos vies. Je pense que ces grands
développements et les nouveaux défis qu’ils posent vont continuer de
nous rapprocher, car nous devrons faire preuve ensemble de
créativité et solidarité.]
[CChrétien=19971122]
[lieu=cb]
Je remercie le Conseil canadien des chefs d’entreprises et le
Conseil économique des pays du bassin du Pacifique, Comité canadien,
d’avoir organisé ce premier Sommet des directeurs généraux
d’entreprises de pays membres de l’APEC. Comme vous le savez, le
thème de cette année est « L’APEC veut vraiment faire des affaires « .
Rien n’incarne mieux cet esprit que votre présence.
Je ne doute pas qu’on vous ait chaleureusement accueilli et
j’exprime l’espoir que vous aurez l’occasion de faire l’expérience
de Vancouver, d’en tâter le pouls, d’en découvrir les multiples
facettes et d’en constater l’optimisme. Ici, la ville se nourrit
d’influences asiatiques dans les domaines des arts, de la vie
politique et, bien évidemment, des affaires.
D’ailleurs, Vancouver et la Colombie-Britannique sont de bons
exemples du dynamisme et de la diversité du Canada. Une diversité et
un dynamisme qui nous préparent bien à évoluer dans le monde actuel
un pays mondialisé dans un environnement planétaire. Ce dynamisme
est incarné par notre secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifique
Raymond Chan qui, en plus d’être un excellent ministre, a été la
première personne d’origine chinoise à siéger au Cabinet dans un
pays occidental.
Cet exemple et des milliers d’autres histoires à succès expliquent
pourquoi Vancouver est souvent qualifiée de nouvelle capitale de
l’Asie.
Le Canada et Vancouver sont fiers d’accueillir la Réunion des
dirigeants de l’APEC cette année. Et c’est un grand privilège pour
moi, à titre de premier ministre du Canada, de présider APEC 1997.
Nous avons décidé de faire de l’Université de la
Colombie-Britannique notre point de ralliement cette semaine. Le
savoir et la créativité sont les clés de la prospérité de tous les
peuples dans la nouvelle économie planétaire. Or rien n’illustre
mieux l’importance que notre gouvernement attache à ces facteurs
vitaux que cette université canadienne de calibre mondial.
Comme vous le savez tous, nous avons proclamé 1997 l’Année
canadienne de l’Asie-Pacifique. Nous l’avons fait pour mettre en
relief la dimension Asie-Pacifique de la réalité canadienne. La
Réunion des dirigeants et le Sommet des directeurs généraux viennent
couronner une année déjà mémorable.
Les possibilités de dialogue que nous offrent la Réunion et le
Sommet contribueront, à n’en pas douter, à un approfondissement des
occasions à saisir et des défis à relever dans la région de l’Asie-
Pacifique. Les dirigeants de l’APEC écouteront avec attention vos
propos.
Mesdames et messieurs, le Canada a toujours été un pays commerçant
et ouvert.
Nous avons toujours compris que la libéralisation des échanges et
des courants d’investissement constitue le moteur de la croissance
économique et de la prospérité. D’ailleurs, nous en représentons une
preuve vivante. Pour nous, la libre circulation des biens, des
services et des personnes n’est pas une fin, mais plutôt un moyen
d’arriver à une fin. C’est la meilleure façon de créer la richesse
nécessaire pour investir dans le bien-être des citoyens. C’est
pourquoi nous faisons la promotion de la libéralisation des échanges
commerciaux à l’échelle régionale et à l’échelle mondiale.
Cette conviction profonde explique notre attitude face à l’évolution
de l’APEC et notre vision de l’intégration de la communauté de
l’Asie-Pacifique.
Nous comprenons que l’exercice d’une direction efficace, en
affaires ou en politique, pose de nombreux défis. À la lumière de
mon expérience, une qualité très importante d’un dirigeant réside
dans la capacité de résoudre les problèmes à court terme de manière
à promouvoir les objectifs fondamentaux à long terme. C’est dans ce
contexte que je souhaiterais vous faire part de ma position au sujet
d’événements qui se sont produits récemment en Asie, de même qu’à
propos de notre action au sein de l’APEC.
Au cours des derniers mois, nous avons observé dans certaines
économies et sur les marchés financiers mondiaux une activité qui a
profondément troublé les gouvernements et les investisseurs du monde
entier. Ces développements illustrent de façon probante la réalité
de la mondialisation.
Ils ont soulevé de nombreuses questions, non seulement sur le
meilleur moyen de résoudre le problème, mais également sur les
perspectives économiques à long terme dans certains pays de la
région.
Permettez-moi d’aborder ces deux questions.
Plus tôt cette semaine, à Manille, nos hauts fonctionnaires se sont
réunis pour identifier un train de mesures pour réagir aux problèmes
que connaissent certains des membres de l’APEC. Ils ont abouti à
plusieurs ententes de coopération économique et financière sur
lesquelles les autres dirigeants et moi nous attarderont ici.
Les ententes de Manille ont deux objectifs. D’abord, initier un
consensus régional sur le meilleur moyen de répondre aux problèmes
actuels dans la région. Ensuite, mettre en place des arrangements
qui, nous l’espérons, nous aideront à éviter ce genre de problème à
l’avenir.
En ce qui a trait aux perspectives à plus long terme pour
l’Asie-Pacifique, permettez-moi d’être catégorique là-dessus :
elles sont très bonnes, sans l’ombre d’un doute.
Les problèmes qui se posent aujourd’hui sont sérieux, mais ils ne
sont pas uniques à cette région. D’autres pays, y compris des
membres de l’APEC, ont déjà eu à faire face à des problèmes
semblables dans le passé et ils les ont réglés de façon plus que
satisfaisante. Je n’ai aucune hésitation à croire que cela sera
aussi vrai dans le cas de la situation actuelle.
À titre de président de l’APEC, je vais m’assurer que nos
discussions porteront sur les sujets fondamentaux, à savoir qui nous
sommes et quelle direction nous entendons prendre. La clé consiste à
bâtir une région intégrée, où l’ouverture des marchés se traduira
par une plus grande prospérité et de meilleures perspectives pour
l’ensemble de nos populations.
La mondialisation est une réalité. C’est une force réelle et
puissante. Nous ne pouvons pas aller contre le courant, même si nous
le voulions. Je sais qu’il est toujours tentant d’essayer de ramener
les pendules en arrière, de revenir au protectionnisme et à
l’isolationnisme. Mais cela ne donnerait rien. Ce serait le meilleur
moyen de provoquer la stagnation, la récession économique et une
baisse du niveau de vie pour tous. La libéralisation des échanges et
des marchés financiers, l’ouverture des frontières et des marchés
sont les clés de la prospérité de tous les membres de l’APEC, peu
importe le continent où ils évoluent.
Chaque pays doit évidemment appliquer des politiques économiques qui
correspondent à sa réalité et à son histoire. Il n’existe pas de
solution passe-partout dans l’économie planétaire, mais les
principes fondamentaux valent toujours. Deux aspects de la gestion
économique méritent une attention privilégiée : le maintien d’un
contexte macroéconomique stable et l’existence d’un cadre
transparent et solide en matière d’investissement.
Voilà les politiques que je demanderai instamment à tous les membres
de l’APEC de suivre afin de régler les problèmes actuels dans les
économies asiatiques et de favoriser une forte croissance à
l’avenir.
Notre gouvernement n’a ménagé aucun effort pour appliquer ces
principes. En tant que premier ministre du Canada qui s’adresse à
certains des investisseurs les plus importants au monde, je veux
prendre quelques minutes pour vous décrire où nous en sommes et où
nous allons.
Depuis quatre ans, le Canada a créé près de 1000000 de nouveaux
emplois. Nos taux d’intérêt sont descendus loin au-dessous des taux
américains. Notre taux d’inflation est inférieur à 2 %. Nous
avons le taux de création d’emplois le plus élevé chez les membres
du G7.
De nos jours, tous les conjoncturistes internationaux s’entendent
pour dire que le Canada aura l’économie la plus vigoureuse du G-7
lorsqu’il franchira le cap du XXIe siècle.
Nous nous sommes débarrassés du fardeau pour l’avenir que
représentait notre déficit. Nous avons commencé à réduire la dette
en proportion de la taille de l’économie. Nous avons déjà commencé à
rembourser notre dette négociable. Et nous avons commencé à investir
dans les besoins de nos citoyens.
De nouveau, le Canada est un endroit merveilleux où investir et
faire des affaires. C’est un tremplin de prédilection vers un marché
nord-américain de 386000000 de personnes. Nos entrepreneurs sont
audacieux. Nos travailleurs sont hautement qualifiés. Nos réseaux de
transport et de communication sont sans égal. Nous sommes à
l’avant-garde de l’utilisation de la technologie de l’information.
Nous avons de bonnes écoles et nos villes sont sans danger. Depuis
quatre ans, les Nations unies affirment que notre qualité de vie est
la meilleure au monde. Nous respectons la diversité comme nul autre
pays au monde. Une diversité qui s’affiche avec beaucoup d’éclat ici
même à Vancouver et qui nous ouvre plus que quiconque vers
l’Asie-Pacifique.
Plus tôt, ce mois-ci, j’ai reçu le document « A Call to Action », le
rapport du Conseil consultatif des gens d’affaires de l’APEC (ABAC).
Je félicite le Conseil du beau travail accompli. Il a formulé
d’importantes recommandations et je souhaiterais en commenter
quelques-unes.
Le Conseil a reconnu l’importance, pour les économies en
développement, de mettre en place des infrastructures modernes. Il
estime qu’il faudra consacrer plus de 1500000000000 $ à
des projets d’infrastructures d’ici à 2004. Il a également réclamé
le lancement d’une initiative d’investissement dans les
infrastructures afin d’accroître les investissements du secteur
privé dans ce domaine.
Les capitaux du secteur privé revêtent une importance essentielle.
C’est pourquoi, dans le courant de la semaine, j’espère que mes
collègues dirigeants et moi-même renouvellerons notre engagement
envers l’instauration d’un cadre permettant d’établir de nouveaux
partenariats avec le secteur privé pour faire de plus grands
investissements dans le domaine des infrastructures. J’aimerais
également que nous insistions encore plus sur l’infrastructure
environnementale, sur les technologies écologiques, qui nous
permettront de trouver des solutions aux problèmes cruciaux que sont
le réchauffement de la planète et le changement climatique.
Ces dernières années, les petites et moyennes entreprises ont créé
la plupart des emplois au Canada. Toutefois, elles demeurent
sous-représentées parmi les exportateurs de la région. Compte tenu
du fait que l’économie canadienne est tributaire des exportations,
qui représentent 40 % de notre PIB, il importe que nos PME
obtiennent un meilleur accès aux débouchés en Asie. Je souscris donc
à la recommandation que les PME bénéficient, à cet égard, de l’aide
du réseau Internet.
Un aspect du rapport de l’ABAC m’a particulièrement réconforté. Le
passage exposant les modalités d’une concertation entre les pouvoirs
publics et les milieux d’affaires en ce qui concerne les
investissements communautaires, même si elle ne se traduit pas
nécessairement par des bénéfices dans l’immédiat, montre que
lorsque l’APEC veut vraiment faire des affaires, elle songe, en
réalité, aux citoyens.
Mesdames et messieurs, la vision de l’APEC est à la fois audacieuse
et judicieuse : elle est audacieuse en ce sens qu’elle fait le pari
de créer une communauté économique unique, mais diversifiée, en
Asie-Pacifique et elle est judicieuse en raison des retombées que
nos progrès constants auront sur la qualité de vie de nos
populations.
Nos relations se fondent sur un partenariat économique, auquel on
adhère librement, et s’appuient sur la conviction profonde que la
coopération constitue le meilleur gage d’une prospérité commune. Nos
objectifs communs doivent être une économie forte, de solides
programmes sociaux, un environnement sain et le respect des droits
de la personne.
La réunion de cette année vise à traduire cette vision en mesures
concrètes. Au terme de la présente Réunion des dirigeants, les 18
économies conviendront d’accélérer le mouvement dans le sens de la
libéralisation des échanges commerciaux. Nous annoncerons, deux ans
plus tôt que prévu, les secteurs dans lesquels nous allons abaisser
nos barrières tarifaires et non tarifaires. Certaines de ces
décisions iront au-delà de nos engagements au sein de l’Organisation
mondiale du commerce.
Voilà ce que j’appelle des résultats. Ce que j’appelle un élan. Ce
que j’appelle un mouvement irréversible vers une zone de
libre-échange en Asie-Pacifique.
Je sais que les prochains jours ne manqueront pas de vous procurer
de grandes satisfactions. Je vous invite à faire la connaissance des
directeurs généraux d’entreprises canadiennes qui sont présents.
Leur désir d’explorer de nouvelles possibilités exprime beaucoup
mieux que je ne pourrais le faire l’intérêt profond que le Canada
porte à l’Asie-Pacifique.
L’esprit qui les anime se répand aux quatre coins du Canada. C’est
un esprit qui nous fera franchir le cap du XXIe siècle, le siècle de
l’Asie-Pacifique.
[CChrétien=19971123]
[lieu=runi]
Je souhaiterais remercier le Financial Times de Londres d’avoir
donné aux dirigeants des pays du Commonwealth une occasion de se
réunir et de comparer leurs expériences et leurs approches pour ce
qui est de relever les défis de l’économie mondiale.
Une chose est certaine, c’est qu’une économie forte est l’essence
même d’une société forte. C’est le facteur fondamental en vue
d’assurer une qualité de vie élevée à nos citoyens, pour favoriser
leur épanouissement et ouvrir des horizons pour eux et leurs
enfants.
Le Commonwealth se compose d’une gamme vraiment diversifiée
d’économies nationales, de pays développés et en développement. Bien
que nous fassions tous partie d’une seule et même économie mondiale
et que nous soyons soumis à des pressions similaires, il n’existe
pas de panacée qui nous assure de prospérer dans cette économie.
Nous devons tous prendre acte des nouvelles réalités économiques.
En premier lieu, le terme « mondialisation » n’est pas un cliché. Il
désigne une puissante réalité. Nous ne pouvons pas et ne devrions
pas nager à contre-courant. Mais nous pouvons utiliser ce courant à
notre avantage.
La deuxième réalité a pour nom les changements technologiques. Nous
sommes tous confrontés à des changements complexes. Les vieilles
contraintes du temps et de la distance sont en train de s’estomper.
Les structures et hypothèses économiques traditionnelles se font
balayer.
Dans la nouvelle économie, le savoir, l’innovation et la créativité
sont les clés de la prospérité.
Au Canada, nous voyons dans la mondialisation une occasion à saisir,
et non une menace. Le Canada est un pays commerçant, le commerce
pèse pour 40 % dans notre économie, soit plus que tout autre
pays industrialisé.
C’est la raison pour laquelle nous avons formulé une stratégie
économique qui a pour objectifs primordiaux de faire en sorte que
notre économie soit compétitive et qu’elle repose sur le savoir dans
le contexte de l’économie mondialisée du XXIe siècle.
Les avantages clés dont le Canada bénéficie dans un contexte mondial
: ses infrastructures, son secteur des sciences et de la
technologie, son ouverture, son sens de la gestion.
Les infrastructures revêtent une importance cruciale. C’est
particulièrement le cas si vous vivez dans un pays qui compte six
fuseaux horaires. Le Canada possède des réseaux de communication et
de transport qui sont de classe mondiale. Ils figurent parmi nos
plus importants atouts, ce qui nous permet de fabriquer des produits
et de mettre au point des services, et de les mettre en marché de
façon efficace.
Les sciences et la technologie contribuent à la mise au point de
nouveaux produits et services ainsi qu’à de nouveaux procédés de
fabrication. Sur ce plan, l’éducation et la promotion de
l’innovation sont décisifs. Le Canada occupe le premier rang dans le
monde pour ce qui est du nombre d’inscriptions aux études
supérieures. Et notre gouvernement fait sa part pour assurer l’accès
le plus large possible de nos citoyens à une formation universitaire
ou collégiale.
De fait, notre plus important projet en vue du prochain millénaire
sera le plus vaste programme de bourses d’études de notre histoire.
Le Fonds de dotation des bourses d’études du millénaire, constitué à
même le dividende budgétaire résultant de notre difficile lutte
contre le déficit, aidera des dizaines de milliers de jeunes
Canadiens et Canadiennes à poursuivre des études collégiales et
universitaires dès l’an 2000.
Nous établissons des partenariats entre les pouvoirs publics, les
entreprises et les universités afin d’encourager l’innovation dans
les secteurs de pointe. Nous avons également créé des instruments,
par exemple, Partenariat technologique Canada, qui favorisent le
leadership du Canada dans certains secteurs clés du savoir. Ainsi,
au moyen d’investissements ciblés et d’une stratégie d’exportation
dynamique, nous contribuons à propulser notre secteur de
l’aérospatiale du sixième au quatrième rang mondial.
L’économie canadienne est une des plus ouvertes du monde. Devant
l’émergence d’une économie vraiment mondiale, on s’entend maintenant
pour reconnaître que le renforcement des courants du commerce et de
l’investissement constituent les moteurs de la croissance économique
et de la prospérité. Le Canada en donne une preuve vivante. Nous
nous sommes développés rapidement parce que nous avons ouvert nos
portes à l’investissement et à la technologie venant de l’étranger.
Et nous avons atteint un des niveaux de vie les plus élevés du
monde.
