Discours du trône, Québec, 7 janvier 1915

Lomer Gouin, 1905-1920

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

S’il m’est agréable d’avoir à saluer votre rentrée, je regrette cependant que Son Honneur le lieutenant-gouverneur soit privé de ce plaisir, et j’exprimerai sans doute les sentiments de tous en lui souhaitant un prompt retour à la santé.

L’Empire britannique traverse présentement une des heures les plus graves de son histoire, et je ne saurais ouvrir cette session sans assurer notre gracieux souverain de notre entière fidélité, ainsi que des vœux que nous faisons pour le succès de ses armes et pour le triomphe de la cause qu’il a embrassée. Je crois être également l’interprète de tous les citoyens de cette province en témoignant de notre admiration pour l’intrépidité et la vaillance des armées alliées et en saluant tout spécialement l’élan patriotique des volontaires canadiens.

Vous approuverez sans doute mon gouvernement d’avoir, au début des hostilités, fait à Sa Majesté des dons conformes aux moyens et aux ressources de notre province et d’avoir contribué à secourir les victimes de la guerre en France et en Belgique.

Comme vous le savez, le vénérable archevêque de Québec a été élevé à la haute dignité de cardinal. C’est là une promotion dont il convient de nous réjouir, car, si elle honore Son Éminence, elle témoigne en même temps de l’influence grandissante de notre province.

Depuis la dernière session, la mort a frappé deux de mes ministres, et j’exprimerai sûrement vos sentiments en leur adressant un dernier hommage. L’honorable M. Devlin et l’honorable M. Mackenzie ont toujours servi leur province avec autant d’habileté que de désintéressement, et ceux qui les ont connus garderont longtemps le souvenir de leurs aimables qualités de cœur et d’esprit.

Mon gouvernement a porté une attention spéciale aux besoins de l’agriculture. Pour ne mentionner que les initiatives qu’il a prises récemment, il a favorisé le drainage des terres, fondé trois sucreries-écoles, nommé de nouveaux agronomes de district, fait donner, dans les collèges d’agriculture, des cours abrégés à ceux qui désiraient étudier des sujets spéciaux, et il a établi un abattoir où un expert enseigne gratuitement les cultivateurs sur la préparation du lard fumé. Il y a tout lieu d’espérer que ces diverses initiatives auront les meilleurs résultats. Les événements actuels démontrent toute l’importance de l’agriculture et c’est l’intention de mon gouvernement de ne rien négliger pour stimuler la production agricole, de même qu’il se propose d’encourager, par tous les moyens possibles, le retour à la terre, si désirable pour la prospérité de notre province.

Il m’est agréable de vous annoncer qu’il s’est fait des travaux de voirie considérables au cours de la dernière belle saison et que les routes que le gouvernement a entrepris d’améliorer seront, selon toute probabilité, achevées dans les délais fixés par les contrats. De leur côté, les municipalités se sont prévalues en grand nombre des avantages de la loi de 1912 et elles ont déployé une activité vraiment remarquable. Mon gouvernement vous soumettra une nouvelle législation afin de poursuivre l’œuvre qu’il a entreprise et de la mener à bonne fin.

Mon gouvernement s’applique incessamment à favoriser le défrichement de nos terres nouvelles, et le succès couronnera bientôt ses efforts, principalement dans l’Abitibi. Déjà, un bon nombre de colons, qu’on a pris soin de grouper, se sont taillé un domaine dans cette fertile région et ont commencé à l’ensemencer; la mise en exploitation prochaine du Transcontinental ne peut manquer de contribuer à l’accroissement de cette colonie, et tout indique que le développement de l’Abitibi sera sans précédent dans les annales de la colonisation de notre province.

Les maux qui viennent de fondre sur la Belgique contraindront inévitablement plusieurs de ses fils à s’exiler. Le Belge est, sans contredit, un des meilleurs immigrants que notre province puisse recevoir. Aussi, mon gouvernement invite les Belges qui sont à la recherche d’une patrie nouvelle à venir partager notre sort et il se propose de faciliter leur venue au milieu de nous.

La question de l’instruction publique en est une à laquelle mon gouvernement donne sa meilleure attention et rien n’est plus satisfaisant que de constater, chaque année, les heureux résultats qui sont obtenus, grâce au dévouement, aux efforts et à la bonne volonté de tous.

Le bureau des statistiques est maintenant organisé et je vous signale avec plaisir la publication du premier annuaire statistique de la province.

Mon gouvernement a donné suite aux lois votées à la dernière session relativement à l’inspection des hôtels et aux ingénieurs stationnaires. Ces deux services sont maintenant organisés et donneront satisfaction, j’en suis convaincu, aux voyageurs et aux ouvriers.

Messieurs de l’Assemblée législative,

Les comptes de l’année écoulée seront déposés devant vous et vous y verrez que les recettes ont de beaucoup excédé les dépenses.

Vous serez aussi appelés à voter des crédits pour le prochain exercice.

Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,

Vous aurez à légiférer sur plusieurs matières d’intérêt public, notamment sur l’inspection des fabriques de beurre et de fromage et sur le classement des rivières, et je suis convaincu que vous apporterez à l’étude des questions qui vous seront soumises toute l’attention qu’il convient.

En vous laissant à vos travaux, je fais des vœux pour votre bonheur et celui de vos familles, et je prie la divine Providence de répandre ses bénédictions sur notre chère province et de faire triompher, sur les champs de bataille, la cause du roi et de ses alliés.

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