Mes chers amis,
Depuis mon assermentation au poste de Ministre d’État à l’Éducation, c’est la première fois que l’occasion m’est donnée d’adresser la parole à un groupe d’éducateurs de l’enseignement professionnel. Je suis très heureux que ce premier contact avec ce secteur particulier de notre système d’éducation soit pour vous rencontrer, car vous êtes parmi cette catégorie d’enseignants qui méritez le plus les considérations bienveillantes du ministère, puisque vous avez la lourde responsabilité de former les étudiants de l’enseignement professionnel du premier cycle, c’est-à-dire l’initiation au travail.
Cette clientèle particulière composée d’élèves qui ont connu, au cours de leurs études élémentaires des difficultés persistantes, est caractérisée par une certaine mésadaptation. Le niveau de lecture de ces jeunes étudiants est généralement assez bas et de plus, ils semblent incapables d’écrire ou de calculer convenablement, ils sont, en somme, ceux que l’on accable de punitions ou encore que l’on laisse dormir dans leur coin, parce qu’on les juge inaptes à apprendre les disciplines fondamentales.
Ces élèves posent évidemment, au système scolaire en général et aux maîtres en particulier, des problèmes délicats et complexes.
De quelque manière que l’on s’y prenne, nous avons le devoir de les récupérer. Si les retardés scolaires ne peuvent supporter, ni le style, ni le rythme d’activité, ni l’atmosphère de la classe traditionnelle, nous avons la responsabilité de créer pour eux un milieu éducatif qui les amènera progressivement, à travailler avec goût et à aimer l’étude.
L’erreur majeure que nous pourrions commettre serait de les replacer dans des conditions analogues qui ont causé leur échec. Dans l’élaboration de l’école nouvelle, nous devons nous rappeler que l’école traditionnelle a été pour eux une sorte de prison qui les a maltraités, qui a ignoré leurs préoccupations personnelles, leurs élans, leurs goûts. Ils ont parfois été déconsidérés et humiliés en classe et sont devenus, par conséquent un problème pour leur famille; ils éprouvent donc du ressentiment et de l’aigreur vis-à-vis le système scolaire.
Il faut donc par le truchement d’un enseignement approprié, conçu en fonction de leurs besoins, les aider à se délivrer d’un lourd passif et leur fournir toutes les chances de se transformer et de s’épanouir.
Le règlement no 1 est une mesure en vue d’établir des structures permettant aux maîtres de réaliser ces objectifs; il est complémenté par le règlement no 4 puisque ce dernier vise à améliorer la qualification des maîtres. Cependant, ces deux règlements sont des mesures à long terme, nous devons donc dans l’immédiat compter sur votre dévouement et sur votre sens des responsabilités pour mener à bonne fin cette tâche considérable de démocratisation scolaire.
Je constate avec plaisir que pour la première fois peut-être, des directeurs et des professeurs des Instituts de technologie et des écoles de métiers, rencontrent sur le plan provincial, des directeurs et des professeurs des commissions scolaires. Connaissant les vertus et les possibilités du travail en équipe, je suis persuadé que enrichissants et qu’il servira les meilleurs intérêts du système scolaire et des étudiants. J’ose espérer que cette nouvelle ère de collaboration se prolongera dans l’avenir et qu’elle sera des plus fructueuses. Les échanges d’idées, entre les deux groupes, permettront sans aucun doute, d’élaborer des contenus mieux adaptés aux besoins des élèves concernés. Vous réussirez, ainsi, à établir ensemble des méthodologies, non seulement actives mais aussi prospectives, c’est-à-dire, visant à découvrir les habiletés naturelles des élèves en vue de les développer au maximum. Les méthodologies de l’enseignement professionnel présentent des aspects particuliers, elles doivent s’inspirer des principes de la pédagogie active tout en tenant compte des critères de performance des entreprises.
En terminant, je voudrais attirer votre attention sur la législation ouvrière existante, relative à certains métiers réglementés. J’invite les personnes qui seront chargées d’élaborer les contenus de formation professionnelle dans les métiers régis par décrets, à rencontrer les représentants des comités paritaires de leur région ou les autorités de la Commission du Salaire Minimum selon le cas, afin que les élèves puissent obtenir les crédits d’apprentissage auxquels ils ont droit ou encore afin de permettre aux étudiants de pouvoir faire des stages dans les entreprises sans enfreindre la loi.