Les travailleurs canadiens comptent parmi les plus qualifiés et les
plus productifs du monde. Nous avons pris des mesures pour nous
assurer qu’ils conservent ce statut. Nous avons conçu des programmes
de formation qui leur garantissent l’accès aux compétences les plus
à jour, de manière à ce qu’eux aussi puissent s’adapter à
l’évolution constante de l’économie. Nous veillons aussi à ce qu’ils
aient accès à l’acquisition continue du savoir.
Une bonne gestion, l’esprit d’entreprise et la qualité constituent,
de plus en plus, d’importantes conditions de la compétitivité. Les
petites et moyennes entreprises sont devenues les principales
créatrices d’emplois dans notre pays. Notre gouvernement a adopté un
certain nombre de mesures importantes pour soutenir cette tendance,
particulièrement en ce qui a trait aux questions déterminantes que
sont l’accès au capital et à la technologie.
Nos avantages constituent le fondement du succès, mais ils ne le
garantissent pas. Il ne suffisait pas de cerner et de promouvoir les
avantages du Canada. Il nous fallait également instaurer un climat
économique propice aux relations commerciales avec le reste du
monde. Cela nous permet de saisir la nouvelle économie, et non pas
de la subir. Il nous fallait veiller à réunir les bons éléments
fondamentaux. Et c’est ce que nous avons fait.
Lorsque je suis devenu premier ministre en 1993, le déficit du
gouvernement fédéral représentait environ 6 % de notre produit
intérieur brut, soit 42000000000 $. La semaine dernière,
notre ministre des Finances a annoncé que le déficit de l’année
financière qui vient de se terminer (1996-1997) dépassait tout juste
1 % de notre PIB, c’est-à-dire 8900000000 $. Et
nous sommes en voie de l’éliminer complètement au plus tard à l fin
de l’exercice 1998-1999.
C’est maintenant le Canada qui jouit de la meilleure situation
budgétaire parmi les pays membres du G7. Nous mesurons notre déficit
en respectant les principes de comptabilité les plus rigoureux. La
plupart des pays, y compris le Royaume-Uni, la France et les
États-Unis, utilisent une mesure différente établie à partir des
besoins d’emprunt.
Selon ce critère, nous affichons un excédent budgétaire pour
1996-1997; et nous sommes le seul pays du G-7 qui y soit parvenu.
Concrètement, cela veut dire que pour la première fois en 27 ans, le
gouvernement du Canada ne se voyait pas dans l’obligation
d’emprunter encore plus pour financer ses programmes ou des frais
d’intérêts.
Cette année, nous avons commencé à rembourser notre dette
négociable.
Il est indéniable qu’un pays en bonne santé financière dispose d’une
souplesse plus grande et est moins vulnérable aux soudaines et
grandes variations dans les flux des capitaux internationaux.
Mais c’est là le moindre des avantages que nous retirons du
redressement de nos finances publiques. L’abaissement de notre
déficit a déclenché un repli de l’inflation et des taux d’intérêt,
phénomènes qui, à leur tour, ont consolidé la croissance économique
et relancé la création d’emplois.
Ce redressement des finances nous permet de maintenir, d’améliorer
et de moderniser les mesures sociales qui sont chères aux Canadiens
et qui ont incité les Nations unies à dire que le Canada est le pays
où l’on vit le mieux dans le monde. Ce redressement des finances
publiques nous permet d’effectuer les investissements nécessaires
pour préparer le Canada à relever les défis du siècle prochain.
Les Canadiens et Canadiennes sont fiers, très fiers, de ce que nous
avons accompli ensemble. Et la communauté internationale semble en
prendre bonne note. Si vous me permettez une brève digression,
j’aimerais remercier le Financial Times d’avoir contribué à diffuser
dans le monde la bonne nouvelle que constitue le redressement
économique du Canada.
Les économistes prévoient maintenant que nous enregistrerons,
pendant deux années consécutives, la croissance la plus forte parmi
tous les pays du G7. Plus forte que celle du Japon. Plus forte que
celle de l’Allemagne. Plus forte que celle des États-Unis.
Mesdames et messieurs, nous revenons de loin, au Canada, pour
instaurer des conditions qui nous permettront de bénéficier de
l’économie mondiale. Nous savons ce dont nous avons besoin pour
réussir. Notre gouvernement a défini une stratégie visant à ce que
cet objectif se concrétise.
Nous avons pris conscience des forces fondamentales qui propulsent
notre économie. Nous avons fait le bilan de nos avantages et nous en
tirons parti. Nous avons eu à repenser le rôle de l’État dans le
développement économique. À cibler les secteurs où il fallait
concentrer nos efforts, sur les moyens de le faire, de façon à
pouvoir obtenir les meilleurs résultats positifs que nous désirons
tous.
Je crois que nous avons jeté les fondements d’un succès durable.
Mais rien ne nous est garanti. Les travailleurs, les entreprises et
les pouvoirs publics du Canada doivent constamment s’adapter à de
nouveaux défis et à de nouvelles pressions de la concurrence. Nous
ne pouvons pas demeurer immobiles. Nous ne pouvons tenir le succès
pour acquis. La prospérité ne constitue pas un droit inné au sein de
l’économie mondiale. C’est un droit qu’il faut gagner.
Une chose est certaine. Le succès engendre le succès. La confiance
engendre la confiance. Aujourd’hui les Canadiens sont à nouveau
optimistes. Ils tirent un nouveau sentiment de fierté de leurs
réalisations. Et poussés par ce nouvel élan d’énergie, ils
retroussent leurs manches et s’ouvrent sur le monde.]
[CChrétien=19970423]
[lieu=ottawa]
Je veux vous parler aujourd’hui d’une élection, l’élection de
1963, bien sûr, celle où je suis devenu député et où le Canada s’est
donné d’un nouveau premier ministre en la personne de Lester
Pearson. À mon arrivée à Ottawa, je voulais changer le monde et mon
pays. Mais Ottawa n’était pas la ville que l’on connaît maintenant.
Je parlais peu l’anglais et je trouvais que c’était une petite ville
très anglaise. Elle me semblait très différente de Shawinigan et il
me paraissait difficile pour un francophone d’y être à l’aise.
Je n’avais que 29 ans à l’époque; j’étais avocat dans une petite
ville de province, j’étais francophone et j’étais catholique. M.
Pearson, comme je l’ai toujours appelé, avait 66 ans; il était le
fils d’un pasteur méthodiste et prix Nobel de la paix. Il avait vécu
dans les grandes ambassades et avait été invité à la table des
Churchill, Roosevelt et de Gaulle. Il ne semblait pas être le genre
de premier ministre avec lequel j’irais un jour à la pêche. Le monde
dans lequel il évoluait m’a d’abord semblé très éloigné du monde
ouvrier de Shawinigan. Mais quand j’ai rencontré Mike Pearson, cette
distance s’est vite évaporée.
Cet homme partageait ma vision de ce que le Canada pourrait et
devrait être. Il m’a confié un jour que la plus grande erreur que
nous ayons faite au Canada, c’était d’avoir laissé la reine Victoria
choisir Ottawa plutôt que Montréal comme capitale du pays, car c’est
une ville anglaise qui devenait ainsi notre capitale nationale. M.
Pearson était aussi déterminé que je l’étais à réparer cette
injustice. Très vite, on a de plus en plus entendu parler français
sur la colline, au Cabinet et un peu partout en ville. À son
instigation, Ottawa allait devenir la capitale bilingue qu’elle est
aujourd’hui.
Sa riche expérience internationale avait appris à M. Pearson que la
véritable valeur d’un pays libéral et démocratique se mesure à la
façon dont il traite ses minorités et à la générosité avec laquelle
il partage ses richesses. M. Pearson aimait le Canada passionnément.
Il savait que le Canada n’avait pas toujours été ce qu’il aurait dû
être. Il savait qu’on pouvait faire mieux, et je le savais aussi.
C’est ainsi qu’en 1963, les libéraux dirigés par Lester Pearson se
sont lancés dans la grande aventure de faire du Canada le pays plus
juste, plus généreux et plus tolérant qu’il est devenu aujourd’hui.
L’aventure est loin d’avoir été facile. M. Pearson a eu des défis à
relever, comme en ont tous les premiers ministres. Je vais résister
ici à la tentation de comparer messieurs Duceppe et Manning à
messieurs Caouette et Diefenbaker. Je résisterai également à la
tentation de comparer le Paul Hellyer d’autrefois au Paul Hellyer
d’aujourd’hui.
M. Pearson n’a pas eu la tâche facile. Il n’a pas eu la chance de
prendre part aux joutes oratoires qui animent les Communes ces
temps-ci. Notre situation de gouvernement minoritaire nous tenait
constamment en haleine. Nous n’avions toujours qu’un point ou deux
de plus que l’opposition dans les sondages. À un moment donné, M.
Pearson est devenu aussi impopulaire que M. Diefenbaker… ce qui
n’est pas peu dire.
Ceux qui s’indignent devant la cruauté des caricaturistes à mon
égard feraient bien de se rappeler le sort qu’ils faisaient subir à
M. Pearson à l’époque. Il avait toujours le noeud papillon de
travers, les cheveux hirsutes, le complet froissé et les lunettes en
train de lui glisser du nez. On aurait dit que le style de notre
homme reflétait celui du gouvernement, mis à rude épreuve par les
trafiquants de drogue, les séparatistes, les protestations contre la
guerre, John Diefenbaker, sans parler des espions et des scandales à
connotation sexuelle. (Il faut dire que la politique a perdu ce
genre de piquant depuis la fin de la guerre froide.)
Il y avait même des dissensions ouvertes au sein du parti.
Rappelons-nous par exemple cette jeune étoile montante qui était
en désaccord avec la décision de M. Pearson au sujet des armes
nucléaires et qui lui a écrit ceci : « Je suis très déçu et attristé
de voir un homme renier ses anciens principes et fouler du pied les
politiques qui lui ont valu tant de respect et d’admiration. »
Heureusement, ce jeune libéral n’a pas donné suite à sa promesse de
quitter le parti. Aujourd’hui, il est ministre des Affaires
étrangères. Lloyd est toujours aussi idéaliste, mais il est devenu
un peu moins dur pour son chef avec les années.
Les journalistes et les caricaturistes de l’époque qui s’en
donnaient à cur joie avec toutes ces petites histoires passaient à
côté de l’essentiel, ils ne voyaient pas le pays nouveau que M.
Pearson était en train de créer avec son gouvernement. Ils ne
soupçonnaient pas à quel point ce pays allait s’améliorer avec les
années.
J’étais là quand Mike Pearson a décidé de faire du Canada un pays
bilingue et biculturel et d’avoir une administration fédérale
reflétant les deux cultures.
J’étais là quand le gouvernement Pearson s’est mobilisé pour doter
le pays d’un nouveau drapeau, même lorsque le débat prenait des
allures de joute nocturne au Parlement. J’étais fier quand je l’ai
vu arborer ses médailles de guerre, s’armer de courage et annoncer
devant une Légion canadienne hostile que plus jamais le Canada
n’allait participer à une guerre ou à une mission de paix sans ses
propres symboles nationaux.
J’étais là quand nous avons dit que l’immigration au Canada se
ferait sans que la couleur entre en ligne de compte. Regardez autour
de vous et voyez le résultat de notre action; voyez comme le
multiculturalisme nous a enrichis.
J’étais là quand Mike Pearson a fait adopter le Programme canadien
de prêts aux étudiants et permis à tant de Canadiens d’avoir accès à
l’éducation universitaire. Quand j’étais jeune garçon, les parents
comme les miens devaient travailler d’arrache-pied, hypothéquer leur
maison et économiser chaque sou pour envoyer avec un peu de chance
un ou deux de leurs enfants à l’université. Un seul Canadien sur
cinquante obtenait un diplôme d’études postsecondaires dans les
années 50. Aujourd’hui, c’est plus d’un Canadien sur cinq, le plus
fort pourcentage dans le monde.
J’étais là quand Mike Pearson a établi la Commission royale
d’enquête sur la situation de la femme, dont les idéaux
s’accordaient si bien avec les vues de Maryon Pearson et celles de
sa fille, Patricia Pearson Hannah. Les recommandations de cette
commission allaient orienter les initiatives du gouvernement libéral
pendant plusieurs dizaines d’années.
J’étais là quand le gouvernement Pearson a proposé le Régime de
pensions du Canada pour donner aux travailleurs canadiens une
sécurité dont la génération de mon père n’aurait même jamais osé
rêver.
Et j’étais là quand le gouvernement de Mike Pearson s’est battu pour
l’assurance-maladie, malgré les protestations des puissants
intérêts en cause, malgré les tentatives d’intimidation du
gouvernement conservateur de l’Ontario, malgré l’opposition des
provinces les mieux nanties et de beaucoup de gens riches. J’étais
là le jour où fut adopté le programme social qui allait faire
épargner des milliards de dollars aux Canadiens par rapport à ce que
leurs voisins du Sud doivent payer, et qui allait sauver des
milliers de vies. Le Président Clinton doit vouloir se secouer la
tête quand il imagine à quel point ses compatriotes américains
seraient plus riches et mieux portants s’ils avaient suivi l’exemple
du Canada.
Oui, j’étais là quand le Canada est devenu le pays plus tolérant,
plus civilisé et plus prospère que l’on connaît aujourd’hui. Si nous
sommes aujourd’hui considérés comme le meilleur pays au monde par
les Nations unies, c’est en raison de ce que nous avons fait à
l’époque.
C’est Mike Pearson qui nous a amenés là où nous sommes aujourd’hui.
Cet homme chaleureux, généreux et pourtant très ordinaire savait que
les grands pays de ce monde prennent soin des êtres vulnérables,
favorisent l’épanouissement de leurs talents les plus prometteurs,
et cherchent à rallier les exclus. Telles étaient les valeurs de ce
grand homme; ces valeurs libérales, et ce sont les miennes
aujourd’hui.
Mike Pearson m’a donné la chance de faire mes preuves en politique.
Sans lui, je ne serais pas arrivé où je suis aujourd’hui. Son
héritage me tient profondément à cur, comme à tous les libéraux
d’ailleurs. Nous honorons sa mémoire en ce jour qui marque le
centième anniversaire de sa naissance. Mais cela ne suffit pas :
nous devons nous employer chaque jour à préserver et à bonifier ce
qu’il nous a laissé. Il y a le passé, mais il y a aussi l’avenir.
Les circonstances ont bien changé depuis l’époque du gouvernement
Pearson. Nous devons trouver des solutions nouvelles aux problèmes
nouveaux. Mais si les politiques doivent changer, nos valeurs,
elles, doivent rester les mêmes. Nos principes libéraux résistent à
l’épreuve du temps.
Mike Pearson m’a appris que le leadership s’exprime avant tout par
le travail et la détermination. Que c’est une question de courage et
d’engagement. Que les Canadiens et Canadiennes ne manquent pas de
courage, et que le travail d’un leader consiste à leur présenter des
choix honnêtes. Et de leur dire avec la même honnêteté : c’est ce
que je ferai. Les choix ne sont pas toujours faciles, mais si vous
êtes honnêtes, si vous croyez dans la direction que vous imprimez,
et si vous terminez toujours le travail entrepris, alors là les gens
embarqueront. Voilà ce qu’est le leadership. Et c’est ce que j’ai
toujours tenté d’offrir. C’est ce que Mike Pearson m’a appris.
Le Canada se trouve à la croisée des chemins en cette fin de siècle.
Nous pouvons continuer sur notre lancée en misant sur ce que nous
avons réalisé comme pays depuis quatre ans. Nous pouvons poursuivre
nos efforts en vue d’une société plus forte, plus unie et plus
tolérante qui dit oui à la diversité et qui permet à nos deux
langues officielles de coexister dans l’harmonie… nos efforts en
vue d’un filet de sécurité aussi généreux que durable… nos efforts
en vue de politiques budgétaires réalistes et responsables… nos
efforts en vue de d’ouvrir des perspectives d’avenir, et non pas des
obstacles et des dettes, à nos enfants et à nos petits-enfants…
nos efforts en vue d’un rôle actif et indépendant dans les affaires
internationales.
Ou nous pouvons opter pour d’autres orientations. Le processus
démocratique permettra bientôt aux Canadiens de s’exprimer à ce
sujet.
En ce qui me concerne, le choix est clair. J’ai toujours travaillé à
faire triompher les valeurs libérales incarnées par Mike Pearson et
je n’ai pas l’intention de m’arrêter.
Mike Pearson était de ces êtres qui ont su nous transformer. Notre
pays s’est amélioré grâce à lui.
Je terminerai en citant un extrait de son éloge funèbre. « L’aube
des lendemains meilleurs dans lesquels il croyait ne nous illumine
pas encore, mais les accents de sa flûte résonnent sur son passage
et nous le suivons en répondant à l’appel de la musique tantôt
triste, tantôt joyeuse de l’humanité. »
Cette musique, les Canadiens et Canadiennes, de même que les hommes
et les femmes qui forment ce gouvernement, l’entendent encore
aujourd’hui.
[CChrétien=19971123]
[lieu=runi]
Monsieur le président, distingués invités, mesdames et messieurs de
la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni,
Comme vous le savez, je suis venu en Grande-Bretagne pour participer
à la Réunion des chefs de gouvernement des pays du Commonwealth. Il
s’agit de ma première occasion de séjourner au Royaume-Uni depuis
les élections tenues le printemps dernier au Canada. Donc, je ne
suis pas seulement heureux d’être ici, je suis chanceux d’être ici.
