Discours du trône, Québec, 8 janvier 1929

Louis-Alexandre Taschereau, 1920-1936

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Si, à mes souhaits de bienvenue, il m’est agréable de joindre mes meilleurs vœux pour vous et vos familles à l’occasion du nouvel an, je ne puis songer sans un vif regret à mon prochain départ. Mon terme d’office expirera sous peu; mais je garderai toujours le souvenir des relations pleines de cordialité et de sympathie qui nous ont unis.

Celui qui doit bientôt me remplacer a joué un rôle important dans notre province. Son souvenir est encore très vivant parmi vous, et je sais que le plus chaleureux accueil lui est réservé. Je m’y associe de tout cœur, et je me fais l’interprète de tous en disant à sir Lomer et à lady Gouin le bonheur que nous éprouvons à les revoir parmi nous.

Je suis sûr de rendre les sentiments de toute notre population en exprimant la joie que nous cause le retour à la santé de notre Gracieux Souverain. Il ne s’est formulé, nulle part dans l’Empire, des prières plus ardentes que les nôtres pour obtenir son rétablissement. Les membres de la Famille Royale voudront bien croire combien, après avoir partagé leur angoisse, nous nous réjouissons de la convalescence de Sa Majesté.

Peu d’années ont été plus prospères que celle que nous venons de terminer. Une bonne récolte a couronné le travail de nos agriculteurs, qui ont en outre bénéficié d’un marché rémunérateur. Notre province a remarquablement maintenu son effort industriel et commercial. Nous inaugurons l’an nouveau sous d’heureux auspices.

La Commission des accidents du travail a commencé de siéger en septembre dernier. Des milliers de cas lui ont été soumis. Je suis heureux de vous dire qu’ils se règlent rapidement et sans frais pour l’ouvrier. La loi réalise pleinement les espérances du gouvernement.

Nos travaux de voirie ne se sont pas ralentis. La plus grande activité n’a cessé de régner dans nos régions minières. Grâce à un excellent service de protection, nous avons été pratiquement exempts des feux de forêt. Les statistiques vous montreront les progrès accomplis dans le domaine de la colonisation, aussi bien que dans celui de l’hygiène fluidique.

Le développement de la province exige chaque année de nouvelles lois que mon gouvernement s’applique à préparer avec soin afin que Québec tienne son rang parmi les provinces sœurs et ne le cède, dans sa législation, à aucun peuple. Plusieurs projets de loi vous seront donc soumis.

L’opinion publique réclame une loi de presse qui, tout en protégeant les journaux contre des poursuites parfois vexatoires, les empêche cependant d’abuser de la plus grande mesure de liberté qui pourrait leur être accordée. Il vous sera présenté un projet visant à atteindre ce double but.

Le radio est devenu un des grands instruments d’information et d’enseignement. Mon gouvernement a l’intention d’établir un poste d’émission d’où seront irradiés vers nos foyers des programmes agréables et instructifs, s’inspirant de sujets québécois et canadiens.

Le ministère de la Voirie, tente, cet hiver, de tenir quelques-unes de nos grandes routes ouvertes à la circulation des automobiles. Si cet essai est fructueux, on l’étendra à un plus grand nombre de voies publiques. Un important projet vous sera soumis dans le but de compléter en quelques années le réseau de nos routes provinciales avec des matériaux qui en assureront la permanence.

Mon gouvernement ne peut ignorer le nombre et la gravité des accidents survenus aux passages à niveau. Il désire coopérer avec le gouvernement fédéral pour amener graduellement la disparition de ces passages à niveau sur les grandes routes et aux endroits dangereux. Il vous soumettra également un projet de loi pourvoyant à la construction immédiate de plusieurs grands ponts indispensables à la circulation rapide.

L’expérience démontre que les cours abrégés d’agriculture qui se donnent l’hiver produisent d’excellents résultats, de même que le travail des agronomes et les fermes de démonstration. Vous aurez à étudier un projet qui tend à développer ce mode d’enseignement agricole.

Mon gouvernement vous demandera de rendre plus efficaces les lois qui régissent actuellement la vente des actions et obligations par les compagnies faisant affaires dans notre province, certaines de ces compagnies ayant sérieusement compromis l’épargne du peuple.

Tout en s’efforçant de favoriser l’instruction élémentaire et secondaire, mon gouvernement croit que le temps est venu d’aider l’Université de Montréal à se relever de ses ruines et à se loger convenablement, de manière à pouvoir remplir la grande mission qui est sienne.

Vous serez invités à créer un bureau de géologie destiné à faciliter l’exploitation de notre richesse minérale, dont l’importance grandit chaque jour. Vous aurez à considérer les moyens de mieux protéger le poisson de nos lacs et de nos rivières, et de conserver les arbres qui longent nos grandes routes et en font le charme. Mon gouvernement veut, en outre, faire droit aux représentations des ouvriers relativement à la fixation d’un taux raisonnable des salaires.

Messieurs de l’Assemblé législative,

L’étude des comptes publics vous démontrera l’état florissant de nos finances. L’excédent budgétaire du dernier exercice dont partie a été appliquée au rachat de notre dette provinciale est un des plus considérables que nous ayons enregistrés. Nos revenus ont atteint un chiffre sans précédent depuis la Confédération. Obtenu sans surcroît d’impôts, ils sont un indice manifeste des progrès que notre province a réalisés.

Il vous incombera de voter les crédits nécessaires à l’administration pour le prochain exercice.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur diverses questions d’intérêt général. Je prie Dieu de vous éclairer et de bénir vos travaux au cours de cette session que j’ai l’honneur d’ouvrir au nom de Sa Majesté le Roi.

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