C’est toujours avec plaisir que je viens à Londres. Peu d’endroits
dans le monde recèlent autant d’histoire et de modernité. Conjugués
l’un à l’autre, ces deux attributs donnent à Londres son cachet
particulier. Un cachet qu’on ne peut apprécier pleinement que si on
fait de nombreux séjours chez vous. Et je dois dire que j’ai eu
cette chance.
Je me réjouis également de me trouver à Londres parce qu’en ma
qualité de Canadien, je sais que j’y suis en compagnie de vieux amis
qui me sont chers. Cette année, le Canada et la Grande-Bretagne ont
célébré des relations qui datent de 500 ans en commémorant le voyage
de John Cabot de Bristol à Terre-Neuve à bord de son navire, The
Matthew.
Depuis cette époque, une histoire et des valeurs communes ont fait
du Canada et du Royaume-Uni de vigoureux alliés et des partenaires
proches l’un de l’autre. Nous avons grandi ensemble. Travaillé
ensemble. Et, lorsque la liberté et l’humanité l’ont exigé au cours
de ce siècle, nous avons combattu ensemble et nous avons fait le
sacrifice de nos vies ensemble. Peu de pays jouissent de contacts
aussi faciles que les nôtres : dans tous les domaines, des pouvoirs
publics aux milieux d’affaires, des arts aux millions de liens
personnels d’amitié et familiaux qui nous relient de part et d’autre
de l’Atlantique.
Nos valeurs communes sont sans équivoques, comme en font foi
certains des grands enjeux contemporains.
Nous bénéficions de l’appui dynamique et des encouragements du
gouvernement du premier ministre Blair en faveur du traité d’Ottawa
portant l’interdiction des mines antipersonnel.
Des pays de tous les coins du monde signeront ce traité historique
dans notre capitale nationale dans deux mois à peine. Permettez-
moi
de vous dire que lorsque nous avons entamé ce processus en 1994,
nous avons souvent éprouvé solitude et frustration.
Je veux rendre hommage à la mémoire de la Princesse de Galles, qui a
beaucoup fait en vue de mobiliser l’opinion publique dans notre pays
et bien d’autres, pour favoriser l’interdiction de ces armes
terribles.
La décision de votre nouveau gouvernement d’appuyer cette démarche
contribuera à faire de ce traité une réalité. Je me réjouis à la
perspective d’oeuvrer en liaison étroite avec le premier ministre
Blair afin que le traité entre en vigueur dans les meilleurs délais
et dans le but d’inciter d’autres pays à y adhérer.
Nos valeurs communes sont également en évidence par le soutien que
le Canada accorde avec fermeté et constance en vue un règlement
durable de la question de l’Irlande du Nord. Nous sommes également
fiers de prêter les services d’un de nos plus éminents citoyens,
John de Chastelain, à la commission de démilitarisation.
Ces liens complexes et durables qui unissent nos pays existent dans
un monde en constante et rapide mutation. Nous faisons maintenant
partie d’un village planétaire et d’une économie mondiale. D’une
nouvelle économie, dans laquelle le savoir et l’innovation sont les
clés de la prospérité. Un nouveau monde sur lequel s’ouvrent nos
deux pays. Pas dans la crainte et la trépidation, mais avec
dynamisme, ouverture et enthousiasme. En retroussant nos manches à
la recherche de nouvelles occasions et de nouveaux partenariats.
Parallèlement, nous voulons prendre appui sur les partenariats qui
existent déjà. Pour le Canada, le lien transatlantique avec le
Royaume-Uni et avec l’Europe ne constitue pas un vestige de notre
histoire; il constitue une clé de notre avenir.
Nous considérons également que nos deux pays défendent la même cause
pour ce qui est de la promotion de la libéralisation du commerce et
de l’investissement. Le premier ministre Blair et moi-même ayons
convenu de faire figurer dans notre déclaration une étude conjointe
des obstacles au commerce. Nous nous sommes également entendus sur
la promotion de nouveaux liens entre nos deux pays en matière
d’échanges commerciaux et d’investissement.
L’investissement est profitable à son bénéficiaire autant qu’à
l’investisseur lui-même.
Le premier ministre Blair et moi-même avons convenu, aussi, que des
fonctionnaires britanniques et canadiennes s’emploieraient à réunir
d’éventuels partenaires au sein d’alliances commerciales,
particulièrement de petites et moyennes entreprises qui manquent
peut-être des ressources leur permettant de trouver des partenaires.
Dans l’optique de la mise en valeur des nouvelles possibilités
commerciales qui se présentent au sein de l’Union européenne, nous
avons en outre signé un Plan d’action Canada-Union européenne. Le
Canada cherche par ailleurs à établir de nouveaux courants
d’échanges commerciaux au-delà de l’Union européenne. Nous sommes
sur le point de signer des accords de coopération commerciale et
économique avec la Norvège et la Suisse.
De fait, nous souhaiterions la conclusion d’un accord de
libre-échange entre le Canada et la Zone européenne de
libre-échange. Et, nous nous tournons davantage vers les économies
de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est. Mon envolée vers
Londres, hier, mettait fin à un voyage de cinq jours en Russie.
Le commerce est le moteur de l’économie canadienne. Nous exportons
davantage, en proportion de notre population, que tout autre pays
industrialisé. Nous avons fait de l’ALENA une réussite pour le
Canada.
Nous sommes des chefs de file en matière de création de zones de
libre-échange des Amériques, du Nord, du Sud et latine, ainsi
que dans la région d’Asie-Pacifique.
La libéralisation des échanges, partout dans le monde, est la
clé d’une croissance économique soutenue, ainsi que des emplois et
des occasions qui l’accompagnent. C’est la raison pour laquelle j’ai
proposé, dans une allocution devant le Sénat français, que les pays
de l’ALENA et de l’Union européenne s’associent dans la création
d’une zone de libre-échange transatlantique. C’est un objectif que
je continuerai de défendre. Cela va dans le sens de l’économie et de
la prospérité de nos pays.
Il s’agirait d’une étape audacieuse. Mais le Canada est prêt à faire
preuve d’audace. Quand on pense au chemin parcouru au cours des
quatre dernières années, nous sommes prêts à nous ouvrir sur le
monde.
Il y a quatre ans, le Canada était au bord de la catastrophe
économique. Nos finances publiques se trouvaient dans un état
lamentable. On nous décrivait comme un candidat à l’admission dans
le tiers monde. Le monde avait perdu confiance en notre économie et
en notre avenir. Les Canadiens eux-mêmes avaient perdu confiance en
leurs moyens et en leur avenir.
En ce moment même, il est manifeste que nous avons franchi une étape
historique. Un nouvel optimisme commence à se manifester d’un bout à
l’autre de notre pays.
Comment y sommes-nous arrivés? Comment avons-nous procédé?
Certains ont fait état du « miracle canadien ».
Or, mesdames et messieurs, il ne s’est pas produit de miracle. Ce
qu’il a fallu, c’est beaucoup d’ardeur au travail, des décisions
énergiques, un plan et une concentration totale sur le
rétablissement des éléments économiques fondamentaux. Il a fallu une
approche moderne en matière de rôle du gouvernement.
Lorsque j’ai accédé au poste de premier ministre du Canada, en 1993,
le déficit du gouvernement fédéral représentait environ 6 % de
notre produit intérieur brut, c’est-à-dire un montant de
42000000000 $. La semaine dernière, notre ministre des
Finances a annoncé que le déficit de l’année financière qui vient de
se terminer (1996-1997) dépassait tout juste 1 % de notre PIB,
c’est-à-dire 8900000000 $. Nous sommes en voie de
l’éliminer complètement au plus tard à la fin de l’exercice
1998-1999, et d’atteindre l’équilibre budgétaire pour la première
fois depuis trois décennies.
C’est maintenant le Canada qui jouit de la meilleure situation
budgétaire parmi les pays membres du G-7. Nous mesurons notre
déficit
en respectant les principes de comptabilité les plus rigoureux. La
plupart des pays, y compris le Royaume-Uni, la France et les
États-Unis, utilisent une mesure différente établie à partir des
besoins d’emprunt.
Selon ce critère, nous affichons un excédent budgétaire pour
1996-1997; et nous sommes le seul pays du G-7 qui y soit parvenu.
Concrètement, cela veut dire que pour la première fois en 27 ans, le
gouvernement du Canada ne se voyait pas dans l’obligation
d’emprunter encore plus pour financer ses programmes ou des frais
d’intérêts.
Cette année, nous avons commencé à rembourser notre dette
négociable.
Nous sommes fiers de l’action que nous avons menée pour remettre de
l’ordre dans nos finances publiques. Nous n’aurions pu le faire sans
l’appui de nos concitoyens et les sacrifices qu’ils ont consentis.
Cela dit, le travail n’est pas terminé. Il nous faut demeurer
vigilants. Nous ne devons jamais permettre que notre pays se
retrouve encore une fois embourbé dans les difficultés budgétaires
qu’il connaissait il y a quatre années à peine.
C’est le genre d’engagement que veulent les Canadiens. Et c’est
l’engagement que le Canada leur a donné.
Les Canadiennes et les Canadiens bénéficient maintenant des
avantages de cet assainissement des finances publiques. Nous pouvons
désormais investir dans les secteurs qui renforceront notre pays au
XXIe siècle. Et l’abaissement de notre déficit a déclenché une
baisse des taux d’intérêt, qui, à son tour, a consolidé la
croissance économique et stimulé la création d’emplois.
Nos taux d’intérêt se situent maintenant à leur plus bas niveau
soutenu depuis des dizaines d’années. La confiance des consommateurs
est à son plus haut niveau en plus de huit ans. Celle des
entreprises atteint un niveau record. L’investissement des
entreprises a connu une forte poussée.
Au cours du second trimestre de 1997, l’économie a progressé à un
rythme annuel avoisinant les 5 %. De ce fait, le rythme de la
création d’emplois s’accélère rapidement. Depuis le début de l’année
en cours, il s’est créé 279000 emplois, presque tous dans le
secteur privé. J’ajoute que cette tendance s’est manifestée dans
toutes les régions du pays.
Si nous nous tournons vers l’avenir, les économistes prévoient
maintenant qu’au cours des deux prochaines années le Canada
enregistrera la croissance la plus forte parmi tous les pays du G7.
Plus forte que celle du Japon. Plus forte que celle de l’Allemagne.
Plus forte que celle des États-Unis.
Le redressement de notre économie a également retenu l’attention des
organisations internationales qui se donnent pour tâche de classer
les économies nationales. Le Forum économique mondial place
maintenant le Canada parmi les cinq pays les plus compétitifs du
monde. Le magazine The Economist classe le Canada au troisième rang
parmi près de 60 pays pour ce qui est du climat d’affaires que
laissent entrevoir les cinq prochaines années.
Il y a tout juste deux semaines, la maison de conseil en gestion
KPMG a publié une importante étude. Elle y comparaît le coût de
l’activité commerciale au Canada, aux États-Unis et dans cinq pays
d’Europe, dont la Grande-Bretagne. Dans l’ensemble, elle a estimé
que c’était au Canada que ce coût était le moins élevé. En outre, le
coût de l’activité commerciale dans notre pays est inférieur de 5 p.
100 à celui des États-Unis pour les 8 secteurs de fabrication
faisant l’objet de la comparaison.
Cette même étude donnait également la liste des 20 meilleures villes
où faire des affaires. Dix-sept d’entre elles étaient des villes
canadiennes.
En bref, mesdames et messieurs, le Canada n’a jamais été aussi prêt
à faire des affaires, avec le Royaume-Uni et avec le reste du monde.
Les relations commerciales entre le Canada et le Royaume-Uni sont, à
tout point de vue, les plus importantes du Canada en Europe et elles
ne sont devancées que par nos rapports commerciaux avec les
États-Unis. Nos échanges bilatéraux de biens et de services ont
dépassé le seuil des 15000000000 $ en 1996. De plus, nous
avons investi plus de 30000000000 $ dans l’économie de
l’un et de l’autre pays.
Près de 5000 entreprises étrangères ont des investissements au
Canada : 650 d’entres elles viennent du Royaume-Uni. Nous ne voulons
pas donner l’impression d’être cupides, mais nous en voulons encore
plus. Le Canada a besoin d’un plus fort volume de compétences, de
technologies et d’investissement pour préserver sa prospérité. Nous
invitons de nouvelles entreprises du Royaume-Uni à emboîter le pas
à celles qui ont déjà choisi le Canada. Nous vous invitons à vous
installer chez nous et à profiter avec nous des possibilités et du
rendement qu’offre notre pays.
Mesdames et messieurs, je termine mon allocution en lançant un défi
à la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni. Les gouvernements ont
un pouvoir limité lorsqu’il s’agit d’encourager le commerce et
l’investissement. Le premier ministre Blair et moi-même avons
démontré notre détermination au moyen de notre déclaration
conjointe. Notre gouvernement, pour sa part, fait tout ce qui est
possible pour faire du Canada un pays attrayant pour le commerce et
pour l’investissement.
Je vous mets au défi de discuter de ce que la Grande-Bretagne a à
offrir au Canada et de ce que le Canada a à offrir à la
Grande-Bretagne. Mes collègues vont faire des séjours plus fréquents
ici au fur et à mesure que nous réaliserons le programme de travail
de la Déclaration conjointe. S’ils peuvent contribuer à la diffusion
des bonnes nouvelles à propos du Canada, n’hésitez pas à les inviter
à vos déjeuners. Ce sont des vendeurs très persuasifs. Je vous
encourage aussi à me soumettre vos façons de voir en ce qui concerne
les mesures supplémentaires que les gouvernements canadien et
britannique peuvent prendre pour accroître les relations
commerciales entre nos deux pays et, conjointement, sur les marchés
mondiaux. Je crois comprendre que les bureaux de la Chambre de
commerce Canada-Royaume-Uni sont situés dans le même édifice que
notre haut-commissariat. Cela devrait faciliter grandement l’action
de notre Équipe Canada.
Vous pourriez également prendre une décision toute simple qui
pourrait avoir des incidences importantes sur les relations entre
nos deux pays. Embauchez un jeune Canadien à titre de stagiaire. Bon
nombre de nos jeunes souhaitent vivement connaître le fonctionnement
des domaines du commerce et de l’investissement à l’échelle
internationale. Nombreux sont ceux qui s’empresseraient de saisir
l’occasion de recevoir une formation sur le tas en Grande-Bretagne.
Ils insuffleraient beaucoup d’énergie et d’ambition à vos
entreprises. En outre, du même coup, vous obtiendriez des
renseignements supplémentaires sur les possibilités qu’offre le
Canada.
Je vous invite tous à communiquer avec mon ami Roy MacLaren, au
haut-commissariat du Canada. Il se fera un plaisir de vous aider.
Mesdames et messieurs, les liens qui se sont forgés depuis 500 ans
sont forts et profonds à l’aube du nouveau millénaire. On ne parle
plus ni du nouveau monde ni de l’ancien. Ni des colonies ni de
l’empire, Mais bel et bien de partenaires qui partagent des valeurs
communes et leur vision du monde.
Ces liens sont aussi captivants que les talents canadiens qui
dominent au chapitre des Prix Booker. Il sont aussi visibles que la
maison du Canada à Trafalgar Square qui réouvrira ses portes en mai.
Nos rapports sont tout aussi tributaires d’un avenir qui se veut
rempli d’espoirs et de rêves communs pour nos populations, pour
l’humanité tout entière, que de leur passé.
Nous avons parcouru beaucoup de chemin ensemble. Et j’ai la
conviction que le meilleur est encore à venir.]
[CChrétien=19970624]
[lieu=usa]
Il y a cinq ans, les nations du monde se sont réunies à Rio afin de
dresser un plan, un plan audacieux, en vue d’un développement
durable à la grandeur de la planète pour répondre aux besoins
économiques, sociaux et environnementaux de cette génération et des
générations futures.
Nous voici en session extraordinaire, pour renouveler les
engagements pris à Rio, et pour tenir les promesses faites à ceux et
celles dont la qualité de vie future dépend de la justesse de nos
choix, et des résultats obtenus.
Depuis Rio, nous avons marqué des points à bien des égards : la
protection de la couche d’ozone, la conservation des stocks de
poisson chevauchants, le contrôle de la pollution.
Partout dans le monde, de plus en plus, on s’accorde pour dire que
les dommages causés à l’environnement par certains constituent une
menace pour tous.
Depuis Rio, nous avons montré ce dont les nations sont capables
lorsqu’elles unissent leurs efforts.
Cela dit, il faut admettre que certains des objectifs que nous nous
sommes fixés lors de cette rencontre n’ont pas encore été atteints.
Les forêts du globe continuent de dépérir à un rythme alarmant. La
gestion du développement durable dans ce secteur est une grande
priorité canadienne.
Cette session extraordinaire nous offre, à n’en pas douter, une
occasion unique de favoriser l’aboutissement d’une convention
internationale sur les forêts par la mise sur pied d’un comité de
négociation intergouvernemental.
Notre gouvernement est d’avis qu’une entente solide ayant force
exécutoire, une entente fondée sur les principes énoncés à Rio,
constitue le moyen le plus sûr de susciter à l’échelle
internationale cette volonté politique qui s’impose pour stopper le
déboisement.
Pareille convention aiderait également le Canada à atteindre ses
propres objectifs en matière de gestion des ressources forestières.
Comme la plupart des autres pays industrialisés, le Canada sera
incapable d’atteindre le degré de stabilisation des émissions de gaz
à effet de serre qu’il comptait atteindre d’ici l’an 2000. La
structure de notre économie pose à cet égard des problèmes
particuliers.
Les coûts humains et économiques sont tout simplement trop élevés
pour que nous n’intervenions pas dès maintenant.
Au Canada, l’expérience nous enseigne que la meilleure façon de
régler les questions épineuses consiste à élaborer un plan d’action
pratique, graduel, proposant des objectifs provisoires réalistes à
moyen terme. C’est la façon avec laquelle nous éliminons notre
déficit.
Le succès attire le succès, et la confiance fait renaître la
confiance. C’est ainsi que les choses progressent. Nous pensons que
ce principe pourrait s’appliquer à la résolution du problème du
changement climatique.
C’est pourquoi notre gouvernement appuie l’établissement, dans un
cadre ayant force de loi, d’objectifs à moyen terme visant à réduire
les émissions de gaz à effet de serre après l’an 2000.
Nous souhaitons également de toute urgence la mise en oeuvre, à
l’échelle régionale et internationale, d’actions dans le domaine des
polluants organiques persistants.
Les émanations chimiques toxiques traversent les frontières. Elles
sont même projetées suffisamment loin pour contaminer la chaîne
alimentaire dans l’Arctique. Seule la coopération internationale
peut venir à bout d’une telle menace.
Le Canada fera sa part en renforçant sa législation sur les produits
chimiques toxiques et le contrôle de la pollution.
Nous travaillons actuellement à mettre en oeuvre la Convention sur
la biodiversité. Nous avons en main une stratégie en matière de
biodiversité ratifiée par chacun des gouvernements provinciaux et
territoriaux, ainsi que par le gouvernement fédéral. Et nous
adopterons bientôt une loi visant à sauvegarder, sur tout son
territoire de compétence fédérale, les espèces menacées d’extinction
et leur habitat, une législation qui avait d’ailleurs été déposée
lors de la dernière législature.
Nous croyons que la nouvelle approche stratégique pour gérer les
enjeux urgents relatifs à l’eau douce est un pas dans la bonne
direction. Nous maintenons notre engagement à améliorer la situation
des océans.
Personnellement, je continue d’accorder beaucoup d’importance à la
création de nouveaux parcs nationaux ainsi qu’à la protection des
parcs et réserves déjà en place.
Le développement durable est devenu une préoccupation constante de
l’ensemble des ministères et organismes fédéraux, qui doivent tous
élaborer en cette matière des stratégies qui sont ensuite soumises à
un commissaire indépendant pour examen.
Monsieur le Président, notre tâche ne se limite pas à assainir
l’environnement. Il est évident que notre sécurité écologique est
aussi importante que notre sécurité économique.
Préserver les réserves alimentaires mondiales dépasse ce que l’on
peut attendre d’une nation seule.
Que l’on pense, par exemple, aux réserves alimentaires de l’Afrique,
menacées par le rétrécissement des zones fertiles. La Convention sur
la désertification constitue une étape importante dans le règlement
de ce problème. Je tiens d’ailleurs à renouveler l’offre du Canada
d’installer le secrétariat responsable à Montréal.
Pour les défavorisés de ce monde, un développement durable sans
progrès économique sonne aussi creux qu’un slogan facile. C’est la
raison pour laquelle le Canada a fait de l’allégement de la pauvreté
le fer de lance de ses efforts d’aide internationale.
Parmi les orateurs précédents, d’autres ont souligné les tragédies
humaines et le tort écologique causés par les mines antipersonnel.
Nous nous accordons tous pour reconnaître que ce fléau ne peut être
enrayé que par une intervention de la communauté internationale, et
nous nous réjouissons de l’appui croissant dont bénéficie la
démarche d’Ottawa. Je demande à tous les pays de se joindre à nous
en décembre lorsque nous ouvrirons à la signature un traité pour
interdire le stockage, le transfert, la production et l’utilisation
des mines antipersonnel.
Il convient également que nous fassions front commun contre la
pauvreté en favorisant les investissements directs dans les pays en
développement.
La société tout entière doit nous soutenir dans nos efforts. Au
Canada, je suis fier de le dire, nous croyons en une participation à
tous les niveaux aux efforts déployés par les Nations unies en
matière de développement durable.
Monsieur le Président, cette session extraordinaire a pour objet la
réalisation des engagements pris à Rio.
Partant de Rio, nous devons maintenant obtenir des résultats. Grâce
à une approche pragmatique et graduelle des problèmes, il nous faut
viser des résultats mesurables et faire rapport des progrès
accomplis. À eux seuls, les objectifs les plus louables ne sauraient
assurer un monde meilleur à nos enfants. Ce qui importe ce sont des
résultats tangibles.
Pour nos enfants, pour nos petits-enfants, pour les générations
futures, nous avons le devoir de créer un monde plus sain, un monde
plus propre.
Notre travail ne sera pas de tout repos, mais nous devons aller au
bout de ce que nous avons commencé… ensemble.]
[CChrétien=19970324]
[lieu=ottawa]
L’accord que nous signons aujourd’hui avec le gouvernement de
Terre-Neuve et du Labrador constitue un pas important vers
l’objectif que nous nous sommes fixés d’aider les Canadiens à
retourner au travail.
L’emploi est prioritaire à la fois pour les Canadiens et pour nos
gouvernements.
Cet accord de développement du marché du travail montre ce qui peut
résulter de la coopération des gouvernements dans des domaines
importants. Ensemble, nous pouvons combler efficacement les besoins
des Canadiens à mesure que ces besoins changent.
L’accord permet aussi à nos gouvernements de remplir l’engagement
qu’ils ont pris à l’égard des Canadiens.
En novembre 1995, j’ai promis que notre gouvernement se retirerait
du domaine de la formation professionnelle dans les trois années
suivantes. Nous estimons que le niveau de gouvernement le plus près
des Canadiens est celui qui est le plus apte à décider comment
l’argent du gouvernement fédéral pourrait le mieux être utilisé aux
fins de leurs besoins de formation.
Afin de tenir cette promesse, nous avons fait une offre aux
provinces et territoires en mai dernier. Nous leur avons offert la
possibilité d’adapter à leurs priorités et exigences particulières
les avantages liés à l’emploi et les mesures prises à ce sujet.
L’accord d’aujourd’hui rend cette adaptation possible. Il a été
soigneusement travaillé afin de répondre aux besoins et
circonstances particuliers à Terre-Neuve et au Labrador. Il permet
d’assurer que les Canadiens de cette province continueront à
recevoir des services de qualité dans la langue officielle de leur
choix.
Terre-Neuve et le Labrador ont choisi un modèle de gestion partagée.
Cela signifie que la province et le gouvernement du Canada
travailleront ensemble à la conception, la gestion et la mise en
oeuvre des programmes. La mise en oeuvre proprement dite sera
effectuée au moyen du Réseau de prestation de services du
gouvernement du Canada.
L’accord signé aujourd’hui et ceux que nous avons signés en décembre
dernier avec l’Alberta et le Nouveau-Brunswick portent à trois le
nombre d’accords déjà conclus.
D’autres viendront s’y ajouter. En travaillant ensemble, nous y
gagnons sur le plan de l’efficacité. C’est une approche pragmatique
qui permet de rendre la fédération mieux à même d’aider les
Canadiens qui cherchent du travail.
Si tous nos partenaires provinciaux et territoriaux signent de tels
accords, ces derniers peuvent être l’instrument permettant de mettre
entre leurs mains 2000000000 $ qu’ils pourront utiliser
pour appliquer des mesures améliorées de réintégration au marché du
travail, 2000000000 $ pour aider les Canadiens à trouver
des emplois.
Les Canadiens ont besoin de retourner au travail. Ils veulent
retourner au travail. Et ils méritent de retourner au travail. Qui
plus est, ils méritent que leurs gouvernements travaillent ensemble
à créer un milieu favorable à l’emploi et riche de possibilités.
La période que nous vivons est difficile pour bon nombre de
Canadiens. Je peux comprendre comme il peut être difficile pour les
Canadiens qui veulent travailler de ne pouvoir trouver un emploi.
Mais la période que nous vivons est aussi prometteuse de nouvelles
relations et de nouveaux partenariats entre les gouvernements. C’est
une période où est née une nouvelle volonté de travailler ensemble
pour mettre à la disposition des Canadiens les services dont ils ont
besoin et leur permettre d’atteindre les résultats qu’ils
souhaitent.
Lorsque nous nous sommes réunis en juin dernier, mes homologues
provinciaux et moi avons dressé un plan prévoyant des mesures
concrètes et pratiques qui clarifieraient les rôles et obligations
de chaque niveau de gouvernement et réduiraient le double emploi et
le chevauchement inutile des champs de compétence. Nous avons
convenu que les services seraient assurés par le palier de
gouvernement le plus susceptible de le faire avec efficacité et
efficience. Et nous avons examiné les domaines où une plus grande
coopération serait avantageuse pour les Canadiens.
Nous avons fait des progrès depuis ce temps.
L’accord de développement du marché du travail que nous signons
aujourd’hui constitue la plus récente d’un ensemble de réalisations
réalisations qui raffermissent et modernisent notre fédération.
Elles illustrent toutes comment notre fédération peut évoluer de
façon pratique pour relever de nouveaux défis.
Je suis certain que, dans le contexte des négociations encore en
cours, l’annonce d’aujourd’hui sera une source d’inspiration. Je me
réjouis à l’avance à l’idée de faire d’autres annonces au cours des
prochains mois.
Enfin, les Canadiens seront heureux de constater que les divers
niveaux de gouvernement travaillent ensemble à faciliter leur
réintégration au milieu de travail, car, il n’y a pas de tâche plus
importante.
Je vous remercie.
[CChrétien=19970924]
[lieu=ottawa]
M. le Président, nous amorçons cette semaine ce qui sera la dernière
législature de ce siècle et la première du nouveau millénaire. Je
vous félicite de votre élection et tiens à vous exprimer ma haute
considération pour la responsabilité que vous assumez. Par vos
fonctions, vous donnez à cette Chambre le décorum et la dignité qui
lui conviennent et vous représentez les grandes traditions et
responsabilités historiques. Au nombre des tâches que vous
remplissez si bien, il y a celle qui consiste à fermer les
microphones lorsqu’ils doivent l’être. Je vous donne l’assurance que
mon parti et moi vous appuierons sans réserve dans cette activité,
ainsi que dans toutes les autres attributions de votre poste.
Je tiens également à féliciter l’honorable député de Parkdale-High
Park pour son allocution à titre de motionnaire de l’Adresse en
réponse au discours du Trône, ainsi que l’honorable député de Beauce
pour son allocution à titre de second motionnaire. Un avenir rempli
de promesses attend ces deux députés en cette Chambre.
Il y a eu des élections générales depuis la dernière fois où je me
suis levé dans cette Chambre. J’ai été élu député pour la 11e fois.
Les électeurs de Saint-Maurice m’ont appuyé pour la dixième fois et
la confiance qu’ils me témoignent est une source de motivation dans
ma vie politique. Ils m’ont appris que les gens sont ce qui importe
en politique. Ce que j’ai appris en marchant dans les rues de
Shawinigan, en dînant avec des familles d’agriculteurs, et en
parlant avec des travailleurs dans les usines a enrichi toute mon
expérience à titre de député et de premier ministre. Les gens de
Saint-Maurice veulent un gouvernement qui les écoute et les
respecte, et c’est ce genre de gouvernement que j’entends diriger.
De façon bien appropriée, la législature s’ouvre au moment où prend
fin un autre magnifique été canadien. Nos agriculteurs font leurs
récoltes et les jeunes reprennent le chemin de l’école. Cet automne,
les Canadiens, et en particulier les jeunes Canadiens, commenceront
à récolter ce que nous avons semé ensemble au cours des quatre
dernières années. Lorsque je me suis levé en Chambre en janvier
1994, de nombreux conjoncturistes prévoyaient de maigres récoltes
dans l’avenir. Dans l’Adresse en réponse au discours du Trône,
j’avais alors dit que toutes les mesures que nous prendrions
viseraient « à rebâtir notre vitalité économique afin que tous les
Canadiens soient capables de réaliser leur plein potentiel ».
Nous n’avions pas besoin des sondages pour nous rendre compte que la
plupart des Canadiens avaient des doutes quant à notre capacité de
maîtriser les énormes déficits qui avaient profondément miné
l’économie canadienne et notre confiance en nos moyens.
Qui aurait alors cru que le Canada enregistrerait 974000 créations
d’emplois entre octobre 1993 et septembre 1997 ? Qui aurait pu
prévoir que les taux d’intérêt canadiens tomberaient bien en deçà
des taux américains ? Qui aurait alors cru que le taux d’inflation
serait inférieur à 2 %, que le taux de croissance approcherait
les 4 %, et que nous afficherions le taux de création d’emplois
le plus élevé des pays du G-7 ? Qui aurait alors cru que quatre ans
plus tard, tous les conjoncturistes internationaux s’accorderaient
pour prévoir que le Canada affichera la meilleure performance
économique des pays du G-7 à l’aube du nouveau millénaire ? Qui
aurait alors cru qu’à l’automne 1997, je me joindrais aux premiers
ministres provinciaux dans un esprit de collaboration pour discuter
des meilleurs moyens pour venir en aide aux jeunes, pour améliorer
notre système de soins de santé et pour renforcer nos mesures
sociales en période d’équilibre budgétaire ?
Les Canadiens ont accompli beaucoup de choses pour eux-mêmes et pour
leurs concitoyens en travaillant ensemble, en faisant preuve
d’audace et en surmontant la peur et le désespoir.
Nous avons rebâti notre vitalité économique. Et comme l’a déclaré le
gouverneur de la Banque du Canada la semaine dernière : « Le Canada
est aujourd’hui en meilleure position pour relever les grands défis
économiques de l’avenir qu’il ne l’avait été depuis de nombreuses
années.» Il a ajouté que « potentiellement, l’économie canadienne a
tout ce dont elle a besoin pour connaître une longue période de
croissance soutenue en termes de production et d’emploi,
c’est-à-dire une hausse de productivité et une amélioration
de la qualité de vie ».
Le moment est maintenant venu pour les Canadiens de vivre à la
hauteur de leurs potentialités. De se tourner vers l’avenir.
D’investir judicieusement de façon stratégique dans les personnes et
les idées. De bâtir des assises solides pour l’avenir du Canada.
Nous avons identifié clairement nos priorités lors de la campagne
électorale et dans le discours du Trône.
Nous investirons dans les enfants, notre ressource la plus
importante. Nous investirons dans le savoir pour préparer la
jeunesse canadienne en fonction des technologies et de la société
axée sur l’information de demain. Nous collaborerons étroitement
avec les provinces pour renforcer notre système de soins de santé en
donnant suite aux excellentes suggestions faites par le Forum
national sur la santé.
Grâce au renforcement et à la modernisation de l’assurance-santé
pour répondre à de nouveaux besoins, nous retirerons encore plus
d’avantages de notre système de soins de santé au XXIe siècle.
Au début de la campagne électorale, nous avons déclaré que nous
investirions une partie de notre dividende budgétaire dans les soins
de santé. Nous déposerons un projet de loi pour majorer les
transferts aux provinces et donner suite à la recommandation du
Forum national sur la santé de relever à 12500000000 $
le plancher des transferts en espèces. Cela veut donc dire que les
provinces recevront 700000000 $ de plus en 1998-1999 que
prévu dans le budget, elles recevront 1200000000 $ de plus en
1999-2000 que prévu dans le budget, elles recevront 1400000000 $
de plus en 2000-2001 que ne le prévoit le budget, et en 2001-2002
elles recevront 1300000000 $ de plus que ne le prévoit le
budget.
En d’autres termes, au cours des quatre prochains exercices, les
provinces recevront 4800000000 $ de plus que prévu dans le budget
de 1997 pour répondre aux besoins de leurs citoyens en matière de
soins de santé.
Le Canada demeurera le pays où l’on vit le mieux parce que nous
avons le souci de la population.
Nous travaillerons d’arrache-pied pour poursuivre le renforcement de
notre économie, pour continuer à créer un climat encore plus propice
à la création d’emplois et à la croissance économique soutenue.
Aujourd’hui, je veux rendre hommage au ministre des Finances pour
ses remarquables réalisations dans la gestion des finances du pays.
Et je tiens à dire en cette Chambre que, jamais plus, nous ne
permettrons qu’un gouvernement perde la maîtrise des finances du
pays. Nous avons déjà commencé à réduire la dette en proportion de
la taille de notre économie. M. le Président, d’ici 1998-1999, le
gouvernement présentera un budget équilibré pour la première fois en
près de trente ans. En conjuguant nos efforts avec les députés, les
provinces et, surtout, avec les Canadiens et Canadiennes, nous
parvenons à éliminer un déficit qui pesait très lourd sur notre
avenir. Désormais, les problèmes actuels ne doivent plus être légués
aux futures générations de Canadiens. Désormais, nous n’aurons plus
à subir de déficits écrasants qui empêchent le gouvernement de
répondre aux besoins véritables des personnes. Désormais, personne
ne pourra plus dire que le Canada est un pays en faillite qu’il
serait préférable de quitter.
M. le Président, le Canada fonctionne tellement bien que les
dirigeants d’un peu partout dans le monde parlent du miracle
canadien et du Canada comme d’un modèle à suivre. Une nouvelle vague
d’optimisme traverse le Canada. Les Canadiens ont recommencé à rêver
et le défi que devra relever cette législature consiste à se montrer
à la hauteur de ces rêves. Nous devons maintenant progresser
ensemble vers ce nouveau millénaire.
Nombre d’entre vous goûtez pour la première fois à une présence en
Chambre. Riche de quelques années d’expérience, je peux vous dire
que ce que vous y goûterez sera source de satisfaction, quelque peu
épicé parfois, mais toujours satisfaisant. Il y en a qui se
plaisent à dénigrer l’utilité du Parlement. Je peux vous affirmer
qu’ils ont tort. Au cours des ans, j’ai pu observer jusqu’où de
simples députés ont pu faire avancer une cause qui suscite leur
intérêt ou celui de leurs électeurs et des Canadiens. Au cours des
quatre dernières années, notre gouvernement a fait des ouvertures
sans précédent au chapitre des projets de loi d’initiative
parlementaire, de la portée des travaux des commissions
parlementaires, et de la participation aux débats de la Chambre. Et
nous continuerons en ce sens. Mais je dois vous avouer que la
situation actuelle est toutefois bien meilleure que lorsque je suis
devenu député. Mais même alors, en tant que simple député, j’ai
quand même réussi à faire adopter un projet de loi d’initiative
parlementaire modifiant le nom de la Trans Canada Airlines. J’ai
travaillé avec mes collègues des deux côtés de la Chambre pour y
parvenir, et nous avons partagé ce succès. Lorsque je suis monté
pour la première fois à bord d’un avion d’Air Canada, je savais que
Jean Chrétien, un simple député, avait fait toute la différence.
Nombre d’entre vous vivrez de tels moments, à titre personnel ou en
tant que membre d’une grande législature.
Permettez-moi de vous dire ce que nous pouvons accomplir
ensemble,
en tant que Canadiens et parlementaires. Lorsque je suis entré au
Parlement pour la première fois, le Canada faisait face à un grave
problème de pauvreté chez les aînés. Malgré un climat de prospérité,
un grand nombre d’aînés étaient quant à eux victimes de l’inflation
ou du fait qu’il leur avait été impossible d’épargner suffisamment
pendant les années de guerre et de dépression.
Il s’agissait d’un énorme défi à relever et nous avons partagé la
responsabilité de le résoudre. Le gouvernement fédéral avait bien
son propre mécanisme de pensions de la vieillesse mais les provinces
étaient, quant à elles, principalement responsables en matière de
santé, de bien-être et de logement. Le gouvernement du Canada a
travaillé de concert avec les provinces et, par le biais de la
législature, a pu s’attaquer au problème de la pauvreté des aînés
grâce à la souplesse et à la créativité de notre régime fédéral.
Nous avons alors démontré que nous avons plus en commun que nous ne
voulons l’admettre, et que nos différences sont moins importantes
que nous le laissons croire. La Saskatchewan a ouvert la voie en
matière d’assurance-santé, le Québec a oeuvré efficacement dans le
domaine des pensions, tandis que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick
ont innové en matière de logement. C’est toutefois le gouvernement
du Canada qui a imprimé la direction nationale nécessaire pour faire
en sorte que la créativité déployée individuellement par les
provinces bénéficie à tous les Canadiens et Canadiennes.
Aujourd’hui, le taux de pauvreté chez les aînés représente moins du
tiers de ce qu’il était, il y a une génération à peine. Lorsque les
Nations unies affirment que le Canada est le pays où l’ont vit le
mieux, c’est parce que nos aînés vivent maintenant plus longtemps et
dans une plus grande aisance financière. Au cours de ce mandat,
notre gouvernement assurera la sécurité des aînés pour l’avenir. Dès
cet automne, nous déposerons un projet de loi relatif à la viabilité
du Régime de pensions du Canada et de la Prestation aux aînés. Le
Canada deviendra ainsi le premier pays du G-7 dont le régime public
de pensions sera viable et abordable à l’aube du nouveau millénaire.
Tout comme nous avons été en mesure de régler les problèmes relatifs
à la santé et à la pauvreté des aînés, nous devons aujourd’hui nous
attaquer à un problème auquel fait face une nouvelle génération de
Canadiens. Il s’agit de la génération à laquelle nous léguerons le
Canada au début du nouveau millénaire, nos enfants et nos
petits-enfants. Le jugement qu’ils porteront sur notre génération
dépendra de la façon dont nous les aurons préparés en fonction du
XXIe siècle.
Les campagnes électorales sont captivantes, pour moi comme pour nous
tous, parce qu’elles nous donnent l’occasion de rencontrer une
grande diversité de Canadiens et de Canadiennes. Mon épouse a
observé que je suis encore plus captivé lorsque je discute avec des
jeunes. Les aspirations et les rêves de la jeunesse canadienne sont
pour moi une source d’inspiration, mais lors des récentes campagnes
j’ai trop entendu la peur se mêler à leurs rêves. M. le Président,
permettez-moi de dire en toute franchise que nous avons beaucoup
de
travail à faire. Avec la crise budgétaire qui tire à sa fin, notre
gouvernement a une plus grande marge de manoeuvre. Comme le ministre
des Finances l’a déclaré dans son dernier budget, « …un
gouvernement libéré du fardeau du déficit n’est pas un gouvernement
libéré de ses responsabilités. C’est, tout au contraire, un
gouvernement capable de mieux s’en acquitter ». Et notre plus
importante responsabilité est celle que nous avons envers les
jeunes, l’avenir même du Canada. Lorsque je revois l’espoir quelque
peu troublé qui brillait dans les yeux des jeunes gens que j’ai
rencontrés cet été, je suis encore plus déterminé à faire en sorte
que notre gouvernement ne se défilera pas devant ses responsabilités
et ses possibilités.
Comme chacun de nous, je sais que la pauvreté est le facteur qui
nuit le plus à un bon départ dans la vie, aussi bien dans une
collectivité autochtone qu’en plein coeur de Vancouver, de Toronto,
de Montréal ou d’Halifax. L’amour parental, le soutien familial et
des collectivités saines sont certes des antidotes aux blessures
qu’inflige la pauvreté, mais ce n’est pas assez. La population a
également besoin de notre aide. En investissant dès à présent dans
le bien-être des enfants d’aujourd’hui, nous renforcerons à long
terme les tissus social et économique de notre société.
Ensemble, les gouvernements fédéral et provinciaux doivent
intervenir par le biais du système national de prestations pour
enfants dont nous avons entrepris l’élaboration. Au cours de cette
législature, nous promettons de faire des efforts additionnels pour
répondre aux besoins des familles à faible revenu qui ont des
enfants. Nous y parviendrons en augmentant la Prestation fiscale
pour enfants et en collaborant avec les provinces à mesure qu’elles
investiront dans les services à l’enfance. Les enfants doivent
demeurer prioritaires dans notre plan d’action national, et nous
devons faire en sorte qu’ils connaissent un bon départ vers un
avenir prometteur, et ce, quelles que soient leurs origines et
l’endroit où ils vivent.
Connaître un bon départ n’offre aucune garantie quant à savoir si
vous gagnerez ou, même, terminerez la course. Aujourd’hui, les
jeunes Canadiens sont plus instruits qu’à tout autre moment de notre
histoire. Mais un trop grand nombre d’entre eux ne terminent pas
leurs études ou n’arrivent pas à trouver du travail. M. le
Président, le chômage chez les jeunes est trop élevé. Le secteur
privé a créé près de 1000000 d’emplois au cours des quatre
dernières années. Toutefois, notre société se doit d’en faire
davantage pour créer de nouveaux emplois pour les jeunes. Nous
aborderons ce sujet et bien d’autres à la réunion des premiers
ministres cet automne.
Nous intensifierons nos efforts en faveur des premiers emplois pour
les jeunes par le biais des programmes de stages et des emplois
d’été. Nous lancerons au secteur privé le défi de former les jeunes
Canadiens pour les aider à jouer un rôle de premier plan dans la
société de l’information de demain. Nous élaborerons, avec les
provinces, un programme national de mentorat et, en partenariat avec
les provinces et les collectivités, améliorerons les possibilités
d’acquisition de compétences et d’expérience professionnelle
offertes à la jeunesse à risque. Meilleure sera l’instruction des
jeunes, meilleures seront leurs chances de trouver un emploi.
Nous lancerons aux parents, aux collectivités, aux écoles et aux
gouvernements provinciaux, le défi d’encourager les jeunes à
poursuivre leurs études.
Dans ma famille, tout ce que mes parents arrivaient à épargner était
destiné à l’éducation des enfants. Pour mes parents, l’herbe était
toujours plus verte de l’autre côté de la clôture et, pour eux,
l’instruction était le meilleur moyen à la disposition de leurs
enfants pour y accéder. Même si j’ai parfois été un élève difficile
à l’école, mes parents n’ont jamais dévié de leur rêve, ni pour moi
ni pour mes frères et soeurs qui étaient des élèves nettement plus
faciles. La détermination de mes parents et la confiance qu’ils
plaçaient dans notre instruction est ce qui nous a donné les moyens
de franchir cette clôture.
Aujourd’hui, c’est aux parents, aux collectivités et aux
gouvernements qu’il appartient de faire en sorte que les obstacles
qui se dressent devant les jeunes Canadiens et Canadiennes ne les
empêchent pas de franchir cette clôture.
La lutte au déficit n’avait pas pour objectif de nous permettre de
célébrer nos réalisations budgétaires. Nous avons entrepris cette
lutte pour alléger le fardeau de la dette qui pèse sur l’avenir
d’une génération entière; nous avons entrepris cette lutte pour
réduire nos versements aux institutions bancaires et pour commencer
à investir dans l’avenir de la jeunesse. Et c’est précisément ce que
nous allons faire.
Nous, de ce côté de la Chambre, ne pensons pas que le rôle du
gouvernement doit être celui qui était le sien au XIXe siècle, soit
un État guidé par le laissez-faire qui attend d’intervenir en
situations d’urgence. M. le Président, nous pensons plutôt que le
gouvernement du XXIe siècle doit être un partenaire efficace dont le
rôle consiste à effectuer des investissements judicieux et
stratégiques dans des domaines d’une réelle importance pour la
prospérité future de notre pays. Le savoir et l’apprentissage
comptent parmi les plus importants de ces domaines. Ils représentent
la clé de l’emploi et de la croissance au cours des prochaines
années. C’est la raison pour laquelle nous avons annoncé, dans notre
dernier budget, la mise sur pied de la Fondation canadienne pour
l’innovation. À titre de dividende de notre gestion rigoureuse des
finances publiques, nous avons effectué un investissement unique de
800000000 $ destiné à rebâtir l’infrastructure de
recherche de nos universités et de nos hôpitaux d’enseignement.
Bien que je n’aie pas l’intention de révéler le contenu de la Mise à
jour financière du ministre des Finances, qui sera rendue publique à
la mi-octobre, ce n’est un secret pour personne que, grâce à
l’excellent travail du ministre des Finances, notre situation
financière en 1997-1998 est bien meilleure que les prévisions
initiales. Par conséquent, je m’attends à ce que, dans les semaines
qui suivront la mise à jour financière du ministre des Finances,
nous soyons en mesure de tirer parti d’un autre dividende de notre
saine gestion budgétaire et d’annoncer les détails d’un autre
investissement unique dans le domaine de l’apprentissage et des
connaissances, semblable à ce que nous avons fait l’an dernier en
mettant sur pied la Fondation canadienne pour l’innovation, mais sur
une plus grande échelle. Cette fois-ci, le but de cet investissement
dans notre avenir sera de réduire les barrières à l’enseignement
postsecondaire.
Il ne pourrait y avoir ni plus grand projet canadien en vue du
prochain millénaire ni meilleur rôle pour le gouvernement que celui
d’aider les jeunes Canadiens à se préparer à entrer dans la société
axée sur l’information du siècle prochain. Ainsi, notre projet du
millénaire le plus important sera la mise sur pied d’un fonds des
bourses d’études du millénaire, autonome du gouvernement.
Les recettes de ce fonds récompenseront l’excellence académique et
se traduiront chaque année par des milliers de bourses d’études, dès
l’an 2000, pour aider des Canadiens et des Canadiennes à revenu
faible et modeste à poursuivre des études collégiales et
universitaires. Nous participerons en étroite collaboration avec les
partenaires appropriés à la conception proprement dite de ce fonds.
Ce n’est peut-être pas un monument fait de mortier et de brique,
mais les Canadiens de demain pourront en constater les effets
partout où ils tourneront le regard. J’espère que cela aura les
mêmes répercussions en faveur de notre économie et de notre pays que
celles qu’avait eu pour la fin du XXe siècle l’investissement
consenti après la Seconde Guerre mondiale en faveur de
l’enseignement postsecondaire pour les soldats qui rentraient au
pays. Sur une note plus personnelle, j’espère que, pour des milliers
et des milliers de jeunes Canadiens, cela pourra faire, à une époque
différente, ce que mes parents ont été en mesure de faire pour moi
ainsi que mes frères et soeurs.
En plus de cette dotation unique, le gouvernement effectuera
d’autres changements au Programme canadien de prêts aux étudiants et
augmentera l’aide aux étudiants avec personnes à charge. Avec ces
mesures et d’autres qui seront élaborées au cours des prochains
mois, en collaboration avec les provinces, nous pourrons poursuivre
le progrès amorcé dans le dernier budget pour nous attaquer au
problème de l’escalade des coûts des études postsecondaires et de
l’endettement accru des étudiants.
Quand j’étais jeune, j’ai dû quitter la maison pour poursuivre mes
études dans un pensionnat. Les petites collectivités ne disposaient
alors pas des ressources nécessaires pour soutenir des
établissements d’enseignement supérieur. Ce qu’il y a de merveilleux
avec les technologies modernes, c’est que même les collectivités les
plus éloignées peuvent être en communication avec nos meilleures
institutions. Le Réseau scolaire [RESCOL], mis au point par le
ministère de l’Industrie, permet aux écoles de présenter la même
information, simultanément, à Whitehorse et Weyburn, à Victoria et
Victoriaville. Bill Gates a déclaré que le RESCOL est « le meilleur
programme au monde lorsqu’il s’agit de permettre aux enfants
d’élargir leurs horizons en utilisant l’ordinateur ». Nous savons
que nous en sommes capables, et nous devons en faire davantage.
Lors de mes déplacements au Canada durant les quatre dernières
années, j’ai pu observer comment les technologies nouvelles
renforcent le Canada rural. Dans notre programme électoral, nous
promettions d’aider le Canada rural à adapter de nouvelles
technologies et nous respecterons cet engagement. Il est extrêmement
important de savoir que, d’ici l’an 2000, notre grand pays, avec ses
millions de kilomètres-carrés, sera le pays le plus « branché » de
la planète. Les distances auront alors beaucoup moins d’importance,
et nous nous apercevrons que les différences ne sont pas
nécessairement source de division. La technologie est un univers de
promesses, mais elle doit avoir une âme.
Cet été, j’ai été déconcerté de lire les résultats d’une enquête
indiquant que les jeunes Canadiens se connaissent très peu entre eux
et qu’ils savent très peu de chose sur nos réalisations collectives.
Selon l’enquête, dans toutes les provinces à l’exception du Québec,
un plus grand nombre de Canadiens pensent que Neil Armstrong, et non
Marc Garneau, est le premier astronaute canadien. Seulement 28 p.
100 des jeunes Québécois savent que John A. Macdonald a été le
premier premier ministre canadien, alors que 78 % d’entre eux
ont identifié correctement Wilfrid Laurier comme le premier premier
ministre francophone. Trop souvent, nous oublions ou nous ignorons
tout ce que nous avons accompli ensemble. Il est inacceptable que
les jeunes Canadiens en sachent autant sur les ordinateurs et si peu
sur leur pays.
C’est une des raisons pour lesquelles, à l’avenir, nos mesures en
faveur de la jeunesse mettront l’accent sur les échanges. Je ne
connaissais pas vraiment le Canada avant d’avoir pris un repas dans
une cuisine de la Saskatchewan, avant d’avoir fait du ski dans les
Rocheuses ou d’avoir marché dans la toundra arctique ou d’avoir joué
au billard sur l’île Fogo, à Terre-Neuve, ou d’avoir parlé autour
d’un feu de camp avec des aînés autochtones. L’histoire du Canada a
produit un effet semblable dans mon coeur et dans ma façon de penser
à mesure que j’ai découvert sa richesse. J’ai été profondément ému
d’apprendre qu’il y a plus de 150 ans, soit lorsque la religion et
la race étaient à l’origine de conflits partout ailleurs dans le
monde, ici, au Canada, Robert Baldwin démissionnait de son siège au
Parlement du Canada-Uni pour que son collègue, Louis-Hippolyte
LaFontaine puisse faire se faire élire pour représenter le coeur du
Canada anglais. LaFontaine est devenu le député francophone
catholique d’une circonscription largement protestante et
d’expression anglaise. En travaillant ensemble, Baldwin et
LaFontaine nous auront donné un gouvernement responsable. Combien de
jeunes Canadiens savent qu’il y a un peu plus d’un siècle, une
époque où le monde était aux prises avec des guerres de religions,
le Canada, un pays qui comptait pourtant une forte majorité de
protestants et de Britanniques, élisait le premier premier ministre
francophone catholique de son histoire ? Et qu’il a eu le bon sens
de réélire Laurier pour trois autres mandats, un objectif
raisonnable pour tout premier ministre, il me semble.
Nous devons trouver des moyens pour aider les jeunes à connaître ce
qu’ils ont en commun, à apprendre ce que nous avons accompli
ensemble, et à éprouver de la fierté envers les grandes réalisations
de leur pays. Le gouvernement du Canada travaillera avec nos grands
musées, avec d’autres institutions fédérales et provinciales ainsi
qu’avec des organismes bénévoles pour élaborer des moyens d’élargir
les connaissances des Canadiens sur ce que nous avons accompli
ensemble.
Nous avons bâti un pays étonnant, respecté et même envié du monde
entier. Cet automne, les représentants de plus de cent pays
viendront à Ottawa signer un traité interdisant à jamais
l’utilisation des mines antipersonnel. Je suis fier de mon
gouvernement qui, par l’entremise du ministre des Affaires
étrangères, a refusé catégoriquement d’accepter un traité diminué.
Le ministre des Affaires étrangères mérite toutes nos félicitations.
Nous avons travaillé avec ceux qui pensent comme nous et démontré à
ceux qui entretenaient des doutes que le Canada peut faire une
différence dans le monde. Lors d’une réunion internationale à
laquelle j’ai récemment participé, un chef d’État m’a confié que
seul le Canada aurait pu jouer ce rôle de premier plan dans la lutte
contre les mines antipersonnel. Par ailleurs, je suis amplement
d’accord avec le commentaire émis récemment par le député de
l’opposition de Esquimalt-Saanich, un médecin qui sait à quel point
les mines antipersonnel mutilent un corps humain et qui a travaillé
avec nous pour obtenir cette interdiction. Il a déclaré à un
journaliste que le traité sur les mines antipersonnel marque « le
début d’une nouvelle ère pour la politique étrangère canadienne,
soit celle où nous utilisons notre force morale à des fins
humanitaires. Ce traité sauvera des milliers de vies humaines ».
Cette force morale nous vient de ce que nous sommes, de tout ce que
nous avons accompli ensemble, et des valeurs que nous partageons.
Les Canadiens ont manifesté cette force lors des inondations au
Saguenay et au Manitoba. Que nous ayons été debout sur les digues ou
observateur de la force torrentielle des flots, c’est en Canadiens
que nous avons partagé ces expériences. Notre gouvernement ressent
cette force morale dans tout ce que nous entreprenons.
C’est la raison pour laquelle la promotion et le renforcement de
l’unité canadienne est un dossier que nous aborderons sous
l’éclairage le plus large et le plus complet possible. Chaque fois
que nous cherchons à réaliser les aspirations supérieures des
Canadiens, nous contribuons à rendre le Canada plus uni.
Je salue l’initiative prise à Calgary par les premiers ministres
provinciaux et les leaders des territoires. Il s’agit d’une
affirmation constructive et positive des valeurs importantes qui
décrivent ce qu’est le Canada et ce qui nous rend canadiens.
Elle présente un message clé, soit que le fait français est une
partie fondamentale de l’identité canadienne. À ce titre, le
caractère unique de la société québécoise par sa majorité
d’expression française, sa culture et sa tradition de code civil est
essentiel au bien-être du Canada. Cette dimension française est une
partie essentielle de mon identité, elle a contribué à mon
développement, elle m’a apporté la force et m’a procuré mon identité
propre. Elle fait de moi le Canadien que je suis.
Je salue l’engagement pris par les premiers ministres et les leaders
des territoires de donner voix à ces valeurs en faisant participer
les populations de leurs provinces et de leurs territoires au
renforcement de l’unité de notre pays.
Le message adressé aux Québécois, à tous les Canadiens d’expression
française, de fait, à tous les Canadiens, est un message d’ouverture
et de solidarité. C’est un message qui doit être entendu.
Je salue l’approche très constructive mise de l’avant par les chefs
du Parti réformiste, du Nouveau Parti démocratique et du Parti
conservateur sur cette question.
Je demande aux Québécois et aux Québécoises d’entendre le message de
Calgary et de s’unir pour y donner suite. Les mots de Calgary
doivent être pris pour ce qu’ils sont : un message rassembleur qui
arrive à point pour être entendu de tous. C’est un autre pas
important pour bâtir la compréhension mutuelle et la confiance.
Comme ce document n’a pas de portée constitutionnelle ou juridique,
je demande aux Canadiens de ne pas se laisser entraîner dans des
analyses légalistes d’un énoncé de valeurs. Le jour pourrait venir,
et j’espère qu’il viendra, où il y aura un texte légal ou
constitutionnel qui pourra être considéré comme tel. Les mots de
Calgary tentent d’exprimer les valeurs canadiennes qui importent et
c’est ainsi qu’ils devraient être reçus.
Je promets à tous les Canadiens que nous sommes ouverts à toutes les
bonnes idées pour renforcer l’unité de notre pays. Nous invitons
d’ailleurs tous les partis d’opposition à soumettre leurs idées.
Mais jamais, nous ne nous laisserons tenir en otages par des
demandes qui diminuent ou nient à chaque citoyen canadien les
bénéfices de sa citoyenneté et de notre existence en tant que nation
indépendante, reconnue comme telle aux Nations unies. Nous
continuerons d’être francs et ouverts sur les conséquences de ce que
proposent ceux qui veulent la partition du Canada. La clarté ne
provoque pas la peur, c’est l’ennemi de la peur. Notre ennemi, c’est
la confusion. Dans la clarté des choses, je suis convaincu que les
Québécois et les autres Canadiens resteront ensemble, car c’est le
meilleur choix qu’ils puissent faire pour eux-mêmes et leurs
enfants. Comme je l’ai souligné aujourd’hui, nous nous sommes
engagés à travailler en collaboration et en partenariat avec tous
ceux qui, de bonne foi, veulent réaliser le formidable potentiel qui
attend le Canada et les Canadiens.
Nos atouts, notre détermination et nos récents succès nous ont bien
placés pour développer notre potentiel de nouvelle manière et
relever les nouveaux défis d’un nouveau siècle.
Au début de ce siècle, notre pays était un petit pays, nous n’avions
pas de drapeau, nous n’avions pas notre propre citoyenneté
canadienne. Terre-Neuve n’en faisait même pas partie. L’Alberta et
la Saskatchewan n’étaient pas encore des provinces. Les quartiers
défavorisés de Montréal affichaient un taux de mortalité infantile
plus élevé que ce qu’on retrouve aujourd’hui dans les quartiers
défavorisés de Calcutta, là même où Mère Teresa a oeuvré. Bien peu
de Canadiens avaient rencontré d’autres Canadiens qui vivaient à
plus de cinquante milles de distance. Dans les Prairies, les
nouveaux colons vivaient isolés au cours des longs hivers sans
savoir qu’ils étaient assis sur de riches gisements pétroliers.
Pourtant, nous savions que l’avenir s’ouvrait devant nous.
Au début du siècle, Laurier exprimait ce rêve d’avenir lorsqu’il a
déclaré :
« Il y a trois ans en Angleterre, j’ai visité un de ces modèles
d’architecture gothique que la main du génie, guidée par une foi
inébranlable, a su façonner dans un tout harmonieux. La cathédrale
était faite de granit, de chêne et de marbre. Elle représente
l’image de la nation que je veux devenir. Je veux que le marbre
demeure le marbre; que le granit demeure le granit; que le chêne
demeure le chêne. Je veux réunir tous ces éléments et bâtir une
nation qui deviendra une grande puissance du monde. »
Nous avons bâti ce pays et nous continuons d’en façonner les
éléments. Les jeunes le feront à leur tour au prochain siècle. Leur
architecture sera nouvelle mais demeurera canadienne. Cette grandeur
aura acquis un sens nouveau mais demeurera canadienne. Aujourd’hui,
on a retrouvé au Canada la merveilleuse sensation de vivre dans un
pays en mouvement, un pays qui a son importance, un pays qui rêve
encore. Pendant trop longtemps, pour trop de Canadiens et de
Canadiennes, le Canada semblait être en panne. Mais aujourd’hui, des
Canadiens de tous les coins du pays, des Canadiens ensemble, font
des choix en fonction du prochain millénaire. Je promets aux
Canadiens que cette législature et ce gouvernement seront à la
hauteur de leurs rêves et de leurs aspirations.
Avec toutes nos énergies, avec l’appui de nos collègues et de nos
compatriotes canadiens, nous maintiendrons l’unité de notre
magnifique pays, ce Canada, notre Canada. Et ensemble nous entrerons
dans le nouveau millénaire dans un pays prospère, moderne et
solidaire. Un modèle pour le monde.
[CChrétien=19970425]
[lieu=ont]
Je suis ravi d’être le dernier orateur invité dans le cadre de votre
série des premiers ministres. C’est un service public notable de la
part du Canadian Club de m’avoir invité, de même que tous les
anciens premiers ministres encore vivants, à prendre la parole dans
le cadre de cette série qui souligne le centième anniversaire de la
fondation du Canadian Club, à Toronto. Chacun de mes prédécesseurs
qui s’est adressé à vous, qu’on soit d’accord ou non avec toutes
ses opinions, est une personne qui a apporté sa contribution au
Canada et essayé à sa manière d’en faire un pays meilleur. Chacun a
prouvé que le service public est une noble vocation. Chacun mérite
notre reconnaissance et notre respect.
L’existence du Canadian Club de Toronto se confond avec une bonne
partie de l’histoire de notre pays. Il a été témoin de la croissance
et du développement du Canada et du fait que celui-ci a toujours su
relever le défi du changement.
Le Canada a été fondé sur un compromis explicite visant à protéger
les différences de langue, de religion et de culture. Cette approche
fondamentale a conditionné le reste de notre histoire. La mosaïque
canadienne est très différente du creuset ethnique américain. Nous
avons établi notre propre identité dans la partie septentrionale de
l’Amérique du Nord.
En 1900, sir Wilfrid Laurier avait comparé le Canada à une
cathédrale gothique faite de granit, de marbre, de chêne et d’autres
matériaux, qu’il avait visitée en Angleterre. Il avait dit ceci :
«Cette cathédrale est l’image du pays que, je l’espère, le Canada
deviendra. Aussi longtemps que je vivrai, aussi longtemps que je
pourrai travailler au service de mon pays, je repousserai l’idée de
modifier la nature de ses différents éléments. Je veux que le marbre
reste marbre, que le granit reste granit, que le chêne reste chêne;
je veux utiliser tous ces éléments pour bâtir une nation qui sera à
la tête des grandes puissances du monde.»
Laurier a en effet bien bâti. Près de 100 ans plus tard, le
président des États-Unis, Bill Clinton, allait déclarer au Parlement
du Canada, et je cite :
«Dans un monde assombri par des conflits ethniques qui déchirent
littéralement des nations, le Canada nous a donné à tous un exemple
de la façon dont des gens de cultures différentes peuvent vivre et
travailler ensemble dans la paix, la prospérité et le respect.»
En accueillant, au cours des 100 dernières années, des millions de
gens de langues, de religions et de milieux différents venus de
toutes les régions du monde, nous avons bâti un pays où tous avaient
des perspectives d’avenir. Les Canadiens estiment aujourd’hui que
nos deux langues officielles et notre patrimoine multiculturel sont
de grandes sources de richesse pour notre société et, en fait, un
modèle pour le prochain siècle.
Il y a deux jours, nous avons célébré le centième anniversaire de la
naissance de Lester Pearson. Bien sûr, le fait que M. Pearson soit
le seul premier ministre du Canada à être né à Toronto est une des
raisons pour lesquelles il est notable dans cette ville. Je sais
qu’il peut sembler remarquable qu’une grande ville comme Toronto ait
engendré un seul premier ministre. Mais, il en va de même de
Shawinigan…
J’ai été élu au Parlement l’année où M. Pearson est devenu premier
ministre. Nous étions très différents l’un de l’autre. M. Pearson
était un anglophone qui parlait à peine le français; fils et
petit-fils de ministre méthodiste, c’était un grand diplomate qui
choississait soigneusement ses mots. Lorsque j’ai fait sa
connaissance, en 1963, je parlais à peine l’anglais et je n’étais
certainement pas méthodiste; et, d’après Aline, je ne choisissais
pas toujours mes mots avec soin.
J’étais jeune et lui ne l’était pas, mais j’ai vite découvert que
son coeur et son esprit étaient toujours du côté des jeunes. Il
voulait faire du Canada un pays plus juste, plus tolérant et plus
généreux pour les générations futures de Canadiens, indépendamment
de leur ascendance. Tel doit toujours être notre but. Il a eu le
courage de transformer son pays par rapport à ce qu’il était
auparavant.
Lorsque je suis arrivé à Ottawa, un francophone se sentait trop
souvent comme un étranger dans la capitale de son pays. Aujourd’hui,
nous avons une capitale bilingue et biculturelle où deux grandes
langues, le français et l’anglais, coexistent. Quand je suis arrivé
à Ottawa, le pavillon de la marine marchande britannique surmontait
les édifices du Parlement. Aujourd’hui, notre propre drapeau,
symbole de fierté nationale que nous a légué M. Pearson, flotte
au-dessus des édifices Parlement.
Quand je suis arrivé à Ottawa, nous n’avions pas de régime de
pensions du Canada fondé sur les contributions des citoyens; nous
n’avions pas de régime canadien de prêts aux étudiants, et nous
n’avions pas non plus de régime de soins médicaux. Grâce à M.
Pearson et à ses collègues, ces grands programmes sociaux sont
maintenant en place. Nous devons aujourd’hui relever le défi de les
maintenir, de les étendre et de les adapter aux besoins du XXIe
siècle.
Au début du XXe siècle, il n’existait ni régime de soins médicaux,
ni pensions; il y avait peu d’universités et un grand nombre de
petites villes. Mais les rêves étaient nombreux. Je ne sais pas à
quoi rêvait le jeune Lester Pearson à Toronto, il y a un siècle,
mais je sais qu’il en est venu à partager le rêve de Laurier de voir
le Canada, au XXe siècle, prendre sa place parmi les nations du
monde et diriger par la force de l’exemple, et non par le recours
aux cuirassés et aux fanfaronnades. Nous, les Canadiens, avons vécu
ce siècle, combattu lors de ses guerres, célébré la paix, partagé
nos richesses, amélioré la vie de nos citoyens et gagné le respect
du monde. Nous entreprendrons le nouveau siècle avec autant de
confiance que Laurier en avait au début du XXe siècle. Ce que nous
avons partagé est le patrimoine dont nous avons hérité; ce que nous
ferons ensemble sera ce que nous léguerons aux générations futures.
Nous sommes fermement attachés aux valeurs sociales et nous avons un
sentiment profond de responsabilité sociale collective. C’est une
des choses qui font du Canada un pays où il fait si bon vivre. Nous
avons établi un régime public de soins de santé universel qui est
devenu partie intégrante du tissu même de notre société. Nous ne
croyons pas aux soins de santé à deux niveaux. Pour nous, l’accès au
régime de soins de santé doit être déterminé strictement par les
besoins médicaux de la personne, et non par la taille de son compte
en banque.
Comme je l’ai dit, j’étais présent lorsque M. Pearson a instauré le
régime de soins médicaux. Je veux être le premier ministre qui
travaillera avec les Canadiens au cours des années à venir pour
consolider, moderniser et étendre notre régime public de soins de
santé universel de manière à répondre aux nouveaux besoins du XXIe
siècle.
Notre sentiment de responsabilité sociale se traduit par un
engagement profond à assurer une retraite convenable à nos personnes
âgées. Nombre de pays n’ont pas encore réussi à effectuer les
réformes nécessaires pour garantir le maintien de leurs régimes
publics de pensions au cours du prochain siècle. Je suis très fier
du fait que nous, les Canadiens, avons récemment pu prendre les
décisions difficiles requises pour assurer la modernisation et la
viabilité à long terme de notre régime public de pensions.
Mais, tout comme des premiers ministres passés ont pris des mesures
qui ont considérablement réduit la pauvreté chez les personnes
âgées, je veux être le premier ministre qui travaillera avec les
Canadiens pour venir à bout du grand défi social de l’heure, soit
réduire la pauvreté des familles ayant des enfants.
Notre sentiment communautaire se trouve dans notre engagement à
assurer la sûreté de nos quartiers et de nos villes. Une façon
d’atteindre ce but consiste à profiter des leçons d’autres pays.
Nous avons récemment adopté une des lois les plus strictes du monde
occidental en matière de contrôle des armes à feu. Et je dois dire
qu’en dépit du grand succès de l’ALENA, je suis très heureux que la
National Rifle Association ait échoué dans sa tentative pour
exporter certaines de ses compétences au Canada. Je sais qu’il y a
aujourd’hui des dirigeants politiques qui souhaitent abroger la loi
sur le contrôle des armes à feu. Mesdames, Messieurs, ce n’est pas
le cas de votre premier ministre actuel.
En raison de notre sentiment communautaire et du fait que notre
population est relativement peu nombreuse mais dispersée sur un
vaste territoire, le gouvernement a joué un rôle important dans le
développement de notre pays. Nous croyons que le gouvernement peut
et doit être un agent de bien au sein de la société. Mais nous
savons également que la seule façon dont un gouvernement peut se
concentrer sur les besoins de l’avenir consiste à résoudre
efficacement, au moment présent, les problèmes financiers hérités du
passé.
Notre gouvernement est bien avancé dans la quatrième année de son
mandat. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons fait face
à d’énormes problèmes financiers. Un déficit représentant près de 6
% du produit national brut et des paiements d’intérêt sans cesse
croissants limitaient sérieusement notre liberté de prendre des
décisions au sujet de notre avenir collectif. Plus nous versions
d’argent aux banques, moins il nous en restait pour les priorités
chères aux Canadiens. Plus nous étions endettés, plus nos taux
d’intérêt étaient élevés, moins nos gens d’affaires pouvaient
investir, de telle sorte que le chômage dépassait les 11 % lors de
notre arrivée au pouvoir.
Nous avons donc pris des mesures radicales et décidées. Notre bilan
financier, qui était alors le pire du G-7 après celui de l’Italie,
est maintenant le meilleur. D’ici la fin de la présente année
financière, notre déficit sera inférieur à 2 % du produit national
brut. Et dès 1998-1999, à supposer que nous mesurions nos comptes de
la même manière que les autres pays occidentaux, nous serons le seul
pays du G-7 dont les finances seront en équilibre. Et nos taux
d’intérêt sont maintenant plus bas qu’ils l’ont été en l’espace de
35 ans.
Résultat des politiques économiques du gouvernement libéral : Le FMI
place le Canada en tête des pays industrialisés dans ses prévisions
économiques pour 1997-1998. Selon ces prévisions, l’économie
canadienne connaîtra cette année, une croissance de 3,5 % et 3,4 %
en 1998. Il y a deux jours, le directeur du FMI notait que les
données de base sont solides et laissent espérer une bonne
performance pour de nombreuses années. Il félicite le gouvernement
canadien pour avoir créé l’atmosphère propice à la croissance.
Aujourd’hui, les commentateurs de la presse internationale qui, il y
a quatre ans, qualifiaient le Canada de grand invalide sur le plan
économique, parlent maintenant du «miracle canadien» et nous citent
en exemple au reste du monde.
Quelle réalisation remarquable! Mais c’est beaucoup plus que la
réalisation du gouvernement. C’est celle de toute une nation. Les
Canadiens et Canadiennes souhaitaient que ce la se fasse. Leur
discipline et leur engagement ont été à la base de ce beau travail.
C’est à eux que revient par-dessus tout le mérite des progrès que
nous avons accomplis.
Le redressement de notre situation financière ne dégage pas le
gouvernement de ses responsabilités. Il lui permet plutôt de
s’acquitter de celles-ci. À mon avis, les gouvernements des pays
occidentaux seront jugés non seulement d’après leur capacité de
mettre de l’ordre dans leurs finances, mais aussi d’après les
priorités qu’ils établiront une fois qu’ils disposeront de la marge
financière voulue pour agir. Les priorités que se donne un
gouvernement sont un reflet des valeurs auxquelles il adhère.
Dans notre dernier budget, nous avons commencé à prendre des mesures
dans trois domaines prioritaires en vue de préparer notre pays au
prochain siècle. Premièrement, nous avons commencé à affecter des
ressources pour réduire la pauvreté des enfants; deuxièmement, afin
de nous préparer à évoluer dans le contexte économique du XXIe
siècle, nous avons affecté des ressources importantes aux postes de
l’infrastructure de recherche et de développement de notre pays et
de l’accès à l’instruction post-secondaire; troisièmement, nous
avons consacré des ressources à la modernisation de notre régime
public de soins de santé qui est si cher aux Canadiens et
Canadiennes. Ces domaines continueront de représenter nos grandes
priorités au fur et à mesure que nous disposerons d’une plus grande
marge de manoeuvre financière.
Nous n’avons pas achevé la besogne, mais nous sommes en avance sur
notre échéancier. Nous ne pouvons pas dévier de notre direction en
ce qui concerne les finances publiques, et nous ne le ferons pas. Ce
n’est pas le moment de laisser aller les progrès remarquables que
nous avons faits au cours des quatre dernières années. Je veux être
le premier ministre dont le gouvernement jettera les bases d’une
économie forte et d’une société forte pour le XXIe siècle.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que la lumière au bout du tunnel
apparaît de plus en plus vive. Cela signifie que nous ne sommes plus
forcés de nous limiter à faire des choix difficiles quant aux
coupures à effectuer. Nous avons maintenant la liberté et la
possibilité de faire des choix quant à la manière dont nous
investirons en prévision du XXIe siècle. Les Canadiens et
Canadiennes doivent maintenant décider quel genre de pays ils
veulent bâtir avec les fruits de notre effort collectif pour
rétablir la santé de nos finances publiques. Et ces choix iront au
coeur même des valeurs auxquelles nous tenons comme société.
J’ai fait allusion tout à l’heure au courage dont M. Pearson a fait
preuve pour transformer notre pays. La tâche n’est pas plus facile
maintenant qu’elle ne l’était à son époque. M. Pearson s’est
appliqué à concilier les points de vue et les attitudes très
disparates d’un pays aussi vaste que le nôtre. Il croyait à la
collaboration entre les gouvernements; il parlait toujours du
fédéralisme coopératif; son succès a tenu au fait qu’il franchissait
une étape solide à la fois. Parce que gouverner est difficile et
parfois imprévisible, il avançait parfois de deux pas et régressait
d’un, ou même s’engageait sur une voie parallèle. Mais il parvenait
toujours à son but. Cette leçon, je l’ai apprise de lui, je
l’applique au gouvernement du pays et je continuerai à l’appliquer
dans les années à venir.
Tout comme nous avons apporté des changements fondamentaux à la
gestion économique du pays, nous avons redoublé d’efforts, en
particulier depuis le référendum tenu au Québec, pour assurer le
fonctionnement harmonieux du Canada. Cela veut dire chercher à
résoudre les problèmes de toutes les provinces et de toutes les
régions, et non pas seulement de la Colombie-Britannique, ou des
Provinces atlantiques, non pas seulement de l’Ontario, ou du Québec,
ou des Prairies, mais de tout le Canada. Renforcer et unir le Canada
sont une tâche quotidienne. Et nous apportons des changements très
importants sans faire de bruit, pratiquement, un à un, mais,
par-dessus tout, avec succès. En voici dix exemples.
Un : les ententes sur la main-d’oeuvre conclues avec le Québec,
l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse,
la Colombie-Britannique et Terre-Neuve;
Deux : l’entente sur les pêches avec la Colombie-Britannique;
Trois : l’entente sur la résidence avec la Colombie-Britannique;
Quatre : l’entente avec l’Alberta sur la protection de la Loi
canadienne sur la santé;
Cinq : l’entente avec toutes les provinces afin d’établir une
prestation fiscale nationale pour enfants destinée à réduire la
pauvreté des enfants;
Six : Équipe Canada, les trois missions commerciales les plus
fructueuses de l’histoire du Canada, qui ont réuni le premier
ministre du Canada, les premiers ministres provinciaux et des
représentants du secteur privé afin de rechercher des marchés à
l’étranger et de créer des emplois au pays;
Sept : la toute première entente sur le commerce intérieur entre
les provinces;
Huit : l’entente visant à réviser et à maintenir le Régime de
pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec pour en
assurer la viabilité à long terme;
Neuf : l’entente avec les provinces sur l’harmonisation en matière
d’environnement;
Dix : la résolution relative à la société distincte adoptée par la
Chambre des communes.
Ce sont là seulement dix exemples. Et je n’ai rien dit de la loi qui
accorde à chaque région un veto sur les modifications
constitutionnelles. Ni de la limitation du pouvoir fédéral de
dépenser. Ni de la clarification des rôles et des responsabilités
des gouvernements dans des domaines comme le logement social, les
mines et les forêts. Ni du transfert canadien pour la santé et les
programmes sociaux. Rien de cela n’est spectaculaire : ce n’est pas
mon genre. Mais, tout comme nos réformes économiques et sociales
nous mettent en bonne posture pour profiter des occasions qui seront
offertes au XXIe siècle, notre collaboration avec les provinces pour
réviser le fonctionnement de notre pays fait que nous aborderons le
nouveau siècle avec une approche du gouvernement à la fois moderne
et tournée vers l’avenir.
Maintenir l’unité du Canada est la tâche et la responsabilité la
plus importante d’un gouvernement national et d’un premier ministre.
J’ai passé ma vie à bâtir ce pays. J’ai passé ma vie à travailler
pour que mes concitoyens et ma province puissent en être des
partenaires à part entière, et puissent apporter une pleine
contribution à ce pays qui couvre un continent. J’ai passé ma vie à
m’efforcer de faire de ce pays une terre offrant des perspectives
d’avenir à tous. J’ai passé ma vie à travailler pour unir ce pays.
On prononcera beaucoup de discours et on prendra beaucoup
d’engagements au cours des jours et des semaines à venir. Je veux
conclure aujourd’hui en disant simplement ceci : de tous les
engagements que je prendrai, il y en a un qui l’emporte sur tous les
autres mis ensemble. Cet engagement est le suivant : j’entends
consacrer toutes mes énergies à travailler, avec le soutien de mes
collègues et de mes concitoyens, à maintenir l’unité de notre
merveilleux pays et à en faire un modèle pour le monde.
[CChrétien=19970325]
[lieu=qué]
La quatrième année du mandat du gouvernement que j’ai l’honneur de
diriger est déjà bien entamée. J’aimerais aujourd’hui vous parler de
ce que nous avons accompli depuis 1993, et vous dire comment
j’envisage l’avenir de notre pays.
Quand j’évoque mes 30 années et plus de vie publique, souvent je me
rends compte que les problèmes du moment nous accaparent tellement
qu’on en perd parfois le sens de la perspective. Et je crois qu’il
ne faut surtout pas perdre de vue nos plus grandes réalisations.
Quand je vois ce que nous avons fait ensemble, la distance que nous
avons parcourue et le modèle que nous avons créé, je comprends
pourquoi notre pays est le meilleur. Je crois profondément que les
Canadiens et les Canadiennes, dans toute leur diversité ont bâti un
pays vraiment remarquable et unique au monde.
Je voudrais que chacun de mes concitoyens puisse partager les
expériences que j’ai connues lors de mes rencontres avec des
dirigeants et des citoyens de toutes les régions du monde. Notre
pays a une réputation extraordinaire. Nous sommes vraiment
considérés comme un modèle, en raison tant du rôle que nous jouons
sur la scène mondiale que de la société que nous avons créée. Ce qui
distingue le Canada, c’est que sa réussite matérielle repose sur
l’édification d’une société généreuse à l’endroit de tous ses
citoyens et fière de sa diversité et de sa tolérance.
Cela dit, il ne fait pas de doute que, lorsque nous avons formé le
gouvernement, notre pays vivait un déclin économique. Comme le
paiement des intérêts de la dette accaparait une part de plus en
plus grande de la richesse nationale, nous avions de moins en moins
de latitude pour décider de notre avenir et répondre aux besoins
collectifs. L’état de nos finances était l’un des pires parmi les
pays les plus avancés. Vous vous rappelez sans doute fort bien
qu’ici, au Québec en 1995, les tenants de la séparation disaient que
le Canada est en faillite, et sans avenir.
Il y a quatre ans, nous étions aux prises avec un cercle vicieux
d’accroissement de la dette, de coûts d’intérêt élevés, de faible
confiance en l’économie et de limitation des ressources
gouvernementales applicables aux programmes. Il fallait des mesures
radicales pour rétablir la santé financière et économique du Canada.
Et c’est ce que nous avons fait, selon moi. Grâce aux quatre budgets
de Paul Martin, nous avons rétabli la confiance dans le Canada ;
nous avons rétabli la confiance dans la façon dont le gouvernement
fédéral fait les choses ; nous avons rétabli notre souveraineté
économique ; et nous sommes redevenus libres de décider de notre
avenir, comme pays et comme société. Ce ne sera plus Wall Street qui
pourrait nous forcer la main.
La clé de notre approche a consisté en une planification soigneuse,
et même prudente, pour assurer l’atteinte de nos objectifs. Et nous
nous sommes fixé des buts à la fois ambitieux et réalistes. Nous
savions que l’adaptation à la réduction des dépenses serait pénible
et nous voulions donner aux contribuables, aux provinces et à
l’économie le temps voulu pour s’y habituer.
Je sais parfaitement combien les mesures financières que nous avons
prises ont été difficiles pour les Canadiens et pour nos partenaires
des provinces. Mais nous avons fait tout en notre pouvoir pour
répartir équitablement nos compressions : en fait, les réductions
les plus fortes ont presque toutes été effectuées dans les dépenses
de programmes fédéraux directs, comme les subventions aux
entreprises, les programmes de transport, les subventions à
l’agriculture, la défense et l’aide à l’étranger. Les Canadiens qui
dépendaient directement des programmes de soutien du revenu du
gouvernement fédéral ont été protégés. C’est le cas des retraités
par exemple. Et nous avons veillé à ce que les compressions
apportées à nos propres programmes dépassent les réductions de nos
transferts aux provinces.
Les avantages de cette stratégie sont manifestes. Nous voyons
renaître la confiance des entreprises, des consommateurs et des
prêteurs. Le regain de confiance de ces derniers, en particulier, a
eu des effets spectaculaires. Ainsi, au cours des deux dernières
années, les taux d’intérêt ont diminué de près de 5 points et demi.
Depuis 20 ans, les taux d’intérêt à court terme ont été en moyenne
supérieurs de deux points au Canada à ce qu’ils étaient aux
États-Unis. Mais au moment même où je vous parle, les taux canadiens
sont d’environ deux points et quart inférieurs aux taux américains.
L’abaissement des taux d’intérêt se répercute sur les finances
publiques et aide les gouvernements tant fédéral que provinciaux à
maîtriser leur situation financière. Les bas taux d’intérêt actuels
font économiser au gouvernement du Québec des centaines de millions
de dollars en intérêt sur sa dette. L’ancien cercle vicieux est
devenu un «cercle vertueux».
Le Canada a maintenant repris une place d’honneur parmi les pays et
les économies bien gérés du monde. Le quotidien français Libération
affirmait récemment que «les experts n’hésitent plus à parler du
miracle canadien». Et le respecté Financial Times, de Londres,
écrivait sur le Canada : «Considérez les faits saillants : une
diminution record des emprunts publics, des taux d’intérêt à la
baisse, une faible inflation et, surtout, une reprise longtemps
attendue de la croissance économique… Cela semble trop beau pour
être vrai. Et pourtant, c’est généralement considéré comme trop
pessimiste.»
Bien que le taux de chômage soit encore trop élevé, notre économie
crée de nouveaux emplois à plein temps. De fait, elle a produit plus
de 700000 emplois depuis que notre gouvernement est en place. La
plupart des économistes prévoient que l’économie canadienne créera
plus de 300000 nouveaux emplois cette année et autant l’an
prochain. Et nous allons poursuivre nos efforts pour créer des
conditions favorables à l’accroissement du nombre d’emplois offerts
aux Canadiens.
Des taux d’intérêt bas constituent le meilleur outil de création
d’emplois possible. Nous verrons cette année les bénéfices réels de
nos politiques qui ont amené la baisse des taux d’intérêt. Ces bas
taux d’intérêt ont mis beaucoup plus d’argent entre les mains des
consommateurs et des entreprises que ne l’aurait fait n’importe
quelle baisse de taxes ou d’impôt.
D’ici 1998-1999, le Canada aura un léger excédent au chapitre de ses
besoins d’emprunt nets. L’année 1969-1970 a marqué la dernière fois
où les besoins financiers du gouvernement fédéral ont été en
équilibre. La plupart des pays industrialisés verraient dans cette
situation financière l’indice d’un budget équilibré. Et nous sommes
très fiers de pouvoir dire que le Canada sera le seul pays du G-7 à
avoir atteint ce but.
À l’aube du XXIe siècle, il est juste de dire que le Canada est bien
placé pour tirer parti de ce que le prochain siècle peut offrir.
Ensemble, nous avons accepté le défi de créer des possibilités pour
nous-mêmes et pour nos enfants. Ensemble, nous nous sommes prouvé,
encore une fois, que nous étions capables de faire cause commune
pour relever les défis.
Ce que nous avons accompli ensemble est important en soi. Fixer des
objectifs est une chose. Les atteindre en est une autre. Mais nous
avons réussi, et c’est ce qui nous permet de reprendre confiance en
nous. Les Canadiens ont maintenant de bonnes raisons d’envisager
l’avenir avec optimisme.
Le travail de redressement de nos finances n’est pas encore terminé,
et nous devons donc maintenir la trajectoire de notre politique
budgétaire. Comme d’autres qui le font en ce moment avec une
certaine légèreté, j’aimerais bien moi aussi pouvoir promettre des
réductions d’impôt. Mais nous n’en sommes pas encore là, même si on
voit enfin la lumière au bout du tunnel. Nous nous rapprochons du
moment où nous pourrons investir davantage dans les domaines
prioritaires comme la pauvreté des enfants, la santé et
l’élargissement de la base de connaissances de notre société.
Gouverner, c’est faire des choix. Choisir, c’est décider des
priorités. Les priorités, en bout de ligne, reflètent des valeurs.
Par exemple, dans le dernier budget Martin, nous avons annoncé des
réductions d’impôt sélectives en faveur des familles à faible
revenu, des organismes de bienfaisance, des personnes handicapées,
des étudiants et des travailleurs qui poursuivent des études
supérieures, ainsi que des parents qui économisent en vue des études
de leurs enfants.
Certains proposent aujourd’hui des réductions immédiates d’impôt qui
favoriseront ceux qui ont le moins besoin d’aide et des compressions
de programmes qui affecteront ceux qui ont le plus besoin d’aide.
Mais ce ne sont pas là nos valeurs, ni nos priorités.
Nous savons que l’avenir appartient aux sociétés dont l’économie est
saine, dont les enfants sont bien préparés, dont la population est
en santé et qui investissent dans le savoir, l’apprentissage et
l’innovation. Ce sont là nos valeurs. Ce sont là nos priorités.
C’est là que nous investirons d’abord nos ressources limitées. Nous
ne couperons pas les programmes dont les Canadiens ont besoin ; nous
ne réduirons pas les impôts de ceux qui en ont le moins besoin avant
d’avoir fait les investissements qu’il faut pour que notre pays
puisse entrer de plain-pied dans le XXIe siècle.
Au Québec, les avantages de l’abaissement des taux d’intérêt et de
la croissance économique qui se produit d’un bout à l’autre du
Canada se font sentir à la fois directement et indirectement. Nous
ne devons pas oublier que 21 % de l’activité économique du Québec
est axée sur les ventes au reste du Canada. Notre économie
provinciale est 15 fois plus intégrée à l’économie du reste du
Canada qu’à celle de nos voisins américains. Pour nous, Québécois,
c’est l’un des nombreux avantages d’être Canadiens.
Malheureusement, à certains égards, le Québec est en retard sur la
majeure partie du Canada. Cela tient à diverses raisons, dont
beaucoup sont d’ordre politique. Le gouvernement du Québec a été
plus lent que celui des autres provinces à réagir au besoin de
redresser ses finances. Il n’y a pas de doute que le référendum de
1995 a considérablement retardé l’inévitable. Mais le gouvernement
du Québec prend maintenant les moyens pour remettre de l’ordre dans
ses finances. Cependant, on ne peut douter que la menace persistante
d’un autre référendum nuit à la confiance des investisseurs et des
consommateurs et contribue à maintenir au Québec un taux de chômage
beaucoup plus élevé que dans l’ensemble du Canada.
De notre côté, nous avons tiré des enseignements de cette période de
grande tension et d’instabilité que nous avons vécue en 1995.
Depuis, nous faisons de notre mieux pour que notre pays évolue de
manière à nous éviter collectivement les angoisses et les
conséquences d’un autre référendum.
Dans tout ce que nous faisons, nous nous fondons sur le grand
principe voulant que le gouvernement ait pour obligation de tout
mettre en oeuvre pour répondre aux besoins des Canadiens. Notre
philosophie du fédéralisme est que la collaboration entre les
différents ordres de gouvernement au Canada est nécessaire pour
répondre le mieux possible à leurs besoins. Nous sommes conscients
que les gens de ce pays s’attendent à ce que leurs gouvernements
relèvent les défis posés ensemble, sans se chicaner continuellement.
C’est tout particulièrement dans cet esprit que mon gouvernement
travaille pour réformer et améliorer davantage le Canada.
Il existe une foule d’exemples de ce que, nous, Canadiens, avons pu
réaliser quand nous avons choisi de travailler de concert, quand les
gouvernements ont décidé de collaborer entre eux, dans l’intérêt de
tous. Grâce aux missions d’Équipe Canada, nous avons pu ouvrir de
nouveaux marchés, attirer des investissements et créer des emplois.
Et je crois que les Québécois sont heureux de constater que leurs
gouvernements, à Québec et Ottawa, peuvent travailler ensemble pour
régler des questions économiques.
Nous avons pu rétablir la confiance autour de la création d’emplois
grâce, notamment, au programme d’infrastructure fédéral, provincial
et municipal. Comme vous le savez, nous avons prolongé ce programme
d’une autre année. Et je crois encore une fois que les Québécois
sont heureux de voir que nous avons joint nos efforts pour faire
progresser ce dossier.
Nous avons été capables de protéger nos régimes de pension publics à
la suite d’une entente conclue entre le gouvernement fédéral et les
provinces. Garantir une pension aux retraités au cours des
prochaines décennies est un défi qu’essaient de relever plusieurs
gouvernements dans le monde. Nous, au Canada, nous y sommes
parvenus. C’est là une réalisation extraordinaire. Je crois que les
Québécois sont satisfaits de voir que nos gouvernements ont pris
ensemble les décisions qui s’imposaient pour y arriver.
Nous avons pu rationaliser la fonction publique et réduire le
dédoublement et les chevauchements coûteux dans différents domaines
comme l’environnement, le logement social, les forêts et les mines.
Je crois que les Québécois sont heureux de constater que leurs
gouvernements ont collaboré dans ces dossiers.
Dans le dossier de la formation de la main-d’oeuvre, nous avons déjà
signé des ententes avec trois provinces. Une quatrième est sur le
point d’en faire autant. Et je suis convaincu que nous sommes en
mesure de signer une entente avec le Québec qui nous permettra de
régler une fois pour toutes ce dossier, tel que les gouvernements
successifs du Québec le demandent depuis de nombreuses années. Tous
les éléments sont réunis pour le faire et nous croyons que, dans
l’intérêt des travailleurs et des travailleuses du Québec, le plus
tôt sera le mieux.
Enfin, grâce toujours à la collaboration fédérale-provinciale, nous
pouvons maintenant commencer à aider beaucoup de nos enfants à
sortir de la pauvreté et à s’épanouir. Je crois qu’il est important
pour les Québécois que les gouvernements s’attachent, ensemble, à
régler les véritables problèmes des familles avec enfants à faible
revenu.
Je viens juste de démontrer que nous sommes capables de travailler
ensemble ; que, de concert, nous pouvons régler des problèmes, que
nous avons fait de réels progrès ensemble; que le Canada marche bien
et qu’il est capable de faire encore mieux si nous continuons de
collaborer.
La force et l’unité de ce pays ne tiennent pas à la seule
Constitution. Ce qui cimente ce pays, c’est une économie forte et
prospère ; c’est cette terre de liberté où tous les espoirs sont
permis, cette terre où les gens se sentent en sécurité et sont
respectés par delà leurs différences. C’est également une société
démocratique qui affirme et soutient les valeurs communes que sont
la tolérance, la générosité, l’équité, la compassion et le respect
de la diversité. C’est ça être Canadien.
Et c’est aussi pourquoi, nous, les Québécois, pouvons avoir un sens
aigu de notre identité et la fierté d’être Québécois, tout en
ressentant également une immense fierté à l’égard du Canada et du
fait d’être Canadiens. Et l’un n’a jamais eu besoin d’exclure
l’autre.
Ainsi, bien que l’immense valeur de ce pays ne réside pas dans sa
seule Constitution, la modernisation du Canada doit aussi s’y
intéresser. Comme vous le savez sans doute, le gouvernement du
Canada ne peut modifier seul la Constitution. Les provinces doivent
y participer. Vous savez également que le gouvernement péquiste ne
veut pas parler de constitution, et encore moins participer à la
réforme de la fédération. Cette attitude négative limite ce que nous
pouvons faire sur le plan constitutionnel, mais ne nous empêche pas
d’aller de l’avant en pratique sur beaucoup d’autres plans.
[CChrétien=19971128]
[lieu=ont]
Votre Excellence, Président Jiang Zemin, distingués invités,
mesdames et messieurs.
Monsieur le Président, je vous souhaite la bienvenue à Toronto, dans
cette grande ville où il n’y a rien d’inhabituel à croiser des gens
originaires du monde entier. Cette diversité n’est qu’un avant-goût
de ce que vous trouverez partout dans notre grand pays.
Nous avons bâti un pays diversifié en accueillant des personnes
provenant du monde entier et désirant venir au Canada prendre un
nouveau départ dans la vie. La communauté sino-canadienne, dynamique
est un des piliers de notre identité nationale.
Mesdames et messieurs, notre présence, au Président Jiang et à
moi-même, est la preuve que le Canada et la Chine sont résolus à
resserrer leurs liens économiques et commerciaux bilatéraux. Notre
engagement commun vaut pour le long terme.
Il y a vingt-sept ans, le Canada et la Chine se sont engagés
officiellement sur une nouvelle voie historique.
Que d’eau a coulé depuis sous le pont. La guerre froide est chose du
passé. La mondialisation a transformé l’économie internationale.
L’Asie est devenue une puissance économique. Et le peuple chinois
est en train, comme jamais dans son histoire, de mettre tout son
potentiel créatif en oeuvre.
Les temps ont changé, mais l’amitié et la compréhension réciproque
demeurent au coeur des relations Canada-Chine.
Au cours des dernières années, le commerce, les échanges et les
investissements sont devenus les aspects les plus dynamiques de
notre partenariat. Depuis la visite historique en Chine d’Équipe
Canada, en 1994, la valeur et la portée de nos échanges ne cessent
de s’accroître. D’ailleurs, quand on inclut les échanges commerciaux
entre le Canada et Hong Kong, la Chine est maintenant notre
troisième plus important partenaire commercial.
C’est aux gens d’affaires, Canadiens et Chinois, présents dans cette
salle qu’on doit l’essentiel de cette formidable réalisation. Je
vous en félicite !
Les entrepreneurs canadiens sont emballés par l’énorme potentiel
économique de la Chine. Je l’ai constaté à l’occasion de la visite
d’Équipe Canada. Je l’ai constaté dans le travail énorme
qu’accomplit le Conseil commercial Canada-Chine.
Et je peux affirmer la même chose en ce qui a trait à notre désir
d’explorer de nouvelles occasions d’affaires dans l’ensemble de la
région Asie-Pacifique.
Les Canadiens et Canadiennes ont acquis un nouveau sens du
voisinage, un voisinage pan-pacifique.
Pour bien le manifester, nous avons désigné 1997 « Année canadienne
de l’Asie-Pacifique ». Le monde entier a d’ailleurs eu l’occasion de
sentir cet enthousiasme, il y a quelques jours à peine à Vancouver,
où j’ai eu l’honneur de présider la rencontre des dirigeants
économiques de l’APEC.
La Chine occupe une place très importante dans ce voisinage. En tant
que bons voisins, nous collaborons sur tout un ensemble de dossiers,
les uns nous rapprochant et les autres nous séparant.
Nous croyons que l’indignation et la rhétorique, à elles seules, ne
remplacent pas une politique saine et efficace. Ce qui importe ce
sont le dialogue et la compréhension des points de vue réciproques.
C’est ainsi que l’on peut progresser.
Monsieur le Président, nous avons tous deux déjà parlé du profond
respect que les Canadiens vouent aux droits de la personne. Les
Canadiens ont bâti un pays fondé sur le respect des droits
individuels et une responsabilité collective pour assurer le
bien-être économique et social de tous nos concitoyens.
Cela étant, nous estimons que l’expression libre et ouverte de
points de vue opposés n’a rien de menaçante. Bien au contraire,
notre histoire nous enseigne que cela peut-être une source de force
nationale.
Sous votre direction, la Chine emprunte la voie du renouveau et de
la transformation. Nous saluons vos réalisations pour répondre aux
besoins économiques du peuple chinois, le droit à l’alimentation,
à la sécurité économique, au développement et à la promotion d’une
économie axée sur les connaissances.
Nous croyons dans la valeur que présente la mise en commun de nos
expériences respectives, et dans le fait de cheminer aux côtés de la
Chine. Nous le faisons et continuerons à le faire, pas seulement
dans le domaine économique, mais également en matière de droits
individuels. Par exemple, nous fournissons une aide technique à la
Chine pour l’aider à atteindre son objectif de mettre en place un
cadre juridique entièrement renouvelé d’ici la fin du siècle. Nous
lui faisons bénéficier de notre expérience dans le domaine de la
formation et de l’aide juridique.
Et nous collaborons à la mise en oeuvre de vos projets audacieux
pour réformer la fonction publique.
Mesdames et messieurs, les problèmes économiques qui affligent
certains pays de l’Asie-Pacifique retiennent énormément l’attention
depuis quelque temps. Il s’agit bien sûr d’une situation que la
Chine, le Canada et le reste du monde ont grandement intérêt à
résoudre. À Vancouver, nous avons discuté de ce qui est nécessaire
pour stabiliser la situation. Les mesures mises en oeuvre
actuellement doivent bénéficier d’un vaste appui et contribuer à
rétablir la confiance dans la région.
La contribution de la Chine à ce vaste effort de collaboration est
grandement appréciée.
Il ne faut surtout pas oublier que l’économie chinoise repose sur
des bases très solides. En effet, selon le Fonds monétaire
international, l’économie de ce pays devrait connaître une
croissance de 9,5 % cette année. Les horizons semblent donc
prometteurs.
À l’heure où l’économie de la Chine connaît un regain de vigueur, la
nôtre se porte également très bien.
En quatre ans, le Canada a créé près de 1000000 d’emplois. Nos
taux d’intérêt sont passés sous les taux américains. Notre taux
d’inflation est inférieur à 2 % par an. Notre croissance frise
les 4 % et nous avons le taux de création d’emplois le plus
haut des pays du G7.
Nous avons éliminé le fardeau que le déficit aurait pu représenter
pour les générations à venir. Nous avons commencé à investir dans
les besoins de nos citoyens et nous avons commencé à réduire la
dette en proportion de la taille de notre économie.
Les conjoncturistes internationaux sont unanimes : ils prévoient
que, de tous les pays du G7, c’est le Canada qui connaîtra la
meilleure performance économique au début du prochain siècle. Cela
étant, on sent souffler dans les autres pays un nouveau vent
d’optimisme à propos du Canada.
Monsieur le Président, l’économie canadienne, qui est de nouveau sur
ses rails, a beaucoup à offrir à la Chine, dans les efforts qu’elle
déploie pour moderniser son économie. Comme vous me le disiez
vous-même, nos économies se complètent.
La liste de nos réussites commerciales est impressionnante. Nous
applaudissons à vos projets de construire des fonderies d’aluminium
et de produire, avec nous, des wagons de passagers de grande
qualité, pour les chemins de fer chinois. Nous avons appris avec
plaisir que les Canadiens ont remporté un contrat de fourniture de
turbines hydroélectriques de génératrices pour le projet des Trois
Gorges et d’autres projets énergétiques. La technologie canadienne
vient de faire une percée dans le marché de l’habitation chinois, et
nos entreprises de télécommunication jouissent d’une excellente
réputation.
À l’heure où l’économie chinoise connaît une croissance foudroyante,
on voit apparaître de nouvelles occasion d’affaires intéressantes.
Par exemple, notre secteur des services financiers vient d’effectuer
quelques percées notables. Nous sommes en train d’ouvrir un centre
d’information pédagogique à notre ambassade de Beijing, afin de
promouvoir nos compétences dans le domaine des services éducatifs.
Des Canadiens participent, à Beijing, à la construction d’un hôpital
qui sera à la fine pointe du progrès.
Le Canada se réjouit des nouveaux débouchés commerciaux en Chine, et
des investissements chinois au Canada. Historiquement, notre
ouverture à l’investissement étranger a été une des clés de notre
prospérité soutenue et de notre qualité de vie sans égal. J’en
profite donc pour signaler aux investisseurs chinois que le Canada
est un pays auquel il vaut vraiment la peine de s’intéresser.
Nous occupons une position privilégiée pour accéder au marché
nord-américain de 386000000 de consommateurs. Nos entrepreneurs
sont énergiques. Notre main-d’oeuvre est très compétente. Nos
réseaux de transport et de communication sont inégalés dans le
monde. Le Canada est un chef de file en matière d’utilisation des
technologies de l’information. Nous possédons d’excellentes écoles
et nos quartiers résidentiels sont particulièrement sûrs. Enfin, et
pour la quatrième année de suite, les Nations unies viennent de
déclarer que le Canada est le premier pays du monde au chapitre de
la qualité de la vie.
Monsieur le Président, les relations économiques Canada-Chine
s’épanouissent, mais au risque de vous paraître âpre au gain, je
dirais que nous voulons qu’elles s’épanouissent davantage.
D’ailleurs je sais bien que vous ressentez la même chose.
N’est-ce pas d’ailleurs pour cela que nous avons signé quantité
d’accords au cours de votre visite, des accords qui augurent fort
bien. Nous irons jusqu’à doubler le nombre de liaisons aériennes et
de vols entre le Canada, Beijing et Shanghai dans les prochaines
années. Nous avons convenu de travailler en plus étroite relation
sur les dossiers du tourisme, de l’environnement et d’accorder un
meilleur appui aux petites et moyennes entreprises.
Mesdames et messieurs, nous sommes à l’aube d’un nouveau millénaire.
Nous vivons dans un monde aux prises avec des changements sans
précédent. La voie de la transformation, historique, sur laquelle la
Chine vient de s’engager sous la direction du Président Jiang, est
l’un des meilleurs exemples de ce que je viens d’affirmer.
Monsieur le Président, sachez que le Canada sera à vos côtés, dans
un esprit d’amitié et de compréhension mutuelle, dans cette marche
que vous avez entreprise, vous-même et votre peuple. Cet esprit
trouve son expression dans notre volonté de développer nos relations
économiques et dans notre ardent désir de collaborer sur les
dossiers qui nous séparent encore.